Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe.( Télécharger le fichier original )par Joseph APOLO MSAMBYA Université Officielle de Bukavu - Licence en Relations Internationales 2010 |
0. IntroductionA la fin de ce deuxième cycle d'études universitaires, il nous a plu de mener une étude sur les « Idées politiques et les révolutions dans les relations internationales : Cas du Maghreb Arabe». Cette étude se décèle aussi bien dans le cadre de la pratique en vue d'accoucher les connaissances acquises à l'auditoire pendant notre cursus à l'Université Officielle de Bukavu (UOB). 0.1. État de la questionIl existe une ribambelle de littératures sur les relations internationales contemporaines et les défis auxquels celles-ci se trouvent confrontées. Ceci dit, nous déplorons la carence dans l'exploitation du thème afférent aux vagues révolutionnaires dans le Maghreb arabe (commencées à partir de 2010), en dépit de l'actualité récurrente en la matière qui devrait pourtant motiver les chercheurs. Toutefois, il existe certains écrits (articles publiés en ligne) sur les différentes révolutions qui se passèrent au Maghreb. Comme vous pouvez le constater, nous nous sommes donc engagé sur un terrain en friche et dont le décryptage exige un effort ardu. Voilà qui justifie l'inscription de la quintessence de ce travail dans l'optique des investigations, à l'instar de nos prédécesseurs, mais en nous inscrivant quelque peu en faux contre leur approche. Nous nous proposons et nous efforçons de focaliser notre attention particulière sur la nouvelle donne que revêt actuellement le Maghreb arabe plongé dans les révolutions hostiles contre des régimes dictatoriaux imposés de cela plusieurs années par les chefs d'États de la plupart de cette région africaine. Ce n'est pas pour autant prétendre être le premier à aborder un sujet de telle marque. Cependant, au terme de la lecture des livres des uns et de l'analyse des rapports et articles des autres, force nous est d'observer que presque tous ont axé leur réflexion sur les menaces que présente le monde arabe en général, et les autres se limitent à étudier un seul cas parmi les pays arabes. Nous, par contre, nous allons uniquement nous intéresser à l'actualité se déroulant présentement dans le Maghreb arabe en portant notre attention particulière sur les événements en Tunisie, en Égypte et en Libye. Nous citerons à titre purement illustratif, les publications ci-après : Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 11 L'article intitulé : « la révolution libyenne : socialisme-justice-identité » consacre une analyse sur la révolte libyenne de 19691. Dans cet article, il est montré comment un groupe d'une douzaine d'officiers rassemblés en un Commandement de la Révolution (CCR), sans pratiquement tirer un seul coup de feu, s'empare du pouvoir. C'est l'arrivée au pouvoir du colonel Mouammar El Kadhafi, alors jeune de 27 ans. Jean TULARD, sans s'intéresser à tout le Maghreb, a articulé aussi, dans son article, une étude sur la révolution tunisienne de 1989, laquelle révolution qu'il compare à la française de 17892. Parlant aussi de la révolution dans le Maghreb arabe et précisément des révolutions en Tunisie et en Égypte, NAJOUA AZLAG3 met un accent particulier sur le rôle joué, mais sans le savoir, par les nouvelles technologies de l'information et de communication (NTIC), notamment les réseaux Facebook et Twitter dans l'intensification des manifestations révolutionnaires. Dans l'ensemble et sans spécifier l'un des pays arabes, MARIKA EL HAKI a mené une analyse sur l'ensemble de révolutions dans le monde arabe en soulignant l'aspect intégrateur et fédérateur qu'ont les pays de cette aire géographique. Il insiste en disant que si la politique européenne et américaine n'oeuvrent pas à saper cet élan unificateur, comme ils se sont habitués par l'ingérence, ils ne pourront jamais briser l'unité du monde arabe4. La thèse de Laurent BONNEFOY, se fondant sur les relations religieuses transnationales contemporaines entre le Yémen et l'Arabie Saoudite, focalise l'attention sur l'impact ravageur que celles-ci présentent comme une nouvelle source de menace à la paix, à la stabilité et à la sécurité sur toute la région du Moyen-Orient. Dans le contexte actuel de la 1 « La révolution libyenne : socialisme-justice-identité », édicté sur le http://www.pcn-ncp.com/RevLib.htm, consulté le 12 avril 2011. 2 J. TULARD, « L'an 1789 de la révolution tunisienne », édicté sur le http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/18/jean-tulard-l-an-1789-de-la-revolutiontunisienne_1467392_3212.html, mis en ligne le 18 janvier 2011 et consulté le 09 avril 2011. 3 N. AZLAG, « L'Égypte, la Tunisie et les réseaux sociaux », édicté sur le http://savemybrain.net/v2/2011/02/08/egypte-tunisie-reseaux-sociaux/, mis en ligne le 08 février 2011 et consulté le 12 avril 2011. 4 M. EL HAKI, « Les révolutions arabes, tentative d'avortement par l'ingérence occidentale ? », édicté sur le http://monalika08.wordpress.com/2011/03/15/les-revolutions-arabes-et-la-tentative-dingerence-occidentale-de-celles-ci/, mis en ligne le 15 mars 2011 et consulté le 11 avril 2011. Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 12 « guerre mondiale contre le terrorisme », l'auteur montre que la surveillance de cette frontière constitue dès lors un enjeu international de toute première importance5. Abdallah LAROUI6, dans son ouvrage, fait ressortir l'historiographie du Maghreb depuis l'antiquité jusqu'à la période coloniale sur ses civilisations, ses pays, ses hommes, sa société, etc. L'auteur justifie, période par période, la rupture et la succession, et surtout l'identité postulée entre le déroulement de l'historiographie et le développement historique, laquelle périodisation permet de différencier les niveaux successifs de l'économie, de la société, de l'organisation étatique, de la culture et de la psychologie. L'ouvrage de Hildebert ISNARD7 postule une analyse sur les forces en présence au Maghreb (les données naturelles et économiques, humaines) avant d'évoquer les défis qu'ont connu les États maghrébins face à l'indépendance et au sous-développement. Il finit par accorder une étude sur la géographie des États maghrébins en accordant une importance particulière sur l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Un guide de Jean-Jacques FAUVEL accorde une place sur la saisie des traits historiques, humains et sociaux du Maroc8. Dans une publication en ligne, l'avocat congolais Edgard KIGANGA SIROKO9 s'est mis à relater les faits ayant entrainé les bouleversements dans le monde arabe en ce début de l'année 2011 tout en y portant un jugement de valeur selon lequel la déchéance des dictatures est toujours une bonne nouvelle pour l'éclosion des libertés, comme cela a été le cas en Tunisie et en Egypte, même si pour l'instant, c'est loin d'être irréversible. FABIAN, en analysant la situation dans le monde arabe, plonge dans une multitude de questionnements sur ce qui serait en train de se passer non seulement dans le monde arabe, 5 L. BONNEFOY, Les relations religieuses transnationales contemporaines entre le Yémen et l'Arabie saoudite : un salafisme « importé » ? Inédit, Thèse, Institut d'Etudes Politiques de Paris, CERI, 511 pages. 6 A. LAROUI, L'histoire du Maghreb. Un essai de synthèse, Paris, Librairie François Maspero, 1976, 206 pages. 7 H. ISNARD, Le Maghreb, Paris, PUF, 1978, 274 pages. 8 J.-J. FAUVEL et al, Le Maroc, Paris, Hachette, 1981, 483 pages. 9 E. KIGANGA SIROKO, « Révolutions dans le Maghreb et le Golfe : les institutions arabes et l'UA doivent être en première ligne », édicté sur le http:// www.Afrik_com/l'actualité de l'Afrique noire et du Maghreb - Le quotidien panafricain.htm, mis en ligne le mercredi 23 mars 2011, consulté le 11 avril 2011. Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 13 mais dans le monde entier et arrive à une piste selon laquelle le monde de demain serait en train de se dessiner et l'équilibre des forces serait également en train de se redéfinir profondément10. Un article de réflexion, réalisé par ZGOUGOU suite aux bouleversements des pays arabo-musulmans débutés en 2011 et qui, par un effet de domino, depuis la petite Tunisie, continue à faire un pied de nez à l'histoire. En effet, cet auteur s'est demandé si la chute des différentes dictatures en Tunisie, en Égypte, et demain la Libye ou le Yémen, n'était pas en fait la fin du processus de guerre froide ayant mis en place ces régimes ?11 0.2. Problématique et hypothèses a) ProblématiqueLa fin de l'année 2010 et le début de l'année 2011 ont vu naître une vague des révolutions dans la plupart des pays du monde arabo-musulman. Elles sont parties du Maghreb, précisément en Tunisie, et se sont par la suite intensifiées dans les autres pays arabes. La chute de Ben Ali en Tunisie et celle de Hosni Moubarak en Égypte font trembler les régimes les plus verrouillés. Les révolutions égyptienne et tunisienne sont venues, d'ores et déjà, porté un coup fatal à ce qui était considéré comme une donnée inébranlable du monde arabo-musulman : la pérennité d'un modèle de gouvernance fondé sur la toute-puissance d'un homme issu de l'armée ou de la police, se maintenant en place grâce à la répression, à la prise en main de tous les moyens de communication et au trucage des élections, pratiquant le clientélisme, le népotisme et la corruption à grande échelle et cherchant en fin de parcours à instaurer une pratique dynastique. A en croire, ces révolutions ont toutes les mêmes caractéristiques car elles sont toutes porteuses des mêmes revendications : trouver solution aux problèmes du chômage, de la corruption, de la jeunesse marginalisée, du système politique verrouillé12, d'où il faut le départ des régimes dictatoriaux en place qui se sont installés il y a de cela plus longtemps sans le désir de pouvoir quitter le pouvoir. Une inquiétude se pose alors : pourquoi cette généralisation des révolutions dans la plupart des pays arabes ? Dès le début de ces mouvements contestataires, certains croyaient qu'il s'agissait d'une machination du monde occidental qui 10 FABIAN, « Révolution des peuples arabes et valse des idées reçues », édicté sur le http://www. revolution-des-pays-arabes.html, mis en ligne le 1er février 2011, consulté le 15 avril 2011. 11 ZGOUGOU, « Révolutions au Maghreb et dans le monde arabe : la fin de la guerre froide ? », édicté sur le http://tunisieanun.wordpress.com/2011/04/10/revolutions-au-maghreb-et-dans-le-monde-arabe-la-fin-de-la-guerre-froide/, mis en ligne le 10 avril 2011 et consulté le 13 avril 2011. 12 C. DESLOIRE, « Révolution(s) arabe (s) et l'Algérie ? » in Jeune Afrique, n°2618, du 13 au 19 mars 2011, p.21. Idées politiques et révolutions au Maghreb arabe. 14 consisterait à révolutionner le peuple arabe, en mettant au-devant la démocratie, pour asseoir sa domination sur le monde arabe ; pour d'autres, le triomphe des valeurs du marché et de la globalisation masquerait celui de l'idéologie libérale américaine13. Mais, il nous semble que l'après-guerre froide, le monde serait caractérisé par le triomphe des valeurs de la démocratie et des libertés universelles auxquelles tous les peuples du monde doivent se conformer. La thèse selon laquelle la nature du régime politique détermine directement le comportement international des États (la paix démocratique) est l'une des propositions les plus anciennes mais les plus souhaitées actuellement, surtout par la théorie libérale. Elle demeure fondamentale dans la mesure où elle justifie les appels permanents des politiques étrangères occidentales à la démocratisation et à la transition démocratique (les démocraties ne se font pas la guerre)14. La problématique étant un ensemble de questions que le chercheur se pose en vue de pouvoir les soumettre à la vérification des faits et qui orientent toute sa recherche15, la préoccupation suivante sera au coeur de notre étude : ? En quoi les idées politiques peuvent-elles être influentes dans les relations internationales en général et source des révolutions au Maghreb, en particulier ? |
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