1.1.4. Emprunt
étranger alimenté par la fuite des capitaux
L'emprunt étranger alimente la fuite des capitaux
lorsque que ceux qui détiennent les actifs privés commencent par
déplacer leurs fonds sur un compte en banque offshore, avant de
réemprunter l'argent dans cette même banque (Ndikumana et Boyce,
2011). Cette manoeuvre que Naylor (1987) nomme prêt
« aller-retour » (« round-tripping »)
ou prêt « face-à-face »
(« back-to-back loan ») a été
utilisée pour la première fois par Meyer Lansky, trésorier
du syndicat du crime aux Etats-Unis dans les années 1930. Ce dernier
s'en servait pour blanchir de l'argent en Suisse, le but étant de
dissimuler l'origine des fonds afin de ne pas éveiller les
soupçons des autorités publiques. Les clients de Landsky en
tiraient eux aussi un bénéfice marginal et les
intérêts versés sur ces pseudo-prêts étaient
non-imposables (Naylor, 1987).
Néanmoins, dans les pays africains en
général, les prêts étrangers accordés
à des emprunteurs privés (avec garanties publiques) sont
relativement rares, si bien que ce phénomène serait moins
répandu que dans les pays d'Asie et d'Amérique Latine.
Une différence fondamentale existe entre les effets
directs et indirects de l'emprunt étranger sur la fuite des capitaux.
Cette différence réside dans le moment où ces effets se
matérialisent (Ndikumana et Boyce, 2013). En effet, si au cours d'une
année donnée, un pays augmente son stock de dette, en empruntant
moins que l'année précédente, alors la fuite des capitaux
alimentée par la dette diminuera. Par contre, la fuite des capitaux
induite par la dette s'intensifiera, puisque le stock de dette aura
augmenté.
En résumé, la littérature admet que la
dette extérieure peut directement être associée à la
fuite des capitaux de quatre manières différentes. Cependant, des
liens indirects entre les deux ont également été mis en
exergue. Ces liens indirects tiennent compte des conditions économiques
locales et du climat des affaires. Nous les présentons dans la
sous-section qui suit.
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