LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
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AVERTISSEMENT
L'Unité de Formation et de Recherche des Sciences
Juridiques et Politiques de l'Université Africaine de Technologie et de
Management (UATM) n'entend donner ni approbation ni improbation aux opinions
émises dans ce document. Elles doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
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DEDICACES
A :
Ma mère Foulératou DJIBRIL ;
Mon père Mohamed SORY ;
Mes frères et soeurs Bassim, Sirouz, Hadioullaye, Amina et
Maïssarath.
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REMERCIEMENTS
y' Au Dr Jean Luc LAWSON, pour les conseils,
la rigueur et la disponibilité malgré ses nombreuses occupations,
ont été le moteur de ce travail de recherche.
y' Aux professeurs de l'UATM GASA FORMATION
qui nous ont formés et conseillés tout au long de cette
formation.
y' A toutes celles et tous ceux dont il n'est
pas possible de citer ici les noms, mais qui n'ont pas manqué aucune
occupation de m'encourager.
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EPIGRAPHE
« ... quand un corps est malade, il est mieux
soigné de l'intérieur que de l'extérieur ».
Mohammed VI, juillet (2016), message adressé au
27e sommet de l'UA.
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SIGLES ET ABREVIATIONS
BMCE : Banque Marocaine pour le Commerce Extérieur
BRICS : Brésil Russie Inde Chine Afrique du Sud
CCG : Conseil de Coopération du Golfe
CEDEAO : Communauté Economique Des Etats de l'Afrique
de l'Ouest
CEEAC : Communauté Economique des Etats de l'Afrique
Centrale
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
COMESA : Marché Commun de l'Afrique Orientale et
Australe
CEN-SAD : Communauté des Etats
Sahélo-Sahariens
COP : Conférence des Parties
EAC : Communauté d'Afrique de l'Est
FNM : Fondation Nationale des Musées
IDE : Investissement Direct Etranger
INED : Institut National d'Etudes Démographiques
IRIS : Institut des Relations Internationales et
Stratégiques
NNPC : Compagnie Pétrolière Nationale
Nigériane
OCP : Office Chérifien du Phosphate
OIT : Organisation Internationale du Travail
ONU : Organisation des Nations Unies
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ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONHYM : Office National des Hydrocarbures et des Mines
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
PIB : Produit intérieur Brut
RASD : République Arabe Sahraoui Démocratique
SADC : Communauté de Développement de d'Afrique
Australe
SNI : Société Nationale d'Investissement
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UMA : Union du Maghreb Arabe
ZLEC : Zone de Libre-Echange Continentale
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SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : Le Maroc à l'UA : analyse d'un retour
bien préparé 7
Chapitre I : Une stratégie continentale mis sur pied par
le royaume 9
Section I : Le renforcement de la présence du Maroc en
Afrique 9
Section II : De la politique du Maroc pour
réintégrer 20
Chapitre II : Des mutations internes au continent 30
Section I : Un Maroc en quête de territoire 30
Section II : Un Maroc en quête de suprématie 37
SECONDE PARTIE : Le Maroc à l'UA : une
réintégration à plusieurs
interrogations
|
45
|
Chapitre I : Des compétences au service de l'UA 47
Section I : Des apports politico-diplomatique 47
Section II : des apports économico-stratégique
55
Chapitre II : Une collaboration bénéfique pour tous
65
Section I : Une adhésion favorable aux deux parties 65
Section II : L'émergence d'un nouveau leadership du
royaume chérifien 74
CONCLUSION GENERALE 83
ANNEXE 86
BIBLIOGRAPHIE 104
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INTRODUCTION GENERALE
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En ce début du XXIe siècle où
le monde se transforme en plusieurs pôles d'influence de tout part,
nombreux sont les pays qui sont conscients du fait « qu'aucun Etat ne
pourra vivre isolé du monde extérieur et en autarcie ». Tous
les pays du globe se mettent alors ensemble par affinité se basant pour
la plupart sur leurs positions géographiques ou/et économiques.
Les Etats africains, ayant compris cette politique, s'appuyant sur leurs
convergences au vue de leurs divergences ont mis sur pied l'Organisation de
l'Unité Africaine en 1963 peu après les vagues de
décolonisation sur le continent, qui sera plus tard en 2002,
remplacé par l'Union Africaine.
Ainsi, le royaume du Maroc ou royaume chérifien, pays
du Maghreb arabe et situé au nord du continent, représente l'un
des pays fondateurs de cette organisation à vocation continentale. Mais
au vu des multiples Etats africains, le royaume du Maroc ne présente pas
les mêmes caractéristiques comme la majeure partie des pays du
continent. Le Maroc est un Etat unitaire, dont le régime politique est
une monarchie constitutionnelle, dirigé par le roi Mohammed VI depuis
1999, qui a succédé à son père le roi Hassan II.
D'une superficie totale de 710.850 ou 460.550km21, une population de
plus de 33 848 242 habitants (2014) et avec un Produit Intérieur Brut
(PIB) estimé à 109.201 milliards de dollars, le royaume du Maroc
a une économie plutôt stable. Le royaume chérifien est
membre de plusieurs groupements sous régionaux, notamment la
Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), la Ligue Arabe
ou encore l'Union du Maghreb Arabe (UMA) qu'il a quitté pour rejoindre
la Communauté des Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
Membre de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) depuis sa
création en 1963, ce dernier quittera ses rangs plus tard suite à
un problème lié selon le Maroc, à une question de
souveraineté nationale. De ce fait, pour gagner le pari de l'ouverture
et du repositionnement stratégique perdu en raison de son départ
de l'OUA, le royaume chérifien s'est déployé depuis
plusieurs années avec une diplomatie de tous ordres : économique,
financière, culturelle, spirituelle et surtout de proximité dans
le but de faire son grand retour au sein de la nouvelle institution
panafricaine, l'Union Africaine (UA).
1 Le Maroc a une superficie totale de 710.850km2 en
incluant le Sahara occidental, mais sans celui-ci il mesure
446.550km2
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En effet, l'Union Africaine est une organisation
interafricaine créée en 2000 et installé en 2002 en
remplacement de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA). L'Union
Africaine compte actuellement 55 membres, soit tous les pays d'Afrique avec le
retour du royaume du Maroc. Sa création procède d'une
volonté de relancer le processus d'intégration régionale,
condition essentielle pour le développement de l'Afrique2.
Ses objectifs principaux sont de permettre l'intégration politique et
socio-politique du continent, garantir la sécurité et la paix, de
promouvoir la démocratie, les droits de l'homme et d'être la voie
de l'Afrique à travers le monde.
Le problème du Maroc ayant motivé son
départ de l'Organisation de l'Unité Africaine remonte dans les
années 1970. Une période durant laquelle, le royaume du Maroc
s'est vu privé (selon lui) d'une partie de son territoire national,
revendiqué par les indépendantistes du Sahara Occidental et
proclamé en République Arabe Sahraoui Démocratique (RASD)
en 1974. Ce nouvel Etat intègre l'OUA en 1982, accepté par ses
pairs, en application du principe de l'autodétermination des peuples
à disposer d'eux-mêmes et de l'intangibilité des
frontières héritées de la colonisation. Ce qui fait que le
Maroc du roi Hassan II claque la porte deux ans plus tard, en 1984.
Si aujourd'hui le royaume du Maroc croît toujours
fermement pouvoir disposer un jour ou l'autre de cette portion de terre
reliée à ses provinces du sud, sa position reste à
reconsidérer au sein de l'UA. Non seulement par rapport à son
combat qui l'oppose aux indépendantistes pour avoir gain de cause sur le
Sahara occidental et mais aussi, sur son apport dans l'accomplissement des
objectifs de l'UA, au vu des alliées dont dispose la RASD au sein de
l'organisation. C'est ce qui justifie le choix de ce thème
intitulé « la réintégration du Maroc à l'Union
Africaine ». Au-delà de présenter un intérêt
scientifique non négligeable, l'analyse de cette question sur le Maroc
et l'UA fait figure d'un sujet d'actualité. Cette étude nous
conduira sans doute à visiter les disciplines scientifiques telles que
les relations internationales, la géopolitique, la
géostratégie, le sud dans les relations internationales, le droit
international public, etc.
Après avoir passé plus de trente ans en dehors
du cercle de l'organisation panafricaine, le royaume chérifien a su
mener une véritable bataille sur tous les fronts, que ce soit
diplomatique ou économique dans le but de pouvoir regagner sa place
au
2 Lexique de science politique : vie et institutions politiques,
2e édition, Dalloz, Paris, p.571
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sein de l'UA. En Janvier dernier, lors du 28e
sommet, le Maroc arrive à regagner sa place au sein de l'UA. Et à
cette occasion, à la tribune de l'Union Africaine à Addis-Abeba
en Ethiopie, le roi Mohammed VI déclarait : « il est beau le jour
où l'on rentre chez soi ». Ces propos du souverain marocain
viennent couronner l'intense politique africaine entreprise par le royaume
après de longues années de séparation. La présence
à nouveau du royaume du Maroc au sein de l'institution panafricaine ne
peut de ce fait, être considérée comme une fin en soi, mais
plutôt, elle doit être considérée comme le
début d'une nouvelle page dans les relations entre le Maroc et son
continent naturel.
Malgré le retour du Maroc au sein de l'UA, la situation
qui l'a fait quitter les rangs de l'OUA, il y a plus de trois décennies,
ne s'est tout de même pas résolue jusque-là. Si le Maroc
pense qu'il s'agit d'une question de souveraineté nationale, d'autres
(essentiellement la RASD et ses alliées) soulignent la volonté du
Maroc d'annexer cette zone. Aujourd'hui, les lignes peuvent encore bouger
à ce sujet. En effet, en trente-trois années d'absence, le monde
en général et l'Afrique en particulier a subi une multitude de
changement. Comme constater que le continent n'est plus dans l'Afrique des
idéologies, du colonialisme ou de la guerre froide. Pour Mohamed
Benhammon, « nous ne sommes plus dans un contexte de la guerre froide avec
l'affrontement des deux blocs, nous ne sommes plus dans la logique des
alliances en Afrique. Nous avons de nouvelles élites africaines beaucoup
plus pragmatiques, plus réalistes, ouvert sur l'avenir. Nous avons
aujourd'hui des Etats africains qui agissent dans le respect de leurs
intérêts, loin de toute volonté de se soumettre à
une quelconque directive de certains. Nous ne sommes plus dans la logique des
grands et des petits Etats. Il y a un contexte qui permet de nouer un nouveau
dialogue, dans un contexte culturel, politique international nouveau
»3. Une preuve que malgré toutes ces années
d'impasse, il pourrait y avoir une issue à ce conflit.
De ce qui précède, la présence à
nouveau du royaume du Maroc au sein de l'Union Africaine soulève sans
doute de nouveaux défis, et représente une nouvelle ère
dans les relations internationales contemporaines. Ceci laisse subsister une
série de questions à savoir :
3 Interview de Mohamed Benhammon, président du centre
marocain des études stratégiques (CMES).
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Quelles conséquences d'ordres positives et
négatives peuvent découler de ce retour ? Quels sont les revers
et les envers de cette réadmission ? En sa qualité principale
d'acteur économique avec un poids aussi considérable sur les
Etats africains, le Maroc saura-t-il remplacer l'ancienne puissance dont la
Libye du feu Mouammar Kadhafi faisait office au continent ? Le royaume du Maroc
arrivera-t-il à travers sa politique menée depuis années,
à faire exclure la République Arabe Sahraoui Démocratique
(RASD) de l'UA ? En somme, quels sont les enjeux liés au retour du
royaume chérifien à l'UA ?
Cette question central est d'autant plus pertinente qu'elle
suscite beaucoup d'interrogations, étant une énigme pour
certains, autant qu'elle est un soulagement pour d'autres. Le monde
réside aujourd'hui dans un perpétuel changement. Chaque pays
défend sa souveraineté, en s'accordant à une ouverture aux
autres en raison de la mondialisation et de la globalisation. Mais dans cette
idée d'ouverture à l'autre, le retour du Maroc dans les
arènes de l'organisation panafricaine laisse fortement apparaître
une question épineuse, celle de la RASD.
Le présent travail sur la réintégration
du Maroc à l'Union Africaine répond à une
délimitation temporelle et spatiale.
En ce qui concerne la délimitation temporelle, il
couvrira en majeure partie la période de 1999 à nos jours. Cette
période marque en vérité, non seulement l'intronisation du
prince héritier Mohammed VI en tant que souverain du royaume
chérifien succédant ainsi à son père le roi Hassan
II, mais aussi, cette période marque l'aboutissement de la politique
menée par le souverain chérifien pour se décrocher une
réintégration au sein de l'Union Africaine. Il s'agit là,
pour le souverain chérifien, le roi Mohammed VI de faire fonctionner les
leviers qui mèneront le royaume du Maroc vers un développement
politique et socioéconomique, et qui actionneront les manoeuvres
politiques pour un retour sans faute de son royaume au sein de l'UA.
Du point de vue spatial, la présente étude
englobe d'une manière générale, l'Afrique étant
donné que l'Union Africaine reste le centre d'intérêt
majeur associé à cette étude.
La présente étude qui aborde la question de la
réintégration du Maroc à l'Union Africaine bâti sur
l'ensemble des recherches documentaires à partir des ressources
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récupérées sur internet, conduit à
faire une analyse sur les coulisses d'un retour bien préparé
(Première Partie) du Maroc à l'UA.
Toutefois, cette réintégration est loin
d'être une parole d'évangile pour beaucoup de personnes, vu
qu'elle suscite plusieurs interrogations, au vue des enjeux et défis que
présente l'Union Africaine (Seconde Partie).
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PREMIERE PARTIE
LE MAROC A L'UA : ANALYSE D'UN
RETOUR BIEN PREPARE
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Depuis plus de deux décennies, le royaume du Maroc a
tourné dos à l'organisation continentale, l'Union Africaine.
Après s'être nourri de faux espoirs sur une possible
intégration à l'Union Européenne (UE) en vain, le royaume
chérifien a décidé de revenir sur ses pas. Un tel retour,
basé sur une véritable ambition de ressurgir dans les mailles du
filet africain, consacre la politique marocaine à redéfinir sa
politique étrangère. Après cette alternance au sommet de
la royauté marocaine consacrant le fils héritier Mohammed VI au
trône, le royaume du Maroc devra faire face à un nouveau
défi dans le but de mieux se voir réintégrer dans le
concert des Etats africains. Au cours de ses visites, les discours royaux sont
ponctués vers cet objectif principal du royaume chérifien, celui
de pouvoir accélérer son processus de réadmission au sein
de l'Union Africaine. Sans doute, l'aspiration du royaume du Maroc à
faire partie du cercle de l'institution panafricaine cache un autre objectif.
Il s'agit essentiellement de la controverse sur le Sahara Occidental qui tient
vraiment à coeur au Maroc.
Le royaume du Maroc s'appuie particulièrement sur leur
opportunité à offrir une collaboration, une participation du
royaume chérifien à l'émergence du continent. Tout son
arsenal diplomatique qu'il déploie, qu'il soit économique ou
politique, culturel ou religieux, répond à l'atteinte d'une seul
et même finalité, l'Union Africaine. Contre toutes attentes, le
Maroc devra de fond en comble, pouvoir baliser le terrain pour une
réintégration prompte et sans contestation majeure au vue des
divergences doctrinales et politiques qu'il entretient avec certains pays
voisins ou même à l'intérieur du continent.
Pour ce fait, le roi Mohammed VI a construit autour de son
royaume une stratégie visant l'ensemble du continent (Chapitre
I). Celui-ci, conduit par un souhait d'avoir la possibilité de
faire appui sur les mutations internes qu'a connu le continent
(Chapitre II) pour parvenir à mieux faire avancer son
dossier sur son retour au sein de l'Union Africaine.
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Chapitre I : Une stratégie continentale mise sur
pied par le royaume
Depuis plusieurs années, le royaume du Maroc essaye de
mieux s'afficher sur la scène internationale et particulièrement
en Afrique dans le but d'améliorer sa représentation sur le
continent africain. Cette volonté pour le royaume chérifien de
s'intégrer dans les rangs des pays porteur du continent, se traduit par
les multiples visites et investissements entrepris par ce dernier dans la
plupart des pays africains. Sans doute, le royaume du Maroc possède
plusieurs atouts qui lui permettent de s'aventurier au coeur des instances de
l'institution panafricaine. Il mène pour ce fait une politique pour
pouvoir réintégrer les rangs de l'UA (Section
II), mais pour une politique réussie dans le cadre de cette
réintégration, le royaume du Maroc entend d'abord accorder un
privilège à sa visibilité sur le continent
(Section I).
Section I : Le renforcement de la présence du
Maroc en Afrique
Afin de s'imposer sur le continent et dans la
sous-région maghrébine, le royaume chérifien a
actionné son levier qui lui permettra de mieux s'afficher sur le
continent. Le roi Mohammed VI se lance dans une vaste conquête à
travers tout le continent en multipliant non seulement les visites officielles
(Paragraphe I), ses soutiens à ses habituels
alliés, mais les accords de coopération avec bon nombres de pays
africains (Paragraphe II).
Paragraphe I : Des visites officielles
Dans sa politique d'ouverture et de coopération avec le
reste du continent africain, le royaume du Maroc compte sur ses alliés
de longues dates ainsi que sur ses nouveaux partenaires. Une raison qui a
conduit le souverain marocain, le roi Mohammed VI lors de ses derniers
déplacements, en Afrique de l'ouest (A) chez ses
alliés habituelles et aussi en Afrique de l'Est (B),
une partie du continent qu'il n'avait pas jusque-là parcouru.
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A- Des tournées en Afrique de l'ouest
Au lendemain de son intronisation en 1999, le roi Mohammed VI
n'a pas tardé à afficher un véritable choix d'ouverture
aux autres. Cette volonté mena le royaume du Maroc à l'assaut du
reste du continent en visitant ses voisins de l'Ouest courant 2016, notamment
le Nigéria et le Sénégal. Cette ouverture en Afrique de
l'ouest répond à une volonté du Maroc, de vouloir faire
son grand retour au sein de l'Union Africaine d'une part, et d'essayer de ce
fait de « chercher à imposer sa marque et son style en Afrique de
l'Ouest »4.
Au cours de l'une de ces tournées, le roi du Maroc
s'est rendu au Nigéria, puissance économique et
démographique du continent, une occasion pour lui de s'assurer du
soutien de ce pays pour la réintégration de son royaume au sein
de l'UA et renforcer les relations économiques entre les deux pays. Pour
le roi, cette visite représente « une nouvelle consécration
de la vision perspicace et du leadership clairvoyant du souverain en faveur du
renforcement des relations bilatérales entre Rabat et Abuja et de
l'avènement d'une Afrique maîtresse de son destin
»5. Au cours de cette visite, l'un des projets les plus
ambitieux qui a été signé entre les deux pays, est celui
de la réalisation d'un gazoduc régional appelé à
relier les ressources gazières du Nigéria au Maroc, en passant
par plusieurs pays ouest africain. Au-delà de celui-ci, des
mémorandums, accords et conventions ont été signé
dans le but d « renforcer leur détermination à forger un
partenariat commun en vue de promouvoir la coopération sud-sud et le
développement en Afrique »6. Si le royaume
chérifien a en ligne de mire l'adhésion du Nigéria
à la motion signé par des Etats africains7 pour
accélérer son
4 Rfi, Mohammed VI part à la conquête
de l'Ouest, Rfi [en ligne], 18-02-2014, [consulté le
29-08-2017], disponible à l'adresse :
http://www.rfi.fr/afrique/20140218-mohammed-vi-part-conquete-ouest
5 MAP, Une visite historique de sa majesté le roi
Mohammed VI au Nigéria, Africanow [en ligne], 2016,
[consulté le 29-08-2017], disponible à l'adresse :
http://africanow.online/visite-historique-de-majeste-roi-mohammed-vi-nigeria/
6 Source : Communiqué officiel de la visite du
roi Mohammed VI au Nigéria
7 Cette motion engagée par le
président gabonais Ali Bongo Ondimba et déposée
auprès de la Commission de l'UA, a été mise en oeuvre dans
le but d'accélérer le retour du Maroc à l'UA et d'expulser
de ce fait la RASD. Il fut donc signé par 28 Etats-parties, dont
l'hebdomadaire international Jeune Afrique dans sa parution du 24
juillet 2016, n° 2898 a listé comme suit « Bénin,
Burkina Faso, Burundi, Cap-Vert, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti,
Erythrée, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau,
Guinée Equatoriale, Libéria, Libye, Centrafrique, RD Congo,
Sao-Tomé-Et-Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone,
Somalie, Soudans, Swaziland, Togo et Zambie ».
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retour à l'UA et essayé sans doute, d'expulser
la République Arabe Sahraoui Démocratique (RASD) des rangs de
l'UA, les accords et conventions conclus touchent de nombreux domaines. Ces
deniers, publiques comme privés, vont de l'agriculture au transport, les
ports, l'énergie, les finances, les banques/assurances, la culture, le
tourisme et surtout la sécurité avec « le soutien total et
actif du royaume du Maroc au Nigéria dans ses efforts
d'éradication des activités terroristes de Boko Haram et dans les
pays voisins du bassin du lac Tchad »8.
En dehors du Nigéria, le roi Mohammed VI a
visité le Sénégal. Un déplacement durant lequel, il
a tenu à adresser au peuple marocain, depuis Dakar, son discours
à l'occasion du 41e anniversaire de la marche
verte9. Un discours stratégique d'autant plus que, non
seulement le Sénégal représente un allié au Maroc
depuis toujours, mais aussi du fait que ce dernier fait partie de ces pivots
qui oeuvrent pour le retour du Maroc à l'UA et la résolution de
la question du Sahara Occidental en faveur du Maroc. Dans son discours, le roi
Mohammed VI réaffirme donc l'intention de son royaume de
réintégrer l'UA et de faire face aux défis sur les
questions touchant son intégrité territoriale et continentale.
Ceci rentrera justement au coeur des discussions liées à sa
visite, « la volonté du Maroc de réintégrer l'UA pour
tenter de faire avancer l'épineux dossier du Sahara occidental
»10. Dans ce discours, il soulignait : « nous avons
décidé d'imprimer une nouvelle dynamique compte tenu du poids
politique, des potentialités économiques et atouts
stratégiques »11. Toutefois, cette visite sera aussi
l'occasion de renforcer la coopération bilatérale entre le
Sénégal et le Maroc dans un partenariat gagnant-gagnant et qui
prend en compte divers secteurs au vu de consolider les relations
économiques bilatérales qui les unissent. Au terme de cette
visite, le roi Mohammed VI n'a pas fait que réconforter sa position en
Afrique de l'Ouest. Il a aussi tissé de nouveaux liens d'amitié
avec les Etats de l'Est du continent.
8 Ibid.
9 La marche verte représente cette marche des 350.000
civils du Maroc pour la récupération pacifique des provinces du
Sahara autrefois occupé par l'Espagne.
10 Rfi, Le roi du Maroc Mohammed VI en visite
officielle chez l'allié sénégalais, Rfi [en
ligne], 07-112016, [consulté le 29-08-2017], disponible à
l'adresse :
http://www.rfi.fr/afrique/20161106-roi-maroc-mohammed-visite-officielle-senegal-allie-choix-union-africaine-sahara
11 Ibid.
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B- Des tournées en Afrique de l'Est
Le souverain chérifien, le roi Mohammed VI a voulu
tisser de nouvelles amitiés et faire face à de nouveaux
défis. Ce qui le conduit à visiter les Etats de l'Est du
continent, dans le but de « s'ouvrir à cette région
jusque-là délaissé par le royaume chérifien, mais
aussi défendre sa candidature à l'Union Africaine
»12. Mise à part la volonté de
réintégration qui anime le roi du Maroc, il veut en visitant la
corne de l'Afrique, « explorer de nouvelles opportunités
économiques d'autant plus que le souverain marocain a fait du
co-développement et du partenariat gagnant-gagnant l'une des
priorités de son règne »13. Surtout que dans
cette partie de l'Afrique, des pays comme le Rwanda, la Tanzanie et l'Ethiopie
font figure de modèle en termes d'essor économique et de
croissance. La visite du roi se veut donc d'être dans le but de renforcer
la coopération sud-sud, et aussi d'être une visite
stratégique à l'heure où le Maroc souhaite faire son
retour au sein de l'UA14.
En premier lieu, le souverain s'est rendu au Rwanda. Cette
visite a été effectuée après l'annonce officielle
du Maroc de sa volonté à vouloir rejoindre la grande "famille
institutionnelle" panafricaine dès le prochain sommet de l'UA. Ce qui a
permis à Paul Kagame, président du Rwanda de
réitérer le soutien de son pays à cette décision du
retour du Maroc à l'UA et son engagement ferme à oeuvrer pour sa
réussite, à la faveur d'une admission prompte et
inconditionnelle15. A cet effet, « les deux pays ont
décidé de renforcer [...] leur concentration et coordination
à tous les niveaux et sur les différentes questions
régionales, continentales et internationales »16. Dans
de tels
12 Rfi, Retour du Maroc dans l'UA : au Rwanda,
Mohammed VI reçoit le soutien attendu, Rfi [en ligne],
20-10-2016, [consulté le 29-08-2017], disponible à l'adresse :
http://www.rfi.fr/afrique/20161019-retour-maroc-ua-rwanda-mohammed-vi-recoit-le-soutien-attendu
13 Carole Kouassi, Maroc : tournée de
"séduction" du roi Mohammed VI dans la corne de l'Afrique,
Africa
News [en ligne], 18-10-2016, [consulté le
29-08-2017], disponible à l'adresse :
http://fr.africanews.com/2016/10/18/maroc-tournee-de-seduction-du-roi-mohammed-vi-dans-la-corne-de-l-afrique//
14 Hamza Mekouar, Le double enjeu de la visite de
Mohammed VI en Afrique de l'est, Huffpost [en ligne],
19-10-2016, [consulté le 29-08-2017], disponible
à l'adresse :
http://www.huffpostmaghreb.com/2016/10/19/enjeu-visite-mohammed-vi-afrique-est
n 12553834.html
15 Source : Communiqué conjoint officiel entre la
république du Rwanda et le royaume du Maroc publié à
l'issue de la visite officielle en république du Rwanda de sa
majesté le roi Mohammed VI, roi du Maroc.
16 Ibid.
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voyages officiels, ce ne sont pas les accords et partenariats
qui en manquent. Plusieurs accords et partenariats bilatéraux ont
été conclus dans des domaines divers tels les consultations
politiques, les services aériens, la coopération
sécuritaire, la coopération en matière fiscale, la
protection investissements, la finance, le logement, les assurances, la
technologie et le développement des zones économiques.
Dans le prolongement de ses voyages en Afrique de l'Est,
après le Rwanda, le roi Mohammed VI s'est rendu en Tanzanie. Au menu de
cette visite, coopération économique et rapprochement
diplomatique. Ainsi, la question de la réintégration du royaume
chérifien à l'UA ne manque jamais d'intérêts dans
les discussions. Son Excellence le Dr John Pombe Joseph MOGUFULI a
exprimé à ce propos, le soutien de la Tanzanie à la
décision du Maroc d'intégrer l'UA et d'y retrouver sa place
légitime17. Cependant, il faut le rappeler, la Tanzanie
faisait partie de ces rares pays à travers le continent à
reconnaître la RASD. Un soutien qui lui est accordé pour des
raisons historiques et dont le roi Mohammed VI a dû user du « soft
power » marocain pour ramener la Tanzanie à une position plus
mesurée (neutralité). Mais à ce stade de la
tournée, le royaume chérifien se doit de créer une
relation ex-nihilo18 avec la Tanzanie. Ceci n'a pas
empêché la conclusion de divers accords dans les secteurs comme
celui du tourisme, de l'agriculture, du transport ferroviaire et du commerce,
ainsi que l'ouverture d'une ambassade du royaume du Maroc en Tanzanie et un
Consulat général de la Tanzanie au Maroc19.
Suite à cela, pour conclure une longue tournée
dans la partie orientale du continent, le roi Mohammed VI s'est rendu en
Ethiopie. Deuxième puissance démographique (2015) et
4e économie du continent, le royaume chérifien
élargi ainsi son cercle de coopération avec cette visite. En
plus, la présence à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, du
siège de l'UA représente la meilleure aubaine pour discuter
17 Source : Communiqué conjoint officiel
entre la république unie de Tanzanie et le royaume du Maroc
publié à l'issue de la visite officielle en république
unie de Tanzanie de sa majesté Mohammed VI, roi du Maroc.
18 Une relation ex-nihilo, c'est-à-dire qui devrait se
construire à base de rien, vu que la visite du roi marocain
représente une nouvelle dans la zone.
19 Source : Communiqué conjoint officiel entre la
république unie de Tanzanie et le royaume du Maroc publié
à l'issue de la visite officielle en république unie de Tanzanie
de sa majesté Mohammed VI, roi du Maroc.
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
de la concrétisation de la réintégration
et le renforcement de la présence du Maroc en Afrique de
l'Est20. Si au cours de ce déplacement, le Maroc compte
cueillir un soutien favorable à sa réintégration de la
part de l'Ethiopie il convient tout de même de souligner que la plupart
des Etats anglo-saxon du continent (dont l'Ethiopie) font figure de soutiens
à la RASD. Le roi Mohammed VI fera jouer les intérêts
réciproques, dans une coopération Sud-Sud et un partenariat
gagnant-gagnant « dans l'optique de faire en sorte que les dirigeants
éthiopiens mettent en balance leur intérêts avec le Maroc
et les autres pays, surtout la RASD »21.
A l'issu de cette visite, des conventions de
coopération entre les deux pays ont été signées.
Ces derniers incluent « la convention sur la promotion et la protection
des investissements, la convention sur la non-double imposition et la
prévention de l'évasion fiscale, la convention sur l'agriculture,
la convention de promotion au commerce et la convention sur la
coopération économique, scientifique, technique et culturelle,
ainsi, que l'accord relatif aux services aériens, le mémorandum
d'entente sur la formation hôtelière et touristique
»22 sans oublier le méga projet de l'Office
Chérifien du phosphate (OCP) en Ethiopie sur la création d'une
usine de fabrication d'engrais.
Cependant, parmi ces accords et conventions signés
durant la tournée africaine de sa majesté le roi Mohammed VI, un
certain nombre de ceux-ci, surtout les plus ambitieux, commencent
déjà à voir le jour dans tous les coins du continent.
Paragraphe II : Des accords de coopération
Durant toute la journée royale entrepris par le roi
Mohammed VI dans les sous-régions du continent, plusieurs
accords/projets ont vu le jour. Ces derniers, sont de divers
20 MAP, Visite officielle de SM le Roi en Ethiopie,
Royaume du Maroc [en ligne], 17-11-2016, [consulté le
06-09-2016], disponible à l'adresse :
http://www.maroc.ma/fr/actualites/visite-officielle-de-sm-le-roi-en-ethiopie
21 Youssef Boudlal, Le roi Mohammed VI en Ethiopie
: une visite et des enjeux ; Huffpost [en ligne], 18-
11-2016, [consulté le 05-09-2017], disponible à
l'adresse :
http://www.huffpostmaghreb.com/2016/11/18/mohammed-vi-ethiopie
n 13069758.html
22 Source : Communiqué conjoint ayant sanctionné la
visite officielle de SM le roi en Ethiopie.
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
ordres allant du plus ambitieux qui verra le jour u
Nigéria, le gazoduc Maroc-Nigéria (A), à
un ensemble d'investissements massifs (B) sur le continent.
A- Le gazoduc Maroc-Nigéria
Le projet du gazoduc Maroc-Nigéria est un projet
d'acheminement de gaz naturel du Nigéria vers le Maroc. Ce gigantesque
projet, dont le budget oscille entre 25 et 50 milliards de dollars
US23 (offshore) a été signé lors de la visite
du roi Mohammed VI au Nigéria au dernier trimestre de l'année
2016. Le gazoduc Maroc-Nigéria prendra ainsi sa source dans la
région d'Escravos (au Nigéria) pour traverser toute la côte
ouest africaine, longer le Maroc pour prendre une éventuelle chute
(in fine) en Europe via l'Espagne.
Ce méga projet transcontinental ne sera en effet, que
le prolongement du gazoduc de l'Afrique de l'Ouest24
déjà existant qui fournit du gaz naturel depuis le Nigéria
au Ghana en passant par le Bénin et le Togo25. Ce projet
conclu entre l'Office National des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) et la
Compagnie Pétrolière Nationale Nigériane (NNPC), long de
5000km26, permettra l'accélération des projets
d'électrification dans toute la sous-région de l'Afrique de
l'Ouest et sera à la base de la création d'un marché
régional compétitif de l'électricité27.
Outre l'électricité, ce projet pharaonique devra permettre de
développement des pôles industriels intégrés dans
la
23 Massinissa Mansour, Gazoduc transsaharien/ Le Maroc
supplante l'Algérie, Algérie Focus [en ligne],
18-05-2017, [consulté le 07-09-2017], disponible
à l'adresse :
http://www.algerie-
focus.com/2017/05/gazoduc-transsaharien-maroc-supplante-lalgerie/
24 Le gazoduc de l'Afrique de l'ouest qui est la
propriété de West African Gas Pipeline Company Limited est
initiée en 1982 par les Etats membres de la CEDEAO dont la construction
a démarré en 2005. Sa mise en opération, prévue
2007, n'a pas été effective pour cause de plusieurs
déficiences techniques.
25 West African Gas Pipeline, Wikipédia [en
ligne], [dernière modification le 18-06-2017], [consulté le
07-09-2017], disponible à l'adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/West
African Gas Pipeline
26 Le gaz naturel qui sera acheminé vers le
Maroc par des pipelines à partie du Nigéria sera partagé
par le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le
Libéria, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, la
Gambie, le Sénégal et la Mauritanie.
27 Yassine Benargane, Gazoduc Maroc-Nigéria : Un projet
titanesque qui concrétise la coopération sud-sud, Yabiladi
[en ligne], 15-05-2017, [consulté le 05-09-2017], disponible
à l'adresse :
https://www.yabiladi.com/articles/details/53690/gazoduc-maroc-nigeria-projet-titanesque-concretise.html
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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sous-région dans des secteurs tels l'industrie,
l'agrobusiness et l'engrais28. Selon les propos de Nasser Bourita,
Ministre des affaires étrangères du Maroc, « c'est aussi un
projet viable qui vient répondre au besoin croissant de l'Europe de
diversifier ses sources d'énergie ».
De plus, à travers ce gazoduc transcontinental, il
permettra une amélioration de la compétitivité des
exportations des Etats ouest africain et stimuler la transformation locale des
ressources naturelles29. En bref, « ce pipeline va introduire
un changement profond dans l'économie des pays qu'il va relier »
analyse une source diplomatique marocaine.
Cependant, si certains qualifient ce projet d' «
ambitieux » en raison de sa couverture sur différents Etats
particulièrement en prospection gazière (Côte d'Ivoire,
Sénégal, Guinée, Mauritanie), d'autres qualifient ce
dernier de fantôme et d'utopique. En effet, selon des propos
rapportés par le journal « Le Monde »30, ce projet,
aussi ambitieux et pharaonique soit-il, ne risque pas de voir le jour pour des
raisons de sécurité. Selon des explications, ce pipeline prend
son approvisionnement dans le delta du Niger, une région du sud du
Nigéria qui n'est pas sécurisée. Personne ne mettra de
somme colossal dans un tel projet, pour ajouter le fait que le gazoduc
traverserait « une dizaine de pays dont certains sont dans des situations
particulièrement difficiles »31. Ainsi, ce constat de la
complexité géostratégique lié à la
faisabilité de ce projet pourrait bien être « [...] une
stratégie politique. Il s'agit d'une part (pour le Maroc) d'obtenir du
Nigéria une neutralité bienveillante face aux ambitions
28 Le développement des pôles industriels
intégré dans la sous-région dans le secteur de l'engrais
explique notamment la signature de la convention entre l'OCP et le milliardaire
Aliko Dangote pour une importante production de fertilisant alimenté par
le phosphate marocain et le gaz nigérian qui vise à faire booster
la production agricole du Nigéria.
29 Yassine Benargane, Gazoduc Maroc-Nigéria :
Un projet titanesque qui concrétise la coopération sud-sud,
Yabiladi [en ligne], 15-05-2017, [consulté le 05-09-2017],
disponible à l'adresse :
https://www.yabiladi.com/articles/details/53690/gazoduc-maroc-nigeria-projet-titanesque-concretise.html
30 Joan TILOUNE, CHARLOTTE BOZONNET, Gazoduc Maroc-Nigéria
: l'avenir de l'Afrique de l'Ouest ou chimère ?, Le Monde [en
ligne], 17-05-2017, [consulté le 08-09-2017], disponible à
l'adresse :
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/05/17/gazoduc-maroc-nigeria-l-avenir-de-l-afrique-de-l-ouest-ou-chimere
5129337 3212.html
31 Ibid.
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du Maroc, que ce soit pour son entrée à l'UA et
à la CEDEAO ou sur la question sahraouie d'autre part...
»32.
Toutefois, l'aboutissement de ce méga projet devra
pouvoir transcender les différends politiques, comme celui du froid
diplomatique entre le Maroc et la Mauritanie d'une part, ou même du
conflit historique qui perdure depuis des décennies entre le Maroc et la
RASD. Tout compte fait, sur l'ensemble du continent, au-delà du gazoduc
Maroc-Nigéria, beaucoup d'autres investissements ont été
réalisés par le Maroc.
B- Des investissements massifs
Le royaume du Maroc n'a pas attendu que son retour soit
effectif au sein de l'UA, avant de se lancer dans des investissements à
travers tout le continent. Ces investissements faits dans plusieurs domaines,
réconfortent la place du Maroc en tant que puissance en devenir sur le
continent. 3e pays le plus prospère en Afrique
(derrière l'Afrique du Sud et le Burundi)33, 11e
pays de par sa population (2016)34, 4e budget militaire du
continent35 et l'un des premiers investisseurs du continent (avec
l'Afrique du Sud), le royaume du Maroc veut s'ériger au rang de hub
continental et régional à travers ses investissements. Comme l'a
souligné l'analyste Amine Dafir : « l'intérêt
économique croissant généré par le Maroc sur le
continent permet de renforcer l'influence perdue par le pays du fait de son
retrait de l'UA ». depuis l'annonce de Kigali (capitale rwandaise)
affirmant l'intention du Maroc de regagner le giron de l'institution
panafricaine en 2016, pas moins de 113 conventions, accords, mémorandums
et
32 Ibid.
33 Rapport « Africa Prosperity Report 2016
» réalisé par le Think tank londonien Legatum Institute in
Agence Ecofin, classement des pays les plus prospère en 2016 selon
Legatum Institute, Finance [en
ligne], publié le 02-06-2016 [consulté le
05-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.agenceecofin.com/gestion-publique/0206-38560-classement-des-pays-africains-les-plus-prosperes-en-2016-selon-legatum-institute
34 Démographie de l'Afrique,
Wikipédia [en ligne], [dernière modification le
14-08-2017], [consulté le 1009-2017], disponible à l'adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mographie
de l%27Afrique
35 Badya Khalid, le Maroc une valeur montante en
Afrique, Challenge [en ligne], publié le 24-08-2017],
[consulté le 09-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.challenge.ma/maroc-valeur-montante-afrique-79619/
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2017
accords d'investissements 36 dans de grands
secteurs comme l'agriculture, la banque/assurance, les énergies
renouvelables, les mines, le tourisme et la logistique à travers les
Etats anglophones visités qui était jusque-là pour lui
Terra Incognita.
A travers ses différents investissements, le souverain
chérifien a préconisé, à cet effet, une vision
à long terme ayant pour socle stratégique la coopération
sud-sud pour un développement durable fondé sur des rapports
économiques justes, équitable et gagnant-gagnant. Ainsi, le
montant des Investissements Directs Etrangers (IDE) marocain sur le continent
est chiffré à environ 4milliards de dollars US en
201637, ce qui permet au Maroc de damer le pion à l'Afrique
du Sud pour devenir le premier investisseur en Afrique selon certaines sources.
Un chiffre qui affiche clairement les ambitions du royaume chérifien.
Assurément, avec ses nombreux investissements, le Maroc a su avec le
temps, faire changer les positions de certains Etats qui étaient
restés « hostiles » à la réintégration du
Maroc et à la suspension de la RASD de l'organisation, grâce
à son influence économique qu'il a fait jouer en sa faveur. Au
Rwanda comme en Ethiopie, en passant par le Nigeria, le Sénégal
ou encore la Tanzanie, le souverain chérifien avec tout son royaume se
présentent comme des investisseurs aguerris faisant ce qu'ils savent
faire de mieux : développer des liens économiques avec de
nombreux pays du continent par le biais du commerce et de l'investissement.
Cependant, si le Maroc a réussi à convaincre
à travers ses investissements, c'est aussi en partie grâce
à la particularité du modèle de coopération que le
Maroc s'emploie à développer avec l'Afrique. Ce dernier
réside dans la diversité des acteurs et des partenaires
impliqués. Une coopération qui n'est plus l'apanage unique des
gouvernements et des institutions gouvernementales, bien au-delà, le
modèle marocain privilégie les opérateurs
économiques privés et les acteurs de la société
civile.
36 Nadia Lamlili, Maroc-Afrique : la diplomatie économique
de Mohammed VI, Jeune Afrique [en ligne],
publié le 23-02-2017, [consulté le 06-09-2017],
disponible à l'adresse :
http://www.jeuneafrique.com/406029/politique/maroc-diplomatie-chequier-de-mohammed-vi-nouveaux-amis-africains/
37 Oumar Baldé, Investissement en Afrique :
le Maroc monte en puissance, les cahiers des éco [en ligne],
publié le 09-05-2017, [consulté le 13-09-2017], disponible
à l'adresse :
http://www.leseco.ma/les-cahiers-des-eco/afrique/57177-investissement-en-afrique-le-maroc-monte-en-puissance.html
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2017
Les investissements du Maroc en Afrique portent
généralement sur les secteurs des banques et des
télécommunications. La principale banque du pays, le groupe
Attijariwafa Bank, ainsi qu'une partie de la Société Nationale
d'Investissements (SNI) sont présentent dans 10 pays notamment au Togo,
en Côte d'Ivoire, au Mali, Sénégal, Guinée-Bissau,
Niger et Mauritanie en Afrique de l'Ouest ; en RDC, au Gabon et au Cameroun en
Afrique centrale 38 . Outre le groupe Attijariwafa Bank, la Banque
Marocaine pour le Commerce Extérieur (BMCE) est aussi présente
sur le continent dans 19 pays, principalement en Afrique de l'Ouest
(Bénin, Togo, Mali...) sous le nom de « Bank Of Africa » (BOA)
en Afrique centrale et en Afrique de l'Est à travers sa filiale, la
banque d'Afrique39. Dabs le secteur des
télécommunications, avec sa compagnie de téléphonie
« Maroc Télécom », il mène des activités
dans 11pays africains comme le Bénin, le Burkina, le Mali... souvent
sous des noms différents comme « Moov » en Afrique de l'ouest
francophone40. Au-delà de ces secteurs
privilégiés, les entreprises marocaines se sont également
investies dans l'assurance, notamment avec le « « Saham Insurance
Group ». Une compagnie qui continue par se développer à
travers ses installations en Afrique dont le Bénin, le Madagascar, la
Côte d'Ivoire ou encore le Kenya41. Toutefois, pendant ses
nombreuses années, l'Afrique subsaharienne représente la partie
du continent qui a le plus bénéficié des investissements
marocains, avec en moyenne 62% des investissements du royaume dans le monde
avec un pic de 88.2% enregistré en 201042. Pour Ernst &
Young, cabinet de conseil financier, l'intérêt croissant
porté par le Maroc à l'Afrique subsaharienne s'explique par le
fait que « les entreprises marocaines regardent vers l'Afrique de l'ouest
alors même que leur pays devient une plateforme d'exportation
38 Attijariwafa Bank, Wikipédia [en
ligne], [dernière modification le 25-08-2017], [consulté le
04-092017], disponible à l'adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Attijariwafa
Bank
39 BMCE Bank, Wikipédia [en ligne],
[dernière modification le 03-09-2017], [consulté le 14-09-2017],
disponible à l'adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/BMCE
Bank
40 Franc Kuwonu, Union Africaine : le retour du Maroc,
Afrique Renouveau [en ligne], Décembre 2016-
Mars2017, [consulté le 13-09-2017] disponible à
l'adresse :
http://www.un.org/africarenewal/fr/magazine/d%C3%A9cembre-2016-mars-2017/union-africaine-le-retour-du-maroc
41 Ibid.
42 Le 360, Afrique-MAP, investissements : 62% des IDE
marocains vont à l'Afrique subsaharienne, le 360 [en ligne],
publié le 30-11-2016, [consulté le 04-09-2017], disponible
à l'adresse :
http://afrique.le360/ma/maroc-mauritanie-cote-divoire-senegal-guinee-mali-gabon/economie/2016/11/30/7932-investissements--é-des-ide-marocains-vont
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vers d'autres pays africains »43. Les liens
d'amitiés et la longue histoire que partage le Maroc avec cette partie
du continent prouve de ce fait cet intérêt qu'affiche le royaume
chérifien à l'Afrique subsaharienne. Le roi Mohammed VI veut donc
donner un nouvel élan à la fois politique, économique, et
culturel à son royaume dans un contexte sécuritaire et
économique actuel lourd, vu que l'intégration maghrébine
est devenue en quelques années une chimère. Une politique qui
donnera ainsi les moyens au royaume chérifien de pouvoir
accélérer sa réadmission au sein de l'UA par la mise en
place d'une politique de réintégration.
Section II : De la politique du Maroc pour
réintégrer
Le royaume du Maroc a longtemps élaboré un plan
d'action d'envergure dans le but d'accélérer son retour au sein
de l'UA. Le souverain chérifien, le roi Mohammed VI s'y est vivement
engagé depuis son intronisation en 1999. Pour ce faire, le Maroc s'est
de plus en plus focaliser sur une stratégie plus souple en se faisant de
nouveaux alliés plutôt qu'à tourner dos à tous ceux
qui n'était pas en phase sur la vision de la conception marocaine des
choses. Une raison de plus pour le royaume chérifien de se voir dans ce
contexte s'offrir un leadership efficace à son service
(Paragraphe I). De notre temps, le Maroc à
réorganiser ses objectifs vis-à-vis de l'Afrique au vue de sa
volonté de réadmission à l'Union Africaine Il aspire donc
à conquérir le sud du Sahara (Paragraphe II) qui
lui permettra de concrétiser aussi ses ambitions sous
régionale.
Paragraphe I : Un leadership efficace au service du
royaume
Au fil des siècles, malgré les vagues de
colonisation qu'a connues l'ensemble des pays africains, le royaume du Maroc a
su garder son système politique traditionnel qui repose sur la
royauté. En ce début du XXIe siècle, les
fondements de base de cette royauté n'ont toujours pas changé.
Au-delà de sauvegarder son système politique
43 Rapport d'enquête du cabinet financier Ernst & Young
en 2015 in Afrique Renouveau
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
traditionnel, le royaume du Maroc compte faire aussi recours
à une politique tout à fait classique dans la poursuite de
l'atteinte de son objectif. Faut-il le constater, le royaume chérifien
est profondément attaché à la tradition et à la
culture marocaine. Une occasion pour le souverain marocain, le roi Mohammed VI
de faire usage de cette stratégie, touchant non seulement la culture
(B), mais avant tout la spiritualité
(A).
A- De la spiritualité marocaine
Le chemin d'une diplomatie efficace a longtemps
été vu sur un angle économique. Dans l'histoire des
relations internationales modernes, le système idéologique a pris
un pas sur le système religieux. Une situation considérée
comme une maxime aux nouvelles règles internationales depuis le
traité de Westphalie de 1648 séparant les affaires religieuses de
ceux politiques. Ce qui poussa à un délaissement partiel du
facteur religieux au détriment de celui économique en tant que
règle (presque immuable) dans les relations internationales.
Depuis le début de son règne, le roi Mohammed VI
a su mettre en place une véritable « diplomatie religieuse »
dans l'espoir de pouvoir conquérir de nouveaux pays. Un projet qui lui
permit, au-delà de toutes convergences idéologiques existantes
(religion), de faire engendrer des convergences politiques avec les Etats
bénéficiaires de tels projets. Au Sénégal, en
Tanzanie, au Madagascar ou encore en Côte d'Ivoire, le roi Mohammed VI
n'hésite pas à lancer des travaux de construction de
mosquées. Une initiative appréciée et saluée qui
s'accompagne de la formation des imams à travers l' « Institut
Mohammed VI de formation des imams, Mourchidines (prédicateurs) et
Mourchidates (prédicatrices) situé à Rabat au Maroc. Le
but d'une telle formation reste pour le Maroc, de prôner un « islam
modéré » vu que la « diplomatie religieuse
intègre aujourd'hui une nouvelle approche des conflits religieux par le
dialogue, la prévention et la concertation avec les acteurs religieux
»44. Une telle formation sera donc un rempart contre
l'extrémisme et la radicalisation puisque l' « islam marocain
» est perçu comme ouvert, tolérant et gage de
stabilité par de
44 Soura Rodriguez, Diplomatie religieuse : quelle place ?
Quel but ? Quelle paix ?, Interview de Ousa Aboutai, docteur en sciences
politiques, enseignante en relations internationales à
l'Université Jean Moulin Lyon III, réalisé par le Centre
International pour la Paix et les Droits de l'Homme (CIPADH)
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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nombreux Etats africains accordant une large place à
l'ijtihad (effort d'interprétation et de jurisprudence). Et pour le
ministre marocain des Habous (patrimoines religieux), il « constitue une
condition sine qua non de développement économique ». La
mise en place de cet enseignement en faveur des imams est fondée sur la
doctrine châaribe, le rite malékite et le soufisme comme chemin
spirituel. Ce courant religieux prêché par le Maroc se voit
rencontrer de nombreuses adhésions « de la part des pays africains
qui sont confrontés à des vagues d'attentats » selon Pierre
Vermeren, maître de conférences et spécialiste de
l'histoire du Maghreb contemporain. L'exportation de l' « islam
modéré » du royaume chérifien ressort donc un partage
d'expérience en matière religieuse, mais aussi l'apparence d'un
« soft power » marocain en matière religieuse. De ce qui
précède, l'on peut comprendre que le Maroc cherche à
mettre fin, à travers ce programme, à la radicalisation et
à l'extrémisme religieux qui conduis et au déraillement de
certaines personnes étant à l'origine des attentats. En un mot,
le royaume chérifien essaye d'attaquer le terrorisme à sa source.
Comme l'a si bien souligné Malala « avec des armes vous pouvez tuer
des terrorismes, avec l'éduction, vous pouvez tuer le terrorisme
».
En outre, la mise en place d'une telle diplomatie favorise
également les rapports amicaux de confiance et économiques.
« Il y a une vraie complémentarité entre ces deux aspects de
la diplomatie, religieuse et économique. Le soft power religieux
marocain permet d'appuyer l'extension économique marocain »
déclare Pierre Vermeren. Elle représente aussi une
véritable porte d'entrée pour le Maroc en Afrique de l'ouest,
facilitant la signature des accords au regard des convergences
idéologiques avec les Etats.
B- De la diplomatie culturelle marocaine
En politique, toutes les manoeuvres sont efficaces pour
arriver à ses fins, dit-on. Au-delà d'une diplomatie
économique traditionnelle menée de part et d'autre à
travers le continent par le royaume du Maroc, appuyé par une diplomatie
dite religieuse, le Maroc a su faire profit de sa culture en menant un
véritable « smart power » grâce à ce dernier.
Ainsi, depuis quelques années, répondant à la
volonté du souverain chérifien le roi Mohammed VI de partager
avec le reste du monde ce qu'il a sans
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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restriction aucune, le royaume chérifien conduit
à l'intérieur comme à l'extérieur de son territoire
une véritable « diplomatie culturelle ». Si d'aucuns pensent
qu'une « diplomatie culturelle » ne relève que des
Organisations Non Gouvernementales (ONG), des acteurs non étatiques ou
encore qu'elle soit autonome, la culture reste un facteur déterminant
dans la conduite d'une diplomatie d'influence dans le monde et
particulièrement en Afrique.
En effet, le Maroc a su donner très tôt une
orientation à sa diplomatie culturelle. Pour le royaume
chérifien, l'orientation de la diplomatie culturelle marocaine fut
définit dans le cadre national qu'international. Pour eux, au plan
national, l'usage de la diplomatie culturelle doit se faire dans le sens
qu'elle soit « comme un levier de rayonnement pour un Maroc stable,
solidaire et ouvert sur l'autre » 45 . Au plan international, il s'agit
« de la mise en place d'une vision diplomatique plus professionnelle et
moins traditionnelle, en promouvant la culture marocaine d'origine à
l'étranger comme un levier de changement... »46.
Aujourd'hui, de par le monde, faut-il le rappeler, « nous
assistons au retour en force de l'extrémisme avec de nombreuses
expressions de rejet de l'autre, de repli sur soi basées sur des
idées révolues et débouchant sur des violences et des
conflits multiples »47. De ce fait, la promotion de la culture
et du dialogue interculturel saur être un rempart et en plus un meilleur
gage pour la paix. Le royaume chérifien, décidé à
élargir son champ d'influence (culturel) dans le but de s'offrir des
retombées économiques (et pas des moindres) n'a sans doute pas
négligé l'importance que revêt la fédération
des cultures d'Afrique et sa promotion dans un contexte de développement
communautaire au vue des divergences et tous ordres entre les Etats. S. Camara,
ancien diplomate guinéen soulignait : « le Maroc et l'Afrique, ce
sont des
45 Ferouz Faouzi, La diplomatie culturelle du Maroc entre
réserve et retenue, L'opinion [en ligne], 04-
12-2015, [consulté le 19-9-2017], disponible à
l'adresse :
http://www.lopinion.ma/def.asp?codelangue=23&id
info=48537
46 Ibid.
47 Aziza Bennani, la diplomatie culturelle : un enjeu
diplomanational, une portée internationale, l'économiste
[en ligne], 12-10-2013, [consulté le 18-09-2017], disponible
à l'adresse :
http://leconomiste.com/article/912017-la-diplomatie-culturelle-un-enjeu-diplomanational-une-port-e-internationalepar-aziza-
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
liens indéfectibles soutenus par un socle culturel et
spirituel qui défient les caprices du temps, les vicissitudes de
l'histoire et de la politique »48.
Néanmoins, l'organisation de l'évènement
culturel dénommé « Afrique en Capitale » à Rabat
en Mars 201749 témoigne de l'importance que le royaume
chérifien porte à la culture surtout africaine. En effet, cet
événement s'inscrit dans « le sillage du discours du roi
Mohammed VI, lors du 28e sommet de l'UA tenu à Kigali, au
Rwanda et de la dynamique nationale engagée pour le développement
continental » comme l'a annoncé un communiqué de la
Fondation Nationale des Musées (FNM) du Maroc au journal « Huffpost
»50. Un tel projet, initiative appuyé par le royaume,
est prometteur et fédérateur de développement
économique dans l'ensemble du continent africain. Pour le Maroc, de
telles initiatives pour la valorisation de la culture africaine permettent de
construire un pôle de stabilité et permettra aussi de
développer un grand ensemble régional qui préserve
l'identité culturelle et spirituelle des populations. Cependant,
au-delà de l'événement culturel « Afrique en Capitale
», l'organisation de l'exposition « splendeurs de l'écriture
au Maroc, manuscrits rares et inédits » faite du 23 mars au 06
avril 2017 qui a connu l'exposition de trois (03) pièces
maîtresses : un Coran du IXe siècle, une Torah (date
inconnue) et une Evangile en Arabe datant du XIIe siècle
témoigne de l'intérêt capitale que porter le Maroc à
la culture. Lors de cette exposition, au front de l'exposition on pouvait lire
: « Porteurs de valeurs universelles, le Maroc invite à travers ses
trésors inédits à mieux connaître sa
particularité et son identité politique et culturelle
irriguée par plusieurs affluents... ».
En d'autres termes, la considération d'un appui sur la
culture africaine, riche de par sa diversité ne saura être
considéré comme un essai de colonisation du Maroc, en essayant
d'apporter sa civilisation à ses voisins du continent. Au contraire, la
culture saura être un point d'ancrage entre les peuples, réunir
les peuples africains et un
48 Ibrahima Ahmed Barry, L'Afrique au coeur de la nouvelle
stratégie marocaine de coopération, Le
Monde [en ligne], 16-12-2016, [consulté le
18-09-2017], disponible à l'adresse :
http://nasrallahbelkhayate.blog.lemonde.fr/2016/12/16/lafrique-au-coeur-de-la-nouvelle-strategie-marocaine-de-cooperation/
49 « L'Afrique en Capitale » est un
événement culturel célébrant la culture
contemporaine de l'Afrique, et s'est tenue à Rabat, au Maroc du 28 mars
au 28 avril 2017.
50 Henri Margueritte, Rabat, bientôt capitale
culturelle de l'Afrique pour un mois, Huffpost, [18-02-2017],
[consulté le 18-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.huffpostmaghreb.com/2017/02/17/rabat-culture-afrique
n 14820660.html
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
moyen d'échange et de brassage interculturel au vu des
différences idéologiques, politiques, économiques, dans le
but d'amorcer un réel développement des Etats africains. En
somme, la diplomatie culturelle marocaine est associée à une
stratégie globale de développement tout en réalisant un
objectif de dialogue. Une position qui lui permettra sans doute de pouvoir de
plus en plus élargir son terrain d'influence au sud du Sahara.
Paragraphe II : Le Maroc à la conquête du
sud du Sahara
Le Maroc, tout comme l'ensemble des autres Etats de la
région à sa propre vision de la souveraineté. L'offensive
diplomatique menée par le royaume chérifien tant sur le plan
économique, politique que diplomatique témoigne de la
volonté du souverain marocain, le roi Mohammed VI à vouloir se
reconstruire une nouvelle image de son royaume. Si le royaume du Maroc
s'investit autant pour bénéficier d'une telle
notoriété, c'est non seulement pour acquérir de nouveaux
alliés stratégiques en dehors du Maghreb et asseoir son influence
au sud du Sahara (A), mais aussi pour profiter d'une telle
hégémonie de manière à pouvoir étancher son
désir d'intégration à la CEDEAO (B).
A- Une influente subsaharienne grandissante
Zone d'influence traditionnelle du royaume, le Maroc est au
fil des années, devenu l'un des partenaires privilégiés de
l'Afrique subsaharienne et principalement de l'Afrique de l'ouest. A travers
tout le continent, l'Afrique subsaharienne reste la zone de confort du
souverain chérifien du fait que, avec cette région, et
principalement l'Afrique de l'ouest et centrale, ils partagent une histoire
commune de longue date reçu en héritage de la part de son
père. De nos jours, à l'heure de la mondialisation et de la
globalisation, les relations entre le Maroc et les Etats de l'Afrique
subsaharienne se sont encore plus accentuées. Il participe alors de la
volonté du royaume chérifien de vouloir s'appuyer sur ses racines
africaines pour bâtir un pôle de stabilité et de
pérennité ainsi qu'un grand espace de développement. Une
raison qui permettra au royaume chérifien de renforcer son influence sur
cette sous-région du continent.
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
Aujourd'hui, l'Afrique subsaharienne reste la principale
bénéficiaire des IDE marocains, accueillant en moyenne 89.5% des
investissements hors des frontières marocaines avec une croissance
annuelle moyenne de 9.1% sur la période 2008201651. Un taux
qui atteste réellement de l'intérêt qu'affiche le Maroc
envers l'Afrique subsaharienne. De ce fait, le Maroc vise à appuyer la
transformation structurelle et la diversification des économies ouest
africaines avec pour objectif, une intégration régionale plus
poussée dans le domaine du commerce, des finances et de la monnaie.
Selon une étude réalisée sur « les échanges
Maroc-Afrique subsaharienne au titre de la période 2008-2016 »,
l'Afrique de l'ouest reste en tête en termes d'entrées des IDE
marocain, accueillant 64.7% sur la période 2011-2015 suivi par l'Afrique
centrale avec 25.3% et de l'Afrique de l'est 10%52.
L'attachement du Maroc à l'Afrique de l'ouest
s'explique par le fait que le Maroc est à la recherche des richesses
naturelles de l'ensemble du continent, surtout ceux de l'Afrique de l'ouest et
centrale, regorgeant la plus grande partie des richesses du continent.
Généralement, les investissements du royaume chérifien en
Afrique et ceux de l'Afrique de l'ouest en particulier se limitaient au
financement et à la réalisation d'infrastructure de base. La
donne a changé aujourd'hui. La nouvelle stratégie du Maroc
initiée par le roi Mohammed VI implique davantage des opérateurs
économiques privés marocains ce qui laisse un vaste champ de
conquête à ces derniers. Cependant, en Afrique de l'Ouest, les
services marocains sont orientés dans le secteur bancaire, de la
formation et de l'exportation de leur savoir-faire, laissant les hommes
d'affaires marocains faire le plein de capitaux. Nonobstant, la majorité
des importations africaines du Maroc provient d'Afrique du nord
(Algérie, Tunisie, Egypte), des pays avec lesquels le solde commercial
du royaume est déficitaire. Mais, avec l'Afrique de l'ouest, le solde
commercial reste excédentaire.
Au final, il revient aux pays partenaires de l'Afrique
subsaharienne de saisir les opportunités offertes et d'en tirer
pleinement profit pour le mieux-être des populations.
51 Le360 Afrique, Maroc-Afrique : les échanges commerciaux
en hausse de 9.1% entre 2008 et 2016,
le 360 [en ligne], 10-07-2017], [consulté le
20-09-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.le360.ma/maroc-senegal/economie/2017/07/10/13304-maroc-afriqueles-echanges-commerciaux-en-hausse-de-91-entre-2008-et-2016-13304
52 Source : Office des changes du Maroc
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
Toutefois, il échoit de comprendre la stratégie
marocaine en Afrique de l'ouest au vu de son désir d'intégrer la
CEDEAO.
B- Un désir d'intégration à la CEDEAO
Le Maghreb arabe est l'une des rares régions au monde
où i arrive de constater une unité linguistique, culturelle,
religieuse et géographique. Mais c'est aussi l'une des rares
régions du continent africain, malheureusement qui présente un
taux d'intérêt des plus bas sur tout le continent (3%). Elle ne
parvint pas à créer un ensemble régional cohérent
qui lui permet d'être beaucoup plus fort et représentatif sur la
scène internationale. Avec la fermeture de la frontière entre le
Maroc et l'Algérie, le Maroc a beaucoup plus à perdre qu'à
gagner de cette situation. En fait, la fermeture de cette frontière
coûtait au Maroc un point de croissance, selon des spécialistes,
alors que les perspectives de constructions du Maghreb s'éloignent. En
un mot, autant de situations qui verrouillent l'avancée d'une inclusion
maghrébine.
Ainsi, après sa réintégration
réussie au sein de l'UA, le Maroc a préféré donc se
tourner vers la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO). En février dernier, un mois après sa réadmission
à l'UA, le Maroc a fait savoir son intention à vouloir être
un « membre à part entière » de la CEDEAO. Une
intégration qui sans doute, octroie un maximum de crédit positif
à l'organisation sous régionale. La CEDEAO était, avant
l'adhésion du Maroc composé d'un ensemble de 15 Etats
membres53. Lors du dernier sommet de la CEDEAO qui s'est tenu
à Monrovia au Libéria, le Maroc a reçu un accord de
principe émanant de l'organisation suite à sa demande
d'adhésion, ce qui en fait le 16e pays membre de la CEDEAO.
Dans le communiqué officiel ayant sanctionné le sommet, l'on peut
lire « les Chefs d'Etats ont exprimé un soutien
général pour la demande du royaume du Maroc, compte tenu des
liens forts et multidimensionnels qu'il entretient avec les Etats membres
»54.
53 Bénin, Burkina Faso, Cap Vert, Côte d'Ivoire,
Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali,
Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone et le Togo.
54 Rfi, Adhésion du Maroc à la CEDEAO
: un accord de principe mais des incertitudes, Rfi [en ligne],
06-06-2017, [consulté le 21-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.rfi.fr/afrique/20170606-liberia-monrovia-sommet-cedeao-maroc-adhesion-accord-de-principe-incertitudes
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
En effet, avec l'intégration du Maroc, la CEDEAO se
retrouvera avec u PIB de 750 milliards de dollars et 384 millions de
consommateurs. Ces chiffres, feront donc de la CEDEAO, la 17e plus
importante économie mondiale devant la Turquie, la Suisse et l'Arabie
saoudite et rivalisant avec l'Indonésie55. Pour Nasser
Bourita, chef de la diplomatie marocaine, « cette décision
(d'intégration) vient couronner l'historique des relations qui ont
toujours lié le Maroc, les pays d'Afrique de l'ouest et la CEDEAO
»56. Pour pouvoir arriver à cette fin, un long processus
diplomatique a été entrepris par le roi Mohammed VI. Comme
l'atteste les 24 visites effectuées dans 11 pays ouest africains.
Quid de l'importance d'une telle adhésion au sein de la
CEDEAO ? Pour le royaume chérifien, cette adhésion à cet
ensemble sous régional est d'une manière ou d'une autre,
stratégique vu qu'il répond à une certaine logique
d'influence au sein de l'UA et que le Maroc entend cependant exploiter cette
opportunité pour peser au sein des instances de l'UA. Mais pour arriver
là, il faudra d'abord un travail profond pour créer une
cohésion et une solidarité au sein des membres de la CEDEAO. Ceci
va de soi, à constater les débâcles enregistrées par
la communauté au vu des récents événements sur le
continent. Cherkaoui Roudani, professeur universitaire spécialiste des
relations internationales confiait à l'hebdomadaire Jeune Afrique
à ces propos : « il est vrai que la CEDEAO n'offre pas
jusque-là un exemple de sérénité et d'unité
dans la prise de décision au niveau continental. Il n'y a qu'à
voir les récents événements comme la crise
postélectorale en Gambie ou encore l'élection à la
présidence de la commission de l'UA, pour constater que les 15 pays de
l'union régionale n'arrivent pas à se mettre d'accord ».
Ensuite, il convient aussi de comprendre la stratégie marocaine de
réintégration à l'UA et d'adhésion à la
CEDEAO. Il s'agit là, d'une question de « timing » puisque,
les deux adhésions ne devaient pas poser de problème et
d'arrières pensées négatives. A cet effet, la diplomatie
marocaine a préféré que son retour soit effectif au sein
de l'UA avant de vouloir se tourner vers la communauté ouest africaine.
« Si nous avions procédé inversement, le message aurait pu
être
55 Mar Bassine, La CEDEAO à 16 pays membres
en quelques chiffres, le 360 [en ligne], 06-06-2017, [consulté
le 21-09-2017], disponible à l'adresse ;
http://afrique.le360.ma/maroc-cote-divoire-senegal-guinee-mali/economie/2017/06/06/12430-la-cedeao-16-pays-membres-en-quelques-chiffres-12430
56 Intégration : le Maroc et la CEDEAO
accélèrent, le Point Afrique [en ligne], 30-08-2017],
[consulté le 22-09-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.lepoint.fr/economie/integration-le-maroc-et-la-cedeao-accelerent-30-08-2017-2153224
2258.php
LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
brouillé : certains aurait pu nous accuser d'utiliser la
CEDEAO pour nous assurer un retour à l'UA » commente une source
diplomatique à l'hebdomadaire Jeune Afrique57.
Au final, malgré les différents problèmes
et questions que soulèvent cette adhésion, le souverain
chérifien, le roi Mohammed VI continue sa lancé au coeur du
continent africain et essaye, au-delà de toutes suspicions, de
reconstruire une solide intégrité du pays raté par son
père, le feu Hassan II.
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57 Jeune Afrique dans sa parution du 12 mars 2017, «
Marocafrique », n°2931.
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2017
Chapitre II : Des mutations internes au continent
Depuis le 12 novembre 1984, date du départ du royaume
du Maroc de l'OUA (ancêtre de l'UA), jusqu'à sa
réintégration à l'UA récemment le 31 janvier 2017,
le continent africain a connu au fil des années, beaucoup de changement.
Absent du cercle de l'organisation panafricaine mais ayant pris soin de lier de
fortes relations bilatérales avec bon nombres d'Etats africains, le
royaume chérifien n'a tout de même jouer un rôle majeur dans
le cours de l'histoire du continent dans cette période. Souvent trop
préoccupé à vouloir rejoindre les rangs de l'Union
Européenne (UE) ou encore à développer de relations avec
les pays du Golfe, le royaume chérifien entend mieux s'impliquer
à présent dans les affaires du continent. Ses objectifs, restent
sans doute variés. Si d'une part, le Maroc entend conquérir de
nouveaux territoires (Section I), surtout en ce qui concerne
sa réappropriation des terres sahraouis, aujourd'hui, avec sa
réadmission à l'UA, le royaume du Maroc se veut jouer dans la
cours des grands en essayant de prendre tête et bénéficier
d'une plus grande suprématie (Section II).
Section I : Le Maroc en quête de territoire
Le roi Hassan II (père et prédécesseur de
Mohammed VI) autrefois roi du Maroc, s'était autant sacrifié pour
la récupération de cette bande de terre (le Sahara Occidental)
aujourd'hui déclarée RASD et dirigée par le mouvement
indépendantiste, le Front Polisario. Le territoire dont le Maroc se
réclame donc propriétaire et qui était sous occupation
espagnole, s'est vu octroyer son indépendance (Paragraphe
I). Mais jusque-là, la question de la souveraineté de la
RASD (Paragraphe II) pose problème.
Paragraphe I : L'indépendance du Sahara
Occidental
Au lendemain de la conférence de Berlin, statuant sur
le partage de l'Afrique entre les puissances coloniales en 1884, le Sahara
espagnol fut occupé par les espagnols (A). Le processus
de décolonisation de cette région du sud du Maroc a connu la
création du Front Polisario et de la RASD (B).
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
A- Le Sahara Occidental, ancienne colonie espagnol
Le Sahara Occidental58 est un territoire
situé au sud du royaume du Maroc et arpentant une superficie totale de
266.000 km2. Il est limité au nord-est par l'Algérie,
au sud-est par la Mauritanie, au sud par la province de Tarfaya (Maroc) avec
une ouverture sur l'océan atlantique à l'ouest. Ce territoire
contrôlé par l'Espagne depuis 1884 représente un territoire
dont le royaume chérifien et le Front Polisario 59 (mouvement
indépendantiste) se disputent l'appartenance depuis le départ des
espagnols en 1976. Jusque-là, au niveau des Nations Unies, aucun statut
définitif n'a été attribué sur le plan politique et
juridique à cette portion de terre puisque pour l'ONU, cette portion de
terre est qualifiée de « territoire non autonome » 60 . Le
Sahara occidental, d'une population de 570.866 habitants (2013), reste une
énigme, notamment pour la RASD que pour le Maroc qui tous, se
prévalent d'être les maîtres légitimes de ce
territoire.
En effet, après l'occupation du Sahara espagnol par les
espagnols en 1884 (position confirmée par la conférence de Berlin
au cours de la même année), petit à petit, le Maroc a su,
au fil des années arracher certaines portions de terre aux espagnols.
Ainsi, en avril 1958, le Maroc arrive à arracher seulement
l'indépendance d'Ifni et de Tarfaya espérant au plus vite obtenir
celui du Sahara espagnol. Au début des années 1960, l'ONU
intervient en incitant l'Espagne a décolonisé cette zone ainsi
que Cap Juby et l'enclave d'Ivni (qui jusqu'à ce jour sont des provinces
espagnoles). Il souligne aussi à ce titre (ONU) la possibilité
d'engager des consultations avec le Maroc. A ce moment, survint un conflit
militaire armé (la guerre des sables) en 1963 opposant l'Algérie
au Maroc dû essentiellement à l'absence d'un tracé
précis de la frontière entre l'Algérie et le Maroc. Une
situation, qui fera abandonner les négociations avec l'Espagne au sujet
du Sahara Espagnol. Si en 1965, le Maroc pensait être seul en course pour
l'acquisition de l'indépendance ce de territoire qu'il
58 Initialement, cette partie du Sahara
était appelé « Sahara espagnol » au début de
l'occupation espagnol. Aujourd'hui il prend différents noms. Cela
dépends toutefois de la partie qui l'emploi. Si pour l'ONU il s'agit du
Sahara Occidental, le Maroc se réclamant propriétaire l'appel
Sahara marocain.
59 Le mot « Polisario » est l'abréviation en
espagnol de "Frente popular de Liberacion de Seguia el Hamra y Rio de Oro" qui
se traduit par "Front Populaire de Libération de la Seguia et Hamra et
du Rio de Oro".
60 Voir résolution 1541 (XV) de l'Assemblée
Générale des Nations Unies adopté le 15 décembre
1960.
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
juge sien, il se retrouve plus tard opposé à la
Mauritanie et de plus à l'Algérie, sur l'appropriation du
territoire, chose qui donna une position de force à l'Espagne dans le
contrôle de ce territoire. Il a donc fallu le règlement du conflit
entre l'Algérie et le Maroc et entre le Maroc et la Mauritanie pour voir
se former une barrière antiespagnole.
B- L'après 1976, la création du Front
Polisario et de la RASD
L'Espagne qui a occupé le Sahara Occidental jusqu'en
1975, s'est vue contraindre de quitter les terres sahraouies suite à la
marche verte lancée par le roi Hassan II. Une marche
opérée dans le but de marquer la volonté d'une
souveraineté marocaine sur ce territoire. Cette marche a donc abouti aux
accords de Madrid signés le 14 novembre 1975 à Madrid entre
l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie, qui situent le partage des terres
sahraouies. Ce partage octroie les 2/3 du Sahara Occidental au Maroc et les 1/3
à la Mauritanie. Los de ce partage, tous les protagonistes n'ont pas
été appelés autour de la table de négociation. Le
Front Polisario qui se prétendait aussi propriétaire du Sahara
Occidental n'a pas été présent à la table de
négociation. Suite à cela, en février 1976, le Front
Polisario proclame l'indépendance du Sahara Occidental créant de
ce fait, la RASD. Mais cependant, trois ans avant, en 1973, naissait le
Polisario à Zouerate, en Mauritanie. Ce front, créé par
El-Ouali Moustapha Sayed reste le successeur du Mouvement de libération
du Sahara qui existait depuis les années 1960 sous l'impulsion de
Mohammed Bassari61.
Quant à la RASD, lors de sa proclamation, elle fut
gouvernée par Mohamed Abdelaziz jusqu'en mai 2016. Suite à son
décès, il fut remplacé par Brahimi Ghali qui cumule sa
fonction de président de la RASD avec celui du secrétaire
général du Front Polisario. Jusqu'à ce jour, il est
gouverné par ce dernier, avec pour premier ministre Abdelkader Taleb
Oumar62.
61 Front Polisario, Wikipédia [en
ligne], dernière modification le 04-09-2017, [consulté le
21-09-2017], disponible à l'adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Front
Polisario
62 RASD, Wikipédia [en ligne],
dernière modification le 01-08-2017, [consulté le 19-09-2017],
disponible à l'adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique
arabe sahraouie d%C3%A9mocratique
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
Paragraphe II : La question de la souveraineté
de la RASD
Les Etats dans toutes leurs diversités,
présentent des caractéristiques. Parmi ces
caractéristiques, la présence d'un territoire est l'un des
éléments fondamentaux dans la formation d'un Etat. En RASD,
plusieurs raisons laissent une remise en question de sa souveraineté,
comme l'inefficacité du contrôle territorial (A)
et l'opinion de la communauté internationale qui fait apparaître
le problème de légitimité de l'Etat sahraoui
(B).
A- Un contrôle presque inefficace du territoire
Le Sahara Occidental, dans sa totalité à une
superficie de 266.000 km2. C'est sur ce territoire que le Front
Polisario, faut-il le rappeler, a installé la RASD en 1976. Ainsi,
depuis le départ des espagnols suite aux accords de Madrid (qui octroie
2/3 du territoire au Maroc et les 1/3 à la Mauritanie), l'ensemble des
terres sahraouies n'a cessé de subir des modifications au fil des
années. Le Maroc considère le Sahara Occidental comme faisant
partie de ses provinces du sud, qui couvre dans sa totalité (y compris
le Sahara Occidental) 416.474 km2. Le Sahara Occidental, à
lui seul, recouvre environ 64% de ces provinces. Les 266.000 km2
faisant office de territoire à la RASD n'ont pas été
épargnés par des annexions au fil des années ce qui remet
en cause l'effectivité du contrôle du territoire par l'Etat
sahraoui.
En effet, au lendemain de la signature des accords de Madrid,
après le départ des espagnols, le Polisario attaque les forces
marocaines et mauritaniennes les considérant comme étant les
« nouvelles forces d'occupation ». Si le Maroc et le Polisario sont
tous deux sur des charbons ardents sur la question du Sahara Occidental, le
Polisario arrive tant bien que mal à s'approprier les terres
confiées à la Mauritanie. L'appropriation de la partie sahraouie
autrefois accordé à la Mauritanie par les traités de
Madrid intervient à la suite du renversement du président
mauritanien Moktar Ould Daddah en 1978. En fait, peu de temps après le
putsch renversant le président mauritanien, le Polisario
décrète unilatéralement un cessez-le-feu avec Nouakchott,
qui est approuvé par l'ONU. Et le 10 août 1979, les deux parties
signent un traité de paix qui fait céder la partie du Sahara
Occidental occupé par la Mauritanie au Polisario.
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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Pour se défendre d'une probable attaque du Polisario
qui va dans le sens de ce qui s'est produit avec la Mauritanie, le Maroc
décide d'ériger un mur de défense. Ce mur divise le
territoire du Sahara Occidental en deux, laissant juste le contrôle de
20% de ce dernier sous le contrôle du Polisario. Jusque-là, aucune
avancée considérable n'a été remarquée
depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en 1991.
B- Un problème de légitimité de l'Etat
sahraoui
Le Sahara Occidental proclamé république par le
Front Polisario fait face à une multitude de problème dans sa
quête de légitimité sur la scène internationale. Si
pour l'ONU le territoire du Sahara Occidental est classé «
territoire non autonome », les dirigeants de la RASD sont souvent
accueillis ou refoulés selon le lieu où ils se rendent.
Les principaux protagonistes restent le Maroc et le Front
Polisario dans la quête du Sahara Occidental. Si de ce fait, chacun
d'entre eux se défend dans le but de pouvoir devenir maître des
lieux, les observations de différents Etats et organisations sous
régionales et internationales font pencher la balance. En effet, faut-il
le rappeler, la RASD est membre de l'OUA depuis 1982 (une intégration
qui fait quitter le Maroc des rangs de l'OUA deux ans plus tard en 1984), puis
de l'UA et continue d'y siéger. A ce jour, l'UA reste la seule
organisation dont elle fait partie. Aujourd'hui, dans le monde entier, l'Etat
sahraoui continue de perdre en crédit, fruit d'une campagne menée
par le royaume du Maroc dans le but de faire rayer cet Etat qu'il qualifie de
« pseudo-Etat » et reprendre le contrôle total du Sahara
Occidental.
En 1976, le Polisario proclamait la RASD. Pour eux, le conflit
du Sahara Occidental est une question d'auto-détermination des peuples
et qu'il faudra par conséquent, l'application du droit international et
en particulier du droit d'auto-détermination des peuples. L'organisation
d'un referendum sur la question du Sahara Occidental reste donc la seule issue
possible pour une sortie de crise. Une idée qu'apprécie Khalil
Ahmed en déclarant : « le référendum est un moyen
reconnu de résolution des conflits liés à la
décolonisation. Si les sahraouis décident d'être marocain,
nous respectons leurs décisions, mais seul un referendum
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
d'autodétermination peut régler le
problème »63 . De plus, le Polisario condamne le Maroc
de juste vouloir étancher ses ambitions ultranationalistes.
Malgré le fait que le Maroc a initialement donné
son accord sur l'organisation d'un referendum sur la question du Sahara
Occidental, il a finalement changé d'avis, réalisant que cela
nuirait à ses intérêts. Pour lui, cette portion de terre
est considérée comme faisant partie de ses provinces du sud. La
suprématie marocaine sur cette terre est donc naturelle, historique et
légale faisant référence aux liens qu'entretenait le
Sahara Occidental avec le royaume du Maroc. Ainsi, loin de croire à
l'existence de ce « pseudo-Etat », le Maroc considère que le
Polisario n'est qu'un outil au service de l'Algérie, dans le but
d'affaiblir le Maroc afin de pouvoir s'offrir un accès vers
l'atlantique. Une raison de plus, de se camper sur sa position et de ne laisser
aucune faille au Polisario pour ne pas se faire surprendre par ce dernier. Le
Maroc propose donc une large autonomie du Sahara Occidental sous la
souveraineté marocaine. Aujourd'hui encore, à l'occasion de la
42e célébration de la marche verte ce 07 novembre
2017, le souverain chérifien, le roi Mohammed VI lors d'un discours
télévisé annonce qu' « aucun règlement de
l'affaire du Sahara n'est possible en dehors de l'initiative d'autonomie, dont
la communauté internationale a reconnu le sérieux et la
crédibilité »64.
Quelques années après la proclamation de la
RASD, le pays s'est vu accréditer de plus de 80 reconnaissances à
travers le monde65. Pour Brahimi Ghali, alors ambassadeur sahraoui
à Alger (actuel président de la RASD), 85 Etats reconnaissent
officiellement la RASD en août 2008. Mais au fil des années, ce
chiffre n'a cessé de décroître de manière drastique
puisque, en mars 2016, 46 pays ont retiré leur reconnaissance à
la RASD66. En Afrique, sur les 54 Etats africains, 18 continuent
de
63 Khalil Ahmed, observateur des Droits de l'Homme
pour la RASD lors d'un entretien le 28 février 2017 à Tifanti
réalisé par le Crisi Group.
64 Africanews, Sahara Occidental, Mohammed VI rejette
toute solution autre que l'autonomie, Africanews [en ligne],
07-11-2017, [consulté le 07-11-2017], disponible à l'adresse :
http://fr.africanews.com/2017/11/07/sahara-occidental-mohammed-vi-rejette-toute-solution-autre-que-lautonomie/
65 RASD, Wikipédia [en ligne],
[dernière modification le 01-08-2017], [consulté le
19-09-2017],
disponible à l'adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique
arabe sahraouie- d%C3%A9mocratique
66 Ibid.
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2017
reconnaître la RASD et 20 lui ont retiré leur
reconnaissance67. Un fruit des nombreuses visites effectuées
par le roi Mohammed VI depuis le début de son règne. Les poids
lourds des soutiens de la république sahraouie sont en Afrique
(notamment l'Algérie, le Zimbabwe, l'Afrique du sud), ainsi que la
majeure partie des Etats qui reconnaissent encore cet Etat. En dehors du
continent, des pays comme la Syrie, la république populaire
démocratique du Laos, la Corée du nord, le Mexique, le Nicaragua
ou encore la Bolivie et le Honduras reconnaissent la RASD68.
Outre les Etats, la situation de la RASD reste délicate
au sein de la communauté internationale. A ce jour, seul l'UA
reconnaît la RASD. Pour eux, le principe de l'intangibilité des
frontières héritées de la colonisation reste une
règle qui s'applique dans la résolution de ce conflit. Le royaume
du Maroc n'a donc aucune légitimité sur les terres sahraouies.
Une situation que Robert Mugabe, président du Zimbabwe et
président appelé à présider l'UA en janvier 2015 a
qualifié d' « occupation » parlant des provinces du sud
marocaines.
Au-delà de l'UA, aucune autre organisation comme la
Ligue Arabe ou encore l'Organisation de la Coopération Islamique et
l'Union Européenne (UE) ne reconnaissent pas la RASD. A ce sujet, la
Ligue Arabe souligne que la question le Sahara Occidental relève de la
compétence de l'ONU et soutien l'intégrité territoriale
des pays arabes.
Nonobstant, l'ampleur de la situation et en
considération de toutes les tournures que l'affaire peut prendre avec le
retour du royaume du Maroc au sein de l'Union Africaine, le Maroc se lance
aussi dans une quête de suprématie à travers le
continent.
Section II : Un Maroc en quête de
suprématie
Le royaume du Maroc a quitté les rangs de l'OUA (actuel
UA), depuis un peu plus de trois décennies. Aujourd'hui, il ne fait
aucun doute que le retour du royaume
67 Nadia Lamlili, enjeux : le choix de l'Afrique et ses
conséquences, Jeune Afrique, n°2963-2964 du 22 octobre 2017.
68 RASD, Wikipédia [en ligne],
[dernière modification le 01-08-2017], [consulté le
19-09-2017],
disponible à l'adresse :
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique
arabe sahraouie- d%C3%A9mocratique
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chérifien dans les rangs de l'UA n'est pas un hasard.
Il s'agit là d'une décision stratégique à un moment
où, les grandes puissances du continent et les protagonistes du royaume
marocain semblent être affaiblie d'une manière ou d'une autre par
des situations internes chacun de leur pays. Le retour du Maroc à l'UA
répond donc à une stratégie payante puisqu'au Maghreb,
persiste un problème de leadership régional (Paragraphe
I) et à l'intérieur du continent, un affaiblissement des
plus grands (Paragraphe II).
Paragraphe I : Un problème de leadership sous
régional
L'absence d'une entente entre les pays du Maghreb arabe
représente l'une des causes de la chute de l'UMA. Si le Maroc rejoint la
CEDEAO et veut s'affirmer comme une puissance en devenir, l'Algérie, son
éternel rival (A) et l'Egypte même en baisse
(B), se cherchent dans ce jeu.
A- L'Algérie, éternelle rivale du royaume
chérifien
L'Algérie et le Maroc, tous deux Etats de l'Afrique du
nord et précédemment membres de l'UMA (avant l'adhésion du
Maroc à la CEDEAO) restent deux grands rivaux en quête de
suprématie. Ce différend entre les deux a lieu sur fond de
rivalités autour du leadership du Maghreb et qui fait donc obstacle
à l'intégration régionale. D'une part si la quête de
leadership se joue dans leurs compétences misées dans la
sous-région et à l'intérieur du continent, des
déclarations (sans fondement) et beaucoup d'autres agissements
conduisent les deux au bord du précipice. En août 1994, le sommet
culminant de la tolérance fut atteinte. Un incident crée la
fermeture de la frontière terrestre entre le Maroc et
l'Algérie69. Au sein des deux champs, chacun d'entre eux
avait sa vision et son idéologie. D'un côté, une conception
de la marocanité, du sentiment national qui repose sur la volonté
de Dieu sur la terre, les
69 Certes, la fermeture de la frontière, fin août
1994, a été une décision unilatérale
algérienne. Mais elle fut prise à la suite d'un attentat commis
au Maroc dont Rabat rendit publiquement responsable son voisin, sans en avancer
à l'époque de preuves convaincantes. Le choc des orgueils
nationaux sur fond de lourds contentieux accumulés depuis les
indépendances a fait le reste (cf. François Soudan,
Algérie-Maroc désespérément borné, Jeune
Afrique, n°2799 du 31 août 2014, p.19).
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2017
morts et le sang versé transmis par
hérédité, une vielle nation donc qui pendant un
millénaire n'a (presque) pas connu de servitude, mais avec à sa
tête un roi jeune. De l'autre côté, une république
adolescente au regard de l'Histoire, au passé morcelé par les
conquêtes et les occupations, née dans la lutte, avec une vision
de la nationalité tout autre : celle du choix des hommes, de leur
volonté et de leurs sacrifices, mais avec un chef d'Etat au
crépuscule de sa longue année70. Au fil des
années, des espoirs commençaient à renaître. Cinq
ans plus tard, en 1999, Abdelaziz Bouteflika devient président de
l'Algérie et Mohammed VI succède à son père
suscitant l'espoir qu'une entente se fera entre les deux. Mais
jusque-là, les positions restent figées.
Depuis le début de la rivalité entre le Maroc et
l'Algérie, chacun cherche de toute évidence à supplanter
son second. Ceci donc par tous les moyens et sans aucune restriction
géographique. C'est-à-dire, que ce soit sur le plan continental
ou sous régional, chacun veut se construire une identité
stratégique au détriment de l'autre.
Sur le plan régional, la question la plus
épineuse reste celui du Sahara Occidental. L'Algérie qui reste un
soutien indéfectible à la RASD, considère tout comme la
RASD, qu'il s'agit d'un problème de décolonisation et qu'il
incombe à la communauté internationale de faire respecter les
droits du peuple sahraoui. Le Maroc quant à lui, perçoit la
position algérienne comme un moyen de disposer d'une
débouché sur l'atlantique et de ce fait, vouloir affaiblir le
Maroc sur la scène régionale. Ces points de vue opposés
à tous les sujets, engendrent des conséquences non
négligeables. Dans un tel climat de méfiance réciproque et
de jeu à somme nul, aucune possibilité de développement
régional ne peut être envisagée71. D'autre part,
une telle rivalité encourage les deux pays à s'engager dans une
course à l'armement. Faut-il le rappeler, le classement des pays
africains selon leurs budgets militaires, laisse entendre que l'Algérie
tient tête au classement avec le Maroc au 5e
rang72. Et dans un classement plus récent, le Maroc s'octroie
la 4e place73. Cette situation (course
70 Ibid.
71 Au vu de toutes les organisations régionales du
continent, l'UMA reste la zone la moins intégré du continent avec
pour cause "cet absence d'entente" entre les Etats membres.
72 Bamaba, classement des pays africains selon
leurs dépenses militaires, Bamaba [en ligne], 19-092013,
[consulté le 21-09-2017], disponible à l'adresse :
http://bamaba.net/classement-des-pays-africains-selon-leurs-dépenses-militaires
73 Voir note de bas de page 35, p.17
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
à l'armement) relève du dilemme de
sécurité, référant à un Etat qui augmente sa
puissance militaire pour garantir sa sécurité alors que cet
armement est perçu comme une menace par un autre Etat qui renforce
à son tour sa puissance militaire. Cela contribue paradoxalement
à augmenter l'insécurité sous régionale, au
détriment d'un développement économique74.
A l'intérieur du continent, la donne n'a presque pas
changé. Mais d'une manière ou d'une autre, chacun tient son
second du bout de la barbe. Du côté marocain, la conclusion d'un
partenariat avec le Nigéria pour le financement d'un projet de gazoduc
Nigéria-Maroc permet à ce dernier de damer le pion à
l'Algérie en Afrique de l'ouest, vu que le royaume chérifien est
déjà entré dans sa phase de concrétisation.
D'ailleurs, en 2002, l'Algérie avait en effet négocié un
projet similaire de gazoduc avec le gouvernement nigérian, mais ce
dernier est resté en suspens pour des raisons de financement et de
sécurité75. Le "Gazoduc Nigéria-Maroc" vient
donc recaler le "Gazoduc Nigéria-Algérie". Toutefois, si le Maroc
entend faire usage de sa présence au sein des institutions panafricaines
pour obtenir gain de cause sur la question du Sahara Occidental, la
présence de l'Algérie à la tête de la commission de
paix et de sécurité de l'organisation ne risque pas de
facilité les choses au Maroc.
B- L'Egypte, un Etat en baisse qui se cherche
Au Maghreb arabe, l'Algérie n'est pas le seul à
vouloir tenir tête au Maroc. Il y a aussi l'Egypte, pays du Maghreb et
l'une des anciennes puissances de la région. Au Maghreb arabe en
général, et en Egypte en particulier, le changement de
régime au pouvoir à travers le printemps arabe fait basculer les
choses. En 2011, naissait une grande vague de contestation dans de nombreux
pays du monde arabe, « le printemps arabe ». Suite à une telle
vague de contestation d'une rare ferveur, qualifié de réveil
arabe par certains ou de révolution arabe par d'autres, divers
résultats ont été affichés.
74 Yousra Abourabi, Les relations internationales du Maroc :
le Maroc à la recherche d'une identité stratégique, In
Baudouin Dupret, Le Maroc au présent : D'une époque à
l'autre, une société en mutation [en ligne], Dialogue des deux
rêves, Rabat/Casablanca : Centre Jacques-Berque, 2016, pp.569-604s
75 TelQuel, Les huit grands moments de la
rivalité Maroc-Algérie, TelQuel [en ligne], 06-01-2017,
[consulté le 21-09-2017], disponible à l'adresse :
http://telquel.ma/2017/01/06/les-six-grands-moments-de-la-rivalite-maroc-algerie-en-2016
1529720
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De la mort de certains dirigeants (Libye) au changement de
gouvernement chez d'autres (Jordanie) ou encore de changement de constitution
(Maroc), chacun des Etats du Maghreb n'a pas été
épargné. En Egypte, il s'agissait du départ de
l'exécutif. Suite à cela, l'UA suspendait l'Egypte en application
de l'article 30 de l'acte constitutif de l'UA qui stipule : « les
gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens
anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux activités
de l'Union » en raison de la destitution du président condamnant
« toute prise illégal du pouvoir »76. Les
problèmes internes de l'Egypte liés surtout à sa
sécurité ne laissent pas le choix au nouveau président,
Abdel-Fatah Sissi, de commencer par se forger une nouvelle image aux yeux du
continent.
L'Egypte n'est pas du tout absente au sein du concert des
Etats africains. Mais son image n'était pas non plus éblouissante
sous le régime de Moubarak (ancien président égyptien). Il
manque ainsi l'expression de la puissance égyptienne sur le continent.
L'Egypte ne semble pas être une véritable menace pour son voisin
marocain dans la volonté du royaume chérifien de vouloir
s'ériger en puissance continentale. Quid de la position
égyptienne sur la question du Sahara Occidental ? Certes, l'Egypte ne
fait pas partie de ces Etats qui reconnaissent la RASD. Aussi, sa position
n'est pas non plus clairement affichée sur la situation.
C'est-à-dire, l'Egypte s'inscrit donc dans la lignée de ceux qui
restent figés sur leurs positions et ne prenant pas partie, ce avant le
27e sommet de l'Union Africaine. En effet, lors de ce sommet, suite
à la signature de la motion proposé par le président
gabonais, Ali Bongo, soutenant le Maroc pour sa réintégration
sans conditions préalables et réclamant le départ de la
RASD, l'Egypte (tout comme la Tunisie) se range du côté des
membres de l'Union Africaine qui refusent que le pseudo « RASD » ne
soit pas exclu de cet ensemble77. Une position qui pourra consacrer
une nouvelle donne dans l'entretien des relations diplomatiques
76 L'UA a pour politique de suspendre tout Etat
membre où se produit un changement inconstitutionnel de pouvoir. Une
mesure qui dure généralement jusqu'au retour de l'ordre
constitutionnel. Cette mesure a aussi été appliqué
notamment en Centrafrique en 2013, après le coup d'Etat des rebelles de
la Seleka, en Côte d'ivoire suite à la crise ivoirienne de
2010-2011, au Niger après le coup d'Etat militaire de février
2010, au Togo en 2005 du fait du questionnement concernant l'élection du
président, en Egypte suite au coup d'Etat militaire de 2013.
77 Jalil Nouri, l'Egypte et la Tunisie poignardent
le Maroc dans le dos, actu-Maroc [en ligne] 19-07-2016,
[consulté le 20-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.actu-maroc/com/legypte-et-la-tunisie-poignardent-le-maroc-dans-le-dos/
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entre ces Etats78. Puisque, faut-il le rappeler, le
roi Mohammed VI reste l'un des premiers soutiens de Sissi pour son
arrivé au pouvoir en Egypte79.
Cependant, l'Egypte veut consolider ses bases à
l'intérieur de ses frontières avant de pouvoir mener une belle
avancée continentale, en renforçant ses liens avec les Etats de
l'Afrique subsaharienne, et en se replaçant au coeur du jeu politique
africain. Des aperçus de la position égyptienne se font lire lors
du 27e sommet de l'Union Africaine tenu à Kigali, au Rwanda.
La participation de l'Egypte à ce sommet s'inscrit dans le cadre de la
« priorité accordée par l'Egypte au renforcement de ses
relations avec les pays africains »80. Pour Alaa Youssef,
porte-parole de la présidence égyptienne, « cette
volonté émane d'une conviction que la paix et la stabilité
doivent régner sur le continent africain, que les conflits doivent
être réglés et le développement économique
relancé ».
Aujourd'hui, le président Sissi oeuvre depuis son
accession au pouvoir à redorer l'image, instaurer une nouvelle
diplomatie et surtout rétablir les relations avec le continent sur de
bonnes bases pour pouvoir, comme le Maroc, s'appuyer sur les instances
panafricaines pour régler ses contentieux continentaux notamment avec
l'Ethiopie et le reste du bassin du Nil sur la question du partage des eaux du
fleuve Nil.
Paragraphe II : Un affaiblissement des grands du
continent
Le royaume du Maroc pourrait bien se tailler une place de
choix dans la politique continentale. Il pourrait même, d'une
manière ou d'une autre, les surpasser puisque, avec la perte de vitesse
du Nigéria (A) et l'essoufflement de l'Afrique du sud
(B) une telle place reste quelconque manière
vacante.
78 L'Egypte et le Maroc s'étaient retrouvés dans
un gel des relations entre le Maroc et l'Egypte suite aux tensions survenues
sur fond de guerre médiatique en 2014.
79 Ibid.
80 May Al-Maghrabi, l'Egypte au coeur de l'Afrique,
Al-Ahram [en ligne], 20-07-2016, [consulté le 15-09-
2017], n°1135, disponible à l'adresse :
http://hebdo.ahram.org.eg/NewsContent/1135/1/130/16745/L'Egypte-au-coeur-de-l'Afrique.aspx
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A- La perte de vitesse du Nigéria
La république fédérale du Nigéria
est l'un des Etats les plus puissants sur le continent africain.
Première puissance économique du continent avec un PIB de 493
milliards de dollars, premier producteur de pétrole en Afrique,
première puissance démographique avec ses 186 millions
d'habitants81, la république fédérale du
Nigéria a longtemps endossé le rôle de
porte-étendard de l'ensemble du continent. Influent de par ses prises de
positions, la république fédérale du Nigéria reste
toutefois le plus atteint par différentes crises à l'interne.
Ceci allant de la crise économique et politique avec les nombreux
défis internes, à l'avancée du terrorisme.
En effet, la république fédérale du
Nigéria reste l'un des pays les plus touchés par le terrorisme.
Un fléau qui prend de l'ampleur, gage constamment du terrain et plonge
le pays dans une crise profonde. Il ne fait aucun doute, la montée en
puissance du terrorisme au Nigéria et dans le Sahel82 en
général représente une contre-mesure au
développement économique des pays concernés. D'ailleurs le
royaume du Maroc a lors de sa visite au Nigéria,
réitéré le soutien du royaume chérifien pour en
finir avec ce fléau. On peut lire dans le communiqué officiel
« le roi a également félicité le président
Muhammadu Buhari pour les succès enregistrés dans la lutte contre
le groupe terroriste Boko Haram, et promet le soutien total et actif du royaume
du Maroc au Nigéria dans ses efforts d'éradication des
activités terroristes de Boko Haram au Nigéria et dans ses pays
voisins du bassin du lac Tchad »83. Toutefois, au-delà
du terrorisme, le Nigéria se retrouve aussi dans une crise liée
à la maladie du président Buhari. Une situation qui va contre une
stabilité politique et économique et qui est dû à la
chute du Naira et du coût du pétrole.
Certes, la république fédérale du
Nigéria et le royaume du Maroc se soutiennent mutuellement sur les
questions du terrorisme, mas ils restent opposés sur la question
épineuse sahraouie. La république fédérale du
Nigéria, faut-il le rappeler, représente
81 TelQuel, les enjeux de la visite de Mohammed VI
au Nigéria, TelQuel [en ligne], 01-12-2016, [consulté le
13-09-2017], disponible à l'adresse :
http://telquel.ma/2016/12/01/mohammed-vi-au-nigeria-les-enjeux-visite
1525838
82 En Afrique subsaharienne, les pays les plus touchés
par le terrorisme restent ceux du Sahel. Cette région de l'Afrique est
composée de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du
Tchad.
83 Source : Communiqué officiel de la visite du roi
Mohammed VI au Nigéria
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l'un des soutiens indéfectible de la RASD. Même
si le Maroc n'arrive pas à s'offrir le soutien du Nigéria par
rapport à la question, il a tout de même acquis la
neutralité de ce dernier.
Jusque-là, le retour du Maroc au sein de l'UA est plus
que jamais stratégique intervenu à un moment où, presque
tous les grands du continent se sentent affaiblie. Mais à ce jour le
seul à pouvoir d'une manière ou d'une autre malgré ses
internes, tenir tête au royaume du Maroc reste l'Afrique du sud.
B- L'essoufflement de l'Afrique du sud
De toutes les puissances continentales africaines, l'Afrique
du sud n'est pas aussi épargnée des problèmes qui
dégradent son image sur la scène internationale. Pays
émergent et membre du groupe des BRICS84, l'Afrique du sud
est l'un des premiers investisseurs du continent (place concurrencée
avec le royaume du Maroc), première économie industrialisé
d'Afrique et pays riche en platine, or, charbon et diamant. Aujourd'hui,
l'Afrique du sud reste confrontée à plusieurs problèmes
internes qui ne laissent pas apparaître une image reluisante de ce
dernier sur le continent. Avec un président empêtré dans
des affaires de corruption, des ralentissements à l'économie
nationale, des mouvements sociaux et des affaires
politico-financières...
D'abord, l'Afrique du sud vit une crise sociopolitique sans
précédent. Son président, Jacob Zuma ne fait plus
l'unanimité au sein de peuple sud-africain. Avec lui, l'Afrique du sud a
perdu une part de son prestige et de sa puissance continentale. Ceci est
dû au taux très élevé du chômage, atteignant
les 26.7% de la population. De plus, les citoyens sud-africains crient à
l'inégalité et l'absence des services publics de base dans
certaines zones du pays. A tout ceci, s'ajoutent les nombreux scandales
à l'intérieur du pays dont le nom du président Jacob Zuma
est souvent associé. Parmi celles-ci, l'on relève des scandales
de corruption ou encore des services non payés du chef de l'Etat et dont
les populations sortent dans les rues pour demander son départ.
84 Il s'agit d'un groupement de pays émergents
constitué du Brésil, de la Russie, de l'Inde, de la Chine et de
l'Afrique du sud.
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2017
Ensuite, faut-il le rappeler, l'Afrique du sud
représente l'un des grands partisans de la RASD et alliée
historique de l'Algérie, l'Afrique du sud était hostile à
la réintégration du royaume du Maroc au sein de l'UA mais n'a pas
pu de ce fait empêcher la réintégration du royaume du Maroc
avec l'implication de la présidente de la commission de l'UA (en fin de
mandat), Nkosazana Dlaimini-Zuma (Afrique du sud). L'Afrique du sud a donc
connu un échec cuisant face au Maroc dont le retour triomphal fut
applaudi par tous dans l'arène de l'Union Africaine.
Enfin, le royaume du Maroc et l'Afrique du sud se jouent un
coude à coude dans le défi de prendre le devant de la
scène internationale. Certains pensent que l'Afrique du sud perd
constamment du terrain dans le continent africain. Liesl Louw-Vaudran,
journaliste sud-africaine souligne que « Pretoria n'a plus les moyens
d'être les gendarmes du continent ». A cela, elle ajoute : «
l'ANC n'avait pas anticipé ce retour en fanfare du Maroc. C'est avec
retard que nos dirigeants ont fini par réaliser que le discours
anticolonialiste ne suffisait pas lorsqu'on prétend exercer une
influence à l'échelle continentale »85. Le retour
du royaume du Maroc reste donc plus que jamais stratégique, pour pouvoir
à l'arriver être en mesure de récupérer cette place
laissé par certains et convoité par d'autres. En un mot, le
royaume du Maroc choisissant de manière appropriée sa
stratégie de retour cherche ainsi à pouvoir devenir les nouveaux
gendarmes du continent.
85 Pierre Boisselet, Afrique du sud : « Pretoria n'a plus
les moyens d'être le gendarme du continent », Jeune Afrique
[en ligne], 09-05-2017, [consulté le 24-09-2017], disponible
à l'adresse :
http://www.jeuneafrique.com/mag/433570/politique/afrique-sud-liesl-louw-vaudran-pretoria-na-plus-moyens-detre-gendarme-continent
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SECONDE PARTIE
LE MAROC A L'UA : UNE READMISSION A
PLUSIEURS INTERROGATIONS
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Le royaume du Maroc est parvenu à retrouver sa place
tant bien que mal au sein de l'Union Africaine. Si l'exclusion de la
République Arabe Sahraoui Démocratique (RASD) n'a pas pu
être une condition de réintégration, la nouvelle
stratégie mis en place par le souverain chérifien, le roi
Mohammed VI devra faire avancer ce dossier complexe. En attendant sa totale
implication au sein des instances de l'UA, le royaume chérifien devra
essayer d'apporter son aide et son savoir-faire à l'organisation dans le
but de pouvoir faire face aux nouveaux défis que présente le
continent. Cela pourrait permettre de résoudre un bon nombre de
questions et de problèmes qui minent le continent et qui le contraint
à rester dans un sous-développement désenchantant.
L'ensemble des compétences qu'a acquises le royaume du
Maroc à travers les nombreuses années passées hors du
cercle de l'institution africaine ne sera pas de trop dans l'idée de
relever les objectifs de l'organisation panafricaine. De l'implication du Maroc
dans la mise en oeuvre des nouvelles réformes établies par le
président rwandais Paul Kagame, à la concrétisation de la
Zone de Libre-Echange Continentale (ZLEC, sans oublier le combat africain pour
relever les défis sécuritaires et sociaux, la présence du
royaume chérifien ne sera pas superflue. Toutefois, malgré son
baptême de feu engagé pour obtenir son retour au sein de l'Union
Africaine, son avenir au sein de l'institution dans le long terme n'est pas
garanti. Une fois encore, les choses peuvent basculées d'un
côté à un autre, privant le royaume du Maroc de ses
objectifs qu'il s'était fixé en rejoignant l'organisation. Les
défis sont nombreux et les issues variées. Le royaume alaouite
devra de ce fait mettre ses compétences au service de l'Union Africaine
(Chapitre I), vu que cela devra aboutir à une
collaboration bénéfique pour tous (Chapitre
II).
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Chapitre I : Des compétences au service de
l'UA
Après 33 ans passés hors du cadre institutionnel
de l'UA, le royaume du Maroc s'est enfin décidé à faire sa
réapparition au sein de l'instance panafricaine. Grâce à
cette réadmission, l'UA pourra bénéficier d'une panoplie
de compétences de la part du royaume chérifien pour le bon
fonctionnement de l'organisation. Le royaume du Maroc a passé plusieurs
décennies hors de l'UA. Cet isolement volontaire lui a sans doute permis
d'acquérir de nombreuses compétences dans bien de domaines qui
pourront être mis à la disposition de l'UA. Ces aptitudes sont de
plusieurs catégories, et sont d'ordres politiques, diplomatiques
(Section I) et aussi économiques et stratégiques
(Section II).
Section I : Des apports politico-diplomatique
Le royaume du Maroc a parcouru un long chemin dans
l'aboutissement de sa réintégration au sein de l'Union Africaine.
Maintenant, le Maroc n'a rien à perdre en regagnant l'UA. Au contraire,
le royaume chérifien a tout à gagner au sein de l'Union
Africaine. L'UA pourra bien profiter du poids politique du Maroc
(Paragraphe I) en Afrique et ailleurs et de son expertise
diplomatique (Paragraphe II) au sein de la communauté
internationale.
Paragraphe I : Un poids politique
Le système politique marocain reste totalement
différent de celui que présente presque la totalité des
pays africains. En effet, l'UA consent à entreprendre une profonde
réforme de l'institution panafricaine. La réadmission du royaume
du Maroc en tant que 55e membre de l'organisation pourrait changer
la donne. Dans cet ordre d'idée, l'engagement du Maroc dans la
réforme (A) devra permettre à l'organisation
d'être plus efficace en s'impliquant davantage dans la gestion des crises
du continent (B).
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2017
A- L'engagement du Maroc dans la réforme de l'UA
Au fil des années, toutes les organisations ainsi que
les Etats dans leur ensemble ont besoin d'une chose essentielle, celui de se
réformer pour être apte à faire face aux changements.
»Toute réforme est difficile, mais l'absence de réforme ne
fait que mener à des difficultés futures » dixit Donald
Keberuka, l'ancien président de la Banque Africaine de
Développement et membre du comité de réforme86.
L'UA créé en 2002, a besoin d'être restructurée
puisqu'aujourd'hui elle est sévèrement critiquée. Elle
doit être actualisée et mise au pas de danse des
évènements actuels, pour s'adapter aux nouveaux défis du
moment. Héritière de l'Organisation de l'Unité Africaine
(QUA) créée après la grande vague de décolonisation
au début des années 1960, beaucoup de choses lui sont
reprochées. Maurice Mahounon, spécialiste béninois des
relations africaines, estime que « cette réforme est une
nécessité, car l'UA n'est pas si différente de l'OUA
»87.Notamment ses lourdeurs bureaucratiques qui ne permettent
pas de donner l'occasion à chaque pays d'avoir un appareil
étatique efficace, démocratique et transparent ; sa
dépendance financière aux bailleurs internationaux, les
problèmes de mise en oeuvre des décisions ainsi que sa faible
capacité à se remettre en question. Désigné par ses
pairs pour se pencher sur la question lors du 27e sommet de l'UA, le
président rwandais rendait son rapport un an plus tard.
Le président Paul Kagame souligne dans son rapport :
« nous avons une organisation dysfonctionnelle, dont la valeur pour nos
Etats membres est limitée, qui a peu de crédibilité
auprès de nos partenaires internationaux, et en laquelle nos citoyens
n'ont pas confiance »88. Il dénonce aussi «
l'échec constant des décision de l'UA » qui a
entraîné « une crise de mise en oeuvre ». C'est
notamment le cas du
86 Rfi, L'Union Africaine planche sur les réformes du
président Kagame, Rfi [en ligne], [consulté le
1010-2017], disponible à l'adresse :
http://www.rfi.fr/afrique/20170508-union-africaine-planche-reformes-president-kagame
87 Théa Ollivier, Comment le projet de réforme d
l'UA bénéficierait-il au Maroc ?, TelQuel [en ligne],
0905-2017], [consulté le 10-10-2017], disponible à l'adresse :
http://elquel.ma/2017/05/09/comment-le-projet-de-reforme-de-lua-beneficierait-il-au-maroc
1544959
88 Le président rwandais Paul Kagame a
été chargé de planche sur une restructuration de l'UA, et
a présenté son rapport au 28e sommet de l'UA,
intitulé « l'impératif de renforcer notre union ». Il
conduira aussi cette réforme en 2018 lorsqu'il prendra les commandes de
l'organisation, succédant au président guinéen Alpha
Condé.
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2017
financement de l'institution, assuré aux trois quarts
par des aides extérieures. L'ensemble produit une « capacité
de gestion limitée, une absence de responsabilité pour le
rendement, à tous les niveaux » et des « méthodes de
travail inefficaces ».
Le déterrement d'une telle réforme intervient
dans un bon timing, du fait que le Maroc revient au sein de la grande famille
institutionnelle avec ses bagages de compétences. En effet,
pilotée par le président rwandais, amis du roi Mohammed VI, cette
réforme engagée pourrait pleinement profiter au royaume
chérifien mais aussi avant tout à l'organisation panafricaine qui
lui permettrait de se libérer ses chaînes. Les principaux points
de la réforme permettraient de désengorger le fonctionnement de
l'instance freinée par des lourdeurs bureaucratiques et aller vers
l'autosuffisance financière. Cela tombe à pic puisque, sans
doute, le royaume chérifien pourra apporter ses idées, ses
compétences et sa manière de voir du fait que la diplomatie
chérifienne a montré à maintes reprises ses
réussites car elle sort des sentiers battus des formalités pour
s'inscrire dans la lignée des puissances émergentes du
continent.
D'ailleurs, le roi du Maric jouit d'une bonne
notoriété aux yeux des dirigeants africains. Grâce au
pragmatisme et à l'engagement qui anime le roi Mohammed VI lors de ses
visites officiels et dans le cadre de ses négociations avec les chefs
d'Etats et hommes d'affaires étrangers, le souverain chérifien
pourrait se présenter aussi, dans le cadre de la mise en oeuvre des
réformes de l'UA en tant que garant et négociateur envers les
Etats africains. Même si lors du 28e sommet de l'UA les
propositions de la « dream team » de l'équipe de Kagame sont
validées à l'unanimité, certaines propositions
n'obtiennent pas l'adhésion de tous. Il s'agit par exemple de cette
« taxe Kaberuka »89 qui envisage d'instituer une taxe de
0.2% sur toutes importations pour financer l'organisation. Une mesure fortement
critiquée par certains pays comme la Tunisie, l'Egypte et Maurice. Le
royaume chérifien pourrait donc servir de rempart pour ces pays et
solder de telles réformes par des succès.
89 Taxe portant le nom de l'ancien président de la
Banque Africaine de Développement (BAD) Donald Keberuka qui est à
l'origine de cette proposition.
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2017
B- La gestion des crises du continent
Depuis les indépendances dans les années 1960
des Etats africains, le continent reste bloqué sur des situations qui ne
lui permettent pas de pouvoir s'engager dans un réel
développement dans tous les sens : économique, social,
politique... Les situations les plus récurrents restent ceux de
nombreuses crises qui jusque-là perdurent dans le temps et dans l'espace
à travers le continent. Déjà après les
indépendances, René Dumont écrivait que « l'Afrique
noir est mal parti ». Aujourd'hui encore, c'est la situation qui continue
par être visible. A l'aube de ce nouveau millénaire, les crises
les plus frappants sur le continent restent d'ordres politique et
migratoire.
Le continent fait face à d'énormes crises
d'ordre politique. Avec notamment des présidents qui ne font pas
profiter à leurs peuples les biens tirés des ressources que
regorgent leurs pays, ou encore des chefs d'Etats qui ne veulent pas
céder le pouvoir pendant plusieurs années/décennies. Que
les choses soient claires. Il ne faudrait pas confondre un Etat
démocratique et un royaume monarchique. Tels sont des nuances qui
doivent être effectuées par ces chefs d'Etats qui ne permettent
pas un réel développement de leurs pays respectifs, encore moins
du continent. Aujourd'hui le continent doit pouvoir se libérer de ces
grosses épines que représentent ces dirigeants. Il doit pouvoir
se libérer de ces chefs d'Etats et offrir à toutes les nations
africaines des cadres étatiques au service du peuple. Le Maroc a
toujours été dans cette logique de concertation, avec un
souverain actant l'équilibre entre le nord et le sud accroché
à la Méditerranée et ses provinces du sud qui regardent
l'Afrique subsaharienne. Le royaume du Maroc est un laboratoire pour l'Afrique
: mêmes enjeux, échelles différents90. Les Etats
africains devraient s'approprier la capacité du Royaume à
dialoguer et répondre aux aspirations de son peuple (cas du Rif
marocain). Et le royaume du Maroc, plaider pour une bonne gouvernance dans
l'ensemble du continent
90 Le Matin, le royaume du Maroc, moteur de
l'émancipation africaine, Le Matin [en ligne], 02-08-2017,
[consulté le 02-10-2017], disponible à l'adresse :
https://lematin.ma/express/201/le-marocet-l-rsquo-afrique-africa-first/276137/html
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
Par ailleurs, en ce qui concerne les crises migratoires sur le
continent, ceci représente un véritable casse-tête pour
tous les Etats africains, en particulier ces pays dit de transit qu'empruntent
ces migrants. Ici, faut-il le constater, les terres marocaines restent l'un des
pays où transitent une bonne partie de la population africaine pour
migrer vers le continent européen91. Avec ce retour en grande
pompe au sein de l'organisation panafricaine du royaume alaouite, la politique
africaine de ce dernier continuera toujours par se renforcer en
considération de tous ce qui a été fait jusque-là.
C'est justement fort de son implication profonde dans la problématique
migratoire qu'il a été désigné pour
présenter un rapport sur ce thème lors du prochain sommet, en
janvier 2018. Cela prendra donc une nouvelle dimension et saura de ce fait, se
traduire par une grande implication du Maroc dans la gestion et dans la
recherche des solutions aux problèmes majeurs du continent notamment en
ce qui concerne la crise migratoire. D'ailleurs, le roi Mohammed VI a
indiqué que son pays poursuivra les efforts afin de remédier aux
causes réelles de ce phénomène « en le reliant au
développement et en adaptant une approche humanitaire et solidaire,
protégeant les droits des immigrés et préservant leur
dignité ». Ce fléau, le royaume du Maroc le combat depuis
plusieurs années, et présente bien des succès à son
égard. Une situation plutôt bénéfique pour
l'ensemble des pays confrontés à cette crise en
générale et l'UA en particulier.
Au final, un constat s'avère crucial ici. Celui de voir
que l'ensemble des crises de tous ordres que traverse le continent sont dans
leur majeure partie, es conséquences aux processus économiques en
vigueur dans nos pays respectifs, portant toujours et encore sur les
dérives des politiques combinant maux et fléaux tout en
étant riches en ressources naturelles. L'Afrique ne peut plus être
administrée par des acteurs extérieurs ou les acteurs les plus
puissants, comme l'ont fait et le font encore l'Organisation des nations Unies,
le groupe du G20 en encore le Fonds Monétaire International (FMI), avec
les dégâts que l'on connait : radicalisation, migrations,
corruption... C'est pourquoi, une fois encore « l'Afrique doit faire
confiance à l'Afrique ».
91 En effet, le Maroc reste le pays africain le plus proche du
continent européen avec une distance de 15km qui sépare le Maroc
à l'Espagne.
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2017
Paragraphe II : Une expertise diplomatique
Grâce à sa réadmission à l'Union
Africaine, le royaume du Maroc pourra bénéficier, tout comme il
en a déjà fait preuve pour accélérer son processus
de réintégration, son vaste réseau
diplomatique(A) sur le continent et sa position de
supériorité sur la scène internationale
(B).
A- Un vaste réseau diplomatique
En réintégrant l'UA, plusieurs succès se
projettent en faveur de l'organisation panafricaine. Le Maroc apportera sans
doute, ses succès d'ordre politiques et diplomatique, son influence sur
la scène internationale mais aussi et surtout son expérience en
tant que leader. Le royaume du Maroc, se dresse aujourd'hui comme une puissance
émergente et veut de ce fait, élargir et entretenir son cercle
d'influence au-delà de sa zone d'influence habituelle.
En ce début du nouveau millénaire où les
grandes puissances peinent à trouver des solutions aux grands
défis du moment, le monde est beaucoup plus orienté vers les
groupements et pôles de puissance comme le G20 ou encore les BRICS,
constitués dans leurs majeures parties par des pays émergents. Le
royaume chérifien se réclame de ce groupe, un pays à
économie émergente. D'ailleurs, les relations que s'est
tissé le Maroc depuis bien des années peuvent être d'une
grande utilité pour l'Union Africaine. En effet, suite à son
retrait de l'OUA dans les années 1980, et après son
adhésion manqué à l'UE, les relations entre le Maroc et
l'Union Européenne n'ont cessé de se renforcer au fil des
années. Des relations arrivées à un niveau où les
deux entités ont décidé de créer une zone de libre
échange pour les produits industriels, selon l'Institut Marocain des
Relations Internationales (IMRI). En 2008, l'UE confère au royaume
chérifien le statut avancé par lequel le royaume
bénéficie de toutes les attributions d'un pays membre
exceptée la participation aux institutions politiques de l'Union, tout
en s'arrêtant sur les négociations entamées en 2013 sur
l'ALECA (Accord
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2017
de Libre Echange Complet et Approfondi) qui doit inclure les
services et les marchés publics92.
Ainsi, dans une volonté de pallier à l'absence
dans son sous-sol de ressources naturelles, le royaume du Maroc se doit de
diversifier son économie. Une raison de plus pour le Maroc de se tourner
vers non seulement l'Asie, mais aussi les pays du Golfe et aussi la Russie. En
effet, les récents déplacements du souverain marocain le roi
Mohammed VI en Chine et en Russie témoignent de l'engagement du royaume
chérifien d'aboutir à une position plus mesurée dans ses
relations hors du continent africain. Fort de ses relations, surtout avec le
Golfe, les IDE vers le Maroc qui s'élevait à 10.2 milliards de
dirhams, soit près d'un milliards d'euros se verront multiplier pour
atteindre 120 milliards de dollars sur la période 2105-2024, selon la
fédération des chambres du Conseil de Coopération du
Golfe93.
Cependant, les relations du royaume du Maroc ne se limitent
pas seulement là. Ils s'étendent bien sûr aussi vers
l'Amérique. De l'autre côté de l'Atlantique, le royaume
entretient de solides relations avec les Etats-Unis, le Brésil et le
Canada. En revanche, faut-il le souligner, le Maroc est le seul pays d'Afrique
à avoir un Traité de libre-échange avec les
États-Unis depuis le 1er janvier 2006, fruit de liens
séculaires entre les deux pays. Aujourd'hui encore, la donne n'a pas
changé. C'est ce que le Ministère des Affaires Etrangères
et de la Coopération Internationale du Royaume du Maroc
réitère sur son compte Twitter en sa publication du 19 octobre
2017 qui souligne : « #Morrocco is the only African country to have a
Free Trade Agreement with the United States of America #USA
»94. Toutefois, même si ce traité de
libre-échange constitue un atout important pour le Maroc, ce dernier
reste largement déficitaire au détriment du Royaume.
92 « Géopolitique du Maroc : nouveau
positionnement dans un monde qui change », Institut Marocain des Relations
Internationales (IMRI), in MAP & IMRI, Maroc vers un nouveau positionnement
géostratégique ?, Africa Diligence [en ligne],
14-11-2013, [consulté le 11-10-2017], disponible à l'adresse :
93 Youssef Ait Akim, Maroc : le virage
anti-occidental de Mohammed VI, Le Monde [en ligne], 26-04-
2016, [consulté le 11-10-2017], disponible à
l'adresse :
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/04/26/maroc-le-virage-anti-occidental-de-mohammed-vi
4908979 3212.html
94 « Le #Maroc est le seul pays africain à avoir
un traité de libre-échange avec les Etats-Unis d'Amérique
#USA », (Compte officiel du MAICI Maroc : @MarocDiplomatie).
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
Au final, autant de relations dont l'Union Africaine pourrait
tirer pleinement profit pour se construire une solide réputation
au-delà du continent africain et amorcer un réel
développement économique.
B- Une position supérieure sur la scène
internationale
Puissance économique et politique, porte
d'entrée vers le continent africain... les ambitions du royaume
chérifien sont énormes. Et pour le souverain chérifien,
ces ambitions sont irréalisables avec un Maroc en dehors de la
sphère des instances panafricaines. A travers ses nombreuses relations
économiques et diplomatiques sur l'ensemble des continents, de l'Europe
à l'Asie en passant par l'Amérique, le royaume chérifien
entend faire profiter de sa position sur la scène internationale. Le
Maroc veut faire entendre l'Afrique en s'affichant comme non seulement
porte-parole des pays africains, mais aussi constituer une voix aux Pays les
Moins Avancés (PMA) sur la scène internationale. Pour Mustapha
Tossa, « avec le Maroc dans ses rangs, l'Union Africaine sera plus audible
sur le plan international. Le Maroc a une voix qui compte en Europe, en Russie
et en Chine »95.
Il faut souligner, ces dernières années, le
royaume du Maroc arrive à réunir le monde sur ses terres pour des
questions d'ordres mondiales. C'est ce que témoigne l'organisation de la
22e Conférence des Parties (COP22) sur le climat à
Marrakech en 2016. C'est extrêmement important pour l'Afrique, car
voilà un pays africain qui accueille un sommet mondial sur
l'écologie après celui de Paris. Cela fera disposer au continent
une marge de manoeuvre pour discuter de ses relations et des investissements
sur le continent. Aussi, l'Union Africaine disposera de ce fait, d'une
importante valeur ajoutée.
Cependant, depuis l'intronisation de Mohammed VI à la
tête du royaume chérifien, le repositionnement du Maroc aussi bien
à l'intérieur du continent qu'à l'extérieur a
été faite de manières diverses. Si pour le roi Hassan II
la solution dans
95 RT France, avec le Maroc en son sein, l'Union Africaine
sera plus audible sur la scène internationale (interview), RT France
[en ligne], 19-07-2017, [consulté le 12-10-2017], disponible
à l'adresse :
https://francais.rt.com/opinions/24071-avec-maroc-union-africaine-audible
LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
cette impasse que vit son royaume se trouvait dans l'UE ou
avec les monarchies du Golfe, son successeur, le roi Mohammed VI a
préféré se tourner vers le sud du continent
s'intéressant aux pays africains et se construisant tout de même
une image à l'extérieur des frontières africaines.
Joignant ainsi l'intérêt du Maroc à l'intérêt
de l'Afrique. Ceci conduira le royaume du Maroc à mettre à
disposition du continent, non seulement son leadership, mais aussi et surtout,
lui éviter sur des questions de sécurité traversant le
continent « une balkanisation et une déstabilisation
»96.
Section II : Des apports
économico-stratégique
La réintégration du royaume du Maroc au sein de
l'UA répond à une stratégie donnée. Puissant de par
son potentiel économique et surtout stratégique de par son
positionnement et sa géographie, le royaume du Maroc a beaucoup à
offrir à l'instance panafricaine. Fort de son statut de l'un des
premiers investisseurs sur l'ensemble du continent, le Maroc lui fera profiter
de son influence économique (Paragraphe I) et de son
poids géostratégique (Paragraphe II).
Paragraphe I : Une influence économique
Puissance économique du continent, le royaume du Maroc
peut apporter son expérience et son savoir-faire au continent non
seulement dans la création d'un marché commun continental
(A), mais aussi dans l'approfondissement de la
coopération sud-sud (B).
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96 Ibid.
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A- La création d'une Zone de Libre-échange
continentale (ZLEC)
Depuis plus d'un demi-siècle après les
indépendances des pays africains, l'économie de l'ensemble des
pays du continent reste faible et alarmante. Avec la création de l'OUA
qui deviendra UA en 2002, le continent dans son ensemble a la chance de faire
changer les choses en attirant les plus grosses pat de devises de leur
côté dans le but de pouvoir relancer l'économie du
continent.
Aujourd'hui, le royaume alaouite fait partie intégrante
de l'organisation panafricaine, et compte bien pesé sur les relations
économiques du continent dans le but de le faire prospérer de
manière spectaculaire. Ainsi, d'autant plus que la création fut
déjà annoncée, l'Afrique a besoin, pour le bien-être
de son économie, d'une Zone de Libre Echange Continentale
(ZLEC)97. Ce dernier permettra, d'augmenter les volumes
d'échanges afin de stimuler le commerce intra-africain. « Nous
sommes convaincus que nous aurons un marché intégré et
commercialement viable à la fin de cette année », affirmait
le commissaire de l'UA au Commerce et à l'Industrie, Albert Muchanga,
lors d'une conférence de presse en juin 2017 au siège de l'UA
à Addis-Abeba en Ethiopie98. Cette volonté de
création de ce marché africain intégré pourrait
être accélérée avec la réadmission du Maroc
au sein de l'UA, qui pourrait par cette occasion, apporter à l'ensemble
de l'union son professionnalisme et son savoir-faire.
En effet, l'idée de la mise en place d'un tel projet
par l'UA n'est pas nouvelle. Conscient des enjeux actuels dont ils devraient
faire face avec les concepts de mondialisation et de globalisation, Cecil John
Rhodes, homme d'affaire britannique et fondateur de la Rhodésie (actuel
Zimbabwe) en rêvait déjà, construire un continent
économique et politique en Afrique « du Cap (Afrique du sud) au
Caire (Egypte) »99.
97 Une zone de libre-échange est
défini comme une zone internationale dans laquelle les Etats parties au
traité de base suppriment entre eux les barrières
douanières, sans toutefois aller jusqu'à instituer un tarif
douanier extérieur commun. (Lexique de politique, Dalloz, 7e
édition, Paris, p/453).
98 Khadim Mbaye, Union Africaine : bientôt un
marché commun pour le continent, La tribune Afrique [en
ligne], 01-07-2017, [consulté le 01-10-2017], disponible
à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2017-07-01/un-marche-commun-en-afrique-c-estpour-binetot-742406.html
99 Christophe Châtelot, l'Afrique donne le coup
d'envoi à un marché commun « du Cap au Caire »,
Le
Monde [en ligne], 10-06-2015, [consulté le
01-10-2017], disponible à l'adresse :
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2017
Actuellement, ce rêve revient aux africains qui veulent
porter ce projet en réalité. Tout commence lors de la
18e session ordinaire de la conférence de l'Union Africaine
en 2012 tenue à Johannesburg, en Afrique du sud, où la
décision de lancer le projet fut adoptée. Trois ans plus tard, en
2015, le processus de négociation est lancé ainsi que la feuille
de route. Une étape qui s'annonce tendue et corsée, puisque
« ...pour nous, c'est cinquante-quatre pays qu'il faut mettre d'accord !
», dixit Fatima Haram Acyl, ancienne commissaire de l'UA au Commerce et
à l'Industrie et actuelle vice-présidente de la Commission
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC). Enfin,
après deux ans de négociations le projet pourra être
concrétisé. Ce projet devrait par ailleurs, permettre de
regrouper la zone tripartite de libre-échange100, la
Communauté des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), l'Union du Maghreb Arabe
(UMA) et la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD).
En revanche, avec sa population de 33 848 242 habitants (2014)
et son PIB estimé à 109.201 milliards de dollars, le royaume du
Maroc pourrait être un véritable poids et exercer toute son
influence dans le but de concrétiser ce projet. Puisque « le Maroc
constitue une puissance politique [et économique] influente et jouit
d'estime de crédibilité non seulement après de dirigeants
des pays africains, mais également aussi aux yeux de leurs peuples
»101. Cela pourrait lui permettre de faire avancer le dossier
et de le concrétiser dans les meilleurs délais. Cependant,
l'aboutissement à une ZLEC devrait avoir plusieurs
débouchées favorables au continent. Pour Dlaimini-Zuma, ancienne
présidente de la Commission de l'UA, un marché commun africain
permettrait de résoudre « le paradoxe africain d'un continent avec
pratiquement toutes les ressources naturelles à sa dispositions, et
pourtant des populations pauvres, et qui
http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/06/10/l-afrique-donne-le-coup-d-envoi-a-un-marche-commun-du-cap-au-caire
4651264 3234.html
100 La zone tripartie de libre-échange ou encore
Tripartite Free Trade Area (TFTA), est une zone de libre-échange visant
à rapprocher les zones de libres échanges du Marché Commun
de l'Afrique Orientale et Australe (COMESA), de la Communauté d'Afrique
de l'Est (EAC) et de la Communauté de Développement d'Afrique
Australe (SADC).
101 Aboubacar Yacouba Barma, Mohammed VI : « Notre retour
à l'UA n'est pas tactique », La tribune
Afrique [en ligne], 07-11-2016, [consulté le
03-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2016-11-07/mohammed-vi-notre-retour-a-l-ua-n-est-pas-tactique.html
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est marginalisé dans la production mondiale
»102. Aussi, au cas où le continent arriverait à
s'offrir un marché commun continental, cela représenterait un
bloc économique d'un milliards d'habitants/de consommateurs, totalisant
de ce fait, un pouvoir d'achat de 1.1300 milliards d'euros. Il faut souligner,
les zones d'intégration régionales en Afrique sont
déjà nombreuses, alors ce marché commun permettra à
l'Afrique de s'ouvrir sur lui-même dépassant largement les 10% de
commerce intra-africain réalisé entre eux. Pour le Maroc, un
marché commun continental pourrait être perçu comme un
vecteur d'une nouvelle coopération économique sud-sud. Il
permettrait de renverser les termes d'échanges commerciaux trop
longtemps qualifiés d'inégaux103. Toutefois, la route
pour atteindre une finalité réussie à ce projet de
création d'une ZLEC n'est pas exemptée de quelques scepticismes
à ce sujet.
Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser au sein
de l'UA, certains Etats restent sceptiques à l'idée de la
création de ce marché. Premièrement, de peur de voir le
marché local saturé. Deuxièmement, certains Etats à
économie essentiellement fiscale orientent leurs inquiétudes sur
l'obligation de supprimer les droits de douane. Troisièmement, un espace
commercial sans frontières implique la levée des quotas des
échanges, ce qui frissonne d'autres encore sur l'élévation
du taux de chômage, du sous-emploi et de la pauvreté.
B- Un approfondissement de la coopération sud-sud
De par le monde, l'ensemble des coopérations dans ses
divers contours entre les Etats prennent en compte plusieurs
caractéristiques. Le royaume du souverain Mohammed VI propose à
l'Afrique une coopération différente entreprise entre pays du sud
et générant des partenariats gagnant-gagnant.
102 Khadim Mbaye, Union Africaine : bientôt un
marché commun pour le continent, La tribune Afrique
[en ligne], 01-07-2017, [consulté le 01-10-2017],
disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune/fr/politique/integration-regionale/2017-07-01/un-marche-commun-en-afrique-c-est-pour-bientot-742406.html
103 Dina Tagemondi, pourquoi la volonté du Maroc de
rejoindre l'UA est une bonne nouvelle, Huffpost
[en ligne], 18-07-2016, [consulté le 09-10-2017],
disponible à l'adresse :
http://www.huffpostmaghreb.com/dina-tagemouati/pourquoi-la-volonté-du-maroc-de-rejoindre-lunion-africaine-est-une-bonne-nouvelle
b 11043566.html
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2017
Après son départ de l'OUA en 1984, le royaume du
Maroc s'est tournée vers la Méditerranée avec pour souci
de mieux asseoir son intégration dans le continent européen. De
ce fait, il a donc essayé de rejoindre l'UE mais en vain. Et ce, pour
motif de « non appartenance du Maroc à l'Europe ». Ainsi,
suite à cet échec, le royaume chérifien a
décidé de se retourner à nouveau vers le sud du Sahara,
mais cette fois, avec une nouvelle affiche des relations interafricaines.
D'ailleurs, faut-il le rappeler, le royaume du Maroc développait en
Afrique ses relations diplomatiques, politiques et économiques
bilatérales avec « les pays alliés et amis ». Depuis le
début du règne du roi Mohammed VI en 1999, le royaume
chérifien lance une nouvelle ère d'une « diplomatie
économique » dirigé à part entière vers le
continent africain au point où, aujourd'hui, il devient la fondation
essentielle de la diplomatie et le l'économie marocaine. L'idée
de cette nouvelle coopération se veut à la fois être
l'expression d'une autre face dans les rapports des pays africains avec
eux-mêmes, mais également un tournant dans la projection de
l'Afrique vis-à-vis du monde. Il se veut être une
coopération basée entre les pays du sud (sud-sud) et
rattachée à un partenariat gagnant-gagnant. De ce fait, le roi
Mohammed VI déclarait : « Ma vision de la coopération
sud-sud est claire et constante : mon pays partage ce qu'il a, sans obtention
»104.
Ainsi le modèle de coopération proposé
par le royaume alaouite représente tout le contraire de celui
tissé depuis des siècles et jusque-là avec les
occidentaux. Une coopération envers lequel, le continent noir donnait
tout sans en retour recevoir quelque chose de proportionnelle et de symbolique
qi saura contribuer à son développement politique et
économique. Aussi, faut-il le rajouter, ce même modèle
proposé et prôné par le Maroc reste inédit,
transformateur, réaliste et novateur et va au-delà de tous les
clivages mondiaux, et faisant fi de la passerelle nord-sud et est-ouest
constituant donc une rupture historique avec les schémas classiques de
coopération.
Lors du 1er sommet africain de l'Action tenu
à Marrakech au Maroc en Marge de la 22e Conférence des
Parties (COP22), le roi Mohammed VI a proposé aux pays
104 Le Matin, la vision clairvoyante de S.M. le roi Mohammed
VI pour l'Afrique, Le Matin [en ligne], 0202-2017, [consulté le
08-10-2017], disponible à l'adresse :
https://lematin.ma/journal/2017/la-vision-clairvoaynte-de-s-m-le-roi-mohammed-vi-pour-l-rsquo-afrique/266402.html
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africains d' « unifier la voix de l'Afrique et lui
apporter l'expertise ». Et sur le plan continental, le royaume alaouite se
dit déterminé à « renforcer sa contribution à
la défense des intérêts vitaux du continent aux
côtés de ses pays frères... »105. En
revanche, la volonté avec laquelle sa majesté le roi Mohammed VI,
pionnier de la coopération sud-sud, compte mettre en valeur ce
partenariat, privilégie les pays au sein de l'UA et devra permettre,
dans un climat de confiance, de favoriser la circulation des capitaux, de
personnes, des biens et aussi du savoir-faire. Toutefois, jamais auparavant les
relations entre les pays africains dans leur ensemble n'ont eu autant d'impacts
positifs dans les deux sens.
Mais bien au-delà de ça, l'UA pourra
gracieusement bénéficier du poids géopolitique du royaume
du Maroc.
Paragraphe II : Un poids
géostratégique
Le retour du Maroc devrait pouvoir, de par son poids dans les
relations extérieures de l'UA, réjouir profondément les
membres de cette organisation continentale. Le royaume du Maroc sera donc en
mesure de booster la plaidoirie de l'équipe continentale dans sa
recherche d'un siège permanent au sein du Conseil de
Sécurité de l'ONU (B). Aussi,
l'expérience marocaine permettra une gestion autonome des ressources
étatiques (A).
A- Une gestion autonome des ressources étatiques
« L'Afrique est un grand continent par ses forces vives,
ses ressources et ses potentialités. Elle doit se prendre en charge, ce
n'est plus un continent colonisé. L'Afrique doit faire confiance
à l'Afrique ». Tels sont les propos tenu par le roi Mohammed VI
dans son célèbre discours prononcé en février 2014
à Abidjan en Côte
105 Oumar Baldé, Que promet le Maroc à l'Afrique
?, Les
éco.ma [en ligne],
17-11-2016, [consulté le 0710-2017], disponible à l'adresse :
http://www.leséco.ma/cop22/51785-que-promet-le-maroc-a-l-afrique.html
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d'Ivoire. De ces propos, le roi Mohammed VI plaide pour une
prise de conscience profonde des Etats africains dans le cadre de la gestion de
leurs ressources étatiques.
En effet, le continent africain depuis ses
indépendances n'a pas su être, au fil des années,
maître de son devenir, de ses richesses et de ses biens. Il a toujours
été dans l'ombre des anciennes puissances coloniales qui dans la
plupart des Etats actuels, continuent par dicter leurs lois. Mécontent
de ce système, le royaume du Maroc se montre pourfendeur du
colonialisme, s'affiche antioccidental et fustige contre la mainmise des
anciennes puissances colonisatrices sur les politiques internes des Etats
africains. « Il n'y a plus de terrain acquis, pas plus qu'il n'y a de
chasse gardée. Ce serait une illusion de croire le contraire ».
S'insurgeait-il et ce, en faisant référence aux anciennes
puissances occidentales. Il se campe dans cette même position devant la
tribune de l'Assemblée Générale des Nations Unies plus
tard en septembre 2014, mais cette fois, en dénonçant les effets
néfastes de la colonisation : « Aujourd'hui, après tous ces
effets pervers [de la colonisation], ces Etats n'ont pas le droit d'exiger des
pays du sud un changement radical et rapide [...] comme si le
développement ne pouvait se réaliser qu'à l'aune d'un
modèle unique : le modèle occidental »106. Le roi
Mohammed VI affiche une image contre le néocolonialisme qui exploite
seulement les ressources du continent sans au retour accorder un
intérêt quelconque à ce dernier qui pourrait être
lié au développement socioéconomique ou humain. Le royaume
du Maroc se veut être novateur. Ainsi, il se veut être le fer de
lance d'une Afrique émergeante, pragmatique et responsable s'appuyant
évidemment sur une coopération sud-sud accordant donc de profit
à chaque partie. Une telle stratégie, prôné haut et
fort par le royaume chérifien, trouve écho déjà
auprès de plusieurs Etats africains en général, et
particulièrement auprès de ceux-là qui se reconnaissent
dans ce genre de situation.
Pour ce faire, une mission essentielle et cruciale s'impose au
royaume du Maroc. Celui de ne pas faillir à son rôle essentiel au
sein de l'UA qui consiste à servir de guide et de locomotive à
l'ensemble des Etats africains, mais aussi et surtout, à pouvoir servir
de guide et de leitmotive à l'ensemble des Etats africains, mais aussi
et surtout, à pouvoir réellement permettre à l'Afrique
d'imposer sa présence et ses
106 Ce discours fut présenté par son premier
ministre d'entre temps Abdelilah Benkirane vue que le souverain marocain
n'avait pas fait le déplacement à l'ONU durant ce sommet de
l'Assemblée Générale.
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marques dans le concert des grandes nations et des
échanges économiques mondiaux.
Conscient de l'exploitation anarchique et de
l'instabilité du continent, le roi Mohammed VI qui plaide pour «
une Afrique aux africains » pourra ainsi, apporter son savoir-faire et son
expérience aux autres Etats africains surtout en matière de
gouvernance. Témoignant de cet apport précieux que peut faire le
Maroc aux pays africains en matière de gouvernance, Rachida Dati,
ancienne garde des sceaux français et eurodéputée
déclarait : « ... et il est encore un pays où l'Afrique
prend le Maroc modèle : celui de la gouvernance »107.
Ceci leur permettra donc de pouvoir sauvegarder leurs pays respectifs et offrir
ainsi aux populations, éducation, emploi, formation et logement.
Toutefois, ce lourd fardeau ne saura revenir au Maroc seul. En compagnie des
autres puissances coloniales, ils pourront conduire un leadership qui
amènera le continent dans son ensemble à devenir une puissance
imposante et faire face aux nombreux défis auxquels il est
confronté.
B- A la recherche d'un siège permanent au sein du
Conseil de Sécurité de l'ONU
Depuis plusieurs années, la réforme de la plus
vaste organisation internationale, l'Organisation des Nations Unies (ONU) plane
sur tous les toits. Pour chacun, après plus d'un demi-siècle
d'existence, l'ONU doit pouvoir s'adapter aux réalités du monde
actuel et aux défis nouveaux que présente ce nouveau
siècle. Cette réforme porte principalement sur l'organe
décisionnel de l'ONU, le Conseil de Sécurité.
Depuis 2005, la réforme de l'ONU et principalement la
réforme du Conseil de Sécurité s'avère primordiale
et reste l'un des sujets de discussion les plus tendus. Récemment,
à l'occasion de la 72e Assemblée
Générale des Nations Unies tenu à New York aux Etats-Unis
en septembre 2017, le président américain Donald Trump affirmait
que la réforme de l'ONU s'avère nécessaire dans un but de
la rendre plus
107 Le Matin, Le Royaume du Maroc, moteur de
l'émancipation africaine, Le Matin [en ligne], 02-082017,
[consulté le 01-10-2017], disponible à l'adresse :
https://lematin.ma/journal/2017/le-maroc-moteur-de-lemancipation-africaine/276165.html
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performante. Il déclare : « je suis confiant que
si nous travaillons ensemble en vue d'obtenir de vraies réformes
courageuses, les Nation Unies vont devenir une force plus performante, plus
forte, plus juste pour la paix et l'harmonie dans le monde
»108. Cependant, les bases de cette « réforme Trump
» de l'ONU ne fait aucunement grincer de dents sur le continent africains.
La raison d'un tel désintéressement des Etats africains
réside dans le fait que cette réforme du président
américain se situe dans une mesure à vouloir « rationnaliser
la bureaucratie et la paperasserie de l'organisation mondiale »,
c'est-à-dire finir avec les lourdeurs administratives de l'ONU pour la
rendre « plus efficace et performante » 109 . Auparavant, des
réformes nouvelles ont été annoncées. Celles
annoncées par exemple en 2005 par l'ancien Secrétaire
Général de l'ONU Koffi Annan restent des plus percutantes sur le
continent. Selon lui, « après une période difficile dans les
affaires internationales, face à des dangers nouveaux et aux nouvelles
manifestations de menaces déjà connues, beaucoup souhaitent voir
apparaître un consensus sur lequel puisse se fonder une action
collective. Et le désir est là d'opérer à l'ONU es
réformes plus ambitieuses que jamais afin que l'organe ait les moyens
financières et autres nécessaires pour aider à mettre en
oeuvre le programme d'action du 21e siècle
»110. Dans cette large envie d'entreprendre des
réformes, un point qui touche plus le continent africain et auquel ils
veulent remédier reste celui qu'une « meilleure
représentativité du continent au sein du Conseil de
Sécurité de l'ONU ».
En effet, deux ans plus tôt, en 2003, une commission
fût mise en place pour penser aux réformes qui pourront être
entreprises par l'ONU pour booster sa performance. « La charte des Nations
Unies a accordé aux Etats les plus puissants le statut de membre
permanent du Conseil de Sécurité et le devoir, à charge
pour eux d'exercer leur pouvoir pour le bien commun, de promouvoir et de
respecter le Droit
108 Rfi, Donald Trump veut réformer l'ONU pour la
rendre efficace, Rfi [en ligne], 18-09-2017, [consulté le
02-10-2017], disponible à l'adresse :
http://www.rfi.fr/ameriques/20170918-donald-trump-veut-reformer-onu-rendre-plus-efficace-guterres
109 Isabelle Hanne, Donald Trump veut réformer l'ONU
contre la « bureaucratie » et la « mauvaise gestion »,
Libération [en ligne], 18-09-2017, [consulté le
02-10-2017], disponible à l'adresse :
http://www.liberation.fr/planete/2017/09/18/donald-trump-veut-reformer-l-onu-contre-la-bureaucratie-et-la-mauvaise-gestion
1597235
110 Rapport du Secrétaire Général de
l'ONU, Koffi Annan « Dans une liberté plus grande :
développement, sécurité et respect des droit de l'homme
pour tous », 2005
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international »111, soulignent-ils dans leur
rapport. Ainsi, dans le souci d'améliorer le fonctionnement du Conseil
de Sécurité, tout le monde s'échine en vue d'une possible
refondation et redéfinition de l'octroi des membres du Conseil de
Sécurité. Une guerre qui va dans tous les sens et dans tous les
fronts, où chacun essaye de mieux se situer pour une remise à
charge d'un possible siège de membre permanent à son
égard.
Dans ce combat que mène l'Afrique pour une refonte du
Conseil de Sécurité des Nations-Unies, la nouvelle arrivée
du Maroc peut donner du poids à la plaidoirie du continent. Si les
propositions faîtes en 2003 par le groupe de personnalités ne font
pas intégrer les positions africaines à cette
démarche112, pour eux dans la constitution des membres
permanents du Conseil de Sécurité, la géographie doit
être prise en compte pour une meilleure représentativité de
monde entier. Le leadership marocain surtout sur le plan diplomatique pourrait
faire pencher la balance, pour l'obtention d'un siège de membre
permanent au sein du Conseil de Sécurité. Le résultat
reste donc indéniable. Avec le retour du royaume en son sein l'UA verra
son poids décupler dans le concert des Nations Unies.
En revanche, si la conduite de la lutte pour l'obtention du
siège au Conseil de Sécurité en est une chose, sa probable
attribution en est une autre. Jusqu'à l'heure actuelle, aucun candidat
ne fait le consensus au sein de l'UA pour pouvoir représenter le
continent au sein du Conseil de Sécurité. Si pour certains le
poids du Nigéria et de l'Afrique du sud leur en donne droit, le royaume
alaouite ne se verra pas mener un tel combat sans au final espérer avoir
gain de cause. D'ailleurs, beaucoup prennent déjà position. Comme
l'a indiqué un diplomate, « la longue absence du Maroc a permis aux
autres pays de consolider leurs positions au sein de l'UA. Le combat
mené par exemple au niveau de l'ONU pour réformer le Conseil de
Sécurité s'est fait dans lui. Si l'Afrique arrive à
obtenir un siège permanent, l'UA décidera de son attribution,
mais je
111 A/59/565 Rapport du groupe de personnalité sur
l'état des lieux, « un monde plus sûr, notre affaire à
tous », 2003, p.14
112 Dans leur rapport, le groupe de personnalités de
haut niveau, propose que ceux qui contribuent le plus aient davantage de voix
au chapitre d conseil, ceux qui pèsent le plus dans les décisions
contribuent davantage et ceux qui doivent appliquer les décisions soient
consultés davantage.
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doute fort qu'il revienne au Maroc »113. Le
malaise continuera par prendre de l'ampleur avec ces prises de position qui ne
feront qu'éclater l'absence d'unanimité.
Toutefois, le Maroc et l'UA devraient encore attendre des
années avant de voir une telle réforme revenir sur les rails
puisqu'actuellement, ce projet a été mis de côté,
même si le nouveau Secrétaire général Antonio
Guterres place son mandat dans une réforme profonde du système
onusien.
113 Christophe Guguen, enquête sur l'influence
réelle du soft-power de Mohammed VI en Afrique, Le desk [en
ligne], 20-10-2016 MAJ. Le 20-08-2017, [consulté le 07-10-2017],
disponible à l'adresse :
https://ledesk.ma/grandangle/les-dessous-de-la-nouvelle-politique-africaine-de-mohammed-vi/
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Chapitre II : Une collaboration bénéfique
pour tous
Fort des liens que le royaume du Maroc a su construire avec
son continent d'origine au fil des siècles à travers
différents rois qu'il a connu, les relations entre le Maroc et l'Afrique
et surtout l'UA ne pourront que se renforcer. Avec cette brillante
réintégration au sein de l'UA en janvier dernier, la confiance
mutuelle sera désormais au bon fixe. Cette réadmission donc d
Maroc représente une adhésion favorable aux deux parties
(Section I) avec la possible émergence d'un nouveau
leadership du royaume chérifien (Section II).
Section I : Une adhésion favorable aux deux
parties
En ce début du XXIe siècle, le
continent africain reste confronté à plusieurs problèmes
d'ordres diverses faisant entrave à un réel développement
tant sur le plan économique et social. Avec cette
réintégration du Maroc, les perspectives de l'UA
(Paragraphe I) vont changer puisque même si le Maroc
apporte son soutien à l'UA dans l'atteinte de ses objectifs, le sous
impérialisme marocains (Paragraphe II) commencera par
s'afficher.
Paragraphe I : des perspectives de l'UA liées au
retour du Maroc à l'UA
Aujourd'hui s'il est important de constater que la
réintégration du royaume alaouite a besoin de l'UA et vice versa,
il sera grand temps que les deux puissent enfin regarder dans la même
direction, ils doivent donc faire face à des défis d'ordre
sécuritaires (A) et sociaux (B).
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A- Des défis sécuritaires
L'Afrique reste aujourd'hui le continent le plus touché
par une instabilité chronique en matière de
sécurité. Ainsi, en dehors de différentes crises
conflictuelles et sociales qui gangrènent les Etats africains, le
terrorisme reste l'une des menaces les plus présentes en Afrique et
reste un champ ouvert à toutes les hostilités. Pour l'UA, le
terrorisme reste son plus grand défi à relever en ce début
du XXIe siècle. Face à ce défi trop important,
une aide s'avère cruciale. Celui d'un apport face à
l'éradication de ce fléau, principalement source
d'insécurité et de ralentissement économique à
l'intérieur du continent. Aujourd'hui encore, pour relever ce
défi de l'insécurité grandissante qui met l'organisation
panafricaine d'une part, et les organisations sous régionales d'autre
part dans une impasse totale, le royaume du Maroc, en retrouvant sa place
naturelle au sein de l'UA, « croit fermement qu'il a les moyens pour faire
la différence dans une conjoncture où les enjeux en
matière de stabilité en Afrique prennent une dimension
internationale ». Lors de son discours prononcé à l'occasion
de la clôture du 28e sommet des chefs d'Etats et de
gouvernements de l'UA à Addis-Abeba en Ethiopie, le roi Mohammed VI
déclarait : « Depuis son indépendance, le Maroc a
participé à six opérations de maintien de la paix des
Nations-Unies en Afrique, déployant des milliers d'hommes dans les
différents théâtres d'opération. Les troupes
marocaines sont, aujourd'hui encore, déployées en RCA et en RDC.
De même, le Maroc a mené des médiations qui ont permis de
faire avancer substantiellement la cause de la paix, notamment en Libye et dans
la région du Fleuve Mano ».
D'après le quotidien " El-Watan" (propos
rapporté par le "Courrier International"), « l'UA suscite
actuellement le débat à cause de ses multiples échecs. En
fait, l'organisation africaine n'arrive plus à sauvegarder la paix sur
le continent, à l'exemple des échecs concernant la Libye, le Mali
et la RCA. Et dans de nombreux conflits qui déchirent le continent, il a
fallu l'intervention des puissances étrangères comme la France ou
les Etats Unis pour au moins trouver un motus vivendi
»114. Avec de telles missions menées par le Maroc,
ce dernier pourrait être renforcé avec son retour pour plus
d'impact dans les résultats des opérations de maintien de paix
sur
114 Hoda Sal, Maroc : à quoi sert le retour au sein de
l'Union Africaine, Courrier International [en ligne],
30-01-2017, [consulté le 29-09-2017], disponible
à l'adresse :
https://www.courrierinternational.com/article/maroc-quoi-sert-le-retour-au-sein-de-lunion-africaine
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
l'ensemble du continent. Le poids militaire du royaume
alaouite viendra donc renforcer les lignes continentales africaines dans
l'espoir d'installer la paix, qui est un gage qui s'inscrit dans les objectifs
de l'Afrique unie pour la paix, et le bien-être de son
Développement.
Le Maroc, est l'un des pays du continent ayant une puissance
militaire et stratégique non négligeable. De nos jours,
l'Afrique, frappé de plein fouet par l'hydre du terrorisme, a besoin
d'une nouvelle approche d'intervention et d'opération. Ce retour du
Maroc au sein de l'UA va permettre de « renforcer [ainsi] son implication
dans les efforts continentaux de lutte contre l'extrémisme et le
terrorisme, qui hypothèquent l'avenir de l'Afrique » dixit le
souverain115. De ce fait, en considération des liens forts
historiques, religieux et culturels qui unissent le Maroc et l'Afrique, le
royaume chérifien s'est décidé de créer la «
Fondation Mohammed VI des oulémas africains » destiné
à la formation des imams dans l'ensemble du continent. L'Afrique avait
grandement besoin d'une institution de cette envergure, capable de
s'ériger en rempart infranchissable contre les prêcheurs de la
haine et de la discorde et de fédérer les dignitaires religieux.
Pour le roi Mohammed VI, cette fondation est « un jalon de plus dans notre
orientation stratégique visant à hisser les relations de
coopération politique et économique qui unissent le Maroc
à un certains nombres d'Etats africains frères au niveau d'un
partenariat solidaire et efficace dans tous les domaines »116.
Ainsi, ce programme devrait être étendu dans un souci de lutte
globale contre la radicalisation aux autres pays africains et qui sera
placé sous l'égide de l'institution continentale. Une position
assez considérable du Maroc que l'eurodéputé et ancienne
garde des sceaux française Rachida Dati confirme en soulignant, dans un
entretien accordé au journal le « Matin », que « le
contexte international nous rappelle également que l'expertise rare et
pointue du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme et contre
toutes formes d'extrémisme est indispensable pour de nombreux pays
africains en proie à ces fléaux. Dans le même sens, le
modèle religieux marocain
115 Aboubacar Yacouba Barma, Mohammed VI : « Notre retour
à l'UA n'est pas tactique », La tribune
Afrique [en ligne], 07-11-2016, [consulté le
03-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2016-11-07/mohammed-vi-notre-retour-a-l-ua-n-est-pas-tactique.html
116 Le Matin, le leadership du Maroc au service de l'Union
Africaine, Le Matin [en ligne], 02-02-2017, [consulté le
01-10-2017], disponible à l'adresse :
https://lamatin.ma/jourlal/2017/le-leadership-du-maroc-au-service-de-l-rsquo-union-africaine/266401.html
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s'exporte et se duplique de plus en plus en Afrique,
témoin du rôle spirituel du royaume pour le continent
»117. Ce projet du roi Mohammed VI traduit donc sa
volonté d'apporter des réponses lucides et efficaces aux menaces
qui pèsent sur le continent, notamment la montée de
l'extrémisme et l'instrumentalisation de l'islam à des fins
idéologiques et politiques. Pour Dr Monde Muyangwa, directrice du
programme Afrique au sein du Wilson center à Washington, « cela
pourrait permettre de renforcer la coopération et la coordination sur
les questions de sécurité [...] particulièrement en
Afrique du nord, au Sahel et en Afrique de l'Ouest »118.
Par conséquent, pour toutes ces raisons, le Maroc
à l'UA est somme toute logique et ne peut être
bénéfique qu'à l'ensemble du continent. Au-delà de
tous ces défis sécuritaires, l'engagement du Maroc en Afrique se
poursuivra et se renforcera après qu'il a réintégré
l'Union Africaine. En revanche, outre les défis d'ordre
sécuritaire dont l'UA doit faire face, d'autres défis se
présentent aussi, parmi lesquels ceux d'ordre social.
B- Des défis sociaux
Le continent africain reste le continent le plus riche (en
matière de richesses naturelles, diversité...) de tous les cinq
continents du monde entier. Mais hélas ! C'est aussi le continent le
plus pauvre (en matière de développement social,
économique...) et le moins avancé. Ainsi, l'Union Africaine reste
plus que jamais confronté au défi de relever la pente, surtout
concernant les défis d'ordres sociaux. D'ailleurs, ces défis
sociaux sont de divers ordres : la croissance démographique, les
pandémies, la scolarisation et l'éducation, le chômage, la
protection social...
En effet, malgré les différentes richesses que
regorge le continent, le niveau de vie des populations africaines reste le plus
bas de tous. Un constat primordial que l'UA entend corriger en
l'annonçant clairement à travers ses objectifs
déclinés dans l'Acte
117 Le Matin, Rachida Dati « La place du Maroc aux
côtés des pays africains est légitime, nécessaire et
indispensable », Le Matin [en ligne], 02-02-2017,
[consulté le 29-09-2017], disponible à l'adresse :
https://lamatin.ma/journal/2017/rachida-dati-laquo-la-place-du-maroc-aux-cotes-des-pays-africains-est-legitime-necessaire-et-indispensable-raquo-/266400.html
118 Voir note de bas de page n°112
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Constitutif en son article 3k : « promouvoir la
coopération et le développement dans tous les domaines de
l'activité humaine en vue de relever le niveau de vie des peuples
africains ».
Primo, en ce qui concerne la démographie, le continent
africain est l'un des continents les plus peuplés, et sa population ne
cessera de croître au fil des décennies. Selon une étude de
l'Institut National [français] d'Etudes Démographiques (INED) le
continent africain compte 1.2 milliard d'habitant en 2017. Et sa population
devrait avoisiner les 2.5 milliards en 2050, et atteindre les 4.4 milliards en
2100 ; ceci malgré le SIDA. Cette explosion démographique
produira une pression croissante sur les besoins sociaux essentiels dans un
contexte où l'Afrique connaît des retards
importants119. Une autre grande issue sera celui de l'augmentation
chronique du chômage. Selon l'Organisation International du Travail
(OIT), le chômage en Afrique représente les 20% de l'effectif
total de 2015, soit 15 millions sur les 73.8 millions dans le monde. Ce sont
ces raisons qui deviennent la base de plusieurs autres maux, puisque, dans
cette même année, l'Afrique a compté 262 millions
d'habitants âgés de 15-24 ans soit 34% de la population
potentiellement active dans le continent. Cette structure démographique
reste donc à la base de la pression des jeunes sur les marchés
nationaux du travail, accélère le rythme de l'exode rural et
aggrave les pressions migratoires120. Une des
caractéristiques les plus marquantes de la pauvreté sur le
continent. De ce fait, le retour du Maroc à l'UA, qui affiche d'ores et
déjà son pragmatisme, sa détermination et son engagement
permettra, dans une perspective commune d'élaborer une meilleure
collaboration pour régler ces maux et fléaux qui rongent le
continent ainsi que la crise des migrants dans la Méditerranée,
grâce à son expérience acquise dans la gestion des migrants
dans la Méditerranée, sachant que les terres marocaines
représentent un point de passage régulier des migrants
africains.
Secundo, la scolarisation reste très précaire en
Afrique. Ce qui impacte négativement l'alphabétisation des jeunes
africains dont, selon des chiffres de l'Institut
119 Driss Guerraoui, les défis sociaux majeurs de
l'Afrique, quels rôles le Maroc peut jouer ?, L'économiste
[en ligne], 17-02-2016, [consulté le 04-10-2017], n°4710,
disponible à l'adresse :
http://www.leconomiste.com/article/984679-les-defis-sociaux-majeurs-de-l-afriquequels-roles-le-maroc-peut-jouerpar-diss-guerra
120 Ibid.
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de statistique de l'Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la science et la culture (UNESCO), 31% ne savent ni lire,
ni écrire.
Tertio, l'explosion démographique qui se constate sur
le continent africain est assez antinomique avec les capacités
alimentaires, les conditions et cadre de vie et crée une
vulnérabilité ambiante face à diverses pandémies.
En effet, le continent en général et la partie subsaharienne en
particulier, reste le plus touché par pandémies, notamment le
VIH/SIDA, le paludisme et récemment encore Ebola. En 30 ans depuis la
découverte du SIDA, 30 millions de personnes sont
décédées, dont 20 millions d'Africains121.
Aussi, faut-il l'ajouter, l'espérance de vie des africains à la
naissance reste parmi les plus faibles au monde. Elle a été
évaluée à 59.6 ans en 2014, au moment où, elle est
à 80.2 ans en Europe de l'ouest et de 78.4 ans en Amérique du
nord. De ce fait, le taux de mortalité infantile est également le
plus élevé à l'échelle mondiale. Un
véritable défi d'ordre médical et pharmaceutique s'impose
donc au continent.
Le retour du Maroc au sein de l'Union Africains permettra
ainsi de « renforcer l'action solidaire que le Maroc mène sur le
terrain avec de nombreux pays du continent pour y assurer la promotion du
développement économique et humain, au service du citoyen
africain ». Aussi l'influence que revêt le Maroc en Afrique lui
permettra tout de même, de s'impliquer encore davantage dans les
stratégies de développement sectorielles et s'y contribuer plus
efficacement en les enrichissant notamment de « l'expérience
singulière que le Maroc a accumulé dans de nombreux secteurs
»122. Le royaume alaouite saura donc mettre à la
disposition de la communauté africaine, son savoir-faire acquis pendant
de longues dates avec ses relations de longues périodes avec l'Europe.
Comme l'a souligné Jawad Kerdoudi, le royaume du Maroc « aurait
pour objectif d'apporter une valeur ajoutée aux défis de
l'Afrique qui son nombreux, et ce grâce à l'expertise de notre
pays. Ces défis concernent l'éducation et
121 Pascal Le PAUTREMAT, l'Afrique : entre défis et
succès potentiels, loin des fatalités, Diploweb [en
ligne], 03-10-2015, [consulté le 03-10-2017], disponible à
l'adresse :
https://www.diploweb.com/L-Afrique-entre-defis-et-succes.html
122 Aboubacar Yacouba Barma, Mohammed VI : « Notre retour
à l'UA n'est pas tactique », La tribune
Afrique [en ligne], 07-11-2016, [consulté le
03-10-2017], disponible à l'adresse :
http://afrique.latribune.fr/politique/integration-regionale/2016-11-07/mohammed-vi-notre-retour-a-l-ua-n-est-pas-tactique.html
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
la formation des jeunes, afin de créer des emplois pour
une population du continent qui atteindra 2 milliards d'habitants en 2050. Le
second défi est celui de la sécurité alimentaire pour
nourrir convenablement cette population [...] et celui de l'industrialisation
pour passer du modèle de l'exportation des matières
premières à celui des produits transformés sur place avant
d'être exportés »123.
Paragraphe II : Le sous impérialisme
marocain
Au sein de l'Union Africaine, des mesures sur l'application de
certaines réformes pourraient d'une manière ou d'une autre
profiter au royaume chérifien. Faut-il le rappeler, le royaume du Maroc
est un pays sans richesses naturelles particulières. De ce fait, si le
continent serait à la portée du Maroc (B) de par
cette intégration, le Maroc exprimerait tout de même une soif des
richesses subsaharienne (A).
A- Une soif des richesses subsaharienne
Pays politiquement stable et avantageux de par sa position
géostratégique avec cette ouverture à la
Méditerranée, le royaume du Maroc est un pays faible en
ressources naturelles, énergétiques et minières. Mais,
profitant de sa situation, le royaume chérifien reste
représentatif d'une économie diversifiée. Sans doute, ceci
représente le moyen le plus efficace pour garder une économie
plus compétitive. Le maroc est amené à restructurer sa
position dans l'aboutissement de ses relations avec les pays africains. Le
souverain chérifien, le roi Mohammed VI n'a pas cessé depuis son
intronisation, de montrer ses cartes en soulignent que son pays donne ce qu'il
a, sans restriction aucune, avec un appui considérablement accru et une
extrême médiatisation de la coopération sud-sud avec un
partenariat gagnant-gagnant.
123 Jawad Kerdoudi, l'après retour du Maroc : quelles
perspectives pour l'Union Africaine ?, Le Monde
[en ligne], 17-02-2017, [consulté le 01-10-2017],
disponible à l'adresse :
http://nasrallahbelkhayate.blog.lemonde.fr/2017/02/17/lapres-retour-du-maroc-quelles-perspectives-pour-lunion-africaine/
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2017
En effet, au-delà des discours officiels et des
partenariats dans lesquels le Maroc s'engage dans le sillage des pays
africains, le royaume chérifien reste un grand pourvoyeur des richesses
de l'Afrique subsaharienne surtout en Afrique de l'Ouest. Ceci s'explique
aisément, à voir les partenariats qu'a signé le Maroc dans
cette région de l'Afrique. Comme étayé supra, le roi
Mohammed VI jouit d'une grande influence dans ces pays de l'Afrique de l'ouest.
Récemment, lors de sa visite dans la république
fédérale du Nigéria, le souverain marocain, le roi
Mohammed VI a signé l'un des projets les plus ambitieux du
sous-continent, celui de la construction d'un gazoduc reliant les ressources
gazières nigérian au Maroc, en passant par une dizaine de pays
ouest africain124. Si pour le souverain Mohammed VI ceci
représente l'aboutissement et la concrétisation de la
coopération sud-sud, il reste indéniable que le royaume du Maroc
a grand besoin de ces ressources non seulement au profit de son commerce, mais
aussi et surtout pour sa commercialisation si le gazoduc arrive à
rejoindre le continent européen via l'Espagne. Outre ceci, le ballet des
accords et partenariats dans lesquels l'OCP marocain s'engage va dans le
même sillage. C'est l'exemple de l'accord sur la production d'engrais au
Nigéria ou même lors de sa visite en Ethiopie.
Cependant, l'implication du royaume chérifien dans
l'établissement des accords mettant en jeu des ressources naturelles de
différents ordres, laisse penser (dans bien des cas) à une
mauvaise foi du Maroc dans sa volonté de réintégration
à l'Union Africaine. Encore plus, dans les rangs de cette organisation
panafricaine, le phénomène ne fera que s'accentuer accordant des
profits au royaume du Maroc même si son aide aux pays africains reste
crucial dans l'aboutissement d'un réel développement dans de
nombreux secteurs.
B- L'Afrique à la portée du Maroc
Le royaume du Maroc a fait un retour triomphal au sein des
instances de l'organisation panafricaine, accédant ainsi à sa
place naturelle au sein de l'institution. Mais à travers ce retour, le
souverain marocain, le roi Mohammed VI n'arrive pas à entrevoir une
Afrique sans le Maroc, et vice versa. Lors de son discours
présenté à la
124 Cf. carte annexe n°1
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tribune de l'Union Africaine symbolisant le retour du royaume
chérifien, il affirmait : « Le retrait de l'OUA était
nécessaire : il a permis de recentrer l'action du Maroc dans le
continent, de mettre aussi en évidence combien l'Afrique est
indispensable au Maroc, combien le Maroc est indispensable à l'Afrique
». Pour le souverain chérifien, le roi Mohammed VI, le continent
africain représente un vaste espace dans lequel le Maroc pourrait
continuer par se construire une véritable économie « au
moment où le royaume compte parmi les nations africaines les plus
développées ».
Dans sa politique étrangère établie
vis-à-vis des pays africains, il s'agit pour le royaume de partager ce
qu'il a, sans obtention. C'est ce qu'a fait savoir le souverain
chérifien qui, de par sa vision, veut voir son royaume s'imposer en une
plateforme des affaires en Afrique, et devenir la porte d'entrée des
investissements vers le continent. Cette vision s'explique clairement à
travers ses différentes tournées effectuées à
l'intérieur du continent, et aussi cette conquête dans laquelle
les entreprises marocaines se sont lancées à travers tout le
continent. Une stratégie qui se comprend aisément à
entendre le monarque déclarer à Abidjan comme souligné
supra « il n'y a pas de terrain acquis, pas plus qu'il n'y a de chasse
gardée », dans une allusion directe à la France, dont les
intérêts en Afrique de l'ouest sont de plus en plus
concurrencés par les entreprises marocaines dans la banque, l'assurance
ou bien les télécommunications125.
De plus le royaume du Maroc compte se positionner à
l'intérieur du continent, au rang de hub continental. C'est d'ailleurs
pour cette raison, que le Maroc essaye de reléguer au second plan,
toutes les formes de coopérations qu'a connu le continent
jusque-là. Il voit donc le continent comme une terre vide où il
viendra s'imposer aux africains. D'ailleurs, au tête à tête
traditionnel entre Paris et ses anciennes colonies, ou bien à la
relation directe entre chaque pays africain et les capitales économiques
mondiales, le roi oppose une « coopération triangulaire » dans
laquelle le Maroc offre « aux pays africains frères, le capital de
confiance et de crédibilité dont il jouit auprès
125 Pierre Rousselin, Maroc : la stratégie africaine de
Mohammed VI, Le Figaro [en ligne], 04-12-2014, [consulté le
12-10-2017], disponible à l'adresse :
http://blog.lefigaro.fr/geopolitique/2014/12/maroc-la-strategie-africaine-d.html
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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de ses partenaires » dans le monde
développé126. Mieux, le souverain chérifien
veut en quelques sortes "marocaniser l'Afrique". Il s'agit là, d'un
véritable choix d'opportunités stratégiques qui prend sa
base sur la diplomatie que s'est offerte le Maroc vis-à-vis du monde et
de la stabilité politique dont bénéficie le royaume suite
aux différents printemps arabes.
Le pari porte, en un mot, sur la régionalisation
croissante de la mondialisation et sur le potentiel encore largement
inexploré des relations commerciales et financières
interafricaines.
Section II : L'émergence d'un nouveau leadership
du royaume chérifien
Après plus de trois décennies d'absence sur la
scène continentale, le royaume alaouite possède toutes les
qualités requises pour se voir aujourd'hui porté l'Afrique dans
son ensemble. Il pourrait germer un potentiel nouveau leader panafricain
(Paragraphe I). Mais la question de l'avenir du Maroc au sein
de l'UA (Paragraphe II) se pose.
Paragraphe I : Un potentiel nouveau leader
panafricain
Le royaume du Maroc dispose de toutes les qualités pour
se voir aujourd'hui être hissé au summum de tous les Etats
africains, comme leader continental et porte-voix du continent. Ce potentiel
provient de la chute de la Libye (A) et l'élaboration
d'une étroite collaboration avec d'autres géants du continent
(B).
126 Ibid.
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A- Un profit de la chute de la Libye
Depuis la création de l'OUA en 1963, à sa
conversion à l'UA à Durban en Afrique du sud en 2002,
l'organisation panafricaine est toujours restée sous l'ombre d'un seul
Etat, celui de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste,
dirigé par le feu colonel Mouammar Al-Kadhafi. Près d'une
décennie après la chute de ce dernier, le royaume alaouite
pourrait devenir le porte-étendard du continent dans son ensemble.
En effet, la Libye de Kadhafi, artisans de première
heure dans le processus de création de l'OUA et de l'UA, a connu une
chute drastique en 2011. Ceci fut le fruit du « printemps arabe » qui
a démarré en 2010 et a conduit les peuples du Maghreb dans un
ensemble de contestations populaires et `intensité très variables
selon les pays et ayant souvent comme finalité, le départ des
dirigeants en place. En Libye, ce soulèvement entraîna le
départ du régime de Kadhafi qui a conduit plus tard à sa
mort. Outre l'ancienne Libye, le Maroc présente aujourd'hui toutes les
caractéristiques d'un potentiel remplaçant du système
Kadhafi. Premièrement, le Maroc reste e 2e investisseur du continent
derrière l'Afrique du sud127. Deuxièmement le royaume
alaouite a une machine diplomatique hors norme sur tout le continent.
Troisièmement, le Maroc se positionne comme hub régional des
investissements en Afrique. De plus, les entreprises du royaume alaouite sont
présentes dans tous les secteurs et sur l'ensemble du continent. Des
raisons de part et d'autres qui ne font aucun doute sur le Maroc pour qu'il se
voit être positionné au summum des Etats africains.
Cependant, si d'aucuns pensent que cette place de leader saura
revenir au Maroc et lui sera attribué avec fierté et tout le
respect possible, d'autres préfèrent octroyer cette
responsabilité à d'autres pays. « Le Maroc peut devenir une
puissance régionale mais uniquement dans sa zone de proximité.
D'autres pays ont déjà cette vocation. Le poids de l'Afrique du
sud reste de loin le plus important en Afrique »
127 Ce classement est effectué sur la base de facteurs
différents. D'une part, lorsque l'on prend en compte le nombre de
projets financés par le Maroc et l'Afrique du sud, l'Afrique du sud
vient en tête du classement avec 105 projets financés cotre 80
pour le Maroc en 2015. D'autre part, lorsque l'on prend en compte les montants
des investissements extérieurs deux pays sur le continent, le Maroc
prend la tête du classement, avec 5 milliards investis contre 2.9
milliards de dollars pour l'Afrique du sud. Source : rapport FDI Market
2017 du Financial Times.
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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souligne Philippe Hugon128. c'est donc dire,
qu'au-delà de l'Afrique du sud, la longue absence du Maroc a permis aux
autres pays de consolider leurs positions au sein de l'UA.
B- Une étroite collaboration avec d'autres
géants du continent
Ici, un constat s'avère crucial. Celui de l'observation
d'un décalage entre le leadership économique marocain et le
leadership politique du Maroc en Afrique. Ce dernier (le leadership politique),
est totalement réduit à une faible visibilité du royaume
à travers le continent quand bien même, il faut le souligner, le
roi du Maroc se fait de plus en plus présent à travers le
continent de par ses nombreux déplacements. D'autre part, ceci est aussi
l'une des conséquences directes de l'absence du Maroc dans la
sphère panafricaines. De ce fait, le Maroc a déjà
plusieurs reprises payé les frais sur le terrain. Ceci intervient dans
le processus de signature d'accords où seul l'aspect bilatéral
domine. Sur le plan multilatéral au sein du continent, le royaume
chérifien n'arrive pas à sortir la tête de l'eau. Il laisse
donc cet avantage à d'autres géants comme l'Afrique du sud,
l'Algérie, le Nigéria, l'Egypte ou encore d'autres Etats
africains avec une économie émergente comme le Rwanda ou la
Côte d'Ivoire. Entre les deux extrémités, celui du
leadership économique et du leadership politique, un faussé se
creuse en défaveur du royaume chérifien. Il s'en suit un
déséquilibre à l'égard du Maroc. Cette quête
de symétrie et d'équilibre explique, dans une large mesure, la
volte-face du royaume vers ses protagonistes du continent en vue de rejoindre
l'UA. 2e investisseur du continent derrière l'Afrique du sud, le Maroc
pourrait bien tirer de ses divergences avec ces Etats qui constituent des
soutiens de la RASD. Le royaume du Maroc pourra ainsi s'insérer dans un
contexte continental multipolaire caractérisé par un
essoufflement du bilatéralisme, avec une montée du multi
partenariat et une prolifération des accords régionaux et
multilatéraux.
En effet, contrairement à son père le roi Hassan
II pour qui, tourner dos à ses protagonistes était la meilleure
solution (ce qui lui fait claquer la porte de l'OUA en 1984), la
stratégie du roi Mohammed VI reste différente. Pour lui, il
s'agit de s'appuyer
128 Voir note de bas de page n°112
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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sur deux faits. Le premier consiste en l'application de la
stratégie laissant large choix au roi d'apporter une
compréhension à ses homologues des revendications marocaines,
comme cela a été le cas avec Kagame. La seconde stratégie
a consisté au déploiement de trois principaux volets de la
diplomatie chérifienne :
? Par les ambassades, les voyages et les accords
diplomatiques. Il a patiemment noué des liens avec la majorité
des Etats africains par une diplomatie des voyages et un élargissement
des alliances. Le roi Mohammed VI a ainsi effectué 40 voyages en
Afrique.
? Par le « soft power » religieux et une
lutte contre le salafisme et le wahhabisme. De nombreuses relations ont ainsi
été mises en oeuvres dans le champ religieux (mosquées,
formations d'Imam dont 500 au Mali, confréries Tidjane avec le
Sénégal, islam malékite).
? Par une coopération sécuritaire
renforcée. Le "roi africain" a su trouver la majorité des
alliés lui permettant de réintégrer l'UA contre les
positions de l'Algérie, de l'Afrique du sud, de l'Angola ou du
Nigéria. Il n'a plus posé comme condition de sa
réintégration le départ de la RASD. Certains opposants
considèrent toutefois que le loup était rentré dans la
bergerie pour éliminer ensuite le mouton noir129.
En revanche, la mise en place d'une telle stratégie,
même à l'intérieur de l'Union Africaine pourra favoriser la
destruction de l'axe Alger-Lagos-Pretoria (respectivement
Algérie-Nigéria-Afrique du sud) qui représente les poids
lourds du soutien sahraoui. Cependant, cette destruction ne consistera pas
à toujours créer un statu quo sur le désaccord, mais
plutôt faire usage de ces divergences pour créer ces cercles ce
collaborations qui finiront par percer une brèche à
l'intérieur de cet axe. En d'autres termes, au lieu de vouloir
s'octroyer forcément le soutien de tous, il peut toutefois les conduire
à conserver une position plus simple : celui de la neutralité.
129 Philippe Hugon, le retour du Maroc au sein de l'UA et son
adhésion à la CEDEAO : quelles conséquences pour les
ensembles régionaux, IRIS [en ligne], 22-06-2017,
[consulté le 30-09-2017], disponible à l'adresse :
http://www.iris-france.org/96440-le-retour-du-maoc-au-sein-de-lunion-africaine-et-son-adhesion-a-la-cedeao-quelles-consequences-pour-les-ensembles-regionaux
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Ainsi, le royaume chérifien pourrait commencer par
diminuer l'écart du fossé, en s'insérant dans le concert
des grandes nations du continent pour se fourrer une place dans l'harmonisation
de son leadership.
Paragraphe II : L'avenir du Maroc au sein de l'UA
Maintenant que le Maroc a pu se faire une place au sein de
l'UA, il devra s'appuyer sur les dispositions de l'Acte Constitutif pour
pouvoir arriver à ses fins, celui de l'exclusion de la RASD. Le Maroc
devra donc explorer les mécanismes d'exclusion (A)
prévu par l'Acte Constitutif de l'UA et en dehors de celui-ci, voire les
possibles issues pour aboutir à cette exclusion (B).
A- Les mécanismes d'exclusion prévue par
l'Acte constitutif
32 ans après son retrait de l'OUA (ancêtre de
l'UA), le Maroc n'a pas pu modifier la donne. Aujourd'hui encore, l'ennemi
juré du royaume du Maroc, à savoir la RASD est là, bien
présent dans l'actualité du continent d'une part et dans les
discussions de l'organisation panafricaine depuis maintenant bien longtemps. De
toute évidence, le royaume chérifien s'est rendu compte que son
absence n'a pas fait avancer les choses. Changeant son fusil d'épaule,
réadaptant sa stratégie en voulant extirper la RASD de
l'intérieur de l'organisation et non de l'extérieur suite
à ce constat d'échec, et pour tenir compte des mutations survenu
au sein du continent et dans les organes de l'organisation panafricaine dans un
nouveau contexte géopolitique international et régional, le Maroc
a compris qu'il vaut mieux faire autrement.
Ainsi, quelles qu'en soit les tournures que la situation
prendrait, la décision qui pourra tourner en faveur du Maroc reste celui
de l'évocation des dispositions de l'Acte Constitutif pour arriver
à ses fins. Cependant, l'Acte Constitutif de l'UA reste ambigu par
rapport à une question liée à une possible exclusion d'un
Etat de l'organisation continentale dans de telles conditions. En effet, l'Acte
Constitutif de l'UA reste basé sur un certains nombres de principes
guidant les pas de l'ensemble des dispositions de ce dernier.
Premièrement, il s'agit de l'intangibilité des frontières
héritées de la
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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colonisation. L'article 4b de l'Acte Constitutif de l'UA
dispose : « Respect des frontières existant au moment de
l'accession à l'indépendance ». Un principe auquel le Maroc
s'était opposé dès les tous premiers jours de l'OUA. Une
situation que le Maroc trouve qu'il faisait entrave à son désir
de récupérer les terres sahraouies. Deuxièmement, il
s'agit du principe de l'autodétermination des peuples à disposer
d'eux-mêmes ici encore, le mécontentement du royaume
chérifien se fera sentir. Vu qu'il empêche au Maroc de pouvoir se
prévaloir de ce territoire au motif de ne pas respecter les opinions des
sahraouis sur leur bien vouloir à rester indépendant du pouvoir
centrale de Rabat. Le président tchadien Idriss Deby Itno, ancien
président de l'UA affirmait : « Aucun pays membre de l'UA n'a le
droit de suspendre un autre pays sauf dans un seul cas, à savoir la
prise de pouvoir illégales »130. En faisant
référence à l'égalité souveraine de tous les
Etats membres, Deby dresse ainsi des écueils face à toute
initiative d'exclusion. S'il faut donc prendre en considération de tels
principes et propos, il est dorénavant peu probable sinon impossible,
que le royaume chérifien consente à se conformer aux principes
fondateurs énoncés dans l'Acte Constitutif de l'UA.
Cependant, ledit Acte Constitutif ne prévoit
l'exclusion d'un Etat membre que dans deux conditions. D'une part, l'article 30
de l'Acte Constitutif dispose : « Les Gouvernements qui accèdent au
pouvoir par des moyens anticonstitutionnels ne sont pas admis à
participer aux activités de l'Union ». L'application de cet article
ne répond pas à la situation actuelle. Si c'était le cas,
l'UA n'aurait jamais accepté la demande d'adhésion qui lui a
été adressée par ces derniers. D'autre per, l'article 31
alinéa premier de son côté, prévoit un retrait
volontiers. Il dispose : « Tout Etat qui désire se retirer de
l'Union en notifie par écrit au Président de la Commission qui en
informe les Etats membres. Une année après ladite notification,
si celle-ci n'est pas retirée, le présent Acte cesse de
s'appliquer à l'Etat concerné qui, de ce fait, cesse d'être
membre de l'Union ». Une hypothèse peu probable aussi pour le cas
de la RASD. D'ailleurs, un retrait volontiers ne pourra être
engagé par la RASD puisque ce dernier se voit être soutenu par
certains Etats comme l'Algérie, l'Afrique du sud ou encore le
130 Jbb, Retour du Maroc à l'Union Africaine :
Motivations, enjeux, défis et perspectives, Tunisie Numérique
[en ligne], 13-12-2016, [consulté le 29-09-2017], disponible
à l'adresse :
https://www.tunisienumerique.com/retour-du-maroc-a-lunion-africaine-motivations-enjeux-defis-et-perspectives-partie-i/
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Zimbabwe... Quels arguments le Maroc pourrait-il ainsi avancer
pour obtenir gain de cause sur ce conflit qui perdure dans le temps ?
B- Les autres alternatives du royaume du Maroc
Du Maghreb à l'UA, tout semble être
bloqué. Le dossier épineux du Sahara Occidental n'a connu aucun
changement conséquent. Depuis des décennies, aucune
avancée considérable n'a été observée. Sur
ce dossier qui traine depuis plus de vingt ans, toutes les issues semblent
être verrouillées. De l'extérieur, l'UMA n'a pas su faire
grand-chose. En effet, durant le sommet de l'UMA en 1988, conscients du fait
que le conflit entre les deux (Maroc-RASD) n'a fait que mettre en péril
l'organisation maghrébine entrainant de ce fait le Maroc et
l'Algérie dans un autre conflit, les pays du Maghreb décidaient
donc de se lancer dans la construction de l'UMA et de contourner ainsi le
conflit sahraoui. Avec une telle initiative, chacun espérait qu'une
dynamique maghrébine permettrait de débloquer les choses. Mais
hélas ! Chacun avait ses arrières pensées en acceptant une
telle proposition. Pour la RASD et l'Algérie, l'arrêt des
confrontations entre les deux permettrait de mettre fin aux crispations et
d'ouvrir de nouvelles pistes dans le processus de règlement de ce
conflit. De son côté, le Maroc espérait que la construction
de l'Union du Maghreb Arabe permettrait de normaliser sa présence dans
le Sahara Occidental. Il misait sur le temps et la lassitude pour imposer un
fait accompli. Une preuve donc que de l'extérieur de l'UA, aucun
règlement ne pourra se faire.
En revanche, le retour du Maroc au sein de l'UA aura des
conséquences imprévisibles. Il peut aussi bien déboucher
sur une dynamique susceptible de faire avancer le dossier du Sahara Occidental,
que plonger l'organisation panafricaine dans une nouvelle crise inutile.
Prenant en considération le fait que les dispositions actuelles de
l'Acte Constitutif de l'UA ne permettent pas au Maroc d'arriver à ses
fins, le royaume chérifien devra donc chercher d'autres issues. Il
pourra cependant faire entendre des solutions venant principalement de lui.
D'abord, pour pouvoir extirper la RASD de l'UA, le royaume du
Maroc pourrait introduire des propositions d'amendement de l'Acte Constitutif
en vertu de l'article 32
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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alinéa premier de ce dernier qui dispose : « Tout
Etat membre peut soumettre des propositions d'amendement ou de révision
du présent Acte ». La proposition du Maroc portera donc sur
l'insertion dans l'Acte Constitutif d'un chapitre entier portant sur
l'exclusion avec ses articles. Toutefois, pour soumettre une demande
d'amendement, la signature de la motion par au moins 2/3 des membres (soit 36
membres) reste nécessaire, comme le dispose l'article 32 alinéa 4
de l'Acte Constitutif : « Les amendements ou révisions sont
adoptés par la Conférence de l'Union par consensus ou, à
défaut, a la majorité des deux tiers, et soumis à la
ratification de tous les Etats membres, conformément à leurs
procédures constitutionnelles respectives. Les amendements ou
révisions entrent en vigueur trente (30) jours après le
dépôt, auprès du Président de la Commission
exécutive, des instruments de ratification par les deux tiers des Etats
membres ». Le Maroc est en mesure de satisfaire à cette condition
sans trop de difficulté. Dans la mesure où, faut-il le rappeler,
il est parvenu à obtenir la majorité simple des 28 voix pour sa
réintégration à l'UA. Aussi, au moins une dizaine de pays
africains, pour différents mobiles, se prévalent encore de la
position de neutralité131. Mais, la négociation d'un
tel texte risque d'être plus pénible que le sujet en soi.
Ensuite, le royaume chérifien pourrait dans une
première partie, se prévaloir d'un conflit frontalier. Même
si le conflit frontalier ne peut être une cause de revendication au sein
de l'UA, en raison de la décision de l'OUA en 1964 concernant le
principe de l'intangibilité des frontières héritées
de la colonisation, le Maroc pourrait avoir une autre interprétation de
la situation. Il pourra défendre que les frontières ont, depuis
la création de l'UA, subi des changements sur le continent. Avec
notamment en 1993, la création de l'Erythrée qui reste
indépendante de l'Ethiopie et le partage du Soudans en deux donnant
naissance au Soudan du sud en 2011. Le Maroc pourra défendre
l'idée qu'il a été injustement scindé par la
colonisation, selon une idée de Pierre Vermeren, maître de
conférences et spécialiste de l'histoire du Maghreb contemporain.
De ce fait, dans une deuxième partie, en s'appuyant sur ce principe, le
Maroc pourra demander l'adoption de règles taillées sur mesure
à la RASD. Une telle
131 Il s'agit en l'occurrence, du Burundi, Cameroun, Egypte,
Kenya, Madagascar, Niger, Rwanda, Tanzanie, Tunisie et du Tchad. Source
: Jbb, Retour du Maroc à l'Union Africaine : Motivations, enjeux,
défis et perspectives, Tunisie Numérique [en ligne],
13-12-2016, [consulté le 29-09-2017], disponible à l'adresse :
https://www.tunisienumerique.com/retour-du-maroc-a-lunion-africaine-motivations-enjeux-defis-et-perspectives-partie-i/
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décision ne semble pas être évidente
sachant que de par le continent, les sahraouis continuent d'avoir de soutiens,
surtout avec l'appui de l'Afrique du sud et de l'Algérie. Aussi, faut-il
le rappeler, c'est l'Algérie qui préside la Commission «
Paix et sécurité », l'un des grands soutiens des sahraouis,
ce qui ne pourra pas faciliter la tâche au Maroc.
Enfin, l'une des possibilités acquises pour que le
Maroc puisse voir cette cause acquise en sa faveur, c'est d'essayer de
s'impliquer davantage dans les institutions de l'UA, afin de pouvoir se
récompenser d'alliés à la tête de ces institutions.
Ou encore accepter de signer des compromis avec toutes les parties prenantes
dans cette affaire pour s'assurer de pouvoir gagner du terrain sur les
sahraouis. De plus, le Maroc pourra soit mener une guerre diplomatique pour
reconquérir le terrain perdu, ce qui risque à nouveau
d'entraîner l'UA dans de nouvelles et interminables crises ; soit de
s'engager sur un terrain qui permettrait des ouvertures en utilisant les
résolutions de l'UA comme point de départ pour une nouvelle
politique132.
Au final, au cas où tous ces moyens pour obtenir gain
de cause échouaient, l'une des possibilités sera de voir le
royaume à nouveau claquer la porte à l'UA dans l'espoir que ce
dernier (UA) se sente affaibli par cette absence au point de donner
probablement au royaume du Maroc ce qu'il a toujours réclamé, le
Sahara Occidental.
132 Abed Charef, Retour du Maroc à l'Union Africaine : un
impact imprévisible, Middle East Eye [en
ligne], 01-01-2017, [consulté le 29-09-2017], disponible
à l'adresse :
http://www.middleeasteye.net/fr/analyses/retour-du-maroc-l-union-africaine-un-impact-impr-visible-363347173
LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION
AFRICAINE | 2017
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CONCLUSION GENERALE
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
Au terme de notre étude consacrée à
« la réintégration du Maroc à l'Union Africaine
», la présence du royaume du Maroc au sein de l'UA
représente une nouvelle ère pour l'ensemble des pays du
continent. Le continent africain a eu à faire face à des
situations de divers ordres jusque-là. Aujourd'hui, sans doute, il a un
partenaire de taille sur la scène internationale et continentale
à ses côtés. Les différends programmes de
coopération proposés par le royaume chérifien basés
sur des relations de confiances e de partenariat sud-sud représente un
nouveau point de départ pour la relance du contient. Cette
coopération ciblée vers l'Afrique avec laquelle le Maroc vient
construire un pôle de stabilité et de paix, et développer
un grand ensemble régional qui préserve l'identité
culturelle et spirituelle des populations. L'immensité des relations
qu'entretient le royaume du Maroc avec le monde extérieur reste surtout
le continent européen sera un véritable profit au continent
africaine. Comme l'a si bien souligné le feu Hassan II : « Le Maroc
ressemble à un arbre dont les racines nourricières plongent dans
la terre d'Afrique et qui respire grâce à son feuillage grisonnant
aux vents de l'Europe ».
Les perspectives liées à la présence du
Maroc bouleverseraient le flux des échanges commerciaux que le continent
entretenait avec son monde extérieur. La grandeur de ce que le Maroc a
su faire en dehors de l'ensemble panafricain témoigne du potentiel que
représente sa réadmission à l'UA. Sous l'impulsion de
l'UA, les projets nationaux marocains pourraient devenir des projets
d'envergure dont bonifieraient tous les peuples africains. Mais l'état
actuel de l'économie africaine qui est galopante avec des
déficits économiques explique la prolifération et la
diversification des champs des activités informelles, de
l'économie du crime, des métiers illicites et des pressions
migratoires.
L'absence d'un réel consensus dans le traitement des
sujets d'envergure, des questions de développement et l'envie de far
croître les intérêts propres des dirigeants africains du
continent pourront constituer des freins à l'émancipation
réelle du continent au vu de tous ce qui a été entrepris
jusque-là.
L'impuissance de l'Union Africaine et son manque de moyens
entrainent ainsi une certaine conséquence. La conséquence directe
qui en découle est la dépendance
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
envers les partenaires extérieures, qui favorise un
dysfonctionnement de l'organisation panafricain, dont la valeur pour les Etats
membres est limitée. Ce qui lui donne peu de crédibilité
auprès des partenaires internationaux. Mais dans ce combat qui place
l'UA au centre de tous les débats et des divers enjeux l'UA devrait
trancher ce conflit qui dure depuis des lustres pour une Afrique plus forte et
plus sûre.
Même si le retour du royaume du Maroc est
considéré conne grandement bénéfique à
l'Union Africaine, il leur apportera quelques revers. Au-delà de
favoriser une quête effrénée de suprématie
continentale par différents protagonistes, il renforcera bien d'une part
une colonisation du Maroc en Afrique subsaharienne. Et d'autre part, ce retour
renforcera les mésententes et les manques de consensus dans les prises
de décisions importantes.
Cependant, le royaume du maroc ne devrait pas faire de ce
retour une vengeance envers la RASD, et consacrer toute son existence au sein
de l'institution panafricain à essayer de se reconstruire une nouvelle
intégrité territoriale, oubliant les objectifs de l'Union
Africaine. Il doit pouvoir de ce fait, porter main forte dans l'aboutissement,
non seulement des objectifs à court terme, mais aussi à la mise
en oeuvre de l'Agenda 2063 de l'union Africaine qui se veut être «
l'Afrique que nous voulons ».
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AFRICAINE | 2017
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ANNEXES
Annexe 1 : Carte indiquant le tracé du gazoduc
Nigéria-Maroc Annexe 2 : Acte constitutif de l'Union Africaine
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Annexe 1 : Carte indiquant le tracé du gazoduc
Nigéria Maroc
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Annexe 2 : Acte constitutif de l'Union Africaine
Nous, Chefs d'Etat et de Gouvernement des Etats membres de
l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) ;
1. Le Président de la République d'Afrique du
Sud
2. Le Président de la République Algérienne
Démocratique et Populaire
3. Le Président de la République d'Angola
4. Le Président de la République du
Bénin
5. Le Président de la République du Botswana
6. Le Président du Burkina Faso
7. Le Président de la République du Burundi
8. Le Président de la République du Cameroun
9. Le Président de la République du Cap Vert
10. Le Président de la République
Centrafricaine
11. Le Président de la République
Fédérale Islamique des Comores
12. Le Président de la République du Congo
13. Le Président de la République de Côte
d'Ivoire
14. Le Président de la République de Djibouti
15. Le Président de la République Arabe
d'Egypte
16. Le Premier Ministre de la République
Fédérale et Démocratique d'Ethiopie
17. Le Président de l'Etat d'Erythrée
18. Le Président de la République Gabonaise
19. Le Président de la République de Gambie
20. Le Président de la République du Ghana
21. Le Président de la République de
Guinée
22. Le Président de la République de Guinée
Bissau
23. Le Président de la République de Guinée
Equatoriale
24. Le Président de la République du Kenya
25. Le Premier Ministre du Royaume du Lesotho
26. Le Président de la République du
Libéria
27. Le Guide de la Révolution du 1er septembre
de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste
28. Le Président de la République de Madagascar
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
29. Le Président de la République du Malawi
30. Le Président de la République du Mali
31. Le Président de la République de Maurice
32. Le Président de la République Islamique de
Mauritanie
33. Le Président de la République du Mozambique
34. Le Président de la République de Namibie
35. Le Président de la République du Niger
36. Le Président de la République
Fédérale du Nigéria
37. Le Président de la République Ougandaise
38. Le Président de la République Rwandaise
39. Le Président de la République
Démocratique du Congo
40. Le Président de la République Arabe Sahraoui
Démocratique
41. Le Président de la République de Sao Tome
& Principe
42. Le Président de la République du
Sénégal
43. Le Président de la République des
Seychelles
44. Le Président de la République de Sierra
Leone
45. Le Président de la République de Somalie
46. Le Président de la République du Soudan
47. Le Roi du Swaziland
48. Le Président de la République Unie de
Tanzanie
49. Le Président de la République du Tchad
50. Le Président de la République Togolaise
51. Le Président de la République de Tunisie
52. Le Président de la République de Zambie
53. Le Président de la République du Zimbabwe
Inspirés par les nobles idéaux
qui ont guidé les pères fondateurs de notre Organisation
continentale et des générations de panafricanistes dans leur
détermination à promouvoir l'unité, la solidarité,
la cohésion et la coopération entre les peuples d'Afrique, et
entre les Etats africains ;
Considérant les principes et les
objectifs énoncés dans la Charte de l'Organisation de
l'Unité Africaine et le Traité instituant la Communauté
économique africaine ;
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
Rappelant les luttes héroïques
menées par nos peuples et nos pays pour l'indépendance politique,
la dignité humaine et l'émancipation économique ;
Considérant que depuis sa
création, l'Organisation de l'Unité Africaine a joué un
rôle déterminant et précieux dans la libération du
continent, l'affirmation d'une identité commune et la réalisation
de l'unité de notre continent, et a constitué un cadre unique
pour notre action collective en Afrique et dans nos relations avec le reste du
monde ;
Résolus à relever les
défis multiformes auxquels sont confrontés notre continent et nos
peuples, à la lumière des changements sociaux, économiques
et politiques qui se produisent dans le monde ;
Convaincus de la nécessité
d'accélérer le processus de mise en oeuvre du Traité
instituant la Communauté économique africaine afin de promouvoir
le développement socioéconomique de l'Afrique et de faire face de
manière plus efficace aux défis de la mondialisation ;
Guidés par notre vision commune d'une
Afrique unie et forte, ainsi que par la nécessité d'instaurer un
partenariat entre les gouvernements et toutes les composantes de la
société civile, en particulier les femmes, les jeunes et le
secteur privé, afin de renforcer la solidarité et la
cohésion entre nos peuples ;
Conscients du fait que le fléau des
conflits en Afrique constitue un obstacle majeur au développement
socio-économique du continent, et de la nécessité de
promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité, comme
condition préalable à la mise en oeuvre de notre agenda dans le
domaine du développement et de l'intégration ;
Résolus à promouvoir et
à protéger les droits de l'homme et des peuples, à
consolider les institutions et la culture démocratique, à
promouvoir la bonne gouvernance et l'Etat de droit ;
Résolus également à
prendre toutes les mesures nécessaire pour renforcer nos institutions
communes et à les doter des pouvoirs et des ressources
nécessaires afin de leur permettre de remplir efficacement leurs
missions ;
Rappelant la Déclaration que nous
avons adoptée lors de la quatrième session extraordinaire de
notre Conférence à Syrte, en Grande Jamahiriya arabe Libyenne
LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
populaire et socialiste, le 9.9.99, et par laquelle nous avons
décidé de créer l'Union africaine, conformément aux
objectifs fondamentaux de la Charte de l'Organisation de l'Unité
Africaine (OUA) et du Traité instituant la Communauté
économique africaine ;
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SOMMES CONVENUS DE CE QUI SUIT :
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Article Premier
Définitions
Dans le présent Acte constitutif, on entend par :
« Acte », le présent Acte
constitutif ;
« AEC », la Communauté
Economique Africaine ;
« Charte », la Charte de l'OUA ;
« Comité », un comité
technique spécialisé ;
« Commission », le Secrétariat
de l'Union ;
« Conférence », la
Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union ;
« Conseil », le Conseil
économique, social et culturel de l'Union ;
« Conseil exécutif », le
Conseil exécutif des Ministres de l'Union ;
« Cour », la Cour de justice de
l'Union ;
« Etat membre », un Etat membre de
l'Union ;
« OUA », l'Organisation de
l'Unité Africaine ;
« Parlement », le Parlement
panafricain de l'Union ;
« Union », l'Union Africaine
créée par le présent Acte constitutif.
Article 2
Institution de l'Union Africaine
Il est institué par les présentes une Union
Africaine conformément aux dispositions du
présent Acte.
Article 3 Objectifs
Les objectifs de l'Union sont les suivants :
a. réaliser une plus grande unité et
solidarité entre les pays africains et entre les peuples d'Afrique ;
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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b. défendre la souveraineté,
l'intégrité territoriale et l'indépendance de ses Etats
membres ;
c. accélérer l'intégration politique et
socio-économique du continent ;
d. promouvoir et défendre les positions africaines
communes sur les questions d'intérêt pour le continent de ses
peuples ;
e. favoriser la coopération internationale, en tenant
dûment compte de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration
universelle des droits de l'homme ;
f. promouvoir la paix, la sécurité et la
stabilité sur le continent ;
g. promouvoir les principes et les institutions
démocratiques, la participation populaire et la bonne gouvernance ;
h. promouvoir et protéger les droits de l'homme et des
peuples conformément à la Charte africaine des droits de l'homme
et des peuples et autres instruments pertinents relatifs aux droits de l'homme
;
i. créer les conditions appropriées permettant au
continent de jouer le rôle qui est le sien dans l'économie
mondiale et dans les négociations internationales ;
j. promouvoir le développement durable aux plans
économique, social et culturel, ainsi que l'intégration des
économies africaines ;
k. promouvoir la coopération et le développement
dans tous les domaines de l'activité humaine en vue de relever le niveau
de vie des peuples africains ;
l. coordonner et harmoniser les politiques entre les
Communautés économiques régionales existantes et futures
en vue de la réalisation graduelle des objectifs de l'Union ;
m. accélérer le développement du continent
par la promotion de la recherche dans les domaines, en particulier en science
et en technologie ;
n. oeuvrer de concert avec les partenaires internationaux
pertinents en vue de l'éradication des maladies évitables et de
la promotion de la santé sur le continent.
Article 4
Principes
L'Union africaine fonctionne conformément aux principes
suivants :
a. Egalité souveraine et interdépendance de tous
les Etats membres de l'Union ;
b. Respect des frontières existant au moment de
l'accession à l'indépendance ;
c. Participation des peuples africains aux activités de
l'Union ;
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
d. Mise en place d'une politique de défense commune pour
le continent africain ;
e. Règlement pacifique des conflits entre les Etats
membres de l'Union par les moyens appropriés qui peuvent être
décidés par la Conférence de l'Union ;
f. Interdiction de recourir ou de menacer de recourir
à l'usage de la force entre les Etats membres de l'Union ;
g. Non-ingérence d'un Etat membre dans les affaires
intérieures d'un autre Etat membre ;
h. Le droit de l'Union d'intervenir dans un Etat membre sur
décision de la Conférence, dans certaines circonstances graves,
à savoir : les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre
l'humanité ;
i. Coexistence pacifique entre les Etats membres de l'Union
et leur droit de vivre dans la paix et la sécurité ;
j. Droit des Etats membres de solliciter l'intervention de
l'Union pour restaurer la paix et la sécurité ;
k. Promotion de l'auto dépendance collective, dans le
cadre de l'Union ;
l. Promotion de l'égalité entre les hommes et
les femmes ;
m. Respect des principes démocratiques, des droits de
l'homme, de l'état de droit et de la bonne gouvernance ;
n. Promotion de la justice sociale pour assurer le
développement économique équilibré ;
o. Respect du caractère sacro-saint de la vie humaine
et condamnation et rejet de l'impunité des assassinats politiques, des
actes de terrorisme et des activités subversives ;
p. Condamnation et rejet des changements anticonstitutionnels
de gouvernement.
Article 5
Organes de l'Union
1. Les organes de l'Union sont les suivants :
a. La Conférence de l'Union
b. Le Conseil exécutif ;
c. Le Parlement panafricain ;
d. La Cour de justice ;
e. La Commission ;
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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f. Le Comité des représentants permanents ;
g. Les Comités techniques spécialisées ;
h. Le Conseil économique, social et culturel ;
i. Les institutions financières.
2. La Conférence peut décider de créer
d'autres organes.
Article 6
La Conférence
1. La Conférence est composée des Chefs d'Etats
et de Gouvernement ou leurs représentants dûment
accrédités.
2. La Conférence est l'organe suprême de
l'Union.
3. La Conférence se réunit au moins une fois
par an en session ordinaire. A la demande d'un Etat membre et sur approbation
des deux tiers des Etats membres, elle se réunit en session
extraordinaire.
4. La présidence de la Conférence est
assurée pendant un an par un chef d'Etat et de Gouvernement élu,
après consultations entre les Etats membres.
Article 7
Décisions de la Conférence
1. La Conférence prend ses décisions par
consensus ou, à défaut, à la majorité des deux
tiers des Etats membres de l'Union. Toutefois, les décisions de
procédure, y compris pour déterminer si une question est de
procédure ou non, sont prises à la majorité simple.
2. Le quorum est constitué des deux tiers des Etats
membres de l'Union pour toute session de la Conférence.
Article 8
Règlement intérieur de la Conférence
La Conférence adopte son propre règlement
intérieur.
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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Article 9
Pouvoirs et attributions de la
Conférence
1. Les pouvoirs et attributions de la Conférence sont les
suivants :
a. Définir les politiques communes de l'Union ;
b. Recevoir, examiner et prendre des décisions sur les
rapports et les recommandations des autres organes de l'Union et prendre des
décisions à ce sujet ;
c. Examiner les demandes d'adhésion à l'Union
;
d. Créer tout organe de l'Union ;
e. Assurer le contrôle de la mise en oeuvre des
politiques et décisions de l'Union, et veiller à leur application
par tous les Etats membres ;
f. Adopter le budget de l'Union ;
g. Donner des directives au Conseil exécutif sur la
gestion des conflits, des situations de guerre et autres situations d'urgence
ainsi que la restauration de la paix ;
h. Nommer le Président, le ou les
vice-présidents et les Commissaires de la Commission, et
déterminer leurs fonctions et leurs mandats.
2. La Conférence peut déléguer certains
de ses pouvoirs et attributions à l'un ou l'autre des organes de
l'Union.
Article 10
Le Conseil exécutif
1. Le Conseil exécutif est composé des
Ministres des Affaires Etrangères ou de tous autres ministres ou
autorités désignés par les gouvernements des Etats
membres.
2. Le Conseil exécutif se réunit en session
extraordinaire à la demande d'un Etat membre et sous réserve de
l'approbation des deux-tiers de tous les Etats membres.
Article 11
Décisions du Conseil exécutif
1. Le Conseil exécutif prend ses décisions par
consensus ou, à défaut, à la majorité des deux
tiers des Etats membres de l'Union. Toutefois, les décisions de
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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procédure, y compris pour déterminer si une
question est de procédure ou non, sont prises à la
majorité simple.
2. Le quorum est constitué des deux tiers des Etats
membres de l'Union pour toute session du Conseil exécutif.
Article 12
Règlement intérieur du Conseil
exécutif Le Conseil exécutif adopte son propre
règlement intérieur.
Article 13
Attributions du Conseil exécutif
1. Le Conseil exécutif assure la coordination et
décide des politiques dans les domaines d'intérêts communs
pour les Etats membres, notamment les domaines suivant :
a. Commerce extérieur ;
b. Energie, industrie et ressources minérales ;
c. Alimentation, agriculture, ressources animales,
élevage et forets ;
d. Ressources en eau et irrigation ;
e. Protection de l'environnement, action humanitaire et
réaction et secours en cas de catastrophe ;
f. Transport et communication ;
g. Assurances ;
h. Education, culture et santé et mise en valeur des
ressources humaines ;
i. Science et technologie ;
j. Nationalité, résidence des ressortissants
étrangers et questions d'immigration ;
k. Sécurité sociale et élaboration de
politiques de protection de la mère et de l'enfant, ainsi que de
politiques en faveur des personnes handicapées ;
l. Institution d'un système de médailles et de
prix africains ;
2. Le Conseil exécutif est responsable devant la
Conférence. Il se réunit pour examiner les questions dont il est
saisi et contrôler la mise en oeuvre des politiques arrêtées
par la Conférence.
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
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3. Le Conseil exécutif peut déléguer tout
ou partie de ses pouvoirs et attributions mentionnées en paragraphe 1 du
présent article aux Comités techniques spécialisés
créés aux termes de l'article 14 du présent Acte.
Article 14
Les Comités techniques spécialisés
création et composition
1. Sont créés les Comités techniques
spécialisés suivants qui sont responsables devant le Conseil
exécutif :
a. Le Comité chargé des questions
d'économie rurale et agricoles ;
b. Le Comité chargé des affaires monétaires
et financières ;
c. Le Comité chargé des questions commerciales,
douanières et d'immigration ;
d. Le Comité chargé de l'industrie, de la science
et de la technologie, de l'énergie, des ressources naturelles et de
l'environnement ;
e. Le Comité chargé des transports, des
communications et du tourisme ;
f. Le Comité chargé de la santé, du travail
et des affaires sociales ;
g. Le Comité chargé de l'éducation, de la
culture et des ressources humaines.
2. La Conférence peut, si elle le juge nécessaire,
restructurer les Comités existants ou créer de nouveaux.
3. Les Comités techniques spécialisés sont
composés des ministres ou des hauts fonctionnaires chargés des
secteurs relevant de leurs domaines respectifs de compétence.
Article 15
Attributions des Comités techniques
spécialisés Chacun des comités, dans le cadre de
sa compétence, a pour mandat :
a. Préparer des projets et programmes de l'Union et les
soumettre au Conseil exécutif ;
b. Assurer le suivi et l'évaluation de la mise en oeuvre
des décisions prises par les organes de l'Union ;
c. Assurer la coordination et l'harmonisation des projets et
programmes de l'Union ;
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2017
d. Présenter des rapports et des recommandations, au
Conseil exécutif, soit de sa propre initiative, soit à la demande
du Conseil exécutif, sur l'exécution des dispositions du
présent Acte ; et
e. S'acquitter de toute tâche qui pourrait lui
être confiée, en application des dispositions du présent
Acte.
Article 16 Réunions
Sous réserve des directives qui peuvent être
données par le Conseil exécutif, chaque Comité se
réunit aussi souvent que nécessaire et établit son
règlement intérieur qu'il soumet au Conseil exécutif, pour
approbation.
Article 17
Le Parlement panafricain
1. En vue d'assurer la pleine participation des peuples
africains au développement et à l'intégration
économique du continent, il est créé un Parlement
panafricain ;
2. La composition, les pouvoirs, les attributions,
l'organisation du Parlement panafricain sont définis dans un protocole y
afférent.
Article 18
Cour de justice
1. Il est créé une Cour de justice de l'Union.
2. Les statuts, la composition et les pouvoirs de la Cour de
justice sont définis dans un protocole y afférent.
Article 19
Les institutions financières
L'Union africaine est dotée des institutions
financières suivantes, dont les statuts sont définis dans des
protocoles y afférents :
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a. La Banque Centrale Africaine
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b. Le Fonds Monétaire africain
c. La Banque africain d'investissement.
Article 20
La Commission
1. Il est créé une Commission qui est le
Secrétariat de l'Union.
2. La Commission est composée du Président, du
ou des vice-présidents et des commissaires. Ils sont assistés par
le personnel nécessaire au bon fonctionnement de la Commission.
3. La structure, les attributions et les règlements de
la Commission sont déterminés par la Conférence.
Article 21
Comité des représentants
permanents
1. Il est créé, auprès de l'Union, un
Comité des représentants permanents. Il est composé de
représentants permanents et autres plénipotentiaires des Etats
membres.
2. Le Comité des représentants permanents est
responsable de la préparation des travaux du Conseil exécutif et
agit sur instruction du Conseil. Il peut instituer tout sous-comité ou
groupe de travail qu'il juge nécessaire.
Article 22
Le Conseil économique, social et
culturel
1. Le Conseil économique, social et culturel est un
organe consultatif composé des représentants des
différentes couches socioprofessionnelles des Etats membres de
l'Union.
2. Les attributions, les pouvoirs, la composition et
l'organisation du Conseil économique, social et culturel sont
déterminés par la Conférence.
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Article 23
Imposition de sanctions
1. La Conférence détermine comme suit les
sanctions appropriées à imposer à l'encontre de tout Etat
membre qui serait en défaut de paiement de ses contributions au budget
de l'Union : privation du droit de prendre la parole aux réunions, du
droit de vote, du droit pour les ressortissants de l'Etat membre
concerné d'occuper un poste ou une fonction au sein des organes de
l'Union, de bénéficier de toute activité ou de
l'exécution de tout engagement dans le cadre de l'Union.
2. En outre, tout Etat membre qui ne se conformerait pas aux
décisions politiques de l'Union peut être frappé de
sanctions notamment en matière de liens avec les autres Etats membres
dans le domaine des transports et des communications, et de toute autre mesure
déterminée par la Conférence dans les domaines politique
et économique.
Article 24
Siège de l'Union
1. Le siège de l'Union est à Addis-Abeba
(République Fédérale Démocratique d'Ethiopie)
2. La Conférence peut, sur recommandation du Conseil
exécutif, créer des bureaux ou des représentations de
l'Union.
Article 25
Langues de travail
Les langues de travail de l'Union et de toutes institutions
sont, si possible, les langues africaines ainsi que l'arabe, l'anglais, le
français et le portugais.
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2017
Article 26
Interprétation
La Cour est saisie de toute question née de
l'interprétation ou de l'application du présent Acte.
Jusqu'à la mise en place de celle-ci, la question est soumise à
la Conférence qui tranche à la majorité des deux tiers.
Article 27
Signature, ratification et adhésion
1. Le présent Acte est ouvert à la signature et
à la ratification des Etats membres de l'OUA, conformément
à leurs procédures constitutionnelles respectives.
2. Les instruments de ratification sont déposés
auprès du Secrétaire général de l'OUA
3. Tout Etat membre de l'OUA peut adhérer au
présent Acte, après son entrée en vigueur, en
déposant ses instruments d'adhésion auprès du
Président de la Commission.
Article 28
Entrée en vigueur
Le présent Acte entre en vigueur trente (30) jours
après le dépôt des instruments de ratification par les deux
tiers des Etats membres de l'OUA.
Article 29
Admission comme membre de l'Union
1. Tout Etat Africain peut, à tout moment après
l'entrée en vigueur du présent Acte, notifier au Président
de la Commission son intention d'adhérer au présent Acte et
d'être admis comme membre de l'Union.
2. Le Président de la Commission, des
réceptions d'une telle notification, en communique copies à tous
les Etats membres. L'admission est décidée à la
majorité simple des Etas membres. La décision de chaque Etat
membre est transmise au Président de la Commission qui communique la
décision d'admissions à l'Etat intéressé,
après réception du nombre de voix requis.
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2017
Article 30 Suspension
Les Gouvernements qui accèdent au pouvoir par des
moyens anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux
activités de l'Union.
Article 31
Cessation de la qualité de membre
1. Tout Etat qui désire se retirer de l'Union en
notifie par écrit au Président de la Commission qui en informe
les Etats membres. Une année après ladite notification, si
celle-ci n'est pas retirée, le présent Acte cesse de s'appliquer
à l'Etat concerné qui, de ce fait, cesse d'être membre de
l'Union.
2. Pendant la période d'un an visée au
paragraphe du présent article, tout Etat membre désireux de se
retirer de l'Union doit se conformer aux dispositions du présent Acte et
reste tenu de s'acquitter de ses obligations aux termes du présent Acte
jusqu'au jour de son retrait.
Article 32
Amendement et révision
1. Tout Etat membre peut soumettre des dispositions
d'amendement ou de révision du présent Acte.
2. Les propositions d'amendement ou de révision sont
soumises au Président de la Commission qui en communique copies aux
Etats membres dans les trente (30) jours suivants la date de
réception.
3. La Conférence de l'Union, sur avis du Conseil
exécutif, examine ces propositions dans un délai d'un an suivant
la notification des Etats membres, conformément aux dispositions du
paragraphe (2) du présent article.
4. Les amendements ou révisions son adoptés par
la Conférence de l'Union par consensus ou, à défaut, par
la majorité des deux tiers, et soumis à la ratification de tous
les Etats membres, conformément à leurs procédures
constitutionnelles respectives. Les amendements ou révisions entre en
vigueur trente (30) jours après le dépôt, auprès du
Président de la Commission exécutive, des instruments de
ratification par les deux tiers des Etats membres.
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2017
Article 33
Arrangements transitoires et dispositions
finales
1. Le présent Acte remplace la Charte de
l'Organisation de l'Unité Africaine. Toutefois, ladite Charte reste en
vigueur pendant une période transitoire n'excédant pas un an ou
tout autre délai déterminé par la Conférence,
après l'entrée en vigueur du présent Acte, pour permettre
à l'OUA/AEC de prendre les mesures appropriées pour le transfert
de ses prérogatives, de ses biens, et de ses droits et obligations
à l'Union et de régler toutes les questions y
afférentes.
2. Les dispositions du présent Acte ont
également préséance et remplacent les dispositions du
Traité d'Abuja instituant la Communauté économique
africaine, qui pourraient être contraires au présent Acte.
3. Dès l'entrée en vigueur du présent
Acte, toutes les mesures appropriées sont prises pour mettre en oeuvre
ses dispositions et pour mettre en place les organes prévus par le
présent Acte, conformément aux directives ou décisions qui
pourraient être adoptées à cet égard par les Etats
Parties au présent Acte au cours de la période de transition
stipulée ci-dessus.
4. En attendant la mise en place de la Commission, le
Secrétariat général de l'OUA est le Secrétariat
intérimaire de l'Union.
5. Le présent Acte, établi en quatre (4)
exemplaires originaux en arabe, anglais, français et portugais, les
quatre (4) textes faisant également foi, est déposé
auprès du Secrétariat général et , après son
entrée en vigueur, auprès du Président de la Commission,
qui en transmet une copie certifiée conforme au Gouvernement de chaque
Etat signataire. Le Secrétaire général de l'OUA et le
Président de la Commission notifient à tous les Etats
signataires, les dates de dépôts des instruments de ratification
et d'adhésion, et l'enregistrent, dès son entrée en
vigueur, auprès du Secrétariat général des Nations
Unies.
EN FOI DE QUOI, NOUS avons adopté le
présent Acte. Fait à Lomé (Togo), le 11 juillet
2000.
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côtés des pays africains est légitime, nécessaire et
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
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Autres documents
Lexique de science politique : vie et institutions politiques,
2e édition, Dalloz, Paris, 599 pages
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2017
TABLES DES MATIERES
AVERTISSEMENT i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
EPIGRAPHE iv
SIGLES ET ABREVIATIONS v
SOMMAIRE vi
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : Le Maroc à l'UA : analyse d'un retour
bien préparé 7
Chapitre I : Une stratégie continentale mis sur pied
par le royaume 9
Section I : Le renforcement de la présence du Maroc en
Afrique 9
Paragraphe I : Des visites officielles 9
A- Des tournées en Afrique de l'ouest 10
B- Des tournées en Afrique de l'est 12
Paragraphe II : Des accords de coopération 14
A- Le gazoduc Nigéria-Maroc 15
B- Des investissements massifs 17
Section II : De la politique du Maroc pour
réintégrer 20
Paragraphe I : Un leadership efficace au service du royaume
20
A- De la culture marocaine 21
B- De la spiritualité du royaume . 22
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
Paragraphe II : Une ambition sous régionale grandissante
25
A- Une influente subsaharienne grandissante 25
B- Un désir d'intégration à la CEDEAO
27
Chapitre II : Des mutations internes au continent 30
Section I : Un Maroc en quête de territoire 30
Paragraphe I : L'indépendance du Sahara Occidental 30
A- Le Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole 31
B- L'après 1976, la création du Front Polisario et
de la RASD 32
Paragraphe II : La question de la souveraineté de la RASD
33
A- Un contrôle presque inefficace du territoire 33
B- Un problème de légitimité de l'Etat
sahraoui 34
Section II : Un Maroc en quête de suprématie 37
Paragraphe I : Un problème de leadership sous
régionale 37
A- L'Algérie, éternelle rivale du royaume
chérifien 37
B- L'Egypte, un Etat en baisse qui se cherche 40
Paragraphe II : Un affaiblissement des grands du continent 42
A- La perte de vitesse du Nigeria 42
B- L'essoufflement de l'Afrique du sud 43
SECONDE PARTIE : Le Maroc à l'UA : une
réintégration à plusieurs
interrogations
|
45
|
Chapitre I : Des compétences au service de l'UA 47
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LA REINTEGRATION DU MAROC A L'UNION AFRICAINE |
2017
Section I : Des apports politico-diplomatique 47
Paragraphe I : Un poids politique 47
A- L'engagement du Maroc dans la réforme de l'UA 48
B- La gestion des crises du continent 50
Paragraphe II : Une expertise diplomatique 52
A- Un vaste réseau diplomatique 52
B- Une position supérieure sur la scène
internationale 54
Section II : des apports économico-stratégique
55
Paragraphe I : Une influence économique 55
A- La création de la Zone de Libre Echange
Continentale(ZLEC) 55
B- Un approfondissement de la coopération sud-sud 58
Paragraphe II : Un poids géostratégique 60
A- Une gestion autonome des ressources étatiques 60
B- A la recherche d'un siège permanent au sein du
Conseil de Sécurité
de l'ONU
|
62
|
Chapitre II : Une collaboration bénéfique pour
tous 65
Section I : Une adhésion favorable aux deux parties
65
Paragraphe I : Des perspectives de l'UA liées au retour
du Maroc à l'UA 65
A- Des défis sécuritaires 65
B- Des défis sociaux 68
Paragraphe II : Le sous impérialisme marocain 70
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2017
A- Une soif des richesses subsaharienne 70
B- L'Afrique à la portée du Maroc 72
Section II : L'émergence d'un nouveau leadership du
royaume chérifien 74
Paragraphe I : Un potentiel nouveau leader panafricain 74
A- Un profit de la chute de la Libye 74
B- Une étroite collaboration avec d'autres géants
du continent 75
Paragraphe II : L'avenir du Maroc au sein de l'UA 77
A- Les mécanismes d'exclusions prévues par l'Acte
Constitutif 77
B- Les autres alternatives du royaume du Maroc 79
CONCLUSION GENERALE 83
ANNEXE 86
BIBLIOGRAPHIE 104
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