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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC.

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par Hermann Blondel AJOULIGA DJOUFACK
Université de Dschang - Master 2 2016
  

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REPUBLIC OF CAMEROON PEACE-WORK-FATHERLAND

***********

REPUBLIQUE DU CAMEROUN PAIX-TRAVAIL-PATRIE

***********

UNIVERSITE DE DSCHANG

UNIVERSITY OF DSCHANG

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ECOLE DOCTORALE

POST GRADUATE SCHOOL

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********

LA DSCHANG SCHOOL OF
ECONOMICS AND MANAGEMENT

LA DSCHANG SCHOOL OF
ECONOMICS AND MANAGEMENT

*****

*****

EFFICIENCE DES DEPENSES PUBLIQUES DE SANTE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN ZONE CEMAC.

Mémoire présenté en vue de l'obtention du diplôme de Master of sciences (M.S.C) en sciences économiques

Option : Economie Publique Par :

AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel

Matricule CM-UDS-13SEG1373
Maître ès Sciences Economiques

Sous la direction du:

Dr. NKENGFACK Hilaire

Chargé de cours FSEG, Université de Dschang

JUILLET 2016

MEMOIRE DE MASTER

THEME : EFFICIENCE DES DEPENSES PUBLIQUES DE SANTE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN ZONE CEMAC.

Mémoire présenté en vue de l'obtention du diplôme de Master of sciences (M.S.C) en sciences économiques

Option : Economie Publique Par :

AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel

Matricule CM-UDS-13SEG1373
Maître ès Sciences Economiques

Sous la direction du:

Dr. NKENGFACK Hilaire

Chargé de cours FSEG, Université de Dschang

JUILLET 2016

FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL

Je soussigné AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel, matricule CM-UDS-13SEG3373 atteste que le présent mémoire intitulé : « EFFICIENCE DES DEFENSES PUBLIQUES DE SANTE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN ZONE CEMAC1r est le fruit de mes propres travaux de recherche effectués à l'Université de Dschang sous la direction du Dr. NKENGFACK Hilaire, Chargé de cours à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l'Université de Dschang.

Ce mémoire est authentique et n'a pas été antérieurement présenté pour l'acquisition de quelque grade que ce soit.

Nom signature de l'auteur

AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel

Date ..4 l..P5..I...+ 116

Nom et Visa .lire eur

Nom et visa du Coordonnateur des Master

 
 

Dr. NKENGFAC Hilaire Pr. NGOUHOUO Ibrabrim

Date Date

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

TABLE DES MATIERES

TABLE DES MATIERES . i

DEDICACES v

REMERCIEMENTS vi

LISTE DES ACRONYMES .vii

LISTE DES TABLEAUX ..ix

LISTES DES FIGURES ...x

LISTE DES ANNEXES ..xi

RESUME xii

ABSTRACT xiii

CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE 1

I.1. Contexte de l'étude

.1

I.2. Problématique

.4

I.3. Objectifs de l'étude

.6

I.4. Hypothèses de l'étude

6

I.5. Intérêt de l'étude

.6

I.6. Plan de l'étude

.7

CHAPITRE II : DEPENSES PUBLIQUES DE SANTE ET ETAT DE SANTE EN

 

ZONE CEMAC

8

 

II.1. Evolution des dépenses publiques de santé en zone CEMAC

8

II.2. Etat de santé en zone CEMAC

10

II.3. Dépenses publiques de sante et état de santé en zone CEMAC

14

 

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel

i

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel II

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

CHAPITRE III : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA LITTERATURE...16

III.1. Cadre conceptuel 16

III.1.1. Dépenses publiques . 16

III.1.2. Concept de croissance économique .17

III.1.3. Notion d'efficience et généralités sur les modèles de frontière 18

III.1.3.1. Clarification du concept d'efficience ..19

III.1.3.1.1. Efficience technique et efficience allocative 20

III.1.3.1.2. Efficience d'échelle et efficience technique pure 22

III.1.3.2. Généralités sur les modèles de frontière .24

III.1.3.2.1. Méthodes paramétriques ..22

III.1.3.2.2. Méthodes non paramétriques 25

a. La méthode Free Disposable Hull (FDH) 26

b. La méthode Data Envelopment Analysis (DEA).28

III.2. Revue de la littérature théorique

34

III.2.1. Les fondements théoriques de l'intervention de l'Etat

34

III.2.2. Théories de la croissance endogène

..36

III.3. Revue de la littérature empirique

..38

III.3.1. Littérature empirique sur la mesure de l'efficience

..38

III.3.2. Dépenses publiques et croissance économique

.40

CHAPITRE IV : METHODOLOGIE

43

IV.1. Nature et source de données

..43

IV.2. Spécification des modèles

.43

IV.2.1. Mesure de l'efficience

43

IV.2.1.1.L'estimation Statique

45

IV.2.1.2.L'estimateur DEA-Malmquist

47

a. L'indice de Malmquist orienté output

.47

b. L'indice de Malmquist orienté input

...48

 

IV.2.2. Efficience et croissance

49

IV.2.2.1. Présentation du modèle de base

50

IV.2.2.2. Modèles économétriques

..52

IV.3. Choix des variables

53

IV.3.1. Variables relatives aux scores d'efficience

...53

IV.3.2. Variables relatives aux modèles économétriques

53

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel iii

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

IV.4. Tests de spécification

56

IV.4.1. Les tests préliminaires

56

a. Le test d'homogénéité

.56

b. Le test d'hétéroscédasticité

.56

c. Le test d'autocorrélation de Wooldridge

.56

d. Le test de stationnarité ou de racine unitaire

...57

e. Le test de spécification de Hausman

...57

IV.4.2. Les tests de significativités

...57

a.Le test de Student

.57

b.Le test de Fischer

.58

CHAPITRE V : RESULTATS ET DISCUSSIONS

59

V.1. Estimation des scores d'efficience des dépenses publiques de santé dans la zone

CEMAC ..59

V.1.1. Présentation des résultats 59

V.1.2. Interprétations économiques 61

V.2. Impact des scores d'efficience des dépenses de santé sur la croissance

économique dans l'espace CEMAC ..62

V.2.1. Résultats des tests préliminaires .63

a. Résultats des tests d'homogénéité .63

b. Résultats des tests d'hétéroscédasticité ..63

c. Résultats des tests d'autocorrélation ..64

d. Résultats des tests de racine unitaire ..65

V.2.2. Résultats et interprétations des estimations 65

a. Résultats des estimations des modèles par les MCGF 65

b. Interprétations des résultats des coefficients des variables 67

CHAPITRE VI : CONCLUSION GENERALE ET IMPLICATIONS DE

POLITIQUES ECONOMIQUES 70

VI.1. Conclusion générale

70

VI.2. Implications de politiques économiques

71

VI.3. Limites de l'étude

73

VI.4. Perspectives de recherches futures

.73

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel iv

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

BIBLIOGRAPHIE ..75

ANNEXES 82

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel v

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

DEDICACES

Je dédie ce travail à :

Ma mère Blandine MASSEMO pour son amour inconditionnel, son soutien, et tous ses sacrifices qui m'ont toujours réchauffé le coeur et permis d'avancer dans les moments difficiles. Que ce modeste travail soit le début de mes récompenses envers elle.

Mon papa Ambroise DJOUFACK qui a su me transmettre l'appétit du savoir et la

persévérance face aux difficultés.

Ma tante Florentine MAKEMTEU pour son amour, sa confiance et toutes les valeurs qu'elle a pu m'enseigner qui m'ont toujours animé d'un profond

désir de me réaliser.

A la mémoire de ma grande tante Clotilde DJILEMO qui a toujours été un modèle de labeur et de persévérance qui m'ont toujours accompagné.

Mon frère Ivan Pavel NANFO et ma soeur Sandra MATEGOU, qu'ils retrouvent en ce modeste travail un exemple à suivre.

Mes oncles et tantes. Mes cousins et cousines.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel vi

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

REMERCIEMENTS

Rédiger un mémoire de master requière patience, minutie et surtout ardeur au travail. Nous disons communément chez nous qu'« une seule main ne peut nouer un paquet » ; ainsi, avant de débuter ce travail, j'adresse mes humbles remerciements aux :

* Au Dr. Hilaire NKENGFACK, qui a accepté sans hésiter de diriger cette thèse avec beaucoup d'abnégation, d'objectivité et de rigueur ; malgré quelques réticences et lenteurs de ma part. Recevez nos remerciements infinis pour votre soutien et patience.

* Au Pr. François KAMAJOU pour nous avoir initiés aux rouages de la recherche scientifique, ses conseils, suggestions et sens pratique de la recherche ont été particulièrement profitables au développement de ce travail.

* Au corps enseignant de la Faculté de Sciences Economique et Gestion de l'Université de Dschang pour la qualité de l'enseignement reçus pour la réussite de ma formation.

* A papa Victor DONFACK qui m'a toujours soutenu psychologiquement, moralement et financièrement tout au long de mon enfance et continu à le faire.

* A mes camarades de classe et promotionnaires Yollande TANKEU, Abdel Hakim MAHMOUD, Gilbert AYIMALEH, Saubaber LONGANG, Dickson LELE, Linda ZANFACK, Ismaël POULIBE, Parfait MATIKE, Andromaque YONKEU, et Michael MBANJO. En particulier à Marius SAHA qui a été pour moi un ami indéfectible depuis mon arrivée à l'Université de Dschang.

* A toute ma fratrie : Divine, Ferlinz, Benjamin, Michael, Cristabelle, Keulie Falonne, Christelle, Edwige, Myriam, Glwadis, Anderson, Loïc, Jenner, Edeen et Touré. Recevez toute ma gratitude pour votre soutien et l'intérêt que vous manifesté pour ce que je fais, me va droit au coeur.

* A une amie très chère Laury Gabine DEMANOU, pour son dévouement, ses encouragements et son soutien moral tout au long de ce travail.

* Aux amis pour leurs éclats de rire, leurs mots justes qu'ils savent trouver pour me rassurer, et qui ont créé à mes côtés, une ambiance de bonne humeur rendant ainsi plus digeste le stress et l'ardeur de la tâche. Je pense ainsi à : Stanislas TADZON, Patrick TONGO, Boris FOUNDJEU, Christian KUISSOU, Firmine NJOUEMI, Manuella CHIWENG, Albert NDONGMO, Eliane KOWO, Franka FONCHAM, Bicass MIANFO, Clément MBIAYA, et Yul FOGUE.

* Je ne saurais refermer cette page sans remercier le Seigneur TOUT-PUISSANT pour m'avoir accordé la santé, le courage et la force d'accomplir ce travail. Que ce mémoire soit le témoignage de sa grâce dans ma vie.

* Enfin à tous ceux que je n'ai pas cités, qui, de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ce mémoire, qu'ils trouvent ici l'expression de ma profonde reconnaissance.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel vii

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

LISTE DES ACRONYMES

BAD Banque Africaine de Développement

BEAC Banque des Etats de l'Afrique Centrale

BLUE Best Linear Unbiased Estimator

BM Banque Mondiale

CEMAC Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale

DEA Data Envelopment Analysis

DEAP Data Envelopment Analysis Program

DFA Deterministic Frontier Approach

DFA Dickey Fuller Augmenté

EVN Esperance de Vie à la Naissance

FDH Free Disposable Hull

FGLS Feasible Generalized Least Squares

ICRG International Country Risk Guide

IPC Indice de Perception de la Corruption

MCGF Moindres Carrés Généralisés Faisables

MCO Moindres Carrés Ordinaires

OCDE Organisation de Coopération de Développement Economique

ODD Objectifs de Développement Durable

OMD Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMS Organisation Mondiale de la Santé

ONGI Organisation Non Gouvernementale Internationale

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

PER Programme Economique Régional

PIB Produit Intérieur Brut

PNB Produit National Brut

PNUD Programme des Nations Unies Pour le Développement

PWT Penn World Table

RCA République Centre Africaine

SFA Stochastic Frontier Approach

TI Transparency International

TMI Taux de Mortalité Infantile

UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africain

VIH Virus Imuno Humaine

WDI World Development Indicator

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel viii

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel ix

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 3.1 : Un exemple pour illustrer la notion d'efficience selon la FDH 27

Tableau 4.1 : Récapitulatif des variables et signes attendus des coefficients des

variables 55

Tableau 5.1 : Synthèse des résultats de l'estimation des scores d'efficience des

dépenses publiques de santé en zone CEMAC 60

Tableau 5.2 : Classement des pays de la zone CEMAC selon leur degré d'efficience

moyen dans le secteur sanitaire 62

Tableau 5.3: Résultats des tests d'homogénéité .63

Tableau 5.4 : Résultats des tests d'hétéroscédasticité ..64

Tableau 5.5 : Résultats des tests d'autocorrélation ..64

Tableau 5.6 : Résultats du test de racine unitaire 65

Tableau 5.7 : Synthèse des résultats des estimations par les MCGF ...66

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel x

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

LISTES DES FIGURES

Figure 2.1 : Evolution des dépenses publiques de santé (en % du PIB) en zone

CEMAC .9

Figure 2.2 : Evolution de l'espérance de vie à la naissance en zone CEMAC de

1996-2013 .10

Figure 2.3 : Evolution du taux de mortalité infantile en zone CEMAC de 1996-

2013 .11

Figure 2.4 : Dépenses publiques de santé et espérance de vie à la naissance en zone

CEMAC 14

Figure 2.5 : Dépenses publiques de santé et taux de mortalité infantile en zone

CEMAC 15

Figure 3.1 : Efficience technique et efficience allocative 21

Figure 3.2 : Efficience technique pure et efficience d'échelle 23

Figure 3.3 : Représentation de la frontière d'efficience par l'approche FDH 27

Figure 3.4 : Classification des modèles DEA .30

Figure 3.5 : Frontière d'efficience DEA sous l'hypothèse des rendements d'échelle

constants 31

Figure 3.6 : Frontière d'efficience DEA sous l'hypothèse des rendements d'échelle

variable 32

Figure 3.7 : Comparaison frontières d'efficience FDH et DEA .33

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel xi

LISTE DES ANNEXES

Annexe I : Résultats des estimations des scores d'efficience 82

Annexe II : Résultats du test d'homogénéité ..87

Annexe III : Résultats du test d'héteroscédasticité de Breusch-Pagan 87

Annexe IV : Résultats du test d'autocorrélation de Wooldridge .87

Annexe V : Résultats du test de stationnarité d'Im-Pesaran-Shin ..88

Annexe VI : Résultats des estimations des modèles par la méthode des MCGF

(Moindres Carrées Généralisés Faisables) 91

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel xii

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

RESUME

L'objectif de cette thèse est de mesurer l'efficience des dépenses publiques de santé et de rechercher si l'efficience de ces dépenses permet un accroissement du PIB plus vite que le volume des dépenses engagées. Pour atteindre cet objectif, nous avons d'abord procédé sur la base des travaux antérieurs et du contexte économique des pays de la zone CEMAC, à l'estimation des scores d'efficience par la méthode DEA-Malmquist selon l'orientation input ; avant d'étudier l'impact de ces scores sur la croissance à travers un modèle théorique de croissance à la Solow augmenté le modèle Mankiw, Romer et Weil). Notre échantillon est constitué des 6 pays de la zone CEMAC et nos données utilisées sont de sources secondaires et proviennent en général du World Development Indicator de la Banque Mondiale 2014. Les résultats de nos estimations ont montré que : les services publics de santé ne sont pas efficients dans la zone CEMAC durant la période considérée, plus précisément 28,7% en moyenne des ressources sont gaspillées dans ce secteur sur toute la période et dans toute la zone. D'autre part qu'une utilisation efficiente de ces ressources est porteuse de croissance plus vite que le volume des dépenses engagées, plus précisément, l'efficience des dépenses publiques de santé influence positivement la croissance économique contrairement aux dépenses publiques de ce secteur qui ont une influence négative. Ainsi, il en résulte de façon générale que les dépenses publiques de santé ne sont pas de bonne qualité dans la zone CEMAC et que l'effet de ces dépenses publiques sur la croissance économique est ainsi subordonné à une gestion efficiente de ces ressources. Au regard de ces résultats, les pays de la zone doivent mettre en place les politiques visant à créer un environnement politique et socio-économique sain, améliorer l'efficacité des pouvoirs publics et le développement des investissements à travers la promotion de la transparence et la lutte contre la corruption.

Mots clés : Dépenses publiques de santé ; Efficience ; DEA, DEA-Malmquist ; Croissance économique.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel xiii

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

ABSTRACT

ABSTRACT

The objective of this thesis is to measure the efficiency of the health public expenditure and to seek if the efficiency of this expenditure allows an increase in GDP more quickly than the volume of the expenditure engaged. To achieve this aim, we first proceeded on the basis of previous work and economic context of the countries of CEMAC zone, to estimation of efficiency scores by DEA-Malmquist method according to input orientation; before considering the impact of these scores on the growth through a theorical model of increased Solow growth (the Mankiw, Romer and Weil model). Our sample is constituted by 6 countries of CEMAC zone and ours data used are secondary sources and come in general from World Development Indicator of the World Bank 2014. The results of our estimates showed on the one hand that, the health public services are not efficient in CEMAC zone over considered period, more precisely 28,7% on average of resources are wasted in this sector over all period and in the whole zone. And the other hand that an efficient use of these resources is carrying growth more quickly than the volume of engaged expenditure, in other words, the efficiency of health public expenditure affects the economic growth positively contrary to public expenditure of this sector which has a negative influence. Thus, it results from a general way that the health public expenditure is not of good quality in CEMAC zone and that the effect of this public expenditure on economic growth is thus subordinated to an efficient management of these resources. In view of these results, the countries of zone must set up the policies aiming to create a healthy political and socio-economic environment, to ameliorate the efficacy of authorities and the development of investments through the promotion of transparency and the fight against corruption.

Key words: health publics expenditure; Efficiency; DEA, DEA-Malmquist; economic growth.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 1

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

1

INTRODUCTION GENERALE

I.1. Contexte de l'étude

L'état de la science économique en matière d'économie de développement ne permet pas, pour l'instant, de proposer une recette miracle pour accélérer la croissance d'un pays, ni même de prédire avec justesse les impacts des politiques publiques. Cependant, si on part de l'analyse historique des expériences réussies de par le monde, il est autorisé d'affirmer que sans une stratégie de développement coordonnée, sans les conditions minimales d'une meilleure gouvernance de la chose publique et sans un effort soutenu d'amélioration des institutions en place, il est impossible pour un pays d'avoir une accélération de sa croissance et dans la durée une amélioration cumulative et mesurable du bien-être de sa population. Il est maintenant presque universellement admis que le succès d'un pays ou le bien-être d'un individu ne peut être mesuré strictement en termes monétaires. Le revenu est bien entendu crucial : sans ressources, tout progrès est difficile. Mais il est également essentiel de savoir si les gens ont la chance de vivre une vie longue et en bonne santé, s'ils ont ou non accès à une éducation et s'ils sont libres d'utiliser leurs connaissances et leurs talents pour façonner leurs propres destinées. En effet, le problème fondamental est associé au fait que les ressources sont limitées et que la rareté exige de faire des choix. Même si nos préférences sont de dépenser plus de ressources, il y a une limite à la proportion de nos ressources que nous pouvons y allouer. En outre, quel que soit le montant que nous y choisissons d'y allouer, il doit être dépensé le plus efficacement possible. Dans ces perspectives, dans le cadre des nouvelles stratégies de lutte contre la pauvreté mises en place à la fin des années 90, l'Etat se voit reconnaître un rôle central dans l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques de développement. Cette plus grande autonomie accordée aux Etats de la part des bailleurs de fond a pour corollaire l'exigence d'une gestion efficace et transparente des affaires publiques (Tornell et Lane, 1999). Depuis une dizaine d'années, l'intervention des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux dans les pays en développement est ainsi conditionnée à la bonne gouvernance (Burnside et Dollar, 2000), suivant le principe selon lequel l'amélioration des

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 2

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

conditions de vie est le résultat d'une meilleure gouvernance et non l'inverse (Kaufmann et al, 2005). La lutte contre la corruption étant un élément central de la promotion de cette bonne gouvernance1, elle fait l'objet d'attentions et de préconisations particulières.

En effet, il existe une vaste littérature sur les effets de la corruption sur l'activité économique en général et sur la production de biens publics par l'Etat en particulier. Plus précisément la corruption augmente le coût des dépenses et, pour un même niveau de dépense, réduit la quantité d'output fournie par l'Etat (Shleifer et Vischny, 1993) ; gonfle le montant des dépenses publiques en pourcentage du PIB (Tanzi et Davoodi, 1997) ; réduit par conséquent l'efficacité des dépenses sociales (Gupta et Tiongson, 2003). Ainsi, à niveau égal et pour un poste budgétaire donné, les dépenses publiques sont moins efficaces dans les pays qui connaissent une forte corruption : les fonctionnaires corrompus vont favoriser les projets d'investissement les plus générateurs de « Pot-de-vin » et non nécessairement les plus efficients ou les plus productifs. La corruption atténuerait donc l'impact des dépenses publiques de santé sur les performances sanitaires (espérance de vie à la naissance, couverture sanitaire, taux de mortalité infantile, etc.) et amoindrit la qualité des services fournis (Delavallade, 2007). Réduire la corruption permettrait ainsi de réaliser des améliorations significatives en termes de mortalité infantile (Gupta et al 2001). Ainsi, compte tenu du fait que l'espace CEMAC constitue aujourd'hui un vaste marché de plus de 40 millions de consommateurs et au regard des attentes de plus en plus grandes de cette importante population, tout l'enjeu de cette réflexion se trouve dans la capacité d'instaurer une croissance économique positive et durable induite à travers une priorisation des dépenses publiques productives ; dans la mesure où selon International Country Risk Guide2 et Transparency International3 (2014), les statistiques de l'indice de corruption montrent que la totalité des pays de la communauté affiche un indice en deçà de 40 sur une échelle comprise entre 0 (degré élevé de corruption) et 100 (degré élevé d'intégrité). Selon Transparency international (2014), l'indice de perception de la corruption, qui évalue et classe les pays ou les territoires selon le degré de corruption perçue dans le secteur public, montre qu'à l'exception du Gabon (pays le moins corrompu de la zone car IPCGabon = 37) tous les pays de la zone ont des indices inférieurs à 30 sur une échelle de 0 à 100 (soit un IPC pour le Cameroun de 27 ; Guinée Equatoriale 25 ; RCA 24 ; Congo 23 ; Tchad 22).

Dans ces perspectives, compte tenu du volet bonne gouvernance dans la politique actuelle des gouvernements et du rôle croissant que la Banque Mondiale et les institutions financières internationales jouent dans l'économie mondiale, les exigences d'efficacité

1 La bonne gouvernance se caractérise par un certain équilibre institutionnel (séparation des pouvoirs, primauté du droit, démocratie, existence de contre-pouvoirs, rôle de la société civile) ainsi que par un ensemble de règles régissant les liens entre l'État et la population (obligation de rendre compte, transparence, efficience, réceptivité, prospective). Cette définition est proposée sur la base des formulations de l'OCDE, du PNUD, de la Banque Mondiale et de l'UNESCO. Pour une discussion plus complète de la notion de gouvernance sur un plan académique, se référer par exemple à Kaufmann et al. (1999).

2 Crée en 1979, international country risk guide (ICRG) est l'une des meilleures sources commerciales d'analyse et d'estimation du risque politique et du risque économique.

3 Transparency international (TI) est une ONGI allemande crée en mai 1993 par l'allemand Peter Eigen ; elle a pour vocation la lutte contre la corruption des gouvernements et in institutions gouvernementales mondiaux et elle est surtout connue pour publier régulièrement des indices mondiaux sur la corruption : classement des Etats, taux de corruption par pays ou encore régularité des échanges internationaux.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 3

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

sont actuellement au centre de toutes les préoccupations. L'amélioration de l'efficacité de la gouvernance et de la transparence est de plus en plus recherchée, sinon prônée, dans toutes les entreprises et dans toutes les institutions. Cette réflexion est d'autant plus importante que les économies des pays de la sous-région (CEMAC) sont généralement caractérisées par un manque de ressources accentué par une assiette fiscale limitée face à des besoins urgents de développement et de réduction de la pauvreté ; en dépit du poids de la dette publique dans les budgets des Etats et la crise financière récente. En effet, des restrictions budgétaires ont été imposées à plusieurs pays africains par certaines institutions internationales depuis les années 1990. Par exemple, les programmes d'ajustement structurels ont été imposés aux pays en développement pour leur permettre de rembourser leurs dettes. Dans ces conditions, comment poursuivre les importants programmes d'investissements publics sans dégrader significativement le déficit budgétaire? Face à une marge de manoeuvre limitée en termes de collecte de recettes fiscales, l'amélioration de la qualité des dépenses publiques s'impose plus que jamais. La raréfaction des flux de capitaux et d'appuis provenant des pays avancés du fait de la conjoncture défavorable marquée par des crises répétées ne fait que renforcer les arguments en faveur d'une meilleure efficacité des dépenses publiques. En d'autres termes, l'État, dans sa mission régalienne de fourniture de biens et services, doit telle une entreprise privée adopter une approche exigeante en matière de qualité et d'efficacité. Par ailleurs la crise financière récente qui frappe l'ensemble des économies du monde ne s'est guère limitée à la sphère financière, mais s'est étendue à la sphère réelle. De nombreuses dépenses programmées par des Etats africains ont ainsi été réduites, retardées et même supprimées. Les dépenses relatives à l'éducation et à la santé des individus ont, semble-t-il, subies le même sort. Les pays de la zone CEMAC à l'instar des pays de la sous-région se sont lancés dans une logique de restructuration et d'assainissement des finances publiques. Face à cette situation où le financement des systèmes sociaux dans les pays en développement devient de plus en plus difficile, les pays se sont retrouvés devant une pression croissante d'améliorer l'utilisation des ressources. Cette volonté de réduire les coûts s'est accompagnée par l'accent mis par les pays en développement, sur l'efficacité des dépenses, pour bien atteindre les OMD devenus ODD4. Si les dépenses sociales sont

4 Les objectifs de développement durable (ODD) adoptés à la suite des objectifs du millénaire pour le développement au sommet sur le développement durable le 25 septembre 2015 par les Etats membres de l'ONU comprennent un ensemble de 17 objectifs mondiaux pour mettre fin à la pauvreté, lutter contre les inégalités et l'injustice, et faire face au changement climatique d'ici à 2030 : 1- Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde. 2- Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l'agriculture durable. 3- Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge. 4- Assurer l'accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d'égalité, et promouvoir les possibilités d'apprentissage tout au long de la vie. 5- Parvenir à l'égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles. 6- Garantir l'accès de tous à l'eau et à l'assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau. 7- Garantir l'accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable. 8- Promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous. 9- Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et encourager l'innovation. 10- Réduire les inégalités dans les pays et d'un pays à l'autre. 11- Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables. 12- Établir des modes de consommation et de production durables. 13- Prendre d'urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions. 14- Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable. 15- Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 4

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

nécessaires pour un accroissement potentiel du niveau de vie des populations, leur efficience en est une autre non moins importante si non plus importante que les autorités doivent promouvoir. D'où la nécessité de tenir compte de l'efficience des services publics dans l'un des secteurs clé du développement humain qu'est la santé.

Le concept de l'efficience consiste à estimer une fonction de production de santé en considérant les institutions comme des entités transformant les ressources sanitaires en résultats de santé. C'est en quelque sorte, la capacité qu'à chaque pays, de transformer ses inputs sanitaires en outputs de santé (Bosmans et Fecher, 1992). Les études sur l'efficience se sont développées ces dernières années (Hollingsworth, 2008). Cependant la mesure de l'efficience représente une tâche complexe du moment qu'il faut bien faire attention au choix des intrants et sortants. Mais surtout une importance particulière, doit être portée à la méthodologie (paramétrique ou non paramétrique), qui dépendra des objectifs soulevés par l'étude. La présente étude s'inscrit dans cette logique et ambitionne d'évaluer l'efficience des dépenses publiques de santé en zone CEMAC.

I.2. Problématique

Le débat en économie sur le rôle de l'Etat est omniprésent depuis ADAM SMTIH, à tel enseigne que la mesure de la performance du secteur public dans la fourniture des services est restée une question délicate de la littérature. La contribution de la santé, bref du capital humain a été reconnu et vantée par les économistes, les organismes internationaux et les gouvernements qui reconnaissent à l'Etat un rôle actif dans la prestation de ces services compte tenu des externalités positives, ainsi que d'autres imperfections de marché qui les caractérisent. Ainsi, la nature et la crédibilité des institutions constituent de nouvelles variables qui entrent en ligne de compte dans l'appréciation de l'efficacité de la mise en oeuvre d'une politique économique (Boettke, 2005). Elles intéressent de plus en plus les économistes et les bailleurs de fonds (institutions financières, pays donateurs, etc.). L'Etat et son fonctionnement deviennent dès lors des variables déterminantes dans les stratégies de développement et de croissance économique. La configuration actuelle des rapports Nord-Sud a pour base la bonne gouvernance. En d'autres termes, l'aptitude des pouvoirs publics à instaurer un cadre réglementaire efficace, la capacité à respecter les engagements et la pertinence des dépenses publiques engagées sont des indicateurs renseignant sur la crédibilité de l'Etat. Dans les prolongements des nouvelles théories de la croissance encore appelées théories de la croissance endogène, nombreux sont les économistes (Romer 1986, Lucas 1988, Barro 1990.) qui se sont intéressés à l'interaction entre les dépenses publiques et la croissance économique. Leur prise en compte dans les récents modèles de croissance endogène montre à suffisance que leur efficacité ne fasse pas l'unanimité, aussi bien chez

exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l'appauvrissement de la biodiversité. 16- Promouvoir l'avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du développement durable, assurer l'accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes. 17-Renforcer les moyens de mettre en oeuvre le partenariat mondial pour le développement durable et le revitaliser.

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les chercheurs que les décideurs publics. Ainsi le défi auquel sont confrontés les pays africains actuellement, n'est pas l'augmentation des dépenses sociales en elle-même, mais plutôt la bonne redistribution de celles-ci au sein des secteurs sociaux.

Au regard des statistiques individuelles des pays, le bilan reste encore mitigé à l'instar des thèses des auteurs dans la littérature économique. En effet de nombreuses études ont démontré l'incidence positive plus ou moins directe des dépenses publiques sociales sur la croissance économique. Becker (1964) ; Barro (1991) ; Rosner (2003) ; par exemple, ont montré une corrélation nettement positive entre les dépenses sociales et la croissance économique. Par ailleurs, Tanzi et Zee (1997) ont montré à travers 2 canaux que les dépenses publiques peuvent avoir des effets sur la croissance : directement par des investissements en infrastructure ou des investissements des entreprises publiques qui viennent accroître les capitaux de l'économie ; et indirectement à travers les dépenses d'éducation, de santé et d'autres services qui contribuent à l'accumulation du capital humain. Ces résultats sont corroborés par ceux de Baldacci E. et al. (2008) selon lesquels les dépenses d'éducation et de santé ont un impact positif significatif sur la croissance économique par le biais du capital humain.

A contrario, d'autres auteurs en particulier Devarajan et al. (1996) ; Pritchett (2001), Button et al (2003) remettent en cause l'optimisme général du capital humain à la croissance. Pour ces derniers, il existe une corrélation négative entre la part des dépenses publiques d'éducation et de santé dans le budget de l'Etat et la croissance économique. Ils attribuent cette incidence négative des dépenses sociales dans certains pays aux sommes assez importantes qui y sont consacrées les rendant par la même occasion improductives. Comme quoi ils conviennent de l'opportunité de rechercher les montants optimaux à injecter dans les systèmes.

Néanmoins, cette ambivalence du débat sur la relation des dépenses sociales et la croissance économique laisse dans l'ombre un reliquat. Celui-ci s'explique dans une mesure importante, par la qualité de la production générée par les dépenses publiques que sur les performances du Gouvernement en tant que producteur de services publics. Outre le niveau des dépenses publiques, la qualité de la gestion des ressources publiques est une condition forte de l'efficacité des dépenses. Afin de pouvoir expliquer la croissance économique à partir des dépenses publiques, il faut voir d'une manière plus pointue et plus précise le volume et la composition des dépenses publiques nécessaires à la production des services publics efficients susceptible de stimuler la croissance économique. Des travaux récents d'Afonso, Ebert, SchuKnecht et Thone (2005), ont monté que si les dépenses publiques sont de bonne qualité, alors les services produits suite à ses dépenses sont efficients et peuvent générer la croissance économique. Cette notion d'efficience a été analysée par plusieurs auteurs, qui ont cherché à construire une mesure empirique des performances des dépenses publiques dans le domaine de prestation des services d'éducation, de santé, d'infrastructures et de réglementations juridiques.

Dès lors, au regard de tout ce qui précède, la question fondamentale qui se dessine est la suivante

Question centrale

L'allocation des dépenses sociales de santé est-elle efficiente au point de stimuler l'activité économique en zone CEMAC ?

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Questions spécifiques :

A cette question centrale se greffent deux questions auxiliaires à savoir :

? Les dépenses publiques de santé sont-elles efficientes dans la zone CEMAC ?

? Les scores d'efficience de ces dépenses sociales affecte-t-elle la croissance économique plus vite que leur volume dans la zone en question ?

I.3. Objectifs de l'étude

Objectif général

La question de l'efficacité des dépenses publiques continue d'être l'une des préoccupations permanente des décideurs politiques et des économistes. Elles constituent en effet, un instrument privilégié de relance économique, particulièrement dans les pays en développement, Il n'est donc pas étonnant que cette variable fasse l'objet de nombreuses investigations quant à ses effets sur l'activité. Dans ce contexte, la disponibilité d'un indicateur de la performance du secteur public, qui permet des comparaisons internationales, serait plutôt utile pour classer provisoirement les pays entre eux et également comme une mesure d'efficience possible des dépenses publiques. L'analyse économique des dépenses publiques de santé étant un sujet très vaste, nous allons centrer notre attention sur l'analyse de leur efficience afin de voir si le peu d'objectifs atteint en matière de politiques de santé l'ont été dans un atmosphère de parfaite rationalisation des dépenses engagées.

Objectifs spécifiques

De façon plus spécifique cette étude vise à :

? Mesurer l'efficience des dépenses publiques de santé des pays de la zone CEMAC sur la période 1996-2013 afin d'assigner à chaque pays un score d'efficience indiquant si des économies de ressources peuvent être effectuées compte tenu des performances réalisées par les pays les plus efficients.

? Analyser l'impact de ces scores d'efficience des dépenses publiques de santé sur la croissance économique des pays de la zone, afin de montrer qu'une utilisation efficiente de ces ressources est porteuse de croissance plus vite que leur volume.

I.4. Hypothèses

En vue de l'atteinte de nos objectifs, nous partons des hypothèses suivantes : Hypothèse 1 : les dépenses publiques de santé seraient efficientes dans la zone CEMAC.

Hypothèse 2 : le degré d'efficience de ces dépenses permettrait un accroissement du PIB plus rapide que le volume des dépenses engagées.

I.5. Intérêt de l'étude

L'émergence horizon 2025 de la zone CEMAC nécessite conformément à l'importance qu'attache son PER, une mobilisation des ressources financières de plus en plus élevées des Etats membres et par ailleurs d'importantes reformes même s'il subsiste

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

encore de nos jours, des obstacles en matière d'amélioration de la transparence, de la lutte contre la corruption et d'efficacité dans la gestion des dépenses budgétaires. Ainsi, le présent travail révèle un intérêt double :

? Primo ; la mesure des scores d'efficience des dépenses publiques pour montrer la performance (ou la médiocrité) du secteur public dans production des biens publics.

? Secundo ; l'impact de l'efficacité du gouvernement dans la gestion des services sociaux sur la croissance économique au travers des degrés d'efficience en vue d'appréhender qu'une bonne utilisation des ressources est source de croissance économique et donc de réduction de la pauvreté.

I.6. Plan de la thèse

Notre travail comporte 5 chapitres organisés ainsi qu'il suit :

Le chapitre premier intitulé introduction générale est consacré au contexte de l'étude, la problématique, les objectifs et les hypothèses de l'étude.

Le second chapitre est consacré à la clarification des concepts et à la revue de la littérature.

Le chapitre trois quant à lui présente la méthodologie utilisée pour mener à bien cette étude ainsi que le cadre d'analyse économétrique élaboré à partir des données de panel.

Le quatrième chapitre présente les résultats obtenus et leurs interprétations.

Enfin chapitre cinq conclut l'étude et débouche sur les implications de politiques économiques qui en découlent.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 8

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

 

2

 
 
 
 
 
 
 
 

DEPENSES PUBLIQUES DE

SANTE ET ETAT DE SANTE EN

ZONE CEMAC

La CEMAC ou communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale est un espace d'environ 45 millions d'habitants, situé en Afrique centrale et regroupant actuellement six pays : le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad. Les Etats sont les principaux fournisseurs des ressources nécessaires à la santé ; assurer la couverture sanitaire et améliorer l'état de santé de sa population est l'un des grands défis de la zone. Dans ce chapitre, Il est question pour nous ici de présenter la dynamique des dépenses publiques de santé, comparativement à la situation sanitaire des pays de la CEMAC.

II.1. Evolution des dépenses publiques de santé en zone CEMAC

C'est au regard de la paupérisation croissante des populations, que par le biais des OMD à l'horizon 2015 devenus ODD, que la communauté internationale en particulier les pays en développement ont fait de la lutte contre la pauvreté le défi majeur pour le développement (PNUD, 2000). Une alternative pour étouffer ce problème a résidé selon l'OMS dans la promotion du capital santé à travers l'investissement dans ce secteur considéré comme un véritable catalyseur de développement et partant de réduction de pauvreté. Ainsi, promouvoir et protéger la santé est essentiel au bien-être humain et au développement économique et social durable. Cela a été reconnu il y a plus de 30 ans par les signataires de la Déclaration d'Alma Ata, qui ont indiqué que la Santé pour tous contribuerait à une meilleure qualité de vie ainsi qu'à la paix et à la sécurité à l'échelle mondiale. C'est dans ces perspectives qu'au terme de la conférence d'Abuja en 2001, qu'il a été prescrit que les pays doivent allouer 15% de leur budget aux dépenses liées à la santé. Toutefois, s'il est vrai que les actions des gouvernements doivent tenir compte des engagements souscrits au niveau national et international, notamment la norme de l'OMS qui fixe à 15% la part du budget liée aux dépenses de santé dans le budget global,

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l'évolution actuelle des ressources allouées au secteur santé dans la sous-région indique que ces efforts qui sont faits sont encore insuffisants.

En effet bien qu'étant un secteur prioritaire, la part de la santé dans les budgets nationaux est relativement faible soit environ 2% dans la quasi-totalité des pays de la communauté économique et monétaire de l'Afrique Centrale où elle atteint 4% en 2009 en Guinée Equatoriale. La figure (2.1) présente l'évolution des dépenses publiques de santé en pourcentage du PIB de la zone sur la période 1996-2013. Cette figure montre que sur toute la période de 1996-2013, les dépenses publiques de santé connaissent une évolution en dent de scie tantôt à la baisse, tantôt à la hausse ; toutefois sur le long terme, les allocations budgétaires ont connu une évolution timide notamment à la suite de l'initiative PPTE et de l'avènement de l'ère pétrolière qui ont induit une augmentation du budget des ministères de la santé publiques qui est passé de 1,4% en 2007 à 1 ,8% en 2013 dans l'ensemble de la zone. Toutefois, Ces dépenses restent néanmoins en deçà des 15% du budget national prescrit à la conférence d'Abuja en 2001 dans le cadre de la réalisation des OMD. Cette faible allocation des ressources publiques au financement du capital santé pourrait être imputable à la morosité du climat économique marquée par une croissance économique faible de la sous-région.

é e

4

2

5

Dépenses pbliques de santé en % du PIE 3

bli

3

0

1

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Figure 2.1: Evolution des dépenses publiques de santé (en % du PIB) en zone CEMAC de 1996-2013

Cameroun Congo Gabon Guinéé E RCA Tchad

Source : Auteur à partir de la base de données extraite du WDI de la BM (2014).

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II.2. Etat de santé en zone CEMAC

Selon les données de la Banque mondiale (Indicateurs du développement dans le monde, 2015), l'Afrique subsaharienne en particulier les pays de la sous-région d'Afrique centrale restent encore en proie à des maladies transmissibles et les maladies à fort potentiel épidémique. La persistance du VIH/SIDA, du paludisme et d'autres maladies dégénératives est à l'origine de la paupérisation croissante de la population. Toutefois, malgré la faiblesse des ressources allouées par les pays dans ce secteur, l'espérance de vie à la naissance5dans tous les pays de la zone a progressé jusqu'aux années 2011 et 2012 avant de connaître une chute à l'année 2013 suite à la décroissance des dépenses publiques de santé. Par ailleurs le taux de survie des enfants de moins d'un an a considérablement baissé passant de 92,5 % pour 1000 naissances vivantes dans les années 1996 à 65% en 2013 pour l'ensemble de la zone. Les figures (2.2) et (2.3) donnent l'évolution de l'espérance de vie à la naissance et du taux de mortalité infantile6 des différents pays de la sous-région sur toute la période d'étude.

Figure 2.2 : Evolution de l'espérance de vie à la naissance en zone CEMAC de 1996-2013

Cameroun Congo Gabon Guinée E RCA TCHAD

Espérance de vie à la naissance

70

60

50

40

30

20

10

0

Années

Source : Construction de l'auteur à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).

5 Elle est le nombre moyen d'années que peut espérer vivre un nouveau-né si les conditions de mortalité prévalant au moment de sa naissance demeuraient inchangées durant toute sa vie.

6 Le taux de mortalité infantile, qui mesure la proportion de décès parmi les nourrissons et les enfants de moins d'un an, fournit une indication de l'impact de la situation économique et sociale d'un pays ainsi que des caractéristiques et de l'efficacité des systèmes de santé sur la santé des mères et des nouveau-nés.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Taux de mortalité infantile

120

100

40

20

60

80

0

Figure 2.3 : Evolution du taux de mortalité infantile en zone CEMAC

de 1996-2013

Années

Cameroun Congo Gabon Guinée E RCA TCHAD

Source : Construction de l'auteur à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).

La RCA est le pays le plus pauvre de la sous-région CEMAC. Selon l'indice de développement humain (IDH) de 2013 du PNUD7, la RCA occupe la 185e place sur 187 pays. Le taux de mortalité maternelle pour 100 000 naissances est de 890, tandis que le taux de mortalité infantile est de 108 pour 1 000 naissances et celui des enfants de moins de 5 ans est de 129 pour 1 000 naissances. Ce pays, où l'espérance de vie est de 45,2 ans, se caractérise par un accès limité aux services sociaux de base et par des crises humanitaires à répétition. Ces dernières décennies, le pays a souffert de problèmes de gouvernance et d'un manque d'investissement dans le développement humain fondamental, qui ont fortement entravé l'accès aux services publics et suscité des conflits armés récurrents. La RCA occupe la 3e place de l'indice des États fragiles 2014 du Fonds pour la paix. Une des raisons de la dégradation de ces indicateurs est la couverture insuffisante de la population par les services sanitaires. En effet, la RCA ne compte qu'un médecin pour 21.000 habitants, et moins de la moitié de la population vit à une distance raisonnable (moins de cinq kilomètres) d'une formation sanitaire. Seuls 20% des foyers en milieu urbain et 35% en milieu rural ont accès à l'eau potable. Corrélativement, la prévalence des maladies diarrhéiques chez les enfants de moins de cinq ans est de 26%.

Vaste pays enclavé, à faible densité de population (12.825.314 habitants) le Tchad est un pays pauvre et fragile (occupant la 6eplace de l'indice des États fragiles 2014) dont

7 Programme des Nations unies pour le développement (PNUD)

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certains indicateurs de développement sont les plus mauvais au monde. 60% du territoire national est désertique, 25 % fait partie de la ceinture semi-aride du Sahel et les 15 % restants sont soumis à des conditions climatiques pratiquement subtropicales, mais sont sujets aux inondations. En 2013, le Tchad occupait la 184e place avant la RCA de l'IDH du PNUD. L'espérance de vie à la naissance est de 51,2 ans. Le taux de mortalité infantile est de 100,58 pour 1 000 naissances, tandis que le taux de mortalité maternelle pour 100 000 naissances est de 980. 22% des enfants présentent un poids faible à la naissance selon l'Unicef. Traditionnel pays d'accueil de réfugiés, le Tchad traverse une crise nutritionnelle prolongée, surtout dans ses 10 régions du Sahel, et est confronté à des chocs alimentaires récurrents. Par ailleurs, le pays est sujet aux catastrophes naturelles telles que les inondations, les sécheresses et les épidémies. Le risque de choléra, de rougeole, de fièvre jaune et de malaria est constamment élevé.

L'espérance de vie à la naissance au Congo a progressé de 54,6 ans en 2006 à 61,7 ans en 2013. Selon la commission européenne des nations unies pour le Congo en 2015, l'espérance de vie des femmes (63,2 ans en 2013) reste supérieure à celle des hommes (60,2 ans en 2013). La mortalité des enfants de moins de cinq ans a considérablement baissé depuis 2005, époque à laquelle le taux était de 117 décès pour 1 000 naissances vivantes. À partir de 2007 la mortalité a entamé une baisse progressive et a atteint le niveau le plus faible en 2013 (49,1 décès pour 1 000 naissances vivantes). La mortalité infantile a également connu une baisse en passant de 61,6 à 35,6 décès pour 1 000 naissances vivantes entre 2005 et 2013. Cette évolution à la baisse des taux de mortalité depuis 2005 traduit l'amélioration du système sanitaire. Les responsables congolais poursuivent les axes stratégiques de renforcement de l'offre de santé et d'amélioration de la qualité des soins. La priorité a été accordée à la construction et à la réhabilitation des infrastructures, ainsi qu'au renforcement des capacités des ressources humaines. Ces mesures, combinées à la mise en place de dispositifs de gratuité, ont permis d'améliorer l'accès aux soins. En ce qui concerne la santé maternelle, on enregistre encore un nombre élevé de décès maternels au Congo même si des progrès ont été accomplis par rapport à 1990. En effet, le taux de mortalité maternelle pour 100 000 naissances vivantes a été ramené de 670 en 1990 à 410 en 2013 (Division de statistique de l'ONU, 2014). Il est à noter que du point de vue du pourcentage de naissances assistées par un personnel de santé qualifié, les résultats sont meilleurs avec près de 94 % en 2012 (Division de statistique de l'ONU, 2015).

S'agissant du Cameroun. L'espérance de vie à la naissance au Cameroun est passée de 47,3 ans en 1975 à 55,1 ans en 1990, avant de baisser à 51,4 ans en 2009, selon l'Institut national de la statistique. Il est à noter que la Banque mondiale situait l'espérance de vie au Cameroun à 55 ans en 2013. Selon l'Institut national de la statistique (2015), le quotient de mortalité infantile a été réduit d'environ 4 % dans la période 1993-2015, en effet le taux de mortalité infantile a lentement diminué de 146 pour 100 000 naissances en 2001 à 122 en 2011, alors que l'objectif national est fixé à 76 d'ici à 2015. Quant à la mortalité infanto-juvénile, la réduction a été en moyenne de plus de 30 %. Ces

8 Banque mondiale - Indicateurs du développement dans le monde 2013.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

résultats reflètent les efforts consentis par le Gouvernement, notamment dans la couverture vaccinale des enfants de 12 à 23 mois et la gratuité des soins contre le paludisme pour tous les enfants de moins de 5 ans. Concernant la santé maternelle, la situation s'est dégradée. En effet, le nombre de décès chez les femmes a augmenté, passant de 669 décès pour 100 000 naissances vivantes sur la période 1997-2004, à 782 décès sur la période 2004-2011. Par ailleurs, le profil de mortalité du Cameroun est marqué par des maladies infectieuses, notamment le paludisme, le VIH/SIDA, le choléra qui ont ramené le territoire camerounais à la 152e place de l'IDH de 2013 du PNUD.

Malgré ses bons niveaux, notamment avec un IDH qui passe de 0.628 en 2005 à 0.648 en 2010 à 0,683 en 2013, classant le Gabon au 106e rang sur 187 pays et un statut de pays à revenu intermédiaire, les indicateurs sociaux du Gabon restent faibles par rapport aux pays à niveau de revenu similaires. Un tiers de la population (soit 32% selon le PNUD, 2013) vit toujours en dessous du seuil de la pauvreté. La santé, considérée comme prioritaire par les autorités gabonaises en vue d'éradiquer la pauvreté, reste encore un des secteurs les plus en difficulté. Le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies pandémiques demeurent les premières causes de mortalité au Gabon avec les taux de prévalence respectifs de 66% et 5,2% en 2009 pour le paludisme et le VIH/SIDA. Selon l'organisation mondiale de la santé 2013, le pays présente toujours d'énormes carences avec un mauvais fonctionnement des départements sanitaires, des soins de santé primaire très insuffisants, de fréquentes ruptures de stock de médicaments dans les structures sanitaires de base, la faiblesse du cadre institutionnel et l'insuffisance des financements. Néanmoins la longévité de la population gabonaise a connue des avancées les plus importante de la sous-région l'espérance de vie à la naissance est passée de 60,9 ans dans les années 1996 à 63,1 ans en 2012 pour ensuite connaitre une chute où elle s'établissait à 57,4 ans dans les années 2013 suite à la décroissance des dépenses publiques dans ce secteur. Le taux de mortalité infantile quant à lui a connu une amélioration significative sur toute la période d'étude, soit une baisse de 30% depuis les années 1996, passant de 57,4 pour 1000 naissances vivantes en 1996 à 39,1 en 2013.

Depuis 1996, la Guinée équatoriale, est engagée dans le processus de réforme du secteur santé qui vise à adapter le système de santé aux besoins en santé croissants de la population et aux objectifs globaux du développement du pays. Toutefois, en dépit des performances économiques du pays due à la recrudescence des exportations d'hydrocarbures qui ont permis à l'économie équato-guinéenne d'afficher une croissance rapide et soutenue depuis 1991 ; le défi principal du pays reste l'utilisation de sa richesse pétrolière afin d'améliorer la situation sociale du pays. Selon le DSP (document de stratégie du pays) 2013-2017 de la banque africaine de développement, la population équato-guinéenne vit dans des conditions précaires de santé ; trois quart de la population sont considérées comme pauvres, soit 76,4%. Ce résultat reflète la détérioration de l'indice de développement humain du pays ces dernières années reculant la Guinée Equatoriale du 115ème rang sur 176 pays en 2008 au 136ème rang sur 187 pays en 2012. Selon l'UNICEF, le taux de mortalité infantile s'est accru de 103 décès pour 1000 en 1990 à 124 pour 1000 en 2006 (supérieure à la moyenne des pays d'Afrique subsaharienne qui es de 96 pour 1000 naissances) imputant cela à la faible couverture vaccinale face à la

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

recrudescence des maladies infectieuses dans le pays. L'espérance de vie à la naissance de 47,7 ans en 1996 à 52,61 ans en 2012 restant tout de même inférieure à la moyenne des pays d'Afrique (58,1 ans en 2012).

II.3. Dépenses publiques de santé et état de santé en zone

CEMAC :

Globalement, le continent africain et notamment la sous-région d'Afrique centrale est l'une des sous-régions du monde, où les taux de mortalité, particulièrement de mortalité infantile, demeurent encore très élevés et l'espérance de vie faible. Malgré les dispositions administratives prises, la qualité des prestations de services offertes est encore insuffisante à cause : de l'insuffisance d'équipement; de l'insuffisance et de la démotivation du personnel de santé; de l'ignorance en matière d'éthique professionnelle; et de l'insuffisance des ressources. Les engagements d'Abuja d'allouer 15 % du PIB au secteur de la santé sont et resteront insuffisantes ; ainsi outre le niveau des dépenses publiques, la qualité de la gestion des ressources publiques est une condition forte de l'efficacité des dépenses.

En effet bien qu'étant un secteur prioritaire, la part de la santé dans les budgets nationaux est relativement faible soit environ 2% dans la quasi-totalité des pays membres ou elle atteint 4% en 2009 en Guinée Equatoriale. Toutefois malgré la faiblesse des ressources allouées à la santé, l'espérance de vie à la naissance dans tous les pays de la zone a considérablement augmenté jusqu'aux années 2011 et 2012 avant de connaître une chute à l'année 2013 suite à la décroissance des dépenses publiques de santé. Le Gabon, bien qu'étant le 2e pays qui alloue le moins de ressources dans le secteur sanitaire après le Cameroun, est le pays ou l'espérance de vie est la plus élevée entre 1996 à 2013 (60 ans en moyenne sur la période) ; par ailleurs la RCA est le pays qui alloue le plus de ressources dans la santé, mais où l'espérance de vie est la plus faible (soit en moyenne 46 ans). (Confère figure ci-dessous)

Figure 2.4 : Dépenses publiquees de santé et espérance de vie à la naissance en zone CEMAC

0 0,5 1 1,5 2

Gabon

Congo

Cameroun

Tchad Gu

RC

 
 
 

Dépenses publiques de santé en % du I

inée E. A

IB

Espérance de vie à la naissance

70

60

50

40

30

20

10

0

Source : Construction de l'auteur à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

S'agissant de la relation niveau de dépenses de santé et taux de mortalité infantile entre 1996 à 2013, la survie des enfants a progressé de manière considérable dans la zone CEMAC ceci malgré la faiblesse des ressources allouées, et l'ampleur des pandémies (paludisme, VIH/sida...). La RCA bien qu'étant l'un des pays qui alloue le plus de ressources dans la santé, est le pays de la zone où on enregistre le plus grand nombre de décès d'enfants de moins d'un 1an, soit en moyenne 108% pour 1000 naissances vivantes. Paradoxalement le Gabon est le 2nd pays de la sous-région après le Cameron qui alloue le moins de ressources à la santé (soit 1,4% du PIB), mais où le taux de longévité après la naissance est le plus faible (49,7 décès pour 1000 naissances vivantes). Ce résultat peut être dû à la mauvaise allocation des ressources ou de fortes instabilités politiques qui ont frappé le pays. Ainsi Si les dépenses sociales sont nécessaires pour un accroissement potentiel du niveau de vie des populations, leur efficience en est une autre non moins importante si non plus importante que les autorités doivent promouvoir.

Figure 2.5 : Dépenses publiquees de santé et taux de mortalité infantile en zone CEMAC

40

20

0

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2

Dépenses publiques de santé en % du PIB

Taux de mortalité infantile

120

100

80

60

RCA

Thad

Guinée E.

Cameroun

Congo

Gabon.

Source : Construction de l'auteur à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

 

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CADRE CONCEPTUEL ET

REVUE DE LA LITTERATURE

Ce chapitre présente le cadre conceptuel pour mettre en exergue les différents concepts que nous allons utiliser tout au long de notre travail. Ensuite présente les différentes théories qui sou tendent cette étude, et débouche enfin sur une synthèse des études empiriques de la revue de la littérature à ce sujet.

III.1. CADRE CONCEPTUEL

Cette sous-partie met en exergue les différents concepts que nous allons utiliser tout au long de notre travail, ainsi que les explications qui en découlent. Il s'agit plus précisément pour nous de définir ici les notions de dépenses publiques, de dépenses sociales, de croissance économique et d'efficience économique. Par ailleurs de mettre l'accent sur les différentes techniques d'estimation de la frontière d'efficience.

III.1.1. Dépenses publiques

De façon générale, les dépenses publiques sont l'ensemble des dépenses réalisées par les administrations publiques (Etats ou Gouvernements, établissements et services publics) pour garantir le bien-être de la population et la réalisation des affaires du pays dans la limite des recettes réellement réalisées (impôts, taxes, et cotisations sociales) afin d'assurer au pays la stabilité économique, sociale et la promotion des affaires (FMI, 2000). Dans ces perspectives, effectuer ces dépenses sur la base caisse publique en ne tolérant aucun déficit budgétaire débouche sur la notion de bonne gouvernance. Selon le FMI, les dépenses publiques se décomposent entre autres des dépenses publiques d'investissement, les dépenses publiques de fonctionnement, et les dépenses sociales.

Les dépenses publiques d'investissement sont les dépenses allouées aux différents secteurs publics permettant de produire les biens et services. Il s'agit des dépenses d'infrastitures et d'équipements (routes, autoroutes, barrages, production d'énergie,

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télécommunication etc.) financées à majeure partie par des recettes budgétaires internes de l'Etat, auxquelles s'ajoute le financement extérieur par les bailleurs de fonds. Ces dépenses bénéficient d'avantage aux secteurs sociaux qu'aux autres secteurs.

Les dépenses publiques de fonctionnement ou dépenses ordinaires sont les dépenses courantes qui assurent le bon fonctionnement des services publics et la vie de l'Etat : paiement du personnel, entretien des équipements etc. Elles comportent 3 rubriques essentielles : les immobilisations (corporelles, incorporelles...) ; les salaires et la consommation des biens et services de l'Etat. Les dépenses publiques de fonctionnement n'impliquent aucun transfert de capital du secteur privé ; de façon générale, ces dépenses ne concernent que l'emploi des revenus de l'Etat.

Les dépenses sociales sont les dépenses effectuées par l'Etat en direction des secteurs sociaux notamment l'éducation, la santé, la culture et les affaires sociales. Ces dépenses reflètent la volonté de l'Etat de lutter contre la pauvreté car elles concourent à l'amélioration du bien-être physique, intellectuel et culturel des populations. Elles sont constituées des dépenses de santé, d'éducation, d'assainissement, d'infrastitures et de nutrition. Les dépenses publiques d'éducation sont les dépenses publiques courantes au titre de l'éducation. Elles comprennent les dépenses publiques relatives aux établissements d'enseignements (publics et privés) et à l'administration de l'enseignement, ainsi que les subventions à des entités privées (étudiants/ménages et autres entités privées). Ces dépenses servent à rémunérer la main d'oeuvre pour la construction des écoles et leur entretien, pour l'achat du matériel didactique, les bourses et autres récompenses, les salaires et traitements du personnel enseignant et vacataire ; ainsi que les subventions de l'Etat aux écoles privées. Les dépenses publiques de santé sont les dépenses effectuées par l'Etat dans le cadre du développement des services sociaux sanitaires en vue d'améliorer l'état de santé des populations. Il s'agit essentiellement des salaires versés aux agents de la santé, les dépenses qui ont servi à rémunérer la main d'oeuvre utilisée pour la construction et l'entretien des centres et établissements socio-sanitaires, et les subventions que l'Etat accorde aux différents centres privés de santé pour les faire participer au développement du secteur. Elles sont financées entre autre par les budgets des gouvernements, les emprunts et les subventions extérieures (dons d'organismes internationaux et d'organisations non gouvernementales) et les fonds sociaux (ou obligatoires) d'assurance sur la santé.

Toutefois, nous nous intéressons dans cette étude aux seules dépenses de santé.

III.1.2. Concept de croissance économique

Etymologiquement, le terme croissance vient du latin « crescere » et qui signifie croître, grandir. Alors que dans le langage courant, le terme croissance est employé dans le cadre d'évolutions à court terme, les économistes l'utilisent conventionnellement pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. La notion de « croissance économique » désigne l'augmentation du volume de la production de biens et services d'une année sur l'autre (Bastiat, 1850). Pour Jean De Bornier, « la croissance économique peut être définie comme l'évolution à moyen et long terme du produit total et surtout du produit par tête dans une économie donnée ». Selon la définition de l'économiste français, François Perroux (1961), la croissance économique est « l'augmentation soutenue pendant

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une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en terme réels » (Mankiw P. et Taylor M. 2010).

A court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'« expansion », qui s'oppose à la « récession », et qui indique une phase de croissance dans un cycle économique. Par ailleurs, on évoque souvent le terme de « croissance potentielle » pour désigner l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production. Cet écart est minimal au plus fort d'une expansion. Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations économiques et sociales propres à une économie en développement. Ces transformations au sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme de développement économique9.

Plusieurs indicateurs permettent d'appréhender la croissance économique. Le plus utilisé en pratique est le Produit Intérieur Brut (PIB) qui correspond à la valeur marchande de tous les biens et services finaux produits dans un pays au cours d'une année (Mankiw P. et Taylor M. (2010)). Il renvoie à l'appréciation d'une augmentation quantitative. C'est ce que l'on qualifie d'indicateur de dimension dans la mesure où il décrit des changements de dimension. Il offre une certaine mesure quantitative du volume de la production. A l'échelle des ménages, on se sert de l'évolution des « revenus » comme indicateur du progrès dans la création de richesse. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on utilise également la parité de pouvoir d'achat (PPA), qui permet d'exprimer la pourvoir d'achat dans une monnaie de référence comme le dollar américain.

L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de la croissance économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs critiques. Il ne mesure ainsi pas, ou mal, l'économie informelle. D'autre part, s'il prend en compte la production des services publics gratuits, il ne mesure pas l'activité de production domestique.

III.1.3. Notion d'efficience et généralités sur les modèles de frontière

Le secteur privé et le secteur public présentent de nombreuses similitudes. Ils produisent tous deux des biens et des services, en étant soumis à des contraintes de gestion de leurs ressources financières, techniques et humaines. Cependant, la nature des objectifs poursuivis dans les deux secteurs est différente : dans le secteur privé, l'objectif de rentabilité économique est inhérent à un projet d'entreprise qui doit s'autofinancer pour s'inscrire dans la durée. Il est au coeur des attentes des actionnaires lorsque le capital des entreprises est ouvert. Dans le secteur public, le soutien financier de l'Etat et des collectivités fait passer au second plan l'objectif de rentabilité économique : la principale finalité recherchée est la satisfaction de l'intérêt général correspondant à la responsabilité d'un service public face au gouvernement et aux citoyens. Dans ce sens, si les dépenses sociales de santé sont nécessaires pour un

9Selon François Perroux (1990), « le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global.»

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accroissement potentiel du niveau de vie des populations, leur efficience en est une autre non moins importante - si non plus importante que les autorités doivent promouvoir.

III.1.3.1. Clarification du concept d'efficience

De façon générale, l'efficience est un concept qui mesure la productivité d'un facteur ou d'une unité de production. C'est le rapport entre ce qui est réalisé et les moyens mis en oeuvre (capacité à produire le maximum avec le minimum d'efforts ou de dépenses). Elle indique à quel point une organisation utilise à bien ses ressources pour produire des biens et des services et correspond à l'écart entre la production maximale autorisée compte tenu des inputs consommés et la production réalisée avec la même quantité d'inputs (Boussemart, 1994). C'est donc un concept axé sur les ressources (intrants ou inputs), les biens et services (extrants ou outputs) et le rythme auquel on utilise les intrants pour produire ou offrir les extrants (productivité).

L'économie étant une science d'allocation des ressources, l'efficience économique ou efficience productive traduit la possibilité de produire une quantité maximale à partir d'un input donné. Elle est mesurée à partir de la relation entre la production observée et la production maximale suite à l'utilisation de l'input en question. On dira donc que les dépenses publiques de santé sont efficientes si l'Etat ne peut produire, une fois que la frontière d'efficience10 (frontière de production) est atteinte, un niveau d'output plus élevé que l'output efficient en réduisant les dépenses engagées. Autrement dit, si pour un niveau de dépenses l'Etat ne peut améliorer ses résultats de santé sans toutefois augmenter son niveau de dépenses. Ainsi l'efficience ne représente qu'une dimension du rendement d'un programme ou d'une opération du gouvernement. Elle se distingue d'une part de l'économie qui indique la manière d'obtenir des ressources en quantité suffisante et de qualité satisfaisante au moindre coût ; d'autre part de l'efficacité, c'est-à-dire est la capacité d'une personne, d'un groupe ou d'un système à parvenir à ses fins, à ses objectifs (ou à ceux qu'on lui a fixés). Donc, être efficace, revient à produire à l'échéance prévue, les résultats escomptés et réaliser les objectifs fixés, lesquels objectifs peuvent être définis en termes de quantité, mais aussi de qualité, de rapidité, de coûts, de rentabilité, etc. L'efficience fait plus appel à la productivité des facteurs et s'appréhende dans le même sens de l'efficacité technique ou productive ; c'est le résultat d'une meilleure productivité dans l'entreprise issue d'un arbitrage judicieux de la combinaison des facteurs limités dont elle dispose. Par ailleurs la notion d'efficience économique diffère de la notion d'efficacité sociale ou collective. Le concept d'efficience dans sa dimension économique n'est relatif qu'à un seul agent économique (producteur) alors que celui d'efficacité sociale ou collective est relatif à l'ensemble de l'économie qui inclut producteurs et consommateurs. Elle est atteinte lorsqu'il est impossible d'accroître l'utilité d'un agent économique sans détériorer celle d'un autre. On parle alors d'optimum de Pareto ou optimum de premier rang. Pour définir ce concept d'efficience économique, Farell (1957) la décompose en efficience allocative et efficience

10 La frontière d'efficience ou frontière de production est le lieu géométrique de combinaison d'inputs permettant d'obtenir un niveau maximal d'output. Elle matérialise les meilleures pratiques et l'écart de chaque observation par rapport à cette frontière représente son degré d'inefficience.

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technique qui, selon Daniela Borodak (2007) se décompose à son tour en efficience d'échelle et en efficience technique pure.

III.1.3.1.1. Efficience technique et efficience allocative

L'efficience technique ou efficience physique indique dans quelle mesure une institution utilise de manière optimale les ressources physiques à disposition pour un niveau donné de résultat. Elle concerne la capacité à éviter le gaspillage (Daniela Borodak, 2007). Un gouvernement est donc déclaré techniquement efficient si, pour les niveaux de dépenses publiques utilisés et d'outputs produits, il lui est impossible d'augmenter la quantité d'un output sans augmenter la quantité de dépenses ou de réduire la quantité d'un autre output, ou réciproquement de réduire la quantité d'inputs sans réduire la quantité d'outputs. On suppose donc à travers cette définition que l'ensemble des gouvernements ont accès au même niveau de dépenses, et que seuls ceux qui produisent le maximum sont considérés techniquement efficients. L'utilisation de la notion d'efficience technique permet de mesurer l'écart existant entre le niveau de dépenses publiques injectées pour chaque administration, et un niveau considéré comme optimal déterminé en tenant compte des administrations les plus performantes. Plusieurs institutions seront comparées les unes aux autres et, à partir de l'ensemble des observations, il sera possible d'établir une frontière d'efficience . Les établissements situés sur cette frontière seront considérés comme techniquement efficients. L'inefficience technique correspond donc à une production insuffisante par rapport à ce qui est techniquement possible avec un niveau d'inputs donné (ou réciproquement une quantité d'inputs supérieur au nécessaire pour un niveau d'outputs donné).

L'efficience allocative ou efficience-prix provient de la capacité à combiner les inputs et les outputs dans les proportions optimales, compte tenu des prix donnés sur le marché. L'efficience allocative fait donc intervenir la notion des prix des facteurs de production ; et se réfère à la capacité de l'entreprise de choisir pour un niveau de production la combinaison d'inputs qui minimise le coût. Théoriquement, un processus de production sera dit allocativement efficace si le taux marginal de substitution (TMS) qui est le rapport des productivités marginales entre chaque paire de facteurs est égal à la proportion des prix de ces derniers. Ainsi, Toute erreur dans ce programme entraîne une inefficacité allocative. Dans ce cas, la firme sur ou sous-utilise des facteurs par rapport à d'autres, ce qui rend la production plus coûteuse que celle qui utilise les facteurs dans les proportions optimales. Ainsi, l'efficience allocative consisterait donc à choisir entre différentes combinaison techniquement efficientes celle qui est optimale en termes de coût (prix moindre pour le même résultat).

Pour illustrer graphiquement ces concepts d'efficience, Farrell représente une fonction de production à deux facteurs de la forme Y= f(X1 ; X2), où Y représente l'output et (X1 ; X2) les deux facteurs considérés. Dans sa représentation, il suppose que les

rendements d'échelle sont constants, ce qui donne la forme unitaire de la fonction [f (J ~ ; J ~ ) = 1] représentée à la figure (3.1).

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Sur la figure (3.1), la courbe QQ' désigne l'isoquant et représente le lieu géométrique de l'ensemble des possibilités de production ; c'est le lieu géométrique de combinaison des vecteurs ressources qui sont techniquement efficaces pour un output donné : c'est la frontière de production ou frontière d'efficience. Tout point situé sur cette frontière est techniquement efficient ; S et S' par exemple sont techniquement efficients car ils utilisent des quantités minimales des deux facteurs pour produire la quantité unitaire de produit. Par contre tout point situé à l'intérieur de l'isoquant c'est-à-dire à sa droite est techniquement inefficient (P par exemple) car il engage une quantité élevé de facteurs pour produire juste une quantité unitaire de produit. Géométriquement, l'inefficience technique au point P est représentée par le segment SP. L'inefficience technique renvoie donc à une utilisation excessive d'input.

Selon Farrell, géométriquement l'efficience technique (ET) au point P est donnée

OS

par le rapport ETp= OP . S étant le point de la frontière qui possède les mêmes proportions

d'inputs que P. La notion d'efficacité technique est donc comprise entre 0 et 1 (OS?OP). Ainsi tous les points situés sur la frontière d'efficience QQ' ont un score d'efficience technique égale à 1. Toutefois, bien qu'ils soient techniquement efficaces ils ne le sont pas allocativement.

Figure 3.1 : Efficience technique et efficience allocative

Q

P

A

S

R

S'

Q'

O A

Source : Farrell,1957

x2

Y

x1

Y

Théoriquement, une combinaison de facteurs est dite allocativement efficace si le taux marginal de substitution est égal au rapport des prix des facteurs. La droite AA' représente graphiquement ce rapport des prix, et la courbe QQ' le lieu géométrique des rapports des productivités marginales. Ainsi le point S' déterminé par la tangente de l'isocoût AA' à l'soquant QQ' est allocativement efficace. R étant la projection de P sur S

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sur AA', l'efficacité allocative (EA) de Pet S est déterminée par le rapport EAp=OROS . Tout

comme l'efficience technique, l'efficience allocative est comprise entre 0 et 1 (0?EAi?1). RS représente la réduction de coût si la production correspondait au point S'. Tous les points situés sur l'isocoût sont donc allocativement efficients mais ne sont pas tous faisables (techniquement efficients).

Le produit de l'efficience technique (ET) et de l'efficience allocative (EA) est appelé selon Farrell (1957) efficience économique (EE) ou efficience totale (ETT) :

EE = ETT= ET x EA.

Cet efficience économique est obtenue au point S' (S' étant techniquement et allocativement efficace). L'efficience économique au point P est égale au produit de :

ET x EA = OSx OR= OR

p p OP OS OP .

Par conséquent le point P n'est ni techniquement ni allocativement efficient. S bien qu'il soit techniquement efficient est allocativement inefficient. P et S ont la même inefficience allocative. Le point R bien qu'étant allocativement efficient est techniquement inefficient.

III.1.3.1.2. Efficience d'échelle et efficience technique pure

L'efficience d'échelle représente l'écart existant entre les performances constatées et celles qui seraient obtenues dans une situation d'équilibre concurrentiel de long terme où le profit est nul, c'est-à-dire par rapport à une situation de rendement d'échelle constants. Une institution est dite inefficiente d'échelle si sa situation initiale est caractérisée par des rendements d'échelle croissants ou décroissants. L'efficience d'échelle cherche donc à déterminer dans quelle mesure une institution fonctionne avec des rendements d'échelle croissants ou décroissants ; permettant ainsi de définir la taille optimale d'un établissement.

Il y'a rendement d'échelle croissant lorsque la production varie de façon plus importante que la variation des facteurs de production utilisés ; en d'autres termes, la production d'une unité supplémentaire s'accompagne d'une baisse de coût unitaire : on parle d'économie d'échelle.

Les rendements d'échelle décroissants désignent l'augmentation moins que proportionnelle de la production consécutive à l'augmentation des facteurs de production. En d'autres termes, le coût marginal augmente ; autrement dit, plus on produit et plus il devient coûteux de produire une unité supplémentaire : c'est la déséconomie d'échelle.

L'efficience technique pure reflète la capacité d'une institution à optimiser (maximiser) sa production pour un niveau donné d'intrants et, symétriquement à minimiser ses consommations en ressources pour un niveau donné de production. Elle reflète l'organisation du travail à l'intérieur de l'unité de production : l'habileté d'organiser, de motiver et de surveiller efficacement les employés et les superviseurs ou encore l'habileté d'éviter les erreurs et les mauvaises décisions (Daniela Borodak, 2007). Ces aspects de

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l'efficience sont classés sous la rubrique «efficience- X11». Par conséquent, la mesure de l'efficience technique pure est indépendante des prix des produit et des intrants.

Pour illustrer ces deux types d'efficience, Coelli et al, (1998) représente dans un repère, une fonction de production à un seul facteur (figure 3.2).

Figure 3.2 : Efficience technique pure et efficience d'échelle

Output : Y

Rendements d'échelle constants Rendements d'échelle variables

H M N

A

0

B

XH XM XN Input: X

Source : Coelli et al. (1998).

La courbe en trait discontinu sur la figure (3.2) traduit l'effet du progrès technique correspondant au déplacement de la courbe (frontière) vers le haut. La firme N n'étant pas sur la frontière d'efficience, est techniquement inefficiente. Cette inefficience technique provient de deux sources : inefficience d'échelle et inefficience technique pure. L'efficience

11 La théorie de l'efficience X a été développée par Leibenstein (1966) pour prendre en compte le fait que certaines inefficacités organisationnelles ne résultent pas d'un défaut d'allocation des facteurs de production. C'est le cas notamment des inefficacités liées à la motivation du personnel ou à une mauvaise organisation de l'entreprise. Des entreprises disposant de la même composition de main-d'oeuvre (facteur travail) et de la même technologie (facteur capital) peuvent parvenir à des performances inégales. Il existerait ainsi un facteur X, différent des facteurs de production traditionnels (travail et capital) qui explique l'efficience ou l'inefficience des firmes. Les travaux de Leibenstein sur la théorie de l'efficience X étaient initialement appliqués à l'analyse du sous-développement et n'établissaient pas de lien formel entre l'inefficience X et les organisations publiques. C'est dans un article ultérieur (Leibenstein, 1978) que l'auteur dégage un certain nombre de facteurs qui seraient source d'inefficience X dans les organisations publiques et qui, par conséquent, pouvaient implicitement justifier certaines politiques entreprises par l'État. Ces facteurs sont liés à la structure organisationnelle fortement bureaucratisée des organisations publiques, et aux comportements stratégiques des agents publics.

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technique pure correspond au rapport

XM ; l'efficience d'échelle au rapport

XN

XH. Le produit XM

XH

.

XN

de ces deux efficiences correspond à l'efficience technique totale au point N, soit

Puisque la mesure de l'efficience se fait par rapport à une frontière d'efficience, l'estimation de cette frontière constitue donc une étape centrale dans toute analyse d'efficience (Boussemart, 1994).

III.1.3.2. Généralités sur les modèles de frontière

La mesure de l'efficience est initialement apparue dans les travaux de Koopmans (1951)12 relatifs à l'analyse de la production. Debreu (1951), fût le premier à proposer la mesure de l'efficience technique appelée « Coefficient d'utilisation des ressources » qui permet le calcul de la réduction proportionnelle maximale possible de tous les entrants permettant de conserver le niveau d'offre présent. Toutefois, c'est à Farrell (1957) qu'on doit la définition précise de l'efficience, en dissociant ce qui est d'origine technique de ce qui est dû à un mauvais choix par rapport au prix des intrants, qui partant des propriétés de la dualité mathématique, donne une interprétation en termes de choix alternatifs. L'innovation de Farrell (1957) réside dans la proposition d'une méthode d'estimation des frontières d'efficacité à partir de l'observation de situations réelles de production. Ainsi, les premières mesures de l'efficience technique des moyens de production sont traditionnellement attribuées à Farrell (1957)13. Au fil des années, les définitions et les méthodes d'estimation des scores d'efficience ont connu une certaine évolution, passant des mesures directes, qui sont relativement pauvres, à des mesures indirectes établies à partir de techniques plus élaborées.

S'agissant de la première catégorie de mesures (mesures directes), Deux approches sont considérés; l'approche orientée vers l'input, définie comme la possibilité de produire à partir d'une quantité minimale d'input une quantité donnée d'output et l'approche orientée vers l'output, définie comme la possibilité de produire à partir d'un input donné le maximum d'output. Selon le premier type, l'efficience est mesurée par le montant des ressources allouées au domaine d'intervention concerné, tel que la santé. Ainsi, on considère qu'un pays est plus efficient s'il consacre une part de son PIB plus élevée au secteur en question qu'un autre pays. L'approche -output considère que ce sont les réalisations d'objectifs et non les inputs qui mesurent le mieux l'efficience et l'effort fourni par les pouvoirs publics. Selon cette approche, les pays qui atteignent les niveaux de santé les plus élevés sont jugés les plus performants ; abstraction faite de l'importance des ressources qu'ils consacrent à ces fins. Toutefois, Selon Saoussen Ben Romdhane (2006), ces deux approches ne sont pas satisfaisantes pour éclairer la question d'efficience puisque

12 Koopmans, T.C. 1951. «An Analysis of Production as an Efficient Combination of Activities,» in TC Koopmans, ed, Activity Analysis of Production and Allocation, Cowles Commission for Research in Economics, Monograph No. 13, New York: Wiley.

13 Farrell M.J. (1957): « The measurement of productive efficiency », Journal of the Royal Statistical Society Series, A General120 (3), p253-281.

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ni l'une ni l'autre ne rend compte du phénomène de gaspillage de ressources publiques. En effet, selon Saoussen Ben Romdhane, un gouvernement peut consacrer une part très importante de son budget à la santé sans que les performances ne soient bonnes en raison d'une mauvaise gouvernance se caractérisant notamment par une corruption très répandue. Inversement, des niveaux élevés d'indicateurs sociaux pourraient être le résultat de dépenses publiques excessives et donc de beaucoup de gaspillage de ressources qui auraient pu être utilisées dans les secteurs productifs.

Au regard de ces limites, plusieurs autres techniques de mesures dites indirectes se sont développées, mettant en rapport les inputs et les outputs et rendant compte de l'écart entre l'output potentiel permis par des quantités d'inputs données et le niveau d'output effectivement atteint avec ces mêmes quantités. Deux grandes méthodes permettent dans la littérature économique d'évaluer l'efficience des services publics : les méthodes paramétriques et les méthodes non paramétriques. Toutefois, ces deux approches dépendent de la façon dont les différents auteurs ont estimé la fonction de production.

III.1.3.2.1. Les méthodes paramétriques

Les méthodes paramétriques consistent à la spécification d'une forme fonctionnelle pour la frontière d'efficience (déterministe ou stochastique) et à l'estimation des paramètres à l'aide des méthodes économétriques usuelles. Ces spécifications paramétriques de la frontière de production tiennent compte des éventuelles aberrances et des erreurs de mesure en supposant que le terme d'erreur a deux composantes, l'une représentant les erreurs aléatoires et l'autre l'inefficience technique. Ainsi l'approche paramétrique peut être regroupée en deux grandes catégories selon que la frontière est déterministe (méthode DFA : Deterministic Frontier Approach) ou stochastique (méthode SFA : Stochastic Frontier Approach). La frontière de production est dite déterministe si tout écart observé est uniquement dû à l'inefficacité. Si par contre, en plus de la défaillance technique, l'on prend en compte un autre terme aléatoire qui englobe les erreurs éventuelles de mesure, les erreurs de la mauvaise spécification du modèle, l'omission de certaines variables explicatives et la considération des évènements (politique, cours mondiaux, prix des intrants, etc.) qui peuvent influencer la production, la frontière devient alors stochastique. Théoriquement, le recours à la méthode SFA qui permet d'isoler le terme d'erreur purement aléatoire de celui reflétant l'inefficacité technique de l'entreprise et devrait par conséquent conduire à une mesure plus précise de son efficacité technique. L'utilisation des méthodes DFA, qui attribuent tout écart affiché par rapport à la frontière à l'inefficacité technique, serait donc une surestimation des niveaux d'inefficacité technique (Amara, N. et Romain, 2000).

Toutefois les deux méthodes se basent sur un modèle économétrique du type :

Yit= a + bXit + Vi t + Ui (3.1)

Yit désigne l'output de l'individu i au temps t. a et b les paramètres à estimer du modèle. Xit un vecteur d'entrées, Vit le terme d'erreur de moyenne nulle et Ui une variable aléatoire représentant l'inefficience technique spécifique à l'individu i. Ce modèle suppose

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que le terme d'erreur Ui est non négatif. L'efficience technique (ET) peut être calculée comme le ratio de la valeur attendue de l'output observé pour l'individu i par rapport à la valeur attendue de l'output du même individu lorsque Ui= 0. Soit :

ETi=

E(Yit

Ui; Xit)

(3.2)

E(Yit

Ui=0; Xit)

Dans l'équation (3.2) le dénominateur représente la frontière de production, puisque le terme d'inefficience Ui est nul.

Les coefficients du modèle (3.1) peuvent être estimés en utilisant des méthodes du maximum de vraisemblance. Le modèle suppose entre outre que V et U peuvent être séparés. Pour une estimation robuste, le modèle fait également certaines hypothèses quant à la distribution de U. Étant donné que les U doivent être non négatifs, on suppose généralement qu'ils sont distribués selon une loi semi-normale et normale tronquée. Mais la frontière de production estimée de cette façon n'englobe pas forcément toutes les observations. Alors que la valeur attendue de l'output doit se situer sur ou sous l'enveloppe, la valeur réelle de cet output peut se situer bien au-dessus si l'erreur aléatoire pour cette observation est suffisamment grande. Par ailleurs, bien que ces modèles tiennent compte des aléas autres que l'inefficience, l'une des faiblesses de ces modèles économétriques paramétriques est qu'ils souffrent généralement de problèmes de spécification. Cela est lié au fait qu'elles nécessitent des hypothèses concernant les formes fonctionnelles et la distribution des erreurs. Dans bien des cas, ces hypothèses ont la conséquence d'introduire des biais dans l'analyse des résultats obtenus. Bien qu'il existe des tests de spécification qui permettent de sélectionner le modèle approprié, la probabilité d'avoir un modèle inapproprié n'est jamais nulle, compte tenu du seuil de signification imposé.

Face aux imperfections de ces méthodes, les approches non paramétriques ont retenu l'attention des analystes de l'efficience.

III.1.3.2.2. Les méthodes non paramétriques

L'approche non paramétrique distingue deux méthodes d'analyse de l'efficience telle que la Free Disposable Hull (FDH) ou plein emploi des ressources disponibles et la Data Envelopment Analysis (DEA) ou analyse d'enveloppement des données.

a. La méthode Free Disposable Hull (FDH)

L'analyse «Free Disposable Hull» est une approche non paramétrique d'estimation des scores d'efficience développée principalement par Deprins, Simar, et Tulkens (1984). Cette méthode de mesure de l'efficacité ne fait pas appel à l'inférence statistique et elle est donc déterministe. Elle résulte d'un algorithme de classement de données, selon le critère de la dominance en outputs et en inputs, Deprins (1985). Aucune hypothèse n'est formulée, excepté la forte disposition des inputs et outputs, de

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même qu'il n'existe pas d'information sur les rendements d'échelle. Dans cette méthode, on construit une «enveloppe» linéaire par morceaux qui relie les points extrêmes sur la surface de telle sorte que toutes les données observées se situent soit sur la frontière soit en dessous.

En reprenant Antonio Afonso et Miguel St. Aubyn (2004), on peut prendre un exemple concret.

Tableau 3.1 : Un exemple pour illustrer la notion d'efficience selon la FDH.

 

Résultats (output)

Dépenses (input)

Pays A

65

800

Pays B

66

950

Pays C

75

1000

Pays D

70

1300

Source : Afonso et Aubyn (2004).

D'après ce tableau, le plus bas niveau de dépenses est réalisé par le pays A correspondant également au plus bas niveau d'output. Par contre, le plus haut niveau de dépenses (1300) consenti par le pays D n'a pas donné le plus haut niveau d'output (75) qui est obtenu par le pays C qui n'a dépensé que 1000.

Selon l'approche FDH, les pays A, B et C seront considérés comme efficients et vont être de ce fait situés sur la courbe de la frontière d'efficience alors que le pays D sera le seul pays considéré comme pays inefficient et gaspilleur de ressources dans la mesure où ce dernier bien qu'ayant le nombre d'inputs le plus élevé, n'a pas produit le plus grand nombre d'output. Figure (3.3).

Figure 3.3 : Représentation de la fontière d'efficience par l'approche FDH

A

Y

75

D

70

B

X

800 950 1000 1300

C

66

65

Source: Afonso et Aubyn (2004).

La technique FDH n'impose pas de nombreuses restrictions à la technologie de production, tel est son avantage principal. Toutefois, elle présente aussi plusieurs inconvénients. Premièrement, dans la mesure où plusieurs observations se situent sur la

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

frontière, la technique FDH ne permet ainsi qu'un classement partiel; puisque les observations situées sur la frontière sont tout aussi efficientes. Deuxièmement, aucune distinction n'est faite entre les facteurs aléatoires qui pourraient affecter la production et l'inefficience réelle. L'analyse n'est donc pas robuste vis-à-vis des aberrances ou des données extrêmes. Face à ces limites, d'autres approches telles que la Data Envelopment Analysis (DEA) ont été développées.

b. La méthode DEA (Data Envelopment Analysis)

La méthode DEA est une approche non paramétrique qui permet d'évaluer la performance des organisations (appelées decision-making units : DMU14) qui transforment des ressources (inputs) en prestations (outputs). Elle est adaptée tant aux entreprises du secteur privé qu'aux organisations du secteur public. Elle peut également être appliquée à des entités comme des villes, des régions, des pays, etc. La méthode DEA a été développée par Farrell (1957) et popularisée par Charnes Cooper et Rhodes (1978)15 pour évaluer l'efficience d'un programme fédéral américain d'allocation de ressources aux écoles (« Programme Follow Through»), puis par Banker Charnes et Cooper, (1984)16. L'utilisation de la méthode DEA s'est ensuite

généralisée dans les autres organisations publiques (hôpitaux, services sociaux,
offices de chômage, usines électriques, unités de police, corps de l'armée, usines de traitement des déchets, entreprises de transports publics, entreprises forestières, bibliothèques, musées, théâtres, etc.) et dans le secteur privé (banques, assurances, commerces de détail, etc.).

La méthode DEA est équivalente à un processus d'optimisation sous contrainte qui utilise la programmation linéaire. Basée sur l'approximation intérieure de la technologie de production d'une unité de décision, seulement deux hypothèses sont requises : l'hypothèse de libre disposition d'inputs et d'outputs et celle de combinaison convexe. La première stipule que la production d'une quantité donnée d'outputs nécessite une quantité donnée d'inputs ou une quantité supérieure à celle-ci, alors que la seconde indique que si la quantité d'input X1 permet de produire la quantité d'output Y1 et que X2 permet de produire Y2, alors toute combinaison convexe de X1 et X2 permet de produire la même combinaison convexe de Y1 et Y2. Ces deux hypothèses suffisent à estimer la frontière des possibilités de production des DMU étudiées et à exprimer l'inefficience de chacune d'entre elles, par sa position par rapport à la frontière.

14 Une DMU (Decisions Making Units) ou unité de décision est définie de manière générale comme une entité dont la mission principale est de convertir les inputs en outputs et dont la performance est à évaluer. Dans notre étude, les DMU sont composées des pays sur lesquels porte notre échantillon.

15 Charnes, Cooper et Rhodes (1978) ont généralisé et rendu opérationnelles les propositions de Farrell sous l'hypothèse des rendements d'échelle constants, en permettant l'estimation de la fonction de production par une courbe enveloppe formée des segments de droite joignant les entités efficientes d'où la dénomination Data Envelopment Analysis.

16 Banker, Charnes et Cooper (1984) ont étendu la mesure de l'efficience de Charnes, Cooper et Rhodes (CCR) aux rendements d'échelle variables en introduisant une contrainte additionnelle qui permet en principe de décomposer l'inefficience technique globale obtenue à partir du modèle CCR entre inefficience technique pure et inefficience d'échelle.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Le score d'efficience de chaque organisation est calculé par rapport à une frontière d'efficience. Les organisations qui se situent sur la frontière ont un score de 1 (ou 100%). Les organisations qui sont localisées sous la frontière ont un score inférieur à 1 (ou 100%) et disposent par conséquent d'une marge d'amélioration de leur performance. Relevons qu'aucune organisation ne peut se situer au-dessus de la frontière d'efficience car il n'est pas possible d'obtenir un score supérieur à 100%. Les organisations situées sur la frontière servent de référence (ou de benchmarks) aux organisations inefficientes. Ces références sont associées aux best practice observables. La méthode DEA est par conséquent une technique de benchmarking.

La méthode DEA a évolué depuis les premiers travaux de la fin des années soixante-dix. Sa pratique s'est considérablement développée. Les applications continuent à devenir plus sophistiquées et à une grande échelle deux modèles de base sont utilisés en DEA, aboutissant chacun à l'identification d'une frontière d'efficience différente :

- Le premier modèle fait l'hypothèse que les organisations évoluent dans une situation de rendements d'échelle constants (modèle Charnes Cooper et Rhodes, 1978 ou modèle CCR ou modèle CRS). Il est approprié lorsque toutes les organisations ont atteint leur taille optimale. Relevons que l'hypothèse de ce modèle est (très) ambitieuse. Pour opérer à leur taille optimale, les organisations doivent évoluer dans un environnement de concurrence parfaite, ce qui est rarement le cas. Le modèle CRS calcule un score d'efficience appelé constant returns to scale technical efficiency (CRSTE).

- Le second modèle fait l'hypothèse que les organisations évoluent dans une situation de rendements d'échelle variables (modèle Banker, Charnes et Cooper, 1984 ou modèle BCC ou modèle VRS). Il est approprié lorsque les organisations n'opèrent pas à leur taille optimale. Cette hypothèse est privilégiée dans les cas de concurrence imparfaite ou de marchés régulés. Le modèle VRS calcule un score d'efficience appelé variable returns to scale technical efficiency(VRSTE).

Par ailleurs que l'on soit dans un modèle CRS ou VRS, la méthode DEA distingue deux types d'orientations : l'orientation input et l'orientation output. Dans le modèle en input, l'objectif est de produire les outputs observés avec un niveau de ressources minimum. En revanche, dans une orientation output, l'attraction n'est plus centrée sur la minimisation des ressources en inputs, l'objectif étant de maximiser la production d'outputs tout pour un niveau donné de ressources.

La frontière d'efficience est différente selon un modèle CRS ou VRS. Cependant, à l'intérieur de chacun de ces modèles, la frontière ne sera pas affectée par une orientation input ou output. Autrement dit, dans un modèle CRS ou VRS la frontière d'efficience sera exactement la même à orientation input ou output ; les organisations situées sur la frontière dans le cas d'une orientation input seront également situées sur la frontière dans le cas d'une orientation output. En outre, dans un modèle CRS, les scores d'efficience technique sont les mêmes selon une orientation input ou output. Mais ces scores sont différents selon l'orientation retenue dans un modèle VRS.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Coelli et Perelman (1996, 1999) relèvent cependant que, dans de nombreuses situations, le choix de l'orientation du modèle (input ou output) n'impactera les scores d'efficience technique que de manière mineure dans un modèle VRS.

Le graphique ci-dessous résume de façon synthétique ces deux modèles de base.

Figure 3.4 : Classification des modèles DEA

Orienté inputs

 

CCR-INPUT

 
 
 
 

Rendements d'échelle constants

Orienté outputs

CCR-OUTPUT

 

Orienté inputs

BCC-INPUT

Rendements d'échelle variables

 
 
 

BCC-OUTPUT

Orienté outputs

Source: Auteur

b-1) Frontière d'efficience CRS

Pour comprendre le fonctionnement « mécanique » de la méthode DEA de manière intuitive, reprenons comme António Afonso et Miguel St. Aubyn (2004) l'exemple du tableau précédent (tableau 3.1).

Y

75

70

66

65

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Figure 3.5 : Frontière d'efficience DEA sous l'hypothèse des rendements d'échelle constants

DCRS-I

D

DCRS-o

C

S

A

B

T

Frontière d'efficience CRS

800 950 1000 X

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Source: Afonso et Aubyn (2004).

La Figure (3.5) représente la frontière d'efficience sous hypothèse de rendements d'échelle constants (frontière d'efficience CRS). La frontière d'efficience CRS part de l'origine et passe par le pays A. Ce pays est l'observation avec la pente la plus raide parmi les quatre pays. Autrement dit, il présente le ratio de productivité « outputs par input» le plus élevé (65 / 800 = 0,0815). Le pays A est sur la frontière d'efficience ; il est efficient à 100%. Les pays B,C,D sont situés sous la frontière. Leurs scores d'efficience respectifs sont inférieurs à 100%. La méthode DEA considère que le l'ensemble des possibilités de production est limité par la frontière. Autrement dit, il n'est pas possible pour une organisation de se situer au-delà de la frontière, et par conséquent d'obtenir un hypothétique score d'efficience supérieur à 100%. La méthode DEA calcule par conséquent des scores d'efficience relatifs et non absolus. Les organisations situées sur la frontière sont efficientes à 100% car elles sont les plus efficientes de l'échantillon17.

La Figure (3.5) illustre également la manière dont la méthode DEA calcule les scores d'efficience. L'exemple du pays D est décrit ci-dessous :

- Dans le cas d'une orientation input, le score d'efficience de D est égal à la distance SDCRS-I divisée par la distance SD. DCRS-I est la projection du point D sur la frontière d'efficience (sous hypothèse de rendements d'échelle constants-CRS-et avec une orientation input -I-). Relevons qu'il est aisé de calculer les scores d'efficience en utilisant une règle et en mesurant les distances directement sur le graphique. Le score de D est de 60,5%. Cela signifie que le pays D pourrait réduire le nombre de ses inputs de 39,5% (100 - 60,5) tout en continuant à produire le même nombre d'outputs (66).

17 Soulignons que les organisations efficientes à 100% pourraient, selon toute vraisemblance, encore s'améliorer en augmentant leur productivité.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

- Dans le cas d'une orientation output, le score d'efficience de D est égal à la distance TD divisée par la distance TDCRS-O. DCRS-O est la projection du point D sur la frontière d'efficience (sous hypothèse de rendements d'échelle constants-CRS-et avec une orientation output-O-). Le score d'efficience de D est de 60,5%, comme dans le cas de l'orientation input. Cela signifie que le pays D pourrait augmenter le nombre d'outputs de 39,5% (100 - 60,5) avec le même nombre d'inputs (1300).

b-2) Frontière d'efficience VRS

La Figure (3.6) représente la frontière d'efficience sous hypothèse de rendements d'échelle variables (frontière d'efficience VRS). La frontière d'efficience VRS présente la particularité d'épouser la forme du nuage de points, autrement dit d'envelopper toutes les observations. Les pays A et C sont situés sur la frontière. Ils obtiennent tous un score d'efficience de 100%. Les pays B et D sont situés sous la frontière. Leurs scores d'efficience respectifs sont inférieurs à 100%. La Figure (3.6) illustre également la manière dont la méthode DEA calcule les scores d'efficience. L'exemple du pays D est décrit ci-dessous :

Figure 3.6 : Frontière d'efficience DEA sous l'hypothèse des rendements d'échelle variables

D

DVRD-I

70

A

DVRD-O

C

Frontière d'efficience VRS

U

B

V

800 950 1000

X

Y

75

66

65

Source: Afonso et Aubyn (2004).

- Dans le cas d'une orientation input, le score d'efficience de D est égal à la distance UDVRS-I divisée par la distance UD. DVRS-I est la projection du point D sur la frontière d'efficience (sous hypothèse de rendements d'échelle variables-VRS-et avec une orientation input -I-). Relevons qu'il est aisé de calculer les scores d'efficience à l'aide d'une règle en mesurant les distances directement sur le graphique. Le score de D est de 62%. Cela signifie que le pays D pourrait réduire le nombre de ses inputs de 38% (100 - 62) tout en continuant à produire le même nombre d'outputs (70).

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- Dans le cas d'une orientation output, le score d'efficience de D est égal à la distance VD divisée par la distance VDVRS-O. DVRS-O est la projection du point D sur la frontière d'efficience (sous hypothèse de rendements d'échelle variables -VRS-et avec une orientation output-O-). Le score de D est de 67%. Cela signifie que le pays D pourrait augmenter le nombre de ses résultats de 33% (100 - 67) avec le même nombre d'inputs (1300).

b-3) Frontières d'efficience DEA et FDH

António Afonso et Miguel St. Aubyn (2004) ont montré que, du fait de la convexité de la frontière imposée dans l'approche DEA, cette méthode se révèle plus efficace que la FDH (confère Figure 3.7). L'estimation de la frontière d'efficience DEA révèle que le pays B qui était efficient selon la FDH ne l'est plus sous la DEA et donc seuls les pays A et C continuent d'être efficients.

Figure 3.7 : Comparaison frontières d'efficience FDH et DEA

Y

C

X

800 950 1000 1300

75

Rendements d'échelle constants

Rendements d'échelle variables

D

70

Frontière DEA

Frontière FDH

66

B

65

A

Source: Afonso et Aubyn (2004).

La Figure (3.7) montre donc qu'un pays qui est jugé efficient sous la FDH ne l'est pas toujours sous la DEA, alors qu'un pays efficient sous la DEA le sera sous la FDH. Par construction, l'ensemble de production défini par la FDH est donc inclus dans l'ensemble de production DEA. Ainsi, il est possible de déduire la frontière FDH à partir de la frontière DEA. Les principaux avantages de l'analyse DEA, sont qu'elle n'impose que de faibles restrictions à la représentation de la technologie de production, et qu'elle permet une comparaison des niveaux d'efficacité entre les entités. La seule hypothèse faite est qu'il est possible, avec les mêmes technologies de production, de mesurer une baisse des valeurs ajoutées tout en maintenant le niveau d'intrants et d'augmenter les apports en intrants tout en maintenant la valeur ajoutée.

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En définitive, la différence fondamentale entre l'approche paramétrique et l'approche non paramétrique réside dans le fait que la première se base sur un modèle statistique explicite concrétisé par l'utilisation d'une forme fonctionnelle et d'une loi de probabilité particulière ; ce qui n'est pas le cas dans l'approche non paramétrique. Il est alors intéressant de se demander quel est l'effet de l'utilisation d'une forme fonctionnelle ? En utilisant moins d'informations que dans l'approche paramétrique, les résultats dans l'approche non paramétrique devraient être moins précis mais il y a le risque d'influencer les résultats en imposant une forme fonctionnelle qui n'est pas la plus appropriée. L'arbitrage entre imposer plus de structures et plus de flexibilité est un problème permanent dans la mesure où plus de contraintes dans un modèle entraîne de meilleures estimations ; et des hypothèses fortes génèrent des résultats forts pourvu. Le choix entre les deux approches n'est donc pas toujours facile. Bosman et Frecher (1992) recommandent de se baser sur des informations que l'on a de la technologie disponible et des objectifs recherchés Ces auteurs pensent que, lorsque l'on a une idée assez nette de ce qu'est la technologie sous-jacente, cas du secteur agricole et des branches manufacturières par exemple, l'estimation économétrique des frontières de production paramétrique a un sens. Par contre, lorsqu'il s'agit d'une unité de décision dont l'activité est la production des services, une approche non paramétrique semble d'avantage appropriée, du fait qu'elle ne repose sur aucune hypothèse explicite concernant la technologie et qu'elle s'applique à des activités ayant plusieurs outputs et plusieurs inputs.

III.2. REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE

La question théorique de l'impact des dépenses publiques sur la croissance a de tout temps constitué une préoccupation centrale de la science économique. Les théoriciens du développement économique ont traité cette question en considérant le capital public comme un facteur environnemental qui influence à travers ses externalités positives le développement économique et social d'un pays. Néanmoins, depuis la moitié des années 80, un profond renouveau sous l'impulsion des modèles de croissance endogène a remet sur scène la question de l'apport des investissements publics à la croissance économique. Ces théories ont constitué un enjeu majeur des développements récents de la théorie économique car elles réhabilitent le rôle économique de l'Etat et redonnent des objectifs pour atteindre une croissance durable et soutenue. Toutefois, avant de passer en revue la portée théorique de la croissance endogène, il est important de mettre en lumière les fondements théoriques l'intervention de l'Etat.

III.2.1. Les fondements théoriques de l'intervention de l'Etat

Jusqu'au début du 20esiècle, les idées classiques du ?laissez-faire? prédominaient parmi les centres de discussion économique. Cette doctrine a été fondée sur l'hypothèse selon laquelle les marchés concurrentiels conduiraient à l'optimum de Pareto, ce qui permettrait la satisfaction des consommateurs et l'efficience de la production. Étant données la rareté (relative) des ressources disponibles et la diversité des

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 35

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moyens de les employer, l'objectif qu'il paraît naturel de chercher à atteindre est que ces ressources soient utilisées au mieux, qu'elles ne soient pas gaspillées. La définition traditionnelle que la science économique donne de l'absence de gaspillage correspond au critère de Pareto: l'utilisation des ressources est considérée comme efficace s'il est impossible de trouver une autre allocation qui soit jugée au moins aussi bonne par tous les agents économiques et strictement meilleure par au moins l'un d'entre eux. Or, sous réserve que certaines conditions soient remplies, le seul jeu des mécanismes de marché, animés par des agents qui n'ont à l'esprit que leur intérêt personnel, conduit à une situation qui satisfait ce critère d'efficacité. Autrement dit, l'équilibre d'une économie de marché sans État constitue un optimum parétien18 ; en ce sens, toute action gouvernementale conduirait à une situation sous-optimale : c'est la fameuse théorie de la main invisible d'Adam Smith.

Toutefois, De là à conclure que l'État est fatalement « celui qui dérange » l'ordre idéal du marché, il n'y a qu'un pas qui ne peut toutefois pas être franchi, et cela pour trois raisons.

? D'abord, les mécanismes de marché ne parviennent pas nécessairement à coordonner les actions des différents agents de manière telle que l'économie atteigne un équilibre (les marchés peuvent témoigner de rigidités qui aboutissent à un « équilibre de sous-emploi », se caractérisant, par exemple dans le cas du marché du travail, par un chômage qui dépasse son niveau « naturel »). Cette « ankylose » de la main invisible justifie la mise en oeuvre par l'État d'une politique de stabilisation économique visant à (r)établir l'équilibre.

? Ensuite, l'équilibre de marché n'est un optimum parétien que si certaines

conditions sont satisfaites19. Les cas où elles ne le sont pas correspondent aux « défaillances du marché » (market failures) ; ouvrant ainsi la voie à une intervention palliative de l'État au travers d'une politique d'allocation des ressources visant à assurer l'optimalité parétienne.

? Enfin, l'optimum qui, dans le meilleur des cas, est atteint à l'équilibre de marché

n'est pas le seul qui soit réalisable. Et rien ne garantit qu'il soit celui que, du point de vue de l'équité, la société (dont l'État est le mandataire) conçoit comme le meilleur. Or, sous réserve que la répartition initiale des ressources soit modifiée dans un sens approprié, n'importe lequel des optima réalisables peut être obtenu par un système de marché20. La recherche de l'équité se traduit ainsi par la mise en place d'une politique de redistribution visant à permettre à l'économie de marché de sélectionner le « meilleur des états meilleurs », l'«optimum optimorum».

18 Ce résultat fondamental, version moderne de la « main invisible » d'Adam Smith, correspond au Premier théorème de l'économie du bien-être. Par la main invisible, Smith désignait le processus qui, en économie de marché, fait coïncider les intérêts individuels avec l'intérêt général.

19 Succinctement, les trois conditions à remplir sont l'efficacité de l'échange, celle de la production et celle de la combinaison des biens produits.

20 Ce résultat, tout aussi fondamental que le précédent dont il constitue une sorte de réciproque, est connu sous le nom de Second théorème de l'économie du bien-être.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Ces trois grands domaines de l'intervention publique (qui renvoient à la célèbre typologie de Musgrave)21 sont largement interdépendants. La plupart des actions menées dans le cadre de l'un d'eux ont en effet des répercussions sur les deux autres22. Ce qui a conduit à une réflexion sur de nouveaux modus operandi de l'interventionnisme étatique, ainsi qu'à une redéfinition de son périmètre. Ce changement de rythme s'explique à la fois par une évolution des doctrines et une évolution des moeurs ; des vielles théories libérales du 19esiècle qui confinaient le gouvernement dans un domaine aussi étroit que possible (armée, police, justice) ont fait place aux doctrines interventionnistes, très variées dans leurs nuances (d'une économie de marché simplement orientée vers l'étatisme intégral), mais identiques quant à leurs tendances générales de charger l'Etat de tâches nouvelles soit par la substitution d'organismes administratifs aux entreprises privées soit par un appui à l'égard de ces mêmes entreprise(théorie du new public management)23.

Après une période considérable de forts débats sur les fluctuations cycliques des économies, certaines critiques ont commencé à émerger par rapport aux limites de ces théories concernant l'explication des phénomènes de long terme. De nombreux auteurs ont ainsi utilisé la croissance économique comme baromètre permettant d'apprécier l'efficacité de l'intervention publique à travers l'efficacité des dépenses publiques, c'est le cas des auteurs néoclassiques de la théorie de la croissance endogène notamment Romer (1986), Lucas (1988) Barro (1990) Artus et Kaabi (1993).

III.2.2. Les théories de la croissance endogène

Dans les années 1980, le rôle de l'investissement public dans la croissance économique à long terme est relayé par les tenants de la théorie de la croissance endogène. Cette théorie met particulièrement l'accent sur les externalités positives qu'engendrent certains aménagements publics d'infrastructure et, a le mérite de regrouper certains néokeynésiens et néolibéraux. En effet, les économistes s'accordent sur le fait que l'Etat doit assurer la fourniture des biens et services non rentables pour le privé mais qui peuvent s'avérer utiles d'un point de vue socioéconomique. Il s'agit des biens publics ou collectifs qui n'obéissent pas aux principes d'exclusions et de rivalités (infrastructures routières, systèmes d'adduction, éducation, sécurité nationale, santé, aéroports, etc.). Ainsi, Paul Romer (1986) affirme que le moteur de la croissance

21 Musgrave R., (1959), The Theory of Public Finance, New York, McGraw Hill.

22 Les effets croisés peuvent d'ailleurs être contradictoires. Par exemple, si la redistribution opérée via la fiscalité occasionne des distorsions dans l'allocation des ressources (des pertes d'efficacité), elle est en même temps susceptible d'exercer un impact positif sur la croissance économique et donc de concourir à une meilleure allocation inter temporelle des ressources (pour un point récent sur les études correspondantes, voir Persson T. et Tabellini G., (2000),Political Economy : Explaining Economic Policy, Cambridge, MA, MIT Press).

23 C'est vers la fin des années 60 que l'analyse économique des choix publics prend véritablement son essor, notamment avec les travaux de l'École de Virginie. La théorie des choix publics est apparue très tôt comme l'une des théories ayant le plus aidé à faire avancer les idées néo-libérales sur le plan économique. Élaborée essentiellement par des économistes comme Buchanan et Tollison (1972), Tullock, elle postule que l'inefficience des entreprises publiques est due notamment aux groupes d'intérêts et aux jeux politiques qui caractérisent les administrations publiques. Selon l'Ecole du « Public Choice » les agents qui prennent les décisions publiques, notamment les administrateurs d'entreprises publiques, les politiciens et les bureaucrates, le font en privilégiant non pas l'intérêt général, mais leurs intérêts propres comme le ferait tout individu dans ses choix privés [Hodge, 2000].

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 37

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

provient essentiellement de l'accumulation de connaissances et du capital technologique due à l'innovation et à la recherche-développement. Robert Lucas24 (1988) privilégie l'accumulation de capital humain. Robert Barro, quant à lui, prend en compte les dépenses d'infrastructures publiques.

Bien que les pères fondateurs de la théorie de la croissance endogène à savoir Romer et Lucas rejettent le rôle primordial de l'Etat, ils acceptent cependant que l'Etat devrait favoriser la croissance de longue période. La question n'est pas de savoir si l'Etat doit intervenir ou non dans l'activité économique, mais de savoir comment et jusqu'où peut-il intervenir.

Dans son article ?Government Spending in a Simple Model of Endogeneous Growth?, publié en 1990, Barro soutient que la taille du gouvernement influence de manière significative le taux de croissance économique, en se basant sur l'existence d'un niveau optimal pour la participation du gouvernement dans l'économie. Selon l'auteur, il existe une relation non-linéaire entre les deux variables qui peut être très ambigüe, en tenant compte du fait qu'elle dépende de l'effet négatif de la taxation sur le revenu qui, par son tour, sera compensé par l'effet positif de l'investissement en capital. En général, le modèle prédit que le gouvernement devrait offrir des services publiques aux agents, ménages et aux firmes. La quantité de services offerts par le gouvernement tient en compte des abstractions concernant certaines externalités liées aux services publiques, tels que l'exclusion et la rivalité. La dépense publique est prise comme un élément additionnel à la fonction de production puisque les facteurs de production privés ne sont pas des substituts directs des inputs publics, selon l'auteur. La croissance endogène est garantie par l'hypothèse de rendements d'échelle constants dans l'accumulation de facteurs de production. Les dépenses publiques sont financées par la taxation et lorsque que le gouvernement augmente les dépenses, la productivité du capital est à la hausse dans une telle proportion que les variables fondamentales du modèle augmentent à cause de la relation positive entre productivité et croissance. Néanmoins, pour le modèle, plus importante est la taille du gouvernement moins est le revenu retenu par les ménages, ce qui conduit aux changements négatifs sur le taux de croissance.

L'article de Barro met l'accent ainsi sur l'optimisation des services du gouvernement par rapport à la croissance économique optimale. Selon l'auteur, les dépenses gouvernementales peuvent être productives lorsque, dans certaines conditions pour la fonction de production, elles sont choisies de façon optimale, contribuant donc, à la croissance économique et elles sont improductives dans le cas contraire. En d'autres termes, les gouvernements favorisent la croissance économique grâce à l'offre de biens publiques qui accroissent la productivité marginale du capital. Cependant, lorsque la taille du gouvernement augmente, de plus en plus de ressources sont affectées pour des motivations politiques plutôt que pour des raisons liées aux forces du marché, et nous arrivons dans un scenario propice à l'émergence des inefficacités et donc, qui conduit à une précarité de la croissance économique.

24 Prix Nobel d'économie 1995

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Toutefois, dans la littérature économique, les dépenses publiques n'ont pas toujours été perçues comme des moteurs de la croissance économique. Leur efficacité a été remise en cause à travers la théorie du marché politique. Des auteurs comme James Buchanan (Prix Nobel 1986) et Gordon Tullock (1961) contestent l'idée que l'Etat est le représentant de l'intérêt général. Ils montrent en effet que les pouvoirs publics sont des agents économiques qui cherchent à maximiser leur satisfaction par une élection ou une réélection et que les décisions publiques sont le résultat de l'agrégation de décisions privées telles que les promesses électorales. Ils cherchent donc à honorer des promesses électorales plutôt qu'à se soucieux de l'efficacité ou de la productivité d'une dépense publique. De même, la théorie de la bureaucratie25 stipule que les agents ou bureaucrates cherchent à maximiser leurs revenus ou leur pouvoir. Il en résulte un accroissement injustifié des dépenses publiques. En effet selon la théorie de la bureaucratie, le pouvoir administratif met en évidence le passage de l'échange volontaire à la dérive bureaucratique. A cause du théorème d'impossibilité d'Arrow, un ensemble de logiques individuelles ne peut pas conduire à une rationalité collective. Dès lors, le risque est grand de voir, au mépris de la démocratie, les choix publics correspondre davantage aux préférences des dirigeants qu'à une expression de la volonté populaire. La classe dirigeante peut alors se servir des dépenses publiques pour assurer la réalisation de ses objectifs et la défense de ses intérêts propres. Les fonctionnaires disposant d'une information privilégiée et désireux d'accroître leur pouvoir, ont tendance à surestimer les montants de leurs besoins en investissements sans souci de leur efficacité, de sorte que le poids des dépenses budgétaires ne fait que croître de période en période, sans que l'intérêt public ne le justifie. Selon Niskanen, les organismes publics croissent du fait de leur inefficacité et du désir de puissance de leurs dirigeants (Delas, 2001).Ces analyses ont fait l'objet de développements dans plusieurs travaux comme ceux de Bléart (1991) et de Muller (2005). Dans ces conditions, le concept de dépenses publiques productives devrait être questionné.

III.3. REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE

En marge de ces études théoriques, la question de la mesure de l'efficience en général et celle de l'impact des dépenses publiques sur la croissance économique en particulier a fait l'objet de nombreuses analyses empiriques. Ainsi, cette sous-section fait une synthèse des principales études d'une part sur la mesure de l'efficience plus précisément dans le secteur de la santé, et d'autre part sur l'impact des dépenses publiques sur la croissance.

III.3.1. Littérature empirique sur la mesure de l'efficience

Le caractère multidimensionnel de la santé (multi outputs / multi inputs) avec la difficulté de modéliser son processus de production (problème de choix de la forme fonctionnelle) sont l'une des raisons pour lesquelles de nombreux auteurs se sont intéressés dans leurs études à la mesure de l'efficience des services de santé. Nous allons présenter

25 La théorie de la bureaucratie de son auteur Max Weber (1922) s'est développée aux Etats-Unis dans les années 70 avec les travaux de Niskanen (1968 et 1971).

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quelques-unes de ces études afin d'avoir une vision globale sur les méthodes, les différents inputs et outputs choisis par les auteurs.

En 2001, Gupta et Verhoeven ont appliqué une fonction déterministe de la frontière de production à un panel de données provenant de 85 pays (38 de ces derniers sont des pays africains) sur la période 1984 et 1995. Ils ont défini la frontière de l'espérance de vie et du taux de mortalité infantile et utilisé les dépenses publiques moyennes par habitant de la santé comme intrants dans le processus de production. La méthode qu'ils ont utilisée est la FDH à orientation input. Les résultats de ces travaux montrent que les dépenses publiques de santé en Gambie, Guinée, Ethiopie et Lesotho sont plus efficientes que dans d'autres pays tel que la Botswana, le Cameroun, la Côte d'Ivoire et le Kenya. Ces résultats montrent en outre que les pays asiatiques sont les plus efficients et que les pays africains sont les moins performants dans la production des services de santé. Ceci peut s'expliquer d'une part, par les salaires (du personnel santé) relativement élevés en Asie et faible en Afrique, et d'autre part pa la mauvaise allocation intra sectorielle des ressources dans les pays africains (Antonio Afonso and Miguel ST. Aubyn, 2004). L'étude a été critiquée, du fait que les résultats obtenus exclus la contribution du secteur privé car les auteurs n'avaient inclus que les dépenses du gouvernement. Evans et al. (2001) a mesuré l'efficience des systèmes de santé de 191 pays sur un panel à effet fixe entre 1993 et 1997. Les inputs choisis sont les dépenses de santé ainsi que le nombre moyen d'éducation de la population adulte. Pour l'output, il a été mesuré par l'espérance de vie corrigée par l'incapacité. Jayasuriya et al. (2003) sur un échantillon de 76 pays en développement entre 1990 et 1998 ont mesuré l'efficience de l'offre des services de santé. Les inputs utilisés sont les dépenses totales de santé par tête et le taux d'alphabétisation et l'indicateur d'output utilisé est l'espérance de vie à la naissance.

Herrera et Pang (2005) ont mesuré l'efficience des systèmes de santé de 140 pays en développement entre 1996 et 2002 selon deux méthodes DEA et FDH suite à une orientation input et output. Les inputs utilisés sont les dépenses publiques de santé par tête, les dépenses privées de santé par tête et le taux d'alphabétisation des adultes. Pour les outputs ils ont choisi l'espérance de vie à la naissance, l'espérance de vie corrigée de l'incapacité et les taux de vaccination des enfants contre la rougeole. Les auteurs ont effectué les estimations selon de nombreuses spécifications de la fonction de production de la santé mais seulement avec la méthode non paramétrique. Antonio Afonso et St. Aubyn (2005) ont opté pour la même méthode que Herrara et Pang (2005) mais cette fois ci appliquée aux pays de l'OCDE en 2002. L'orientation input est celle utilisée dans les deux méthodes. Les outputs choisis sont le taux de mortalité infantile et l'espérance de vie à la naissance. La critique mise en avant ici concerne le choix des outputs qui ne sont pas adaptés aux situations sanitaires des pays développés. Les auteurs ont adoptés des inputs physiques : le nombre de médecins, le nombre d'infirmiers et le nombre de lits d'hôpitaux (pour 1000 habitants).

Dans une étude sur la mesure de l'efficience des dépenses publiques d'éducation et de santé dans les pays en voie de développement dans la période 1990-2002, Saoussen Ben Romdhane (2006) a montré sur la base de la méthode DEA que les pays en développement sont seulement efficients à 30% dans la production de tels services. L'input retenu était les dépenses annuelles moyennes par tête sur la période 1990-2012 et l'output

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le nombre moyen de lits dans les hopitaux pour 1000 habitants. Dans la même lancée, Damas Hounsounon (2009) a procédé à l'estimation des scores d'efficience des dépenses publiques d'éducation et de santé dans la zone UEMOA avant d'étudier l'impact de ces scores estimés sur la croissance à travers un modèle de croissance endogène. Les scores d'efficience ont été estimés au moyen de la méthode d'enveloppement des données à la Malmquist (DEA-Malmquist), technique non paramétrique ayant l'avantage de ne pas exiger de spécification explicite de la relation liant l'input à l'output et de considérer l'évolution de l'environnement technologique pouvant influencer sur l'efficience. Les résultats de ces estimations montrent qu'en moyenne sur la période considérée, les dépenses socio- publiques d'éducation et de santé ne sont pas efficientes même si les degrés d'efficience ne sont pas très faibles et que les dépenses publiques sont gaspillées à près de 27% et de 55% en moyenne respectivement pour l'éducation et la santé. Ces résultats présagent que les dépenses sociales en matière d'éducation et de santé sont plus ou moins rationnelles. Mais ce résultat peut être dû au non prise en compte de l'effet du secteur privé. En effet, les domaines de la santé et de l'éducation sont deux domaines qui sont considérablement explorés par le secteur privé.

III.3.2. Dépenses publiques et croissance économique

De manière générale, les évidences empiriques de la nature de la relation entre les dépenses sociales et la croissance économique dans le but de montrer la portée de chacun des modèles de la croissance endogène sont controversées. Ces dernières bien qu'ayant abouti à des résultats assez concluants estiment pour la plupart qu'en dehors de la prise en compte des externalités, l'Etat exerce une influence directe sur l'efficacité du secteur privé : les investissements publics concourent à l'augmentation et à l'amélioration de la productivité privée. Toutefois ces résultats peuvent être classés en trois catégories.

La première catégorie qui trouve une relation de causalité unidirectionnelle des dépenses sociales vers la croissance et de la croissance vers les dépenses sociales Tang, Tuck Cheong (2001) a observé une causalité unidirectionnelle du revenu national vers les dépenses publiques pour le cas de la Malaisie. Aregbeyen (2008) trouve également à partir d'un test de causalité de Granger une causalité unidirectionnelle du revenu national vers les dépenses publiques pour le cas du Nigéria et ce résultat est a été confirmé par Chimobi (2009). Aussi, Kacou (2004), à l'aide d'un test de Granger montre que ce sont les dépenses publiques qui causent la croissance en Côte d'Ivoire. Ainsi, l'augmentation de la richesse nationale est une fonction croissante des dépenses publiques.

S'agissant de l'impact positif des dépenses publiques sur la croissance économique, Ram (1986) a étudié l'impact de la taille du secteur public sur la croissance économique (mesurée par le taux de croissance du PIB) pour 115 pays dans les années 1960-1980. Selon cette étude, l'impact total de la taille du secteur public sur la croissance a été généralement positif durant cette période. Morley et Perdikis (2000) concluent à l'existence d'un effet positif à long terme des dépenses publiques totales sur la croissance égyptienne. Reinikka et Svensson (2004) ont également relevé que la croissance économique était significativement justifiée par les dépenses publiques dans une étude en séries temporelles réalisée en Ouganda. Les études de

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Herrera (1998a)26 ont examiné les effets des dépenses publiques d'éducation sur la croissance économique en longue période, en recourant à un modèle de croissance endogène par accumulation de capital humain dans un seul secteur. Il conclut que la dynamique de croissance est impulsée par l'Etat, dont les choix d'allocation de ressources budgétaires commandent le rythme d'accumulation du capital humain. De même, Bloom, Canning et Sevilla (2001), Sala - i-Martin (2001) en prenant en compte le facteur santé, ont montré que l'investissement public en particulier dans le secteur santé est source de croissance économique puisqu'il accroît de l'espérance de vie de la population active.

Toutefois, dans la littérature économique, les dépenses publiques n'ont pas toujours un effet positif sur la croissance. Dar et Amirkhalkhali (2002) examinent le rôle de la taille du secteur public dans l'explication des différences de taux de croissance économique de 19 pays de l'OCDE pour le période de 1971 à 1999. La taille relative du secteur public est mesurée comme les dépenses publiques de l'Etat en pourcentage du PIB. Les auteurs adoptent le modèle classique de Solow (1956) où le taux de croissance est fonction de l'accumulation du capital et du travail (les deux principaux facteurs de production), ainsi que la productivité globale des facteurs. Les pays sont ensuite placés en trois groupes selon les montants des dépenses publiques. Les estimations ont été faites à partir des doubles moindres carrés sur données de panel. D'après les résultats de l'étude, la taille du secteur public influence négativement la croissance économique pour l'échantillon complet des pays Afonso et Furceri (2010) expliquent que les dépenses de contributions sociales et les dépenses de fonctionnement ont un effet négatif sur la croissance pour les pays européens tandis que les dépenses publiques d'investissement exercent par leur volume un effet positif sur la croissance mais, plus leur niveau est volatile, moins le niveau de croissance est élevé. Ils montrent en outre qu'une augmentation d'un point de pourcentage des dépenses publiques en termes de PIB diminuerait la croissance de 0,13 point de pourcentage. Ces auteurs parviennent aux mêmes résultats que Devarajan et al (1996) concernant l'effet des dépenses d'investissement sur la croissance pour les pays en développement ; ce qui parait surprenant si l'on s'en tient aux théories de la croissance endogène qui postulent que ces dépenses sont bénéfiques à l'économie du fait des externalités qu'elles produisent. Il est possible d'interpréter les résultats d'Afonso et Furceri (2010) par l'existence d'effets de seuil impliquant qu'au-delà d'un certain moment, investir des fonds publics dans les infrastructures est contre-productif si cela se fait au détriment de dépenses de fonctionnement. Nubukpo (2007) émettait lui aussi à l'issue de ces résultats l'hypothèse selon laquelle il existerait une relation non linéaire entre la taille de l'Etat (dépenses publiques en pourcentage du PIB) et la croissance économique.

Dans la deuxième catégorie des travaux, plus précisément la causalité réciproque, Cheng et Wei (1997) ont obtenu une causalité à double sens entre la croissance économique et les dépenses publiques dans le cas de la Corée du sud sur la période (19541994). De même, Ouattara (2007) a montré à partir des tests de causalité que la

26 Herrera (1998a), « Dépenses publiques d'éducation et capital humain dans un modèle convexe de croissance endogène », Revue économique, vol. 49, n° 3, pp. 831-844, mai, Paris. Également :Herrera (1997b, 1999a, 1999b).

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croissance économique et les dépenses publiques s'influençaient mutuellement dans les pays de l'UEMOA.

Enfin la troisième catégorie qui concerne l'absence de relation entre les dépenses publiques et la croissance économique ; Ghali (2000) utilise le test de causalité au sens de Granger pour montrer que l'hypothèse selon laquelle les dépenses publiques causent la croissance économique est rejetée dans l'économie Tunisienne et de ce fait, la politique fiscale visant le contrôle des déficits budgétaires s'avérait inefficace. Dhanasekaran (2001) et Martinez-Lopez (2005) montrent la très faible corrélation existant entre les dépenses publiques et le taux de croissance du PIB respectivement en Inde et en Espagne. En considérant les pays de l'Organisation de Coopération et le Développement Economiques (OCDE), les résultats de Dar et Amirkhalkhali (2002) ne permettent pas de soutenir avec assurance que les dépenses publiques affectent positivement la croissance économique car les coefficients ne sont pas statistiquement significatifs. Agell et al (1999) mettent en doute la capacité des méthodes habituelles de régression à produire des conclusions fiables concernant les effets du secteur public sur la croissance. Ils soulignent les plus importantes limites de ces travaux en raison à la fois des données et des méthodes notamment la spécification de modèles économétriques). En ré estimant les équations de croissance de Folster et Hendrekson (1999), ils trouvent que les effets des dépenses publiques sur la croissance économique sont statistiquement non significatifs. Chimobi (2009) indique dans une étude basée sur des tests de causalité avec des données annuelles de 1970 à 2005 qu'il n'existe pas de relation de long terme entre les dépenses publiques de santé et d'éducation et le revenu national au Nigéria.

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4

METHODOLOGIE

Dans ce chapitre, afin de procéder à la vérification de nos hypothèses d'étude, nous nous sommes proposé de procéder en trois étapes. En premier lieu, nous allons présenter la nature et les sources des données. En second lieu, nous développerons les modèles empiriques à partir des modèles théoriques mettant en relation les différentes variables. Enfin, nous terminerons ce chapitre en exposant la technique d'estimation ainsi que les différents tests nécessaires.

IV.1. Nature et sources de données

Les données utilisées sont de sources secondaires et proviennent du World Development Indicator (WDI) 2014 de la Banque Mondiale ; complétées par celles des différents rapports annuels du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), du Penn World Table 80 (PWT 80) et de la base de données de Kaufmann de Transparency International sur la période 1996-2013.

IV.2. Spécification du modèle

Nous présentons ici les modèles empiriques qui nous serviront à l'atteinte de nos objectifs, plus précisément à :

- Estimer les scores d'efficience

- Evaluer l'impact des scores d'efficience sur la croissance.

IV.2.1. Mesure de l'efficience

Les études sur l'efficience se sont développées ces dernières années, toutefois la mesure de l'efficience est restée une tâche toujours complexe du moment qu'il faut bien faire attention au choix des inputs et des outputs. Une importance particulière doit être portée à la méthode (paramétrique ou non paramétrique), qui dépendra des objectifs poursuivis par l'étude.

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Ainsi, à l'instar d'Aigner, Lovell et Smith (1977), Kumbhakar et Lovell (2000), Antonio afonso et Aubyn (2004), et Saoussen Ben Romdhane (2006) ; l'approche utilisée dans le cadre de ce travail est une approche non paramétrique plus précisément la méthode DEA. Plusieurs raisons motivent le choix de cette méthode :

- elle est particulièrement convenable à un échantillon de petite taille

- elle permet la gestion simultanée d'inputs et d'outputs grâce à sa capacité à maximiser la relation entre eux ; plus précisément, en fixant les valeurs cibles, elle indique de combien les inputs doivent être réduits et les outputs augmentés pour qu'une organisation soit efficiente ;

- elle ne requiert pas de spécification de relation fonctionnelle particulière pour la technologie ;

- en calculant un score d'efficience, elle indique si une organisation dispose d'une marge d'amélioration.

Toutefois, Il existe deux versions de la méthode DEA : l'estimateur statique et l'estimateur dynamique. Le premier a pour but de mesurer l'efficience sur une période donnée (sur une année fixe ou en moyenne sur une période) afin d'identifier et de classer les institutions les plus efficientes et celles inefficientes. Le second a pour objectif d'étudier l'évolution de ces scores sur une longue période afin de permettre aux décideurs de mettre en place les politiques visant à mieux gérer leurs ressources. Dès lors, en fonction des objectifs de notre étude, nous avons opté à l'image de Nodjitidje Djimasra (2009) et Damas Hounsounon (2009) pour l'estimateur dynamique ou estimateur DEA-Malmquist27 car il présente les résultats par année et par pays sur l'ensemble de la période. Autrement dit, il s'applique contrairement à l'estimateur statique aux données de panel. Par ailleurs il a l'avantage de ne pas tenir compte du type de rendements d'échelle, plus précisément les hypothèses de rendement d'échelle constant et variable n'ont pas d'influence dans l'estimation des scores d'efficience par la méthode DEA-Malmquist.

Deux orientations sont considérées, l'orientation input définie comme la possibilité de produire à partir d'une quantité minimale d'input afin de produire une quantité donnée d'output et l'orientation output vers l'output, définie comme la possibilité de produire à partir d'un input donné le maximum d'output. Selon la première approche, on peut calculer de combien on doit réduire la quantité d'input sans varier la quantité d'output pour avoir une production efficiente. La seconde approche, permet de calculer de combien on doit augmenter l'output sans modifier la quantité d'input. Ces deux approches conduisent à l'estimation des mesures d'efficiences techniques de plusieurs inputs ou outputs. Notons que le choix de l'orientation du modèle (input ou output) est fonction des variables sur lesquelles les décideurs exercent le plus grand pouvoir de gestion. Ainsi, bien que mesurer l'efficience selon l'orientation output semble tout aussi appréciable du moment où les pays de note échantillon ne cherchent pas à diminuer leurs ressources mais plutôt à augmenter leurs résultats pour pouvoir atteindre les OMD; nous avons opté toutefois comme Saoussen Ben Romdhane (2006), pour une orientation input en se référant la

27 Sten Malmquist (1953):» Index Numbers and Indifference Curves.» Trabajos de Estatistica 4: 209-242.

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fonction d'allocation des ressources de l'Etat selon Musgrave en vue de la satisfaction de l'intérêt général et la réduction de la pauvreté. Celle-ci permet d'évaluer de combien la quantité d'input doit être réduite sans faire varier la quantité d'output. En d'autres termes de combien faut-il diminuer les dépenses publiques dans le secteur de la santé tout en gardant le même niveau de rentabilité de ces dépenses, afin de financer d'autres objectifs sociaux, y compris ceux qui auraient une incidence positive plus forte sur le bien-être de leurs populations. Cette méthode orientée vers les inputs est, selon Romdhane (2006) plus pertinente car elle permet de dégager des résultats plus utiles aux décideurs politiques. Par exemple si le score d'efficience d'un pays i pour une année donnée est de 0,235 soit 76,5%, alors 76,5% des dépenses publiques de santé ne contribuent pas efficacement à la production des services publics de santé à l'année considérée.

IV.2.1.1. L'estimateur Statique

On suppose l'existence de k inputs et de m outputs pour n (DMU)28. Pour une (DMU)i, yit est le vecteur en colonne des outputs à la date t et xit est le vecteur en colonne des inputs à la date t. X (k×n) est la matrice des inputs et Y (m×n) est la matrice des outputs.

L'objectif de la méthode DEA est de construire une frontière non paramétrique de telle sorte que toutes les observations se trouvent en dessous ou sur cette courbe. D'où la nécessité d'introduire les ratios outputs/inputs dans la spécification. C'est-à-dire que pour chaque (DMU), on obtient une mesure de tous les inputs par rapports aux outputs tel que uyit /vxit u est un (m×1) vecteur des pondérations des outputs et v est un (k×1) vecteur des pondérations des inputs.

De façon formelle, l'estimateur DEA de la frontière technologique est donné par le programme suivant :

Maximiser (u ; v) : (Uyit

vxit ~ (1)

S/C Uyit

vxit

= 1, i= 1, , N29 et

t=1 T30 u, v = 0.

Le modèle statique suppose que t=1, ainsi, afin de sélectionner les pondérations optimales, on spécifie le problème de programmation mathématique sous l'hypothèse des rendements d'échelle constants suivants :

28 DMU : Decision Making Units ou Unités de prise de Décision en français. Techniquement, il peut s'agir d'une unité de production ou d'un pays. Dans cette étude, DMU représente un pays. On a donc

29 N vaut bien entendu 6 pays, puisqu'il s'agit de la zone CEMAC.

30 Dans cette étude T vaut 18 années puisque l'étude couvre sur une période de 1996-2013

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Maximiser (u ; v) : ~Uyi

vxi ~

S/C Uyi

vxi

= 1, i= 1, , N (2)

u, v = 0.

u et v sont des scalaires associés à chaque (DMU) qui maximise l'efficience de chaque DMU. Néanmoins, la résolution de ce programme peut générer une multiplicité de solutions (par exemple si (u* ; v*) est une solution, alors (áu* ; áv*) l'est également). Ainsi une contrainte supplémentaire est nécessaire pour éviter ce problème.

Les rendements d'échelle variables supposent l'ajout d'une contrainte supplémentaire permettant de dériver vers une forme convexe de la frontière. Sous l'hypothèse des rendements d'échelles variables on obtient le programme tel que développé par Banker et al (1984) suivant :

 

Maximiser (u ; v) : (uyit) S/C vxit = 1,

uyit - vxit = 0, i=1, , N,

u, v = 0.

(3)

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Cette hypothèse de convexité est nécessaire pour nous assurer que les scores d'efficience DEA estimés sont convergents. Cette condition nous épargne donc du test de convexité et nous rassure directement de la consistance des estimations obtenues.

Comme Hounsounon (2009) et en imposant la convexité de la frontière d'efficience, on peut écrire la dualité du programme (3) qui permet de dériver une forme d' « enveloppement » de ce problème dans le contexte de rendements d'échelle variables:

(4)

N1'ë=1 ë?0

Le programme Dual s'écrit alors :

Minimiser è,ë : ëè S/C -yit + Yë?0 èxit - Xë?0

O est un scalaire et ë est un (n×1) vecteur de constantes.

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N1'ë = 1 implique la convexité de la courbe d'efficience afin de tenir compte des rendements d'échelle variables.

Cette forme de programmation, qui implique plus de contraintes que la forme précédente (k+m<n+1), est généralement la préférée dans la résolution de ce type de problème.

Ce problème de programmation linéaire doit être résolu n fois (car on a n DMU) afin d'obtenir une valeur de è pour chaque DMU. Comme mentionné ci-dessus, dans le cadre de cette étude, le calcul des scores d'efficience repose sur l'approche orientée vers l'input.

La valeur obtenue de è à une période t est le score d'efficience pour une (DMU)i à cette même période. Elle doit satisfaire la condition 0?è?1. Si è=1, alors on se trouve sur la frontière d'efficience et la DMU est techniquement efficiente.

(1-è) est la quantité d'input qu'il faut réduire sans modification d'output pour avoir une production efficiente.

IV.2.1.2. L'estimateur DEA-MALMQUIST

L'indice de productivité total de Malmquist a été développé à l'origine par Malmquist (1953) avant d'être intégré dans le contexte de la méthode DEA par Caves, Christensen et Diewert (1982) en tant qu'indice DEA-Malmquist. Cet indice permet la décomposition simple de l'évolution de la productivité entre évolution de l'efficience technique (ECH) et changement technologique (TCH) (Coelli et al. 2005). Définie comme le ratio Output/Input, la productivité totale varie à la fois en fonction de l'efficacité du processus de production et par le type de technologie utilisé. Mesurer la croissance de productivité d'une industrie ou d'un pays entre deux périodes, revient à décomposer cette notion en deux composantes essentielles : le changement du niveau d'efficacité technique et le changement technologique. L'indice de Malmquist, mesure le changement de productivité totale des facteurs en distinguant le changement d'efficience dans le temps du progrès technique (Färe, Grosskopf, Lindgren, Ross,1994). Il est la moyenne géométrique de ses deux composantes. L'application de l'indice Malmquist représente un avantage non négligeable. Il peut être calculé en absence des informations sur les prix.

L'estimateur DEA-Malmquist est calculé empiriquement en termes de fonction distance et compare l'output obtenu en période t avec les inputs de cette période à l'output obtenu en t avec les inputs de la période t+1. La décomposition de cet indice permet aux unités de suivre le rythme des leaders en matière d'innovation et d'amélioration de l'efficacité technique dans le temps. Notons que cet indice a l'avantage que les hypothèses de rendement d'échelle constant et variable n'ont pas d'influence dans l'estimation des scores d'efficience dans la mesure où elles sont utilisées pour calculer les différentes distances nécessaire à la construction de l'indice de Malmquist.

a. L'indice de Malmquist orienté Output

La fonction distance orientée output à la période t se définit comme suit (Shepard, 1970 et Färe, 1988)

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t

Dto(Xi t, Yi t ) = min [û: (Xi t, Yi ~ ~~

t

= [max{6: (Xi t, 6Yi)}]-1 (5)

= [Fot(Xi t, Yit)]-1

Fot (..) représente la mesure de l'efficience technique de production de Farrell(1957).

D'après les travaux de Färe, Groskopf, Norris et Zhang (1994), l'indice synthétique de productivité de Malmquist est défini comme suit :

t+1 )

o(Xi t+1 ; Yi Do t+1(Xi t+1 ; Yi

t)= FDt t+1 )

Mo t (Xi t+1 ; Yi t+1 ; Xi t ; Yi i ) ~1/2

Dt o(Xi t ;Yt i ) Do t+1(Xi t ;Yt

(6)

La technologie à la période t est celle de référence dans cette formulation. Cette fonction de distance mesure le changement proportionnel maximum de l'output requis pour rendre faisable relativement à la technologie de la période t. Elle calcule la distance qui sépare une observation de la frontière technologique. L'équation (6) conceptualise l'indice de productivité totale de Malmquist, et peut être reformulée comme suit :

t+1 ;

Mo t(Xi Yi t+1 ; Xi t ;

Dt

Yi t)=FDo t+1(Xi t+1 ; Yi t+1 ~

Dt o~Xi t ;Yi t ~ ~ ~Do t+1(Xi t+1 ; Yi t+1 ) o(Xi t ;Yi t) t ~~1/2

Do t+1(Xi t+1 ; Yi t+1 ) Do t+1~Xi t ;Yi

(7) ECH TCH

= MALMi t = ECHi t x TCHi t

Le premier terme de l'équation (7) représente le changement de l'efficacité technique c'est-à-dire un rapprochement ou un éloignement de la frontière des meilleures pratiques. Le second terme de l'équation (7) traduit le changement technologique ou les innovations représenté par un déplacement de la frontière de production à la période t+1.

On peut donc calculer pour chaque unité de production i les trajectoires dans le temps de la productivité, du changement de l'efficacité technique et du progrès technique. Une valeur d'ECHi t et TCHi t supérieure à 1 traduit respectivement une amélioration de l'efficacité technique et du progrès technique entre les deux périodes. Si Xt= Xt+1 et Yt= Yt+1, l'indice de productivité totale Mo(.) = 1. Une valeur de Mo(.)

supérieure à 1, traduit un gain de productivité. La figure ci-dessous illustre
graphiquement l'approche par la frontière de détermination de l'indice de productivité de Malmquist (voir Charnes, Cooper, Lewin, et Seiford, 1994 pour plus de détails).

b. L'indice de Malmquist orienté input

La procédure de détermination de l'indice de productivité de Malmquist orientée input est la même que celle utilisée pour l'orientation output. Pour définir cet indice, Shepard (1970) suppose qu'à chaque période t = 1,..., T, la technologie de production modélise la transformation des inputs Xt ? Rn+ en outputs Yt ? Rn+ .

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En suivant le développement de Shepard, la fonction de distance input est définie comme :

Dt i(×i t, Yit )= inf {O: (O×i t, Yit)} (8)

×it Yit)}~ -1 = [Sup fo: ( ~ ;

Cette formulation caractérise complètement la technologie. En prenant la technologie en t+1 comme période de référence, l'indice de productivité de Malmquist orienté input défini comme la moyenne géométrique des deux indices nous donne selon Färe et al. (1994) :

(9)

t)=fDt i(×i t+1 ; Yi t+1 ) (Di t+1~×i t+1 ; Yi t+1 )

Mi t(×i t+1 ; Yi t+1 ; ×i t ; Yi Dt i(×i t ;Yi t ) )]

t ) ) Di t+1(×i t ;Yi

Cet indice peut se réécrire de la façon suivante en suivant Färe et al. (1994) :

Dt

Mi t(×i t+1 ; Yi t+1 ; ×i t ; Yi t)=FDi t~×i t+1 ; Yi t+1 ~

Dt i~×i t ;Yi t ~ 1 [Di t+1(×i t+1 ; Yi t+1 ) i×i t ;Yi t) t ~~1/2(10)
Di t+1(×i t+1 ; Yi t+1 ) Di t+1(×i t ;Yi

ECH TCH

La décomposition de cet indice pour tenir compte de la variation de l'efficacité technique et du changement de la technologie entre les deux périodes, se fait selon le même principe que précédemment. Les termes de droite et de gauche s'interprètent exactement de la même manière que pour les fonctions de distance orientées en outputs.

La fonction de distance comprend quatre composantes, que ce soit à orientation input ou à orientation output : Dit (xt, yt) ; Di t+1 (xt+1, yt+1) ; Dit (xt+1, yt+1) ; Di t+1 (xt, yt). Chaque composante mesure une efficacité relative bien précise. Quatre programmes linéaires correspondant à ces 4 composantes de la fonction de distance sont résolus afin de calculer l'indice de productivité de Malmquist. Selon Coelli, et al. (1998), si on a T périodes, la règle consiste à calculer (3T-2) programmes linéaires pour chaque firme. Pour N firmes avec N=20 et une période de 10 ans (T=10), le nombre de fois que le programme linéaire sera résolu est : N*(3T-2) = 20*(3*10-2) =560 PL.

En somme, L'approche DEA-Malmquist considère dans l'évaluation des scores, l'évolution de l'environnement technique, social et économique du pays concerné. Cet estimateur permet donc de mesurer la variation des scores d'efficience entre deux dates consécutives.

IV.2.2. Efficience et croissance

Afin de tester si l'efficience des dépenses allouées aux services publics de la santé est porteuse ou non de la croissance économique plus vite que leur volume (vérification de

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l'hypothèse 2). Nous avons développé comme Damas Hounsounon (2009) inspiré du modèle de Solow (1956), un modèle de croissance néoclassique à la Solow augmenté31.

Dans son modèle, Solow (1956) fait l'hypothèse qu'un terme d'efficience At (progrès technique neutre au sens de Harrod) vient, de manière exogène, augmenter le nombre d'unités de travail efficace et stimuler de façon temporaire la croissance. Ce terme d'efficience, multiplicatif du facteur travail au sein de la fonction de production, peut être considéré comme capital humain. Par conséquent, dans le cadre du modèle de Solow (1956), même si la croissance s'épuise avec l'accumulation du capital physique selon la règle des rendements décroissants des facteurs, la présence du capital humain permet d'augmenter le taux de croissance d'équilibre au-dessus du taux naturel n (taux de croissance démographique). A partir de là, Mankiw, Romer et Weil (1992), pensent qu'il est probable que l'accumulation du capital humain réponde à un processus endogène. Ainsi, ces auteurs se sont proposés d'intégrer dans le modèle de Solow, l'évolution de la qualité de la main-d'oeuvre afin de mieux rendre compte du déroulement de la croissance économique. Ceci se justifie par le fait qu'on peut accroître le capital humain en investissant dans le système éducatif, dans le système de santé, etc. Leur analyse part de la thèse selon laquelle l'accumulation du capital physique ne suffit pas (dans le modèle de Solow) pour expliquer la disparité des performances économiques.

IV.2.2.1. Présentation du modèle théorique de base

Le modèle théorique de base qui servira à notre analyse est fondé sur le modèle de croissance de Mankiw et al. (1992), Knight et al. (1993), Ghra et Hadjmichael (1996), Demetriades et Law (2006). Ainsi comme l'ont fait ces auteurs, la fonction de production considérée est une fonction de production néoclassique32 du type Cobb Douglas et satisfait les conditions d'Inada33.

Sa forme générale est donnée par :

Yt= F(Kt, Ht, AtLt) = Kt aHt bAtLt 1-a-b a?0, b?0, a+b?1. (11)

Où Yt est le niveau de la production, Kt le capital physique, Ht le capital humain, At le niveau de la technologie, et Lt le travail.

Grâce aux rendements d'échelle constants (propriété des fonctions néo classiques), la fonction de production (11) peut s'écrire sous la forme per capita suivante :

Yt= F(Kt, Ht, AtLt) = AtLt F(Kt, Ht, AtLt) = F(Kt/ AtLt, Ht/ AtLt, 1) = AtLtf(kt, ht)= kta htb (12)

Avec kt et ht les variables par têtes ou variables intensive, ou variables par unité de travail efficace.

31 Le modèle présenté par Mankiw, Romer et Weil en 1992 « A Contribution to the Empirics of Economic Growth », Quarterly Journal of Economics. est souvent qualifié de modèle de Solow augmenté.

32 Une fonction de production F(K,L) est dite néoclassique si elle vérifie les propriétés de décroissance des productivités marginales (F'k?0 ; F `'k0, F'L?0 ; F»L?0) et de rendement d'échelle constant [F(cK, cL)=cF(K,L)].

33 Les conditions d'Inada sont telles que lim~?~~ F'k = 0; limK?O F'k = +8 ; lim~?~~ F'L = 0;limL?O F'L = +8

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

En outre le modèle suppose que At et Lt croissent aux taux respectifs g et n tels que :

At= A0e(gt+áX) et Lt= L0ent

(13)

X est un vecteur de politique et autres facteurs pouvant affecter le niveau de la technologie et l'efficacité de l'économie tels que le degré d'efficience des services publics, les dépenses publiques de santé et d'éducation, le degré d'ouverture etc., á représente le vecteur des coefficients relatifs à ces politiques et autres variables.

Par ailleurs le modèle suppose que les individus consacrent une fraction de leurs revenus sk à l'acquisition des biens d'équipement et une fraction sh à l'accumulation du capital humain. En outre le modèle suppose également que le capital humain et le capital physique se déprécient au même taux ä. Les équations d'accumulation des capitaux sont alors données par :

?kt= skyt - (n+g+ä)kt (14)

Äht= shyt - (n+g+ ä)ht (15)

Où ?kt et Äht désignent respectivement la variation instantanée de l'intensité capitalistique et du capital humain.

En régime permanant (à l'état stationnaire34) les variations de l'intensité capitalistique et du capital humain par tête sont nulles. Dans ces conditions, on aura :

skyt = (n+g+ä)kt (16)

shyt = (n+g+ ä)ht (17)

Le rapport de ces deux relations (16 et 17) donne :

(18)

ht

kt

=

sk sh

En utilisant ce résultat de l'équation (18) et la fonction de production intensive (équation 12), on arrive à établir que :

(sk1-b shb)

ä

n+g+

1

1--a--b h*=

(ska sh

1-a \

n+g+ 8)

K* =

1

1--a--b

(19)

D'après la relation (12) on a :

(

Y )* = (k*)a(h*)b
·=> (Y)* =
y* =(A*) (k*)a(h*)b AL L (20)
La relation (20), représente la production par ouvrier à l'état d'équilibre.

A l'état stationnaire, en substituant les relations (19) et (20), dans la relation précédente, on obtient :

(sk1-b shb)

ä

n+g+

1

1-a

1--a--b ( ska sh \

n+g+ 8)

1

1--a--b

y*= A0egt+ax

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 51

34 L'état stationnaire ou sentier de croissance équilibrée est une situation de long terme où toutes les variables de l'économie croissent à taux constant.

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Mankiw et al. (1992), supposent que le taux d'amélioration de l'efficacité technologique g est constant au cours du temps.

? y*= A0 ~ 1

~~~~ ~~

a+b

 

a

 
 

b

 

1-a-b. sk

 
 
 

1--a--b sh

1--a--b (21)

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 52

L'équation réduite du modèle de Solow augmenté prend la forme log-linéaire suivante :

~ ~~~

1 1 1

--a--b lnsk + --a--b lnsh - --a--bln(n+g+ä) (22)

lnY*= lnA0 + g + áX + + ~

Par ailleurs, g + ä = 0.05 (Mankiw, Romer, et Weil 1992). En regroupant les termes constants lnA0, et g dans un même terme constant a0 ; on obtient après arrangement de l'équation (22) la relation entre l'efficience des services publics et le produit par ouvrier (après ajout des indices temps et individus):

Lnyi,t*= a0 + áXi,t+a1lnki,t +a2lnhi,t +a3ln(ni+gi+äi)

X est l'ensemble des facteurs pouvant affecter le niveau de la technologie et l'efficacité de l'économie tels que le degré d'efficience des services publics, les dépenses publiques de santé et d'éducation, le degré d'ouverture, le risque politique, etc., á représente le vecteur des coefficients relatifs à ces politiques et autres variables.

D'où nous formulons en s'inspirant de Hounsounon (2009) le modèle économétrique qui nous servira de base aux modèles empiriques qui seront estimés :

S

G = a0+ a1X + ~

Dans cette équation, G représente la variable dépendante qui est le taux de croissance du PIB/tête ; X regroupe un ensemble de neuf (08) variables exogènes qui sont introduites dans les modèles de façon graduelle ; et ì le terme d'erreur.

IV.2.2.2. Modèles économétriques

Comme annoncé plus haut, nous estimerons deux (02) modèles qui diffèrent l'un de l'autre par l'intégration des variables par ordre de préférences et selon le type d'impact recherché. En effet nous estimerons différemment les impacts des dépenses publiques en Santé d'une part et les impacts des scores d'efficience de ces dépenses sur la croissance économique d'autre part. Cette distinction nous épargne des effets de masque ; l'effet individuel de chaque variable d'intérêt apparaîtra alors clairement. Ainsi pour l'ensemble des 6 pays de la zone CEMAC, on a :

Modèle 1 : TCPIBi,t= a0 + a1FBCFi,t + a2TBSESi,t + a3TCPOPi,t + a4TCi,t+ a5INFLi,t + a6IPCi,t + a7DSi,t + åi,t

Modèle 2 : TCPIBi,t = a0 + a1FBCFi,t + a2TBSESi,t + a3TCPOPi,t + a4TCi,t+ a5INFLi,t + a6IPCi,t + a7SEDSi,t + ìi,t

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 53

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Ces différents modèles montrent bien qu'il s'agit des modèles de panel puisque les observations sont compilées sous forme de données de panel (observations répétées sur chaque pays et dans le temps). Nous avons privilégié ce type d'analyse parce qu'il donne non seulement, l'avantage de disposer de séries chronologiques de taille acceptable pour l'analyse, mais aussi et surtout il permet de rendre compte simultanément de la dynamique des comportements et de leur éventuelle hétérogénéité entre les pays, ce qui n'est pas possible avec les séries temporelles ou les coupes transversales (Quenum Venant c.c., 2008). Les coefficients obtenus par estimation de modèle de panel peuvent donc varier à la fois dans le temps et dans l'espace (entre les pays).

Ainsi, l'un des premiers problèmes qu'il faut résoudre est celui du choix de la spécification qui répond mieux à nos attentes. C'est pourquoi, avant de passer aux estimations, nous effectuerons des tests de spécifications pour rechercher l'existence ou non d'effet spécifique à chaque pays.

IV.3. Choix des variables

Les variables à utiliser dans le cadre de ce travail sont de deux ordres : celles utilisées pour l'estimation des scores d'efficience et celles pour évaluer l'impact du degré d'efficience sur la croissance.

IV.3.1. Variables relatives aux scores d'efficience

L'OMS suggère plusieurs types indicateurs pour mesurer l'efficience des systèmes de santé dans son rapport sur la santé. Toutefois, nous avons retenu (comme Damas Hounsounon, 2009 inspiré par Saoussen Ben Romdhane, 2006) pour chaque pays, les variables suivantes :

? Les inputs : les dépenses publiques de santé uniquement (en pourcentage totale du PIB) d'une part pour un problème de disponibilité de données

sur une longue période, et d'autre part ce qu'elles reflètent l'intérêt qu'attache le gouvernement dans le secteur de la santé

? Les outputs : l'espérance de vie à la naissance et le taux de mortalité infantile sont les deux outputs retenus pour mesurer la production publique. il s'agit des indicateurs les plus couramment utilisés par l'OMS et les auteurs pour refléter l'état de la santé de la population et effectuer des comparaisons internationales.

IV.3.2. Variables relatives aux modèles économétriques

Afin d'évaluer l'effet des scores d'efficience des dépenses publiques de santé sur la croissance économique dans les pays de la zone CEMAC, nous distinguons deux types de variables : d'une part la variable endogène ou dépendante, et d'autre part les variables explicatives.

Variable endogène

La littérature nous enseigne que pour apprécier les niveaux de vie on fait recours au PNB par tête et lorsqu'il s'agit d'analyser l'activité économique d'un pays on prend le

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 54

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

PIB par tête. Or dans le cas de cette étude, il est question d'analyser l'évolution des activités économiques dans la zone CEMAC et ceci dans une dynamique d'efficience des dépenses socio-publiques; d'où le choix du taux de croissance du PIB par tête comme variable endogène est indispensable.

Variables exogènes

Nous avons utilisé :

+ Le capital physique : il est mesuré par le ratio de la formation brute du capital fixe et du FIB. Elle a été identifiée comme un déterminant clé de la croissance économique depuis les modèles de Solow(1956) et Swan (1956). Etant donné cette littérature, le signe attendu du coefficient de cette variable est un signe positif.

+ Le capital humain : cette variable est introduite dans le modèle conformément à la théorie de la croissance endogène dans le but de mesurer l'impact du niveau d'éducation sur la croissance économique (modèle de Lucas). Plusieurs études (Becker, 1972, Barro, 1998 et 2000, Hewitt, 2005) ont démontrées que le capital humain est un facteur déterminant de la croissance économique. le signe attendu du coefficient de cette variable est donc positif. Il est souvent mesuré par le taux de scolarisation brut dans l'enseignement primaire ou secondaire, le taux d'alphabétisation, ou par le rapport enfants scolarisés dans le primaire sur la population active. Ici, en se basant sur le travail de Mankiw, Romer, et Weil (1992) comme Proxy du capital humain nous avons retenu le taux brut de scolarisation dans l'enseignement secondaire (TBSES).

+ La densité de la population : elle est mesurée ici par le taux de croissance

démographique. Selon le modèle de croissance de Solow (1956), à long terme, le taux de croissance de l'économie dépend des paramètres du modèle à l'instar du taux de croissance démographique. D'après le modèle de Solow, une augmentation du taux de croissance démographique entraine une diminution de la croissance. Le signe attendu est donc négatif.

+ Degré d'ouverture : il est mesuré par le taux de couverture (TC), calculé à partir du ratio de la somme des exportations et des importations par rapport au PIB. De nombreuses études empiriques ont montré que l'ouverture commerciale et la libéralisation commerciale favorisent la croissance économique (Hounsounon, 2009 ; Romdhane, 2006). Selon les théoriciens du libre-échange, plus une économie est ouverte, mieux elle s'intègre à l'économie mondiale et donc meilleures seront ses performances économiques. Le signe attendu du coefficient de cette variable est donc un signe positif.

+ L'inflation : cette variable est captée par le taux d'inflation. L'inflation est définie comme la hausse généralisée des prix du à un déséquilibre entre l'offre et la demande globale des biens et services disponibles sur le marché. Une inflation forte accroit le cout du capital, et par conséquent décourage l'investissement à long terme et exerce un effet nuisible sur la croissance économique. Un taux d'inflation élevé est synonyme d'instabilité macroéconomique ; car il influence négativement les performances macroéconomiques d'un pays (Edwards, 1998). Le signe attendu du coefficient de cette variable est un signe négatif.

+ Dépenses publiques : Il existe une littérature abondante et controversée sur les effets des pouvoirs publics sur l'évolution de l'économie. Pour les uns, le gouvernement

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 55

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

fourni un ensemble de biens publics qui sont complétés par la production du secteur privé dont la résultante est l'essor économique (Barro, 1990 ; Rebelo, 1993). Pour les autres, l'augmentation de la consommation publique est accompagnée par un accroissement des taxes et une monétarisation accrue du déficit budgétaire, lesquelles dénaturent l'allocation des ressources, augmentent l'inefficacité et réduisent la croissance (Ojo et al, 1995). Il est donc clair que les dépenses gouvernementales influencent beaucoup la croissance économique.

? La gouvernance : depuis les années 90, la gouvernance fait l'objet d'un grand nombre de travaux qui fournissent des résultats aussi bien convergents que contradictoires, suscitant ainsi des réflexions supplémentaires sur l'impact réel que peut avoir son amélioration. Aussi, plusieurs travaux théoriques et empiriques ont-ils été menés pour montrer la relation entre la qualité de gouvernance et la croissance économique dont les plus répandus sont ceux réalisés par Kaufman (1996) et Mauro (1995). Selon Transparency International (TPI), la qualité de la gouvernance peut se mesurer par l'indice de perception de la corruption (IPC). L'IPC a été mis en place en 1995 par Kauffman avec pour vocation d'être un indicateur composite utilisé pour mesurer la perception de la corruption dans le secteur public dans différents pays du monde. L'IPC évalue et classe les pays ou les territoires selon le degré de corruption perçue dans le secteur public. C'est l'indicateur de corruption le plus utilisé à l'échelle mondiale. La Banque Mondiale quant à elle, en distingue 6 indicateurs à savoir voix et responsabilité (indicateur de niveau des libertés civiles et de fonctionnement des institutions politiques), stabilité politique (indicateur du niveau de stabilité politique), qualité de régulation (liberté de fonctionnement des marchés), Etat de droit (respect des lois et règlements par les citoyens et l'Etat), efficacité gouvernementale (capacité de l'Etat à formuler et appliquer sa politique), contrôle de la corruption (indicateur de contrôle de la corruption). Néanmoins dans le cadre de notre travail, compte tenu de notre contexte nous nous sommes basés sur le seul indicateur indice de perception de la corruption plus précisément l'indice de perception de la corruption (IPC) de Kauffman.

Le tableau (4.1) présente de façon générale les variables ainsi que les signes attendus.

Tableau 4.1 : Récapitulatif des variables et signes attendus des coefficients des variables

Variables

Signification

Signe attendu

TCPIB

Le taux de croissance du produit intérieur brut

Variable endogène

FBCF

La formation brute du capital fixe

+

TBSES

Le taux brut de scolarisation dans l'enseignement secondaire

+

TCPOP

Taux de croissance de la population

-

TC

Taux de couverture

+

INFL

Inflation

-

IPC

Indice de perception de la corruption

-

DS

Dépenses publiques de santé

incertain

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 56

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

SEDS

Score d'efficience des dépenses publiques de santé

incertain

Source : Auteur à partir de la revue de la littérature existante.

IV.4 Tests de spécification

Avant de passer aux estimations de nos équations, il est important d'effectuer un ensemble de tests préliminaires indispensables afin de déceler la présence ou non d'effet spécifique relatif à chaque pays, de s'assurer de la méthode d'estimation adéquate et enfin d'éviter les régressions fallacieuses. Par ailleurs après estimation, il est important en outre d'effectuer une série de test pour s'assurer de la robustesse de nos résultats et de la significativité de nos estimateurs.

IV.4.1. Les tests préliminaires

Il s'agit des tests d'homogénéité, d'hétéroscédasticité, d'autocorrélation et de racine unitaire.

a. Le test d'homogénéité

Le test d'homogénéité de Fisher permet de voir sir les variables sont homogènes. Ainsi on pose : L'hypothèse nulle (H0) testée est qu'il y a homogénéité, contre l'hypothèse alternative (H1) qui stipule que les variables sont hétérogènes. A un niveau de signification fixé à priori de 1%, si la probabilité du test est inférieure à ce seuil, on conclut au rejet de l'hypothèse nulle et à l'acceptation de l'hypothèse alternative.

b. Le test d'hétéroscédasticité

Ce test se fera à travers le test de Breusch-Pagan pour voir si notre modèle est homoscédastique ou non. Si c'est le cas nous utiliserons le modèle des MCO pour estimer notre modèle mais dans le cas contraire on utilise le modèle des MCG. Dans ce cas, on supposera sous l'hypothèse nulle que homoscédastique (variance est constante et finie) et sous l'hypothèse alternative que le modèle est hétéroscédastique (variance n'est pas constante). Pour un seuil de significativité fixé à priori de 1 %, si la probabilité du test est inférieure à ce seuil, on conclut au rejet de l'hypothèse nulle et à l'acceptation de l'hypothèse alternative.

c. Le test d'autocorrélation de Wooldridge

Ce test permet de détecter la présence d'autocorrélation. On teste L'hypothèse nulle (H0) : il y'a autocorrélation, contre l'hypothèse alternative (H1) qui stipule qu'il n'y a pas d'autocorrélation. Ainsi pour des seuils de signification de 1%, 5% et 10% si la probabilité du test trouvée est supérieure à ce seuil préalablement choisi et bien justifié, on accepte l'hypothèse nulle (Ho).Ainsi, si le modèle est à la fois autocorrélé et hétéroscédastique alors nous estimerons notre modèle par la méthode des MCG.

d. Le test de stationnarité ou de racine unitaire

Pour éviter de régressions fallacieuses, il est toujours nécessaire de réaliser des tests de stationnarité ou de racine unitaire sur des données longitudinales, pour analyser dans quelle mesure ces données ne sont pas influencées par le temps. Pour détecter

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 57

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

l'existence de racine unitaire, nous utiliserons le test d'Im-Pesaran et Shin (IPS) L'hypothèse nulle (H0) testée est la suivante : la variable à une racine unitaire contre l'hypothèse alternative (H1) stipulant que la variable ne possède pas de racine unitaire. A un niveau de signification fixé à priori de 1%, si la probabilité du test est supérieure à ce seuil, on conclut au rejet de l'hypothèse nulle et à l'acceptation de l'hypothèse alternative.

e. Le test de spécification de Hausman

Le choix entre modèle à effets fixes et modèles à effets aléatoires dépend des considérations suivantes : la nature de l'effet individuel, le nombre d'unités statiques, la nature de l'échantillon ; le type d'induction qu'on veut faire. Toutefois le test permettant de distinguer les effets fixes des effets aléatoires est le test de spécification de Hausman. Le test de Hausman permet de déterminer si les coefficients des deux estimateurs (fixes et aléatoires) sont statistiquement différents. Ce test fondé sur l'hypothèse de non corrélation entre les termes d'erreur et les variables explicatives (hypothèse du modèle à effets aléatoires) .Cette hypothèse indique que les deux estimateurs sont non biaisés et de ce fait, les coefficients estimés devraient peu différer. Le test est basé sur la comparaison de la matrice-covariance des estimations fixe (â f) et aléatoire (âá) :

H= (âf - âá) var (âf - âá) -1(âf - âá)

Le résultat suit une loi de ÷2 avec k-1 degré de liberté. Si la p-value est supérieur au niveau de signification, l'hypothèse nulle est acceptée et dans ce cas on utilisera le modèle à effets commun ou fixes (MCO). Il est important de noter que ce modèle ne sera utilisé que dans le cas où on trouve précédemment à travers le test d'auto corrélation et d'hétéroscédasticité que le modèle est non auto corrélé et homoscédastique. Sinon, nous utilisons la méthode des MCGF (Moindres Carrés Généralisé Faisables).

IV.4.2. les tests de significativités

Il s'agit des tests de significativité individuelle des coefficients de Student et significativité globale de Fisher.

a. Le test de Student

Il est applicable lorsque la taille de l'échantillon est inférieure à 30. Au cas contraire, la valeur lue dans la table sera celle correspondant à la valeur infinie ou celle de la table de la loi normale (Bourbonnais, 2007). Il se déroule ainsi après avoir défini un seuil de significativité (á), on détermine le nombre de degré de liberté qui est égal à n-k-1(n est la taille de l'échantillon, k est le nombre de variable exogènes). On pose les hypothèses à tester suivantes :

H0 : La valeur estimée de chaque coefficient est nulle (â=0).

H1 : La valeur estimée de chaque coefficient est différente de zéro (â?0).

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 58

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Pour chaque coefficient, la valeur calculée de la statistique s'obtient à partir de la formule suivante : Tcal= (valeur estimée du coefficient moins la valeur réelle du coefficient) sur écart type de la valeur estimée du coefficient.

La valeur lue de la statistique de student s'obtient dans la table de student à partir de la formule suivante :Tlu= Tá(n-k-1) degré de liberté pour une valeur de á choisie.

Si Tcal ? Tlu, alors, on rejette l'hypothèse nulle et on conclut que le coefficient est significatif.

b. Le test de Fisher

Ce test permet de s'assurer de l'aptitude du modèle à représenter convenablement le phénomène étudié. Il s'effectue sur la base de la valeur du coefficient de détermination R2. Comme pour le test précédent, on choisit d'abord un seuil de signification, puis on cherche la valeur calculée de la statistique sur la base de la formule : Fcal= (n-k) R2/ (k-1) (1-R2). Cette valeur est comparée à la valeur lue dans la table de Fisher à (k-1 ; n-k) degré de liberté.

Les hypothèses sur lesquelles reposent ces tests sont les suivantes :

H0 : les valeurs estimées des coefficients sont toutes nulles (/31=/32=...=/3n=0).

H1 : les valeurs estimées des coefficients sont toutes différentes de zéro

(/31=/32=...=/3n=0).

La règle de décision est la suivante : Si Fcal > Flu, on rejette l'hypothèse nulle et le modèle est globalement significatif.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 59

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

5

RESLULTATS ET

DISCUSSIONS

Rappelons que cet étude vise à calculer les scores d'efficience des dépenses publiques de santé des pays de la CEMAC afin d'assigner à chaque pays un score d'efficience indiquant si des économies de ressources peuvent être effectuées compte tenu des performances réalisées par les pays les plus efficients. Par la suite, analyser l'impact de ces scores d'efficience des dépenses publiques de santé sur la croissance économique des pays de la zone. Ainsi, le présent chapitre présente non seulement les résultats des différentes estimations effectuées mais aussi les interprétations économiques qui en découlent.

V.1 Estimation des scores d'efficience des dépenses publiques de santé en zone CEMAC

Il est question ici de présenter les résultats de l'estimation des scores d'efficience des dépenses publiques de santé que nous interprèterons par la suite.

V.1.1. Présentation des résultats

Dans le cadre de cette étude, bien que estimer les scores d'efficience par l'orientation output semble important, le calcul de ces scores compte tenu du contexte économique des pays de la zone CEMAC, repose sur l'orientation input, celle-ci permet d'évaluer de combien la quantité d'input doit être réduite sans faire varier la quantité d'output. En d'autres termes de combien faut-il diminuer les dépenses publiques dans le secteur de la santé tout en gardant le même niveau de rentabilité de ces dépenses, afin de financer d'autres objectifs sociaux, y compris ceux qui auraient une incidence positive plus forte sur le bien-être de leurs populations. Cette méthode orientée vers les inputs est, selon

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Saoussen Ben Romdhane (2006) et Damas Housounon (2009) plus pertinente car elle permet de dégager des résultats plus utiles aux décideurs politiques.

Nous avons estimé les scores d'efficience santé des 6 pays par la méthode DEA-Malmquist ; l'étude couvre sur une période de 18ans, soit de 1996-2013. Par la suite, les scores d'efficience sont estimés à l'aide du logiciel Win4DEAP35. Ces scores sont compris entre 0 et 1 ; plus ils se rapprochent de l'unité plus les dépenses de santé sont efficientes. Par exemple si le score d'efficience santé d'un pays pour une année i considérée est de 0,58 soit 58%, alors selon l'orientation input, 42% des dépenses publiques de santé ne contribuent pas efficacement à la production des services publics de santé de l'année i.

Les résultats d'estimation de ces scores sont présentés à l'annexe I. Toutefois, le tableau ci-dessous fait une synthèse de ces résultats.

Tableau 5.1 : Synthèse des résultats de l'estimation des scores d'efficience des dépenses publiques de santé en zone CEMAC

Année

Cameroun

Congo

Gabon

Guinée E.

RCA

Tchad

Moyenne

Min

Max

1996

1**

0,514

0,799

0,421*

0,756

0,511

0,6002

0,421

1

1997

1**

0,511*

0,946

0,550

0,819

0,578

0,6808

0,511

1

1998

1**

0,351

0,521

0,342*

0,703

0,535

0,4904

0,342

1

1999

1**

0,475

0,789

0,652

0,547

0,474*

0,5874

0,474

1

2000

1**

0,768

0,929

0,546

0,530

0,399*

0,6344

0,399

1

2001

1**

0,861

0,955

1**

0,691

0,507*

0,8028

0,507

1

2002

0,785

0,800

0,895

1**

0,536

0,418*

0,7298

0,418

1

2003

0,997

1**

0,928

1**

0,741

0,484*

0,8306

0,481

1

2004

1**

0,853

0,887

1**

0,756

0,717*

0,8426

0,717

1

2005

0,863

0,704

0,924

1**

0,534*

0,541

0,7406

0,534

1

2006

1**

0,787

0,955

0,751

0,718*

1**

0,8422

0,718

1

2007

1**

0,714

0,889

0,618

0,466*

1**

0,7374

0,466

1

2008

0,793

0,711

0,913

0,444*

0,369

1**

0,6874

0,444

1

2009

0,816

0,966

0,772

0,247*

0,702

1**

0,7374

0,247

1

2010

0,710

0,827

0,763

0,360*

0,565

1**

0,703

0,360

1

2011

0,555

0,575

0,582

0,358*

0,460

1**

0,595

0,358

1

2012

0,585

0,432

0,615

0,355*

0,511

1**

0,5826

0,355

1

2013

0,858

0,821

1**

0,881

1**

0,696*

0,8796

0,696

1

Moyenne

0,8868**

0,7039

0,8368

0,6403

0,6336*

0,7144

0,7133

0,6336

0,8868

Min

0,585

0,351

0,521

0,247

0,369

0,399

0,4904

 
 

Max

1

1

1

1

1

1

0,8796

 
 

Source : calculs de l'auteur à partir du logiciel WIN4DEAP version 2.1 ** : score d'efficience le plus élevé de l'année i. * : score d'efficience le plus faible de l'année i.

35 DEAP (Data Envelopment Analysis Program) est un logiciel écrit en 1996 par le Professeur Coelli Tim J. du Center of Efficiency and Productivity Analysis, Department of Econometrics, University of New England(Australie). Comme DEAP est un programme DOS, une version compatible avec Windows a été développée (Win4DEAP). Win4DEAP est l'interface Windows de DEAP développé par Michel Deslierres (2006, University of Moncton)

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 60

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 61

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

V.1.2. Interprétations économiques

De façon globale, les résultats du tableau (5.1) montrent que même si les degrés d'efficience ne sont pas très faibles, les services sociaux sanitaires ne sont pas efficients dans l'ensemble de la Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale sur toute la période considérée.

En effet, il ressort de nos estimations que les pays de la zone CEMAC affichent un degré d'efficience moyen de 0,713 soit 71,3% sur toute la période. Ce résultat signifie que sur toute la période des 18ans (1996-2013), 28,7% des ressources publiques de santé ont été gaspillées et par conséquent n'ont pas été allouées efficacement au financement des services sociaux de santé ; ainsi, les pays de la zone CEMAC pris globalement pouvaient réduire leurs dépenses de santé d'environ 28,7% pour avoir les mêmes performances, plus précisément le même niveau d'espérance de vie à la naissance, le même niveau de taux de mortalité infantile. En d'autres termes les gouvernements de ces pays dans l'ensemble pouvaient allouer moins de ressources au secteur de la santé sans pour autant dégrader leurs résultats sanitaires afin de financer d'autres secteurs sociaux de l'économie à incidence positive sur le bien-être de leur population. Ce résultat pourrait s'expliquer d'une part, par une gestion perfectible des pouvoirs publics ne tenant pas compte des règles de gestion saine nourries par un souci d'efficacité. Et d'autre part à la faible adéquation entre les activités qui sont inscrites dans les budgets et les besoins réels de santé des populations. Néanmoins ces résultats sont conformes à ceux obtenus par Hounsounon (2009) en zone UEMOA, où les résultats sont encore plus décevant dans le secteur de la santé ; car selon les estimations de l'auteur, 54,7% en moyenne (soit un score d'efficience moyen de 0,453) des dépenses sociales de santé sont gaspillées et ne contribuent pas efficacement au financement des services sociaux sanitaires de l'espace UEMOA. Par ailleurs, ces résultats corroborent également les résultats obtenus par Romdhane et Neticha (2006) qui ont montré à l'aide du logiciel DEAP, que les pays en développement sont seulement efficients à 30% dans la production de tels services.

Le Cameroun et le Gabon viennent en tête avec respectivement en moyenne sur toute la période un score d'efficience de 0,887 (soit 88,6%) pour le Cameroun et 0,837 (soit 83,7%) pour le Gabon. Paradoxalement, ces deux pays bien qu'ils allouent au secteur sanitaire les niveaux de ressources les plus faibles de la zone, présentent toutefois les résultats les plus élevés, plus précisément une espérance de vie après la naissance la plus élevée et un taux de mortalité infantile le plus faible de la sous-région. Ces résultats peuvent être dus à l'importance du secteur de la santé dans ces pays, à travers de meilleures pratiques d'approvisionnement, les campagnes de vaccination courantes contre les maladies infantiles tel que la rougeole la poliomyélite, les programmes de dépistage et de lutte contre les maladies transmissibles de la mère à l'enfant, une optimisation des incitations pour les prestataires ou une rationalisation des procédures de financement et d'administration et des infrastitures sanitaires dont ils disposent.

La RCA et la Guinée Equatoriale sont les pays les plus inefficients de l'échantillon avec respectivement en moyenne un score d'efficience de 0,634 et 0,64 sur toute la période. Ces résultats signifient que les gouvernements de ces pays gaspillent

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 62

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

respectivement près de 36,6% (pour la RCA) et 36% (pour la Guinée E.) leurs ressources allouées au secteur de la santé. Par ailleurs dans la zone CEMAC, la RCA et la Guinée E. sont les pays qui présentent les dépenses publiques de santé les plus élevées mais où le taux de longévité après la naissance des enfants de 0 à 5 ans est le plus faible. Ce résultat peut être dû à la faiblesse des infrastitures (formations sanitaires, centre de santé, district de santé...) le manque d'équipements (dans la plupart des cas en cas d'accouchements par voie césarienne) et de personnel santé qualifié en particulier dans les zones rurales (Personnel infirmier et sages-femmes pour 10 000 habitants), les procédures de financement et de réglementation très longues, la faible rémunération du personnel qui oblige ces derniers à l'acceptation des pots de vin occultant l'accès des individus aux services de santé dont ils ont besoin. D'autre part à de fortes instabilités socio politique faisant croitre le taux de mortalité (cas de la RCA).

En somme, même si les dépenses publiques de santé en zone CEMAC sont très faibles en référence à la norme internationale qui fixe à 15% la part des budgets des gouvernements dans le secteur de la santé ; fort est de constater au regard de nos estimations que malgré la faible part des ressources allouées à ce secteur, les dépenses publiques de santé sont inefficientes dans la zone ; plus précisément 28,7% de ces dépenses ont été gaspillées de 1996-2013 à cause de l'inefficience due à une gestion déficiente de ces ressources. Ce qui infirme ainsi notre 1ere hypothèse de travail.

Le tableau (5.2) présente le classement des pays de la communauté selon leur score d'efficience moyen sur la période de 1996-2013.

Tableau 5.2 : Classement des pays de la zone CEMAC selon leur degré d'efficience moyen dans le secteur sanitaire

Rang

Pays

Score d'efficience
Moyen

1

Cameroun

0,887

2

Gabon

0,837

3

Tchad

0,714

4

Congo

0,704

5

Guinée Equatoriale

0,64

6

RCA

0,634

Source : Auteur à partir de nos estimations.

V.2. Impact des scores d'efficience des dépenses de santé sur la

croissance économique dans l'espace CEMAC

Afin de tester si les dépenses allouées aux services publics de santé sont porteuses ou non de croissance économique pour un échantillon en coupe transversale de 6 pays, sur la période 1996-2013, nous avons construit deux spécifications de régressions de la croissance du P11B/tête à la Solow augmenté (le modèle MRW : Mankiw, Romer et Weil). La première privilégie la part des dépenses publiques allouées au secteur de la santé par rapport au P11B. La seconde tient compte seulement de l'indicateur d'efficience de ces dépenses comme mesure de la qualité des dépenses publiques de ce secteur. Ces

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 63

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

deux spécifications ont pour but de montrer qu'une bonne utilisation des ressources publiques est source de croissance économique et donc de réduction de la pauvreté, plutôt qu'une augmentation de celles-ci. Ainsi, cette sous-partie présente les résultats de nos estimations, toutefois elle présente de prime abord les résultats des différents tests préliminaires ayant justifiés le choix de notre méthode d'estimation.

V.2.1. Résultats des tests préliminaires

Pour des raisons économétriques, nous avons effectué uniquement les tests d'homogénéité, d'hétéroscédasticité, d'autocorrélation et de racine unitaire.

a. Résultats du test d'homogénéité

Rappelons que le test d'homogénéité (f31=f32=.....=f38) consiste à déterminer si l'on est en droit de supposer que le modèle théorique étudié est parfaitement identique pour tous les pays, ou au contraire s'il existe des spécificités propres à chaque pays. Les résultats de ce test effectué à partir du logiciel économétrique STATA 12(confer annexe II) sur l'ensemble des 2 modèles sont résumés dans le tableau (5.3) ci-dessous.

Tableau 5.3 : Résultats des tests d'homogénéité

Modèles

F-statistic

P-value

Décision

Modèle 1

1,20

0,3276

On accepte H0

Modèle 2

1,41

0,2458

On accepte H0

Source : Estimation de l'auteur à partir du logiciel Stata 12.

A la lecture de ce tableau, la p-value associée à la statistique de Fisher de ce test pour chaque modèle est nettement supérieur à 10% et donc à 5% et 1%. On accepte l'hypothèse nulle d'homogénéité des coefficients des modèles (les effets fixes sont tous significativement nuls). L'hypothèse d'un panel homogène est retenue.

Ainsi, il semblerait au regard du résultat de ce test qu'il n'existe pas de facteurs atemporels dans les pays du panel d'étude qui justifieraient des niveaux conjoncturels de croissance économique spécifique aux pays. La dynamique de l'activité économique serait homogène sur la période et probablement tributaire d'une gestion efficiente des ressources publiques. Etant donné l'homogénéité du panel donc, le test d'Hausman de discrimination des effets fixes et aléatoires n'est plus nécessaire. L'utilisation des Moindres carrés ordinaires (MCO) semblerait le mieux adapter à cette situation. Toutefois, avant de passer à l'estimation par les MCO, nous avons effectué de prime abord les tests d'hétéroscédasticité et d'autocorrélation des erreurs pour s'assurer de la validité des estimateurs.

b. Résultats du test d'hétéroscédasticité

Nous avons effectué à l'aide du logiciel stata12, le test d'hétéroscédasticité de Breusch et Pagan. Les résultats de ce test (en annexe III) pour l'ensemble des 2 modèles sont reportés dans le tableau (5.4) ci-dessous.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 64

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Tableau 5.4 : Résultats des tests d'hétéroscédasticité

Modèles

Statistic

P-value

Décision

Modèle 1

50,05

0,0000

On rejette H0

Modèle 2

56,52

0,0000

On rejette H0

Source : Estimation de l'auteur à partir du logiciel Stata 12.

A l'issue de ces résultats, nous pouvons conclure que les erreurs sont hétéroscédastiques car toutes les p-values sont inférieurs à 1% et donc à 5%, 10% ; on rejette donc l'hypothèse nulle H0 d'égalité des variances. Par conséquent une estimation par les MCO n'est plus d'actualité car le modèle souffre d'un problème d'hétéroscédasticité rendant les estimateurs des MCO biaisés et non convergents.

c. Résultats du test d'autocorrélation

En ce qui concerne le test d'autocorrélation nous avons utilisé sur l'ensemble des 2 modèles le test d'autocorrélation de Wooldridge, les résultats de ce test en annexe IV sont reportés dans le tableau (5.5) ci-dessous.

Tableau 5.5 : Résultats des tests d'autocorrélation

Modèles

F-statistic

P-value

Décision

Modèle 1

3,825

0,0254

On rejette H0

Modèle 2

4,307

0,0346

On rejette H0

Source : Estimation de l'auteur à partir du logiciel Stata 12.

A la lecture de ce tableau, les p-value associés aux statistiques de Fisher pour ce test sont toutes inférieures à 5%, on rejette donc l'hypothèse nulle Ho (absence d'autocorrélation de 1erordre) et on accepte l'hypothèse alternative H1 (présence d'autocorrélation des erreurs).

A ce niveau, à l'issue de ces 2 derniers tests, les erreurs sont hétéroscédastiques et autocorréleés. Une estimation par les MCO aurait conduit à des estimateurs biaisés et non convergents. Par conséquent la méthode d'estimation la plus appropriée à ce genre de situation reste les MCGF (méthode des moindre carrés généralisées faisables) ou FGLS (Feasible Generalized Least Squares) qui corrige l'autocorrélation et l'hétéroscédasticité afin de garantir la fiabilité des resultats (estimateurs BLUE).

Toutefois, avant de procéder à l'estimation par les MCGF, il est important d'étudier le comportement de nos variables dans le temps, afin d'éviter les régressions fallacieuses qui n'ont aucune signification économique. A ce titre, le test de racine unitaire de Im-Pesaran et Shin (1997, 2002, 2003) a été utilisé.

d. Résultats du test de racine unitaire

Rappelons qu'une série est dite stationnaire si sa moyenne et sa variance sont constantes et si les valeurs de ses auto-covariances ne dépendent que de l'écart entre 2 périodes et non du moment auquel elles sont calculées. Une série est dite intégrée à

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 65

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

l'ordre P si elle doit être différenciée P fois pour devenir stationnaire. Pour vérifier la stationnarité des séries, nous avons effectué le test d'Im Pesaran Shin. Les résultats obtenus pour ce test (annexe V) sont résumés dans le tableau (5.6) dessous.

Tableau 5.6 : Résultats du test de racine unitaire

Variables

A niveau

En différence

Significa tivité (á)

Décision

Statistic

p-value

Statistic

p-value

IPC

-1,2028

0 ,0197

 
 

5%

I(0)

DPS

-5,6640

0,0000

 
 

1%

I(0)

TCPOP

9,0919

1,0000

-2,3919

0,0061

1%

I(1)

TBSES

-1,2651

0,0604

 
 

10%

I(0)

FBCF

-1,1783

0,1193

-3,2435

0,0000

1%

I(1)

TC

-3,1832

0,0007

 
 

1%

I(0)

INFL

-4,7248

0,0000

 
 

1%

I(0)

TCPIB

-1,6981

0,0447

 
 

5%

I(0)

SEDS

-3,5732

0,0002

 
 

1%

I(0)

Source : Estimation de l'auteur à partir du logiciel Stata 12.

Nous constatons au regard du tableau ci-dessus, que certaines de nos variables sont stationnaire à niveau, il s'agit de l'indice de perception de la corruption, les dépenses publiques de santé, le taux brute de scolarisation dans l'enseignement secondaire, le taux de couverture, l'inflation, le taux de croissance du PIB, le score d'efficience des dépenses de santé. D'autres stationnaires en différence première a l'instar du taux de croissance de la population de la formulation brute du capital fixe.

V.2.2 Résultats et interprétations des estimations

En résumé, il ressort de nos différents tests que notre panel bien qu'étant homogène, nos régressions souffrent des problèmes d'hétéroscédasticité et d'autocorrélation ; d'où le recours à l'estimation par les MCGF.

a. Résultats des estimations des modèles par les MCGF

De façon générale, les résultats en annexe VI présentent respectivement les résultats des estimations du modèle 1 représentant l'impact des dépenses publiques de santé sur la croissance économique en zone CEMAC et du modèle 2 qui représente l'impact des scores d'efficience de ces dépenses publiques sur la croissance économique de la zone. Toutefois, le tableau ci-dessous (tableaux 5.7) fait respectivement une synthèse de ces résultats.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Tableau 5.7 : Synthèse des résultats des estimations par les MCGF

 

Modèle 1

Modèle2

Variables

Coefficients

Coefficients

FBCF

0,3673215*

(0,004)

0,3417129*

(0,000)

TBSES

0,4108534**

(0,027)

0,2030708***

(0,054)

INFL

-0,2920082**

(0,032)

-0,1614615***

(0,067)

TCPOP

-18,48014*

(0,000)

-3,770234*

(0,002)

TC

6,801875

(0,746)

5,392175

(0,323)

IPC

-0,1582469

(0,548)

-0,2746367

(0,465)

DPS

-5,247116**

(0,038)

/

SDES

/

0,1052443***

(0,078)

Const

-23,06359

(0,183)

43,51198**

(0,019)

Wald Chi2

24,83

(0,0008)*

34,23

(0,0000)*

Nombre d'observation

42

54

Nombre de groupe

6

6

NB : Les symboles *, **, ***, représentent respectivement les seuils de significativité des coefficients à 1%, 5% et 10%. Les chiffres entre parenthèse représentent les p-value associées aux tests de significativité des coefficients.

Source : Construction de l'auteur à partir des résultats des estimations des 2 modèles à l'aide du logiciel Stata 12.

A la lecture de ces tableaux, il ressort de nos régressions que nos modèles sont globalement significatifs à 1% étant donné que la probabilité à la statistique de Wald pour chacun des modèles est nettement inférieur à 1% (modèle 1 : prob>Chi2=0,0008<0,01 ; modèle 2 : prob>Chi2=0,0000<0,01). Ce qui nous amène à rejeter l'hypothèse nulle de non significativité du modèle, autrement dit, c'est dire qu'au moins une des variables exogènes explique la variable endogène. Par ailleurs ces tableaux nous montrent que pour chacun des modèles, sur l'ensemble des 7 variables explicatives, 5 variables sont significatives (la FBCF, l'INFL, le TCPOP, l'IPC et SEDS) et 2 variables sont non significatives (le TBSES et le TC).

Partant de ces résultats, plusieurs interprétations peuvent faites :

b. Interprétations des résultats des coefficients des variables

Nous interprèterons tour à tour les coefficients de nos variables d'intérêts et ceux de nos variables de contrôle.

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Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

? Interprétations des variables d'intérêts

Il ressort des résultats de nos régressions que :

- les dépenses publiques de santé ont un impact négatif et significatif sur la croissance économique des pays de la zone CEMAC. En effet, le coefficient de cette variable est négatif (-5,247116) et la p-value associée à la statistique du coefficient de cette variable est de 0,038 qui est inférieur au seuil de significativité de 5%. Toutefois, notons que cet effet négatif sur la croissance économique des dépenses publiques de santé, bien que contraire aux prédictions des modèles de croissance endogène qui prévoyaient un signe positif, est conforme à ceux obtenus par Kim et Moody(1992), Musgrave (1996), Gupta et Tiongson (2003), Romdhane et al (2006) et Fouopi et al (2013). Selon ces auteurs, ce résultat peut être dû la faible part des budgets alloués par les gouvernements des pays de la zone dans le secteur de la santé restant toujours insuffisants au regard des besoins des populations et des objectifs fixés en terme de croissance économique et de couverture sanitaire ( Fouopi et al, 2006) et par ailleurs aux effets pervers de la corruption et des comportements opportunistes tendant à détourner ces flux financiers à d'autres fins et sont par conséquent préjudiciables à l'état de santé de la population dans la mesure où ils engendre une perte d'efficacité de ces dépenses (Gupta et al, 2002

- Par contre, en ce qui concerne l'effet de la qualité des dépenses publiques de santé sur la croissance économique mesuré par la variable score d'efficience des dépenses publiques de santé sur le taux de croissance du PIB ; les résultats de nos analyses nous révèlent que l'efficience des dépenses publiques de santé a une influence positive et significative au seuil de 10% sur la croissance économique de la zone CEMAC. En effet, selon nos estimations, le coefficient de cette variable a un signe positif (0,1052443) et la p-value associé à la statistique du coefficient de cette variable est nettement inférieur à 10% (p-value=0,078?0,1). Ainsi une augmentation d'1% de l'efficience des dépenses publiques de santé entrainerait une augmentation de la croissance de 10,52% dans la sous-région. Ce résultat corrobore les résultats obtenus par Ebert, Schuknecht et Thorne (2005), Romdhane (2006) et Houssounon (2009) sur les pays de l'UEMOA. Ainsi une allocation efficiente des ressources publiques de santé, que ce soit par une rationalisation des procédures de financement et d'administration, une optimisation des incitations pour les prestataires, de meilleurs pratiques d'approvisionnement, l'augmentation des infrastitures et d'équipements de santé, la multiplication des campagnes de sensibilisation et de vaccination ou une utilisation plus généralisée des médicaments génériques et bien d'autres, est porteuse de croissance économique dans la mesure où elle améliore le capital santé des individus et partant leur productivité globale.

En somme, il ressort de nos estimations qu'une utilisation efficiente des ressources publiques de santé est source de croissance économique plus vite que le volume des dépenses engagées ; ce qui est conforme à notre 2e hypothèse d'étude.

? Interprétations des coefficients des variables de contrôle

- La variable Formation Brute du Capital Fixe (FBCF) qui mesure l'effet de l'investissement sur la croissance a un impact positif et significatif sur la croissance économique. En effet, le coefficient de cette variable est positif sur l'ensemble des 2

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 68

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

modèles (0,3673215 pour le modèle 1 ; et 0,3417129 pour le modèle 2) et les p-value associées aux tests de significativité des coefficients de cette variable sont nettement inférieur à 1% (0,004<0,01 pour le modèle 1 et 0,000 <0,01 pour le modèle 2). Ce qui est conforme à nos attentes et corroborent les résultats empiriques des théories du capital physique.

- Le taux brut de scolarisation dans l'enseignement secondaire (TBSES) représentant le capital humain exerce comme attendu au regard des développements théoriques sur la croissance endogène (la théorie du capital humain) une influence positive et significative sur le taux de croissance du PIB sur l'ensemble des 2 modèles. Par conséquent, il apparait que l'accroissement du capital humain via l'augmentation des capacités, des connaissances et des compétences dont disposent les personnes et acquise par l'éducation, la formation et l'expérience contribue notamment à la relance de l'activité économique. Ce résultat corrobore également les résultats de plusieurs études telles que celle de Lucas (1998), Aghion et al (2007), Ouattara (2013).

- L'environnement macroéconomique a été représenté par 2 indicateurs : l'inflation (INFL) et le taux de couverture (TC). Les résultats indiquent que l'inflation a un effet négatif et significatif sur la croissance ; en effet le signe négatif des coefficients de cette variable sur chacun des modèles signifie qu'une hausse du taux d'inflation entraine une baisse de la croissance économique, ce qui est conforme à nos attentes et corrobore les travaux tels que ceux de Khan et Senhadji (2001), Fouopi et al (2013). La variable taux de couverture qui mesure l'ouverture commerciale, a un effet positif sur la croissance économique (signe attendu) mais non significatif sur l'ensemble des modèles, car les p-value associées aux tests de significativité des coefficients de cette variable pour chacun des modèles est nettement supérieur au seuil théorique de 10 %. Ces résultats rejoignent ceux trouvés par Mehleun et al (2006a) et Ouattara (2007) dans le cas de la côte d'ivoire.

- Dans l'optique de tester l'incidence du taux de croissance démographique (TCPOP) sur l'activité économique de long terme selon les résultats empiriques du sentier de croissance équilibré du modèle de Solow ; dans le cadre de notre étude, les résultats obtenus montrent que le taux de croissance démographique a un impact négatif et significatif sur le taux de croissance économique dans la zone CEMAC. En effet, il ressort de nos estimations que le coefficient de la variable TCPOP a un signe négatif sur les 2 modèles et la p-value associée au test de significativité du coefficient de cette variable est nettement inférieure au seuil de significativité de 1%. Cet effet négatif est conforme à nos attentes et vérifie ainsi la théorie de la croissance exogène de Solow. Toutefois ce résultat est contraire à celui obtenu par Fouopi et al (2006)

- Enfin la variable indice de perception de la corruption (IPC) qui matérialise l'environnement institutionnel (variable institutionnelle) affecte négativement la croissance économique dans la zone CEMAC (signe attendu) car le coefficient de cette variable est négatif sur chacun des modèles. Toutefois cette influence est non significative car la p-value du test de significativité associé à chacun des coefficients du modèle est supérieure au seuil théorique de 10%. Les détournements de fonds au profit d'élites corrompus alimentent les caisses noires des paradis fiscaux (Mauro, 1998) ayant ainsi pour conséquence visible l'accroissement d'une hémorragie criminelle des capitaux

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 69

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

(Shleiffer et Vishny, 1993) qui résulte d'un accroissement injustifié des dépenses publiques les rendant ainsi improductives (Muller, 2005). Par ailleurs, la petite corruption qui se matérialise par les pots de vins reçus par le personnel santé en raison des bas salaires ou du comportement immoral de ces derniers constitue une barrière à l'accès aux soins de santé et partant à la constitution du capital humain des individus, et partant entraine une baisse de la croissance. Toutefois, ce résultat est conforme à nos attentes et corrobore les théories du marché politique (Gordon Tullock et James Buchanan, 1961) et de la bureaucratie (Weber et Niskamen, 1968).

Parvenu au terme de ce chapitre, après estimation à l'aide de nos différents logiciels (DEAP pour l'hypothèse 1 et STATA 12 pour l'hypothèse 2) ; nos résultats ont montré que en ce qui concerne la mesure des scores d'efficience, les pays de communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale sont inefficients dans la prestation des services sociaux sanitaires de santé sur toute la période considérée. Ce qui a infirmé ainsi notre 1ere hypothèse d'étude. S'agissant de la vérification de la deuxième hypothèse d'étude, nos résultats ont montré que les dépenses publiques de santé ont un impact négatif et significatif sur la croissance économique dans la zone CEMAC au seuil 5%, contrairement aux degrés d'efficience de ces dépenses qui ont un impact positif et significatif au seuil théorique de 10% sur la croissance économique dans la zone. Ce qui a confirmé notre 2e hypothèse.

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

6

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 70

CONCLUSION GENERALE ET

IMPLICATIONS DE POLITIQUES

ECONOMIQUES

Ce chapitre présente la conclusion générale de notre étude, les implications de politiques économiques qui en découlent, et s'achève par les limites et perspectives de recherches futures.

VI.1. Conclusion générale

L'assainissement et la restructuration des finances publiques par la plupart des pays africains à l'instar des pays de la sous-région en proies aux problèmes de développement, de réduction de la pauvreté et de raréfaction des capitaux et d'appuis provenant des pays avancés, imposent plus que jamais aux pays de la sous-région Afrique centrale à l'instar des pays en voie de développement à améliorer l'utilisation de leurs ressources. Le revenu est bien entendu crucial, sans ressources tout progrès est difficile toutefois les ressources sont rares et les besoins illimités, ainsi quel que soit les montants que nous y choisissons d'allouer, ils doivent être utilisés le plus efficacement possible ; d'où l'intérêt de cette étude. L'analyse des dépenses publiques en général et de l'intervention de l'Etat en particulier étant des sujets très vastes, nous avons centré notre attention sur l'analyse de l'efficience des dépenses publiques de santé et son impact sur la croissance économique dans la zone CEMAC, afin de voir si le peu d'objectifs atteints en matière de politiques de santé l'ont été dans une atmosphère de parfaite rationalisation des dépenses engagées. Tel était l'objectif principal de notre étude. Pour atteindre cet objectif, 2 hypothèses spécifiques ont été postulées : d'une part que les dépenses publiques de santé sont efficientes dans la zone CEMAC ; et d'autre part que le degré d'efficience de ces dépenses permet un accroissement du PIB plus vite que le volume des dépenses engagées.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 71

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Afin de tester ces hypothèses, nous avons eu recours aux données de sources secondaires sur la période 1996-2013, la plupart provenant des bases de données de la Banque Mondiale, et de la base de Kaufman. Nous avons d'abord procédé à l'estimation des scores d'efficience avant d'étudier l'impact de ces scores sur la croissance économique des pays de la sous-région.

Les scores d'efficiences ont été estimés au moyen de la méthode d'enveloppement des données à la Malmquist (DEA-Malmquist) selon une orientation input. 3 variables ont été retenues dont un input (dépenses publiques de santé en % du PIB) et deux outputs (espérance de vie à la naissance et taux de mortalité infantile). Les résultats de ces estimations ont montré qu'en moyenne sur la période considérée, les dépenses socio publiques de santé ne sont pas efficientes dans la zone CEMAC. Ce résultat pourrait être dû à la faible sensibilité des indicateurs de santé par rapport aux moyens qui y sont investis ; ou par ailleurs aux effets pervers et endémique de la corruption, due à l'ingérence des pouvoirs publics caractérisée par l'entretien des missions floues ou complaisantes ne tenant pas compte des règles de gestion saine nourrie par les soucis d'efficacité. Plus spécifiquement, 28 ,67% en moyenne des dépenses de santé ont été gaspillées sur toute la période, soit un score d'efficience moyen de 0,713 pour l'ensemble des pays sur toute la période (ce qui infirme ainsi notre 1ere hypothèse d'étude). Le Cameroun et le Gabon sont les pays les moins inefficients de la zone, la RCA et la Guinée Equatoriale étant les plus inefficients.

S'agissant de la vérification de la 2e hypothèse, 2 modèles de régression du taux de croissance du PIB ont été formulés à partir du modèle théorique de croissance à la Solow augmenté (le modèle MRW). L'un privilégiant la variable dépenses publiques de santé et l'autre le degré d'efficience de ces dépenses. La méthodologie retenue était celle des données de panels. Après avoir effectué les tests préliminaires sur les données relatives à nos différentes variables, les paramètres des modèles ont été estimés par la méthode des moindres carrés généralisés faisables dû au fait que le panel bien qu'étant homogène, nos régressions souffraient d'un problème d'hétéroscédasticité et d'autocorrélation d'ordre 1. Les résultats des estimations des paramètres des modèles à partir du logiciel Stata 12 nous ont amenés aux principaux résultats suivants : les dépenses publiques de santé ont un impact négatif et significatif sur la croissance économique dans la zone CEMAC au seuil 5%, contrairement aux degrés d'efficience de ces dépenses qui ont un impact positif et significatif au seuil théorique de 10% sur la croissance économique dans la zone. Ainsi, une utilisation efficiente des ressources publiques de ce secteur est porteuse de croissance plus vite qu'une augmentation de celles-ci.

Ces résultats confirment ainsi notre 2e hypothèse d'étude et dans la foulée ces conclusions rejoignent celles d'Ebert, Schuknecht et Thorne (2005), Chemli et Neticha (2006) et Damas Hounsounon (2009).

VI.2. Implications de politiques économiques

L'efficience des dépenses publiques traduit le fait pour celles-ci d'atteindre leur cible de manière optimale, c'est à dire telle que souhaitée par le décideur public pour le bien-être des populations préalablement défini de manière participative. Ce n'est pas tant le niveau d'un budget qui importe pour une économie, mais la manière dont les ressources

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 72

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

(rares) sont affectées à la couverture des besoins (illimités). Dans cette optique, l'augmentation ne devrait pas être une fin en soi, mais plutôt un moyen de rationalisation de ces ressources afin de les rendre plus productives. Il est donc important de prôner la qualité de la dépense non seulement au niveau de l'affectation mais plus encore au niveau de l'orientation et du ciblage en particulier dans les secteurs sociaux clés de l'économie qui affecte directement le capital humain des individus et partant la croissance inclusive. Ainsi, dans le secteur de la santé, au regard de nos résultats nous formulons les politiques suivantes :

Sur le plan macro :

? Bien que notre étude ne s'intéresse pas aux facteurs explicatifs (les déterminants) de l'inefficience de ces dépenses, de nombreuses études réalisées dans ce domaine ont montré que la promotion de la stabilité socio politico-économique, l'efficacité des pouvoirs publics, la transparence et la lutte contre la corruption sont des conditions nécessaires pour améliorer l'efficience. Ainsi, les pays de la zone CEMAC doivent mettre en place les politiques visant à créer un environnement politique et socio-économique sain, un plan de sécurité publique national et un plan de développement visant à favoriser la réhabilitation des infrastructures socio-économiques, le renforcement des institutions et le développement des investissements.

? Améliorer dans chaque ministère de santé publique le système de suivi des dépenses depuis les caisses nationales jusqu'à leur destination (traçabilité) en vue d'identifier les sources de gaspillages et d'améliorer l'équité de ces dépenses ainsi que leur impact sur le bien-être des populations. Le parlement et le citoyen doivent pleinement être en mesure d'apprécier la totalité des moyens déployés pour mettre en oeuvre chaque politique, mais aussi les résultats attendus dans l'optique d'une évaluation.

? Soutenir les efforts des organismes dans la gestion axée sur les résultats en
matière de développement, d'une part en mettant l'accent sur tous les aspects du processus de développement, et d'autre part en intégrant les principes reconnus de bonne gouvernance à savoir des objectifs clairs, une prise de décision fondée sur des données factuelles, la transparence et l'obligation de reddition des comptes actualisés sur les ressources et sur les résultats.

? Et enfin renforcer les contrats de partenariat public-privé en impliquant d'avantage le secteur privé dans la prestation des services sociaux afin de profiter d'avantages de telles associations.

Sur le plan micro :

? Même si il est impératif de collecter suffisamment d'argent pour la santé, les possibilités d'obtenir d'avantage avec les mêmes ressources existent dans tous les pays. En effet, les médicaments chers sont souvent utilisés lorsque les options plus abordables et aussi efficaces sont disponibles ; dans de nombreuses situations ils existent une utilisation abusive des antibiotiques et des injections, des problèmes de stockage et de gaspillages et aussi de grande variation dans les prix que les agences d'approvisionnement négocient avec les fournisseurs. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, dans son document de synthèse du rapport sur la santé dans le monde en 2010 portant sur le financement des

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 73

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

systèmes de santé ; réduire les dépenses inutiles liées aux médicaments en les utilisant mieux pourraient amener les pays à économiser jusqu'à 5% de leurs dépenses de santé.

+ Equiper adéquatement les formations sanitaires en particulier dans les zones rurales d'accès difficile afin d'améliorer leur qualité d'équipements pour répondre à la forte demande et intensifier la lutte contre certaines maladies prioritaires qui constituent une barrière à la constitution d'un capital humain sain.

+ Entreprendre les politiques visant à accroitre l'efficience des centres de
santé en promouvant la transparence par l'instauration dans les centres sanitaires, d'un système d'affichage des prix des consultations pour faciliter l'information du patient et éviter des actes de corruption qui pourraient engendrer des désagréments.

+ Enfin tout ce qui précède ne saurait se faire sans l'amélioration des conditions de travail du personnel qualifié au sein des formations sanitaires, surtout dans les zones rurales. Les bas salaires ont pour conséquence que le personnel soignant arrondit ses revenus en acceptant simultanément un 2e travail, ce qui réduit les performances de leur 1eremploi ; soutenir et motiver le personnel accroît le coût d'opportunité de la corruption et celui de la non application des réglementations sous réserve que ces manquements puissent être détectés et sanctionnés.

VI.3. Limites de l'étude

Bien que le thème de ce travail soit pertinent au regard des exigences d'efficacité qui sont au centre de toutes préoccupations, dans toutes entreprises et dans toutes institutions ; relevons que le présent travail souffre de quelques limites ou insuffisances.

+ Premièrement, les résultats sont relativement sensibles à la spécification de la fonction de production c'est-à-dire au choix des inputs et des outputs. En effet les pays peuvent devenir efficients voir inefficients sur une dimension de l'état de santé et avoir le contraire sur un autre résultat sanitaire. En outre dans ce travail, nous avons mis en évidence l'efficience technique occultant l'efficience d'échelle; l'inefficience peut être à la taille non optimale qu'à une gestion déficiente.

+ En second lieu, notre travail ne se limite qu'aux pays de la zone CEMAC (6pays), ce qui réduit le nombre total d'outputs et d'inputs pouvant être pris en compte mais peut conduire aussi à des scores d'efficience trop élevés. Une étude plus poussée avec un échantillon de grande taille permettrait d'avoir des résultats plus robustes.

+ Enfin, dans le but de réduire le champ d'analyse, nous n'avons pas pris en compte d'autres secteurs sociaux de l'économie tel que l'éducation, pour les mêmes raisons, nous n'avons pas mis l'accent sur les déterminants de l'efficience de ces dépenses.

VI.4. Perspectives de recherche futures

Pour la poursuite des recherches futures, il serait intéressant donc de

+ Choisir un panel plus grand, de multiples inputs et outputs afin d'avoir des résultats plus robustes qui permettront aux décideurs de se baser sur différents résultats sanitaires.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 74

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

? De prendre en compte la spécificité du secteur privé et par ailleurs, pour les mêmes raisons d'intégrer à l'étude d'autres secteurs de l'économie sociale tels que l'éducation.

? D'étudier les déterminants de l'efficience de ces dépenses afin d'interpeller la vigilance des gouvernants sur les indicateurs de bonne gouvernance.

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 75

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ANNEXES

Annexe I : Résultats des estimations des scores d'efficience

Results from DEAP Version 2.1

Instruction file = $$TEMP$$.INS

Data file = $$TEMP$$.DTA

Input orientated Malmquist DEA

DISTANCES SUMMARY

year = 1

firm
no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.000

1.000

1.107

1.000

CONGO

0.000

0.514

0.569

0.517

GABON

0.000

0.799

0.884

1.000

GUINEEE

0.000

0.421

0.459

1.000

RCA

0.000

0.756

0.826

1.000

TCHAD

0.000

0.511

0.557

0.917

mean

0.000

0.667

0.734

0.906

year = 2

firm crs te rel to tech in yr vrs

no. ************************ te

t-1 t t+1

CAMEROUN 0.916 1.000 0.800 1.000

CONGO 0.461 0.511 0.409 0.513

GABON 0.855 0.946 0.757 1.000

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 83

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

GUINEEE

0.504

0.550

0.437

1.000

RCA

0.750

0.819

0.651

1.000

TCHAD

0.530

0.578

0.459

1.000

mean

0.669

0.734

0.585

0.919

year = 3

firm
no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

1.259

1.000

1.073

1.000

CONGO

0.438

0.351

0.375

0.351

GABON

0.651

0.521

0.558

1.000

GUINEEE

0.431

0.342

0.367

0.416

RCA

0.885

0.703

0.755

1.000

TCHAD

0.673

0.535

0.574

1.000

mean

0.723

0.575

0.617

0.795

year = 4

firm
no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.935

1.000

1.141

1.000

CONGO

0.444

0.475

0.535

0.477

GABON

0.737

0.789

0.887

1.000

GUINEEE

0.607

0.652

0.743

0.873

RCA

0.510

0.547

0.624

1.000

TCHAD

0.441

0.474

0.541

1.000

mean

0.612

0.656

0.745

0.892

year = 5

firm
no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.889

1.000

1.234

1.000

CONGO

0.682

0.768

0.936

0.771

GABON

0.826

0.929

1.133

1.000

GUINEEE

0.478

0.546

0.631

0.714

RCA

0.464

0.530

0.612

1.000

TCHAD

0.349

0.399

0.461

1.000

mean

0.615

0.695

0.834

0.914

year = 6

firm crs te rel to tech in yr vrs

no. ************************ te

 

t-1

t

t+1

 

CAMEROUN

0.820

1.000

0.897

1.000

CONGO

0.706

0.861

0.772

0.865

GABON

0.783

0.955

0.857

1.000

GUINEEE

0.865

1.000

0.860

1.000

RCA

0.598

0.691

0.594

1.000

TCHAD

0.439

0.507

0.436

1.000

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 84

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

mean 0.702 0.836 0.736 0.977

year = 7

firm crs te rel to tech in yr vrs

no. ************************ te

 

t-1

t

t+1

 

CAMEROUN

0.874

0.785

1.037

1.000

CONGO

0.892

0.800

1.012

0.844

GABON

0.998

0.895

1.120

1.000

GUINEEE

1.179

1.000

1.410

1.000

RCA

0.624

0.536

0.756

1.000

TCHAD

0.486

0.418

0.589

1.000

mean

0.842

0.739

0.987

0.974

year = 8

firm
no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.761

0.997

0.862

1.000

CONGO

0.799

1.000

0.892

1.000

GABON

0.742

0.928

0.828

1.000

GUINEEE

0.732

1.000

0.906

1.000

RCA

0.525

0.741

0.671

1.000

TCHAD

0.379

0.534

0.484

1.000

mean

0.656

0.867

0.774

1.000

year = 9

firm
no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

1.165

1.000

0.852

1.000

CONGO

0.957

0.853

0.727

0.880

GABON

0.995

0.887

0.756

1.000

GUINEEE

1.129

1.000

0.821

1.000

RCA

0.834

0.756

0.621

1.000

TCHAD

0.791

0.717

0.589

1.000

mean

0.979

0.869

0.728

0.980

year = 10

firm

no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

1.012

0.863

0.985

0.990

CONGO

0.826

0.704

0.782

0.734

GABON

1.084

0.924

1.027

1.000

GUINEEE

1.242

1.000

1.285

1.000

RCA

0.650

0.534

0.659

1.000

TCHAD

0.659

0.541

0.668

1.000

mean

0.912

0.761

0.901

0.954

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 85

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

year = 11

firm
no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.899

1.000

0.967

1.000

CONGO

0.708

0.787

0.760

0.808

GABON

0.859

0.955

0.923

1.000

GUINEEE

0.600

0.751

0.649

0.757

RCA

0.582

0.718

0.552

1.000

TCHAD

0.810

1.000

0.769

1.000

mean

0.743

0.869

0.770

0.928

year = 12

firm

no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

1.035

1.000

0.788

1.000

CONGO

0.739

0.714

0.562

0.746

GABON

0.921

0.889

0.701

1.000

GUINEEE

0.698

0.618

0.485

0.620

RCA

0.605

0.466

0.371

1.000

TCHAD

1.307

1.000

0.797

1.000

mean

0.884

0.781

0.617

0.894

year = 13

firm

no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

1.007

0.793

0.980

0.822

CONGO

0.902

0.711

0.878

0.753

GABON

1.159

0.913

1.128

1.000

GUINEEE

0.565

0.444

0.548

0.450

RCA

0.463

0.369

0.468

1.000

TCHAD

1.283

1.000

1.269

1.000

mean

0.897

0.705

0.879

0.837

year = 14

firm

no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.661

0.816

0.843

0.837

CONGO

0.782

0.966

0.997

1.000

GABON

0.625

0.772

0.797

1.000

GUINEEE

0.200

0.247

0.255

0.249

RCA

0.554

0.702

0.745

1.000

TCHAD

0.809

1.000

1.061

1.000

mean

0.605

0.751

0.783

0.848

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 86

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

year = 15

firm

no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.688

0.710

0.591

0.790

CONGO

0.801

0.827

0.688

0.993

GABON

0.739

0.763

0.635

1.000

GUINEEE

0.348

0.360

0.299

0.378

RCA

0.533

0.565

0.484

1.000

TCHAD

0.969

1.000

0.856

1.000

mean

0.680

0.704

0.592

0.860

year = 16

firm

no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.667

0.555

0.577

0.700

CONGO

0.691

0.575

0.597

0.846

GABON

0.700

0.582

0.605

1.000

GUINEEE

0.431

0.358

0.372

0.404

RCA

0.537

0.460

0.491

1.000

TCHAD

1.202

1.000

1.067

1.000

mean

0.705

0.588

0.618

0.825

year = 17

firm
no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.563

0.585

0.994

0.718

CONGO

0.417

0.432

0.582

0.612

GABON

0.592

0.615

0.828

1.000

GUINEEE

0.342

0.355

0.661

0.396

RCA

0.479

0.511

1.074

1.000

TCHAD

0.963

1.000

2.185

1.000

mean

0.559

0.583

1.054

0.788

year = 18

firm

no.

crs te rel to tech in yr

************************

t-1 t t+1

vrs te

CAMEROUN

0.487

0.858

0.000

0.875

CONGO

0.606

0.821

0.000

0.912

GABON

0.743

1.000

0.000

1.000

GUINEEE

0.448

0.881

0.000

0.906

RCA

0.496

1.000

0.000

1.000

TCHAD

0.323

0.696

0.000

1.000

mean

0.517

0.876

0.000

0.949

[Note that t-1 in year 1 and t+1 in the final year are not defined].

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 87

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Annexe II : Résultats du test d'homogénéité

Test d'homogénéité du modèle 1

F test that all u_i=0:

F(4, 42) = 1.20 Prob > F = 0.3276

Test d'homogénéité du modèle 2

F test that all u_i=0:

F(4, 54) = 1.41

Prob > F = 0.2458

Annexe III : Résultats du test d'héteroscédasticité de Breusch-Pagan

Test d'héteroscédasticité de Breusch-Pagan du modèle 1

Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity Ho: Constant variance

Variables:

fitted values of pib

chi2(1)

=

50.05

Prob > chi2

=

0.0000

Test d'héteroscédasticité de Breusch-Pagan du modèle 2

Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity Ho: Constant variance

Variables: fitted values of pib

chi2(1) = 56.52

Prob > chi2 = 0.0000

Annexe IV : Résultats du test d'autocorrélation de Wooldridge

Test d'autocorrelation de Wooldridge du modèle 1

Wooldridge test for autocorrelation in panel data H0: no first order autocorrelation

F(1, 5) = 3.825
Prob > F = 0.0254

Test d'autocorrelation de Wooldridge du modèle 2

Wooldridge test for autocorrelation in panel data H0: no first order autocorrelation

F(1, 5) = 4.307 Prob > F = 0.0346

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 88

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Annexe V : Résultats du test de stationnarité d'Im-Pesaran-Shin

Im-Pesaran-Shin unit-root test for ipc

Ho: All panels contain unit roots

Number of panels

=

6

Ha: Some panels are stationary

Number of periods

=

14

AR parameter: Panel-specific

Asymptotics: T,N

->

Infinity

Panel means: Included

 

sequentially

Time trend: Not included

 
 
 

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -2.7756 -2.380 -2.110 -1.980

t-tilde-bar -2.1807

Z-t-tilde-bar -1.2028 0.0197

Im-Pesaran-Shin unit-root test for dps

Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6

Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18

AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N -> Infinity

Panel means: Included sequentially

Time trend: Not included

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -7.9925 -2.970 -2.720 -2.590

t-tilde-bar -3.0239

Z-t-tilde-bar -5.6640 0.0000

Im-Pesaran-Shin unit-root test for tcpop

Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6

Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18

AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N -> Infinity

Panel means: Included sequentially

Time trend: Not included

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar 4.1445 -2.970 -2.720 -2.590

t-tilde-bar 1.6904

Z-t-tilde-bar 9.0919 1.0000

Im-Pesaran-Shin unit-root test for D.tcpop

Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6

Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 89

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N -> Infinity

Panel means: Included sequentially

Time trend: Not included

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -3.1445 -2.970 -2.720 -2.590

t-tilde-bar -2.0684

Z-t-tilde-bar -2.3919 0.0061

Im-Pesaran-Shin unit-root test for tbses

Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6

Ha: Some panels are stationary Number of periods = 11.29

AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N -> Infinity

Panel means: Included sequentially

Time trend: Not included

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -2.3545 (Not available)

t-tilde-bar -1.2884

Z-t-tilde-bar -1.2651 0.0604

Im-Pesaran-Shin unit-root test for fbcf

Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6

Ha: Some panels are stationary Avg. number of periods = 18

AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N -> Infinity

Panel means: Included sequentially

Time trend: Not included

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -2.0157 -2.970 -2.720 -2.590

t-tilde-bar -1.6749

Z-t-tilde-bar -1.1783 0.1193

Im-Pesaran-Shin unit-root test for D.fbcf

Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6

Ha: Some panels are stationary Avg. number of periods = 18

AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N -> Infinity

Panel means: Included sequentially

Time trend: Not included

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 90

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -5.2157 -2.970 -2.720 -2.590

t-tilde-bar -2.6749

Z-t-tilde-bar -3.2435 0.0000

Im-Pesaran-Shin unit-root test for tc

Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6

Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18

AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N -> Infinity

Panel means: Included sequentially

Time trend: Not included

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -3.0871 (Not available)

t-tilde-bar -2.2994

Z-t-tilde-bar -3.1832 0.0007

Im-Pesaran-Shin unit-root test for infl

Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6

Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18

AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N -> Infinity

Panel means: Included sequentially

Time trend: Not included

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -4.6808 -2.970 -2.720 -2.590

t-tilde-bar -2.7725

Z-t-tilde-bar -4.7248 0.0000

Im-Pesaran-Shin unit-root test for tcpib

Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6

Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18

AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N -> Infinity

Panel means: Included sequentially

Time trend: Not included

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -2.2682 -2.970 -2.720 -2.590

t-tilde-bar -1.8510

Z-t-tilde-bar -1.6981 0.0447

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 91

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Im-Pesaran-Shin unit-root test for seds

Ho: All panels contain unit roots

Number of panels

=

6

Ha: Some panels are stationary

Number of periods

=

18

AR parameter: Panel-specific

Asymptotics: T,N

->

Infinity

Panel means: Included

 

sequentially

Time trend: Not included

 
 
 

ADF regressions: No lags included

Fixed-N exact critical values

Statistic p-value 1% 5% 10%

t-bar -3.3745 -2.970 -2.720 -2.590

t-tilde-bar -2.4743

Z-t-tilde-bar -3.5732 0.0002

Annexe VI : Résultats des estimations des modèles par la méthode des

MCGF (Moindres Carrées Généralisés Faisables)

Estimation du modèle 1 par les MCGF

Cross-sectional time-series FGLS regression

Coefficients: generalized least squares

Panels: heteroskedastic

Correlation: common AR(1) coefficient for all panels

 

Estimated covariances =

5

Number of obs =

42

Estimated autocorrelations =

1

Number of groups =

6

Estimated coefficients =

8

Obs per group: min =

5

 
 

avg =

9.6

 
 

max =

14

 
 

Wald chi2(7) =

24.83

 
 

Prob > chi2 =

0.0008

tcpib |

Coef.

Std. Err.

z

P>|z|

[95% Conf.

Interval]

fbcf |

.3673215

.1277407

3.27

0.004

.1169544

3.617688

D1.

tbses |

.4108534

.2417223

2.63

0.027

-.0484174

12.79155

infl |

-.2920082

.0661464

-3.09

0.032

-12.67168

9.425728

tc |

6.801875

.0288399

0.07

0.746

.1584001

.2546493

tcpop |

-18.48014

4.025178

-4.86

0.000

-.4090553

25.36935

D1.

ipc |

-.1582469

.2892145

-0.64

0.548

-11.20959

-.3216022

dps |

-5.247116

2.527324

-2.93

0.038

-10.20058

-.2936513

_cons |

-23.06359

14.74835

-1.36

0.183

-51.96982

5.842647

Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel 92

Efficience des dépenses publiques de santé et croissance économique en zone CEMAC

Estimation du modèle 2 par les MCGF

Cross-sectional time-series FGLS regression

Coefficients: generalized least squares

Panels: heteroskedastic

Correlation: common AR(1) coefficient for all panels

Estimated covariances

=

1

Number of obs =

54

Estimated autocorrelations

=

1

Number of groups =

6

Estimated coefficients

=

8

Obs per group: min =

5

 
 
 

avg =

10.4

 
 
 

max =

17

 
 
 

Wald chi2(9) =

34.23

 
 
 

Prob > chi2 =

0.0000

tcpib |

Coef.

Std. Err.

z

P>|z|

[95% Conf.

Interval]

fbcf |

.3417129

.0455941

3.56

0.000

.2523582

.4310677

D1.

tbses |

.2030708

.1427312

2.32

0.054

.0849724

17.41145

infl |

-.1614615

.0750546

-3.05

0.067

.3085659

18.43572

tc |

5.392175

1.731533

0.91

0.323

-.0584009

.0546493

tcpop |

-3.770234

2.697905

-3.40

0.002

-9.058032

1.517563

D1.

ipc |

-.2746367

.2892147

-1.54

0.465

-.3820959

-.0516122

seds |

.1052443

8.599859

2.06

0.078

.1440244

18.57998

_cons |

43.51198

15.32415

2.93

0.019

-26.52281

.3354677






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius