Cette partie de discussion des résultats est de grande
valeur, puis qu'elle essaie de montrer à quel degré les
hypothèses de recherche ont été confirmées ou
infirmées ; c'est une occasion aussi de vérifier si les objectifs
ont été pleinement atteints.
Notre recherche était de vérifier si le
régime alimentaire pauvre, insuffisant et les effets secondaires
liés aux médicaments pourraient contribuer au non où
à une mauvaise adhérence au traitement antirétroviral.
Les données suivantes ont confirmé cette
hypothèse : Même si la conservation d'appétit est
soulignée parmi les motivations à l'adhérence au
traitement ; nos enquêtés réclament qu'ils n'ont pas,
où trouvent difficilement à manger.
Comparant nos résultats à ceux d'une
étude menée au Mali sur les caractéristiques
socio-économiques des PVV sous ARV en 2003, étude qui a
remarqué que le chômage est plus élevé chez les
hommes (12%) que chez les femmes (10%), par conséquent leur alimentation
est aussi défectueuse. Cette étude a conclue en disant que 55%
des PVV ne travaillent pas pour des raisons de manque d'emploi et 41% pour des
raisons de santé28.
Pour eux, le fait d'avoir l'appétit
exagéré décourage les patients à prendre les
comprimés voir même l'arrêt du traitement. Nous pouvons
signaler aussi que parmi nos enquêtés qui sont sous ARV au centre
de santé Byahi, 81,5% ne mangent qu'une seule fois ou non par jour et
que 57,2% par manque de moyen ne trouvent pas de régime alimentaire
prescrit par le médecin. C'est-à-dire les fruits et autres.
Nos enquêtés sous ARV au CS Byahi ont
affirmé que le résultat du traitement antirétroviral est
miraculeux mais les effets secondaires qui en découlent
découragent les patients sous traitement et les autres en attente sont
réticents à débuter les ARV.
28 OMS et ONUSIDA, Rapport sur la Santé et
droit de l'homme, Mars 2006
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Il existe plusieurs facteurs de non ou de mauvaise
adhérence au traitement antirétroviral ; parmi eux nos
enquêtés ont ciblé les causes liées aux prestataires
des services à savoir la distraction et le mauvais accueil des
patients.
Nos répondants sous ARV au CS Byahi, 28,5% affirment
que la qualité d'accueil est décourageant, et plusieurs
témoignages ont été émis sur ce point où
tous convergent sur la méfiance, le mépris et la distraction
comme éléments caractérisant l'accueil des patients sous
ARV au CS Byahi.
Poursuivant nos recherches nous avons eu la chance de
rencontrer les cas d'abandon, parmi les causes d'arrêt du traitement, ils
ont évoqué entre autre le fait d'être insultés,
refoulés et offensés à maintes reprise par le personnel de
service ARV au centre de santé Byahi à cause de malentendus des
instructions médicales et ils ont finis par abandonner
complètement le traitement.
Dans l'entretien que nous avons eu avec les prestataires de
ce service, une conseillère nous a confirmé cette assertion dans
ces mots : « iyo umurwayi asibye imiti cyangwa cyangwa akicha
gahunda yahawe na muganga, tumufata nk'umunyabyaha = le non
respect du rendez-vous médical ou des instructions en rapport avec les
médicaments ; pour nous c'est un péché insupportable......
».
Une étude menée au Niger et au Madagascar sur
l'accessibilité des PVVIH au traitement ARV a trouvé parmi les
raisons qui entravent cette accessibilité il y a : l'insuffisance des
bureaux de dispensation des médicaments car tous les sites n'avaient
qu'un seul endroit où l'on peut se procurer ses ARV, tous les pays
connaissent des ruptures de stocks en ARV et le retard de livraison de la part
des fournisseurs de médicaments. Egalement, l'insuffisance du personnel
affecté dans les services ARV fait l'objet des occasions de
consultations médicales ratées par les PVVIH ce qui le conduisent
au révolte et l'abandon au traitement29.
En conclusion de cette partie, l'organisation du service peut
être à l'origine d'abandon du programme ARV par les PVV et pour
notre étude ; l'IEC sur l'observance et l'adhérence qui n'est pas
systématique chaque fois que les PVV répondent aux rendez-
29 OMS, Rapport sur
l'épidémie mondiale de SIDA 2008, p 134
37
vous de la trithérapie, le temps d'attente long
évoqué par 13.1% et le fait de ne pas trouver le médecin
chaque fois que les PVV veulent le consulter influent négativement sur
l'adhérence des PVV au programme ARV. C'est dans cette optique que notre
deuxième hypothèse relatant la qualité d'accueil est
confirmée.
A la troisième position de notre préoccupation
tout au départ de ce travail, nous avons mentionné
l'inaccessibilité géographique et économique des services
de prise en charge des PVVIH, qui pourrait entraver l'utilisation des services
de prévention du VIH.
Au cours d'entretien avec nos enquêtés sous ARV
au centre de santé Byahi, nous avons constaté que 18,6% trouvent
difficilement des frais de transport pour l'approvisionnement en
médicaments ; le reste marche à pied.
Comme le dit une femme de 36 ans sous ARV au CS Byahi, «
sinabona amafaranga ya burigihe yokujya kwa muganga. Ngenda
n'amaguru nkoresha amasaha hafi 2 ngo ngereyo, gusa biravuna kubera intege nke.
Birumvikana harubwo nsiba kubera uko naramutse. Je ne peux pas
trouver des frais de transport pour chaque visite médicale, seulement je
suis obligé d'y aller à pied. Il me faut quasiment 2 heures
d'aller, c'est fatiguant, il m'arrive de rater des rendez-vous à cause
de fatigue ».
Une infirmière de service ARV au centre de
santé Byahi confirme l'aveu de cette patiente. Elle nous a dit que le
problème rencontré dans ce service, est lié au non respect
de rendez-vous. La majorité des patients se présentent au service
avec un retard de 6 jours par rapport à la date prévue de
rendez-vous.
Comme justification de retard, ils accusent d'une part manque
de frais de transport et d'autre part la fatigue car ils n'ont pas à
manger. Elle a signalé qu'il est prévu des visites à
domicile pour les cas des retards et des abandons mais le service n'a pas de
personnel suffisant chargé de suivi et des visites.
Une autre infirmière conseillère de service ARV
a abordé dans le même sens en dégageant les autres
contraintes qui peuvent gêner le suivi d'adhérence. C'est sur ce
qu'elle a signalé le manque de formation sur les outils utilisés
dans le suivi médical, psychosocial des patients et des visites à
domiciles sous ARV.Dans la mesure de vérification de nos
hypothèses, ce constant et ces aveux vérifient la deuxième
hypothèse de notre travail.
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