La réintégration du Maroc à l'Union Africaine( Télécharger le fichier original )par Manne SORY Université Africaine de Technologie et de Management - Licence Professionnelle 2017 |
Chapitre II : Une collaboration bénéfique pour tousFort des liens que le royaume du Maroc a su construire avec son continent d'origine au fil des siècles à travers différents rois qu'il a connu, les relations entre le Maroc et l'Afrique et surtout l'UA ne pourront que se renforcer. Avec cette brillante réintégration au sein de l'UA en janvier dernier, la confiance mutuelle sera désormais au bon fixe. Cette réadmission donc d Maroc représente une adhésion favorable aux deux parties (Section I) avec la possible émergence d'un nouveau leadership du royaume chérifien (Section II). Section I : Une adhésion favorable aux deux partiesEn ce début du XXIe siècle, le continent africain reste confronté à plusieurs problèmes d'ordres diverses faisant entrave à un réel développement tant sur le plan économique et social. Avec cette réintégration du Maroc, les perspectives de l'UA (Paragraphe I) vont changer puisque même si le Maroc apporte son soutien à l'UA dans l'atteinte de ses objectifs, le sous impérialisme marocains (Paragraphe II) commencera par s'afficher. Paragraphe I : des perspectives de l'UA liées au retour du Maroc à l'UA Aujourd'hui s'il est important de constater que la réintégration du royaume alaouite a besoin de l'UA et vice versa, il sera grand temps que les deux puissent enfin regarder dans la même direction, ils doivent donc faire face à des défis d'ordre sécuritaires (A) et sociaux (B). Manne SORY Page 74 sur 124 LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017 A- Des défis sécuritairesL'Afrique reste aujourd'hui le continent le plus touché par une instabilité chronique en matière de sécurité. Ainsi, en dehors de différentes crises conflictuelles et sociales qui gangrènent les Etats africains, le terrorisme reste l'une des menaces les plus présentes en Afrique et reste un champ ouvert à toutes les hostilités. Pour l'UA, le terrorisme reste son plus grand défi à relever en ce début du XXIe siècle. Face à ce défi trop important, une aide s'avère cruciale. Celui d'un apport face à l'éradication de ce fléau, principalement source d'insécurité et de ralentissement économique à l'intérieur du continent. Aujourd'hui encore, pour relever ce défi de l'insécurité grandissante qui met l'organisation panafricaine d'une part, et les organisations sous régionales d'autre part dans une impasse totale, le royaume du Maroc, en retrouvant sa place naturelle au sein de l'UA, « croit fermement qu'il a les moyens pour faire la différence dans une conjoncture où les enjeux en matière de stabilité en Afrique prennent une dimension internationale ». Lors de son discours prononcé à l'occasion de la clôture du 28e sommet des chefs d'Etats et de gouvernements de l'UA à Addis-Abeba en Ethiopie, le roi Mohammed VI déclarait : « Depuis son indépendance, le Maroc a participé à six opérations de maintien de la paix des Nations-Unies en Afrique, déployant des milliers d'hommes dans les différents théâtres d'opération. Les troupes marocaines sont, aujourd'hui encore, déployées en RCA et en RDC. De même, le Maroc a mené des médiations qui ont permis de faire avancer substantiellement la cause de la paix, notamment en Libye et dans la région du Fleuve Mano ». D'après le quotidien " El-Watan" (propos rapporté par le "Courrier International"), « l'UA suscite actuellement le débat à cause de ses multiples échecs. En fait, l'organisation africaine n'arrive plus à sauvegarder la paix sur le continent, à l'exemple des échecs concernant la Libye, le Mali et la RCA. Et dans de nombreux conflits qui déchirent le continent, il a fallu l'intervention des puissances étrangères comme la France ou les Etats Unis pour au moins trouver un motus vivendi »114. Avec de telles missions menées par le Maroc, ce dernier pourrait être renforcé avec son retour pour plus d'impact dans les résultats des opérations de maintien de paix sur 114 Hoda Sal, Maroc : à quoi sert le retour au sein de l'Union Africaine, Courrier International [en ligne], 30-01-2017, [consulté le 29-09-2017], disponible
à l'adresse : Manne SORY Page 75 sur 124 LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017 l'ensemble du continent. Le poids militaire du royaume alaouite viendra donc renforcer les lignes continentales africaines dans l'espoir d'installer la paix, qui est un gage qui s'inscrit dans les objectifs de l'Afrique unie pour la paix, et le bien-être de son Développement. Le Maroc, est l'un des pays du continent ayant une puissance militaire et stratégique non négligeable. De nos jours, l'Afrique, frappé de plein fouet par l'hydre du terrorisme, a besoin d'une nouvelle approche d'intervention et d'opération. Ce retour du Maroc au sein de l'UA va permettre de « renforcer [ainsi] son implication dans les efforts continentaux de lutte contre l'extrémisme et le terrorisme, qui hypothèquent l'avenir de l'Afrique » dixit le souverain115. De ce fait, en considération des liens forts historiques, religieux et culturels qui unissent le Maroc et l'Afrique, le royaume chérifien s'est décidé de créer la « Fondation Mohammed VI des oulémas africains » destiné à la formation des imams dans l'ensemble du continent. L'Afrique avait grandement besoin d'une institution de cette envergure, capable de s'ériger en rempart infranchissable contre les prêcheurs de la haine et de la discorde et de fédérer les dignitaires religieux. Pour le roi Mohammed VI, cette fondation est « un jalon de plus dans notre orientation stratégique visant à hisser les relations de coopération politique et économique qui unissent le Maroc à un certains nombres d'Etats africains frères au niveau d'un partenariat solidaire et efficace dans tous les domaines »116. Ainsi, ce programme devrait être étendu dans un souci de lutte globale contre la radicalisation aux autres pays africains et qui sera placé sous l'égide de l'institution continentale. Une position assez considérable du Maroc que l'eurodéputé et ancienne garde des sceaux française Rachida Dati confirme en soulignant, dans un entretien accordé au journal le « Matin », que « le contexte international nous rappelle également que l'expertise rare et pointue du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme et contre toutes formes d'extrémisme est indispensable pour de nombreux pays africains en proie à ces fléaux. Dans le même sens, le modèle religieux marocain 115 Aboubacar Yacouba Barma, Mohammed VI : « Notre retour à l'UA n'est pas tactique », La tribune Afrique [en ligne], 07-11-2016, [consulté le
03-10-2017], disponible à l'adresse : 116 Le Matin, le leadership du Maroc au service de l'Union Africaine, Le Matin [en ligne], 02-02-2017, [consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse : https://lamatin.ma/jourlal/2017/le-leadership-du-maroc-au-service-de-l-rsquo-union-africaine/266401.html Manne SORY Page 76 sur 124 LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE | 2017 s'exporte et se duplique de plus en plus en Afrique, témoin du rôle spirituel du royaume pour le continent »117. Ce projet du roi Mohammed VI traduit donc sa volonté d'apporter des réponses lucides et efficaces aux menaces qui pèsent sur le continent, notamment la montée de l'extrémisme et l'instrumentalisation de l'islam à des fins idéologiques et politiques. Pour Dr Monde Muyangwa, directrice du programme Afrique au sein du Wilson center à Washington, « cela pourrait permettre de renforcer la coopération et la coordination sur les questions de sécurité [...] particulièrement en Afrique du nord, au Sahel et en Afrique de l'Ouest »118. Par conséquent, pour toutes ces raisons, le Maroc à l'UA est somme toute logique et ne peut être bénéfique qu'à l'ensemble du continent. Au-delà de tous ces défis sécuritaires, l'engagement du Maroc en Afrique se poursuivra et se renforcera après qu'il a réintégré l'Union Africaine. En revanche, outre les défis d'ordre sécuritaire dont l'UA doit faire face, d'autres défis se présentent aussi, parmi lesquels ceux d'ordre social. |
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