IV-2-2-Les criteres d'eligibilité au financement
Au Cameroun, le trésorier de l'entreprise en
quête de financement court terme a le choix entre les banques ordinaires,
les rares sociétés d'affacturage, ou les établissements de
microfinance, ou encore...les tontines. Parmi les trois modes
de sélection des emprunteurs à satisfaire présentés
dans le cadre théorique de ce travail, le mode le plus usité est
celui de la sélection sur la base des critéres qualitatifs et/ou
quantitatifs du demandeur (SMONDEL (2011) ; NGOA TABI et NIYONSABA (2012)) ;
les critéres quantitatifs pouvant être internes (credit
scoring) ou externes (agences de notation).
Au Cameroun, en l'absence des agences de notation, les
critères utilisés sont les informations « soft » au
niveau qualitatif, et le crédit scoring essentiellement (les
statistiques), au niveau quantitatif. Et SMONDEL (2011, P.38) affirme que
l'information « soft » est l'apanage des banques locales. Et cette
affirmation est vérifiée dans le cas du marché camerounais
comme nous allons le voir.
IV-2-2-1- Les critères qualitatifs ou
l'information « soft »
Dans le cadre des critères qualitatifs, il serait
judicieux de tenir compte de certains impondérables, et qui constituent
un problème d'agence pour la banque.
Dans la pratique des banques de la place camerounaise, c'est
le gestionnaire de la clientèle dont le client demande le crédit
qui « défend » le dossier de ce dernier au «
Comité de crédit ». Il s'ensuit, étant donné
les réalités des pays en voie de développement, qu'il peut
y avoir un biais dans un sens comme dans l'autre. En effet, par une quelconque
affinité, accointance ou un intérêt quelconque
(participations personnelles dans l'entreprise cliente, pot-de-vin,
amitié etc.), le gestionnaire peut camoufler le risque du demandeur et
mettre en avance des atouts non avérés. Et l'inverse est vrai,
mutatis mutandis. Mais comme il est universellement reconnu que «
les bons comptes font les bons amis » et vice-versa, nous allons minimiser
ces impondérables et présenter des critères plus
objectifs.
La sélection sur la base des critères
qualitatifs englobe des paramètres subjectifs tels que la
personnalité du dirigeant, les détenteurs des capitaux de la
firme (cf. les
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
60
« 5C » de SINKEY, cité par SMONDEL (2011)) et
prend donc en compte le risque moral, puisque parmi les « 5C », il y
a le « Caractère », qui représente l'intention
de rembourser. C'est donc dire l'essence subjective voire discriminatoire de la
methode de l'information « soft ». Les travaux de BERGER et GOULDING
(2013) montrent également que la force de relation bancaire a
une part d'objectivité (caractéristiques de la firme et controles
du marché), mais aussi son coté subjectif (personnalité du
dirigeant par exmple).
Or, dans une économie aux capitaux « atomiques
», la plupart des firmes sont « individuelles » et le risque
moral est plus élevé pour une entreprise individuelle que pour
une entrprise plus grande. SMONDEL (2011, P 97) indique que 80% des
crédits accordés aux PME le sont sur la base de la « force
de relation » entre la banque et la PME. Cette indication est très
importante pour nous car elle est corroborée par l'observation du
marché camerounais, sous la forme du role du « capital social
» par les travaux de NGOA TABI et NIYONSABA (2012) et servira donc de
tremplin à la solution à préconiser dans la
derniére partie de cette étude.
|