II-2-2-L'octroi des financements par les banques : la
sélection
A cause des asymétries d'information et de
l'opacité (notamment pour les petites firmes) inhérentes aux
niveaux de risque des entreprises candidates au financement bancaire, les
banques ont recours, pour se couvrir contre le risque de crédit,
à diverses méthodes de sélection des entreprises à
financer (EBER, 2000).
II-2-2-1-La méthode du risque moyen
Dans un marché ou les entreprises ont des niveaux de
risque très variés, et où il est impossible de connaitre
le niveau de risque de chaque entreprise, si les banques proposent un taux
reflétant le niveau moyen de risque du marché, il y aura
sélection adverse ou anti-sélection, selon EBER (2000). Car les
bons risques auront tendance à fuir, dès l'atteinte d'un taux
maximum représenté par i* sur le graphique ci-dessous
(Fig.4), proposé par EBER.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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Figure 4: EBER
II-2-2-2-L'auto-sélection ou le screening
Pour contourner la sélection adverse ou
l'anti-sélection, les banques peuvent recourir aux « menus contrats
» (EBER, 2000). Il s'agit de proposer deux types de contrats : Un contrat
au taux relativement faible avec des garanties élevées et un
contrat au taux élevé avec des garanties faibles. Dans ces
conditions, les entreprises les plus risquées s'auto-excluraient
elles-mêmes car ne pouvant pas fournir les garanties exigées ;
tandis que les moins risquées ont généralement non
seulement assez de garanties à apporter, mais aussi assez sures
d'elles-mêmes pour le faire et choisiront donc le premier type de
contrat. C'est l'auto-sélection ou le screening (filtrage).
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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II-2-2-3-La sélection sur la base de
critères
Les banques peuvent également opter pour la
sélection des entreprises à financer sur la base de
critères tant qualitatifs que quantitatifs.
Les critères qualitatifs sont
basés sur les informations récoltées issues de la relation
de longue date avec les entreprises clientes (fichier de crédit et de
dépôts) ; et des agences de notation pour les autres entreprises
demanderesses. Et la décision est toujours influencée par des
facteurs spécifiques au client (réputation, endettement,
situation financière), et des facteurs spécifiques au
marché (conjoncture, taux d'intérêt du marché). EBER
(2000) affirme que d'une manière générale, les « 5 C
» de SINKEY, qui résument les facteurs spécifiques au client
et au marché, sont pris en compte dans la décision finale :
-Caractère : volonté de rembourser, ou prise en
compte du risque moral ;
-Capacité : cash flows ;
-Capital : richesse ;
-Collateral (à l'anglaise) : sécurité ou
garantie ; et
-Conditions : conjoncture.
Les critères quantitatifs ou le credit
scoring, défini par EBER (idem) comme étant la
«méthode statistique d'évaluation du risque de crédit
des demandeurs de prêts ». Les modèles de crédit
scoring utilise les données observées de l'emprunteur pour
déterminer la classe de risque à laquelle il appartient, ou bien
sa probabilité de défaillance. Le crédit scoring est
encouragé par Bale II, pour réduire le risque de faillite des
banques elles-mêmes.
Il est intéressant d'observer avec SMONDEL (2011, P38)
que la méthode de sélection la plus utilisée est la
sélection par critères, avec une prépondérance de
l'information « soft » (critères qualitatives au sens de
SMONDEL) pour les petites banques des pays sous-développés ;
tandis que l'information « hard », critères
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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quantitatifs, est l'apanage des grandes banques en
général, encouragés par Bale II. L'information « hard
» pouvant être externe ou interne.
SMONDEL (2011) soutient que l'utilisation des informations
« soft » rend les crédits plus disponibles pour les petites
entreprises et évite donc le rationnement du crédit.
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