CONCLUSION
Arrivé au terme de cette analyse ou il a
été question de mettre en évidence le concept
d'efficacité productive dans la théorie économique, il
ressort qu'elle dépend de plusieurs facteurs. Son étude est faite
grâce à deux méthodes à savoir l'approche
paramétrique et l'approche non paramétrique. Cependant
après une étude comparative des dites méthodes, il
s'avère que la méthode non paramétrique est celle qui
intègre dans l'analyse le caractère multi facteurs qui
caractérise les unités de production agricoles
étudiées. Toutefois, le choix de l'une ou de l'autre de ces
méthodes n'a aucun impact majeur sur le résultat final, lorsque
l'objectif de l'étude est d'identifier les facteurs qui expliquent
l'efficacité.
22
Mémoire de Master II soutenu par : NGASSEU NOUPIE Elie
CHAPITRE 2 : MISE EN EVIDENCE DE L'EFFICACITE
PRODUCTIVE AU CAMEROUN
Introduction
Nous avons exposé dans le premier chapitre les concepts
de l'efficacité productive. Il s'agit à présent de mettre
en évidence cette notion de l'efficacité productive au Cameroun.
Cela sera fait à travers le calcul de l'indice de productivité de
malmquist pour quelques régions du Cameroun. Pour le faire, il sera
judicieux de présenter les données qui vont servir à ces
calculs. Nous allons dans une première section, parler des
déterminants de l'efficacité productive, des travaux menés
avec les méthodes non paramétrique et de la méthodologie
de calcul de l'efficacité productive. La deuxième section sera
consacrée à la présentation des résultats et aux
interprétations des différents indices de productivité de
malmquist.
Section1 : Déterminants de l'efficacité
productive, travaux menés avec les méthodes non
paramétriques et méthodologie de calcul de l'indice de
productivité de malmquist.
1.1. Analyse des déterminants potentiels de
l'efficacité productive
Pour analyser les déterminants potentiels de
l'efficacité productive, nous partons de la théorie du capital
humain. C'est la somme des précisions qu'émet cette
théorie qui permet de pousser l'étude plus loin et
appréhender d'autres facteurs clés de l'efficacité
productive.
1.1.1. La théorie du capital humain
La théorie du capital humain est née du constat
selon lequel les facteurs classiques de production (terre, capital et travail)
n'expliquent qu'une partie de la croissance économique. Ainsi, une
partie de la croissance économique est imputable au capital humain,
défini comme un ensemble de compétences, de savoirs, de
savoir-faire, acquis par un individu et qui augmentent sa capacité
productive. Deux économistes américains de renoms :
Théodore Schultz (1902-1998) et Gary Becker (né en 1930) sont
à l'origine de ce concept.
Théodore Schultz10, économiste du
développement pense que la formation/éducation des individus
permet de transformer un ouvrier en un travailleur efficace capable d'analyser
une situation. Ainsi, la formation permet de réaliser des gains de
productivité ; elle contribue à
23
10 Lauréat du prix Nobel d'Economie en 1979,
avec Arthur Lewis
Mémoire de Master II soutenu par : NGASSEU NOUPIE Elie
constituer et à accroître le capital humain. Par
ailleurs, le concept de capital humain est largement diffusé et
précisé par Gary Becker11. Ses travaux ont
élargi le champ de l'analyse micro-économique à de
nombreux comportements humains. Le capital humain est considéré
comme un capital pouvant s'acquérir (par l'éducation), se
préserver et se développer (par la formation continue) et donner
des dividendes (sous forme d'une augmentation de la productivité du
détenteur).
L'hypothèse fondamentale au coeur de cette
théorie est que, l'éducation est un investissement (privé
ou social) qui accroît la productivité de ceux qui la
reçoivent. La formation affecte donc positivement la productivité
des individus en leur permettant d'accroître leurs connaissances et leurs
compétences et donc leurs capacités à travailler
(Abessolo, 2007). Elle donne également une meilleure adaptabilité
face aux changements et permet de diminuer les risques d'obsolescence de la
main d'oeuvre.
A partir de l'analyse du capital humain, de nombreuses
études empiriques ont été consacrées à la
relation entre l'éducation, l'efficacité et la
productivité dans le secteur agricole. Une revue de la
littérature, relayée par la banque mondiale a
crédité l'idée que l'éducation a un fort effet sur
l'efficacité productive des agriculteurs (Lockheed, Jamison et Lau,
1980). Grâce à une méta-analyse sur les pays en voie de
développement d'Asie et d'Amérique Latine, ces auteurs montrent
qu'en moyenne, les agriculteurs ayant fait quatre années d'école
primaire ont une productivité supérieure de 7,4% à celle
de leurs homologues qui n'ont pas le niveau primaire. Par ailleurs,
l'environnement économique général, qu'il soit en cours ou
non de modernisation (technologies en voie d'évolution, marchés
en expansion, nouvelles cultures en cours d'introduction) affecte ce lien entre
éducation des agriculteurs et productivité. C'est pourquoi
parlant de productivité, l'avantage des agriculteurs
éduqués est de 9,5% dans un environnement en cours de
modernisation et seulement de 1,3% dans un environnement plus traditionnel.
D'autres études portant sur les déterminants de
l'efficacité trouvent l'existence d'un lien positif entre
l'éducation du chef d'une unité de production et
l'efficacité : Ali et Flinn, 1989 ; Coelli et Fleming, 2004) en
Papouasie et Nouvelle Guinée... L'un des arguments évoqués
pour justifier ce lien positif entre l'éducation et l'efficacité
est qu'un agriculteur a facilement la maîtrise des techniques modernes de
production et l'opportunité d'avoir des informations nécessaires
sur les prix de marché et d'acheter ses inputs à moindre prix.
24
11 Prix Nobel d'Economie en 1992
Mémoire de Master II soutenu par : NGASSEU NOUPIE Elie
Néanmoins, Gurgand (1993) met en évidence un
paradoxe en ce qui concerne l'agriculture africaine. Il établit le fait
que, en Afrique, plus il y a des membres scolarisés dans un groupe
familial, plus la production agricole est faible. Un prolongement de ces
études aboutit au constat selon lequel, l'effet de l'éducation
sur la productivité des agriculteurs est plus important en Asie et en
Amérique Latine qu'en Afrique (Phillips, 1994). Dans cet ordre
d'idées, Hasnah et al. (2004), trouvent un impact significativement
négatif de l'éducation du chef sur l'efficacité technique
d'une unité de production agricole à l'Ouest de
l'Indonésie.
Il est important de préciser que les facteurs qui
influencent l'efficacité productive ne sont pas uniquement fondés
sur la théorie du capital humain ; il existe d'autres non moins
importants.
|