0.5. Approche méthodologique
La méthodologie suppose la science de la méthode
ou des méthodes, elle est la discipline scientifique ayant pour objet
des méthodes effectivement suivies par chaque science
particulière17. En abordant cette thématique, nous
voulons évoquer d'une part les outils
17 MATYABO ASAKILA, « Notes de cours d'initiation
à la recherche scientifique », déjà
cité.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 17
théoriques - la méthode - et d'autre part, les
outils pratiques- les techniques - auxquels nous avons fait recours dans cette
étude.
a) La méthode
S'agissant de la méthode, selon Roger PINTO et
Madeleine GRAWITZ, « les méthodes sont l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontrer et les vérifier18 ». Dans le même
cheminement, Benoît VERHAEGEN souligne qu'une méthode ne peut
être fixée une fois pour toutes par un savant, même s'il est
nécessaire qu'il précise clairement au début de sa
recherche ses options méthodologiques provisoires19.
Avant de nous fixer sur la méthode à utiliser,
disons d'entrée de jeu que cette étude se situe sur le
troisième niveau d'analyse des relations internationales qui est celui
de l'analyse systémique où le milieu international est
considéré comme un système, où l'on analyse les
questions de stabilité internationale et du rôle de l'acteur
universel comme l'ONU (Organisation des Nations Unies). Ce niveau comprend
aussi, outre le système global, les systèmes partiels ou
régionaux autour desquels se pose le problème
d'interdépendance ou de globalité, de solidarité, de
coopération et/ou d'intégration.
Précisons également qu'une telle analyse se
situe dans le deuxième sous-champ d'étude des relations
internationales qui est celui des relations transnationales. Ces
dernières signifient l'ensemble de relations qui se tissent entre les
acteurs de la scène internationale et qui échappent au
contrôle des États20. Cela revient à placer
cette étude dans la théorie transnationaliste des relations
internationales qui postule la clôture du monde et l'autonomie de la
société civile par rapport à l'État21.
Selon cette théorie toujours, les flux transfrontaliers sont, en
échappant au contrôle de l'État, à l'origine d'une
triple crise22. Une crise de la souveraineté tout d'abord,
puisque c'est bien la capacité de l'État à organiser la
vie sociale qui est en cause. Une crise de la territorialité ensuite,
dans la mesure où la tendance à la globalisation bouleverse les
cadres territoriaux classiques délimités par des
frontières. Une crise d'autorité (ou de légitimité)
enfin,
18 R. PINTO et M. GRAWITZ, Méthode de
recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, Tome 1, 1971, p.318.
19 B. VERHAEGEN, « Méthode et
problèmes de l'histoire immédiate » in Cahiers
économiques et sociaux, n° 3, septembre 1970, p. 472.
20 F. MUNENGE MUDAGE, Notes du Cours
de séminaire de méthodologie des Relations internationales,
Inédit, L1 RI, FSSPA, UOB, 2009 - 2010.
21 Jean-Jacques ROCHE, Théories des
relations internationales, Paris, Montchrestien, 7ème
édition, 2008, p.114.
22 Idem, pp.117-118.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 18
car c'est en définitive l'incapacité à
organiser les désordres actuels qui interdit l'instauration d'un ordre
reconnu qui permettrait, à son tour, d'élaborer le cadre d'une
interprétation stable. Telle est la situation de crise au Maghreb
arabe.
Ainsi, nous allons faire recours à la méthode
systémique de Morton Kaplan qui, selon elle, un système
international est défini généralement comme un ensemble
d'unités liées entre elles par un ensemble d'interactions telles
qu'un changement dans une unité ou dans ses relations produit un
changement dans les autres unités du système23.
D'auteurs estiment que s'il y a un concept qui pourrait unifier l'analyse des
relations internationales, c'est certainement le concept du système,
lequel met l'accent sur la totalité plutôt que les parties, la
forêt plutôt que les arbres24. En d'autres termes, la
méthode d'analyse systémique permet de comprendre comment les
relations internationales se structurent et se restructurent25. Pour
cela, nous considérons le monde arabe maghrébin ou l'Union du
Maghreb Arabe (UMA) comme un système global (système universel
selon Morton Kaplan) et chacun des États arabes concernés par
cette étude constitue une unité ou un sous-système
(Tunisie, Egypte et Libye). La logique des interactions dans ce système
fait que la révolution du jasmin ayant débuté le 17
décembre 2010 en Tunisie entraine des profonds changements à son
sein et affecte presque tous les États arabes.
Cette méthode sera appuyée par une approche
historique qui consistera à situer les phénomènes qui
s'étaient déroulé ou se déroulant dans le Maghreb
arabe par rapport à leur genèse et à leur
évolution. Elle consistera également, comme le souligne Madeleine
GRAVITZ26, à combler les lacunes des faits et
événements en s'appuyant sur un temps, peut être
artificiellement reconstruit, mais assurant une continuité, une trame
aux phénomènes.
|