La crise en Ukraine et ses conséquences sur la géopolitique en Europe de l'Est.( Télécharger le fichier original )par Erick KASEREKA TSONGO Université de Lubumbashi - Licence 2014 |
2. ETAT DE LA QUESTIONDès 1997, Zbigniez Brzezinski explique dans son maître-livre : « Le grand échiquier - l'Amérique et le reste du monde » (pourquoi et comment contrôler l'Eurasie. « L'Eurasie reste l'échiquier sur lequel se déroule la lutte pour la primauté mondiale ». 2 http//.www.parlament.lu/resolution-de-la-crise-ukrainienne consulté le 13/10/2014 3 Brzezinski annonce que « Le but de ce livre est de formuler une politique géostratégique cohérente pour l'Amérique sur le continent eurasien ». Hypothèses et raisonnements sont d'une grande rigueur intellectuelle ; L'Eurasie est centrale, l'Amérique doit y être présente pour dominer la planète, l'Europe est la tête de pont de la démocratie en Eurasie, l'OTAN et l'Union européenne doivent de conserve étendre leur influence en Eurasie, les Etats-Unis doivent jouer simultanément l'Allemagne et la France, alliés fidèles mais, de façon différente, remuantes et capricieuses. Cela sera laborieux : « Quoi que l'avenir nous réserve, on peut raisonnablement conclure que la primauté américaine sur le continent eurasien sera soumise à de fortes turbulences et même confrontée à des épisodes de violence. L'auteur repère cinq acteurs géostratégiques : la France, L'Allemagne, la Russie, la Chine et l'Inde et cinq pivots géopolitiques : l'Ukraine, l'Azerbaïdjan, la Corée, la Turquie et l'Iran »3. La Russie et la Chine sont les deux limites à l'expansion projetée. « Exclure la Russie (de l'UE ou de l'OTAN) pourrait être lourd de conséquences - cela validerait les plus sombres prédictions russes -, mais la dilution de l'Union européenne ou de l'OTAN aurait des effets fortement déstabilisateurs.» « Le dilemme se résume à un choix entre équilibre tactique et dessein stratégique ». Le « pivot géopolitique » ukrainien fait l'objet de longs développements : « Dès 1994, Washington accorde la priorité aux relations américano-ukrainiennes4 ». Brezinski suggère d'étendre à l'Ukraine le « triangle de Weimer » constitué en 1991 par la France, l'Allemagne et la Pologne pour en faire la colonne vertébrale de la sécurité européenne. Brzezinski distingue l'Europe géographique vassalisée (« Surtout l'Europe est la tête de pont géostratégique fondamentale de l'Amérique (...) Pour le dire sans détour, l'Europe de l'Ouest reste dans une large mesure un protectorat américain et ses Etats rappellent ce qu'étaient jadis les vassaux et les tributaires des anciens empires ») de l'Europe géopolitique : (« Par Europe, nous entendons l'ensemble géopolitique uni par le lien transatlantique et engagé dans l'élargissement de l'Union européenne et de l'OTAN, tel qu'il prend tournure.»). L'insistance de Brzezinski a promouvoir l'expansion de l'OTAN contrevient manifestement aux engagements des Etats-Unis envers la direction soviétique, après la chute du Mur de Berlin. Le double engagement des parties était que les Russes ne recourent pas à la force en Europe Centrale et que les Américains n'étendent pas d'un pouce 3 Zbigniew Brzezinski, Le grand échiquier, l'Amérique et le reste du monde, Hachette Littératures - Pluriel, paris, 2002, p. 84 4 IDEM, p140 4 l'OTAN. Le Président Clinton suivra les recommandations de Brzezinski et autres expansionnistes comme Madeleine Albright, annonçant l'extension de l'OTAN dès 1994, intégrant la Pologne, la République tchèque et la Hongrie dans l'Alliance en 1999, y joignant 9 autres Etats en 2009. Pour Phillipe LEFORT, la crise ukrainienne est le produit d'un déficit de communication entre Moscou et l'Occident, notamment l'UE, particulièrement depuis le conflit géorgien de 2008. Pour lui la crise ukrainienne apparaît dans son développement au cours des neuf derniers mois comme un désastreux malentendu fondé sur la confrontation de deux théories du complot aussi fausses l'une que l'autre. L'incapacité des acteurs à communiquer efficacement constitue un paradoxe, alors que la Russie n'a jamais été aussi connectée au reste du monde, en dépit de la fastidieuse multiplication des sommets, malgré les dialogues innombrables entre entreprises, fonctionnaires ou sociétés civiles et la prolifération de l'information dans tous les domaines5. Jules CREVIER BELANGER souligne que l'unilatéralisme américain a engendré une division majeure au sein des membres de l'UE, puis entre l'Europe et les États-Unis. Selon lui l'intervention en Irak a sapé la crédibilité de l'Europe. L'unilatéralisme américain a isolé les pays européens opposés à la guerre et a miné leur influence au sein de l'UE, étant donné la division idéologique avec Londres et plusieurs États de l'UE qui ont appuyé l'intervention américaine6. Frederico SANTOPITO s'interroge « Est-il vrai que l'Accord d'association proposé par Bruxelles à Kiev a, de fait, mis l'Ukraine entre deux feux, en contraignant ce pays à choisir entre la Russie et l'Occident ? » En effet L'Union européenne croit sincèrement dans les vertus libre-échangistes. « Mais l'approche excessivement technocratique de la Commission et son incapacité à privilégier l'analyse politique face à l'économique ont, de fait, contribué à placer Ukraine entre deux feux. Ce pays s'est trouvé ainsi tiraillé d'un côté comme de l'autre, en devenant ce que Kissinger redoutait : une terre de frontière dans le cadre d'une confrontation géopolitique, et non un pont entre la Russie et l'Occident. Le fait que cela n'ait guère été l'intention de Bruxelles ne change rien à la donne. Les incontestables responsabilités de Vladimir Poutine non plus »7. 5 Lefort, P., la crise ukrainienne ou le malentendu européenne (en ligne)http// www.ifri.org/ifrilefortpe22014/pdf consulté le 13/10/2014 6 CREVIER, J., l'unilatéralisme américain et l'avenir de la communauté transatlantique, mémoire DEA, Université du Québec, mars 2008 7 Santopinto, F. , du libre échange à la crise ukrainienne : l'Union Européenne face à ses erreurs, en ligne sur http// www.igrip.org/NA201404fr-santopinto.pdf le 24/11/2014 5 La crise ukrainienne comme sujet de notre étude se fonde sur les causes de la crise qui se vit actuellement en Ukraine et ses conséquences sécuritaire et économique en Europe de l'Est. Nous interrogeons les théories des relations internationales notamment les théories géopolitiques pour comprendre les motivations des parties intervenant dans la crise ukrainienne. |
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