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République Démocratique du
Congo
Université Officielle de Bukavu
Scientia splendet et conscientia
B.P. 570 BUKAVU
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FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
DEPARTEMENT DES RELATIONS INTERNATIONALES
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IDEES POLITIQUES ET REVOLUTIONS AU
MAGHREB ARABE
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Présenté par Joseph APOLO
MSAMBYA
Mémoire présenté et défendu
publiquement en vue de l'obtention du titre de Licencié ès
Relations Internationales.
Année Académique
2010-2011
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République Démocratique du
Congo
Université Officielle de Bukavu
Scientia splendet et conscientia
B.P. 570 BUKAVU
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FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
DEPARTEMENT DES RELATIONS INTERNATIONALES
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IDEES POLITIQUES ET REVOLUTIONS AU
MAGHREB ARABE
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Présenté par Joseph APOLO
MSAMBYA
Mémoire présenté et défendu
publiquement en vue de l'obtention du titre de Licencié ès
Relations Internationales.
Directeur : Prof. José NSABUA TSHIABUKOLE
Encadreur : Ass. Florent MUNENGE MUDAGE
Année Académique
2010-2011
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Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 3
Épigraphe
« La frontière est cette invitation
à goûter les différences, et tout un plaisir de varier,
mais revenons ensuite à tous ceux qui ne disposent pas d'un tel loisir,
les immigrants interdits, et concevons le poids terrible de cet interdit.
Franchir la frontière est un privilège dont nul ne devrait
être privé, sous quelque raison que ce soit. Il n'y a de
frontière que pour cette plénitude enfin [Sic!] de l'outrepasser,
et, à travers elle, de partager à plein souffle les
différences. ».
Edouard GLISSANT « Il n'est de frontière
qu'on outrepasse »
« Sans franchir la frontière, on est loin des
réalités de l'autre côté. Mais, les nouvelles
technologies de l'information et de communication (NTIC) nous aident à
transcender celle-ci sans que nous soyons physiquement sur notre lieu de visite
».
Joseph APOLO MSAMBYA
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 4
In memoriam
A toi, l'inoubliable feu grand-père APOLO BITOKENDJA
RAMAZANI, toi que la mort a arraché avant notre existence ; A
vous, nos très chers oncles paternels, feus Emmanuel EBALO, NGWENA ISAAC
et MCHUMBE RAMAZANI; A notre grand frère SADI MANASSE ; Que ce
travail atteste notre attachement responsable envers vous, qu'il soit un trait
d'union entre vous et nous, Trouvez ici l'expression de notre profonde
gratitude et notre regret pour vos départs
si prématurés, Jouissez et goûtez les produits de ce
travail dans l'au-delà, Que la terre de nos aïeux vous soit
douce et tolérante et que vos âmes reposent en paix
! « Requiescat In Pacem »
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 5
Dédicace
A Toi, Dieu tout puissant, Maître intérieur et
source de tous les dons, pour ta bonté, ta grâce, ta
miséricorde ; Toi qui ne cesses jamais de veiller sur nous jour et nuit
;
A Toi, Jésus Christ, notre bouclier contre nos
adversaires, nos ennemies ; sois élevé au piédestal car
tu le mérites ;
A Toi, Esprit saint, source de Sagesse, Toi qui combles notre
coeur de toute la joie ;
A vous, notre père MUHUNGA RAMAZANI W'APOLO, pour tous
les efforts consentis, pour avoir accepté de subir toutes les peines de
la vie pour assurer notre croissance physique,
spirituelle et intellectuelle. C'est à travers votre
sens de responsabilité que, par votre grand amour paternel, vous venez
de nous léguer un héritage qui nous servira à jamais dans
le reste
de notre vie ;
A vous, notre très chère mère FATUMA MARIE
Claudine, pour avoir supporté les caprices de notre enfance, pour vos
efforts et sacrifices consentis, pour tant d'affections et de privations,
pour toutes les peines que vous avez endurées, pour des sages conseils
suite auxquels nous avons hérité un sens de
responsabilité, que ce travail soit pour vous un réconfort
;
A vous, nos petits frères et soeurs pour votre soutien
inestimable en prières, pour votre grand respect envers nous, pour
nous avoir reconnu la qualité de vous porter conseils : SOFIA MAUWA
Clémentine, ASENDE SANGO Francine, PIERRE SARTORIO,
ABDALLAH Jean-Marie, FURAHA Christelle, Justine MASOKA,
Thérèse MUHUNGA, Elias LUKUBE ;
A vous, notre petite soeur NEEMA-MARIE GRACE et notre grand
frère FAIZI APOLO RAMAZANI Finck, avec qui nous avons enduré
ensemble la vie estudiantine à Bukavu, laissant nos parents en
Tanzanie ; pour notre soudaineté, amour et partage ;
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 6
A vous, nos oncles paternels, Jules SWEDI Bin RAMAZANI pour
nous avoir fortement soutenu et APOLO W'APOLO Joseph, pour votre
contribution tant morale que matérielle à notre parcours
académique ;
A toute la famille MASUDI MAZAMBI Emmanuel pour la joie
partagée ensemble pendant toute notre vie à Bukavu ;
A vous, MASUDI MAZAMBI Emmanuel et votre compagne de vie
MWAVITA MUNYOLOLO Angel, nos parents les plus proches à Bukavu, pour
tant d'efforts consentis, soutiens, sacrifices, conseils ; pour votre
contribution appréciable et amour portés à
notre égard tout au long de notre parcours sur le sentier de
l'existence, que l'Eternel Dieu tout puissant vous accorde au centuple la
santé tant spirituelle que physique ;
A notre cher ami AMANI LULINDA Pascal et à notre petit
frère APOLO RAMAZANI Vital, pour nous avoir secourus en cas de
nécessité ;
A vous, papa PANGU MULONDJI Gilbert, pour nous avoir
réconfortés à travers vos conseils et orientations,
pour vos visions vis-à-vis de l'encadrement que vous avez toujours
éprouvé en faveur de la jeunesse ;
A vous tous, pour votre affection, vos sacrifices consentis
avec amour et patience ;
A notre future épouse, A notre future famille ;
A vous tous qui nous êtes chers, oncles, tantes, cousins,
grands-mères et pères, amis, frères et soeurs en
Christ, camarades étudiants, collègues : MASUDI WILONDJA Sylvain,
MASUDI KISOKA Kévin, MASUDI PHANUEL Serge, MOSHI ANDJELANI Guilaine,
MOSHI WA
MOSHI Dustin, MOSHI BINWA Apolline, MUKUMIRO Jacques, DINAH
KASHINDI Landrine, AMISI MASUDI Etienne, RISASI LUSAMBYA Vicky, MSAMBYA
MWAMBA
Logique, KIBOMBO MZALIWA Alpha, etc.
Joseph APOLO MSAMBYA
A toutes les âmes éprises de la formation
intégrale des jeunes ;
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 7
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 8
Remerciements
Tout au long de notre parcours universitaire, des professeurs,
enseignants et collègues d'une part ; des parents, frères et
soeurs, tantes et oncles, grands-parents et amis, d'autre part ; nous ont
donné la chance de nous construire et ont contribué à
forger nos convictions scientifiques. A l'école, nos formateurs ont
soutenu notre démarche et ont apporté des points de vue parfois
différents et souvent complémentaires. A la maison, notre famille
et nos amis ont, patiemment, sans comprendre toujours ce que nous pouvions
faire, placé leur confiance en nous en ne doutant pas de notre travail
et ont bien voulu nous donner leur affection, nous offrant également
leur aide et un regard critique. D'où, l'ensemble de cette recherche
n'aurait pas été possible sans le soutien moral, matériel
et financier de plusieurs personnes à qui nous tenons à remercier
sincèrement.
Pour cela, nous remercions très sincèrement le
professeur José NSABUA TSHIABUKOLE pour avoir accepté très
généreusement, en dépit de ses multiples occupations
liées à sa noble profession, de diriger ce travail. Comme
d'habitude, il a su faire éclater de façon heureuse, la
substantifique moelle et partant, authentifier avec des mots justes,
pertinents, les méandres de son contenu. Par sa vigilance, sa rigueur et
sa disponibilité, il a souvent recadré notre sujet,
tempérant notre fougue et recentrant notre approche afin de
l'intégrer plus systématiquement dans la discipline des relations
internationales.
L'assistant Florent MUNENGE MUDAGE, encadreur de ce travail et
secrétaire du département des RI à l'UOB, nous a
initié à la recherche. Il a accompagné ce travail de
recherche depuis l'élaboration de sa problématique jusqu'à
la contraignante étape de rédaction.
Nous avons le réel plaisir de rendre hommage aux corps
académique, scientifique et administratif de l'Université
Officielle de Bukavu (UOB), pour la qualité de la formation combien
appréciable, pour avoir rendu possible notre formation nonobstant les
conditions difficiles de la vie estudiantine durant tout notre cursus
universitaire à l'UOB.
Nous tenons à remercier tous les enseignants, ceux de
l'école primaire et secondaire pour leur formation qui nous a servi de
base pour avoir le niveau d'études que nous avons. Un mot doit
nécessairement s'adresser aussi à tous nos enseignants de
l'université pour avoir
concrétisé en nous le nom d'internationaliste
que nous portons déjà et qui nous pousse à aller de
l'avant.
Nous sommes reconnaissant envers nos chers parents pour tant
de sacrifices qu'ils se sont imposés pour que soit effective notre
formation scientifique, ce qui témoigne leur affection incommensurable
envers nous. Qu'ils trouvent, à travers ce travail, les fruits de leurs
mérites. Nous espérons que les pages suivantes ne les trahissent
pas, elles ont été en tout cas écrites avec tout le
respect possible.
Que nos frères et soeurs, nos tantes, nos oncles
paternels et maternels, nos grands-mères et grands-pères, nos
amis et tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, nous ont soutenu
durant toute notre vie estudiantine, trouvent ici l'expression de notre
profonde reconnaissance. Que les couples APOLO BITOKENDJA RAMAZANI - MWAJUMA
BANYEKI LONA dite WA MKYOBA et LUKUBE LUHOTA David - SOPHIA MAUWA WA MKELELWA,
respectivement nos grands-parents paternels et maternels, ainsi que les
familles de l'oncle paternel ASISA BULIMWENGU et de l'oncle maternel MWENEBATU
LUKUBE Jacques trouvent ici la félicitation pour leurs efforts
conjugués dans la réussite de nos études.
Nous sommes par ailleurs redevable de l'assistance continue
apportée par les familles MASUDI MAZAMBI Emmanuel, MWAMBA WATEKWA et
OBEDI SUMAILI ECA qui, durant tout notre séjour académique
à Bukavu, nous ont hébergé et dont nous ne pouvons taire
leur grande intervention dans le cadre matériel.
Qu'il nous soit aussi permis de remercier nos frères en
Christ, le Révérend père PIERLUIGI SARTORIO et Mr.
l'Abbé ALIMASI BWINGI Jean Marie, qui nous ont parfois secouru
financièrement durant ces cinq années d'études à
Bukavu.
A nos compagnons et camarades de lutte pour les
échanges et débats intellectuels fructueux ayant stimulé
notre pensée, pour le soutien et la consultation mutuelle. Nous citons
EBENGO HONORÉ W'ALFANI et MASHAURI KASEREKA Diazo de l'Université
de Lubumbashi (UNILU) ; ALIMASI WILONDJA Patrick, MAGARIBI LEHANI Hervé,
NAMEGABE BAGUMA Prince, MUGISHO CIHYOKA Laurent, ASSUMANI UKANE
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 9
Didier, MASTAKI KASHANVU Maskas, KASOLVA KELA Sarah, tous de
l'Université Officielle de Bukavu à Bukavu et bien d'autres.
Nous sommes finalement et également redevable envers
tous ceux que nous n'avons pas cités et que notre mémoire a
oubliés, nous leur disons : MERCI.
Joseph APOLO MSAMBYA
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 10
0. Introduction
A la fin de ce deuxième cycle d'études
universitaires, il nous a plu de mener une étude sur les «
Idées politiques et les révolutions dans les relations
internationales : Cas du Maghreb Arabe».
Cette étude se décèle aussi bien dans le
cadre de la pratique en vue d'accoucher les connaissances acquises à
l'auditoire pendant notre cursus à l'Université Officielle de
Bukavu (UOB).
0.1. État de la question
Il existe une ribambelle de littératures sur les
relations internationales contemporaines et les défis auxquels celles-ci
se trouvent confrontées. Ceci dit, nous déplorons la carence dans
l'exploitation du thème afférent aux vagues
révolutionnaires dans le Maghreb arabe (commencées à
partir de 2010), en dépit de l'actualité récurrente en la
matière qui devrait pourtant motiver les chercheurs. Toutefois, il
existe certains écrits (articles publiés en ligne) sur les
différentes révolutions qui se passèrent au Maghreb. Comme
vous pouvez le constater, nous nous sommes donc engagé sur un terrain en
friche et dont le décryptage exige un effort ardu.
Voilà qui justifie l'inscription de la quintessence de
ce travail dans l'optique des investigations, à l'instar de nos
prédécesseurs, mais en nous inscrivant quelque peu en faux contre
leur approche. Nous nous proposons et nous efforçons de focaliser notre
attention particulière sur la nouvelle donne que revêt
actuellement le Maghreb arabe plongé dans les révolutions
hostiles contre des régimes dictatoriaux imposés de cela
plusieurs années par les chefs d'États de la plupart de cette
région africaine.
Ce n'est pas pour autant prétendre être le
premier à aborder un sujet de telle marque. Cependant, au terme de la
lecture des livres des uns et de l'analyse des rapports et articles des autres,
force nous est d'observer que presque tous ont axé leur réflexion
sur les menaces que présente le monde arabe en général, et
les autres se limitent à étudier un seul cas parmi les pays
arabes. Nous, par contre, nous allons uniquement nous intéresser
à l'actualité se déroulant présentement dans le
Maghreb arabe en portant notre attention particulière sur les
événements en Tunisie, en Égypte et en Libye.
Nous citerons à titre purement illustratif, les
publications ci-après :
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 11
L'article intitulé : « la révolution
libyenne : socialisme-justice-identité » consacre une analyse
sur la révolte libyenne de 19691. Dans cet article, il est
montré comment un groupe d'une douzaine d'officiers rassemblés en
un Commandement de la Révolution (CCR), sans pratiquement tirer un seul
coup de feu, s'empare du pouvoir. C'est l'arrivée au pouvoir du colonel
Mouammar El Kadhafi, alors jeune de 27 ans.
Jean TULARD, sans s'intéresser à tout le
Maghreb, a articulé aussi, dans son article, une étude sur la
révolution tunisienne de 1989, laquelle révolution qu'il
compare à la française de 17892.
Parlant aussi de la révolution dans le Maghreb arabe et
précisément des révolutions en Tunisie et en
Égypte, NAJOUA AZLAG3 met un accent particulier sur le
rôle joué, mais sans le savoir, par les nouvelles technologies de
l'information et de communication (NTIC), notamment les réseaux Facebook
et Twitter dans l'intensification des manifestations
révolutionnaires.
Dans l'ensemble et sans spécifier l'un des pays arabes,
MARIKA EL HAKI a mené une analyse sur l'ensemble de révolutions
dans le monde arabe en soulignant l'aspect intégrateur et
fédérateur qu'ont les pays de cette aire géographique. Il
insiste en disant que si la politique européenne et américaine
n'oeuvrent pas à saper cet élan unificateur, comme ils se sont
habitués par l'ingérence, ils ne pourront jamais briser
l'unité du monde arabe4.
La thèse de Laurent BONNEFOY, se fondant sur les
relations religieuses transnationales contemporaines entre le Yémen et
l'Arabie Saoudite, focalise l'attention sur l'impact ravageur que celles-ci
présentent comme une nouvelle source de menace à la paix,
à la stabilité et à la sécurité sur toute la
région du Moyen-Orient. Dans le contexte actuel de la
1 « La révolution libyenne :
socialisme-justice-identité », édicté sur le
http://www.pcn-ncp.com/RevLib.htm,
consulté le 12 avril 2011.
2 J. TULARD, « L'an 1789 de la révolution
tunisienne », édicté sur le
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/18/jean-tulard-l-an-1789-de-la-revolutiontunisienne_1467392_3212.html,
mis en ligne le 18 janvier 2011 et consulté le 09 avril 2011.
3 N. AZLAG, « L'Égypte, la Tunisie et les
réseaux sociaux », édicté sur le
http://savemybrain.net/v2/2011/02/08/egypte-tunisie-reseaux-sociaux/,
mis en ligne le 08 février 2011 et consulté le 12 avril 2011.
4 M. EL HAKI, « Les révolutions arabes,
tentative d'avortement par l'ingérence occidentale ? »,
édicté sur le
http://monalika08.wordpress.com/2011/03/15/les-revolutions-arabes-et-la-tentative-dingerence-occidentale-de-celles-ci/,
mis en ligne le 15 mars 2011 et consulté le 11 avril 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 12
« guerre mondiale contre le terrorisme », l'auteur
montre que la surveillance de cette frontière constitue dès lors
un enjeu international de toute première importance5.
Abdallah LAROUI6, dans son ouvrage, fait ressortir
l'historiographie du Maghreb depuis l'antiquité jusqu'à la
période coloniale sur ses civilisations, ses pays, ses hommes, sa
société, etc. L'auteur justifie, période par
période, la rupture et la succession, et surtout l'identité
postulée entre le déroulement de l'historiographie et le
développement historique, laquelle périodisation permet de
différencier les niveaux successifs de l'économie, de la
société, de l'organisation étatique, de la culture et de
la psychologie.
L'ouvrage de Hildebert ISNARD7 postule une analyse
sur les forces en présence au Maghreb (les données naturelles et
économiques, humaines) avant d'évoquer les défis qu'ont
connu les États maghrébins face à l'indépendance et
au sous-développement. Il finit par accorder une étude sur la
géographie des États maghrébins en accordant une
importance particulière sur l'Algérie, le Maroc et la Tunisie.
Un guide de Jean-Jacques FAUVEL accorde une place sur la
saisie des traits historiques, humains et sociaux du Maroc8.
Dans une publication en ligne, l'avocat congolais Edgard
KIGANGA SIROKO9 s'est mis à relater les faits ayant
entrainé les bouleversements dans le monde arabe en ce début de
l'année 2011 tout en y portant un jugement de valeur selon lequel la
déchéance des dictatures est toujours une bonne nouvelle pour
l'éclosion des libertés, comme cela a été le cas en
Tunisie et en Egypte, même si pour l'instant, c'est loin d'être
irréversible.
FABIAN, en analysant la situation dans le monde arabe, plonge
dans une multitude de questionnements sur ce qui serait en train de se passer
non seulement dans le monde arabe,
5 L. BONNEFOY, Les relations religieuses
transnationales contemporaines entre le Yémen et l'Arabie saoudite : un
salafisme « importé » ? Inédit, Thèse,
Institut d'Etudes Politiques de Paris, CERI, 511 pages.
6 A. LAROUI, L'histoire du Maghreb. Un essai de
synthèse, Paris, Librairie François Maspero, 1976, 206
pages.
7 H. ISNARD, Le Maghreb, Paris, PUF, 1978,
274 pages.
8 J.-J. FAUVEL et al, Le Maroc, Paris,
Hachette, 1981, 483 pages.
9 E. KIGANGA SIROKO, « Révolutions dans
le Maghreb et le Golfe : les institutions arabes et l'UA doivent être en
première ligne », édicté sur le http://
www.Afrik_com/l'actualité de l'Afrique noire et du Maghreb - Le
quotidien panafricain.htm, mis en ligne le mercredi 23 mars 2011,
consulté le 11 avril 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 13
mais dans le monde entier et arrive à une piste selon
laquelle le monde de demain serait en train de se dessiner et
l'équilibre des forces serait également en train de se
redéfinir profondément10.
Un article de réflexion, réalisé par
ZGOUGOU suite aux bouleversements des pays arabo-musulmans
débutés en 2011 et qui, par un effet de domino, depuis la petite
Tunisie, continue à faire un pied de nez à l'histoire. En effet,
cet auteur s'est demandé si la chute des différentes dictatures
en Tunisie, en Égypte, et demain la Libye ou le Yémen,
n'était pas en fait la fin du processus de guerre froide ayant mis en
place ces régimes ?11
0.2. Problématique et
hypothèses
a) Problématique
La fin de l'année 2010 et le début de
l'année 2011 ont vu naître une vague des révolutions dans
la plupart des pays du monde arabo-musulman. Elles sont parties du Maghreb,
précisément en Tunisie, et se sont par la suite
intensifiées dans les autres pays arabes. La chute de Ben Ali en Tunisie
et celle de Hosni Moubarak en Égypte font trembler les régimes
les plus verrouillés. Les révolutions égyptienne et
tunisienne sont venues, d'ores et déjà, porté un coup
fatal à ce qui était considéré comme une
donnée inébranlable du monde arabo-musulman : la
pérennité d'un modèle de gouvernance fondé sur la
toute-puissance d'un homme issu de l'armée ou de la police, se
maintenant en place grâce à la répression, à la
prise en main de tous les moyens de communication et au trucage des
élections, pratiquant le clientélisme, le népotisme et la
corruption à grande échelle et cherchant en fin de parcours
à instaurer une pratique dynastique. A en croire, ces révolutions
ont toutes les mêmes caractéristiques car elles sont toutes
porteuses des mêmes revendications : trouver solution aux
problèmes du chômage, de la corruption, de la jeunesse
marginalisée, du système politique
verrouillé12, d'où il faut le départ des
régimes dictatoriaux en place qui se sont installés il y a de
cela plus longtemps sans le désir de pouvoir quitter le pouvoir. Une
inquiétude se pose alors : pourquoi cette généralisation
des révolutions dans la plupart des pays arabes ? Dès le
début de ces mouvements contestataires, certains croyaient qu'il
s'agissait d'une machination du monde occidental qui
10 FABIAN, « Révolution des peuples
arabes et valse des idées reçues », édicté sur
le
http://www.
revolution-des-pays-arabes.html, mis en ligne le 1er
février 2011, consulté le 15 avril 2011.
11 ZGOUGOU, « Révolutions au Maghreb et
dans le monde arabe : la fin de la guerre froide ? », édicté
sur le
http://tunisieanun.wordpress.com/2011/04/10/revolutions-au-maghreb-et-dans-le-monde-arabe-la-fin-de-la-guerre-froide/,
mis en ligne le 10 avril 2011 et consulté le 13 avril 2011.
12 C. DESLOIRE, « Révolution(s) arabe
(s) et l'Algérie ? » in Jeune Afrique, n°2618, du 13 au
19 mars 2011, p.21.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 14
consisterait à révolutionner le peuple arabe, en
mettant au-devant la démocratie, pour asseoir sa domination sur le monde
arabe ; pour d'autres, le triomphe des valeurs du marché et de la
globalisation masquerait celui de l'idéologie libérale
américaine13. Mais, il nous semble que l'après-guerre
froide, le monde serait caractérisé par le triomphe des valeurs
de la démocratie et des libertés universelles auxquelles tous les
peuples du monde doivent se conformer. La thèse selon laquelle la nature
du régime politique détermine directement le comportement
international des États (la paix démocratique) est l'une des
propositions les plus anciennes mais les plus souhaitées actuellement,
surtout par la théorie libérale. Elle demeure fondamentale dans
la mesure où elle justifie les appels permanents des politiques
étrangères occidentales à la démocratisation et
à la transition démocratique (les démocraties ne se font
pas la guerre)14.
La problématique étant un ensemble de questions
que le chercheur se pose en vue de pouvoir les soumettre à la
vérification des faits et qui orientent toute sa recherche15,
la préoccupation suivante sera au coeur de notre étude :
? En quoi les idées politiques peuvent-elles être
influentes dans les relations internationales en général et
source des révolutions au Maghreb, en particulier ?
b) Hypothèses de travail
L'hypothèse est la proposition provisoire,
formulée d'habitude au début d'une recherche en guise de
réponse provisoire à une question qu'une théorie
donnée à la réalité s'est posée, proposition
susceptible d'être confirmée, infirmée ou nuancée
par le résultat de la recherche en question.
Ainsi, les idées affecteraient les choix politiques,
tout d'abord, en réduisant l'incertitude inhérente aux relations
internationales et aux choix stratégiques et en fournissant des
repères qui conduisent à des nouvelles initiatives
politiques16. Les idées fourniraient les cadres
d'interprétation qui clarifient les buts des acteurs et la relation
entre les moyens et les fins, conduiraient à des changements plus
profonds des préférences et des identités. C'est comme
Charles de Gaulle qui commençait toujours ses mémoires par la
phrase : « Toujours je me suis fait une certaine idée de la
France ».
13 Pierre HASSNER, « Le rôle des
idées dans les relations internationales » in Politique
étrangère 3-4/2000, p.687.
14 Amélie BLOM et Frédéric
CHARILLON, Théories et concepts des relations internationales,
Paris, Hachette Supérieur, 2001, p.35.
15 Matyabo ASAKILA, Notes de Cours d'initiation
à la recherche scientifique, Inédit, G1 RI, FSSPA, UOB,
20062007.
16 Marie-Claude SMOUTS et al (S/dir.),
Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz,
2ème édition, 2006, p.282.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 15
Ainsi, les idées seraient-elles source des
révolutions au Maghreb arabe du fait qu'une brèche entre la
répartition du pouvoir politique et la répartition du pouvoir
social devenait de plus en plus insupportable alors qu'une
référence était toujours faite à l'étranger
pour tirer le contour de ladite situation.
0.3. Objet, Choix et intérêt du sujet
a) Objet d'étude
La préoccupation majeure dans cette dissertation
consistera à dégager les défis auxquels se trouvent
confrontées les relations internationales par le fait de la
multiplicité et de la montée en puissance, en ce début du
21ème siècle, des réseaux qui sont venus
altérer l'image de la vie internationale en véhiculant des
idées, dans la mesure où ces dernières sont à la
base des vagues révolutionnaires dans le monde et surtout dans celui
arabe.
b) Le choix du sujet
En principe, tout travail scientifique demande un choix
préalable du sujet, lequel choix vise à approfondir un aspect
particulier de la matière parmi tant de connaissances apprises. Ainsi,
le choix d'un tel sujet de travail est justifié par notre souci de
comprendre pourquoi il y a généralisation des révolutions
dans le monde arabo-musulman en général et dans le Maghreb arabe
en particulier, lesquelles révolutions se succèdent d'un pays
à l'autre dans cette contrée ; mais également, nous sommes
réconforté par le désir de vouloir devenir un jour dans
l'avenir spécialiste du Maghreb.
c) L'intérêt du sujet
Un triple intérêt aura milité pour le
choix d'un tel sujet d'étude :
- L'intérêt personnel :
l'analyse de ce sujet est motivé par notre souci d'approfondissement et
de la maîtrise d'un quelconque bagage de connaissances sur les relations
internationales contemporaines par rapport à celles classiques;
- L'intérêt scientifique : Ce
sujet présente sans doute un intérêt capital à la
science des relations internationales. Cette étude, après son
analyse, servira de référence à la
génération future qui entreprendra aussi à son tour des
analyses cadrant avec ce sujet ;
- Intérêt académique :
cet intérêt nous est capital dans ce sens qu'il permet à
l'environnement scientifique de nous qualifier, de nous montrer de quoi nous
sommes
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 16
capables avant de nous octroyer ce mérite de grade de
licencié en Relations internationales. C'est à travers celui-ci
que notre compétence sera critiquée, étudiée,
appréciée par tous les scientifiques en général et
par notre directeur de travail en particulier.
0.4. Délimitation du sujet
Dans la plupart des cas, les conditions de recherche obligent
le chercheur à restreindre son champ d'action et son espace temporel.
a) Dans le temps
En effet, l'analyse émaillant l'armature de ce travail
repose sur la période circonscrite entre 1990 et 2011. 1990, en effet,
dans la mesure où cette année constitue la période
post-guerre froide, période au début de laquelle correspond avec
celle de l'émergence des idées, une référence
majeure en relations internationales pour la réorientation de la
politique étrangère des États sur la scène
internationale, mais aussi de l'émergence de plusieurs acteurs
transnationaux (à l'instar des réseaux) de par le monde, car
jadis soumis aux influences et contrôles de deux supergrands de
l'époque (USA et URSS). La borne supérieure (année 2011)
correspond à l'année de l'intensification des révolutions
dans le Maghreb arabe mais aussi l'année d'édition de cette
oeuvre.
b) Dans l'espace
Du point de vue spatial, l'étude concerne
l'étendue de la scène internationale en général et
du Maghreb arabe - la Tunisie, l'Égypte et la Libye - en particulier. Il
sied de rappeler qu'elle concerne les défis auxquels se trouve
confrontée la scène internationale dans cette zone par la vague
révolutionnaire.
0.5. Approche méthodologique
La méthodologie suppose la science de la méthode
ou des méthodes, elle est la discipline scientifique ayant pour objet
des méthodes effectivement suivies par chaque science
particulière17. En abordant cette thématique, nous
voulons évoquer d'une part les outils
17 MATYABO ASAKILA, « Notes de cours d'initiation
à la recherche scientifique », déjà
cité.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 17
théoriques - la méthode - et d'autre part, les
outils pratiques- les techniques - auxquels nous avons fait recours dans cette
étude.
a) La méthode
S'agissant de la méthode, selon Roger PINTO et
Madeleine GRAWITZ, « les méthodes sont l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontrer et les vérifier18 ». Dans le même
cheminement, Benoît VERHAEGEN souligne qu'une méthode ne peut
être fixée une fois pour toutes par un savant, même s'il est
nécessaire qu'il précise clairement au début de sa
recherche ses options méthodologiques provisoires19.
Avant de nous fixer sur la méthode à utiliser,
disons d'entrée de jeu que cette étude se situe sur le
troisième niveau d'analyse des relations internationales qui est celui
de l'analyse systémique où le milieu international est
considéré comme un système, où l'on analyse les
questions de stabilité internationale et du rôle de l'acteur
universel comme l'ONU (Organisation des Nations Unies). Ce niveau comprend
aussi, outre le système global, les systèmes partiels ou
régionaux autour desquels se pose le problème
d'interdépendance ou de globalité, de solidarité, de
coopération et/ou d'intégration.
Précisons également qu'une telle analyse se
situe dans le deuxième sous-champ d'étude des relations
internationales qui est celui des relations transnationales. Ces
dernières signifient l'ensemble de relations qui se tissent entre les
acteurs de la scène internationale et qui échappent au
contrôle des États20. Cela revient à placer
cette étude dans la théorie transnationaliste des relations
internationales qui postule la clôture du monde et l'autonomie de la
société civile par rapport à l'État21.
Selon cette théorie toujours, les flux transfrontaliers sont, en
échappant au contrôle de l'État, à l'origine d'une
triple crise22. Une crise de la souveraineté tout d'abord,
puisque c'est bien la capacité de l'État à organiser la
vie sociale qui est en cause. Une crise de la territorialité ensuite,
dans la mesure où la tendance à la globalisation bouleverse les
cadres territoriaux classiques délimités par des
frontières. Une crise d'autorité (ou de légitimité)
enfin,
18 R. PINTO et M. GRAWITZ, Méthode de
recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz, Tome 1, 1971, p.318.
19 B. VERHAEGEN, « Méthode et
problèmes de l'histoire immédiate » in Cahiers
économiques et sociaux, n° 3, septembre 1970, p. 472.
20 F. MUNENGE MUDAGE, Notes du Cours
de séminaire de méthodologie des Relations internationales,
Inédit, L1 RI, FSSPA, UOB, 2009 - 2010.
21 Jean-Jacques ROCHE, Théories des
relations internationales, Paris, Montchrestien, 7ème
édition, 2008, p.114.
22 Idem, pp.117-118.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 18
car c'est en définitive l'incapacité à
organiser les désordres actuels qui interdit l'instauration d'un ordre
reconnu qui permettrait, à son tour, d'élaborer le cadre d'une
interprétation stable. Telle est la situation de crise au Maghreb
arabe.
Ainsi, nous allons faire recours à la méthode
systémique de Morton Kaplan qui, selon elle, un système
international est défini généralement comme un ensemble
d'unités liées entre elles par un ensemble d'interactions telles
qu'un changement dans une unité ou dans ses relations produit un
changement dans les autres unités du système23.
D'auteurs estiment que s'il y a un concept qui pourrait unifier l'analyse des
relations internationales, c'est certainement le concept du système,
lequel met l'accent sur la totalité plutôt que les parties, la
forêt plutôt que les arbres24. En d'autres termes, la
méthode d'analyse systémique permet de comprendre comment les
relations internationales se structurent et se restructurent25. Pour
cela, nous considérons le monde arabe maghrébin ou l'Union du
Maghreb Arabe (UMA) comme un système global (système universel
selon Morton Kaplan) et chacun des États arabes concernés par
cette étude constitue une unité ou un sous-système
(Tunisie, Egypte et Libye). La logique des interactions dans ce système
fait que la révolution du jasmin ayant débuté le 17
décembre 2010 en Tunisie entraine des profonds changements à son
sein et affecte presque tous les États arabes.
Cette méthode sera appuyée par une approche
historique qui consistera à situer les phénomènes qui
s'étaient déroulé ou se déroulant dans le Maghreb
arabe par rapport à leur genèse et à leur
évolution. Elle consistera également, comme le souligne Madeleine
GRAVITZ26, à combler les lacunes des faits et
événements en s'appuyant sur un temps, peut être
artificiellement reconstruit, mais assurant une continuité, une trame
aux phénomènes.
b) Les techniques
Les techniques sont, quant à elles, des moyens
d'atteindre un but, des moyens mis à la disposition d'une méthode
pour la rendre opérationnelle27. Nous avons pu recourir
à quelques-
23 Marie-Claude SMOUTS et al, Op. Cit.,
p.519.
24 [S.A.], « Approches à l'analyse du
système mondial » in Études internationales, Vol.15,
n°4, 1984, pp.751-753., disponible aussi en ligne sur le
http://www.id.erudit.org/iderudit/701744ar,
consulté le 30 avril 2011.
25 Adrien MULUMBATI NGASHA, Les relations
internationales, Lubumbashi, éditions AFRICA, 2005, p.53.
26 Madeleine GRAVITZ, Méthodes des sciences
sociales, Paris, Dalloz, 2001, p.422.
27 Mascotsh NDAY WA MANDE, Notes du cours de
méthodes de recherche en sciences sociales, Inédit, G2 RI,
FSSPA, UOB, 2007 - 2008.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 19
unes qui nous ont facilité la tâche dans les
recherches, la sélection et le traitement des données, parmi
lesquelles :
> La technique documentaire : il
s'agissait d'accéder à la lecture des certains ouvrages,
articles, journaux et revues portant sur notre sujet d'étude. Nous avons
de même fait usage de l'Internet, analysé certaines informations
diffusées par la radio et la télévision ;
> L'observation participante :
elle nous a permis de suivre attentivement, en dehors de notre milieu de vie,
la réalité de la scène internationale pour en saisir le
contour et le détail des événements se passant
actuellement au Maghreb arabe;
> La technique d'entretien : elle
a été pour nous une occasion de faire des échanges
intellectuels en équipe, bien sûr avec notre directeur, notre
encadreur et nos camarades étudiants, susceptibles de stimuler la
pensée ;
> L'analyse du contenu : par
celle-ci, nous avons critiqué les différentes sources pour
déterminer l'originalité, l'authenticité et la provenance
des données recueillies.
0.6. Difficultés rencontrées
Tout au cours de la rédaction de ce laborieux travail
scientifique, nous avons été confrontés à plusieurs
difficultés, notamment :
> Le manque d'un nombre important d'ouvrages dans les
bibliothèques de la place susceptibles de nous fournir les
renseignements portant sur notre sujet d'étude. Eu égard à
ce problème et étant donné que nous traitions d'une
question d'actualité, nous nous sommes efforcé, dans les limites
de nos possibilités, de développer ce sujet sur base des ouvrages
généraux disponibles et des informations collectées
auprès de nos formateurs, mais aussi nous avons fait usage de l'Internet
pour consulter sur place certains ouvrages dans les bibliothèques
disponibles en ligne ;
> Les difficultés d'ordre financier pour assurer
à bon escient la recherche des données pour la réalisation
de ce travail. De ce fait, on ne pouvait que s'en prendre à nos propres
moyens disponibles pour faire ce que ces derniers nous permettraient ;
> Etre éloigné de notre directeur. Cet
état de chose a diminué notre fréquence d'entretien et
tout devrait se faire via Internet quant à ce qui concerne
l'échange des textes et des nouvelles orientations (remarques,
corrections à intégrer) sur la rédaction.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 20
0.7. Plan sommaire du travail
Comme on le voit, ce travail est le résultat d'une
recherche bien fouillée. Il tranche avec une simple littérature
empirique car les faits y évoqués sont vérifiables. Il
s'articule, outre l'introduction et la conclusion générale, sur
quatre chapitres regroupés autour de deux parties.
La première partie aborde les considérations
théoriques générales. Cette partie comprend deux chapitres
qui s'efforcent de décrypter la quintessence des notions fondatrices des
éléments constitutifs du sujet, à savoir, les idées
politiques et les révolutions. Ainsi, le premier chapitre est
intitulé « Histoire des idées dans les relations
internationales» alors que le second traite de « Notions des
révolutions dans les relations internationales».
La deuxième partie, quant à elle, concerne le
« Cadre pratique » et essaie justement d'analyser les
problèmes majeurs qui frappent le monde arabe en général
et le Maghreb arabe en particulier. C'est pour cela que le troisième
chapitre s'évertue à analyser les différentes
révolutions au Maghreb en ce début d'année 2011 (notamment
en Tunisie, en Égypte et Libye). Le dernier chapitre s'articule sur
« la démocratie et l'instauration d'un nouvel ordre politique au
Maghreb arabe».
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 21
Première partie. Considérations
théoriques générales
Cette partie comprend deux chapitres et consistera en une
analyse des notions matricielles de l'objet d'étude. Il sera question de
relativiser une étude avec la notion des idées en relations
internationales (chap. 1) et de montrer comment celles-ci sont susceptibles
d'entrainer des révolutions profondes sur la scène internationale
(chap. 2).
Les idées demeurent, après la guerre froide, une
référence majeure en relations internationales pour la
réorientation de la politique étrangère des États
sur la scène internationale. Les exemples les plus probants qui prouvent
ces propos peuvent être illustrés par la définition et la
réorientation de la politique extérieure de l'URSS à
partir du milieu des années 1980 qui a semblé un peu plus
difficile à expliquer à partir des facteurs matériels
classiques du néoréalisme, alors que de nouvelles idées
semblaient jouer déjà un rôle décisif conduisant
à une transformation complète des relations internationales.
L'importance de l'idéologie néoconservatrice dans la politique
étrangère des Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre
2001 sur les deux tours jumelles à New York ayant affecté les
symboles de la puissance militaire (le pentagone qui est le ministère de
défense) et économique (le World Trade centre) de ces derniers
est une autre illustration du rôle capital des idées.
Samuel HUNTINGTON a écrit dans son ouvrage, Le choc
des civilisations, que « le XIXe siècle avait
été le siècle du conflit des nations, le XXe
siècle celui du conflit des idéologies, et que le
XXIe siècle serait celui du conflit des civilisations
».
Cette définition donnée sur l'histoire de nos
civilisations reflète que chaque période, chaque
génération, est marquée par un conflit. Ces conflits
reflètent des pensées, des volontés de groupes restreints
voulant imposer un modèle à la société
internationale. Durant le XXe siècle, le rôle des
idéologies a été prépondérant sur les modes
de vie et aujourd'hui celles-ci les influencent toujours.
C'est pour cela que les idées ne sont jamais sans
conséquences soit positives, soit négatives, d'où les
révolutions.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 22
Chapitre premier. L'histoire des idées
politiques dans les relations internationales
Dans ce chapitre, un accent sera mis sur les
éléments qui montrent comment il y a circulation des idées
sur la scène internationale.
Depuis longtemps, le monde a connu une quelconque
pensée politique sur base de laquelle il pouvait se tailler la conduite
et à laquelle les régimes politiques devraient faire recours pour
gouverner. Cet aspect nous amènera à spécifier la
pensée politique ou les idées-mères ayant
façonné le monde à chaque période depuis
l'antiquité à nos jours. Bien que les États-nations,
acteurs des relations internationales, n'existaient pas encore depuis
l'antiquité jusqu'au 19ème siècle et bien que
notre délimitation temporelle part des années 1990 à nos
jours, nous trouvons préférable de remonter avec l'histoire des
idées depuis l'antiquité pour essayer de faire comprendre leur
évolution dans le temps et dans l'espace et en arriver à montrer
leur impact actuellement. Il est très difficile de donner une
définition unique au terme d' « idée » par le fait que
chaque idéologie influence le sens que l'on porte à cette notion.
Cependant, on peut définir l'idéologie de façon
généraliste comme un ensemble plus ou moins
systématisé de croyances, d'idées, de doctrines influant
sur le comportement individuel ou collectif28. Elle a pour objectif
de comprendre et d'expliquer l'origine des idées ou comment les
pensées ou les représentations éclosent et fleurissent
dans le cerveau des hommes29.
Section I. Les idées politiques antiques ou
hellénistiques
La pensée politique antique a été
caractérisée par la naissance de la raison et la quête du
bon gouvernement qui sera conditionnée par l'existence de la cité
(grecque d'Athènes) qui, actuellement, dans l'univers politique, joue le
même rôle que l'État30. La cité
constituait alors une organisation politique et sociale unitaire d'un
territoire limité qui peut comprendre une ou plusieurs villes. A la fin
du VIIème siècle, plusieurs régimes sont
oligarchiques, mêlés à des survivances monarchiques.
28 Exposé édicté sur le
http://www.oboulo.com/role-ideologies-relations-internationales-96387.html,
mis en ligne le 14 Octobre 2009, consulté le 12 avril 2011.
29 Michel SIMON, Comprendre les
idéologies : les croyances - les idées - les valeurs, Lyon,
éditions Chronique sociale de France, 1978, p.9.
30 Olivier NAY, Histoire des idées
politiques, Paris, Armand Colin, 2004, p.10.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 23
Les grandes idées de cette période furent la
démocratie, la liberté et la loi31. Selon la
démocratie athénienne, fondée sur la souveraineté
du demos et qui désigne le gouvernement du peuple, la loi doit
être égale pour tous (l'isonomie, du grec isonomia), tout le monde
doit participer aux affaires (isegoria) et au pouvoir (isocratia)32,
l'égalité sociale et la mise d'un gouvernement du peuple.
La liberté impliquait, à Athènes,
n'être plus esclave de qui que ce soit ni de quoi que ce soit, le droit
de n'obéir qu'à la seule loi dans l'égalité, mais
aussi le fait d'être tour à tour gouverné et gouvernant.
Les idées démocratiques de la Grèce ne
furent sans critiques. Nous allons montrer les critiques formulées par
quelques philosophes et écrivains de cette période.
1) Les idées critiques d'ARISTOPHANE
ARISTOPHANE a blasonné la démagogie qui a remis
le pouvoir à une créature aussi instable, aveugle et exigeante,
l'esprit belliqueux que désapprouvait le paysan attique, les innovations
philosophiques qui ébranlaient les valeurs traditionnelles, sommaires
mais consacrées, la dépravation des moeurs
politiques33.
2) Les idées critiques d'ISOCRATE
ISOCRATE a renchéri que les penseurs de ladite
démocratie se sont toujours renfermés dans la spéculation
théorique, d'où l'abandon intérieur de la
démocratie. Il propose alors une démocratie de principe où
le peuple exercerait sa souveraineté par l'élection, non par le
tirage au sort, et où les notables seraient aux
affaires34.
3) Les critiques de XENOPHON sur la démocratie
athénienne
XENOPHON (425-355) se livre à une âpre critique
de la démocratie athénienne caractérisée, selon
lui, par la division, l'indiscipline et l'incompétence. Il illustre
dès lors un autre aspect de la pensée politique autoritaire : les
idées monarchiques35. Il croit profondément au
rôle du chef et aux mérites du gouvernement d'un seul. Il se borne
à montrer comment un
31 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques : des origines au XVIIIème siècle, Paris, PUF,
Tome 1, 1959, p.16.
32 Idem, p.17.
33 Idem, p.25.
34 Idem, p.26.
35 Idem, p.27.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 24
tyran peut essayer de surmonter les tares matérielles
et morales du régime qu'il incarne en prenant pour seul objectif
l'intérêt de ses sujets36.
4) Les idées politiques de PROTAGORAS
L'apport de Protagoras dans la pensée politique est son
scepticisme à l'égard de la tradition et son engagement en faveur
de la démocratie37. A travers une relecture du mythe de
Prométhée, il soutient que les dieux ont oublié de doter
les hommes de certains talents naturels accordés aux animaux (la
capacité de vivre sans conflit notamment) ; les hommes ont donc
été tenus d'inventer l'art politique afin de vivre ensemble.
Dès lors, l'invention de la cité est pour Protagoras le
résultat de l'intervention des hommes qui n'ont pu faire autrement que
de forger des lois et des conventions pour se gouverner librement.
5) Les idées critiques de PLATON
Pour PLATON, la démocratie est le règne des
sophistes qui, au lieu d'éclairer le peuple, se contentent
d'étudier son comportement et d'ériger en valeurs morales ses
appétits. En ce sens, la tentative de Platon est destinée
à sauver morale et politique du relativisme à quoi les
réduisait PROTAGORAS. L'une des idées les plus
célèbres de Platon est de confier le pouvoir aux philosophes
(...). La cité n'apparaît pas parfaitement heureuse que si elle
est gouvernée par des philosophes-rois, soit que le philosophe devienne
roi, soit que le roi se fasse philosophe38. Il s'agit pour Platon de
céder la direction de la cité à ceux qui maitrisent l'art
politique, un art qui implique une connaissance approfondie de la nature
humaine. La science politique doit retrouver les lois idéales en faisant
donc corps avec la philosophie, et la politique ne sera une science, selon lui,
que quand les philosophes seront rois39. Ainsi, le problème
central de Platon, quand il écrit la république, est
celui de la justice, individuelle ou collective, c'est-à-dire le vrai ou
le bien appliqué au comportement social. Platon recherche donc la
cité idéale ou juste.
Dans son oeuvre de vieillesse, les lois, Platon n'y
décrit pas ce qu'est réellement la cité idéale
mais, seulement elle peut être comprise comme le meilleur que l'on puisse
construire en pratique. Il prône ainsi un État théocratique
et intolérant où l'athéisme doit être
sévèrement
36 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome I,
Op. Cit., p.28.
37 Olivier NAY, Op Cit., p.32.
38 Idem, p.39.
39 Idem, p.29.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 25
pourchassé et où les lois doivent avoir une
origine divine et c'est Dieu qui est la mesure de toute chose. Aux dispositions
légales se mêlent des prescriptions religieuses impératives
qui font que la religion et le droit s'épaulent constamment.
En second lieu, Platon croit devoir conclure que le
gouvernement le plus stable doit être une aristocratie agraire à
base assez large où tous seraient propriétaires des terres et
exerceraient tous les mêmes droits politiques. Ladite cité doit
être isolée de la mer pour éviter toute vocation
commerciale, tâche réservée aux seuls esclaves et aux
non-citoyens.
§6. Les idées d'ARISTOTE
Aristote a consacré la majeure partie de sa vie
à l'étude des régimes politiques et à
l'enseignement des connaissances savantes40. Il rassemble
parallèlement une documentation dense sur les régimes politiques
de nombreuses cités grecques, mais aussi des communautés barbares
du pourtour méditerranéen, de l'Afrique et de l'Asie. La
philosophie aristotélicienne adresse une critique sévère
à l'idéalisme platonicien considéré par lui comme
trop éloigné des réalités humaines. Les critiques
formulées par Aristote convergent vers le choix d'une constitution
fondée sur la classe moyenne et qui essayent de concilier le principe
démocratique et le principe aristocratique. Il croit, en effet,
contrairement à Platon, à la valeur de la majorité et se
borne à demander au bon gouvernement de protéger le pauvre de
l'oppression et le riche de la confiscation41.
De façon plus simpliste, les relations entre
cités et la pensée politique grecque sont restées
enfermées sous la formule « État-cité » pendant
toute la période classique ou antique.
Section II. Les idées politiques du
moyen-âge (du Vème au XVème siècle)
Le moyen-âge est susceptible, dans ce travail,
d'être appréhendé en deux phases : le haut moyen-âge
et la période allant du XIe au XVème
siècle.
§1. Le haut moyen-âge (Ve au Xe
siècle)
Le haut moyen-âge a été beaucoup plus
prédominé par les idées du christianisme coulé dans
un moule de la féodalité qui se matérialisent par un
nationalisme théologique et un
40 Olivier NAY, Op Cit., p.45.
41 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome 1,
Op. Cit., p.41.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 26
messianisme, c'est dire l'attente d'événements
miraculeux qui vont changer le statut d'une nation. Ce nationalisme
ramène à considérer les chrétiens comme une nation.
Les idées politiques avec la victoire du christianisme sont
dominées par la révolution chrétienne. L'apparition du
christianisme provoque la naissance d'une conception chrétienne de la
politique à la lumière des valeurs et des exigences de la
religion et le surgissement d'une nouvelle question, celle du rapport entre
l'église et l'État, entre le pouvoir temporel et le pouvoir
spirituel42. Les décisions des religieux (papes,
évêques) priment, à cet effet, la vie politique des
États et font à ce que ceux-ci se conforment aux prescrits de
l'Église (aux Ve-VIe siècles)43.
La prédication chrétienne devient la principale source
d'inspiration des réflexions sur le pouvoir car elle est
considérée comme une doctrine de la consolation et de l'espoir
portant un message délivrant des réponses fondamentales sur la
vie humaine et la vie sociale. Cette victoire du christianisme s'explique
beaucoup plus par la conversion des empereurs (exemple, le baptême de
Clovis). L'église impose son autorité et les chefs barbares ne
peuvent négliger le fait chrétien à l'intérieur
duquel ne leur est reconnu qu'un simple pouvoir d'administration. On comprend
ainsi donc que la naissance du christianisme a sanctionné la fin du
totalitarisme qui avait caractérisé le monde antique. La victoire
du christianisme restera pratiquement la seule connaissance savante durant tout
le haut Moyen-âge, avant d'être confrontée, à partir
du XIIe siècle, au renouveau spectaculaire de la philosophie
et du droit.
Mais, le christianisme ne tardera pas de s'éclater en
blocs de rivalité entre le catholicisme et le protestantisme,
d'où les guerres des croisades, les guerres des reformes (la
réforme protestante par exemple), etc. Du côté de l'islam,
on remarque la scission entre les sunnites, les Kharijites et les
Chiites44.
§2. Le moyen-âge du XIe au XVe siècle
Au début de la période allant du XIe
au XVème siècle, l'Église est affaiblie, les
structures féodales accroissent sa dépendance à
l'égard du pouvoir temporel. Mais la reforme grégorienne
amène un renversement de la situation, permettant une adaptation rapide
et, plus tard, une offensive de grande envergure.
42 J.M BAGALWA MAPATANO, Notes de cours de
théories et doctrines politiques et sociales, Inédit, G3 RI,
FSSPA, UOB, 2008-2009.
43 Olivier NAY, Op. Cit., pp.70-71.
44 Ibidem.
Idées politiques et révolutions au Maghreb
arabe. 27
Section III. Les idées politiques de
l'époque moderne
Suivant la délimitation de quatre grandes
époques historiques, le temps moderne est une période allant du
XVIe au XIXe siècle et comprend donc les
XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe
siècles.
§1. Les idées politiques de la renaissance
(XVIème siècle)
Le XVIème siècle est appelé
celui de la renaissance car il y a des grandes transformations dans tous les
domaines de l'activité et de la pensée. Michel
MORINEAU45 pense qu'il est un siècle de la découverte
du monde et de la terre, de la connaissance de l'homme, de la découverte
de la nature physique, les États modernes se créèrent,
leurs relations se développèrent selon les lois
d'équilibre et avec des moyens diplomatiques nouveaux. Il consacre un
élargissement du monde, alors connu et exploité, l'afflux des
métaux précieux de l'Amérique couronnent et relancent un
puissant effort du grand commerce international, le développement du
capitalisme commercial, etc.
Dans le domaine des idées politiques, en liaison avec
le progrès du pouvoir royal dans certains États, une doctrine
s'élabore, celle de l'absolutisme, qui se définit en
première approximation par l'affirmation d'une souveraineté
monarchique sans limite et sans contrôle, qui ne reconnaît aux
sujets que le seul droit d'obéir46. Toutefois, la politique
reste idéologiquement dans la dépendance de la religion
chrétienne. L'évolution des idées porte la marque d'une
croissante nationalisation des États et de la politique.
Ainsi, trois grandes lignes apparaissent dans le mouvement des
idées au XVIème siècle47 :
? Le progrès marqué de l'attachement à la
monarchie nationale et absolue au détriment des conceptions
particularistes et féodales à la fois infra-et supranationales
;
? Une sécularisation et une rationalisation
inachevées mais indéniables de la pensée politique, que la
reforme involontairement a puissamment favorisées ;
? Enfin, nouveauté plus remarquable parce que les deux
premières tendances se dessinaient déjà avant le
XVIème siècle, un premier dépassement du
loyalisme
45 M. MORINEAU, Le XVIe siècle
(1492-1610), Paris, Larousse, 1968, pp.13-19.
46 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome 1,
Op. Cit., p.245.
47 Idem, p.305.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 28
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 29
dynastique par un patriotisme républicain, qui fonde
l'indépendance des provinces unies.
Dans ce dépassement s'amorce, encore plus
confusément, la transmutation de l'idée médiévale
des libertés en une idéologie de la liberté, qui prendra
forme lentement avec l'éclosion d'une conscience bourgeoise, et qui aura
besoin d'une sécularisation plus poussée, favorisée par la
création de la science positive et du travail d'uniformisation relative
effectué par l'absolutisme.
§2. Les idées politiques du XVIIème
siècle
Le XVIIème siècle est un
siècle de crises sur plusieurs plans. Au plan économique, il y a
des famines et des révoltes paysannes. Au plan politique, plusieurs
guerres déciment la planète (guerre de trente ans 1618-1648,
exécution de Charles Ier en 1649, remplacement de Jacques II
par Guillaume d'Orange en 1688, troubles aux Pays-Bas). Crises religieuses :
jansénisme (qui préconise une réforme de la liturgie
fondée sur la Bible et l'utilisation de la langue nationale, le romain),
révocation de l'édit de Nantes en 1685, quiétisme. Crises
intellectuelles : le libertinage, la préciosité, le baroque.
De ces diverses crises, les idées politiques seront
toujours dominées par l'absolutisme qui sort apparemment
renforcé. Il n'est plus question comme l'avait noté de
façon moins précise BODIN et d'autres après lui, « le
roi demeure administrateur et usufruitier, tenu d'observer les lois
fondamentales ». Déjà plus tard apparaissait la
contradiction intime de cet absolutisme classique: le roi doit respecter les
lois, mais personne ne peut l'y contraindre48. Ce siècle est
venu grandement marquer la victoire de l'absolutisme (absolutisme triomphant),
alors précaire et hybride49. Cet absolutisme est
précaire parce que les motifs qui favorisent temporairement
l'absolutisme ne peuvent que provoquer à plus ou moins brève
échéance sa dissolution et il est hybride car il fait reposer la
notion de souveraineté à la fois sur des éléments
traditionnels (les devoirs du monarque, le contrat, la coutume, les lois
fondamentales du royaume), et sur des éléments nouveaux (le
mercantilisme et l'utilitarisme).
48 Marcel PRELOT et Georges LESCUYER, Histoire
des idées politiques, Paris, Dalloz, 6ème
édition, 1977, p. 294.
49 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome 1,
Op. Cit., p.315.
Cet absolutisme du XVIIème siècle a
été conçu comme une négation de la
féodalité, c'est-à-dire la monarchie absolue restant
limitée par la loi divine et par la loi naturelle, s'oppose à
l'éparpillement féodal tout en ne signifiant pas despotisme et
tyrannie50.
Vu le développement du commerce et de la richesse de
l'Europe occidentale, cela s'accompagna d'un parallélisme entre le
développement du capitalisme et le développement de la
pensée politique. Le développement du capitalisme commercial
avait contribué à miner l'absolutisme en dressant contre le
pouvoir monarchique une bourgeoisie qui se jugeait assez puissante pour exiger
d'être associée à l'exercice du pouvoir.
Le mercantilisme qui se voit couronné par l'absolutisme
constitue une réaction contre la stagnation, affirmation de puissance
à l'extérieur comme à l'intérieur. D'où,
selon la doctrine mercantiliste, il faut à la fois amasser l'or et
l'argent qui viennent d'outre-mer (extérieur) et développer au
maximum la production nationale tout en protégeant les industries
nouvelles contre la concurrence étrangère51. On
comprend donc ici que le mercantilisme est une double réaction contre
l'universalisme et surtout contre le particularisme provincial ou municipal, il
est à la fois nationaliste et protectionniste.
§3. Les idées politiques au XVIIIème
siècle
Le XVIIIème siècle a
été qualifié du siècle des Lumières car
fortement marqué par le libéralisme aristocratique,
l'utilitarisme politique et la pensée
révolutionnaire52.
Il s'agit ici du libéralisme aristocratique parce qu'il
est tourné vers le passé. Ce qui caractérisera ce
libéralisme, c'est sera la distinction sur laquelle il reposait entre,
d'une part, la sphère de l'État, qui est celle de
l'autorité politique, et la sphère de la société
civile d'autre part53. L'État qui a affaire au bien public,
ne doit pas s'introduire dans les affaires privées, c'est-à-dire,
dans les relations constitutives de la société civile. En
séparant soigneusement ces deux domaines, ce que le libéralisme
vise à garantir, c'est la « liberté » des individus et
des personnes.
50 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques : des origines au XVIIIe siècle, Tome 1,
Op. Cit., p.316.
51 Ibidem, p.317.
52 Jean TOUCHARD, Histoire des idées
politiques du XVIIIème siècle à nos jours, Paris,
PUF, Tome 2, 1981, p.383-470.
53 Gérard MAIRET, « Le
libéralisme : présupposés et significations »,
François CHATELET (S/Dir), Histoire des idéologies : savoir
et pouvoir du XVIIIe au XXe siècle, Paris,
Hachette, Tome 3, 1978, p.143.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 30
54 Jacques JULLIARD, cité dans «
Idées reçues sur la révolution de 1789 »,
édicté sur le
http://www.article.php3.htm,
publié en novembre 2002, mis en ligne le 19 août 2005 et
consulté le 12 avril 2011.
L'utilitarisme politique a pris des formes diverses selon les
pays et selon les problèmes à résoudre : il a
été qualifié de « politique de sens commun » par
Voltaire (il faut verser son sang pour servir ses amis et pour se venger de ses
ennemis, sans quoi l'on n'est pas digne d'être homme), subordination de
la politique à l'économie chez les encyclopédistes et chez
Diderot (ce que l'État doit à chacun de ses membres, c'est la
destruction des obstacles qui les gêneraient dans leur industrie ou qui
les troubleraient dans la jouissance des produits qui en sont la
récompense), mélange de libéralisme économique et
d'autorité politique pour les physiocrates (car cet utilitarisme
s'ordonne, selon eux, autour de la nature, de la liberté, de la terre ou
propriété et du despotisme légal), radicalisme
philosophique et malthusianisme libéral en Angleterre...
La pensée révolutionnaire a fait que les
populations prennent leur destin en main en mettant en cause le principe du
système monarchique. La révolution américaine de 1776 est
au XVIIIème siècle le premier exemple qui
réussit et qui marque le passage de la spéculation à
l'action. La révolution française de 1789 a surtout
inauguré des pratiques idéologiques qui vont nourrir tous les
totalitarismes contemporains. Jacques JULLIARD explique que « le
totalitarisme eut été impossible sans 1789 »,
c'est-à-dire "l'avènement du peuple comme acteur principal de
la politique"54. L'histoire des idées politiques sera
alors dominée par la croissance de la bourgeoisie en Europe occidentale
composée en grande majorité par les fonctionnaires et officiers
installés dans des charges vénales, spéculateurs,
financiers philosophes, négociants et armateurs, fabricants et
techniciens, intellectuels. Bref, ce siècle a découvert
l'existence de l'homme.
Section IV. Les idées politiques de
l'époque contemporaine
Il est nécessaire de comprendre également que
l'époque contemporaine comprend trois siècles : le
XIXe, le XXe et le XXIe siècles.
§1. Les idées politiques du XIXème
siècle
Le libéralisme, le nationalisme et le socialisme ont
été des idéologies ayant émaillé le
XIXème siècle.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 31
Le libéralisme a été l'idéologie
de la classe bourgeoise issue de la révolution française.
René RÉMOND le considère comme étant à la
fois une philosophie globale, politique, sociale individualiste, de l'histoire
et enfin une philosophie de la connaissance et de la
vérité55. Une philosophie globale car, il arrive
souvent aujourd'hui qu'on le réduise au seul aspect économique
qui doit être replacé dans une perspective plus large et qui n'est
qu'un point d'application d'un système complet englobant tous les
aspects de la vie en société, et qui croit avoir réponse
à tous les problèmes posés par l'existence collective.
Philosophie politique car il est ordonné à l'idée de
liberté, selon laquelle la société politique doit
être fondée sur la liberté et trouver sa justification dans
la consécration de celle-ci. Il n'est de société viable -
et à plus forte raison légitime - que celle qui inscrit au
fronton de ses institutions la reconnaissance de la liberté,
estime-t-il. Philosophie sociale individualiste dans la mesure où elle
fait passer l'individu avant la raison d'État, les intérêts
du groupe, les exigences de la collectivité ; le libéralisme ne
connaît guère les groupes sociaux (...). Le libéralisme est
une philosophie de l'histoire, selon laquelle l'histoire est faite, non par les
forces collectives, mais par les individus. C'est enfin une philosophie de la
connaissance et de la vérité car il est en parfaite
réaction contre la méthode d'autorité et croit à la
découverte progressive de la vérité par la raison
individuelle.
Le nationalisme concerne les théories ou les doctrines
qui réfléchissent sur la nation56. Ernest RENAN a
été le premier à trouver l'idée de nation qui,
selon lui, est constituée des notions de l'égalité et de
la démocratie. Ni la race, ni la langue, ni la religion, ni même
le sol sur lequel on est né ou l'on vit sont impuissants de
définir la nation même si ils aident à former une nation ou
à forger une idée de nation57. Il dit que la nation :
« est une âme, un principe spirituel. Deux
éléments qui, à vrai dire, ne font qu'un, la constituent :
l'un est dans le passé, la possession en commun d'un riche legs, l'autre
est dans le présent, le consentement, le désir de vivre ensemble
». De façon brève, une nation est d'abord le passé
(résultat d'un héritage indivise), ensuite un présent (son
existence n'est ni acquise, ni donnée une fois pour toutes) et enfin le
futur (le vouloir vivre ensemble, avoir fait des grandes choses ensemble,
vouloir en faire encore d'autres ensemble dans l'avenir). Le nationalisme qui
désignait l'expression d'un sentiment national changea de nature. Il
devint conservateur et réactionnaire au point que les
55 R. REMOND, Introduction à l'histoire
de notre temps : le XIXe siècle (1815-1914), Paris, éditions
du Seuil, Tome 2, 1974, pp.23-24.
56 J.M. BAGALWA MAPATANO, Notes de cours de
théories et doctrines politiques et sociales, déjà
cité.
57 Idem.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 32
États puissants vont s'affronter pour la domination
mondiale : le nationalisme était devenu impérialiste. Ceci est en
parfaite liaison avec ce que Samuel Huntington théorisa dans le choc des
civilisations lorsqu'il dit que le XIXe siècle avait
été le siècle du conflit des nations58.
Le socialisme, quant à lui, est un système dans
lequel l'exploitation capitaliste n'existe pas ou a disparu. Cela signifiait
que le revenu national devrait être alloué aux citoyens
proportionnellement à la valeur du travail qu'ils
produiraient59. Certaines critiques furent formulées à
cet effet sur le socialisme dans ce sens de « chacun selon ses
capacités, à chacun selon son travail » en disant, sans
doute, que ce système serait beaucoup plus inégalitaire que ce
que beaucoup de socialistes souhaitent. Comme courant d'idées
contemporain, le socialisme est avant tout un antilibéralisme qui a le
sens d'une triple protestation morale, économique et
politique60. C'est d'abord une protestation morale, le refus des
maux que le libéralisme accepte quand il ne les provoque pas. Le
socialisme est ensuite une critique économique du libéralisme.
Celui-ci s'affirme être fondé sur la connaissance des lois
économiques ; la société conduite par des automatismes et
reposant sur un jeu des lois physiques, n'est pas modifiable au gré des
desseins des gouvernants. Le socialisme est enfin la révolte politique
car la révolution a peut être libéré l'homme des
pressions de l'église, brisé les vieilles entraves
médiévales, mais elle a laissé subsisté la
domination des riches sur les pauvres.
§2. Les idées politiques du XXème
siècle
L'histoire du XXe siècle n'a-t-elle pas
été dominée par les deux révolutions totalitaires
et par les idées de Lénine et Hitler (le
marxisme-léninisme), mettant en pratique une vision caricaturale mais
suprêmement efficace des doctrines du XIXe siècle ? Le
XXème siècle serait celui de la lutte pour la
domination du monde et que cette lutte opposerait des principes
métaphysiques61.
L'histoire du XXe siècle a été
marquée par le triomphe de la démocratie sur l'ancien
régime : les empires autocratiques, les régimes autoritaires, les
dynasties séculaires, les régimes aristocratiques, monarchiques
et absolutistes62. Cette victoire du droit et le triomphe de la
58 S. HUNTINGTON, cité par Pierre HASSNER, Op.
Cit., p.689.
59 S. MESURE et P. SAVIDAN, Le dictionnaire des
sciences humaines, Paris, Quadrige/PUF, 2006, p.1094.
60 Marcel PRELOT et Georges LESCUYER, Op. Cit.,
pp.600-601.
61 G. NGOIE TSHIBAMBE, Syllabus du cours
d'Histoire diplomatique, Inédit, G2 RI, FSSPA, UOB, 2007 - 2008,
p.92.
62 René REMOND, Introduction à
l'histoire de notre temps, le XXe siècle de 1914 à nos
jours, Paris, éditions du Seuil, Tome 3, 1989, pp.35-37.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 33
démocratie ont couronné la marche de
l'humanité vers une société plus humaine, plus libre et
plus juste. On a toujours assimilé cette victoire de la
démocratie à celle des alliés au second conflit mondial.
Cela montre bien que le XXe siècle a été
caractérisé par la relation tantôt harmonieuse,
tantôt conflictuelle, entre idées, intérêts et
puissance, qu'il s'agit bien de comprendre. C'est ainsi qu'à propos de
la politique extérieure de l'Allemagne nazie et de la Russie communiste,
les interprétations purement « réalistes », purement
« idéologiques » ou purement « économiques »
ont montré leur insuffisance et, parfois, leur caractère
fondamentalement trompeur. Seule une vue plus complexe permet de comprendre que
les Hitler et les Staline pouvaient adopter n'importe quel compromis tactique
et n'importe quelle alliance contre nature, mais qu'ils n'en étaient pas
moins portés par une dynamique idéologique qui les mettait
inévitablement en conflit avec le monde extérieur. Même
s'ils avaient renoncé à l'expansion indéfinie ou à
la domination mondiale, l'idéologie colorait leur représentation
de l'ennemi et du rapport de forces avec lui (voir, par exemple, la
sous-estimation des États-Unis par Hitler pour raisons raciales). En
outre, même si elle n'était plus une inspiration motrice vers
l'extérieur et même si la « révolution permanente
par en haut » faisait place, à l'intérieur, à
une attitude conservatrice et défensive envers la société,
l'idéologie n'en remplissait pas moins une fonction essentielle de
légitimation de l'ordre établi.
Si l'on se tourne vers une autre ligne de tension majeure du
XXe siècle, c'est-à-dire l'axe Nord-Sud, on comprendra
également que cette période fut caractérisée par
les idées de décolonisation. La chute des empires
coloniaux comme des empires continentaux est due au soulèvement de leurs
sujets et à leur propre affaiblissement, soit par des tendances sociales
et psychologiques à long terme, soit par le résultat des deux
guerres mondiales. Elle n'est pas due à une infériorité
militaire ou économique de la métropole par rapport aux colonies
en révolte. Le rôle des idées de nationalité et de
liberté, d'autodétermination et d'indépendance,
répandues en grande partie par les colonisateurs chez les
colonisés, a incontestablement été décisif pour
mobiliser ces derniers et démobiliser les autres63. Le fait
qu'une partie importante des sociétés du centre ait refusé
de défendre ses positions, soit parce que ses priorités
étaient ailleurs, du côté de l'intérêt
économique et des satisfactions individuelles
préférées aux sacrifices collectifs, soit parce que la
cause ne lui paraissait plus légitime, soit encore parce que les moyens
employés lui paraissaient immoraux, a évidemment joué un
rôle important pour faire céder.
63 Pierre HASSNER, Op. Cit., p.694.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 34
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 35
§3. Les idées politiques du XXIème
siècle
Si à l'après première guerre mondiale ont
succédé le fascisme et le nazisme, si l'après
deuxième guerre mondiale a donné naissance à l'antagonisme
Est-Ouest, l'après-guerre froide, quant à elle, accouche d'un
monde incertain, voire dangereux. Le monde a basculé dans une nouvelle
ère des idées, de nouveaux mots, porteurs des nouvelles visions
du monde se sont imposés. Avec ces mots (tiers-monde, commerce
international, néo-libéralisme, déclin des États,
réseaux, finance mondiale, gouvernance mondiale, crise financière
ou économique, les pays du Nord et du Sud, pays émergents...),
surgit une nouvelle carte du monde, avec ses nouveaux centres de gravité
et rapports de force64.
Le XXIe siècle est envahi par les
idées de globalisation et du fanatisme fondamentaliste et
derrière elles, la démocratie, l'économie libérale
de marché imposées à tous et qui ne suffisent pas pour
stabiliser la donne internationale aujourd'hui, la culture, la science et la
religion65.
La globalisation est, certes, une tendance objective et, dans
une grande mesure, irréversible, résultant des progrès de
la technique, en particulier celle des communications. Elle ne résulte
pas d'une conspiration occulte et mérite encore moins d'être
transfigurée en l'impérialisme. Mais il reste qu'elle correspond
à une certaine idéologie, celle du libéralisme, à
une certaine politique économique, celle du libre-échange, et
à un certain nombre d'idées fortes, comme le déclin des
États. En outre, elle est évidemment encouragée et
utilisée par la seule puissance globale, les États-Unis, dont la
position assure, même si elle n'y vise pas consciemment, que la
globalisation charrie inévitablement ses modèles culturels, et
qui, de surcroît, associe dans son discours les progrès de la
globalisation, ceux du capitalisme, de la démocratie et de la paix. Sur
le plan théorique, Francis Fukuyama attribue la « fin de
l'histoire » à la fois au triomphe idéologique de la
démocratie libérale sur les idéologies concurrentes et aux
conséquences inévitables de la science moderne66.
C'est pour cela même que, pour remédier les problèmes
liés à la globalisation ou mondialisation, l'on a forgé le
concept de gouvernance qui repose sur l'idée de mettre en place un
nouveau système de régulation
64 Jean-François DORTIER, « La nouvelle
carte des idées » in Sciences humaines, n°222, janvier
2011, pp.6-7.
65 Diur KATOND et al, Histoire des relations
internationales, Kinshasa, Editions Sirius, 2008, p.129.
66 F. FUKUYAMA, cité par Pierre HASSNER,
Op. Cit., p.695.
internationale dépassant l'action des seuls
États pour peser collectivement sur l'avenir du monde en assurant la
paix et en développant la coopération entre les
peuples67.
Aussi de façon générale, le mouvement de
sécularisation et de désenchantement du monde se poursuit plus
vigoureusement au double niveau de l'influence des Églises et d'une
vision du monde offrant, d'une part, une orientation stable et
cohérente68, mais aussi d'autre part, en revanche, les
croyances religieuses jouent un rôle politique ambigu mais essentiel dans
trois cas de figures. Premièrement, celui des pays non chrétiens
qui sont le théâtre d'une lutte intérieure dont l'enjeu est
la définition laïque ou religieuse de leur identité (cas de
l'Israël où l'affrontement entre religieux et laïcs est de
plus en plus direct et brutal ; de l'Inde, dont la conception laïque de
l'unité héritée de NEHRU est mise à mal par le
nationalisme hindouiste). Deuxièmement, celui des sectes, dont la
prolifération, la croissance et la diffusion internationales sont le
phénomène le plus frappant des dernières décennies.
Dans ce second cas, la religion se moque des frontières, comme en
témoigne le succès des pentecôtistes en Amérique
latine ou de la secte japonaise Aoum en Russie. Le troisième cas est
celui de l'islam où le spectre de la révolution islamique a
remplacé celui du communisme69.
Ce qui est certain, c'est que nous assistons non pas à
un conflit global de civilisations comme le croit Samuel HUNTINGTON ou à
de nouvelles croisades entre des coalitions fondées sur leur
appartenance aux grandes religions. Les affrontements religieux augmentent
malgré la déchristianisation et le déclin de l'islamisme,
mais ils se déroulent entre musulmans et chrétiens dans des pays
asiatiques ou africains (cas des conflits entre coptes et musulmans en
Égypte, chrétiens et musulmans au Nigeria), de
l»Indonésie au Soudan70, entre hindouistes et musulmans
laïcs en Inde, entre nationalistes laïcs et religieux en
Israël.
Finalement, les deux idéologies émergentes et
concurrentes, aujourd'hui, sont celles du communautarisme et celle des droits
de l'homme. Les deux idéologies encouragent la coopération entre
les États-nations tout en promouvant les valeurs universelles, les
États étant ainsi invités à encourager la
coopération pour résoudre ensemble les multiples problèmes
qui rongent la planète terre. L'individu et le groupe vécu sur le
modèle familial, à un bout, la
67 Robert KOLB, « L'idée de gouvernance
et sa première incarnation : la société des Nations »
in Questions internationales, n°43, mai - juin 2010,
p.10.
68 P. Michel, cité par Pierre HASSNER, Op.
Cit., p.697.
69 E. GELLNER, cité par Pierre HASSNER,
« Le rôle des idées dans les relations internationales
» in Politique étrangère 3-4/2000, p.698.
70 « Les points chauds du conflit entre islam et
christianisme » in Le monde, 6 juillet 2000.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 36
globalisation socio-économique et l'universalisme
moral, à l'autre, ont donc fait irruption au premier plan et
réveillé les États de leur sommeil
diplomatico-stratégique. Certes, ce que perdent les États est
moins souvent gagné par des institutions internationales ou
transnationales que par des groupes organisés dont les
intérêts sont au moins aussi particuliers que ceux des nations. Il
n'empêche que l'idée d'intervention ou d'ingérence contre
l'inhumanité ou pour les droits de l'homme monte en puissance, et cela
malgré les déconvenues parallèles de l'humanitaire
d'État et de l'angélisme sans frontières.
Ainsi, après avoir fait ressortir les idées
majeures ayant caractérisé chaque période de l'histoire
dans ce premier chapitre, notre démarche consiste maintenant, dans le
second chapitre, à donner une esquisse sur les notions de
révolutions en relations internationales.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 37
Chapitre deuxième. Notions des
révolutions en relations internationales
Ce chapitre s'attèle sur les notions des
révolutions et fera ressortir les quelques révolutions ayant eu
lieu dans le monde par le seul fait des idées (quelques cas types). Les
révolutions étant de diverses catégories, notre attention
particulière pourra être accentuée sur les
révolutions politiques après avoir situé le terme «
révolution » dans son contexte étymologique et
définitionnel.
Section I. Cadre définitionnel et
interprétatif du concept « révolution »
1) La définition étymologique
Etymologiquement, le terme « révolution »
vient du latin "revolvere", qui signifie
rouler en arrière, ce qui donna en italien « Rivoltare
» qui veut dire retourner71.
Une révolution est un changement, un bouleversement
important et brusque dans la vie d'une nation. Le terme de révolution
s'applique à de nombreux domaines : social, politique, économie,
culture, morale, science, techniques...
Quant à ce qui concerne notre travail, nous allons
seulement le présenter sous un angle politique et social avec les
considérations de plusieurs auteurs dans l'appréhension du
concept révolution. Mais, il sied de souligner que le concept de
révolution a été abordé de manière
relativement systématique par la théorie sociale et il existe
différentes acceptions du terme, selon les diverses
interprétations idéologiques, élitistes et historiques.
2) Selon les théories de la politique
internationale
Au XXe siècle, le point de vue des
théoriciens bourgeois de la politique internationale est d'analyser la
révolution comme une forme de conflit violent dans les relations
internationales. L'école de la « Real Politic » a
souligné que les révolutions font partie de la
71 Grand dictionnaire encyclopédique
Larousse, Paris, Librairie Larousse, Tome 9, 1985, p.8959.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 38
dynamique conflictuelle des États et de
l'inévitable lutte pour le pouvoir des principaux protagonistes de la
politique internationale72.
3) Suivant l'entendement réaliste
Selon la conception à l'évidence réaliste
de Mark N. HAGOPIAN, la révolution se définit comme une crise
prolongée dans un ou plusieurs systèmes traditionnels de
stratification (classe, condition sociale, pouvoir) d'une communauté
politique, crise qui implique une action délibérée et
dirigée par une élite pour abolir ou reconstruire un ou plus
desdits systèmes au moyen d'une intensification du pouvoir et du recours
à la violence73.
4) Selon le dictionnaire des sciences politiques et
sociales
Selon le dictionnaire politique, une révolution est la
suppression de manière brutale et parfois sanglante de l'ordre
établi et du régime politique en place ainsi que son remplacement
par une autre forme de gouvernement. C'est aussi le changement d'un
régime politique à la suite d'une action violente74,
un mouvement politique amenant, ou tentant d'amener, un changement brusque et
en profondeur dans la structure politique et sociale d'un État, et qui
se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en
place et prend ou tente de prendre le pouvoir. Le terme de «
révolution » peut être utilisé par un
gouvernement se présentant comme révolutionnaire pour qualifier
l'ensemble de ses politiques, alors même que sa prise du pouvoir est
effective et achevée. Par extension, on appelle « révolution
» tout changement ou innovation qui bouleverse l'ordre établi de
façon radicale dans un domaine quelconque (la théorie
héliocentrique est ainsi considérée comme étant une
révolution scientifique). Le propre de la révolution, par rapport
à une révolte, une insurrection, une réforme ou un coup
d'Etat est l'instauration de manière irréversible d'un ordre
nouveau75.
72 Leyde E. RODRIGUEZ HERNANDEZ, « La
révolution dans le système mondial du XXIe
siècle », édicté sur le lien Internet
http://www.cahiersdusocialisme.org/2011/02/20/la-revolution-dans-le-systeme-mondial-du-xxi%%B0-siecle/,
mis en ligne le 13 février 2011, consulté le 31 mai 2011.
73 M. N. HAGOPIAN, cité par L.-E.
RODRIGUEZ HERNANDEZ, « La révolution dans le système mondial
du XXIe siècle », édicté sur le
http://www.cahiersdusocialisme.org/2011/02/20/la-revolution-dans-le-systeme-mondial-du-xxi%%B0-siecle/,
mis en ligne le 13 février 2011, consulté le 31 mai 2011.
74 « Révolution », édicté sur
le
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/revolution/,
consulté le 12 mai 2011.
75 Le dictionnaire de politique,
édicté sur le
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Revolution.htm,
consulté le 12/05/2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 39
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 40
Bien que souvent présente dans la révolution
politique, la violence n'est pas nécessaire pour caractériser
celle-ci. Ce qui importe est avant tout l'ampleur et la rapidité des
changements.
Selon Charles DEBBASCH et ses co-auteurs, la révolution
désigne un changement profond et général des structures
sociales d'un pays qui s'accompagne généralement d'importants
mouvements populaires et implique souvent l'usage de la
violence76.
Selon le dictionnaire des sciences sociales de Madeleine
GRAWITZ, la révolution est la substitution plus ou moins soudaine et
plus ou moins violente d'un pouvoir à un autre77 ou encore
c'est la violence, la soudaineté, le degré de bouleversement
permettant de constater ou non un changement de régime politique.
5) Selon la théorie marxiste
Dans la théorie marxiste, les révolutions sont
les locomotives de l'histoire en ce qu'elles accélèrent les
processus de développement et de progrès de l'humanité.
Depuis le XVIIe siècle, les révolutions ont fait des
apports importants au développement de la modernité. Elles ont
non seulement donné l'impulsion aux transformations politiques et
sociales à l'intérieur des nations, mais aussi à la
dynamique même des relations internationales. Elles constituent à
cet effet, pour les marxistes, le mode normal de conquête du pouvoir par
le prolétariat pour se débarrasser des injustices ou de
l'exploitation de la classe bourgeoise78. Elle est, en d'autres
termes, une technique de conquête du pouvoir. Cependant, les partis
communistes occidentaux admettent l'accession au pouvoir sans
révolution.
6) Selon l'approche de Fidel Castro
Dans son discours prononcé à la place de la
révolution le 1er mai 2000 à la Havane, Fidel CASTRO
RUZ définit la révolution comme étant « le sens du
moment historique; le changement de tout ce qui doit être changé;
combattre pour la liberté et l'égalité pleine et
entière; être traité humainement et traiter autrui avec la
même humanité; se libérer par soi-même et par ses
propres efforts; défier les puissantes forces dominantes à
l'intérieur et à l'extérieur du cadre social et national;
défendre les valeurs dans lesquelles on croit au prix de tous les
76 C. DEBBASCH et al, Lexique de politique,
Paris, Dalloz, 7ème édition, 2001, p.375.
77 M. GRAVITZ, Lexique des sciences sociales,
Paris, Dalloz, 1999, p.359-360.
78 J. NSABUA TSHIABUKOLE, Syllabus du Cours des
nouveaux États en relations internationales, Inédit, L2 RI,
FSSPA, UOB, 2010-2011, p.31.
sacrifices; la modestie, le désintéressement,
l'altruisme, la solidarité et l'héroïsme; lutter avec
audace, intelligence et réalisme; ne jamais mentir et ne jamais violer
aucun principe éthique; la conviction profonde qu'il n'existe aucune
force dans le monde capable d'étouffer la force de la
vérité et les idées. La Révolution, c'est
l'unité, c'est l'indépendance, c'est lutter avec nos rêves
de justices pour le Cuba et pour le monde, ce qui est la base de notre
patriotisme, de notre socialisme et de notre internationalisme
»79.
7) Suivant l'approche nkrumahiste
Suivant une approche nkrumahiste (inspiré de KWAME
NKRUMAH), le qualificatif de « révolution » ne pouvait
être accolé de façon a priori à un mouvement social
car, pour qu'il y ait révolution effective, il faut que les fruits de la
révolution soient visibles, c'est-à-dire que l'ordre
sociopolitique dans ce cas, ait changé. Or, si quelque chose a
changé, la confirmation existe réellement, c'est-à-dire
l'effectivité a posteriori. Selon cette approche, pour qu'on parle de la
révolution, l'impulsion doit être endogène et non
exogène au mouvement contestataire et la lutte (révolte ou
révolution) doit être menée de l'intérieur et non de
l'extérieur par des révoltés et les
révolutionnaires et non par d'autres personnes (en l'occurrence les
puissances impérialistes occidentales) à leur place. C'est en ce
sens qu'il est bien affirmé dans cette approche, tout en reprenant les
développements de M. Towa sans en garder le contenu, que « Toute
révolution est auto-révolution80 ».
8) L'appréhension de Rudolf REZSOHAZY
Rudolf REZSOHAZY propose quatre critères pour
définir la révolution81 :
? L'enjeu : d'une révolution est
toujours une transformation radicale du régime existant, la construction
d'une autre société pour y changer le pouvoir politique, les
rapports sociaux et économiques ;
? La voie : les transformations
réclamées pouvaient être réalisées par la
voie des reformes si le régime existant avait la capacité de
« s'auto corriger » ou si l'ordre légal permettait à
l'opposition de prendre des initiatives. La voie de la révolution est
empruntée si le
79 « Qu'est-ce que la révolution ? »,
édicté sur le
http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-34903607.html,
consulté le 12 mai 2011.
80 Jean Eric BITANG, « Qu'est-ce que la
révolution ? Une approche nkrumahiste », édicté sur
le
http://jeanericbitang.wordpress.com/2011/04/08/quest-ce-que-la-revolution-une-approche-nkrumahiste/,
publié le 08 avril 2011, consulté le 12 mai 2011.
81 Rudolf REZSOHAZY, Pour comprendre l'action
et le changement politiques, Louvain-la-Neuve, Duculot S.a, 1996,
pp.42-50.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 41
82 [S.A.], Dictionnaire de la pensée
politique, hommes et idées, traduit de l'anglais « The
blackwell Encyclopaedia of political thought », Paris, Hatier, 1989,
pp.667-677.
pouvoir en place ne se reforme pas (ou ne réussit pas
à le faire) et si la légalité est trop étroite,
l'action de l'opposition se déroule ainsi en dehors des cadres
légaux. Il y a de ce fait crise de légitimité, rupture de
consensus sur les fondements du régime et division sur l'avenir ;
? Le moyen d'action est la lutte ouverte
étant donné qu'il y a blocage des voies légales. Ainsi,
l'objectif est d'éliminer l'autre et non pas de composer avec lui,
d'où le recours à la violence, les procès politiques et
exécutions (avec ou sans jugement) des chefs des insurgés et/ou
des dirigeants déchus ou encore des simples citoyens ;
? Les impliqués : les acteurs et le
public mobilisé atteignent un nombre suffisant, au besoin la
totalité de la population, pour rompre significativement le consensus
politique et créer une situation révolutionnaire (descente dans
les rues, enlever les symboles de l'ancien régime, occupation des lieux,
refus d'obéir aux injonctions du pouvoir, érection des
barricades, prise des armes, défiler, participer à des
démonstrations, etc.).
Dans le cadre de ce travail, nous allons nous pencher du
même avis que le dictionnaire de la pensée politique qui entend
par « révolution », des changements politiques fondamentaux
qui se déroulent souvent de façon dramatique, et toujours suivant
un processus complexe82 ; de même, nous allons
appréhender le concept de « révolution » suivant
l'approche nkrumahiste que nous avons développée un peu haut.
Lors de la révolution, le gouvernement central ne détient plus le
monopole de pouvoir pour imposer et maintenir sa loi sur toute l'étendue
du territoire national ou sur la population.
Divers groupes, y compris le gouvernement en place, luttent
pour s'emparer de l'autorité centrale. Cette lutte pour le pouvoir peut
se transformer en guerre civile ou aboutir à des coups d'État
rapides ou à des guérillas durables et d'un camp à
l'autre, chaque groupe essaie de construire de nouvelles structures politiques
(et souvent économiques) pour remplacer les
précédentes.
Section II. Classification de révolutions
Généralement, il existe plusieurs types de
révolutions selon qu'on se situe sur les plans politique, social,
économique, culturel, moral, scientifique, technique. Ainsi donc, on
distingue :
? Les révolutions politiques ;
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 42
> Les révolutions sociales ;
> Les révolutions technico-économiques (exemple
: la communication distribuée) ;
> Les révolutions culturelles (exemple : refus de la
société de consommation) ;
> Les révolutions morales ;
> Les révolutions scientifiques (exemple : la
révolution informatique) ;
> Les révolutions techniques (Ex : révolution
industrielle, agricole).
Signalons d'entrée de jeu qu'en dehors de cette
catégorisation classique, il existe aussi ce qu'on peut appeler «
révolutions réussies » ou «
révolutions ratées », auxquelles on peut
ajouter celles qui finissent par un compromis ou par une diffusion des
idées des opposants, sans prise de pouvoir (comme ce fut le cas du
mouvement de mai en 1968 en France). Suivant les classes sociales, nous avons
« les révolutions bourgeoises », «
prolétariennes », « paysannes
». Suivant les origines, nous distinguons les «
révolutions spontanées » (Roumanie 1989)
des « révolutions préparées »
(Russie 1917). En considérant la durée, certaines
révolutions sont « courtes », ne comportant
qu'une seule vague (Belgique 1830) et d'autres sont « longues
» et passent par plusieurs phases (Mexique 1911-1917).
Dans le cadre de ce travail, nous allons accorder un accent
particulier sur la catégorisation classique en insistant tout de
même sur l'analyse de la révolution politique et sociale.
§1. Les révolutions politiques et sociales
A. Les révolutions politiques
Aux tournants décisifs, quand un vieux régime
devient intolérable pour les masses, celles-ci brisent les palissades
qui les séparent de l'arène politique, renversent leurs
représentants traditionnels, et, en intervenant ainsi, créent une
position de départ pour un nouveau régime.
Les révolutions politiques caractérisent un
changement radical de personnel politique, et souvent d'institutions, du fait
d'un soulèvement populaire ou de la victoire d'une faction
représentant ou prétendant représenter une part importante
de la population. Les guerres d'indépendance sont une forme de
révolution politique. Par extension, le terme de révolution
politique peut être employé pour définir le cas d'un
changement de majorité politique, quand une faction remporte une
très nette victoire électorale et devient la majorité
politique, après une
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 43
longue période d'opposition. Ce qui distingue la
révolution politique des autres formes de violence politique c'est
précisément la combinaison ou l'interaction de l'effondrement de
l'État, la lutte pour le pouvoir et l'établissement de nouvelles
institutions car, lors des mouvements de sécession, de révoltes
ou d'émeutes, l'État peut s'effondre sans que personne ne cherche
à prendre le pouvoir ; dans les guerres de succession, l'État
s'effondre et il y a lutte pour le pouvoir mais sans qu'il y ait
établissement de nouvelles institutions et enfin, dans les coups
d'État et les reformes impulsées d'en haut, il y a lutte pour le
pouvoir et établissement de nouvelles institutions sans que
l'État s'effondre83.
B. Les révolutions sociales
Les révolutions sociales se caractérisent par de
vastes changements des hiérarchies sociales, ou de l'organisation de la
société, du fait d'un soulèvement de la population, ou
d'une partie de celle-ci, contre l'ordre établi. Le terme de
révolution sociale est cependant plus fluctuant, étant
utilisé pour caractériser des réformes perçues
comme radicales, mais ne s'accompagnant pas forcément d'un affrontement
politique violent. Les révolutions politiques, notamment celles se
réclamant du marxisme, ambitionnent souvent de s'accompagner de
révolutions sociales. Les révolutions sociales sont
déterminées par les lois objectives du développement
social et, en même temps, ont leur origine dans les contradictions
économiques, sociales, politiques internes au système
capitaliste. Lénine était convaincu que « les
révolutions ne se font pas sur commande, on ne peut pas les faire
coïncider avec tel ou tel moment, mais elles murissent dans le processus
de développement de l'histoire et éclatent à un moment
déterminé par des facteurs internes et externes84.
Cette intervention s'accompagne, dans certains cas, d'une
utilisation de la violence (ou à l'inverse il s'agit d'un conflit non
violent) : ce fut par exemple le cas lors des révolutions russes et
françaises (avec la « Terreur »). Elle est terminée non
seulement quand ses protagonistes ont quitté la scène politique,
mais lorsque leurs successeurs réussissent à imposer leur version
revue et corrigée de l'histoire. La révolution américaine
est ainsi un succès total sur le long terme, ayant amené à
la naissance des États-Unis en tant que nation. La révolution
française, s'étant imposée comme référence
nationale et ayant imposé la République comme forme politique en
France, peut être considérée comme une réussite sur
le long terme, malgré
83 Dictionnaire de la pensée politique, hommes
et idées, Op. Cit., p.667.
84 L.-E. RODRIGUEZ HERNANDEZ, lien Internet
déjà cité.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 44
la fin de la Première République
française. La Révolution russe a réussi sur le moyen
terme, en donnant naissance à l'Union soviétique. Sur le long
terme, cependant, la fin de ce régime en 1991 a conduit à
l'abandon de la référence au marxisme-léninisme, sans pour
autant que la Russie et les autres anciennes républiques
soviétiques abandonnent la forme républicaine. Le Risorgimento
demeure un point fondamental de l'histoire de l'Italie, bien que le Royaume
d'Italie qu'il ait contribué à édifier ait cessé
d'exister en 194685.
Pour réussir, d'après Riadh SIDAOUI, une
révolution doit regrouper trois facteurs : Le premier, la radicalisation
de l'opposition populaire, qui ne demande plus seulement des réformes
mais veut la tête de celui qui incarne le régime. Le
deuxième, une division au sein de l'élite du pouvoir, un esprit
de corps fragmenté. Le troisième, la neutralité de
l'armée ou sa trahison envers le régime. C'est en ce sens que
Léon TROTSKY, dans l'histoire de la révolution russe, formule des
critiques en disant que l'une des erreurs les plus grandes et les plus
dangereuses que commettaient les communistes, c'était de se figurer que
la révolution pouvait être accomplie par les mains des seuls
révolutionnaires. Or, pour assurer le succès de toute action
révolutionnaire sérieuse, il faut comprendre et savoir appliquer
pratiquement l'idée que les révolutionnaires ne peuvent jouer un
rôle que comme avant-garde de la classe réellement avancée
et viable86. L'avant-garde ne remplit sa mission que lorsqu'elle
sait ne pas se détacher de la masse qu'elle dirige, lorsqu'elle sait
véritablement faire progresser toute la masse.
C. Notions connexes des révolutions politiques
et sociales
Il existe plusieurs termes apparentés ou connexes qu'on
peut facilement confondre avec celui de révolution. Nous ne saurons pas
tout esquisser dans ce travail, mais allons juste faire ressortir quelques-uns
ci-dessous et établir, dans la mesure du possible, quelques
différenciations qui les distinguent de la révolution:
1. La révolution permanente
La révolution permanente est une théorie qui a
été développée par Léon TROTSKY, en
s'inspirant de Karl MARX, selon laquelle la prise du pouvoir par les
socialistes dans un pays
85 Le « Risorgimento
» est un terme italien signifiant renaissance. Il a
été employé pour caractériser le mouvement
littéraire, philosophique et politique orienté vers la
conquête de la liberté et de l'unité de l'Italie au
XIXe siècle. La période du risorgimento s'étend
de 1815 à 1870.
86 L. TROTSKY, « Histoire de la
révolution russe » in Politique révolutionnaire,
livre VI, édicté sur le
http://ahrf.revues.org/1557,
dernier ajout le 12 mai 2011, consulté le 14 mai 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 45
n'achève pas le processus révolutionnaire dans
ce pays et doit s'accompagner de la propagation de la révolution
à l'échelle mondiale87. Dans cet ouvrage, TROTSKY y
exprime les idées suivantes :
? Dans les pays "dominés", "coloniaux ou peu
développés", il n'est pas nécessaire de passer par une
"révolution bourgeoise" et une période de développement de
la classe ouvrière avant la "révolution socialiste" ;
? Le caractère permanent de la révolution
socialiste du fait de la transformation continuelle des rapports sociaux ;
? La nécessité d'une révolution
internationale, car la révolution socialiste n'était pas viable
dans un seul pays, par opposition à la vision des staliniens voulant la
restreindre à un seul pays (L'URSS).
2. La révolution de palais
La révolution de palais désigne une
révolte visant à obtenir un changement de dirigeant. Un tel
renversement des détenteurs du pouvoir politique est opéré
par des membres même de l'entourage dudit pouvoir politique88.
Ce changement n'affecte généralement pas profondément la
nature du régime et est limité dans le personnel dirigeant d'une
institution, d'une entreprise89.
3. La révolution française
Expression utilisée pour designer exclusivement la
révolution de 1789.
4. La révolution d'octobre
Elle désigne seulement aussi la révolution
bolchevique de novembre 1917 en Russie.
87 L. TROTSKY, « Révolution permanente
», édicté sur le
http://www.toupie.org/Biographies/trotski.htm,
consulté le 12 mai 2011.
88 « Révolution », édicté sur
le
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/revolution/,
consulté le 12 mai 2011. Lien Internet déjà
cité.
89 Grand dictionnaire encyclopédique
Larousse, Tome 9, Op. Cit., p. 8959.
5. Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 46
La révolution nationale
Ayant son fondement significatif en France, la
révolution nationale a désigné l'ordre nouveau
établi par le régime de Vichy à partir de juillet 1940 et
a été fondé sur la trilogie : travail, famille et
patrie90.
6. La contre-révolution
La contre-révolution a également
été utilisée en France pour désigner un mouvement
d'opposition aux idées, aux hommes et aux institutions de la
révolution française de 1789 développé par E. Burke
et systématisé par J. de Maistre et L. de Bonald qui proposaient
un retour au régime monarchique, la restauration des privilèges
et d'une manière générale de l'ordre social
antérieur à 1789.
Actuellement, ce terme est souvent synonyme de
"réaction", notamment dans le langage marxiste91.
7. La révolution ininterrompue
La révolution ininterrompue désigne un terme
ayant été utilisé exceptionnellement par Karl MARX
après la révolution allemande de 1848 et par Lénine en
1905. Elle signifie le passage immédiat à la révolution
sociale sans passer par l'étape de la révolution
démocratique92.
8. La révolution importée
Le substantif « révolution » se
réfère aux transformations et le qualificatif «
importée » signifie que celle-ci venait de l'occupant. Ce terme
désigne les pays tombés sous la coupe de l'URSS à la suite
de la seconde guerre mondiale93.
9. L'insurrection ou rébellion
L'insurrection est un mouvement populaire spontané
tendant à renverser les pouvoirs publics établis94.
Elle est une révolte armée et populaire contre le
pouvoir95. Certaines
90 C. DEBBASCH et al, Op. Cit., p.375.
91 Idem, p.375.
92 M. GRAVITZ, Op. Cit., p.360.
93 Rudolf REZSOHAZY, Op Cit., p.50.
94 M. GRAVITZ, Op. Cit., pp.215-217.
95 Idem, p.223.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 47
constitutions reconnaissent à leurs populations le
droit à l'insurrection comme ce fut le cas pour la constitution de
France en 1793. Une rébellion ou une insurrection peuvent modifier les
options politiques, les dirigeants et les institutions, mais pas la structure
et les valeurs sociales96. EHRARD distingue la révolution de
la rébellion et de l'insurrection. Le critère de distinction
qu'il évoque est l'universalité. Une insurrection ou une
rébellion, même si elles se parent du qualificatif «
révolution », sont illégitimes lorsqu'elles sont
animées par des motifs particuliers, y compris la vengeance ou la
revanche. Seule la révolution du peuple (à la différence
d'une révolution au moyen du peuple) est légitime car elle seule
est motivée par les droits de l'homme et accomplie au nom des buts
universels97. Il ajoute en disant que le mot « insurrection
» convient pour désigner une espèce de révolution
courte qui est rapidement réprimée ou
récupérée.
10. La révolte
La révolte désigne une action collective,
violente et spontanée, marquant l'opposition au pouvoir, à une
décision, à une situation98. Dans une autre acception,
elle est un soulèvement organisé et violent d'un groupe plus ou
moins important de personnes contre un système politique ou social en
vue de renverser l'ordre établi99. Une révolution peut
déboucher sur une insurrection ou une révolution lorsqu'elle
devient populaire, s'organise et s'arme.
11. La réforme
Au premier sens, en usage jusqu'au XVIIIe
siècle, réfection, restauration. Elle est le retour à une
observation plus stricte de la règle dans un ordre religieux ; vaste
mouvement qui secoua la chrétienté au XVIe siècle, qui
aboutit à un schisme et posa quelques jalons décisifs de
modernité : la liberté de conscience, la réhabilitation du
travail, l'individualisme. Par extension, la réforme est le changement
opéré en vue d'une amélioration sur le plan individuel
96 Olivier NYIRUBUGARA, Le coup d'État du 5 juillet
1973 au Rwanda : révolution morale ou contre révolution ?,
édicté sur le
http://www.olny.nl/RWANDA/Lu_Pour_Vous/Dossier_Special_Deuxieme_Republique/Revolution_Morale_Co
ntre_Revolution.html, mis en ligne juin 2007, consulté le 20 juin
2011.
97 Michel BLAY (S/dir.), Grand dictionnaire de la
philosophie Larousse, Paris, éditions CNRS, 2003, p.935.
98 M. GRAWITZ, Op. Cit., p.359.
99 C. DEBBASCH, Op. Cit., p.375.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 48
(la réforme d'une conduite), soit sur le plan collectif
(la réforme des institutions)100. Est réformiste celui
qui veut changer sans utiliser la violence.
12. Le printemps arabe
Expression désignant les révolutions qui
secouent actuellement le monde arabe en ce début du
21ème siècle (révolutions tunisienne,
égyptienne, syrienne, libyenne, yéménite,
Bahreïnienne, etc. de 2010-2011)101.
2) Les révolutions technico-économiques
On parle des révolutions technico-économiques
lorsque deux conditions sont réunies, notamment102 :
? Une nouvelle manière de collecter et/ou d'utiliser
l'énergie : Le nouveau modèle énergétique pourrait
être décentralisé et distribué (soleil, vent, biogaz
des déchets, vagues, géothermie, biomasse, courants marins...) ;
les bâtiments, infrastructures et véhicules pouvant devenir des
capteurs "intelligents" de cette énergie
décentralisée ;
? Une manière nouvelle de communiquer : Le nouveau mode
de communication est celui de la communication distribuée, celle qui
permet à un individu ou groupe de communiquer avec un autre individu ou
groupe presque partout dans le monde et à toute heure.
§2. Les révolutions culturelles et morales
A. Les révolutions culturelles
Elles désignent tout changement important dans le
savoir, les conceptions et les mentalités dominants dans une
société donnée (exemple : refus de la
société de consommation)103. Ainsi, les
événements qui se sont déroulés en
République populaire de Chine de 1966 à 1970 et qui ont
été caractérisés par une remise en cause totale des
institutions politiques, administratives, économiques, universitaires et
militaires sont désignés ou
100 Christian GODIN, Dictionnaire de philosophie,
Paris, éditions Fayard, 2006, p.1125. Lire aussi M. GRAWITZ,
Lexique des sciences sociales, Op. Cit., p.348.
101 FRIDA DAHMANI, « Sidi Bouazizi» in Jeune
Afrique, n°2615, du 20 au 26 février 2011, p.40.
102 Jeremy RIFKIN, « Les révolutions
technico-économiques » in Enerpress, n° 9597, 18 juin
2008, p.6
103 C. DEBBASCH et al, Op. Cit., pp.375-376.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 49
considérés comme révolution culturelle.
Ce mouvement lancé par Mao Zé Dong avait pour objectif premier de
lutter contre la formation d'une bureaucratie sclérosée. Il
atteint sous l'impulsion des gardes rouges (partisans de Mao) une ampleur
considérable car cette intervention de l'armée populaire a permis
d'éviter une récession.
Aux USA, elles désignent le refus de la
société de consommation ou un mouvement tendant à
transformer la société en instituant des nouveaux rapports
sociaux fondés sur une contre-culture.
B. La révolution morale
La révolution morale implique, osons-nous croire, un
changement fondamental de mentalité104. L'homme doit " mourir
" pour devenir un homme nouveau dépouillé de toute tare
d'antivaleur. Mais comment arriver à cette transformation lorsqu'on sait
que par nature l'homme est penché à faire tout le temps le mal
?
FICHTE ramène le problème de la
légitimité de la révolution française à
celui de la moralité. Contrairement à ce qu'affirme BURKE et
à l'écho que rencontrent ses réflexions sur la
révolution française, il n'y a pas de contrat acquis une fois
pour toutes que le peuple n'aurait pas le droit et le devoir de
dénoncer, fût-ce unilatéralement, car le contrat social
n'est pas en dernier recours du ressort du droit positif mais du ressort du
droit naturel. Et le droit naturel n'est rien d'autre que « la loi morale
en tant qu'elle détermine le monde des phénomènes ».
La loi morale coïncide avec la conscience de sa liberté que l'homme
possède à l'état de nature, « isolé avec sa
conscience », « instance suprême » à laquelle
toutes ses autres relations sont subordonnées. La liberté de
penser est non seulement le seul bien que l'homme et le peuple tout entier ne
peuvent aliéner mais son aliénation va contre la « marche de
la nature » et les princes qui confisquent ce droit sont eux-mêmes
responsables des explosions révolutionnaires car ils empêchent
toute évolution pacifique105.
104 Rombaut OT, « révolution morale : passons aux
actes », édicté sur le lien Internet
http://www.lobservateur.cd/index.php?option=com_content&view=article&id=2332:revolution-morale--passons-aux-actes&catid=42:editorial&Itemid=53,
mis en ligne le 07 juillet 2010, consulté le 22 juin 2011.
105 Michel BLAY (S/dir.), Op Cit., p.935.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 50
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 51
Pour Emmanuel KANT, la révolution morale amène
les peuples à prendre conscience de leur liberté : la
façon de penser106.
§4. Les révolutions techniques
A) La révolution industrielle
La révolution industrielle marque le profond
bouleversement apparu dans l'Angleterre du XVIIIe siècle puis
en Europe et dans le monde entier. Elle est un complexe
technico-économique caractérisé par la naissance de
l'usine et de la classe ouvrière107. Les historiens
distinguent trois révolutions industrielles :
> La première, fin du XVIIIe
siècle, est marquée par le charbon, la chidérurgie et la
machine à vapeur ;
> La deuxième, fin du XIXe siècle,
est marquée par le pétrole et l'électricité ;
> La troisième, fin du XXe siècle,
est marquée par le nucléaire et l'informatique.
B) La révolution scientifique et technique
La révolution scientifique et technique est celle qui a
commencé avec l'électronique, laquelle électronique a
entrainé l'automation, avec ses formes supérieures, la
cybernétique, sans lesquelles la conquête spatiale eut
été impossible108. Les caractéristiques de la
révolution scientifique et technique qui en font un
phénomène nouveau et non le simple prolongement de
l'industrialisation sont :
> La place de l'homme change fondamentalement dans la
production avec la généralisation progressive de l'automation
à l'ensemble de l'industrie et même de l'économie ;
> La science est l'élément direct de cette
production avec l'accroissement de plus en plus
considérable du rôle des travailleurs
scientifiques dans l'économie et dans la société ; > La
révolution scientifique et technique exige que le travailleur soit de
plus en plus un
élément polytechnique et polyvalent.
106 Michel BLAY (S/dir.), Op Cit., p.936.
107 Christian GODIN, Op. Cit., p.1155.
108 Jean ROUS, Tiers Monde : réforme et
révolution, Dakar, Présence Africaine, 1977, pp.193-196.
Section III. Les causes et conséquences des
révolutions politiques et sociales
§1. Les causes des révolutions politiques et
sociales
Depuis l'antiquité, les théoriciens de la
politique se sont intéressés aux problèmes relatifs au
changement cyclique de pouvoir, aux efforts individuels et collectifs pour
abattre un gouvernement par la violence, ainsi qu'à la
compréhension des raisons morales et économiques des
révolutions. En général, ils attribuent les sentiments
révolutionnaires qui apparaissent dans un État à une
discordance entre les désirs du peuple et sa situation concrète,
divergence qui donne lieu à un désaccord affirmé
concernant les fondements sur lesquels cette société devrait
s'organiser et fonctionner109.
Les révolutions politiques et sociales surgissent
lorsqu'il n'y a plus d'incompatibilité entre l'ordre politique et
celle-ci à satisfaire aux attentes de la population. Certains
soutiennent l'idée que, à mesure que la société
moderne devient de plus en plus complexe, les populations deviennent aussi de
plus en plus isolées, privées des repères traditionnels,
et tendent à cet effet à adopter des comportements violents et
incohérents. Les autres attribuent la violence révolutionnaire
à la désorientation et à l'irrationalité des
masses. Ces dernières sont courtisées par des leaders, des guides
ou des chefs charismatiques ambitieux de conquérir le pouvoir et qui
leur proposent des nouvelles visions de la société. C'est dans
cet ordre d'idées que Charles TILLY pense que la révolution ne
peut se produire que lorsqu'apparaissent des prétendants au pouvoir
ayant des ressources pour appuyer effectivement leurs
prétentions110.
Selon Alfred MEUSEL, une révolution se produit lorsque
la classe supérieure ne peut plus et la classe inferieure ne veut plus
continuer l'ancien système111.
Pour Crane BRINTON et d'autres théoriciens
antérieurs à la seconde guerre mondiale, les révolutions
ont lieu quand la brèche entre la répartition du pouvoir
politique et la répartition du pouvoir social dans une
société devient insupportable ; la révolution se produit
aussi quand il y a une contradiction profonde entre ceux qui veulent un
changement rapide et ceux qui sont opposés à ce changement. Le
point de rupture est atteint quand les instruments de contrôle social
chutent, spécialement l'armée, la police, en faisant alliance
avec les éléments mécontents
109 L.-E. RODRIGUEZ HERNANDEZ, lien Internet déjà
cité.
110 Dictionnaire de la pensée politique, hommes et
idées, Op. Cit., p.673.
111 Rudolf REZSOHAZY, Op Cit., p.45.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 52
ou quand le gouvernement démontre son inaptitude
à utiliser ces instruments de contrôle social112.
De la part de Samuel HUNTINGTON, les révolutions se
produisent quand les masses, privées de tout moyen légitime
d'expression politique comme le droit de vote, expriment avec violence leur
désir d'être entendus113.
De notre part, nous sommes du même avis que tous ces
auteurs précités, mais nous renchérissons en disant que
l'explosion révolutionnaire vient du déséquilibre, de la
brisure entre le développement économique qui est insuffisant et
les aspirations de la classe qui monte.
§2. Les conséquences des révolutions
politiques et sociales
Les révolutions politiques et sociales ne sont jamais
sans résultat et s'accompagnent toujours soit des conséquences
néfastes, soit des conséquences positives.
Au XVIIIème siècle, les
révolutions ont le plus souvent conduit à des
indépendances (c'est le cas de la révolution américaine en
1776 et de la révolution française en 1789).
A l'ère des rivalités idéologiques
(capitalisme versus communisme), une révolution pouvait être
profitable pour un gouvernement socialiste lorsque les ressources
économiques étaient concentrées dans quelques centres
à forte intensité de capital, quand la mobilisation des masses
était importante et quand les pressions extérieures des pays
capitalistes étaient modestes. Dans le cas contraire, il est
vraisemblable que les gouvernements capitalistes se
maintiendraient114. Actuellement, les révolutions politiques
et sociales ont une influence immédiate bien au-delà des
frontières nationales des États, elles introduisent des sauts
historiques et des bouleversements sociaux qui déterminent ou
conditionnent la politique extérieure des pays en un scenario de
changement et de continuité qui a un impact sur le climat
général des relations internationales et contribue à
l'évolution et à la formation du système international. Si
aujourd'hui le système international compte plus de 190 États en
interaction, c'est grâce aux révolutions. Elles sont susceptibles
de déboucher à la chute de certains régimes
112 C. BRINTON, cité par L.-E. RODRIGUEZ HERNANDEZ,
« La révolution dans le système mondial du XXIe
siècle », édicté sur le
http://www.cahiersdusocialisme.org/2011/02/20/la-revolution-dans-le-systeme-mondial-du-xxi%%B0-siecle/,
mis en ligne le 13 février 2011, consulté le 31 mai 2011.
113 Dictionnaire de la pensée politique, hommes et
idées, Op. Cit., p.673.
114 Idem, p.677.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 53
pour en instaurer d'autres, à l'établissement
des démocraties libérales ou, dans un cas contraire, à des
guerres civiles de longue durée et très sanglantes pouvant
conduire soit à la scission et à la formation des nouvelles
unités étatiques sur la scène internationale.
Section IV. Quelques exemples des révolutions
politiques et sociales ayant eu lieu par les idées en relations
internationales
Entre 1787 et 1870, le monde occidental avait traversé
une série de crises révolutionnaires. A la fin du
XVIIIe siècle, c'est dans les territoires britanniques que
commence le mouvement115. En Irlande et en Amérique du nord,
les troubles se sont déclenchés et ont conduit l'Irlande à
l'autonomie (vis-à-vis de la Grande Bretagne), les Etats-Unis à
l'indépendance (voir la révolution américaine). Dans les
Pays-Bas hollandais, une révolution a éclaté pour
protester contre la monarchie héréditaire que voudrait instituer
le Stathouder, révolution qui sera matée par l'action de la
Grande Bretagne et de la Prusse. Dans les cantons suisses comme en Suède
sont nés aussi des mouvements politiques et sociaux qui ont
ébranlé les trônes et les régimes établis. En
1787, c'est aussi le début de la révolution française car,
avant la révolution bourgeoise de 1789, il y avait eu une
révolution aristocratique qui avait affaibli considérablement le
pouvoir royal et a permis le triomphe de ce qu'il convenait d'appeler la
révolution de 1789 à 1799.
Au coeur de toutes ces révolutions, les idées
majeures sont la liberté, le progrès et l'homme, telles que
diffusées par le mouvement des Lumières116. Signalons,
certes, que le mouvement des Lumières, bien qu'ayant eu beaucoup
d'influence en France, est né en Grande Bretagne (sous le nom de
Enlightenment) et dans les Allemagnes (Aufklärung). Mais, il
est évident que la révolution française a
été plus pragmatique en accouchant ce qui s'appelle aujourd'hui
« Droits de l'Homme » ayant son plus grand fondement dans la
déclaration française des droits de l'Homme et du
citoyen117.
Le mouvement révolutionnaire français fut celui
d'un peuple, appuyé par l'armée (le mouvement des
gardes-françaises) soutenant l'Assemblée nationale contre la Cour
royale, immense, unanime ; toute la France y prit part, Paris y prit part, tous
(chacun dans sa mesure) agirent, ceux-ci du bras et de la voix, ceux-là
de leur pensée, de leur ardent désir, du plus
115 François G. DREYFUS, Le temps des
révolutions (1787-1870), Paris, Larousse, 1968, p.9.
116 Idem, p.15.
117 Colin FOLLIOT, Les idées politiques sous la
révolution française, ruptures et continuités, sl,
s.m, sd, p.2.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 54
profond de leur coeur de voir venir le changement par
l'obtention du droit et de la liberté118. Les autres
révolutions s'inspireront toutes de la révolution
française de 1789 par le fait qu'elle a surgi avec une certaine
soudaineté sans pareille et apporta un changement radical119.
Certains attribuaient les causes de cette révolution à la crise
des institutions et au mouvement des idées, les autres à la lutte
des classes, le mouvement des prix120. Les causes politiques
présentent la révolution française comme une
réaction libérale contre une monarchie dont le joug serait devenu
trop pesant, contre l'autorité et l'absolutisme121.
A travers l'analyse de la situation des relations
internationales au milieu du XIXe siècle, Karl MARX et
Friedrich ENGELS avaient diagnostiqué que la révolution serait
propulsée par le prolétariat des pays industrialisés et,
des années plus tard, Engels a prévu comment le
développement de l'Europe occidentale avait oeuvré contre la
lutte violente et en faveur de l'action parlementaire pour la classe
ouvrière. Plus tard, Lénine a conduit le parti bolchévique
à rompre le maillon le plus faible de la chaîne
impérialiste dans l'idée que ce serait une contribution à
la révolution mondiale, laquelle aurait son centre en Allemagne, selon
la logique de la pensée de Marx.
Conclusion partielle
En vue de clore cette première partie, il est
indispensable de souligner que les idées politiques jouent un rôle
important dans la vie des États et elles permettent, d'une
manière ou d'une autre, de façonner le monde à leur
manière. On comprend donc que les comportements des États pendant
une période donnée de l'histoire sont régis ou
dictés par les idées dominantes et c'est sur base de celles-ci
que certains États cherchent toujours à s'y conformer et orienter
leurs politiques nationales et étrangères alors que les autres
peuvent en tourner casaque en désorientant autrement leurs politiques de
gouvernance. Et s'il s'avère que les idées politiques auxquelles
un régime ou un gouvernement se réfère ne répondent
pas à l'aspiration des bonnes conditions socio-économiques de vie
des populations, ces dernières peuvent manifester leurs
mécontentements par des protestations révolutionnaires. Nous
pensons que la révolution sera inévitable dans le système
mondialisé du XXIe siècle car, au cours de l'histoire,
la lutte des classes a été le moteur du changement social. Les
révolutions constituent l'unique voie possible
118 MICHELET, Histoire de la révolution
française, Paris, éditions Robert Laffont, Tome 1, 1979,
p.129.
119 René REMOND, Introduction à l'histoire
de notre temps, l'ancien régime et la révolution (1750-1815),
Paris, éditions du Seuil, Tome 1, 1974, p.132.
120 François G. DREYFUS, Op. Cit., p.13.
121 Idem, p.142.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 55
pour résoudre l'antagonisme entre riches et pauvres,
peuples et dictateurs à l'intérieur des sociétés et
aussi pour la transformation des relations internationales vers un
système véritablement démocratique, juste et humain,
surtout dans les États africains, asiatiques et de l'Amérique
latine.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 56
Deuxième partie. Le cadre pratique
Par le fait de la circulation des hommes et des idées,
il ressort que ces mouvements s'accompagnent des mutations profondes sur la
scène internationale, lesquelles mutations viennent bouleverser à
la longue le système international. C'est pourquoi cette deuxième
partie qui concerne le cadre pratique tend à concilier cet état
de fait à des révolutions qui se sont déclenchées
dans le Maghreb arabe en ce début de l'an 2011.
Il sied ici, avant d'aborder cette thématique, de
situer le Maghreb arabe. Alors que son appellation pose problème,
certains préfèrent parler de l'Afrique du nord, les autres du
Maghreb. Pratiquement, le Maghreb est situé au nord de l'Afrique. Il est
la région septentrionale de l'Afrique, regroupant le Maroc,
l'Algérie et la Tunisie. Ces trois pays forment le Maghreb central. Le
Grand Maghreb rattache à cet ensemble la Mauritanie et la Libye. Ces
cinq pays forment l'Union du Maghreb arabe (UMA), fondée en
1989122. Le Maghreb est aussi appelé Tamazgha, le "pays
des hommes libres" en tamazight et dans le cadre de cette étude,
nous allons adjoindre à ce groupe l'Égypte bien que située
au Moyen-Orient. Il constitue un carrefour où l'Afrique et l'islam
entrent en contact avec la méditerranée
occidentale123. Il est limité au Sud par le désert du
Sahara qui le sépare de l'Afrique subsaharienne, au Nord par la mer
méditerranée, à l'Ouest par l'océan atlantique et
à l'Est par la mer rouge. Les populations n'y étaient pas arabes,
mais elles ont été arabisées124. Les pays
maghrébins se sont donnés, après l'accession à
l'indépendance, des constitutions qui présentent des points
communs125. Tous proclament leur vocation maghrébine et
africaine, leur appartenance à l'islam, comme religion de l'État,
et à l'arabe, comme langue officielle126. D'où, leur
identité maghrébine est à la fois arabe, berbère,
musulmane, africaine et méditerranéenne. Affirmant tous leur
attachement à la démocratie, ils ont institué le suffrage
universel sans distinction de sexe, l'exercice des libertés
fondamentales de la presse, de religion, d'opinion, d'association. Mais, cette
volonté affichée dans leurs constitutions ne sera pas un fait
réel dans leur modèle de gouvernance. Tous organisèrent un
régime autoritaire confié à un roi
héréditaire ou à un président de la
République élu au suffrage universel. Sauf au Maroc où le
roi avait tiré son prestige en n'ayant pas besoin
122 « Le Maghreb : histoire, géographie,
démographie, populations et économie », édicté
sur le lien Internet
http://www.toutlemaghreb.com/rubriques_/Le_Maghreb/Le_Maghreb.php,
consulté le 27 mai 2011.
123 H. ISNARD, Op. Cit., p.5.
124 R. REMOND, Tome 3, Op. Cit., p.233.
125 H. ISNARD, Op. Cit, pp.91-92.
126 J. NSABUA TSHIABUKOLE, Op. Cit., p.92.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 57
de s'appuyer sur un parti unique pour gouverner. Au contraire,
dans les autres pays, les présidents vont gouverner avec l'appui d'un
parti unique. Le régime du parti unique sera une organisation de fait en
Tunisie (le Néo-Destour à l'époque) alors qu'en
Algérie, le Front de Libération Nationale (FLN) a
été expressément institutionnalisé par la
constitution. On comprend donc bien, par cette illustration, que l'actuelle
vague qui frappe le Maghreb arabe remonterait, peut-être, d'un fait
historique de longue haleine.
Il convient de signaler que cette partie comprend
également deux chapitres.
Le premier chapitre traite directement des révolutions
en Tunisie, en Égypte et en Libye (chap. 3) tandis que le dernier
s'articule sur la démocratie et l'instauration d'un nouvel ordre
politique au Maghreb (chap. 4).
Idées politiques et révolutions au Maghreb
arabe. 58
Chapitre troisième. Les révolutions au
Maghreb arabe
Ce chapitre consiste à étayer les aspects ayant
été à la base des révolutions populaires dans le
Maghreb arabe, tout en se basant sur les événements qui se sont
passés en Tunisie (section I), en Égypte (section II) et en Libye
(section III).
D'entrée de jeu, esquissons en disant que les
soulèvements que connaissent aujourd'hui la plupart des pays
maghrébins peuvent faire l'interprétation d'un fait historique
car, jadis, les populations de cette région (85 à 90%) vivaient
toujours dans la situation d'injustice sous des régimes dictatoriaux et
ceci conduisait toujours à des soulèvements sporadiques contre le
pouvoir, des refus de payer les impôts127 (telle fut la
situation lors de la révolte de 1864 en Tunisie).
Section I. La révolution tunisienne
La Révolution tunisienne de 2010-2011 est une suite de
manifestations insurrectionnelles survenues en Tunisie en décembre 2010
jusqu'en janvier 2011 et ayant abouti à la chute du régime en
place par la fuite du président de la République dans l'île
de Djeddah en Arabie Saoudite, le 14 janvier 2011, Zine el-Abidine Ben Ali, en
poste depuis 1987. Elle est de type politique et social et est parfois
appelée en Occident « Révolution de jasmin128
». Actuellement, il existe un débat contestataire autour de cette
appellation. Les tunisiens préfèrent l'appeler «
Révolution pour la dignité » car le terme «
Révolution de jasmin » fait référence à la
prise de pouvoir de Ben Ali alors que celui-ci n'est plus. Les autres la
qualifient de la « Révolution Facebook » en lien avec
le rôle joué par Internet dans l'organisation des
manifestations.
Sylvie KAUFMANN inclut la révolution tunisienne dans un
mouvement de « révolutions émergentes »,
d'après l'expression de pays émergents désignant les
anciens pays en voie de développement129.
127 Claude LIAUZU (S/dir.), Dictionnaire de la
colonisation française, Espagne, éditions Liberduplex, 2007,
p.438.
128 M. BEN YAHMED, « Ben Ali, fuite et fin »
in Jeune Afrique, n°2610, du 16 au 22 janvier 2011, p.13
129 S. KAUFMANN, « Les jeunes élites
mondialisées, fer de lance des révolutions émergentes
» in Le Monde, 3 février 2011, p. 8
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 59
§1. Les causes et origines de la révolution
tunisienne
A. Les causes
Les causes du déclenchement de la révolution en
Tunisie sont multiples, mais elles sont beaucoup plus sociales, le peuple
souhaitant voir l'amélioration de ses conditions de vie changer.
1. Inégalités sociales et
régionales
Tout était parti de Sidi Bouzid, ville située
dans le centre-ouest du pays, d'où le nom original de «
révolte de Sidi Bouzid » ou d'« intifada de Sidi
Bouzid ». Les manifestations y sont menées en protestation
contre le chômage qui touche une forte proportion de la jeunesse, plus
particulièrement les jeunes diplômés, la répression
policière et les inégalités sociales et régionales
qu'éprouve le sous-prolétariat des régions de
l'intérieur du pays, discriminé sur les plans économique,
social et politique. Au-delà de ces facteurs régionaux et
sociaux, il faut ajouter un facteur générationnel : le sentiment
d'étouffement qu'éprouve la jeunesse, « proportionnel
à son désir de détruire ce qui entrave sa liberté
d'être et d'avoir »130. Le sentiment d'injustice de la
jeunesse joue d'autant plus qu'elle est nombreuse : 42 % des Tunisiens ont
moins de 25 ans131. Parmi les plus pauvres de Tunisie, la
région de Sidi Bouzid est créditée d'un taux de
chômage officiel de 9% de la population active, alors que la moyenne
nationale est de 14%. Selon une étude de l'Union Générale
Tunisienne du Travail (UGTT), le chômage touche 44 % des femmes
diplômées d'université et 25 % des hommes
diplômés d'université de Sidi Bouzid, contre respectivement
19 % et 13,4 % en moyenne en Tunisie132. Pour les
diplômés de la région, ce taux se situe entre 30% et
36%133.
130 S. KAUFMANN, « Les jeunes élites
mondialisées, fer de lance des révolutions émergentes
», Op. Cit., p. 8
131 Carte « Du Maroc au Yémen : données
démographiques, économiques et politiques » in Courrier
international, n°1058, du 10 au 16 février 2011, p. 15.
132 SOFIENE CHOURABI, « Special from Tunisia:
Self-immolation by desperate youth sets off rare wave of protests » in
Almasry Alyoum, du 26 décembre 2010, édicté sur le
lien Internet http: //
www.almasryalyoum.com/en/news/special-tunisia-self-immolation-desperate-youth-sets-rare-wave-protests,
Consulté le 18 Janvier 2011.
133 ABDELAZIZ BARROUHI, « Cinq questions pour
comprendre la révolution tunisienne » in Jeune Afrique,
n°2609, du 09 au 15 janvier 2011, pp.42-45.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 60
2. La corruption et le népotisme
Les causes sont également politiques : la corruption et
le népotisme. L'ancien régime a toujours été mis en
cause dans des affaires de corruption, de détournement ou de vol. Pour
KHEMAÏS CHAMMARI, non seulement la gestion du développement des
régions est critiquée mais aussi la corruption et le
népotisme du régime134. Plusieurs observateurs
définissent le régime benaliste de « kleptocratie
»135.
B. Origines ou début de la révolution
Les manifestations avaient débuté le 17
décembre 2010, après l'immolation par le feu d'un jeune vendeur
ambulant de fruits et légumes, Mohamed Bouazizi, dont la marchandise
avait été confisquée par les autorités municipales.
Fils d'un ouvrier agricole, son activité de vendeur constitue le seul
revenu régulier de sa famille. Ne possédant pas d'autorisation
officielle, il se fait confisquer sa marchandise à plusieurs reprises
par les employés municipaux. Essayant de plaider sa cause et d'obtenir
une autorisation et la restitution de son stock auprès de la
municipalité et du gouvernorat, il s'y fait insulter et chasser, gifler
et on fit cracher même sur lui. Le 17 décembre 2010, à
l'âge de 26 ans, il s'asperge de l'essence et s'immole par le feu devant
le siège du gouvernorat. Le 4 janvier 2011, il meurt au centre de
traumatologie et des grands brûlés de Ben Arous. L'indignation
suscitée par le suicide du 17 décembre se mue en révolte,
principalement parce que les manifestants partagent les motifs de Mohamed
Bouazizi, cherté de la vie, au point que son geste d'immolation est
imité par plusieurs autres jeunes et citoyens tunisiens.
Pour TAOUFIK BEN BRIK136, « l'intifada de Sidi
Bouzid » s'inscrit dans un large mouvement de révoltes
commencé à Gafsa en 2008, qui s'est poursuivi à Ben
Gardane en août 2010 et qui n'avait jamais été
résolu. En effet, dès 2008, dans une forme de «
répétition générale », la colère
populaire s'était manifestée lors du mouvement du bassin minier
de Gafsa, pendant plus de six mois et appelait déjà au respect de
la justice sociale et de la dignité. Des centaines de Tunisiens avaient
alors été arrêtés, torturés ou
emprisonnés, certains trouvant la
134 Dominique LAGARDE, « Tunisie : les troubles
révèlent le malaise de la jeunesse » » in
L'Express, 5 janvier 2011
135 Jean-Noël CUENOD, « La France a perdu la main en
Tunisie » in La Tribune de Genève, édicté sur
le lien Internet
http://www.tdg.ch/node/302834,
consulté le 19/01/2011.
136 T. BEN BRIK, « Sidi Bouzid, mon amour » dans Le
Nouvel Observateur, 2 janvier 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 61
mort dans les affrontements avec la police, dans la
quasi-indifférence des médias européens et tunisiens.
2) L'intensification du mouvement
révolutionnaire
Malgré la répression de la police, le mouvement
a repris plus violemment et s'étendit aux villes voisines de Meknassy et
Menzel Bouzaiane. À l'appel de militants syndicaux, la révolte
atteint la capitale Tunis le 27 décembre, avec environ mille citoyens
exprimant leur solidarité avec Bouazizi et les manifestants de Sidi
Bouzid137. D'autres villes comme Gafsa, Sousse, Gabès et
Kasserine continuaient à s'embraser malgré les efforts du
régime de calmer les manifestants et plusieurs manifestations de soutien
se sont intensifiées aux manifestants de Sidi Bouzid 138 (Les
avocats, les étudiants, etc.).
Les manifestations ne se sont pas arrêtées
malgré les annonces formulées par le président
déchu ( la création de trois cent mille emplois en deux ans et la
fermeture temporaire de tous les établissements scolaires et
universitaires139, organisation des élections
anticipées et son absence à celles-ci, promesse de la
liberté pour la presse et l'Internet, baisse des prix de certains
produits alimentaires de base140, l'état d'urgence et le
couvre-feu141, etc.).
3) Le rôle des médias et réseaux
sociaux dans l'intensification de la révolution
En Tunisie comme en Egypte plus tard, ce sont les Nouvelles
Technologie de l'Information et de la Communication (NTIC) qui ont permis un
tel soulèvement populaire. Face à la censure et au manque de
couverture par les médias nationaux, la lutte se faisait sur Internet
où des photographies montrant la dispersion de manifestants circulaient
via Twitter, Facebook, des vidéos prises à partir des
téléphones portables étaient mises en ligne et reprises
137 « Job protests escalate in Tunisia » dans Al
Jazeera, édicté sur le
http://www.english.aljazeera.net/news/africa/2010/12/20101227204853391930.html,
mis en ligne le 28 décembre 2010, consulté le 10 mai 2011.
138 Béchir BEN YAHMED, « les secrets d'une
révolution » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29
janvier 2011, pp. 22-49.
139 Information suivie sur Radio France Internationale (RFI), le
11 janvier 2011
140 Pauline FREOUR, « Le président tunisien Ben Ali
quittera le pouvoir en 2014 » dans Le Figaro,
édicté sur
http://www.lefigaro.fr/international/2011/01/13/01003-20110113ARTFIG00788-le-president-tunisien-ben-ali-quittera-le-pouvoir-en-2014.php,
mis en ligne le 13 janvier 2011 et consulté le 10 mai 2011.
141 Ibidem.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 62
par France 24, Le Nouvel Observateur, la BBC, Rue89 et Al
Jazeera142. Le combat pour la démocratie s'est fait par le
biais des réseaux sociaux. Les messages, les vidéos de
manifestants, les appuis médiatiques ont circulé via les
réseaux sociaux.
Pour lutter contre le phénomène, les
autorités surveillaient Facebook et ont bloqué certaines pages de
médias étrangers comme France 24, Le Nouvel Observateur, la BBC,
Rue89 et Al Jazeera. La police, quant à elle, exerçait un
filtrage global au niveau des fournisseurs d'accès. Mais ceci ne
réussit pas à étouffer les mouvements de contestation.
Facebook, Twitter, Internet en général auront été
les meilleurs alliés des manifestants et ont sapé les dispositifs
de censure pour dissimuler la réalité des
évènements. Les sites Web de la Bourse de Tunis, du
Ministère des Affaires étrangères, du Ministère de
l'Industrie, du Ministère du Commerce, du Gouvernement ou encore de la
Présidence de la République avaient notamment été
attaqués.
Les révélations de WikiLeaks sur la corruption
du clan « Ben Ali-Trabelsi » et la nature « mafieuse » du
pouvoir, traduites et reprises par des sites tunisiens comme
nawaat.org, ont participé
à la flambée de colère contre le
gouvernement143.
Ajoutons en disant que l'expérience de l'utilisation
des réseaux sociaux dans les mouvements révolutionnaires n'est
pas la première avec cette révolution du jasmin.
Déjà en octobre 2000, le mouvement de résistance non
violente Otpor (libération), en Serbie, avait développé
cette méthode grâce à laquelle les manifestations non
violentes et l'utilisation d'outils modernes comme le téléphone
portable et Internet avaient mobilisé les masses et s'étaient
soldées par une victoire et par le renversement du président
Slobodan Miloeviæ144.
§4. Renversement du régime et fuite de Ben
Ali
Cependant, la contestation prenait de l'ampleur tandis que
l'armée refusait de suivre Ben Ali et protégeait les manifestants
contre les policiers, ce qui avait contraint le président tunisien
à quitter le pays à l'instar d'une partie de ses proches et
à se rendre en Arabie saoudite après une
142 Najoua AZLAG, « L'Égypte, la Tunisie et les
réseaux sociaux », édicté sur le
http://savemybrain.net/v2/2011/02/08/egypte-tunisie-reseaux-sociaux/,
mis en ligne le 08 février 2011 et consulté le 12 avril 2011.
143 François KIRSCH, « Le rôle de Wikileaks
dans les troubles en Tunisie », édicté sur le
http://www.rtbf.be/info/matin-premiere/tour-deurope.294817,
mis en ligne le 14 janvier 2011, consulté le 15 avril 2011.
144 « La non-violence : clef de la nouvelle Égypte
», édicté sur le
http://www.leuromag.com/La-non-violence-clef-de-la-nouvelle-Egypte_a5939.html,
consulté le 12 avril 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 63
escale à Malte, le 14 janvier 2011145. Le
cortège présidentiel était composé du
président déchu Ben Ali lui-même, de sa femme Leila, de
leur fille unique Mohamed (6ans), leur fille Halima issue du premier couple
(18ans) et son fiancé Mehdi BEN GAIED (23ans) ainsi que la
gouvernante146. Le président déchu, rapporte-t-on,
avait passé six heures de vol Tunis-Djeddah dans le cockpit avec un
revolver à la main, redoutant qu'un ordre de rebrousser chemin ne vienne
de Tunis147. Ce départ s'est fait dans l'espoir d'un retour
rapide à Tunis, mais en vérité c'était la chute du
régime.
Ainsi, le régime Ben Ali tomba, nombre de ses partisans
sont arrêtés et le pays entra dans la phase transitoire allant
jusqu'en juin 2011.
§5. La révolution tunisienne vue par
l'étranger
Aussitôt que la vague révolutionnaire
s'était déclenchée en Tunisie, plusieurs
démocraties occidentales ont fait appel au respect des droits et
libertés des manifestants. Le gouvernement américain a
incité Tunis à respecter les libertés civiles, la
liberté d'expression, en particulier sur Internet, et à faire
preuve de modération dans l'usage de la force contre les
manifestants148. L'union européenne, quant à elle, a
fait appel « au respect des libertés fondamentales » et le
gouvernement français au « dialogue », soulignant que la
France prend acte de la transition annoncée par le premier ministre
GHANNOUCHI et serait prête à coopérer avec le gouvernement
tunisien et à lui fournir son « savoir-faire » en
matière de contrôle des émeutes149. Cette
thèse déclaratoire a valu la démission de la ministre
française des Affaires étrangères, Michèle
Alliot-Marie.
En Afrique, le président libyen Mouammar El-Kadhafi
avait apporté son soutien entier au président déchu,
affirmant qu'il est toujours, même après son départ, «
le président légal de
145 « Ben Ali fuit la Tunisie, Mohamed GANNOUCHI prend le
pouvoir », édicté sur
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110114182051/gouvernement-tunisie-facebook-censureben-ali-fuit-la-tunisie-mohamed-gannouchi-prend-le-pouvoir.html,
consulté le 14 avril 2011.
146 ABDELAZIZ BARROUHI, « La vérité sur la
fuite de Ben Ali » in Jeune Afrique, n°2615, du 20 au 26
février 2011, pp.12-15.
147 ABDELAZIZ BARROUHI, « Derniers jours d'un
régime à l'agonie » in Jeune Afrique, n°2611, du
23 au 29 janvier 2011, pp.31.
148 « Communication officielle de Barack Obama sur le
site de la Maison Blanche », édicté sur le
http://www.whitehouse.gov/the-press-office/2011/01/14/statement-president-events-tunisia,
mis en ligne le 14 janvier 2011 et consulté le 10 avril 2011.
149 « Tunisie : communiqué pitoyable de la France
sur la Révolution », édicté sur le
http://www.rue89.com/mon-oeil/2011/01/15/tunisie-communique-pitoyable-de-la-france-sur-la-revolution-185772,
mis en ligne le 15 janvier 2011 et consulté le 10 avril 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 64
la Tunisie [...] et qu'il n'a fait que des bonnes choses
» et que le peuple tunisien a été victime des mensonges
diffusés par Internet150. Le Maroc, à travers son
ministère des Affaires étrangères, avait exprimé le
17 janvier, dans une dépêche de l'Agence France-Presse (AFP), sa
solidarité avec le peuple tunisien dans son ensemble, en souhaitant la
stabilisation de la Tunisie, élément qu'il estime essentiel et
fondamental pour la stabilité et la sécurité
régionales, en particulier au Maghreb. La presse marocaine voit dans
l'éviction de Ben Ali par la rue une leçon à destination
des dirigeants du Maghreb et du monde arabe151.
Outre les attitudes exprimées par certains États
face à la situation en Tunisie, d'autres réactions avaient
été formulées par les ONG condamnant ainsi l'utilisation
d'armes à feu par les forces de sécurité tunisiennes et
appelant à une enquête indépendante pour faire la
lumière sur les événements, à déterminer les
responsabilités et à garantir le droit à la protestation
pacifique. C'est le cas par exemple de la Fédération
Internationale des Droits de l'Homme (FIDH).
§6. Les conséquences de la révolution
tunisienne
La révolution tunisienne a été une
leçon pour la plupart des États arabes ayant depuis longtemps
vécu sous le joug dictatorial de leurs chefs. Elle a eu des
répercussions dans les pays arabes et a été une source
d'inspiration pour les populations de ceux-ci en vue de mettre à profit
leurs situations de maltraitance de la part de leurs chefs dictateurs et une
auto-libération des tunisiens de la mafia du régime
déchu152. Plusieurs manifestations de soutien au peuple
tunisien avaient alors été organisées partout ailleurs
dans le monde : en France, en Belgique, en Allemagne, au Québec, en
Algérie, en Égypte, au Maroc, au Yémen, à Gaza, en
Syrie, etc. Celle-ci a marqué un envol du pays qui s'est ouvert à
la voie démocratique. Comme on le voit, elle s'accompagna par la mise en
place des démocraties naissantes dans le monde arabo-musulman.
150 « Kaddafi : Ben Ali est toujours le président
légal de la Tunisie » dans Jeune Afrique,
édicté sur le
http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAWEB20110116004028/libye-gouvernement-tunisie-volkaddafi-ben-ali-est-toujours-le-president-legal-de-la-tunisie.html,
mis en ligne le 16 janvier 2011 et consulté le 11 avril 2011.
151 Dépêche AFP montrant la solidarité
exprimée du Maroc au peuple tunisien, édicté sur le
http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1911-Le-Maroc-exprime-sa-solidarite-avec-le-peuple-tunisien-.html?&rub=6&xml=newsmlmmd.c24e08ca5ac5778ed9fbd5c2c6607dbf.6f1.xml,
consulté le 11 avril 2011.
152« La révolution tunisienne, source
d'inspiration pour la méditerranée », édicté
sur le
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/01/18/la-revolution-en-tunisie-source-d-inspiration-pour-la-mediterranee_1467181_3232.html,
mis en ligne le 18 janvier 2011, consulté le 11 avril 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 65
Mais cette révolution ne sera jamais sans
conséquences néfastes. Au cours de différentes
manifestations, plusieurs citoyens tunisiens vont trouver la mort. Le bilan a
fait état de 47 morts et 94 blessés par arme à feu
à Tunis, 29 morts à Bizerte, 15 morts et 144 blessés
graves à Sousse, 12 morts et 81 blessés graves à
Kasserine, 6 morts à Sidi Bouzid (ville ayant déclenché la
révolution) et 48 morts dans l'incendie d'une prison à Monastir,
sans compter les morts dont la dépouille n'était pas passé
par l'hôpital. Même le jour où le président Ben Ali
prit fuite a été aussi le plus meurtrier, causant au moins 31
tués, dont 18 à Tunis.
Depuis le début du mois de février, des milliers
de Tunisiens fuyaient vers l'île de Lampedusa (en Italie) et l'Union
européenne, faisait craindre dans un premier temps une «
marée humaine » sur l'Europe. Mais en avril, un accord avait
été signé entre l'Italie et la Tunisie, qui permit de
régulariser 22.000 tunisiens arrivés en Italie depuis le 14
janvier153.
Mais ce qui est certain, comme l'a affirmé Dominique
MOÏSI, c'est qu'il serait bien optimiste de considérer la chute du
président Ben Ali comme l'équivalent pour le monde arabe de ce
que fut pour l'Europe la chute du mur de Berlin154. Egalement, il
serait bien imprudent de ne pas comprendre qu'il y aura un avant et un
après « révolution du jasmin » - et ce, quoi qu'il
arrive demain en Tunisie -pour l'ensemble du monde arabe.
Commentaire
La révolution tunisienne a ouvert des perspectives
nouvelles, profondément encourageantes pour le peuple tunisien, qui peut
maintenant redevenir maître de son sort, restaurer les libertés
individuelles et syndicales, régénérer les institutions
démocratiques, recouvrer les biens volés ou accaparés par
le clan présidentiel, s'attaquer au clientélisme, mobiliser les
ressources du pays au service du développement et de la lutte contre la
pauvreté. Elle est une source d'inspiration pour les voisins qui,
à des titres divers, affrontent des problèmes comparables, que ce
soit au Sud ou au Nord de la Méditerranée, et partout dans le
monde155. Elle contribue à créer les conditions d'un
nouveau régime de relations internationales,
153 Information suivie à Radio France Internationale.
154 D. MOÏSI, « Les leçons de la
révolution tunisienne », édicté sur le
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0201088208326-les-lecons-de-la-revolution-tunisienne.htm,
consulté le 11 avril 2011.
155 « La révolution en Tunisie, source
d'inspiration pour la Méditerranée », édicté
sur le
http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/01/18/la-revolution-en-tunisie-source-d-inspiration-pour-la-mediterranee_1467181_3232.html
, mis en ligne le 18 janvier 2011, consulté le 11 avril 2011. Lire aussi
MARWANE BEN YAHMED, « Enjeux et périls de l'après-Ben Ali
» in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29 janvier 2011,
pp.22-23.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 66
incluant la gestion commune des problèmes de
migrations, de sécurité, de coopération économique
et culturelle, et associant sur un pied d'égalité des peuples
souverains, éclairés, épris de justice et de
progrès.
Section II. La révolution Égyptienne
La révolution égyptienne de 2011 est une
série d'évènements (manifestations, grèves,
occupation de l'espace public, destruction de bâtiments et symboles du
pouvoir, affrontements avec les forces de l'ordre) qui se sont
déroulés en Égypte, principalement au Caire, du 25 janvier
2011 au 11 février 2011 et ayant abouti à la démission du
président Hosni Moubarak. C'est la plus grande protestation populaire
qu'ait connu l'Égypte depuis 1977156. Le mouvement aboutit le
11 février 2011 au transfert du pouvoir à l'armée tandis
que le président Moubarak se retira dans sa résidence de Charm
el-Cheikh.
§1. Causes et origines de la révolution
égyptienne
Comme la révolution tunisienne, la révolution
égyptienne s'est déclenchée en réponse aux abus des
forces de police, à la corruption, à la pauvreté, mais
aussi à l'état d'urgence permanent et à ses
procédures expéditives.
A. Les causes
1. Le blocage politique et institutionnel
Ce blocage politique et institutionnel se
révèle beaucoup plus par l'état d'urgence dans lequel se
trouvait le pays depuis très longtemps. L'état d'urgence
constituait un blocage politique et institutionnel en ce sens que sous ce
régime, la police bénéficiait de pouvoirs particuliers
renforcés, débouchant sur des abus, allant des violences
policières à la torture . Enfin, l'état d'urgence
suspendait les droits constitutionnels et autorisait la censure.
2. Inégalités et
pauvreté
Les facteurs démographiques structurels, le
chômage, le manque de logements, l'augmentation des prix des biens de
première nécessité (la précarité
alimentaire) et le manque
156 «Violent clashes mark protests against Mubarak's Rule
», édicté sur le
http://www.nytimes.com/2011/01/26/world/middleeast/26egypt.html?_r=1,
mis en ligne le 26 janvier 2011, consulté le 15 avril 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 67
de liberté d'expression et la pauvreté sont
également des causes importantes des manifestations157. Plus
de 40 % de la population, soit environ 32 millions d'Égyptiens, vit avec
moins de 2 dollars par jour, au moins les deux tiers des Égyptiens sont
pauvres158. Cette pauvreté d'une partie de la population a
été aggravée par la politique d'Infitah
(ouverture des portes, libéralisation) qui a
développé le secteur privé principalement par
privatisations d'entreprises publiques, et donc par une précarisation
des salariés de ces entreprises. La croissance démographique
rapide, doublée d'une urbanisation de la population, accentuait les
difficultés et favorisa les contestations. En 1981, à la prise de
pouvoir de Moubarak, le pays comptait 40 millions d'habitants. En 2010, c'est
le plus peuplé des pays arabes avec plus de 80 millions
d'habitants159. La population égyptienne est très
jeune : 90% de ceux qui cherchent un emploi ont moins de 30 ans. Il y a ainsi
plus de 50 % de moins de 25 ans, dont 20,2 % entre 15 et 24 ans160.
Les diplômés du supérieur représentent 31 % d'une
classe d'âge et ces jeunes qualifiés n`ont que peu d'espoir de
trouver à employer leurs compétences : alors qu'il y a 700.000
nouveaux diplômés chaque année, l'économie
égyptienne ne crée que 200.000 nouveaux emplois par
an161. Ainsi, 50 % des hommes de 15 à 29 ans et 80 % des
femmes du même âge, diplômés du supérieur sont
au chômage.
Les autres causes à l'origine de la révolution
sont la remise en cause de la réforme agraire qui avait
été laissée par Nasser. L'objectif principal des
manifestants est d'obtenir un changement de régime, qui passerait par la
démission du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis le 14
octobre 1981, et une répartition plus juste des richesses. Les
revendications touchèrent tous les sujets, toutes les classes sociales
et comme en Tunisie, il y eut donc d'importants antécédents
protestataires et conflictuels depuis plus d'une décennie.
157 Jailan ZAYAN, « Egypt braces for nationwide protests
», édicté sur le
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hP30nA0bbEaH2KjlpUKhdHxoN8Cg?docId=CNG.95
111380dfbe35f8a08d6124c5e915e8.71, mis en ligne le 25 janvier 2011,
consulté le 15 avril 2011.
158 Marc LAVERGNE, « Égypte, le
développement au défi du néo-libéralisme
économique », Confluences Méditerranée, n°75,
Automne 2010, p. 52.
159 Duncan GREEN, « What caused the revolution in Egypt?
» dans The Guardian, édicté sur le
http://www.guardian.co.uk/global-development/poverty-matters/2011/feb/17/what-caused-egyptian-revolution,
publié le 17 février 2011, consulté le 21 avril 2011.
160 Ibidem.
161 Antoine REVERCHON et Adrien de TRICORNOT, « Monde
arabe : l'agonie d'un système/Quand des pays émergents font leur
révolution » in Économie du Monde, n° 20542, du
08 février 2011, pp. 4-5.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 68
3. Le succès de la révolution
égyptienne
A vrai dire, l'élément déclencheur de
ladite révolution est le succès de la révolution
tunisienne qui a abouti à la chute du régime de Ben Ali quelques
jours plus tôt. Le peuple égyptien s'étant inspiré
de cette révolution qui venait de chasser le rais du pouvoir, a
été réconforté par ce courage des tunisiens et a
cru qu'il était son tour de passer par la même expérience.
La révolution égyptienne est aussi surnommée «
Révolution de/du papyrus »162, «
révolution du 25 janvier », ou encore «
révolution du Nil ».
B. Le début ou origines de la révolution
égyptienne
Le 25 janvier 2011, après plusieurs cas d'immolation
par le feu, divers mouvements comme le Mouvement du 6 avril appelaient à
manifester via des pages Facebook, pour une journée des revendications
politiques baptisée « journée de la colère ». Le
jour choisi est une fête nationale, nommée Jour de la
police, en souvenir de l'insurrection de la police égyptienne en
1952 qui avait abouti au départ des Britanniques.
§2. La censure des médias, des réseaux
sociaux et leur rôle dans l'intensification de la protestation
Comme en Tunisie, les réseaux sociaux, comme Facebook
ou Twitter, avaient favorisé le démarrage de la contestation : 23
millions d'Égyptiens utilisent Internet. Pour déjouer ce grand
rôle exercé par les médias et réseaux sociaux, le
gouvernement avait procédé à la fermeture de ceux-ci.
L'Internet, largement utilisé par les militants appelant aux
manifestations hostiles au régime, avait été coupé
dans tout le pays163. Le 30 janvier 2011, le ministère de
l'information annonça l'interdiction de la chaîne internationale
satellitaire qatarie Al-Jazeera, la suspension de l'accréditation de ses
journalistes et la fermeture de ses bureaux164.
162 « La révolution du papyrus »,
édicté sur le
http://www.lepetitjournal.com/homepage/a-la-une/71766-egypte-la-revolution-du-papyrus-.html,
consulté le 15 avril 2011.
163 « gouvernement égyptien a coupé
Internet », édicté sur le
http://www.korben.info/le-gouvernement-egyptien-a-coupe-internet.htmlLe,
consulté le 27 avril 2011.
164 « La chaîne panarabe Al-Jazeera interdite en
Égypte », édicté sur le
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110130.0857172/la-chaine-panarabe-al-jazeera-interdite-en-egypte.html,
mis en ligne le 30 janvier 2011, consulté le 27 avril 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 69
3) Le déroulement de la révolution et le
renversement du régime de Moubarak
À partir du 28 janvier 2011, le pouvoir mit en place de
plus en plus de moyens pour contrer les manifestants, notamment par le blocage
de tous les moyens et réseaux de communication, la confiscation des
appareils de communication (téléphones mobiles). Mais
malgré cela, les manifestations et les heurts se sont multiplié
dans ce que la presse avait décrit comme un « vendredi de
colère ». Les autorités égyptiennes avaient
même empêché le prix Nobel de la paix Mohamed El BARADEI de
manifester et l'ont placé en résidence
surveillée165. Un couvre-feu a été
décrété, mais celui-ci ainsi que l'intervention
présidentielle à la télévision plus tard n'ont
changé en rien la donne situationnelle, les manifestations se sont
poursuivies et abouti à des dégâts énormes.
L'occupation de la place Tahrir a été le symbole
de la révolution égyptienne et le moyen le plus visible de
revendication des manifestants. Pour permettre de faire durer cette occupation
et en faire un symbole de la contestation, les Tahrites
s'étaient organisés en ce qui était appelé la
« Commune de Tahrir ». Une des particularités du mouvement
était l'absence des personnalités émergentes, des chefs
charismatiques conduisant les révoltés, et pouvant être
arrêtés, intimidés, achetés166. Cette
absence de leadership se révèle ainsi, dans la première
phase de contestation, un atout pour les manifestants. Par la suite, les
révolutionnaires ont tout fait pour faire durer cette occupation et
faire aboutir de nouvelles revendications. Elle ne sera évacuée
qu'à l'annonce de la démission du raïs.
4) Les réactions internationales face à la
répression des manifestations
La communauté internationale qui était toujours
jusque-là plutôt attentiste, multiplia les appels aux
réformes et à l'arrêt des violences : le Président
américain Barack Obama appela le régime égyptien,
principal allié des États-Unis dans le monde arabe, à la
réforme et à la retenue dans sa gestion de la crise tandis que
l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France, dans un communiqué commun,
demandèrent aux autorités égyptiennes de prendre en compte
les « revendications légitimes » du peuple et d' «
engager un processus de changement » en évitant
165 Fatima EL-BACHA, « Égypte : EL BARADEI est
arrivé au Caire » in Cyberpresse, édicté
sur le
http://www.cyberpresse.ca/international/afrique/201101/27/01-4364316-elbaradei-attendu-en-egypte-des-ce-soir.php,
mis en ligne le 27 janvier 2011, consulté le 27 mai 2011.
166 Yves BOURDILLON, « La victoire d'un mouvement sans
leader » in Les Échos, édicté sur le
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/dossier/0201148714078.htm,
mis en ligne le 15 février 2011, consulté le 25 mai 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 70
« l'usage de la violence ». L'Union
européenne avait appelé, pour sa part, à cesser les
violences, le Japon au dialogue, la Russie à « garantir la paix
civile », la Suisse au gel des avoirs de Moubarak et de sa
famille167, la Turquie au respect des demandes légitimes du
peuple168 .
Le président israélien Shimon Peres
déclara : « Peu importe tout ce qui est dit sur le président
Moubarak, de notre côté, nous le remercions sincèrement
pour son action incessante en faveur de la paix et de la stabilité au
Proche-Orient »169.
Les Frères musulmans qui ont jusque-là fait
profil bas ont appelé le président à une passation
pacifique du pouvoir, à la formation d'un gouvernement de transition
sans le PND et à l'organisation d'« élections honnêtes
»170.
L'Arabie Saoudite a très mal vécu ce
lâchage de Moubarak par la communauté internationale, surtout par
BARACK OBAMA, allant jusqu'à dénoncer par la voix de son Ministre
des affaires étrangères « l'ingérence de certains
pays étrangers dans les affaires intérieures de l'Égypte
», ajoutant : « nous pensons que les Égyptiens peuvent
résoudre leurs problèmes par eux-mêmes et nous sommes
choqués de voir que certains pays devancent même les souhaits du
peuple égyptien »171.
§5. Les conséquences de la révolution
égyptienne
A l'issue de la révolution, le pays a connu une
situation économique catastrophique. La plupart des bourses des pays du
Golfe ont lourdement chuté172. Le dernier fournisseur
d'accès à Internet, Noor, utilisé par la Bourse
du Caire, les banques et les grandes entreprises a été
coupé. Les évacuations des ressortissants étrangers s'est
vite accéléré : touristes, hommes
167 « La suisse bloque les fonds de la famille Moubarak
», édicté sur le
http://www.rsr.ch/#/info/les-titres/suisse/2953127-la-suisse-bloque-les-fonds-de-la-famille-moubarak.html,
consulté le 21 mai 2011.
168 « L'Egypte se prépare à la marche du
million de l'opposition » in Le Monde, édicté sur le
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/01/31/l-armee-juge-legitimes-les-revendications-du-peuple-égyptien_1473315_3218.html,
mis en ligne le 31 janvier 2011, consulté le 17 avril 2011.
169 « PERES: We owe Mubarak our gratitude »,
édicté sur le
http://www.ynetnews.com/article/0,7340,L-4021787,00.html,
consulté le 21 mai 2011.
170 Cécile HENNION, « Les Frères musulmans
font profil bas » in Le Monde, édicté sur le
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/29/les-freres-musulmans-font-profil-bas_1472352_3212.html,
mis en ligne le 30 janvier 2011, consulté le 17 avril 2011.
171 YANN MENS, « Un nouveau monde arabe : l'Arabie
saoudite choquée » in Alternatives internationales,
n°50, trimestriel/mars 2011, p.8.
172 « Egypte: les Bourses du Golfe, à l'exception
de l'Arabie, dans le rouge » in AFP/Le Parisien,
édicté sur le
http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/egypte-les-bourses-du-golfe-a-l-exception-de-l-arabie-dans-le-rouge-30-01-2011-1277388.phparticle,
mis en ligne le 30 janvier 2011, consulté le 21 mai 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 71
d'affaires, les multinationales, etc. Le secteur
hôtelier a annoncé une baisse de 25 % de son taux d'occupation,
qui pourrait cependant être compensée par de nouvelles
attractions, dont le tour des hauts lieux de la révolution.
Egalement aussi, la victoire de la révolution s'est
accompagnée de la visibilité totale du mouvement de la
confrérie des Frères musulmans qui apparaissaient comme une force
politique à part entière avec laquelle il faudra compter, alors
que jadis ledit mouvement a toujours été présent sur la
scène politique, mais seulement en creux, sans jamais avoir
été agréé en tant que parti, ni a fortiori,
associé à la gestion du pays173. Cette
visibilité de la confrérie des frères musulmans vient
réinscrire à l'agenda des réformes politiques et/ou
religieuses la question de l'islam politique174. Signalons que la
confrérie des Frères musulmans est une association des
frères musulmans - Jamaat al - Ikhwan al - Mouslimine en arabe -
créée en 1928 par HASSAN -AL-BANNA, un instituteur
d'obédience soufie. Elle a pour slogan « l'islam est la solution
» et pour objectif, à l'origine, l'instauration d'un État
islamique dont le coran serait la constitution. Pour y parvenir, la
confrérie privilégie l'islamisation de la société
par le bas plutôt que la prise du pouvoir par la force. Jusqu'à
aujourd'hui, ce mouvement n'a jamais reçu le statut du parti
politique175. La transformation en porte-parole des manifestants de
la place Tahrir de l'ancien directeur général de l'AIEA (Agence
Internationale de l'Énergie Atomique), Mohamed El-Baradei, qui, jusque
l'an passé, ne s'était pas préoccupé de la
politique égyptienne, montre à quel point le pays ne disposait
pas de figure d'opposant crédible. On avait certes pris l'habitude de
considérer les Frères musulmans comme les opposants par
excellence, mais ce mouvement n'avait jamais tenté ou réussi
à franchir les limites que les gouvernants mettaient à ses
activités176. Fondamentalement conservateur, il souhaitait
que le régime change sans que l'ordre cesse de régner. Ce
mouvement avait organisé des événements plus que des
manifestations - on y comptait que quelques centaines de personnes - sans que
les choses aboutissent réellement. Puis en 2008, il y avait eu le
lancement d'une journée de protestation
173 Cherif OUAZANI, « Égypte : le printemps des
Frères » in Jeune Afrique, n°2614, du 13 au 19
février 2011, pp.36-39.
174 AHL-ASSANE ROUAMBA, « Égypte-révolution
: les frères musulmans et la transition égyptienne »,
édicté sur le lien Internet
http://www.afriquejet.com/afrique-du-nord/egypte/egypte-revolution:-les-freres-musulmans-et-la-transition-egyptienne-20110208689.html,
consulté le 06 juin 2011.
175 Cherif OUAZANI, Op. Cit., pp.36-37.
176 Jean-Noël FERRIE, « Un nouveau monde arabe : une
révolution sans opposition » in Alternatives
internationales, n°50, Trimestriel/Mars 2011, p.15.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 72
durant laquelle les gens devaient cesser leur activité
et rester chez eux. L'événement n'avait pas atteint son but.
Commentaire
Hosni Moubarak n'a pas été chassé du
pouvoir sous la pression d'une opposition politique crédible, mais par
une agrégation de mécontentements qui a pris corps après
la chute de Zine El-Abidine Ben Ali en Tunisie. La place Tahrir reste le
symbole de la révolution égyptienne, même après les
différents changements de gouvernement. C'est sur cette place que le
nouveau premier ministre, Essam Charaf, qui avait remplacé Ahmed Chafik
chassé par les Tahrites, était venu prendre un bain de foule et
proclamer son allégeance au peuple lors de la manifestation du 4
mars177.
Ce qui s'était passé à la place Tahrir
doit pourtant être situé dans la postérité des
tentatives visant à agréger un nombre croissant de citoyens sur
la base du désir de démocratie car, plusieurs mouvements avaient
déjà été organisés depuis 2008 pour obtenir
le changement, mais en vain. Ce qui avait fait défaut aux
précédentes tentatives, c'était en quelque sorte le
ferment de l'espoir partagé que « ça pouvait marcher »
sous Moubarak. Mais, c'est à vrai dire le départ de Ben Ali qui
est venu donner une réalité à cet espoir. Cette victoire
de la démocratie n'est donc pas une victoire de
l'opposition178.
Section III. La révolution en Libye
La révolte libyenne a débuté le 15
février 2011 en Libye. Il est un mouvement de contestation populaire,
assorti de revendications sociales et politiques, comme il en a
été le cas en Tunisie et en Égypte, et s'inscrivant
également dans un contexte de protestations dans les pays arabes. Comme
lors des révolutions tunisienne et égyptienne, les manifestants
demandaient plus de libertés et de démocratie, un meilleur
respect des droits de l'Homme, une meilleure répartition des richesses
ainsi que l'arrêt de la corruption au sein de l'État et de ses
institutions. Le « Guide de la Révolution » libyen, Mouammar
El-Kadhafi, est le plus ancien dirigeant arabe toujours en fonction : il est
à la tête de la Libye depuis 42 ans, lorsqu'il s'empara
177 Sophie SHIHAB, « En Egypte, la révolution fait
tomber la puissante sécurité d'Etat » in Le Monde, 9
mars 2011, p. 6.
178 Jean-Noël FERRIE, Op. Cit., p.15.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 73
du pouvoir depuis le 31 aout 1969179. Militant
dès l'école coranique, il en fut exclu en Octobre 1961 pour avoir
organisé une réunion politique de soutien à la
République Arabe Unie de Nasser. Entré dans l'armée, il
réunit autour de lui un groupe d'officiers intéressés
comme lui par l'idée d'unité et de justice sociale pour les pays
arabes. Dès le début de son règne, il releva les royalties
et la fiscalité des produits pétroliers en faveur de la nation.
Il assura conjointement avec des unions syndicales, la représentation et
l'exécution de la volonté démocratique du peuple. Non
seulement il a tenté maintes fois de militer pour l'unité du
peuple arabe, mais aussi, après une série d'échecs
auprès de ses frères arabes, il s'est tourné vers
l'Afrique avec un argument de poids, ses pétrodollars, qui lui permirent
de trop investir en Afrique subsaharienne, surtout en Afrique de l'Ouest, dans
les secteurs d'hôtellerie (avec LAICO, Libyan African Investment Company)
et de la téléphonie mobile (Green Network)180. Par ces
investissements qui bénéficient beaucoup aux gouvernements de ces
pays, Mouammar Kadhafi profita d'asseoir sa nuisance par un réseau des
obligés sur ses pairs du continent181. Mais l'aspiration
progressiste du leader de la révolution dépassa
l'établissement d'une simple république, il projeta un
système nouveau : la Jamahiriya (l'ère des masses) dont la
doctrine est synthétisée de 1969 à 1978 dans les
publications des trois chapitres de son Livre Vert182. Aujourd'hui,
la politique de la Jamahiriya Libyenne était totalement tournée
en direction de l'Unité africaine. L'Egypte qui, depuis la mort de
Nasser en 1970, petit à petit, se rangea dans le camp occidental
pro-américain et pro-sioniste, et déclencha en juillet 1977 une
agression contre la Jamahiriya.
Pour la révolution actuelle, les principaux mouvements
ont d'abord eu lieu dans des villes de Cyrénaïque (à l'Est)
: à El Beïda, Darnah et surtout Benghazi ainsi que dans diverses
autres localités dans une moindre mesure. Les protestations se sont
développées puis étendues dans pratiquement toutes les
grandes villes du pays et à Tripoli, la capitale.
179 « La révolution libyenne : socialisme -
justice - identité », édicté sur le
http://www.pcn-ncp.com/RevLib.htm,
consulté le 12 avril 2011. Lien Internet déjà
cité.
180 François SOUDAN, « Kaddafi : l'Afrique entre
peur et soulagement » in Jeune Afrique, n°2617, du 6 au 12
mars 2011, pp.22-31.
181 Christophe BOISBOUVIER et FAROUK HATTAB, « Les
derniers feux de Kaddafi » in Jeune Afrique, n°2618, du 13 au
19 mars 2011, pp.12-14.
182 Le "livre vert" de Mouammar
El-Kadhafi se veut une réponse aux problèmes que rencontre le
monde moderne. Persuadé que l'unité Arabe ne pourra se faire que
par la volonté du peuple, il veut accompagner les masses vers le
système qui leur permettra d'installer une réelle
Démocratie et un véritable socialisme. Le premier chapitre du
« livret vert » est une réflexion sur le problème de la
démocratie, le second chapitre traite du problème
économique et la troisième partie traite des fondements sociaux
de la « Troisième Théorie Universelle ».
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 74
§1. Les causes et contexte du départ de la
révolution libyenne
A. Les causes lointaines
L'insurrection libyenne dont il est question actuellement peut
être remontée dans les années 1990 lors du massacre d'Abou
Salim, le 29 juin 1996, durant lequel Abdallah SENUSSI, chef des services
secrets, ordonna l'exécution de 1.270 des 1.700 prisonniers rebelles de
la prison d'Abou Salim183.
Ce massacre d'Abou Salim avait plongé la Libye dans une
insurrection endémique en Cyrénaïque, animée par
plusieurs mouvements, dont le principal est le Groupe Islamique Combattant en
Libye (GICL) faisant partie du réseau Al-Qaeda au Maghreb Islamique
(AQMI). L'objectif du GICL est le renversement de l'Etat laïc libyen avec
qui ils refusent toute négociation. Ils refusent également
l'établissement d'un régime démocratique. Après
deux tentatives d'assassinat contre Kadhafi en 1996 et 1998, ces mouvements se
révèlent impuissants à le renverser. Ils se tournent
rapidement vers le djihad en Irak et en Afghanistan. Ils constituèrent
très vite la principale filière de recrutement et fournirent le
plus gros contingent de moudjahidines étrangers en Irak et en
Afghanistan : c'est le bataillon des libyens ou des maghrébins. Avec les
débris du Groupe Islamique Armé algérien et du Groupe
Salafiste184 pour la Prédication et le Combat, ils cofondent
en 2007 Al-Qaeda au Maghreb Islamique. Le chef du GICL fut tué en 2008
par un missile américain. Il était le tout premier lieutenant de
Ben Laden. Le GICL révisa ses positions en 2010 et déclara rompre
avec Al-Qaeda et renonça à renverser le pouvoir par les
armes185. Lorsque la ligue des droits de l'homme libyenne obtint la
libération progressive de 946 prisonniers politiques liés
à la mouvance djihadiste et islamiste, parmi lesquels figurait
ABDEL-HAKIM AL-HASIDI, chef de l'insurrection, ancien d'Afghanistan,
capturé au Pakistan en 2002, libéré par Kadhafi en 2008.
Plusieurs de ces prisonniers sont rentrés en Libye et
participèrent aux combats.
183 Nicolas BOURCIER, « Libye : l'homme qui a fait le
printemps » in Le Monde, 22 mars 2011, p. 3
184 Le « salafisme » est un
mouvement sunnite revendiquant un retour à l'islam des origines,
fondé sur le coran et la sunna. Aujourd'hui, le terme désigne un
mouvement composite fondamentaliste, constitué en particulier d'une
mouvance traditionaliste et d'une mouvance djihadiste. Toutes ces mouvances
affirment la continuation sans changement de l'islam des premiers
siècles. Etymologiquement, « salafisme » (en arabe :
as-salafiyya) provient du mot salaf, « prédécesseur »
ou « ancêtre », qui désigne les compagnons du
prophète de l'islam Mahomet et les deux générations qui
leur succèdent.
185 Edicté sur le
http://www.magharebia.com/cocoon/awi/html1/fr/features/awi/features/2010/07/23/feature-02,
mis en ligne le 23 juillet 2010, consulté le 21 avril 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 75
Ainsi, les autres grandes causes à l'origine de la
révolution libyenne sont les suivantes : 1. Le système
politique « tribalisé »
Le système politique libyen est basé en grande
partie sur des alliances tribales. Mouammar Kadhafi dirigea la Libye depuis
1969 après avoir renversé le roi Idris Ier par un coup
d'État186. Et depuis sa prise de pouvoir, le « Guide
» a mené le pays d'une main de maître, en plaçant ses
proches et les membres de sa tribu au sein de l'armée et aux postes
clés du gouvernement. En quarante ans de règne, Kadhafi a
conservé le système tribal et l'a idéalisé pour
s'appuyer dessus. Mais parallèlement, il a réduit le rôle
des tribus et les a marginalisées, en constituant une ébauche de
système administratif moderne, avec préfectures
(muhâfazât) et municipalités (baladîyat), ce qui a
amoindri le soutien que les tribus étaient susceptibles de lui apporter.
En favorisant sa propre tribu, il a encore affaibli ce soutien.
La Kadhafa (ou Qadhadhafâ ou tribu des Ghedadfas),
à laquelle appartient Mouammar Kadhafi, est forte d'environ 125.000
membres surtout dans le centre de la Libye. Cette tribu avait la mainmise sur
le régime libyen, elle était la plus armée et était
toujours la plus privilégiée par Kadhafi pour défendre son
régime187. Par ailleurs, le dirigeant libyen avait de tous
temps été très méfiant vis-à-vis des forces
armées libyennes, préférant volontairement les affaiblir
par peur des coups d'État. Le « Guide » a plutôt
renforcé les milices et les forces de sécurité
spéciales dirigées par ses fils et les membres de sa tribu.
La Warfala (ou Warfalla ou encore Warfallah) est la plus
grande des tribus de Libye avec environ un million de membres188.
Elle se situe essentiellement à Benghazi, dans l'Est du pays,
d'où est partie la révolte. Les officiers warfalites ont fait les
frais du coup d'État manqué en 1993, nombre des membres de la
tribu occupant des fonctions dirigeantes dans l'armée ont
été emprisonnés ou tués.
186 « La révolution libyenne : socialisme -
justice - identité », édicté sur le
http://www.pcn-ncp.com/RevLib.htm,
consulté le 12 avril 2011. Lien Internet déjà
cité.
187 Moncef DJAZIRI, « Tribus et État dans le
système politique libyen » in Outre-Terre, n° 23, mars
2009, pp. 127-134, édicté sur le
http://www.cairn.info/revue-outre-terre-2009-3-page-127.htm,
consulté le 1er juin 2011.
188 Ibidem.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 76
La Makarha (ou Magharbâ) est concentrée dans les
régions de l'Ouest du pays. Cette tribu était l'un des principaux
appuis de Kadhafi, avant les représailles de celui-ci
consécutives à la tentative de coup d'État de 1993.
En novembre 2008, des affrontements violents ont eu lieu
à Koufra, une oasis du Sud entre la tribu arabe des Zuwayas et l'ethnie
Toubou, une population noire aussi présente au Tchad voisin. Le conflit
a fait plusieurs morts, un indice de la crise du système mis en place
par Kadhafi189.
2. La pauvreté, la corruption et le
chômage
L'économie libyenne est très largement
dépendante de la rente du pétrole. Le PIB par habitant en 2010
était de 13.800 dollars, ce qui en a fait l'un des pays les plus riches
par habitant du monde arabe, ce chiffre s'expliquant par une relative petite
population190. L'essentiel des hydrocarbures est exporté vers
l'Europe (85 %), et certains pays européens en sont très
dépendants : l'Irlande, l'Italie (23 % du pétrole et 13 % du gaz
d'Italie proviennent de Libye), l'Autriche, la Suisse et la France importent
plus de 15 % de leur pétrole de Libye. Avec ces indices, la Libye est
considérée comme un pays riche avec une population plutôt
bien instruite, le taux d'alphabétisation étant de 92 % pour les
hommes et 72% pour les femmes en 2007191. Cependant, selon l'Indice
de perception de la corruption, le degré de corruption perçu dans
le pays est plus élevé en Libye qu'en Égypte ou en
Tunisie. Enfin, le taux de chômage est très important. Comme en
Tunisie, la proportion de jeunes de moins de 25 ans est très
élevée (47,4 % de la population).
B. Le contexte de départ de la
révolution
Le peuple étant déjà sous tension compte
tenu des événements et de l'espoir que lui ont inspiré les
révolutions tunisienne et égyptienne, la révolution
libyenne s'était déclenchée le 15 février 2011
lorsqu'une manifestation avait eu lieu à l'occasion du procès de
prisonniers d'Abou Salim morts en détention, laquelle manifestation fut
violemment réprimée.
189 Moncef DJAZIRI, « Tribus et État dans le
système politique libyen » in Outre-Terre, Op. Cit., pp.
127-134,
190 « CIA The World Factbook Libya »,
édicté sur le
http://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/ly.html,
mis en ligne le 27 février 2011, consulté le 28 mai 2011.
191 Anonyme, Le monde dans ma poche, Kinshasa, Publication
Afriquespoir, 2007, p.17.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 77
2) Prévention et explosion de la
révolution
Craignant que la révolution qui a surgi dans le monde
arabe ne puisse pas toucher la Libye, et pour contenir les manifestations, le
pouvoir avait procédé par prendre des mesures préventives
: interdiction des rassemblements, annulation de rencontres sportives, baisse
du prix des aliments de base, et quelques mesures sociales. Afin
d'éviter l'effet domino des voisins tunisiens et égyptiens, le
pouvoir avait aussi bloqué l'accès à YouTube, et
annonça qu'il débloque un fonds de 24 milliards de dollars pour
fournir des logements et développer le pays. Jusqu'à la
mi-février 2011, Kadhafi réussit donc à contenir la
contestation.
Mais le 15 février, une manifestation avait eu lieu
à l'occasion du procès de prisonniers d'Abou Salim morts en
détention et c'est celle-ci qui a conduit à l'insurrection les
jours suivants. Elle fut durement réprimée par la police qui
utilisa des armes à feu, en plus des canons à eau et des
lacrymogènes. La répression est menée en partie au moins
par des mercenaires, souvent recrutés au Tchad ou au Niger, au Nigeria,
au Zimbabwe, au Liberia et au Soudan. Les manifestants de Benghazi, qui
protestaient contre la détention d'un avocat et activiste des droits de
l'homme, ont été attaqués par la milice défendant
le pouvoir, les gardiens de la Révolution, armés de
bâtons cloutés et de sabres. Les prisonniers ont été
payés pour réprimer les manifestants. D'autres villes du pays se
soulevèrent : à Zenten, El Beida, Tobrouk, Misurata, Khoms,
Tarhounah, Zliten, Zawiya, Zouara, Syrte (ville natale du colonel Kadhafi),
Tadjourah, Koufra, Ajdabiyah (terminal pétrolier), Marsa El Brega (grand
port industriel de Libye), Ras Lanouf (terminal pétrolier), Ben Jawad,
Misratah, Nofilia, etc.
§2. La résolution 1973 et l'intervention
étrangère
A. Le vote de la résolution 1973
La répression des opposants y a pris un tour sanglant,
le pouvoir utilisant des milices, des mercenaires et les comités
révolutionnaires pour réprimer les manifestants. Les menaces sur
les manifestants ont plus été accentuées par le
régime, beaucoup de pertes en vies humaines étaient
signalées partout et la situation humanitaire se
détériorait de plus en plus, la presse muselée, les
réseaux sociaux et Internet restant les seules sources d'information
possibles. Les manifestations se sont mues plus tard en révolte
armée, et le régime de Kadhafi fut peu à peu
abandonné par ses cadres : diplomates et ministres notamment. Certaines
unités de l'armée commençaient à se rallier aussi
aux insurgés, comme une des sept brigades d'élite de
l'armée,
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 78
basée à Benghazi192. Il a fallu la
folie criminelle de Mouammar Kadhafi qui a lancé l'armée libyenne
contre une partie de son propre peuple, pour que le conseil de
sécurité des Nations Unies, avec l'impulsion décisive des
gouvernements de la France et du Royaume-Uni de Grande-Bretagne, réuni
le jeudi 17 mars 2011 alors que l'armée libyenne était aux portes
de Benghazi, adopte en fin de soirée la résolution 1973 qui
autorisa les États membres à intervenir en Libye, au nom du
principe d'ingérence humanitaire, et instaurer une zone d'exclusion
aérienne pour interdire tous vols dans l'espace libyen, le gel des
avoirs de Mouammar Kadhafi ainsi que des mesures nécessaires afin
d'aider à protéger les civils et faire cesser les
hostilités. Cette résolution exclut l'occupation au sol. Plus
tard, ladite résolution a autorisé également des frappes
aériennes contre les forces de Kadhafi pour fragiliser la
capacité de nuisance de celles-ci. Elle a été mise en
oeuvre par une coalition internationale le 19 mars 2011, composée par
les forces de l'intervention de l'OTAN (Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord).
Ladite résolution a été arrachée
à la demande de la France, du Royaume-Uni et du Liban et adoptée
sous le chapitre VII de la charte des Nations Unies, par le conseil de
sécurité de l'ONU par 10 voix (10 pour, 0 contre, 5 abstentions
dont la Russie, la Chine et l'Allemagne)193. D'autres pays vont
ultérieurement manifester leur participation à la coalition
internationale, c'est le cas de la Belgique, la Norvège, le Danemark,
les Pays-Bas, le Qatar et le Canada. Elle a été acceptée
et soutenue par la ligue arabe et compte parmi ses participants aux
interventions militaires des pays comme le Qatar.
B. La réaction de Kadhafi face à la
résolution 1973
Le colonel Kadhafi annonça se contraindre, en tant que
membre de l'ONU, à la résolution tout juste votée et
ordonner un cessez-le-feu immédiat. Mais plus tard, il réagit en
promettant de « transformer en enfer » la vie de ceux qui
attaqueraient la Libye. Il le dit en ces termes : « Si vous attaquez notre
pays, vous le regretterez ». Son fils, Seif El-Islam Kadhafi
déclara ne faire entrer que les forces civiles anti-terroristes à
Benghazi sans se servir de l'armée, ajoutant que « les forces
gouvernementales vont en outre aider les habitants à quitter la ville
». Cette annonce de l'intervention imminente des pays membres de l'ONU a
été saluée par les
192 Philippe LEYMARIE, « Guerre civile en Libye et
options militaires» in Blogs du Monde diplomatique,
édicté sur le http:/
blog-mondediplo.net/2011-02-25-Guerre-civile-en-Libye-et-options-militaires,
publié le 25 février 2011, consulté le 21 avril 2011.
193 «UN Security Council authorizes `all necessary
measures' to protect civilians in Libya», édicté sur le
http://www.un.org/apps/news/story-asp?NewsID=37808&Cr=libya&Cr1=,
Consulté le 31 mai 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 79
manifestants et a provoqué des manifestations de liesse
et de remerciement dans les zones insurgées encore libres. Elle a
amené les forces gouvernementales à se retrancher aux abords de
Benghazi.
C. L'intervention de la coalition internationale
Les forces de la coalition participèrent notamment
à des bombardements sur les forces loyales à Kadhafi.
Après avoir détruit des chars et les systèmes de
défense aérienne, les avions de la coalition prirent un
rôle de surveillance et facilitèrent la contre-offensive des
rebelles. Mais, même si la fameuse résolution 1973 n'en faisait
pas mention, l'objectif de l'intervention en Libye, dans l'agenda caché,
était d'abattre Kadhafi car, John BOEHNER, président de la
chambre des représentants aux USA, dans une lettre adressée
à OBAMA, déclarait : « serait-il acceptable que Kadhafi
demeure au pouvoir après la fin de nos opérations militaires ?
». La réponse à cette question a été «
Non ». Voilà qui explique la prorogation du mandat de l'OTAN en
Libye jusqu'en septembre 2011 après qu'un délai des
opérations préalablement fixé jusque fin-juin ait pris fin
sans résultat. C'est plus tard, à l'issue du sommet de Deauville,
tenu en France le 27 mai 2011, que les occidentaux ont débattu la
question d'aider financièrement les démocraties naissantes en
Tunisie et en Égypte et envisager clairement le départ du colonel
Kadhafi194. Plusieurs défections continuant à
s'afficher, la Russie et la Chine qui ont pourtant apporté leur soutien
au guide libyen, se sont rangées également dans le camp de ceux
qui souhaitaient le départ sans condition de Mouammar El-Kadhafi. Les
opérations de l'OTAN en Libye avaient donc pour objectif de faire partir
Kadhafi du pouvoir malgré que des issues diplomatiques demeuraient en
cours par des missions de l'Union Africaine, de la Russie, de la Chine devant
rencontrer Mouammar Kadhafi à Tripoli puis le Conseil national de
transition à Benghazi pour envisager la sortie de crise par voie
politique ou diplomatique.195
§4. Conséquences suivies de la
révolution en Libye
Depuis l'apparition des troubles dans le pays, la production
libyenne, qui s'élève normalement à environ 1,6 million de
barils par jour, a été réduite de moitié, voire de
trois-quarts selon les estimations. Le prix du baril de pétrole (Brent)
qui a terminé l'année 2010 à
194 Information suivi à Radio France Internationale (RFI)
le 27 mai 2011.
195 Information suivie sur France24 le 30 mai 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 80
94,59 dollars le baril (contre 78 dollars à la fin de
2009), atteint 110 dollars le 23 février 2011 et dépasse le
niveau de septembre 2008196.
Alors que la Libye a toujours été depuis
longtemps la gardienne de l'Europe en l'aidant à lui protéger
contre l'afflux massif des migrants africains, surtout ceux de l'Afrique
subsaharienne à partir des côtes libyennes et tunisiennes, et
compte tenu des différentes réactions des pays européens
contre le régime libyen, les autorités libyennes ont
menacé l'Union européenne de cesser de coopérer dans la
lutte contre l'immigration si elle continue à encourager les
manifestations dans le pays. C'est ainsi qu'un afflux important des
immigrés a été constaté en Europe, ceux-ci passant
par les côtes tunisiennes ou libyennes pour pénétrer
l'île de Lampedusa en Italie et profitant de s'éparpiller dans
toute l'Europe par le fait de la libre circulation des personnes et de leurs
biens consacrée par le traité de l'espace Schengen. Cette
situation s'était accompagnée d'une déstabilisation
politique dans les pays européens craignant de recevoir même des
gens mêlés dans des fins politiques.
Egalement, les troubles en Libye sont susceptibles de
s'accompagner avec l'émergence d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique
(AQMI) pour la déstabilisation du Sahel, l'objectif que combattait
farouchement le « guide ».
Commentaire et critiques
Malgré la légitimité de l'adoption de la
résolution du Conseil de sécurité, les opérations
militaires contre le pouvoir de Kadhafi, surnommées «
Odyssey Dawn197 » ou « Harmattan
selon Sarkozy », « Opération Ellamy
», « Opération Mobile » ou
encore « Opération Unified Protecor »,
même limitées à l'emploi des moyens aériens et
navals, risquent d'être à nouveau perçues par les peuples
de la sphère arabo-musulmane, et même au-delà, comme une
croisade des Européens contre un Etat « frère »
peuplé de musulmans. Même si les Etats de la coalition
s'évertuent à mettre en exergue la composante arabe qui la
compose, et insistent sur l'objectif de la libération de l'expression
démocratique du peuple libyen, chacun sait que c'est la France et le
Royaume-Uni qui ont été à la pointe de l'offensive
diplomatique qui a permis d'arracher l'adoption de la résolution
1973.
196 REUTEURS, a La production de pétrole libyen
réduite de moitié » in
Investir, édicté sur le
http://www.investir.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/infos-marches/la-production-de-petrole-libyen-reduite-de-moitie-aie-325287.php,
mis en ligne le 28 février 2011, consulté le 1er juin
2011.
197 FRANÇOIS SOUDAN, « Objectif Kaddafi » in
Jeune Afrique, n°2620, du 27 mars au 02 avril 2011, p.14.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 81
Alors que l'initiative d'un projet de résolution
appartient aux membres permanents et non permanents du Conseil de
sécurité, cette résolution a été
présentée uniquement par la France, le Royaume-Uni, et les
Etats-Unis d'Amérique, associés à un seul Etat arabe, le
Liban, mais sans aucun Etat africain, alors que parmi les dix membres non
permanents qui ont pris part au vote, figuraient notamment trois pays
africains, et non des moindres : l'Afrique du Sud, le Gabon et le Nigeria. Par
ceci, Nicolas SARKOZY, David CAMERON et BARACK OBAMA, respectivement
Président de la République de France, Premier Ministre
britannique et Président américain, auraient, sans doute
involontairement, dans la précipitation, fait preuve d'une forme de
mépris à l'égard des chefs d'États africains en les
mettant devant un fait accompli sans même faire mine de les consulter,
alors que cinq d'entre eux s'apprêtaient, le 19 mars 2011, à se
rendre en Libye pour une hypothétique médiation198. Le
sommet de la coalition après l'adoption de la résolution
onusienne s'est tenu en France, certainement pour espérer tirer de
bénéfices politiques intérieurs, alors qu'il aurait pu
avantageusement se tenir au siège de la Ligue des Etats arabes ou
à celui des Nations-Unies.
Par ailleurs, était-il nécessaire de mettre en
avant la part prépondérante prise par les occidentaux dans le
traitement de la crise, alors qu'existent des systèmes régionaux
de sécurité collective ? Le résultat est qu'on en vient
presque à oublier que la Libye est située sur le continent
africain et se considère comme un Etat arabe. La Libye est membre de
l'Union Africaine, qui est pourvue depuis 2002 d'un système de
sécurité collective, chapeauté par un Conseil de paix et
de sécurité, qui prévoit , en partenariat
précisément avec le Conseil de sécurité des
Nations-Unies, une réaction aux situations de conflit et de crise en
Afrique, avec l'aide d'une force africaine pré-positionnée, pour
intervenir dans un Etat membre, dans des circonstances graves de crimes de
guerre, de génocide, et de crimes contre l'humanité.
Rappelons-nous que Mouammar Kadhafi qui était encore à la
tête de l'Union africaine en février 2010, a été
remplacé par TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, président de la
Guinée Equatoriale, qui y a accédé au pouvoir par un coup
d'Etat, il y a plus de 30 ans, qui réprime sévèrement
toute aspiration démocratique dans ce pays199.
198 François SOUDAN, « Objectif Kaddafi »,
Op. Cit., p.16.
199 Edgard KIGANGA SIROKO, « Révolutions dans le
Maghreb et le golfe : les institutions arabes et l'UA doivent être en
première ligne », édicté sur le
http://www.afrik.com/article22406.html,
mis en ligne le 23 mars 2011, consulté le 21 mai 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 82
Il est vrai qu'au début de la crise en Libye, le
Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine
s'était limité, comme beaucoup d'autres, à une
préoccupation face à la grave menace sur la paix et la
sécurité et avait rejeté l'idée de toute
intervention militaire étrangère en Libye, quelle qu'en soit la
forme, et avait condamné la transformation de manifestations pacifiques
en rébellion armée.
Mais l'implication significative des Etats arabes et africains
devrait être d'autant plus fondée sur le fait que le pouvoir en
Libye viole précisément la Charte africaine de la
démocratie qui reconnaît que les peuples en Afrique ont le droit
de se libérer de leur état de domination en recourant à
tous moyens reconnus par la Communauté internationale.
De plus, la Libye, bien qu'actuellement suspendue
d'activités, est également membre de la Ligue arabe dont les
Etats membres, hormis l'Algérie et la Syrie, ont appelé le
Conseil de sécurité des Nations-Unies à imposer une zone
d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, sans intervention militaire
sur le sol libyen. Enfin, la Libye est également membre de
l'Organisation de la conférence islamique qui a également
appelé à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne,
mais sans opération militaire pour défaire l'armée
libyenne.
Le fait est que pas un seul Etat africain, ni aucun des Etats
arabes d'importance n'ont annoncé leur participation aux
opérations militaires contre la Libye. Il apparaît que le texte
même de la résolution va au-delà des positions de la Ligue
arabe et de l'Union africaine, qui ont pensé, ou ont fait mine de croire
que l'usage de la force armée devait se limiter à l'arrêt
de l'offensive des militaires de Kadhafi sur Benghazi.
C'est ainsi que la Russie qui n'a pas voté en faveur de
la résolution, l'Union Africaine, la Ligue arabe, voire aussi le conseil
de sécurité des Nations unies par le canal de son
secrétaire général, Ban Ki-Moon, mettaient en garde contre
la déviation des objectifs qui restaient l'instauration d'une zone
d'exclusion aérienne protégeant les civils et non pas la
défaite de Kadhafi ni la destruction de son armée, et appelaient
à la solution politique ou diplomatique pour mettre fin aux
hostilités. Ces derniers (surtout La Ligue arabe, l'Union Africaine et
la Russie) commencèrent déjà de leur part à
critiquer les bombardements sur la Libye, pour des considérations
d'opportunité de politique intérieure des Etats membres, qui font
également face à des revendications liées à
l'aspiration à la liberté et à la démocratie. Le
Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, après
l'engagement des opérations militaires en Libye, déclara rejeter
toute intervention militaire étrangère, et mandata des
comités pour des consultations sur
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 83
une solution pacifique à la crise, alors 3 de ses Etats
membres ont voté pour l'adoption de la résolution pour l'emploi
de la force armée. Les présidents des Etats africains, et les
dirigeants des Etats arabo-musulmans, qui comptent parmi les plus
infectés par le virus de la dictature, et dont plusieurs se maintiennent
irrégulièrement depuis plus d'une vingtaine d'années au
pouvoir, doivent être mis à contribution.
Même si l'Union africaine est encore dans une phase
d'apprentissage, car composée d'Etats étranglés par des
dettes importantes, d'armées peu équipées ; même si
les Etats de la Ligue arabe disposent de capacités
opérationnelles, logistiques très limitées, ces organismes
régionaux auraient dû être utilement présentés
en première ligne, soutenus par les Nations Unies , pour les amener
à prendre leur part de responsabilité. C'est très
important, d'une part, pour qu'ils aident à la solution d'une crise
régionale, et d'autre part, qu'ils aient conscience que la
résolution 1973 qui appelle à des réformes globales et des
changements pour répondre aux aspirations à la liberté du
peuple en Libye peut s'appliquer à leurs Etats respectifs, et faciliter
ainsi des transitions pacifiques dans les différents pays.
Pour faire litière à la rhétorique d'une
nouvelle croisade de l'Occident contre un pays africain, un Etat arabe, la
coalition gagnerait à plus de visibilité de ses
différentes composantes arabes et africaines qui soutiennent les
aspirations à la démocratie dans un pays de la région, et
adhèrent à la fin de l'impunité des massacres des
populations sous le huis clos des frontières nationales, par des
dirigeants qui tentent de perpétuer la confiscation à leur guise
du pouvoir politique dont le peuple est le seul détenteur
légitime.
La qualification de la situation en Libye pose aussi
problème200. Pour certains, Jean PING, ancien
président de la commission de l'Unité Africaine (UA), et Idriss
DEBY ITNO, le chef de l'État tchadien : « ce n'est pas une
révolution, mais une rébellion ». Jean PING,
renchérit encore, avec quelques autres chefs d'États que «
c'est une guerre tribale Est-Ouest » car la plupart des leaders du Conseil
National de Transition (CNT) libyen, la plupart des diplomates qui ont fait
défection, le général Abdelfattah YOUNES - ex-ministre de
l'intérieur et le chef de la rébellion - ainsi que l'essentiel
des troupes de la « Libye libre » sont originaires de
Cyrénaïque dont la capitale, Benghazi, a toujours été
un fief de l'opposition. Pour d'autres, « c'est de l'ingérence
sélective ». Pourquoi la responsabilité de protéger
(nouveau concept à la mode) n'a-t-elle pas été
appliquée aux palestiniens en 2008-2009 où 1500 civils ont
été tués, à
200 François SOUDAN, « Objectif Kaddafi »,
Op. Cit., pp.14-15.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 84
Bahreïn, au Yémen, en Syrie ou ailleurs
aujourd'hui ? Pour les autres enfin, « c'est une guerre pour le
pétrole, guerre pour abattre Kadhafi ».
Aussi, nous estimons qu'il serait exagéré de
qualifier le mouvement libyen de révolution pour pouvoir le situer dans
le même sillage de la Tunisie et de l'Egypte. Un discours plus
modéré nous inviterait plutôt à parler de
révolte ou de rébellion plutôt que de révolution,
mais même ces derniers termes sont ambigus. Nous éprouvons
quelques difficultés à accoler l'un ou l'autre de ces termes au
mouvement sociopolitique libyen car quel que soit le cas, l'impulsion doit
être endogène et non exogène au mouvement
contestataire et la lutte (révolte ou révolution) doit être
menée de l'intérieur et non de l'extérieur par des
révoltés et les révolutionnaires et non par d'autres
personnes (en l'occurrence les puissances impérialistes occidentales)
à leur place. Lorsque la France et la « Communauté
internationale » décident d' « aider » les
insurgés en bombardant l'armée libyenne qu'on appelle
pompeusement dans les médias occidentaux « l'armée loyaliste
» traduisant ainsi le mépris de ces derniers pour les institutions
de cet Etat, il ne peut y avoir révolution ! En aucun cas ! Au mieux, il
y a un changement de situation, mais jamais on ne peut parler de
révolution. Ce sont les français qui ont fait leur
révolution en 1789, les russes en 1917, les japonais en 1939, les
tunisiens en 2011 et la « révolution libyenne » viendra
être faite pour les libyens par l'OTAN ? Nous croyons que ce qui se passe
en Libye c'est de l'ingérence occidentale et pas la «
révolution libyenne » car les tenants du "Nouvel Ordre Mondial"
ne peuvent supporter de voir subsister au bord de la
Méditerranée un pays qui refuse d'obéir à ses
diktats et qui considère l'Etat sioniste comme un État raciste
porte-avion de l'impérialisme dans cette région.
Les Américains ont intérêt aussi à
briser toute dynamique qui pourrait mener à l'établissement d'une
Grande Nation Arabo-africaine. C'est sous cet angle qu'il faut comprendre
l'acharnement de Washington contre la Libye et l'Irak en 2001 : Briser la
création d'une puissance unitaire autocentrée. Les USA, comme
pour l'Irak, visent en Libye à s'assurer l'hégémonie sur
le pétrole qui sera, avec l'eau, l'enjeu géopolitique principal
du siècle à venir.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 85
Chapitre quatrième. Démocratie et
instauration du nouvel ordre politique au Maghreb
Il sera question, dans ce dernier chapitre, de se demander
pourquoi il y a eu changement d'avis dans le chef des armées qui
soutenaient jadis les régimes dictatoriaux en place dans le Maghreb,
d'une part (section I), et l'inertie des chefs d'États à ne pas
céder ou changer d'avis, d'autre part (section II).
Enfin, une dernière section sera consacrée sur
l'organisation de la transition au Maghreb (section III).
Section I. Attitudes des armées
Au début des manifestations en Tunisie comme en
Égypte, les forces de l'ordre avaient riposté au moyen des bombes
lacrymogènes et avaient procédé à des arrestations
arbitraires avant de faire usage de leurs armes à feu201.
C'est comme en Tunisie par exemple où, pour contenir les protestataires,
l'armée les encerclait afin de les empêcher de défiler dans
la rue (mission principale) ; recourait à la force armée dans le
cadre de légitime défense ; procédait à des
interpellations musclées, mais aussi à des rapides
libérations202. Etant donné que le rôle
primordial de l'armée est de protéger les citoyens ainsi que
leurs biens, plus tard, ces armées ont compris qu'il ne fallait pas
continuer à faire périr la population civile revendiquant leur
droit le plus légitime. C'est alors qu'elles se sont ralliées aux
côtés des manifestants et grâce à elles les chutes
des régimes dans ces deux pays seront très vite une
réussite.
En Libye par contre, l'armée a directement
commencé à réprimer violemment les manifestants et
jusqu'à la preuve du contraire, elle continua à servir aux
côtes de Mouammar El-Kadhafi malgré quelques défections
enregistrées dans son camp.
§1. Le rôle de l'armée tunisienne
L'armée nationale tunisienne a joué un
rôle majeur dans le renversement du président. La troupe refusant
de faire tirer aux manifestants, avait fraternisé avec ceux-ci alors que
les affrontements restaient très durs avec la police fidèle au
gouvernement. L'armée aurait alors
201 ABDELAZIZ BARROUHI, « Sidi Bouzid, ville en
colère » in Jeune Afrique, n°2607, du décembre
2010 au 08 janvier 2011, p.20.
202 ABDELAZIZ BARROUHI, « Cinq questions pour comprendre la
révolution tunisienne », Op. Cit., p.43.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 86
poussé le président vers la sortie et «
maîtrisé les membres de l'appareil sécuritaire qui
pouvaient être tentés par un durcissement face à la rue
». Le général démissionnaire Rachid AMMAR aurait
conseillé à Ben Ali de s'en aller en lui disant : « Tu es
fini ! »203.
2) Le rôle de l'armée égyptienne
L'armée égyptienne joue un rôle politique
de premier plan dans le pays, puisque tous les présidents depuis 1952
sont des militaires, de même que les principaux ministres204.
En principe, l'armée est fidèle au président en place,
mais les militaires n'ont pas été favorables à une
succession dynastique des Moubarak.
Pour contrer les manifestations, les autorités
égyptiennes avaient même empêché le prix Nobel de la
paix Mohamed El BARADEI de manifester et l'ont placé en résidence
surveillée205. Le 28 janvier 2011, en fin
d'après-midi, le gouvernement annonça un couvre-feu à
partir de 18 heures jusqu'à 7 heures le lendemain, heure locale, dans
les villes du Caire, d'Alexandrie et du Suez, puis peu après
étendu à tout le pays, tout en demandant à l'armée
de le faire respecter, ce qu'elle ne fit pas. L'armée égyptienne,
essentiellement des troupes de la garde présidentielle proches du
président, entra au Caire et se déploya, en remplacement d'une
police répressive et dépassée par les
évènements. Diverses sources rapportent tantôt un bon
accueil, voire des scènes de fraternisation, tantôt des
scènes de colère contre les militaires qui rendaient difficile la
lecture de l'attitude de l'armée.
3) Attitudes de l'armée libyenne
En Libye également, des policiers et des soldats
auraient rejoint les protestataires et que des mercenaires provenant d'Afrique
noire réprimeraient les manifestants (Tchad, Zimbabwe, Soudan, Nigeria,
Niger, etc.).
203 Bruno FANUCCHI, « L'amiral LANXADE : c'est
l'armée qui a lâché Ben Ali » dans Le Parisien,
édicté sur le lien Internet
http://www.leparisien.fr/crise-tunisie/l-amiral-lanxade-c-est-l-armee-qui-a-lache-ben-ali-16-01-2011-1229239.phparticle,
mis en ligne le 16 janvier 2011, consulté le 14 avril 2011.
204 « H. Moubarak: une présidence de 30 ans qui
s'appuie sur l'armée », édicté sur le
http://www.rtbf.be/info/monde/egypte/hosni-moubarak-30-ans-de-pouvoir-grace-a-larmee-300570,
consulté le 15 mai 2011.
205 Fatima EL-BACHA, « Égypte : EL BARADEI est
arrivé au Caire » dans Cyberpresse,
édicté sur le
http://www.cyberpresse.ca/international/afrique/201101/27/01-4364316-elbaradei-attendu-en-egypte-des-ce-soir.php,
mis en ligne le 27 janvier 2011, consulté le 27 mai 2011.
Idées politiques et révolutions au Maghreb
arabe. 87
206 ABDELAZIZ BARROUHI, « La
vérité sur la fuite de Ben Ali » in Jeune Afrique,
n°2615, du 20 au 26 février 2011, pp.12-15. A lire aussi MARWANE
BEN YAHMED, « Ben Ali : fuite et fin », Op. Cit., p.13.
Section II. Attitudes des chefs d'États
La plupart de chefs d'États de la région
maghrébine se sont installés au pouvoir sans la moindre
idée de pouvoir y quitter un jour. Ils ont organisé leurs
pouvoirs sous des modèles dynastiques ou des royaumes où les fils
pouvaient succéder à leurs pères et ainsi régner le
plus longtemps possible. Alors que la vague des révolutions prenait de
l'ampleur, laquelle vague demandait leur départ du pouvoir, ceux-ci n'en
étaient pas encore là. Pour sauver les crises et continuer
à se maintenir un peu au pouvoir, ils ont tenu des promesses de
complaisance.
1) En Tunisie
Le président déchu Zine El-Abidine Ben Ali avait
commencé par qualifier les manifestants comme les « voyous
cagoulés aux actes terroristes impardonnables [...] à la solde de
l'étranger, qui ont vendu leur âme à l'extrémisme et
au terrorisme ». Par la suite, pour lutter contre le
phénomène, les autorités surveillaient Facebook et ont
bloqué certaines pages de médias étrangers comme France
24, Le Nouvel Observateur, la BBC, Rue89 et Al Jazeera ; la police quant
à elle exerçait un filtrage global au niveau des fournisseurs
d'accès. Ben Ali finit enfin par écarter dans son entourage tous
les chefs et officiers militaires qui ne voulaient pas réprimer les
manifestations en s'y ralliant. C'est le cas de la révocation du
général Rachid AMMAR, chef d'état-major de l'armée
de terre, qui avait refusé de réprimer les
émeutes206. Pour sauver la crise et continuer à se
maintenir un peu au pouvoir, il promit de s'arrêter autour de l'actuel
mandat qui devrait aller jusqu'en 2014, l'instauration d'une démocratie
réelle, liberté de la presse et d'expression, les
élections anticipées en 2011, la nomination d'un gouvernement
d'union nationale. Mais au début des manifestations, il tenta de
désamorcer le mouvement en maniant la carotte et le bâton, en
accusant une minorité d'extrémistes et d'agitateurs d'avoir
politisé un cas isolé de Mohamed Bouazizi.
2) En Égypte
Les manifestants se sont vite prononcés pour leur
souhait au départ du président Hosni Moubarak. Ce dernier leur
promit de quitter le pouvoir après la transition. Plaidant pour son
action en faveur du pays, il se dit conscient des souffrances de beaucoup
d'Égyptiens et explique qu'il entend mener l'Égypte vers
davantage de démocratie et de libertés, notamment la
liberté
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 88
d'expression, mais que « la ligne entre la liberté
et le chaos était ténue ». Évoquant notamment le
problème de la corruption, le président avait annoncé la
révocation du gouvernement et la formation d'une nouvelle équipe
gouvernementale ainsi que des réformes économiques.
§3. En Libye
Au début de l'insurrection, le chef de l'État,
guide de la révolution libyenne, avait d'abord dénoncé
l'instrumentalisation d'une fraction de sa population pour servir la cause
étrangère, notamment celle des occidentaux et avait, à cet
effet, promis de réprimer violemment les manifestations dans son pays en
soulignant qu'elles voulaient troubler l'ordre établi et favoriser
l'infiltration du groupe extrémiste islamiste d'Al-Qaïda sur le
territoire national libyen. Il déclara de ne jamais quitter le pouvoir
en défendant la Libye jusqu'au dernier souffle et aux dernières
gouttes de son sang et accepta de mourir en martyr de la révolution.
Dans un équilibre fragile entre fidèles et opposants, de
stabilité et développement économique relatif, le colonel
Kadhafi avait su préserver son pouvoir. De la même manière
il n'avait jamais mis en avant l'un de ses fils, pour éviter la
montée d'un successeur potentiel.
Par la suite, le guide avait menacé l'Union
européenne « de cesser de coopérer dans la lutte contre
l'immigration si elle continuait à « encourager » les
manifestations dans le pays ». De plus, exerçant un chantage,
Tripoli avait menacé de nationaliser les sociétés
européennes présentes sur son territoire.
Section III. Organisation de la transition
Après les chutes des régimes honnis, une
nouvelle équipe gouvernementale a été nommée en
Tunisie en remplacement de l'ex-premier ministre Mohamed GANNOUCHI et en
Égypte c'est l'armée qui dirige la transition. En Libye par
contre, les insurgés se sont réunis autour du Conseil National de
Transition (CNT).
§1. La transition en Tunisie
Après la fuite du président Ben Ali, le Premier
ministre Mohamed GHANNOUCHI, annonça qu'il entend assurer la
présidence par intérim au nom de l'article 56 de la constitution.
Mais deux jours après, le président du Parlement tunisien, Fouad
MEBAZAA, fut proclamé Président de la République
tunisienne par intérim par le Conseil constitutionnel en vertu de
l'article 57 de la Constitution, écartant ainsi la possibilité
d'un retour à la tête de l'État de Zine
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 89
el-Abidine Ben Ali, contrecarrant ainsi le plan de retour
imaginé par la garde rapprochée présidentielle. Fouad
MEBAZAA est chargé d'organiser l'élection présidentielle
à venir, que la Constitution prévoit normalement dans un
délai de soixante jours. Les tunisiens se préoccupant alors de
l'avenir du pays en débattant de la transition à entamer,
plusieurs conférences furent organisées pour former un
gouvernement de transition et à l'issue de celles-ci, une nouvelle
équipe a été nommée le 27 février
2011207. D'autres conférences continuaient toujours à
se tenir en vue d'organiser cette transition démocratique208.
Ce gouvernement transitoire fut dirigé par BEJI CAÏD ESSEBSI et
avait pour mission de mener à bien la transition en évitant la
chasse aux sorcières, tout en veillant à ce que justice soit
faite209. Mais, peu avant la fuite de Ben Ali, le 11 février
2011, un Conseil National pour la Protection de la Révolution (CNPR)
avait été formé. Il regroupait des représentants de
l'ordre des avocats, de la ligue tunisienne des droits de l'homme, du syndicat
UGTT, du parti islamiste Ennahda, et du Front du 14 Janvier. Il demandait la
convocation d'une Assemblée Constituante et la dissolution de toutes les
institutions héritées de l'ère de Ben Ali, à savoir
le Parlement, le RCD (parti au pouvoir) et la police politique210
». Sa reconnaissance éventuelle par un décret
présidentiel rencontra l'opposition du parti Ettajdid, du PDP, des
Femmes Démocrates et du Syndicat des journalistes, qui ont refusé
de le soutenir211. Avant d'arriver au gouvernement de BEJI CAÏD
ESSEBSI, plusieurs autres gouvernements ont été formés
mais n'ayant pas satisfait les aspirations des manifestants qui
dénonçaient la présence de certaines personnalités
de l'ancien régime.
A. Le premier gouvernement de transition
À la suite des négociations sous la houlette de
Mohamed GHANNOUCHI avec certains partis d'opposition « légale
», le pouvoir intérimaire annonça la constitution d'un
gouvernement
207 Jamel ARFAOUI, « Les Tunisiens débattent de la
transition démocratique », édicté sur le
http://www.magharebia.com/cocoon/awi/xhtml1/fr/features/awi/features/2011/03/08/feature-03,
mis en ligne le 08 mars 2011, consulté le 11 juin 2011.
208 Ahmed SAHRAOUI, « Tunis : la conférence sur
les transitions démocratiques du 30 et 31 mars »,
édicté sur le lien
http://www.tunisienumerique.com/2011/03/tunis-conference-sur-les-transitions-democratiques-les-30-et-31-mars/,
mis en ligne le 29 mars 2011, consulté le 11 juin 2011.
209 MARWANE BEN YAHMED, « La révolution, ce n'est
pas la démocratie » in Jeune Afrique, n°2621, du 03 au
09 avril 2011, pp.58-63.
210 Dominique LAGARDE, « Touche pas à ma
révolution », édicté sur le lien Internet
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/tunisie-touche-pas-a-ma-revolution_967372.html,
mis en ligne le 1er mars 2011, consulté le 15 juin 2011.
211 Hichem SKIK, « Des voix s'élèvent contre
un conseil national de protection de la révolution »,
édicté sur le
http://www.espacemanager.com/politique/tunisie-les-voix-selevent-contre-un-conseil-national-pour-la-protection-de-la-revolution.html,
mis en ligne le 24 février 2011, consulté le 15 juin 2011.
provisoire dont seraient exclues les figures importantes du
régime Ben Ali. Les promesses faisaient écho que ce gouvernement
exclurait tous les partis pro-gouvernementaux et serait composé des
représentants du Mouvement Ettajdid, du Forum démocratique pour
le travail et les libertés (FDTL) et du PDP, rejoints par des
personnalités indépendantes et de la société
civile212. Les partis d'oppositions « illégaux »
n'ont pas été conviés à ces négociations :
ni le Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT), ni le parti islamiste
Ennahda de Rached GHANNOUCHI, ni le Congrès pour la République
(CPR) -- parti de gauche laïque de l'opposant Moncef MARZOUKI n'ont pas
été présents aux négociations.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 90
Trois commissions de gestion de la transition ont
été installées :
? La Commission sur la réforme des lois
présidée par YADH BEN ACHOUR ;
? La Commission d'enquête sur la corruption ;
? Et une Commission indépendante d'enquête sur le
rôle des forces de sécurité dans la répression
sanglante des manifestations.
Tandis que six anciens ministres du RCD comptaient dans cette
équipe, ce nouveau gouvernement n'avait pas convaincu et des nouvelles
manifestations éclatèrent.
B. Le deuxième gouvernement de transition
Le 27 janvier 2011, après trois jours de
négociations et de tractations difficiles, Mohamed GHANNOUCHI
céda en partie à la pression populaire et présenta un
nouveau gouvernement expurgé des caciques de l'ancien
régime213. Cette nouvelle équipe reçut l'aval
de la direction de l'UGTT et provoqua une explosion de joie chez les
manifestants de la place de la Kasbah campant depuis quatre nuits sous les
fenêtres de la primature. Néanmoins, si la foule marqua son
contentement, elle réclama aussitôt le départ de Mohamed
GHANNOUCHI, dernier chef du gouvernement du président déchu Ben
Ali.
212 « Tunisie : nouveau gouvernement »,
édicté sur le
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/01/16/97001-20110116FILWWW00195-tunisie-nouveau-gouvernement-lundi.php,
mis en ligne le 16 janvier 2011, consulté le 15 mai 2011.
213 « Tunisie : retour progressif au calme au lendemain de
l'annonce du nouveau gouvernement », édicté sur le
http://www.tempsreel.nouvelobs.com/actualite/monde/20110128.FAP4348/tunisie-retour-progressif-au-calme-au-lendemain-de-l-annonce-du-nouveau-gouvernement.htmlarticle,
mis en ligne le 28 janvier 2011, consulté le 11 juin 2011.
C. Le troisième gouvernement de transition
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 91
Mohamed GANNOUCHI ayant été contraint de
démissionner malgré s'être expliqué dans une
interview télévisée sur son rôle sous Ben Ali, qui
se bornait « à assurer la coordination entre les
ministères à caractère économique et social,
précisant qu'il n'avait aucun droit de regard sur les ministères
de souveraineté, qui recevaient leurs ordres directement du palais. Il a
dit ne pas avoir eu aucune autorité ou responsabilité sur les
marchés publics, douanes, ou secteur bancaire. "Mon rôle
consistait, s'était-il exprimé, à attirer les
investissements, à préserver les équilibres
généraux, à relancer le développement et à
améliorer nos relations avec l'étranger214 ».
Un troisième gouvernement fut constitué. Ce dernier sera
composé de 22 ministres, dont cinq sont des nouveaux. Aucun d'entre eux
n'a joué de rôle sous Ben Ali, c'est pourquoi des manifestations
avaient demandé la démission des gouvernements
précédents. Les membres du nouveau gouvernement ne seront pas
autorisés à se présenter aux prochaines
élections215.
D. Actions judiciaires et ruptures
Dès la mise en place de la transition, il sera
procéder un gel des avoirs, des biens détenus par le
président déchu. Plusieurs pays où ce dernier investissait
ou détenait des comptes en banque vont se prononcer en faveur de cette
mesure. C'est le cas, par exemple, de la France, de l'Union européenne
et de la Suisse qui avaient procéder au blocage des biens de Ben Ali et
de son entourage. Ces dispositions ont pour cadre plus général un
ensemble de mesures de soutien -- notamment économiques -- qui devraient
prendre place en faveur des nouvelles autorités tunisiennes.
Dans ce même ordre d'idées, plusieurs
enquêtes ont été ouvertes visant nommément Zine
El-Abidine Ben Ali, son épouse Leïla TRABELSI, leurs proches ainsi
que de toute personne dont l'enquête prouvera l'implication dans ces
crimes. Elles portèrent sur l'« acquisition illégale de
biens mobiliers et immobiliers », des « placements financiers
illicites
214 « Mohamed GHANNOUCHI : Je quitterai la politique
après la transition » in Interview
télévisée, édicté sur le lien
Internet
http://www.gnet.tn/temps-fort/ghannouchi-je-quitterai-la-politique-apres-la-transition/id-menu-325.html,
publié le 21 janvier 2011, consulté le 11 juin 2011.
215 « Nouveau gouvernement de transition en Tunisie »,
édicté sur le lien Internet
http://www.lemonde.fr/international/article/2011/03/07/nouveau-gouvernement-de-transition-en-tunisie_1489721_3210.html,
mis en ligne le 07 mars 2011, consulté le 11 juin 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 92
à l'étranger » et l'« exportation
illégale de devises »216. Au cours des enquêtes,
plusieurs personnes ont été arrêtées et la justice
tunisienne avait annoncé que l'ancien couple présidentiel serait
jugé par contumace du fait de la découverte d'armes et des
drogues dans le palais présidentiel de Carthage et de 27 millions de
dollars américains liquides découverts dans le palais
présidentiel de Sidi Bousaid par la commission
anti-corruption217.
§2. La transition en Égypte
Contrairement à la Tunisie, la transition
démocratique en Égypte a été assurée par
l'armée. A l'après-Moubarak, une démocratisation sous
contrôle étroit de l'armée s'ouvre en Égypte et en
même temps, l'armée annonce que l'état d'urgence sera
levé avant les élections législatives de mi-septembre,
qu'elle remettra le pouvoir législatif aux députés
dès leur élection, et qu'elle conservera le pouvoir
exécutif jusqu'aux élections présidentielles. Le 13
février 2011, deux jours après le départ de Moubarak,
l'armée avait proclamé la suspension de la Constitution et la
dissolution du Parlement en s'emparant ainsi des pouvoirs législatif et
exécutif218. Une commission de réforme de la
constitution, présidée par Tarek AL-BICHRI et composée de
huit juges, se réunit à partir du 16 février et devait
rendre des propositions de réforme, propositions devant être
soumises à référendum. Afin de crédibiliser et de
légitimer le processus de transition démocratique, des
généraux rencontrèrent un groupe des jeunes
intitulé « Coalition des jeunes de la Révolution »
et un groupe des blogueurs lesquels étaient
considérés comme représentatifs des jeunes
révoltés. Ces groupes étaient informels et
auto-constitués, donc sans pouvoir de délégation des
occupants de la place Tahrir. Ses membres appartenaient soit au Mouvement de la
jeunesse du 6 avril, soit aux Jeunes Frères Musulmans où sont des
proches de Mohamed EL-BARADEI et d'autres militants indépendants, dont
WAEL GHONIM219.
A. Le premier gouvernement de transition
Le 22 février, un premier remaniement
ministériel a lieu : treize ministères sont confiés
à des hommes nouveaux, dont celui du Pétrole. L'ouverture
concernait un ministre membre des Frères musulmans (pour la
première fois depuis 1954), un ministre du parti WAFD (pour la
216 « Tunisie : la fortune de Ben Ali sous étroite
surveillance » dans AFP/Le Monde, édicté sur le lien
Internet
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/01/19/tunisie-la-fortune-de-ben-ali-sous-etroite-surveillance_1467821_3212.html,
mis en ligne le 19/01/2011, consulté le 26 mai 2011.
217 Information sous-titrée sur France24, suivie le 05
juin 2011.
218 Cécile HENNION, « En Egypte, l'armée prend
en main la transition » in Le Monde, 15 février 2011, p.
4.
219 Sophie SHIHAB, « En Egypte, l'armée
contrôle étroitement la transition » in Le Monde, 2
mars 2011, p. 5.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 93
première fois depuis 1952), ainsi qu'un ministre du
parti marxiste TAGAMMOU. Parmi les autres nouveaux ministres, on comptait des
personnalités réputées pour leur intégrité,
comme le nouveau vice-Premier ministre, YAHIA ELGAMAL, opposant de longue date
et constitutionnaliste renommé, ou pour leur popularité
auprès des jeunes220.
B. Le deuxième gouvernement de transition
Le 19 mars, le référendum constitutionnel valide
les propositions d'amendement remises le 28 février par la commission
présidée par TAREK EL-BISHRI, le calendrier de l'armée
étant ainsi respecté (élections prévues
mi-septembre 2011). La participation de 41 %, quoique minoritaire, est quatre
fois plus élevée que lors des référendums
convoqués par la dictature de Moubarak221. Le Conseil
suprême des forces armées décida alors, plutôt que de
modifier la constitution en fonction des amendements approuvés par
référendum, de proclamer une « déclaration
constitutionnelle » les incluant au sein de 62 articles, non-soumis
à la ratification du peuple ; ce décret ou déclaration
constitutionnelle est fondateur d'une Seconde république
égyptienne222.
C. Vol des biens publics et poursuites judiciaires
après la chute du régime
A son arrivée au pouvoir, après l'assassinat
d'Anouar Al-Sadate, en octobre 1981, Hosni Moubarak hérite d'une
constitution qui lui accorde des larges prérogatives : nommer et
révoquer le premier ministre ainsi que les titulaires des portefeuilles
régaliens, avoir la haute main sur la banque centrale, le tout avec le
statut de chef suprême des armées. Il hérite
également d'un parti créé trois ans plus tôt par son
prédécesseur - le Parti National Démocratique (PND) - dont
il fit un redoutable appareil politique et économique. Mais, à la
domination politique sans partage, la famille Moubarak va ajouter
l'enrichissement personnel sans limites.
L'opération main basse sur l'économie
s'organisait autour des fils du président, ALAA et GAMAL. Le premier,
plus discret que son cadet, est plongé dans les affaires. Le second
220 RFI « Plusieurs nouveaux ministres prêtent
serment », édicté sur le
http://www.rfi.fr/moyen-orient/20110222-egypte-plusieurs-nouveaux-ministres-pretent-serment,
mis en ligne le 23 février 2011, consulté le 21 avril 2011.
221 Alexandre BUCCIANTI, « Référendum en
Égypte : taux de participation sans précédent »,
RFI, édicté sur le
http://www.rfi.fr/afrique/20110319-referendum-egypte-taux-participation-precedent,
mis en ligne le 19 mars 2011, consulté le 21 avril 2011.
222 Pierre PUCHOT, « L'armée et la révolution
», édicté sur le lien Internet
http://www.labreche.ch/Ecran/EgyptePuchot04_11.html,
mis en ligne le 31 mars 2011, consulté le 7 mai 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 94
dirigeait un fonds d'investissement, Med Invest, et
fourbit ses armes en créant une ONG, Future generation
foundation. ALAA prenait des participations (financées par des
prêts bancaires rarement remboursés) dans toutes les affaires
juteuses. GAMAL, quant à lui, acquiert des terrains militaires pour les
revendre en zone industrielle après une viabilisation financée
par le trésor public. Selon une enquête du quotidien britannique
The Guardian, le clan Moubarak serait à la tête d'une
fortune estimée entre 40 et 70 milliards de dollars223.
L'ex-première dame disposerait d'un milliard de dollars, alors que ALAA
aurait amassé 8 milliards et GAMAL, de loin le plus riche, 17 milliards.
Ce total de 41 milliards équivaut à la moitié de la dette
extérieure du pays, estimée à 80 milliards de
dollars224. Et pour se rassurer de leur bonne garde, les Moubarak
ont placé leur argent dans les paradis fiscaux : à Paris,
à Londres et à Barcelone.
Après la chute du régime par la démission
du président Moubarak, quelques cadres de son régime sont
menacés par des procès, sont interdits de départ du
territoire et leurs avoirs financiers sont gelés 112. Le
procès de Moubarak et une lutte contre la corruption plus
énergique seront très réclamés par les
manifestants. C'est alors qu'une enquête sur la responsabilité de
l'ancien président et de ses deux fils Gamal Moubarak et Alaa Moubarak
avait été ouverte par le procureur, une autre enquête pour
corruption concernait l'ancien président.
§3. La création du Conseil National de
Transition (CNT) en Libye
Qu'est-ce que le CNT ? Le Conseil National de Transition libyen
est l'instance politique de l'insurrection contre le colonel Kadhafi. Il a
été créé en février 2011 à Benghazi,
par les représentants de l'insurrection qui s'opposaient aux forces du
"guide suprême" libyen.
A. Origines
Après que des mouvements populaires eurent
renversé les dirigeants de la Tunisie et de l'Égypte, la Libye a,
à son tour, à partir de février 2011, connu des
révoltes. Les troubles atteignirent Tripoli et la majeure partie de la
Libye a été arrachée du contrôle de Mouammar
Kadhafi, le dirigeant du pays depuis 1969, se trouvant dès lors sous le
contrôle des forces d'opposition, comme notamment, dans l'Est du pays, la
seconde ville du pays et le port important de Benghazi. Ces forces d'opposition
commencèrent à s'organiser en un gouvernement actif.
223 Cherif OUAZANI, « Moubarak connection » in Jeune
Afrique, n°2614, du 13 au 19 février 2011, p.39.
224 Ibidem.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 95
Le 27 février 2011, un Conseil National de Transition
est formé à Benghazi, fusionnant deux instances provisoires, le
Conseil National Libyen et le gouvernement provisoire de l'ancien ministre de
la justice MOUSTAFA MOHAMED ABOUD AL-DJELEIL225. La Libye fut donc
partagée entre deux pouvoirs concurrents. Par ailleurs, le Conseil
National de Transition s'était proclamé « seul
représentant » du pays. Le 12 mars, la France fut le premier pays
à reconnaître officiellement le Conseil National de Transition
comme le seul « représentant légitime du peuple
libyen226 ».
B. La création du CNT
Le 24 février 2011, les principaux leaders de
l'opposition, les anciens officiers militaires, les chefs tribaux, les
universitaires et les hommes d'affaires avaient tenu une réunion dans la
ville de El Beïda227. Elle était présidée
par l'ancien ministre de la Justice Mustafa MOHAMED ABUD AL-DJELEIL, qui avait
fait défection du gouvernement quelques jours auparavant et ABDELHAFEZ
GHOQA en était le vice-président et porte-parole. Le drapeau
hissé lors de la réunion et au sommet des bâtiments
à Benghazi était celui datant de la période
pré-Kadhafi : drapeau rouge, noir et vert, oriflamme de la Libye du
temps du roi Idriss Ier228.
Le 25 février 2011, des discussions ont eu lieu entre
des « personnalités de l'Est et de l'Ouest de la Libye » pour
former un gouvernement d'intérim pour l'après Kadhafi. Le 26
février, l'ancien ministre de la Justice Mustafa MOHAMED ABUD AL-DJELEIL
mena le processus visant à former un organe d'intérim,
basé à Benghazi. Dans sa déclaration, il dit que «
Kadhafi portait seul la responsabilité des crimes qui avaient
été commis en Libye, il insista aussi sur l'unité de la
Libye et sur le fait que Tripoli est la capitale ». Les efforts pour
former un gouvernement d'opposition sont notamment soutenus par l'ambassadeur
libyen aux États-
225 « Un gouvernement provisoire en Libye? »,
édicté sur le lien Internet
http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Un-gouvernement-libyen-provisoire-se-serait-installe-a-Benghazi-274675/,
consulté le 11 juin 2011.
226 « La France reconnaît le Conseil national de
transition comme seul "représentant légitime" de la Libye »
in Le Point, édicté sur le
http://www.lepoint.fr/societe/la-france-reconnait-le-conseil-national-de-transition-comme-seul-representant-legitime-de-la-libye--10-03-2011-1304756_23.php,
mis en ligne le 10 mars 2011, consulté le 13 juin 2011.
227 «Libya's Opposition Leadership Comes into
Focus», édicté sur le
http://www.bisinessinsider.com/libyas-opposition-leadership-national-libyan-council-2011-3?page=1,
mis en ligne le 8 Mars 2011, consulté le 9 13 juin 2011.
228 Edicté sur le
http://www.businessweek.com/news/2011-02-25/libya-s-eastern-rebels-long-time-qaddafi-foes-driving-revolt.html,
mis en ligne le 25 février 2011, consulté 13 juin 2011. Lire
aussi FRANÇOIS SOUDAN, « Kaddafi : l'Afrique entre peur et
soulagement », Op. Cit., p.29.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 96
Unis, ALI SULEIMAN AUJALI229. Le vice-ambassadeur
libyen aux Nations-Unies, IBRAHIM OMAR AL DABASHI, déclara qu'il
soutient également le nouveau gouvernement.
C. Objectif de la création du CNT
Le CNT a été créée pour
préparer la Libye aux changements à travers l'organisation des
élections libres et démocratiques230.
D. Les organes du CNT libyen
1. Le conseil
Le Conseil National de Transition était un organe de
31 membres qui déclarait être « le seul organe
légitime représentant le peuple libyen et l'État libyen
». Chaque ville sous contrôle de l'opposition s'est vu accorder cinq
sièges au Conseil et que des contacts seraient établis avec
chaque nouvelle ville qui tomberait sous leur contrôle pour leur
permettre de rejoindre le Conseil231. Les noms de certains de ses
membres sont gardés secrets pour des raisons de sécurité.
Il s'agit notamment des représentants des villes d'Ajdabiyah, Al Kufrah,
Ghat, Nalut, Misratah, Az Zintan et Az Zawiya.
2. Le comité de crise
Un « comité de crise » a été
aussi élu sein du Conseil National de Transition afin
d'accélérer les prises de décisions. Il était
composé des trois personnalités suivantes :
? MAHMOUD DJEBRIL, qui avait participé avant la
révolte avec un groupe d'intellectuels au projet « Vision libyenne
» dans le but d'établir un État démocratique. Il est
nommé chef de ce comité de crise ;
? OMAR HARIRI, officier qui avait participé au coup
d'État de Mouammar Kadhafi en 1969 avant d'être emprisonné.
Il est nommé chef des affaires militaires ;
229
http://af.reuters.com/article/energyOilNews/idAFN2613766620110226,
consulté le 13 juin 2011.
230 NARDJES FLICI, « Création d'un conseil
national de la transition en Libye : El Gueddafi résiste, mais
jusqu'à quand? », édicté sur le
http://www.lexpressiondz.com/article/5/2011-02-28/86601.html,
mis en ligne le 28 février 2011, consulté le 15 juin 2011.
231 « Introducing the Council | The Libyan Republic - The
Interim Transitional National Council », édicté sur le
http://ntclibya.org/english/about/,
consulté le 13 juin 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 97
? ALI ESSAOUI, ancien ambassadeur de la Libye en Inde qui
avait démissionné en février 2011. Il est chargé
des Affaires étrangères.
E. La reconnaissance internationale du CNT
A l'issue de la formation du CNT, plusieurs pays l'ont
reconnue et continuaient à le considérer comme le seul
représentant légitime du peuple libyen et des
intérêts libyens. C'est le cas du Qatar, deuxième pays
après la France, qui l'avait annoncé par son ministre des
affaires étrangères le 28 mars 2011, des Maldives le 3 avril
2011, de l'Iran, de la Gambie le 22 avril 2011. Cette dernière avait
même expulsé les diplomates nommés par
Tripoli232. Le 29 mars, la France et le Qatar sont les deux premiers
États à mandater un "envoyé spécial" à
Benghazi, bastion de l'insurrection libyenne, auprès du Conseil national
de transition (CNT).
Plusieurs autres pays ont reconnu le CNT : l'Union
Européenne (UE). Les USA avaient déclaré qu'ils allaient
se doter d'un représentant auprès des rebelles. Certaines
organisations internationales comme la Ligue arabe et le Conseil de
Coopération du Golfe (CCG) avaient également manifesté
leur reconnaissance au Conseil National de transition comme l'unique
représentant légitime du peuple libyen alors que d'autres
reconnaissances internationales continuaient de se multiplier.
Commentaire et critiques
Le Conseil National de Transition libyen (CNT) fut-il vraiment
une institution viable capable de peser sur la scène politique ?
Jean-Pierre MAULNY - spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut des
Relations Internationales et stratégiques (IRIS) et Dominique MOISI -
spécialiste du Moyen-Orient à l'Institut Français des
Relations Internationales (IFRI) - s'accordent que le CNT était le seul
interlocuteur de la communauté internationale, c'était la
232 « Libye : le Qatar reconnaît le conseil
national de transition », édicté sur le
http://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/libye-le-Qatar-reconnait-le-conseil-national-de-
transition_976916.html, mis en ligne le 28 mars 2011. A
lire aussi « Les Maldives reconnaissent le Conseil libyen en tant que seul
représentant du peuple libyen », édicté sur le site
du ministère des Affaires étrangères http:/
foreign.gov.mv/new/tpl/news/article/65/,
mis en ligne le 3 avril 2011 et « Gambia recognises Libya rebel council
», édicté sur le
http://www.zawya.com/story.cfm/sidANA20110422T110447ZILZ01,
mis en ligne le 22 avril 2011, consultés le 13 juin 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 98
seule organisation visible qui résistait, il
était fort parce qu'il était unique ; son atout principal,
c'était son existence. Il était une organisation qui rendait
caduque la légitimité de Kadhafi233.
Mais, il nous semble que cette organisation est d'une part
caractérisée par la fragilité car, d'un point de vue
politique, les insurgés n'avaient aucun leader charismatique alors
qu'une organisation de résistance fonctionne grâce à deux
leviers : une figure charismatique ou une organisation infaillible. Leurs
membres manquaient d'envergure et l'absence d'une figure rassembleuse est un
défaut majeur pour un organe de résistance. D'un point de vue
économique, la trésorerie semblait également faire
défaut aux insurgés libyens. Pour remplir leurs caisses, les
rebelles ont donc décidé de s'adresser à leurs
alliés occidentaux pour payer les soldes des insurgés, la
nourriture, les médicaments et d'autres fournitures de base. Sur le plan
diplomatique, il y eut cafouillage diplomatique. Le Conseil de transition
s'emmêlait un peu les pinceaux. Le CNT avait pourtant annoncé
avoir été reconnu par le Danemark, l'Espagne et les Pays-Bas.
Seul hic, tous trois avaient démenti. « Un faux pas qui en dit long
sur la communication des rebelles », ironisa Dominique
MOISI234. Le Danemark « avait reconnu le CNT comme un
partenaire de dialogue », pas plus, avait-il affirmé. L'Espagne et
les Pays-Bas comme un interlocuteur valide. Seuls la France, le Qatar, l'Italie
et la Gambie avaient officiellement reconnu ce conseil de résistance
comme représentant légitime du peuple. « C'est peu »,
reconnaît Jean-Pierre MAULNY, « trop peu pour peser sur
l'échiquier politique mondial »235.
De toute évidence, le CNT n'avait pas vocation à
disparaître, c'est la chute de Kadhafi qui en était le test
ultime. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'on saura si le mouvement
mourra ou si un leader politique émergera, car le CNT tirait sa force de
la haine cristallisée autour de Kadhafi.
233 OSHARE, « Libye : Le Conseil de transition libyen, une
autorité qui peine à convaincre », édicté sur
le
http://www.in2internet.com/news/libye-le-conseil-de-transition-libyen-une-autorite-qui-peine-a-convaincre,
consulté le 13 juin 2011.
234 Ibidem.
235 Idem.
Idées politiques et révolutions au Maghreb
arabe. 99
Conclusion partielle
Les révolutions arabes jouent un rôle majeur dans
les affaires du monde incontrôlables. Elles sont comme des tsunamis
naturels et violents qui balaient notre planète et nous montrent
l'incapacité de tous les dirigeants à régler ces crises
historiques majeures qui nous concernent tous. Cette incapacité au
consensus dans la Ligue Arabe et l'UMA (Union du Maghreb Arabe), l'ONU et
l'intervention de l'OTAN en Libye en brandissant au-devant plan le principe de
l'ingérence humanitaire pour protéger les civils face au
génocide libyen sont pour nous incompréhensibles.
Néanmoins, les révolutions arabes sont une
référence pour les autres dictatures qui continuent à se
maintenir.
Espérons que ces révolutions qui
s'étendent au-delà des frontières se
fédéreront sous les mêmes combats. La liberté, la
justice sociale, le respect des droits humains et des valeurs universelles, le
respect de la nature et de la biodiversité à l'échelle de
la planète toute entière. Les États doivent s'impliquer
pour empêcher l'ingérence occidentale qui n'a d'autres
intérêts que d'exploiter. À moins qu'ils donnent des gages
de leur bonne foi de ne pas exploiter la région et de
l'autodétermination des peuples. Les révolutions arabes
appartiennent aux peuples arabes et celles-ci ne leur doivent pas être
confisquées.
Idées politiques et révolutions au Maghreb
arabe. 100
Conclusion générale
Au moment où il nous revient de clore ce travail qui a
porté sur « les idées politiques et les
révolutions en relations internationales », en nous inscrivant
dans une approche maghrébine, il est nécessaire de signaler
à notre lecteur que sa rédaction est partie du seul constat,
celui de la généralisation des protestations dans le Maghreb en
général et plus particulièrement dans le monde arabe en ce
début d'année 2011.
Ce travail renvoie en effet à la découverte d'un
objet et d'un environnement pour lesquels nous n'avions a priori que peu
d'empathie et qui, tout au long de notre recherche, se sont
révélés délicats à appréhender. La
préoccupation majeure dans cette dissertation a été de
dégager les défis auxquels se trouvent confrontées les
relations internationales par le fait de la multiplicité et de la
montée en puissance, en ce début du 21ème
siècle, des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube,
Internet, mafias, etc.) qui sont venus altérer l'image de la vie
internationale en véhiculant des idées (la criminalité
cybernétique ou les cyber-attaques), dans la mesure où ces
dernières sont à la base des vagues révolutionnaires dans
le monde et surtout dans celui arabe.
Cette problématique a suscité des questions de
recherche suivantes : en quoi les idées politiques peuvent-elles
être influentes dans les relations internationales en
général et source des révolutions au Maghreb, en
particulier ?
Les hypothèses formulées sont parties de
l'analyse selon laquelle les idées affecteraient les choix politiques en
réduisant l'incertitude inhérente aux relations internationales
et aux choix stratégiques et en fournissant des repères qui
conduisent à des nouvelles initiatives politiques. Les idées
fourniraient également les cadres d'interprétation qui clarifient
les buts des acteurs et la relation entre les moyens et les fins, elles
conduiraient à des changements plus profonds des
préférences et des identités.
De ce fait, les idées seraient une source des
révolutions au Maghreb arabe parce qu'une brèche entre la
répartition du pouvoir politique et la répartition du pouvoir
social devenait de plus en plus insupportable alors qu'une
référence était toujours faite par les maghrébins
à l'étranger pour tirer le contour lié à leur
misère. Ceci est en parfaite liaison avec ce qu'on a toujours dit que
« la dissolution des vieilles idées va de pair avec la
décomposition des anciennes conditions de vie ».
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 101
Pour répondre à ces questions de recherche, nous
avons fait recours à la méthode systémique de Morton
Kaplan appuyée par une approche historique. Le monde arabe (autrement
représenté par la Ligue arabe) a été
présenté comme un système, et trois de ses États
membres (Tunisie, Égypte et Libye) passant pour des unités
d'analyse. Nous avons de même usé de certains outils de recherche
- la documentation, l'oralité (informations diffusées à la
radio et à la télé), l'observation participante,
l'entretien et l'analyse du contenu - pour collecter les informations.
Tenant compte de la situation qui s'était
enflammée de la petite Tunisie jusqu'au pays de la Jamahiriya en passant
par l'Égypte, mariant ladite situation aux effets que peut procurer le
mouvement des idées dans un quelconque environnement en transcendant les
frontières nationales des États, il y a lieu de dire que nos
hypothèses de travail sont vérifiées, et de cet effet,
donc confirmées. Bien plus, les idées jouent un rôle
important dans la vie des États et permettent de façonner le
monde à leur manière pendant un moment donné de
l'histoire. Elles influencent dès lors les comportements des
États qui sont censés, à leur gré, s'y conformer ou
y tourner le dos. Et s'il s'avère que les idées politiques
auxquelles un régime ou un gouvernement se réfère ne
répondent pas à l'amélioration des bonnes conditions
socio-économiques de vie des populations, ces dernières peuvent
recourir à des révolutions pour manifester leurs
mécontentements. Les révolutions constituent alors l'unique voie
possible pour résoudre l'antagonisme entre riches et pauvres, peuples et
dictateurs à l'intérieur des sociétés.
Les révolutions au Maghreb et dans le monde arabe dans
ce début de 2011 doivent, à cet effet, être
considérées comme une référence et une source
d'inspiration pour toute l'humanité, surtout aux dictatures qui
continuent à se maintenir et mener leurs pays par une main de fer. Les
dirigeants dans ces pays doivent comprendre que le couple peuple -
révolution forme le cadre de la vie politique depuis le
XVIIIe siècle (avec les révolutions américaine,
française, hollandaise, etc.), et que c'est le peuple qui fait la
révolution et celle-ci se fait toujours au nom du peuple.
Ce travail a également connu une subdivision binaire
quant à ce qui concerne le nombre de parties et une subdivision
quadruple en prenant référence le nombre de chapitres. De ces
quatre chapitres, deux se retrouvent réunis autour de chaque partie.
Le premier chapitre a porté sur l'histoire des
idées politiques en relations internationales. C'était l'occasion
de cerner celles-ci suivant les différentes périodes de
l'histoire, mais aussi
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 102
telles que les auteurs les présentent. Le
deuxième chapitre, qui a porté sur les notions des
révolutions, a démontré l'importance des idées dans
l'explosion des révolutions. Avec les deux derniers chapitres, nous
avons entamé la partie pratique et le troisième chapitre a
touché la toile de fond liée à cette rédaction en
analysant directement les révolutions en Tunisie, en Égypte et en
Libye. Enfin, le quatrième s'est avéré comme un
prolongement du troisième, et a concerné la phase transitoire
dans laquelle s'étaient retrouvé les trois pays
précités, comme une phase leur ouvrant le chemin à la
démocratisation.
Ainsi donc, en rapport avec ce qui précède, il y
a lieu de conclure avec optimisme que cette étude, nonobstant les
quelques vicissitudes signalées, nous a été utile pour
parfaire et compléter notre formation universitaire de deuxième
cycle en relations internationales et nos connaissances théoriques et
pratiques sur le Maghreb arabe (Tunisie, Égypte et Libye).
Précisons toutefois que conclure ne veut pas dire qu'on a
épuisé tous les aspects riches que revêt un sujet de
recherche.
De ce fait, nous n'avons aucunement pas la prétention
d'avoir brillamment réussi, mais quand même nous sommes
réconforté par ce courage d'avoir essayé et jeté
une goutte d'eau dans cette mer qu'est la science. C'est compte tenu de notre
empreinte contenue dans ces traces que d'autres chercheurs pourront nous
compléter sans que nous ne soyons à l'abri de leurs critiques.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 103
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à l'agonie » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29
janvier 2011.
129. BARROUHI, A., « Cinq questions pour comprendre la
révolution tunisienne » in Jeune Afrique, n°2609, du 09
au 15 janvier 2011.
130. BARROUHI, A., « La vérité sur la
fuite de Ben Ali » in Jeune Afrique, n°2615, du 20 au 26
février 2011.
131. BARROUHI, A., « Sidi Bouzid, ville en colère
» in Jeune Afrique, n°2607, du décembre 2010 au 08
janvier 2011.
132. BEN BRIK, T., « Sidi Bouzid, mon amour » dans
Le Nouvel Observateur, 2 janvier 2011.
133. BEN YAHMED, B., « les secrets d'une
révolution » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29
janvier 2011.
134. BEN YAHMED, M., « Ben Ali, fuite et fin » in
Jeune Afrique, n°2610, du 16 au 22 janvier 2011.
135. BEN YAHMED, M., « Enjeux et périls de
l'après-Ben Ali » in Jeune Afrique, n°2611, du 23 au 29
janvier 2011.
136. BEN YAHMED, M., « La révolution, ce n'est
pas la démocratie » in Jeune Afrique, n°2621, du 03 au
09 avril 2011.
137. BEN YAHMED, M., « Les leçons de Sidi Bouzid
» in Jeune Afrique, n°2609, du 09 au 15 janvier 2011.
138. BOISBOUVIER, C. et HATTAB, F., « Les derniers feux
de Kaddafi » in Jeune Afrique, n°2618, du 13 au 19 mars
2011.
139. BOURCIER, N., « Libye : l'homme qui a fait le
printemps » in Le Monde, 22 mars 2011.
140. Carte « Du Maroc au Yémen : données
démographiques, économiques et politiques » in Courrier
international, n°1058, du 10 au 16 février 2011.
141. DAHMANI, F., « Sidi Bouazizi » in Jeune
Afrique, n°2615, du 20 au 26 février 2011.
142.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 115
DESLOIRE, C., « Révolution(s) arabe (s) et
l'Algérie ? » in Jeune Afrique, n°2618, du 13 au 19
mars 2011.
143. DORTIER, J.-F., « La nouvelle carte des
idées » in Sciences humaines, n°222, janvier 2011.
144. FERRIE, J.-N., « Un nouveau monde arabe : une
révolution sans opposition » in Alternatives
internationales, n°50, Trimestriel/Mars 2011.
145. HASSNER, P., « Le rôle des idées dans
les relations internationales » in Politique étrangère
3-4/2000.
146. HENNION, C., « En Egypte, l'armée prend en
main la transition » in Le Monde, 15 février 2011.
147. KAUFMANN, S., « Les jeunes élites
mondialisées, fer de lance des révolutions émergentes
» in Le Monde, 3 février 2011.
148. KOLB, R., « L'idée de gouvernance et sa
première incarnation : la société des Nations » in
Questions internationales, n°43, mai - juin 2010.
149. LAGARDE, D., « Tunisie : les troubles
révèlent le malaise de la jeunesse » dans L'Express,
5 janvier 2011.
150. LAVERGNE, M., « Égypte, le
développement au défi du néo-libéralisme
économique » in Confluences Méditerranée,
n°75, Automne 2010.
151. MENS, Y., « Un nouveau monde arabe : l'Arabie
saoudite choquée » in Alternatives internationales,
n°50, trimestriel/mars 2011.
152. OUAZANI, C., « Égypte : le printemps des
Frères » in Jeune Afrique, n°2614, du 13 au 19
février 2011.
153. OUAZANI, C., « Moubarak connection » in
Jeune Afrique, n°2614, du 13 au 19 février 2011.
154. REVERCHON, A. et de TRICORNOT, A., « Monde arabe :
l'agonie d'un système/Quand des pays émergents font leur
révolution » in Économie du Monde, n° 20542, du
08 février 2011.
155. RIFKIN, J., « Les révolutions
technico-économiques » in Enerpress, n° 9597, 18 juin
2008.
156. SHIHAB, S., « En Egypte, la révolution fait
tomber la puissante sécurité d'Etat » in Le Monde, 9
mars 2011.
157. SHIHAB, S., « En Egypte, l'armée
contrôle étroitement la transition » in Le Monde, 2
mars 2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 116
158. SOUDAN, F., « Kaddafi : l'Afrique entre peur et
soulagement » in Jeune Afrique, n°2617, du 6 au 12 mars
2011.
159. SOUDAN, F., « Objectif Kaddafi » in Jeune
Afrique, n°2620, du 27 mars au 02 avril 2011.
160. VERHAEGEN, B., « Méthode et problèmes
de l'histoire immédiate » in Cahiers économiques et
sociaux, n° 3, septembre 1970.
D. Thèse doctorale
161. BONNEFOY, L., Les relations religieuses
transnationales contemporaines entre le Yémen et l'Arabie saoudite : un
salafisme « importé » ? Inédit, Thèse,
Institut d'Etudes Politiques de Paris, CERI.
E. Notes de cours
162. ASAKILA, M., Notes manuscrites du Cours d'initiation
à la recherche scientifique, Inédit, G1 RI, FSSPA, UOB,
2006-2007.
163. BAGALWA MAPATANO, J.-M., Notes manuscrites du cours
de théories et doctrines politiques et sociales, Inédit, G3
RI, FSSPA, UOB, 2008-2009.
164. MUNENGE MUDAGE, F., Notes manuscrites du Cours de
séminaire de méthodologie des Relations internationales,
Inédit, L1 RI, FSSPA, UOB, 2009 - 2010.
165. NDAY WA MANDE, M., Notes manuscrites du cours de
méthodes de recherche en sciences sociales, Inédit, G2 RI,
FSSPA, UOB, 2007 - 2008.
166. NGOIE TSHIBAMBE, G., Syllabus du cours d'Histoire
diplomatique, Inédit, G2 RI, FSSPA, UOB, 2007 - 2008.
167. NSABUA TSHIABUKOLE, J., Syllabus du Cours des
nouveaux États en relations internationales, Inédit, L2 RI,
FSSPA, UOB, 2010-2011.
E. Sources audio et audio-visuelles
168. Information suivie sur Radio France Internationale (RFI),
le 11 janvier 2011 à propos de l'intensification du mouvement
révolutionnaire en Tunisie malgré les annonces de réforme
formulées par le président déchu Zine El Abidine Ben
Ali.
169.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 117
Information suivie à Radio France Internationale (RFI)
concernant l'accord ayant été signé entre la Tunisie et
l'Italie pour régulariser les migrations entre Lampedusa et les
côtes tunisiennes.
170. Information suivi à Radio France Internationale
(RFI) le 06 mai 2011 à propos du sommet de Deauville en France où
l'on envisageait une aide à la Tunisie et à l'Égypte.
171. Information suivie sur France24 le 30 mai 2011 par rapport
à la position adoptée par l'OTAN sur l'éventuel
départ de Mouammar.El-Kadhafi.
172. Information sous-titrée sur France24, suivie le 05
juin 2011 à propos de la découverte des drogues dans le palais
présidentiel de Carthage et de 27 millions de dollars dans le palais
présidentiel de Sid Bousaid en Tunisie.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 118
Table des matières
Épigraphe I
In memoriam II
Dédicace III
Remerciements V
0. Introduction 10
0.1. État de la question 10
0.2. Problématique et hypothèses
13
a) Problématique 13
b) Hypothèses de travail 14
0.3. Objet, Choix et intérêt du sujet
15
a) Objet d'étude 15
b) Le choix du sujet 15
c) L'intérêt du sujet 15
0.4. Délimitation du sujet 16
a) Dans le temps 16
b) Dans l'espace 16
0.5. Approche méthodologique 16
a) La méthode 17
b) Les techniques 18
0.6. Difficultés rencontrées 19
0.7. Plan sommaire du travail 20
Première partie. Considérations
théoriques générales 21
Chapitre premier. L'histoire des idées politiques
dans les relations internationales 22
Section I. Les idées politiques antiques ou
hellénistiques 22
§1. Les idées critiques d'ARISTOPHANE
23
§2. Les idées critiques d'ISOCRATE
23
§3. Les critiques de XENOPHON sur la
démocratie athénienne 23
§5. Les idées critiques de PLATON
24
§6. Les idées d'ARISTOTE 25
Section II. Les idées politiques du
moyen-âge (du Vème au XVème
siècle) 25
§1. Le haut moyen-âge (Ve au
Xe siècle) 25
§2. Le moyen-âge du XIe au
XVe siècle 26
Section III. Les idées politiques de
l'époque moderne 27
§1. Les idées politiques de la renaissance
(XVIème siècle) 27
§2. Les idées politiques du
XVIIème siècle 28
§3. Les idées politiques au
XVIIIème siècle 29
Section IV. Les idées politiques de
l'époque contemporaine 30
§1. Les idées politiques du
XIXème siècle 30
§2. Les idées politiques du
XXème siècle 32
§3. Les idées politiques du
XXIème siècle 34
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 119
Chapitre deuxième. Notions des révolutions
en relations internationales 37
Section I. Cadre définitionnel et
interprétatif du concept « révolution » 37
§1. La définition étymologique
37
§2. Selon les théories de la politique
internationale 37
§3. Suivant l'entendement réaliste
38
§4. Selon le dictionnaire des sciences politiques
et sociales 38
§5. Selon la théorie marxiste 39
§6. Selon l'approche de Fidel Castro 39
§7. Suivant l'approche nkrumahiste 40
§8. L'appréhension de Rudolf REZSOHAZY
40
Section II. Classification de révolutions 41
§1. Les révolutions politiques et sociales 42
A. Les révolutions politiques 42
B. Les révolutions sociales 43
C. Notions connexes des révolutions politiques et
sociales 44
1. La révolution permanente 44
2. La révolution de palais 45
3. La révolution française 45
4. La révolution d'octobre 45
5. La révolution nationale 46
6. La contre-révolution 46
7. La révolution ininterrompue 46
8. La révolution importée 46
9. L'insurrection ou rébellion 46
10. La révolte 47
11. La réforme 47
12. Le printemps arabe 48
§2. Les révolutions
technico-économiques 48
§3. Les révolutions culturelles et morales
48
§4. Les révolutions techniques 50
A. La révolution industrielle 50
B. La révolution scientifique et technique
50
Section III. Les causes et conséquences des
révolutions politiques et sociales 51
§1. Les causes des révolutions politiques et
sociales 51
§2. Les conséquences des
révolutions politiques et sociales 52 Section IV.
Quelques exemples des révolutions politiques et sociales ayant eu lieu
par
les idées en relations internationales
53
Conclusion partielle 54
Deuxième partie. Le cadre pratique 56
Chapitre troisième. Les révolutions au
Maghreb arabe 58
Section I. La révolution tunisienne 58
§1. Les causes et origines de la révolution
tunisienne 59
A. Les causes 59
1. Inégalités sociales et
régionales 59
2. La corruption et le népotisme 60
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 120
B. Origines ou début de la révolution
60
§2. L'intensification du mouvement
révolutionnaire 61
§3. Le rôle des médias et
réseaux sociaux dans l'intensification de la révolution
61
§4. Renversement du régime et fuite de Ben Ali 62
§5. La révolution tunisienne vue par
l'étranger 63
§6. Les conséquences de la révolution
tunisienne 64
Commentaire 65
Section II. La révolution Égyptienne
66
§1. Causes et origines de la révolution
égyptienne 66
A. Les causes 66
1. Le blocage politique et institutionnel 66
2. Inégalités et pauvreté
66
3. Le succès de la révolution
égyptienne 68
B. Le début ou origines de la révolution
égyptienne 68
§2. La censure des médias, des réseaux
sociaux et leur rôle dans l'intensification de
la protestation 68
§3. Le déroulement de la révolution et
le renversement du régime de Moubarak 69
§4. Les réactions internationales face
à la répression des manifestations 69
§5. Les conséquences de la révolution
égyptienne 70
Commentaire 72
Section III. La révolution en Libye 72
§1. Les causes et contexte du départ de la
révolution libyenne 74
A. Les causes lointaines 74
1.Le système politique « tribalisé
» 75
2. La pauvreté, la corruption et le chômage
76
B. Le contexte de départ de la révolution
76
§2. Prévention et explosion de la
révolution 77
§3. La résolution 1973 et l'intervention
étrangère 77
A. Le vote de la résolution 1973 77
B. La réaction de Kadhafi face à la
résolution 1973 78
C. L'intervention de la coalition internationale
79
§4. Conséquences suivies de la
révolution en Libye 79
Chapitre quatrième. Démocratie et
instauration du nouvel ordre politique au Maghre 85
Section I. Attitudes des armées 85
§1. Le rôle de l'armée tunisienne 85
§2. Le rôle de l'armée
égyptienne 86
§3. Attitudes de l'armée libyenne
86
Section II. Attitudes des chefs d'États
87
§1. En Tunisie 87
§2. En Égypte 87
§3. En Libye 88
Section III. Organisation de la transition 88
§1. La transition en Tunisie 88
A. Le premier gouvernement de transition 89
B. Le deuxième gouvernement de transition
90
C. Le troisième gouvernement de transition
91
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 121
D. Actions judiciaires et ruptures 91
§2. La transition en Égypte 92
A. Le premier gouvernement de transition 92
B. Le deuxième gouvernement de transition
93
C. Vol des biens publics et poursuites judiciaires
après la chute du régime 93
§3. La création du Conseil National de Transition
(CNT) en Libye 94
A. Origines 94
B. La création du CNT 95
C. Objectif de la création du CNT 96
D. Les organes du CNT libyen 96
1. Le conseil 96
2. Le comité de crise 96
E. La reconnaissance internationale du CNT 97
Commentaire et critiques 97
Conclusion partielle 99
Conclusion générale 100
Indications bibliographiques 103
Table des matières 118
Annexes
Annexe I. Chronologie des explosions du printemps
arabe
Annexe II. Les gouvernements de transition tunisiens issus de la
révolution de 2011 Annexe III. Les membres connus du Conseil National de
Transition (CNT) en Libye Annexe IV. Le texte intégral de la
Résolution 1973 des Nations Unies sur la Libye Annexe V. La coalition
internationale en Libye (Forces engagées).
Idées politiques et révolutions au Maghreb
arabe. 122
ANNEXES
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 123
ANNEXE I. CHRONOLOGIE DES EXPLOSIONS DU PRINTEMPS
ARABE
TUNISIE
> 17 décembre 2010 : Mohammed
Bouazizi, un jeune vendeur ambulant, s'immole à Sidi Bouzid pour
protester contre la saisie de sa marchandise par la police. Début d'une
vague de contestation.
> 11 janvier 2011 : Les affrontements
gagnent Tunis.
> 14 janvier : Fuite du président Ben
Ali, au pouvoir depuis 1987, vers l'Arabie Saoudite. > 17 janvier :
Nouveau gouvernement d'union nationale, dans lequel l'équipe
sortante conserve des postes clés.
> 24 janvier: L'armée se porte
« garante de la révolution ». Les manifestants exigent la
démission du gouvernement.
> 26 janvier : Mandat d'arrêt
international contre Ben Ali et son épouse.
> 7 mars : Nouveau gouvernement provisoire
sans aucun ancien ministre de Ben Ali.
ÉGYPTE
> 25 janvier 2011 : Première
manifestation sur la Place Tahrir au Caire. Début de plusieurs semaines
de mobilisations des Égyptiens en vue de la chute du régime.
> 11 février : Le président
Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, quitte le pouvoir. > 19 mars
: Référendum sur la constitution égyptienne, avec
77% des voix en faveur des
amendements proposés (limitation du nombre et de la
durée du mandat présidentiel,
assouplissement des conditions de candidatures
électorales).
> 3 août : Ouverture du
procès de Hosni Moubarak, rapidement ajourné et reporté au
15 août. L'ancien président égyptien est accusé du
meurtre de plus de 800 manifestants et de détournement de fonds
publics.
> 15 août : Nouvelle audience du
procès Moubarak, ajourné puis reporté au 5 septembre
prochain.
SYRIE
> 15 mars 2011 : Rassemblement à Damas
après un appel lancé sur Facebook.
> 21 avril : Levée de l'état
d'urgence. Plus de 80 manifestants tués le lendemain.
> 25 avril : L'armée entre à
Deraa. Au moins 25 personnes sont tuées. > 13 juin :
Alep, deuxième ville du pays, est gagnée par la
contestation.
> 8 juillet : Les ambassadeurs
français et américain se rendent à Hama pour manifester
leur soutien aux manifestants.
> 31 juillet : L'armée syrienne
entre dans Hama. En quelques jours, le bilan est d'au moins 90 morts, selon des
organisations de défense des droits de l'homme.
> 3 août : Le Conseil de
sécurité de l'ONU condamne « les violations
généralisées des droits de l'homme ».
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 124
> 14 août : L'armée syrienne
a lancé une opération navale sans précédent
à Lattaquié, au nord-ouest du pays, faisant une trentaine de
morts.
> 24 août : L'ONU vote une
résolution demandant l'ouverture d'une commission d'enquête
internationale sur la violation des droits de l'homme.
ALGÉRIE
> Début janvier 2011 : 5 jours
d'émeutes contre la vie chère et le chômage font 5 morts et
plus de 800 blessés.
> Du 14 au 30 janvier : 2 décès
par immolation et 7 tentatives.
> 19 février : Marche
organisée par la Coordination nationale pour le changement et la
démocratie (CNCD) interdite. Elle se transforme en rassemblement.
> 24 février : Levée de
l'état d'urgence en vigueur depuis 1993.
> 7 mars : Des gardes communaux,
chargés de suppléer la gendarmerie, se rassemblent pour
réclamer de meilleures conditions de travail.
> 15 avril : Le président Abdelaziz
Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, commande la tenue de consultations en vue
de réformes politiques. Ces consultations débutent le 21 mai sans
la participation de plusieurs partis d'opposition.
LIBYE
> 15 février : Des émeutes
éclatent à Benghazi.
> 17 février : Manifestations de la
« Journée de la colère » réclamant le
départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Elles se heurtent
à une violente répression policière.
> 26 février : Résolution de
l'ONU imposant un embargo sur les armes, une interdiction de voyager et un gel
des avoirs du clan Kadhafi, et demandant la saisine de la Cour pénale
internationale pour « crimes contre l'humanité ».
> 27 février : Les opposants
forment un Conseil national de la transition à Benghazi. > 2
mars : Début de la contre-offensive des forces de Kadhafi dans
l'est du pays.
> 17 mars : Résolution 1973 de
l'ONU qui autorise le recours à la force pour protéger les
populations civiles et crée une zone d'exclusion aérienne.
> 19 mars : Début des frappes
aériennes de la coalition contre les forces de Kadhafi.
> 27 mars : L'OTAN prend officiellement le
commandement des opérations militaires menées dans le pays.
> 27 juin : La Cour pénale
internationale délivre des mandats d'arrêt pour crimes contre
l'humanité à l'encontre de Mouammar Kaddafi, de son fils Seif
el-Islam Kaddafi et du chef des services de renseignements Abdullah
al-Senoussi.
> 15 août : Les rebelles affirment
être entrés dans une « phase décisive », et
contrôler la « majeure partie » de Zaouiah, à une
quarantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale libyenne,
ainsi que les villes de Gariane et Sourmane.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 125
> 21 août : Les rebelles entrent
dans la capitale, Tripoli. Lundi 22, ils encerclent la résidence de
Kadhafi. Le Conseil national de transition a fait prisonnier le fils de
Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam.
> 23 août : Le quartier
général de Kadhafi tombe aux mains des rebelles. Kadhafi affirme
dans un message audio l'avoir quitté pour des « raisons tactiques
».
MAROC
> 20 février 2011 : Manifestations
de milliers de Marocains dans plusieurs villes du pays, dont Rabat, Casablanca,
Marrakech... Ils réclament un gouvernement aux pouvoirs élargis
et des réformes politiques.
> 9 mars : Le roi Mohammed VI annonce une
réforme constitutionnelle. Le « mouvement du 20 février
» poursuit ses manifestations les semaines suivantes, réclamant
plus d'égalité, de justice sociale et une lutte efficace contre
la corruption.
> 17 juin : Le roi Mohammed VI
présente le projet de réforme constitutionnelle. Les militants du
« mouvement du 20 février » se disent insatisfaits de ce
projet et demandent des réformes politiques plus profondes : recul plus
net des prérogatives royales, séparation des pouvoirs plus
marquée...
> 1er juillet : Référendum
portant sur la nouvelle constitution marocaine, avec plus de 98% des voix en
faveur de celle-ci.
> 3 juillet : Nouvelle vague de
manifestations dans plusieurs villes du pays, à l'appel du Mouvement du
20 février, qui exige davantage de réformes politiques, à
la suite du référendum constitutionnel.
> 16 août : Le ministre de
l'Intérieur Taïeb Cherkaoui annonce la tenue d'élections
législatives anticipées le 25 novembre prochain.
YÉMEN
> 27 janvier 2011 : Premières
mobilisations dans la capitale yéménite, Sanaa. Les manifestants
réclament le départ du président yéménite
Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978.
> 5 mars : Le président Saleh
refuse de quitter son poste d'ici la fin de l'année, comme le souhaite
l'opposition. Il affirme qu'il restera au pouvoir jusqu'en 2013, terme de son
mandat.
> 18 mars : Plusieurs dizaines de
personnes sont tuées lors de mobilisations contre le pouvoir.
> 30 avril : Le président Saleh
refuse de signer un plan de sortie proposé par les monarchies du Golfe
prévoyant sa démission, alors qu'il avait donné son accord
de principe quelques jours plus tôt.
> 3 juin : Le président Saleh est
blessé dans un tir d'obus à Sanaa. Il est transporté en
Arabie Saoudite pour y être soigné.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 126
> 7 juillet : Première apparition
télévisée du président Saleh depuis son
hospitalisation
en Arabie Saoudite. Il n'évoque ni sa démission ni
un éventuel retour au Yémen.
> 16 juillet : L'opposition annonce la
création d'un conseil transitoire présidentiel. > 16
août : Le président Saleh annonce son retour prochain au
Yémen.
BAHREÏN
> 14 février 2011 : Des milliers de
manifestants se rassemblent sur la place de la Perle dans la capitale du
Bahreïn, Manama, pour réclamer des changements politiques et
sociaux. Les forces de sécurité répriment ces
mobilisations.
> 14 mars : Des soldats saoudiens de la
force commune du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) entrent au
Bahreïn. L'opposition bahreïnienne dénonce une «
occupation étrangère ».
> 15 mars : Le roi du Bahreïn
décrète l'état d'urgence pour trois mois dans un contexte
de manifestations anti-gouvernementales.
> 8 mai : Ouverture d'un procès
d'exception pour plusieurs militants d'opposition.
> 1er juin : Levée de l'état
d'urgence. Annonce d'un « dialogue national » et instauration d'une
commission indépendante pour enquêter sur les abus commis durant
la répression du soulèvement.
> 2 juillet : Ouverture officielle du
« dialogue national » au Bahreïn. Malgré ses
réticences, le groupe d'opposition El Wefaq accepte de participer
à ces discussions destinées à relancer le processus de
réforme politique.
> 7 août : Libération de deux
anciens députés chiites du parti d'opposition El Wefaq. Devant
être initialement jugés par un tribunal d'exception, ils seront
finalement jugés par une cour civile.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 127
ANNEXE II. LES GOUVERNEMENTS DE TRANSITION TUNISIENS
ISSUS DE LA REVOLUTION DE 2011
LISTE DES MEMBRES DU PREMIER GOUVERNEMENT TUNISIEN
DE
TRANSITION
N°
|
NOM ET POST-NOM
|
MINISTERE/PORTEFEUILLE
|
PARTI POLITIQUE
|
01
|
Mohamed GHANNOUCHI
|
Premier Ministre
|
RCD
|
02
|
Kamel MORJANE
|
Ministre des Affaires étrangères
|
RCD
|
03
|
Ahmed FRIAA
|
Ministre de l'Intérieur
|
RCD
|
04
|
Mohamed RIDHA CHALGHOUM
|
Ministre des Finances
|
RCD
|
05
|
Ridha GRIRA
|
Ministre de la Défense nationale
|
RCD
|
06
|
Ahmed NEJIB CHEBBI
|
Ministre de Développement Régional et local
|
PDP
|
07
|
Mustapha BEN JAAFAR
|
Ministre de la Santé
|
FDTL
|
08
|
Ahmed BRAHIM
|
Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la recherche
scientifique
|
ETTAJDID
|
09
|
Taïeb BACCOUCHE
|
Ministre de l'Education
|
Société
civile (syndicaliste indépendant)
|
10
|
Lazhar KAROUI CHEBBI
|
Ministre de la Justice
|
Société civile
|
11
|
Ahmed OUNAIES
|
Secrétariat d'Etat aux affaires
étrangères
|
Société civile
|
12
|
Moufida TLATLI
|
Ministre de la Culture
|
Société civile
|
13
|
Mohamed ALOULOU
|
Ministre de la jeunesse et des sports
|
Indépendant
|
14
|
Slim AMAMOU
|
Secrétariat d'Etat à la jeunesse et aux sports
|
Société civile
|
15
|
Laroussi MIZOURI
|
Ministre des affaires religieuses
|
Indépendant
|
16
|
Mohamed NOURI JOUINI
|
Ministre de la planification et de la coopération
internationale
|
RCD
|
17
|
Mohamed AFIF CHELBI
|
Ministre de l'Industrie et de la Technologie
|
RCD
|
18
|
Mme Lilia LAABIDI
|
Ministre des affaires de la femme
|
Société civile
|
LISTE DES MEMBRES DU DEUXIEME GOUVERNEMENT TUNISIEN DE
TRANSITION APRÈS LE REMANIEMENT DU 27 JANVIER 2011
10 membres de l'ancienne équipe, dont le Premier
ministre, sont reconduits. 10 autres, technocrates et personnalités
indépendantes, font leur entrée au gouvernement.
N°
|
NOM ET POST-NOM
|
PORTEFEUILLE/MINISTERE
|
PARTI POLITIQUE
|
01
|
Mohamed GHANNOUCHI
|
Premier Ministre (reconduit)
|
RCD
|
02
|
Abdelkarim ZEBIDI
|
Ministre de la défense nationale
|
|
03
|
Ahmed OUNEIES
|
Ministre des affaires étrangères
|
|
04
|
Farhat RAJHI
|
Ministre de l'intérieur
|
|
05
|
Lazhar KAROUI CHEBBI
|
Ministre de la justice (reconduit)
|
Indépendant
|
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 128
06
|
Laroussi MIZOURI
|
Ministre des affaires religieuses (reconduit)
|
Indépendant
|
07
|
Ahmed NEJIB CHEBBI
|
Ministre de Développement régional et local
(reconduit)
|
PDP
|
08
|
Taieb BACCOUCH
|
Ministre de l'Education (reconduit)
|
Syndicaliste indépendant
|
09
|
Ahmed BRAHIM
|
Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la recherche
scientifique (reconduit)
|
ETTAJDID
|
10
|
Habiba ZEHI
|
Ministre de la santé
|
|
11
|
Mehdi HOUAS
|
Ministre du commerce et du tourisme
|
|
12
|
Mohamed NACEUR
|
Ministre des affaires sociales
|
|
13
|
Mokhtar JALLELI
|
Ministre de l'Agriculture et de
l'Environnement
|
|
14
|
Mohamed NOURI JOUINI
|
Ministre de la planification et de la
coopération internationale (reconduit)
|
|
15
|
Mohamed AFIF CHELBI
|
Ministre de l'Industrie et de la Technologie (reconduit)
|
|
16
|
Jelloul AYED
|
Ministre des Finances
|
|
17
|
Ezzedine BACH CHAOUECH
|
Ministre de la culture
|
|
18
|
Mme Lilia LAABIDI
|
Ministre des affaires de la femme
(reconduite)
|
Société civile (Mouvement associatif)
|
19
|
Yacine IBRAHIM
|
Ministre du Transport et de l'Equipement
|
|
20
|
Said AYDI
|
Ministre de la formation et de l'Emploi
|
|
21
|
Mohamed ALOULOU
|
Ministre de la jeunesse et des sports
(reconduit)
|
Indépendant
|
22
|
Elyes JOUINI
|
Ministre auprès du Premier Ministre, chargé des
réformes économiques et sociales
|
|
Source : « Tunisie : détails du
nouveau gouvernement », édicté sur le
http://www.arte.tv/fr/tunisie-details-du-nouveau-gouvernement/3642718,CmC=3677048.html,
Et sur le lien Internet
http://www.rtl.fr/actu/international/tunisie-un-nouveau-gouvernement-sans-les-ministres-de-ben-ali-7654747806,
édité le 28/01/2011, consulté le 06/06/2011.
LISTE DES MEMBRES DU TROISIEME GOUVERNEMENT TUNISIEN
DE
TRANSITION
COMPOSITION INITIALE
La composition initiale du gouvernement provisoire avait
été annoncée le 7 mars 2011 par Béji Caïd
ESSEBSI, Premier ministre, à Dar El Bey.
N°
|
NOM ET POST-NOM
|
MINISTERE/PORTEFEUILLE
|
PARTI
|
|
|
|
POLITIQUE
|
01
|
Béji Caïd ESSEBSI
|
Premier Ministre
|
|
02
|
Lazhar KAROUI CHEBBI
|
Ministre de la justice
|
|
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 129
03
|
Abdelkrim ZBIDI
|
Ministre de la défense nationale
|
|
04
|
Farhat RAJHI
|
Ministre de l'Intérieur
|
|
05
|
Mouldi KEFI
|
Ministre des affaires étrangères
|
|
06
|
Mohamed ENNACEUR
|
Ministre des affaires sociales
|
|
07
|
Jalloul AYED
|
Ministre des Finances
|
|
08
|
Laroussi MIZOURI
|
Ministre des affaires religieuses
|
|
09
|
Taïeb BACCOUCHE
|
Ministre de l'Education et porte-parole du Gouvernement
|
|
10
|
Azedine BESCHAOUCH
|
Ministre de la culture
|
|
11
|
Refâat CHAABOUNI
|
Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche
scientifique
|
|
12
|
HABIBA ZEHI BEN ROMDHANE
|
Ministre de la santé publique
|
|
13
|
MEHDI HOUAS
|
Ministre du commerce et du tourisme
|
|
14
|
MOKHTAR JALLALI
|
Ministre de l'Agriculture et de l'Environnement
|
|
15
|
LILIA LABIDI
|
Ministre des affaires de la femme
|
|
16
|
YASSINE BRAHIM
|
Ministre du Transport et de l'Equipement
|
|
17
|
SAÏD AÏDI
|
Ministre de la Formation Professionnelle et de l'Emploi
|
|
18
|
MOHAMED ALOULOU
|
Ministre de la Jeunesse et des Sports
|
|
19
|
ABDELHAMID TRIKI
|
Ministre de la Planification et de la Coopération
Internationale
|
|
20
|
ABDELAZIZ RASSAA
|
Ministre de l'Industrie et de la Technologie
|
|
21
|
AHMED ADHOUM
|
Ministre des domaines d'Etat
|
|
22
|
ABDERRAZAK ZOUARI
|
Ministre du Développement Régional et local
|
|
23
|
Rafâa Ben ACHOUR
|
Ministre délégué auprès du Premier
Ministre
|
|
Secrétaires d'Etat
N°
|
Nom
|
Portefeuille
|
Ministère de rattachement
|
Parti politique
|
01
|
RADHOUANE NOUISSER
|
Secrétaire d'État
|
Ministère des Affaires étrangères
|
|
02
|
NEJIB KARAFI
|
Secrétaire d'État au Développement
régional et local
|
Ministère du
Développement régional et local
|
|
03
|
SLIM CHAKER
|
Secrétaire d'État au Tourisme
|
Ministère du Commerce et du Tourisme
|
|
04
|
SALEM HAMDI
|
Secrétaire d'État à l'Environnement
|
Ministre de
l'Agriculture et de l'Environnement
|
|
05
|
RIDHA BELHAJ
|
Secrétaire général du gouvernement
|
Premier ministère
|
|
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 130
N°
|
Nom
|
Portefeuille
|
Ministère de rattachement
|
Parti politique
|
06
|
SLIM AMAMOU
|
Secrétaire d'État à la Jeunesse et aux
Sports
|
Ministère de la Jeunesse et des Sports
|
|
07
|
LAMINE MOULAHI
|
Secrétaire d'État à la Santé
publique
|
Ministère de la Santé publique
|
|
08
|
ADEL GAALOUL
|
Secrétaire d'État aux Technologies de
la communication
|
Ministère de l'Industrie et de la Technologie
|
|
09
|
HASSEN ANNABI
|
Secrétaire d'État
à l'Éducation
|
Ministère de l'Éducation
|
|
COMPOSITION FINALE
N°
|
Nom et Post-nom
|
Portefeuille
|
Parti politique
|
01
|
BEJI CAÏD ESSEBSI
|
Premier ministre
|
-
|
02
|
LAZHAR KAROUI CHEBBI
|
Ministre de la Justice
|
-
|
03
|
ABDELKRIM ZBIDI
|
Ministre de la Défense nationale
|
-
|
04
|
HABIB ESSID
|
Ministre de l'Intérieur
|
-
|
05
|
MOULDI KEFI
|
Ministre des Affaires étrangères
|
-
|
06
|
MOHAMED ENNACEUR
|
Ministre des Affaires sociales
|
-
|
07
|
JALLOUL AYED
|
Ministre des Finances
|
-
|
08
|
LAROUSSI MIZOURI
|
Ministre des Affaires religieuses
|
-
|
09
|
TAÏEB BACCOUCHE
|
Ministre de l'Éducation et porte-parole du gouvernement
|
-
|
10
|
AZEDINE BESCHAOUCH
|
Ministre de la Culture
|
-
|
11
|
REFAAT CHAABOUNI
|
Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
scientifique
|
-
|
12
|
SLAHEDDINE SELLAMI
|
Ministre de la Santé publique
|
-
|
13
|
MEHDI HOUAS
|
Ministre du Commerce et du Tourisme
|
-
|
14
|
MOKHTAR JALLALI
|
Ministre de l'Agriculture et de l'Environnement
|
-
|
15
|
LILIA LABIDI
|
Ministre des Affaires de la femme
|
-
|
16
|
SALEM MILADI
|
Ministre du Transport
|
-
|
17
|
MOHAMED RIDHA FARES
|
Ministère de l'Équipement
|
-
|
18
|
SAÏD AÏDI
|
Ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi
|
-
|
19
|
SLIM CHAKER
|
Ministre de la Jeunesse et des Sports
|
-
|
20
|
ABDELHAMID TRIKI
|
Ministre de la Planification et de la Coopération
internationale
|
-
|
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 131
N°
|
Nom et Post-nom
|
Portefeuille
|
Parti politique
|
21
|
ABDELAZIZ RASSAA
|
Ministre de l'Industrie et de la Technologie
|
-
|
22
|
AHMED ADHOUM
|
Ministre des Domaines de l'État
|
-
|
23
|
ABDERRAZAK ZOUARI
|
Ministre du Développement régional et local
|
-
|
24
|
RIDHA BELHAJ
|
Ministre délégué auprès du Premier
ministre
|
-
|
25
|
LAZHAR AKREMI
|
Ministre délégué auprès du ministre
de l'Intérieur, chargé des Réformes
|
-
|
Secrétaires d'Etat
N°
|
NOM
|
Portefeuille
|
Ministre de rattachement
|
Parti politique
|
01
|
MOHAMED SALAH BEN AÏSSA
|
Secrétaire général du gouvernement
|
Premier ministère
|
-
|
02
|
RADHOUANE NOUISSER
|
Secrétaire d'État
|
Ministère des Affaires étrangères
|
-
|
03
|
KHEMAIES JHINAOUI
|
Secrétaire d'État
|
Ministère des Affaires étrangères
|
-
|
04
|
NEJIB KARAFI
|
Secrétaire d'État
|
Ministère du Développement régional et
local
|
-
|
05
|
SALEM HAMDI
|
Secrétaire d'État à l'Environnement
|
Ministre de
l'Agriculture et de l'Environnement
|
-
|
06
|
ADEL GAALOUL
|
Secrétaire d'État à la Technologie
|
Ministère de l'Industrie et de la Technologie
|
-
|
07
|
HASSEN ANNABI
|
Secrétaire d'État à l'Éducation
|
Ministère de l'Éducation
|
-
|
08
|
MYRIAM MIZOUNI
|
Secrétaire d'État aux Sports
|
Ministère de la Jeunesse et des Sports
|
-
|
Source : « Nouveau gouvernement de
transition en Tunisie », édicté sur le lien Internet
http://www.lemonde.fr/international/article/2011/03/07/nouveau-gouvernement-de-transition-en-tunisie
1489721 3210.html#, publié dans Le Monde.fr avec AFP le
07.03.2011 à 17h31, consulté le 06/06/2011.
Pour en savoir plus, édicté aussi sur le lien
Internet ci-après :
http://www.lemonde.fr/international/article/2011/03/07/nouveau-gouvernement-de-transition-en-tunisie
1489721 3210.html#VZwlbFJkGTlWdGlr.99
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 132
ANNEXE III. LES MEMBRES CONNUS DU CONSEIL NATIONAL DE
TRANSITION (CNT) EN LIBYE
Le Conseil National de Transition avait 45 membres dont 40 noms
ont été donnés et les identités de plusieurs sont
gardés secrètes pour des raisons de sécurité.
Membres connus du Conseil National de Transition
(CNT)
|
Nom
|
Fonction(s) principale(s)
|
Ville représentée
|
Notes
|
MOUSTAFA ABDEL JALIL
|
Président du Conseil Porte-parole
|
Représentant de la ville d'El Beïda.
|
Il a été secrétaire du Comité
général du peuple de 2007 à 2011.
|
ABDEL-HAFIZ GHOGA
|
Vice-président du Conseil
Porte-parole18
|
Représentant de la ville
|
Ancien président du syndicat des avocats de Benghazi.
|
FATHI BAJA
|
Ministre des Affaires politiques
|
de Benghazi.
|
|
FATHI TERBIL
|
Responsable de la jeunesse
|
|
Militant des droits de l'homme.
|
OMAR EL-HARIRI
|
Responsable des Affaires militaires
|
|
Officier qui a participé au coup d'État de Mouammar
Kadhafi en 1969avant d'être emprisonné puis condamné
à mort et enfin libéré.
|
ZUBIAR AHMED EL-SHARIF
|
Représentant des prisonniers politiques
|
|
|
DR. SALWA FAWZI EL-DEGHALI
|
Représentantes des
|
|
|
DR. ABDULLAH AL- MAYHOUB
|
femmes et Affaires légales
|
Région de Al Qubah
|
|
AHMED AL-ABBAR
|
Responsable de l'Économie
|
|
|
ASHOUR BOURASHED
|
|
Représentant de la ville de Derna
|
|
Représentant de la région
de Boutnan
Représentants de la ville de Misrata
Ville de Sebha
UTHMAN MEGRAHI
SULEIMAN FORTIA
MOHAMED AL-MUNTASIR
FAWZY ABDEL ALI
IBRAHIM BIN GHASHIR
ABDEL MEGID SEIF EL-NASR
Ville de Syrte
HASSAN ALI AL-DIRWAI
Ville d'Al-Shati
HASSAN MOHAMMED AL-SAGHIR
Ville de Zaouïa
KHALED MOHAMED NASRAT
EMAD NOUR EL-DIN NASEER
Ville de Sorman
FARHAT EL-SHARSHARE
Ville
de Mourzouq
ALI QLMA MOHAMED ALI
Ville
de Tarhounah
ABDEL NASET ABU BAKR NAAMA
MUSTAPHA EL-SALHEEN EL-HUNI
MOHAMED EL-SA'EH
District d'Al Djoufrah
ABDEL RAZEQ MUKHTAR
ABDEL RAZAQ ABDEL SALAM AL ARADI
EL-SADEEQ AMR AL-KABEER
ALAMIN BELHAJ
MOHAMED NASR EL-HAREEZI
Ville de Tripoli
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 133
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 134
SALEM QNAN
|
|
Ville de Nalout
|
|
KHALED ALI ZAKRI
|
|
Ville de Giado
|
|
ABDULLAH EL-TURKI
|
|
Ville de Zintan
|
|
AHMED MIFTAH HASSAN EL-ZOUWI
|
|
Ville de Koufra
|
|
OTHMAN BIN SASI
|
|
Ville de Zouara
|
|
MOUSSA EL-KOUNA
|
|
Ville de Ubari
|
|
TAHER SALEM THEYAB
|
|
Ville de Al Marj
|
|
MOHAMED ZEIN EL- ABDEEN
|
|
Ville de Baten El Jabl
|
|
ALI AL-MANEA
|
|
Ville
de Ghadamès
|
|
IDRIS ABU FAYED
|
|
Ville de Gharyan
|
|
MUBARAK EL-FATMANI
|
|
Ville de Bani Walid
|
|
Source : Bérénice
DUBUC, « Libye: Le Conseil National de
Transition, «le visage politique de la révolution»,
édicté sur le
http://www.20minutes.fr/monde/684688-20110310-monde-libye-conseil-national-transition-le-visage-politique-revolution,
publié le 10/03/2011 à 13:14, consulté le
14/07/2011.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 135
La résolution, qui était présentée
par la France et le Royaume-Uni, autorise en outre les États Membres
à prendre au besoin toutes mesures nécessaires pour faire
respecter l'interdiction de
ANNEXE IV. TEXTE INTEGRAL DE LA RESOLUTION 1973 DU
CONSEIL DE SECURITE SUR L'INTERVENTION DE LA COALITION INTERNATIONALE EN
LIBYE
Source :
http://www.un.org/press/fr,
publié le 17 mars 2011 et consulté le 14/07/2011.
17 MARS 2011, CS/10200
Libye: le Conseil de sécurité
décide d'instaurer un régime d'exclusion aérienne afin de
protéger les civils contre des attaques systématiques et
généralisées
? CONSEIL DE SÉCURITÉ
COUVERTURE DES RÉUNIONS
Conseil de sécurité
6498e séance - soir
LIBYE: LE CONSEIL DE SÉCURITÉ
DÉCIDE D'INSTAURER UN RÉGIME
D'EXCLUSION AÉRIENNE
AFIN DE PROTÉGER LES CIVILS CONTRE DES
ATTAQUES SYSTÉMATIQUES ET GÉNÉRALISÉES
Il renforce également l'embargo sur les armes
imposé le 26 février et demande au Secrétaire
général de créer un groupe d'experts chargé de
superviser l'application des
sanctions
Le Conseil de sécurité a décidé, ce
soir, d'interdire tous vols dans l'espace aérien de la Jamahiriya
arabe libyenne pour protéger la population civile et pour faire cesser
les hostilités.
Aux termes de la résolution 1973, adoptée par 10
voix pour et 5 abstentions (Allemagne, Brésil, Chine,
Fédération de Russie et Inde), le Conseil a décidé
également que cette interdiction ne s'appliquera pas aux vols dont le
seul objectif est d'ordre humanitaire ou encore l'évacuation
d'étrangers.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 136
La représentante des États-Unis, Mme Susan Rice,
a insisté de son côté sur le fait que la résolution
que le Conseil de sécurité venait d'adopter avait « pour
unique objectif » de répondre
vol et de faire en sorte que des aéronefs ne puissent
être utilisés pour des attaques aériennes contre la
population civile.
Par ce texte, le Conseil décide aussi que les
États Membres concernés devront informer immédiatement le
Secrétaire général de l'ONU et le Secrétaire
général de la Ligue des États arabes -l'organisation
régionale qui avait demandé au Conseil l'interdiction de vol- sur
les mesures prises à cet effet.
La résolution renforce de plus l'embargo sur les armes
imposé par la résolution 1970 (2011) - qui estimait que «
les attaques systématiques et généralisées commises
contre la population civile pourraient constituer des crimes contre
l'humanité »-, en demandant aux États de la région de
faire inspecter, dans leurs ports et aéroports, les navires et
aéronefs en provenance ou à destination de la Jamahiriya arabe
libyenne.
En outre, le Conseil de sécurité prie le
Secrétaire général de créer, pour une
période initiale d'un an, un groupe d'experts chargé de
réunir, examiner et analyser des informations provenant des
États, d'organismes des Nations Unies compétents, d'organisations
régionales et d'autres parties intéressées concernant
l'application des mesures édictées dans la résolution 1970
et dans la présente résolution, en particulier les violations de
leurs dispositions.
Avant le vote, le Ministre des affaires
étrangères de la France, M. Alain Juppé, qui est
arrivé aujourd'hui à New York pour défendre le texte de la
résolution, a constaté l'insuffisance des mesures prises
récemment par la communauté internationale pour ramener à
la raison le régime du colonel Qadhafi. « La situation sur place
est plus alarmante que jamais, marquée par la reconquête violente
des villes qui avaient été libérées », a-t-il
souligné, jugeant que le Conseil de sécurité ne peut pas
laisser faire « les fauteurs de guerre et laisser bafouer la morale et la
légalité internationale ».
Commentant la résolution présentée par
son pays et le Royaume-Uni, il a affirmé qu'outre l'instauration de la
zone d'exclusion aérienne, cette résolution appelle tous les
États à protéger les civils et renforce les sanctions
déjà adoptées, notamment l'embargo sur les armes et le gel
des avoirs du clan Qadhafi et de ses affidés.
« Chaque jour, chaque heure qui passe alourdit le poids
de la responsabilité qui pèse sur nos épaules, a
prévenu M. Juppé. « Prenons garde d'arriver trop tard
», a-t-il dit, en soulignant que « ce sera l'honneur du Conseil de
sécurité d'avoir fait prévaloir en Libye la loi sur la
force ».
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 137
à l'appel à l'aide lancé par le peuple
libyen « ainsi qu'à la demande de la Ligue des États arabes
d'établir une zone d'exclusion aérienne ».
Pour leur part, les délégations qui se sont
abstenues sur ce texte, dont deux membres permanents du Conseil de
sécurité -la Fédération de Russie et la Chine-, ont
expliqué leur décision par le fait, qu'au cours des
délibérations, elles n'avaient pas pu obtenir des réponses
à leurs questions.
L'Ambassadeur Vitaly Churkin, de la Fédération
de Russie, a ainsi fait observer que son pays n'avait pas reçu
d'indications sur les moyens permettant de mettre en place le régime
d'exclusion aérienne. « Non seulement nos questions n'ont
reçu aucune réponse pendant les délibérations, mais
nous avons aussi vu passer sous nos yeux un texte dont le libellé n'a
cessé de changer, suggérant même par endroit la
possibilité d'une intervention militaire d'envergure », a-t-il
expliqué. M. Churkin a estimé que le moyen le plus rapide pour
assurer la sécurité du peuple libyen restait l'instauration d'un
cessez-le-feu immédiat, « ce que, précisément, la
Fédération de Russie souhaitait obtenir par le biais d'un projet
de résolution présenté hier ».
Tout en s'abstenant lors de l'adoption du projet de
résolution, la Chine, a déclaré l'Ambassadeur Li Baodong,
dont le pays assure la présidence du Conseil de sécurité
pour le mois de mars, appuie le mandat de l'Envoyé spécial du
Secrétaire général pour la Libye. Le représentant
de la Chine a dit attendre « avec impatience que M. Abdul Ilah Khatib
fasse le point aux membres du Conseil sur la situation sur le terrain
».
LA SITUATION EN LIBYE
Texte du projet de résolution
S/2011/142
Le Conseil de sécurité,
Rappelant sa résolution 1970 (2011) du 26
février 2011,
Déplorant que les autorités libyennes ne
respectent pas la résolution 1970 (2011),
Se déclarant vivement préoccupé
par la détérioration de la situation, l'escalade de la
violence et les lourdes pertes civiles,
Rappelant la responsabilité qui incombe aux
autorités libyennes de protéger la population libyenne
etréaffirmant qu'il incombe au premier chef aux parties
à tout conflit armé de prendre toutes les mesures voulues pour
assurer la protection des civils,
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 138
Rappelant sa décision de saisir le Procureur
de la Cour pénale international de la situation en Jamahiriya arabe
libyenne depuis le 15 février 2011 et soulignant que les
auteurs d'attaques, y
Condamnant la violation flagrante et
systématique des droits de l'homme, y compris les détentions
arbitraires, disparitions forcées, tortures et exécutions
sommaires,
Condamnant également les actes de violence et
d'intimidation que les autorités libyennes commettent contre les
journalistes, les professionnels des médias et le personnel
associé et engageant vivement celles-ci à respecter les
obligations mises à leur charge par le droit international humanitaire,
comme indiqué dans la résolution 1738 (2006),
Considérant que les attaques
généralisées et systématiques actuellement commises
en Jamahiriya arabe libyenne contre la population civile peuvent constituer des
crimes contre l'humanité,
Rappelant le paragraphe 26 de la résolution
1970 (2011) dans lequel il s'est déclaré prêt à
envisager de prendre d'autres mesures pertinentes, si nécessaire, pour
faciliter et appuyer le retour des organismes d'aide humanitaire et rendre
accessible en Jamahiriya arabe libyenne une aide humanitaire et une aide
connexe,
Se déclarant résolu à assurer la
protection des civils et des secteurs où vivent des civils, et à
assurer l'acheminement sans obstacle ni contretemps de l'aide humanitaire et la
sécurité du personnel humanitaire,
Rappelant que la Ligue des États arabes,
l'Union africaine et le Secrétaire général de
l'Organisation de la Conférence islamique ont condamné les
violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire
qui ont été et continuent d'être commises en Jamahiriya
arabe libyenne,
Prenant note du communiqué final de
l'Organisation de la Conférence islamique en date du 8 mars 2011 et du
communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l'Union
africaine en date du 10 mars 2011 portant création d'un comité ad
hoc de haut niveau sur la Libye,
Prenant note également de la décision
du Conseil de la Ligue des États arabes, en date du 12 mars 2011, de
demander l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne contre
l'armée de l'air libyenne et de créer des zones
protégées dans les secteurs exposés aux bombardements
à titre de précaution pour assurer la protection du peuple libyen
et des étrangers résidant en Jamahiriya arabe libyenne,
Prenant note en outre de l'appel à un
cessez-le-feu immédiat lancé par le Secrétaire
général le 16 mars 2011,
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 139
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 140
compris aériennes et navales, dirigées contre la
population civile, ou leurs complices doivent répondre de leurs
actes,
Se déclarant à nouveau
préoccupé par le sort tragique des réfugiés et
des travailleurs étrangers forcés de fuir la violence en
Jamahiriya arabe libyenne, se félicitant que les États
voisins, en particulier la Tunisie et l'Égypte, aient répondu aux
besoins de ces réfugiés et travailleurs étrangers, et
demandant à la communauté internationale d'appuyer ces
efforts,
Déplorant que les autorités libyennes
continuent d'employer des mercenaires,
Considérant que l'interdiction de tous vols
dans l'espace aérien de la Jamahiriya arabe libyenne est importante pour
assurer la protection des civils et la sécurité des
opérations d'assistance humanitaire et décisive pour faire cesser
les hostilités en Jamahiriya arabe libyenne,
Inquiet également pour la
sécurité des étrangers en Jamahiriya arabe libyenne et
pour leurs droits,
Se félicitant que le Secrétaire
général ait nommé M. Abdel-Elah Mohamed Al-Khatib
Envoyé spécial en Libye et soutenant ses efforts pour apporter
une solution durable et pacifique à la crise en Jamahiriya arabe
libyenne,
Réaffirmant son ferme attachement à la
souveraineté, à l'indépendance, à
l'intégrité territoriale et à l'unité nationale de
la Jamahiriya arabe libyenne,
Constatant que la situation en Jamahiriya arabe
libyenne reste une menace pour la paix et la sécurité
internationales,
Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des
Nations Unies,
1. Exige un cessez-le-feu immédiat et la
cessation totale des violences et de toutes les attaques et exactions contre la
population civile;
2. Souligne qu'il faut redoubler d'efforts pour
apporter une solution à la crise, qui satisfasse les revendications
légitimes du peuple libyen, et note que le Secrétaire
général a demandé à son Envoyé
spécial de se rendre en Jamahiriya arabe libyenne et que le Conseil de
paix et de sécurité de l'Union africaine a décidé
d'envoyer son Comité ad hoc de haut niveau sur la Libye sur place pour
faciliter un dialogue qui débouche sur les réformes politiques
nécessaires à un règlement pacifique et durable;
3. Exige des autorités libyennes qu'elles
respectent les obligations qui leur incombent en vertu du droit international,
y compris le droit international humanitaire, du droit des droits de
l'homme et du droit des réfugiés, et prenne
toutes les mesures pour protéger les civils et satisfaire leurs besoins
élémentaires, et pour garantir l'acheminement sans obstacle ni
contretemps de l'aide humanitaire;
Protection civile
4. Autorise les États Membres qui ont
adressé au Secrétaire général une notification
à cet effet et agissent à titre national ou dans le cadre
d'organismes ou d'arrangements régionaux et en coopération avec
le Secrétaire général, à prendre toutes mesures
nécessaires, nonobstant le paragraphe 9 de la résolution 1970
(2011), pour protéger les populations et les zones civiles
menacées d'attaque en Jamahiriya arabe libyenne, y compris Benghazi,
tout en excluant le déploiement d'une force d'occupation
étrangère sous quelque forme que ce soit et sur n'importe quelle
partie du territoire libyen, et prie les États Membres
concernés d'informer immédiatement le Secrétaire
général des mesures qu'ils auront prises en vertu des pouvoirs
qu'ils tirent du présent paragraphe et qui seront immédiatement
portées à l'attention du Conseil de sécurité;
5. Mesure l'importance du rôle que joue la
Ligue des États arabes dans le maintien de la paix et de la
sécurité régionales et, gardant à l'esprit le
Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, prie les États Membres qui
appartiennent à la Ligue de coopérer avec les autres États
Membres à l'application du paragraphe 4;
Zone d'exclusion aérienne
6. Décide d'interdire tous vols dans l'espace
aérien de la Jamahiriya arabe libyenne afin d'aider à
protéger les civils;
7. Décide également que l'interdiction
imposée au paragraphe 6 ne s'appliquera pas aux vols dont le seul
objectif est d'ordre humanitaire, comme l'acheminement d'une assistance,
notamment de fournitures médicales, de denrées alimentaires, de
travailleurs humanitaires et d'aide connexe, ou la facilitation de cet
acheminement, ou encore l'évacuation d'étrangers de la Jamahiriya
arabe libyenne, qu'elle ne s'appliquera pas non plus aux vols autorisés
par les paragraphes 4 ci-dessus ou 8 ci-dessous ni à d'autres vols
assurés par des États agissant en vertu de l'autorisation
accordée au paragraphe 8 dont on estime qu'ils sont dans
l'intérêt du peuple libyen et que ces vols seront assurés
en coordination avec tout mécanisme établi en application du
paragraphe 8;
8. Autorise les États Membres qui ont
adressé aux Secrétaires généraux de l'Organisation
des Nations Unies et de la Ligue des États arabes une notification
à cet effet, agissant à titre national ou dans le cadre
d'organismes ou d'arrangements régionaux, à prendre au besoin
toutes
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 141
mesures nécessaires pour faire respecter l'interdiction
de vol imposée au paragraphe 6 ci-dessus et faire en sorte que des
aéronefs ne puissent être utilisés pour des attaques
aériennes contre la population civile et demande aux
États concernés, en coopération avec la Ligue des
États arabes, de procéder en étroite coordination avec le
Secrétaire général s'agissant des mesures qu'ils prennent
pour appliquer cette interdiction, notamment en créant un
mécanisme approprié de mise en oeuvre des dispositions des
paragraphes 6 et 7 ci-dessus;
9. Appelle tous les États Membres agissant
à titre national ou dans le cadre d'organismes ou d'arrangements
régionaux à fournir une assistance, notamment pour toute
autorisation de survol nécessaire, en vue de l'application des
paragraphes 4, 6, 7 et 8 ci-dessus;
10. Prie les États Membres concernés
de coordonner étroitement leur action entre eux et avec le
Secrétaire général s'agissant des mesures qu'ils prennent
pour mettre en oeuvre les paragraphes 4, 6, 7 et 8 ci-dessus, notamment les
mesures pratiques de suivi et d'approbation de vols humanitaires ou
d'évacuation autorisés;
11. Décide que les États Membres
concernés devront informer immédiatement le Secrétaire
général et le Secrétaire général de la Ligue
des États arabes des mesures prises en vertu des pouvoirs qu'ils tirent
du paragraphe 8 ci-dessus et notamment soumettre un concept
d'opérations;
12. Prie le Secrétaire général
de l'informer immédiatement de toute mesure prise par les États
Membres concernés en vertu des pouvoirs qu'ils tirent du paragraphe 8
ci-dessus et de lui faire rapport dans les sept jours et puis tous les mois sur
la mise en oeuvre de la présente résolution, notamment pour ce
qui est de toute violation de l'interdiction de vol imposée au
paragraphe 6 ci-dessus;
Application de l'embargo sur les armes
13. Décide que le paragraphe 11 de la
résolution 1970 (2011) sera remplacé par le paragraphe suivant
:
« Demande à tous les États
Membres, en particulier aux États de la région, agissant à
titre national ou dans le cadre d'organismes ou d'arrangements
régionaux, afin de garantir la stricte application de l'embargo sur les
armes établi par les paragraphes 9 et 10 de la résolution 1970
(2011), de faire inspecter sur leur territoire, y compris dans leurs ports
maritimes et aéroports et en haute mer, les navires et aéronefs
en provenance ou à destination de la Jamahiriya arabe libyenne, si
l'État concerné dispose d'informations autorisant raisonnablement
à penser que tel chargement contient des articles dont la fourniture, la
vente, le transfert et l'exportation sont interdits par les paragraphes 9 ou 10
de la résolution 1970 (2011), telle que modifiée par la
présente résolution; s'agissant notamment de
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 142
mercenaires armés, prie tous les États
de pavillon ou d'immatriculation de ces navires et aéronefs de
coopérer à toutes inspections et autorise les
États Membres à prendre toutes mesures dictées par la
situation existante pour procéder à ces inspections »;
14. Prie les États Membres qui prennent des
mesures en haute mer par application du paragraphe 13 ci-dessus de coordonner
étroitement leur action entre eux et avec le Secrétaire
général et prie également l'État
concerné d'informer immédiatement le Secrétaire
général et le Comité créé
conformément au paragraphe 24 de la résolution 1970 (2011)
(« le Comité ») des mesures prises en vertu des pouvoirs
conférés par le paragraphe 13 ci-dessus;
15. Demande à tout État Membre qui
procède à titre national ou dans le cadre d'un organisme ou d'un
arrangement régional à une inspection, en application du
paragraphe 13 ci-dessus, de présenter au Comité par écrit
et sans délai un rapport initial exposant en particulier les motifs de
l'inspection et les résultats de celle-ci et indiquant s'il y a eu
coopération ou non et, si des articles dont le transfert est interdit
ont été découverts, demande également
audit État Membre de présenter par écrit au
Comité, à une étape ultérieure, un rapport
écrit donnant des précisions sur l'inspection, la saisie et la
neutralisation, ainsi que des précisions sur le transfert, notamment une
description des articles en question, leur origine et leur destination
prévue, si ces informations ne figurent pas dans le rapport initial;
16. Déplore les flux continus de mercenaires
qui arrivent en Jamahiriya arabe libyenne et appelle tous les États
Membres à respecter strictement les obligations mises à leur
charge par le paragraphe 9 de la résolution 1970 (2011) afin
d'empêcher la fourniture de mercenaires armés à la
Jamahiriya arabe libyenne;
Interdiction des vols
17. Décide que tous les États
interdiront à tout aéronef enregistré en Jamahiriya arabe
libyenne, appartenant à toute personne ou compagnie libyenne ou
exploité par elle, de décoller de leur territoire, de le survoler
ou d'y atterrir, à moins que le vol ait été
approuvé par avance par le Comité ou en cas d'atterrissage
d'urgence;
18. Décide que tous les États
interdiront à tout aéronef de décoller de leur territoire,
d'y atterrir ou de le survoler s'ils disposent d'informations autorisant
raisonnablement à penser que l'aéronef en question contient des
articles dont la fourniture, la vente, le transfert ou l'exportation sont
interdits par les paragraphes 9 et 10 de la résolution 1970 (2011),
telle que modifiée par la présente résolution, notamment
des mercenaires armés, sauf en cas d'atterrissage d'urgence;
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 143
Gel des avoirs
19. Décide que le gel des avoirs
imposé aux paragraphes 17, 19, 20 et 21 de la résolution 1970
(2011) s'appliquera aux fonds, autres avoirs financiers ou ressources
économiques se trouvant sur le territoire des États Membres qui
sont détenus ou contrôlés, directement ou indirectement,
par les autorités libyennes, désignées comme telles par le
Comité, ou par des personnes ou entités agissant pour son compte
ou sous ses ordres, ou par des entités détenues ou
contrôlées par eux et désignées comme telles par le
Comité, et décide également que tous les
États devront veiller à empêcher leurs nationaux ou toute
personne ou entité se trouvant sur leur territoire de mettre des fonds,
autres avoirs financiers ou ressources économiques à la
disposition des autorités libyennes, désignées comme
telles par le Comité, des personnes ou entités agissant pour son
compte ou sous ses ordres, ou des entités détenues ou
contrôlées par eux et désignées comme telles par le
Comité, ou d'en permettre l'utilisation à leur profit et demande
au Comité de désigner ces autorités, personnes et
entités dans un délai de 30 jours à dater de l'adoption de
la présente résolution et ensuite selon qu'il y aura lieu;
20. Se déclare résolu à veiller
à ce que les avoirs gelés en application du paragraphe 17 de la
résolution 1970 (2011) soient à une étape
ultérieure, dès que possible, mis à la disposition du
peuple de la Jamahiriya arabe libyenne et utilisés à son
profit;
21. Décide que tous les États
exigeront de leurs nationaux et ressortissants et des sociétés
sises sur leur territoire ou relevant de leur juridiction de faire preuve de
vigilance dans leurs échanges avec des entités
enregistrées en Jamahiriya arabe libyenne ou relevant de la juridiction
de ce pays, ou toute personne ou entité agissant pour leur compte ou
sous leurs ordres, et avec des entités détenues ou
contrôlées par elles si ces États ont des raisons de penser
que de tels échanges peuvent contribuer à la violence ou à
l'emploi de la force contre les civils;
Désignation
22. Décide que les personnes
désignées à l'annexe I tombent sous le coup de
l'interdiction de voyager imposée aux paragraphes 15 et 16 de la
résolution 1970 (2011) et décide également que
les personnes et entités désignées à l'annexe II
sont visées par le gel des avoirs imposé aux paragraphes 17, 19,
20 et 21 de la résolution 1970 (2011);
23. Décide que les mesures prévues aux
paragraphes 15, 16, 17, 19, 20 et 21 de la résolution 1970 (2011)
s'appliqueront aussi à toutes personnes et entités dont le
Conseil ou le Comité ont établi qu'elles ont violé les
dispositions de la résolution 1970 (2011), en particulier ses
paragraphes 9 et 10, ou qu'elles ont aidé d'autres à les
violer;
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 144
Groupe d'experts
24. Prie le Secrétaire général
de créer, pour une période initiale d'un an, en consultation avec
le Comité créé par la résolution 1970 (2011) (le
« Comité »), un groupe de huit experts au maximum (le «
Groupe d'experts ») qui sera placé sous la direction du
Comité et s'acquittera des tâches suivantes :
a) Aider le Comité à s'acquitter de son mandat,
tel que défini au paragraphe 24 de la résolution 1970 (2011) et
de la présente résolution;
b) Réunir, examiner et analyser des informations
provenant des États, d'organismes des Nations Unies compétents,
d'organisations régionales et d'autres parties intéressées
concernant l'application des mesures édictées dans la
résolution 1970 (2011) et dans la présente résolution, en
particulier les violations de leurs dispositions;
c) Faire des recommandations sur les décisions que le
Conseil, le Comité ou les États pourraient envisager de
prendre pour améliorer l'application des mesures pertinentes;
d) Remettre au Conseil un rapport d'activité au plus
tard 90 jours après sa création, et lui remettre un rapport final
comportant ses conclusions et recommandations au plus tard 30 jours avant la
fin de son mandat;
25. Engage instamment tous les États, les
organismes compétents des Nations Unies et les autres parties
intéressées à coopérer pleinement avec le
Comité et avec le Groupe d'experts, notamment en leur communiquant
toutes informations à leur disposition sur l'application des mesures
édictées par la résolution 1970 (2011) et par la
présente résolution, en particulier les violations de leurs
dispositions;
26. Décide que le mandat du Comité, tel
que défini au paragraphe 24 de la résolution 1970 (2011),
s'étendra aux mesures prévues par la présente
résolution;
27. Décide que tous les États, y
compris la Jamahiriya arabe libyenne, prendront les mesures nécessaires
pour s'assurer qu'aucune réclamation ne soit instruite à
l'initiative des autorités libyennes ou de toute personne ou
entité de la Jamahiriya arabe libyenne ou par toute personne
déclarant agir par leur intermédiaire ou pour leur compte en
liaison avec tout contrat ou autre transaction dont la réalisation aura
été affectée en raison des mesures imposées par sa
résolution 1970 (2011), par la présente résolution ou par
d'autres résolutions connexes;
28. Réaffirme qu'il entend continuer de suivre
les agissements des autorités libyennes et souligne qu'il est
disposé à revoir à tout moment les mesures imposées
par la présente
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 145
résolution et par la résolution 1970 (2011), y
compris à les renforcer, les suspendre ou les lever, selon que les
autorités libyennes respectent les dispositions de la présente
résolution et de la résolution 1970 (2011);
29. Décide de rester activement saisi de la
question.
Jamahiriya arabe libyenne : désignations
proposées par le Conseil de sécurité de l'ONU
|
Nom
|
Motifs
|
Éléments d'identification
|
|
|
|
|
Annexe I : interdiction de voyager
|
|
|
1
|
Quren Salih Quren Al Qadhafi
|
Ambassadeur libyen au Tchad. A quitté le Tchad pour
Sabha. Participe directement au recrutement et à la coordination des
mercenaires pour le régime.
|
|
2
|
Colonel Amid Husain Al Kuni
|
Gouverneur de Ghat (sud de la
Libye). Participe directement au recrutement des
mercenaires.
|
|
Annexe II : gel des avoirs
|
|
|
1
|
Dorda, Abu Zayd Umar
|
Poste : Directeur de l'Organisation
de la sécurité extérieure
|
|
2
|
Jabir, général de division Abu Bakr Yunis
|
Poste : Ministre de la défense
|
Titre : Général de division
Date de naissance : --/-/1952
Lieu de naissance : Jalo (Libye)
|
3
|
Matuq, Matuq Mohammed
|
Poste : Secrétaire chargé des
services publics
|
Date de naissance : --/-/1956
|
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 146
|
Nom
|
Motifs
|
Éléments d'identification
|
|
|
|
Lieu de naissance :
Khoms (Libye)
|
4
|
Qadhafi, Mohammed Muammar
|
Fils de Mouammar Kadhafi.
Association étroite avec le régime
|
Date de naissance : --/-/1970
Lieu de naissance : Tripoli (Libye)
|
5
|
Qadhafi, Saadi
|
Commandant des Forces spéciales.
Fils de Mouammar Kadhafi. Association étroite avec
le régime. Commandement d'unités militaires impliquées
dans la répression des manifestations
|
Date de
naissance : 25/05/1973 Lieu de
naissance : Tripoli (Libye)
|
6
|
Qadhafi, Saif al-Arab
|
Fils de Mouammar Kadhafi.
Association étroite avec le régime
|
Date de naissance : --/-/1982
Lieu de naissance : Tripoli (Libye)
|
7
|
Al-Senussi, colonel Abdullah
|
Poste : Directeur du renseignement militaire
|
Titre : Colonel
Date de naissance : --/-/1949
Lieu de naissance : Soudan
|
Entités
|
1
|
Banque centrale de Libye
|
Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille,
et source potentielle de financement de son régime
|
|
2
|
Libyan Investment Authority
(Autorité libyenne d'investissement)
|
Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille,
et source potentielle de financement de son régime
|
Autre
appellation : Libyan Arab
Foreign Investment
Company (LAFICO)
Adresse : Tour Fateh, Tour
|
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 147
|
Nom
|
Motifs
|
Éléments d'identification
|
|
|
|
1, 22e étage bureau 99,
rue Borgaida, Tripoli, 1103, Libye
|
3
|
Libyan Foreign Bank
|
Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille,
et source potentielle de financement de son régime
|
|
4
|
Libyan African Investment
Portfolio
|
Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille,
et source potentielle de financement de son régime
|
Adresse : Rue Jamahiriya,
Bâtiment du LAP, B.P. 91330, Tripoli, Libye
|
5
|
Libyan National Oil Company (Compagnie pétrolière
nationale libyenne)
|
Sous le contrôle de Mouammar Kadhafi et de sa famille,
et source potentielle de financement de son régime
|
Adresse : Rue Bashir
Saadwi, Tripoli, Tarabulus, Libye
|
Déclaration avant le vote
M. ALAIN JUPPÉ, Ministre des affaires
étrangères de la France, a déclaré avant le
vote que « le monde était en train de vivre une de ces
révolutions qui changent le cours de l'histoire ». Estimant que les
peuples arabes clament leur désir de démocratie, les transitions
en Tunisie et en Égypte étant menées dans un esprit de
maturité, il a estimé que « ce nouveau printemps arabe
était pour nous tous une bonne nouvelle ». Le Ministre
français des affaires étrangères a ensuite invité
le Conseil à accompagner cette évolution avec confiance pour
aider chaque peuple à construire son avenir. Poursuivant, il a
déploré que pendant ce temps, en Libye, « hélas, la
volonté populaire est foulée au pied par le régime de
Qadhafi ». Après avoir rappelé les mesures prises par la
communauté internationale pour ramener à la raison ce
régime, il a constaté qu'elles n'avaient pas été
suffisantes, les violences n'ayant fait que redoubler. « La situation sur
place est plus alarmante que jamais, marquée par la reconquête
violente des villes qui avaient été libérées
», a souligné M. Juppé, qui a estimé que le Conseil
de sécurité ne pouvait pas laisser faire « les fauteurs de
guerre et laisser bafouer la morale et la légalité internationale
». Commentant la résolution présentée par son pays et
le Royaume-Uni, il a affirmé qu'elle donnait les moyens de
protéger la population civile. « Outre l'instauration de la zone
d'exclusion aérienne, la résolution appelle tous les États
à protéger les civils, elle
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 148
renforce les sanctions déjà adoptées,
notamment l'embargo sur les armes et le gel des avoirs du clan Qadhafi et de
ses affidés ». Avant de conclure, M. Juppé a estimé
qu'adopter cette résolution serait l'honneur du Conseil de
sécurité qui, ce faisant, ferait prévaloir la loi sur la
force. « C'est une question de jours, c'est
peut-être une question d'heures. Chaque jour, chaque heure qui passe,
resserre l'étau des forces de la répression autour des
populations civiles éprises de liberté, et notamment de la
population de Benghazi », a-t-il martelé.
« Chaque jour, chaque heure qui passe, alourdit le poids
de la responsabilité qui pèse sur nos épaules »,
a-t-il encore déclaré.
Explications de vote
M. NAWAF SALAM (Liban), soulignant les violences qui se
produisent actuellement en Libye, s'est réjoui que les membres du
Conseil ne soient pas restés les bras croisés. Le 26
février dernier, le Conseil avait adopté la résolution
1970 qui demandait la cessation immédiate de la violence, a-t-il
rappelé. À son tour, l'Assemblée générale
avait suspendu la participation de la Libye au Conseil des droits de l'homme,
a-t-il ajouté. Le représentant a également rappelé
que le Liban avait lancé un appel au Conseil de sécurité
sur la base de la résolution de la Ligue des États arabes du 12
mars 2011, qui demande au Conseil de sécurité d'assumer ses
responsabilités face à la situation en Libye et de prendre les
mesures nécessaires pour imposer une zone d'exclusion aérienne et
pour garantir la protection du peuple libyen et de tous les ressortissants
étrangers. La résolution que le Conseil de sécurité
vient d'adopter n'aura pas pour conséquence l'occupation d'une
quelconque partie de la Libye, a-t-il affirmé. Le Liban, qui a
vécu les atrocités de la guerre, ne peut appuyer le recours
à la force dans aucun pays et surtout pas en Libye, « ce pays
frère », a-t-il tenu à préciser. Mais, a-t-il
espéré, la présente résolution aura un rôle
dissuasif et permettra d'éviter tout recours à la force. Il a
appelé à respecter la souveraineté territoriale de la
Libye et a réaffirmé l'importance de parvenir à une
solution pacifique. Il a aussi appuyé la mission de l'Envoyé
spécial du Secrétaire général pour la Libye, M.
Abdul Ilah Khatib.
M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a estimé que
le régime libyen a perdu toute légitimité. Ce
régime a agi en violation des résolutions du Conseil et il est
sur le point de prendre d'assaut la ville de Benghazi, a-t-il fait remarquer.
C'est pourquoi, a-t-il dit, sa délégation a plaidé en
faveur d'une adoption rapide de la résolution d'aujourd'hui. Les
partenaires de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et
de la Ligue des États arabes sont maintenant prêts à
soutenir ce texte, a-t-il assuré.
M. PETER WITTIG (Allemagne) a souhaité que le
colonel Qadhafi renonce immédiatement au pouvoir, soulignant que son
régime a perdu toute légitimité. L'objectif est maintenant
de promouvoir la transformation politique de la Libye, a-t-il insisté.
Dans ce processus, les
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 149
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 150
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 151
fondations de la démocratie doivent être
jetées, a-t-il dit, estimant que le Conseil national de transition est
pour cela un interlocuteur important. Il a aussi salué la mission de
l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour
la Libye, M. Abdul Ilah Khatib. Pour l'Allemagne, il est important
d'empêcher le dirigeant libyen d'avoir accès aux moyens financiers
qui lui ont permis de rester au pouvoir. L'Allemagne soutient donc pleinement
les sanctions économiques et financières imposées en vertu
de la présente résolution, a assuré le
représentant. Cependant, a-t-il expliqué, l'Allemagne s'est
abstenue de voter en faveur de la résolution parce qu'elle ne souhaite
pas s'engager dans une confrontation militaire, ce qui est envisagé par
certains paragraphes.
Mme SUSAN RICE (États-Unis) a
déclaré que la résolution que le Conseil de
sécurité vient d'adopter répond à l'appel à
l'aide lancé par le peuple libyen. Elle a indiqué que la
première série de sanctions ciblant les dirigeants libyens
n'avait pas été suffisante, le colonel Qadhafi ayant
continué de violer les droits fondamentaux du peuple libyen. Mme Rice a
ensuite souligné que la présente résolution était
également une réponse à la demande de la Ligue des
États arabes d'établir une zone d'exclusion aérienne.
« Par ce texte, nous nous dotons des moyens de mettre fin à la
violence, le recours à la force en vertu du Chapitre VII de la Charte
des Nations Unies n'ayant pour seul objectif que de protéger les civils
dans les zones ciblées par le régime en place. »
M. MANJEEV SINGH PURI (Inde) a expliqué que son
pays s'était abstenu lors du vote sur le projet de résolution,
convaincu qu'il « n'existait pratiquement aucune information
crédible sur la situation sur place » qui puisse justifier la
décision d'établir une zone d'exclusion aérienne. «
Nous ne savons pas plus comment les mesures prises seront appliquées
», a-t-il fait remarquer, avant d'ajouter: « Nous demandons donc aux
autorités libyennes de cessez-le-feu et de répondre aux
aspirations légitimes du peuple libyen ».
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a
demandé que le vote exprimé aujourd'hui par sa
délégation ne soit pas interprété comme une
tolérance du comportement des autorités libyennes ni comme une
indifférence par rapport à la protection des civils et au respect
de leurs droits. Le Brésil est solidaire de tous les mouvements de la
région qui expriment des demandes légitimes en vue d'une
meilleure gouvernance, d'une plus grande participation politique et d'une
justice sociale, a-t-elle précisé. Mme Ribeiro Viotti a
condamné le non-respect par les autorités libyennes de leurs
obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de
l'homme. Elle a cependant estimé que le texte présenté
aujourd'hui envisage des mesures qui vont bien au-delà de l'appel de la
Ligue des États arabes qui demandait des mesures fortes pour faire
cesser la violence. « Nous ne sommes pas convaincus que l'utilisation de
la force, telle que prévue au paragraphe 4 du dispositif, permettra
d'atteindre l'objectif commun qui est de mettre un terme à la violence
et de protéger les civils », a-t-elle fait remarquer.
M. IVAN BARBALIÆ (Bosnie-Herzégovine) a
réitéré que sa délégation était
très préoccupée par les pertes en vies humaines en Libye.
Il a souligné la nécessité d'assurer l'assistance
humanitaire à la population civile sans entrave. Tout en appuyant
pleinement le respect de l'intégrité territoriale de la Libye, il
a cependant insisté sur l'importance de protéger de la population
civile.
M. NÉSTOR OSORIO (Colombie) a expliqué
que sa délégation avait voté en faveur de la
résolution qui, a-t-il dit, « permettra de protéger la
population civile d'un régime qui a perdu toute légitimité
». « Cette nouvelle résolution s'inscrit dans l'application de
mesures graduelles conformes à la Charte des Nations Unies »,
a-t-il souligné.
M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie)
a indiqué que son pays s'était abstenu lors du vote « pour
des raisons de principe ». Il a ainsi déploré que le travail
sur le document n'ait pas été conforme à la pratique du
Conseil de sécurité. M. Churkin a notamment indiqué que
son pays n'avait pas obtenu de réponses sur les moyens permettant de
mettre en place le régime d'exclusion aérienne. « Non
seulement, nous n'avons obtenu de réponses à nos questions aux
cours des délibérations, mais nous avons aussi vu passer sous nos
yeux un texte dont le libellé n'a cessé de changer,
suggérant même par endroit la possibilité d'une
intervention militaire d'envergure », a-t-il expliqué. « La
voie la plus rapide pour assurer la sécurité du peuple libyen est
l'instauration d'un cessez-le-feu immédiat, ce que,
précisément, souhaitait obtenir mon pays par le biais d'u projet
de résolution présenté hier », a souligné M.
Churkin.
M. JOSE FILIPE MORAES CABRAL (Portugal) a
condamné le recours à la force par un régime qui a perdu
toute légitimité. « Nous avons appelé à la
cessation de la violence et à la mise en place d'un cessez-le-feu, et
c'est dans ce contexte que nous avions voté en faveur de la
résolution 1970, le 26 février dernier », a-t-il
rappelé. Le représentant a regretté que les
autorités de Tripoli n'en aient tenu aucun compte. Pour la
communauté internationale, le régime en place est arrivé
à son terme et il doit se réformer. Il a estimé que la
résolution adoptée aujourd'hui par le Conseil de
sécurité répond aux objectifs essentiels d'un
cessez-le-feu, d'une cessation des violences et de l'acheminement sans entrave
de l'aide humanitaire afin qu'elle parvienne à la population civile.
« Nous appuyons aussi la mission de l'Envoyé spécial du
Secrétaire général pour la Libye », a-t-il
ajouté.
Mme JOY OGWU (Nigéria) a constaté que les
autorités libyennes ont continué à violer les termes de la
résolution 1970, adoptée le 26 février dernier par le
Conseil de sécurité, et les dispositions du droit international.
L'ampleur de la catastrophe humanitaire explique la raison pour laquelle le
Nigéria a voté en faveur de ce texte, a-t-elle expliqué.
Le texte met l'accent sur la protection des civils et sur l'assistance
humanitaire, ce qui répond à beaucoup de nos
préoccupations, a-t-elle dit. Le Nigéria continue à penser
que l'occupation étrangère n'est pas un moyen qui permet
d'assurer la paix en Libye. « En outre, nous aspirons à respecter
l'unité et l'intégrité territoriale de la Libye. Nous
sommes également encouragés par le fait que la voie
politique est bien précisée dans la
résolution adoptée ». Mme Ogwu a estimé que cette
résolution envoie le message sans équivoque au peuple libyen que
la dignité et la sécurité de la population sont
essentielles.
M. BASO SANGQU (Afrique du Sud) a souhaité que
la situation en Libye puisse se résoudre de façon pacifique, en
trouvant une solution politique d'ensemble. Il faut aussi préserver
l'unité, la souveraineté et l'intégrité
territoriale de la Libye, a-t-il demandé. Il a apprécié
qu'un Envoyé spécial pour la Libye ait été
désigné. M. Sangqu a rappelé que la résolution 1970
n'avait pas été suivie d'effet, les autorités libyennes
ayant agi au mépris de ce texte. « Nous pensions donc que le
Conseil de sécurité ne pouvait rester silencieux face à de
telles violences », a-t-il expliqué. Le représentant a
estimé que le texte adopté aujourd'hui répond aux attentes
des populations de la région. « Pour le principe, nous avons donc
appuyé cette résolution avec les mises en garde
nécessaires sur le respect de l'intégrité et de la
souveraineté territoriale », a-t-il dit, en rejetant toute
occupation ou intervention étrangère qui se ferait sous
prétexte de la protection des civils.
M. LI BAODONG (Chine) a rappelé que son pays
s'était toujours opposé au recours à la force dans les
relations internationales. « La Chine, même si elle reconnaît
la légitimité de la demande de la Ligue des États arabes
que soit établie une zone d'exclusion aérienne, éprouve
toujours de grandes difficultés à l'égard de plusieurs
dispositions importantes du texte de la résolution ». « C'est
la raison pour laquelle nous nous sommes abstenus », a-t-il ajouté.
Avant de conclure, le représentant de la Chine a noté que son
pays appuyait le mandat de l'Envoyé spécial du Secrétaire
général pour la Libye, dont il attend « avec impatience
qu'il fasse le point aux membres du Conseil de la situation sur le terrain
».
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 152
ANNEXE V. LA COALITION INTERNATIONALE EN LIBYE (FORCES
ENGAGEES)
Source : « Coalition internationale en
Libye : quelles forces engagées ?, édicté sur le
http://fr.euronews.com/2011/03/19/coalition-internationale-en-libye-quelles-forces-engagees/,
publié le 19/03/2011 à 18 :25 et consulté le
03/05/2011.
L'Europe est en première ligne pour faire appliquer la
résolution 1973 de l'ONU, et notamment faire respecter la zone
d'exclusion aérienne. C'est la France et la Grande-Bretagne qui
assureront le leadership. Voici l`état des lieux ce samedi 22 mars
à 13h00 CET:
Royaume Uni :
Londres a envoyé sur place un sous-marin de classe
Trafalgar d'où elle a pu tirer des missiles des Tomahawk. Deux de ses
frégates sont toujours en Méditerranée, le Westminster et
le Cumberland. Des avions de chasse Typhoon sont arrivés en Italie. Ils
s'ajoutent aux chasseurs Tornado. En support, les britanniques disposent
d'avions ravitailleurs VC10, Nimrod R1 et Sentinel ainsi que des C-17 et
C-130.
France :
Paris, dont les avions de chasse Rafale étaient les
premiers entrés en action, en a maintenu 6 auxquels elle a ajouté
4 Mirage 2000D et des avions ravitailleurs dont un Awacs. Le porte-avions
Charles de Gaulle est en route vers la zone des opérations avec à
son bord 1800 hommes et une quinzaine d'avions de chasse. Son groupe
aéronaval comprend trois frégates, un navire de ravitaillement et
un sous-marin d'attaque Il a été précédé par
4 autres frégates et le pétrolier ravitailleur Meuse.
Italie :
Du côté de Rome, le Premier ministre Silvio
Berlusconi a confirmé que les bases militaires italiennes étaient
à disposition de la coalition. La base de l'Otan à Naples
pourrait par exemple servir de plateforme de coordination des
opérations. Rome a aussi déployé des dizaines d'avions de
combat sur sa base de Trapani, dont huit Tornado prêts à
intervenir, des F-16 et des Eurofighter transférés depuis leurs
bases respectives.
Espagne :
Madrid a déployé quatre chasseurs F-18, un
Boeing 707 ravitailleur, une frégate F-100, un sous-marin S-74 le
Tramontana, et un avion de patrouille maritime 35. Deux bases espagnoles - Rota
à Cadiz et Moron de la Frontera à Séville - sont
également à disposition de l'alliance.
Idées politiques et révolutions au
Maghreb arabe. 153
Belgique :
Bruxelles a envoyé quatre de ses six F-16. Ils
étaient jusqu'ici stationnés dans le sud de la Grèce. Ils
n'ont pour le moment mené que des opérations de surveillance.
Danemark :
Copenhague a envoyé quatre avions de chasse F-16.
Norvège :
Lundi, six chasseurs F-16 norvégiens ont atterri sur la
base de l'OTAN située en Crète, prêts à être
déployés.
Grèce :
Athènes a autorisé les alliés à
utiliser trois bases l'OTAN. Un set situé en Crète, les deux
autres dans l'ouest du pays. La Grèce a fait savoir qu'elle ne
participerait pas activement aux opérations.
Pays-Bas :
Le ministre des Affaires étrangères hollandais a
fait savoir lundi que les Pays-Bas ne prendraient part aux opérations
à moins que l'OTAN ne leur demande officiellement.
En dehors des européens, le Canada a
fourni à la coalition six de ses chasseurs-bombardiers CF-18 à
long rayon d'action et deux avions de transport et ravitailleurs 2CC-150
Polaris. Quatre des CF-18 ont participé à une opération
militaire ce lundi mais sans ouvrir le feu. Les avions sont basés
à Trapani en Italie.
Etats-Unis
Les Etats-Unis auraient mis à contribution plusieurs
sous-marins d'attaque et des destroyers (USS Providence,USS Scranton, USS
Florida, USS Stout et USS Barry). Ceux-ci transportent des missiles de
croisière et des missiles Tomahawk dont certains ont déjà
été tirés sur des cibles libyennes. Le navire de
commandement USSMount Whitney patrouille aussi en Mer
Méditerranée afin de superviser les opérations. Les autres
moyens fournis par les Etats-Unis sont : un avion de surveillance
aérienne RC-135, et un E-3 Sentry (AWACS), 42 F-16 basés à
Aviano en Italie et des bombardiers furtifs B2 qui ont été
utilisé lors des frappes de ce week-end.
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