Aide au développement et croissance économique en RDC. Une étude critique du modèle économétrique.( Télécharger le fichier original )par Junior Assumani Manyota Universite de Kindu - Licence 2014 |
Section III. Les nouvelles théories de la croissance et leur remise en causeLes théories récentes cherchent précisément à rendre ce facteur endogène -c'est-à-dire à construire des modèles qui expliquent son apparition. Ces modèles ont été développés à partir de la fin des années 1970 notamment par Paul ROMER78(*) et Robert BARRO79(*). Ils se fondent sur l'hypothèse que la croissance génère par elle-même le progrès technique. Ainsi, il n'y a plus de fatalité des rendements décroissants : la croissance engendre un progrès technique qui permet que ces rendements demeurent constants. La croissance, si elle génère du progrès technique, n'a donc plus de limite. À travers le progrès technique, la croissance constitue un processus qui s'auto entretient. Ces modèles expliquent que la croissance engendre du progrès technique par trois grands mécanismes80(*). Premièrement, le « learning by doing » : plus on produit, plus on apprend à produire de manière efficace. En produisant, on acquiert en particulier de l'expérience, qui accroît la productivité. Deuxièmement, la croissance favorise l'accumulation du capital humain, c'est-à-dire les compétences possédées par la main d'oeuvre et dont dépend sa productivité. En effet, plus la croissance est forte, plus il est possible d'accroître le niveau d'instruction de la main d'oeuvre, en investissant notamment dans le système éducatif. D'une manière générale, la hausse du niveau d'éducation de la population par des moyens publics ou privés est bénéfique. Troisièmement, la croissance permet de financer des infrastructures (publiques ou privées) qui la stimulent. La création de réseaux de communication efficaces favorise, par exemple, l'activité productive. « La principale des conclusions de ces nouvelles théories est qu'alors même qu'elles donnent un poids important aux mécanismes de marché, elles en indiquent nettement les limites. Ainsi il y a souvent nécessité de créer des arrangements en dehors du marché concurrentiel, ce qui peut impliquer une intervention active de l'Etat dans la sphère économique ». En particulier ce « retour de l'État » se traduit par le fait qu'il est investi d'un triple rôle : encourager les innovations en créant un cadre apte à coordonner les externalités qui découlent de toute innovation (par exemple grâce à la protection qu'offre aux innovateurs les brevets) ; susciter celles-ci en investissant dans la recherche (notamment fondamentale) et les infrastructures dont les externalités dépassent le profit que peuvent en attendre les acteurs privés ; améliorer le capital humain en investissant dans le système éducatif. D'une manière générale, c'est le rôle des politiques structurales de l'État, en particulier les investissements dans le capital public, qui est ainsi souligné. Nous pouvons donc retenir que les premiers articles sont de P. ROMER et R. LUCAS : la théorie de la croissance endogène est née. L'ambition d'une telle théorie est de rendre compte du facteur A qui, dans les théories traditionnelles, représentait le niveau technologique (Y=f(K,L,A)). Un premier groupe de travaux, à la suite de ROMER, cherche le moteur de la croissance dans le phénomène d'apprentissage par l'expérience (« learning by doing»), à l'intérieur des entreprises. Une deuxième est ouverte par Lucas, et privilégie l'accumulation de capital humain au sein du système éducatif. Enfin, ROMER et AGHION-HOWITT font de A un stock d'innovations, produit d'une activité volontaire de recherche-développement81(*). Ces modèles sont toutefois très frustres en ce qu'ils n'expliquent pas les mécanismes précis qui font que la croissance économique stimule le progrès technique. En particulier, chacun des modèles de ces théories ne s'attache qu'à un seul mécanisme liant progrès technique et croissance. Comme le notent Gallec et Ralle, « Le modèle général recouvrant l'ensemble des formes du progrès technique est sans doute trop complexe pour être élaboré, ce qui limite la portée des résultats obtenus puisque les interactions entre plusieurs formes existantes sont ignorées »82(*). * 78 Paul ROMER, né en 1955, est un Economiste Américain et un Professeur à l'université de New York avant d'entrer à New York University. Il est considéré comme un expert de la croissance économique. Il analyse les théories sur la croissance endogène. * 79 Robert BARRO, Economiste Américain, né le 28 septembre 1944 à New York. Spécialiste en Macroéconomie. Il a travaillé sur l'effet d'éviction et sur les déterminants de la croissance économique. * 80 P. ROMER et R. BARRO, The origins of Endegenous Growth», Journal of Economic, Perspectives, 1994. * 81 P. ROMER, Op cit. * 82 P. ROMER et R. BARRO, Op cit. |
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