0
L'optimisation de l'accès au financement
court terme et de la gestion du compte courant au sein des PME au Cameroun
*
Thèse professionnelle de Mastère MSc en
Management
Financier et Organisationnel
Rédigée et présentée par :
ALIOU ADAMOU BELLO
SOUS LA DIRECTION DU PR. PATRICK TOPSACALIAN, PROFESSEUR A KEDGE
BUSINESS SCHOOL
MAI 2015
1
L'optimisation de l'accès au financement
court terme et de la gestion du compte courant au sein des PME au Cameroun
*
Thèse professionnelle de Mastère MSc en
Management Financier
et Organisationnel
Rédigée et présentée par :
ALIOU ADAMOU BELLO SOUS LA DIRECTION DU PR.
PATRICK TOPSACALIAN, PROFESSEUR A KEDGE BUSINESS SCHOOL MAI 2015
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
« Sine doctrina, vita est quasi mortis
imago»
« Sans la science, la vie est presque l»image de
la mort » (Jean-Marie François AROUET, dit VOLTAIRE ; 1752,
« Micromégas »)
*
« Finance sans efficience N'est pas Science
»
*
2
(c)ALIOU ADAMOU BELLO (e-mail : aliouad@
yahoo.fr), mai 2015.
Yaoundé, Cameroun.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
REMERCIEMENTS
3
*
« Alhamdoulillahi Rabbil `Aalamiine ! »
(Louanges à Dieu, Seigneur des Mondes)
? A ma famille,
Pour la patience et le soutien affectif,
? Au Professeur Patrick TOPSACALIAN,
Pour l'enseignement, et la direction de ce travail,
? A tous mes autres professeurs, coachs et encadreurs
pédagogiques,
Pour la sollicitude et la patience,
? A toute la hiérarchie du MINFI et de
la Direction Générale du Trésor, de la Coopération
Financière et Monétaire,
Pour l'indulgence et la documentation,
? A toutes les institutions dont j'ai
exploité les documents, publications, et informations,
Pour leur disponibilité et celle des
données
*
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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LISTE DES ACRONYMES
APECCAM : Association Professionnelle
des Etablissements de Crédit du Cameroun
BCEAO : Banque Centrale des
Etats de l'Afrique de l'Ouest
BDF : Banque de France
BEAC : Banque des Etats de
l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
COBAC : Commission Bancaire de
l'Afrique Centrale
DGTCFM : Direction
Générale du Trésor, de la Coopération
Financière et Monétaire
INS : Institut National de la
Statistique (Cameroun)
MINFI : Ministère des Finances
(Cameroun)
PME : Petites et Moyennes
Entreprises
SYSTAC : Système de
Télé-compensation en Afrique Centrale
SYGMA : Système de Gros
Montants Automatisé (Système de règlements
interbancaires)
TEG : Taux Effectif Global
TPE : Très Petites
Entreprises
UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest-Africaine
AUTRES INFORMATIONS
1 FCFA = environ 0,0015 Euros
1 FCFA = environ 0,002 Dollars USD
Nous désignons dans le cadre de ce travail par
« Rapport COBAC 2012 », le document
intitulé « Architecture de la tarification des services
bancaires dans la CEMAC 2011-2012 » ; et par « Rapport BCEAO
» le document intitulé « Les taux
d'intérêt débiteurs dans les pays de l'UEMOA : une
amélioration progressive des conditions appliquées par les
banques ».
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS, MAI 2015.
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SOMMAIRE
REMERCIEMENTS 3
LISTE DES ACRONYMES 4
AUTRES INFORMATIONS 4
SOMMAIRE 5
TABLE DES MATIERES 6
RESUME 9
ABSTRACT 10
INTRODUCTION : CONTEXTE, ENJEUX ET JUSTIFICATION
11
PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE 13
Chapitre I : Champ, Enjeux, objectifs,
méthodologie et limites de l'étude 14
Chapitre II : Les aspects théoriques : la revue
de la littérature 19
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU MARCHE FINANCIER
CAMEROUNAIS ET DE SES ECUEILS 36
Chapitre III : Les caractéristiques du
marché financier camerounais 37
Chapitre IV : Le fonctionnement du marché
financier et ses impacts sur l'accès au financement par l'entreprise
44
TROISIEME PARTIE : L'OPTIMISATION DE L'ACCES AUX
CREDITS COURT TERME ET DE LA GESTION DE COMPTE
COURANT 61
Chapitre V : Stratégies d'optimisation de
l'accès aux financements court terme et de la gestion du compte courant
62
Chapitre VI : Les techniques d'optimisation de la
gestion du compte courant et de l'accès aux financements 68
Chapitre VII : Axes de réflexion dans le sens
d'une amélioration du fonctionnement du marché financier
camerounais et
de l'accès des entreprises aux financements
80
CONCLUSION 82
BIBLIOGRAPHIE 84
ANNEXES 89
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
6
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS 3
LISTE DES ACRONYMES 4
AUTRES INFORMATIONS 4
SOMMAIRE 5
TABLE DES MATIERES 6
RESUME 9
ABSTRACT 10
INTRODUCTION : CONTEXTE, ENJEUX ET JUSTIFICATION
11
PREMIERE PARTIE : LE CADRE THEORIQUE 13
Chapitre I : Champ, Enjeux, objectifs,
méthodologie et limites de l'étude 14
I-1-Le champ de l'étude : le financement du cycle
d'exploitation et ses coûts 14
I-2-Enjeux, objectifs et intérêts de
l'étude 14
I-2-1-Enjeux et problématique de l'accès au
financement court terme au Cameroun 14
I-2-2- Objectifs et intérêts de
l'étude 15
I-3-Méthodologie, difficultés et limites
16
I-3-1- Le modus operandi du raisonnement et les
données 16
I-3-2-Les difficultés et limites 18
Chapitre II : Les aspects théoriques : la revue de
la littérature 19
II-1-La gestion financière du cycle d'exploitation
19
II-1-1-Le concept du cycle d'exploitation et son
évolution 19
II-1-2- Les paramètres du cycle
d'exploitation 21
II-1-2-1-Le Fonds de roulement (FR) 21
II-1-2-2-Le besoin en fonds de roulement (BFR)
21
II-1-3-La gestion de la trésorerie : Le plan de
trésorerie 24
II-2-Le financement bancaire dans la pensée
scientifique financière 25
II-2-1-Necessité de financement et contraintes de
croissance 25
II-2-2-L'octroi des financements par les banques : la
sélection 27
II-2-2-1-La méthode du risque moyen 27
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
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7
II-2-2-2-L'auto-sélection ou le screening
28
II-2-2-3-La sélection sur la base de
critères 29
II-2-3-Le rationnement de crédit 30
II-2-3-1-Le rationnement de crédit lié au
risque de l'emprunteur 30
II-2-3-2-Le rationnement lié à
l'insuffisance de crédit 32
II-3-Modalités de référence de tenue de
compte courant et d'accès au financement court terme
33
II-3-1-Les taux de référence 33
II-3-2- Les dates de valeur 34
II-3-3-Les conditions de tenue de compte courant
34
II-3-4-Les conditions d'accès aux crédits
court terme 35
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU MARCHE FINANCIER
CAMEROUNAIS ET DE SES
ECUEILS 36
Chapitre III : Les caractéristiques du
marché financier camerounais 37
III-1-L'offre : les acteurs et les produits
37
III-2-La demande : Faible taux de bancarisation et
entreprises à risque élevé ou perçues
comme telles 39
III-3-L'efficience informationnelle du marché :
Opacité et asymétrie d'information 40
III-3-1- L'opacité des conditions de tenue de
compte et d'accès aux crédits court terme. 40
III-3-2- L'asymétrie d'information et le
non-respect de la réglementation 41
Chapitre IV : Le fonctionnement du marché
financier et ses impacts sur l'accès au financement par
l'entreprise 44
IV-1-Les conditions du marché financier : des taux
et coûts des services bancaires élevés 44
IV-1-1-Le taux effectif global (TEG) 44
IV-1-2-Les taux court terme appliqués
49
IV-1-3-Les coûts des services bancaires
53
IV-1-4-Le niveau de concentration du marché
financier 54
IV-2-L'accès au financement 55
IV-2-1-La mesure de l'accès au financement
55
IV-2-1-1- La méthode des crédits
octroyés rapportés aux dépots collectés
56
IV-2-1-2-La methode du nombre des comptes
débiteurs 58
IV-2-2-Les criteres d'eligibilité au financement
59
IV-2-2-1- Les critères qualitatifs ou
l'information « soft » 59
IV-2-2-2-Les critères quantitatifs ou credit
scoring 60
TROISIEME PARTIE : L'OPTIMISATION DE L'ACCES AUX CREDITS
COURT TERME ET DE LA
GESTION DE COMPTE COURANT 61
Chapitre V : Stratégies d'optimisation de
l'accès aux financements court terme et de la gestion du
compte courant 62
V-1-Les stratégies d'accès aux financements
62
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
8
V-1-1-La force de la relation basée sur le «
capital social » au sens de NGOA TABI &
NIYONSABA SEBIGOUNDA (2012, étude
menée au Cameroun) 62
V-1-2-La stratégie de « gros client
» et le jeu de la concurrence 63
V-2-Politique optimale de gestion de compte courant :
forfaitisation ou standardisation ? 66
V-2-1-La forfaitisation comme mode idéal dans le
contexte camerounais 66
V-2-2-Les avantages de la forfaitisation 66
Chapitre VI : Les techniques d'optimisation de la
gestion du compte courant et de l'accès aux
financements 68
VI-1-Techniques de réduction des coûts de
tenue de compte courant 68
VI-1-1-La gestion des jours valeur 68
VI-1-2-Les mouvements du compte et la commission du plus
fort découvert 69
VI-2-Méthode d'arbitrage dans les choix de
financement court terme : Construction du modèle
« Coûts Actuels Probabilisés de
Financement» (CAPF) 69
VI-2-1-Les hypothèses du modèle CAPF
69
VI-2-2-La consistance du modèle CAPF
70
VI-2-3-Les variables du modèle CAPF 71
VI-2-4- La construction de la matrice des Coûts
Actuels Probabilisés de Financement CAPF
72 VI-2-5-Test du modèle CAPF : Mise en
évidence de la viabilité et de la pertinence du
modèle
74
VI-2-6-Les enseignements pratiques du modèle CAPF
78
VI-2-7-La portée théorique du modèle
CAPF 79
Chapitre VII : Axes de réflexion dans le sens
d'une amélioration du fonctionnement du marché
financier camerounais et de l'accès des
entreprises aux financements 80
VII-1-Sur le plan réglementaire 80
VII-1-1-La fixation de canevas des garanties à
exiger par type et terme de crédit. 80
VII-1-2-La répression du délit
d'initiés et de certaines ententes illicites. 80
VII-2-Sur le plan institutionnel : Le renforcement du
rôle de la COBAC et l'opérationnalisation
des instances créées en vue d'accompagner
les PME. 81
CONCLUSION 82
BIBLIOGRAPHIE 84
ANNEXES 89
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
RESUME
9
Comme celui de tous les pays en développement en
général, le paysage
entrepreneurial camerounais est caractérisé par
la prédominance des très petites entreprises au profil de risque
élevé ou perçu comme telles, et avec peu de garantie
à offrir. D'un autre côté le marché financier, peu
développé, est sujet à l'opacité et à
l'asymétrie d'information, et à des taux et coûts
financiers élevés, en conséquence du niveau perçu
de risque des emprunteurs. Or, comme le soutiennent QUIRY et Le FUR
(2010, P32) « le cycle d'exploitation est le fondement de la
richesse de l'entreprise » et donc son financement est vital pour cette
dernière. L'enjeu étant la survie-même des PME, qui
représentent 94% des entreprises, et qui sont des pourvoyeuses de valeur
ajoutée, nous avons choisi de mener cette étude. Nous
vérifierons dans un premier temps que les taux et coûts financiers
appliqués au Cameroun sont élevés par rapport aux pays de
la CEMAC qui est un espace économique similaire, et par rapport à
un pays pris comme référence ; puis, dans un second temps, nous
mesurerons l'accès aux crédits à travers des
méthodes bien définies. Une fois ces hypothèses
vérifiées, nous tirerons des solutions tant d'ordre
stratégique qu'opérationnel ayant pour but de faciliter et
d'optimiser l'accès aux financements. Enfin, remarquant que toutes ces
solutions impliquent dans une certaine mesure la capacité de
l'entreprise, nous en déduisons la nécessité d'un
accompagnement idoine des PME par l'Etat, et d'une meilleure veille au respect
de la réglementation de base du marché afin de favoriser
l'avènement d'un marché financier intégré.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
ABSTRACT
10
As a developping country, Cameroon has an economy which is
caracterised by
the tininess of capitals, that means the predominancy of
very small firms which are subject to darkness related to their accounts.
Further more, they are merely weaker and thus, cannot offer sufficient
collateral as guarantee when demanding for a loan. On the other hand, the local
financial market is caracterised by information asymetry and high levels of
interest rates and other financial services' costs as a result of the firms'
risk level (or so perceived by the banks). And the challenge is merely the
survival of the SMEs. Given the importance of that challenge, especially for a
developping country, which needs added value to grow, we choosed to undertake
this study, within which we are going to proceed to the demonstration of the
highness of the financial costs, and the difficultness of the access to loan.
Once that is done, we will draw from this very study and from financial
scientifical thoughts, some strategic and operating solutions (among which some
from our own imagination), as it will be shown that optimising the access to
loan implies both strategical and operating choices. However, all the above
solutions depend on the firm's capacity. Thus, there's a need of government's
intervention in order to accompany firms and enforce the laws so that the
cameroonian financial market will get fully integrated.
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
11
INTRODUCTION : CONTEXTE, ENJEUX ET JUSTIFICATION
L'économie camerounaise, à l'instar de celles de la
plupart des pays en voie de
développement, est caractérisée par une
certaine atomicité des capitaux : prolifération de très
petites entreprises et « établissements » ou entreprises
individuelles dont 94% de PME dont une majorité de TPE (Recensement
Générale des Entreprises 2009, INS). Ces entreprises sont
généralement très fragiles pour des raisons diverses :
mauvaise gestion, difficultés d'accès aux crédits,
concurrence mal régulée etc.). Et 60% d'entre elles tombent en
faillite avant leur cinquième exercice (Site DJOBEY
Consulting). Elles sont donc perçues comme trop
risquées. En effet, Théodoret-Marie FANSI (2010)
indique que « Quant au financement de l'exploitation, le comportement
des banques est paradoxal. Ici les ressources sont disponibles mais les banques
sont frileuses à cause disent-elles du risque très
élevé du secteur des PME, et les chiffres semblent leur donner
raison : A titre d'exemple, 47% des crédits
accordés aux PME en 2009 sont soit en situation litigieuse, soit en
cessation de paiement [...j ». La réticence du marché
financier à accorder des crédits de court terme aux entreprises
jugées trop risquées et qui, de ce faite, s'en portent encore
pis, constitue un cercle vicieux. Et 77,1% des PME
camerounaises « connaissent des problèmes de financement bancaire
» (NGOA TABI & NIYONSABA, 2012) tandis que
37,6% des entreprises déclarent que le principal
obstacle à leur épanouissement est l'accès au
crédit (Institut National de la Statistique-INS, 2009).
D'un autre côté, le marché financier est
restreint à la fois quant au nombre d'établissements de
crédits (qui soient fiables) et quant aux produits financiers offerts,
dans un environnement financier non intégré et à
très faible taux de bancarisation de 20,6% en 2013
(BEAC). Il y règne asymétrie d'information et opacité
quant aux conditions bancaires en général,
caractéristiques des marchés financiers peu
développés
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
12
et non intégrés. De surcroit, les financements
et services bancaires sont très élevés comme nous allons
le voir.
Un tel « cocktail », à savoir, le risque
élevé de faillite des entreprises de taille réduite en
majorité, le manque de confiance des banques vis-à-vis de ces
dernières, un marché financier embryonnaire et des coût s
financiers élevés ; l'on s'en doute, ne favorise ni la
pérennité de l'entreprise, ni la création de richesse
(valeur ajoutée) ni d'ailleurs celle des emplois. Cette situation a pour
conséquence des coûts financiers élevés de tenue de
compte et des crédits court terme, et des pertes d'opportunités
d'affaires faute de financement ponctuel. L'enjeu est dès lors clair :
il s'agit ni plus ni moins, de la survie-même de l'entreprise dans un tel
environnement !
Un tel enjeu a suscité notre intérêt pour
la conduite de ce travail, que nous allons réaliser à travers la
trame suivante : Dans la première partie, nous procéderons
à la fixation du cadre théorique ; puis, dans la deuxième,
à la vérification des hypothèses, à savoir, les
écueils à l'accès au crédit court terme et à
l'optimisation dudit accès pour les entreprises au Cameroun ; et enfin,
dans la troisième partie, à la suggestion de solutions d'ordre
tant stratégique qu'opérationnel.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
PREMIERE PARTIE : LE CADRE
THEORIQUE
13
Le sujet de la présente étude,
à savoir : « L'optimisation de l'accès
au
financement court terme et de la gestion du compte
courant au sein des PME au Cameroun » se justifie par le
contexte et les enjeux présentés d'emblée à
l'introduction. Tout travail scientifique, qu'il soit purement théorique
ou pragmatique comme se veut celui que nous nous proposons de conduire, se
base, s'inscrit, et part d'un corpus théorique existant, et qui est en
l'occurrence ici la finance ; puis pose des
hypothèses, et fixe la méthode de travail
choisie. Cette partie essentiellement conceptuelle est d'autant plus
nécessaire que comme le disait Nicolas Boileau « Ce que l'on
conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire
viennent aisément. » ( In « L'art poétique »,
1674).
Aussi, avant d'entamer l'étude proprement dite, nous en
fixerons le cadre théorique dans cette première partie.
Tout d'abord, il sera procédé au balisage du
domaine de l'étude et à la présentation des
hypothèses, objectifs, méthodologie et limites de l'étude
(comme qui dirait l' « étudologie » ou «
l'étude de l'étude et sa méthodologie ») au chapitre
1. Puis, dans le deuxième chapitre, sera présentée la
revue de la littérature, qui est le cadre théorique proprement
dit.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
14
CHAPITRE I : CHAMP, ENJEUX, OBJECTIFS, METHODOLOGIE
ET LIMITES DE L'ETUDE
I-1-Le champ de l'étude : le financement du
cycle d'exploitation et ses coûts
Notre étude tient pour postulat que, dans
un marché financier peu développé
comme celui du Cameroun évoqué à
l'introduction, l'accès aux crédits court terme est tributaire et
indissociable de la politique de compte courant adoptée, comme nous le
verrons au cours de ce travail. Notre étude s'étendra sur le
domaine de la gestion financière du cycle d'exploitation, et plus
précisément dans le créneau « accès au
financement court terme ». Et la tenue de compte courant ne sera pas de
reste.
Ainsi, notre terrain d'étude est celui de
l'accès optimal au financement du cycle d'exploitation au
Cameroun, qui emporte optimisation de la gestion et de la tenue du compte
courant.
Et, notre sujet se situant dans un créneau qui
appartient au domaine de la gestion financière et du financement
à court terme, son corpus théorique s'inscrira dans ce même
domaine.
I-2-Enjeux, objectifs et intérêts de
l'étude
I-2-1-Enjeux et problématique de l'accès au
financement court terme au Cameroun
-Enjeux de l'étude
Les enjeux de l'accès au financement court terme sont
la survie, la pérennité, et l'expansion de l'entreprise. Car
comme il sera démontré dans le cadre théorique
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
15
(première partie), les emplois et ressources du cycle
d'exploitation étant « permanents » puisque récurrents
(QUIRY et Le FUR, 2010), le financement à court terme est indispensable
pour la vie-même de l'entreprise (sauf peut-être pour celles de
certains secteurs particuliers, à l'instar de la grande distribution).
Les auteurs (2010, P32) ajoutent que « le cycle d'exploitation est le
fondement de la richesse de l'entreprise ». Et, c'est à juste
titre que la méthode des scores pour l'évaluation du risque des
entreprises, élaborée par la Banque de France tient compte des
éléments de gestion court terme tels que le crédit
fournisseurs et le taux d'intérêt apparent (idem, P193).
-La problématique
Le défi problématique et ardu du
trésorier d'une PME au Cameroun est de trouver des financements court
terme, aux coûts les plus bas possible, et de manière efficiente :
il doit minimiser à la fois les coûts de financement et les
coûts de tenue de compte. Le tout sur un marché financier
très frileux et peu développé caractérisé
par une opacité entretenue quant aux conditions de banque et de l'accord
de crédit. Cela sera vérifié dans la deuxième
partie de notre étude.
I-2-2- Objectifs et intérêts de
l'étude
-Les objectifs de l'étude
Nous nous proposons comme objectif dans le cadre de ce
travail, de mettre à la disposition du trésorier de l'entreprise
camerounaise (et d'autres pays en voie de développement similaires), des
outils techniques d'ordre stratégique et opérationnel, qui
l'aideront, nous osons le croire, à accéder plus facilement aux
financements court terme, et à optimiser à la fois les
coûts desdits financements et ceux de tenue de comptes courants.
Concrètement, il s'agira pour nous de fournir au trésorier de
l'entreprise, des outils stratégiques et opérationnels de gestion
optimale du compte courant de l'entreprise d'une part, et d'autre part, des
outils stratégiques et opérationnels de gestion des conditions
d'accès aux crédits court terme.
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
16
-Les intérêts de
l'étude
La présente étude revêt au moins trois
intérêts :
-Un intérêt heuristique, quant à son
principe, c'est-à-dire l'idée d'utiliser des méthodes
déjà existantes en finance (comparaison, arbitrage, optimisation)
pour mettre en place un modèle adapté à des entreprises
implantées dans un marché financier particulier.
-Un intérêt pragmatique dans la mesure où
elle dote l'entreprise camerounaise (et les entreprises des pays aux conditions
similaires, soit la majorité des pays en voie de développement)
des outils pas tous totalement nouveaux certes, mais adaptés pour
juguler la crise d'accès au financement court terme.
-Un intérêt personnel pour nous, à cause
de notre penchant pour la gestion financière de l'entreprise. Penchant
lié à notre conception de l'entreprise similaire à celle
des Quesnaysiens (physiocrates, partisans du Docteur Quesnay) pour
l'économie nationale, qui considèrent l'économie comme le
corps humain et les flux comme le sang. Nous considérons, pour notre
part, l'entreprise comme un corps humain qui doit être
diagnostiqué et soigné, et qui a, en permanence, besoin de sang
(les flux financiers court terme).
I-3-Méthodologie, difficultés et
limites
I-3-1- Le modus operandi du raisonnement et les
données
*Le modus operandi du raisonnement
La méthodologie générale de la
présente étude est celle hypothético-déductive
issue de Gaston BACHELARD (Observation, Hypothèses, Vérification,
Loi). -Observation (deuxième partie) : Partant de
l'observation du paysage financier et entrepreneurial camerounais dont nous
présenterons les caractéristiques, nous émettons deux
hypothèses que nous nous proposons de vérifier :
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
17
-Hypothèses (deuxième
partie)
Hypothèse 1 : les coûts d'accès
aux crédits court terme et de gestion de compte courant pourraient
être élevés ;
Hypothèse 2 : Les conditions
d'éligibilité au financement pourraient être difficiles
compte tenu de la classe de risque des PME
-Vérification des hypothèses
(deuxième partie):
Nous vérifierons la première hypothèse
à travers la comparaison des taux et autres coûts liés
à l'accès aux crédits par rapport à d'autres pays
et zone monétaire, puis par rapport à un pays de
référence, la France.
Quant à la deuxième hypothèse, nous
mettrons en évidence sa vérifiabilité à travers
deux méthodes de mesure d'accès aux crédits : le ratio
Crédits octroyés/Dépôts collectés, et le
ratio Nombre des comptes débiteurs/Nombre total des comptes.
-Loi (Troisième partie) :
Une fois nos hypothèses vérifiées,
à savoir, les taux et coûts liés à l'accès au
crédit court terme sont élevés, et
l'éligibilité au financement difficile, et, au vu des
caractéristiques du marché financier, nous tirerons des
leçons ou lois, qui sont des solutions d'ordre tant stratégique
qu'opérationnel (dont certaines imaginées par nous) que nous
préconisons aux fins d'optimiser l'accès au crédit court
terme par les PME camerounaises.
Nous tracerons enfin quelques axes de réflexion sur les
plans règlementaire et institutionnel, dans le sens d'une
amélioration générale de l'accès aux financements
ainsi que de ses coûts.
*Les principales données
Les données relatives aux taux d'intérêt
et TEG notamment, sont issues du dernier rapport de la COBAC sur la
tarification bancaire dans la CEMAC. En effet, compte tenue de l'opacité
et de l'asymétrie d'information du marché financier dont nous
faisons état dans ce travail, de telles données ne peuvent
être fiables qu'obtenues de la COBAC, qui est l'organe de supervision de
l'activité bancaire.
Les données sur les coûts des autres services
bancaires ainsi que des conditions d'octroi de crédits court terme ont
été obtenues soit auprès des banques, soit à partir
des publications de ces dernières.
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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Les autres données ont été obtenues du
Ministère des Finances, Direction Générale du
Trésor, au sein de laquelle nous officions, ou encore à
l'Institut National de la Statistique (INS).
Enfin dans le modèle CAPF (Coûts Actuels
Probabilisés de Financement) que nous construirons comme méthode
d'optimisation de financement dans la troisième partie, le choix du taux
effectif global (TEG) comme taux d'actualisation des flux afin de tenir compte
de l'opportunité financière est justifié par le contexte
de difficulté d'accès au crédit où le coût
réel (TEG) d'obtention de l'argent est plus pertinent que le gain
potentiel (taux d'intérêt courant) qui serait issu d'un
éventuel placement.
I-3-2-Les difficultés et limites
*La principale difficulté de cette étude
réside dans l'obtention des données et surtout des informations
auprès des banques, ce qui n'est pas étonnant étant
donné l'opacité et l'asymétrie d'information que nous
avons déjà évoquées.
*Les principales limites ont trait à :
- l'insuffisance des données (non existence des
données plus anciennes). Nous aurions analysé les taux par
exemple sur une plus longue période et tirer des modèles et
fonctions de leur évolution.
-la relative actualité des données notamment les
taux d'intérêt et TEG (2012 et 2013) que nous avons
utilisés dans notre analyse ; des données plus actuelles qui
soient complètes, cohérentes et fiables n'étant pas encore
disponibles. Toutefois, un écart de plus ou moins deux ans par rapport
à l'actualité nous semble négligeable en la
matière. Les données financières définitives et
complètes n'étant arrêtées et publiées
qu'environ deux ans après l'exercice par les institutions
compétentes en général.
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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CHAPITRE II : LES ASPECTS THEORIQUES : LA REVUE DE
LA LITTERATURE
II-1-La gestion financière du cycle
d'exploitation
II-1-1-Le concept du cycle d'exploitation et son
évolution
Le cycle d'exploitation est la période
plus ou moins longue selon le secteur et la
nature des activités de l'entreprise, nécessaire
à l'accomplissement du « processus de production » de
l'entreprise ; cette expression valant aussi bien pour l'entreprise
industrielle que pour un prestataire de services ou un commerçant.
QUIRY et Le FUR, (2010, P32) considèrent le cycle
d'exploitation comme « le fondement de la richesse de l'entreprise
», qui se traduit par « des créations de richesse
(produits ou services vendus [...]) [et] par des destructions de richesse
(consommation de matières, utilisation de main d'oeuvre, utilisation de
services externes [...] ».
Les auteurs sus-cités (idem, ibidem) montrent que le
résultat du cycle d'exploitation est l'EBE (Excédent Brut
d'Exploitation), donné comme suit :
EBE = Produits d'exploitation - Charges d'exploitations
consommées
Après avoir caractérisé le cycle
d'exploitation par ce qu'il est, ce qui s'y fait, et ce qui en résulte,
il serait intéressant de se pencher sur l'évolution de sa
perception par les financiers (scientifiques, pas financeurs). Cette
évolution n'est pas neutre, comme nous allons le voir.
Il ressort des affirmations de QUIRY et Le FUR (idem, P330)
qu'avant les années 1960, les éléments du bas de bilan
étaient considérés comme liquides (et donc
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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garantissent le remboursement des dettes courtes). Puis, ils
affirment qu' « Au cours des années 1960, on a
démontré l'aspect purement théorique de la
liquidité du bas de bilan [...] » (P330). En effet, il
était anciennement considéré que les
éléments de bas de bilan étaient des emplois
réalisables rapidement, et des dettes exigibles à court terme
(idem, P331). Or cela n'est vrai que « si l'on juge le bilan à
un moment donné » (idem). En effet, le cycle d'exploitation
étant, comme son nom le laisse entrevoir, un recommencement permanent,
les actifs d'une période précédente réalisés
et les dettes réglées, seront remplacés par d'autres
actifs et d'autres dettes, nécessairement, tout au moins tant que
l'entreprise existera. « Par conséquent, le bas de bilan
apparait comme un ensemble d'emplois et de ressources récurrents et donc
permanents : à activité constante, il y a constamment
renouvellement du stock et des traites, qu'il s'agisse des dettes à
l'égard des fournisseurs ou des créances sur les
clients.» (Idem, P331).
En outre, ils (idem, ibidem) soutiennent que si l'on inclut la
logique du besoin en fonds de roulement (solde induit par le cycle
d'exploitation) dans le cycle d'investissement, toute croissance va
générer, non seulement des dépenses en immobilisations,
mais aussi une augmentation des stocks, des créances d'exploitation, et
des dettes court terme.
Compte tenu de ce qui précède, le cycle
d'exploitation, qui est censé relever du court terme, n'est pas, pour
ainsi dire, vraiment court, ses éléments bilanciels étant
« récurrents et donc permanents » (QUIRY et Le FUR,
2010, P331). De plus, le cycle d'exploitation subit les implications du cycle
d'investissement, qui est le cycle dit « long ». Il y a donc une
certaine imbrication des deux cycles.
Comme on le voit, cette nouvelle perception des
éléments de bas de bilan, et notamment les emplois
réalisables (créances et stocks) entame considérablement
la garantie dont jouissaient naguère les crédits à court
terme aux yeux des banquiers. Ce qui ne facilite pas l'accès aux
financements court terme pour les entreprises.
Le concept de cycle d'exploitation défini et
examiné, passons en revue à présent ses paramètres
financiers.
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II-1-2- Les paramètres du cycle d'exploitation
Si l'on peut appeler « éléments » du
cycle d'exploitation les emplois de l'Actif Circulant (AC) et les ressources du
Passif Circulant (PC), l'on pourrait désigner par «
paramètres financiers du cycle d'exploitation », le Fonds de
roulement (FR), et le Besoin en fonds de roulement (BFR). Les «
paramètres » nous intéressent ici au premier chef, les
« éléments » étant leurs constituants. Par
ailleurs, nous traitons de financement, et « la chose à financer
» est représentée par ce que nous appelons ici les «
paramètres financiers ».
II-1-2-1-Le Fonds de roulement (FR)
Le Fonds de roulement est l'excédent des capitaux
permanents sur les immobilisations et s'exprime par la formule suivante :
FR = Capitaux permanents - Actif
immobilisé
QUIRY et Le FUR, (2010, P287) le désignent par
« liquidité à un an », ou « matelas financier
entre les ressources et les emplois à un an, afin de tenir compte des
risques inhérents à [l'] activité
(dépréciation d'un stock, non-paiement d'un client, baisse des
ventes [...]) alors que l'endettement n'est pas susceptible de réduction
de valeur ».
Par conséquent, et, comme le rappellent TOPSACALIAN et
TEULIE (2013, P133) l'orthodoxie financière requière que
« les ressources soient supérieures aux emplois qu'elles
financent ; on dit que le fonds de roulement est positif».
II-1-2-2-Le besoin en fonds de roulement (BFR)
-L'essence du BFR
Selon TOPSACALIAN et TEULIE (2013) « Le besoin en
fonds de roulement est défini comme le besoin de financement lié
au cycle d'activité de l'entreprise. On fait
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généralement une différence entre le
besoin de financement lié directement à l'exploitation et celui
lié à des éléments hors exploitation. ».
Le besoin en fonds de roulement, que nous appellerons « BFR »
pour la suite, peut également être compris comme l'excédent
(ou le déficit) de l'Actif circulant sur le Passif circulant. Il est
exprimé comme suit :
BFR = AC - PC
Où : AC est l'Actif circulant, et PC le Passif
circulant.
L'Actif circulant est constitué des emplois non encore
réalisés, (Stocks et créances), donc assimilables à
des prêts accordés à des tiers. Le Passif circulant quant
à lui, est constitué des dettes vis-à-vis des tiers. Or,
QUIRY et Le FUR, (2010, P263) affirment que le BFR représente le «
crédit interentreprises ». Sous cet angle, le BFR peut être
appréhendé comme la différence entre les prêts
accordés par l'entreprise à court terme et les dettes à
court terme. Ainsi, selon la logique du «BFR-crédit
interentreprises », si l'entreprise a « accordé » plus de
« prêts » qu'elle n'a « contracté » des «
emprunts », le BFR est positif et il y a un besoin à financer. Si
par contre, elle a plus « contracté » des « emprunts
» qu'elle n'a « accordé » de « prêts »,
le BFR est négatif et il n'y a pas de besoin à financer, au
contraire, il y a même du financement disponible.
-La relation fondamentale du Bilan (relation entre
FR et BFR) et ses enseignements
La relation fondamentale du bilan est la suivante :
FR - BFR = T (1)
Où FR et le fonds de roulement, BFR le besoin en fonds
de roulement, et T la trésorerie.
Pour une entreprise au tout début de son tout premier
exercice, le FR (excédent des capitaux permanents sur les emplois longs)
constitue sa trésorerie, qui servira à « tourner »,
à financer le cycle d'exploitation.
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Soient :
FR°, le FR initial, au tout début du
tout premier exercice,
FR, le fonds de roulement après le
démarrage du cycle d'exploitation,
BFR, le besoin en fonds de roulement
après le démarrage du cycle
d'exploitation,
T°, la trésorerie initiale, au tout
début du tout premier exercice,
T, la trésorerie après le
démarrage du cycle d'exploitation,
? Ainsi, au tout début du tout premier exercice,
FR° = T° (2)
? Après le début du cycle d'exploitation,
lorsque, selon la logique du «BFR-crédit interentreprises »
présenté plus haut, l'entreprise a constitué des stocks et
des créances d'une part (« prêts accordés »), et
des dettes court terme d'autre part (« emprunts contractés »),
on a :
FR = T + BFR (3), où : T = T° - AC + PC (4) et
BFR = AC - PC (5)
Il vient de (4), que :
(T° - T) = (AC - PC) = BFR (6)
Il ressort de la formule (6), que :
-Le BFR est la différence entre la trésorerie
initiale (T°) et la trésorerie après le début du
cycle d'exploitation (T). Soit la différence entre le FR initial
(FR°) et la trésorerie après l'entame des activités
(T) puisque FR°= T°.
Ainsi, BFR = FR° - T
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Cette différence, qui peut être positive ou
négative, est la résultante de la « politique du cycle
d'exploitation » de l'entreprise (AC - PC) : Ce que l'entreprise a «
prêté », ôté de ce qu'elle a «
emprunté ».
-Le BFR normatif
Après avoir déterminé en valeur absolue
le BFR, on peut l'exprimer en jours de chiffres d'affaires (CA) :
Soit à travers le ratio : BFR/CA * 365 jours ; et les
ratios des différents éléments du BFR, à l'instar
du poste clients (Encours clients/CA annuel TTC * 365) peuvent être
calculés ;
Soit de manière normative, à partir des
délais moyens de réalisation des emplois et ressources
constitutifs du BFR, et de leurs différents coefficients correcteurs. Il
en résultera un BFR dit normatif, en jours de chiffres d'affaires.
Il est à rappeler que le corollaire du caractère
récurrent et permanent des éléments du cycle
d'exploitation est que le BFR est également un paramètre
permanent, tout au moins dans sa partie stable, dite « d'exploitation
».
II-1-3-La gestion de la trésorerie : Le plan de
trésorerie
Si le besoin en fonds de roulement est un indicateur du besoin
à financer, le plan de trésorerie est un document pragmatique qui
détermine les besoins (ou excédents) réels par
période. En effet, le plan de trésorerie, lui, prend en compte
des situations et informations qui ont pu survenir : client qui annonce qu'il
ne pourra régler à l'échéance, paiement par
anticipation d'un client, dépense accidentelle, etc. Le plan de
trésorerie est d'abord déterminé avant financement, puis,
après différents arbitrages, l'on établit le plan avec
financement. Il s'agit d'un processus assez itératif que des logiciels
gèrent assez bien aujourd'hui. L'aspect qui nous intéresse dans
le cadre de ce travail est celui des arbitrages, qui interviendront dans notre
troisième partie consacrée aux solutions d'optimisation.
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II-2-Le financement bancaire dans la pensée
scientifique financière
II-2-1-Necessité de financement et contraintes de
croissance
Comme démontré plus haut, le Besoin en Fonds de
Roulement est, bien que « court », permanent et son financement
nécessaire au fonctionnement de l'entreprise. En effet, BECK et
DEMIRGUC-KUNT (2006, Fig. 1 ; 2934) montrent que les entreprises ont des
valeurs ajoutées plus élevées et plus croissantes dans des
pays avec des meilleures institutions financières et légales.
C'est ce que met en évidence le graphique ci-dessous
(Fig.1), où la Grande Bretagne est comparée
à l'Italie. Effectivement sur ladite Figure, en Grande Bretagne les
valeurs ajoutées sont à la fois plus élevées et
croissent plus vite. Or, BECK et DEMIRGUC-KUNT (2006 ; 2931 et 2936)
soutiennent qu'il y a une preuve substantielle selon laquelle les firmes plus
petites (à l'instar de celles du Cameroun que nous avons en
étude), ont moins accès aux sources de financement externe. De
surcroit, poursuivent-ils, dans un monde avec des coûts des transactions
fixés, et des asymétries d'information (similaire comme on le
verra, au Cameroun), les firmes plus petites supportent des coûts et
primes de risque plus élevés, puisqu'elles sont plus opaques et
ont moins de garantie à offrir. D'où les contraintes de
croissance liées au financement qu'elles subissent plus que celles
liées à d'autres facteurs, et plus que les firmes plus grandes,
comme le prouve le graphique en notre Figure 2. Comme
conséquence, les modes de financement les plus accessibles pour les
petites firmes restent les capitaux propres, le crédit fournisseurs,
ou...les institutions financières de développement.
(Fig.3).
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Figure 1 : BECK et DEMIRGUC-KUNT
Figure 2 : BECK et DEMIRGUC-KUNT
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Figure 3: BECK et DEMIRGUC-KUNT
II-2-2-L'octroi des financements par les banques : la
sélection
A cause des asymétries d'information et de
l'opacité (notamment pour les petites firmes) inhérentes aux
niveaux de risque des entreprises candidates au financement bancaire, les
banques ont recours, pour se couvrir contre le risque de crédit,
à diverses méthodes de sélection des entreprises à
financer (EBER, 2000).
II-2-2-1-La méthode du risque moyen
Dans un marché ou les entreprises ont des niveaux de
risque très variés, et où il est impossible de connaitre
le niveau de risque de chaque entreprise, si les banques proposent un taux
reflétant le niveau moyen de risque du marché, il y aura
sélection adverse ou anti-sélection, selon EBER (2000). Car les
bons risques auront tendance à fuir, dès l'atteinte d'un taux
maximum représenté par i* sur le graphique ci-dessous
(Fig.4), proposé par EBER.
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Figure 4: EBER
II-2-2-2-L'auto-sélection ou le screening
Pour contourner la sélection adverse ou
l'anti-sélection, les banques peuvent recourir aux « menus contrats
» (EBER, 2000). Il s'agit de proposer deux types de contrats : Un contrat
au taux relativement faible avec des garanties élevées et un
contrat au taux élevé avec des garanties faibles. Dans ces
conditions, les entreprises les plus risquées s'auto-excluraient
elles-mêmes car ne pouvant pas fournir les garanties exigées ;
tandis que les moins risquées ont généralement non
seulement assez de garanties à apporter, mais aussi assez sures
d'elles-mêmes pour le faire et choisiront donc le premier type de
contrat. C'est l'auto-sélection ou le screening (filtrage).
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II-2-2-3-La sélection sur la base de
critères
Les banques peuvent également opter pour la
sélection des entreprises à financer sur la base de
critères tant qualitatifs que quantitatifs.
Les critères qualitatifs sont
basés sur les informations récoltées issues de la relation
de longue date avec les entreprises clientes (fichier de crédit et de
dépôts) ; et des agences de notation pour les autres entreprises
demanderesses. Et la décision est toujours influencée par des
facteurs spécifiques au client (réputation, endettement,
situation financière), et des facteurs spécifiques au
marché (conjoncture, taux d'intérêt du marché). EBER
(2000) affirme que d'une manière générale, les « 5 C
» de SINKEY, qui résument les facteurs spécifiques au client
et au marché, sont pris en compte dans la décision finale :
-Caractère : volonté de rembourser, ou prise en
compte du risque moral ;
-Capacité : cash flows ;
-Capital : richesse ;
-Collateral (à l'anglaise) : sécurité ou
garantie ; et
-Conditions : conjoncture.
Les critères quantitatifs ou le credit
scoring, défini par EBER (idem) comme étant la
«méthode statistique d'évaluation du risque de crédit
des demandeurs de prêts ». Les modèles de crédit
scoring utilise les données observées de l'emprunteur pour
déterminer la classe de risque à laquelle il appartient, ou bien
sa probabilité de défaillance. Le crédit scoring est
encouragé par Bale II, pour réduire le risque de faillite des
banques elles-mêmes.
Il est intéressant d'observer avec SMONDEL (2011, P38)
que la méthode de sélection la plus utilisée est la
sélection par critères, avec une prépondérance de
l'information « soft » (critères qualitatives au sens de
SMONDEL) pour les petites banques des pays sous-développés ;
tandis que l'information « hard », critères
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quantitatifs, est l'apanage des grandes banques en
général, encouragés par Bale II. L'information « hard
» pouvant être externe ou interne.
SMONDEL (2011) soutient que l'utilisation des informations
« soft » rend les crédits plus disponibles pour les petites
entreprises et évite donc le rationnement du crédit.
II-2-3-Le rationnement de crédit
Suite à la sélection des emprunteurs à
satisfaire, la banque peut procéder au rationnement de crédits.
Le rationnement consiste pour la banque à refuser d'accorder tout ou
partie du crédit demandé par l'emprunteur. Le rationnement peut
donc être total ou partiel. Le rationnement, total ou partiel peut
survenir soit du fait du risque élevé de l'emprunteur (c'est ce
qui ressort du modèle de RIME, 2001), soit de la
supériorité de la demande par rapport au crédit disponible
(modèle de WILLIAMSON, 1986).
II-2-3-1-Le rationnement de crédit lié au
risque de l'emprunteur
Le modèle de RIME :
Hypothèses : Concurrence parfaite et oligopole de
Cournot.
Soient :
l, l'indice de l'emprunteur à risque faible
h, l'indice de l'emprunteur à risque faible
ÐG, la probabilité de l'état conjoncturel
« bon »
ÐB, la probabilité de l'état conjoncturel
« mauvais »
(1+u), la marge unitaire pour l'emprunteur indexé
« l » (risque faible) dans l'état « bon »,
(1+ku), la marge unitaire pour l'emprunteur indexé
« h » (risque élevé) dans l'état « bon
»,
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
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(1-u), la marge unitaire de l'emprunteur indexé «
l » (risque faible) dans l'état « mauvais »,
(1-ku), la marge unitaire de l'emprunteur indexé «
h » (risque élevé) dans l'état « mauvais »,
avec k>1
Q^2(l) et respectivement Q^2(h), les coûts
opérationnels Q(l) et respectivement Q(h), le montant investi r(l) et
respectivement r(h), les taux d'intérêt
RIME montre que le taux d'intérêt à proposer
à l'emprunteur à faible risque est : r(l) = u-2Q(l)/ 11G
Et le taux de l'emprunteur à risque élevé
est :
r(h) = ku-2Q(h)/ 11G
Etant donné que k est strictement supérieur
à 1, à montants demandés égaux et à marges
unitaires égales, r(h) le taux proposé à la firme à
risque élevé, est strictement supérieur à r(l), le
taux de la firme à faible risque. Il s'ensuit que dans le cadre d'une
même conjoncture, l'entreprise la plus risquée se voit proposer un
taux plus élevé, avec une grande chance de la voir refuser cette
offre peu favorable pour elle notamment au vu de la conjoncture et de la
concurrence, puisqu'avec un rendement (marge unitaire) identique elle supporte
plus de charges d'intérêt. En outre la banque peut estimer
l'emprunteur trop risqué et le rationner ipso facto.
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II-2-3-2-Le rationnement lié à
l'insuffisance de crédit
Le modèle de WILLIAMSON :
Soient :
á, la probabilité pour un agent économique
donné d'être un prêteur, 0<á<1
(1-á), la probabilité pour un agent
économique donné d'être un emprunteur
q*, la quantité de crédits disponibles
K, entier naturel >=2
q*, la « quantité agrégée de
crédits »
Williamson affirme que dans ce modèle il y a deux
équilibres :
Un équilibre sans rationnement : q* = (1-á)K (
équation 3a)
Et un équilibre avec rationnement : q* <
(1-á)K (équation 3b) avec une probabilité q*/(1-á)K
de recevoir du crédit.
Ce modèle qui fait intervenir les notions de
quantités disponibles et de probabilité démontre que le
rationnement de crédit peut provenir du déséquilibre entre
l'offre et la demande de crédit.
Comme solution au rationnement de crédit, BESTER (2008)
préconise, à partir d'un modèle, les menus contrats ou
contrats adaptés à la classe de risque de chaque emprunteur
(présentés plus haut). En effet, il ressort de son modèle
qu'aucun emprunteur ne peut se voir refuser le crédit si les banques
utilisent les conditions de leurs contrats comme signal.
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II-3-Modalités de référence de
tenue de compte courant et d'accès au financement court terme
Nous nous sommes inspiré de l'excellent ouvrage du
Professeur TOPSACALIAN et TEULIE (2013). En effet, comme le disaient les
auteurs dans le manuel sus-cité, « les entreprises, tout comme
les particuliers, ont généralement du mal à se retrouver
dans ce qu'on appelle communément `les conditions bancaires'
».
Nous allons expliciter mais de manière synthétique
ces conditions.
II-3-1-Les taux de référence
A l'origine du calcul du taux appliqué à tout
crédit, un `taux de référence', considéré
comme un taux plancher de base.
Il existe globalement deux types de taux de
référence : le taux du marché interbancaire, et le taux
dit de « de base bancaire » (TBB)
Le premier est le taux auquel les banques s'accordent des
prêts entre elles, et sert de base aux calculs de
rémunérations des comptes à terme et des crédits
spot.
Le second quant à lui, est un taux fixé pour
servir de base lors des négociations des crédits. Les
écarts entre les différentes institutions sont assez faibles en
France et les banques l'ont établi à 6,6% depuis 2001, où
il est resté inchangé.
A partir du taux de base (TBB) fixé, s'effectuent de
majorations de deux types, les unes liées à la nature du client,
et les autres liées à la nature du crédit.
-Modes de calcul des taux de
référence
Il existe trois types de calculs, selon que le taux est nominal,
actuariel, ou TEG
- Le taux nominal : utilisé pour déterminer les
intérêts de chaque période pour une opération
donnée ;
- Le taux actuariel : il constitue le coût réel
d'une opération financière. Son calcul est celui d'un TRI et il
comprend les intérêts, commissions, assurance. Il a une base
annuelle de 365 jours et est post-compté.
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- Le TEG : sa publication est obligatoire pour tout
prêt. Il inclut les intérêts, frais et commissions
directement liés au crédit. Il se détermine en multipliant
le taux actuariel (vu plus haut) périodique par le nombre de
périodes contenues dans l'année. Il devient alors un taux
proportionnel.
II-3-2- Les dates de valeur
-Définition de quelques concepts
Date d'opération : Date
à laquelle l'opération a été réalisée
au guichet de la banque en compte tenu de l'heure de caisse.
Heure de caisse : Heure
avant laquelle une opération doit être exécutée pour
que la date d'opération soit celle du jour.
Date valeur : Date à partir
de laquelle les intérêts liés à une opération
courent. Elle est égale à la date d'opération
majorée (ou minorée s'il s'agit des intérêts
créditeurs) d'un certain nombre de jours appelés `jours de
valeurs' c'est la date réelle de débit ou de crédit.
Jours calendaires : Les sept jours de
la semaine
Jours ouvrables : jours de travail
légaux (6) sauf fériés
Jours ouvrés : jours effectivement travaillés,
ils correspondent aux jours ouvrables moins les samedis et congés
bancaires.
La définition de ces termes permet en effet
d'appréhender la notion de date valeur, qui,
en fait sert, dans le cas du mouvement créditeur, à permettre
à la banque de pouvoir placer le montant à encaisser pendant
quelques jours appelés « float ». Et, dans le cas du
mouvement débiteur, à accélérer ce dernier de
manière à faire apparaitre ou à aggraver un solde
débiteur et à facturer des intérêts et agios
à l'entreprise.
II-3-3-Les conditions de tenue de compte courant
Une « commission de mouvement » ou « de compte
», basée sur le total des mouvements débiteurs, de 0,025%
est prélevée chaque mois. Elle est difficilement
négociable à 0,0125%. L'entreprise peut toutefois négocier
la rémunération des soldes créditeurs entre 0,5% et 1% par
rétrocession.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
35
En outre des « intérêts débiteurs
» sont calculés sur le solde bancaire, chaque jour où il est
débiteur, ainsi que la commission du plus fort découvert (CPFD)
sur la base du plus important solde débiteur du mois. Cette commission
est de 0,05% (négociable à 0,025%) elle est plafonnée
à la moitié des intérêts débiteurs du
trimestre (négociable au quart).
II-3-4-Les conditions d'accès aux crédits
court terme
Les banques préfèrent accorder les
crédits par escompte (existence d'une contrepartie réelle que
sont les créances mobilisées) aux autres crédits.
- Le crédit par escompte : Taux
: Taux de référence
+ Marge (dont 0,6%, commission d'endos ; 0,1%,
Commission spéciale, + Taxe sur les encours)
+ Commission de risque
La commission de risque est fonction de la catégorie de
l'entreprise et de sa capacité de négociation.
-Le découvert :
Taux = taux d'escompte + une majoration de l'ordre de 0,45%
A côté de ces deux offres de financement
classiques, existent d'autres offres variées et dont les conditions
partent systématiquement des taux de référence
présentés plus haut.
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DU MARCHE FINANCIER
CAMEROUNAIS ET DE SES
ECUEILS
36
Nous nous attèlerons, dans cette
deuxième partie, à présenter le marché
financier camerounais dans ses aspects offre, demande, et
efficience informationnelle (Chapitre III) ; puis à examiner son
fonctionnement et, partant, les obstacles qu'il pose aux entreprises quant
à leur gestion et à l'accès aux crédits court terme
(Chapitre IV).
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
37
CHAPITRE III : LES CARACTERISTIQUES DU MARCHE
FINANCIER CAMEROUNAIS
Un marché financier peut être
caractérisé par son offre, sa demande, et son efficience
informationnelle.
III-1-L'offre : les acteurs et les produits
a) Les acteurs
Le marché financier regorge de trois types d'acteurs, d'un
point de vue offre
- Les banques commerciales ordinaires
- Les autres établissements de crédit et les
sociétés d'affacturage récemment entrées dans ce
marché,
- Les établissements de microfinance
a-1- les banques commerciales ordinaires
Au nombre de treize aujourd'hui, avec 387 guichets repartis
sur le territoire, elles ont un niveau de liquidité assez
élevé. L'ensemble de ces établissements présente un
niveau de liquidité assez élevé, ainsi que le
reconnaît le site « Cameroon Web News » : «
La surliquidité bancaire observée depuis quelques années
au sein des institutions bancaires d'Afrique centrale se renforce, notamment au
Cameroun où celle-ci est passée de 600 milliards de francs CFA il
y a quelques mois à 763 milliards de francs CFA actuellement,
d'après les chiffres actualisés de la Banque des Etats d'Afrique
Centrale (BEAC). »
a- 2- Les autres établissements de
crédit
Il s'agit des établissements financiers plus ou moins
spécialisés tels que le Crédit Foncier du Cameroun, «
Pro-PME Financement », et les sociétés d'affacturage dont la
loi faitière est d'adoption récente dans le pays. Il s'agit donc
des acteurs peu nombreux,
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
38
mais qui nous intéressent dans le cadre de cette
étude, notamment en ce qui concerne les arbitrages.
a-3- Les établissements de
microfinance
Leur définition, tirée du Règlement CEMAC
N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC portant conditions d'exercice et de
contrôle de l'activité de microfinance est la suivante
:
« La «microfinance » est une
activité exercée par des entités agrées n'ayant pas
le statut de banque ou d'établissement financier tel que défini
à l'Annexe de la Convention du 17 janvier 1992 [...] et qui pratiquent,
à titre habituel, des opérations de crédit et ou de
collecte de l'épargne et offrent des services financiers
spécifiques au profit des populations évoluant pour l'essentiel,
en marge du circuit bancaire traditionnel ». Les
établissements de microfinance ont une réputation plutôt
controversée. Les uns voyant en eux la voie royale d'accès au
développement car adaptés aux pays pauvres.
« [...] En second lieu, au plan international, le
mouvement de la microfinance, considéré comme l'un des vecteurs
essentiels de la lutte contre la pauvreté, a obtenu une audience de plus
en plus favorable. En effet, hormis les services complémentaires
(alphabétisation, formation, santé, etc.) prévus dans
leurs différents programmes financiers, les bailleurs de fonds
internationaux reconnaissent qu'une partie significative des besoins cruciaux
des populations marginalisées peut être satisfaite par des
micro-crédits pour lesquels les banques classiques ne sont pas
disposées à intervenir.[...] » (Rapport COBAC 2002 ;Site
BEAC/CEMAC) tandis que d'autres les considèrent tout simplement
comme des « fausses banques ». Les événements
(Annexe V) donnent du reste raison à certains
égards, aux derniers évoqués.
En effet, bien que de loin plus nombreuses que les banques
ordinaires (autour de 418 en mai 2015, MINFI) et drainant de gros volumes
d'épargne (encours septembre 2013 : 294,5 milliards de FCFA, «
Bulletin Trimestriel Secteur Financier », DGTCFM, MINFI) par des
méthodes artisanales (porte-à-porte, montant collecté
dérisoire), elles
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
39
sont sujettes à des faillites régulières,
et sont fréquemment sommées par le MINFI de fermer, car beaucoup
sont illégales. (Annexe V sus-citée).
Sur le plan fonctionnel ils ne sont pas participants au
système de paiement CEMAC (le système de
télé-compensation interbancaire-SYSTAC/SYGMA-). Ils sont clients
eux-mêmes des banques ordinaires à travers lesquelles ils
réalisent les opérations de leurs propres clients. La
conséquence en est les délais allongés et la
difficulté de gestion des incidents de paiement et autres double-emplois
ou trop-perçus. En outre, seules quelques rares d'entre ces
établissements émettent des cartes de crédits.
Cependant, vu leur reconnaissance par la réglementation
communautaire CEMAC (Règlement CEMAC N°01/02/CEMAC/UMAC/COBAC) et
leur poids s'agissant tant de leur nombre que de l'épargne qu'ils
mobilisent (encours des dépôts à septembre 2013 : 294,5
milliards de FCFA selon le "Bulletin trimestriel sur le secteur financier
camerounais" N° 011, Mars 2015) ; l'on ne saurait les négliger.
b) Les offres de financement
Dans le cadre du financement à court terme, les offres
sont traditionnellement réparties en deux grandes catégories :
les crédits objectifs avec contrepartie réelle et les
crédits subjectifs eux-mêmes ventilés en
généraux et spécialisés (TOPSACALIAN et TEULIE,
2013).
Pour le marché camerounais, s'agissant de la
catégorie crédits objectifs, on peut citer principalement
l'escompte ; pour la seconde catégorie, on a le découvert (qui
est modal dans sa catégorie), les crédits spot, et les
crédits de campagne. Il est à noter que s'il est vrai que
pratiquement toutes les banques proposent l'escompte, dans la première
catégorie, et le découvert dans la seconde, toutes les autres
variantes des deux catégories ne figurent pas à l'étal de
tous les établissements de crédit. C'est dire que l'offre de
financement court terme est assez standard et restreinte.
III-2-La demande : Faible taux de bancarisation et
entreprises à risque élevé ou perçues comme
telles
Comme déjà dit précédemment, le
marché financier camerounais est peu développé et peu
intégré avec un faible taux de bancarisation qui est un
indicateur de l'insuffisance
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
40
de culture financière. Selon les données de la
BEAC, le taux de bancarisation était en 2013, de 20, 68%
au Cameroun avec une densité bancaire de 49 096
habitants pour un guichet.
Avec 883 entreprises formelles
dénombrées à partir de la «
Liste [non exhaustive] des Entreprises Camerounaises » 2012
publiée par l'INS (Annexe 3), dont 94% de PME
(Cf. INS, RGE 2009), la demande est loin d'être faible. Et, ces
entreprises dont beaucoup très petites voire individuelles et dont
60% disparaissent avant leur cinquième exercice (Site
DJOBEY Consulting) sont perçues par les banques comme trop
risquées. Dans un marché sans bourse (fonctionnelle) ni agence de
notation, les banques ont recours aux statistiques : 47% des
crédits accordés à des PME en 2009 étaient devenus
des créances douteuses ! (FANSI, 2010). C'est dire qu'à
l'égard de l'accès aux crédits, s'il y a beaucoup
d'appelés, il n'y a que peu d'élus.
III-3-L'efficience informationnelle du marché :
Opacité et asymétrie d'information
Comme on l'a vu à travers ses caractéristiques,
le marché financier camerounais est peu intégré. Il ne
remplit donc pas les conditions de l'efficience informationnelle s'agissant des
conditions de tenue de compte et d'accès aux crédits court terme,
d'autres informations du marché, et de l'éligibilité
à l'octroi de crédit.
III-3-1- L'opacité des conditions de tenue de compte
et d'accès aux crédits court terme.
Les banques font peu de publicité sur les conditions de
banque et de crédit, sauf en vertu de l'arrêté sur le
service bancaire minimum garanti et parfois de façon ambiguë et
vague. Très peu de banques affichent les taux des
crédits qu'elles proposent sur leurs sites, encore moins les conditions
de tenue de compte qui sont encore plus opaques (confère la partie sur
les conditions du marché et Annexe IV).
En outre, certaines banques proposent des « packs »
ou ensemble de services et conditions auxquels le client souscrit dès
l'ouverture de compte, en toute opacité sans marge de manoeuvre lui
permettant d'y voir plus clair. (Rapport COBAC 2012).
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
41
III-3-2- L'asymétrie d'information et le non-respect
de la réglementation
Pour les raisons déjà évoquées
plus haut, le marché financier camerounais, à l'instar de ceux de
la plupart des pays pauvres, sont sujets à de graves asymétries
d'information exploitées au maximum par les banques. Il faut dire que
les banques camerounaises sont regroupées au sein d'une association de
type professionnel (l'APECCAM). Et cette asymétrie d'information est
aggravée par le non-respect des dispositions règlementaires tant
communautaires que nationales par les banques.
Par exemple, suite aux recommandations de la COBAC et en vue
d'améliorer le taux de bancarisation dans la zone CEMAC, le Ministre des
Finances du Cameroun a signé un texte portant « services bancaires
minimum garanti » (Annexe II) qui rendent les services de
base tels que la tenue de compte et les consultations de solde gratuits, tout
en supprimant certains frais exorbitants. Les banques, dans leur ensemble, soit
n'appliquent pas ces dispositions pour certaines, soit ont créé
d'autres frais (« commissions de mouvement », frais divers, etc.) et
que les clients ignorent (cf. Rapport COBAC 2012).
En outre, dans l'application des taux maxima des coûts
de transfert à faible montant, la plupart des banques ont fixé
des montants plancher (entre 5000FCFA et 10 000FCFA) ; et le coût,
ramené au montant de la transaction, dépasse le taux maximum
fixé (Rapport COBAC 2012):
Figure 5:Tableau Surcoût transferts. Source :
nous-même
|
Taux maxima fixé par la BEAC
|
Taux appliqués au finish (prise en compte des
coûts minima instaurés par les banques) (1)
|
Ecarts ou surcoûts
|
Transfert zone CEMAC
|
0,25% (2)
|
0,93%
|
0,68%
|
Transfert hors zone CEMAC
|
0,50% (2)
|
3,95%
|
3,45%
|
(1)Calculés par la COBAC (cf. Rapport COBAC 2012).
(2)Réglementation des changes (Règlement
n°02/00/CEMAC/UMAC/CM du 29 avril 2000)
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte
courant au sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS,
MAI 2015.
42
S'agissant de la règlementation CEMAC sur le taux
usuraire (article 3 du Règlement N°02/CEMAC/UMAC/CM du 20/10/2012
portant définition et répression de l'usure dans la CEMAC : un
taux est dit usuraire lorsqu'il « excède de plus de 33% le TEG
moyen au cours du semestre précédent »; elle est
systématiquement et largement enfreinte dans le cadre des «
tontines » (où circulent tout de même selon les chiffres du
Ministère des Finances, 190 milliards de FCFA). En effet, il n'est pas
rare d'y appliquer des taux de 30%. Or, si le TEG
s'établit autour de 7,3% pour le Cameroun en 2012, le seuil usuraire
sera en 2013, selon la règlementation citée, de [7,3*(1,33)]% =
9,71% !
La COBAC, suite à son enquête sur les conditions
de banque réalisée en 2011, avait également :
« -Exhorté les Autorités
monétaires à prendre des mesures en vue d'assurer la
mobilité bancaire et faciliter l'accès aux services financiers
par le plus grand nombre. A cet égard, l'adoption, à l'instar du
Cameroun, par les autres pays de la CEMAC d'un texte fixant le service bancaire
minimum garanti a été jugée nécessaire ;
-Examiné, sous la houlette du Comité
Régional de Normalisation Financière (CORENOFI), les
modalités d'application des dates de valeur au regard de la
modernisation des systèmes et moyens de paiement dans la CEMAC ;
-invité les banques à appliquer une
tarification « juste et raisonnable » sur les opérations
transitant par la plate-forme SYSTAC et SYGMA ;
-Accru la lisibilité, la transparence et la
comparabilité des tarifs bancaires par l'adoption, au plus tard le 31
décembre 2011, des dénominations communes et uniques de
l'ensemble des tarifs bancaires sur la base d'une liste standard à
proposer ainsi que de leurs modalités de publication et de
présentation ; cette action devait s'intégrer dans le cadre plus
général de la protection des consommateurs à mettre en
place au niveau de la CEMAC sous une forme à définir ;
- Demandé aux banques de tout mettre en oeuvre pour
que l'ensemble des éléments relatifs aux coûts du
crédit soient aisément identifiables pour la détermination
fiable du TEG ;
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
43
- Attiré en particulier l'attention des banques sur
la nécessité de clarifier le contenu des packages qu'elles
offrent à la clientèle. A cet effet, les composantes des packages
devraient être explicitement listées dans les plaquettes des
conditions de banque et leur mise en place soumise à un contrat
dûment signé par le titulaire du compte ;
- Invité toutes les banques de la CEMAC à
respecter scrupuleusement la tarification des opérations de change et de
transferts ;
- Appelé les Etats, à l'instar du Cameroun,
à mettre en application effective le Règlement
n°00/02/CEMAC/UMAC/ relatif au calcul du Taux Effectif Global (TEG).
»
(COBAC, «Architecture de la tarification des services
bancaires 2011-2012-CEMAC », 2013).
Ces exhortations sont restées sans succès
puisque par exemple les frais des opérations SYSTAC/SYGMA continuent
d'être assez exorbitants car les coûts, même des
opérations bancaires de compensation et de virement dans le
système automatique de règlement et de compensation
(SYSTAC/SYGMA) sont trop élevés au vu des charges unitaires y
relatives supportées par les banques. En effet, les treize banques
ordinaires du Cameroun sont « participant direct » au
système de paiement CEMAC (SYSTAC et SYGMA) c'est-à-dire le
système de télé-compensation et de règlement
interbancaire, supervisé par la BEAC, la banque centrale. Les deux
systèmes SYSTAC/SYGMA sont payants par opération et selon la
période de la journée à laquelle l'opération est
initiée. Les factures sont envoyées mensuellement à chaque
participant par la BEAC. Ces frais par opération et quelle que soit la
période de la journée ne dépassent pas 2000 F CFA (pour
SYGMA) et même 700F CFA pour SYSTAC. Or les mêmes opérations
peuvent être facturées aux clients des banques jusqu'à
30.000FCFA ! (voir chapitre 4, IV-1-3, PP52-53 et Annexe 4).
Soit une marge de 28.000FCFA par opération ! Pratiquement toutes les
banques de la place financière pratiquent cet «
écrémage ».
Les entreprises, à cause à la fois du faible
ancrage de la culture financière mais aussi du rapport de force
(n'obtient pas du crédit qui veut !) en faveur des banques, ont peu de
choix.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
44
CHAPITRE IV : LE FONCTIONNEMENT DU MARCHE FINANCIER ET
SES IMPACTS SUR L'ACCES AU FINANCEMENT PAR L'ENTREPRISE
IV-1-Les conditions du marché financier : des
taux et coûts des services bancaires élevés
IV-1-1-Le taux effectif global (TEG)
Le TEG, taux effectif global, est
déterminé comme le taux i qui, dans le cadre d'un prêt,
égalise les deux expressions ci-dessous,
Où :
m est le nombre de versements pour la mise en place du
crédit
dk, le montant du versement de la période tk
n, le nombre d'annuités de remboursement
rp, le montant du remboursement de la période p
Les remboursements étant constitués du capital, des
intérêts, commissions, frais divers
et taxes.
Le TEG est donc un bon indicateur du coût
réel des crédits dans la mesure où il prend en
compte l'opportunité financière à travers
la prise en compte du temps et l'actualisation des flux.
Nous allons comparer l'évolution des TEG du Cameroun et
de la CEMAC (cf. Rapport COBAC 2012), d'une part, avec ceux de l'UEMOA (qui est
une zone économique comparable à la CEMAC) d'autre part, puis
avec ceux de la France, prise comme référence.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
45
i) Les données individuelles
-Cameroun et CEMAC
. Source: COBAC, Tarification des services bancaires
2012
Figure 6
-UEMOA : Nous tiendrons compte du « Taux
d'intérêt global » (dernière ligne du tableau) de 2006
à 2012.
Figure 7
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
46
-France
Figure 8 ; Source: Site Banque de France
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
47
ii)-Les comparaisons
*Comparaison Cameroun/CEMAC-UEMOA
Figure 9; Source: nous-même
Les taux de la CEMAC sont nettement plus élevés
que ceux appliqués dans l'UEMOA. Et, tandis que les taux de l'UEMOA se
stabilisent à partir de 2010 autour de 8%, ceux de la CEMAC tendent
à se stabiliser autour de 9% à partir de 2011.
Le TEG du Cameroun (« TEG CAM » sur la figure 9),
quant à lui, tend à épouser l'évolution de celui de
l'ensemble de l'UEMOA à partir de 2009, avec une légère
baisse par rapport à ce dernier en 2011 et 2012. Cependant, une
comparaison pays-à-pays avec des pays comparables de l'UEMOA (la
Côte-D'ivoire et le Sénégal - cf. Rapport BCEAO) montre que
si le TEG de la Côte-D'ivoire est légèrement
supérieur à celui du Cameroun de 0,3 point (7,6%-7,3%=0,3% ;
autant dire qu'ils sont équivalents), celui du Sénégal,
lui, est nettement inférieur de 1,1 point (6,2%-7,3%=1,1%).
Ainsi, il ressort que :
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
48
-Dans la zone CEMAC où il est « leader » (en
termes de développement économique et financier) le Cameroun a un
TEG plus bas que la moyenne (en 2012, 7,3% contre 8,9% pour la zone) ;
-Le Cameroun, en termes de TEG, est « intégrable
» à l'UEMOA, ses taux étant très proches de ceux
moyens de ce dernier y compris quant à leur évolution ;
-Cependant, s'il était intégré dans
l'UEMOA, le Cameroun n'aurait pas le TEG le plus bas, comparé aux pays
de la même trempe que lui tel que le Sénégal et la
Côte-D'ivoire. Donc, les taux du Cameroun sont trop élevés
pour son niveau.
Si, comme démontré plus haut, le Cameroun est
« intégrable » dans l'UEMOA, en matière des TEG, la
comparaison des TEG de cette dernière (l'UEMOA) avec ceux du pays pris
comme référence qu'est la France serait pertinente pour
apprécier le niveau du TEG du Cameroun par rapport à la
référence ou la « norme standard ».
*Comparaison UEMOA-France
Figure 10, Source: Rapport BCEAO 2012
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
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La figure 10 ci-dessus montre que la moyenne des TEG de la
France se stabilise plus ou moins autour de 4%, tandis que celui de l'UEMOA se
situe autour de 8%. Soit un écart de 4 points, et du simple au double
!
Le coût des crédits au Cameroun est donc
très loin de la « norme standard » pour des entreprises qui
évoluent dans un monde concurrentiel globalisé et aux
économies de plus en plus ouvertes. Il est même trop
élevé pour le niveau du Cameroun (comparaison
Cameroun-Sénégal plus haut).
IV-1-2-Les taux court terme appliqués
Les taux à court terme qui ressortent du Rapport COBAC
2012 (Fig.11) sont assez élevés. Il est
également à noter que ces taux sont « hors frais
supplémentaires de mise en place » de crédit, comme le
souligne le Rapport COBAC.
Figure 11. Source: « Rapport COBAC 2012
»
Le taux du découvert, qui est le financement à
court terme modal, est supérieur à la moyenne de la zone dans le
cas du Cameroun et s'établit à 14,61%. Le niveau de ces taux
justifie le niveau des marges d'intermédiation bancaires (7,37% et
4,06%) et leur évolution (Fig.12) pour le cas du Cameroun. La variation
de l'évolution entre 2011 et
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
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sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
50
2012 des deux marges d'intermédiation bancaire sont en
effet positives (3,53% et 6,53%).
Figure 12. Source: Rapport COBAC
2012
La comparaison de ces taux à ceux d'un marché
financier développé comme la France (Fig.13)
montre des grandes disparités. Le taux moyen du
découvert était de 2,65% en fin 2013 en France alors qu'au
Cameroun, il était de 14,61% en 2012 par exemple. Le taux de l'escompte
était de 1,9% en France en 2013 tandis qu'il était de 10,18% en
2012 au Cameroun. Le professeur Désiré AVOM et le Docteur Ahmadou
BOBBO (2013, P8) (Université de Yaoundé II) affirment que les
coûts de crédit dans la zone CEMAC sont « parmi les plus
élevés au monde ». C'est dire que même en tenant
compte du niveau de la concurrence interbancaire, du niveau de
développement du marché financier, et du niveau de risque des
entreprises, ces écarts resteraient quand même peu
justifiés.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
51
Figure 13
Source : -Banque de France, coût du crédit aux
entreprises France (
https://www.banque-france.fr/.../Stat-Info-Coût
-du-credit-aux-entreprises...)
La tarification par banque (Fig.14) ci-dessous
montre une certaine uniformité des taux pour les banques camerounaises,
à d'infimes exceptions près :
Les cautions ont pour taux modal 2%, les découverts 15%,
les escomptes où la moitié des banques (6/12) appliquent 14 ou
15% (la médiane est entre 14 et 15%).
Cette uniformité des taux assez élevés
laisse peu de choix aux entreprises.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
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sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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Figure 14 ; Source : Rapport COBAC
2012
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53
IV-1-3-Les coûts des services bancaires
*Les coûts des services bancaires sont également
assez elevés. Il ressort de nos études (Annexe 4)
les situations suivantes :
-Les frais de tenue de compte : les frais fixes vont de
5000FCFA (UBC), à 30 000 FCFA (SGC).
-Les opérations de chèques : de 4000FCFA (SGC,
BICEC) à 10 000FCFA (UBC, en compensation manuelle)
-Les opérations de virement : Pour SYSTAC d'un minimum
de 2000FCFA (Afriland Bank, CBC) à un maximum de 25000FCFA (SGC) ; pour
SYGMA, d'un minimum de 7500FCFA (Afriland Bank) à 30000FCFA (Afriland
Bank). Confère deuxième partie de ce travail, chapitre III, III-2
sur l'asymetrie d'information pour l'appréciation).
*Les coûts des services tels que l'edition de
relevé de compte servant à controler les prélevements et
autres agios sont également elevés comme le montre
l'encadré ci-dessous dont les informations sont tirées du site
web « Investiraucameroun » :
Coûts de relevés bancaires au Cameroun
2012
(
http://www.investiraucameroun.com/banque/3101-2986-combien-coûte-reellement-un-releve-bancaire)
« A l'image de la plupart des services, le relevé
bancaire qui contient toutes les informations relatives aux différents
mouvements survenus dans un compte est lui aussi payant. Le taux de
prélèvement pour ce service bancaire varie selon les banques et
la période recherchée.
A Afriland First Bank, le montant à prélever
pour un relevé bancaire dont les recherches s'étendent, par
exemple, sur un an sont de 10000 F CFA/page.
Il est multiplié au quintuple après 2 ans. A moins
de 3 mois, le client de la même banque paie 500 F /page.
A la Standard Chartered Bank, c'est 1000 F/Page pour une
période comprise entre 1 et 3 mois, 1500 F/page entre 1 et 2 ans, 5000
F/page à plus de 5 ans.
Pour le client d'Atlantique Banque, c'est gratuit au 1er mois.
Tout relevé à la demande est facturé à 1000
F/page.
La BICEC est la plus chère : le client paie 6300 F pour
une période de moins d'un an, 13000 F après un an, et ce en plus
des frais de photocopie qui s'élèvent à 1350 F/page.
»
Source :
http://www.investiraucameroun.com/banque/3101-2986-combien-coûte-reellement-un-releve-bancaire
|
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS, MAI 2015.
54
IV-1-4-Le niveau de concentration du marché
financier
La mesure du niveau de concentration est importante puisque,
au sens de PATERSEN et RAJAN (1994), il a un impact sur l'accès au
financement des petites firmes. En effet, ces derniers soutiennent que dans un
marché concentré, les petites firmes ont plus de chance
d'accès au financement bancaire formel (idem, ibidem, P26). En outre,
dans cette condition, l'écart entre le taux qui leur est appliqué
et celui appliqué aux grandes firmes est plus faible que dans le cas
d'un marché plus concurrentiel (idem, ibidem, P22).
Le niveau de concentration d'un marché est
traditionnellement mesuré par l'indice de
Harfindahl-Hirschmann. Il est la somme des carrés des
parts de marché des entreprises du marché
considéré. Il se mesure par la formule figurant dans
l'encadré ci-dessous (Fig.15).
Le rapport COBAC 2012 a déterminé l'indice H de
concentration du marché de la zone CEMAC à 0,44
en 2012 pour les crédits amortissables : le marché
bancaire est donc assez concentré dans son ensemble.
La concentration au niveau des parts de marché de
crédits et par pays pour les crédits amortissables a
été établie également et il en ressort qu'au
Cameroun, la BICEC a octroyé 63,6% des crédits
amortissables en 2012. Ces mesures, bien qu'elles concernent les crédits
amortissables (et non les crédits court terme), donnent une indication
sur le niveau de concentration du marché.
Figure 15. Source: Rapport COBAC
2012
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
55
Comme conséquence de la concentration du marché,
et si l'on s'en tient au raisonnement de PATERSEN et RAJAN (1994), les «
jeunes firmes » majoritaires à 94% au Cameroun (PME, PE, et TPE
-INS, Recensement général des entreprises 2009-) devraient
recevoir plus de crédits institutionnel et un différentiel de
coût moindre par rapport aux « vieilles firmes ». Or « Les
résultats de l'enquête du Ministère des PME (2009)
indiquent que près de 77,1% des PME camerounaises connaissent des
problèmes de financement bancaire » (NGOA TABI & NIYONSABA ;
2012). C'est dire qu'on est trés loin du compte à cause des taux
elevés dus aux imperfections du marché présentées
dans cette partie certes, mais aussi certainement à cause des
critères d'éligibilité au financement.
IV-2-L'accès au financement
Nous allons procéder à l'estimation du niveau de
financement des entreprises par les banques, après quoi seront
examinés les critères d'accès au financement.
IV-2-1-La mesure de l'accès au financement
Mesurer le niveau de l'accès au financement
équivaudrait à mesurer le niveau de rationnement de
crédits. Il aurait fallu determiner la demande de crédit en
volume et en valeur, puis les crédits octroyés, et calculer le
ratio. Or, comme le souligne SMONDEL (2011, PP 47-48) sur le
rationnement des crédits, les banques ne s'interessant pas aux demandes
de crédits enrégistrées, et les entreprises non plus ne
faisant pas cas de leurs échecs dans la quete de financement,
l'application d'une telle méthode serait difficile et incertaine. Les
methodes proposées par LOBEZ, JAFFEE et MODIGLIANI, cités par
SMONDEL (2011, PP47-48) sont les suivantes :
H=(Volume total des crédits
octroyés-Crédits octroyés aux entreprises menacées
de rattionnement)/Volume total des crédits octroyés
Ou encore :
H1=Crédits octroyés aux
entreprises menacées de rationnement/( Crédits octroyés
aux entreprises menacées de rattionnement+Crédits octroyés
aux non menacées de rationnement)
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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Ces mèthodes se sont averées sinon impossibles
à appliquer, du moins difficultueuses et peu fiables, SMONDEL lui-
même reconnaissant que le volume de crédits accordés aux
entreprises ménacées de rationnement est une information «
soft », donc plus ou moins subjectives.
Aussi, nous avons adopté deux méthodes dont les
indicateurs ne sont pas « directs » mais qui ont au moins le
mérite d'utiliser des données objectives, fiables et disponibles
:
-la methode des crédits octoyés rapportés
aux dépots collectés et ;
- la méthode du nombre des comptes débiteurs
rapporté au nombre total des comptes.
IV-2-1-1- La méthode des crédits
octroyés rapportés aux dépots collectés
Cette méthode mesure globalement la plus ou moins
grande tendance des banques à utiliser les dépots qu'elles
détiennent à l'octroi de crédits aux agents
résidents, au détriment (ou en faveur) des emprunteurs
non-résidents ou d'autres emplois. Nous allons l'affiner en comparant
notre ratio à celui d'un pays de référence dans le cadre
de ce travail (la France).
Figure 16. Source: Cf. Fig. 17
Situation Dépôts et crédits au
Cameroun, septembre 2013, en milliards de FCFA
Type d'Institution
|
|
DEPOTS
|
CREDITS OCTROYES
|
Banques
|
|
2 854,80
|
2 200,70
|
Etablissements financiers
|
|
46,50
|
199,90
|
Etablissements de microfinance
|
|
294,50
|
171,70
|
|
TOTAUX
|
3 195,80
|
2 572,30
|
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sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS, MAI 2015.
57
Les ratios Figure 17
Cameroun
|
France
|
Ecart
Ratio: Cameroun- France
|
Dépôts en milliards de FCFA
(1)
|
Crédits octroyés, en milliards
de
FCFA (2)
|
Ratio:
[(2)/(1)]*100
|
Dépets en millions d'euros
(3)
|
Crédits octroyés en millions
d'euros (4)
|
Ratio:
[(4)/(3)]*100
|
3 195,80
|
2 572,30
|
80,5%
|
5 799 860,00
|
6 118 275,00
|
105,5%
|
-25%
|
(1) et (2) : Jsqu'en septembre 2013 banques+Microfinance,
Données MINFI Cameroun, Direction Générale du
Trésor "Bulletin trimestriel sur le secteur financier camerounais"
N° 011, Mars 2015
(3) et (4): Jusqu'en septembre 2013, Dépôts des
résidents et Crédits octroyés aux résidents
(3) et (4): Site Banque de France (
http://www.banque-
france.fr/fileadmin/statistiques/fr/base/html/tmf_trim_detail_fr_depotbancec.html)
et
http://www.banque-
france.fr/fileadmin/statistiques/fr/base/html/tmf_trim_detail_fr_crdtauxres.html)
Il ressort des ratios ci-dessus détérminés
que :
- Les banques françaises financent les agents
résidents plus que ces derniers n'ont effectué des dépots,
et donc financent les résidents avec de l'épargne
collectée à l'exterieur ou du revenu d'autres activités
(ratio=105,5%) : les résidents présentent donc
des profils de risque intéressants pour les banques françaises,
et surtout au vu des taux bas appliqués comme nous l'avons vu plus
haut.
-Tandis que les banques camerounaises (ratio=80,5%)
utilisent une partie de l'épargne des résidents soit
pour financer des agents non résidents aux profils de risque meilleurs,
soit pour d'autres emplois. C'est un signal en tout cas de la perception des
emprunteurs domestiques par les banques camerounaises comme étant plus
risqués que ceux exterieurs, ou encore que d'autres emplois auxquels ces
dernières destinent les dépots qu'elles collectent.
-Cela revient à dire que les emprunteurs exterieurs ou
d'autres emplois font concurrence aux entreprises camerounaises, ce qui
entraine des difficultés d'accès aux crédits.
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
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IV-2-1-2-La methode du nombre des comptes
débiteurs
Cette méthode de mesure de l'accès au
crédit est particulièrement pertinente pour estimer
l'accès au crédit court terme, car il prend en compte les
découverts accordés par exemple. Or, le découvert est le
prêt court terme modal. Il s'agit de calculer le ratio Nombre des
comptes débiteurs/Nombre total des comptes, en pourcentage. En
somme, il s'agit de déterminer à quelle proportion de sa
clientèle la banque accorde des découverts.
Détermination du ratio dans le cas du Cameroun :
Les données au 30 septembre 2013 étant extraites
du "Bulletin trimestriel sur le secteur financier camerounais" N°
011, Mars 2015, MINFI Cameroun, Direction Générale du
Trésor :
Nombre des comptes débiteurs : 519 304 Nombre total des
comptes : 1 545 822 Le ratio est donné comme suit :
(519 304 / 1 545 822) * 100 = 33,60%
Ce ratio signifie qu'environ 1/3 seulement des comptes
à travers le pays étaient débiteurs en septembre 2013, et
donc ont bénéficié d'un financement d'une manière
ou d'une autre.
Toutefois, ce ratio exprime un instantané, une
situation à un moment précis, ce qui ne manque pas
d'intérêt d'ailleurs. Mais pour estimer le niveau d'accès
aux crédits des entreprises d'un pays, il serait bienvenu que ce ratio
soit affiné. L'on pourrait par exemple le calculer sur une base
mensuelle ou trimestrielle, voire pluriannuelle et déterminer une
moyenne desdites séries. Cela aurait été plus
pertinent.
Quoi qu'il en soit, les deux méthodes utilisées
ont démontré que l'accès au crédit est au moins
insuffisant pour les entreprises camerounaises. Cela étant, examinons
à présent les critères d'éligibilité
à l'octroi de crédit.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
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sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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IV-2-2-Les criteres d'eligibilité au financement
Au Cameroun, le trésorier de l'entreprise en
quête de financement court terme a le choix entre les banques ordinaires,
les rares sociétés d'affacturage, ou les établissements de
microfinance, ou encore...les tontines. Parmi les trois modes
de sélection des emprunteurs à satisfaire présentés
dans le cadre théorique de ce travail, le mode le plus usité est
celui de la sélection sur la base des critéres qualitatifs et/ou
quantitatifs du demandeur (SMONDEL (2011) ; NGOA TABI et NIYONSABA (2012)) ;
les critéres quantitatifs pouvant être internes (credit
scoring) ou externes (agences de notation).
Au Cameroun, en l'absence des agences de notation, les
critères utilisés sont les informations « soft » au
niveau qualitatif, et le crédit scoring essentiellement (les
statistiques), au niveau quantitatif. Et SMONDEL (2011, P.38) affirme que
l'information « soft » est l'apanage des banques locales. Et cette
affirmation est vérifiée dans le cas du marché camerounais
comme nous allons le voir.
IV-2-2-1- Les critères qualitatifs ou
l'information « soft »
Dans le cadre des critères qualitatifs, il serait
judicieux de tenir compte de certains impondérables, et qui constituent
un problème d'agence pour la banque.
Dans la pratique des banques de la place camerounaise, c'est
le gestionnaire de la clientèle dont le client demande le crédit
qui « défend » le dossier de ce dernier au «
Comité de crédit ». Il s'ensuit, étant donné
les réalités des pays en voie de développement, qu'il peut
y avoir un biais dans un sens comme dans l'autre. En effet, par une quelconque
affinité, accointance ou un intérêt quelconque
(participations personnelles dans l'entreprise cliente, pot-de-vin,
amitié etc.), le gestionnaire peut camoufler le risque du demandeur et
mettre en avance des atouts non avérés. Et l'inverse est vrai,
mutatis mutandis. Mais comme il est universellement reconnu que «
les bons comptes font les bons amis » et vice-versa, nous allons minimiser
ces impondérables et présenter des critères plus
objectifs.
La sélection sur la base des critères
qualitatifs englobe des paramètres subjectifs tels que la
personnalité du dirigeant, les détenteurs des capitaux de la
firme (cf. les
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
60
« 5C » de SINKEY, cité par SMONDEL (2011)) et
prend donc en compte le risque moral, puisque parmi les « 5C », il y
a le « Caractère », qui représente l'intention
de rembourser. C'est donc dire l'essence subjective voire discriminatoire de la
methode de l'information « soft ». Les travaux de BERGER et GOULDING
(2013) montrent également que la force de relation bancaire a
une part d'objectivité (caractéristiques de la firme et controles
du marché), mais aussi son coté subjectif (personnalité du
dirigeant par exmple).
Or, dans une économie aux capitaux « atomiques
», la plupart des firmes sont « individuelles » et le risque
moral est plus élevé pour une entreprise individuelle que pour
une entrprise plus grande. SMONDEL (2011, P 97) indique que 80% des
crédits accordés aux PME le sont sur la base de la « force
de relation » entre la banque et la PME. Cette indication est très
importante pour nous car elle est corroborée par l'observation du
marché camerounais, sous la forme du role du « capital social
» par les travaux de NGOA TABI et NIYONSABA (2012) et servira donc de
tremplin à la solution à préconiser dans la
derniére partie de cette étude.
IV-2-2-2-Les critères quantitatifs ou credit
scoring
Comme dit dans notre cadre théorique, le credit
scoring est défini par EBER (2000) comme la «méthode
statistique d'évaluation du risque de crédit des demandeurs de
prêts ». Les modèles de credit scoring utilise les
données observées de l'emprunteur pour déterminer la
classe de risque à laquelle il appartient, ou bien sa probabilité
de défaillance. Il est intéressant de remarquer que les
données « hard » récoltées sont des induites du
comportement de l'emprunteur : fréquence de crédits
demandés, montants, remboursement plus ou moins dans les délais,
etc. Ces éléments nous permettront également de proposer
des solutions d'accès au crédit, au niveau de notre
troisième partie.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
TROISIEME PARTIE : L'OPTIMISATION DE L'ACCES AUX
CREDITS COURT TERME ET DE LA GESTION DE COMPTE COURANT
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L'optimisation de l'accès aux
crédits court terme et de la gestion du compte courant passe par des
méthodes d'ordre tant stratégique qu'opérationnel.
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CHAPITRE V : STRATEGIES D'OPTIMISATION DE L'ACCES
AUX FINANCEMENTS COURT TERME ET DE LA GESTION DU COMPTE
COURANT
V-1-Les stratégies d'accès aux
financements
V-1-1-La force de la relation basée sur le «
capital social » au sens de NGOA TABI & NIYONSABA SEBIGOUNDA (2012,
étude menée au Cameroun)
Le terme « capital social » au sens de NGOA
TABI & NIYONSABA SEBIGOUNDA (2012) : «Le capital social
est défini comme tout aspect de la structure sociale qui crée de
la valeur et facilite les actions des individus composant cette structure
sociale (Coleman, 1990). Il comprend des ressources acquises à travers
les relations, les associations, les réseaux telles que la confiance, la
logique de réciprocité, de coordination et de coopération
aux avantages mutuels (Chou, 2006). Pour Pierre Bourdieu (1980), le capital
social est l'ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont
liées à la possession d'un réseau durable de relations
plus ou moins institutionnalisées d'interconnaissance et
d'inter-reconnaissance. ».
Les critères retenus par NGOA TABI &
NIYONSABA dans le cadre de leur étude citée plus haut
sont explicités comme suit : «Le capital social est
capté par cinq indicateurs : le ratio de la main-d'oeuvre familiale, le
soutien gouvernemental, l'appartenance aux réseaux d'affaires, les
relations personnelles avec la banque cliente et le niveau du capital humain
prédominant dans l'entreprise ».
Le Tableau en Figure 18 ci-dessous
présente les résultats des travaux de NGOA TABI &
NIYONSABA (idem). Il en découle que par-dessus tout, la
relation passée avec la banque réduit de 71,4% la
probabilité de non-accès au crédit, corroborant ainsi la
pensée de SMONDEL (2011, PP28-29). L'appartenance d'une PME aux
réseaux d'affaires et associations réduit de 19,5% sa
probabilité de non-accès au crédit, tandis qu'un niveau du
capital humain amélioré la réduit de 11,4%. En outre, il
est à noter que selon les auteurs de l'étude, le critère
qui détériore le plus la probabilité d'accès au
crédit est l'opacité (qualité des états financiers,
etc.).
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
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Compte tenu de ce qui précède, l'entreprise
camerounaise désireuse d'améliorer son accès au
crédit, doit entretenir ses relations bancaires dans la durée,
l'étendue (montant des crédits reçus), et la longueur
(services annexes reçus de la banque) (SMONDEL, 2011).
L'appartenance aux réseaux d'affaires et associations
est également conseillée. En effet elle augmente la confiance des
cadres des banques vis-à-vis de ceux de l'entreprise, et la perception
des individus, dans le cadre des critères qualitatifs subjectifs
d'octroi de crédit, joue un rôle déterminant, comme
constaté dans la deuxième partie de travail (Les critères
d'éligibilité au financement).
Elle doit en outre améliorer la qualité de ses
états financiers et cela va de pair avec l'amélioration du niveau
du capital humain employé. En effet, d'une part, ces deux
critères rassurent sur la santé globale de l'entreprise et donc
sur sa santé financière aussi, et d'autre part, réduisent
l'asymétrie d'information et l'opacité de l'entreprise, qui, on
l'a vu, augmentent le risque de rationnement de crédit.
Cependant, si l'entretien de la relation avec la banque et
l'amélioration du niveau du personnel et des états financiers
participent du fonctionnement normal de l'entreprise, il n'en est pas de
même de l'appartenance aux réseaux d'affaires et associations, qui
a également un coût. Il revient à l'entreprise
d'opérer des choix optimaux, compte tenu des avantages découlant
de cette appartenance qui du reste se capitalise.
V-1-2-La stratégie de « gros client » et
le jeu de la concurrence
Dans le cadre du marché financier camerounais,
être perçu comme « gros client » à travers les
mouvements notamment créditeurs ainsi que la durée moyenne des
soldes créditeurs du compte de l'entreprise contribue également
à favoriser l'accès au crédit. Ainsi si l'entreprise n'a
que peu de mouvements créditeurs en nombre et en valeur, elle aurait
intérêt à n'ouvrir qu'un seul compte courant, afin de
maximiser sa « cote » aux yeux de la banque. Si par contre elle a des
mouvements créditeurs suffisants tant en valeur qu'en volume et en tout
cas en termes de solde créditeur moyen, il est optimal pour elle
d'ouvrir plusieurs comptes courants auprès de différentes
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sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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banques en veillant à ce que les flux entrant soient
suffisamment élevés pour chaque banque pour induire de la
considération. Ce faisant, elle bénéficierait :
-De l'image de « gros client » aux yeux de chacune
des banques auprès desquelles elle a un compte ;
-Du jeu de la concurrence : elle dispose de plusieurs sources
de financement entre lesquelles elle pourra arbitrer lorsqu'elle voudra
escompter ses effets ou emprunter ; mais aussi en cas de rationnement ou refus
d'octroi de crédit par une ou plusieurs de ces banques ;
-De la diversification du risque : elle n'aura pas mis tous ses
oeufs dans le même panier.
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Figure 18, NGOA TABI et NIYONSABA
(2012)
Source : Ngoa Tabi Henri & Niyonsaba Sebigunda Edson, 2012
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V-2-Politique optimale de gestion de compte courant :
forfaitisation ou standardisation ?
V-2-1-La forfaitisation comme mode idéal dans le
contexte camerounais
Dans la première partie de cette étude traitant
du cadre théorique (en III, Modalités de référence
de tenue de compte courant et d'accès au financement court terme), nous
avons vu que les conditions bancaires et les diverses commissions sont assez
complexes, même dans le cas pris comme référence, celui de
la France. Le suivi et la vérification des prélèvements et
des taux est de ce faite difficile. Or, il existe une possibilité de
négocier avec l'entreprise un taux forfaitaire unique de frais
liés à la tenue du compte courant, ainsi que d'une date de valeur
unique : il s'agit de la « forfaitisation », tandis que la
méthode classique est la « standardisation ».
D'autre part, dans la deuxième partie traitant des
caractéristiques et conditions du marché financier camerounais,
nous avons constaté qu'à la difficulté initiale de suivi
des conditions bancaires dont le professeur TOPSACALIAN et TEULIE (2013) ont
affirmé que « les entreprises, tout comme les particuliers, ont
généralement du mal à se retrouver dans ce qu'on appelle
communément `les conditions bancaires' », s'ajoutent une
difficulté supplémentaire : l'opacité et le non-respect de
la réglementation bancaire. Ainsi, dans cette « eau trouble »,
les banques pêchent parfois en toute illégalité
(création des frais et commissions sans fondement ; cf. deuxième
partie).
Dans ces conditions, afin de minimiser ou tout au moins de
maitriser ses coûts de tenue de compte, nous préconisons que
l'entreprise opte pour la forfaitisation.
V-2-2-Les avantages de la forfaitisation
En effet, la forfaitisation, dont l'acceptation par la banque
et les conditions dépendront de la relation de l'entreprise avec la
banque comporte au moins trois avantages :
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-Elle permet de minimiser les coûts liés à
la tenue de compte. En effet, l'entreprise échappera aux commissions
créées plus ou moins cachées que les banques
prélèvent ; ainsi qu'aux coûts cachés des packs tout
faits « à prendre ou à laisser » (cf. deuxième
partie).
-Elle permet de maitriser les coûts de tenue de compte :
l'entreprise peut prévoir d'avance ce qu'elle devra supporter comme
coût de tenue de compte pour une période donnée, compte
tenu des opérations prévues. En outre, elle peut a posteriori
vérifier aisément sur ses relevés la justesse des frais
supportés.
-Enfin la forfaitisation permet de consolider la « force
de relation bancaire » tant dans sa durée que dans son
étendue au sens de SMONDEL (2011). Et nous avons vu dans cette
troisième partie relative aux solutions d'optimisation que la force
de la relation bancaire contribue fortement à l'accès au
financement. Or, nous soutenions déjà dès la
première partie que la politique de compte courant est indissociable de
l'accès au crédit court terme.
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CHAPITRE VI : LES TECHNIQUES D'OPTIMISATION DE LA
GESTION DU COMPTE COURANT ET DE L'ACCES AUX FINANCEMENTS
VI-1-Techniques de réduction des coûts de
tenue de compte courant Nous avons, plus haut, préconisé la
forfaitisation comme mode de calcul des frais
de tenue de compte. Mais en l'absence de cette
dernière, l'entreprise pourra minimiser ses coûts à travers
la prise en compte des paramètres que nous présenterons
ci-dessous.
VI-1-1-La gestion des jours valeur
Dans les conditions bancaires présentées dans la
première partie, il a été défini des termes tels
que « date valeur », « jours calendaires », etc. Les dates
valeur sont loin d'être neutres dans la détermination des frais
bancaires. Ils contribuent à la réduction des
intérêts créditeurs en retardant la date de prise en compte
des opérations créditrices ; et à l'augmentation des
intérêts débiteurs en accélérant la prise en
compte des opérations débitrices. Ces dates valeur peuvent varier
selon les opérations et selon les banques. Aussi, dans le choix de sa
banque, l'entreprise devra en tenir compte, ainsi que lors des arbitrages entre
les différents modes de paiement.
Dans ses opérations quotidiennes, l'entreprise,
connaissant « l'heure de caisse », devra s'arranger autant que faire
se peut pour que ses opérations créditrices soient prises en
compte dans la journée de réalisation (c'est-à-dire pour
que la journée soit la « date d'opération » à
partir de laquelle se comptent les jours valeurs » ; (cf. première
partie, III). Car un jour de valeur gagné équivaut à
i/365 que multiplie le montant en jeu, où i
est le taux d'intérêt créditeur. Il en est de
même inversement et mutatis mutandis pour un jour de valeur
perdu. Car, pour une année, le nombre de jours de valeur perdus ou
« manqués de gagner » peuvent être assez
élevés et représenter un coût non négligeable
pour l'entreprise.
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VI-1-2-Les mouvements du compte et la commission du plus
fort découvert
Il conviendrait également pour l'entreprise de tenir
compte, relativement à la commission du plus fort découvert (CPFD
cf. première partie, III), du faite que cette dernière a un
impact maximal lorsque le solde du compte est ponctuellement
élevé pour un gros montant, tandis que l'impact est minoré
lorsqu'il y a utilisation régulière de découvert :
d'où l'idée de négocier ou de souscrire un pack existant
stipulant une mise à disposition d'un découvert permanent avec
des conditions préférentielles.
VI-2-Méthode d'arbitrage dans les choix de
financement court terme : Construction du modèle « Coûts
Actuels Probabilisés de Financement» (CAPF)
Le modèle « Coûts Actuels
Probabilisés de Financement» (CAPF) est un modèle
que nous avons construit dans le cadre de ce travail pour aider le
trésorier de l'entreprise à procéder à des
arbitrages entre les différents modes de financement à court
terme, et ainsi, optimiser son accès au financement. Le modèle
CAPF est un modèle qui tient compte, outre du niveau des taux
d'intérêt et d'escompte, de l'opportunité financière
(actualisation), et du risque inhérent aux effets de commerce
(probabilités). Car comme le souligne NDJANYOU (2001)
et à la suite du constat fait par KEYNES
(Traité sur la Probabilité, 1921) de
l'irrationalité des décisions des agents économiques due
au manque de mesurabilité du risque ; mais en prenant le contre-pied de
ce dernier, « [...] on peut établir le risque, le mesurer f,]
en un mot f,] la raison comme support de connaissance est ici
sauvegardée grâce au calcul probabiliste ».
VI-2-1-Les hypothèses du modèle CAPF
(1)-Le trésorier de l'entreprise, qui a un besoin
à financer, dispose des effets de commerce au moins équivalents
à son besoin de financement, négociables au taux le plus bas qui
lui soit proposé dans le cadre de ce financement ; il dispose
également du taux d'emprunt le plus bas qui lui soit proposé.
(2)-Le trésorier dispose, à partir de ses
propres statistiques, des données sur les probabilités relatives
au sort des effets qu'il a en portefeuille, et des jours moyens de retard de
règlement par les clients ; ou bien à des estimations de ces
paramètres pour un ou des effets spécifiques à
escompter.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
70
(3)-Nous sommes dans le cadre des prêts à
intérêts simples ; bien que des éléments des
coûts soient actualisés à la façon des
intérêts composés, afin de prendre en compte
l'opportunité financière.
(4)- Le non-règlement dans les délais d'un effet
escompté entraine immédiatement l'application du taux
d'intérêt d'emprunt.
(5)-Le trésorier de l'entreprise est certain de
rembourser tous les emprunts autres que par escompte qu'il contracte.
(6)-le taux d'escompte sans recours ou forfaiting
englobe tous les frais liés.
VI-2-2-La consistance du modèle CAPF
Etant donné :
-Trois choix possibles (A, « Ne pas
escompter, emprunter » ; B, « Escompter avec recours
» ; et C, « Escompter sans recours ») ;
-Trois situations probabilisées relatives aux
effets de commerce (1, « Dénouement normal »
; 2, « Dénouement avec retard » ; et
3, « Perte de la créance ») ; les trois
situations étant régies respectivement par les
probabilités Pn, Pr, et Pp.
L'on croise les choix (A, B, et C) et les
situations (1, 2, et 3) et l'on détermine le coût
actuel sur la base d'une unité monétaire
à chaque croisement, en actualisant certains
éléments le cas échéant.
Les coûts des croisements Ai et Bi (i variant de 1
à 3 et représentant les situations) sont chacun
pondérés par les probabilités Pn, Pr, et Pp relatives
à chaque situation.
Le coût k de chaque choix est
déterminé et on a les coûts kA, kB, et kC correspondant aux
choix A, B, et C (Confère FIG. 21, la
matrice des Coûts Actuels Probabilisés de Financement
CAPF).
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
71
VI-2-3-Les variables du modèle CAPF
Figure 19. Source: nous-même
Notation
|
Nom de la variable
|
Commentaires
|
I
|
Taux d'intérêt des emprunts
|
Le plus bas auquel le trésorier puisse accéder.
N'apparait pas dans le modèle. Sert à calculer i
|
i
|
Taux d'intérêt proportionnel à I
|
i = I/360
|
R
|
Taux utilisé comme taux d'actualisation
|
N'apparait pas dans le modèle. Sert à calculer r
|
r
|
Taux proportionnel à R utilisé comme taux
d'actualisation
|
r = R/360
|
E
|
Taux d'escompte avec recours affiché par le banquier
|
N'apparait pas dans le modèle. Sert à calculer e
|
e
|
Taux proportionnel à E d'escompte avec recours
affiché par le banquier
|
e = E/360. Sert à calculer le taux d'escompte
réellement appliqué (taux post-compté)
|
A
|
Taux d'escompte sans recours
|
Forfaitaire : Englobe tous les frais liés
|
n
|
Nombre de jours de prêt ou d'escompte
|
n en jours
|
nr
|
Nombre moyen de jours de retard de règlement
crédit clients
|
Déterminée sur la base d'observations
statistiques ou estimée pour le titre à négocier
|
Pn
|
Probabilité de dénouement normal de l'escompte
|
Déterminée sur la base d'observations statistiques,
ou
estimée pour le titre à négocier, telle
que : 0<=Pp<=1 et Pn+Pr+Pp=1.
|
Pr
|
Probabilité de dénouement de l'escompte avec un
retard nr
|
Déterminée sur la base d'observations
statistiques, ou estimée pour le titre à négocier, telle
que : 0<=Pp<=1 et Pn+Pr+Pp=1.
|
Pp
|
Probabilité de perte de créance liée
à l'effet de commerce
|
Déterminée sur la base d'observations statistiques,
ou
estimée pour le titre à négocier, telle
que : 0<=Pp<=1 et Pn+Pr+Pp=1.
|
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS, MAI 2015.
72
VI-2-4- La construction de la matrice des Coûts
Actuels Probabilisés de Financement CAPF
i) La logique de détermination des coûts
actuels
Figure 20. Source: nous-même
|
Dénouement normal de l'effet de
commerce
(Pondéré par Pn)
(1)
|
Règlement avec retard (Pondéré
par Pr)
(2)
|
Perte de la créance (Pondéré
par Pp)
(3)
|
« Ne pas escompter, emprunter
»
(A)
|
(i*n)/(1+r)^n (1)
(1)Coût de l'emprunt, actualisé. Il s'agit des frais
à débourser après n jours
|
[1/(1+r)^n]-[1/(1+r)^(n+nr)] (1)
+(i*n)/(1+r)^n (2)
(1) Dépréciation de l'effet due au paiement
tardif
(2) Coût de l'emprunt, actualisé.
|
1/(1+r)^n (1)
+(i*n)/(1+r)^n (2)
(1) Perte de l'effet dont la créance est
définitivement irrécouvrable
(2)Coût de l'emprunt, actualisé.
|
« Escompter avec recours »
(B)
|
e*n/[1-(e*n)] (1)
(1)Coût réel de l'escompte au taux avec recours
|
[1/(1+r)^n]-[1/(1+r)^(n+nr)] (1)
(i*n)(1-e)/(1+r)^n (2)
(1) Dépréciation financière (valeur
actuelle) de l'effet due au paiement tardif
(2)Intérêts à payer sur le montant
reçu, suite au non règlement de l'effet à
l'échéance, actualisés
|
1/(1+r)^n (1)
(i*n)(1-e)/(1+r)^n (2)
(1) Perte de l'effet dont la créance est
définitivement irrécouvrable
(2)Intérêts à payer sur le
montant reçu, suite au non
règlement de l'effet à l'échéance,
actualisés
|
« Escompter sans recours »
(C)
|
[1/(1+r)^n]-(1-A) (1)
(1)Coût actuel de l'escompte au taux sans recours ;
représenté par la différence entre la valeur actuelle de
l'effet à escompter et la somme reçue immédiatement du
prêteur, qui est une proportion de la valeur faciale de l'effet de
commerce.
|
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
73
ii) La matrice des Coûts Actuels
Probabilisés de Financement (CAPF)
Figure 21. Source: nous-même
|
Dénouement normal de l'effet
de commerce
(Pondéré par Pn)
(1)
|
Règlement avec retard (Pondéré
par Pr)
(2)
|
Perte de la créance (Pondéré
par Pp)
(3)
|
C.A.P.F
(Coûts Actuels Probabilisés de
Financement)
|
« Ne
pas escompter, emprunter »
(A)
|
(i*n)/(1+r)^n
|
[1/(1+r)^n]-[1/(1+r)^(n+nr)] +[(i*n)/(1+r)^n]
|
[1/(1+r)^n] + [(i*n)/(1+r)^n]
|
kA =
[Pn*(A1)+Pr*(A2)+Pp*(A3)]
|
« Escompt er avec recours
»
(B)
|
e*n/[1-(e*n)]
|
[[1/(1+r)^n]-[1/(1+r)^(n+nr)]] +[(i*n)(1-e)/(1+r)^n]
|
[1/(1+r)^n] + [(i*n)(1-e)/(1+r)^n]
|
kB =
[Pn*(B1)+Pr*(B2)+Pp*(B3)]
|
« Escompt er sans recours
»
(C)
|
[1/(1+r)^n]-(1-A)
|
kC = [1/(1+r)^n]-(1-A)
|
|
(*)NB : Dans les positions C1, , C3, il
n'y a pas de pondération car l'entreprise ne court aucun risque avec un
escompte sans recours bien que le taux soit (en principe) plus
élevé que dans le cas de l'escompte avec recours.
-La lecture de la matrice CAPF :
Exemple : Choix A : Si le
trésorier opte pour le choix A, les coûts qu'il est susceptible de
supporter sont déterminés par kA =
[Pn*(A1)+Pr*(A2)+Pp*(A3)], soit trois éléments de
coût correspondant aux trois éventualités
(dénouement normal de l'effet, dénouement en retard, et perte de
la créance), pondérées chacune par la probabilité
de sa survenance (respectivement Pn, Pr, et Pp).
Le modèle d'arbitrage de financement CAPF permettra au
trésorier de l'entreprise, compte tenu des taux qui lui sont accessibles
(taux d'intérêt, taux
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS, MAI 2015.
74
d'escompte avec et sans recours réels
déterminés), et du risque inhérent aux effets dans son
portefeuille (probabilités de retard et de perte de créance) ; de
choisir un type de financement qui soit optimal parmi les trois choix
possibles.
Bien plus, le modèle CAPF permettra de
déterminer à partir de quel niveau de risque (probabilité
de perte de créance objet de l'effet en portefeuille Pp), compte tenu du
taux A d'escompte sans recours généralement élevé,
choisir ce dernier type de financement. C'est-à-dire transférer
le risque de l'effet de commerce au prêteur.
VI-2-5-Test du modèle CAPF : Mise en évidence
de la viabilité et de la pertinence du modèle
Notre méthode ayant été
implémentée sur tableur EXCEL (FIG. 23), nous
distinguerons trois états pour chaque variable : « Faible »,
« Moyen », et « Elevé ». Les variables sont
qualifiées comme telles par rapport aux niveaux « actuels »
des données du marché. Nous ferons varier les données tour
à tour entre ces différents états. A chaque fluctuation
d'une ou de deux données, les autres prennent la valeur « Moyen
» correspondant aux données du marché financier camerounais
analysées dans la deuxième partie de ce travail, sauf pour Pn,
Pr, et Pp qui feront l'objet d'ajustement à chaque fois pour que la
somme des probabilités soit égale à l'unité.
Les valeurs fixées pour chaque état sont
consignées dans le tableau suivant (Fig 22) et leur
choix commenté.
Pour les taux I, E et R, les taux proportionnels correspondant
i, e et r sont déterminés automatiquement lors des calculs dans
le tableur EXCEL.
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
75
Figure 22. Source: nous-même
No tat io n
|
Nom de la variable
|
Valeurs de variables
|
Observations
|
Faible
(1)
|
Moyen (2)
|
Elevé
(3)
|
I
|
Taux d'intérêt des emprunts
|
7%
|
14,61%
|
18%
|
(1) Par rapport au taux créditeur du livret A
fixé par la BEAC et qui est autour
de 3%
(3) Le taux usuraire le plus élevé en 2013
est de 28,78% (Annexe III)
|
R
|
Taux utilisé comme taux
d'actualisation
|
5%
|
7,3%
|
15%
|
(3) Le TEG le plus élevé en 2013 est de
21,59% (cf. Annexe III)
|
E
|
Taux d'escompte avec recours affiché par le
banquier
|
6%
|
10,18%
|
15%
|
(3) Le taux usuraire le plus élevé en 2013
est de 28,78% (cf. Annexe III)
|
A
|
Taux d'escompte sans recours affiché par le
banquier
|
15%
|
25%
|
35%
|
Estimations : certaines banques à l'instar de la
SGC pratiquent l'affacturage mais disent que le taux est négociable
(cf. Annexe IV)
|
n
|
Nombre de jours de prêt ou d'escompte
|
30
|
90
|
210
|
Estimations
|
nr
|
Nombre moyen de jours de retard de règlement
crédit clients
|
7
|
15
|
30
|
Prise en compte de toutes les situations possibles
à travers les 3 états
|
Pn
|
Probabilité de dénouement normal de
l'escompte
|
0,5
|
0,82
|
0,95
|
Prise en compte de toutes les situations possibles
à travers les 3 états
|
Pr
|
Probabilité de dénouement de l'escompte
avec un retard nr
|
0,1
|
0,15
|
0,35
|
Prise en compte de toutes les situations possibles
à travers les 3 états
|
Pp
|
Probabilité de perte de créance
|
0,02
|
0,03
|
0,22
|
Prise en compte de toutes les situations possibles
à travers les 3 états
|
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS, MAI
2015.
76
Ayant donc implémenté notre méthode
à travers un tableur EXCEL, nous ferons fluctuer les variables
déterminantes de chaque choix (I, E, A, n et
Pp), afin de mettre en évidence la viabilité et
la pertinence de cette méthode à travers l'observation du
comportement des CAPF par rapport aux fluctuations des variables, en
Figure 24 plus bas.
Figure 23. Implémentation de la méthode
CAPF sur le tableur EXCEL. Source: nous-même
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
77
Figure 24. Tableau du test de la méthode CAPF.
Source: nous-même
TEST DE LA METHODE CAPF
|
I (Taux d'interet)
|
avec recours)
|
sans recours)
|
jours)
|
Pp (Probabilité de
perte créance)
|
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
Faible
|
Moyen
|
Elevé
|
|
7,00%
|
14,61%
|
18,00%
|
6,00%
|
10,18%
|
15,00%
|
15,00%
|
25,00%
|
35,00%
|
30
|
90
|
210
|
0,02
|
0,03
|
0,22
|
|
d'interet)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Elevé
|
18,00%
|
|
|
|
|
|
B
|
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
C
|
B optimal
|
avec
recours)
|
Faible
|
6,00%
|
|
|
|
B
|
|
|
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
C
|
C optimal
|
Moyen
|
10,18%
|
|
|
|
|
B
|
|
|
B
|
|
|
|
|
|
|
C
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
sans
recours)
|
Faible
|
15,00%
|
|
|
|
|
|
|
B
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
|
Moyen
|
25,00%
|
|
|
|
|
|
|
|
B
|
|
|
|
|
|
|
C
|
|
Elevé
|
35,00%
|
|
|
|
|
E (Taux d'escompte
|
|
|
A (Taux d'escompte
|
|
|
n (Nombre de
|
BBBBBBB
|
|
|
|
|
de jours)
|
Faible
|
30
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
B
|
|
|
B
|
B
|
B
|
|
Moyen
|
90
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
B
|
|
B
|
B
|
C
|
|
Elevé
|
210
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
|
I (Taux
créance)
|
Faible
|
0,02
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
B
|
|
C
|
|
Faible
Moyen
|
7,00% A
0,03
|
|
|
|
B
|
A
|
A
|
A
|
A
|
A
|
A
|
A
|
A
|
A
|
A
B
|
LEGENDE
|
Moyen
Elevé
|
14,61%
0,22
|
|
B
|
|
B
|
B
|
A
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
|
C
C
|
A optimal
|
B
B
B
B
E (Taux
d'escompte
B
B
B
B
B
B
B
B
Elevé
15,00%
A
A
A
A
A
A
A
A
A
C
A (Taux
d'escompte
B
B
B
B
B
B
B
B
B
B
Pp
(Probabilité
Nota : La diagonale du tableau
représente les cas où une variable fluctue seule, toutes
les
autres restant à l'état « Moyen
».
Interprétation des résultats du test
:
n (Nombre
B
B
B
1-Le choix B (« Escompter avec recours ») est celui
qui se trouve être le plus souvent optimal (72 fois sur 105, soit
68,6% des cas) car son taux en moyenne est le plus faible.
de perte
2-Lorsque I est Faible (ici à 7%) ceteris
paribus (toutes les autres variables étant à l'état
« Moyen »- diagonale du tableau-), le choix A est optimal car les
taux E (moyen à 10.18%) et A (moyen à 25%) sont alors tous
supérieurs à I.
3-Tant que I est faible (7%), le choix A est optimal
jusqu'à ce que E devienne Faible ou que Pp devienne Elevée. Car E
Faible (6%) est inférieur à I ; et Pp Elevée vient
augmenter les coûts des choix A et B à travers la perte de
créance.
4-Tant que le taux E est Elevé (15%), le choix A est
optimal car I moyen est à 14.61%.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS, MAI 2015.
78
5-Tant que Pp est Elevée, le choix C est optimal sauf
lorsque n est Faible ou que le taux A est
Elevé. En effet, le coût du choix C décroît lorsque n
croît, à cause de l'actualisation de l'effet à
escompter.
VI-2-6-Les enseignements pratiques du modèle
CAPF
1) Dans les conditions normales (relativement au
marché financier camerounais), le choix dominant est le choix B
(« Escompter avec recours ») dans l'ensemble des variations
ci-dessus. Il s'ensuit que l'entreprise gagnerait à exiger de
ses débiteurs autant que faire se peut, des effets de commerce afin
d'accéder plus facilement au financement et à un taux plus bas,
les banque préférant les prêts objectifs
(TOPSACALIAN et TEULIE, 2013).
2) Le choix B expose l'entreprise, en cas de non
règlement de l'effet dans les délais, à supporter un
coût plus élevé (dans une mesure qu'expriment Pr et Pp).
Ainsi, l'entreprise devrait négocier des effets dont elle a une
plus grande certitude quant à leur règlement dans les
délais (cf. FIG 20 et 21).
3) L'option pour le choix A («Emprunter, ne pas
escompter ») lorsque l'entreprise dispose des effets susceptibles
d'être négociés a un coût
d'opportunité par rapport au choix B, le taux d'emprunt
étant plus élevé que celui de l'escompte ; et par rapport
au choix C, notamment lorsque Pp (la probabilité de perte de
créance) est élevée.
4) Le choix C (« Escompter sans recours »)
dévient optimal dès que Pp la probabilité de perte de
créance dévient élevée. Le seuil à
partir duquel il est opportun de transférer le risque dépend de
Pp et du niveau du taux A, mais aussi des autres taux et données entrant
dans ce modèle.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
79
VI-2-7-La portée théorique du modèle
CAPF
Notre modèle pourrait faire l'objet de
développements mathématiques et donner lieu à
détermination de la fonction d'optimisation des choix de financement
à court terme avec ses paramètres et critères à
travers une lecture globale de la matrice CAPF.
De plus, à travers une analyse ponctuelle d'un ou de
plusieurs éléments des coûts, des enseignements ou
fonctions pertinentes peuvent être tirés.
Néanmoins, dans le cadre de ce travail, nous avons
privilégié le résultat pragmatique immédiat, qui
peut être implémenté comme nous l'avons fait, à
l'aide d'un simple tableur de type EXCEL (cf. Fig.23 ci-dessus et
Annexe I, CAPF)
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
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80
CHAPITRE VII : AXES DE REFLEXION DANS LE SENS
D'UNE AMELIORATION DU FONCTIONNEMENT DU MARCHE FINANCIER CAMEROUNAIS ET
DE L'ACCES DES ENTREPRISES AUX FINANCEMENTS
Nous présenterons nos suggestions sur
deux plans principaux : le plan règlementaire et le plan
institutionnel.
VII-1-Sur le plan réglementaire
VII-1-1-La fixation de canevas des garanties à
exiger par type et terme de crédit.
Le Professeur Désiré AVOM et le Docteur Ahmadou
BOBBO (2013, P9) (Université de Yaoundé II) affirment que, dans
la CEMAC, les exigences de garantie ne sont pas règlementées,
mais laissées à la discrétion des banques, alors
même que beaucoup d'entreprises ne peuvent satisfaire aux garanties
exigées qui sont assez élevées. Aussi, nous disons tout
comme AVOM et BOBBO (2013) implicitement, qu'il serait souhaitable de
règlementer les garanties à exiger des PME notamment par type et
terme de crédit. Cela limiterait en effet le screening qui mène
presque systématiquement au rationnement de crédit (cf.
première partie), les PME et TPE ne pouvant offrir les garanties
exigées par les banques compte tenu de la perception qu'ont ces
dernières du risque de celles-là.
VII-1-2-La répression du délit
d'initiés et de certaines ententes illicites.
Afin de faire jouer pleinement la concurrence en faveur
à la fois des clients des banques et du développement du
marché financier, il serait souhaitable de prévenir et de
réprimer systématiquement et conformément aux textes en
vigueur, toute pratique de délit d'initiés ou d'entente illicite
quelconque de la part des acteurs du marché financier.
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l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
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81
VII-2-Sur le plan institutionnel : Le renforcement du
rôle de la COBAC et l'opérationnalisation des instances
créées en vue d'accompagner les PME.
Bien que le Ministère des Finances au Cameroun
détienne des prérogatives en termes de contrôle de
l'activité bancaire, ce dernier est moins bien organisé et en
tout cas moins disponible pour jouer pleinement son rôle dans ce sens.
Or, la COBAC, qui est l'organe de la CEMAC en charge du
contrôle du système bancaire, jusqu'ici base son action sur le
contrôle prudentiel destiné à prévenir la faillite
des banques et, partant, du système bancaire dans la sous-région.
S'agissant du respect de la règlementation bancaire relative aux
conditions générales du marché bancaire, il nous semble
qu'elle a la main quelque peu légère alors même que la
Convention de sa création (Yaoundé, 16/10/1990) en son
article 7 bis stipule que « La Commission Bancaire[la
COBAC] est chargée, dans les conditions fixées en annexe, de
veiller au respect par les établissements de crédit des
dispositions législatives et réglementaires
édictées par les Autorités, par la Banque ou par
elle-même et qui leur sont applicables, et de sanctionner les manquements
constatés ». Un rôle plus actif de la COBAC en termes de
répression du non-respect de la réglementation relative aux
conditions bancaires serait recommandable.
La banque des PME, créée en 2011, elle, a pour
mission de financer les PME en phase de croissance, tandis que l'Agence de
Promotion des PME, créée en 2013, quant à elle, a pour
mission l'accompagnement des PME dans leur gestion en termes de conseils et de
formation. Or, ces deux institutions n'ont toujours pas réellement
démarré leurs activités. Il serait donc judicieux qu'elles
accomplissent les missions qui leur sont dévolues.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
82
CONCLUSION
La présente étude, dont le thème est «
L'optimisation de l'accès au financement
court terme et de la gestion du compte courant au sein des PME
au Cameroun » avait pour ambition d'examiner les conditions d'accès
aux crédits court terme au Cameroun, et le cas échéant, de
fournir des méthodes d'optimisation dudit accès.
A travers la méthodologie explicitée dans la
première partie, nous avons procédé à l'analyse
tant du marché financier camerounais que de ses conditions, et, à
la lumière de la pensée scientifique financière en la
matière et de notre modeste imagination, nous avons abouti aux
résultats suivants :
-Le marché financier camerounais étant peu
développé et les capitaux atomiques (très petites
entreprises), les coûts et les conditions d'accès aux
crédits court terme sont élevés pour les premiers et
difficiles pour les secondes (TEG élevé par rapport au
Sénégal et à la France, ratios d'octroi de crédit
révélateurs de rationnement). Constat du reste conforme à
la pensée de BECK et DEMIRGUC-KUNT (2006 ; 2931 et
2936), cités dans le cadre théorique de cette étude.
-L'accès au financement court terme et son optimisation
sont tributaires de la politique de compte courant adoptée ;
-L'optimisation de l'accès au financement court terme
et des coûts liés à la gestion du compte courant
relèvent tant du stratégique que de l'opérationnel
:
*Sur le plan stratégique, nous avons
notamment préconisé « la force de la relation bancaire
» et le rôle du « capital social » au sens de NGOA
TABI & NIYONSABA (2012), sur la base des
conclusions pertinentes tirées de l'étude que ces derniers ont
menée au Cameroun en 2012 ; pour faciliter et optimiser l'accès
au crédit. Dans la même veine, nous avons proposé la
stratégie de « gros client ». Et, comme mode de
gestion des conditions bancaires, nous avons préconisé la
forfaitisation, compte tenu de l'état et des conditions du marché
financier.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
83
*Sur le plan opérationnel, nous avons
notamment construit un modèle nommé CAPF (Coûts
Actuels Probabilisés de Financement) d'optimisation des
coûts d'accès aux financements court terme, qui tient compte
à la fois de l'opportunité financière et de
l'opportunité d'escompte d'effets commerciaux, compte tenu de leurs
risques. Des enseignements en ont été tirés.
Néanmoins, nos résultats ci-dessus pour peu
contestables qu'ils soient, n'en échappent pas plus à la
critique :
-Relativement à la vérification de nos
hypothèses, des séries plus longues de données auraient
aidé à mieux en affiner la démonstration. Par exemple,
plus de données sur les taux et TEG aurait pu donner lieu à la
détermination d'un trend, voire d'une formule de prédiction
à travers une méthode quelconque de régression. De plus,
la mesure de l'accès au financement par le ratio Nombre de
comptes débiteurs/Nombre total des comptes est basé
sur des données instantanées (septembre 2013), une plus longue
série de données, avec détermination des ratios moyens
aurait été plus pertinente. En outre, dans l'ensemble, des
données plus actuelles auraient été souhaitables. Ces
insuffisances sont justifiées dans la partie consacrée aux
limites de ce travail, dans la première partie.
-Relativement à nos solutions, la « force de
la relation bancaire », la stratégie de « gros client
», et la forfaitisation que nous avons préconisées sont
soumises à des conditions de capacité de la PME. C'est pourquoi
nous avons suggéré dans le chapitre 7 dernier, quelques axes de
réflexion qui ont trait au respect de la réglementation du
marché et à l'accompagnement des PME tant en financement qu'en
conseil et formation (répression du non-respect de la
règlementation et régulation des garanties ;
opérationnalisation de la Banque des PME et de l'Agence nationale de
Promotion des PME), afin de rendre les PME plus « capables ».
Ainsi le problème du financement des PME est, à
la base et avant tout, un problème de capacité : « On ne
prête qu'aux riches », a-t-on coutume de dire.
La question qui découle de ce qui précède
est celle de savoir quelles sont les conditions de l'avènement d'une
meilleure « capacitation » à l'égard de l'accès
aux crédits, des PME au Cameroun, et d'un marché financier plus
intégré.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
84
BIBLIOGRAPHIE
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www.erudite.univ-paris-est.fr/.../atm-2013-communications-full-papers/?...)
B
2 - BECK, T. et DEMIRGUC-KUNT, A., 2006, «
Small and medium-size enterprises : access to finance as a growth constraint
»
3 -BERGER et GOULDING, 2013 ; « Do small
businesses still prefer community banks ? »
4 -BESTER, H. (2008) ; « Screening vs.
Rationing in Credit Markets with Imperfect Information ». Author(s):
Source: The American Economic Review, Vol. 75, No. 4 (Sep., 1985), pp. 850-855
Published by: American Economic Association Stable. URL:
http://www.jstor.org/stable/1821362
Accessed: 16/10/2008 10:11
E
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clientèle et exclusion bancaire »
Revue d'économie financière Année
2000 Volume 58 Numéro 3 pp. 7996
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecofi_0987-3368
2000 num 58 3 3482
F
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
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Sciences Economiques et de Gestion-Université de Dschang, Cameroun)
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Camerounaise: l'exigence d'une analyse spécifique du risque »
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Montclair State University Upper Montclair, New Jersey 07043.
8 -NGOA TABI, H. et NIYONSABA SEBIGUNDA, E.
(2012), « Accès au Crédit Bancaire et Survie des PME
Camerounaises : Le Rôle du Capital Social » ; Centre d'Etudes et
de Recherche en Economie et Gestion Université de Yaoundé II
-Rapport de Recherche du FR-CIEA No 27/12
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Implications of the Co-existence between the Standardized Approach and the
Internal Ratingsbased Approach »
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12- SMONDEL, A., 2011 « Comment les banques
octroient les crédits aux PME ? », Université
Paris-Dauphine, Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion
(Arrêté du 07/08/2006).
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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édition », Vuibert, septembre 2013, 923 pages.
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Intermediation, and Equilibrium Credit Rationing », Journal of
Monetary Economics, No 18, p. 159-179.
B-Publications des Institutions
15- BCEAO (Rapport 2012), « Les taux d'intérêt
débiteurs dans les pays de
l'UEMOA : une amélioration progressive des conditions
appliquées par les banques » ; Source : (Banque de France, Rapport
annuel de la zone franc 2012).
16- COBAC (Rapport 2012), « Architecture de la tarification
des services bancaires dans la CEMAC 2011-2012 »
17- INS, 2009 (Institut National de la Statistique), «
Recensement général des entreprises 2009 »
18- INS, 2012 (Institut National de la Statistique), «
Enquête annuelle dans les entreprises en 2012 »
19- MINFI (Ministère des Finances) Cameroun, Direction
Générale du Trésor "Bulletin trimestriel sur le secteur
financier camerounais" N° 011, Mars 2015.
C- Textes divers
20- Arrêté n°0000005/MINFI de la 13/01/2011
portante institution du service bancaire minimum garanti
21- Arrêté n° 00000010 du 23/01/2013 portant
détermination TEG 2013 au Cameroun
22- Arrêté n° 0000005/MINFI du 13/01/2011
portant institution du service bancaire minimum garanti au Cameroun.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
23-
87
Communiqué de presse du Ministre des Finances Cameroun du
14/11/2013 sur les TEG moyens du premier semestre 2013 au
Cameroun
24- Convention création COBAC du 16/10/1990 à
Yaoundé, Cameroun
25- Convention portant harmonisation de la réglementation
bancaire dans les Etats de l'Afrique Centrale du 17/01/1992 à Douala,
Cameroun.
26- Règlement n°02/00/CEMAC/UMAC/CM du 29 avril
2000- Réglementation des changes
27- Règlement CEMAC N° 02/CEMAC/UMAC/CM du
02/10/2012 portant définition et répression de l'usure
28- Règlement CEMAC N° 01/CEMAC/UMAC/COBAC portant
conditions d'exercice et de contrôle de l'activité de
microfinance.
D- Webographie
29- Banque de France, coût du crédit aux
entreprises France (
https://www.banque-france.fr/.../Stat-Info-Coût
-du-credit-aux-entreprises...)
30- CameroonWebNews(
http://cameroonwebnews.com/2013/11/04/cameroun-763-milliards-fcfa-de-surliquidite-bancaire/)
31- Crédits distribués par les banques :
http://www.banque-france.fr/fileadmin/statistiques/fr/base/html/tmf
trim detail fr crdtauxres.html
32- Dépôts auprès des banques :
http://www.banque-
france.fr/fileadmin/statistiques/fr/base/html/tmf_trim_detail_fr_depotbancec.html
33- DJOBEY Consulting
(
http://www.djobeyconsultingcorporation.com/2013/05/comment-eviter-la-faillite-dune.html)
34- Etablissements de Microfinance fermés : Site INVESTIR
AU CAMEROUN (
http://www.investiraucameroun.com/finance/1402-5056-cameroun-84-etablissements-de-microfinance-illegaux-sommes-de-cesser-leurs-activites)
- Thu 05 March 2015 - Yaoundé : 23:16
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
35- Microfinance au Cameroun
http://www.mixmarket.org/mfi/country/Cameroon?gclid=CLHn
6KaksQCFYgIwwodd KgA6g
36- Rapport COBAC 2012 (2013), « Architecture de la
tarification des services bancaires 2011-2012 » (
https://www.beac.int/download/Rap
condi banqs 2012.pdf)
37- Règlementation de la microfinance
https://www.beac.int/download/reglementationmicrofinance.pdf
38- Règlement CEMAC TEG
https://www.conseilnationalducredit.cm/images/tele/REGLEMENT
CEMAC TEG.pdf
39- Services bancaires CEMAC :
https://www.beac.int/download/tarification
%20servbanc CEMAC.pdf
40- 16ème ASSEMBLEE ANNUELLE DU COMITE DES SUPERVISEURS
DE BANQUES DE L'AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE (
https://www.beac.int/download/supervisionbancaire
CEMAC.pdf)
88
(c)ALIOU ADAMOU BELLO (e-mail : aliouad@
yahoo.fr),
mai 2015. Yaoundé, Cameroun.
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
ANNEXES
Annexe I : la méthode CAPF et son test
La Méthode CAPF implémentée sur
tableur EXCEL Source : nous-même
Test de la méthode CAPF
C optimal
B optimal
LEGENDE
A optimal
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I (Taux d'interet)
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E (Taux d'escompte
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A (Taux d'escompte
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n (Nombre de
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Pp (Probabilité de
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avec recours)
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sans recours)
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jours)
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perte créance)
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TEST DE LA METHODE CAPF
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Faible
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Moyen
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Elevé
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Faible
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Moyen
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Elevé
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Faible
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Moyen
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Elevé
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Faible
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Moyen
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Elevé
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Faible
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Moyen
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Elevé
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Faible
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7,00% A
|
7,00%
|
14,61%
|
18,00%
|
6,00%
B
|
10,18%
A
|
15,00%
A
|
15,00%
A
|
25,00%
A
|
35,00%
A
|
30
A
|
90
A
|
210
A
|
0,02
A
|
0,03
A
|
0,22
C
|
I (Taux
d'interet)
E (Taux
|
Moyen
|
14,61%
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B
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B
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B
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A
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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C
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Elevé
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18,00%
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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C
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Faible
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6,00%
|
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
|
B
|
C
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d'escompte
avec
recours)
|
Moyen
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10,18%
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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B
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C
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Elevé
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15,00%
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A
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A
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A
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A
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A
|
A
|
A
|
A
|
A
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C
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A
(Taux d'escompte sans recours)
créance)
|
Faible
Faible
|
15,00%
0,02
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B
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B
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B
|
B
|
B
B
|
B
|
C
C
|
Moyen
Moyen
|
25,00%
0,03
|
|
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B
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|
B
|
B
|
B
|
B
|
B
B
|
Elevé
Faible
Elevé
|
35,00%
30
0,22
|
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|
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B
|
B
B
|
B
|
B
|
B
B
B
B
|
B
B
C
|
89
B
B
C
B
B
C
Source : nous-meme
n (Nombre
de jours)
Moyen
90
B
Elevé
210
B
Pp
(Probabilité
de perte
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun »,
ALIOU ADAMOU BELLO, KEDGE BS, MAI 2015.
90
ANNEXE II. Service bancaire minimum garanti. Source :
MINFI/DGTCFM
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
91
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
92
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
93
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
94
Annexe III. TEG et taux d'usure premier semestre 2013.
Source : MINFI/DGTCFM
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
95
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
96
Annexe IV Conditions des banques. Sources :Sites
internet des banques sauf indication contraire
BICEC. Source : site BICEC
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
97
SGC Société Générale Cameroun. Source
: site SGC
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
98
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
99
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
100
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
101
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
102
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
103
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
104
SOURCE : ALTER ECO N° 106 du 7 au 21 avril 2015
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
Thu 05 March 2015 - Yaoundé : 23:16
http://www.investiraucameroun.com/finance/1402-5056-cameroun-84-etablissements-de-microfinance-illegaux-sommes-de-cesser-leurs-activites
Cameroun : 84 établissements de microfinance
«illégaux» sommés de cesser leurs
activités
vendredi, 14 février 2014 03:06
microfinance
Alamine Ousmane Mey
Agrément
Au terme de contrôles effectués sur le terrain par
ses collaborateurs, le ministre camerounais des Finances, Alamine Ousmane Mey
(photo), vient de rendre publique une liste de 84 établissements de
microfinance ne disposant pas l'agrément requis pour l'exercice de cette
activité.
En «déclinant toute responsabilité pour tous
les préjudices et autres conséquences que pourraient subir les
clients de ces structures», le Ministre Ousmane Mey enjoint «les
promoteurs de ces différentes structures, de procéder sans
délai à leur fermeture. Faute de quoi, il se réserve le
droit de prendre à leur encontre toutes les sanctions prévues par
la réglementation en vigueur».
Officiellement, le Cameroun compte environ 500
établissements de microfinance agréés par le
ministère des Finances. Leur installation jusque dans les zones rurales
a contribué ces dernières années à faciliter
l'accès des populations rurales aux services bancaires.
19-07-2013 - Le gouvernement camerounais retire les
agréments à 33 établissements de microfinance
02-05-2013 - Un budget de 21 milliards de FCFA pour
dynamiser le secteur de la microfinance Cacophonie dans le secteur de la
microfinance au Cameroun
Les PME camerounaises asphyxiées par des taux
d'intérêts bancaires «les plus
élevés»
105
Annexe V. Microfinance peu fiable. Source : site
« Investir au Cameroun »
Thèse MSc Finance : « L'optimisation de
l'accès au financement court terme et de la gestion de compte courant au
sein des PME au Cameroun », ALIOU ADAMOU HELLO, KEDGE HS, MAI 2015.
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