REPUBLIC OF CAMEROON PEACE-WORK-FATHERLAND
***********
REPUBLIQUE DU CAMEROUN PAIX-TRAVAIL-PATRIE
***********
UNIVERSITE DE DSCHANG
UNIVERSITY OF DSCHANG
**********
**********
ECOLE DOCTORALE
POST GRADUATE SCHOOL
********
********
LA DSCHANG SCHOOL OF ECONOMICS AND
MANAGEMENT
LA DSCHANG SCHOOL OF ECONOMICS AND
MANAGEMENT
*****
*****
EFFICIENCE DES DEPENSES PUBLIQUES DE SANTE ET
CROISSANCE ECONOMIQUE EN ZONE CEMAC.
Mémoire présenté en vue de l'obtention
du diplôme de Master of sciences (M.S.C) en sciences
économiques
Option : Economie Publique Par :
AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel
Matricule CM-UDS-13SEG1373 Maître
ès Sciences Economiques
Sous la direction du:
Dr. NKENGFACK Hilaire
Chargé de cours FSEG, Université de
Dschang
JUILLET 2016
MEMOIRE DE MASTER
THEME : EFFICIENCE DES DEPENSES PUBLIQUES DE SANTE ET
CROISSANCE ECONOMIQUE EN ZONE CEMAC.
Mémoire présenté en vue de l'obtention du
diplôme de Master of sciences (M.S.C) en sciences économiques
Option : Economie Publique Par :
AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel
Matricule CM-UDS-13SEG1373 Maître ès
Sciences Economiques
Sous la direction du:
Dr. NKENGFACK Hilaire
Chargé de cours FSEG, Université de
Dschang
JUILLET 2016
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL
Je soussigné AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel,
matricule CM-UDS-13SEG3373 atteste que le présent mémoire
intitulé : « EFFICIENCE DES DEFENSES PUBLIQUES DE SANTE ET
CROISSANCE ECONOMIQUE EN ZONE CEMAC1r est le fruit de mes propres travaux
de recherche effectués à l'Université de Dschang sous la
direction du Dr. NKENGFACK Hilaire, Chargé de cours à la
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de l'Université de
Dschang.
Ce mémoire est authentique et n'a pas
été antérieurement présenté pour
l'acquisition de quelque grade que ce soit.
Nom signature de l'auteur
AJOULIGA DJOUFACK Hermann Blondel
Date ..4 l..P5..I...+ 116
Nom et Visa .lire eur
|
Nom et visa du Coordonnateur des Master
|
|
|
Dr. NKENGFAC Hilaire Pr. NGOUHOUO Ibrabrim
Date Date
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES . i
DEDICACES v
REMERCIEMENTS vi
LISTE DES ACRONYMES .vii
LISTE DES TABLEAUX ..ix
LISTES DES FIGURES ...x
LISTE DES ANNEXES ..xi
RESUME xii
ABSTRACT xiii
CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE 1
I.1. Contexte de l'étude
|
.1
|
I.2. Problématique
|
.4
|
I.3. Objectifs de l'étude
|
.6
|
I.4. Hypothèses de l'étude
|
6
|
I.5. Intérêt de l'étude
|
.6
|
I.6. Plan de l'étude
|
.7
|
CHAPITRE II : DEPENSES PUBLIQUES DE SANTE ET ETAT DE
SANTE EN
|
|
ZONE CEMAC
8
|
|
II.1. Evolution des dépenses publiques de santé en
zone CEMAC
|
8
|
II.2. Etat de santé en zone CEMAC
|
10
|
II.3. Dépenses publiques de sante et état de
santé en zone CEMAC
|
14
|
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel
|
i
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel II
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
CHAPITRE III : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA
LITTERATURE...16
III.1. Cadre conceptuel 16
III.1.1. Dépenses publiques . 16
III.1.2. Concept de croissance économique .17
III.1.3. Notion d'efficience et généralités
sur les modèles de frontière 18
III.1.3.1. Clarification du concept d'efficience ..19
III.1.3.1.1. Efficience technique et efficience allocative 20
III.1.3.1.2. Efficience d'échelle et efficience technique
pure 22
III.1.3.2. Généralités sur les
modèles de frontière .24
III.1.3.2.1. Méthodes paramétriques ..22
III.1.3.2.2. Méthodes non paramétriques 25
a. La méthode Free Disposable Hull (FDH) 26
b. La méthode Data Envelopment Analysis (DEA).28
|
III.2. Revue de la littérature théorique
|
34
|
III.2.1. Les fondements théoriques de l'intervention de
l'Etat
|
34
|
III.2.2. Théories de la croissance endogène
|
..36
|
III.3. Revue de la littérature empirique
|
..38
|
III.3.1. Littérature empirique sur la mesure de
l'efficience
|
..38
|
III.3.2. Dépenses publiques et croissance
économique
|
.40
|
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE
|
43
|
IV.1. Nature et source de données
|
..43
|
IV.2. Spécification des modèles
|
.43
|
IV.2.1. Mesure de l'efficience
|
43
|
IV.2.1.1.L'estimation Statique
|
45
|
IV.2.1.2.L'estimateur DEA-Malmquist
|
47
|
a. L'indice de Malmquist orienté output
|
.47
|
b. L'indice de Malmquist orienté input
|
...48
|
|
IV.2.2. Efficience et croissance
|
49
|
IV.2.2.1. Présentation du modèle de base
|
50
|
IV.2.2.2. Modèles économétriques
|
..52
|
IV.3. Choix des variables
|
53
|
IV.3.1. Variables relatives aux scores d'efficience
|
...53
|
IV.3.2. Variables relatives aux modèles
économétriques
|
53
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel iii
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
IV.4. Tests de spécification
|
56
|
IV.4.1. Les tests préliminaires
|
56
|
a. Le test d'homogénéité
|
.56
|
b. Le test d'hétéroscédasticité
|
.56
|
c. Le test d'autocorrélation de Wooldridge
|
.56
|
d. Le test de stationnarité ou de racine unitaire
|
...57
|
e. Le test de spécification de Hausman
|
...57
|
IV.4.2. Les tests de significativités
|
...57
|
a.Le test de Student
|
.57
|
b.Le test de Fischer
|
.58
|
CHAPITRE V : RESULTATS ET DISCUSSIONS
|
59
|
V.1. Estimation des scores d'efficience des dépenses
publiques de santé dans la zone
CEMAC ..59
V.1.1. Présentation des résultats 59
V.1.2. Interprétations économiques 61
V.2. Impact des scores d'efficience des dépenses de
santé sur la croissance
économique dans l'espace CEMAC ..62
V.2.1. Résultats des tests préliminaires .63
a. Résultats des tests d'homogénéité
.63
b. Résultats des tests
d'hétéroscédasticité ..63
c. Résultats des tests d'autocorrélation ..64
d. Résultats des tests de racine unitaire ..65
V.2.2. Résultats et interprétations des estimations
65
a. Résultats des estimations des modèles par les
MCGF 65
b. Interprétations des résultats des coefficients
des variables 67
CHAPITRE VI : CONCLUSION GENERALE ET IMPLICATIONS DE
POLITIQUES ECONOMIQUES 70
VI.1. Conclusion générale
|
70
|
VI.2. Implications de politiques économiques
|
71
|
VI.3. Limites de l'étude
|
73
|
VI.4. Perspectives de recherches futures
|
.73
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel iv
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
BIBLIOGRAPHIE ..75
ANNEXES 82
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel v
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
DEDICACES
Je dédie ce travail à :
Ma mère Blandine MASSEMO pour
son amour inconditionnel, son soutien, et tous ses sacrifices qui m'ont
toujours réchauffé le coeur et permis d'avancer dans les moments
difficiles. Que ce modeste travail soit le début de mes
récompenses envers elle.
Mon papa Ambroise DJOUFACK qui a su me
transmettre l'appétit du savoir et la
persévérance face aux difficultés.
Ma tante Florentine MAKEMTEU pour son
amour, sa confiance et toutes les valeurs qu'elle a pu m'enseigner qui m'ont
toujours animé d'un profond
désir de me réaliser.
A la mémoire de ma grande tante Clotilde
DJILEMO qui a toujours été un modèle de
labeur et de persévérance qui m'ont toujours
accompagné.
Mon frère Ivan Pavel NANFO et
ma soeur Sandra MATEGOU, qu'ils retrouvent en ce
modeste travail un exemple à suivre.
Mes oncles et tantes.
Mes cousins et
cousines.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel vi
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
REMERCIEMENTS
Rédiger un mémoire de master requière
patience, minutie et surtout ardeur au travail. Nous disons communément
chez nous qu'« une seule main ne peut nouer un paquet » ; ainsi,
avant de débuter ce travail, j'adresse mes humbles remerciements aux
:
* Au Dr. Hilaire NKENGFACK, qui a
accepté sans hésiter de diriger cette thèse avec beaucoup
d'abnégation, d'objectivité et de rigueur ; malgré
quelques réticences et lenteurs de ma part. Recevez nos remerciements
infinis pour votre soutien et patience.
* Au Pr. François KAMAJOU
pour nous avoir initiés aux rouages de la recherche
scientifique, ses conseils, suggestions et sens pratique de la recherche ont
été particulièrement profitables au développement
de ce travail.
* Au corps enseignant de la Faculté de Sciences
Economique et Gestion de l'Université de Dschang pour la qualité
de l'enseignement reçus pour la réussite de ma formation.
* A papa Victor DONFACK qui m'a
toujours soutenu psychologiquement, moralement et financièrement tout au
long de mon enfance et continu à le faire.
* A mes camarades de classe et promotionnaires
Yollande TANKEU, Abdel Hakim MAHMOUD, Gilbert AYIMALEH, Saubaber
LONGANG, Dickson LELE, Linda ZANFACK, Ismaël POULIBE, Parfait MATIKE,
Andromaque YONKEU, et Michael MBANJO. En particulier à
Marius SAHA qui a été pour moi un ami
indéfectible depuis mon arrivée à l'Université de
Dschang.
* A toute ma fratrie : Divine, Ferlinz, Benjamin,
Michael, Cristabelle, Keulie Falonne, Christelle, Edwige, Myriam, Glwadis,
Anderson, Loïc, Jenner, Edeen et Touré. Recevez toute
ma gratitude pour votre soutien et l'intérêt que vous
manifesté pour ce que je fais, me va droit au coeur.
* A une amie très chère Laury Gabine
DEMANOU, pour son dévouement, ses encouragements et son
soutien moral tout au long de ce travail.
* Aux amis pour leurs éclats de rire, leurs mots justes
qu'ils savent trouver pour me rassurer, et qui ont créé à
mes côtés, une ambiance de bonne humeur rendant ainsi plus digeste
le stress et l'ardeur de la tâche. Je pense ainsi à :
Stanislas TADZON, Patrick TONGO,
Boris FOUNDJEU, Christian KUISSOU,
Firmine NJOUEMI, Manuella CHIWENG, Albert NDONGMO,
Eliane KOWO, Franka FONCHAM, Bicass MIANFO, Clément
MBIAYA, et Yul FOGUE.
* Je ne saurais refermer cette page sans remercier le
Seigneur TOUT-PUISSANT pour m'avoir accordé la
santé, le courage et la force d'accomplir ce travail. Que ce
mémoire soit le témoignage de sa grâce dans ma vie.
* Enfin à tous ceux que je n'ai pas cités, qui,
de près ou de loin ont contribué à la réalisation
de ce mémoire, qu'ils trouvent ici l'expression de ma profonde
reconnaissance.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel vii
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
LISTE DES ACRONYMES
BAD Banque Africaine de
Développement
BEAC Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
BLUE Best Linear Unbiased Estimator
BM Banque Mondiale
CEMAC Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale
DEA Data Envelopment Analysis
DEAP Data Envelopment Analysis Program
DFA Deterministic Frontier Approach
DFA Dickey Fuller Augmenté
EVN Esperance de Vie à la Naissance
FDH Free Disposable Hull
FGLS Feasible Generalized Least Squares
ICRG International Country Risk Guide
IPC Indice de Perception de la Corruption
MCGF Moindres Carrés
Généralisés Faisables
MCO Moindres Carrés Ordinaires
OCDE Organisation de Coopération de
Développement Economique
ODD Objectifs de Développement
Durable
OMD Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMS Organisation Mondiale de la
Santé
ONGI Organisation Non Gouvernementale
Internationale
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
PER Programme Economique Régional
PIB Produit Intérieur Brut
PNB Produit National Brut
PNUD Programme des Nations Unies Pour le
Développement
PWT Penn World Table
RCA République Centre Africaine
SFA Stochastic Frontier Approach
TI Transparency International
TMI Taux de Mortalité Infantile
UEMOA Union Economique et Monétaire
Ouest Africain
VIH Virus Imuno Humaine
WDI World Development Indicator
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel viii
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel ix
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 3.1 : Un exemple pour illustrer la notion d'efficience
selon la FDH 27
Tableau 4.1 : Récapitulatif des variables et signes
attendus des coefficients des
variables 55
Tableau 5.1 : Synthèse des résultats de
l'estimation des scores d'efficience des
dépenses publiques de santé en zone CEMAC 60
Tableau 5.2 : Classement des pays de la zone CEMAC selon leur
degré d'efficience
moyen dans le secteur sanitaire 62
Tableau 5.3: Résultats des tests
d'homogénéité .63
Tableau 5.4 : Résultats des tests
d'hétéroscédasticité ..64
Tableau 5.5 : Résultats des tests
d'autocorrélation ..64
Tableau 5.6 : Résultats du test de racine unitaire
65
Tableau 5.7 : Synthèse des résultats des
estimations par les MCGF ...66
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel x
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
LISTES DES FIGURES
Figure 2.1 : Evolution des dépenses publiques de
santé (en % du PIB) en zone
CEMAC .9
Figure 2.2 : Evolution de l'espérance de vie à la
naissance en zone CEMAC de
1996-2013 .10
Figure 2.3 : Evolution du taux de mortalité infantile
en zone CEMAC de 1996-
2013 .11
Figure 2.4 : Dépenses publiques de santé et
espérance de vie à la naissance en zone
CEMAC 14
Figure 2.5 : Dépenses publiques de santé et taux
de mortalité infantile en zone
CEMAC 15
Figure 3.1 : Efficience technique et efficience allocative
21
Figure 3.2 : Efficience technique pure et efficience
d'échelle 23
Figure 3.3 : Représentation de la frontière
d'efficience par l'approche FDH 27
Figure 3.4 : Classification des modèles DEA .30
Figure 3.5 : Frontière d'efficience DEA sous
l'hypothèse des rendements d'échelle
constants 31
Figure 3.6 : Frontière d'efficience DEA sous
l'hypothèse des rendements d'échelle
variable 32
Figure 3.7 : Comparaison frontières d'efficience FDH et
DEA .33
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel xi
LISTE DES ANNEXES
Annexe I : Résultats des estimations des scores
d'efficience 82
Annexe II : Résultats du test
d'homogénéité ..87
Annexe III : Résultats du test
d'héteroscédasticité de Breusch-Pagan 87
Annexe IV : Résultats du test d'autocorrélation
de Wooldridge .87
Annexe V : Résultats du test de stationnarité
d'Im-Pesaran-Shin ..88
Annexe VI : Résultats des estimations des
modèles par la méthode des MCGF
(Moindres Carrées Généralisés
Faisables) 91
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel xii
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
RESUME
L'objectif de cette thèse est de mesurer l'efficience
des dépenses publiques de santé et de rechercher si l'efficience
de ces dépenses permet un accroissement du PIB plus vite que le volume
des dépenses engagées. Pour atteindre cet objectif, nous avons
d'abord procédé sur la base des travaux antérieurs et du
contexte économique des pays de la zone CEMAC, à l'estimation des
scores d'efficience par la méthode DEA-Malmquist selon l'orientation
input ; avant d'étudier l'impact de ces scores sur la croissance
à travers un modèle théorique de croissance à la
Solow augmenté le modèle Mankiw, Romer et Weil). Notre
échantillon est constitué des 6 pays de la zone CEMAC et nos
données utilisées sont de sources secondaires et proviennent en
général du World Development Indicator de la Banque Mondiale
2014. Les résultats de nos estimations ont montré que : les
services publics de santé ne sont pas efficients dans la zone CEMAC
durant la période considérée, plus
précisément 28,7% en moyenne des ressources sont
gaspillées dans ce secteur sur toute la période et dans toute la
zone. D'autre part qu'une utilisation efficiente de ces ressources est porteuse
de croissance plus vite que le volume des dépenses engagées, plus
précisément, l'efficience des dépenses publiques de
santé influence positivement la croissance économique
contrairement aux dépenses publiques de ce secteur qui ont une influence
négative. Ainsi, il en résulte de façon
générale que les dépenses publiques de santé ne
sont pas de bonne qualité dans la zone CEMAC et que l'effet de ces
dépenses publiques sur la croissance économique est ainsi
subordonné à une gestion efficiente de ces ressources. Au regard
de ces résultats, les pays de la zone doivent mettre en place les
politiques visant à créer un environnement politique et
socio-économique sain, améliorer l'efficacité des pouvoirs
publics et le développement des investissements à travers la
promotion de la transparence et la lutte contre la corruption.
Mots clés : Dépenses
publiques de santé ; Efficience ; DEA, DEA-Malmquist ; Croissance
économique.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel xiii
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
ABSTRACT
ABSTRACT
The objective of this thesis is to measure the efficiency of
the health public expenditure and to seek if the efficiency of this expenditure
allows an increase in GDP more quickly than the volume of the expenditure
engaged. To achieve this aim, we first proceeded on the basis of previous work
and economic context of the countries of CEMAC zone, to estimation of
efficiency scores by DEA-Malmquist method according to input orientation;
before considering the impact of these scores on the growth through a theorical
model of increased Solow growth (the Mankiw, Romer and Weil model). Our sample
is constituted by 6 countries of CEMAC zone and ours data used are secondary
sources and come in general from World Development Indicator of the World Bank
2014. The results of our estimates showed on the one hand that, the health
public services are not efficient in CEMAC zone over considered period, more
precisely 28,7% on average of resources are wasted in this sector over all
period and in the whole zone. And the other hand that an efficient use of these
resources is carrying growth more quickly than the volume of engaged
expenditure, in other words, the efficiency of health public expenditure
affects the economic growth positively contrary to public expenditure of this
sector which has a negative influence. Thus, it results from a general way that
the health public expenditure is not of good quality in CEMAC zone and that the
effect of this public expenditure on economic growth is thus subordinated to an
efficient management of these resources. In view of these results, the
countries of zone must set up the policies aiming to create a healthy political
and socio-economic environment, to ameliorate the efficacy of authorities and
the development of investments through the promotion of transparency and the
fight against corruption.
Key words: health publics expenditure;
Efficiency; DEA, DEA-Malmquist; economic growth.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 1
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
1
INTRODUCTION GENERALE
I.1. Contexte de l'étude
L'état de la science économique en
matière d'économie de développement ne permet pas, pour
l'instant, de proposer une recette miracle pour accélérer la
croissance d'un pays, ni même de prédire avec justesse les impacts
des politiques publiques. Cependant, si on part de l'analyse historique des
expériences réussies de par le monde, il est autorisé
d'affirmer que sans une stratégie de développement
coordonnée, sans les conditions minimales d'une meilleure gouvernance de
la chose publique et sans un effort soutenu d'amélioration des
institutions en place, il est impossible pour un pays d'avoir une
accélération de sa croissance et dans la durée une
amélioration cumulative et mesurable du bien-être de sa
population. Il est maintenant presque universellement admis que le
succès d'un pays ou le bien-être d'un individu ne peut être
mesuré strictement en termes monétaires. Le revenu est bien
entendu crucial : sans ressources, tout progrès est difficile. Mais il
est également essentiel de savoir si les gens ont la chance de vivre une
vie longue et en bonne santé, s'ils ont ou non accès à une
éducation et s'ils sont libres d'utiliser leurs connaissances et leurs
talents pour façonner leurs propres destinées. En effet, le
problème fondamental est associé au fait que les ressources sont
limitées et que la rareté exige de faire des choix. Même si
nos préférences sont de dépenser plus de ressources, il y
a une limite à la proportion de nos ressources que nous pouvons y
allouer. En outre, quel que soit le montant que nous y choisissons d'y allouer,
il doit être dépensé le plus efficacement possible. Dans
ces perspectives, dans le cadre des nouvelles stratégies de lutte contre
la pauvreté mises en place à la fin des années 90, l'Etat
se voit reconnaître un rôle central dans l'élaboration et la
mise en oeuvre des politiques de développement. Cette plus grande
autonomie accordée aux Etats de la part des bailleurs de fond a pour
corollaire l'exigence d'une gestion efficace et transparente des affaires
publiques (Tornell et Lane, 1999). Depuis une dizaine d'années,
l'intervention des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux
dans les pays en développement est ainsi conditionnée à la
bonne gouvernance (Burnside et Dollar, 2000), suivant le principe selon lequel
l'amélioration des
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 2
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
conditions de vie est le résultat d'une meilleure
gouvernance et non l'inverse (Kaufmann et al, 2005). La lutte contre
la corruption étant un élément central de la promotion de
cette bonne gouvernance1, elle fait l'objet d'attentions et de
préconisations particulières.
En effet, il existe une vaste littérature sur les
effets de la corruption sur l'activité économique en
général et sur la production de biens publics par l'Etat en
particulier. Plus précisément la corruption augmente le
coût des dépenses et, pour un même niveau de dépense,
réduit la quantité d'output fournie par l'Etat (Shleifer et
Vischny, 1993) ; gonfle le montant des dépenses publiques en pourcentage
du PIB (Tanzi et Davoodi, 1997) ; réduit par conséquent
l'efficacité des dépenses sociales (Gupta et Tiongson, 2003).
Ainsi, à niveau égal et pour un poste budgétaire
donné, les dépenses publiques sont moins efficaces dans les pays
qui connaissent une forte corruption : les fonctionnaires corrompus vont
favoriser les projets d'investissement les plus générateurs de
« Pot-de-vin » et non nécessairement les plus efficients ou
les plus productifs. La corruption atténuerait donc l'impact des
dépenses publiques de santé sur les performances sanitaires
(espérance de vie à la naissance, couverture sanitaire, taux de
mortalité infantile, etc.) et amoindrit la qualité des services
fournis (Delavallade, 2007). Réduire la corruption permettrait ainsi de
réaliser des améliorations significatives en termes de
mortalité infantile (Gupta et al 2001). Ainsi, compte tenu du
fait que l'espace CEMAC constitue aujourd'hui un vaste marché de plus de
40 millions de consommateurs et au regard des attentes de plus en plus grandes
de cette importante population, tout l'enjeu de cette réflexion se
trouve dans la capacité d'instaurer une croissance économique
positive et durable induite à travers une priorisation des
dépenses publiques productives ; dans la mesure où selon
International Country Risk Guide2 et Transparency
International3 (2014), les statistiques de l'indice de corruption
montrent que la totalité des pays de la communauté affiche un
indice en deçà de 40 sur une échelle comprise entre 0
(degré élevé de corruption) et 100 (degré
élevé d'intégrité). Selon Transparency
international (2014), l'indice de perception de la corruption, qui
évalue et classe les pays ou les territoires selon le degré de
corruption perçue dans le secteur public, montre qu'à l'exception
du Gabon (pays le moins corrompu de la zone car IPCGabon = 37) tous les pays de
la zone ont des indices inférieurs à 30 sur une échelle de
0 à 100 (soit un IPC pour le Cameroun de 27 ; Guinée Equatoriale
25 ; RCA 24 ; Congo 23 ; Tchad 22).
Dans ces perspectives, compte tenu du volet bonne gouvernance
dans la politique actuelle des gouvernements et du rôle croissant que la
Banque Mondiale et les institutions financières internationales jouent
dans l'économie mondiale, les exigences d'efficacité
1 La bonne gouvernance se caractérise par un
certain équilibre institutionnel (séparation des pouvoirs,
primauté du droit, démocratie, existence de contre-pouvoirs,
rôle de la société civile) ainsi que par un ensemble de
règles régissant les liens entre l'État et la population
(obligation de rendre compte, transparence, efficience,
réceptivité, prospective). Cette définition est
proposée sur la base des formulations de l'OCDE, du PNUD, de la Banque
Mondiale et de l'UNESCO. Pour une discussion plus complète de la notion
de gouvernance sur un plan académique, se référer par
exemple à Kaufmann et al. (1999).
2 Crée en 1979, international country risk
guide (ICRG) est l'une des meilleures sources commerciales d'analyse et
d'estimation du risque politique et du risque économique.
3 Transparency international (TI) est une ONGI
allemande crée en mai 1993 par l'allemand Peter Eigen ; elle a pour
vocation la lutte contre la corruption des gouvernements et in institutions
gouvernementales mondiaux et elle est surtout connue pour publier
régulièrement des indices mondiaux sur la corruption : classement
des Etats, taux de corruption par pays ou encore régularité des
échanges internationaux.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 3
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
sont actuellement au centre de toutes les
préoccupations. L'amélioration de l'efficacité de la
gouvernance et de la transparence est de plus en plus recherchée, sinon
prônée, dans toutes les entreprises et dans toutes les
institutions. Cette réflexion est d'autant plus importante que les
économies des pays de la sous-région (CEMAC) sont
généralement caractérisées par un manque de
ressources accentué par une assiette fiscale limitée face
à des besoins urgents de développement et de réduction de
la pauvreté ; en dépit du poids de la dette publique dans les
budgets des Etats et la crise financière récente. En effet, des
restrictions budgétaires ont été imposées à
plusieurs pays africains par certaines institutions internationales depuis les
années 1990. Par exemple, les programmes d'ajustement structurels ont
été imposés aux pays en développement pour leur
permettre de rembourser leurs dettes. Dans ces conditions, comment poursuivre
les importants programmes d'investissements publics sans dégrader
significativement le déficit budgétaire? Face à une marge
de manoeuvre limitée en termes de collecte de recettes fiscales,
l'amélioration de la qualité des dépenses publiques
s'impose plus que jamais. La raréfaction des flux de capitaux et
d'appuis provenant des pays avancés du fait de la conjoncture
défavorable marquée par des crises répétées
ne fait que renforcer les arguments en faveur d'une meilleure efficacité
des dépenses publiques. En d'autres termes, l'État, dans sa
mission régalienne de fourniture de biens et services, doit telle une
entreprise privée adopter une approche exigeante en matière de
qualité et d'efficacité. Par ailleurs la crise financière
récente qui frappe l'ensemble des économies du monde ne s'est
guère limitée à la sphère financière, mais
s'est étendue à la sphère réelle. De nombreuses
dépenses programmées par des Etats africains ont ainsi
été réduites, retardées et même
supprimées. Les dépenses relatives à l'éducation et
à la santé des individus ont, semble-t-il, subies le même
sort. Les pays de la zone CEMAC à l'instar des pays de la
sous-région se sont lancés dans une logique de restructuration et
d'assainissement des finances publiques. Face à cette situation
où le financement des systèmes sociaux dans les pays en
développement devient de plus en plus difficile, les pays se sont
retrouvés devant une pression croissante d'améliorer
l'utilisation des ressources. Cette volonté de réduire les
coûts s'est accompagnée par l'accent mis par les pays en
développement, sur l'efficacité des dépenses, pour bien
atteindre les OMD devenus ODD4. Si les dépenses sociales
sont
4 Les objectifs de développement durable
(ODD) adoptés à la suite des objectifs du millénaire pour
le développement au sommet sur le développement durable le 25
septembre 2015 par les Etats membres de l'ONU comprennent un ensemble de 17
objectifs mondiaux pour mettre fin à la pauvreté, lutter contre
les inégalités et l'injustice, et faire face au changement
climatique d'ici à 2030 : 1- Éliminer la
pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde. 2-
Éliminer la faim, assurer la sécurité
alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l'agriculture durable.
3- Permettre à tous de vivre en bonne santé et
promouvoir le bien-être de tous à tout âge. 4-
Assurer l'accès de tous à une éducation de
qualité, sur un pied d'égalité, et promouvoir les
possibilités d'apprentissage tout au long de la vie. 5-
Parvenir à l'égalité des sexes et autonomiser
toutes les femmes et les filles. 6- Garantir l'accès de
tous à l'eau et à l'assainissement et assurer une gestion durable
des ressources en eau. 7- Garantir l'accès de tous
à des services énergétiques fiables, durables et modernes,
à un coût abordable. 8- Promouvoir une croissance
économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi
productif et un travail décent pour tous. 9-
Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une
industrialisation durable qui profite à tous et encourager l'innovation.
10- Réduire les inégalités dans les pays
et d'un pays à l'autre. 11- Faire en sorte que les
villes et les établissements humains soient ouverts à tous,
sûrs, résilients et durables. 12- Établir
des modes de consommation et de production durables. 13-
Prendre d'urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et
leurs répercussions. 14- Conserver et exploiter de
manière durable les océans, les mers et les ressources marines
aux fins du développement durable. 15- Préserver
et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à
les
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 4
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
nécessaires pour un accroissement potentiel du niveau
de vie des populations, leur efficience en est une autre non moins importante
si non plus importante que les autorités doivent promouvoir. D'où
la nécessité de tenir compte de l'efficience des services publics
dans l'un des secteurs clé du développement humain qu'est la
santé.
Le concept de l'efficience consiste à estimer une
fonction de production de santé en considérant les institutions
comme des entités transformant les ressources sanitaires en
résultats de santé. C'est en quelque sorte, la capacité
qu'à chaque pays, de transformer ses inputs sanitaires en outputs de
santé (Bosmans et Fecher, 1992). Les études sur l'efficience se
sont développées ces dernières années
(Hollingsworth, 2008). Cependant la mesure de l'efficience représente
une tâche complexe du moment qu'il faut bien faire attention au choix des
intrants et sortants. Mais surtout une importance particulière, doit
être portée à la méthodologie (paramétrique
ou non paramétrique), qui dépendra des objectifs soulevés
par l'étude. La présente étude s'inscrit dans cette
logique et ambitionne d'évaluer l'efficience des dépenses
publiques de santé en zone CEMAC.
I.2. Problématique
Le débat en économie sur le rôle de l'Etat
est omniprésent depuis ADAM SMTIH, à tel enseigne que la mesure
de la performance du secteur public dans la fourniture des services est
restée une question délicate de la littérature. La
contribution de la santé, bref du capital humain a été
reconnu et vantée par les économistes, les organismes
internationaux et les gouvernements qui reconnaissent à l'Etat un
rôle actif dans la prestation de ces services compte tenu des
externalités positives, ainsi que d'autres imperfections de
marché qui les caractérisent. Ainsi, la nature et la
crédibilité des institutions constituent de nouvelles variables
qui entrent en ligne de compte dans l'appréciation de
l'efficacité de la mise en oeuvre d'une politique économique
(Boettke, 2005). Elles intéressent de plus en plus les
économistes et les bailleurs de fonds (institutions financières,
pays donateurs, etc.). L'Etat et son fonctionnement deviennent dès lors
des variables déterminantes dans les stratégies de
développement et de croissance économique. La configuration
actuelle des rapports Nord-Sud a pour base la bonne gouvernance. En d'autres
termes, l'aptitude des pouvoirs publics à instaurer un cadre
réglementaire efficace, la capacité à respecter les
engagements et la pertinence des dépenses publiques engagées sont
des indicateurs renseignant sur la crédibilité de l'Etat. Dans
les prolongements des nouvelles théories de la croissance encore
appelées théories de la croissance endogène, nombreux sont
les économistes (Romer 1986, Lucas 1988, Barro 1990.) qui se sont
intéressés à l'interaction entre les dépenses
publiques et la croissance économique. Leur prise en compte dans les
récents modèles de croissance endogène montre à
suffisance que leur efficacité ne fasse pas l'unanimité, aussi
bien chez
exploiter de façon durable, gérer durablement
les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser
le processus de dégradation des sols et mettre fin à
l'appauvrissement de la biodiversité. 16- Promouvoir
l'avènement de sociétés pacifiques et ouvertes aux fins du
développement durable, assurer l'accès de tous à la
justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions
efficaces, responsables et ouvertes. 17-Renforcer les moyens
de mettre en oeuvre le partenariat mondial pour le développement durable
et le revitaliser.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 5
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
les chercheurs que les décideurs publics. Ainsi le
défi auquel sont confrontés les pays africains actuellement,
n'est pas l'augmentation des dépenses sociales en elle-même, mais
plutôt la bonne redistribution de celles-ci au sein des secteurs
sociaux.
Au regard des statistiques individuelles des pays, le bilan
reste encore mitigé à l'instar des thèses des auteurs dans
la littérature économique. En effet de nombreuses études
ont démontré l'incidence positive plus ou moins directe des
dépenses publiques sociales sur la croissance économique. Becker
(1964) ; Barro (1991) ; Rosner (2003) ; par exemple, ont montré une
corrélation nettement positive entre les dépenses sociales et la
croissance économique. Par ailleurs, Tanzi et Zee (1997) ont
montré à travers 2 canaux que les dépenses publiques
peuvent avoir des effets sur la croissance : directement par des
investissements en infrastructure ou des investissements des entreprises
publiques qui viennent accroître les capitaux de l'économie ; et
indirectement à travers les dépenses d'éducation, de
santé et d'autres services qui contribuent à l'accumulation du
capital humain. Ces résultats sont corroborés par ceux de
Baldacci E. et al. (2008) selon lesquels les dépenses d'éducation
et de santé ont un impact positif significatif sur la croissance
économique par le biais du capital humain.
A contrario, d'autres auteurs en particulier Devarajan et al.
(1996) ; Pritchett (2001), Button et al (2003) remettent en cause l'optimisme
général du capital humain à la croissance. Pour ces
derniers, il existe une corrélation négative entre la part des
dépenses publiques d'éducation et de santé dans le budget
de l'Etat et la croissance économique. Ils attribuent cette incidence
négative des dépenses sociales dans certains pays aux sommes
assez importantes qui y sont consacrées les rendant par la même
occasion improductives. Comme quoi ils conviennent de l'opportunité de
rechercher les montants optimaux à injecter dans les systèmes.
Néanmoins, cette ambivalence du débat sur la
relation des dépenses sociales et la croissance économique laisse
dans l'ombre un reliquat. Celui-ci s'explique dans une mesure importante, par
la qualité de la production générée par les
dépenses publiques que sur les performances du Gouvernement en tant que
producteur de services publics. Outre le niveau des dépenses publiques,
la qualité de la gestion des ressources publiques est une condition
forte de l'efficacité des dépenses. Afin de pouvoir expliquer la
croissance économique à partir des dépenses publiques, il
faut voir d'une manière plus pointue et plus précise le volume et
la composition des dépenses publiques nécessaires à la
production des services publics efficients susceptible de stimuler la
croissance économique. Des travaux récents d'Afonso, Ebert,
SchuKnecht et Thone (2005), ont monté que si les dépenses
publiques sont de bonne qualité, alors les services produits suite
à ses dépenses sont efficients et peuvent générer
la croissance économique. Cette notion d'efficience a été
analysée par plusieurs auteurs, qui ont cherché à
construire une mesure empirique des performances des dépenses publiques
dans le domaine de prestation des services d'éducation, de santé,
d'infrastructures et de réglementations juridiques.
Dès lors, au regard de tout ce qui
précède, la question fondamentale qui se dessine est la
suivante
Question centrale
L'allocation des dépenses sociales de santé
est-elle efficiente au point de stimuler l'activité économique en
zone CEMAC ?
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 6
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Questions spécifiques :
A cette question centrale se greffent deux questions
auxiliaires à savoir :
? Les dépenses publiques de santé sont-elles
efficientes dans la zone CEMAC ?
? Les scores d'efficience de ces dépenses sociales
affecte-t-elle la croissance économique plus vite que leur volume dans
la zone en question ?
I.3. Objectifs de l'étude
Objectif général
La question de l'efficacité des dépenses
publiques continue d'être l'une des préoccupations permanente des
décideurs politiques et des économistes. Elles constituent en
effet, un instrument privilégié de relance économique,
particulièrement dans les pays en développement, Il n'est donc
pas étonnant que cette variable fasse l'objet de nombreuses
investigations quant à ses effets sur l'activité. Dans ce
contexte, la disponibilité d'un indicateur de la performance du secteur
public, qui permet des comparaisons internationales, serait plutôt utile
pour classer provisoirement les pays entre eux et également comme une
mesure d'efficience possible des dépenses publiques. L'analyse
économique des dépenses publiques de santé étant un
sujet très vaste, nous allons centrer notre attention sur l'analyse de
leur efficience afin de voir si le peu d'objectifs atteint en matière de
politiques de santé l'ont été dans un atmosphère de
parfaite rationalisation des dépenses engagées.
Objectifs spécifiques
De façon plus spécifique cette étude vise
à :
? Mesurer l'efficience des dépenses publiques de
santé des pays de la zone CEMAC sur la période 1996-2013 afin
d'assigner à chaque pays un score d'efficience indiquant si des
économies de ressources peuvent être effectuées compte tenu
des performances réalisées par les pays les plus efficients.
? Analyser l'impact de ces scores d'efficience des
dépenses publiques de santé sur la croissance économique
des pays de la zone, afin de montrer qu'une utilisation efficiente de ces
ressources est porteuse de croissance plus vite que leur volume.
I.4. Hypothèses
En vue de l'atteinte de nos objectifs, nous partons des
hypothèses suivantes : Hypothèse 1 : les
dépenses publiques de santé seraient efficientes dans la zone
CEMAC.
Hypothèse 2 : le degré
d'efficience de ces dépenses permettrait un accroissement du PIB plus
rapide que le volume des dépenses engagées.
I.5. Intérêt de l'étude
L'émergence horizon 2025 de la zone CEMAC
nécessite conformément à l'importance qu'attache son PER,
une mobilisation des ressources financières de plus en plus
élevées des Etats membres et par ailleurs d'importantes reformes
même s'il subsiste
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 7
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
encore de nos jours, des obstacles en matière
d'amélioration de la transparence, de la lutte contre la corruption et
d'efficacité dans la gestion des dépenses budgétaires.
Ainsi, le présent travail révèle un intérêt
double :
? Primo ; la mesure des scores d'efficience des
dépenses publiques pour montrer la performance (ou la
médiocrité) du secteur public dans production des biens
publics.
? Secundo ; l'impact de l'efficacité du gouvernement
dans la gestion des services sociaux sur la croissance économique au
travers des degrés d'efficience en vue d'appréhender qu'une bonne
utilisation des ressources est source de croissance économique et donc
de réduction de la pauvreté.
I.6. Plan de la thèse
Notre travail comporte 5 chapitres organisés ainsi qu'il
suit :
Le chapitre premier intitulé introduction
générale est consacré au contexte de l'étude, la
problématique, les objectifs et les hypothèses de
l'étude.
Le second chapitre est consacré à la
clarification des concepts et à la revue de la littérature.
Le chapitre trois quant à lui présente la
méthodologie utilisée pour mener à bien cette étude
ainsi que le cadre d'analyse économétrique élaboré
à partir des données de panel.
Le quatrième chapitre présente les
résultats obtenus et leurs interprétations.
Enfin chapitre cinq conclut l'étude et débouche
sur les implications de politiques économiques qui en
découlent.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 8
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
DEPENSES PUBLIQUES DE
SANTE ET ETAT DE SANTE EN
ZONE CEMAC
La CEMAC ou communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale est un espace d'environ 45 millions
d'habitants, situé en Afrique centrale et regroupant actuellement six
pays : le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée
Equatoriale et le Tchad. Les Etats sont les principaux fournisseurs des
ressources nécessaires à la santé ; assurer la couverture
sanitaire et améliorer l'état de santé de sa population
est l'un des grands défis de la zone. Dans ce chapitre, Il est question
pour nous ici de présenter la dynamique des dépenses publiques de
santé, comparativement à la situation sanitaire des pays de la
CEMAC.
II.1. Evolution des dépenses publiques de
santé en zone CEMAC
C'est au regard de la paupérisation croissante des
populations, que par le biais des OMD à l'horizon 2015 devenus ODD, que
la communauté internationale en particulier les pays en
développement ont fait de la lutte contre la pauvreté le
défi majeur pour le développement (PNUD, 2000). Une alternative
pour étouffer ce problème a résidé selon l'OMS dans
la promotion du capital santé à travers l'investissement dans ce
secteur considéré comme un véritable catalyseur de
développement et partant de réduction de pauvreté. Ainsi,
promouvoir et protéger la santé est essentiel au bien-être
humain et au développement économique et social durable. Cela a
été reconnu il y a plus de 30 ans par les signataires de la
Déclaration d'Alma Ata, qui ont indiqué que la Santé pour
tous contribuerait à une meilleure qualité de vie ainsi
qu'à la paix et à la sécurité à
l'échelle mondiale. C'est dans ces perspectives qu'au terme de la
conférence d'Abuja en 2001, qu'il a été prescrit que les
pays doivent allouer 15% de leur budget aux dépenses liées
à la santé. Toutefois, s'il est vrai que les actions des
gouvernements doivent tenir compte des engagements souscrits au niveau national
et international, notamment la norme de l'OMS qui fixe à 15% la part du
budget liée aux dépenses de santé dans le budget
global,
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 9
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
l'évolution actuelle des ressources allouées au
secteur santé dans la sous-région indique que ces efforts qui
sont faits sont encore insuffisants.
En effet bien qu'étant un secteur prioritaire, la part
de la santé dans les budgets nationaux est relativement faible soit
environ 2% dans la quasi-totalité des pays de la communauté
économique et monétaire de l'Afrique Centrale où elle
atteint 4% en 2009 en Guinée Equatoriale. La figure (2.1)
présente l'évolution des dépenses publiques de
santé en pourcentage du PIB de la zone sur la période 1996-2013.
Cette figure montre que sur toute la période de 1996-2013, les
dépenses publiques de santé connaissent une évolution en
dent de scie tantôt à la baisse, tantôt à la hausse ;
toutefois sur le long terme, les allocations budgétaires ont connu une
évolution timide notamment à la suite de l'initiative PPTE et de
l'avènement de l'ère pétrolière qui ont induit une
augmentation du budget des ministères de la santé publiques qui
est passé de 1,4% en 2007 à 1 ,8% en 2013 dans l'ensemble de la
zone. Toutefois, Ces dépenses restent néanmoins en
deçà des 15% du budget national prescrit à la
conférence d'Abuja en 2001 dans le cadre de la réalisation des
OMD. Cette faible allocation des ressources publiques au financement du capital
santé pourrait être imputable à la morosité du
climat économique marquée par une croissance économique
faible de la sous-région.
é e
4
2
5
Dépenses pbliques de santé en % du PIE
3
bli
3
0
1
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
2009 2010 2011 2012 2013
Figure 2.1: Evolution des dépenses
publiques de santé (en % du PIB) en zone CEMAC de 1996-2013
Cameroun Congo Gabon Guinéé E RCA Tchad
Source : Auteur à partir de la
base de données extraite du WDI de la BM (2014).
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
II.2. Etat de santé en zone CEMAC
Selon les données de la Banque mondiale (Indicateurs du
développement dans le monde, 2015), l'Afrique subsaharienne en
particulier les pays de la sous-région d'Afrique centrale restent encore
en proie à des maladies transmissibles et les maladies à fort
potentiel épidémique. La persistance du VIH/SIDA, du paludisme et
d'autres maladies dégénératives est à l'origine de
la paupérisation croissante de la population. Toutefois, malgré
la faiblesse des ressources allouées par les pays dans ce secteur,
l'espérance de vie à la naissance5dans tous les pays
de la zone a progressé jusqu'aux années 2011 et 2012 avant de
connaître une chute à l'année 2013 suite à la
décroissance des dépenses publiques de santé. Par ailleurs
le taux de survie des enfants de moins d'un an a considérablement
baissé passant de 92,5 % pour 1000 naissances vivantes dans les
années 1996 à 65% en 2013 pour l'ensemble de la zone. Les figures
(2.2) et (2.3) donnent l'évolution de l'espérance de vie à
la naissance et du taux de mortalité infantile6 des
différents pays de la sous-région sur toute la période
d'étude.
Figure 2.2 : Evolution de l'espérance de
vie à la naissance en zone CEMAC de 1996-2013
Cameroun Congo Gabon Guinée E RCA TCHAD
Espérance de vie à la naissance
70
60
50
40
30
20
10
0
Années
Source : Construction de l'auteur
à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).
5 Elle est le nombre moyen d'années que peut
espérer vivre un nouveau-né si les conditions de mortalité
prévalant au moment de sa naissance demeuraient inchangées durant
toute sa vie.
6 Le taux de mortalité infantile, qui mesure
la proportion de décès parmi les nourrissons et les enfants de
moins d'un an, fournit une indication de l'impact de la situation
économique et sociale d'un pays ainsi que des caractéristiques et
de l'efficacité des systèmes de santé sur la santé
des mères et des nouveau-nés.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 10
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 11
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Taux de mortalité infantile
120
100
40
20
60
80
0
Figure 2.3 : Evolution du taux de
mortalité infantile en zone CEMAC
de 1996-2013
Années
Cameroun Congo Gabon Guinée E RCA TCHAD
Source : Construction de l'auteur
à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).
La RCA est le pays le plus pauvre de la sous-région
CEMAC. Selon l'indice de développement humain (IDH) de 2013 du
PNUD7, la RCA occupe la 185e place sur 187 pays. Le taux
de mortalité maternelle pour 100 000 naissances est de 890, tandis que
le taux de mortalité infantile est de 108 pour 1 000 naissances et celui
des enfants de moins de 5 ans est de 129 pour 1 000 naissances. Ce pays,
où l'espérance de vie est de 45,2 ans, se caractérise par
un accès limité aux services sociaux de base et par des crises
humanitaires à répétition. Ces dernières
décennies, le pays a souffert de problèmes de gouvernance et d'un
manque d'investissement dans le développement humain fondamental, qui
ont fortement entravé l'accès aux services publics et
suscité des conflits armés récurrents. La RCA occupe la
3e place de l'indice des États fragiles 2014 du Fonds pour la
paix. Une des raisons de la dégradation de ces indicateurs est la
couverture insuffisante de la population par les services sanitaires. En effet,
la RCA ne compte qu'un médecin pour 21.000 habitants, et moins de la
moitié de la population vit à une distance raisonnable (moins de
cinq kilomètres) d'une formation sanitaire. Seuls 20% des foyers en
milieu urbain et 35% en milieu rural ont accès à l'eau potable.
Corrélativement, la prévalence des maladies diarrhéiques
chez les enfants de moins de cinq ans est de 26%.
Vaste pays enclavé, à faible densité de
population (12.825.314 habitants) le Tchad est un pays pauvre et fragile
(occupant la 6eplace de l'indice des États fragiles 2014)
dont
7 Programme des Nations unies pour le
développement (PNUD)
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 12
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
certains indicateurs de développement sont les plus
mauvais au monde. 60% du territoire national est désertique, 25 % fait
partie de la ceinture semi-aride du Sahel et les 15 % restants sont soumis
à des conditions climatiques pratiquement subtropicales, mais sont
sujets aux inondations. En 2013, le Tchad occupait la 184e place
avant la RCA de l'IDH du PNUD. L'espérance de vie à la naissance
est de 51,2 ans. Le taux de mortalité infantile est de 100,58
pour 1 000 naissances, tandis que le taux de mortalité maternelle pour
100 000 naissances est de 980. 22% des enfants présentent un poids
faible à la naissance selon l'Unicef. Traditionnel pays d'accueil de
réfugiés, le Tchad traverse une crise nutritionnelle
prolongée, surtout dans ses 10 régions du Sahel, et est
confronté à des chocs alimentaires récurrents. Par
ailleurs, le pays est sujet aux catastrophes naturelles telles que les
inondations, les sécheresses et les épidémies. Le risque
de choléra, de rougeole, de fièvre jaune et de malaria est
constamment élevé.
L'espérance de vie à la naissance au Congo a
progressé de 54,6 ans en 2006 à 61,7 ans en 2013. Selon la
commission européenne des nations unies pour le Congo en 2015,
l'espérance de vie des femmes (63,2 ans en 2013) reste supérieure
à celle des hommes (60,2 ans en 2013). La mortalité des enfants
de moins de cinq ans a considérablement baissé depuis 2005,
époque à laquelle le taux était de 117 décès
pour 1 000 naissances vivantes. À partir de 2007 la mortalité a
entamé une baisse progressive et a atteint le niveau le plus faible en
2013 (49,1 décès pour 1 000 naissances vivantes). La
mortalité infantile a également connu une baisse en passant de
61,6 à 35,6 décès pour 1 000 naissances vivantes entre
2005 et 2013. Cette évolution à la baisse des taux de
mortalité depuis 2005 traduit l'amélioration du système
sanitaire. Les responsables congolais poursuivent les axes stratégiques
de renforcement de l'offre de santé et d'amélioration de la
qualité des soins. La priorité a été
accordée à la construction et à la réhabilitation
des infrastructures, ainsi qu'au renforcement des capacités des
ressources humaines. Ces mesures, combinées à la mise en place de
dispositifs de gratuité, ont permis d'améliorer l'accès
aux soins. En ce qui concerne la santé maternelle, on enregistre encore
un nombre élevé de décès maternels au Congo
même si des progrès ont été accomplis par rapport
à 1990. En effet, le taux de mortalité maternelle pour 100 000
naissances vivantes a été ramené de 670 en 1990 à
410 en 2013 (Division de statistique de l'ONU, 2014). Il est à noter que
du point de vue du pourcentage de naissances assistées par un personnel
de santé qualifié, les résultats sont meilleurs avec
près de 94 % en 2012 (Division de statistique de l'ONU, 2015).
S'agissant du Cameroun. L'espérance de vie à la
naissance au Cameroun est passée de 47,3 ans en 1975 à 55,1 ans
en 1990, avant de baisser à 51,4 ans en 2009, selon l'Institut national
de la statistique. Il est à noter que la Banque mondiale situait
l'espérance de vie au Cameroun à 55 ans en 2013. Selon l'Institut
national de la statistique (2015), le quotient de mortalité infantile a
été réduit d'environ 4 % dans la période 1993-2015,
en effet le taux de mortalité infantile a lentement diminué de
146 pour 100 000 naissances en 2001 à 122 en 2011, alors que l'objectif
national est fixé à 76 d'ici à 2015. Quant à la
mortalité infanto-juvénile, la réduction a
été en moyenne de plus de 30 %. Ces
8 Banque mondiale - Indicateurs du
développement dans le monde 2013.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 13
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
résultats reflètent les efforts consentis par le
Gouvernement, notamment dans la couverture vaccinale des enfants de 12 à
23 mois et la gratuité des soins contre le paludisme pour tous les
enfants de moins de 5 ans. Concernant la santé maternelle, la situation
s'est dégradée. En effet, le nombre de décès chez
les femmes a augmenté, passant de 669 décès pour 100 000
naissances vivantes sur la période 1997-2004, à 782
décès sur la période 2004-2011. Par ailleurs, le profil de
mortalité du Cameroun est marqué par des maladies infectieuses,
notamment le paludisme, le VIH/SIDA, le choléra qui ont ramené le
territoire camerounais à la 152e place de l'IDH de 2013 du
PNUD.
Malgré ses bons niveaux, notamment avec un IDH qui
passe de 0.628 en 2005 à 0.648 en 2010 à 0,683 en 2013, classant
le Gabon au 106e rang sur 187 pays et un statut de pays à
revenu intermédiaire, les indicateurs sociaux du Gabon restent faibles
par rapport aux pays à niveau de revenu similaires. Un tiers de la
population (soit 32% selon le PNUD, 2013) vit toujours en dessous du seuil de
la pauvreté. La santé, considérée comme prioritaire
par les autorités gabonaises en vue d'éradiquer la
pauvreté, reste encore un des secteurs les plus en difficulté. Le
VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies pandémiques demeurent les
premières causes de mortalité au Gabon avec les taux de
prévalence respectifs de 66% et 5,2% en 2009 pour le paludisme et le
VIH/SIDA. Selon l'organisation mondiale de la santé 2013, le pays
présente toujours d'énormes carences avec un mauvais
fonctionnement des départements sanitaires, des soins de santé
primaire très insuffisants, de fréquentes ruptures de stock de
médicaments dans les structures sanitaires de base, la faiblesse du
cadre institutionnel et l'insuffisance des financements. Néanmoins la
longévité de la population gabonaise a connue des avancées
les plus importante de la sous-région l'espérance de vie à
la naissance est passée de 60,9 ans dans les années 1996 à
63,1 ans en 2012 pour ensuite connaitre une chute où elle
s'établissait à 57,4 ans dans les années 2013 suite
à la décroissance des dépenses publiques dans ce secteur.
Le taux de mortalité infantile quant à lui a connu une
amélioration significative sur toute la période d'étude,
soit une baisse de 30% depuis les années 1996, passant de 57,4 pour 1000
naissances vivantes en 1996 à 39,1 en 2013.
Depuis 1996, la Guinée équatoriale, est
engagée dans le processus de réforme du secteur santé qui
vise à adapter le système de santé aux besoins en
santé croissants de la population et aux objectifs globaux du
développement du pays. Toutefois, en dépit des performances
économiques du pays due à la recrudescence des exportations
d'hydrocarbures qui ont permis à l'économie
équato-guinéenne d'afficher une croissance rapide et soutenue
depuis 1991 ; le défi principal du pays reste l'utilisation de sa
richesse pétrolière afin d'améliorer la situation sociale
du pays. Selon le DSP (document de stratégie du pays) 2013-2017 de la
banque africaine de développement, la population
équato-guinéenne vit dans des conditions précaires de
santé ; trois quart de la population sont considérées
comme pauvres, soit 76,4%. Ce résultat reflète la
détérioration de l'indice de développement humain du pays
ces dernières années reculant la Guinée Equatoriale du
115ème rang sur 176 pays en 2008 au 136ème
rang sur 187 pays en 2012. Selon l'UNICEF, le taux de mortalité
infantile s'est accru de 103 décès pour 1000 en 1990 à 124
pour 1000 en 2006 (supérieure à la moyenne des pays d'Afrique
subsaharienne qui es de 96 pour 1000 naissances) imputant cela à la
faible couverture vaccinale face à la
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 14
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
recrudescence des maladies infectieuses dans le pays.
L'espérance de vie à la naissance de 47,7 ans en 1996 à
52,61 ans en 2012 restant tout de même inférieure à la
moyenne des pays d'Afrique (58,1 ans en 2012).
II.3. Dépenses publiques de santé et
état de santé en zone
CEMAC :
Globalement, le continent africain et notamment la
sous-région d'Afrique centrale est l'une des sous-régions du
monde, où les taux de mortalité, particulièrement de
mortalité infantile, demeurent encore très élevés
et l'espérance de vie faible. Malgré les dispositions
administratives prises, la qualité des prestations de services offertes
est encore insuffisante à cause : de l'insuffisance d'équipement;
de l'insuffisance et de la démotivation du personnel de santé; de
l'ignorance en matière d'éthique professionnelle; et de
l'insuffisance des ressources. Les engagements d'Abuja d'allouer 15 % du PIB au
secteur de la santé sont et resteront insuffisantes ; ainsi outre le
niveau des dépenses publiques, la qualité de la gestion des
ressources publiques est une condition forte de l'efficacité des
dépenses.
En effet bien qu'étant un secteur prioritaire, la part
de la santé dans les budgets nationaux est relativement faible soit
environ 2% dans la quasi-totalité des pays membres ou elle atteint 4% en
2009 en Guinée Equatoriale. Toutefois malgré la faiblesse des
ressources allouées à la santé, l'espérance de vie
à la naissance dans tous les pays de la zone a considérablement
augmenté jusqu'aux années 2011 et 2012 avant de connaître
une chute à l'année 2013 suite à la décroissance
des dépenses publiques de santé. Le Gabon, bien qu'étant
le 2e pays qui alloue le moins de ressources dans le secteur
sanitaire après le Cameroun, est le pays ou l'espérance de vie
est la plus élevée entre 1996 à 2013 (60 ans en moyenne
sur la période) ; par ailleurs la RCA est le pays qui alloue le plus de
ressources dans la santé, mais où l'espérance de vie est
la plus faible (soit en moyenne 46 ans). (Confère figure ci-dessous)
Figure 2.4 : Dépenses publiquees de
santé et espérance de vie à la naissance en zone CEMAC
0 0,5 1 1,5 2
Gabon
|
Congo
Cameroun
Tchad Gu
|
RC
|
|
|
|
Dépenses publiques de santé en % du
I
|
inée E. A
IB
Espérance de vie à la naissance
70
60
50
40
30
20
10
0
Source : Construction de l'auteur
à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
S'agissant de la relation niveau de dépenses de
santé et taux de mortalité infantile entre 1996 à 2013, la
survie des enfants a progressé de manière considérable
dans la zone CEMAC ceci malgré la faiblesse des ressources
allouées, et l'ampleur des pandémies (paludisme, VIH/sida...). La
RCA bien qu'étant l'un des pays qui alloue le plus de ressources dans la
santé, est le pays de la zone où on enregistre le plus grand
nombre de décès d'enfants de moins d'un 1an, soit en moyenne 108%
pour 1000 naissances vivantes. Paradoxalement le Gabon est le 2nd
pays de la sous-région après le Cameron qui alloue le moins de
ressources à la santé (soit 1,4% du PIB), mais où le taux
de longévité après la naissance est le plus faible (49,7
décès pour 1000 naissances vivantes). Ce résultat peut
être dû à la mauvaise allocation des ressources ou de fortes
instabilités politiques qui ont frappé le pays. Ainsi Si les
dépenses sociales sont nécessaires pour un accroissement
potentiel du niveau de vie des populations, leur efficience en est une autre
non moins importante si non plus importante que les autorités doivent
promouvoir.
Figure 2.5 : Dépenses publiquees de
santé et taux de mortalité infantile en zone CEMAC
40
20
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 2
Dépenses publiques de santé en % du
PIB
Taux de mortalité infantile
120
100
80
60
RCA
Thad
Guinée E.
Cameroun
Congo
Gabon.
Source : Construction de l'auteur
à partir des données extraite du WDI de la BM (2014).
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 15
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 16
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
CADRE CONCEPTUEL ET
REVUE DE LA LITTERATURE
Ce chapitre présente le cadre conceptuel pour mettre en
exergue les différents concepts que nous allons utiliser tout au long de
notre travail. Ensuite présente les différentes théories
qui sou tendent cette étude, et débouche enfin sur une
synthèse des études empiriques de la revue de la
littérature à ce sujet.
III.1. CADRE CONCEPTUEL
Cette sous-partie met en exergue les différents
concepts que nous allons utiliser tout au long de notre travail, ainsi que les
explications qui en découlent. Il s'agit plus précisément
pour nous de définir ici les notions de dépenses publiques, de
dépenses sociales, de croissance économique et d'efficience
économique. Par ailleurs de mettre l'accent sur les différentes
techniques d'estimation de la frontière d'efficience.
III.1.1. Dépenses publiques
De façon générale, les dépenses
publiques sont l'ensemble des dépenses réalisées par les
administrations publiques (Etats ou Gouvernements, établissements et
services publics) pour garantir le bien-être de la population et la
réalisation des affaires du pays dans la limite des recettes
réellement réalisées (impôts, taxes, et cotisations
sociales) afin d'assurer au pays la stabilité économique, sociale
et la promotion des affaires (FMI, 2000). Dans ces perspectives, effectuer ces
dépenses sur la base caisse publique en ne tolérant aucun
déficit budgétaire débouche sur la notion de bonne
gouvernance. Selon le FMI, les dépenses publiques se décomposent
entre autres des dépenses publiques d'investissement, les
dépenses publiques de fonctionnement, et les dépenses
sociales.
Les dépenses publiques d'investissement sont les
dépenses allouées aux différents secteurs publics
permettant de produire les biens et services. Il s'agit des dépenses
d'infrastitures et d'équipements (routes, autoroutes, barrages,
production d'énergie,
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 17
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
télécommunication etc.) financées
à majeure partie par des recettes budgétaires internes de l'Etat,
auxquelles s'ajoute le financement extérieur par les bailleurs de fonds.
Ces dépenses bénéficient d'avantage aux secteurs sociaux
qu'aux autres secteurs.
Les dépenses publiques de fonctionnement ou
dépenses ordinaires sont les dépenses courantes qui assurent le
bon fonctionnement des services publics et la vie de l'Etat : paiement du
personnel, entretien des équipements etc. Elles comportent 3 rubriques
essentielles : les immobilisations (corporelles, incorporelles...) ; les
salaires et la consommation des biens et services de l'Etat. Les
dépenses publiques de fonctionnement n'impliquent aucun transfert de
capital du secteur privé ; de façon générale, ces
dépenses ne concernent que l'emploi des revenus de l'Etat.
Les dépenses sociales sont les dépenses
effectuées par l'Etat en direction des secteurs sociaux notamment
l'éducation, la santé, la culture et les affaires sociales. Ces
dépenses reflètent la volonté de l'Etat de lutter contre
la pauvreté car elles concourent à l'amélioration du
bien-être physique, intellectuel et culturel des populations. Elles sont
constituées des dépenses de santé, d'éducation,
d'assainissement, d'infrastitures et de nutrition. Les dépenses
publiques d'éducation sont les dépenses publiques courantes au
titre de l'éducation. Elles comprennent les dépenses publiques
relatives aux établissements d'enseignements (publics et privés)
et à l'administration de l'enseignement, ainsi que les subventions
à des entités privées (étudiants/ménages et
autres entités privées). Ces dépenses servent à
rémunérer la main d'oeuvre pour la construction des écoles
et leur entretien, pour l'achat du matériel didactique, les bourses et
autres récompenses, les salaires et traitements du personnel enseignant
et vacataire ; ainsi que les subventions de l'Etat aux écoles
privées. Les dépenses publiques de santé sont les
dépenses effectuées par l'Etat dans le cadre du
développement des services sociaux sanitaires en vue d'améliorer
l'état de santé des populations. Il s'agit essentiellement des
salaires versés aux agents de la santé, les dépenses qui
ont servi à rémunérer la main d'oeuvre utilisée
pour la construction et l'entretien des centres et établissements
socio-sanitaires, et les subventions que l'Etat accorde aux différents
centres privés de santé pour les faire participer au
développement du secteur. Elles sont financées entre autre par
les budgets des gouvernements, les emprunts et les subventions
extérieures (dons d'organismes internationaux et d'organisations non
gouvernementales) et les fonds sociaux (ou obligatoires) d'assurance sur la
santé.
Toutefois, nous nous intéressons dans cette
étude aux seules dépenses de santé.
III.1.2. Concept de croissance économique
Etymologiquement, le terme croissance vient du latin «
crescere » et qui signifie croître, grandir. Alors que dans
le langage courant, le terme croissance est employé dans le cadre
d'évolutions à court terme, les économistes l'utilisent
conventionnellement pour décrire une augmentation de la production sur
le long terme. La notion de « croissance économique »
désigne l'augmentation du volume de la production de biens et services
d'une année sur l'autre (Bastiat, 1850). Pour Jean De Bornier, « la
croissance économique peut être définie comme
l'évolution à moyen et long terme du produit total et surtout du
produit par tête dans une économie donnée ». Selon la
définition de l'économiste français, François
Perroux (1961), la croissance économique est « l'augmentation
soutenue pendant
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 18
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de
dimension, pour une nation, le produit global net en terme réels »
(Mankiw P. et Taylor M. 2010).
A court terme, les économistes utilisent plutôt
le terme d'« expansion », qui s'oppose à la «
récession », et qui indique une phase de croissance dans un cycle
économique. Par ailleurs, on évoque souvent le terme de «
croissance potentielle » pour désigner l'écart entre la
croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine
utilisation de tous les facteurs de production. Cet écart est minimal au
plus fort d'une expansion. Au sens strict, la croissance décrit un
processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne
renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations
économiques et sociales propres à une économie en
développement. Ces transformations au sens large sont,
conventionnellement, désignées par le terme de
développement économique9.
Plusieurs indicateurs permettent d'appréhender la
croissance économique. Le plus utilisé en pratique est le Produit
Intérieur Brut (PIB) qui correspond
à la valeur marchande de tous les biens et services finaux produits dans
un pays au cours d'une année (Mankiw P. et Taylor M. (2010)).
Il renvoie à l'appréciation d'une augmentation
quantitative. C'est ce que l'on qualifie d'indicateur de dimension dans la
mesure où il décrit des changements de dimension. Il offre une
certaine mesure quantitative du volume de la production. A l'échelle des
ménages, on se sert de l'évolution des « revenus »
comme indicateur du progrès dans la création de richesse. Afin
d'effectuer des comparaisons internationales, on utilise également la
parité de pouvoir d'achat (PPA), qui permet d'exprimer la pourvoir
d'achat dans une monnaie de référence comme le dollar
américain.
L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de
la croissance économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs
critiques. Il ne mesure ainsi pas, ou mal, l'économie informelle.
D'autre part, s'il prend en compte la production des services publics gratuits,
il ne mesure pas l'activité de production domestique.
III.1.3. Notion d'efficience et
généralités sur les modèles de frontière
Le secteur privé et le secteur public présentent
de nombreuses similitudes. Ils produisent tous deux des biens et des services,
en étant soumis à des contraintes de gestion de leurs ressources
financières, techniques et humaines. Cependant, la nature des objectifs
poursuivis dans les deux secteurs est différente : dans le secteur
privé, l'objectif de rentabilité économique est
inhérent à un projet d'entreprise qui doit s'autofinancer pour
s'inscrire dans la durée. Il est au coeur des attentes des actionnaires
lorsque le capital des entreprises est ouvert. Dans le secteur public, le
soutien financier de l'Etat et des collectivités fait passer au second
plan l'objectif de rentabilité économique : la principale
finalité recherchée est la satisfaction de l'intérêt
général correspondant à la responsabilité d'un
service public face au gouvernement et aux citoyens. Dans ce sens, si les
dépenses sociales de santé sont nécessaires pour un
9Selon François Perroux (1990), « le
développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux
d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement
et durablement, son produit réel global.»
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 19
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
accroissement potentiel du niveau de vie des populations, leur
efficience en est une autre non moins importante - si non plus importante que
les autorités doivent promouvoir.
III.1.3.1. Clarification du concept d'efficience
De façon générale, l'efficience est un
concept qui mesure la productivité d'un facteur ou d'une unité de
production. C'est le rapport entre ce qui est réalisé et les
moyens mis en oeuvre (capacité à produire le maximum avec le
minimum d'efforts ou de dépenses). Elle indique à quel point une
organisation utilise à bien ses ressources pour produire des biens et
des services et correspond à l'écart entre la production maximale
autorisée compte tenu des inputs consommés et la production
réalisée avec la même quantité d'inputs (Boussemart,
1994). C'est donc un concept axé sur les ressources (intrants ou
inputs), les biens et services (extrants ou outputs) et le rythme auquel on
utilise les intrants pour produire ou offrir les extrants
(productivité).
L'économie étant une science d'allocation des
ressources, l'efficience économique ou efficience productive
traduit la possibilité de produire une quantité maximale
à partir d'un input donné. Elle est mesurée à
partir de la relation entre la production observée et la production
maximale suite à l'utilisation de l'input en question. On dira donc que
les dépenses publiques de santé sont efficientes si l'Etat ne
peut produire, une fois que la frontière
d'efficience10 (frontière de production) est
atteinte, un niveau d'output plus élevé que l'output efficient en
réduisant les dépenses engagées. Autrement dit, si pour un
niveau de dépenses l'Etat ne peut améliorer ses résultats
de santé sans toutefois augmenter son niveau de dépenses. Ainsi
l'efficience ne représente qu'une dimension du rendement d'un programme
ou d'une opération du gouvernement. Elle se distingue d'une part de
l'économie qui indique la manière
d'obtenir des ressources en quantité suffisante et de qualité
satisfaisante au moindre coût ; d'autre part de
l'efficacité, c'est-à-dire est la
capacité d'une personne, d'un groupe ou d'un système à
parvenir à ses fins, à ses objectifs (ou à ceux qu'on lui
a fixés). Donc, être efficace, revient à produire à
l'échéance prévue, les résultats escomptés
et réaliser les objectifs fixés, lesquels objectifs peuvent
être définis en termes de quantité, mais aussi de
qualité, de rapidité, de coûts, de rentabilité, etc.
L'efficience fait plus appel à la productivité des facteurs et
s'appréhende dans le même sens de l'efficacité technique ou
productive ; c'est le résultat d'une meilleure productivité dans
l'entreprise issue d'un arbitrage judicieux de la combinaison des facteurs
limités dont elle dispose. Par ailleurs la notion d'efficience
économique diffère de la notion d'efficacité
sociale ou collective. Le concept
d'efficience dans sa dimension économique n'est relatif qu'à un
seul agent économique (producteur) alors que celui d'efficacité
sociale ou collective est relatif à l'ensemble de l'économie qui
inclut producteurs et consommateurs. Elle est atteinte lorsqu'il est impossible
d'accroître l'utilité d'un agent économique sans
détériorer celle d'un autre. On parle alors d'optimum de Pareto
ou optimum de premier rang. Pour définir ce concept d'efficience
économique, Farell (1957) la décompose en efficience allocative
et efficience
10 La frontière d'efficience ou
frontière de production est le lieu géométrique de
combinaison d'inputs permettant d'obtenir un niveau maximal d'output. Elle
matérialise les meilleures pratiques et l'écart de chaque
observation par rapport à cette frontière représente son
degré d'inefficience.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 20
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
technique qui, selon Daniela Borodak (2007) se
décompose à son tour en efficience d'échelle et en
efficience technique pure.
III.1.3.1.1. Efficience technique et efficience
allocative
L'efficience technique ou efficience physique
indique dans quelle mesure une institution utilise de manière
optimale les ressources physiques à disposition pour un niveau
donné de résultat. Elle concerne la capacité à
éviter le gaspillage (Daniela Borodak, 2007). Un gouvernement est donc
déclaré techniquement efficient si, pour les niveaux de
dépenses publiques utilisés et d'outputs produits, il lui est
impossible d'augmenter la quantité d'un output sans augmenter la
quantité de dépenses ou de réduire la quantité d'un
autre output, ou réciproquement de réduire la quantité
d'inputs sans réduire la quantité d'outputs. On suppose donc
à travers cette définition que l'ensemble des gouvernements ont
accès au même niveau de dépenses, et que seuls ceux qui
produisent le maximum sont considérés techniquement efficients.
L'utilisation de la notion d'efficience technique permet de mesurer
l'écart existant entre le niveau de dépenses publiques
injectées pour chaque administration, et un niveau
considéré comme optimal déterminé en tenant compte
des administrations les plus performantes. Plusieurs institutions seront
comparées les unes aux autres et, à partir de l'ensemble des
observations, il sera possible d'établir une frontière
d'efficience . Les établissements situés sur cette
frontière seront considérés comme techniquement
efficients. L'inefficience technique correspond donc à une production
insuffisante par rapport à ce qui est techniquement possible avec un
niveau d'inputs donné (ou réciproquement une quantité
d'inputs supérieur au nécessaire pour un niveau d'outputs
donné).
L'efficience allocative ou efficience-prix
provient de la capacité à combiner les inputs et les outputs
dans les proportions optimales, compte tenu des prix donnés sur le
marché. L'efficience allocative fait donc intervenir la notion des prix
des facteurs de production ; et se réfère à la
capacité de l'entreprise de choisir pour un niveau de production la
combinaison d'inputs qui minimise le coût. Théoriquement, un
processus de production sera dit allocativement efficace si le taux marginal de
substitution (TMS) qui est le rapport des productivités marginales entre
chaque paire de facteurs est égal à la proportion des prix de ces
derniers. Ainsi, Toute erreur dans ce programme entraîne une
inefficacité allocative. Dans ce cas, la firme sur ou sous-utilise des
facteurs par rapport à d'autres, ce qui rend la production plus
coûteuse que celle qui utilise les facteurs dans les proportions
optimales. Ainsi, l'efficience allocative consisterait donc à choisir
entre différentes combinaison techniquement efficientes celle qui est
optimale en termes de coût (prix moindre pour le même
résultat).
Pour illustrer graphiquement ces concepts d'efficience,
Farrell représente une fonction de production à deux facteurs de
la forme Y= f(X1 ; X2), où
Y représente l'output et (X1 ;
X2) les deux facteurs considérés. Dans sa
représentation, il suppose que les
rendements d'échelle sont constants, ce qui donne la
forme unitaire de la fonction [f (J ~ ;
J ~ ) = 1] représentée
à la figure (3.1).
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 21
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Sur la figure (3.1), la courbe QQ'
désigne l'isoquant et représente le lieu
géométrique de l'ensemble des possibilités de production ;
c'est le lieu géométrique de combinaison des vecteurs ressources
qui sont techniquement efficaces pour un output donné : c'est la
frontière de production ou frontière d'efficience. Tout point
situé sur cette frontière est techniquement efficient ; S
et S' par exemple sont techniquement efficients car
ils utilisent des quantités minimales des deux facteurs pour produire la
quantité unitaire de produit. Par contre tout point situé
à l'intérieur de l'isoquant c'est-à-dire à sa
droite est techniquement inefficient (P par exemple) car il
engage une quantité élevé de facteurs pour produire juste
une quantité unitaire de produit. Géométriquement,
l'inefficience technique au point P est
représentée par le segment SP. L'inefficience
technique renvoie donc à une utilisation excessive d'input.
Selon Farrell, géométriquement l'efficience
technique (ET) au point P est
donnée
OS
par le rapport ETp= OP . S
étant le point de la frontière qui possède les
mêmes proportions
d'inputs que P. La notion d'efficacité
technique est donc comprise entre 0 et 1
(OS?OP). Ainsi tous les points situés sur la
frontière d'efficience QQ' ont un score d'efficience
technique égale à 1. Toutefois, bien qu'ils
soient techniquement efficaces ils ne le sont pas allocativement.
Figure 3.1 : Efficience technique et
efficience allocative
Q
P
A
S
R
S'
Q'
O A
Source : Farrell,1957
x2
Y
x1
Y
Théoriquement, une combinaison de facteurs est dite
allocativement efficace si le taux marginal de substitution est égal au
rapport des prix des facteurs. La droite AA' représente
graphiquement ce rapport des prix, et la courbe QQ' le lieu
géométrique des rapports des productivités marginales.
Ainsi le point S' déterminé par la tangente de
l'isocoût AA' à l'soquant QQ'
est allocativement efficace. R étant la
projection de P sur S
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 22
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
sur AA', l'efficacité
allocative (EA) de Pet S est
déterminée par le rapport EAp=OROS .
Tout
comme l'efficience technique, l'efficience allocative est
comprise entre 0 et 1
(0?EAi?1). RS représente la
réduction de coût si la production correspondait au point
S'. Tous les points situés sur l'isocoût sont
donc allocativement efficients mais ne sont pas tous faisables (techniquement
efficients).
Le produit de l'efficience technique (ET) et
de l'efficience allocative (EA) est appelé selon
Farrell (1957) efficience économique
(EE) ou efficience totale (ETT) :
EE = ETT= ET x EA.
Cet efficience économique est obtenue au point
S' (S' étant techniquement et
allocativement efficace). L'efficience économique au point P
est égale au produit de :
ET x EA = OSx OR= OR
p p OP OS OP .
Par conséquent le point P n'est ni
techniquement ni allocativement efficient. S bien qu'il soit
techniquement efficient est allocativement inefficient. P et
S ont la même inefficience allocative. Le point
R bien qu'étant allocativement efficient est
techniquement inefficient.
III.1.3.1.2. Efficience d'échelle et efficience
technique pure
L'efficience d'échelle représente
l'écart existant entre les performances constatées et celles qui
seraient obtenues dans une situation d'équilibre concurrentiel de long
terme où le profit est nul, c'est-à-dire par rapport à une
situation de rendement d'échelle constants. Une institution est dite
inefficiente d'échelle si sa situation initiale est
caractérisée par des rendements d'échelle croissants ou
décroissants. L'efficience d'échelle cherche donc à
déterminer dans quelle mesure une institution fonctionne avec des
rendements d'échelle croissants ou décroissants ; permettant
ainsi de définir la taille optimale d'un établissement.
Il y'a rendement d'échelle croissant lorsque la
production varie de façon plus importante que la variation des facteurs
de production utilisés ; en d'autres termes, la production d'une
unité supplémentaire s'accompagne d'une baisse de coût
unitaire : on parle d'économie d'échelle.
Les rendements d'échelle décroissants
désignent l'augmentation moins que proportionnelle de la production
consécutive à l'augmentation des facteurs de production. En
d'autres termes, le coût marginal augmente ; autrement dit, plus on
produit et plus il devient coûteux de produire une unité
supplémentaire : c'est la déséconomie d'échelle.
L'efficience technique pure reflète la
capacité d'une institution à optimiser (maximiser) sa production
pour un niveau donné d'intrants et, symétriquement à
minimiser ses consommations en ressources pour un niveau donné de
production. Elle reflète l'organisation du travail à
l'intérieur de l'unité de production : l'habileté
d'organiser, de motiver et de surveiller efficacement les employés et
les superviseurs ou encore l'habileté d'éviter les erreurs et les
mauvaises décisions (Daniela Borodak, 2007). Ces aspects de
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 23
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
l'efficience sont classés sous la rubrique
«efficience- X11». Par
conséquent, la mesure de l'efficience technique pure est
indépendante des prix des produit et des intrants.
Pour illustrer ces deux types d'efficience, Coelli et
al, (1998) représente dans un repère, une fonction de
production à un seul facteur (figure 3.2).
Figure 3.2 : Efficience technique pure et
efficience d'échelle
Output : Y
Rendements d'échelle constants Rendements d'échelle
variables
H M N
A
0
B
XH XM XN Input: X
Source : Coelli et al. (1998).
La courbe en trait discontinu sur la figure (3.2) traduit
l'effet du progrès technique correspondant au déplacement de la
courbe (frontière) vers le haut. La firme N
n'étant pas sur la frontière d'efficience, est
techniquement inefficiente. Cette inefficience technique provient de deux
sources : inefficience d'échelle et inefficience technique pure.
L'efficience
11 La théorie de l'efficience X a été
développée par Leibenstein (1966) pour prendre en compte le fait
que certaines inefficacités organisationnelles ne résultent pas
d'un défaut d'allocation des facteurs de production. C'est le cas
notamment des inefficacités liées à la motivation du
personnel ou à une mauvaise organisation de l'entreprise. Des
entreprises disposant de la même composition de main-d'oeuvre (facteur
travail) et de la même technologie (facteur capital) peuvent parvenir
à des performances inégales. Il existerait ainsi un facteur X,
différent des facteurs de production traditionnels (travail et capital)
qui explique l'efficience ou l'inefficience des firmes. Les travaux de
Leibenstein sur la théorie de l'efficience X étaient initialement
appliqués à l'analyse du sous-développement et
n'établissaient pas de lien formel entre l'inefficience X et les
organisations publiques. C'est dans un article ultérieur (Leibenstein,
1978) que l'auteur dégage un certain nombre de facteurs qui seraient
source d'inefficience X dans les organisations publiques et qui, par
conséquent, pouvaient implicitement justifier certaines politiques
entreprises par l'État. Ces facteurs sont liés à la
structure organisationnelle fortement bureaucratisée des organisations
publiques, et aux comportements stratégiques des agents publics.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 24
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
technique pure correspond au rapport
|
XM ; l'efficience d'échelle au
rapport
XN
|
XH. Le produit XM
|
XH
.
XN
de ces deux efficiences correspond à l'efficience
technique totale au point N, soit
Puisque la mesure de l'efficience se fait par rapport à
une frontière d'efficience, l'estimation de cette frontière
constitue donc une étape centrale dans toute analyse d'efficience
(Boussemart, 1994).
III.1.3.2. Généralités sur les
modèles de frontière
La mesure de l'efficience est initialement apparue dans les
travaux de Koopmans (1951)12 relatifs à l'analyse de la
production. Debreu (1951), fût le premier à proposer la mesure de
l'efficience technique appelée « Coefficient d'utilisation des
ressources » qui permet le calcul de la réduction proportionnelle
maximale possible de tous les entrants permettant de conserver le niveau
d'offre présent. Toutefois, c'est à Farrell (1957) qu'on doit la
définition précise de l'efficience, en dissociant ce qui est
d'origine technique de ce qui est dû à un mauvais choix par
rapport au prix des intrants, qui partant des propriétés de la
dualité mathématique, donne une interprétation en termes
de choix alternatifs. L'innovation de Farrell (1957) réside dans la
proposition d'une méthode d'estimation des frontières
d'efficacité à partir de l'observation de situations
réelles de production. Ainsi, les premières mesures de
l'efficience technique des moyens de production sont traditionnellement
attribuées à Farrell (1957)13. Au fil des
années, les définitions et les méthodes d'estimation des
scores d'efficience ont connu une certaine évolution, passant des
mesures directes, qui sont relativement pauvres,
à des mesures indirectes établies
à partir de techniques plus élaborées.
S'agissant de la première catégorie de mesures
(mesures directes), Deux approches sont
considérés; l'approche orientée vers l'input,
définie comme la possibilité de produire à partir d'une
quantité minimale d'input une quantité donnée d'output et
l'approche orientée vers l'output, définie comme la
possibilité de produire à partir d'un input donné le
maximum d'output. Selon le premier type, l'efficience est mesurée par le
montant des ressources allouées au domaine d'intervention
concerné, tel que la santé. Ainsi, on considère qu'un pays
est plus efficient s'il consacre une part de son PIB plus élevée
au secteur en question qu'un autre pays. L'approche -output considère
que ce sont les réalisations d'objectifs et non les inputs qui mesurent
le mieux l'efficience et l'effort fourni par les pouvoirs publics. Selon cette
approche, les pays qui atteignent les niveaux de santé les plus
élevés sont jugés les plus performants ; abstraction faite
de l'importance des ressources qu'ils consacrent à ces fins. Toutefois,
Selon Saoussen Ben Romdhane (2006), ces deux approches ne sont pas
satisfaisantes pour éclairer la question d'efficience puisque
12 Koopmans, T.C. 1951. «An Analysis of
Production as an Efficient Combination of Activities,» in TC Koopmans, ed,
Activity Analysis of Production and Allocation, Cowles Commission for Research
in Economics, Monograph No. 13, New York: Wiley.
13 Farrell M.J. (1957): « The measurement of
productive efficiency », Journal of the Royal Statistical Society Series,
A General120 (3), p253-281.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 25
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
ni l'une ni l'autre ne rend compte du phénomène
de gaspillage de ressources publiques. En effet, selon Saoussen Ben Romdhane,
un gouvernement peut consacrer une part très importante de son budget
à la santé sans que les performances ne soient bonnes en raison
d'une mauvaise gouvernance se caractérisant notamment par une corruption
très répandue. Inversement, des niveaux élevés
d'indicateurs sociaux pourraient être le résultat de
dépenses publiques excessives et donc de beaucoup de gaspillage de
ressources qui auraient pu être utilisées dans les secteurs
productifs.
Au regard de ces limites, plusieurs autres techniques de
mesures dites indirectes se sont développées, mettant en
rapport les inputs et les outputs et rendant compte de l'écart entre
l'output potentiel permis par des quantités d'inputs données et
le niveau d'output effectivement atteint avec ces mêmes quantités.
Deux grandes méthodes permettent dans la littérature
économique d'évaluer l'efficience des services publics :
les méthodes paramétriques et les méthodes non
paramétriques. Toutefois, ces deux approches
dépendent de la façon dont les différents auteurs ont
estimé la fonction de production.
III.1.3.2.1. Les méthodes
paramétriques
Les méthodes paramétriques consistent à
la spécification d'une forme fonctionnelle pour la frontière
d'efficience (déterministe ou stochastique) et à
l'estimation des paramètres à l'aide des méthodes
économétriques usuelles. Ces spécifications
paramétriques de la frontière de production tiennent compte des
éventuelles aberrances et des erreurs de mesure en supposant que le
terme d'erreur a deux composantes, l'une représentant les erreurs
aléatoires et l'autre l'inefficience technique. Ainsi l'approche
paramétrique peut être regroupée en deux grandes
catégories selon que la frontière est déterministe
(méthode DFA : Deterministic Frontier
Approach) ou stochastique (méthode SFA
: Stochastic Frontier Approach). La frontière de production est
dite déterministe si tout écart observé est uniquement
dû à l'inefficacité. Si par contre, en plus de la
défaillance technique, l'on prend en compte un autre terme
aléatoire qui englobe les erreurs éventuelles de mesure, les
erreurs de la mauvaise spécification du modèle, l'omission de
certaines variables explicatives et la considération des
évènements (politique, cours mondiaux, prix des intrants, etc.)
qui peuvent influencer la production, la frontière devient alors
stochastique. Théoriquement, le recours à la méthode SFA
qui permet d'isoler le terme d'erreur purement aléatoire de celui
reflétant l'inefficacité technique de l'entreprise et devrait par
conséquent conduire à une mesure plus précise de son
efficacité technique. L'utilisation des méthodes DFA, qui
attribuent tout écart affiché par rapport à la
frontière à l'inefficacité technique, serait donc une
surestimation des niveaux d'inefficacité technique (Amara, N. et Romain,
2000).
Toutefois les deux méthodes se basent sur un modèle
économétrique du type :
Yit= a + bXit + Vi t + Ui
(3.1)
Yit désigne l'output de l'individu
i au temps t. a et b
les paramètres à estimer du modèle.
Xit un vecteur d'entrées,
Vit le terme d'erreur de moyenne nulle et
Ui une variable aléatoire représentant
l'inefficience technique spécifique à l'individu
i. Ce modèle suppose
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 26
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
que le terme d'erreur Ui est non
négatif. L'efficience technique (ET) peut être
calculée comme le ratio de la valeur attendue de l'output observé
pour l'individu i par rapport à la valeur attendue de
l'output du même individu lorsque Ui= 0. Soit
:
ETi=
|
E(Yit
Ui; Xit)
(3.2)
E(Yit
Ui=0; Xit)
|
Dans l'équation (3.2) le dénominateur
représente la frontière de production, puisque le terme
d'inefficience Ui est nul.
Les coefficients du modèle (3.1) peuvent être
estimés en utilisant des méthodes du maximum de vraisemblance. Le
modèle suppose entre outre que V et U
peuvent être séparés. Pour une estimation robuste,
le modèle fait également certaines hypothèses quant
à la distribution de U. Étant donné que
les U doivent être non négatifs, on suppose
généralement qu'ils sont distribués selon une loi
semi-normale et normale tronquée. Mais la frontière de production
estimée de cette façon n'englobe pas forcément toutes les
observations. Alors que la valeur attendue de l'output doit se situer sur ou
sous l'enveloppe, la valeur réelle de cet output peut se situer bien
au-dessus si l'erreur aléatoire pour cette observation est suffisamment
grande. Par ailleurs, bien que ces modèles tiennent compte des
aléas autres que l'inefficience, l'une des faiblesses de ces
modèles économétriques paramétriques est qu'ils
souffrent généralement de problèmes de
spécification. Cela est lié au fait qu'elles nécessitent
des hypothèses concernant les formes fonctionnelles et la distribution
des erreurs. Dans bien des cas, ces hypothèses ont la conséquence
d'introduire des biais dans l'analyse des résultats obtenus. Bien qu'il
existe des tests de spécification qui permettent de sélectionner
le modèle approprié, la probabilité d'avoir un
modèle inapproprié n'est jamais nulle, compte tenu du seuil de
signification imposé.
Face aux imperfections de ces méthodes, les approches
non paramétriques ont retenu l'attention des analystes de
l'efficience.
III.1.3.2.2. Les méthodes non
paramétriques
L'approche non paramétrique distingue deux
méthodes d'analyse de l'efficience telle que la Free Disposable
Hull (FDH) ou plein emploi des ressources disponibles et la
Data Envelopment Analysis (DEA) ou analyse d'enveloppement
des données.
a. La méthode Free Disposable Hull
(FDH)
L'analyse «Free Disposable Hull» est une
approche non paramétrique d'estimation des scores d'efficience
développée principalement par Deprins, Simar, et Tulkens (1984).
Cette méthode de mesure de l'efficacité ne fait pas appel
à l'inférence statistique et elle est donc déterministe.
Elle résulte d'un algorithme de classement de données, selon
le critère de la dominance en outputs et en inputs, Deprins
(1985). Aucune hypothèse n'est formulée, excepté la forte
disposition des inputs et outputs, de
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 27
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
même qu'il n'existe pas d'information sur les rendements
d'échelle. Dans cette méthode, on construit une
«enveloppe» linéaire par morceaux qui relie les points
extrêmes sur la surface de telle sorte que toutes les données
observées se situent soit sur la frontière soit en dessous.
En reprenant Antonio Afonso et Miguel St. Aubyn (2004), on
peut prendre un exemple concret.
Tableau 3.1 : Un exemple pour illustrer
la notion d'efficience selon la FDH.
|
Résultats (output)
|
Dépenses (input)
|
Pays A
|
65
|
800
|
Pays B
|
66
|
950
|
Pays C
|
75
|
1000
|
Pays D
|
70
|
1300
|
Source : Afonso et Aubyn (2004).
D'après ce tableau, le plus bas niveau de
dépenses est réalisé par le pays A correspondant
également au plus bas niveau d'output. Par contre, le plus haut niveau
de dépenses (1300) consenti par le pays D n'a pas donné le plus
haut niveau d'output (75) qui est obtenu par le pays C qui n'a
dépensé que 1000.
Selon l'approche FDH, les pays A, B et C seront
considérés comme efficients et vont être de ce fait
situés sur la courbe de la frontière d'efficience alors que le
pays D sera le seul pays considéré comme pays inefficient et
gaspilleur de ressources dans la mesure où ce dernier bien qu'ayant le
nombre d'inputs le plus élevé, n'a pas produit le plus grand
nombre d'output. Figure (3.3).
Figure 3.3 : Représentation de la
fontière d'efficience par l'approche FDH
A
Y
75
D
70
B
X
800 950 1000 1300
C
66
65
Source: Afonso et Aubyn (2004).
La technique FDH n'impose pas de nombreuses restrictions
à la technologie de production, tel est son avantage principal.
Toutefois, elle présente aussi plusieurs inconvénients.
Premièrement, dans la mesure où plusieurs observations se situent
sur la
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 28
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
frontière, la technique FDH ne permet ainsi qu'un
classement partiel; puisque les observations situées sur la
frontière sont tout aussi efficientes. Deuxièmement, aucune
distinction n'est faite entre les facteurs aléatoires qui pourraient
affecter la production et l'inefficience réelle. L'analyse n'est donc
pas robuste vis-à-vis des aberrances ou des données
extrêmes. Face à ces limites, d'autres approches telles que la
Data Envelopment Analysis (DEA) ont été
développées.
b. La méthode DEA (Data
Envelopment Analysis)
La méthode DEA est une approche non paramétrique
qui permet d'évaluer la performance des organisations (appelées
decision-making units : DMU14) qui transforment des ressources
(inputs) en prestations (outputs). Elle est adaptée tant aux entreprises
du secteur privé qu'aux organisations du secteur public. Elle peut
également être appliquée à des entités comme
des villes, des régions, des pays, etc. La méthode DEA a
été développée par Farrell (1957) et
popularisée par Charnes Cooper et Rhodes (1978)15 pour
évaluer l'efficience d'un programme fédéral
américain d'allocation de ressources aux écoles (« Programme
Follow Through»), puis par Banker Charnes et Cooper, (1984)16.
L'utilisation de la méthode DEA s'est ensuite
généralisée dans les autres organisations
publiques (hôpitaux, services sociaux, offices de chômage,
usines électriques, unités de police, corps de l'armée,
usines de traitement des déchets, entreprises de transports publics,
entreprises forestières, bibliothèques, musées,
théâtres, etc.) et dans le secteur privé (banques,
assurances, commerces de détail, etc.).
La méthode DEA est équivalente à un
processus d'optimisation sous contrainte qui utilise la programmation
linéaire. Basée sur l'approximation intérieure de la
technologie de production d'une unité de décision, seulement deux
hypothèses sont requises : l'hypothèse de libre disposition
d'inputs et d'outputs et celle de combinaison convexe. La première
stipule que la production d'une quantité donnée d'outputs
nécessite une quantité donnée d'inputs ou une
quantité supérieure à celle-ci, alors que la seconde
indique que si la quantité d'input X1 permet de produire la
quantité d'output Y1 et que X2 permet de produire Y2, alors toute
combinaison convexe de X1 et X2 permet de produire la même combinaison
convexe de Y1 et Y2. Ces deux hypothèses suffisent à estimer la
frontière des possibilités de production des DMU
étudiées et à exprimer l'inefficience de chacune d'entre
elles, par sa position par rapport à la frontière.
14 Une DMU (Decisions Making Units) ou unité
de décision est définie de manière générale
comme une entité dont la mission principale est de convertir les inputs
en outputs et dont la performance est à évaluer. Dans notre
étude, les DMU sont composées des pays sur lesquels porte notre
échantillon.
15 Charnes, Cooper et Rhodes (1978) ont
généralisé et rendu opérationnelles les
propositions de Farrell sous l'hypothèse des rendements d'échelle
constants, en permettant l'estimation de la fonction de production par une
courbe enveloppe formée des segments de droite joignant les
entités efficientes d'où la dénomination Data Envelopment
Analysis.
16 Banker, Charnes et Cooper (1984) ont
étendu la mesure de l'efficience de Charnes, Cooper et Rhodes (CCR) aux
rendements d'échelle variables en introduisant une contrainte
additionnelle qui permet en principe de décomposer l'inefficience
technique globale obtenue à partir du modèle CCR entre
inefficience technique pure et inefficience d'échelle.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 29
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Le score d'efficience de chaque organisation est
calculé par rapport à une frontière d'efficience. Les
organisations qui se situent sur la frontière ont un score de 1 (ou
100%). Les organisations qui sont localisées sous la frontière
ont un score inférieur à 1 (ou 100%) et disposent par
conséquent d'une marge d'amélioration de leur performance.
Relevons qu'aucune organisation ne peut se situer au-dessus de la
frontière d'efficience car il n'est pas possible d'obtenir un score
supérieur à 100%. Les organisations situées sur la
frontière servent de référence (ou de benchmarks) aux
organisations inefficientes. Ces références sont associées
aux best practice observables. La méthode DEA est par conséquent
une technique de benchmarking.
La méthode DEA a évolué depuis les
premiers travaux de la fin des années soixante-dix. Sa pratique s'est
considérablement développée. Les applications continuent
à devenir plus sophistiquées et à une grande
échelle deux modèles de base sont utilisés en DEA,
aboutissant chacun à l'identification d'une frontière
d'efficience différente :
- Le premier modèle fait
l'hypothèse que les organisations évoluent dans une situation de
rendements d'échelle constants (modèle Charnes Cooper et Rhodes,
1978 ou modèle CCR ou modèle
CRS). Il est approprié lorsque toutes les organisations ont
atteint leur taille optimale. Relevons que l'hypothèse de ce
modèle est (très) ambitieuse. Pour opérer à leur
taille optimale, les organisations doivent évoluer dans un environnement
de concurrence parfaite, ce qui est rarement le cas. Le modèle CRS
calcule un score d'efficience appelé constant returns to scale technical
efficiency (CRSTE).
- Le second modèle fait
l'hypothèse que les organisations évoluent dans une situation de
rendements d'échelle variables (modèle Banker, Charnes et Cooper,
1984 ou modèle BCC ou modèle
VRS). Il est approprié lorsque les organisations
n'opèrent pas à leur taille optimale. Cette hypothèse est
privilégiée dans les cas de concurrence imparfaite ou de
marchés régulés. Le modèle VRS calcule un score
d'efficience appelé variable returns to scale technical
efficiency(VRSTE).
Par ailleurs que l'on soit dans un modèle CRS ou VRS,
la méthode DEA distingue deux types d'orientations :
l'orientation input et l'orientation
output. Dans le modèle en input, l'objectif est de
produire les outputs observés avec un niveau de ressources minimum. En
revanche, dans une orientation output, l'attraction n'est plus centrée
sur la minimisation des ressources en inputs, l'objectif étant de
maximiser la production d'outputs tout pour un niveau donné de
ressources.
La frontière d'efficience est différente selon
un modèle CRS ou VRS. Cependant, à l'intérieur de chacun
de ces modèles, la frontière ne sera pas affectée par une
orientation input ou output. Autrement dit, dans un modèle CRS ou VRS la
frontière d'efficience sera exactement la même à
orientation input ou output ; les organisations situées sur la
frontière dans le cas d'une orientation input seront également
situées sur la frontière dans le cas d'une orientation output. En
outre, dans un modèle CRS, les scores d'efficience technique sont les
mêmes selon une orientation input ou output. Mais ces scores sont
différents selon l'orientation retenue dans un modèle VRS.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 30
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Coelli et Perelman (1996, 1999) relèvent cependant que,
dans de nombreuses situations, le choix de l'orientation du modèle
(input ou output) n'impactera les scores d'efficience technique que de
manière mineure dans un modèle VRS.
Le graphique ci-dessous résume de façon
synthétique ces deux modèles de base.
Figure 3.4 : Classification des
modèles DEA
Orienté inputs
|
|
CCR-INPUT
|
|
|
|
|
Rendements d'échelle constants
Orienté outputs
CCR-OUTPUT
|
Orienté inputs
|
BCC-INPUT
|
Rendements d'échelle variables
|
|
|
|
BCC-OUTPUT
|
Orienté outputs
|
Source: Auteur
b-1) Frontière d'efficience CRS
Pour comprendre le fonctionnement « mécanique
» de la méthode DEA de manière intuitive, reprenons comme
António Afonso et Miguel St. Aubyn (2004) l'exemple du tableau
précédent (tableau 3.1).
Y
75
70
66
65
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Figure 3.5 : Frontière
d'efficience DEA sous l'hypothèse des rendements d'échelle
constants
DCRS-I
D
DCRS-o
C
S
A
B
T
Frontière d'efficience CRS
800 950 1000 X
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 31
Source: Afonso et Aubyn (2004).
La Figure (3.5) représente la frontière
d'efficience sous hypothèse de rendements d'échelle constants
(frontière d'efficience CRS). La frontière d'efficience CRS part
de l'origine et passe par le pays A. Ce pays est l'observation avec la pente la
plus raide parmi les quatre pays. Autrement dit, il présente le ratio de
productivité « outputs par input» le plus élevé
(65 / 800 = 0,0815). Le pays A est sur la frontière d'efficience ; il
est efficient à 100%. Les pays B,C,D sont situés sous la
frontière. Leurs scores d'efficience respectifs sont inférieurs
à 100%. La méthode DEA considère que le l'ensemble des
possibilités de production est limité par la frontière.
Autrement dit, il n'est pas possible pour une organisation de se situer
au-delà de la frontière, et par conséquent d'obtenir un
hypothétique score d'efficience supérieur à 100%. La
méthode DEA calcule par conséquent des scores d'efficience
relatifs et non absolus. Les organisations situées sur la
frontière sont efficientes à 100% car elles sont les plus
efficientes de l'échantillon17.
La Figure (3.5) illustre également la manière
dont la méthode DEA calcule les scores d'efficience. L'exemple du pays D
est décrit ci-dessous :
- Dans le cas d'une orientation input, le
score d'efficience de D est égal à la distance SDCRS-I
divisée par la distance SD. DCRS-I est la projection du point
D sur la frontière d'efficience (sous hypothèse de rendements
d'échelle constants-CRS-et avec une orientation input -I-). Relevons
qu'il est aisé de calculer les scores d'efficience en utilisant une
règle et en mesurant les distances directement sur le graphique. Le
score de D est de 60,5%. Cela signifie que le pays D pourrait réduire le
nombre de ses inputs de 39,5% (100 - 60,5) tout en continuant à produire
le même nombre d'outputs (66).
17 Soulignons que les organisations efficientes
à 100% pourraient, selon toute vraisemblance, encore s'améliorer
en augmentant leur productivité.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 32
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
- Dans le cas d'une orientation output, le
score d'efficience de D est égal à la distance TD divisée
par la distance TDCRS-O. DCRS-O est la projection du point D sur la
frontière d'efficience (sous hypothèse de rendements
d'échelle constants-CRS-et avec une orientation output-O-). Le score
d'efficience de D est de 60,5%, comme dans le cas de l'orientation input. Cela
signifie que le pays D pourrait augmenter le nombre d'outputs de 39,5% (100 -
60,5) avec le même nombre d'inputs (1300).
b-2) Frontière d'efficience VRS
La Figure (3.6) représente la frontière
d'efficience sous hypothèse de rendements d'échelle variables
(frontière d'efficience VRS). La frontière d'efficience VRS
présente la particularité d'épouser la forme du nuage de
points, autrement dit d'envelopper toutes les observations. Les pays A et C
sont situés sur la frontière. Ils obtiennent tous un score
d'efficience de 100%. Les pays B et D sont situés sous la
frontière. Leurs scores d'efficience respectifs sont inférieurs
à 100%. La Figure (3.6) illustre également la manière dont
la méthode DEA calcule les scores d'efficience. L'exemple du pays D est
décrit ci-dessous :
Figure 3.6 : Frontière
d'efficience DEA sous l'hypothèse des rendements d'échelle
variables
D
DVRD-I
70
A
DVRD-O
C
Frontière d'efficience VRS
U
B
V
800 950 1000
X
Y
75
66
65
Source: Afonso et Aubyn (2004).
- Dans le cas d'une orientation input, le
score d'efficience de D est égal à la distance UDVRS-I
divisée par la distance UD. DVRS-I est la projection du point
D sur la frontière d'efficience (sous hypothèse de rendements
d'échelle variables-VRS-et avec une orientation input -I-). Relevons
qu'il est aisé de calculer les scores d'efficience à l'aide d'une
règle en mesurant les distances directement sur le graphique. Le score
de D est de 62%. Cela signifie que le pays D pourrait réduire le nombre
de ses inputs de 38% (100 - 62) tout en continuant à produire le
même nombre d'outputs (70).
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 33
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
- Dans le cas d'une orientation output, le
score d'efficience de D est égal à la distance VD divisée
par la distance VDVRS-O. DVRS-O est la projection du point D sur la
frontière d'efficience (sous hypothèse de rendements
d'échelle variables -VRS-et avec une orientation output-O-). Le score de
D est de 67%. Cela signifie que le pays D pourrait augmenter le nombre de ses
résultats de 33% (100 - 67) avec le même nombre d'inputs
(1300).
b-3) Frontières d'efficience DEA et
FDH
António Afonso et Miguel St. Aubyn (2004) ont
montré que, du fait de la convexité de la frontière
imposée dans l'approche DEA, cette méthode se
révèle plus efficace que la FDH (confère Figure 3.7).
L'estimation de la frontière d'efficience DEA révèle que
le pays B qui était efficient selon la FDH ne l'est plus sous la DEA et
donc seuls les pays A et C continuent d'être efficients.
Figure 3.7 : Comparaison
frontières d'efficience FDH et DEA
Y
C
X
800 950 1000 1300
75
Rendements d'échelle constants
Rendements d'échelle variables
D
70
Frontière DEA
Frontière FDH
66
B
65
A
Source: Afonso et Aubyn (2004).
La Figure (3.7) montre donc qu'un pays qui est jugé
efficient sous la FDH ne l'est pas toujours sous la DEA, alors qu'un pays
efficient sous la DEA le sera sous la FDH. Par construction, l'ensemble de
production défini par la FDH est donc inclus dans l'ensemble de
production DEA. Ainsi, il est possible de déduire la frontière
FDH à partir de la frontière DEA. Les principaux avantages de
l'analyse DEA, sont qu'elle n'impose que de faibles restrictions à la
représentation de la technologie de production, et qu'elle permet une
comparaison des niveaux d'efficacité entre les entités. La seule
hypothèse faite est qu'il est possible, avec les mêmes
technologies de production, de mesurer une baisse des valeurs ajoutées
tout en maintenant le niveau d'intrants et d'augmenter les apports en intrants
tout en maintenant la valeur ajoutée.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 34
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
En définitive, la différence fondamentale entre
l'approche paramétrique et l'approche non paramétrique
réside dans le fait que la première se base sur un modèle
statistique explicite concrétisé par l'utilisation d'une forme
fonctionnelle et d'une loi de probabilité particulière ; ce qui
n'est pas le cas dans l'approche non paramétrique. Il est alors
intéressant de se demander quel est l'effet de l'utilisation d'une forme
fonctionnelle ? En utilisant moins d'informations que dans l'approche
paramétrique, les résultats dans l'approche non
paramétrique devraient être moins précis mais il y a le
risque d'influencer les résultats en imposant une forme fonctionnelle
qui n'est pas la plus appropriée. L'arbitrage entre imposer plus de
structures et plus de flexibilité est un problème permanent dans
la mesure où plus de contraintes dans un modèle entraîne de
meilleures estimations ; et des hypothèses fortes génèrent
des résultats forts pourvu. Le choix entre les deux approches n'est donc
pas toujours facile. Bosman et Frecher (1992) recommandent de se baser sur des
informations que l'on a de la technologie disponible et des objectifs
recherchés Ces auteurs pensent que, lorsque l'on a une idée assez
nette de ce qu'est la technologie sous-jacente, cas du secteur agricole et des
branches manufacturières par exemple, l'estimation
économétrique des frontières de production
paramétrique a un sens. Par contre, lorsqu'il s'agit d'une unité
de décision dont l'activité est la production des services, une
approche non paramétrique semble d'avantage appropriée, du fait
qu'elle ne repose sur aucune hypothèse explicite concernant la
technologie et qu'elle s'applique à des activités ayant plusieurs
outputs et plusieurs inputs.
III.2. REVUE DE LA LITTERATURE THEORIQUE
La question théorique de l'impact des dépenses
publiques sur la croissance a de tout temps constitué une
préoccupation centrale de la science économique. Les
théoriciens du développement économique ont traité
cette question en considérant le capital public comme un facteur
environnemental qui influence à travers ses externalités
positives le développement économique et social d'un pays.
Néanmoins, depuis la moitié des années 80, un profond
renouveau sous l'impulsion des modèles de croissance endogène a
remet sur scène la question de l'apport des investissements publics
à la croissance économique. Ces théories ont
constitué un enjeu majeur des développements récents de la
théorie économique car elles réhabilitent le rôle
économique de l'Etat et redonnent des objectifs pour atteindre une
croissance durable et soutenue. Toutefois, avant de passer en revue la
portée théorique de la croissance endogène, il est
important de mettre en lumière les fondements théoriques
l'intervention de l'Etat.
III.2.1. Les fondements théoriques de l'intervention
de l'Etat
Jusqu'au début du 20esiècle, les
idées classiques du ?laissez-faire?
prédominaient parmi les centres de discussion
économique. Cette doctrine a été fondée sur
l'hypothèse selon laquelle les marchés concurrentiels
conduiraient à l'optimum de Pareto, ce qui permettrait la satisfaction
des consommateurs et l'efficience de la production. Étant données
la rareté (relative) des ressources disponibles et la diversité
des
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 35
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
moyens de les employer, l'objectif qu'il paraît naturel
de chercher à atteindre est que ces ressources soient utilisées
au mieux, qu'elles ne soient pas gaspillées. La définition
traditionnelle que la science économique donne de l'absence de
gaspillage correspond au critère de Pareto: l'utilisation des ressources
est considérée comme efficace s'il est impossible de trouver une
autre allocation qui soit jugée au moins aussi bonne par tous les agents
économiques et strictement meilleure par au moins l'un d'entre eux. Or,
sous réserve que certaines conditions soient remplies, le seul jeu des
mécanismes de marché, animés par des agents qui n'ont
à l'esprit que leur intérêt personnel, conduit à une
situation qui satisfait ce critère d'efficacité. Autrement dit,
l'équilibre d'une économie de marché sans État
constitue un optimum parétien18 ; en ce sens, toute action
gouvernementale conduirait à une situation sous-optimale : c'est la
fameuse théorie de la main invisible d'Adam Smith.
Toutefois, De là à conclure que l'État
est fatalement « celui qui dérange » l'ordre idéal du
marché, il n'y a qu'un pas qui ne peut toutefois pas être franchi,
et cela pour trois raisons.
? D'abord, les mécanismes de marché ne
parviennent pas nécessairement à coordonner les actions des
différents agents de manière telle que l'économie atteigne
un équilibre (les marchés peuvent témoigner de
rigidités qui aboutissent à un « équilibre de
sous-emploi », se caractérisant, par exemple dans le cas du
marché du travail, par un chômage qui dépasse son niveau
« naturel »). Cette « ankylose » de la main invisible
justifie la mise en oeuvre par l'État d'une politique de stabilisation
économique visant à (r)établir l'équilibre.
? Ensuite, l'équilibre de marché n'est un optimum
parétien que si certaines
conditions sont satisfaites19. Les cas où
elles ne le sont pas correspondent aux « défaillances du
marché » (market failures) ; ouvrant ainsi la voie à une
intervention palliative de l'État au travers d'une politique
d'allocation des ressources visant à assurer l'optimalité
parétienne.
? Enfin, l'optimum qui, dans le meilleur des cas, est atteint
à l'équilibre de marché
n'est pas le seul qui soit réalisable. Et rien ne
garantit qu'il soit celui que, du point de vue de l'équité, la
société (dont l'État est le mandataire) conçoit
comme le meilleur. Or, sous réserve que la répartition initiale
des ressources soit modifiée dans un sens approprié, n'importe
lequel des optima réalisables peut être obtenu par un
système de marché20. La recherche de
l'équité se traduit ainsi par la mise en place d'une politique de
redistribution visant à permettre à l'économie de
marché de sélectionner le « meilleur des états
meilleurs », l'«optimum optimorum».
18 Ce résultat fondamental, version moderne
de la « main invisible » d'Adam Smith, correspond au Premier
théorème de l'économie du bien-être. Par la main
invisible, Smith désignait le processus qui, en économie de
marché, fait coïncider les intérêts individuels avec
l'intérêt général.
19 Succinctement, les trois conditions à
remplir sont l'efficacité de l'échange, celle de la production et
celle de la combinaison des biens produits.
20 Ce résultat, tout aussi fondamental que
le précédent dont il constitue une sorte de réciproque,
est connu sous le nom de Second théorème de l'économie du
bien-être.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 36
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Ces trois grands domaines de l'intervention publique (qui
renvoient à la célèbre typologie de Musgrave)21
sont largement interdépendants. La plupart des actions menées
dans le cadre de l'un d'eux ont en effet des répercussions sur les deux
autres22. Ce qui a conduit à une réflexion sur de
nouveaux modus operandi de l'interventionnisme étatique, ainsi
qu'à une redéfinition de son périmètre. Ce
changement de rythme s'explique à la fois par une évolution des
doctrines et une évolution des moeurs ; des vielles théories
libérales du 19esiècle qui confinaient le gouvernement
dans un domaine aussi étroit que possible (armée, police,
justice) ont fait place aux doctrines interventionnistes, très
variées dans leurs nuances (d'une économie de marché
simplement orientée vers l'étatisme intégral), mais
identiques quant à leurs tendances générales de charger
l'Etat de tâches nouvelles soit par la substitution d'organismes
administratifs aux entreprises privées soit par un appui à
l'égard de ces mêmes entreprise(théorie du new public
management)23.
Après une période considérable de forts
débats sur les fluctuations cycliques des économies, certaines
critiques ont commencé à émerger par rapport aux limites
de ces théories concernant l'explication des phénomènes de
long terme. De nombreux auteurs ont ainsi utilisé la croissance
économique comme baromètre permettant d'apprécier
l'efficacité de l'intervention publique à travers
l'efficacité des dépenses publiques, c'est le cas des auteurs
néoclassiques de la théorie de la croissance endogène
notamment Romer (1986), Lucas (1988) Barro (1990) Artus et Kaabi (1993).
III.2.2. Les théories de la croissance
endogène
Dans les années 1980, le rôle de l'investissement
public dans la croissance économique à long terme est
relayé par les tenants de la théorie de la croissance
endogène. Cette théorie met particulièrement l'accent sur
les externalités positives qu'engendrent certains aménagements
publics d'infrastructure et, a le mérite de regrouper certains
néokeynésiens et néolibéraux. En effet, les
économistes s'accordent sur le fait que l'Etat doit assurer la
fourniture des biens et services non rentables pour le privé mais qui
peuvent s'avérer utiles d'un point de vue socioéconomique. Il
s'agit des biens publics ou collectifs qui n'obéissent pas aux principes
d'exclusions et de rivalités (infrastructures routières,
systèmes d'adduction, éducation, sécurité
nationale, santé, aéroports, etc.). Ainsi, Paul Romer (1986)
affirme que le moteur de la croissance
21 Musgrave R., (1959), The Theory of Public Finance,
New York, McGraw Hill.
22 Les effets croisés peuvent d'ailleurs
être contradictoires. Par exemple, si la redistribution
opérée via la fiscalité occasionne des distorsions dans
l'allocation des ressources (des pertes d'efficacité), elle est en
même temps susceptible d'exercer un impact positif sur la croissance
économique et donc de concourir à une meilleure allocation inter
temporelle des ressources (pour un point récent sur les études
correspondantes, voir Persson T. et Tabellini G., (2000),Political Economy :
Explaining Economic Policy, Cambridge, MA, MIT Press).
23 C'est vers la fin des années 60 que
l'analyse économique des choix publics prend véritablement son
essor, notamment avec les travaux de l'École de Virginie. La
théorie des choix publics est apparue très tôt comme l'une
des théories ayant le plus aidé à faire avancer les
idées néo-libérales sur le plan économique.
Élaborée essentiellement par des économistes comme
Buchanan et Tollison (1972), Tullock, elle postule que l'inefficience des
entreprises publiques est due notamment aux groupes d'intérêts et
aux jeux politiques qui caractérisent les administrations publiques.
Selon l'Ecole du « Public Choice » les agents qui prennent les
décisions publiques, notamment les administrateurs d'entreprises
publiques, les politiciens et les bureaucrates, le font en privilégiant
non pas l'intérêt général, mais leurs
intérêts propres comme le ferait tout individu dans ses choix
privés [Hodge, 2000].
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 37
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
provient essentiellement de l'accumulation de
connaissances et du capital technologique due à l'innovation et
à la recherche-développement. Robert Lucas24 (1988)
privilégie l'accumulation de capital humain. Robert Barro,
quant à lui, prend en compte les dépenses d'infrastructures
publiques.
Bien que les pères fondateurs de la théorie de
la croissance endogène à savoir Romer et Lucas rejettent le
rôle primordial de l'Etat, ils acceptent cependant que l'Etat devrait
favoriser la croissance de longue période. La question n'est pas de
savoir si l'Etat doit intervenir ou non dans l'activité
économique, mais de savoir comment et jusqu'où peut-il
intervenir.
Dans son article ?Government Spending in a Simple Model of
Endogeneous Growth?, publié en 1990, Barro soutient que la taille
du gouvernement influence de manière significative le taux de croissance
économique, en se basant sur l'existence d'un niveau optimal pour la
participation du gouvernement dans l'économie. Selon l'auteur, il existe
une relation non-linéaire entre les deux variables qui peut être
très ambigüe, en tenant compte du fait qu'elle dépende de
l'effet négatif de la taxation sur le revenu qui, par son tour, sera
compensé par l'effet positif de l'investissement en capital. En
général, le modèle prédit que le gouvernement
devrait offrir des services publiques aux agents, ménages et aux firmes.
La quantité de services offerts par le gouvernement tient en compte des
abstractions concernant certaines externalités liées aux services
publiques, tels que l'exclusion et la rivalité. La dépense
publique est prise comme un élément additionnel à la
fonction de production puisque les facteurs de production privés ne sont
pas des substituts directs des inputs publics, selon l'auteur. La croissance
endogène est garantie par l'hypothèse de rendements
d'échelle constants dans l'accumulation de facteurs de production. Les
dépenses publiques sont financées par la taxation et lorsque que
le gouvernement augmente les dépenses, la productivité du capital
est à la hausse dans une telle proportion que les variables
fondamentales du modèle augmentent à cause de la relation
positive entre productivité et croissance. Néanmoins, pour le
modèle, plus importante est la taille du gouvernement moins est le
revenu retenu par les ménages, ce qui conduit aux changements
négatifs sur le taux de croissance.
L'article de Barro met l'accent ainsi sur l'optimisation des
services du gouvernement par rapport à la croissance économique
optimale. Selon l'auteur, les dépenses gouvernementales peuvent
être productives lorsque, dans certaines conditions pour la fonction de
production, elles sont choisies de façon optimale, contribuant donc,
à la croissance économique et elles sont improductives dans le
cas contraire. En d'autres termes, les gouvernements favorisent la croissance
économique grâce à l'offre de biens publiques qui
accroissent la productivité marginale du capital. Cependant, lorsque la
taille du gouvernement augmente, de plus en plus de ressources sont
affectées pour des motivations politiques plutôt que pour des
raisons liées aux forces du marché, et nous arrivons dans un
scenario propice à l'émergence des inefficacités et donc,
qui conduit à une précarité de la croissance
économique.
24 Prix Nobel d'économie 1995
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 38
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Toutefois, dans la littérature économique, les
dépenses publiques n'ont pas toujours été perçues
comme des moteurs de la croissance économique. Leur efficacité a
été remise en cause à travers la théorie du
marché politique. Des auteurs comme James Buchanan (Prix Nobel 1986) et
Gordon Tullock (1961) contestent l'idée que l'Etat est le
représentant de l'intérêt général. Ils
montrent en effet que les pouvoirs publics sont des agents économiques
qui cherchent à maximiser leur satisfaction par une élection ou
une réélection et que les décisions publiques sont le
résultat de l'agrégation de décisions privées
telles que les promesses électorales. Ils cherchent donc à
honorer des promesses électorales plutôt qu'à se soucieux
de l'efficacité ou de la productivité d'une dépense
publique. De même, la théorie de la bureaucratie25
stipule que les agents ou bureaucrates cherchent à maximiser leurs
revenus ou leur pouvoir. Il en résulte un accroissement
injustifié des dépenses publiques. En effet selon la
théorie de la bureaucratie, le pouvoir administratif met en
évidence le passage de l'échange volontaire à la
dérive bureaucratique. A cause du théorème
d'impossibilité d'Arrow, un ensemble de logiques individuelles ne peut
pas conduire à une rationalité collective. Dès lors, le
risque est grand de voir, au mépris de la démocratie, les choix
publics correspondre davantage aux préférences des dirigeants
qu'à une expression de la volonté populaire. La classe dirigeante
peut alors se servir des dépenses publiques pour assurer la
réalisation de ses objectifs et la défense de ses
intérêts propres. Les fonctionnaires disposant d'une information
privilégiée et désireux d'accroître leur pouvoir,
ont tendance à surestimer les montants de leurs besoins en
investissements sans souci de leur efficacité, de sorte que le poids des
dépenses budgétaires ne fait que croître de période
en période, sans que l'intérêt public ne le justifie. Selon
Niskanen, les organismes publics croissent du fait de leur inefficacité
et du désir de puissance de leurs dirigeants (Delas, 2001).Ces analyses
ont fait l'objet de développements dans plusieurs travaux comme ceux de
Bléart (1991) et de Muller (2005). Dans ces conditions, le concept de
dépenses publiques productives devrait être questionné.
III.3. REVUE DE LA LITTERATURE EMPIRIQUE
En marge de ces études théoriques, la question
de la mesure de l'efficience en général et celle de l'impact des
dépenses publiques sur la croissance économique en particulier a
fait l'objet de nombreuses analyses empiriques. Ainsi, cette sous-section fait
une synthèse des principales études d'une part sur la mesure de
l'efficience plus précisément dans le secteur de la santé,
et d'autre part sur l'impact des dépenses publiques sur la
croissance.
III.3.1. Littérature empirique sur la mesure de
l'efficience
Le caractère multidimensionnel de la santé
(multi outputs / multi inputs) avec la difficulté de modéliser
son processus de production (problème de choix de la forme
fonctionnelle) sont l'une des raisons pour lesquelles de nombreux auteurs se
sont intéressés dans leurs études à la mesure de
l'efficience des services de santé. Nous allons présenter
25 La théorie de la bureaucratie de son auteur
Max Weber (1922) s'est développée aux Etats-Unis dans les
années 70 avec les travaux de Niskanen (1968 et 1971).
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 39
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
quelques-unes de ces études afin d'avoir une vision
globale sur les méthodes, les différents inputs et outputs
choisis par les auteurs.
En 2001, Gupta et Verhoeven ont appliqué une fonction
déterministe de la frontière de production à un panel de
données provenant de 85 pays (38 de ces derniers sont des pays
africains) sur la période 1984 et 1995. Ils ont défini la
frontière de l'espérance de vie et du taux de mortalité
infantile et utilisé les dépenses publiques moyennes par habitant
de la santé comme intrants dans le processus de production. La
méthode qu'ils ont utilisée est la FDH à orientation
input. Les résultats de ces travaux montrent que les dépenses
publiques de santé en Gambie, Guinée, Ethiopie et Lesotho sont
plus efficientes que dans d'autres pays tel que la Botswana, le Cameroun, la
Côte d'Ivoire et le Kenya. Ces résultats montrent en outre que les
pays asiatiques sont les plus efficients et que les pays africains sont les
moins performants dans la production des services de santé. Ceci peut
s'expliquer d'une part, par les salaires (du personnel santé)
relativement élevés en Asie et faible en Afrique, et d'autre part
pa la mauvaise allocation intra sectorielle des ressources dans les pays
africains (Antonio Afonso and Miguel ST. Aubyn, 2004). L'étude a
été critiquée, du fait que les résultats obtenus
exclus la contribution du secteur privé car les auteurs n'avaient inclus
que les dépenses du gouvernement. Evans et al. (2001) a
mesuré l'efficience des systèmes de santé de 191 pays sur
un panel à effet fixe entre 1993 et 1997. Les inputs choisis sont les
dépenses de santé ainsi que le nombre moyen d'éducation de
la population adulte. Pour l'output, il a été mesuré par
l'espérance de vie corrigée par l'incapacité. Jayasuriya
et al. (2003) sur un échantillon de 76 pays en développement
entre 1990 et 1998 ont mesuré l'efficience de l'offre des services de
santé. Les inputs utilisés sont les dépenses totales de
santé par tête et le taux d'alphabétisation et l'indicateur
d'output utilisé est l'espérance de vie à la naissance.
Herrera et Pang (2005) ont mesuré l'efficience
des systèmes de santé de 140 pays en développement entre
1996 et 2002 selon deux méthodes DEA et FDH suite à une
orientation input et output. Les inputs utilisés sont les
dépenses publiques de santé par tête, les dépenses
privées de santé par tête et le taux
d'alphabétisation des adultes. Pour les outputs ils ont choisi
l'espérance de vie à la naissance, l'espérance de vie
corrigée de l'incapacité et les taux de vaccination des enfants
contre la rougeole. Les auteurs ont effectué les estimations selon de
nombreuses spécifications de la fonction de production de la
santé mais seulement avec la méthode non paramétrique.
Antonio Afonso et St. Aubyn (2005) ont opté pour la même
méthode que Herrara et Pang (2005) mais cette fois ci appliquée
aux pays de l'OCDE en 2002. L'orientation input est celle utilisée dans
les deux méthodes. Les outputs choisis sont le taux de mortalité
infantile et l'espérance de vie à la naissance. La critique mise
en avant ici concerne le choix des outputs qui ne sont pas adaptés aux
situations sanitaires des pays développés. Les auteurs ont
adoptés des inputs physiques : le nombre de médecins, le nombre
d'infirmiers et le nombre de lits d'hôpitaux (pour 1000 habitants).
Dans une étude sur la mesure de l'efficience des
dépenses publiques d'éducation et de santé dans les pays
en voie de développement dans la période 1990-2002, Saoussen Ben
Romdhane (2006) a montré sur la base de la méthode DEA que les
pays en développement sont seulement efficients à 30% dans la
production de tels services. L'input retenu était les dépenses
annuelles moyennes par tête sur la période 1990-2012 et
l'output
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 40
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
le nombre moyen de lits dans les hopitaux pour 1000 habitants.
Dans la même lancée, Damas Hounsounon (2009) a
procédé à l'estimation des scores d'efficience des
dépenses publiques d'éducation et de santé dans la zone
UEMOA avant d'étudier l'impact de ces scores estimés sur la
croissance à travers un modèle de croissance endogène. Les
scores d'efficience ont été estimés au moyen de la
méthode d'enveloppement des données à la Malmquist
(DEA-Malmquist), technique non paramétrique ayant l'avantage de ne pas
exiger de spécification explicite de la relation liant l'input à
l'output et de considérer l'évolution de l'environnement
technologique pouvant influencer sur l'efficience. Les résultats de ces
estimations montrent qu'en moyenne sur la période
considérée, les dépenses socio- publiques
d'éducation et de santé ne sont pas efficientes même si les
degrés d'efficience ne sont pas très faibles et que les
dépenses publiques sont gaspillées à près de 27% et
de 55% en moyenne respectivement pour l'éducation et la santé.
Ces résultats présagent que les dépenses sociales en
matière d'éducation et de santé sont plus ou moins
rationnelles. Mais ce résultat peut être dû au non prise en
compte de l'effet du secteur privé. En effet, les domaines de la
santé et de l'éducation sont deux domaines qui sont
considérablement explorés par le secteur privé.
III.3.2. Dépenses publiques et croissance
économique
De manière générale, les évidences
empiriques de la nature de la relation entre les dépenses sociales et la
croissance économique dans le but de montrer la portée de chacun
des modèles de la croissance endogène sont controversées.
Ces dernières bien qu'ayant abouti à des résultats assez
concluants estiment pour la plupart qu'en dehors de la prise en compte des
externalités, l'Etat exerce une influence directe sur
l'efficacité du secteur privé : les investissements publics
concourent à l'augmentation et à l'amélioration de la
productivité privée. Toutefois ces résultats peuvent
être classés en trois catégories.
La première catégorie qui trouve une relation de
causalité unidirectionnelle des dépenses sociales vers la
croissance et de la croissance vers les dépenses sociales Tang, Tuck
Cheong (2001) a observé une causalité unidirectionnelle du revenu
national vers les dépenses publiques pour le cas de la Malaisie.
Aregbeyen (2008) trouve également à partir d'un test de
causalité de Granger une causalité unidirectionnelle du revenu
national vers les dépenses publiques pour le cas du Nigéria et ce
résultat est a été confirmé par Chimobi (2009).
Aussi, Kacou (2004), à l'aide d'un test de Granger montre que ce sont
les dépenses publiques qui causent la croissance en Côte d'Ivoire.
Ainsi, l'augmentation de la richesse nationale est une fonction croissante des
dépenses publiques.
S'agissant de l'impact positif des dépenses publiques
sur la croissance économique, Ram (1986) a étudié l'impact
de la taille du secteur public sur la croissance économique
(mesurée par le taux de croissance du PIB) pour 115 pays dans les
années 1960-1980. Selon cette étude, l'impact total de la taille
du secteur public sur la croissance a été
généralement positif durant cette période. Morley et
Perdikis (2000) concluent à l'existence d'un effet positif à long
terme des dépenses publiques totales sur la croissance
égyptienne. Reinikka et Svensson (2004) ont également
relevé que la croissance économique était
significativement justifiée par les dépenses publiques dans une
étude en séries temporelles réalisée en Ouganda.
Les études de
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 41
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Herrera (1998a)26 ont examiné les effets des
dépenses publiques d'éducation sur la croissance
économique en longue période, en recourant à un
modèle de croissance endogène par accumulation de capital humain
dans un seul secteur. Il conclut que la dynamique de croissance est
impulsée par l'Etat, dont les choix d'allocation de ressources
budgétaires commandent le rythme d'accumulation du capital humain. De
même, Bloom, Canning et Sevilla (2001), Sala - i-Martin (2001) en prenant
en compte le facteur santé, ont montré que l'investissement
public en particulier dans le secteur santé est source de croissance
économique puisqu'il accroît de l'espérance de vie de la
population active.
Toutefois, dans la littérature économique, les
dépenses publiques n'ont pas toujours un effet positif sur la
croissance. Dar et Amirkhalkhali (2002) examinent le rôle de la taille du
secteur public dans l'explication des différences de taux de croissance
économique de 19 pays de l'OCDE pour le période de 1971 à
1999. La taille relative du secteur public est mesurée comme les
dépenses publiques de l'Etat en pourcentage du PIB. Les auteurs adoptent
le modèle classique de Solow (1956) où le taux de croissance est
fonction de l'accumulation du capital et du travail (les deux principaux
facteurs de production), ainsi que la productivité globale des facteurs.
Les pays sont ensuite placés en trois groupes selon les montants des
dépenses publiques. Les estimations ont été faites
à partir des doubles moindres carrés sur données de panel.
D'après les résultats de l'étude, la taille du secteur
public influence négativement la croissance économique pour
l'échantillon complet des pays Afonso et Furceri (2010) expliquent que
les dépenses de contributions sociales et les dépenses de
fonctionnement ont un effet négatif sur la croissance pour les pays
européens tandis que les dépenses publiques d'investissement
exercent par leur volume un effet positif sur la croissance mais, plus leur
niveau est volatile, moins le niveau de croissance est élevé. Ils
montrent en outre qu'une augmentation d'un point de pourcentage des
dépenses publiques en termes de PIB diminuerait la croissance de 0,13
point de pourcentage. Ces auteurs parviennent aux mêmes résultats
que Devarajan et al (1996) concernant l'effet des dépenses
d'investissement sur la croissance pour les pays en développement ; ce
qui parait surprenant si l'on s'en tient aux théories de la croissance
endogène qui postulent que ces dépenses sont
bénéfiques à l'économie du fait des
externalités qu'elles produisent. Il est possible d'interpréter
les résultats d'Afonso et Furceri (2010) par l'existence d'effets de
seuil impliquant qu'au-delà d'un certain moment, investir des fonds
publics dans les infrastructures est contre-productif si cela se fait au
détriment de dépenses de fonctionnement. Nubukpo (2007)
émettait lui aussi à l'issue de ces résultats
l'hypothèse selon laquelle il existerait une relation non
linéaire entre la taille de l'Etat (dépenses publiques en
pourcentage du PIB) et la croissance économique.
Dans la deuxième catégorie des travaux, plus
précisément la causalité réciproque, Cheng et Wei
(1997) ont obtenu une causalité à double sens entre la croissance
économique et les dépenses publiques dans le cas de la
Corée du sud sur la période (19541994). De même, Ouattara
(2007) a montré à partir des tests de causalité que la
26 Herrera (1998a), « Dépenses
publiques d'éducation et capital humain dans un modèle convexe de
croissance endogène », Revue économique, vol. 49, n° 3,
pp. 831-844, mai, Paris. Également :Herrera (1997b, 1999a, 1999b).
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 42
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
croissance économique et les dépenses publiques
s'influençaient mutuellement dans les pays de l'UEMOA.
Enfin la troisième catégorie qui concerne
l'absence de relation entre les dépenses publiques et la croissance
économique ; Ghali (2000) utilise le test de causalité au sens de
Granger pour montrer que l'hypothèse selon laquelle les dépenses
publiques causent la croissance économique est rejetée dans
l'économie Tunisienne et de ce fait, la politique fiscale visant le
contrôle des déficits budgétaires s'avérait
inefficace. Dhanasekaran (2001) et Martinez-Lopez (2005) montrent la
très faible corrélation existant entre les dépenses
publiques et le taux de croissance du PIB respectivement en Inde et en Espagne.
En considérant les pays de l'Organisation de Coopération et le
Développement Economiques (OCDE), les résultats de Dar et
Amirkhalkhali (2002) ne permettent pas de soutenir avec assurance que les
dépenses publiques affectent positivement la croissance
économique car les coefficients ne sont pas statistiquement
significatifs. Agell et al (1999) mettent en doute la capacité des
méthodes habituelles de régression à produire des
conclusions fiables concernant les effets du secteur public sur la croissance.
Ils soulignent les plus importantes limites de ces travaux en raison à
la fois des données et des méthodes notamment la
spécification de modèles économétriques). En
ré estimant les équations de croissance de Folster et Hendrekson
(1999), ils trouvent que les effets des dépenses publiques sur la
croissance économique sont statistiquement non significatifs. Chimobi
(2009) indique dans une étude basée sur des tests de
causalité avec des données annuelles de 1970 à 2005 qu'il
n'existe pas de relation de long terme entre les dépenses publiques de
santé et d'éducation et le revenu national au Nigéria.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 43
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
4
METHODOLOGIE
Dans ce chapitre, afin de procéder à la
vérification de nos hypothèses d'étude, nous nous sommes
proposé de procéder en trois étapes. En premier lieu, nous
allons présenter la nature et les sources des données. En second
lieu, nous développerons les modèles empiriques à partir
des modèles théoriques mettant en relation les différentes
variables. Enfin, nous terminerons ce chapitre en exposant la technique
d'estimation ainsi que les différents tests nécessaires.
IV.1. Nature et sources de données
Les données utilisées sont de sources
secondaires et proviennent du World Development Indicator (WDI) 2014 de la
Banque Mondiale ; complétées par celles des différents
rapports annuels du Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD), du Penn World Table 80 (PWT 80) et de la base de données de
Kaufmann de Transparency International sur la période 1996-2013.
IV.2. Spécification du modèle
Nous présentons ici les modèles empiriques qui
nous serviront à l'atteinte de nos objectifs, plus
précisément à :
- Estimer les scores d'efficience
- Evaluer l'impact des scores d'efficience sur
la croissance.
IV.2.1. Mesure de l'efficience
Les études sur l'efficience se sont
développées ces dernières années, toutefois la
mesure de l'efficience est restée une tâche toujours complexe du
moment qu'il faut bien faire attention au choix des inputs et des outputs. Une
importance particulière doit être portée à la
méthode (paramétrique ou non paramétrique), qui
dépendra des objectifs poursuivis par l'étude.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 44
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Ainsi, à l'instar d'Aigner, Lovell et Smith (1977),
Kumbhakar et Lovell (2000), Antonio afonso et Aubyn (2004), et Saoussen Ben
Romdhane (2006) ; l'approche utilisée dans le cadre de ce travail est
une approche non paramétrique plus précisément la
méthode DEA. Plusieurs raisons motivent le choix de cette méthode
:
- elle est particulièrement convenable
à un échantillon de petite taille
- elle permet la gestion simultanée
d'inputs et d'outputs grâce à sa capacité à
maximiser la relation entre eux ; plus précisément, en fixant les
valeurs cibles, elle indique de combien les inputs doivent être
réduits et les outputs augmentés pour qu'une organisation soit
efficiente ;
- elle ne requiert pas de
spécification de relation fonctionnelle particulière pour la
technologie ;
- en calculant un score d'efficience, elle
indique si une organisation dispose d'une marge d'amélioration.
Toutefois, Il existe deux versions de la méthode DEA :
l'estimateur statique et l'estimateur
dynamique. Le premier a pour but de mesurer l'efficience sur une
période donnée (sur une année fixe ou en moyenne sur une
période) afin d'identifier et de classer les institutions les plus
efficientes et celles inefficientes. Le second a pour objectif d'étudier
l'évolution de ces scores sur une longue période afin de
permettre aux décideurs de mettre en place les politiques visant
à mieux gérer leurs ressources. Dès lors, en fonction des
objectifs de notre étude, nous avons opté à l'image de
Nodjitidje Djimasra (2009) et Damas Hounsounon (2009) pour l'estimateur
dynamique ou estimateur DEA-Malmquist27 car il présente les
résultats par année et par pays sur l'ensemble de la
période. Autrement dit, il s'applique contrairement à
l'estimateur statique aux données de panel. Par ailleurs il a l'avantage
de ne pas tenir compte du type de rendements d'échelle, plus
précisément les hypothèses de rendement d'échelle
constant et variable n'ont pas d'influence dans l'estimation des scores
d'efficience par la méthode DEA-Malmquist.
Deux orientations sont considérées,
l'orientation input définie comme la possibilité de
produire à partir d'une quantité minimale d'input afin de
produire une quantité donnée d'output et l'orientation output
vers l'output, définie comme la possibilité de produire
à partir d'un input donné le maximum d'output. Selon la
première approche, on peut calculer de combien on doit réduire la
quantité d'input sans varier la quantité d'output pour avoir une
production efficiente. La seconde approche, permet de calculer de combien on
doit augmenter l'output sans modifier la quantité d'input. Ces deux
approches conduisent à l'estimation des mesures d'efficiences techniques
de plusieurs inputs ou outputs. Notons que le choix de l'orientation du
modèle (input ou output) est fonction des variables sur lesquelles les
décideurs exercent le plus grand pouvoir de gestion. Ainsi, bien que
mesurer l'efficience selon l'orientation output semble tout aussi
appréciable du moment où les pays de note échantillon ne
cherchent pas à diminuer leurs ressources mais plutôt à
augmenter leurs résultats pour pouvoir atteindre les OMD; nous avons
opté toutefois comme Saoussen Ben Romdhane (2006), pour une orientation
input en se référant la
27 Sten Malmquist (1953):» Index Numbers and
Indifference Curves.» Trabajos de Estatistica 4: 209-242.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 45
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
fonction d'allocation des ressources de l'Etat selon Musgrave
en vue de la satisfaction de l'intérêt général et la
réduction de la pauvreté. Celle-ci permet d'évaluer de
combien la quantité d'input doit être réduite sans faire
varier la quantité d'output. En d'autres termes de combien faut-il
diminuer les dépenses publiques dans le secteur de la santé tout
en gardant le même niveau de rentabilité de ces dépenses,
afin de financer d'autres objectifs sociaux, y compris ceux qui auraient une
incidence positive plus forte sur le bien-être de leurs populations.
Cette méthode orientée vers les inputs est, selon Romdhane (2006)
plus pertinente car elle permet de dégager des résultats plus
utiles aux décideurs politiques. Par exemple si le score d'efficience
d'un pays i pour une année donnée est
de 0,235 soit 76,5%, alors 76,5% des dépenses publiques de santé
ne contribuent pas efficacement à la production des services publics de
santé à l'année considérée.
IV.2.1.1. L'estimateur Statique
On suppose l'existence de k inputs et de
m outputs pour n (DMU)28. Pour une
(DMU)i, yit est le vecteur en
colonne des outputs à la date t et
xit est le vecteur en colonne des inputs à
la date t. X (k×n) est la matrice des
inputs et Y (m×n) est la matrice des outputs.
L'objectif de la méthode DEA est de construire une
frontière non paramétrique de telle sorte que toutes les
observations se trouvent en dessous ou sur cette courbe. D'où la
nécessité d'introduire les ratios outputs/inputs dans la
spécification. C'est-à-dire que pour chaque
(DMU), on obtient une mesure de tous les inputs par rapports
aux outputs tel que uyit /vxit où u
est un (m×1) vecteur des pondérations des
outputs et v est un (k×1) vecteur des
pondérations des inputs.
De façon formelle, l'estimateur DEA de la
frontière technologique est donné par le programme suivant :
Maximiser (u ; v) : (Uyit
vxit ~ (1)
S/C Uyit
vxit
|
= 1, i= 1, , N29 et
|
t=1 T30 u, v = 0.
Le modèle statique suppose que t=1,
ainsi, afin de sélectionner les pondérations optimales, on
spécifie le problème de programmation mathématique sous
l'hypothèse des rendements d'échelle constants suivants :
28 DMU : Decision Making Units ou Unités de
prise de Décision en français. Techniquement, il peut s'agir
d'une unité de production ou d'un pays. Dans cette étude, DMU
représente un pays. On a donc
29 N vaut bien entendu 6 pays, puisqu'il s'agit
de la zone CEMAC.
30 Dans cette étude T vaut 18 années
puisque l'étude couvre sur une période de 1996-2013
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Maximiser (u ; v) : ~Uyi
vxi ~
S/C Uyi
vxi
|
= 1, i= 1, , N (2)
|
u, v = 0.
u et v sont des scalaires
associés à chaque (DMU) qui maximise
l'efficience de chaque DMU. Néanmoins, la
résolution de ce programme peut générer une
multiplicité de solutions (par exemple si (u* ;
v*) est une solution, alors (áu*
; áv*) l'est également). Ainsi une contrainte
supplémentaire est nécessaire pour éviter ce
problème.
Les rendements d'échelle variables supposent l'ajout
d'une contrainte supplémentaire permettant de dériver vers une
forme convexe de la frontière. Sous l'hypothèse des rendements
d'échelles variables on obtient le programme tel que
développé par Banker et al (1984) suivant :
|
Maximiser (u ; v) : (uyit) S/C vxit = 1,
uyit - vxit = 0, i=1, , N,
u, v = 0.
|
(3)
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 46
Cette hypothèse de convexité est
nécessaire pour nous assurer que les scores d'efficience DEA
estimés sont convergents. Cette condition nous épargne donc du
test de convexité et nous rassure directement de la consistance des
estimations obtenues.
Comme Hounsounon (2009) et en imposant la convexité de
la frontière d'efficience, on peut écrire la dualité du
programme (3) qui permet de dériver une forme d' « enveloppement
» de ce problème dans le contexte de rendements d'échelle
variables:
(4)
N1'ë=1 ë?0
Le programme Dual s'écrit alors :
Minimiser è,ë : ëè S/C -yit +
Yë?0 èxit - Xë?0
Où O est un scalaire et ë
est un (n×1) vecteur de constantes.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 47
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
N1'ë = 1 implique la convexité de
la courbe d'efficience afin de tenir compte des rendements d'échelle
variables.
Cette forme de programmation, qui implique plus de contraintes
que la forme précédente (k+m<n+1), est
généralement la préférée dans la
résolution de ce type de problème.
Ce problème de programmation linéaire doit
être résolu n fois (car on a n DMU) afin
d'obtenir une valeur de è pour chaque
DMU. Comme mentionné ci-dessus, dans le cadre de cette
étude, le calcul des scores d'efficience repose sur l'approche
orientée vers l'input.
La valeur obtenue de è à une
période t est le score d'efficience pour une
(DMU)i à cette même période. Elle doit
satisfaire la condition 0?è?1. Si
è=1, alors on se trouve sur la frontière
d'efficience et la DMU est techniquement efficiente.
(1-è) est la quantité d'input
qu'il faut réduire sans modification d'output pour avoir une production
efficiente.
IV.2.1.2. L'estimateur DEA-MALMQUIST
L'indice de productivité total de Malmquist a
été développé à l'origine par Malmquist
(1953) avant d'être intégré dans le contexte de la
méthode DEA par Caves, Christensen et Diewert (1982) en tant qu'indice
DEA-Malmquist. Cet indice permet la décomposition simple de
l'évolution de la productivité entre évolution de
l'efficience technique (ECH) et changement technologique (TCH)
(Coelli et al. 2005). Définie comme le ratio Output/Input, la
productivité totale varie à la fois en fonction de
l'efficacité du processus de production et par le type de technologie
utilisé. Mesurer la croissance de productivité d'une industrie ou
d'un pays entre deux périodes, revient à décomposer cette
notion en deux composantes essentielles : le changement du niveau
d'efficacité technique et le changement technologique. L'indice de
Malmquist, mesure le changement de productivité totale des facteurs en
distinguant le changement d'efficience dans le temps du progrès
technique (Färe, Grosskopf, Lindgren, Ross,1994). Il est la moyenne
géométrique de ses deux composantes. L'application de l'indice
Malmquist représente un avantage non négligeable. Il peut
être calculé en absence des informations sur les prix.
L'estimateur DEA-Malmquist est calculé empiriquement en
termes de fonction distance et compare l'output obtenu en période t avec
les inputs de cette période à l'output obtenu en t avec les
inputs de la période t+1. La décomposition de cet indice permet
aux unités de suivre le rythme des leaders en matière
d'innovation et d'amélioration de l'efficacité technique dans le
temps. Notons que cet indice a l'avantage que les hypothèses de
rendement d'échelle constant et variable n'ont pas d'influence dans
l'estimation des scores d'efficience dans la mesure où elles sont
utilisées pour calculer les différentes distances
nécessaire à la construction de l'indice de Malmquist.
a. L'indice de Malmquist orienté
Output
La fonction distance orientée output à la
période t se définit comme suit (Shepard, 1970
et Färe, 1988)
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 48
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
t
Dto(Xi t, Yi t ) = min [û: (Xi
t, Yi ~ ~~
t
= [max{6: (Xi t, 6Yi)}]-1
(5)
= [Fot(Xi t, Yit)]-1
Fot (..) représente la mesure de
l'efficience technique de production de Farrell(1957).
D'après les travaux de Färe, Groskopf, Norris et
Zhang (1994), l'indice synthétique de productivité de Malmquist
est défini comme suit :
t+1 )
o(Xi t+1 ; Yi Do t+1(Xi t+1 ; Yi
t)= FDt t+1 )
Mo t (Xi t+1 ; Yi t+1 ; Xi t ; Yi i ) ~1/2
Dt o(Xi t ;Yt i ) Do t+1(Xi t ;Yt
|
(6)
|
La technologie à la période t
est celle de référence dans cette formulation. Cette
fonction de distance mesure le changement proportionnel maximum de l'output
requis pour rendre faisable relativement à la technologie de la
période t. Elle calcule la distance qui sépare
une observation de la frontière technologique. L'équation (6)
conceptualise l'indice de productivité totale de Malmquist, et peut
être reformulée comme suit :
t+1 ;
Mo t(Xi Yi t+1 ; Xi t ;
|
Dt
Yi t)=FDo t+1(Xi t+1 ; Yi t+1 ~
Dt o~Xi t ;Yi t ~ ~ ~Do t+1(Xi t+1 ; Yi t+1 ) o(Xi
t ;Yi t) t ~~1/2
Do t+1(Xi t+1 ; Yi t+1 ) Do
t+1~Xi t ;Yi
|
(7) ECH TCH
= MALMi t = ECHi t x TCHi
t
Le premier terme de l'équation (7)
représente le changement de l'efficacité technique
c'est-à-dire un rapprochement ou un éloignement de la
frontière des meilleures pratiques. Le second terme de l'équation
(7) traduit le changement technologique ou les innovations
représenté par un déplacement de la frontière de
production à la période t+1.
On peut donc calculer pour chaque unité de production i
les trajectoires dans le temps de la productivité, du changement de
l'efficacité technique et du progrès technique. Une valeur
d'ECHi t et TCHi t
supérieure à 1 traduit respectivement une
amélioration de l'efficacité technique et du progrès
technique entre les deux périodes. Si Xt= Xt+1 et
Yt= Yt+1, l'indice de productivité totale
Mo(.) = 1. Une valeur de Mo(.)
supérieure à 1, traduit un gain de
productivité. La figure ci-dessous illustre graphiquement l'approche
par la frontière de détermination de l'indice de
productivité de Malmquist (voir Charnes, Cooper, Lewin, et Seiford, 1994
pour plus de détails).
b. L'indice de Malmquist orienté input
La procédure de détermination de l'indice de
productivité de Malmquist orientée input est la même que
celle utilisée pour l'orientation output. Pour définir cet
indice, Shepard (1970) suppose qu'à chaque période t =
1,..., T, la technologie de production modélise la
transformation des inputs Xt ? Rn+ en outputs
Yt ? Rn+ .
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 49
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
En suivant le développement de Shepard, la fonction de
distance input est définie comme :
Dt i(×i t, Yit )= inf {O: (O×i t,
Yit)} (8)
×it Yit)}~ -1 = [Sup fo: ( ~ ;
Cette formulation caractérise complètement la
technologie. En prenant la technologie en t+1 comme
période de référence, l'indice de productivité de
Malmquist orienté input défini comme la moyenne
géométrique des deux indices nous donne selon Färe et al.
(1994) :
(9)
t)=fDt i(×i t+1 ; Yi t+1 ) (Di
t+1~×i t+1 ; Yi t+1 )
Mi t(×i t+1 ; Yi t+1 ; ×i t ; Yi Dt i(×i t ;Yi t )
)]
t ) ) Di t+1(×i t ;Yi
Cet indice peut se réécrire de la façon
suivante en suivant Färe et al. (1994) :
Dt
Mi t(×i t+1 ; Yi t+1 ; ×i t ; Yi t)=FDi t~×i t+1 ;
Yi t+1 ~
Dt i~×i t ;Yi t ~ 1 [Di t+1(×i t+1 ; Yi t+1 )
i×i t ;Yi t) t
~~1/2(10) Di t+1(×i t+1 ; Yi t+1
) Di t+1(×i t ;Yi
ECH TCH
La décomposition de cet indice pour tenir compte de la
variation de l'efficacité technique et du changement de la technologie
entre les deux périodes, se fait selon le même principe que
précédemment. Les termes de droite et de gauche
s'interprètent exactement de la même manière que pour les
fonctions de distance orientées en outputs.
La fonction de distance comprend quatre composantes, que ce
soit à orientation input ou à orientation output :
Dit (xt, yt) ; Di t+1
(xt+1, yt+1) ; Dit (xt+1,
yt+1) ; Di t+1 (xt, yt).
Chaque composante mesure une efficacité relative bien précise.
Quatre programmes linéaires correspondant à ces 4 composantes de
la fonction de distance sont résolus afin de calculer l'indice de
productivité de Malmquist. Selon Coelli, et al. (1998), si on a
T périodes, la règle consiste à calculer
(3T-2) programmes linéaires pour chaque firme. Pour
N firmes avec N=20 et une période de 10 ans (T=10), le
nombre de fois que le programme linéaire sera résolu est :
N*(3T-2) = 20*(3*10-2) =560 PL.
En somme, L'approche DEA-Malmquist considère dans
l'évaluation des scores, l'évolution de l'environnement
technique, social et économique du pays concerné. Cet estimateur
permet donc de mesurer la variation des scores d'efficience entre deux dates
consécutives.
IV.2.2. Efficience et croissance
Afin de tester si l'efficience des dépenses
allouées aux services publics de la santé est porteuse ou non de
la croissance économique plus vite que leur volume (vérification
de
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 50
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
l'hypothèse 2). Nous avons développé
comme Damas Hounsounon (2009) inspiré du modèle de Solow (1956),
un modèle de croissance néoclassique à la
Solow augmenté31.
Dans son modèle, Solow (1956) fait l'hypothèse
qu'un terme d'efficience At (progrès technique neutre au sens
de Harrod) vient, de manière exogène, augmenter le nombre
d'unités de travail efficace et stimuler de façon temporaire la
croissance. Ce terme d'efficience, multiplicatif du facteur travail au sein de
la fonction de production, peut être considéré comme
capital humain. Par conséquent, dans le cadre du modèle de Solow
(1956), même si la croissance s'épuise avec l'accumulation du
capital physique selon la règle des rendements décroissants des
facteurs, la présence du capital humain permet d'augmenter le taux de
croissance d'équilibre au-dessus du taux naturel n (taux de
croissance démographique). A partir de là, Mankiw, Romer et Weil
(1992), pensent qu'il est probable que l'accumulation du capital humain
réponde à un processus endogène. Ainsi, ces auteurs se
sont proposés d'intégrer dans le modèle de Solow,
l'évolution de la qualité de la main-d'oeuvre afin de mieux
rendre compte du déroulement de la croissance économique. Ceci se
justifie par le fait qu'on peut accroître le capital humain en
investissant dans le système éducatif, dans le système de
santé, etc. Leur analyse part de la thèse selon laquelle
l'accumulation du capital physique ne suffit pas (dans le modèle de
Solow) pour expliquer la disparité des performances
économiques.
IV.2.2.1. Présentation du modèle
théorique de base
Le modèle théorique de base qui servira à
notre analyse est fondé sur le modèle de croissance de Mankiw et
al. (1992), Knight et al. (1993), Ghra et Hadjmichael (1996), Demetriades et
Law (2006). Ainsi comme l'ont fait ces auteurs, la fonction de production
considérée est une fonction de production
néoclassique32 du type Cobb Douglas et satisfait les
conditions d'Inada33.
Sa forme générale est donnée par :
Yt= F(Kt, Ht, AtLt) = Kt aHt bAtLt 1-a-b a?0, b?0, a+b?1.
(11)
Où Yt est le niveau de la production, Kt le capital
physique, Ht le capital humain, At le niveau de la technologie, et Lt le
travail.
Grâce aux rendements d'échelle constants
(propriété des fonctions néo classiques), la
fonction de production (11) peut s'écrire sous la forme per
capita suivante :
Yt= F(Kt, Ht, AtLt) = AtLt F(Kt, Ht, AtLt) = F(Kt/
AtLt, Ht/ AtLt, 1) = AtLtf(kt, ht)=
kta htb (12)
Avec kt et ht les variables par têtes
ou variables intensive, ou variables par unité de travail efficace.
31 Le modèle présenté par Mankiw, Romer
et Weil en 1992 « A Contribution to the Empirics of Economic Growth
», Quarterly Journal of Economics. est souvent qualifié de
modèle de Solow augmenté.
32 Une fonction de production F(K,L) est dite
néoclassique si elle vérifie les propriétés de
décroissance des productivités marginales (F'k?0 ; F `'k0, F'L?0
; F»L?0) et de rendement d'échelle constant [F(cK, cL)=cF(K,L)].
33 Les conditions d'Inada sont telles que
lim~?~~ F'k = 0; limK?O F'k = +8 ; lim~?~~ F'L =
0;limL?O F'L = +8
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
En outre le modèle suppose que At et Lt
croissent aux taux respectifs g et n tels que :
At= A0e(gt+áX) et Lt=
L0ent
(13)
Où X est un vecteur de politique et autres
facteurs pouvant affecter le niveau de la technologie et l'efficacité de
l'économie tels que le degré d'efficience des services publics,
les dépenses publiques de santé et d'éducation, le
degré d'ouverture etc., á représente le vecteur
des coefficients relatifs à ces politiques et autres variables.
Par ailleurs le modèle suppose que les individus
consacrent une fraction de leurs revenus sk à l'acquisition des biens
d'équipement et une fraction sh à l'accumulation du capital
humain. En outre le modèle suppose également que le capital
humain et le capital physique se déprécient au même taux
ä. Les équations d'accumulation des capitaux sont alors
données par :
?kt= skyt - (n+g+ä)kt (14)
Äht= shyt - (n+g+ ä)ht (15)
Où ?kt et Äht désignent respectivement la
variation instantanée de l'intensité capitalistique et du capital
humain.
En régime permanant (à l'état
stationnaire34) les variations de l'intensité capitalistique
et du capital humain par tête sont nulles. Dans ces conditions, on aura
:
skyt = (n+g+ä)kt (16)
shyt = (n+g+ ä)ht (17)
Le rapport de ces deux relations (16 et 17) donne :
(18)
ht
kt
=
sk sh
En utilisant ce résultat de l'équation (18) et
la fonction de production intensive (équation 12), on arrive à
établir que :
(sk1-b shb)
ä
n+g+
1
1--a--b h*=
(ska sh
1-a \
n+g+ 8)
K* =
1
1--a--b
(19)
D'après la relation (12) on a :
(
Y )* =
(k*)a(h*)b ·=>
(Y)* = y* =(A*)
(k*)a(h*)b AL
L (20) La relation (20), représente
la production par ouvrier à l'état d'équilibre.
A l'état stationnaire, en substituant les relations
(19) et (20), dans la relation précédente, on obtient :
(sk1-b shb)
ä
n+g+
1
1-a
1--a--b ( ska sh \
n+g+ 8)
1
1--a--b
y*= A0egt+ax
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 51
34 L'état stationnaire ou sentier de
croissance équilibrée est une situation de long terme où
toutes les variables de l'économie croissent à taux constant.
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Mankiw et al. (1992), supposent que le taux
d'amélioration de l'efficacité technologique g
est constant au cours du temps.
? y*= A0 ~ 1
~~~~ ~~
|
a+b
|
|
a
|
|
|
b
|
|
1-a-b. sk
|
|
|
|
1--a--b sh
|
1--a--b (21)
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 52
L'équation réduite du modèle de Solow
augmenté prend la forme log-linéaire suivante :
~ ~~~
1 1 1
--a--b lnsk + --a--b lnsh -
--a--bln(n+g+ä) (22)
lnY*= lnA0 + g + áX + + ~
Par ailleurs, g + ä = 0.05 (Mankiw,
Romer, et Weil 1992). En regroupant les termes constants lnA0,
et g dans un même terme constant a0 ;
on obtient après arrangement de l'équation (22) la relation entre
l'efficience des services publics et le produit par ouvrier (après ajout
des indices temps et individus):
Lnyi,t*= a0 + áXi,t+a1lnki,t +a2lnhi,t
+a3ln(ni+gi+äi)
Où X est l'ensemble des facteurs
pouvant affecter le niveau de la technologie et l'efficacité de
l'économie tels que le degré d'efficience des services publics,
les dépenses publiques de santé et d'éducation, le
degré d'ouverture, le risque politique, etc., á représente
le vecteur des coefficients relatifs à ces politiques et autres
variables.
D'où nous formulons en s'inspirant de Hounsounon (2009)
le modèle économétrique qui nous servira de base aux
modèles empiriques qui seront estimés :
S
G = a0+ a1X + ~
Dans cette équation, G
représente la variable dépendante qui est le taux de
croissance du PIB/tête ; X regroupe un ensemble de neuf (08)
variables exogènes qui sont introduites dans les modèles de
façon graduelle ; et ì le terme d'erreur.
IV.2.2.2. Modèles
économétriques
Comme annoncé plus haut, nous estimerons deux (02)
modèles qui diffèrent l'un de l'autre par l'intégration
des variables par ordre de préférences et selon le type d'impact
recherché. En effet nous estimerons différemment les impacts des
dépenses publiques en Santé d'une part et les impacts des scores
d'efficience de ces dépenses sur la croissance économique d'autre
part. Cette distinction nous épargne des effets de masque ; l'effet
individuel de chaque variable d'intérêt apparaîtra alors
clairement. Ainsi pour l'ensemble des 6 pays de la zone CEMAC, on a :
Modèle 1 : TCPIBi,t= a0 +
a1FBCFi,t + a2TBSESi,t + a3TCPOPi,t + a4TCi,t+
a5INFLi,t + a6IPCi,t + a7DSi,t + åi,t
Modèle 2 : TCPIBi,t = a0 +
a1FBCFi,t + a2TBSESi,t + a3TCPOPi,t + a4TCi,t+
a5INFLi,t + a6IPCi,t + a7SEDSi,t + ìi,t
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 53
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Ces différents modèles montrent bien qu'il
s'agit des modèles de panel puisque les observations sont
compilées sous forme de données de panel (observations
répétées sur chaque pays et dans le temps). Nous avons
privilégié ce type d'analyse parce qu'il donne non seulement,
l'avantage de disposer de séries chronologiques de taille acceptable
pour l'analyse, mais aussi et surtout il permet de rendre compte
simultanément de la dynamique des comportements et de leur
éventuelle hétérogénéité entre les
pays, ce qui n'est pas possible avec les séries temporelles ou les
coupes transversales (Quenum Venant c.c., 2008). Les coefficients obtenus par
estimation de modèle de panel peuvent donc varier à la fois dans
le temps et dans l'espace (entre les pays).
Ainsi, l'un des premiers problèmes qu'il faut
résoudre est celui du choix de la spécification qui répond
mieux à nos attentes. C'est pourquoi, avant de passer aux estimations,
nous effectuerons des tests de spécifications pour rechercher
l'existence ou non d'effet spécifique à chaque pays.
IV.3. Choix des variables
Les variables à utiliser dans le cadre de ce travail
sont de deux ordres : celles utilisées pour l'estimation des scores
d'efficience et celles pour évaluer l'impact du degré
d'efficience sur la croissance.
IV.3.1. Variables relatives aux scores d'efficience
L'OMS suggère plusieurs types indicateurs pour mesurer
l'efficience des systèmes de santé dans son rapport sur la
santé. Toutefois, nous avons retenu (comme Damas Hounsounon,
2009 inspiré par Saoussen Ben Romdhane, 2006) pour chaque pays,
les variables suivantes :
? Les inputs : les dépenses
publiques de santé uniquement (en pourcentage totale du PIB) d'une
part pour un problème de disponibilité de données
sur une longue période, et d'autre part ce qu'elles
reflètent l'intérêt qu'attache le gouvernement dans le
secteur de la santé
? Les outputs : l'espérance de vie
à la naissance et le taux de mortalité infantile sont les
deux outputs retenus pour mesurer la production
publique. il s'agit des indicateurs les
plus couramment utilisés par l'OMS et les auteurs pour refléter
l'état de la santé de la population et effectuer des comparaisons
internationales.
IV.3.2. Variables relatives aux modèles
économétriques
Afin d'évaluer l'effet des scores d'efficience des
dépenses publiques de santé sur la croissance économique
dans les pays de la zone CEMAC, nous distinguons deux types de variables :
d'une part la variable endogène ou dépendante, et d'autre part
les variables explicatives.
Variable endogène
La littérature nous enseigne que pour apprécier
les niveaux de vie on fait recours au PNB par tête et lorsqu'il s'agit
d'analyser l'activité économique d'un pays on prend le
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 54
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
PIB par tête. Or dans le cas de cette étude, il
est question d'analyser l'évolution des activités
économiques dans la zone CEMAC et ceci dans une dynamique d'efficience
des dépenses socio-publiques; d'où le choix du taux de croissance
du PIB par tête comme variable endogène est indispensable.
Variables exogènes
Nous avons utilisé :
+ Le capital physique : il est mesuré
par le ratio de la formation brute du capital fixe et du
FIB. Elle a été identifiée comme un
déterminant clé de la croissance économique depuis les
modèles de Solow(1956) et Swan (1956). Etant donné cette
littérature, le signe attendu du coefficient de cette variable est un
signe positif.
+ Le capital humain : cette variable est
introduite dans le modèle conformément à la théorie
de la croissance endogène dans le but de mesurer l'impact du niveau
d'éducation sur la croissance économique (modèle de
Lucas). Plusieurs études (Becker, 1972, Barro, 1998 et 2000, Hewitt,
2005) ont démontrées que le capital humain est un facteur
déterminant de la croissance économique. le signe attendu du
coefficient de cette variable est donc positif. Il est souvent mesuré
par le taux de scolarisation brut dans l'enseignement primaire ou secondaire,
le taux d'alphabétisation, ou par le rapport enfants scolarisés
dans le primaire sur la population active. Ici, en se basant sur le travail de
Mankiw, Romer, et Weil (1992) comme Proxy du capital humain nous avons retenu
le taux brut de scolarisation dans l'enseignement secondaire
(TBSES).
+ La densité de la population : elle
est mesurée ici par le taux de croissance
démographique. Selon
le modèle de croissance de Solow (1956), à long terme, le taux de
croissance de l'économie dépend des paramètres du
modèle à l'instar du taux de croissance démographique.
D'après le modèle de Solow, une augmentation du taux de
croissance démographique entraine une diminution de la
croissance. Le signe attendu est donc négatif.
+ Degré d'ouverture : il est
mesuré par le taux de couverture (TC),
calculé à partir du ratio de la somme des exportations et des
importations par rapport au PIB. De nombreuses études empiriques ont
montré que l'ouverture commerciale et la libéralisation
commerciale favorisent la croissance économique (Hounsounon,
2009 ; Romdhane, 2006). Selon les théoriciens du
libre-échange, plus une économie est ouverte, mieux elle
s'intègre à l'économie mondiale et donc meilleures seront
ses performances économiques. Le signe attendu du coefficient de cette
variable est donc un signe positif.
+ L'inflation : cette variable est
captée par le taux d'inflation. L'inflation
est définie comme la hausse généralisée des prix du
à un déséquilibre entre l'offre et la demande globale des
biens et services disponibles sur le marché. Une inflation forte accroit
le cout du capital, et par conséquent décourage l'investissement
à long terme et exerce un effet nuisible sur la croissance
économique. Un taux d'inflation élevé est synonyme
d'instabilité macroéconomique ; car il influence
négativement les performances macroéconomiques d'un pays
(Edwards, 1998). Le signe attendu du coefficient de cette variable est un signe
négatif.
+ Dépenses publiques : Il existe une
littérature abondante et controversée sur les effets des pouvoirs
publics sur l'évolution de l'économie. Pour les uns, le
gouvernement
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 55
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
fourni un ensemble de biens publics qui sont
complétés par la production du secteur privé dont la
résultante est l'essor économique (Barro, 1990 ; Rebelo, 1993).
Pour les autres, l'augmentation de la consommation publique est
accompagnée par un accroissement des taxes et une monétarisation
accrue du déficit budgétaire, lesquelles dénaturent
l'allocation des ressources, augmentent l'inefficacité et
réduisent la croissance (Ojo et al, 1995). Il est donc clair que les
dépenses gouvernementales influencent beaucoup la croissance
économique.
? La gouvernance : depuis les années
90, la gouvernance fait l'objet d'un grand nombre de travaux qui fournissent
des résultats aussi bien convergents que contradictoires, suscitant
ainsi des réflexions supplémentaires sur l'impact réel que
peut avoir son amélioration. Aussi, plusieurs travaux théoriques
et empiriques ont-ils été menés pour montrer la relation
entre la qualité de gouvernance et la croissance économique dont
les plus répandus sont ceux réalisés par Kaufman (1996) et
Mauro (1995). Selon Transparency International (TPI), la qualité de la
gouvernance peut se mesurer par l'indice de perception de la
corruption (IPC). L'IPC a été mis en place en 1995
par Kauffman avec pour vocation d'être un indicateur composite
utilisé pour mesurer la perception de la corruption dans le secteur
public dans différents pays du monde. L'IPC
évalue et classe les pays ou les territoires selon le
degré de corruption perçue dans le secteur public. C'est
l'indicateur de corruption le plus utilisé à l'échelle
mondiale. La Banque Mondiale quant à elle, en distingue 6 indicateurs
à savoir voix et responsabilité
(indicateur de niveau des libertés civiles et de
fonctionnement des institutions politiques), stabilité
politique (indicateur du niveau de stabilité
politique), qualité de régulation
(liberté de fonctionnement des marchés),
Etat de droit (respect des lois et règlements
par les citoyens et l'Etat), efficacité gouvernementale
(capacité de l'Etat à formuler et appliquer sa
politique), contrôle de la corruption
(indicateur de contrôle de la corruption).
Néanmoins dans le cadre de notre travail, compte tenu de notre
contexte nous nous sommes basés sur le seul indicateur indice de
perception de la corruption plus précisément l'indice de
perception de la corruption (IPC) de Kauffman.
Le tableau (4.1) présente de façon
générale les variables ainsi que les signes attendus.
Tableau 4.1 : Récapitulatif des
variables et signes attendus des coefficients des variables
Variables
|
Signification
|
Signe attendu
|
TCPIB
|
Le taux de croissance du produit intérieur brut
|
Variable endogène
|
FBCF
|
La formation brute du capital fixe
|
+
|
TBSES
|
Le taux brut de scolarisation dans l'enseignement secondaire
|
+
|
TCPOP
|
Taux de croissance de la population
|
-
|
TC
|
Taux de couverture
|
+
|
INFL
|
Inflation
|
-
|
IPC
|
Indice de perception de la corruption
|
-
|
DS
|
Dépenses publiques de santé
|
incertain
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 56
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
SEDS
|
Score d'efficience des dépenses publiques de
santé
|
incertain
|
Source : Auteur à partir de la
revue de la littérature existante.
IV.4 Tests de spécification
Avant de passer aux estimations de nos équations, il
est important d'effectuer un ensemble de tests préliminaires
indispensables afin de déceler la présence ou non d'effet
spécifique relatif à chaque pays, de s'assurer de la
méthode d'estimation adéquate et enfin d'éviter les
régressions fallacieuses. Par ailleurs après estimation, il est
important en outre d'effectuer une série de test pour s'assurer de la
robustesse de nos résultats et de la significativité de nos
estimateurs.
IV.4.1. Les tests préliminaires
Il s'agit des tests d'homogénéité,
d'hétéroscédasticité, d'autocorrélation et
de racine unitaire.
a. Le test
d'homogénéité
Le test d'homogénéité de Fisher permet
de voir sir les variables sont homogènes. Ainsi on pose :
L'hypothèse nulle (H0) testée est qu'il y a
homogénéité, contre l'hypothèse alternative (H1)
qui stipule que les variables sont hétérogènes. A un
niveau de signification fixé à priori de 1%, si la
probabilité du test est inférieure à ce seuil, on conclut
au rejet de l'hypothèse nulle et à l'acceptation de
l'hypothèse alternative.
b. Le test
d'hétéroscédasticité
Ce test se fera à travers le test de Breusch-Pagan
pour voir si notre modèle est homoscédastique ou non. Si c'est le
cas nous utiliserons le modèle des MCO pour estimer notre modèle
mais dans le cas contraire on utilise le modèle des MCG. Dans ce cas, on
supposera sous l'hypothèse nulle que homoscédastique (variance
est constante et finie) et sous l'hypothèse alternative que le
modèle est hétéroscédastique (variance n'est pas
constante). Pour un seuil de significativité fixé à priori
de 1 %, si la probabilité du test est inférieure à ce
seuil, on conclut au rejet de l'hypothèse nulle et à
l'acceptation de l'hypothèse alternative.
c. Le test d'autocorrélation de
Wooldridge
Ce test permet de détecter la présence
d'autocorrélation. On teste L'hypothèse nulle (H0) : il y'a
autocorrélation, contre l'hypothèse alternative (H1) qui stipule
qu'il n'y a pas d'autocorrélation. Ainsi pour des seuils de
signification de 1%, 5% et 10% si la probabilité du test trouvée
est supérieure à ce seuil préalablement choisi et bien
justifié, on accepte l'hypothèse nulle (Ho).Ainsi, si
le modèle est à la fois autocorrélé et
hétéroscédastique alors nous estimerons notre
modèle par la méthode des MCG.
d. Le test de stationnarité ou de racine
unitaire
Pour éviter de régressions fallacieuses, il est
toujours nécessaire de réaliser des tests de stationnarité
ou de racine unitaire sur des données longitudinales, pour analyser dans
quelle mesure ces données ne sont pas influencées par le temps.
Pour détecter
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 57
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
l'existence de racine unitaire, nous utiliserons le test
d'Im-Pesaran et Shin (IPS) L'hypothèse nulle (H0) testée est la
suivante : la variable à une racine unitaire contre l'hypothèse
alternative (H1) stipulant que la variable ne possède pas de racine
unitaire. A un niveau de signification fixé à priori de 1%, si la
probabilité du test est supérieure à ce seuil, on conclut
au rejet de l'hypothèse nulle et à l'acceptation de
l'hypothèse alternative.
e. Le test de spécification de Hausman
Le choix entre modèle à effets fixes et
modèles à effets aléatoires dépend des
considérations suivantes : la nature de l'effet individuel, le nombre
d'unités statiques, la nature de l'échantillon ; le type
d'induction qu'on veut faire. Toutefois le test permettant de distinguer les
effets fixes des effets aléatoires est le test de
spécification de Hausman. Le test de Hausman permet de
déterminer si les coefficients des deux estimateurs (fixes et
aléatoires) sont statistiquement différents. Ce test fondé
sur l'hypothèse de non corrélation entre les termes d'erreur et
les variables explicatives (hypothèse du modèle à effets
aléatoires) .Cette hypothèse indique que les deux estimateurs
sont non biaisés et de ce fait, les coefficients estimés
devraient peu différer. Le test est basé sur la comparaison de la
matrice-covariance des estimations fixe (â f) et
aléatoire (âá) :
H= (âf - âá) var (âf -
âá) -1(âf -
âá)
Le résultat suit une loi de ÷2 avec k-1
degré de liberté. Si la p-value est supérieur au niveau de
signification, l'hypothèse nulle est acceptée et dans ce cas on
utilisera le modèle à effets commun ou fixes (MCO). Il est
important de noter que ce modèle ne sera utilisé que dans le cas
où on trouve précédemment à travers le test d'auto
corrélation et d'hétéroscédasticité que le
modèle est non auto corrélé et homoscédastique.
Sinon, nous utilisons la méthode des MCGF (Moindres Carrés
Généralisé Faisables).
IV.4.2. les tests de significativités
Il s'agit des tests de significativité individuelle des
coefficients de Student et significativité globale de Fisher.
a. Le test de Student
Il est applicable lorsque la taille de l'échantillon
est inférieure à 30. Au cas contraire, la valeur lue dans la
table sera celle correspondant à la valeur infinie ou celle de la table
de la loi normale (Bourbonnais, 2007). Il se déroule ainsi après
avoir défini un seuil de significativité (á), on
détermine le nombre de degré de liberté qui est
égal à n-k-1(n est la taille de l'échantillon, k est le
nombre de variable exogènes). On pose les hypothèses à
tester suivantes :
H0 : La valeur estimée de chaque coefficient est nulle
(â=0).
H1 : La valeur estimée de chaque coefficient est
différente de zéro (â?0).
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 58
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Pour chaque coefficient, la valeur calculée de la
statistique s'obtient à partir de la formule suivante : Tcal= (valeur
estimée du coefficient moins la valeur réelle du coefficient) sur
écart type de la valeur estimée du coefficient.
La valeur lue de la statistique de student s'obtient dans la
table de student à partir de la formule suivante :Tlu= Tá(n-k-1)
degré de liberté pour une valeur de á choisie.
Si Tcal ? Tlu, alors, on rejette
l'hypothèse nulle et on conclut que le coefficient est significatif.
b. Le test de Fisher
Ce test permet de s'assurer de l'aptitude du modèle
à représenter convenablement le phénomène
étudié. Il s'effectue sur la base de la valeur du coefficient de
détermination R2. Comme pour le test précédent,
on choisit d'abord un seuil de signification, puis on cherche la valeur
calculée de la statistique sur la base de la formule : Fcal= (n-k)
R2/ (k-1) (1-R2). Cette valeur est comparée
à la valeur lue dans la table de Fisher à (k-1 ; n-k)
degré de liberté.
Les hypothèses sur lesquelles reposent ces tests sont les
suivantes :
H0 : les valeurs estimées des coefficients sont toutes
nulles (/31=/32=...=/3n=0).
H1 : les valeurs estimées des coefficients sont toutes
différentes de zéro
(/31=/32=...=/3n=0).
La règle de décision est la suivante : Si
Fcal > Flu, on rejette l'hypothèse nulle et le
modèle est globalement significatif.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 59
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
5
RESLULTATS ET
DISCUSSIONS
Rappelons que cet étude vise à calculer les
scores d'efficience des dépenses publiques de santé des pays de
la CEMAC afin d'assigner à chaque pays un score d'efficience indiquant
si des économies de ressources peuvent être effectuées
compte tenu des performances réalisées par les pays les plus
efficients. Par la suite, analyser l'impact de ces scores d'efficience des
dépenses publiques de santé sur la croissance économique
des pays de la zone. Ainsi, le présent chapitre présente non
seulement les résultats des différentes estimations
effectuées mais aussi les interprétations économiques qui
en découlent.
V.1 Estimation des scores d'efficience des
dépenses publiques de santé en zone CEMAC
Il est question ici de présenter les résultats
de l'estimation des scores d'efficience des dépenses publiques de
santé que nous interprèterons par la suite.
V.1.1. Présentation des résultats
Dans le cadre de cette étude, bien que estimer les
scores d'efficience par l'orientation output semble important, le calcul de ces
scores compte tenu du contexte économique des pays de la zone CEMAC,
repose sur l'orientation input, celle-ci permet d'évaluer de combien la
quantité d'input doit être réduite sans faire varier la
quantité d'output. En d'autres termes de combien faut-il diminuer les
dépenses publiques dans le secteur de la santé tout en gardant le
même niveau de rentabilité de ces dépenses, afin de
financer d'autres objectifs sociaux, y compris ceux qui auraient une incidence
positive plus forte sur le bien-être de leurs populations. Cette
méthode orientée vers les inputs est, selon
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Saoussen Ben Romdhane (2006) et Damas Housounon (2009) plus
pertinente car elle permet de dégager des résultats plus utiles
aux décideurs politiques.
Nous avons estimé les scores d'efficience santé
des 6 pays par la méthode DEA-Malmquist ; l'étude couvre sur une
période de 18ans, soit de 1996-2013. Par la suite, les scores
d'efficience sont estimés à l'aide du logiciel
Win4DEAP35. Ces scores sont compris entre 0 et 1 ; plus ils se
rapprochent de l'unité plus les dépenses de santé sont
efficientes. Par exemple si le score d'efficience santé d'un pays pour
une année i considérée est de 0,58 soit 58%, alors selon
l'orientation input, 42% des dépenses publiques de santé ne
contribuent pas efficacement à la production des services publics de
santé de l'année i.
Les résultats d'estimation de ces scores sont
présentés à l'annexe I. Toutefois, le tableau ci-dessous
fait une synthèse de ces résultats.
Tableau 5.1 : Synthèse des
résultats de l'estimation des scores d'efficience des dépenses
publiques de santé en zone CEMAC
Année
|
Cameroun
|
Congo
|
Gabon
|
Guinée E.
|
RCA
|
Tchad
|
Moyenne
|
Min
|
Max
|
1996
|
1**
|
0,514
|
0,799
|
0,421*
|
0,756
|
0,511
|
0,6002
|
0,421
|
1
|
1997
|
1**
|
0,511*
|
0,946
|
0,550
|
0,819
|
0,578
|
0,6808
|
0,511
|
1
|
1998
|
1**
|
0,351
|
0,521
|
0,342*
|
0,703
|
0,535
|
0,4904
|
0,342
|
1
|
1999
|
1**
|
0,475
|
0,789
|
0,652
|
0,547
|
0,474*
|
0,5874
|
0,474
|
1
|
2000
|
1**
|
0,768
|
0,929
|
0,546
|
0,530
|
0,399*
|
0,6344
|
0,399
|
1
|
2001
|
1**
|
0,861
|
0,955
|
1**
|
0,691
|
0,507*
|
0,8028
|
0,507
|
1
|
2002
|
0,785
|
0,800
|
0,895
|
1**
|
0,536
|
0,418*
|
0,7298
|
0,418
|
1
|
2003
|
0,997
|
1**
|
0,928
|
1**
|
0,741
|
0,484*
|
0,8306
|
0,481
|
1
|
2004
|
1**
|
0,853
|
0,887
|
1**
|
0,756
|
0,717*
|
0,8426
|
0,717
|
1
|
2005
|
0,863
|
0,704
|
0,924
|
1**
|
0,534*
|
0,541
|
0,7406
|
0,534
|
1
|
2006
|
1**
|
0,787
|
0,955
|
0,751
|
0,718*
|
1**
|
0,8422
|
0,718
|
1
|
2007
|
1**
|
0,714
|
0,889
|
0,618
|
0,466*
|
1**
|
0,7374
|
0,466
|
1
|
2008
|
0,793
|
0,711
|
0,913
|
0,444*
|
0,369
|
1**
|
0,6874
|
0,444
|
1
|
2009
|
0,816
|
0,966
|
0,772
|
0,247*
|
0,702
|
1**
|
0,7374
|
0,247
|
1
|
2010
|
0,710
|
0,827
|
0,763
|
0,360*
|
0,565
|
1**
|
0,703
|
0,360
|
1
|
2011
|
0,555
|
0,575
|
0,582
|
0,358*
|
0,460
|
1**
|
0,595
|
0,358
|
1
|
2012
|
0,585
|
0,432
|
0,615
|
0,355*
|
0,511
|
1**
|
0,5826
|
0,355
|
1
|
2013
|
0,858
|
0,821
|
1**
|
0,881
|
1**
|
0,696*
|
0,8796
|
0,696
|
1
|
Moyenne
|
0,8868**
|
0,7039
|
0,8368
|
0,6403
|
0,6336*
|
0,7144
|
0,7133
|
0,6336
|
0,8868
|
Min
|
0,585
|
0,351
|
0,521
|
0,247
|
0,369
|
0,399
|
0,4904
|
|
|
Max
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
0,8796
|
|
|
Source : calculs de l'auteur à
partir du logiciel WIN4DEAP version 2.1 ** : score d'efficience le plus
élevé de l'année i. * : score d'efficience le plus faible
de l'année i.
35 DEAP (Data Envelopment Analysis Program) est un
logiciel écrit en 1996 par le Professeur Coelli Tim J. du Center of
Efficiency and Productivity Analysis, Department of Econometrics, University of
New England(Australie). Comme DEAP est un programme DOS, une version compatible
avec Windows a été développée (Win4DEAP). Win4DEAP
est l'interface Windows de DEAP développé par Michel Deslierres
(2006, University of Moncton)
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 60
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 61
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
V.1.2. Interprétations économiques
De façon globale, les résultats du tableau (5.1)
montrent que même si les degrés d'efficience ne sont pas
très faibles, les services sociaux sanitaires ne sont pas efficients
dans l'ensemble de la Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale sur toute la période considérée.
En effet, il ressort de nos estimations que les pays de la
zone CEMAC affichent un degré d'efficience moyen de 0,713 soit 71,3% sur
toute la période. Ce résultat signifie que sur toute la
période des 18ans (1996-2013), 28,7% des ressources publiques de
santé ont été gaspillées et par conséquent
n'ont pas été allouées efficacement au financement des
services sociaux de santé ; ainsi, les pays de la zone CEMAC pris
globalement pouvaient réduire leurs dépenses de santé
d'environ 28,7% pour avoir les mêmes performances, plus
précisément le même niveau d'espérance de vie
à la naissance, le même niveau de taux de mortalité
infantile. En d'autres termes les gouvernements de ces pays dans l'ensemble
pouvaient allouer moins de ressources au secteur de la santé sans pour
autant dégrader leurs résultats sanitaires afin de financer
d'autres secteurs sociaux de l'économie à incidence positive sur
le bien-être de leur population. Ce résultat pourrait s'expliquer
d'une part, par une gestion perfectible des pouvoirs publics ne tenant pas
compte des règles de gestion saine nourries par un souci
d'efficacité. Et d'autre part à la faible adéquation entre
les activités qui sont inscrites dans les budgets et les besoins
réels de santé des populations. Néanmoins ces
résultats sont conformes à ceux obtenus par Hounsounon (2009) en
zone UEMOA, où les résultats sont encore plus décevant
dans le secteur de la santé ; car selon les estimations de l'auteur,
54,7% en moyenne (soit un score d'efficience moyen de 0,453) des
dépenses sociales de santé sont gaspillées et ne
contribuent pas efficacement au financement des services sociaux sanitaires de
l'espace UEMOA. Par ailleurs, ces résultats corroborent également
les résultats obtenus par Romdhane et Neticha (2006) qui ont
montré à l'aide du logiciel DEAP, que les pays en
développement sont seulement efficients à 30% dans la production
de tels services.
Le Cameroun et le Gabon viennent en tête avec
respectivement en moyenne sur toute la période un score d'efficience de
0,887 (soit 88,6%) pour le Cameroun et 0,837 (soit 83,7%) pour le Gabon.
Paradoxalement, ces deux pays bien qu'ils allouent au secteur sanitaire les
niveaux de ressources les plus faibles de la zone, présentent toutefois
les résultats les plus élevés, plus
précisément une espérance de vie après la naissance
la plus élevée et un taux de mortalité infantile le plus
faible de la sous-région. Ces résultats peuvent être dus
à l'importance du secteur de la santé dans ces pays, à
travers de meilleures pratiques d'approvisionnement, les campagnes de
vaccination courantes contre les maladies infantiles tel que la rougeole la
poliomyélite, les programmes de dépistage et de lutte contre les
maladies transmissibles de la mère à l'enfant, une optimisation
des incitations pour les prestataires ou une rationalisation des
procédures de financement et d'administration et des infrastitures
sanitaires dont ils disposent.
La RCA et la Guinée Equatoriale sont les pays les plus
inefficients de l'échantillon avec respectivement en moyenne un score
d'efficience de 0,634 et 0,64 sur toute la période. Ces résultats
signifient que les gouvernements de ces pays gaspillent
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 62
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
respectivement près de 36,6% (pour la RCA) et 36% (pour
la Guinée E.) leurs ressources allouées au secteur de la
santé. Par ailleurs dans la zone CEMAC, la RCA et la Guinée E.
sont les pays qui présentent les dépenses publiques de
santé les plus élevées mais où le taux de
longévité après la naissance des enfants de 0 à 5
ans est le plus faible. Ce résultat peut être dû à la
faiblesse des infrastitures (formations sanitaires, centre de santé,
district de santé...) le manque d'équipements (dans la plupart
des cas en cas d'accouchements par voie césarienne) et de personnel
santé qualifié en particulier dans les zones rurales (Personnel
infirmier et sages-femmes pour 10 000 habitants), les procédures de
financement et de réglementation très longues, la faible
rémunération du personnel qui oblige ces derniers à
l'acceptation des pots de vin occultant l'accès des individus aux
services de santé dont ils ont besoin. D'autre part à de fortes
instabilités socio politique faisant croitre le taux de mortalité
(cas de la RCA).
En somme, même si les dépenses publiques de
santé en zone CEMAC sont très faibles en référence
à la norme internationale qui fixe à 15% la part des budgets des
gouvernements dans le secteur de la santé ; fort est de constater au
regard de nos estimations que malgré la faible part des ressources
allouées à ce secteur, les dépenses publiques de
santé sont inefficientes dans la zone ; plus précisément
28,7% de ces dépenses ont été gaspillées de
1996-2013 à cause de l'inefficience due à une gestion
déficiente de ces ressources. Ce qui infirme ainsi notre 1ere
hypothèse de travail.
Le tableau (5.2) présente le classement des pays de la
communauté selon leur score d'efficience moyen sur la période de
1996-2013.
Tableau 5.2 : Classement des pays de la zone
CEMAC selon leur degré d'efficience moyen dans le secteur sanitaire
Rang
|
Pays
|
Score d'efficience Moyen
|
1
|
Cameroun
|
0,887
|
2
|
Gabon
|
0,837
|
3
|
Tchad
|
0,714
|
4
|
Congo
|
0,704
|
5
|
Guinée Equatoriale
|
0,64
|
6
|
RCA
|
0,634
|
Source : Auteur à partir de nos
estimations.
V.2. Impact des scores d'efficience des dépenses
de santé sur la
croissance économique dans l'espace CEMAC
Afin de tester si les dépenses allouées aux
services publics de santé sont porteuses ou non de croissance
économique pour un échantillon en coupe transversale de 6 pays,
sur la période 1996-2013, nous avons construit deux
spécifications de régressions de la croissance du P11B/tête
à la Solow augmenté (le modèle MRW : Mankiw, Romer et
Weil). La première privilégie la part des dépenses
publiques allouées au secteur de la santé par rapport au P11B. La
seconde tient compte seulement de l'indicateur d'efficience de ces
dépenses comme mesure de la qualité des dépenses publiques
de ce secteur. Ces
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 63
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
deux spécifications ont pour but de montrer qu'une
bonne utilisation des ressources publiques est source de croissance
économique et donc de réduction de la pauvreté,
plutôt qu'une augmentation de celles-ci. Ainsi, cette sous-partie
présente les résultats de nos estimations, toutefois elle
présente de prime abord les résultats des différents tests
préliminaires ayant justifiés le choix de notre méthode
d'estimation.
V.2.1. Résultats des tests préliminaires
Pour des raisons économétriques, nous avons
effectué uniquement les tests d'homogénéité,
d'hétéroscédasticité, d'autocorrélation et
de racine unitaire.
a. Résultats du test
d'homogénéité
Rappelons que le test d'homogénéité
(f31=f32=.....=f38) consiste à déterminer si l'on est en droit de
supposer que le modèle théorique étudié est
parfaitement identique pour tous les pays, ou au contraire s'il existe des
spécificités propres à chaque pays. Les résultats
de ce test effectué à partir du logiciel
économétrique STATA 12(confer annexe II) sur l'ensemble des 2
modèles sont résumés dans le tableau (5.3) ci-dessous.
Tableau 5.3 : Résultats des tests
d'homogénéité
Modèles
|
F-statistic
|
P-value
|
Décision
|
Modèle 1
|
1,20
|
0,3276
|
On accepte H0
|
Modèle 2
|
1,41
|
0,2458
|
On accepte H0
|
Source : Estimation de l'auteur
à partir du logiciel Stata 12.
A la lecture de ce tableau, la p-value associée
à la statistique de Fisher de ce test pour chaque modèle est
nettement supérieur à 10% et donc à 5% et 1%. On accepte
l'hypothèse nulle d'homogénéité des coefficients
des modèles (les effets fixes sont tous significativement nuls).
L'hypothèse d'un panel homogène est retenue.
Ainsi, il semblerait au regard du résultat de ce test
qu'il n'existe pas de facteurs atemporels dans les pays du panel d'étude
qui justifieraient des niveaux conjoncturels de croissance économique
spécifique aux pays. La dynamique de l'activité économique
serait homogène sur la période et probablement tributaire d'une
gestion efficiente des ressources publiques. Etant donné
l'homogénéité du panel donc, le test d'Hausman de
discrimination des effets fixes et aléatoires n'est plus
nécessaire. L'utilisation des Moindres carrés ordinaires (MCO)
semblerait le mieux adapter à cette situation. Toutefois, avant de
passer à l'estimation par les MCO, nous avons effectué de prime
abord les tests d'hétéroscédasticité et
d'autocorrélation des erreurs pour s'assurer de la validité des
estimateurs.
b. Résultats du test
d'hétéroscédasticité
Nous avons effectué à l'aide du logiciel
stata12, le test d'hétéroscédasticité de Breusch et
Pagan. Les résultats de ce test (en annexe III) pour l'ensemble des 2
modèles sont reportés dans le tableau (5.4) ci-dessous.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 64
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Tableau 5.4 : Résultats des tests
d'hétéroscédasticité
Modèles
|
Statistic
|
P-value
|
Décision
|
Modèle 1
|
50,05
|
0,0000
|
On rejette H0
|
Modèle 2
|
56,52
|
0,0000
|
On rejette H0
|
Source : Estimation de l'auteur
à partir du logiciel Stata 12.
A l'issue de ces résultats, nous pouvons conclure que
les erreurs sont hétéroscédastiques car toutes les
p-values sont inférieurs à 1% et donc à 5%, 10% ; on
rejette donc l'hypothèse nulle H0 d'égalité des variances.
Par conséquent une estimation par les MCO n'est plus d'actualité
car le modèle souffre d'un problème
d'hétéroscédasticité rendant les estimateurs des
MCO biaisés et non convergents.
c. Résultats du test
d'autocorrélation
En ce qui concerne le test d'autocorrélation nous avons
utilisé sur l'ensemble des 2 modèles le test
d'autocorrélation de Wooldridge, les résultats de ce test en
annexe IV sont reportés dans le tableau (5.5) ci-dessous.
Tableau 5.5 : Résultats des tests
d'autocorrélation
Modèles
|
F-statistic
|
P-value
|
Décision
|
Modèle 1
|
3,825
|
0,0254
|
On rejette H0
|
Modèle 2
|
4,307
|
0,0346
|
On rejette H0
|
Source : Estimation de l'auteur
à partir du logiciel Stata 12.
A la lecture de ce tableau, les p-value associés aux
statistiques de Fisher pour ce test sont toutes inférieures à 5%,
on rejette donc l'hypothèse nulle Ho (absence
d'autocorrélation de 1erordre) et on accepte
l'hypothèse alternative H1 (présence d'autocorrélation des
erreurs).
A ce niveau, à l'issue de ces 2 derniers tests, les
erreurs sont hétéroscédastiques et
autocorréleés. Une estimation par les MCO aurait conduit à
des estimateurs biaisés et non convergents. Par conséquent la
méthode d'estimation la plus appropriée à ce genre de
situation reste les MCGF (méthode des moindre carrés
généralisées faisables) ou FGLS (Feasible Generalized
Least Squares) qui corrige l'autocorrélation et
l'hétéroscédasticité afin de garantir la
fiabilité des resultats (estimateurs BLUE).
Toutefois, avant de procéder à l'estimation par
les MCGF, il est important d'étudier le comportement de nos variables
dans le temps, afin d'éviter les régressions fallacieuses qui
n'ont aucune signification économique. A ce titre, le test de racine
unitaire de Im-Pesaran et Shin (1997, 2002, 2003) a été
utilisé.
d. Résultats du test de racine unitaire
Rappelons qu'une série est dite stationnaire si sa
moyenne et sa variance sont constantes et si les valeurs de ses
auto-covariances ne dépendent que de l'écart entre 2
périodes et non du moment auquel elles sont calculées. Une
série est dite intégrée à
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 65
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
l'ordre P si elle doit être différenciée P
fois pour devenir stationnaire. Pour vérifier la stationnarité
des séries, nous avons effectué le test d'Im Pesaran Shin. Les
résultats obtenus pour ce test (annexe V) sont résumés
dans le tableau (5.6) dessous.
Tableau 5.6 : Résultats du test de racine
unitaire
Variables
|
A niveau
|
En différence
|
Significa tivité (á)
|
Décision
|
Statistic
|
p-value
|
Statistic
|
p-value
|
IPC
|
-1,2028
|
0 ,0197
|
|
|
5%
|
I(0)
|
DPS
|
-5,6640
|
0,0000
|
|
|
1%
|
I(0)
|
TCPOP
|
9,0919
|
1,0000
|
-2,3919
|
0,0061
|
1%
|
I(1)
|
TBSES
|
-1,2651
|
0,0604
|
|
|
10%
|
I(0)
|
FBCF
|
-1,1783
|
0,1193
|
-3,2435
|
0,0000
|
1%
|
I(1)
|
TC
|
-3,1832
|
0,0007
|
|
|
1%
|
I(0)
|
INFL
|
-4,7248
|
0,0000
|
|
|
1%
|
I(0)
|
TCPIB
|
-1,6981
|
0,0447
|
|
|
5%
|
I(0)
|
SEDS
|
-3,5732
|
0,0002
|
|
|
1%
|
I(0)
|
Source : Estimation de l'auteur à
partir du logiciel Stata 12.
Nous constatons au regard du tableau ci-dessus, que certaines
de nos variables sont stationnaire à niveau, il s'agit de l'indice de
perception de la corruption, les dépenses publiques de santé, le
taux brute de scolarisation dans l'enseignement secondaire, le taux de
couverture, l'inflation, le taux de croissance du PIB, le score d'efficience
des dépenses de santé. D'autres stationnaires en
différence première a l'instar du taux de croissance de la
population de la formulation brute du capital fixe.
V.2.2 Résultats et interprétations des
estimations
En résumé, il ressort de nos différents
tests que notre panel bien qu'étant homogène, nos
régressions souffrent des problèmes
d'hétéroscédasticité et d'autocorrélation ;
d'où le recours à l'estimation par les MCGF.
a. Résultats des estimations des modèles
par les MCGF
De façon générale, les résultats
en annexe VI présentent respectivement les résultats des
estimations du modèle 1 représentant l'impact des dépenses
publiques de santé sur la croissance économique en zone CEMAC et
du modèle 2 qui représente l'impact des scores d'efficience de
ces dépenses publiques sur la croissance économique de la zone.
Toutefois, le tableau ci-dessous (tableaux 5.7) fait respectivement une
synthèse de ces résultats.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 66
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Tableau 5.7 : Synthèse des résultats des
estimations par les MCGF
|
|
Modèle 1
|
Modèle2
|
Variables
|
Coefficients
|
Coefficients
|
FBCF
|
0,3673215*
(0,004)
|
0,3417129*
(0,000)
|
TBSES
|
0,4108534**
(0,027)
|
0,2030708***
(0,054)
|
INFL
|
-0,2920082**
(0,032)
|
-0,1614615***
(0,067)
|
TCPOP
|
-18,48014*
(0,000)
|
-3,770234*
(0,002)
|
TC
|
6,801875
(0,746)
|
5,392175
(0,323)
|
IPC
|
-0,1582469
(0,548)
|
-0,2746367
(0,465)
|
DPS
|
-5,247116**
(0,038)
|
/
|
SDES
|
/
|
0,1052443***
(0,078)
|
Const
|
-23,06359
(0,183)
|
43,51198**
(0,019)
|
Wald Chi2
|
24,83
(0,0008)*
|
34,23
(0,0000)*
|
Nombre d'observation
|
42
|
54
|
Nombre de groupe
|
6
|
6
|
NB : Les symboles *, **, ***, représentent
respectivement les seuils de significativité des coefficients à
1%, 5% et 10%. Les chiffres entre
parenthèse représentent les p-value associées aux tests de
significativité des coefficients.
Source : Construction de l'auteur
à partir des résultats des estimations des 2 modèles
à l'aide du logiciel Stata 12.
A la lecture de ces tableaux, il ressort de nos
régressions que nos modèles sont globalement significatifs
à 1% étant donné que la probabilité à la
statistique de Wald pour chacun des modèles est nettement
inférieur à 1% (modèle 1 : prob>Chi2=0,0008<0,01 ;
modèle 2 : prob>Chi2=0,0000<0,01). Ce qui nous amène
à rejeter l'hypothèse nulle de non significativité du
modèle, autrement dit, c'est dire qu'au moins une des variables
exogènes explique la variable endogène. Par ailleurs ces tableaux
nous montrent que pour chacun des modèles, sur l'ensemble des 7
variables explicatives, 5 variables sont significatives (la FBCF, l'INFL, le
TCPOP, l'IPC et SEDS) et 2 variables sont non significatives (le TBSES et le
TC).
Partant de ces résultats, plusieurs interprétations
peuvent faites :
b. Interprétations des résultats des
coefficients des variables
Nous interprèterons tour à tour les coefficients
de nos variables d'intérêts et ceux de nos variables de
contrôle.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 67
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
? Interprétations des variables
d'intérêts
Il ressort des résultats de nos régressions que
:
- les dépenses publiques de
santé ont un impact négatif et significatif sur la croissance
économique des pays de la zone CEMAC. En effet, le coefficient de cette
variable est négatif (-5,247116) et la p-value associée à
la statistique du coefficient de cette variable est de 0,038 qui est
inférieur au seuil de significativité de 5%. Toutefois, notons
que cet effet négatif sur la croissance économique des
dépenses publiques de santé, bien que contraire aux
prédictions des modèles de croissance endogène qui
prévoyaient un signe positif, est conforme à ceux obtenus par Kim
et Moody(1992), Musgrave (1996), Gupta et Tiongson (2003), Romdhane et al
(2006) et Fouopi et al (2013). Selon ces auteurs, ce
résultat peut être dû la faible part des budgets
alloués par les gouvernements des pays de la zone dans le secteur de la
santé restant toujours insuffisants au regard des besoins des
populations et des objectifs fixés en terme de croissance
économique et de couverture sanitaire ( Fouopi et al, 2006) et
par ailleurs aux effets pervers de la corruption et des comportements
opportunistes tendant à détourner ces flux financiers à
d'autres fins et sont par conséquent préjudiciables à
l'état de santé de la population dans la mesure où ils
engendre une perte d'efficacité de ces dépenses (Gupta et al,
2002
- Par contre, en ce qui concerne l'effet de
la qualité des dépenses publiques de santé sur la
croissance économique mesuré par la variable score d'efficience
des dépenses publiques de santé sur le taux de croissance du PIB
; les résultats de nos analyses nous révèlent que
l'efficience des dépenses publiques de santé a une influence
positive et significative au seuil de 10% sur la croissance économique
de la zone CEMAC. En effet, selon nos estimations, le coefficient de cette
variable a un signe positif (0,1052443) et la p-value associé à
la statistique du coefficient de cette variable est nettement inférieur
à 10% (p-value=0,078?0,1). Ainsi une augmentation d'1% de l'efficience
des dépenses publiques de santé entrainerait une augmentation de
la croissance de 10,52% dans la sous-région. Ce résultat
corrobore les résultats obtenus par Ebert, Schuknecht et Thorne (2005),
Romdhane (2006) et Houssounon (2009) sur les pays de l'UEMOA. Ainsi une
allocation efficiente des ressources publiques de santé, que ce soit par
une rationalisation des procédures de financement et d'administration,
une optimisation des incitations pour les prestataires, de meilleurs pratiques
d'approvisionnement, l'augmentation des infrastitures et d'équipements
de santé, la multiplication des campagnes de sensibilisation et de
vaccination ou une utilisation plus généralisée des
médicaments génériques et bien d'autres, est porteuse de
croissance économique dans la mesure où elle améliore le
capital santé des individus et partant leur productivité
globale.
En somme, il ressort de nos estimations qu'une utilisation
efficiente des ressources publiques de santé est source de croissance
économique plus vite que le volume des dépenses engagées ;
ce qui est conforme à notre 2e hypothèse
d'étude.
? Interprétations des coefficients des variables
de contrôle
- La variable Formation Brute du
Capital Fixe (FBCF) qui mesure l'effet de l'investissement sur la
croissance a un impact positif et significatif sur la croissance
économique. En effet, le coefficient de cette variable est positif sur
l'ensemble des 2
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 68
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
modèles (0,3673215 pour le modèle 1 ; et
0,3417129 pour le modèle 2) et les p-value associées aux tests de
significativité des coefficients de cette variable sont nettement
inférieur à 1% (0,004<0,01 pour le modèle 1 et 0,000
<0,01 pour le modèle 2). Ce qui est conforme à nos attentes et
corroborent les résultats empiriques des théories du capital
physique.
- Le taux brut de scolarisation dans l'enseignement
secondaire (TBSES) représentant le capital humain exerce comme
attendu au regard des développements théoriques sur la croissance
endogène (la théorie du capital humain) une influence positive et
significative sur le taux de croissance du PIB sur l'ensemble des 2
modèles. Par conséquent, il apparait que l'accroissement du
capital humain via l'augmentation des capacités, des connaissances et
des compétences dont disposent les personnes et acquise par
l'éducation, la formation et l'expérience contribue notamment
à la relance de l'activité économique. Ce résultat
corrobore également les résultats de plusieurs études
telles que celle de Lucas (1998), Aghion et al (2007), Ouattara (2013).
- L'environnement macroéconomique a
été représenté par 2 indicateurs :
l'inflation (INFL) et le taux de couverture (TC).
Les résultats indiquent que l'inflation a un effet
négatif et significatif sur la croissance ; en effet le signe
négatif des coefficients de cette variable sur chacun des modèles
signifie qu'une hausse du taux d'inflation entraine une baisse de la croissance
économique, ce qui est conforme à nos attentes et corrobore les
travaux tels que ceux de Khan et Senhadji (2001), Fouopi et al (2013). La
variable taux de couverture qui mesure l'ouverture commerciale, a un effet
positif sur la croissance économique (signe attendu) mais non
significatif sur l'ensemble des modèles, car les p-value
associées aux tests de significativité des coefficients de cette
variable pour chacun des modèles est nettement supérieur au seuil
théorique de 10 %. Ces résultats rejoignent ceux trouvés
par Mehleun et al (2006a) et Ouattara (2007) dans le cas de la côte
d'ivoire.
- Dans l'optique de tester l'incidence du
taux de croissance démographique (TCPOP) sur
l'activité économique de long terme selon les résultats
empiriques du sentier de croissance équilibré du modèle de
Solow ; dans le cadre de notre étude, les résultats obtenus
montrent que le taux de croissance démographique a un impact
négatif et significatif sur le taux de croissance économique dans
la zone CEMAC. En effet, il ressort de nos estimations que le coefficient de la
variable TCPOP a un signe négatif sur les 2 modèles et la p-value
associée au test de significativité du coefficient de cette
variable est nettement inférieure au seuil de significativité de
1%. Cet effet négatif est conforme à nos attentes et
vérifie ainsi la théorie de la croissance exogène de
Solow. Toutefois ce résultat est contraire à celui obtenu par
Fouopi et al (2006)
- Enfin la variable indice de
perception de la corruption (IPC) qui matérialise
l'environnement institutionnel (variable institutionnelle) affecte
négativement la croissance économique dans la zone CEMAC (signe
attendu) car le coefficient de cette variable est négatif sur chacun des
modèles. Toutefois cette influence est non significative car la p-value
du test de significativité associé à chacun des
coefficients du modèle est supérieure au seuil théorique
de 10%. Les détournements de fonds au profit d'élites corrompus
alimentent les caisses noires des paradis fiscaux (Mauro, 1998) ayant ainsi
pour conséquence visible l'accroissement d'une hémorragie
criminelle des capitaux
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 69
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
(Shleiffer et Vishny, 1993) qui résulte d'un
accroissement injustifié des dépenses publiques les rendant ainsi
improductives (Muller, 2005). Par ailleurs, la petite corruption qui se
matérialise par les pots de vins reçus par le personnel
santé en raison des bas salaires ou du comportement immoral de ces
derniers constitue une barrière à l'accès aux soins de
santé et partant à la constitution du capital humain des
individus, et partant entraine une baisse de la croissance. Toutefois, ce
résultat est conforme à nos attentes et corrobore les
théories du marché politique (Gordon Tullock et James Buchanan,
1961) et de la bureaucratie (Weber et Niskamen, 1968).
Parvenu au terme de ce chapitre, après estimation
à l'aide de nos différents logiciels (DEAP pour
l'hypothèse 1 et STATA 12 pour l'hypothèse 2) ; nos
résultats ont montré que en ce qui concerne la mesure des scores
d'efficience, les pays de communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale sont inefficients dans la prestation des
services sociaux sanitaires de santé sur toute la période
considérée. Ce qui a infirmé ainsi notre 1ere
hypothèse d'étude. S'agissant de la vérification de la
deuxième hypothèse d'étude, nos résultats ont
montré que les dépenses publiques de santé ont un impact
négatif et significatif sur la croissance économique dans la zone
CEMAC au seuil 5%, contrairement aux degrés d'efficience de ces
dépenses qui ont un impact positif et significatif au seuil
théorique de 10% sur la croissance économique dans la zone. Ce
qui a confirmé notre 2e hypothèse.
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
6
Mémoire rédigé par AJOULIGA
DJOUFACK Hermann Blondel 70
CONCLUSION GENERALE ET
IMPLICATIONS DE POLITIQUES
ECONOMIQUES
Ce chapitre présente la conclusion
générale de notre étude, les implications de politiques
économiques qui en découlent, et s'achève par les limites
et perspectives de recherches futures.
VI.1. Conclusion générale
L'assainissement et la restructuration des finances publiques
par la plupart des pays africains à l'instar des pays de la
sous-région en proies aux problèmes de développement, de
réduction de la pauvreté et de raréfaction des capitaux et
d'appuis provenant des pays avancés, imposent plus que jamais aux pays
de la sous-région Afrique centrale à l'instar des pays en voie de
développement à améliorer l'utilisation de leurs
ressources. Le revenu est bien entendu crucial, sans ressources tout
progrès est difficile toutefois les ressources sont rares et les besoins
illimités, ainsi quel que soit les montants que nous y choisissons
d'allouer, ils doivent être utilisés le plus efficacement possible
; d'où l'intérêt de cette étude. L'analyse des
dépenses publiques en général et de l'intervention de
l'Etat en particulier étant des sujets très vastes, nous avons
centré notre attention sur l'analyse de l'efficience des dépenses
publiques de santé et son impact sur la croissance économique
dans la zone CEMAC, afin de voir si le peu d'objectifs atteints en
matière de politiques de santé l'ont été dans une
atmosphère de parfaite rationalisation des dépenses
engagées. Tel était l'objectif principal de notre étude.
Pour atteindre cet objectif, 2 hypothèses spécifiques ont
été postulées : d'une part que les dépenses
publiques de santé sont efficientes dans la zone CEMAC ; et d'autre part
que le degré d'efficience de ces dépenses permet un accroissement
du PIB plus vite que le volume des dépenses engagées.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 71
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Afin de tester ces hypothèses, nous avons eu recours
aux données de sources secondaires sur la période 1996-2013, la
plupart provenant des bases de données de la Banque Mondiale, et de la
base de Kaufman. Nous avons d'abord procédé à l'estimation
des scores d'efficience avant d'étudier l'impact de ces scores sur la
croissance économique des pays de la sous-région.
Les scores d'efficiences ont été estimés
au moyen de la méthode d'enveloppement des données à la
Malmquist (DEA-Malmquist) selon une orientation input. 3 variables ont
été retenues dont un input (dépenses publiques de
santé en % du PIB) et deux outputs (espérance de vie à la
naissance et taux de mortalité infantile). Les résultats de ces
estimations ont montré qu'en moyenne sur la période
considérée, les dépenses socio publiques de santé
ne sont pas efficientes dans la zone CEMAC. Ce résultat pourrait
être dû à la faible sensibilité des indicateurs de
santé par rapport aux moyens qui y sont investis ; ou par ailleurs aux
effets pervers et endémique de la corruption, due à
l'ingérence des pouvoirs publics caractérisée par
l'entretien des missions floues ou complaisantes ne tenant pas compte des
règles de gestion saine nourrie par les soucis d'efficacité. Plus
spécifiquement, 28 ,67% en moyenne des dépenses de santé
ont été gaspillées sur toute la période, soit un
score d'efficience moyen de 0,713 pour l'ensemble des pays sur toute la
période (ce qui infirme ainsi notre 1ere hypothèse
d'étude). Le Cameroun et le Gabon sont les pays les moins inefficients
de la zone, la RCA et la Guinée Equatoriale étant les plus
inefficients.
S'agissant de la vérification de la 2e
hypothèse, 2 modèles de régression du taux de croissance
du PIB ont été formulés à partir du modèle
théorique de croissance à la Solow augmenté (le
modèle MRW). L'un privilégiant la variable dépenses
publiques de santé et l'autre le degré d'efficience de ces
dépenses. La méthodologie retenue était celle des
données de panels. Après avoir effectué les tests
préliminaires sur les données relatives à nos
différentes variables, les paramètres des modèles ont
été estimés par la méthode des moindres
carrés généralisés faisables dû au fait que
le panel bien qu'étant homogène, nos régressions
souffraient d'un problème
d'hétéroscédasticité et d'autocorrélation
d'ordre 1. Les résultats des estimations des paramètres des
modèles à partir du logiciel Stata 12 nous ont amenés aux
principaux résultats suivants : les dépenses publiques de
santé ont un impact négatif et significatif sur la croissance
économique dans la zone CEMAC au seuil 5%, contrairement aux
degrés d'efficience de ces dépenses qui ont un impact positif et
significatif au seuil théorique de 10% sur la croissance
économique dans la zone. Ainsi, une utilisation efficiente des
ressources publiques de ce secteur est porteuse de croissance plus vite qu'une
augmentation de celles-ci.
Ces résultats confirment ainsi notre 2e
hypothèse d'étude et dans la foulée ces conclusions
rejoignent celles d'Ebert, Schuknecht et Thorne (2005), Chemli et Neticha
(2006) et Damas Hounsounon (2009).
VI.2. Implications de politiques économiques
L'efficience des dépenses publiques traduit le fait
pour celles-ci d'atteindre leur cible de manière optimale, c'est
à dire telle que souhaitée par le décideur public pour le
bien-être des populations préalablement défini de
manière participative. Ce n'est pas tant le niveau d'un budget qui
importe pour une économie, mais la manière dont les ressources
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 72
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
(rares) sont affectées à la couverture des
besoins (illimités). Dans cette optique, l'augmentation ne devrait pas
être une fin en soi, mais plutôt un moyen de rationalisation de ces
ressources afin de les rendre plus productives. Il est donc important de
prôner la qualité de la dépense non seulement au niveau de
l'affectation mais plus encore au niveau de l'orientation et du ciblage en
particulier dans les secteurs sociaux clés de l'économie qui
affecte directement le capital humain des individus et partant la croissance
inclusive. Ainsi, dans le secteur de la santé, au regard de nos
résultats nous formulons les politiques suivantes :
Sur le plan macro :
? Bien que notre étude ne s'intéresse pas aux
facteurs explicatifs (les déterminants) de l'inefficience de ces
dépenses, de nombreuses études réalisées dans ce
domaine ont montré que la promotion de la stabilité socio
politico-économique, l'efficacité des pouvoirs publics, la
transparence et la lutte contre la corruption sont des conditions
nécessaires pour améliorer l'efficience. Ainsi, les pays de la
zone CEMAC doivent mettre en place les politiques visant à créer
un environnement politique et socio-économique sain, un plan de
sécurité publique national et un plan de développement
visant à favoriser la réhabilitation des infrastructures
socio-économiques, le renforcement des institutions et le
développement des investissements.
? Améliorer dans chaque ministère de
santé publique le système de suivi des dépenses depuis les
caisses nationales jusqu'à leur destination (traçabilité)
en vue d'identifier les sources de gaspillages et d'améliorer
l'équité de ces dépenses ainsi que leur impact sur le
bien-être des populations. Le parlement et le citoyen doivent pleinement
être en mesure d'apprécier la totalité des moyens
déployés pour mettre en oeuvre chaque politique, mais aussi les
résultats attendus dans l'optique d'une évaluation.
? Soutenir les efforts des organismes dans la gestion
axée sur les résultats en matière de
développement, d'une part en mettant l'accent sur tous les aspects du
processus de développement, et d'autre part en intégrant les
principes reconnus de bonne gouvernance à savoir des objectifs clairs,
une prise de décision fondée sur des données factuelles,
la transparence et l'obligation de reddition des comptes actualisés sur
les ressources et sur les résultats.
? Et enfin renforcer les contrats de partenariat
public-privé en impliquant d'avantage le secteur privé dans la
prestation des services sociaux afin de profiter d'avantages de telles
associations.
Sur le plan micro :
? Même si il est impératif de collecter
suffisamment d'argent pour la santé, les possibilités d'obtenir
d'avantage avec les mêmes ressources existent dans tous les pays. En
effet, les médicaments chers sont souvent utilisés lorsque les
options plus abordables et aussi efficaces sont disponibles ; dans de
nombreuses situations ils existent une utilisation abusive des antibiotiques et
des injections, des problèmes de stockage et de gaspillages et aussi de
grande variation dans les prix que les agences d'approvisionnement
négocient avec les fournisseurs. Selon l'Organisation Mondiale de la
Santé, dans son document de synthèse du rapport sur la
santé dans le monde en 2010 portant sur le financement des
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 73
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
systèmes de santé ; réduire les
dépenses inutiles liées aux médicaments en les utilisant
mieux pourraient amener les pays à économiser jusqu'à 5%
de leurs dépenses de santé.
+ Equiper adéquatement les formations sanitaires en
particulier dans les zones rurales d'accès difficile afin
d'améliorer leur qualité d'équipements pour
répondre à la forte demande et intensifier la lutte contre
certaines maladies prioritaires qui constituent une barrière à la
constitution d'un capital humain sain.
+ Entreprendre les politiques visant à accroitre
l'efficience des centres de santé en promouvant la transparence par
l'instauration dans les centres sanitaires, d'un système d'affichage des
prix des consultations pour faciliter l'information du patient et éviter
des actes de corruption qui pourraient engendrer des
désagréments.
+ Enfin tout ce qui précède ne saurait se faire
sans l'amélioration des conditions de travail du personnel
qualifié au sein des formations sanitaires, surtout dans les zones
rurales. Les bas salaires ont pour conséquence que le personnel soignant
arrondit ses revenus en acceptant simultanément un 2e
travail, ce qui réduit les performances de leur 1eremploi ;
soutenir et motiver le personnel accroît le coût
d'opportunité de la corruption et celui de la non application des
réglementations sous réserve que ces manquements puissent
être détectés et sanctionnés.
VI.3. Limites de l'étude
Bien que le thème de ce travail soit pertinent au
regard des exigences d'efficacité qui sont au centre de toutes
préoccupations, dans toutes entreprises et dans toutes institutions ;
relevons que le présent travail souffre de quelques limites ou
insuffisances.
+ Premièrement, les résultats sont relativement
sensibles à la spécification de la fonction de production
c'est-à-dire au choix des inputs et des outputs. En effet les pays
peuvent devenir efficients voir inefficients sur une dimension de l'état
de santé et avoir le contraire sur un autre résultat sanitaire.
En outre dans ce travail, nous avons mis en évidence l'efficience
technique occultant l'efficience d'échelle; l'inefficience peut
être à la taille non optimale qu'à une gestion
déficiente.
+ En second lieu, notre travail ne se limite qu'aux pays de la
zone CEMAC (6pays), ce qui réduit le nombre total d'outputs et d'inputs
pouvant être pris en compte mais peut conduire aussi à des scores
d'efficience trop élevés. Une étude plus poussée
avec un échantillon de grande taille permettrait d'avoir des
résultats plus robustes.
+ Enfin, dans le but de réduire le champ d'analyse,
nous n'avons pas pris en compte d'autres secteurs sociaux de l'économie
tel que l'éducation, pour les mêmes raisons, nous n'avons pas mis
l'accent sur les déterminants de l'efficience de ces dépenses.
VI.4. Perspectives de recherche futures
Pour la poursuite des recherches futures, il serait
intéressant donc de
+ Choisir un panel plus grand, de multiples inputs et outputs
afin d'avoir des résultats plus robustes qui permettront aux
décideurs de se baser sur différents résultats
sanitaires.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 74
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
? De prendre en compte la spécificité du secteur
privé et par ailleurs, pour les mêmes raisons d'intégrer
à l'étude d'autres secteurs de l'économie sociale tels que
l'éducation.
? D'étudier les déterminants de l'efficience de
ces dépenses afin d'interpeller la vigilance des gouvernants sur les
indicateurs de bonne gouvernance.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 75
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
BIBLIOGRAPHIE
Abessolo Y. (2001). «Déterminants
de la croissance économique en Afrique Subsaharienne : une analyse
empirique». Document N°09.
Afonso A. et Aubin M. (2004).
«Non-parametric approaches to education and health efficiency in
OECD countries». Journal of Applied Economics. Vol VIII, No. 2.
Afonso A. et Furceri D. (2010).
«Government Size, Composition, Volatility and Economic Growth».
European Journal of Political Economy, Vol. 26, No. 4.
Afonso A. (2004). «A note on public
spending efficiency CES». DICE Report, Journal of Institutional
Comparison, 2 (1), spring, pp. 35-39
Afonso A., Ebert W., Schnknecht L. et Thone M. (2005).
«Quality of Public finance and Growth». European Central
Bank, Working Paper Series N° 438.
Afonso A., Schuknecht L. et Vito T. (2003).
«Public Sector efficiency: An International Comparison».
European Central Bank, Working Paper Series N° 242.
Agell J., Lindh T. et Ohlsson H. (1999).
«Growth and the public sector: a reply». European Journal of
Political Economy, Vol. 15.
Aghion P. et Howitt P. (2000).
Théorie de la croissance endogène. Dunod.
Aigner D., Lovell C. et Schmidt P. (1977).
«Formulation and estimation of stochastic frontier production
function models». Journal of Econometrics, 6, pp. 21-37.
Amara N. & Romain R. (2000). «Mesure
de l'efficacité technique : une revue de littérature ».
CREA, Série Recherche 00 .07. 194.
Aregbeyen O. (2008). «Cointegration,
Causality and Wagner's Law: A Test for Nigeria». Central Bank of Nigeria
Economic and Financial Review, Vol.44, N°2.
Artus P. et Kaabi M. (1993).
«Dépenses Publiques, Progrès Technique et Croissance».
Revue économique.
Ashipala J. et Haimbodi N. (2003). "The
impact of public investment on economic growth in Namibia ". Working Paper
N°88.
Baldacci E., Clements B., Gupta S. et Cui Q. (2008).
«Social Spending, Human Capital, and Growth in Developing
Countries». World Development, Vol.36, N°8.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 76
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Banker, R. (1984). «Estimating most
productive scale size using Data Envelopment Analysis». European Journal
of Operational Research, N°17.
Banque Mondiale (2004). Rapport sur le
développement dans le monde : Le développement au seuil du
xx1e siècle. Washington D.C: Banque Mondiale.
Banque Mondiale (2011). Investing for growth
and Jobs. MENA Region Economic developments and prospects, Washington
DC.
Barro R. (1990). «Government Spending in a
Simple Model of Endogenous Growth». Journal of Political Economy,
Vol.98.
Becker G. S. (1964) Human capital.
Colombia University Press, New-York et Londres.
Bleart P. A. (1991). «Théorie du
Marché Politique et Rationalité des Politiques Publiques».
Revue Française de Science Politique Vol. 41, No. 2.
Bloom, D., Canning D. and Sevilla J. (2001).
«The Effect of Health on Economic Growth: Theory and
Evidence». Working Paper No. 8587, Cambridge MA.
Boettke P. (2005). «Introduction-forum
series on the role of institutions in promoting economic growth». Review
of Australian Economics, Vol. 18, No. 3.
Bosmans N. & Fecher F. (1992). «Une
étude comparative de l'efficacité technique du secteur de la
santé au sein des pays de l'OCDE». CIRIEC, Working paper 92/08,
Université de Liège.
Burnside C. et Dollar, D. (2000). Aid,
Policies, and Growth. American Economic Review, 90(4): pp. 847-868.
Caves D., Christensen L. and Diewert W. (1982).
«Multilateral comparisons of output, input and productivity using
superlative index numbers». Economic Journal, 92, pp.73-86.
Charnes A., Cooper W. and Rhodes E. (1978).
«Measuring the Efficiency of Decision Making Units».
European Journal of operational research, 2, pp. 429-444.
Cheng S. et Wei T. (1997). «Government
expenditures and economic growth in South Korea: a VAR Approach». Journal
of Economic Development, Vol.22.
Cheong T. (2001). «Testing the
Relationship between Government Expenditure and National Income in
Maylasia». Analysis, Vol.8, N° 1- 2, pp. 37-51.
Chimobi O. (2009). «Government
expenditure and national income: a causality test for Nigeria». European
Journal of Economic and Political Studies, Vol. 2, No. 9, pp. 1-12.
Clements B. (2002). «How efficient is
education spending in Europe?». European review of Economics and
Finance.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 77
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Coelli T. and Perelman S. (1999). «A
comparison of parametric and non-parametric distance functions: With
application to European railways». European Journal of Operational
Research117, pp. 326-339.
Coelli T. & Perelman S. (1996).
Efficiency measurement, Multiple output Technologies and Distance
Functions: With Application to European Railways (CREPP Working Paper
96/05). Liège: Centre de Recherche en Economie Publique et de la
Population, University of Liège.
Coelli, T. J. and Prasada Rao, D. S. (2005).
«Total factor productivity growth in agriculture: A Malmquist
index analysis of 93 countries, 1980-2000». Agricultural Economics, 32,
pp. 115-134.
Coelli T. (1998). A multi-stage
methodology for the solution of oriented DEA models. Operations Research
Letters,23, pp. 143-149.
Crozet Y. (1997). : Analyse
économique de l'Etat, Armand Collin.
Daniela B. (2007). «Les outils d'analyse
des performances productives utilisés en économie et gestion : la
mesure de l'efficience technique et ses déterminants». Cahier de
recherche, Groupe ESC Clermont.
Dar A. et Amirkhalkhali S. (2002).
«Government size, factor accumulation and economic growth:
evidence from OECD countries». Journal of Policy Modeling, Vol. 24.
Debreu G. (1951). «The coefficient of
resource utilization». Econometrica.
Delavallade C. (2007). «Corruption
publique: facteurs institutionnels et effets sur les dépenses
publiques». Thèse de Doctorat en Sciences économiques,
l'Université de Paris I.
Deprins D., Simar L. and Tulkens H. (1984).
«Measuring labor efficiency in post offices». pp. 243- 267
in M. Marchand.
Dessus S. et Herrera R. (2000). «Public
capital and growth: A panel data assessment». Economic Development and
Cultural Change, vol. 48, n° 2.
Devarajan S., Swaroop V. et Zou H. (1996).
«The composition of public expenditure and economic growth».
Journal of Monetary Economics, 37, pp.318-344.
Direction de la Prévision Economique
(2014). «Efficience des dépenses publiques au
Sénégal». Document d'Etudes N°28, Dakar,
Sénégal.
Easterly W. and Rebelo S. (1993).
«Fiscal Policy and Economic Growth: an ampirical
investigations». Journal of monetary econmics, Vol.55, pp. 255-276.
Engle R. & Granger J. (1987).
«Cointegration and Error Correction: Representation, estimation
and Testing». Econometrica, Vol. 55, No. 2.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 78
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Evans, D., Tandon A., Murray L. and Lauer A. (2000).
«The Comparative Efficiency of National Health Systems in
Producing Health: An Analysis of 191 Countries». GPE Discussion Paper
Series No. 29, World Health Organization: Geneva.
Fan S. et Zhang X. (2002). «Growth,
Inequality, and Poverty in Rural China: The Role of Public Investments».
Research Report 125, International Food Policy Research Institute, Washington,
D.C.
Fare R., Grosskopf S., Lindgren B. & Roos P.
(1994a). «Productivity developments in swedish hospitals: A
malmquist output index approach». In A. Charnes, W. Cooper, A. Y. Lewin,
& L. M. Seiford (Eds.), Data Envelopment Analysis: Theory, Methodology and
Applications (pp. 253{272). Boston: Kluwer Academic Publishers.
Farrell M. J. (1957). The measurement of
productive efficiency. Journal of the royal Statistical Society
(séries A).
Fölster S. and Henrekson M. (2001).
«Growth effects of Government Expenditure and Taxation in Rich
Countries». European Economic Review, 45(8), pp. 1501-1520.
Fouopi D., Nsi E. P., Ngah E. B. and Mbomon N. J.
(2013). «Dépenses publiques et croissance
économique dans les pays de la CEMAC». Premier colloque de
l'association d'économie théorique et appliquée.
Gupta S., Clements B., Baldacci E. &
Mulas-granados C. (2005). «Fiscal policy, expenditure
composition, and growth in low-income countries». Journal of International
Money and finance, Vol. 24.
Gupta S., Verhoeven M. et Tiongson E. (2003).
«Public Spending on Health Care and the Poor». Health
economics.
Gupta, Honjo et Verhoeven (1997). «The
efficiency of Government Expenditure : Experience from Africa». IMF
Working Paper WP/97/153.
Gupta, Sanjeev and Verhoeven M. (2001).
«The efficiency of government expenditure experiences from
Africa». Journal of Policy Modelling 23: pp. 433-467.
Hanney S. (1996). «How can payback from
health services research be assessed? ». Journal of Health Services
Research & Policy, 1996, pp. 35-43.
Herrera R. (1998a). «Dépenses
publiques d'éducation et capital humain dans un modèle convexe de
croissance endogène». Revue économique, vol. 49.
Herrera S. and Pang G. (2005).
«Efficiency of Public Spending in Developing Countries : An
Efficiency Frontier Approach». March 2005.
Hollingsworth B. (2008). «The
Measurement of The Efficiency and Productivity of Health Care Delivery».
Health economics, 17.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 79
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Hounsounon D. (2009). «Efficience des
dépenses publiques d'éducation, de santé et croissance
économique dans l'espace UEMOA». Mémoire de DEA- PTCI
Université d'Abomey-Calavi (Bénin.
Jayasuriya, Ruwan, and Wodon Q. (2002).
«Measuring and explaining country efficiency in improving health
and education indicators». The World Bank.
Kacou (2004). «Dépenses Publiques
et Croissance Economique en Côte d'Ivoire : une Analyse de
Causalité». Cellule d'Analyse de Politiques Economiques du CIRES
(CAPEC), LPE N° 56, pp.1-4.
Kamajou F. (2010). Cours de
méthodologie de la recherche. FSEG. Université de
Dschang.
Kaufmann D., Kraay A. and Mastruzzi M. (2005),
«Governance Matters IV: Governance Indicators for
1996-2004». The World Bank, May.
Kaufmann D., Kraay A. et Zoido-Lobaton P. (1999).
«Governance Matters». World Bank Working Paper No. 2196.
Keynes J. M. (1936). Théorie
Générale de l'Emploi, de la Monnaie et de
l'Intérêt. Livres I, II et III ;
Kim K. et Moody P. M. (1992). «More
resources, better health? A Cross National Perspectives». Social Science
and Medicine. Vol 34, pp. 837;
Koopmans T.C. (1951). «An analysis of
production as an efficient combination of activities». In T.C Koopmans,
(Ed) Activity analysis of production and allocation, Cowles Commission for
Research in Economics, Monograph n°13, Wiley, New York, pp.33-97.
Kumbhakar S. C. et Lovell K. (2000).
«Stochastic Frontier Analysis». Cambridge University Press
Lau, L. J. et Yotopoulos, P. A. (1971). A Test of Relative Efficiency and
Application to Indian Agriculture, AER, 61.
Lucas R. (1988). « On the Mechanics of
Economic Development ». Journal of Monetary Economics, Vol.22, pp.
3-42.
Malmquist S., (1953). «Index Numbers and
Indifference Curves». Trabajos de Estatistica 4: pp. 209-242.
Mankiw N., Romer G. & Weil D. (1992).
A contribution to the empirics of economic growth. The
Quarterly Journal of Economics.
Mauro P. (1995). «Corruption and
Economic Growth». Quarterly Journal of Economics, Vol. 110 (3), pp.
681-712.
Mauro P. (1996). «The Effects of
Corruption on Growth, Investment, and Government Expenditure: A Cross-country
Analysis». In Kimberly A.E. (Ed), Corruption and the Global Economy, the
Institute for international economics, Washington.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 80
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Morley B. and Perkidis N. (2000). «Trade
liberalization, Government expenditure and Economic growth in Egypt».
Journal of Development Studies, Vol.36.
Muller P. (2005). «Esquisse d'une
Théorie du Changement dans l'Action Publique». Revue
Française de Science Politique. Vol. 45, N° 1, pp. 155 - 187.
Musgrave R. A. (1959). «The theory of
public finance».New York USA, Mc Graw Hills.
Musgrove P. (1996). «Public and Private
Role in Health: Theory and Financing Pattern». World Bank Discussion Paper
N°339. Washington DC.
Nodjitidje D. (2009). «Efficacité
technique, productivité et compétitivité des principaux
pays producteurs de coton». Thèse de doctorat PhD.
Université d'Orléans.
Nubukpo K. (2007). «Dépenses
Publiques et Croissance des pays de l'Union économique et
monétaire ouest-africaine». Afrique Contemporaine. Vol. 2, No. 222,
pp. 223 - 250.
OCDE 2013. Résultats PISA
2012.
www.oecd. org/pisa/keyfindings/pisa-2012-results.htm. Consulté
le 15 décembre 2013.
Ojo O. and Okishiya T. (1995).
«Determinants of long terms growth: some african results».
Journal of African Economies. Vol 4, N02.
OMS (2010). Document de synthèse
Rapport sur la santé dans le monde. Le financement des
systèmes de santé. Le chemin vers une couverture
universelle.
Ouattara W. (2007). «Dépenses
Publiques, Corruption et Croissance Économique dans les Pays de l'Union
économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) : une Analyse de
la Causalité au Sens de Granger.». Revue d'Intégration
Africaine. Vol.1, N°1, pp.139-160.
Ouattara W. (2013). «Impact of public
expenditure on economic growth in WAEMU countries: a reexamination». West
Africa Institute, Praia, Cape Verde Islands.
Perelman S. (1996). L'efficacité des
services publics. Revue Française de Finances Publiques, pp. 55,
65-79.
Pritchett L. (2001). «Where Has All the
Education Gone?». World Bank Economic. Review, Vol. 15, N°3, pp.
367-391.
Romdhane S. B. & Hassad M. B. (2006).
«Efficience du Financement des Services Publics et Croissance
économique dans les pays en développement : Analyse en coupe
transversale». Journées Scientifiques du Réseau
«Analyse Economique et Développement ».
Romer P. M. (1986). «Increasing returns
and long run growth». Journal of Political Economy.
Rosner P. (2003). «The economics of social
policy». Edward Elgar Publishing Limited.
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 81
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Sachs J.D et Warner A.M. (1997). Sources
of slow Growth in African Economies. Harvard University, New york.
Seiford L. M. (1996). «Data Envelopment
Analysis: The evolution of State of the Art (1978-1995) ». Journal of
Productivity Analysis,7, pp.99-137.
Seka P. R. (2013). «Corruption,
croissance et capital humain : quels rapports?». Afrique et
développement,Vol. XXXVIII, Nos 1&2, 2013, pp. 133-150.
Shephard R. (1970): «Theory of Cost and
Production Functions». Princeton University Press.
Shleifer A. et Vishny R. W. (1993).
«Corruption». The Quarterly Journal of Economics, 108(3)
pp.599-617.
Solow R.M. (1956). «A contribution to
the theory of economic growth». Quaterly Journal of Economics.
Tanzi V. and Davoodi H. (1997).
«Corruption, Public Investment and Growth». IMF Working
Papers, no. 97/139.
Tanzi V. and Schuknecht L., (2003).
«Public Finances and Economic Growth in European Countries».
In Fostering Economic Growth in Europe, conference volume of the
31st Economics Conference of the Oestereichische National bank,
Vienna, 2003.
Tanzi V. et Zee H. (1997). « Fiscal
policy and long-run growth ». IMF Staff Papers, Vol. 44, pp. 179 - 209.
Tornell A. et Lane P. (1999).The Voracity
Effect. American Economic Review, 89 pp. 2246.
Transparency International (2014).
«Transparency International publie son Indice de Perception de la
Corruption (IPC) 2014 ».
Tulkens H. (1993). «On FDH analysis:
some methodological issues and applications to retail banking». Courts and
urban transit.journal of productivity analysis, 4.
Tullock G. (1961). «An Economic Analysis
of Political Choice». Vol. 16, pp. 234-240.
Venant Q. et Célestin C. (2008).
«Financement public des systèmes éducatifs et
croissance économique dans les Pays en Voie de Développement :
cas des pays de l'Union Économique et Monétaire Ouest Africaine
(UEMOA)». Thèse de doctorat PhD.
Ventelou B. (2002). «Corruption in a
model of growth: political reputation, competition and shocks». Journal of
Public Choice, Vol. 110, No. 1-2,vol. 14.
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Mémoire rédigé par AJOULIGA
DJOUFACK Hermann Blondel 82
ANNEXES
Annexe I : Résultats des estimations des scores
d'efficience
Results from DEAP Version 2.1
Instruction file = $$TEMP$$.INS
Data file = $$TEMP$$.DTA
Input orientated Malmquist DEA
DISTANCES SUMMARY
year = 1
firm no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.000
|
1.000
|
1.107
|
1.000
|
CONGO
|
0.000
|
0.514
|
0.569
|
0.517
|
GABON
|
0.000
|
0.799
|
0.884
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.000
|
0.421
|
0.459
|
1.000
|
RCA
|
0.000
|
0.756
|
0.826
|
1.000
|
TCHAD
|
0.000
|
0.511
|
0.557
|
0.917
|
mean
|
0.000
|
0.667
|
0.734
|
0.906
|
year = 2
firm crs te rel to tech in yr vrs
no. ************************ te
t-1 t t+1
CAMEROUN 0.916 1.000 0.800 1.000
CONGO 0.461 0.511 0.409 0.513
GABON 0.855 0.946 0.757 1.000
Mémoire rédigé par AJOULIGA
DJOUFACK Hermann Blondel 83
Efficience des dépenses publiques de
santé et croissance économique en zone CEMAC
GUINEEE
|
0.504
|
0.550
|
0.437
|
1.000
|
RCA
|
0.750
|
0.819
|
0.651
|
1.000
|
TCHAD
|
0.530
|
0.578
|
0.459
|
1.000
|
mean
|
0.669
|
0.734
|
0.585
|
0.919
|
year = 3
firm no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
1.259
|
1.000
|
1.073
|
1.000
|
CONGO
|
0.438
|
0.351
|
0.375
|
0.351
|
GABON
|
0.651
|
0.521
|
0.558
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.431
|
0.342
|
0.367
|
0.416
|
RCA
|
0.885
|
0.703
|
0.755
|
1.000
|
TCHAD
|
0.673
|
0.535
|
0.574
|
1.000
|
mean
|
0.723
|
0.575
|
0.617
|
0.795
|
year = 4
firm no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.935
|
1.000
|
1.141
|
1.000
|
CONGO
|
0.444
|
0.475
|
0.535
|
0.477
|
GABON
|
0.737
|
0.789
|
0.887
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.607
|
0.652
|
0.743
|
0.873
|
RCA
|
0.510
|
0.547
|
0.624
|
1.000
|
TCHAD
|
0.441
|
0.474
|
0.541
|
1.000
|
mean
|
0.612
|
0.656
|
0.745
|
0.892
|
year = 5
firm no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.889
|
1.000
|
1.234
|
1.000
|
CONGO
|
0.682
|
0.768
|
0.936
|
0.771
|
GABON
|
0.826
|
0.929
|
1.133
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.478
|
0.546
|
0.631
|
0.714
|
RCA
|
0.464
|
0.530
|
0.612
|
1.000
|
TCHAD
|
0.349
|
0.399
|
0.461
|
1.000
|
mean
|
0.615
|
0.695
|
0.834
|
0.914
|
year = 6
firm crs te rel to tech in yr vrs
no. ************************ te
|
t-1
|
t
|
t+1
|
|
CAMEROUN
|
0.820
|
1.000
|
0.897
|
1.000
|
CONGO
|
0.706
|
0.861
|
0.772
|
0.865
|
GABON
|
0.783
|
0.955
|
0.857
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.865
|
1.000
|
0.860
|
1.000
|
RCA
|
0.598
|
0.691
|
0.594
|
1.000
|
TCHAD
|
0.439
|
0.507
|
0.436
|
1.000
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA
DJOUFACK Hermann Blondel 84
Efficience des dépenses publiques de
santé et croissance économique en zone CEMAC
mean 0.702 0.836 0.736 0.977
year = 7
firm crs te rel to tech in yr vrs
no. ************************ te
|
t-1
|
t
|
t+1
|
|
CAMEROUN
|
0.874
|
0.785
|
1.037
|
1.000
|
CONGO
|
0.892
|
0.800
|
1.012
|
0.844
|
GABON
|
0.998
|
0.895
|
1.120
|
1.000
|
GUINEEE
|
1.179
|
1.000
|
1.410
|
1.000
|
RCA
|
0.624
|
0.536
|
0.756
|
1.000
|
TCHAD
|
0.486
|
0.418
|
0.589
|
1.000
|
mean
|
0.842
|
0.739
|
0.987
|
0.974
|
year = 8
firm no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.761
|
0.997
|
0.862
|
1.000
|
CONGO
|
0.799
|
1.000
|
0.892
|
1.000
|
GABON
|
0.742
|
0.928
|
0.828
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.732
|
1.000
|
0.906
|
1.000
|
RCA
|
0.525
|
0.741
|
0.671
|
1.000
|
TCHAD
|
0.379
|
0.534
|
0.484
|
1.000
|
mean
|
0.656
|
0.867
|
0.774
|
1.000
|
year = 9
firm no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
1.165
|
1.000
|
0.852
|
1.000
|
CONGO
|
0.957
|
0.853
|
0.727
|
0.880
|
GABON
|
0.995
|
0.887
|
0.756
|
1.000
|
GUINEEE
|
1.129
|
1.000
|
0.821
|
1.000
|
RCA
|
0.834
|
0.756
|
0.621
|
1.000
|
TCHAD
|
0.791
|
0.717
|
0.589
|
1.000
|
mean
|
0.979
|
0.869
|
0.728
|
0.980
|
year = 10
firm
no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
1.012
|
0.863
|
0.985
|
0.990
|
CONGO
|
0.826
|
0.704
|
0.782
|
0.734
|
GABON
|
1.084
|
0.924
|
1.027
|
1.000
|
GUINEEE
|
1.242
|
1.000
|
1.285
|
1.000
|
RCA
|
0.650
|
0.534
|
0.659
|
1.000
|
TCHAD
|
0.659
|
0.541
|
0.668
|
1.000
|
mean
|
0.912
|
0.761
|
0.901
|
0.954
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA
DJOUFACK Hermann Blondel 85
Efficience des dépenses publiques de
santé et croissance économique en zone CEMAC
year = 11
firm no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.899
|
1.000
|
0.967
|
1.000
|
CONGO
|
0.708
|
0.787
|
0.760
|
0.808
|
GABON
|
0.859
|
0.955
|
0.923
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.600
|
0.751
|
0.649
|
0.757
|
RCA
|
0.582
|
0.718
|
0.552
|
1.000
|
TCHAD
|
0.810
|
1.000
|
0.769
|
1.000
|
mean
|
0.743
|
0.869
|
0.770
|
0.928
|
year = 12
firm
no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
1.035
|
1.000
|
0.788
|
1.000
|
CONGO
|
0.739
|
0.714
|
0.562
|
0.746
|
GABON
|
0.921
|
0.889
|
0.701
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.698
|
0.618
|
0.485
|
0.620
|
RCA
|
0.605
|
0.466
|
0.371
|
1.000
|
TCHAD
|
1.307
|
1.000
|
0.797
|
1.000
|
mean
|
0.884
|
0.781
|
0.617
|
0.894
|
year = 13
firm
no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
1.007
|
0.793
|
0.980
|
0.822
|
CONGO
|
0.902
|
0.711
|
0.878
|
0.753
|
GABON
|
1.159
|
0.913
|
1.128
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.565
|
0.444
|
0.548
|
0.450
|
RCA
|
0.463
|
0.369
|
0.468
|
1.000
|
TCHAD
|
1.283
|
1.000
|
1.269
|
1.000
|
mean
|
0.897
|
0.705
|
0.879
|
0.837
|
year = 14
firm
no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.661
|
0.816
|
0.843
|
0.837
|
CONGO
|
0.782
|
0.966
|
0.997
|
1.000
|
GABON
|
0.625
|
0.772
|
0.797
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.200
|
0.247
|
0.255
|
0.249
|
RCA
|
0.554
|
0.702
|
0.745
|
1.000
|
TCHAD
|
0.809
|
1.000
|
1.061
|
1.000
|
mean
|
0.605
|
0.751
|
0.783
|
0.848
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA
DJOUFACK Hermann Blondel 86
Efficience des dépenses publiques de
santé et croissance économique en zone CEMAC
year = 15
firm
no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.688
|
0.710
|
0.591
|
0.790
|
CONGO
|
0.801
|
0.827
|
0.688
|
0.993
|
GABON
|
0.739
|
0.763
|
0.635
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.348
|
0.360
|
0.299
|
0.378
|
RCA
|
0.533
|
0.565
|
0.484
|
1.000
|
TCHAD
|
0.969
|
1.000
|
0.856
|
1.000
|
mean
|
0.680
|
0.704
|
0.592
|
0.860
|
year = 16
firm
no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.667
|
0.555
|
0.577
|
0.700
|
CONGO
|
0.691
|
0.575
|
0.597
|
0.846
|
GABON
|
0.700
|
0.582
|
0.605
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.431
|
0.358
|
0.372
|
0.404
|
RCA
|
0.537
|
0.460
|
0.491
|
1.000
|
TCHAD
|
1.202
|
1.000
|
1.067
|
1.000
|
mean
|
0.705
|
0.588
|
0.618
|
0.825
|
year = 17
firm no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.563
|
0.585
|
0.994
|
0.718
|
CONGO
|
0.417
|
0.432
|
0.582
|
0.612
|
GABON
|
0.592
|
0.615
|
0.828
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.342
|
0.355
|
0.661
|
0.396
|
RCA
|
0.479
|
0.511
|
1.074
|
1.000
|
TCHAD
|
0.963
|
1.000
|
2.185
|
1.000
|
mean
|
0.559
|
0.583
|
1.054
|
0.788
|
year = 18
firm
no.
|
crs te rel to tech in yr
************************
t-1 t t+1
|
vrs te
|
CAMEROUN
|
0.487
|
0.858
|
0.000
|
0.875
|
CONGO
|
0.606
|
0.821
|
0.000
|
0.912
|
GABON
|
0.743
|
1.000
|
0.000
|
1.000
|
GUINEEE
|
0.448
|
0.881
|
0.000
|
0.906
|
RCA
|
0.496
|
1.000
|
0.000
|
1.000
|
TCHAD
|
0.323
|
0.696
|
0.000
|
1.000
|
mean
|
0.517
|
0.876
|
0.000
|
0.949
|
[Note that t-1 in year 1 and t+1 in the final year are not
defined].
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 87
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Annexe II : Résultats du test
d'homogénéité
Test d'homogénéité du modèle
1
F test that all u_i=0:
F(4, 42) = 1.20 Prob > F = 0.3276
|
Test d'homogénéité du modèle
2
F test that all u_i=0:
F(4, 54) = 1.41
Prob > F = 0.2458
Annexe III : Résultats du test
d'héteroscédasticité de Breusch-Pagan
Test d'héteroscédasticité de
Breusch-Pagan du modèle 1
Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity Ho:
Constant variance
Variables:
|
fitted values of pib
|
chi2(1)
|
=
|
50.05
|
Prob > chi2
|
=
|
0.0000
|
Test d'héteroscédasticité de
Breusch-Pagan du modèle 2
Breusch-Pagan / Cook-Weisberg test for heteroskedasticity Ho:
Constant variance
Variables: fitted values of pib
chi2(1) = 56.52
Prob > chi2 = 0.0000
|
Annexe IV : Résultats du test
d'autocorrélation de Wooldridge
Test d'autocorrelation de Wooldridge du modèle
1
Wooldridge test for autocorrelation in panel data H0: no first
order autocorrelation
F(1, 5) = 3.825 Prob > F = 0.0254
|
Test d'autocorrelation de Wooldridge du modèle
2
Wooldridge test for autocorrelation in panel data H0: no first
order autocorrelation
F(1, 5) = 4.307 Prob > F = 0.0346
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 88
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Annexe V : Résultats du test de
stationnarité d'Im-Pesaran-Shin
Im-Pesaran-Shin unit-root test for ipc
Ho: All panels contain unit roots
|
Number of panels
|
=
|
6
|
Ha: Some panels are stationary
|
Number of periods
|
=
|
14
|
AR parameter: Panel-specific
|
Asymptotics: T,N
|
->
|
Infinity
|
Panel means: Included
|
|
sequentially
|
Time trend: Not included
|
|
|
|
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -2.7756 -2.380 -2.110 -1.980
t-tilde-bar -2.1807
Z-t-tilde-bar -1.2028 0.0197
Im-Pesaran-Shin unit-root test for dps
Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6
Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18
AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N ->
Infinity
Panel means: Included sequentially
Time trend: Not included
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -7.9925 -2.970 -2.720 -2.590
t-tilde-bar -3.0239
Z-t-tilde-bar -5.6640 0.0000
Im-Pesaran-Shin unit-root test for tcpop
Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6
Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18
AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N ->
Infinity
Panel means: Included sequentially
Time trend: Not included
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar 4.1445 -2.970 -2.720 -2.590
t-tilde-bar 1.6904
Z-t-tilde-bar 9.0919 1.0000
Im-Pesaran-Shin unit-root test for D.tcpop
Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6
Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 89
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N ->
Infinity
Panel means: Included sequentially
Time trend: Not included
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -3.1445 -2.970 -2.720 -2.590
t-tilde-bar -2.0684
Z-t-tilde-bar -2.3919 0.0061
Im-Pesaran-Shin unit-root test for tbses
Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6
Ha: Some panels are stationary Number of periods = 11.29
AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N ->
Infinity
Panel means: Included sequentially
Time trend: Not included
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -2.3545 (Not available)
t-tilde-bar -1.2884
Z-t-tilde-bar -1.2651 0.0604
Im-Pesaran-Shin unit-root test for fbcf
Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6
Ha: Some panels are stationary Avg. number of periods = 18
AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N ->
Infinity
Panel means: Included sequentially
Time trend: Not included
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -2.0157 -2.970 -2.720 -2.590
t-tilde-bar -1.6749
Z-t-tilde-bar -1.1783 0.1193
Im-Pesaran-Shin unit-root test for D.fbcf
Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6
Ha: Some panels are stationary Avg. number of periods = 18
AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N ->
Infinity
Panel means: Included sequentially
Time trend: Not included
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 90
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -5.2157 -2.970 -2.720 -2.590
t-tilde-bar -2.6749
Z-t-tilde-bar -3.2435 0.0000
Im-Pesaran-Shin unit-root test for tc
Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6
Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18
AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N ->
Infinity
Panel means: Included sequentially
Time trend: Not included
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -3.0871 (Not available)
t-tilde-bar -2.2994
Z-t-tilde-bar -3.1832 0.0007
Im-Pesaran-Shin unit-root test for infl
Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6
Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18
AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N ->
Infinity
Panel means: Included sequentially
Time trend: Not included
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -4.6808 -2.970 -2.720 -2.590
t-tilde-bar -2.7725
Z-t-tilde-bar -4.7248 0.0000
Im-Pesaran-Shin unit-root test for tcpib
Ho: All panels contain unit roots Number of panels = 6
Ha: Some panels are stationary Number of periods = 18
AR parameter: Panel-specific Asymptotics: T,N ->
Infinity
Panel means: Included sequentially
Time trend: Not included
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -2.2682 -2.970 -2.720 -2.590
t-tilde-bar -1.8510
Z-t-tilde-bar -1.6981 0.0447
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 91
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Im-Pesaran-Shin unit-root test for seds
Ho: All panels contain unit roots
|
Number of panels
|
=
|
6
|
Ha: Some panels are stationary
|
Number of periods
|
=
|
18
|
AR parameter: Panel-specific
|
Asymptotics: T,N
|
->
|
Infinity
|
Panel means: Included
|
|
sequentially
|
Time trend: Not included
|
|
|
|
ADF regressions: No lags included
Fixed-N exact critical values
Statistic p-value 1% 5% 10%
t-bar -3.3745 -2.970 -2.720 -2.590
t-tilde-bar -2.4743
Z-t-tilde-bar -3.5732 0.0002
Annexe VI : Résultats des estimations des
modèles par la méthode des
MCGF (Moindres Carrées
Généralisés Faisables)
Estimation du modèle 1 par les MCGF
Cross-sectional time-series FGLS regression
Coefficients: generalized least squares
Panels: heteroskedastic
Correlation: common AR(1) coefficient for all panels
|
|
Estimated covariances =
|
5
|
Number of obs =
|
42
|
Estimated autocorrelations =
|
1
|
Number of groups =
|
6
|
Estimated coefficients =
|
8
|
Obs per group: min =
|
5
|
|
|
avg =
|
9.6
|
|
|
max =
|
14
|
|
|
Wald chi2(7) =
|
24.83
|
|
|
Prob > chi2 =
|
0.0008
|
tcpib |
|
Coef.
|
Std. Err.
|
z
|
P>|z|
|
[95% Conf.
|
Interval]
|
fbcf |
|
.3673215
|
.1277407
|
3.27
|
0.004
|
.1169544
|
3.617688
|
D1.
tbses |
|
.4108534
|
.2417223
|
2.63
|
0.027
|
-.0484174
|
12.79155
|
infl |
|
-.2920082
|
.0661464
|
-3.09
|
0.032
|
-12.67168
|
9.425728
|
tc |
|
6.801875
|
.0288399
|
0.07
|
0.746
|
.1584001
|
.2546493
|
tcpop |
|
-18.48014
|
4.025178
|
-4.86
|
0.000
|
-.4090553
|
25.36935
|
D1.
ipc |
|
-.1582469
|
.2892145
|
-0.64
|
0.548
|
-11.20959
|
-.3216022
|
dps |
|
-5.247116
|
2.527324
|
-2.93
|
0.038
|
-10.20058
|
-.2936513
|
_cons |
|
-23.06359
|
14.74835
|
-1.36
|
0.183
|
-51.96982
|
5.842647
|
Mémoire rédigé par AJOULIGA DJOUFACK
Hermann Blondel 92
Efficience des dépenses publiques de santé et
croissance économique en zone CEMAC
Estimation du modèle 2 par les MCGF
Cross-sectional time-series FGLS regression
Coefficients: generalized least squares
Panels: heteroskedastic
Correlation: common AR(1) coefficient for all panels
Estimated covariances
|
=
|
1
|
Number of obs =
|
54
|
Estimated autocorrelations
|
=
|
1
|
Number of groups =
|
6
|
Estimated coefficients
|
=
|
8
|
Obs per group: min =
|
5
|
|
|
|
avg =
|
10.4
|
|
|
|
max =
|
17
|
|
|
|
Wald chi2(9) =
|
34.23
|
|
|
|
Prob > chi2 =
|
0.0000
|
tcpib |
|
Coef.
|
Std. Err.
|
z
|
P>|z|
|
[95% Conf.
|
Interval]
|
fbcf |
|
.3417129
|
.0455941
|
3.56
|
0.000
|
.2523582
|
.4310677
|
D1.
tbses |
|
.2030708
|
.1427312
|
2.32
|
0.054
|
.0849724
|
17.41145
|
infl |
|
-.1614615
|
.0750546
|
-3.05
|
0.067
|
.3085659
|
18.43572
|
tc |
|
5.392175
|
1.731533
|
0.91
|
0.323
|
-.0584009
|
.0546493
|
tcpop |
|
-3.770234
|
2.697905
|
-3.40
|
0.002
|
-9.058032
|
1.517563
|
D1.
ipc |
|
-.2746367
|
.2892147
|
-1.54
|
0.465
|
-.3820959
|
-.0516122
|
seds |
|
.1052443
|
8.599859
|
2.06
|
0.078
|
.1440244
|
18.57998
|
_cons |
|
43.51198
|
15.32415
|
2.93
|
0.019
|
-26.52281
|
.3354677
|
|