République du Cameroun
Paix-Travail-Patrie
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
B.P. 1365-YAOUNDE CAMEROUN
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UNITE DE FORMATION DOCTORALE
MASTER II : INGENIERIE ECONOMIQUE ET FINANCIERE,
OPTION ECONOMIE MATHEMATIQUE ET ECONOMETRIE Deuxième
promotion
POLITIQUE FISCALE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN ZONE CEMAC
Par
HAMAN MAHAMAT Addi
Titulaire d'un Master I en Sciences Economiques, Option
Economie Monétaire Mathématique et Financière
Sous la direction du
Pr. AVOM Désiré
Agrégé des Facultés des Sciences Economiques
Année académique 2012/2013
II
AVERTISSEMENT
L'Université de Yaoundé II n'entend donner
aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans ce
mémoire. Celles-ci doivent être considérées comme
propres à leur auteur.
Page iii
DEDICACES
A mes parents, DJARATOU BOUBA et
MAHAMAT ADDI,
Pour leur inestimable dévouement et leurs
précieux conseils, leurs supports et leurs encouragements envers toutes
mes aspirations, et pour qui ce mémoire constitue un de leurs
rêves, et pour moi, une belle occasion de souvenir et de reconnaissance
à leur endroit.
Puissent ces pages témoigner de ma profonde
gratitude.
Page iv
REMERCIEMENTS
La réalisation de cette étude a
nécessité la collaboration de plusieurs personnes dont la
contribution directe ou indirecte s'est avérée nécessaire
pour garantir sa bonne réussite. Je désire profiter de cette
occasion pour remercier tous ceux et celles qui, soit directement ou
indirectement, m'ont appuyé tout au long de ce processus. Ainsi, ai-je
l'agréable devoir d'exprimer ma profonde gratitude :
Au Professeur AVOM Désiré qui,
malgré son emploi du temps chargé a accepté de coordonner
et superviser ce travail.
Au Docteur BOBBO Amadou qui, de par ses
conseils, sa disponibilité, son expertise, son orientation et ses
éclaircissements sur le thème choisi, a contribué de
manière significative à la réalisation de ce travail ;
à tout le personnel enseignant et administratif de l'Université
de Yaoundé II, pour leur dévouement à la formation que
j'ai reçu.
Au Docteur BIKAI Jacques Landry et à
Mr. KAFFO Jean Faustin pour les conseils et l'aide inestimable
qu'ils m'ont apporté dans le traitement économétrique.
A KEEN Michael, MANSOUR Mario
et KELSEY Moser, pour m'avoir fourni des données
complètes sur les recettes fiscales, indispensables pour cette
étude.
A mes parents Mr et Mme MAHAMAT ADDI, à
mes frères et soeurs Ibrahim, Madina,
Khalimat, Fadila, Oumarou et
Djeba pour leurs soutient sans cesse renouvelé, et pour
avoir su créé un environnement propice à la recherche.
A mon oncle Mr.SOUAIBOU Abiss.
A Mr.MBOUTCHOUANG Vincent, Mr.NVUH N.
Youssouf, Mr.MPABE BODJONGO Mathieu et Mr.
KENNECK Joseph.
Enfin, à mes amis et amies
Sani, Fred, Guy,
Wilfried, Stéphanie,
Michelle, Anicet, Atéba
Dounia, Youssouf, Nadine,
Serge, M. Datala, Alioum et Nourou.
Page v
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
ADF : Augmented Dickey-Fuller
AfOA-UE: Afrique Orientale et Australe-Union
Européenne.
BAD : Banque Africaine de
Développement
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire l'Afrique Centrale
DF : Dickey-Fuller
DTI : Droits et Taxes à
l'Importation
FMI : Fonds Monétaire International
IRPP : Impôts sur le Revenu des
Personnes Physiques
IS : Impôt sur les
Sociétés
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique
OCDE : Organisation pour la
Coopération et le Développement Economique
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
TVA : Taxe sur la Valeur Ajoutée
UE : Union Européenne
VAR : Vector Auto Regressive
WDI : World Development Indicators
PER : Programme Economique Régional
TEC : Tarifs Extérieurs Communs
Page vi
RESUME
L'objectif de ce mémoire est d'analyser la
contribution de la fiscalité à la croissance économique
des pays de la zone CEMAC. A cet effet, sur la base des données couvrant
la période 1980-2005 issues principalement du WDI 2013, nous
construisons un modèle de panel à erreurs composées avec
variables instrumentales. Notre étude conduit à deux principales
conclusions. En premier lieu, nos résultats impliquent principalement
que la pression fiscale, contrairement à l'ouverture commerciale et au
capital physique, agit négativement sur la croissance du PIB. En
deuxième lieu, l'instabilité fiscale et l'apparition des conflits
armés influencent positivement l'instabilité de la croissance
économique ; alors que l'amélioration des niveaux de vies est de
nature à abaisser cette instabilité. Nous concluons sur des
recommandations de politiques économiques, sans lesquelles il sera
difficile d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) à l'horizon 2015 ; et de devenir en 2025, un
espace économique intégré émergent, où
règnent la sécurité, la solidarité et la bonne
gouvernance, au service du développement humain.
Mots clés : Fiscalité,
croissance économique, pression fiscale, instabilité fiscale.
Page vii
ABSTRACT
The objective of this thesis is to analyse the
contribution of taxation to the economic growth of countries of the CEMAC zone.
To this end, based on data covering the period from 1980-2005 mainly from WDI
2013, we construct a panel model of composed errors with instrumental
variables. Our study leads to two main conclusions. First, our results imply
that tax burden, unlike trade openness and physical capital has a negative
effect on GDP growth. Second, fiscal instability and the onset of armed
conflicts positively influence the instability of economic growth; while
improving standards of living is likely to reduce this instability. We conclude
with recommendations for economic policy , without which it will be difficult
to achieve the Millennium Development Goals (MDGs) by 2015 , and to become in
2025, an integrated emergent economic space where security, solidarity and good
governance prevail for the enhancement of human development.
Keywords: Taxation, economic
growth, tax burden, fiscal instability.
Page viii
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT II
DEDICACE III
REMERCIEMENTS IV
LISTE DES ACRONYMES. V
RESUME VI
ABSTRACT VII
SOMMAIRE VIII
LISTE DES TABLEAUX IX
LISTE DES FIGURE IX
INTRODUCTION GENERALE. 1
CHAPITRE I : CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE. 3
Section I :
Contexte 4
Section II : Problématique, questions et objectifs de
recherche. 12
CHAPITRE II : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE: UNE ANALYSE
THEORIQUE ET EMPIRIQUE. 15
Section I : Fiscalité et croissance économique: une
analyse théorique 15
Section II : Fiscalité et croissance économique:
une analyse empirique. 21
CHAPITRE III : METHODOLOGIE ET ESTIMATION ECONOMETRIQUE DES
MODELES. 27
Section I : Fiscalité et croissance économique:
méthodologie et estimation économétrique. 27
Section II : Mobilisation des recettes fiscales et
instabilité de la croissance économique:
méthodologie et estimation économétrique
35
CHAPITRE IV : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS. 39
Section I : Fiscalité et croissance économique:
résultats et recommandations 39
Section II : Instabilté fiscale et instabilité de
la croissance économique : résultats et
recommandations 4 5
CONCLUSION GENERALE. 50
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES. 52
Page ix
REFERENCES ELECTRONIQUES 56
ANNEXES. 57
TABLE DES MATIERES 61
LISTE DES TABLEAUX
Tableau IV.1: Test de stationnarité de Im-Pesaran-Shin
(IPS) 57
Tableau IV.2: synthèse des tests de
stationnarité de Im-Pesaran-Shin (IPS) 58
Tableau IV.3 : Résultats du test
d'homogénéité de HSIAO 40
Tableau IV.4 : Test de spécification de Hausman 58
Tableau IV.5: Test de causalité de Granger par paire de
variables 69
Tableau IV.6: Matrice des coefficients de corrélation
modèle 1 59
Tableau IV.7: Estimation du modèle 1. (Variable
dépendante : taux de croissance du PIB 42
Tableau IV.8 : Comparaison des PIB réels par habitant
des différents pays de la CEMAC 60
Tableau IV.9: Matrice des coefficients de corrélation
modèle 2 60
Tableau IV.10: Estimation du modèle 2. (Variable
dépendante ln_sigma_t_c) 46
FIGURES
Page x
Figure III.1 Procédure générale des tests
d'homogénéité 57
Page 1
INTRODUCTION GENERALE
Les travaux keynésiens sur la politique fiscale, en
s'appuyant sur les échecs du marché, soulignent le rôle et
l'importance de l'Etat dans toute économie. Le besoin d'une offre de
biens publics, la nécessité de réduire la pauvreté
ou les inégalités, toutes choses nécessaires pour
l'atteinte d'une croissance économique saine et durable. Les recettes
fiscales constituent la principale ressource des États. La politique
fiscale a donc pour objectif initial de garantir les rentrées
budgétaires minimales. Mais dès lors que la
pérennité financière de l'État est assurée,
il a été attribué d'autres objectifs à la politique
fiscale. Elle est utilisée pour satisfaire aux trois fonctions de
l'État définies par Musgrave (1959) :
· l'Etat peut chercher à réguler
l'activité économique en modulant le niveau des
prélèvements obligatoires ;
· l'Etat peut mettre en oeuvre des incitations fiscales
pour influer sur l'allocation des ressources ;
· l'Etat peut rechercher une redistribution des revenus
en ajustant l'impôt aux ressources des contribuables, selon l'effet
recherché.
La politique fiscale apparaît donc comme un instrument
important qui participe de la politique économique en contribuant au
financement des dépenses et à la redistribution des revenus. Elle
a donc des effets réels sur la croissance économique.
Si la fiscalité est un instrument important de la
croissance économique, force est de constater que, les pays africains en
général, et ceux de la zone CEMAC en particulier, basent leurs
croissances principalement sur l'exploitation des ressources naturelles, qui
sont par nature instables. A cet effet, les conclusions de la conférence
de Doha en 2008 ont mis l'accent sur la nécessité de renforcer la
mobilisation des ressources internes des pays africains, en vue de contribuer
à l'atteinte des Objectifs du millénaire pour le
développement (OMD). La mobilisation des ressources fiscales constitue
en effet la première source, durable et prévisible, de
financement du développement et permet de dégager un espace
budgétaire utilisable pour le financement des dépenses
prioritaires.
Page 2 e 10
Cette étude est d'autant plus importante qu'elle
ambitionne de renchérir le débat sur le lien entre la politique
fiscale et la croissance économique. A cette fin, elle se base sur les
techniques d'estimation des modèles de panel à erreurs
composées, avec variables instrumentales. Ainsi, elle débouche
sur des tentatives de modernisation de la politique fiscale de la
sous-région, afin de disposer d'autres sources de recettes avant la
réduction progressive des tarifs douaniers. Ceci dans l'optique de lui
permettre d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) d'ici la date butoir 2015 ; et de devenir en 2025,
un espace économique intégré émergent, où
règnent la sécurité, la solidarité et la bonne
gouvernance, au service du développement humain.
Aussi, notre étude s'organisera autour de quatre
chapitres. Le premier chapitre : contexte et problème, aura pour
objectif de présenter le problème actuel de la fiscalité
et les tentatives de solutions envisagées pour les économies
occidentales et africaines d'une part, et d'autres part, d'exposer la
problématique qui débouchera sur la question de recherche qui
oriente notre étude. Le deuxième chapitre intitulé
fiscalité et croissance économique: une analyse théorique
et empirique aura pour objet de passer en revue les travaux les plus importants
tant sur le plan théorique qu'empirique traitant de la fiscalité
et de la croissance économique, afin d'en construire une analyse
critique et cohérente répondant au contexte économique
actuel. Le troisième chapitre quant à lui est intitulé :
méthodologie et estimation économétrique des
modèles dont l'objet est la présentation des modèles et
des méthodes d'estimation propres utilisées pour répondre
aux questions spécifiques ayant découlé de notre question
de recherche. Le dernier chapitre : résultats et recommandations,
s'attèlera à présenter les résultats de nos
estimations et les recommandations de politiques économiques tant pour
la relation fiscalité et croissance économique que celle de
l'instabilité des recouvrements fiscaux et la variabilité de la
croissance économique. Ceci, dans le but de confirmer ou d'infirmer nos
hypothèses d'étude.
Page 3 Page
CHAPITRE I : CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
La politique fiscale désigne l'ensemble des mesures
réglementaires et administratives (outils et mécanismes)
permettant aux autorités politiques de collecter les impôts et
taxes en vue de financer la production des biens collectifs et d'en assurer la
distribution. Elle est contrainte par les recettes fiscales qui sont le plus
souvent affectées par des chocs exogènes pesant sur les
économies (Avom, 2011). Comme l'affirme Gurria1,
l'amélioration de l'efficacité des systèmes fiscaux des
pays en développement est la nouvelle frontière de la politique
de développement. La fiscalité joue donc un rôle essentiel
dans le programme d'action actuel pour le développement. Elle fournit un
flux stable de recettes pour financer les objectifs de développement
tels que la mise en place d'infrastructures matérielles. De plus, elle
est imbriquée dans de nombreux autres domaines de politique publique,
qui vont de la bonne gouvernance à l'intégration de
l'activité économique dans le secteur formel en passant par la
stimulation de la croissance. Cette dernière est entendue comme le fait
majeur qui caractérise l'histoire économique du monde depuis les
débuts de la révolution industrielle ; et est devenue,
incontestablement, l'horizon unique que les pays industrialisés et ceux
en voie de développement, ne cessent de pointer du doigt ; c'est
l'élément principal d'appréciation économique dans
le temps et dans tout pays (Crozet, 1995). Dans l'ensemble, la
politique fiscale établit le cadre dans lequel s'effectuent les
échanges et les investissements internationaux. Par conséquent,
le principal défi des pays consiste à trouver l'équilibre
optimal entre un système fiscal qui soit favorable à l'entreprise
et à l'investissement, tout en dégageant suffisamment de recettes
pour financer les investissements publics qui contribuent au
développement local et à l'attractivité des
économies.
Ce chapitre sera segmenté en deux sections : la
première sera consacrée au contexte de notre étude, dont
l'objectif sera de présenter le problème actuel de la
fiscalité et les tentatives de solutions envisagées pour les
économies Occidentales d'une part et celles de l'Afrique d'autre part.
La seconde section quant à elle sera consacrée à la
problématique. Elle débouche sur la question de recherche qui
oriente le présent travail.
1 Secrétaire général de l'OCDE - Avril
2009
Page 4 Page
SECTION I : CONTEXTE
La question de la fiscalité préoccupe en
réalité tous les pays de la planète. Toutefois, le
problème est différent selon qu'on soit en Afrique ou dans les
pays Occidentaux.
I.1- Contexte de l'économie Occidentale
L'économie occidentale, connait aujourd'hui des
problèmes d'évasions fiscales qui sont l'évitement de
l'impôt en déplaçant tout ou partie d'un patrimoine ou
d'une activité vers un autre pays, sans que le citoyen concerné
s'expatrie lui-même. L'évaluation des montants est délicate
et dépend fortement des hypothèses de l'évaluateur. En
effet, les services fiscaux des États-Unis pensent qu'il y a un manque
de l'ordre de 330 milliards de dollars par an2, soit 16 % des
impôts fédéraux et 2 % du PIB, et l'Union européenne
estime que le manque à gagner pour l'ensemble des pays de l'Union est de
2 à 2,5 % du PIB3. Selon Rompuy (2013), président du
Conseil européen, l'évasion fiscale prive les pays de l'Union
européenne de 1.000 milliards d'euros par an4. L'explication
de ce phénomène dépend du modèle de l'Etat que l'on
utilise pour comprendre les relations politiques entre les individus. On peut
distinguer deux grands modèles : le modèle orthodoxe de l'Etat,
héritier de la philosophie politique de Hobbes et Rousseau ainsi que de
la tradition classique ; et le modèle de L'Etat Léviathan,
apparenté à la philosophie de Locke et à l'analyse
économique contemporaine des choix publics.
> Le modèle orthodoxe de l'Etat
Le modèle orthodoxe de l'Etat domine la théorie
économique des finances publiques depuis plus de deux siècles. On
part de l'idée que seule l'autorité politique peut satisfaire la
demande de biens publics comme la sécurité publique et la
défense nationale. Comme par hypothèse tout le monde profite
automatiquement de ces services, chacun sera tenté de jouer le «
passager clandestin » en refusant de payer sa part. La tentation de ce
dernier explique l'évasion fiscale. Il en résulte une production
sous optimale des biens publics et des impôts plus élevés
pour ceux
2 Les paradis fiscaux:entre évasion fiscale,
contournement des règles et inégalités mondiales
[archive], L'Économie politique, n° 042 - avril 2009.
3 Les paradis fiscaux:entre évasion
fiscale, contournement des règles et inégalités mondiales
[archive], L'Économie politique, n° 042 - avril 2009.
4 Luke Baker, Julien Dury pour le service
français, édité par Marc Angrand «
L'évasion fiscale coûterait 1.000 milliards par an à l'UE
» [archive] , Le nouvel Observateur avec l'agence
Reuters, 12 avril 2013
Page 5 Page
qui continuent de payer leur part. L'intérêt
unanime des individus justifie donc des sanctions contre l'évasion
fiscale. Dans ce modèle, l'Etat produit les biens publics
demandés par ses membres. Le coût de cette production
détermine le niveau nécessaire des prélèvements
obligatoires. Tous profitant des biens publics, tous doivent contribuer
à leur financement. La résistance fiscale est
économiquement inefficace, c'est-à-dire entraine un faible niveau
de croissance économique.
Le modèle orthodoxe de l'Etat prête flanc
à plusieurs critiques : l'école des choix publics démontre
comment les processus politiques et bureaucratiques sont incapables
d'évaluer correctement les demandes des citoyens et de produire une
quantité optimale des biens publics. Autant il existe des échecs
du marché dans la production des biens publics, autant il existe des
échecs de l'Etat. Le modèle ne rend pas bien compte de plusieurs
observations empiriques, notamment : la croissance phénoménale de
l'Etat moderne, notamment au cours du 20e siècle ; le niveau
actuel des impôts qui représente globalement 50% environs de ce
que produisent et gagnent les citoyens, alors qu'au 18e
siècle, des impôts du dixième ou du vingtième
suscitaient des résistances ; l'inégalité des impôts
parmi les contribuables et le découplage entre les impôts
payés et les avantages reçus ; l'insatisfaction montante de la
population au fur et à mesure que l'Etat agrandit son domaine
prétendument pour répondre à des demandes
générales.
> L'Etat Léviathan
Développé par Hobbes (1651), ce modèle a
été enrichi par des économistes et des politologues de
notre époque. En effet, Buchanan et Brennan (1980), chefs de file de
l'école des choix publics, modélisent l'Etat comme une
institution cherchant à maximiser ses revenus. Au nom de la justice
sociale ou pour le compte de ceux qui sont du bon côté du guichet,
l'Etat (appelé ici Léviathan) ira chercher chez les contribuables
le maximum qu'il peut en tirer sans risquer de tarir « la poule aux oeufs
d'or » ou de provoquer une révolution. Les implications
économiques de la théorie de l'Etat Léviathan sont
fondamentales. Ce ne sont plus les dépenses publiques nécessaires
qui déterminent l'impôt à lever ; tout au contraire, le
Léviathan maximisera ses revenus et ajustera le niveau des
dépenses selon ce qu'il réussit à confisquer. La
croissance de l'Etat moderne s'explique par cette logique interne.
Dans cette perspective, l'opprobre sociale et morale qui
s'attache à l'évasion fiscale relève de la propagande
étatique. Car si l'Etat cherche à lever des impôts au
maximum sans égard à la demande de biens publics, s'il exploite
les contribuables au profit d'une minorité (ou d'une majorité)
qui reçoit plus qu'elle ne paie, alors l'évasion fiscale
(notamment au moyen du travail
clandestin et de l'économie souterraine) trouve une
justification non seulement morale mais aussi économique.
L'évasion fiscale devient en effet un stabilisateur
automatique à l'exploitation étatique. A mesure que le fardeau
fiscal s'alourdit, des contribuables se réfugient dans l'économie
souterraine. Loin d'augmenter le fardeau des autres contribuables, ceux qui
évitent ainsi l'impôt freinent la capacité de l'Etat
à fournir des biens publics profitant à tous ; ce qui est
préjudiciable pour une croissance économique de long terme. C'est
pourquoi, selon Demsetz (1982), l'Etat démocratique ne peut confisquer
plus que la moitié de ce que la population produit et gagne : une fois
atteint ce niveau de prélèvement, l'économie souterraine
et l'évasion fiscale croissent en proportion des efforts de l'Etat pour
prélever des impôts additionnels. On dira alors que trop
d'impôt tue l'impôt. Ainsi, une cause de l'évasion fiscale
résiderait dans le niveau spoliateur de la fiscalité. Même
Smith (1776) en témoigne indirectement quand il écrit : «
il ne fait pas doute qu'un impôt exorbitant, équivalent par
exemple en temps de paix comme en temps de guerre, à la moitié ou
même au cinquième de la nation, justifierait, comme tout abus
caractérisé de pouvoir, la résistance du peuple.
»
Face à ces fléaux d'évasions et de
fraudes fiscales, plusieurs travaux en la matière ont été
effectués pour apporter des tentatives de résolution. Notamment
ceux de Coricelli et al. (2007) qui montrent qu'une politique menaçant
de dénoncer publiquement les fraudeurs pourrait contribuer à
réduire la fraude fiscale. Aussi, depuis 2010, les Etats Unis ont
voté une loi5 visant à garantir le respect des
obligations fiscales par tout ressortissant ou ayant droit américain
détenteur de comptes dans des banques étrangères.
L'entrée en vigueur de cette loi a été plusieurs fois
reportée et est désormais fixée au 1er janvier 2014, avec
une montée en puissance qui devrait s'étaler jusqu'en 2017. De
plus, les grandes puissances du G8, lors de leur dernière
réunion6, se sont engagées sur l'échange
automatique d'informations fiscales qu'elles considèrent comme l'arme
fatale contre les paradis fiscaux. Elles s'engagent également à
faire de cet échange automatique le « nouveau standard mondial
».
Toutefois, bien que ce fléau touche tous les pays en
général et ceux de l'Afrique en particulier, il est à
noter pour ces derniers que d'autres phénomènes d'un tout autre
ordre menacent le financement des leurs dépenses publiques.
5Il s'agit de la réglementation FATCA pour
Foreign Account Tax Compliance Act 6 Elle s'est tenue
à Lough Erne, en Irlande du nord les 17 et 18 Juin 2013.
Page 6 Page
Page 7
P
I.2- Contexte de l'économie africaine
Bien que l'on reconnaisse la persistance de l'évasion
et des fraudes fiscales sur le continent, le problème majeur de la
fiscalité africaine est celui de la faiblesse des taux de
prélèvements fiscaux et l'étroitesse de l'assiette
d'imposition7. Ce constat diffère légèrement
lorsqu'on situe du côté de l'Afrique en général, et
de la zone CEMAC en particulier.
> L'économie africaine en général
Après être restés presque
inchangés entre le début des années 90 et le début
des années 2000, les chiffres des recettes publiques en pourcentage du
PIB se sont constamment améliorés dans la plupart des pays
africains. Les recettes nationales (définies comme les recettes
publiques fiscales et non fiscales, à l'exclusion des dons) ont
augmenté de près de 4 points de PIB entre 2002 et 2007,
atteignant une moyenne de plus de 25 % en 2007 pour l'ensemble de l'Afrique
sub-saharienne. Si l'on exclut le Nigeria et l'Afrique du Sud, l'augmentation
des recettes publiques en pourcentage du PIB a été encore plus
prononcée pour le reste de l'Afrique sub-saharienne, puisqu'elles sont
passées de 18,8 % en moyenne au cours de la période 1997-2002
à 25,4 % en 20078. Toutefois, d'énormes efforts
restent encore à fournir. En effet, si l'on en croît Chambas
(2005), nombre d'entrepreneurs individuels, pourtant largement au-dessus des
seuils de taxation, parviennent à éluder en grande partie de
l'impôt sur les bénéfices dont ils sont redevables, de
telle sorte que moins de 700 entreprises contribuent à plus de 80 % des
impôts directs. Par conséquent, une part importante de
l'augmentation des recettes fiscales en Afrique provient des impôts sur
les ressources naturelles, tandis que les recettes non liées à
ces ressources n'ont augmenté que de moins de 1 % du PIB, et le ratio
impôt/PIB en Afrique Subsaharienne est passé de moins 15% en
moyenne à plus 18% sur une période de 25ans9. Cela
devient d'autant plus préoccupant si l'on prend en compte les effets de
la crise économique mondiale de 2008. En effet, la baisse des recettes
d'exportation en 2009, a entraîné celle du taux de croissance qui
n'était que de 2,8%, soit moins de la moitié des 5,7%
enregistrés en 2008. Dans l'ensemble, lorsqu'on compare le taux de
pression fiscale de l'Afrique à celui des pays de l'OCDE, qui est de 36
%, (moyenne non pondérée pour 2006)10, avec un secteur
informel important et échappant l'imposition (Chambas, 2005), il est
évident que les gouvernements africains souffrent d'une nette
insuffisance de leurs recettes fiscales.
7 Banque de France, rapport annuel de la zone Franc 2011.
8 P. 13, OCDE, Financement du développement en Afrique,
de Monterrey à Doha, OCDE, 2008
www.africapartnershipforum.org/dataoecd/63/17/41656352.pdf
9 Selon l'Initiative NEPAD-OCDE pour l'investissement
en Afrique sur la période 1980-2006
10 Base de données fiscale de l'OCDE, 2006.
Page 1 Page 8
Par ailleurs, l'un des problèmes les plus pressants
auxquels doit faire face le continent consiste à rechercher une voie
pour libérer les pays africains d'une dépendance excessive
à l'égard des flux de capitaux d'origine externe tels que l'aide
étrangère. En effet, ces sources de financement d'origine externe
sont victimes de l'instabilité de l'environnement macroéconomique
mondiale (comme la récente crise financière ou la recrudescence
du terrorisme), et par conséquent transmettent ces instabilités
aux gouvernements bénéficiaires. Ce qui est nuisible pour la
croissance économique (Berg, 1997). A cet égard, une condition
indispensable est le renforcement de la capacité de mobilisation des
ressources nationales. Les recettes nationales doivent constituer l'une des
principales sources d'expansion de l'espace budgétaire en raison de leur
caractère durable, ce qui permet de réduire la dépendance
à l'égard de l'assistance des pays donateurs. De plus, en misant
davantage sur les recettes intérieures, les pays limitent le risque de
« syndrome hollandais » (dutch desease). En effet, la
littérature économique conclut que la dépendance des
ressources naturelles est associée à de faibles performances
économiques (Sachs et Warner, 1995). Ce résultat s'explique par
l'effet « dutch desease » et l'effet volatilité des prix des
ressources naturelles. Un boom dans le secteur produisant une ressource
naturelle conduit à une hausse du prix des biens non échangeables
alors que celui des biens échangeables est déterminé sur
le marché international (Omgba, 2010). Par ailleurs, les prix des
matières premières sont plus volatiles que les prix des produits
manufacturés (Grilli et Yang, 1988). La volatilité introduit
l'incertitude dans la prise de décision des agents économiques.
Cette incertitude est coûteuse en termes de bien-être. Toutefois,
ces effets négatifs peuvent être atténués en
présence d'institutions de bonne qualité (Sala-I-Martin et
Subramanian, 2003 ; Mehlum et al., 2006). La hausse des recettes fiscales
réduit le risque du Syndrome hollandais. En outre, pour un grand nombre
de pays africains, les tarifs douaniers représentent une part importante
des recettes publiques. Bien que l'ouverture des économies aux
échanges extérieurs soit susceptible de stimuler la croissance
économique à long terme, les pays qui participent aux
négociations commerciales comme le Cycle de Doha ou les Accords de
partenariat économique (APE) sont tenus de réduire leurs tarifs
douaniers et collecteront par conséquent moins de recettes. A l'heure
actuelle, dans certains pays africains, jusqu'à 30 % des recettes
fiscales ne concernant pas les ressources naturelles (4 % du PIB) sont
collectées sous forme de tarifs douaniers et d'impôts liés
aux échanges extérieurs. La perte de cette source de recettes
à la suite de la libéralisation des échanges est
susceptible d'avoir des conséquences budgétaires importantes.
Cela rend évidemment particulièrement difficile le maintien des
niveaux de recettes actuelles, et à plus forte raison leur augmentation.
Il est nécessaire de disposer d'autres sources de recettes avant la
réduction progressive des tarifs douaniers. C'est
Page 9 Page
le cas en particulier pour l'Afrique dans le contexte des
Accords de partenariat économique (APE) avec l'Union européenne,
car les échanges avec les pays de l'Union représentent
traditionnellement près des deux tiers du commerce extérieur des
pays africains (AfOA-UE, 2007). Les échanges transfrontaliers avec les
pays limitrophes sont beaucoup moins importants, dans la mesure où le
commerce intra régional ne représente que 10 % des
échanges extérieurs de l'Afrique (PER, 2009).
Le continent a donc intérêt à assurer sa
transition fiscale, c'est-à-dire substituer des ressources de
fiscalité interne à des recettes tarifaires décroissantes
sans voir le niveau de ses ressources publiques chuter. Du fait de
l'étroitesse de l'assiette fiscale, les impôts directs (IRPP et
IS) ne peuvent constituer des instruments majeurs de cette transition (Tanzi et
Zee, 2000). Une brèche est donc ouverte aux impôts indirects
(impôts sur la consommation : TVA et droits d'accises) pour assurer la
transition fiscale. En effet, la part des impôts directs dans les
recettes totales pour les pays africains a progressé de 14 points entre
1980-1982 et 2000-2002 (Chambas, 2005). Toutefois, cette solution pose un
problème qui est celui du choix des entreprises suffisamment
crédibles pour jouer le rôle de collectrices d'impôts
intermédiaires. Pour cela, elles doivent être assujetties au
régime d'imposition réel11. Le rôle de
collecteurs est crucial pour le fonctionnement du système de
mobilisation de l'impôt. L'assujettissement des entreprises, personnes
morales ou physiques, à un régime d'imposition réel doit
avoir pour condition l'obligation de tenir une comptabilité probante. En
raison du service de collecte rendu par les entreprises assujetties,
l'État doit veiller à minimiser la charge administrative ainsi
supportée par les entreprises (simplification des régimes
fiscaux, des procédures, réduction des tracasseries,
modernisation des contrôles) et aussi éviter que ces entreprises
supportent l'incidence de charges fiscales supplémentaires en raison de
fraudes. L'efficacité du système de mobilisation des recettes
dépend étroitement de la capacité de l'administration
fiscale à contrôler les entreprises collectrices des impôts,
en priorité les grandes entreprises, qui concentrent l'essentiel du
potentiel de recettes. Aussi, convient-il d'exclure des fonctions de
collecteurs d'impôts, par des seuils d'imposition suffisamment
élevés, les entreprises incapables d'assumer cette charge
à un coût raisonnable (Keen, 2004). Dans cette optique, la grande
majorité des pays africains s'est ainsi engagée dans la mise en
place d'un taux uniforme
11 Le régime réel repose sur
l'appréhension des flux comptables effectifs. Il constitue une condition
nécessaire à l'assujettissement à la TVA, assujettissement
qui consiste pour l'État à confier la collecte de la TVA au
contribuable assujetti. En raison du caractère central de la TVA, Le
choix du régime d'imposition s'opère essentiellement en fonction
de la TVA. Ce choix emporte celui du régime d'imposition pour les autres
impôts.
Page 10
P 8
de TVA, avec cependant des exonérations pour les
produits de première nécessité afin d'atténuer le
caractère régressif du taux unique. Cependant, depuis la mise en
oeuvre de la réforme, les pays africains sont confrontés à
la baisse de leurs ressources publiques du fait de plusieurs contraintes. La
première est le taux de collecte de la TVA, qui est plus
élevé que celui des droits de porte de l'ordre du double. La
seconde est la réduction de la base taxable : en contexte de
libéralisation, non seulement on assiste à une baisse des tarifs
sur l'importation, mais aussi et surtout la production se réoriente de
la consommation domestique vers l'exportation. Autrement dit, de la production
taxable vers la production non taxable. L'analyse des différents taux de
prélèvements publics des Etats, et leur évolution montre
une dimension structurelle importante : celle de la baisse des tarifs douaniers
d'une part avec une chute des droits et taxes à l'importation (DTI) et
d'autre part avec souvent une détérioration de la
fiscalité interne. Résultat, la pression fiscale diminue et les
soldes budgétaires se dégradent à l'exception des pays
exportateurs de pétrole qui bénéficient de la manne
pétrolière.
Cette revue des arguments qui ont guidé la transition
fiscale dans la plupart des pays africains nous permet de voir où en
sont les réformes sur cette transition, et surtout d'apprécier
les résultats de ces réformes sur les finances publiques en
général, et sur les finances locales en particulier. Elle montre
surtout que la pression fiscale n'est pas terminée il faudra encore du
temps pour qu'en effet, les gains de recettes introduites par la transition
fiscale compensent les pertes de recettes induites par la suppression des
droits de douanes. En outre, cette revue nous fixe sur la nature des
contraintes budgétaires à venir. Le fait que les nouvelles
ressources publiques des pays africains vont être majoritairement issues
de la fiscalité indirecte va poser un autre problème important.
Il s'agit de la volatilité des ressources publiques, et donc des
politiques budgétaires pro-cycliques. En effet, les ressources les plus
stables sont celles issues de la fiscalité directe, elles assurent une
stabilité financière, et sont peu liées à la
conjoncture économique. Par contre, les recettes issues de la
fiscalité indirectes sont connues pour être
particulièrement instables (Yatta, 2009), exposant les budgets nationaux
à des chocs économiques plus importants et entrainant de ce fait,
une volatilité de la croissance économique. Cette situation aura
tendance à pousser les décideurs nationaux à des
fréquents ajustements budgétaires soit en ayant recours à
l'emprunt, soit à l'aide publique, soit aux recettes non fiscales telles
que celles issues de l'exploitation des matières premières comme
le pétrole. Cette dernière solution est la principale
stratégie des pays de l'Afrique Centrale, particulièrement ceux
de la zone CEMAC qui bénéficient de la manne
pétrolière (Avom, 2011).
> L'économie des pays de la zone CEMAC
Le cas particulier des pays de l'Afrique Centrale
révèle qu'ils ont enregistré au cours de ces
dernières années des performances macroéconomiques
relativement fortes et très au-dessus de la moyenne de l'ensemble des
autres pays africains au sud du Sahara. Ces résultats sont d'une part la
conséquence d'un environnement macroéconomique
particulièrement favorable, du moins jusqu'au premier semestre de
l'année 2008 et, d'autre part, celle de choix de politiques
économiques appropriées sous l'impulsion des institutions
financières internationales. Bien que la région dans son ensemble
ait obtenu de bons résultats économiques, les taux de croissance
y sont restés largement tributaires de quelques produits de base, et
notamment le pétrole. Cet état des choses montre que,
l'économie de la sous-région est non
intégrée12 . Cette économie est dans ce cas
vulnérable aux chocs exogènes. Les exemples des récentes
crises financière et de la zone euro le montrent ci-bien. Car avec les
politiques d'austérité budgétaires et la baisse de la
demande des produits de base en Europe, le socle de la croissance
économique des pays de la sous-région (les recettes fiscales
liées au commerce international) s'est effondré13.
Pour y remédier, les autorités régionales ont
organisé plusieurs séances de concertation regroupant tous les
acteurs économiques de la Sous-région, en application des
décisions de la Conférence des Chefs d'Etat de la CEMAC du 30
janvier 2009 à Libreville, en complément des mesures nationales
déjà prises. Celles-ci ont abouti à l'adoption, par le
Conseil des Ministres de la CEMAC, sur des recommandations portant sur la mise
en oeuvre de mesures d'ordre fiscal, monétaire, bancaire et financier
ainsi que sur l'amélioration du climat des affaires.
Pour ne citer que les mesures fiscales, d'après le
rapport de la Banque de France de 2008, elles portent sur l'amélioration
des revenus fiscaux ; la réforme tarifaire en vue de réduire les
taux et le nombre de catégories du Tarif Extérieur Commun (TEC)
ainsi que l'examen d'une fiscalité adaptée au secteur informel
ont été accélérés. Les avantages pouvant
être accordés aux secteurs sinistrés visent à
encourager les entreprises qui s'engagent dans un processus de transformation
locale accrue. Ce faisant, elles pourraient permettre l'élargissement de
l'assiette fiscale et assurer la préservation de l'emploi et la relance
de la consommation intérieure. Toutefois, l'adoption de ces dispositions
doit être précédée par une analyse attentive de ces
secteurs pour à la fois évaluer l'ampleur de leurs
difficultés, le coût fiscal et choisir les instruments les plus
appropriés pour y faire face de manière efficace. De plus, les
politiques budgétaires visent une
12 C'est-à-dire qu'elle base sa croissance
sur des matières premières dont elle n'a aucun contrôle sur
l'évolution des prix (termes de l'échange)
13 Banque de France, rapport 2008
Page 11
Pag
viabilité à moyen terme qui n'implique pas
nécessairement une contraction budgétaire à court terme
mais plutôt un programme temporaire de relance budgétaire
réaliste qui tient compte de la capacité de l'Etat à
mobiliser les ressources complémentaires pour faire face aux besoins de
financement nés des effets de la crise. En outre, il est
recommandé d'abaisser la TVA sur le bois vendu localement en vue de
stimuler la demande intérieure. Quant aux entreprises minières,
il est recommandé, le cas échéant, des réductions
ponctuelles sur les taxes d'importation des biens d'équipement. De plus,
la plupart des allègements fiscaux accordées en 2008 pour lutter
contre la crise alimentaire restent en vigueur ou ont été
reconduits14.
Toutes ces mesures fiscales concourent à
l'amélioration des performances macroéconomiques de la CEMAC,
afin d'atteindre les OMD d'ici la date butoir 2015. Bien que les études
de Kakwani et Son (2006) sur le coût de la réduction de la
pauvreté et de l'atteinte de ces OMD montrent qu'il reste encore
beaucoup à faire pour les pays de l'Afrique Subsaharienne en
général, et ceux de la CEMAC en particulier. Ce qui justifie
l'étude sur l'effet de la fiscalité sur la croissance
économique des Etats de la zone CEMAC.
SECTION II : PROBLEMATIQUE, QUESTIONS ET OBJECTIFS DE
RECHERCHE
Cette section ambitionne de présenter d'une part la
problématique et les questions de recherche, et d'autre part, les
objectifs, hypothèses et l'intérêt de notre
étude.
II.1- Problématique et questions de recherche
Il est question de présenter tour à tour notre
problématique, et nos questions de recherche.
> Problématique
Deux défis spécifiques sont à surmonter
pour la sous-région CEMAC : il s'agit de l'atteinte des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) à l'horizon 2015 ;
et devenir en 2025, un espace économique intégré
émergent, où règnent la sécurité, la
solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement
humain15. Pour ce faire, le Programme Economique Régional
(PER) ambitionne de passer à une croissance moyenne à deux
chiffres sur la période 2010-2025 (10% par an), et la politique fiscale
jouera un rôle important à l'explication de cette croissance
économique. Car si l'on en croît les développements
théoriques de Haavelmo (1945),
14 Banque de France, 2008
15 Nouvelle vision du Programme Economique
Régional (PER) de la CEMAC
Page 12
Page 13 Page 2
même en maintenant un budget équilibré,
une augmentation des impôts peut se traduire par un accroissement de la
richesse nationale. Cependant, Trabandt et Uhlig (2010) ; Spagnoli (2012),
pensent que de faibles niveaux d'impositions sont bénéfiques pour
la croissance économique ; ils se basent sur la « fameuse »
courbe de Laffer pour montrer que : les taux d'impositions très
élevés en fin de compte entraîneront une baisse des
recettes de l'État. Un taux d'imposition de 100% ne soulèvera pas
de revenus du tout parce que les individus vont arrêter d'être
économiquement actif, au moins dans « l'économie officielle
», et « l'économie souterraine » prospérera.
C'est-à-dire que les phénomènes de fraude et
d'évasion fiscale s'intensifieront (c'est le cas actuel des
économies occidentales en général), et certaines parties
de l'économie monétaire se tourneraient vers le troc. Rien de
tout cela, n'est propice à une croissance de long terme. Ainsi,
l'augmentation de la pression fiscale décourage l'activité
productive et exerce de ce fait une influence négative sur la croissance
économique. L'impôt a en effet une incidence défavorable
sur les facteurs d'offre (investissement ; offre de travail) ce qui engendre
à terme une contraction du rendement de la fiscalité, imputable
à la raréfaction de la matière imposable (Laffer, 1978).
Aussi, au Cameroun, selon la Direction Générale des Impôts,
le niveau du taux de pression fiscale du pays qui est de 17%, bien
qu'inférieur à la moyenne sous régionale, est de nature
à freiner les investissements privés tant nationaux
qu'internationaux, moteurs de la croissance économique.
> Questions de recherche
Fort des développements précédents, et
du constat que la pression fiscale de la sous-région (qui est de
21,7%16) est plus faible celle des pays de l'OCDE qui avoisine les
36%17, il importe donc de se demander quelle est la
contribution de la fiscalité à la croissance économique
des pays de la zone CEMAC ? A cette question principale, nous
adjoignons deux questions connexes: le taux de pression fiscale
stimule-t-il la croissance économique des pays de la zone CEMAC?
L'instabilité de la mobilisation des recettes fiscales participe-t-elle
à la volatilité de la croissance économique de la
sous-région CEMAC ? La réponse à ces
questions nécessite un examen profond des effets de la politique fiscale
sur la croissance économique.
II.2- Objectifs, hypothèses et intérêt
de l'étude
Dans cette sous-section, nous présenterons d'abord nos
objectifs, ensuite nos hypothèses et enfin l'intérêt de
notre étude.
16 Direction générale des impôts
du Cameroun, 2013
17 Voir base de données fiscales de l'OCDE,
2012
Page 14
P 2
> Objectifs de l'étude
Au regard de la problématique et des questions de
recherche ci-dessus posées, notre étude a pour objectif
fondamental l'analyse de la fiscalité comme un élément
contributif à la croissance économique des pays de la zone CEMAC.
Deux objectifs spécifiques en découlent, d'une part,
l'évaluation du lien entre les taux de pression fiscales et le niveau de
croissance de la zone CEMAC, et de l'autre, la recherche d'une
éventuelle causalité de l'instabilité des mobilisations
des recettes fiscales sur la variabilité de la croissance
économique de la sous-région.
> Hypothèses de l'étude
Aussi, pour atteindre nos objectifs, deux hypothèses
orienteront notre analyse :
· Les taux de pressions fiscales appliquées en
zone CEMAC sont si élevés qu'ils dépriment la croissance
économique des pays concernés.
· L'instabilité des recouvrements fiscaux au sein
de la zone CEMAC a un impact positif sur la variabilité de la croissance
de la sous-région.
> Intérêt de l'étude
La volonté de répondre à nos questions
donne un regain d'intérêt à notre étude qui se situe
sur trois plans :
· Sur le plan pratique
Aujourd'hui, avec la crise financière laissant place
à celle de la dette souveraine qui touche les principaux pays
importateurs des matières premières de l'Afrique en
général, et de ceux de la zone CEMAC en particulier, il est
évident que le socle de la croissance économique des pays de la
sous-région CEMAC (les recettes fiscales liées au commerce
international) s'est effondré. Cette étude permettra aux
gouvernements de la sous-région de mieux canaliser leurs actions en
matière de recouvrement fiscal et de combattre les fléaux
susceptibles de freiner les efforts de collecte des ressources publiques.
· Plan méthodologique
Notre étude se distingue de la plus part des travaux
sur la fiscalité et la croissance économique des pays en
développement, sur le plan méthodologique. En effet, nous
utilisons un modèle de panel à erreurs composées avec
variables instrumentales, pour les six pays que renferme la zone CEMAC. De
plus, nous faisons usage des données couvrant une période de 26
ans, ce qui nous permet de faire des recommandations sur une longue
période.
· Page 15 Pa 2
Plan théorique
Cette étude contribue à enrichir les
débats économiques sur le paiement des impôts et taxes par
les contribuables. En effet, certains économistes insistent sur la
nécessité de l'augmentation des recettes fiscales. Pour eux
l'Etat est un planificateur bienveillant qui a besoin de ressources
financières pour assurer le bien-être collectif. D'autres par
contre, militent pour une baisse des recouvrements fiscaux, car l'impôt a
des effets néfastes sur l'activité économique, il engendre
des pertes sèches.
CHAPITRE II : FISCALITE ET CROISSANCE : UNE
ANALYSE THEORIQUE ET EMPIRIQUE
L'objet de ce chapitre est de passer en revue les travaux les
plus importants tant sur le plan théorique qu'empirique, traitant de la
fiscalité et de la croissance économique, afin d'en construire
une analyse critique et cohérente répondant au contexte
économique actuel. Ainsi, ce chapitre sera segmenté en deux
sections. La première : la littérature théorique sur la
relation fiscalité-croissance économique aura pour objectif de
présenter le débat théorique entre la fiscalité et
la croissance économique, mais aussi la contribution des recettes
fiscales à la volatilité de la croissance économique. La
deuxième section quant à elle : la littérature empirique
sur la relation fiscalité-croissance économique s'attèlera
à mettre en commun les vérifications empiriques pour confirmer ou
infirmer les débats théoriques présentés à
la première section, mais aussi de présenter les études
empiriques traitant de la contribution du recouvrement fiscal à la
volatilité de la croissance.
SECTION 1 : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : UNE
ANALYSE
THEORIQUE
La théorie derrière l'effet de la
fiscalité sur la croissance économique des nations est assez
vaste et constitue l'un des domaines de la macroéconomie le moins
contesté18. La plus part des modèles
néoclassiques et keynésiens s'accordent pour montrer qu'une
charge fiscale trop élevée a un impact négatif sur
l'activité économique à travers la réduction du
niveau d'épargne et d'investissement, ce qui réduit l'emploi et
l'entreprenariat . Scully (1991) considère que l'utilisation de l'outil
fiscal peut avoir des effets tant positifs que négatifs sur la
croissance économique, ceci dépend d'un niveau d'imposition seuil
à ne pas dépasser, mais aussi de la base
d'imposition19.
18 Voir Szarowska (2010)
19 C'est-à-dire l'imposition de la
consommation ou du revenu : Théorie de la taxation optimale
Page 16
Page
I.1-Fiscalité et croissance économique : le
débat théorique
Bien que ce domaine soit moins critiqué que les autres
en macroéconomie (Szarowska, 2010), on note toutefois quelques
divergences entre pro-keynésiens et pro-libéraux.
> La vision pro-keynésienne
Haavelmo(1945), énonce un résultat sous forme
de théorème : « si la fonction de consommation est
linéaire, et l'investissement total est constant, un impôt
égal à T qui est entièrement dépensé(en
biens et en services) augmente le revenu national brut d'un montant T et laisse
inchangé le revenu. » Ce théorème montre comment les
effets multiplicateurs d'un budget en équilibre tendent à
favoriser les politiques de relance par la dépense publique. Autrement
dit, même en maintenant un budget équilibré, une
augmentation des impôts se traduit par un accroissement de la richesse
nationale. Cependant, les compensations réalisées par la
dépense publique à la suite d'un prélèvement fiscal
du même montant ne sont pas automatiques. Il y a un décalage entre
l'amputation des revenus par un prélèvement fiscal au cours d'une
période et la dépense publique qui n'engendrera de nouveaux
revenus qu'au cours d'une période ultérieure (Harberler et al.
1946). Vingers (1957) approfondit ce point de vue et aboutit à la
conclusion que l'accroissement du revenu global brut n'est pas égal au
montant du prélèvement dès la première
période. Ce résultat n'est atteint qu'après un nombre
infini de périodes.
Toutefois, force est de noter que ces études ne sont
valables que dans le cas d'une économie fermée. Dans une
économie ouverte (comme c'est le cas pour toutes les économies
actuelles), la hausse de la charge fiscale, compte tenu de la mobilité
des facteurs due à la mondialisation, amènera les investissements
privés, principales sources de la création de la richesse,
à s'exiler vers des zones où la fiscalité est moins
contraignante (l'évasion fiscale). Les libéraux par contre ont
une vision encore plus négative de la fiscalité comme moteur de
la croissance, car selon Friedman (1962), si l'on accroît la
fiscalité, il en résulte incontestablement une réduction
du revenu disponible de ceux qui sont frappés par cet impôt, et
donc une baisse des ressources qu'ils peuvent affecter à leur
dépense, et par voie de conséquence, une diminution de la demande
globale. De plus, la fiscalité modifie la répartition primaire
des revenus par le biais des prélèvements obligatoires et des
transferts, ce qui peut induire des distorsions dans les choix individuels des
contribuables, qui diminuent les recettes fiscales. En d'autres termes, les
agents économiques réagissent aux hausses ou aux baisses
d'impôts, aux transferts, ou encore à l'introduction d'un
«impôt négatif», en modifiant leurs décisions de
production ou d'épargne,
Page 17
Page
leur offre de travail, voire leurs sources de revenus. Dans
ces conditions, les économistes libéraux ont
développé la théorie de l'imposition optimale, qui est un
système de prélèvements obligatoires qui maximise les
recettes fiscales, tout en minimisant les désincitations à
l'effort chez les contribuables. Le problème posé est donc celui
du choix des barèmes et de la forme d'imposition des revenus qui
maximisent le bien-être collectif.
> Vision pro-libérale
Les libéraux pensent que la fiscalité a un
impact négatif sur la croissance économique. Cet impact
dépend, du système de taxation qui minimise les distorsions et
les inefficacités économiques, mais aussi du niveau
élevé du taux d'imposition.
En effet, le choix de la consommation ou du revenu comme
assiette de taxation ne préoccupe pas uniquement les économistes
et les philosophes contemporains. Hobbes (1651) par la suite Mill (1852) aborde
la taxation sous l'angle de la justice. En condamnant de taxer la richesse pour
empêcher qu'on décourage son accumulation, et pour éviter
la double taxation de l'épargne, les meilleures taxes
préconisent-t-ils sont celles imposées à la consommation,
pour éviter le gaspillage et l'oisiveté, mais aussi pour
réduire les distorsions dans le choix de la consommation présente
et future de l'individu.
Cette idée a été reprise et
améliorée par les théoriciens de la taxation optimale
(Ramsey, 1927 ; Mirrlees, 1971) pour étudier le système de
taxation qui minimise les distorsions et les inefficacités
économiques. En effet, une taxe sur le travail peut inciter les
individus à travailler moins qu'ils ne le désirent, de renoncer
à un emploi ou même peut les amener à consommer des biens
non désirés, diminuant ainsi leurs satisfactions. Les taxes sur
les biens et services entrainent également ce que les économistes
appellent une perte sèche. Les économistes ont ainsi
développé des modèles permettant de déterminer la
manière de taxer les biens et les revenus de telle sorte que les effets
négatifs soient minimisés. Ramsey (1927) propose de taxer
uniquement les biens et services, de telle sorte que les biens à la
demande la plus inélastique soient le plus fortement taxés.
L'idée est que si les taxes portent en priorité sur des biens
dont la demande varie peu en fonction du prix, le consommateur ne modifiera pas
de façon importante son comportement de consommation. Mirrlees (1971) a
façonné la théorie moderne de la taxation du revenu, en
formalisant l'arbitrage que doit réaliser le gouvernement entre
égalité d'une part, et efficacité d'autre part. Si une
taxation plus forte des salaires élevés peut apporter plus
d'égalité, elle décourage en revanche le travail et peut
faire diminuer le nombre d'heures travaillées.
Page 18 Page
Page 19 Page 2
Dans le cadre de travaux portants sur les modèles de
croissance endogène, Milesi-Feretti et Roubini (1998) modélisent
une économie à trois secteurs (des biens finaux, du capital
humain et des biens non marchands) pour mesurer l'impact de l'imposition du
revenu et de la consommation sur la croissance économique dont
l'accumulation du capital humain et physique en constitue le moteur. Ils
concluent que la taxe sur la consommation conduit à la baisse de la
croissance, entrainant une distorsion qui consiste à privilégier
le temps passé en loisir (que les auteurs définissent par
production domestique ou « temps pur ») au lieu du temps
accordé aux activités productives (travail et éducation).
Aussi, les impôts sur les sociétés grèvent le plus
la croissance, suivis par les impôts sur le revenu des personnes
physiques et les impôts sur la consommation ; les impôts sur
l'immobilier semblent les moins nocifs. Ce point de vue est également
partagé par Johansson et al. (2008). Ils préconisent de
transférer la charge fiscale vers les impôts les moins
générateurs de distorsions (impôts sur l'immobilier).
Toutefois, bien qu'intéressante, cette théorie de la Taxation
Optimale ne prend pas en compte la complexité des appareils fiscaux. En
effet, pour Slemrod (1990) l'approche par la taxation optimale est
incomplète pour guider les choix des décideurs publics en
matière de politique fiscale. Elle omet le fait que la taxation
correspond à un système de collecte de revenus sous la contrainte
d'individus qui tendent à y résister. Aussi, la nature coercitive
de l'impôt génère des coûts d'efficience, à
l'exemple des coûts de collecte fiscale, ceux imputables à la
décision de se conformer à la loi fiscale, et ceux liés au
risque d'évasion fiscale et au renforcement légal.
Les économistes de l'offre ont quant à eux une
vision de la taxation légèrement différente. Selon les
anciens libéraux, la fiscalité est un frein à la
croissance. C'est le cas de Say (1826) qui conclue qu'un impôt
exagéré détruit la base sur laquelle il porte ; ou encore
de Smith (1776) pour qui, l'impôt peut entraver l'industrie du peuple et
le détourner de s'adonner à certaines branches du commerce ou du
travail, qui fournissent de l'occupation et des moyens de subsistance à
beaucoup de monde.20 Cette conception s'est vue adaptée par
Stourn (1912); Laufenburger et Pflimlin (1938) et Friedman (1962) qui restent
réservés sur l'efficacité de la politique fiscale pour
booster la croissance économique. De la même manière,
Trabandt et Uhlig (2010) ; Spagnoli (2012) et Laffer et al. (1978), estiment
que plus le taux d'imposition augmente, plus les recettes fiscales augmentent
mais seulement jusqu'à un certain seuil. Au-delà, elles finissent
même par diminuer. D'où la célèbre formule de Laffer
: «Trop d'impôt tue l'impôt »
ou encore « Les hauts taux tuent les totaux
» qui tente de théoriser ce qu'il appelle «
l'allergie fiscale ». Dans ce modèle,
deux effets contradictoires rentrent en jeu: un effet de
20 Tiré de : Revue d'économie de
développement de Brun (1998)
Page 20 Page 2
substitution qui incite un agent à diminuer son temps
de travail, et un effet de revenu qui incite un agent à travailler plus
afin de retrouver le niveau de salaire qu'il disposait avant l'augmentation des
impôts. Cette vision est partagée par les adeptes de la croissance
endogène. A cette fin, si l'on en croît Lucas et Rapping (1969),
lorsque le salaire après impôt est temporairement plus faible, la
quantité de travail offerte tend à diminuer (effet de
substitution) puisque les agents qui anticipent une hausse des salaires vont
augmenter provisoirement leur temps de loisir. Cependant un salaire plus faible
appauvrit son détenteur, d'où une réduction de la demande
de loisir (effet de revenu). Ainsi, Pour des taux d'impositions
élevés, l'effet de substitution l'emporte sur l'effet de revenu.
Toutefois, il est important de noter que cette situation est propre au court
terme, car dans le long terme, toute hausse des impôts induit des effets
de revenu qui stimulent l'offre de travail et diminuent par la même
occasion le coût d'opportunité du temps consacré à
la formation. Et à l'inverse réduit le rendement de
l'investissement en capital humain : la fiscalité sur le travail est
donc un facteur de moindre accumulation du capital humain et donc de croissance
plus faible. Cette difficulté est résolue par le modèle
Aghion et Howitt (1992), où les dépenses de recherche et
développement constituent un facteur essentiel du progrès
technique et par-là, de la croissance. Tout particulièrement dans
les pays les plus développés, les dépenses de recherche et
développement bénéficient d'un statut fiscal
spécifique qui modifie en leur faveur la structure des coûts
relatifs.
Force est de noter que le problème de
l'économie de l'offre réside dans le recherche du taux qui
maximise le montant des recettes fiscales. Une réponse a
été donnée par Barro (1991) à travers son
modèle de croissance endogène où les taux de croissance du
capital et de la production sont fonctions du taux de prélèvement
fiscal. Ce taux a une influence ambivalente sur le niveau de croissance. D'une
part, les prélèvements fiscaux réduisent directement la
production et l'épargne privée, et d'autre part, ils permettent
à la productivité du capital de se maintenir, car ils financent
les biens publics purs, produisant des effets externes positifs, qui
bénéficient à l'économie toute entière. La
résultante est alors une augmentation du niveau de croissance. Les
responsables de la politique économique doivent donc choisir la valeur
du taux de prélèvement qui maximise le taux de croissance.
Au total, l'économie de l'offre est l'économie
de l'incitation à travailler et à investir par une baisse de la
pression fiscale. Parallèlement, les prestations sociales doivent
diminuer pour rétablir l'incitation au travail (lutte contre le
chômage). Ainsi, des réformes fiscales neutres, qui
réduisent les taux d'imposition, augmentent la base fiscale, diminuent
les exonérations et
mettent en place des systèmes fiscaux
décourageant le moins possible l'accumulation du capital, peuvent
stimuler la production et l'emploi (Kesnerskreb ,1999).
Cependant, le modèle théorique sous-jacent
à la courbe de Laffer a fait l'objet de nombreuses critiques. Notamment,
les hypothèses sur lesquelles il repose sont peu souvent
justifiées et recouvrent ainsi un caractère ad hoc (Théret
et Uri, 1988). Aussi, l'analyse de l'impact de l'impôt sur l'offre des
facteurs de production, dans l'approche « individualiste »
traditionnelle, conclut en général à une
indétermination théorique suite à l'existence de deux
effets contradictoires : l'effet de substitution et l'effet revenu. En effet,
un accroissement du taux d'imposition, donc une diminution du salaire net
après impôt, incite les salariés à réduire
leur offre de travail et crée ainsi un effet de substitution en faveur
du loisir. Mais, en réduisant le revenu perçu, il favorise un
accroissement de l'offre de travail afin de maintenir le niveau
antérieur de consommation, il s'agit ici d'un effet de revenu qui
s'oppose à l'effet de substitution. L'analyse théorique ne permet
donc pas de trancher sur l'importance relative de ces deux effets. De plus, les
impôts les plus massifs sont généralement ceux dont
l'assiette est définie de la façon la plus large. Dès
lors, l'élasticité de cette assiette au taux d'imposition peut
moins vraisemblablement avoir une valeur forte, les possibilités de
substitution de l'offre en faveur d'autres facteurs, non ou moins taxés,
ou la demande en faveur d'autres biens et services, étant plus
réduites. Une courbe de Laffer globale serait dès lors d'autant
plus improbable que l'évolution contemporaine des systèmes
fiscaux a plutôt été dans le sens d'une suppression des
impôts spécifiques et d'une généralisation de
quelques « grands prélèvements » (Théret et Uri,
1988).
Face à ces limites, d'autres économistes
privilégient l'utilisation des taux marginaux de d'imposition. C'est le
cas des auteurs comme Easterly et Rebelo (1993) et Koester et Kormendi (1989)
qui estiment que le taux de pression fiscale (ratio recettes fiscales sur PIB)
est trop général pour être un bon indicateur de politique
fiscale.
Certains auteurs pensent même que l'impact de la
politique fiscale sur la croissance est négligeable (Harberler, 1964 ;
Mendoza et al., 1997 ; Engen et Skinner, 1996), et concluent que cet impact est
modeste et est de court terme. Ils pensent également que mis à
part la taxation absolue, la structure de la fiscalité est
également importante pour la croissance économique. De ce qui
précède, il ressort que l'impôt direct sur le revenu ou
l'investissement peut avoir un impact négatif sur la croissance à
long terme. La croissance peut seulement être soutenable s'il existe une
motivation qui oriente les individus à investir dans le capital
(physique ou humain). Dans la plupart des modèles de croissance
endogène, cette motivation est exprimée par le taux du retour sur
investissement. Puisque les impôts sur le revenu ou l'investissement
jouent sur
Page 21
Page
l'efficacité marginale du capital, ils
réduisent aussi la motivation des individus à investir dans les
actifs fixes ou à s'éduquer, donc contribuent à freiner la
croissance. Toutefois, les pays qui s'arrangent à collecter des
impôts aux moyens d'une large base d'impôt et d'une organisation
efficiente réalisent probablement une croissance plus rapide que les
pays ayant une base fiscale limitée et une organisation fiscale
inefficace (Engen et Skinner, 1996).
I.2-Mobilisation des recettes fiscales et
instabilité de la croissance économique : une analyse
théorique
Posch (2011) et Romer et Romer (2010) affirment que la
littérature portant sur les recettes fiscales et la volatilité
macroéconomique est relativement faible, et le plus souvent
orientée vers les économies en développement.
L'instabilité des dépenses publiques dans les pays en
développement (Talvi, 2005; Akitoby et al, 2007; Thorthon, 2008; Diallo,
2009) peut contribuer à réduire le niveau moyen des
dépenses publiques et entrainer une instabilité de la croissance
économique (Guillaumont et al 1999; Fatas et Mihov, 2003; Furceri, 2007;
Loayza et al. 2007).
Dans le cadre des modèles de croissance
endogène, Fisher(1991) et Martin et Rogers (1997) ont
étudié l'effet d'une stabilisation macroéconomique sur la
croissance. La notion de la politique macroéconomique adoptée par
Fisher(1991) est définie par une politique monétaire, une
politique fiscale et une politique de taux de change. La stabilité
macroéconomique selon lui, repose sur la stabilité de ces trois
politiques. Les seconds auteurs ont quant à eux évalué
l'impact d'une politique fiscale stable sur le bien-être de
l'économie, l'accumulation du capital et la croissance
économique. Leurs conclusions impliquent qu'une politique fiscale stable
est favorable à une bonne croissance économique ;
c'est-à-dire : la stabilité de la mobilisation des recettes
fiscales engendre celle de la croissance économique.
Les analyses théoriques permettent
d'appréhender les différents effets de la fiscalité sur la
croissance mais n'en dégagent pas un sens global. Différents
auteurs ont tenté de combler cette lacune à travers des analyses
appliquées.
SECTION II : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : UNE
ANALYSE
EMPIRIQUE
Il existe une vaste littérature empirique sur l'effet
de la fiscalité sur la croissance (Leibfritz et al, 1997 ; Barro, 1991 ;
Slemrod, 1995). Cependant, l'utilisation des données statistiques pour
montrer cet effet aboutit à des résultats mitigés.
Certains pays ont des bonnes performances
Page 22
économiques et des niveaux de charge fiscale faibles
(Etats-Unis), d'autres par contre ont des niveaux de croissance et de pressions
fiscales assez élevés (les pays scandinaves). Ainsi, plusieurs
études empiriques dénotent l'existence d'une relation
négative entre la fiscalité et la croissance économique.
Dans cette section, avant de présenter les débats empiriques
portants sur le recouvrement fiscal et la volatilité de la croissance
économique (II.2), nous présenterons les vérifications
empiriques de l'effet de la fiscalité sur la croissance (II.1).
II.1-Fiscalité et croissance économique : le
débat empirique
Les auteurs ont tenté de confirmer et d'infirmer les
théories sur la relation entre la fiscalité et la croissance
économique en ayant recours soit à des régressions sur
données de panels, soit à celles sur modèles VAR ou sur
séries chroniques.
> Utilisation des données de panels
Certaines de ces études portent sur le taux de
pression fiscale, d'autres sur le taux marginal d'imposition, d'autres encore
sur la fiscalité optimale.
La première catégorie regroupe les travaux de
Leibfritz et al. (1997) ; Karras et Furceri (2009) ; Lee et Gordon (2005) et
Ebrahimi et Vaillancourt (2013). Dans l'ensemble, les conclusions sont les
mêmes : une pression fiscale trop forte est néfaste pour la
croissance économique.
En effet, les travaux de Leibfritz et al. (1997) et Karras et
Furceri (2009) se basent sur les économies des pays membres de l'OCDE,
et montrent qu'une hausse de 10% du taux moyen d'imposition s'accompagne d'une
diminution du taux de croissance annuel d'environ 0.5% (Leibfritz et al. 1997),
voire même de 1,2% (Karras et Furceri, 2009). Quant à Lee et
Gordon (2005), ils basent leurs travaux sur 70 pays pris sur les 5 continents
au cours de 1970-1997. Les estimations des coefficients suggèrent qu'une
réduction du taux d'imposition des sociétés de 10%
augmentera le taux de croissance annuel de 1 à 2 points de pourcentages.
Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par Ebrahimi et
Vaillancourt (2013) qui basent leur étude sur les 10 régions
canadiennes sur données annuelles de 1980 à 2011.
La deuxième catégorie d'études utilise
le taux d'imposition marginal pour analyser l'influence de la fiscalité
sur la croissance économique : c'est le cas de Padovano et Galli (2002)
; de Poulson et Kaplan (2008) qui, basés sur un panel de 25 pays
industrialisés de 1970 à 1998 pour les premiers, et sur les
Etats-Unis sur une période de 1964 à 2004 pour les seconds, ont
montré que le taux marginal d'imposition effectif et la
progressivité de l'impôt ont une influence négative sur la
croissance économique. Les résultats de Padovano et Galli (2002)
impliquent
Page 23 Page
qu'une augmentation de 10% des taux marginaux d'imposition
entraîne une diminution du taux de croissance économique annuel de
0,23%, et ceux de Poulson et Kaplan (2008) montrent que les taux d'imposition
marginaux plus élevés ont eu un impact négatif sur la
croissance économique et, qu'une plus grande baisse de ces taux a eu un
impact positif sur la croissance économique.
Pour la troisième catégorie, la taxation a
certes un impact négatif sur la croissance économique des pays,
mais cet impact dépend plus de la base d'imposition. A cet égard,
Arnold et al. (2011); Arseneau et al. (2011), dans le but d'analyser la mise en
place d'un système fiscal capable d'accélérer la reprise
économique et de contribuer à la croissance économique de
long terme d'une part, et les conséquences de l'imposition du revenu
personnel, du revenu corporatif, de la masse salariale, et de la consommation
sur la croissance du P11B par habitant des pays de l'OCDE de l'autre part,
utilisent un panel de 21 pays de l'OCDE sur 34 années pour mieux
distinguer les effets de la taxation sur la croissance à court et
à moyen terme. A cette fin, ils adoptent un modèle
économétrique de type panel à effets fixes, et à
correction d'erreurs. De plus, ils utilisent la moyenne de cinq années
de toutes les variables incluses dans le modèle pour éliminer
l'autocorrélation (Arseneau et al., 2011). Le résultat de leurs
estimations suggère que l'imposition des biens immobiliers, et la
taxation de la consommation sont les moins nuisibles à la croissance
économique, contrairement aux impôts sur le revenu personnel et
sur le revenu corporatif. Quant à la robustesse de leurs
résultats, l'ajout de quelques variables de contrôles
supplémentaires au modèle n'affecte pas les coefficients
estimés.
Dans le même souci d'examiner l'impact de la
fiscalité sur la croissance, Lee et Gordon (2004) ; et Widmalm (2001)
utilisent des méthodes différentes et obtiennent des
résultats presque similaires. En effet, les premiers auteurs examinent
l'impact du taux d'imposition du revenu personnel et du revenu
corporatif21 sur la croissance économique. Leurs
résultats montrent que toute hausse du taux d'imposition du revenu
corporatif de 10%, entraine une baisse du taux de croissance de 0,82%. Quant
aux seconds auteurs, ils ont opté pour un panel de 23 pays de l'OCDE de
1951 à 1990. Contrairement à la plupart des études sur ce
sujet, la variable de taxation ne correspond pas à la moyenne des taux
des taxes, mais elle est exprimée par le taux marginal d'imposition.
Wildmalm (2001) quant à lui, analyse globalement l'impact de la taxation
sur la croissance à travers l'impôt sur le revenu personnel,
l'impôt sur le revenu corporatif, les taxes sur les biens et services et
l'impôt foncier. De plus, l'auteur inclus également la part des
dépenses courantes du gouvernement dans le P11B, puisqu'elle
reconnaît
21 L'impôt sur le revenu corporatif correspond
à l'impôt sur les sociétés
Page 24 P
Page 25 Page 3
qu'une partie de ces dépenses peut améliorer la
productivité du secteur privé, par exemple les dépenses en
santé et en éducation et trouve une corrélation
négative et robuste uniquement pour la part de l'impôt dans les
recettes fiscales totales de la taxation et la croissance économique.
L'impôt sur le revenu personnel étant la seule forme d'imposition
progressive, Widmalm (2001) conclut que la progressivité d'une taxe joue
également un rôle négatif sur la croissance
économique.
En sommes, tous les auteurs cités ci-dessus ont
basé leurs études sur l'économétrie des
données de panels à effets fixes. Cette dernière renferme
quelques faiblesses, qui limitent la prise en compte d'effets de traitement ou
de session par des variables auxiliaires correspondantes. Aussi, outre le fait
que la variabilité inter-individuelle (variabilité between) n'est
pas exploitée pour estimer les paramètres structurels du
modèle, une limite inhérente au modèle à effets
fixes réside dans le fait que l'impact des facteurs invariants à
travers le temps ne peut être identifié. Ceci constitue une limite
au niveau de l'analyse économique, puisqu'il revient à
restreindre le champ d'analyse économique de l'étude. Toutefois,
malgré ses limites, force est de noter que l'économétrie
des données de panel est meilleure que les régressions des
données en coupes instantanées et les séries temporelles.
En effet, outre l'argument classique relatif à la faible puissance des
tests de cointégration sur séries temporelles en petit
échantillon, l'ajout de la dimension individuelle permet
d'accroître le nombre de données en incluant l'information
relative à des pays différents et mener ainsi une analyse
multi-pays.
> Utilisation des modèles VAR et des séries
temporelles
De Castro et De Cos (2006, 2008) et Mutascu et Danuletiu
(2011) ont appliqué le modèle VAR sur les économies
espagnoles et roumaines respectivement, et mettent en évidence le fait
que l'augmentation des taxes génère à moyen terme des
effets négatifs sur la croissance économique. Sur la base de ces
résultats, ils estiment que les tentatives de réalisation de
l'assainissement budgétaire, en augmentant le fardeau fiscal peuvent
aboutir à un échec ; et sont susceptibles d'impliquer encore
davantage de déficits à l'avenir. En utilisant plutôt les
séries temporelles, Mamatzakis (2005), et Koch et al. (2005) montrent
que le taux de pression fiscale est négativement lié à la
croissance économique de la Grèce (Mamatzakis, 2005) et de
l'Afrique du Sud sur une période de 1960 à 2002 (Koch et al.,
2005).
Ces résultats ne font toutefois pas
l'unanimité. Car afin d'examiner le taux optimal d'imposition pour la
Côte d'Ivoire, Keho (2010) prouve qu'une une augmentation de 1% de la
pression
Page 26 Page 3
fiscale serait probablement ajouter 0,5% par an à la
croissance économique. Aussi, Keho (2010) suggère que l'impact de
la fiscalité sur la croissance économique peut également
être influencé par la capacité de l'État à
percevoir des impôts. Si cette capacité est plutôt
limitée, augmenter des impôts ne conduiront qu'à
l'évasion fiscale sans assurer une croissance économique à
long terme.
Les méthodes des travaux présentés
ci-dessus renferment de nombreuses limites. En effet, bien que les
modèles VAR structurels constituent un outil utile dans la
macro-économie appliquée puisqu'ils sont simples, flexibles et
robustes pour modéliser la mauvaise spécification, les
débats à la suite du papier séminal de Gali (1999) ont
suscité un scepticisme concernant l'apport de cette méthodologie
alternative. Certains chercheurs se demandent actuellement si les
modèles VAR peuvent vraiment être utiles pour discriminer des
théories concurrentes et si leurs propriétés
d'échantillonnage sont assez précises pour justifier leur
popularité dans la macroéconomie appliquée. De plus, les
séries temporelles sont généralement en petit
échantillon, ce qui amoindrit alors la puissance des tests de
cointégration. Dans ces conditions les résultats obtenus à
partir de ces techniques sont-ils toujours crédibles ?
II.2-Mobilisation des recettes fiscales et
variabilité de la croissance économique : Une analyse
empirique
Un autre fait important est que l'instabilité des
recettes fiscales s'est révélée être une question
cruciale depuis des décennies surtout en Afrique subsaharienne. Elle est
souvent à l'origine de l'instabilité de la croissance, et les
économies en développement en sont plus touchées que les
économies développées22. Les travaux de Romer
et Romer (2010) ; Posch (2011); et Afonso et Sousa (2009), en adoptant des
démarches tout à fait différentes, le montrent ci-bien.
En effet, Romer et Romer (2010) recherchent l'effet des
changements fiscaux sur l'environnement macroéconomique des Etats-Unis
depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Ils mesurent les
changements fiscaux à travers le «changement dans les recettes
fiscales corrigées des variations conjoncturelles ». Leurs
résultats montrent que toute hausse exogène des taxes de 1%
réduit le PIB réel d'environ 3%, donc participe à
déstabiliser la croissance économique. Posch (2011), sur
données de panel des pays de l'OCDE de 1970 à
22 Mutascu et Danuletiu (2011)
Page 27 Page 3
2004, utilisent une formulation en temps continu, pour mettre
en évidence les effets de la fiscalité sur volatilité de
la production et donc de la croissance économique. Ils trouvent que
l'instabilité fiscale explique à 66% la volatilité de la
croissance économique des pays concernés. Aussi, toujours en
utilisant les données de panel, Ebeke et Ehrhart (2013), en se servant
des travaux de Lim (1983), étudient les conséquences de
l'instabilité des recettes fiscales sur 39 pays d'Afrique Subsaharienne
au cours de la période 1980-2005. D'après les résultats de
leurs estimations, la forte instabilité des recettes fiscales de cette
zone, est responsable de la volatilité des dépenses publiques,
composante cruciale pour la croissance à long terme (Barro, 1990 et
Ramirez et Nazmi, 2003). De plus, ils constatent que l'aide
étrangère, une dépendance moindre aux taxes commerciales
et une plus grande dépendance sur les taxes indirectes
intérieures conduisent de manière significative à de
faibles niveaux de l'instabilité des recettes fiscales. Ces
résultats sont presque les mêmes que ceux de Afonso et Sousa
(2009) qui utilisent un modèle d'auto-régression structurelle
bayésienne sur l'économie du Portugal. Ils constatent qu'un choc
positif de 1% des recettes de l'État est capable de
générer une réponse positive du PIB de 0,06%. Après
cela, les effets macroéconomiques des chocs fiscaux s'érodent et
finissent même par devenir négatifs.
CONCLUSION DU CHAPITRE
Nous avons présenté les principaux travaux
théoriques et empiriques traitant de la contribution de la
fiscalité à la croissance économique. Il en ressort que la
théorie derrière l'effet de la fiscalité sur la
performance économique des nations est assez vaste et constitue l'un des
domaines de la macroéconomie le moins contesté (Szarowska, 2010).
La plus part des modèles théoriques néoclassiques et
keynésiens s'accordent pour montrer qu'une charge fiscale trop
élevée a un impact négatif sur l'activité
économique. Les tentatives de vérification empiriques par des
données de panels, par des modèles VAR, et même par des
séries temporelles rendent compte du lien négatif existant entre
la politique fiscale et la croissance économiques des pays à
travers le monde. De plus ce chapitre montre que l'instabilité des
recouvrements fiscaux entraîne celle de la croissance économique.
Les résultats de la présente étude contribueront donc
à renchérir le débat sur la question et nécessitent
au préalable la présentation et la justification
méthodologique qui font l'objet de la suite de cette étude
Page 28 Pa 3
CHAPITRE III : METHODOLOGIE ET ESTIMATION
ECONOMETRIQUE DES MODELES
Après avoir passé en revue les travaux
théoriques et empiriques relatifs à la politique fiscale et la
croissance économique de façon générale, il
question pour nous dans ce chapitre de présenter d'une part les
modèles économétriques liés à nos de nos
deux hypothèses d'étude (fiscalité-croissance
économique ; et mobilisation des recettes fiscales-variabilité de
la croissance économique), et d'autre part les méthodes
d'estimations économétriques de ces relations pour les
différents pays de la zone CEMAC. La revue de la littérature nous
a permis d'avoir un aperçu de la contribution de la fiscalité
à la croissance économique des pays. A cet égard, nous
présenterons dans un premier temps le modèle et les étapes
d'estimations économétriques liés à la
fiscalité et la croissance économique des pays de la
sous-région (section 1), et dans un second, le modèle et les
étapes d'estimations économétriques liés à
la mobilisation des recettes fiscales et la croissance économique des
pays de la zone CEMAC (section 2).
SECTION I : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE :
METHODOLOGIE ET ESTIMATIONS ECONOMETRIQUES
L'objet de cette section est de présenter et de
justifier notre modèle, nos sources de données, avant d'effectuer
les estimations économétriques proprement dites. Ainsi, cette
section se subdivisera en deux sous sections : la première :
méthodologie, et la deuxième : Méthodes d'estimations
économétriques.
I.1- Méthodologie
A la lumière des travaux antérieurs au sujet de
l'estimation des modèles de croissance, nous choisissons l'approche de
la régression en panel à effets aléatoires (modèle
à erreurs composées) avec variable instrumentale. Nous nous
basons sur les travaux empiriques de Ebrahimi et Vaillancourt (2013), pour
analyser l'impact du taux de pression fiscale sur le niveau de croissance
économique des pays de la zone CEMAC. Cette méthode permet de
contrôler les effets sur la croissance économique des variables
stables à travers le temps, ce qui rend la comparaison entre les
différents pays de la sous-région plus pertinente.
Toutefois, contrairement à ces auteurs, nous
utiliserons pour mesurer l'ouverture commerciale, le taux composite
développé par Squally et Wilson (2011) qui, contrairement aux
autres, ne
Page 29 Page 3
pénalise plus les grands pays dotés de niveaux
élevés de PI13, mais incrimine plutôt ceux ayant une faible
participation au commerce international.
Le modèle est le suivant :
TC i,t= ai + 9Dévali,t
+ p ln(Yi,t) + f31ln(Ki,t) + f32educi,t + f33T
Oi,t + gpTPFi,t_1 +
Ei,t [III.1]
Avec Ei,t représentant le
terme d'erreur et ai = a + ui
; a désigne la composante fixe
et uila composante stochastique individuelle, non
observable.
Variable dépendante :
Taux de croissance du PIB par habitant :
TCi,t
Notre variable dépendante est le taux de croissance du
PI13 par habitant pour le pays i au temps t et pour l'intervalle t
Cette variable est exprimée par la différence
entre deux périodes du ratio du PI13 réel par
habitant comme suit : TC ·
Yi,t-Yi,t-i ; avec Y ·
le PI13 réel par habitant pour le pays i, à la
`'t Yi,t-i - Yup Y
date t. Pour construire cette variable, le PI13 nominal est
d'abord transformé en termes réels. Ce qui permet d'isoler
l'impact des variables indépendantes sur la croissance réelle de
l'économie.
Variables indépendantes :
· Variables de contrôle :
Dévaluation :
Dévali,t
Pour prendre en compte l'impact de la dévaluation qu'a
connu la zone en 1994, sur le taux de croissance, nous avons
généré une variable muette Deval qui prend la valeur 1
pour les années allant de 1994 à 2005, et 0 pour les autres
années.
Niveau initial du PIB réel par habitant
: Yi,t
Cette variable a été transformée en
logarithme naturel car elle correspond à un niveau. L'inclusion de
Yi,t dans les équations de
détermination du taux de croissance économique permet de capturer
la convergence conditionnelle (au point de départ) ; son inclusion est
courante dans les travaux empiriques sur les déterminants de la
croissance. Le modèle de Solow (1956) prédit que les
économies ayant un niveau initial du revenu peu élevé
croissent plus rapidement que celles dont le niveau du revenu est plus
important et proche de l'état stationnaire.
0
Page 38
Capital physique : ) i,t
Le capital physique est une variable très importante
dans l'explication de la croissance du PIB. Lorsqu'on constate une baisse de la
demande générale des biens et services au cours d'une
récession, une large part de celle - ci peut généralement
être imputée aux dépenses d'investissement. Les
dépenses d'investissement se justifient pour les raisons suivantes :
elles permettent aux entreprises d'accroître leur capacité de
production par l'acquisition de nouvelles machines. Ensuite, elles permettent
aux entreprises de pouvoir constituer leur stock de matières
premières et de produits finis. Nous l'avons mesuré par la
Formation Brute du Capital Fixe présente dans le WDI. Comme pour le
niveau initial du PIB, nous avons transformé le niveau du capital
physique en logarithme naturel.
Capital humain : educ1,~
Le capital humain est approximé par le taux brut de
scolarisation dans le secondaire. Ce dernier est défini comme le rapport
entre le nombre d'élèves inscrits dans le niveau secondaire (quel
que soit leur âge), par la population ayant l'âge officiel de
scolarisation du même niveau d'éducation. Le principal avantage de
l'utilisation de cet indicateur est sa disponibilité pour un grand
nombre de pays et pour plusieurs années (Barro, 1991 ; Mankiw et al.,
1992 et De Gregorio, 1996).
Taux d'ouverture commerciale : T
1,
Le taux d'ouverture commerciale, calculé selon le taux
composite de Squally et Wilson(2011),
est introduit dans le modèle. Il est donné par
: T 1, = n(+,-) ~ ; avec j représentant
"./~ ? (+,-)
~
121 1
l'ensemble des pays du monde, tel que345, n le nombre de pays
de la planète, X et M représentent respectivement les volumes
d'exportations et d'importations. Intuitivement, ce taux ajuste
l'ancien23 par la part du niveau de commerce d'un pays relativement
à la moyenne de celle du reste du monde.
· Variable d'intérêt
Ratio des recettes des taxes ou taux de pression
fiscale : T"#1,$1
Le Taux de pression fiscale est le rapport de l'ensemble des
recettes fiscales au PIB (Landau, 1986). L'augmentation de la pression fiscale
décourage l'activité productive et exerce de ce fait une
influence négative sur la croissance et le développement. Les
entreprises étant le lieu par excellence de la production de la valeur
et de l'importance de la matière imposable, l'Etat ne
23 Celui qui est égal au ratio des recettes
fiscales sur le PIB.
Page 31 Page 3
peut pas les imposer trop lourdement sans risquer de mettre en
cause la croissance ultérieure, sauf si le taux d'investissement de la
puissance publique est élevé. De plus, la hausse du PIB provoque
également la hausse les recettes fiscales. Ainsi, pour éviter une
causalité inverse, nous avons retardé nos ratios de taxes d'une
période.
On retient également une variable instrumentale
Variable instrumentale
Recettes Fiscales : RF1,~_1
Les recettes Fiscales correspondent à la somme des
recettes fiscales en provenance de toutes les formes de taxation
imposées par chaque pays de la zone CEMAC. Cette variable est notre
variable instrumentale car elle est corrélée à notre
variable endogène TPF1,~_1.
Source de données
Les données utilisées dans la présente
étude couvrent la période 1980-2005 et sont annuelles. Les
données sur les recettes fiscales sont tirées de l'oeuvre
récente de Keen et Mansour (2010), le capital humain (taux de
scolarisation dans le secondaire) est quant à lui issu des statistiques
sur l'éducation de l'UNESCO (2013), et toutes les autres variables
restantes proviennent du WDI de la Banque Mondiale édition 2013.
I.2- Méthodes d'estimations
économétriques
Le présent paragraphe est consacré à
l'explication des différents tests économétriques
successivement utilisés dans la méthodologie de l'estimation.
Ainsi on a effectué les tests suivants :
> Stationnarité des variables
La première étape de toute étude
économétrique, est de vérifier la stationnarité. On
peut le faire par les tests de racines unitaires. Si les variables sont non
stationnaires, on se doit de les rendre stationnaires avant toute estimation
économétrique, car les seules séries que l'on sache
modéliser sont celles stationnaires. Les développements
récents de la littérature suggèrent que les tests de
racine unitaire sur données de panel sont plus puissants que les tests
sur séries chronologiques individuelles. Dans notre étude, nous
privilégions le test IPS proposé par Im et al. (1997, 2002,
2003), car il prend en compte
l'hétérogénéité, mais aussi, propose une
statistique simple fondée sur la moyenne des statistiques DF ou ADF
(Hurlin et Mignon, 2005).
PPage 32
40
Ce test postule la racine unitaire contre la
possibilité de la cohabitation de deux catégories d'individus
dans le panel. Les individus pour lesquels la variable est stationnaire et ceux
pour lesquels elle ne l'est pas.
> Test de spécification ou
d'homogénéité
Lorsque l'on est en présence d'un échantillon de
données de panel, on se doit de faire est de vérifier la
spécification homogène ou hétérogène du
processus générateur des données. Cela revient, sur le
plan économétrique, à tester l'égalité des
coefficients du modèle étudié dans la dimension
individuelle. Sur le plan économique, les tests de spécification
visent à déterminer si le phénomène
étudié est parfaitement identique pour tous les individus, ou au
contraire, s'il existe des spécifications propres à chaque
individu.
On considère un échantillon de 7 observations de
8 processus individuels 9:;,<, = ? Z, 3 ? NA et 9B;,<, = ? Z, 3 ? NA. Par
la suite, l'on notera 9:;,<A et 9B;,<A ces deux processus. On
suppose que le processus 9:;,<A est défini de façon
générale par la relation linéaire suivante,
? 3 ? N,? = ? Z : =a ·+ Fx + e (/1
·oùa ·ERa'=(a a pli )F est un
yi,t ai ~i ti,t ti,t l ) ai F~ F~i,;,
,-2,;, ... K,i
vecteur de dimension(N, 1). On considère ainsi un vecteur
de N variables explicatives :
B;,< = (BJ,;,<, BK,;,<, ... , BM,;,<)F
(2)
Les innovations G;,< sont supposées être3. 3.
Q. 24. On suppose ainsi que les paramètres D; et E; du
modèle (1) peuvent différer dans la dimension individuelle, mais
l'on suppose qu'ils sont constants dans le temps.
Plusieurs configurations sont alors possible pour ce
modèle (1) :
1. Les 8 constantes D; et les 8 vecteurs de paramètres
E; sont identiques : D; = D, E; = E, ?3 ? S1, 8T selon les individus. On
qualifie alors le panel de panel homogène.
2. Les 8 constantes D; et les 8 vecteurs de paramètres
E; sont différents selon les individus. On a donc 8 modèles
différents, on rejette la structure de panel.
3. Les 8 constantes D; sont identiques, D; = D, ?3 ? S1, 8T ,
tandis que les vecteurs de paramètres E; diffèrent selon les
individus. Dans ce cas, tous les coefficients du modèle,
24 Indépendantes et identiquement distribuées :
c'est -à-dire de moyenne nulle et de variance constante
Page 33 Page 4
à l'exception des constantes, sont différents
selon les individus. On a donc N modèles différents.
4. Les N vecteurs de paramètres [3i
sont identiques, [3i = [3, Vi E [1, N], tandis que les constantes
ai diffèrent selon les individus. On obtient un
modèle à effets individuels.
Pour discriminer ces différentes configurations et pour
s'assurer du bien-fondé de la structure de panel, il convient d'adopter
une procédure de tests d'homogénéité
emboîtés, selon la procédure de Hsiao (1986), tel que
décrite sur la figure III.1 se trouvant à l'annexe.
Dans une première étape, on teste
l'hypothèse d'une structure parfaitement homogène (constantes et
coefficients identiques) : Ha: [3i = [3, ai = a, Vi E [1, N] ;
Hal: 3 (i,j) E [1,N]/[3i *
[3]ouai*agi
On utilise alors une statistique de Fisher pour tester ces
(K + 1)(N - 1) restrictions linéaires. En effet, dans notre
modèle, chaque vecteur [3i comprend K
paramètres. Pour les N individus du panel, on obtient
KN paramètres. L'égalité des N vecteurs
[3i revient donc à imposer KN - K restrictions. De la
même façon, l'égalité des N constantes
revient à imposer N - 1 restrictions. Au total,
l'hypothèse Ha revient à imposer (K + 1)(N - 1)
restrictions linéaires.
Si l'on suppose que les résidus £i,t sont
indépendamment distribués dans les dimensions i et t
, suivant une loi normale d'espérance nulle et de variance
constante, cette statistique suit une distribution de Fisher avec (K + 1)(N
- 1) et NT - N(K + 1) degrés de liberté. Les
conclusions de ce test sont les suivantes. Si l'on accepte
l'hypothèse nulle Ha d'homogénéité, on obtient
alors un modèle de pooled totalement homogène. yi,t = a
+ [3'xi,t + £i,t (3)
Si en revanche, on rejette l'hypothèse nulle, on passe
à une seconde étape qui consiste à déterminer si
l'hétérogénéité provient des coefficients
[3i.
La seconde étape consiste à tester
l'égalité pour tous les individus des K composantes des
vecteurs [3i. Hg: [3i = [3, Vi E [1,N] ; Hâ: 3 (i,
j) E [1, N]/[3i * [3i .
Sous l'hypothèse nulle, on n'impose ici aucune
restriction sur les constantes individuelles ai. De la même
façon, on construit une statistique de Fisher pour tester ces (N -
1)K restrictions linéaires. Toujours sous l'hypothèse
d'indépendance et de normalité des résidus, cette
statistique suit une loi de Fisher avec (N - 1)K et NT - N(K + 1)
degrés de liberté. Si l'on rejette l'hypothèse
nulle Hg d'homogénéité des coefficients [3i, on rejette
alors la structure de
Page 34 Pa 42
panel, puisque au mieux seules les constantes ai
peuvent être identiques entre les individus : yi,t = a +
[3i'xi,t + ei,t (4). On estime alors les
paramètres vectoriels [3i en utilisant les modèles
différentes pays par pays. Si en revanche, on accepte
l'hypothèse nulle HoK
d'homogénéité des coefficients [3i, on
retient la structure de panel et l'on cherche alors à déterminer
dans une troisième étape si les constantes ai ont une dimension
individuelle.
La troisième étape de la procédure
consiste à tester l'égalité des N constantes
individuelles ai
sous l'hypothèse de coefficients [3i communs
à tous les individus : Ho`: ai = a, Vi E [1, N] ;
Hal: 3 (i, j) E [1, N]/ai * ai .Sous
l'hypothèse nulle, on impose [3i = [3. Sous l'hypothèse
d'indépendance et de normalité des résidus, on construit
une statistique de Fisher pour tester ces N - 1 restrictions
linéaires. Cette statistique suit une loi de Fisher avec (N - 1)K
et N(T - 1) - K degrés de liberté. Si l'on
rejette l'hypothèse nulle Ho`
d'homogénéité des constantes ai, on obtient alors un
modèle de panel avec effets individuels :
yi,t = ai + [3'xi,t + ei,t (5).
Dans le cas où l'on accepte l'hypothèse nulle
Ho`, on retrouve alors une structure de panel totalement
homogène (modèle pooled).
> Test de spécification de Hausman
Après avoir effectué le test
d'homogénéité qui nous a permis de retenir un panel, il
nous faut choisir le type de panel à utiliser. Nous utilisons pour ce
faire le test de spécification de
c
Hausman. Ce test repose sur la différence entre un
estimateur convergent et efficace (b
|
o sous
|
l'hypothèse nulle de bonne spécification), mais
non convergent sous l'hypothèse alternative, et un estimateur convergent
sous les deux hypothèses ( bl). En d'autres termes,
le test de Hausman teste l'hypothèse nulle selon laquelle les effets
spécifiques à chaque pays peuvent être
corrélés avec les variables du modèle contre
l'hypothèse alternative selon laquelle ces effets sont orthogonaux aux
variables explicatives. Autrement dit, le test de Hausman nous permet de
choisir entre un modèle à effets fixes et un modèle
à effets aléatoires.
> Test de causalité bidirectionnelle : test de
causalité en panel de Granger par paire de
variables
Soient xt et yt , deux
séries stationnaires. En effectuant la régression linéaire
de yt sur ses propres valeurs passées
ys, et sur les valeurs passées xs
de xt (s < t ), si l'on obtient des
coefficients significatifs de xs alors la connaissance du
passé de xt peut améliorer la
prévision de yt. On dit que xt
cause uni directionnellement yt. Il y a
causalité instantanée,
PPage 35
43
lorsque la valeur courante de xt
apparaît comme une variable explicative supplémentaire
dans la régression précédente. Le test de Granger issue
directement de la représentation autorégressive, consiste
à estimer par la méthode des moi/~ndres carrés
les deux équations suivantes : xt = a + Eki yi
xt-i + Eki Çi int-i+Et et yt
= / + E 1 coixt-i + E 1 Si yt-i + Et Un
test d'hypothèses jointes permet de conclure sur le sens de la
causalité. Ainsi, xt cause au sens de Granger yt
si l'hypothèse nulle H0 : co1 = co2 = ? = cok = 0 peut être
rejetée au profit de l'hypothèse alternative H1 : au moins un des
coi ? 0 . De façon analogue, yt cause xt au sens
de Granger si l'hypothèse nulle H0 : cp1 = cp2 = ? = cpk = 0 peut
être rejetée au profit de l'hypothèse alternative H1 : au
moins un des cpi ? 0 . Si l'on est amené à rejeter les deux
hypothèses nulles, on a une causalité bidirectionnelle.
> Estimation des paramètres du modèle par
l'estimateur des variables instrumentales.
Lorsqu'une variable indépendante est
corrélée avec le terme d'erreur, les hypothèses classiques
du modèle linéaire sont violées et on se retrouve face
à un problème d'endogénéité. Dans ce cas, on
peut faire appel à l'estimateur de variables instrumentales (VI). Il se
présente comme suit : Soit Z, une matrice de variables instrumentales
(VI) et X, la matrice originale. L'estimateur VI est donné par:
--2
n E
|
(V I) = (Z'X)-1Z'y et l'estimateur VI de la
covariance par: a
|
(Z'X)-1(Z'Z)(X'Z)-1 où
|
at2=1 /T (y - X â(IV ))'(y - Xâ(IV )) .
Ou, lorsque J > K (J étant le nombre de VI et K le nombre de
variables indépendantes), par:
~(V,)=[X'Z(Z.
Z')Z'X]-1X'Z(Z'Z)-1Z'y.
at2[X'Z(Z'Z)-1Z'X]-1.
Pour utiliser cette méthode, il faut que coy(X, y)#0;
et coy(X, Z)#0. A cet effet, nous avons calculé la matrice des
coefficients de corrélations.
Cette étape est l'une des plus importantes de notre
travail, car elle nous permet de confirmer ou d'infirmer notre première
hypothèse. En effet, il est question ici d'estimer les paramètres
de notre modèle [III.1], afin de montrer l'influence de chaque variable
indépendante sur la variable dépendante.
Page 36 ag
SECTION 2 : MOBILISATION DES RECETTES FISCALES ET
VARIABILITE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE.
Cette section a pour vocation de présenter la
méthodologie (II.1), et de présenter les méthodes
d'estimations économétriques de notre modèle [III.2]
(II.2)
II.1 Méthodologie
En ce qui concerne la relation entre l'instabilité des
recettes fiscales et celle de la croissance économique, nous adoptons un
modèle similaire à celui de Ebeke et Ehrahrt(2013), qui est une
amélioration des travaux de Lim(1983) et de Bleaney et al. (1995). De
plus, nous nous sommes basés sur les travaux théoriques de Barro
(1991), qui stipulent que la hausse des dépenses gouvernementales sont
à l'origine des externalités positives qui
bénéficient à l'économie toute entière ; et
il en résulte une croissance économique soutenue. Ainsi, la
volatilité des recettes publiques est coûteuse, car elle force les
Etats à par conséquent, réduire les dépenses
publiques ce qui conduit à l'instabilité des dépenses
publiques, mais aussi de la croissance économique (Lim, 1983;
Guillaumont et al., 1999; Fatas et Mihov, 2003; Furceri, 2007; Loayza et al.,
2007). A cet égard, nous nous sommes permis de remplacer la variable
dépendante (logarithme de l'écart-type des dépenses
publiques) du modèle de Ebeke et Ehrahrt (2013), par le logarithme de
l'écart-type du niveau du taux de croissance du PIB. Nous utilisons
alors un modèle en panel à erreurs composées avec
variables instrumentales.
Le modèle est donc le suivant :
~~~|~,~
} ~ = ai + ~~~~|~,~
~ ~ + p1 ln(Yct$~) + Pz 1n(€ct$~ ) +
133 ln(dettea$~) + 1elecct$~ + +2cnÉlitct$~ + %u
S....2T Avec %i,t représentant le terme d'erreur et ai = a + '~ ; a
désigne la composante fixe et 'la composante stochastique individuelle,
non observable.
Variable dépendante :
L'instabilité de la croissance
économique : |~,~
}
Notre variable dépendante est l'écart-type du
taux de croissance du PIB calculé sur 5 ans que nous avons
transformé en logarithme naturel. Comme Nelson et Plosser (1982) ont
souligné la présence d'une tendance dans les données
macro-économiques, nous nous sommes assurés de la
stationnarité de cette variable avant de mesurer son
écart-type.
Variables indépendantes :
· Variable d'intérêt
L'instabilité fiscale : |~,~ ~
Il s'agit de l'écart-type du taux de pression fiscale
calculé sur 5 ans que nous transformons par la suite en logarithme
naturel. Tout comme notre dépendante, nous nous sommes également
assuré de la stationnarité de cette avant de mesurer son
écart-type. De plus, la covariance entre cette variable et notre
variable dépendante étant non nulle, l'instabilité fiscale
est donc liée au terme d'erreur, dû à l'omission d'une
variable pertinente. Cette variable souffre
d'endogénéité.
· Variables de contrôle
Niveau initial du PIB réel par habitant
: ,$~
Cette variable a été transformée en
logarithme naturel car elle correspond à un niveau, puis retardée
de 4 ans. La prise en compte de cette variable dans le modèle nous
renseigne sur le niveau de développement des différents pays de
la sous-région et sa contribution à la variabilité de la
croissance économique.
L'aide étrangère par habitant :
€1,~$~
Cette variable représente le volume total de l'aide
étrangère en direction de chaque pays de la zone CEMAC que nous
avons rapporté à la population totale de chaque pays de la
sous-région. De plus, puisque ce volume d'aide correspond à un
niveau, nous avons introduit le logarithme naturel et retardé de 4
ans.
La dette extérieure dans le PIB
: dette1,~$~
La dette extérieure dans le PIB, représente le
volume total de dette de chaque Etat de la zone rapporté au PIB. Cette
variable a également été transformée en logarithme
et retardée de 4 ans. Cette variable et la précédente sont
des indicateurs de la disponibilité de sources de financement du
gouvernement ; et leur introduction dans le modèle nous permettra de
voir si l'instabilité des financements externes affecte la
volatilité de la croissance économique dans notre
sous-région.
Elections présidentielles :
e1ec1,~$~
Il s'agit d'une variable muette qui prend la valeur 1
lorsqu'il y a une élection présidentielle dans une année,
et zéro pour les autres années qui est retardée de 4 ans.
En effet, dans les pays en développement, la conduite des politiques
budgétaires cycliques est à l'origine des instabilités
fiscales en période d'élections présidentielles. Ainsi, au
cours des années où se
Page 37
P 45
Page 38 P 4
déroulent les élections présidentielles,
on note une augmentation des dépenses publiques et une réduction
des recettes fiscales (Block, 2002; Shi et Svensson, 2006; Ehrhart, 2010).
Conflits armés :
cnÉ1it1,,$~
L'apparition de conflits armés peut aussi être
un facteur contribuant à la forte instabilité des variables
budgétaires. Cette variable correspond au nombre de fois dans
l'année qu'un conflit armé intervient dans un pays. Aussi, comme
les précédentes, nous la retardons de 4 ans.
· Variables instrumentales
Taux d'inflation : .i,t$~
L'inflation, retardé de 4 ans, et mesurée par
l'indice des prix à la consommation reflète la variation annuelle
en pourcentage du coût pour le consommateur moyen d'acquisition d'un
panier de biens et services qui peuvent être fixées ou
modifiées à des intervalles déterminés, comme
chaque année. Nous avons utilisé la formule de Laspeyres (du WDI
2013). L'introduction de cette variable dans notre modèle est importante
pour expliquer la volatilité de la croissance économique (Bleaney
et al., 1995). Nous l'utilisons comme variable instrumentale car sa covariance
avec la variable endogène d'intérêt (instabilité
fiscale) est différente de zéro.
Taux d'ouverture commerciale : T
1,$~
Tout comme dans notre premier modèle, le taux
d'ouverture commerciale, calculé selon le taux composite de Squally et
Wilson(2011). Nous le transformons par la suite en logarithme naturel et
retardé de 4 ans pour prendre en compte la part du commerce
international dans la variabilité de la croissance économique
(Bleaney et al., 1995). Nous l'utilisons aussi comme variable instrumentale car
sa covariance avec la variable endogène d'intérêt
(instabilité fiscale) est également différente de
zéro.
Comme l'instabilité de la croissance économique
et l'instabilité fiscale sont calculées sur une durée de 5
ans, toutes les autres variables sont retardées de 4 ans pour s'assurer
qu'elles soient exogènes, conformément aux travaux de Ebeke et
Ehrahrt (2013).
Source de données
Le modèle est estimé pour la période
1980-2005 avec des données annuelles. Tout comme dans le premier
modèle, nos données de recettes fiscales sont tirées de
l'oeuvre récente de Keen et Mansour (2010). Les indicateurs
socio-politiques : élections présidentielles et conflits
armés proviennent de la base de données des institutions
politiques, et de la base UCDP / PRIO Armed Conflict Dataset (Gleditsch et al.,
2002) respectivement. Toutes les autres variables restantes sont issues du WDI
de la Banque Mondiale édition 2013.
Page 39
P 47
Toutefois, compte tenu du manque de données concernant
certaines variables de la Guinée Equatoriale, nous l'avons retiré
de l'étude et effectué nos estimations sur les autres pays de la
sous-région.
II.2- Méthodes d'estimations
économétriques (Estimation des paramètres du modèle
par l'estimateur des variables instrumentales)
Pour décider de l'utilisation de cette méthode
d'estimation, et du choix de nos instruments, nous calculons la matrice des
coefficients de corrélation. En effet, un coefficient de
corrélation entre deux variables étant le rapport de la
covariance entre ces variables sur le produit de leurs écart-types, la
nullité de ce coefficient résulte de celle de la covariance entre
les variables. En adoptant les conditions d'utilisation de cette méthode
présentées à la section précédente, nous
calculons d'abord les écart-types de nos variables expliquée et
explicative d'intérêt sur 5 ans ; ensuite, nous les transformons
en logarithme naturel (Ebeke et Ehraht, 2013) ; enfin, nous procédons
à l'estimation des paramètres du modèle par l'estimateur
des variables instrumentales présenté à la section
précédente. Nos instruments sont l'inflation et le logarithme du
taux d'ouverture commerciale. Cette étape nous permet de montrer
l'influence de chaque variable explicative sur la variable expliquée et
par conséquent, de confirmer ou d'infirmer notre deuxième
hypothèse.
Conclusion du Chapitre
Il était question pour nous de présenter nos
modèles économétriques, et les techniques d'estimations
utilisées pour répondre à nos questions
spécifiques. A cet effet, pour notre première hypothèse
d'étude, nous avons construit un modèle de panel à effets
aléatoires avec variable instrumentale. De plus, nous avons
présenté les différents tests effectués sur ce
modèle. Il s'agit des tests de stationnarité de IPS ;
d'homogénéité ; de spécification de Hausman ; de
causalité bidirectionnelle de Granger mais aussi l'estimation des
paramètres du modèle par les variables instrumentales. Notre
seconde hypothèse s'est également construite autour d'un
modèle de panel à erreurs composées ; dont la
régression a nécessité que nous présentions la
méthode d'estimation par variables instrumentales.
Page 40 g
CHAPITRE IV : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
Au chapitre précédent, nous avons
présenté les modèles et les étapes d'estimations
économétriques, en relation avec nos différentes
hypothèses. Dans ce chapitre, nous nous attèlerons à
présenter les résultats de nos estimations et les recommandations
de politiques économiques tant pour la relation fiscalité et
croissance économique (Section 1) que celle de l'instabilité des
recouvrements fiscaux et la variabilité de la croissance
économique (Section 2). Le but de cette démarche est de confirmer
ou d'infirmer nos hypothèses d'étude. Rappelons le, ces
hypothèses stipulent d'une part que : les taux de pressions fiscales
appliquées en CEMAC sont si élevés qu'ils dépriment
la croissance économique des pays concernés (Hypothèse 1),
et d'autre part que : l'instabilité des recouvrements fiscaux au sein de
la zone CEMAC a un impact positif sur la variabilité de la croissance de
la sous-région (Hypothèse 2).
SECTION 1 : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE:
RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
Cette section ambitionne de présenter et
d'interpréter les résultats de nos estimations effectuées
pour le modèle [III.1] et d'en donner des recommandations concernant la
fiscalité et la croissance économique.
I.1- Présentation et interprétation des
résultats.
A la lumière des différents tests
économétriques effectués au chapitre
précédent, nous avons obtenu les résultats suivants que
nous interprétons :
> Analyse de la stationnarité des
variables
Tout comme nous l'avons mentionné au chapitre 3, nous
effectuons le test de stationnarité en panel de « Im, Pesaran et
Shin (IPS) ». Les résultats sont consignés dans les tableaux
IV.1 et IV.2 se trouvant à l'annexe.
Il ressort du test IPS au seuil de 1% (un pourcent) que la
variable endogène est stationnaire dans les formulations avec constante
d'une part et avec constante et trend d'autre part. De ce fait le taux de
croissance est intégrée d'ordre zéro c'est-à-dire
I(0).
Au rang des variables explicatives, le logarithme du PIB
réel par habitant et capital humain mesuré par le taux de
scolarisation sont non stationnaires au seuil de 1% (voir 10% dix pourcent)
selon le test IPS (spécification avec trend). Nous les
considérerons comme ayant une racine unitaire. Ces deux variables de
contrôle seront différenciées une fois dans l'optique de
les rendre stationnaire avant l'estimation du modèle. Par contre toutes
les autres variables explicatives : logarithme de la formation brute de capital
fixe, l'ouverture économique (taux d'ouverture), recettes fiscales et
taux de pression fiscale sont stationnaires dans la spécification du
test IPS avec trend. Elles sont intégrée d'ordre zéro
[I(0)]. Nos variables étant de différents ordres
d'intégration, nous ne pouvons pas effectuer un test de
cointégration.
> Test de spécification ou
d'homogénéité (Hsiao)
L'algorithme du test d'analyse de
l'homogénéité du premier modèle donne les
résultats
présentés dans le tableau ci-dessous.
Tableau IV.3 : Résultats du test
d'homogénéité de HSIAO
Etapes du test
|
... ~
|
~
...
|
3
...
|
p-value associée
|
0, 00001172
|
0, 124152
|
0, 00409323
|
Décision
|
On rejette H01
|
On accepte H02
|
On rejette H03
|
|
Sources : Nos calculs sous STATA
Le p-value associée au test de Fischer de
l'hypothèse ...~ est égale à 0, 00001172. Elle est
inférieure au seuil de 10%, donc pour ce seuil, on rejette
l'hypothèse nulle ...~d'égalité
des
constantes D; et des coefficients E; et k; avec E; =
(EJ; EK et E`)' etk; = ( ; e i= h)'. Il
convient alors de tester l'hypothèse ...~ d'égalité des
coefficients E; et k; (coefficients associés aux variables explicatives)
entre les pays. Le p-value associée à ce test indique que
jusqu'au seuil de 0, 124152 (12,4152%), l'hypothèse nulle ne peut pas
être rejetée. A 10%, on confirme donc ici la structure de panel.
Il reste enfin à tester l'hypothèse ...~ des constantes
individuelles D;. Le p-value est inférieur au seuil de 5%. Pour ce
seuil, on rejette l'hypothèse nulle d'égalité des
constantes D; : il est nécessaire d'introduire dans le premier
modèle des effets individuels. Pour savoir si l'effet individuel est
fixe ou aléatoire, nous avons eu recours au test de spécification
de Hausman.
> Test de spécification de Hausman
Par la suite, l'on fait appel au test de Hausman pour savoir
si l'effet individuel est fixe ou aléatoire. Les résultats de ce
test regroupés dans le tableau IV.4 de l'annexe ne réfutent pas
l'hypothèse d'absence de corrélation entre le terme
aléatoire et les variables explicatives du modèle (P-value= 92,4%
supérieur à 5%), et le test de Chi2(7)= 2,57. Dans ce contexte,
le
Page 41 Page 49
modèle à effet aléatoire est
préférable au modèle à effet fixe. Pour le premier
modèle, l'on estimera donc un panel de type erreurs composées
dont la structure est la suivante :
TC i,t= ai + 9Dévali,t
+ p ln(Yi,t) + 13sln(Ki,t) + 132educi,t + 133T
0i,t + gpTPFi,t_s +
Ei,t
Avec ai = a + ui
; a désigne la composante fixe
et uila composante stochastique individuelle, non
observable.
> Test de causalité bidirectionnelle : test de
causalité en panel de Granger par paire de
variables.
Le test de causalité de Granger en panel par paires de
variables nous a fourni des résultats consignés dans le tableau
IV.5 de l'annexe. Il en ressort d'une part qu'au seuil de 10%, le taux de
croissance économique cause au sens de Granger le capital physique, le
taux d'ouverture et le taux de pression fiscale. On relève d'autre part
que le PIB réel par habitant (que l'on a retardé d'une
année), le taux d'ouverture commerciale, les recettes fiscales
(retardées d'une année) et le taux de pression fiscale
(retardé d'une année) causent au sens de Granger le taux de
croissance économique. On en déduit l'existence d'une
causalité bidirectionnelle entre les paires de variables : « taux
de croissance économique- taux d'ouverture commerciale », et «
taux de croissance économique - taux de pression fiscale ».
Une fois que nous connaissons les sens des causalités
bidirectionnelles, nous pouvons passer à l'estimation proprement dite
des paramètres de notre modèle.
> Estimation des paramètres du
modèle
Le tableau IV.6 de l'annexe, implique que la
corrélation entre le taux de croissance du PIB et le taux de pression
fiscale est de -0,164, et celle entre ce taux de pression fiscale et les
recettes fiscales est de 0,775. Par conséquent, notre variable
explicative d'intérêt est donc endogène, et la covariance
entre cette variable et celle des recettes fiscales est non nulle. Dans ces
conditions, il nous est possible d'effectuer une régression en panel
à erreurs composées, avec les recettes fiscales comme variable
instrumentale.
L'estimation des paramètres du modèle nous donne
le tableau ci-après.
Page 42 Page 5
Page 43 Page 5
Tableau IV.7: Estimation du modèle 1. (Variable
dépendante : taux de croissance du PIB)
Code
|
Variables explicative
|
fi
|
P>t
|
Influence
|
Constante
|
Constante
|
-4,153**
|
0,039
|
Négative
|
Deval
|
Dévaluation (variable indicatrice)
|
-0,585*
|
0,000
|
Négative
|
ln_pibr_hbt
|
Logarithme du PIB réel par habitant
|
102,19*
|
0,000
|
Positive
|
ln_fbcf
|
Logarithme de la formation brute de capital fixe (capital
phy.)
|
0,320*
|
0,000
|
Positive
|
dk_h
|
capital humain mesuré par le taux de scolarisation
|
0,021
|
0,418
|
Positive
|
t_o
|
L'ouverture commerciale / Le taux d'ouverture
|
5,398**
|
0,049
|
Positive
|
L.tpf
|
Taux de pression fiscale retardé
|
-6,750*
|
0,000
|
Négative
|
|
L'influence d'une variable est en gras-italique
lorsque son coefficient estimé est *= Significatif à 1%, **=
Significatif à 5%.
Sources : Estimations de
l'auteur sous le logiciel Stata 12
Les résultats présentés ci-dessus font
état de ce que la seule variable non significative est le capital
humain. Toutes les autres sont significatives soit à 1% (un pour cent),
soit à 5% (cinq pour cent). Les variables peuvent donc être
classées en deux groupes. D'un côté le groupe de variables
qui ont des élasticités positives à savoir les variables :
niveau de PI3 par tête, capital physique, le capital humain et taux
d'ouverture commerciale. De l'autre côté, le groupe des variables
à élasticités négatives. Il s'agit des variables
taux de pression fiscale et dévaluation le signe est négatif.
Pour le premier groupe de variables :
Le niveau de PI3 par habitant a un impact positif sur la
croissance économique, du fait du signe de son coefficient. Toute hausse
de 1% du niveau de cette variable, entraine une augmentation de la croissance
économique de 102,19%. Ceci n'a rien d'étonnant, car cette
variable est considérée comme un indicateur de
développement économique. De plus, le tableau IV.8 réfute
la théorie de la convergence conditionnelle. En effet, le modèle
de Solow (1956) prédit que les économies ayant un niveau initial
du revenu peu élevé croissent plus rapidement que celles dont le
niveau du revenu est plus important et proche de l'état stationnaire. Or
on constate qu'en zone CEMAC, les pays qui en 1980, avaient les niveaux de PI3
réel les plus faibles (Congo,
ae 44 Page 52
République Centrafricaine et Tchad) occupent toujours
les dernières places. On conclut alors qu'il n'y a pas convergence des
niveaux de vie des populations de la sous-région.
L'investissement a un impact positif sur la croissance du
PIB. Cela se traduit par le signe de son coefficient. En effet une augmentation
du niveau de l'investissement de 1 % entraîne une augmentation de la
croissance du PIB de 0,320%. Cette sensibilité de la croissance
économique à l'investissement traduit l'importance de cette
variable dans le processus du développement. Toutefois, il est important
de constater que cette sensibilité est pratiquement non signifiante du
fait de l'envergure que la littérature reconnaît à
l'investissement. Ce niveau d'investissement est d'autant plus faible que
malgré la croissance du PIB, la pauvreté n'a pas reculée.
Il urge alors donc que les politiques macroéconomiques, mettent un
accent particulier sur l'investissement privé et public. Cela exige un
tissu économique sain et peu contraignant avec les mesures fiscales
visant à stimuler l'investissement.
Le capital humain, tout comme les autres variables
présentées a une influence positive sur la croissance du PIB,
mais malheureusement, cette influence est non significative.
Le taux d'ouverture commerciale a également un impact
positif sur la croissance économique des pays de la zone CEMAC. Une
augmentation de 1 % du taux d'ouverture commerciale entraîne une
augmentation du taux de croissance économique de du PIB de 5,398%. Cette
situation ne surprend guère car si l'on en croit Avom (2011), les taux
de croissance excellents de la zone CEMAC sont largement tributaires de
l'exportation de quelques produits de base, et notamment le pétrole.
Cette situation rend la sous-région, vulnérable aux chocs des
pays dont elle dépend. Nous en avons pour preuve la récente crise
financière de 200825.
Pour le deuxième groupe de variables
Les taux de pression fiscale utilisés pour la
régression de notre modèle ne jouent pas en faveur de la
croissance du PIB. Comme l'atteste son coefficient, avec 1% de chances de se
tromper, une augmentation du taux de pression fiscale de 1 % entraîne une
baisse de la croissance économique de 6,750%. Force est de constater que
le seuil d'imposition en zone CEMAC est franchi26. Ce
résultat n'est pas surprenant car la majeure partie des études
empiriques rendent compte du lien négatif existant entre la politique
fiscale et la croissance économiques des pays à travers le
monde.
25 Banque de France, 2008
26 Confère Laffer (1978)
Page 45 Pa 53
Quant à la dévaluation, elle a eu un impact
négatif sur le niveau de croissance de la sous-région. Cette
vision est partagée par de nombreuses études notamment celles de
la BAD27 qui stipulent que la dévaluation de 50% du FCFA en
1994 qui a corrigé la surévaluation de la monnaie a eu des effets
mitigés sur la croissance économique jusqu'au début des
années 2000.
Aussi, les variables indépendantes du modèle
contribuent à 99,06% en l'explication de la variabilité
interindividuelle du taux de croissance ; tandis que les effets
aléatoires des différents pays contribuent à 94,93% au
modèle28. Après l'analyse de ces résultats,
nous proposons des stratégies à adopter par les gouvernements de
la sous-région pour réduire l'instabilité de leurs
croissances économiques.
I.2- Recommandations de politiques économiques.
Cette étude offre une brèche aux gouvernements
de la zone qui pourront compter sur les recettes internes pour faire face
à leurs engagements, notamment ceux du développement
économique et l'amélioration des conditions de vie des
populations, dans le contexte actuel de libéralisation du commerce
mondial, et partant de diminution significative des droits de douane. Les
résultats présentés ouvrent ainsi la voix aux
recommandations et suggestions qui, loin de se borner au cadre de la
présente étude, vont bien au - delà ; dans le simple but
de faire développer la zone CEMAC; ce qui est d'ailleurs la
préoccupation finale de toute étude économique. Ainsi de
façon générale il s'agira de :
· Proposition 1 : Augmenter les recouvrements fiscaux
Il s'agit en effet d'élargir l'assiette fiscale par
une réduction des exonérations sources d'évasion fiscale,
mais aussi par la mise en oeuvre des politiques visant à intégrer
le secteur informel dans la fiscalité, tout en luttant
énergiquement contre la fraude fiscale. Notamment en menaçant de
dénoncer publiquement les fraudeurs (Coricelli et al. ,2007). Cela
permettra d'élargir la base taxable et aussi d'accroître les
recettes fiscales sans lesquelles la sous-région ne peut mener à
bien son ambitieux programme d'émergence. Ceci est d'autant plus
important que le délaissement du secteur informel fait que plusieurs
opérateurs évoluent pendant longtemps dans l'informel. Une
situation qui a pour conséquence de pénaliser les quelques-uns
déclarés et qui sont surtaxés.
27 BAD, Working Paper n°166 de Décembre
2012
28 R2 between= 0,9906 et
R2 within =0,9493
· Page 6 age 54
Proposition 2 : Réduire la pression fiscale
Le niveau de pression fiscale de la zone, bien
qu'inférieur à ceux des pays développés, a selon
les développements théoriques de Laffer (1978) dépasser le
seuil d'imposition, car son impact sur la croissance économique de la
zone est négatif. Cette proposition permettrait alors d'encourager les
investisseurs tant nationaux qu'internationaux, moteurs de la croissance
économique.
· Proposition 3 : Promouvoir la transparence et la
responsabilité dans la gestion des deniers publics
Il va de soi que la qualité de l'administration
fiscale (la qualité des fonctionnaires fiscaux) joue un rôle
décisif dans la capacité de mobilisation des recettes fiscales.
Par ailleurs, la légitimité de l'Etat conditionne directement la
façon dont l'impôt est perçu par les agents
économiques. De même, une plus grande dépendance aux
ressources intérieures, en particulier les recettes publiques, peut
conduire à l'amélioration du système de gouvernance.
SECTION 2 : INSTABILITE FISCALE ET INSTABILITE DE LA
CROISSANCE ECONOMIQUE : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
Tout comme dans la première section, il est question
ici de présenter et d'interpréter les résultats de nos
estimations (II.1) et des proposer des recommandations de politiques
économiques (II.2) pour notre sous-région.
II.1- Présentation et interprétation des
résultats
Le tableau IV.9 de l'annexe, implique que la
corrélation entre les variables instabilité de la croissance et
instabilité fiscale est de -0,112 ; celle entre cette instabilité
fiscale et le taux d'inflation est de 0,036 et celle entre cette
instabilité fiscale et le logarithme du taux d'ouverture commerciale est
de 0,739. Par conséquent, notre variable explicative
d'intérêt est donc endogène, et les covariances d'une part
entre cette variable endogène et celle du taux d'inflation est non
nulle, et d'autre part, entre notre variable explicative d'intérêt
et celle du logarithme de l'ouverture commerciale est également non
nulle. Dans ces conditions, il nous est possible d'effectuer une
régression en panel à erreurs composées, avec le taux
d'inflation et le logarithme du taux d'ouverture commerciale, constituant nos
variables instrumentales.
Page 47 Page 55
L'estimation par la méthode de notre modèle de
panel à erreurs composées effectué au
chapitre précédent, nous a fourni les résultats
consignés dans le tableau suivant que nous interprétons :
Tableau IV.10: Estimation du modèle 2. (Variable
dépendante ln_sigma_t_c)
Code
|
Variables explicatives
|
fi
|
P>t
|
Influence
|
Constante
|
Constante
|
7,850
|
0,003**
|
Positive
|
Elections4
|
Elections (variable muette)
|
0,032
|
0,874
|
Positive
|
Conflits4
|
Conflits armés
|
0,376
|
0,026**
|
Positive
|
ln_sigma_tpf
|
Logarithme de l'écart-type du taux de pression
fiscale
|
0,540
|
0,021**
|
Positive
|
ln_pibr_hbt4
|
Logarithme du PIB réel par habitant
|
-0,491
|
0,006*
|
Négative
|
ln_aide_hbt4
|
Logarithme de l'aide par habitant
|
0,371
|
0,003*
|
Positive
|
ln_dette_ext4
|
Logarithme de la dette extérieure
|
-0,924
|
0,000*
|
Négative
|
|
Notes : Toutes les variables
explicatives sont retardées de 4 ans excepté le logarithme de
l'écart-type du taux de pression fiscale.
L'influence d'une variable est en gras-italique lorsque son
coefficient estimé est *= Significatif à 1%, et **= Significatif
à 5%.
Sources : Estimations de
l'auteur sous le logiciel Stata 12
Les résultats présentés dans ce tableau
impliquent que seule la variable élections est non significative. Toutes
les autres le sont soit à 1% (un pour cent), soit à 5% (cinq pour
cent). Les variables peuvent donc être classées en deux
catégories. D'un côté la catégorie des variables qui
ont des élasticités positives à savoir les variables :
élections ; conflits armés ; logarithme de l'écart-type du
taux de pression fiscale et le logarithme de l'aide par habitant. De l'autre
côté, on a les variables qui ont des élasticités
négatives. Il s'agit des variables : logarithme du PIB réel par
habitant et logarithme de la dette extérieure.
Pour la première catégorie de
variables
Les élections présidentielles ont un impact
positif sur la variabilité du taux de croissance économique, mais
non significatif.
Page 56
Les conflits armés ont un impact négatif sur la
volatilité du taux de croissance du PIB des pays de la zone CEMAC. Il va
de soi qu'en périodes de conflits armés, les recettes fiscales
baissent, et entraine par là une volatilité de la croissance
économique. Le cas du putsch manqué en République
Centrafricaine de 2001 le montre ci-bien. En effet, les pertes fiscales
étaient chiffrées pour le mois de juin et juillet 2001 à
respectivement environ 75% et 40%, et le taux de croissance économique
est passé de 3,5% à 2,2% 29.
L'instabilité des recettes fiscales (mesurée
par le logarithme naturel de l'écart-type du taux de pression fiscale) a
un impact négatif sur la variabilité de la croissance
économique. En effet, les résultats montrent avec 5% de chances
de se tromper que toute hausse de l'instabilité des recettes fiscales de
1% entraine une variabilité de la croissance économique de 0,540.
Ce résultat est conforme aux travaux de Ebeke et Ehrahrt (2013).
L'aide par habitant (mesuré par le logarithme du
volume d'aide par habitant), influence positivement la volatilité de la
croissance du PIB. Avec 1% de chance de se tromper, nos résultats
montrent que toute hausse de cette variable de 1% augmente l'instabilité
de la croissance économique de 0,371. Autrement dit, la
dépendance à l'aide est source d'instabilités de la
croissance économique des pays de la sous-région.
Pour la deuxième catégorie de
variables
Le niveau de PIB par habitant a un impact négatif sur
la croissance économique, du fait du signe de son coefficient. A cet
effet, avec une significativité de 1%, nos résultats montrent que
toute hausse de 1% du niveau de cette variable, entraine une réduction
de la volatilité de la croissance économique de 0,421. Autrement
dit, le niveau de développement économique est
négativement corrélé à l'instabilité du taux
de croissance économique. En d'autres termes, l'amélioration du
niveau de vie des populations de la zone CEMAC est de nature à
réduire l'instabilité de la croissance économique.
Le volume de dette extérieure (mesuré par le
logarithme du niveau de la dette extérieure) a un impact négatif
et significatif sur la variabilité de la croissance du PIB. En effet,
avec 1% de chance de se tromper, toute augmentation de 1% du niveau de cette
variable réduit la variabilité de la croissance de 0,924. Ce
résultat n'est pas surprenant car le volume de dette extérieure
constitue des ressources supplémentaires pour les gouvernements. Ces
montants sont ensuite
29 Selon l'Agence France Internationale, Libreville(Gabon), 21
juin 2001 Page 48
Page 49 Page 57
injectés dans l'économie pour le financement des
dépenses gouvernementales, créatrices des externalités
positives qui stimuleront la croissance économique de long terme (Barro,
1991).
II.2- Recommandations de politiques
économiques.
Au regard des résultats issus de notre estimation
précédente, nous proposons des recommandations de politiques
économiques qui vont même au-delà du cadre de cette
étude. Ceci dans le but de faciliter aux gouvernements de la zone
l'atteinte des OMD à l'horizon 2015 ; et ainsi que celui de l'atteinte
de leur objectif d'émergence d'ici 2025. A cet égard, nous
proposons :
· La stabilisation des recouvrements fiscaux au sein de la
sous-région
La composition fiscale est un facteur important et
exploitable pour atténuer l'instabilité des recouvrements
fiscaux. En effet, les gouvernements doivent réduire leurs
dépendances envers les taxes commerciales au profit des impôts
indirects nationaux. Autrement dit assurer leurs transitions fiscales (Chambas,
2005). Cette situation est observable actuellement dans certains pays en
développement30. Si l'on en croît Ebeke et Ehrahrt
(2013), les pays qui ont adopté cette recommandation sur la
période 1980-2005, connaissent des niveaux d'instabilités
fiscales modérées. Aussi, cette proposition est de nature
à diminuer la dépendance de nos pays envers l'aide
étrangère. En effet, l'aide extérieure constitue certes
une aubaine pour les pays en développement, mais comme nos
résultats le montrent, elle est source de volatilité de la
croissance économique des pays de la zone (à cause des crises
répétées que connait la planète parmi lesquels la
récente crise financière, la recrudescence du terrorisme
international).
· La stabilisation de l'environnement politique
Les gouvernements de la zone CEMAC doivent mettre en oeuvre
des stratégies pour promouvoir la paix et la sécurité des
biens et des personnes. Notamment, ils doivent éviter le
népotisme en formant et en intégrant toutes les couches sociales
et ethniques à l'exercice du pouvoir, et au développement
économique des pays de la sous-région. Ce qui empêcherait
que l'Etat ne soit perçu comme le lieu d'appropriation du pouvoir par un
groupe de la population, soit ethnique, soit de classe et contribuerait par
conséquent à la baisse du chômage et des tensions
politiques, sources des conflits armés. A cela, pourrait s'ajouter la
création d'une force militaire panafricaine garantissant la paix. En
effet, lors du dernier sommet France-Afrique31, les
30 Voir Ebeke et Ehrahrt (2013)
31 Les 6 et 7 Décembre 2013
Page 50 Pa 5
participants ont insisté sur l'urgence à doter
l'Afrique d'une force de réaction rapide, immédiatement
mobilisable, dont la création avait d'ailleurs été
annoncée en mai 2013 lors du dernier sommet de l'Union Africaine. Cette
force, dotée d'un état-major projetable pourrait être
opérationnelle dès 2015, grâce notamment au soutien
renforcé de la France qui a proposé de mettre à
disposition de l'Union africaine des cadres militaires et de former 20 000
soldats africains par an32.
Conclusion du Chapitre
Il était question de présenter,
d'interpréter les résultats des estimations et des proposer des
recommandations de politiques économiques pouvant aider la zone CEMAC
à atteindre les OMD d'ici 2015, et à devenir d'ici 2025, un
espace économique intégrer et émergent où
règnent la sécurité, la solidarité et la bonne
gouvernance, au service du développement humain.
Nos résultats font état du fait que : (1) le
niveau de PIB par tête, le capital physique, et le taux d'ouverture
commerciale ont un impact positif sur la croissance économique ; (2) le
taux de pression fiscale et la dévaluation de 1994 ont une influence
négative sur la croissance du PIB ; (3) les conflits armés,
l'instabilité fiscale, le volume d'aide par habitant, influencent
positivement la volatilité de croissance économique ; (4) le
niveau du développement(capté par le logarithme du PIB
réel par habitant), et le volume de dette extérieure ont quant
à eux un impact négatif sur la variabilité de la
croissance économique.
Face à ces constats, nous proposons des
stratégies suivantes pouvant aider la sous-région à se
développer. Il s'agit de : (1) l'augmentation des recouvrements fiscaux
; (2) la réduction de la pression fiscale ; (3) la Promotion de la
transparence et de la responsabilité dans la gestion des deniers publics
; (4) la stabilisation des recouvrements fiscaux au sein de la
sous-région ; et (5) la stabilisation de l'environnement politique. Nous
espérons qu'en appliquant ces recommandations, notre sous-région
pourra assurer sa transition fiscale, et ambitionner de passer à une
croissance moyenne à deux chiffres sur la période 2010-2025 (10%
par an) tel que /recommandé par le Programme Economique Régional
(PER) de la CEMAC.
32 Le nouvel Observateur, le 07 Décembre
2013
CONCLUSION GENERALE
Les pays de la zone CEMAC ont enregistré au cours de
ces dernières années des performances macroéconomiques
relativement fortes et très au-dessus de la moyenne de l'ensemble des
autres pays africains au sud du Sahara. Ces performances sont basées sur
l'exploitation des matières premières notamment le
pétrole. Ce qui rend la sous-région sensible aux
instabilités internationales telles les crises récurrentes (crise
d'endettement, crise alimentaire, crise financière, réchauffement
climatique, terrorisme...) que connait le monde ; et justifie le regain
d'intérêt du rôle de la Puissance publique dans
l'activité économique. A cet égard, l'objectif de cette
étude est de montrer que les pays de la zone CEMAC, ont
intérêt à moderniser leurs politiques fiscales, afin de
disposer d'autres sources de recettes plus stables avant la réduction
progressive des tarifs douaniers. Ceci dans l'optique d'atteindre les Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD) d'ici la date butoir
2015 ; et de devenir en 2025, un espace économique intégré
émergent, où règnent la sécurité, la
solidarité et la bonne gouvernance, au service du développement
humain.
La théorie derrière l'effet de la
fiscalité sur la performance économique des nations est assez
vaste et constitue l'un des domaines de la macroéconomie
théorique le moins contesté33. La plus part des
modèles théoriques néoclassiques et keynésiens
s'accordent pour montrer qu'une charge fiscale trop élevée a un
impact négatif sur l'activité économique à travers
la réduction du niveau d'épargne et d'investissement, ce qui
réduit l'emploi et l'entreprenariat. Les tentatives de
vérification empiriques par des données de panels, par des
modèles VAR, et même par des séries temporelles rendent
compte du lien négatif existant entre la politique fiscale et la
croissance économiques des pays à travers le monde. Aussi,
l'instabilité des recouvrements fiscaux entraîne celle de la
croissance économique.
Pour mener à bien cette étude, nous avons
utilisé des données couvrant la période 1980-2005 issues
du WDI 2013, de l'oeuvre récente de Keen et Mansour (2010), des
statistiques sur l'éducation de l'Unesco 2013, de la base de
données des institutions politiques, et de la base UCDP / PRIO Armed
Conflict Dataset (Gleditsch et al., 2002) pour analyser la relation entre le
taux de pression fiscale et la croissance économique d'une part, et pour
rechercher une éventuelle causalité entre l'instabilité
des recouvrements fiscaux et la variabilité de la
33 Voire Szarowska (2010)
Page 51 Page
ae 52 Page 60
croissance économique de la sous-région d'autre
part. Cette analyse s'est faite grâce à la construction de deux
modèles de panel à effets aléatoires avec variables
instrumentales en relation avec nos hypothèses d'étude.
Nos résultats impliquent que : (1) le niveau de PIB par
tête, le capital physique, et le taux d'ouverture commerciale ont un
impact positif sur la croissance économique ; (2) le taux de pression
fiscale et la dévaluation de 1994 ont une influence négative sur
la croissance du PIB ; (3) les conflits armés, l'instabilité
fiscale, et le volume d'aide par habitant, influencent positivement la
volatilité de croissance économique ; (4) le niveau du
développement(mesuré par le logarithme du PIB réel par
habitant), et le volume de dette extérieure ont quant à eux un
impact négatif sur la variabilité de la croissance
économique.
A cet effet, nous proposons des stratégies suivantes
pouvant aider la sous-région à se développer. Il s'agit de
: (1) l'augmentation des recouvrements fiscaux par l'intégration du
secteur informel au paiement des impôts et taxes, la lutte
énergique contre la fraud fiscale
Page 51 (encourager le civisme fiscal) en menaçant de
dénoncer publiquement les fraudeurs ; (2) la réduction de la
pression fiscale. Afin d'encourager l'investissement national, sous
régional et étranger, moteurs de la croissance, nous proposons
une baisse du taux de pression fiscale sur l'économie de la
sous-région ; (4) la promotion de la transparence et de la
responsabilité dans la gestion des deniers publics. Il va de soi qu'une
administration fiscale bien formée, bien qualifiée, joue un
rôle décisif dans la capacité de la mobilisation des
recettes fiscales ; (4) la stabilisation des recouvrements fiscaux au sein de
la sous-région ; par la réduction de la dépendance envers
les taxes commerciales au profit des impôts indirects nationaux ; et (5)
la stabilisation de l'environnement politique en évitant le
népotisme, en formant et en intégrant toutes les couches sociales
et ethniques à l'exercice du pouvoir, et au développement
économique de la sous-région. Nous espérons qu'en
appliquant ces recommandations, notre sous-région pourra assurer sa
transition fiscale, et ambitionner de passer à une croissance moyenne
à deux chiffres sur la période 2010-2025 (10% par an) tel
recommandé par le Programme Economique Régional (PER) de la
CEMAC.
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http//:www.ssrn.com http//:www.sciencedirect.com
http//:www.mpra.ub.uni-muenchen.de /
Page 59 Pa 6
ANNEXES
Figure III.1 Procédure générale
des tests d'homogénéité
Tableau IV.1 : Tests de stationnarité
Im-Pesaran-Shin (IPS).
Code
|
Liste des variables
|
IPS avec Constante
|
IPS avec Constante et Trend
|
Z-t-bar
|
P
|
Z-t-bar
|
P
|
|
Variable endogène
|
|
|
|
|
TCi,t
|
Taux de Croissance du PIB
|
-4.5491
|
0.0000
|
-5.2665
|
0.0000
|
|
Variables explicatives
|
|
|
|
|
ln(Yi,t)
|
Logarithme du PIB réel par habitant
|
-0.5563
|
0.2890
|
0.1251
|
0.5498
|
ln(Ki,t)
|
Logarithme de la formation brute de capital fixe
|
1.0544
|
0.8542
|
-3.0448
|
0.0012
|
educi,t
|
Capital humain mesuré par le taux de scolarisation
|
1.3669
|
0.9142
|
-0.4359
|
0.3315
|
T Oi,t
|
L'ouverture économique / Le taux d'ouverture
|
-2.4385
|
0.0074
|
-3.6392
|
0.0001
|
TPFi,t_1
|
Taux de pression fiscale
|
-1.0562
|
0.1454
|
-3.3953
|
0.0003
|
Avec Z-t-bar : Statistique du test IPS ; et P : P-value
Sources : Estimations de l'auteur
sous le logiciel Stata 12
Tableau IV.2 : Synthèse des tests de
stationnarité Im-Pesaran-Shin (IPS)
Code
TC
ln(Y ) ln(K ) educ T O TPF
Liste des variables
|
Ordre
d'intégration
|
Variable endogène
|
|
Taux de Croissance du PIB
|
I(0)
|
Variables explicatives
|
|
Logarithme du PIB réel par habitant
|
I(1)
|
Logarithme de la formation brute de capital fixe
|
I(0)
|
capital humain mesuré par le taux de scolarisation
|
I(1)
|
L'ouverture économique / Le taux d'ouverture
|
I(0)
|
Taux de pression fiscale
|
I(0)
|
a 8 Page 60
Sources : Estimations de l'auteur
sous le logiciel Stata
Tableau IV.4: Test de spécification de
Hausman
|
|
|
|
|
|
---- Coefficients
|
----
|
|
|
|
(b) V_B))
fixed .
|
(B)
|
(b-B) sqrt(diag(V_b-
Diff S.E.
|
|
|
|
|
|
Deval
|
1.378
|
1.541
|
-.1624
|
1.034
|
ln_fbcf
|
4.648
|
5.708
|
-1.059
|
.7330
|
t_o
|
52.385
|
38.634
|
13.747
|
11.788
|
tpf_ret
|
-20.524
|
-4.8652
|
-15.658
|
14.853
|
ln_pibr_h~tt
|
3.522
|
6.7625
|
-3.240
|
2.694
|
dk_h
|
.0328
|
.0187
|
.0141
|
.0486
|
Chi2(7)= 2,57 et P-value= 92,4%
Sources: Auteur avec le
logiciel Stata 12
Page 61 Page 6
Tableau IV.5: Test de causalité de
Granger par paire de variables
|
|
|
|
|
Variables explicatives
|
Ho : Le t_c ne cause pas la variable
explicative
|
Ho : La variable explicative ne cause pas
t_c
|
Fisher
|
P
|
Fisher
|
P
|
L.ln_pibr_hbt
|
Logarithme du PIB réel par habitant
retardé
|
1.51981
|
0.2442
|
3.89634**
|
0.0382
|
ln_fbcf
|
Logarithme de la formation brute de capital
fixe
|
3.14443*
|
0.0661
|
0.31389
|
0.7343
|
k_h
|
Capital humain mesuré par le taux de
scolarisation
|
0.18669
|
0.8312
|
0.61389
|
0.5516
|
t_o
|
L'ouverture économique / Le taux
d'ouverture
|
2.64048*
|
0.0973
|
4.29358**
|
0.0289
|
L.tpf
|
Taux de pression fiscale retardé
|
4.02082**
|
0.0350
|
8.59118***
|
0.0022
|
Degré de significativité ***= Significatif
à 1%, **= Significatif à 5%, *= Significatif à 10%
Sources : Estimations de l'auteur sous le logiciel
Stata 12
Tableau IV.6: Matrice des coefficients
de corrélation
|
TC
|
ln(K)
|
T O
|
ln(Y)
|
educ
|
TPF
|
RF
|
TC
|
1,00
|
|
|
|
|
|
|
ln(K)
|
0,053
|
1,00
|
|
|
|
|
|
T O
|
0,135
|
0,491
|
1,00
|
|
|
|
|
ln(Y)
|
0,994
|
0,055
|
0,127
|
1,00
|
|
|
|
educ
|
0,068
|
0,073
|
0,142
|
0,051
|
1,00
|
|
|
TPF
|
-0,164
|
0,668
|
0,598
|
-0,161
|
0,056
|
1,00
|
|
RF
|
-0,102
|
0,945
|
0,484
|
-0,090
|
0,035
|
0,775
|
1,00
|
Sources : Auteur sous Stata 12
ae70 Page 62
Tableau IV.7 : Comparaison des PIB réels par
habitant des différents pays de la CEMAC.
Pays
|
PIB réel par habitant moyenne
de 1979-2005
|
PIB réel par habitant en 1980
|
Rang des pays
|
Moyenne
1979-
2005
|
En 1980
|
Cameroun
|
8,45120832
|
8,426577321
|
3e
|
2e
|
Congo
|
8,03874162
|
7,88121707
|
4e
|
4e
|
Gabon
|
9,65730908
|
9,77536436
|
1er
|
1er
|
Guinée Equatoriale
|
9,62021633
|
8,3956955256
|
2e
|
3e
|
Rép. Centrafricaine
|
7,53882606
|
7,74175389
|
5e
|
5e
|
Tchad
|
7,00366047
|
6,7617761
|
6e
|
6e
|
Le PIB réel par habitant est transformé en
logarithme naturel
Sources : Nos calculs sous Excel
2013
Tableau IV.9 : Matrice des coefficients
de corrélation
|
Ins.TC
|
Ins.TPF
|
ln(Y)
|
ln(AE)
|
ln(dette)
|
Ins. TC
|
1,00
|
|
|
|
|
Ins.TPF
|
-0,112
|
1,00
|
|
|
|
ln(Y)
|
-0,211
|
0,653
|
1,00
|
|
|
ln(AE)
|
-0,076
|
0,370
|
0,464
|
1,00
|
|
ln(dette)
|
-0,453
|
0,357
|
0,109
|
0,417
|
1,00
|
Sources : Auteur sous stata 12
Page 63
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT II
DEDICACE III
REMERCIEMENTS IV
LISTE DES ACRONYMES V
RESUME VI
ABSTRACT VII
SOMMAIRE VIII
LISTE DES TABLEAUX IX
FIGURES IX
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I : CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE 3
SECTION I : CONTEXTE 4
I.1 Contexte de l'économie Occidentale 4
I.2 Contexte de l'économie Africaine 7
SECTION II : PROBLEMATIQUE, QUESTIONS ET OBJECTIFS DE
RECHERCHE...12
II.1 Problématique et questions de recherche 12
II.2 Objectifs, hypothèses et intérêt de
l'étude 13
CHAPITRE II : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : UNE
ANALYSE
THEORIQUE ET EMPIRIQUE 15
SECTION I : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : UNE
ANALYSE
THEORIQUE 15
I.1 Fiscalité et croissance économique : le
débât théorique 16
I.2. Mobilisation des recettes fiscales et instabilité
de la croissance économique : Une analyse
Théorique 21
SECTION II : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE: UNE
ANALYSE
EMPIRIQUE 21
II.1 Fiscalité et croissance économique: le
débât théorique 22
II.2 Mobilisation des recettes fiscales et Variabilité
de la croissance économique 25
CHAPITRE III : METHODOLOGIE ET ESTIMATION ECONOMETRIQUE DES
MODELES 36
P Page 64
e 72
SECTION I : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE:
METHODOLOGIE ET
ESTIMATION ECONOMETRIQUE 27
I.1Méthodologie 27
I.2 Méthodes d'estimation économétrique
30
SECTION II : MOBILISATION DES RECETTES FISCALES ET VARIABILITE DE
LA CROISSANCE ECONOMIQUE: METHODOLOGIE ET ESTIMATION
ECONOMETRIQUE 35
II.1 Méthodologie 35
II.2 Méthodes d'estimatin économétrique
38
CHAPITRE IV : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS. 39
SECTION I : FISCALITE ET CROISSANCE ECONOMIQUE: RESULTATS ET
RECOMMANDATIONS 39
I.1 Présentation et interprétation des
résultats 39
I.2 Recommandations de politiques économiques 44
SECTION II : INSTABILITE FISCALE ET INSTABILITE DE LA
CROISSANCE
ECONOMIQUE: RESULTATS ET RECOMMANDATIONS 39
II.1 Présentation et interprétation des
résultats 39
II.2 Recommandations de politiques économiques 48
CONCLUSION GENERALE 50
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 52
REFERENCES ELECTRONIQUES 56
ANNEXES 57
|