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Perception du changement climatique sur la culture de la canne à  sucre dans la cuvette de Doungou (département de Kantché, région de Zinder).

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par Anass ITTA
Université ABDOU Mounmouni de Niamey (Niger) - Master/Récherche 2016
  

Disponible en mode multipage

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REPUBLIQUE DU NIGER

MES/R/I

UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY Faculté des Lettres et Sciences Humaines Département de Géographie

Milieux et Sociétés des Espaces Arides et Semi-arides : Aménagement-Développement

Thème : Perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans la cuvette de Doungou (Département de Kantché, Région de Zinder)

Option : Aménagement et Gestion des Ressources Naturelles

Mémoire de Master II Recherche

Préparé et soutenu par : ITTA Anass

SOUS LA DIRECTION DE : MEMBRES DE JURY :

Dr WAZIRI MATO Maman, PRESIDENT: Pr AMADOU Boureima,

Maître de Conférences, FLSH/ UAM Professeur titulaire, FLSH/ UAM

CO-DIRECTEURS:

Dr SOULEY Kabirou, Maître assistant,

Université / Zinder, ASSESSEUR : Dr BODE Sambo

Dr KANEMBOU Lawandi, Maître assistant, FLSH / UAM
Assistant, Université / Diffa

Année académique 2016-2017

ii

Table des matières

Table des matières ii

Table des figures v

Table des photos vi

Table des tableaux vii

Sigles et abréviations viii

Dédicace ix

Remerciements x

Résumé xi

Summary xii

Introduction générale 1

Chapitre I : Présentation du cadre du travail 3

I.1. Cadre théorique 3

I.1.1. Revue de la littérature 3

I.1.2. Problématique 9

I.1.3. Hypothèses : 12

I.1.4. Objectifs 13

I.1.4.1. Objectif général : 13

I.1.4.2. Objectifs spécifiques 13

I.1.5. Définition des termes 13

I.2. Cadre méthodologique 14

I.2.1. Recherche documentaire 14

I.2.2. Travaux du terrain 14

I.2.2.1. Observations directes 15

I.2.2.2. Technique d'échantillonnage 15

I.2.2.3. Collecte des données 16

I.2.3. Analyse et interprétation des données 17

I.2.4. Matériels, Outils et données de base utilisées 17

I.3. Difficultés rencontrées 18

I.4. Présentation de la zone d'étude 18

Conclusion partielle 20

Chapitre II : Culture de la canne à sucre 21

2.1. Caractéristiques des producteurs 21

III

2.1.1. Répartition par âge des personnes enquêtées 21

2.1.2. Taille du ménage 21

2.1.3. Niveau d'instruction 22

2.1.4. Activité principale et secondaire 23

2.2. Système de culture de la canne à sucre 23

2.2.1. Mode d'accès à la terre 23

2.2.2. Matériels et main d'oeuvre agricole 24

2.2.3. Organisation des producteurs 25

2.2.4. Choix des boutures 25

2.2.5. Variétés cultivées 26

2.2.6. Entretien de la cane à sucre 26

2.2.7. Système d'irrigation 27

2.2.8. Cycle végétatif 28

2.2.9.Récolte de la canne à sucre 32

Conclusion partielle 33

Chapitre III : Perception paysanne du changement climatique 34

3.1. Perception paysanne sur la variation de la pluviométrie 34

3.2. Perception paysanne sur la variation de la température 34

3.3. Perception paysanne sur la fréquence du vent 34

3.4. Perception paysanne sur les inondations 34

3.5. Analyse des données climatiques 35

3.5.1. La pluviométrie 35

3.5.2. Les températures 37

Conclusion partielle 39

Chapitre IV : Impact du changement climatique sur la culture de la canne à sucre et les stratégies

d'adaptation paysanne 40

4.1. Impact du changement climatique sur la culture de la canne à sucre 40

4.1.1. Analyse cartographique de l'évolution spatiale 40

4.1.2. Impact sur les ressources en eau. 44

4.1.3. Impact sur la production 45

4.1.4. Impact sur les surfaces cultivables 48

4.1.5. Disparition de certaines variétés de la canne à sucre 48

4.1.6. Abandon progressif de la culture de la canne à sucre 49

4.1.6.1. Culture du poivron 49

4.1.6.2. Culture de la pomme de terre 50

iv

4.2 Stratégies d'adaptation paysanne au changement climatique 51

4.2.1. Association 52

4.2.2. Irrigation de complément 52

4.2.3. Stratégies d'adaptation contre les inondations 53

4.2.3.1. Remblayage 53

4.2. 3 .2. Diguette 54

4.2.3.3. Buttage 54

4.2.4. Proposition des stratégies efficaces d'adaptation au changement climatique 55

Conclusion partielle 57

Chapitre V : Résultats et Discussion 58

Conclusion générale 61

Références bibliographiques 64

ANNEXES 67

V

Table des figures

Figure 1: Localisation de la zone d'étude 19

Figure 2: Répartition par âge des enquêtés (décembre, 2015) 21

Figure 3: Taille du ménage des producteurs (décembre, 2015) 22

Figure 4: Mode d'accès à la terre (décembre, 2015) 24

Figure 5: Main d'oeuvre agricole (décembre, 2015) 25

Figure 6: Evolution interannuelle des cumuls pluviométriques selon la méthode de Lamb

(1983), de 1981 à 2015 à Matamèye (DMN, 2016) 36
Figure 7: Evolution interannuelles des écarts à la moyenne des températures maximales (a) et

minimales (b) de Magaria sur la série 1985 à 2014 (DMN, 2016) 38

Figure 8: Occupation du sol dans la zone d'étude en 1986 41

Figure 9: Occupation du sol dans la zone d'étude en 2015 42

Figure 10: Evolution de la production annuelle en tonne de la canne à sucre de 2002 à 2014

(DDA/Matamèye, 2015) 45

Figure 11: Perception paysanne sur la baisse de la production de la canne à sucre 47

Figure 12: Appréciation paysanne sur l'abandon de la culture de la canne à sucre 51

vi

Table des photos

Photo 1 : Entretien et administration de questionnaire à Garin Gao 17

Photo 2: a. Canne à sucre verte à Doungou b. Canne à sucre violette à Kabori 26

Photo 3: a. Irrigation gravitaire à Doungou b. Irrigation motorisée à Doungou 28

Photo 4 : Plantation de canne à sucre à Doungou 29

Photo 5: Canne à sucre au stade de lévée à Garin Gao 29

Photo 6: Canne à sucre au stade de tallage à Doungou 30

Photo 7: Canne à sucre au stade de montaison à Kabori 31

Photo 8 : Canne à sucre au stade de maturation à Kabori 31

Photo 9 : Récolte de la canne à sucre à Doungou 33

Photo 10: Plant de la canne à sucre inondé à Doungou 35

Photo 11: a. b. c. 47

Photo 12 : Variétés disparues : a. « Farar Kara » b: « Kara » c: « Va Tambu » 49

Photo 13: a. Culture de poivron à Doungou b. Culture de pomme de terre à Doungou 51
Photo 14: a . Canne associée avec la courge b . Un paysan associe la canne avec l'oignon 52 Photo 15: a. Remblayage du bas-fond à Kabori b. Récupération de terre en amont de la

cuvette. 53

Photo 16: Diguette à Doungou 54

Photo 17: Buttage à Kabori 55

vii

Table des tableaux

Tableau 1 : Répartition des enquêtés dans les trois villages de la commune de Doungou

(décembre, 2015) 16

Tableau 2 : Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction (décembre, 2015) 23

Tableau 3: Récapitulatif des superficies en hectare des types d'occupation du sol de 1986 et

2015. 44

Tableau 4: Stratégies d'adaptation efficace au changement climatique 56

VIII

Sigles et abréviations

3N : Les Nigériens Nourrissent les Nigériens

ANPIP : Association Nigérienne pour la Promotion de l'Irrigation Privée

CCNUCC : Convention Cadre des Nations unies sur les Changements Climatiques

CILSS : Comité Inter Etats de lutte contre la Sécheresse dans le Sahel

CNEDD : Conseil National de l'Environnement pour un Développement Durable

CO2: Dioxyde de Carbone

CPC : Cultures Pluviales Continues

CPSPA : Cultures Pluviales Sous Parc Arboré

DAP : Phosphate Diammonique

DDA : Direction Départemental de l'Agriculture

DMN : Direction de la Météorologie Nationale

FAO : Food and Agriculture Organisation

GIEC : Groupe International des Experts sur l'évolution du Climat

INRAN : Institut National de Recherche Agronomique du Niger

IPCC: International Panel of Climate Change

IRAT: Institut de la Recherche en Agronomie Tropicale

LASDEL : Laboratoire d'études et de recherches sur les dynamiques Sociales et le

Développement Local.

NPK : Azote Phosphate Potassium

ONG : Organisation Non Gouvernementale

PDC : Plan de Développement Communal

PPI : Projet Petite Irrigation

RGP/H : Recensement General de Population et de l'Habitat

RNA : Régénération Naturelle Assistée

ix

Dédicace

Je dédie ce travail à mon père feu Elhadj Itta BOUKARI et à ma soeur feu Karima ITTA
Boukari
qui m'ont quitté très tôt, Puisse Allah les accueille dans son paradis eternel amen !

X

Remerciements

Ce travail a bénéficié de nombreux concours et nous voudrions témoigner ici notre gratitude aux personnes qui ont contribué à son élaboration.

Tout d'abord, nous adressons nos vifs remerciements à Monsieur WAZIRI MATO Maman, Maître des conférences au Département de Géographie qui a accepté de diriger ce travail qui est le fruit des encouragements et des conseils qu'il nous a toujours prodigués car, malgré ses multiples occupations, il a tenu à lire, relire et corriger ce document. Qu'il trouve ici notre profonde gratitude !

Nous remercions également Docteur KANEMBOU Lawandi, assistant à l'université de Diffa qui a bien voulu être notre codirecteur, et nous a beaucoup aidé malgré ses occupations dans la réalisation de nos différentes cartes. Nos remerciements vont également à tous les enseignants qui nous ont encadrés tout au long de notre formation universitaire ainsi qu'au jury qui a accepté de diriger la présente soutenance.

Nos sincères remerciements vont à l'égard de Docteur BAHARI Ibrahim assistant au Département de Géographie, Docteur ABDOU BAGNA Amadou, Monsieur KADAOURE Ibrahim centre régional agrimhet, Monsieur MOUHAIMOUNI Moussa Direction de la Météorologie Nationale, HAROU Moussa étudiant en Master au centre régional agrimhet, MOUSSA Bachir commandant des eaux et forêts, SALAMI Sani, HABIBOU Mahamidou Laborantin au Lycée La Fontaine, EL ABOU Issoufou CNEDD, ABOU Abdoulaye, ainsi qu'à tous les autres amis du quartier poudrière de Niamey sans oublier tous les étudiants en Master II de la promotion 2014.

Par ailleurs, nous tenons à remercier tous les parents, amis et connaissances qui nous ont aidés lors de l'enquête, il s'agit précisément de : Monsieur ISSOUFOU Chapiou, directeur de l'école primaire de Kabori, Monsieur TALLE Mourtala, directeur de l'école primaire mixte de Doungou, HABOU Abdoul Aziz, MAMAN Gambo, Direction Départemental de l'Agricole de Matameye, MAMAN Boukari, District Agricole de Doungou, Malan HAMZA Chazali et Malan HAMZA Moutari Imam de la grande mosquée de Doungou. Ensuite nous remercions spécialement tous les producteurs de la canne à sucre pour la patience dont ils ont fait preuve pour nos multiples questions tout au long de l'enquête.

Enfin, à tous ceux qui de près ou de loin ont contribué à la réalisation de ces travaux et dont les noms ne sont pas mentionnés, qu'ils trouvent ici notre profonde gratitude !

xi

Résumé

La présente étude porte sur «Perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans la cuvette de Doungou dans le Département de Kantché, Région de Zinder». L'objectif de cette étude est d'analyser d'abord la perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre, ensuite les stratégies d'adaptation développées par les paysans. Ce qui a permis de faire des propositions permettant de limiter les effets négatifs du changement climatique sur cette activité.

Pour ce faire, un échantillon des 60 producteurs de la canne à sucre âgés de 25 à 70 ans a été interrogé. Les résultats obtenus ont permis de dire que le changement climatique est réel dans la zone et qu'il est perçu par la population à travers certains indicateurs. Ainsi, 100% des enquêtés affirment que ces dernières années, la saison des pluies s'installe en retard, alors que 91,5% ont perçu une augmentation globale des températures actuelles, comparées à celles des dernières décennies. Aussi, pour 91,33% des enquêtés, c'est en début de la saison hivernale et pendant la saison froide que l'activité éolienne devient de plus en plus intense ces dernières années tandis que 75% ont constaté une fréquence des inondations du site de la canne à sucre. Cette variation de ces différents indicateurs climatiques a entrainé la baisse de la production de la canne à sucre comme l'attestent 80% des producteurs, la réduction des superficies cultivables et la disparition de certaines variétés de la canne à sucre. Pour faire face à ce phénomène, les producteurs ont développé des stratégies d'adaptation telles que : l'association, l'irrigation de complément, le remblayage, la diguette et le buttage.

Mots clés : Commune Rurale de Doungou / République du Niger, Canne à sucre, changement climatique, stratégies, variables climatiques.

XII

Summary

This study examines perception of climate change on the cultivation of sugar cane in the Doungou basin in the Department of Kantché, Zinder Region. The objective of this study is to analyze the perception of climate change on the cultivation of sugar cane, adaptation strategies adapted by the farmers. This is a permit to make proposals that limit the adverse effects of climate change on this activity.

To do so, a sample of 60 sugar cane producers between the ages of 25 and 70 was interviewed. The results obtained indicated that climate change is real in the area and that it is perceived by the population through certain indicators. For example, 100% of respondents say that in recent years the rainy season has set in late, while 91.5% have seen an overall increase in current temperatures compared to recent decades. For 91.33% of the respondents, it is at the beginning of the winter season and during the cold season that the wind activity becomes more and more intense in recent years while 75% have seen a frequency of flooding of the site of sugar cane.

This change in these various climate indicators has led to a decline in sugar cane production, as witnessed by 80% of producers, the reduction of cultivable areas and the disappearance of certain varieties of sugar cane. To cope with this phenomenon, producers have developed adaptive strategies such as: association, complementary irrigation, backfilling, dike and mounding.

Key words: Rural Commune of Doungou/ Niger Republic, Sugar cane, climate change, strategies, climatic variables.

1

Introduction générale

En raison de ses multiples répercussions sur les milieux naturels et sur les activités humaines, la question de la variabilité et des changements climatiques est placée depuis quelques temps au centre des préoccupations de divers acteurs du développement (scientifiques, ONG, décideurs politiques...) dans le monde. Le phénomène s'accélère et la Communauté scientifique est convaincue de l'ampleur du problème et de la nécessité d'en étudier toutes les facettes (MALAM ABDOU KARAMI, 2014).

L'Afrique est considérée comme la région la plus vulnérable aux effets des variabilités et changements climatiques, du fait notamment de la fragilité de son économie et de ses faibles capacités d'adaptation et de résilience. En 2007, le GIEC avait notifié qu'au cours du XXIème siècle, le réchauffement climatique allait être plus important en Afrique qu'au niveau mondial. Il estimait que l'augmentation de la température moyenne entre 1980/1999 et 2080/2099 pourrait atteindre 3 à 4°C sur l'ensemble du continent africain, soit 1,5 fois plus qu'au niveau mondial. De plus, le GIEC prévoit également une élévation de température de l'ordre de 1 à 1,5°C dans les zones semi arides d'Afrique Sud Saharienne, à l'horizon 2025. Le continent africain dont le taux d'émission des gaz à effet de serre est le plus faible (< 4%) est ainsi présenté comme le continent le plus exposé aux chocs climatiques qui s'annoncent (IPCC, 2007 in ABDOU BAGNA, 2014). Les différentes simulations réalisées par le GIEC (2007) démontrent que le changement climatique va surtout affecter l'agriculture des pays en voie de développement. A travers l'histoire, cette agriculture a quand même montré une grande capacité d'adaptation aux conditions changeantes, avec (ou sans) une réponse consciente des agriculteurs et des chercheurs du domaine.

Cependant, les modifications imposées par le climat dépassent souvent les limites d'une adaptation autonome, d'où la nécessité de politiques adéquates de soutien aux agriculteurs face aux changements (Iglesias et al. 2007 in ABDOU BAGNA, 2014). Les zones humides sont parmi les écosystèmes les plus vulnérables au changement climatique. La dégradation et la perte de ces milieux sont plus rapides que celles de tout autre écosystème (GIEC, 2007). Selon les différents scénarii climatiques, celles-ci pourraient être touchées par les modifications des régimes des précipitations, des sécheresses, des tempêtes et des inondations plus fréquentes ou plus intenses. Alors que ces espaces constituent une source des produits alimentaires, stockent le carbone, régulent les flux hydrologiques, stockent l'énergie et jouent un rôle critique pour la biodiversité (MALAM ABDOU KARAMI, 2014).

2

Le Niger, situé au coeur du Sahel dont la population est à plus de 80% rurale souffre des effets néfastes des changements climatiques. En effet, l'agriculture comme l'élevage qui constituent la base de l'économie du pays, évoluent malheureusement dans un milieu physique en dégradation, résultat surtout de ces changements climatiques. Ce qui constitue un problème épineux pour le développement, surtout du monde rural. La population rurale perçoit ces changements climatiques à travers les impacts de ces derniers sur leurs activités économiques. En effet, la baisse des pluies, les fortes chaleurs, les vents violents... influent considérablement les différentes activités économiques (agriculture, élevage...) des paysans (SITHOU, 2012).

Ainsi, la zone d'étude regorge d'énormes ressources naturelles, les ressources en eau de cette dernière sont constituées essentiellement d'importantes eaux souterraines de la Korama dont le niveau statique de la nappe ne dépasse guerre les 10 mètres, et les cuvettes parsemées ça et là tout au long de la Korama (PDC, Doungou, 2012). L'agriculture est constituée des cultures maraîchères et pluviales. Les cultures maraîchères sont constituées essentiellement de la production de la canne à sucre, qui procure d'importants revenus aux populations. Cette zone constitue un véritable bassin de la production de cette denrée, mais aujourd'hui, avec les effets anthropiques sur les terroirs, le phénomène du changement climatique se fait de plus en plus sentir sur cette activité à travers les différentes manifestations telles que le démarrage tardif ou le rétrécissent de la saison des pluies, les inondations, les vents violents, les fortes chaleurs, etc. Les impacts de ces risques climatiques sur cette activité sont multiples et multiformes.

Cependant, pour mieux analyser ce phénomène, un intérêt a été porté sur l'impact du changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans cette zone. Le présent travail comprend quatre(4) chapitres :

y' le premier présente le cadre du travail et la méthodologie,

y' le deuxième porte sur la culture de la canne à sucre,

y' le troisième aborde la perception paysanne du changement climatique,

y' le quatrième analyse l'impact du changement climatique sur la culture de la canne

à sucre et les stratégies d'adaptation paysanne, y' enfin le cinquième expose les résultats et discussion.

3

Chapitre I : Présentation du cadre du travail

Ce chapitre est structuré autour du cadre théorique, de la méthodologie, des difficultés rencontrées et de la présentation de la zone d'étude.

I.1. Cadre théorique

Dans cette partie sont présentées, la revue de la littérature, la problématique, les hypothèses, les objectifs de l'étude et la définition des termes.

I.1.1. Revue de la littérature

Pour mieux cerner notre thématique, il est important de parcourir toute la documentation disponible, relative aux débats en cours sur le changement climatique, ses manifestations sur les activités agricoles en général et en particulier sur la production de la canne à sucre. Tout d'abord il faut noter qu'au niveau de la littérature, deux principales thèses s'affrontent en matière de réchauffement climatique :

y' La première soutient que le réchauffement climatique actuel est naturel ;

y' la deuxième soutient que le réchauffement climatique actuel est beaucoup plus lié aux activités anthropiques.

Les tenants de la première thèse sont en général les climato sceptiques c'est-à-dire sceptiques sur la réalité d'un réchauffement climatique exceptionnel, son origine humaine ou le fait qu'il ait des conséquences négatives. Ces derniers ont signé en 1999 « l'Oregon petition » en réaction au protocole de Kyoto (1997) visant à réduire les émissions des gaz à effet de serre. Cette pétition conteste que ces émissions puissent provoquer un réchauffement catastrophique de l'atmosphère terrestre ou une rupture brutale du climat. C'est dans cette optique que MARCEL (2005), explique que le réchauffement climatique est un processus naturel et non humain. Il démontre que le gaz à effet de serre n'est pas la cause du changement climatique, les causes probables sont plutôt des paramètres orbitaux bien établis à l'échelle paléo climatique. SYUN-ICHI (ancien professeur de géophysique), soutient cette idée en affirmant que : « la méthode d'étude adoptée par le GIEC est déficiente à la racine, ce qui entraîne des conclusions sans fondement. [...] Contrairement à ce qu'affirme le GIEC, il n'y à ce jour aucune preuve définitive que "la plupart" du réchauffement actuel soit dû à l'effet de serre. [...] [Le GIEC] aurait dû reconnaître que les variations climatiques passées ne devaient pas être ignorées et donc que leurs conclusions étaient très approximatives. Le terme "la plupart" dans leurs conclusions est sans fondement. ». Quant à CLAUDE (géochimiste), souligne que l'on ne connaît à peu près rien du rôle du CO2 d'origine humaine dans le réchauffement climatique et que d'autres facteurs sont bien plus importants : vapeur d'eau, formation des nuages, nuages de poussières et activité volcanique. DAVID (scientifique australien), estime

4

que c'est le soleil qui est le véritable responsable de l'évolution du climat. Cet auteur prédit contrairement au GIEC, un refroidissement climatique au vu de l'évolution de l'activité solaire ; BOB (paléoclimatologie), contredit également le GIEC en rappelant que même les mesures de ce dernier, ne montrent aucun réchauffement depuis 1998, et qu'au contraire les températures mondiales semblent baisser. JOHN (ancien rédacteur des rapports du GIEC), dit : « je ne vois venir ni la catastrophe qu'on nous annonce, ni la preuve évidente que l'activité humaine doive être mise en cause dans le réchauffement que l'on peut observer. Je vois plutôt l'utilisation aveugle de modèles climatiques (utiles mais qui ne sont jamais des "preuves") et la coïncidence entre augmentation de la concentration en CO2 et réchauffement qui fonctionne de moins en moins avec le temps ». Cet auteur veut montrer que le réchauffement climatique n'a aucun effet négatif, et que l'homme n'est pas à l'origine de ce dernier. TOMAS (météorologue américain), s'oppose également à la théorie de l'origine humaine du réchauffement climatique, en insistant sur la dimension naturelle du phénomène. En 2007, il rappelle que « rien de ce qui est en train d'arriver sur le plan climatique ne peut être considéré comme anormal à la lumière de notre connaissance des variations climatiques passées ». MICHAEL (ancien directeur de la NASA), soutient cette idée sceptique au réchauffement climatique en disant : « Je ne doute pas qu'il y ait une tendance actuelle au réchauffement climatique. Je ne suis pas sûr qu'il soit adapté de dire que le réchauffement climatique est un problème qu'il faut combattre. Supposer que c'est un problème, c'est supposer que le climat de la terre actuel est le climat optimal, le meilleur climat que nous puissions avoir ou ayons jamais eu, et que nous devons prendre des mesures pour qu'il ne change plus ».

Cependant, il faut noter que parmi les signataires de cette pétition, la plupart ne sont pas des climatologues, mais plutôt des scientifiques issus des spécialités qui de près ou de loin concernent les différents domaines ayant une influence à court, moyen ou long terme sur le climat telles que la géologie, l'astrophysique, la glaciologie, la chimie etc.

La deuxième thèse est beaucoup plus acceptée par le monde scientifique car les tenants de cette dernière sont essentiellement les 600 climatologues qui se réunissent périodiquement au sein du GIEC pour analyser la tendance générale de l'évolution du climat. Les différents rapports produits par ces différents scientifiques au cours des deux dernières décennies tendent à montrer que le réchauffement climatique actuel est le corollaire des activités humaines à travers l'augmentation des gaz à effet de serre. Ces climatologues ont pu démontrer scientifiquement le lien qu'il y'avait entre le réchauffement climatique et l'accroissement des gaz à effet de serre. Ainsi, GODARD et TABEAUD (2009), après avoir

5

fait l'historique de la variabilité climatique notamment les variations rythmées du quaternaire, affirme par la suite que d'importants changements ont marqué l'histoire de la planète, des temps géologiques les plus reculés au réchauffement contemporain. Il aborde ensuite l'indiscutable réchauffement du XX siècle et estime une hausse des températures de l'ordre de 0,6°C pour l'ensemble de la planète depuis un siècle. Cette hausse de température jusqu'à la seconde guerre mondiale était principalement d'origine naturelle mais depuis 1976 elle ne peut s'expliquer que par l'effet de serre additionnel d'origine anthropique. La CCNUCC (1992), dans son article premier définit les changements climatiques comme «des changements qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables». Cette convention montre ici une distinction entre «les changements climatiques» attribuables à l'activité humaine altérant la composition de l'atmosphère et la «variabilité du climat» imputable à des causes naturelles. Dans le même ordre idée, le GIEC (2007), explique dans son 4ème rapport que : « les causes du réchauffement climatique sont attribuables à 90% aux activités humaines, et en particulier à la production massive de gaz à effets de serre ». Dans son dernier rapport de 2013, le GIEC alerte qu'à la fin du 21ème siècle, l'augmentation de la température à la surface du globe dépassera probablement 2°C et que la plupart des caractéristiques du changement climatique persisteront pendant de nombreux siècles même si les émissions de CO2 sont arrêtées.

Dans tous ces débats, il ressort que l'opinion publique mondiale est consciente de la réalité du changement climatique et, qu'il soit d'origine naturelle ou humaine, ce dernier a des effets néfastes sur l'activité agricole et de ce fait sur l'activité de la canne à sucre.

D'autres chercheurs se sont aussi penchés sur la question du changement climatique mais chacun l'aborde de sa manière. C'est ainsi, qu'AMOUKOU (2009), a voulu expliquer la perception paysanne des changements climatiques dans un village du bassin du fleuve Niger à travers l'abandon par les populations des certaines activités socioculturelles (festivités de jouissances) dû au déficit alimentaire mais aussi et surtout à travers les phénomènes climatiques extrêmes (sécheresse, inondations, famines) qui viennent perturber les écosystèmes ces dernières années ; MAHAMAN DODO (2012), explique également que dans le village de Sabarou, les changements climatiques se perçoivent à travers les variations des paramètres climatiques. Mais leurs manifestations se font ressentir à tous les niveaux sur le vécu quotidien des populations. Les secteurs les plus touchés sont l'agriculture et l'élevage. Quant à SITHOU RANI (2012), montre qu'en dehors des variations des paramètres climatiques et les indicateurs de début de saison de pluies, les manifestations des changements

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climatiques se font sentir également sur le vécu quotidien des populations. L'état actuel de la végétation et de la faune dans cette zone connait une forte dégradation, et la température entraine la fonte de semis, une réduction de la production et l'échaudage des cultures. En abordant ce sujet, MAMAN (2010), explique que la faiblesse de la pluviométrie, l'augmentation de la température et le vent sont à l'origine de l'assèchement, la salinité et l'ensablement de la cuvette de Guidimouni véritable creuset de la production maraichère. Il explique que la combinaison de ces trois phénomènes conduit à l'assèchement des cultures en plein cycle végétatif. Cette peine perdue engendre découragement et désespoir chez les maraichers de cette localité ; BOUBACAR (2011), expose le phénomène du changement climatique à travers la baisse des ressources en eau dans la commune de Tagazar. Il explique que ces dernières connaissent une baisse consécutive aux grandes sécheresses des années 70 et 80, et une baisse de la pluviométrie dans la plus grande partie du département de Fillingué. Ce phénomène conduit à la dégradation de la composition floristique, certaines espèces sont menacées de disparition et d'autres sont en régression. BATIONON (2009) et BOIGNI (2011), ont tenté d'analyser les incidences du changement climatique sur l'activité maraichère au Burkina Fasso; ils ont démontré dans leurs travaux que l'accroissement de la température et du gaz carbonique (CO2) dans un contexte du changement climatique, pourrait remettre en cause la pratique des cultures maraichères. MAMAN (2007), parle de l'évolution climatique qui se caractérise ces dernières années par un retard dans l'installation de la saison des pluies ,un prolongement de la saison sèche et par conséquent un rétrécissement de la saison des pluies, des périodes retours de pluies fort prolongées ,des températures maximales et minimales de plus en plus élevées des vents forts, une fréquence accrue des sécheresses et une variabilité notoire des cumuls des précipitations interannuelles. Le PDC (2012) de la commune rurale de Doungou, montre que cette commune était jadis située dans la zone soudanienne, mais aujourd'hui avec les effets anthropiques sur la nature, le phénomène du changement climatique se fait de plus en plus sentir ; notamment à travers les différentes manifestations sur l'ensemble du système productif agro-sylvo-pastoral, dont les principales causes sont entre autres la coupe abusive du couvert végétal, la disparition de plus en plus de certaines espèces végétales, les feux de brousse etc.

Ces chercheurs ont d'une manière ou d'une autre voulu expliquer le changement climatique non seulement à travers la variation des certains éléments du climat (précipitations, vent, température), la perception paysanne, mais aussi et surtout à travers ses différentes manifestations sur les activités socio-économiques de la population. La canne à sucre, objet de notre étude n'a pas fait l'objet de plusieurs études, mais on peut retenir entre autres celles

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d'OUMAROU (2012), qui montre que la canne à sucre exige beaucoup plus d'humidité, il estime que plus de 15 à 20 camions quittent le Dallol Maouri (lieu de sa production) pour Niamey chaque semaine pendant la période des grandes récoltes (Décembre-Mars). Mais la production est encore traditionnelle, toute fois, elle est rentable car elle permet non seulement de prendre en charge les besoins familiaux de premières nécessités (denrées alimentaire santé, scolarité), mais aussi ouvre des perspectives vers les grandes réalisations (véhicules, commerce, pèlerinage à la Mecque etc.). MAMAN (2014), définit le producteur paysan comme une personne qui gère une ferme ou un jardin pour commercialiser ou consommer sa production agricole. Il montre qu'à Wacha79% des producteurs maraichers n'ont été à l'école, ni fréquenté des centres d'alphabétisation ; 13% ont fréquenté l'école primaire jusqu'au CM2 et seulement 8% des exploitants ont été jusqu'en seconde. Ce qui n'est pas sans conséquence sur la pratique du maraichage dans cette zone. Le rendement moyen par hectare de la canne à sucre dans le site maraicher de Wacha s'élève à 15t / ha et que la canne à sucre est chère au début et vers la fin de la récolte avec un prix de "Kai "(unités de 10) variant de 1000f à 1500f au début et 1500f à 7500f à la fin de la récolte. En évoquant la culture de la canne à sucre au Brésil, CLAIRE (2011), montre que la culture de celle-ci aurait tendance à lutter contre le réchauffement climatique. C'est donc une double victoire écologique pour cette plante, déjà cultivée pour produire un carburant vert très utilisé dans ce pays. Il ajouta qu'en effet, le remplacement des végétations naturelles par des champs de culture provoque une augmentation moyenne de la température de 1,55° C, une diminution de l'évapotranspiration de 0,60 millimètre par jour et un albédo augmenté de 1,73 %, alors que leur remplacement consécutif par des cultures de cannes à sucre abaisse la température de 0,93° C, augmente l'évapotranspiration de 0,43 millimètre par jour et augmente l'albédo de 0,20 %.« C'est une situation gagnant-gagnant potentielle pour le climat, utiliser la canne à sucre pour faire marcher les véhicules réduit les émissions de carbone, tandis que la faire pousser abaisse la température de l'air local » conclut-il. Il est donc important de continuer à utiliser des champs déjà en place pour la culture de la canne à sucre, plutôt que de réquisitionner de nouvelles terres, encore sauvages. Save the children (2008), écrit dans son rapport d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages dans le département de Kantché que la zone sud du département en particulier la commune rurale de Doungou bénéficie d'un potentiel d'irrigation notamment des cuvettes et bas-fonds fertiles avec des nappes phréatiques peu profondes et très favorables au maraichage. Tous les groupes socio-économiques sont engagés dans cette activité. Ceci contribue de façon significative à leur alimentation par consommation des fruits et légumes ayant des hautes qualités organoleptique. Le maraîchage est la principale

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source de revenu pour les ménages et freine ainsi l'exode rural. La canne à sucre et les autres produits maraîchers sont exportés à l'intérieur du pays et vers le Nigeria. HAROU (2011), dans ses travaux, a voulu montrer que la commune rurale de Doungou regorge d'énormes potentialités et que l'agriculture irriguée ou de contre saison joue un rôle capital sur le plan économique, alimentaire et socioculturelle des populations. En plus, la canne à sucre est la principale activité dans cette zone et la production est estimée à 3.240.000 tonnes par an. Cette culture fait la spécificité de Doungou, en ce sens, elle fait la fierté des populations grâce aux revenus générés. Cependant, l'activité de la canne à sucre ou le maraîchage d'une manière générale est confronté a certaines contraintes d'ordre physique (assèchement, ensablement, salinisation etc.) et d'ordre technique et organisationnel (manque d'encadrement et des structures) qui risqueront de compromettre cette grande activité qui faisait la fierté de population de cette zone. WAZIRI (1988), à travers son étude intégrée d'un type de paysage sahélien a exposé avec nostalgie, les contraintes et les potentialités de?kwari?de wacha ainsi que son importance dans un environnement sahélien. Cette étude a mis en évidence le schéma de l'occupation du milieu et les différents problèmes que rencontrent les paysans, elle a recommandé la nécessité d'aménager cet espace agricole et d'assurer la vitalité de ce site. En abordant la culture de la canne à sucre, il démontre qu'il y'a même abandon des cultures céréalières au profit de cette activité. Il estime sa production moyenne à 216 tonnes sur 3 hectares en1984. Dans ses travaux, WAZIRI (2000), aborde cette fois-ci l'importance des cultures de contre saison tant sur le plan agricole, social qu'économique dans le sud de la région de Zinder tout en soulignant ses principales contraintes. Parlant de la culture de la canne à sucre, il explique que cette dernière est pratiquée sur les sites où les problèmes d'eau sont ressentis avec moins d'acuité, en d'autres termes où les conditions hydriques les permettent. Ainsi, les parcelles sont disposées de façon à ce que chaque exploitant puisse accéder à la zone de bas-fonds plus humide où la nappe phréatique est subaffleurant .C'est aussi dans cette dernière que sont plantées les cultures les plus exigeante en eau ou celles qui supportent d'avantage d'humidité. Elle est généralement réservée à la canne à sucre et à la banane. La production cannière est estimée à 25510,7 tonnes dont 90,39% est commercialisable. La FAO (2014), dans les fiches techniques de base destinées aux techniciens agricoles, rapporte que la canne à sucre a besoin d'un sol profond ,meuble, riche en humus, en éléments fertilisant, et suffisamment humide. La canne à sucre exige beaucoup de lumière pour sa croissance et pour la formation de saccharose. Son mode de plantation consiste à mettre à plat dans les fonds des sillons les boutures en files simples ou doubles puis recouvrir 2 à 5cm de terre fine .La première irrigation doit avoir lieu le jour de la plantation

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ou le lendemain avec100m 3/ha d'eau, la deuxième irrigation 8 à 10 jours après la première ,la troisième 3 semaines après la seconde et l'irrigation se poursuivit toutes les 3 semaines avec 100 m3/ha .Dans la pratique ,le moment de la récolte est fonction de l'âge de la canne : 12 à 14 mois pour les cannes vierges et 12 mois pour les repousses. ADAMOU (2014), explique dans ses travaux qu'au Niger, l'expérimentation de la canne à sucre qui a eu lieu à Tillakaina s'est déroulée en deux phases complémentaires. D'abord sur convention passée entre le gouvernement du Niger et l'IRAT (institut de la recherche en agronomie tropicale) d'octobre 1968 à janvier 1975 puis, depuis cette date par l'INRAN (Institut national de recherche agronomique du Niger). En 1979, la superficie plantée en canne à sucre au Niger était de 3540 ha pour une production de 190.085 tonnes soit un rendement de 53,695 kg /ha. En 2003, dans un bilan national de production cannière de 207.893 tonnes, la région de Zinder s'est retrouvée avec 82,3% du tonnage produit. Cette zone est la principale pourvoyeuse du marché de la canne à sucre et ceci grâce aux nombreux bassins de production qu'elle regorge dans sa partie sud. Au Niger la variété cultivée est le saccharum officinarum renfermant ainsi la canne verte et la canne violette. Cette espèce est appelée aussi "canne de bouche". Cette plante contribue de façon efficace à la protection de l'environnement. Ses racines s'enfoncent dans le sol à plus de deux (2) mètres et facilitent l'infiltration de l'eau, les feuilles desséchées tombent et fertilisent le sol alors que les tiges protègent le sol contre l'érosion éolienne. Parlant des atouts socio-économiques, il explique que même si à Jambirgi la production de la canne à sucre demeure encore traditionnelle, les paysans sont unanimes quant à sa rentabilité. Elle permet non seulement aux producteurs de subvenir aux besoins alimentaires de leurs familles mais aussi d'organiser des cérémonies et même faire des réalisations. Pour la saison 2012, la commercialisation de la canne à suce a permis aux exploitants d'engranger globalement une somme estimée à 36.579.500f. Cependant, le site de la production cannière de Jambirgi est aujourd'hui menacé par les phénomènes de changement climatique qui risqueront de compromettre cette grande activité.

Tous ces auteurs ont tenté d'expliquer le mode de production de la canne à sucre, son rôle socio-économique et écologique notamment dans la protection de l'environnement contre les aléas climatiques. Toutefois, ces derniers n'ont pas évoqué clairement les effets du changement climatique sur cette activité. Notre modeste contribution portera sur la perception du changement climatique sur cette activité.

I.1.2. Problématique

Le changement climatique est un processus naturel qui a lieu simultanément à différentes échelles chronologiques (astronomique, géologique et décennale). Il concerne la variation au

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fil du temps du climat mondial ou des climats régionaux, et peut être causé à la fois par des forces naturelles et des activités humaines (BATIONON, 2009). Or, il semblerait que le climat actuel à l'échelle mondiale est en pleine mutation.

Ce changement climatique serait consécutif d'après les données du GIEC (2001) à l'augmentation des températures mondiales moyennes observée depuis la moitié du vingtième siècle, phénomène connu sous le nom de réchauffement de la planète. Celui-ci serait probablement dû, dans une large mesure, à l'activité humaine, notamment le brûlage des combustibles fossiles et la déforestation qui ont accru la quantité de gaz à effet de serre présents dans l'atmosphère. Le réchauffement est, à son tour, responsable des changements spectaculaires auxquels nous assistons : cyclones de plus en plus violents, sécheresses fréquentes, inondations, hausse du niveau de la mer, etc.

Comme le soutient BATIONNON, en un siècle, la température moyenne du globe a augmenté de 0,74 °C. Ce chiffre apparemment faible est pourtant lourd de conséquences. Ce sont surtout les régions de l'hémisphère Nord qui se sont réchauffées ; elles connaissent moins de jours très froids en hiver et plus de journées très chaudes en été. Depuis 1993, le niveau de la mer monte en moyenne de 3,1 mm par an. Depuis l'ère industrielle et les années 1900, il pleut nettement plus en Amérique du nord et du sud, en Europe du nord et en Asie centrale, et moins en Asie du sud-est, sur le pourtour méditerranéen et au Sahel. Les cyclones tropicaux intenses sont plus nombreux en Atlantique Nord. Si ces faits sont maintenant avérés et les chiffres formels, les causes précises, elles, sont plus difficiles à déterminer (CTA, 2008 in BATIONON, 2009).

L'Afrique de l'Ouest est l'une des zones les plus vulnérables au changement climatique, l'évolution des températures dans cette zone et plus spécifiquement au Sahel, a suivi une tendance plus rapide que le réchauffement mondial. L'augmentation varie de 0,2 à 0,8 °C depuis la fin des années 1970.Selon le CILSS, cette même partie de l'Afrique a connu au cours de la seconde moitié du XXème siècle, une forte diminution des précipitations avec une rupture nette dans les années1968-1972. La réduction importante des précipitations apparaît clairement au Sahel. Elle s'est traduite par un processus historique d'aridification du climat caractérisé par les grandes sécheresses des années 1970 et 1980.

«L'Afrique de l'ouest et en particulier sa partie sahélienne, est non seulement un domaine de l'aridité, mais a connu ces dernières décennies des perturbations majeures de ses conditions climatiques (ruptures des séries pluviométriques et hydrométriques) » (MADIDIO, 2007, in AMOUKOU, 2009).

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Pour le futur, les scénarios climatiques prédisent pour le Sahel une augmentation de la température et une baisse ou augmentation des précipitations suivant les zones (HELLMUTH et al, 2007 in AMOUKOU, 2009). On assistera ainsi à une augmentation des phénomènes extrêmes comme les sécheresses et la pression anthropique sur les ressources naturelles du fait de l'accélération et de l'amplification de la dégradation des terres.

Au Niger, les projections faites pour les températures, font apparaître que malgré une grande variabilité, tous les modèles s'accordent à prédire une augmentation moyenne des températures maximales (de 2,3 à 2,6°C) à l'horizon 2020-2049. Cette hausse est moins marquée au cours des mois de juin, juillet, août et septembre correspondant à la saison des pluies.

Les prévisions pour les précipitations font ressortir une légère hausse du cumul des précipitations à l'horizon 2020-2049 et un démarrage plus tardif de la saison des pluies. Il est prévu une forte augmentation des précipitations sur la station de Tillabéry et une très légère diminution sur les stations de Gaya, Niamey et Mardi (AMOUKOU, 2009).

Ces dérèglements climatiques ont de plus en plus de conséquences évidentes sur les activités économiques notamment l'agriculture.

Face à cette situation et surtout pour lutter contre l'insécurité alimentaire, les pays d'Afrique subsaharienne ont développé les cultures irriguées avec un accent particulier pour les cultures maraîchères qui, au fil des années ont pris de l'ampleur et s'imposent aujourd'hui comme une véritable activité génératrice de revenus majeurs.<< De ce fait le développement de l'agriculture irriguée s'est imposé comme moyen indispensable en complément à l'agriculture pluviale pour la recherche de la sécurité alimentaire. Ainsi dans les années 1980, le gouvernement du Niger a fait de la mise en valeur des milieux humides, une question prioritaire dans la politique d'intervention pour atténuer les effets de la sécheresse de 19831984>> (MONCHALIN, 1992 in MAMAN, 2010).

En 1993 le gouvernement du Niger et la banque mondiale ont appuyé les agriculteurs à créer une association à but non lucratif dénommée Association Nigérienne pour la Promotion de l'Irrigation Privée (ANPIP). De 1993 à 2002 l'ANPIP a exécuté le projet pilote de l'irrigation privée sous la tutelle du Ministère du développement agricole (NYSSA, 2008). Selon YAMBA et AMADOU (1996), « la pratique des cultures irriguées de contre-saison vient combler partiellement le déficit vivrier et autorise même dans certains cas à dégager un

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surplus. Elle apparaît par conséquent comme la manifestation d'une réelle stratégie de diversification alimentaire ».

Ensuite, à partir de 2011 le gouvernement a fait de la mise en valeur du milieu humide, une question prioritaire dans sa politique d'intervention à travers l'initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens) pour atténuer conjointement les effets de l'insécurité alimentaire, ceux de la variabilité et des changements climatiques qui sévissent dans le pays durant plusieurs décennies.

Ainsi, à l'instar des autres régions, les populations du sud-est du Niger, pour assurer l'autosuffisance alimentaire (credo des paysans et des autorités politiques) et résorber les déficits de la production sous pluie, ont aussi mis l'accent sur l'agriculture irriguée par la mise en valeur des milieux humides (bas-fonds, mares et cuvettes) qui sont à fortes potentialités exploitables.

La cuvette de Doungou objet de notre étude est exploitée en culture maraichères. La canne à sucre, principale culture dans le site fait la fierté des populations grâce aux revenus générés (HAROU, 2011).

Etant donné que cette dernière joue un rôle prépondérant dans la vie socio économique de la population, il s'avère nécessaire d'étudier les liens qui existent entre le changement climatique et l'activité de la canne à sucre dans cette cuvette. La présente étude porte sur : « Perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans la cuvette de Doungou (Département de Kantché, Région de Zinder)».

Notre réflexion sera guidée par les questions suivantes :

1. Comment se manifeste le changement climatique et comment il est perçu par la population ?

2. Comment se pratique la culture de la canne à sucre dans cette cuvette et quel est l'impact du changement climatique sur cette activité ?

3. Comment les producteurs de la canne à sucre s'adaptent aux effets du changement climatique ?

4. Quel serait le devenir de la pratique de la culture de la canne à sucre dans cette cuvette avec le changement climatique en cours ?

I.1.3. Hypothèses :

Le travail sera conduit autour des hypothèses suivantes :

? le changement climatique est réel dans la zone et qu'il est perçu par la population à travers certains indicateurs ;

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y' la baisse de la production de la canne à sucre est liée aux variations des certaines variables climatiques ;

y' les producteurs locaux développent des stratégies d'adaptation pour faire face aux effets

néfastes du changement climatique sur la culture de la canne à sucre ; y' avec le changement climatique en cours, certaines variétés de la canne à sucre sont

menacées de disparition et l'activité de la canne à sucre tend à être abandonnée.

I.1.4. Objectifs

Cette étude s'articule autour d'un objectif principal subdivisé en quatre objectifs spécifiques. I.1.4.1. Objectif général :

y' analyser la perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans cette cuvette.

I.1.4.2. Objectifs spécifiques

y' énumérer les différents facteurs intervenant dans la production de la canne à sucre, y' analyser les effets des variations des certaines variables climatiques sur la production de la canne à sucre,

y' identifier les différentes stratégies d'adaptation au changement climatique développées par les producteurs de la canne à sucre,

v proposer des stratégies d'adaptation efficaces pour atténuer les impacts négatifs du changement climatique sur l'activité cannière.

I.1.5. Définition des termes

Changements climatiques : Selon le GIEC, les changements climatiques peuvent être définis comme étant « une variation statistiquement significative de l'état moyen du climat ou de sa variabilité, persistant pendant une période prolongée (généralement des décennies ou plus). Les changements climatiques peuvent être dus à des processus internes naturels ou à des forçages externes, ou encore à la persistance de variations anthropiques de la composition de l'atmosphère ou de l'utilisation des sols ».

Par contre, on notera que la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), dans son article premier, définit les changements climatiques comme «des changements qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables». La CCNUCC fait donc une distinction entre «les changements climatiques» attribuables à l'activité humaine altérant la composition de l'atmosphère et la «variabilité du climat» imputable à des causes naturelles.

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Cuvette : Le terme de cuvette nous paraît proche du concept de « kwari » dans la terminologie locale. Le « kwari » correspond à « une dépression généralement marécageuse, allongée ou non, ouverte ou fermée, au sol relativement argileux et dont la couverture végétale se distingue de celle de l'espace environnant par son abondance et sa diversité » (WAZIRI MATO, 1988 ; p.57).

Canne à sucre : Graminée des pays chauds (Antilles, Inde, Brésil, etc.) dont la tige peut atteindre plusieurs mètres de hauteurs pour un diamètre de 4 à 5cm ; sa moelle fournit un jus duquel on extrait le sucre et aussi le Rhum. La canne à suce présente des tiges de couleurs différentes selon les variétés, des feuilles alternes, longues, finement dentées et rubanées. Elle fleurit tous les ans, et donne des inflorescences soyeuses, en plumeau. Chaque inflorescence contient des fleurs mâles et des fleurs femelles, mais il est très rare que ces fleurs soient fertiles en même temps (LAROUSSE Agricole, 2010).

Impact : effet produit par quelque chose ; influence qui en résulte (LE PETIT LAROUSSE illustré, 2011).

I.2. Cadre méthodologique

La méthodologie développée dans le cadre de ce travail est basée essentiellement sur trois (3) étapes :

y' la recherche documentaire,

y' les travaux du terrain,

y' l'analyse et interprétations des données

I.2.1. Recherche documentaire

Cette phase a permis de consulter des documents de divers ordres. Il s'agit entre autres des ouvrages généraux et des ouvrages spécifiques telles que les mémoires, les revues, les rapports annuels d'activités (des institutions de recherche et des services techniques) et les conférences, traitant sur la question des changements climatiques ainsi que de son impact sur les activités agricoles en général et en particulier sur la culture de la canne à sucre. Il faut noter que nous avons mené celle-ci dans divers endroits (bibliothèques de la faculté des lettres, du département de Géographie, de l'Agrhymet et du laboratoire d'études et de recherches sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL), les services techniques, Internet, etc.) et dans différentes localités (Niamey, Matameye, et même à Doungou). Cette étape nous a aussi permis de mieux cerner le sujet et d'élaborer la problématique, les hypothèses et les objectifs de la recherche.

I.2.2. Travaux du terrain

Le travail du terrain porte essentiellement sur des observations et sur la collecte des données.

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I.2.2.1. Observations directes

Les observations directes sur le terrain ont permis de bien connaitre la zone d'étude et surtout de comprendre certains paramètres comme les aspects physiques (relief, climat, végétation) et la dynamique de la production cannière dans la cuvette. De plus cette étape nous a aussi permis de constater que les producteurs de la canne à sucre font face à une absence d'encadrement et d'appui en intrants agricoles. La production se fait généralement de façon traditionnelle mais il existe aussi quelques équipements modernes. Cette phase a été menée au mois de Juin ce qui a permis de constater de visu la canne à sucre en plein cycle végétatif ainsi que les différentes manifestations du changement climatique sur cette activité.

I.2.2.2. Technique d'échantillonnage

L'enquête exhaustive étant difficile à réaliser du fait de son coût élevé d'exécution et de sa durée longue. Pour ce faire, nous avons procédé à un échantillonnage qui a concerné trois (3) villages de la commune à savoir Doungou Haoussa, Kabori et Garin Gao. Le choix de ces sites de production de la canne à sucre repose sur leur appartenance à la vallée de la Korama qui de nos jours est menacée par l'assèchement dans son parcours compromettant ainsi cette activité.

En effet, d'après les lois de la statistique, un échantillon est considéré comme statistiquement significatif dans la mesure où il compte au moins 30 répondants choisis de façon aléatoire. C'est dans ce sens qu'un échantillon de soixante (60) producteurs a été retenu. Au sein de cette population, un guide d'entretien a été administré aux responsables des services techniques et des organisations paysannes, et soixante (60) questionnaires individuels destinés aux producteurs. La taille de chaque village a été respectée et c'est ainsi que quarante (40) producteurs ont été interviewés de façon aléatoire à Doungou Haoussa, douze (12) à Kabori et huit (8) à Garin Gao (Tableau1). Leur âge varie de 25 à 70 ans avec une forte proportion (47%) des personnes âgées dans la production de la canne à sucre afin d'avoir un bon recul dans le temps.

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Localité

Effectif

Fréquence

Doungou Haoussa

40

67%

Kabori

12

20%

Garin Gao

8

13%

Total

60

100%

Tableau 1 : Répartition des enquêtés dans les trois villages de la commune de Doungou (décembre, 2015)

I.2.2.3. Collecte des données

La collecte des données s'est déroulée du 25 Décembre au 24 Janvier en deux phases. La première phase a été consacrée aux entretiens collectifs avec des personnes ressources notamment les responsables des services techniques, des organisations paysannes et même les personnes très âgées dans la production de la canne à sucre afin d'obtenir des informations qualitatives sur le changement climatique et l'activité cannière. La deuxième a été consacrée sur la collecte des données quantitatives. Ainsi, les données quantitatives collectées ont porté d'abord sur les variabilités inter annuelles des températures et des précipitations propres à la zone d'étude. Par manque des données de pluviométrie et des températures nécessaires au niveau de la commune rurale de Doungou, les données du poste pluviométrique de Matameye situé à 16 km pour les précipitations et celles de station synoptique de Magaria située à environ 70 km pour les températures ont été utilisées. Les données des précipitations portent sur trente-cinq (35) ans (1981- 2015), celles des températures portent sur trente (30) ans (1985-2014). Toutes ces données ont été collectées auprès de la direction de la météorologie nationale (DMN).

Ensuite, la collecte des données auprès des producteurs a concerné de façon générale les informations sociodémographiques et économiques des ménages, le mode d'acquisition de terre, les caractéristiques de la cuvette, les systèmes de production de la canne à sucre, les différentes variétés cultivées, les rendements, les systèmes d'irrigation et un accent a été mis sur la nature de la source en eau.

Par ailleurs, d'autres données ont aussi porté sur la perception paysanne du phénomène du changement Climatique, l'impact de ce dernier sur la culture de la canne à sucre ainsi que les différentes stratégies d'adaptation mises en oeuvre par les producteurs locaux.

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Photo 1 : Entretien et administration de questionnaire à Garin Gao Cliché : I. Anass (2015)

I.2.3. Analyse et interprétation des données

Après l'étape du terrain, les données recueillies ont fait l'objet d'un regroupement avant d'être analysées. L'analyse proprement dite des données a coïncidé avec la rédaction du document. Ainsi, les données statistiques sont analysées par le logiciel Epi info et Excel pour sortir les tableaux et les graphiques qui ont fait l'objet d'une interprétation.

I.2.4. Matériels, Outils et données de base utilisées

Pour réaliser ce travail, les matériels, outils et données de base suivants ont été utilisés :

V' des logiciels (Word, Epi info, Excel et Arcview GIS 3.2) sont respectivement utilisés pour la saisie, l'analyse des données statistiques, la représentation graphique et l'élaboration des cartes thématiques,

V' un appareil photo numérique pour la prise des vues,

V' un instrument de mesure de longueur (le mètre) pour mesurer les dimensions de la canne à sucre et la distance entre les poquets (guindi) et les lignes (kounya), en langue Haoussa,

V' un questionnaire et un guide d'entretien adressés aux producteurs, aux responsables des services techniques et des organisations paysannes,

V' une carte topographique pour identifier la cuvette,

V' une carte pédologique pour caractériser la nature du sol,

V' des images Landsat5 TM de 1986 et Landsat8 OLI de 2015 pour le suivi de la dynamique d'occupation du sol dans la zone d'étude.

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I.3. Difficultés rencontrées

Tout travail de recherche scientifique est souvent confronté à des difficultés. C'est dans ce sens que nous avons d'abord fait face à une absence de la documentation relative à notre thème et à la zone d'étude. Pour pallier à cela nous avons fait recours à la littérature de la sous région. Ensuite, les travaux du terrain ont coïncidé avec la période électorale ce qui a entrainé une certaine réticence des paysans car, ces derniers n'arrivant pas à distinguer les étudiants et les hommes politiques. Il nous a fallu expliquer difficilement aux exploitants le but de ce travail qui n'est rien d'autre que la recherche scientifique. Nous avons aussi assisté à un manque des statistiques fiables relatives à la production et au rendement de la canne à sucre mais aussi à un manque des données climatiques nécessaires au niveau de la commune et même à Matameye. Pour résoudre cela nous avons procédé d'abord à une interpolation temporelle (calcul de la moyenne de deux valeurs encadrant la valeur manquante) pour compléter les données manquantes de la production.

Ensuite nous avons utilisé les données du poste pluviométrique de Matameye en ce qui concerne les précipitations, et les données de la station synoptique de Magaria pour les températures.

Enfin le nom kantché a deux statuts : Kantché département et Kantché commune rurale dans le département du même nom. C'est qui entraine souvent une certaine confusion dans la littérature et la cartographie de la zone. Pour résoudre cela nous avons fait recours à la loi 9330 du 14 septembre 1998, portant création des départements et fixant leurs limites et le nom de leurs chefs-lieux.

I.4. Présentation de la zone d'étude

Située entre 8°35' et 8°48' Est et entre 13°23'et 13°31' Nord, la commune rurale de Doungou est l'une des neuf communes qui composent le département de Kantché. Elle est créée par la loi n° 2002-014 du 11 juin fixant le chef lieu de la commune qui est Dougou Haoussa. Elle est limitée au Nord par la commune rurale d'Ichirnaoua, au Sud par la commune rurale de Yaouri (Magaria), à l'Est par les communes rurales de Droum et Dogo (Mirriah) et à l'ouest par la commune urbaine de Matameye. Elle couvre une superficie de 124, 29 km2 et compte 27 villages et 36 hameaux et campements (PDC, 2012).

Les trois (3) villages enquêtés à savoir Doungou Haoussa, Kabori et Garin Gao se trouvent à la bordure de la Korama. Kabori est situé à environ 17 km à l'est du chef lieu de la commune, sur la route de la canne à sucre tandis que Garin Gao se trouve au sud à environ 5 km sur une piste rurale.

Figure 1: Localisation de la zone d'étude

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Conclusion partielle

Au niveau de la littérature deux principales thèses s'affrontent en matière de réchauffement climatique : les climato sceptiques qui soutiennent que le réchauffement climatique actuel est naturel, et les climato réalistes qui soutiennent que le réchauffement climatique actuel est beaucoup plus lié aux activités humaines. La méthodologie adoptée dans le cadre de ce travail est essentiellement basée sur trois (3) étapes à savoir la recherche documentaire, les travaux du terrain et l'analyse et interprétation des données. Cette démarche n'est pas sans difficulté surtout d'ordre méthodologique. L'objectif général de cette étude est d'analyser la perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans la cuvette de Doungou. Mais en prélude, il convient d'énumérer les différents facteurs intervenant dans la production de la canne à sucre ainsi que le cycle végétatif de cette plante.

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Chapitre II : Culture de la canne à sucre

Ce chapitre abordera d'abord les caractéristiques des producteurs avant d'entamer le système de culture de la canne à sucre.

2.1. Caractéristiques des producteurs

Cette partie traite des caractéristiques générales des producteurs à savoir la répartition par âge des personnes enquêtées, la taille des ménages, le niveau d'instruction et les activités pratiquées.

2.1.1. Répartition par âge des personnes enquêtées

L'activité cannière exige beaucoup d'efforts musculaires, raison pour laquelle à Doungou elle est exclusivement réservée aux hommes. Ainsi, l'échantillon étudié montre que tous les producteurs enquêtés sont de sexe masculin, mais aussi mariés, et dont l'âge varie entre 25 et 70 ans.

Il ressort que parmi les 60 personnes enquêtées, 53% ont un âge compris entre 25 et 39 ans, 23% ont un âge compris entre 40 et 49ans, 10% ont un âge compris entre 50 et 59 ans etenfin14% ont au moins 60 ans (fig. 1).

25-39 40-49 50-59 60 à plus

Tranche d'âge

Pourcentage des enquêtés en (%)

100

40

90

80

70

60

50

30

20

10

0

53

23

14

10

Figure 2: Répartition par âge des enquêtés (décembre, 2015)

2.1.2. Taille du ménage

Dans la commune de Doungou, la taille du ménage varie d'un producteur à un autre. Ceci peut être expliqué par le poids de la religion (l'islam) qui autorise la polygamie et qui stipule que « l'enfant est une richesse » mais aussi par une coutume qui dispose que « Yaro baya

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girma gaban babanshi » autrement dit quelque soit votre âge vous êtes toujours petit si vous dépendez de votre père car, c'est lui qui détient le pouvoir absolu sur la famille. C'est pourquoi comme le montre la figure (2), 44% des producteurs ont des ménages composés d'au moins six (6) à dix (10) personnes et que 3% des producteurs sont des personnes âgées et ont plus de 20 membres.

Figure 3: Taille du ménage des producteurs (décembre, 2015)

2.1.3. Niveau d'instruction

L'analyse du tableau (2) fait ressortir que l'écrasante majorité des enquêtés (65%) n'a jamais été à l'école tandis que 32% des enquêtés ont fréquenté l'école moderne et 3% ont suivi une formation des cours d'adulte. Ceci serait à l'origine du caractère encore traditionnel de la production de la canne à sucre dans cette commune mais aussi de la confusion sur la perception du changement climatique, car d'aucun qualifie ce dernier de sanction divine.

23

Niveau d'instruction

 

Effectif

Fréquence

Lycée

1

2%

Collège

2

3%

Primaire

16

27%

Alphabétisation

2

3%

Non instruits

39

65%

Total

60

100%

Tableau 2 : Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction (décembre, 2015)

2.1.4. Activité principale et secondaire

L'agriculture pluviale constitue la principale activité de la population de notre zone d'étude. Cependant, le phénomène du changement climatique et ses corollaires en occurrence la baisse du rendement agricole, oblige les producteurs à faire recours à l'agriculture irriguée particulièrement celle de la canne à sucre afin d'assurer la sécurité alimentaire.

Pour l'ensemble des producteurs de la canne à sucre de la Commune de Doungou, la culture de celle-ci est considérée comme activité secondaire à l'image de l'élevage, du commerce etc. 2.2. Système de culture de la canne à sucre

Nous abordons ici le mode d'accès à la terre, les matériels et main d'oeuvre agricoles, l'organisation des producteurs, la culture de la canne à sucre, les variétés cultivées, l'entretien, le système d'irrigation, le cycle végétatif, et la récolte de la canne à sucre.

2.2.1. Mode d'accès à la terre

Il existe plusieurs modes d'accès à la terre, notamment l'héritage, le dont, prêt, l'achat, le gage, etc. Nos enquêtes de terrain montrent que dans la Commune de Doungou, 70% des producteurs ont acquis leur terre par héritage, 25% des producteurs ont acheté leur terre et 2% l'ont obtenu par donation. Par contre, 1% ont eu accès à leur terre soit par prêt, location ou gage (fig. 3).

24

Figure 4: Mode d'accès à la terre (décembre, 2015)

2.2.2. Matériels et main d'oeuvre agricole

La gamme des matériels traditionnellement utilisés par les exploitants est composée de houe, Hiller, couteau, calebasse, demi bidon, pelle, râteau, machette, charrettes bovines, etc. Mais de nos jours il existe quelques équipements modernes (motopompes, tracteur, etc.) qui facilitent l'exploitation des superficies emblavées et l'écoulement des produits maraichers. La clôture des sites à l'aide du grillage permet leur protection contre les animaux, donc d'éventuels conflits avec les éleveurs. Toutefois, la production de la canne à sucre demeure encore traditionnelle.

En effet, pour la production de la canne à sucre, les paysans font appel à la main d'oeuvre. Cette dernière peut être familiale, salariale ou l'entre-aide. Les résultats de l'enquête montrent que 85% des producteurs utilisent la main d'oeuvre familiale par contre 13,50% qui font recours à la main d'oeuvre salariale, et seulement 1,50% des exploitants pratiquent l'entre-aide (fig. 4). Ceci montre que la production de la canne à sucre nécessite un capital humain ou des moyens financiers.

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Figure 5: Main d'oeuvre agricole (décembre, 2015)

2.2.3. Organisation des producteurs

L'un des plus grands handicaps de la production de la canne à sucre dans la commune de Doungou est le manque des structures organisationnelles permettant de développer d'avantage la filière de la canne à sucre. Ainsi, parmi les trois villages enquêtés (Doungou Haoussa Kabori et Garin Gao), c'est seulement à Doungou Haoussa que les producteurs sont organisés en mini-coopératives : kantoma, Boulboula Hadin Kay et Tallabi.

L'état n'intervient auprès des producteurs que par la vente à prix modéré des intrants agricoles. Mais, en 2013, dans le cadre de l'initiative 3N (les nigériens nourrissent les nigériens), l'état à travers le projet PPI/RUWANMU a foncé dans le chef -lieu de la commune 132 forages maraichers équipés des groupes motopompes. Aussi, il est venu en appui à travers l'encadrement des paysans en techniques et technologies agricoles par la création d'une école d'adultes dénommée « Garka makaranta » ou « jardin école ».

2.2.4. Choix des boutures

Après la récolte les paysans procèdent au choix des boutures qui vont servir à la prochaine plantation. Ils sélectionnent généralement les boutures qui portent 3 à 4 bourgeons, qui ne portent pas des bléssures ni des trous d'insectes ou des maladies mais aussi ayant la même taille.

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2.2.5. Variétés cultivées

Au cours des années 80, 139 variétés de canne à sucre ont été introduites au Niger et testées à la station expérimentale de Tillaberi en vue de l'implantation d'un complexe agro-sucrier sur les terrasses du fleuve Niger. Six (6) variétés sont retenues comme cannes industrielles et trois (3) autres comme canne de bouche (INRAN, 1987). La canne de bouche la plus répandue au Niger est le saccharum officinarum dont les tiges sont riches en saccharose. Cette espèce regroupe la canne verte et la canne violette. Dans la commune de Doungou, la canne verte (photo 2. a), appelée « Kara » fait partie des premières espèces cultivées, mais en 1977 un paysan a introduit la canne violette depuis Mai Aduwa (Nigeria). C'est la tige de cette dernière qui a été coupée en morceaux et ensuite replantée. Depuis lors, la canne violette remplaça progressivement la canne verte. De nos jours la canne violette appelée « kantoma » est la plus cultivée dans la zone (photo 2. b). Le choix de cette variété s'explique d'une part par le fait que la canne verte ne peut plus supporter les conditions climatiques actuelles mais aussi pour des raisons économiques car la canne violette est de très bonne qualité avec des tiges grosses et longues, très tendres et juteuses comprenant 10 à 15 talles par touffes et elle est plus recherchée sur le marché comme exprimés par 83,33% de la population enquêtée.

Photo 2: a. Canne à sucre verte à Doungou b. Canne à sucre violette à Kabori

Cliché : I. Anass (2015)

2.2.6. Entretien de la cane à sucre

L'entretien de la canne à sucre commence par le sarclage, le remplacement des boutures manquantes et l'utilisation des intrants.

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V' Le sarclage et remplacement des boutures manquantes

Le sarclage ou (kaptou) consiste à arracher les mauvaises herbes mais aussi permet de rémuer le sol. Il se fait 10 à 15 jours après la plantation à l'aide des matériels traditionnels tels que la houe la daba, la hiller, etc. Dans la zone d'étude le prémier sarclage se fait avant ou après la plantation et sa fréquence varie selon la nature du sol. Au fur et à mésure que le paysan sarcle son terrain il procède au remplacement des boutures qui n'ont pas répris ou qui sont détruites par les termites et les souris. Le remplacement des boutures manquantes dès le premier sarclage permet d'éviter le décalage d'âge entre les cannes.

V' Utilisation des intrants

Malgré la fertilité des sols de la cuvette, les producteurs ont conscience, qu'un sol évolue et qu'il a besoin d'un amendement pour maintenir et accroître sa fertilité. C'est pourquoi, ils procèdent à l'utilisation systématique de la fumure organique et minérale. Les résultats de nos investigations de terrain montrent que 95% des producteurs utilisent de la fumure organique qui provient essentiellement de la collecte d'excréments des animaux et des ordures ménagères collectés au sein de la concession ou de l'achat auprès d'un charretier moyennant une somme de 200 à 300 FCFA le voyage. En plus de la fumure organique, les producteurs de la canne à sucre font aussi usage d'engrais chimiques. Nos enquêtes de terrain montrent que 91,7% des producteurs enquêtés utilisent des engrais (chimiques), notamment l'urée, le composé azote phosphate potassium (NPK) et du phosphate diammonique (DAP).

Cependant, force est de constater que la quasi-totalité des producteurs n'ont aucune notion sur la dose à apporter à cette plante ni à quelle étape de son cycle végétatif. Aussi, 87,7% des producteurs utilisent le pesticide dont 64,3% font un traitement préventif, 16,7% un traitement curatif et 19% font un traitement curatif et préventif.

2.2.7. Système d'irrigation

Il existe deux (2) systèmes d'irrigation: l'irrigation manuelle et l'irrigation motorisée. Les résultats de nos enquêtes montrent que 66,7% de l'irrigation est manuelle contre 33,3% motorisée, tandis que la fréquence de l'arrosage varie selon les saisons. En saison sèche et froide une (1) séance par semaine par contre en saison sèche et chaude une (1) séance tous les 3 jours. L'irrigation manuelle se fait de deux manières:

V' l'irrigation par poquet qui se fait au moyen d'une puisette et consiste à arroser la jeune plante de la canne à sucre pied par pied;

V' l'irrigation gravitaire qui se fait au moyen d'une calebasse, utilise le plus souvent l'eau des puits traditionnels. L'opération consiste à renvoyer l'eau à l'aide d'une calebasse à partir d'un monticule de terre localement appelé «doki» muni d'une cavité dans

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laquelle est déversée l'eau. Cette cavité est recouverte des herbages ou de vieilles nattes pour éviter l'infiltration (photo 3. a).

A Doungou, l'irrigation par poquet et gravitaire tendent à disparaitre, avec l'introduction des forages maraichers et des motopompes ces dernières années (photo 3. b)

Photo 3: a. Irrigation gravitaire à Doungou b. Irrigation motorisée à Doungou

Cliché : I. Anass (2015)

2.2.8. Cycle végétatif

Il est divisé en six(6) étapes :

? la Plantation

Il n'existe pas une technique standard de plantation de la canne à sucre dans la commune, chaque producteur adapte sa propre initiative en fonction de ses moyens ou de la nature de son terrain. D'une manière générale, la plantation débute un à deux mois après la récolte afin de permettre au debrit organiques de la précédente récolte de se décomposer. Elle se fait en deux étapes à savoir le déblayage (qui consiste à balayer et à bruler les mauvaises herbes), la préparation du sol qui consiste à creuser des trous (poquets) espacés et alignés de 20 à 30 cm de profondeur. L'espace entre deux poquets (guindi) et deux lignes (kounya) mésure respectivement environ un (1) mètre et un mètre et démi (1,5m). Dans toute la commune les boutures constituées de trois (3) entrenoeuds sont disposées obliquement au fond des poquets et en file, puis recouvertes de 5 cm de terre selon la nature du sol. Leur nombre ne dépasse guère trois (3) par poquet partout dans la zone d'étude (photo 4).

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Photo 4 : Plantation de canne à sucre à Doungou Cliché : I. Anass (2015)

V' La levée

Elle se déroule un (1) à deux (2) mois après la plantation. Ainsi, grace aux réserves contenues dans la bouture, les bourgeons germent et donnent des tiges dites primaires qui portent des radicelles à travers lesquelles la jeune plante s'alimente (photo 5).

Photo 5: Canne à sucre au stade de lévée à Garin Gao Cliché : I. Anass (2015)

V' Le tallage

Il débute trois (3) à quatre (4) sémaines après la lévée des boutures. Dans cette phase, les entre-noeuds de la base des tiges primaires étant très rapprochés, il se constitue un stock de bourgeons dont certains germent à leur tour et donnent naissance à des tiges secondaires.

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A partir de ces dernières, naissent des tiges tertiaires et ainsi de suite jusqu'à la constitution d'une touffe de canne qui, à la maturité peut comporter jusqu'à douze (12) tiges selon la variété, les conditions climatiques et édaphiques du milieu comme le témoigne un paysan interviwé (photo 6). Cela confirme aussi les travaux de (INRAN, 1986) qui dit que « la canne violette à un très bon tallage avec 10 à 15 tiges par touffe ».

Photo 6: Canne à sucre au stade de tallage à Doungou Cliché : I. Anass (2015)

? La montaison

Elle débute trois (3) à six (6) mois après la plantation et correspond à la période de haute chaleur et des grandes pluies car la canne à sucre est très exigeante en eau et à la chaleur. Au cours de cette phase, le bougeon végétatif terminal de chaque tige donne naissance à une suite de noeuds qui portent un bourgeon et des entre-noeuds dont la longueur finale varrie entre 12 à 14cm. Les tiges grandissent tandis que les feuilles situées au niveau de chaque noeud croissent, se déroulent, vieillissent et sèchent pour etre remplacées par d'autres plus jeunes tandis que les racines se ramifient et s'allongent dans le sol (photo 7).

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Photo 7: Canne à sucre au stade de montaison à Kabori Cliché : I. Anass (2015)

? La maturation

Elle correspond à la période essentiellement froide qui va d'octobre à février. Elle se caractérise par le gout très sucré de la canne à sucre et un dessèchement des feuilles. En cette période la canne à sucre peut atteindre trois (3) mètres avec des feuilles dépassant un (1) mètre et des racines d'environ 15 cm de diamètres. C'est la période la plus favorable à la récolte (photo 8).

Photo 8 : Canne à sucre au stade de maturation à Kabori Cliché : I. Anass (2015)

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V' La floraison

C'est la phase finale du cycle végétatif de la canne à sucre. Elle se caracterise par la baisse du taux de sucre et du jus et l'apparition des fleurs au niveau de la partie aériennes. Lorsque la canne fleurit, sa croissance s'arrête et aucune feuille n'est produite, les feuilles en place se dessèchent et la canne ne produit plus assez d'énergie pour assurer ses fonctions vitales. Elle va donc utiliser le saccharose accumulé dans ses tiges pour assurer sa survie (COURTEAU, 2005).

2.2.9.Récolte de la canne à sucre

Elle débute géneralement entre le onzième ou le douzième mois après la plantation car la canne à sucre est une plante à cycle annuelle. Dans la zone d'étude, la récolte dure environ cinq mois, d'Octobre à Février mais les mois de Décembre et Janvier sont considérés comme les mois des grandes récoltes comme le témoignent 83,33% des enquetés. La récolte se fait à l'aide de materiels aratoirs (houe, coupe-coupe , couteau etc.) et en deux éapes :

V' l'épaillage (bara) : qui consiste à arracher à la main les feuilles sèches, tranchantes et piquantes de la base des tiges pour faciliter la coupe de la canne. Cette opération se fait le plus souvent deux à trois jours avant la coupe ce qui permet de rendre la canne plus violette du fait de l'action du vent et du soleil sur la canne nue (dépourvue des feuilles).

V' la coupe de la canne : qui consiste à sectionner à l'aide d'une houe ou d'un coupe-coupe les tiges de la canne juste au dessus du prémier entre-noeud et on procède par la suite à l'enlèvement des parties aériennes qui constitueraient des boutures pour la prochaine campagne. Il faut noter que certains producteurs font la coupe et l'épaillage le même jour, mais dans tous le cas la récolte de la canne à sucre est un travail d'équipe et se fait à la chaine c'est-à-dire il y'a une prémière équipe qui fait l'épaillage, une deuxième qui coupe, une troisième qui enlève les parties aériennes et prépare les boutures et enfin une quatrième équipe qui fait les fagots composés de quinze (15) à vingt (20) tiges (photo 9).

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Photo 9 : Récolte de la canne à sucre à Doungou Cliché : I. Anass (2015)

Conclusion partielle

Dans la commune rurale de Doungou, la culture de la canne à sucre est exclusivement réservée aux hommes dont l'âge varie entre vingt-cinq (25) et soixante-dix (70) ans. Cette activité jusque-là traditionnelle, selon un mode d'accès à la terre essentiellement lié à l'héritage. En effet, la production de la canne dans la Commune de Doungou subit les impacts du changement climatique dont la perception de ce dernier est diversement appréciée par les producteurs.

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Chapitre III : Perception paysanne du changement climatique

Dans ce chapitre, est abordée la perception paysanne du changement climatique notamment à travers la pluviometrie, les températures et les évènements extrêmes.

3.1. Perception paysanne sur la variation de la pluviométrie

Dans la zone d'etude, la totalité des enquêtés affirment que ces dernières décennies, la saison de pluie s'installe en retard ( mois de juillet). En effet, pour 20,7% des personnes interviewées, ce retard est dû à une sanction divine sur la population. Par contre 46,6% attribuent ce retard au changement de temps dont la traduction locale est « juyin locaci » ou « canjin yanayi ».

Ensuite, quand la pluie s'installe, elle ne dure au maximum que trois (3) mois (juillet, août, septembre) et la quantité des pluies tombée varie d'une année à une autre. Selon 90,7% des enquêtés, la saison de pluie est aussi perturbée par des séquences sèches de plus de 10 jours. Cette phase sèche intervient le plus souvent en plein milieu de saison hyvernale entrainant ainsi la baisse de la production agricole en général.

3.2. Perception paysanne sur la variation de la température

Par rapport aux manifestations des températures, la quasi-totalité (91,5%) des enquêtés disent avoir constaté une augmentation globale des températures actuelles, comparées à celles de trente dernières années. Selon 91, 7% d'enquêtés, les saisons hivernales sont très chaudes ces dernières années, tandis que 66,7% disent que même la saison froide devient de plus en plus chaude.

3.3. Perception paysanne sur la fréquence du vent

Dans la Commune Rurale de Doungou les producteurs de la canne à sucre affirment que c'est surtout en début de la saison des pluies (période de montaison de la canne à sucre) et pendant la saison sèche froide (période de la maturation) que l'activité éolienne est plus violente et intense ces dernières années. Ainsi, 91,33% des paysans interrogés sur l'intensité du vent affirment que pendant la saison des pluies, le vent cause en général plus des dommages sur la végétation, en particulier sur la canne à sucre qui fait la spécificité de la zone d'étude. Cette perception s'explique par le fait que pendant la saison pluvieuse, les vents forts proviennent du passage plus fréquent des phénomènes orageux.

3.4. Perception paysanne sur les inondations

Concernant la fréquence des inondations, 75% des exploitants enquêtés ont constaté une fréquence des inondations du site de la canne à sucre comparativement aux dernières années.

35

Ainsi, 25% des populations enquêtées ont affirmé que depuis 2001 ce site n'a connu une telle ampleur alors que 11,6% disent que depuis 1986 ce site n'a connu une telle ampleur et que les surfaces affectées par ces inondations fréquentes, sont de plus en plus grandes.

Selon un exploitant, Cette inondation due aux grosses pluies de ces dernières années vient dévaster la canne avant la maturation. Cette situation est aggravée par la remontée de la nappe phréatique pendant la saison froide appelée « baja » dans le langage local dont l'une des conséquences est le rabougrissement des jeunes plants de la canne ou le submergement des sites marécageux, les rendant difficile pour toute mise en valeur agricole.

Photo 10: Plant de la canne à sucre inondé à Doungou Cliché : I. Anass (2015)

3.5. Analyse des données climatiques

A défaut des données climatiques nécessaires au niveau de la Commune Rurale de Doungou, les données utilisées pour la pluviométrie sont celles du poste pluviométrique de Matameye, situé à 16 km de la zone d'étude et pour les températures celles de la station synoptique de Magaria, située à environ 70 km de la zone d'étude.

3.5.1. La pluviométrie

Pour déterminer le caractère humide ou sec des années, l'indice de standardisation d'anomalies selon la méthode de Lamb (1983) a été utilisé. Cet indice I est calculé de la manière suivante.

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Xi = observation pour l'année i ; X = moyenne des observations sur la période retenue et ? = écart type correspondant.

Figure 6: Evolution interannuelle des cumuls pluviométriques selon la méthode de Lamb (1983), de 1981 à 2015 à Matamèye (DMN, 2016)

Le calcul de l'indice pluviométrique standardisé à partir de la série pluviométrique enregistrée de 1981 à 2014 au niveau de poste pluviométrique de Matameye, montre deux périodes climatiques différentes connues par la zone d'étude pour l'espace de 35 ans (fig. 6) :

? une période moins humide qui va de 1981 à 1992 : Cette phase montre un déficit pluviométrique qui s'accentue à partir de 1984. L'année 1984 correspond à l'année à partir de laquelle on note une tendance générale à la baisse dans la série pluviométrique. La pluviométrie minimale au cours de cette période est de 246,6 mm et correspond à l'année 1987.

? une période humide qui va de 1993 à 2012 : au cours de cette phase, on constate que les années sont relativement humides, donc on assiste à un retour aux conditions climatiques plus humides comme c'est le cas des stations synoptiques de Magaria et de Zinder (WAZIRI MATO et al, 2012). La pluviométrie maximale au cours de cette période est de 742,4 mm et correspond à l'année 2001. La moyenne pluviométrique calculée pour la période 1981-1992 (période moins humide) est de 418,15 mm/an,

37

alors que la moyenne 1993-2012 (période humide) est de 538,27 mm/an. On note, une augmentation de 120,12 mm de la pluie entre les périodes 1981-1992 et 1993-2014. Cette augmentation de la moyenne annuelle confirme les travaux d'AMOUKOU (2009) qui parle d'une légère hausse du cumul des précipitations à l'horizon 20202049 pour le Niger.

3.5.2. Les températures

L'analyse des séries des données des températures maximales et minimales de 1985 à 2014 de la station de Magaria, montre une tendance à la hausse dans les deux séries des données (Tmax et Tmin). Pour la série des données des températures maximales, l'année de rupture correspond à 2005, avec une augmentation de 0,4°C entre 1985-2004 (avant rupture), et 20052014 (après rupture), (fig. 7. a). Pour la série des données de températures minimales, c'est l'année 2005 qui correspond à l'année de rupture, à partir de laquelle une augmentation de 0,72°C est observée entre 1985-2004 (avant rupture) et 2005-2014 (après rupture), (fig. 7. b).

T°C max Moy mobile(5ans) Tendance

a)

1,5

1

0,5

0

-0,5

-1

-1,5

Ecarts à la moyenne

1985 1990 1995 2000 2005 2010

Années

T°C min Moy mobile(5ans) Tendance

c)

1985 1990 1995 2000 2005 2010

Années

1

0,5

Ecart à la moyenne

0

-0,5

-1

-1,5

-2

-2,5

38

Figure 7 : Evolution interannuelle des écarts à la moyenne des températures maximales (a) et minimales (b) de Magaria sur la série 1985 à 2014 (DMN, 2016).

Figure 7: Evolution interannuelles des écarts à la moyenne des températures maximales (a) et minimales (b) de Magaria sur la série 1985 à 2014 (DMN, 2016)

La moyenne 1985-2004 calculée dans la série des données des températures maximales est de 35, 23° C, alors que la moyenne 2005-2014, est de 36, 22°C soit une augmentation d'environ

39

1°C. Ceci est très proche des résultats de GIEC (2007) qui prévoient une augmentation de la température de 1 à 1, 5° à l'horizon 2025 pour les pays de l'Afrique subsaharienne.

Pour la série de données des températures minimales, la moyenne 1985-2004 est de 18, 79°C, alors que la moyenne 2005-2014 est de 19, 35°C, soit une hausse de 0, 72°C. Ces résultats corroborent les travaux de BATIONNON (2009) qui parlent d'une augmentation de la température mondiale de 0, 73° en un siècle.

Conclusion partielle

Dans la zone d'étude, l'ensemble des enquêtés affirment que ces dernières années la saison de pluie s'installe en retard et la quantité des précipitations tombée varie d'une année à une autre. La saison des pluies est aussi perturbée par des séquences sèches de plus de 10 jours comme en témoignent 97,7% des enquêtés. Ainsi, 46,6% des personnes interrogées attribuent cette perturbation au changement de temps tandis que 91,7% des exploitants perçoivent une augmentation globale des températures actuelles comparées à celles des dernières années.

En outre, l'analyse des données pluviométriques de 1981 à 2015 de la zone d'étude montre deux périodes climatiques différentes : une période moins humide caractérisée par un déficit pluviométrique, et une période humide où on assiste à un retour aux conditions climatiques plus humides. L'analyse des séries des données des températures maximales et minimales de 1985 à 2014, montre une tendance à la hausse dans les deux séries des données. Cette variation des différentes variables climatiques a un impact sur la culture de la canne à sucre.

40

Chapitre IV : Impact du changement climatique sur la culture de la canne à sucre et les stratégies d'adaptation paysanne

Dans ce chapitre sont analysés l'impact du changement climatique sur la culture de la canne à sucre ainsi que les stratégies d'adaptation paysanne.

4.1. Impact du changement climatique sur la culture de la canne à sucre

Cette partie aborde d'abord l'analyse cartographique de l'évolution spatiale de la zone d'étude avant d'identifier les différents impacts du changement climatique sur la culture de la canne à sucre.

4.1.1. Analyse cartographique de l'évolution spatiale

L'analyse de l'évolution spatiale de la zone d'étude à partir des images satellitales Landsat de 1986 et 2015 a permis de spatialiser les unités d'occupation du sol suivantes : la vallée de la Korama, la zone des cultures pluviales continues, les sols nus, la zone des cultures pluviales sous parc arboré, les cuvettes oasiennes et les occupations humaines (routes, village). Les cartes qui en découlent mettent en évidence les changements intervenus dans la zone entre les deux périodes de référence (fig. 8 et 9).

Sur le plan spatial, l'analyse des figures 8 et 9 montre une diminution globale de la densité de la végétation et des sols nus et une augmentation de la zone des cultures pluviales. Ainsi, les cultures pluviales sous parc arboré assez boisées en 1986 sont devenues très peu boisées en 2015. Ces dernières ont donc perdu en superficie tandis que les cultures pluviales continues en ont gagné. La vallée de la Korama assez large et disposant d'un seul bras en 1986, s'est rétrécit d'avantage et subdivisée en deux (2) bras en 2015, laissant ainsi une bonne partie de sa superficie aux cultures pluviales continues. Les cuvettes oasiennes se trouvant du côté sud-ouest de la Korama ont disparu et celles situées du côté sud ont augmenté de taille et de nombre en 2015. Enfin, le village de Doungou qui se limite à la bordure nord de la Korama en 1986 a augmenté de taille jusqu'à déborder totalement cette vallée en 2015.

41

Figure 8: Occupation du sol dans la zone d'étude en 1986

42

Figure 9: Occupation du sol dans la zone d'étude en 2015

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Globalement, les changements ont affecté toutes les différentes unités d'occupations du sol soit à travers un regain ou une perte des superficies (Tableau 3). Cependant, dans la présente étude c'est surtout les changements qui ont touché les zones de production de la canne à sucre à savoir la Korama et les cuvettes oasiennes qui feront l'objet d'une analyse.

En effet, ces deux unités ont connu un changement dans leurs superficies durant les périodes 1986 et 2015 : la Korama qui en 1986 occupait 1191 hectares soit 6% de la superficie globale a perdu 392 hectares pour ne compter que 799 hectares en 2015, soit environ 4% de la superficie globale tandis que les cuvettes oasiennes qui ne comptaient que 86 hectares en 1986 soit environ 0,5% de la superficie globale ont plus que doublé leur superficie en 2015 pour atteindre 218 hectares, soit environ 1% de la superficie globale (tableau 3).

Cette perte de superficie de la Korama pourrait s'expliquer d'abord par la détérioration des conditions climatiques par rapport aux temps passés (déficit pluviométrique, forte chaleur, vents violents) qui a entrainé une baisse de la nappe phréatique, mais aussi et surtout par l'érosion éolienne qui a occasionné l'ensablement de cette dernière. Ces deux phénomènes climatiques combinés à la forte pression anthropique sur la terre, qui est estimée en 2016 à hauteur de 75,77% pour l'ensemble du département (DDA/Matamèye, 2016), ont transformé une grande partie de la Korama en zone des cultures pluviales car dans la zone d'étude, les cultures irriguées en particulier celle de la canne à sucre ne peut se faire que sur un sol argilo-limoneux très humide (Tabo).

Par contre, le regain des superficies des cuvettes pourrait être dû à un retour des conditions climatiques plus humides ces dernières années qui ont conduit à une remontée de la nappe phréatique dans ces cuvettes jadis abandonnées. Ensuite ces cuvettes à texture sablo-argileux répondent bien à la culture des légumes en occurrence le poivron qui de nos jours fait la fierté des populations à travers les revenus qu'il génère : d'où un grand engouement autour de leur mise en valeur.

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Unités

 

Etat en 1986

Etat en 2015

Régression à la superficie occupée en 1986

Progression à la superficie occupée en 1986

 

ha

%

ha

%

ha

%

ha

%

Korama

1191

6

799

4

-392

-2

 
 

CPC

5005

26

16208

85

 
 

11203

58

Sols nus

1187

6

439

2

-748

- 4

 
 

CPSPA

11611

61

1355

7

-10256

-54

 
 

Cuvettes

86

0,5

218

1

 
 

132

1

Village

79

0,5

140

1

 
 

61

0,5

Total

19159

100%

19159

100%

 
 
 
 

Tableau 3: Récapitulatif des superficies en hectare des types d'occupation du sol de 1986 et 2015 (I. Anass, 2015)

4.1.2. Impact sur les ressources en eau.

« Doungou'N Ruwan Dan Toka » autrement dit le village de Doungou a été jadis crée à la bordure d'un cours d'eau du nom de « Dan Toka » qui n'est rien d'autre que la vallée de la Korama qui à l'époque a un écoulement permanent et regorge aussi d'énorme quantité d'eau. Suite aux actions humaines non concertées (barrage de Dan Bata), et surtout les effets combinés du changement climatique (faiblesse des précipitations, fortes chaleurs, ensablement), la Korama est transformée en un cours d'eau temporaire. Aujourd'hui, cette vallée est réduite à une multitude de mares sur son parcours. Ces cours d'eau sont gravement menacés par l'assèchement, cela se manifeste sur le terrain par l'augmentation de nombre des cuvettes asséchées et la baisse du niveau piézométrique de la nappe phréatique (HAROU, 2012).

Ce phénomène est aussi constaté par 81,7% des enquêtés qui témoignent que ces dernières années les ressources en eau sont insuffisantes pour l'activité de la canne à sucre car, la Korama ne contenait plus l'eau comme au bon vieux temps c'est-à-dire il y'a de cela plus de 30 ans. Cette insuffisance de l'eau dans les sites de la culture de la canne à sucre, explique un vieux exploitant se justifie d'une part par la fréquence élevée d'arrosage de la canne à sucre par rapport au temps vécu de leur jeunesse, le tarissement des puits traditionnels mais aussi et surtout par l'utilisation impérative des forages et motopompes partout dans les sites des cultures irriguées dus à la profondeur de la nappe phréatique dont le niveau statique dans la vallée peut atteindre 10 mètres (PDC, 2012).

45

Cette insuffisance des ressources en eau peut aussi s'expliquer par la disparition ou la transformation de certaines cuvettes jadis productrices de la canne à sucre en champs des cultures pluviales.

4.1.3. Impact sur la production

L'analyse de la courbe de l'évolution de la production annuelle de la canne à sucre pour l'ensemble du département de Kantché montre une baisse récurrente de la production de la canne à sucre. En effet, cette dernière est beaucoup plus marquée au cours des périodes suivantes : 2005, 2010 et 2012 (fig. 10). Ces trois périodes correspondent aux années où la pluviométrie a été très abondante. Les précipitations enregistrées au cours de ces années sont respectivement 597mm, 657mm et 622mm. Ces dernières sont largement supérieures à la moyenne qui tourne autour de 497mm dans la zone. Cette abondance des précipitations au cours de ces trois périodes, occasionne des grandes inondations récurrentes sur les sites de la production à texture argilo-limoneuse hydromorphe, avec comme conséquence des nombreuses pertes des cultures de la canne à sucre suite à une asphyxie sévère.

Par ailleurs on constate également une légère hausse de la production de la canne à sucre en 2014. Cette dernière pourrait s'expliquer dans une large mesure par une pluviométrie moyenne (502mm qui n'est pas loin de la moyenne de la zone), permettant ainsi à la canne à sucre de terminer son cycle végétatif sans stress hydrique ni inondation.

120000

100000

20000

0

2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016

Années

Production en tonne

80000

60000

40000

Figure 10: Evolution de la production annuelle en tonne de la canne à sucre de 2002 à 2014 (DDA/Matamèye, 2015)

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Cette baisse récurrente de la production de la canne à sucre concorde bien avec les constats des populations. Selon les résultats de nos enquêtes, 80% des exploitants ont constaté une baisse de la production de la canne à sucre ces dernières années.

Ainsi, 56% de ces derniers attribuent d'abord cette baisse de production au démarrage tardif de la saison des pluies et à la fin précoce de cette dernière. En effet, à la montaison (Mai, Juin), période où la canne à sucre a plus besoin d'eau, la pluie ne tombe pas ce qui crée un déficit hydrique à cette plante (photo 11. a). Ce manque d'eau empêche alors la canne de grandir pour donner des longs entre-noeuds avec beaucoup de jus. De plus, quand la pluie s'installe, elle prend fin généralement au cours de mois de septembre, période par excellence de la maturité de la canne à sucre. Cette perturbation du cycle végétatif de la canne à sucre liée au dérèglement de la saison de pluie conduit à la production de canne avec de petits entre-noeuds et moins sucrée appelée « gounji » ou canne courte (photo 11.b). Ensuite 20% des exploitants expliquent que dans certains sites notamment les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses du mois d'août qui submergent et dévastent par la suite la plantation de la canne à sucre (photo 11. c). Ce qui oblige les paysans à une récolte précoce où à l'abandon total de son champ. Par contre 12% des exploitants associent cette baisse de la production à la baisse des précipitations.

Par ailleurs, certains exploitants (10%) attribuent la baisse de la production à la forte chaleur surtout du mois de Mai et Juin qui crée un déficit hydrique aux jeunes plants de la canne à sucre se trouvant surtout à la périphérie du jardin, où l'humidité du sol est très faible. Enfin, 2% seulement des exploitants affirment que la baisse de la production est liée aux vents violents de la saison froide qui viennent déshydrater ou écraser la canne à sucre en pleine maturité (fig. 11).

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Figure 11: Perception paysanne sur la baisse de la production de la canne à sucre

Photo 11: a. b. c.

Cliché : I. Anass (2015).

a. Canne à sucre en montaison dévastée par un déficit hydrique,

b. Taille de la canne à sucre suite à l'arrêt précoce de pluie,

c. Champ de canne à sucre inondé.

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4.1.4. Impact sur les surfaces cultivables

Dans les années 1970, l'organisation des cultures comme le témoigne un vieil exploitant s'établit en fonction de l'humidité du milieu. Ainsi, le jardin est subdivisé en trois (3) parties distinctes de l'amont à l'avale :

La périphérie du jardin où le sol est plus ou moins sec, réservée aux cultures irriguées avec arrosage complémentaire, la partie centrale où le sol est très humide, réservée aux cultures irriguées sans arrosage complémentaire et enfin la zone du bas fond ou zone inondable qui est caractérisée par l'affleurement de la nappe phréatique .Cette partie est réservée uniquement aux plantes les plus exigeantes en eau ou celles qui supportent d'avantage de l'humidité. Dans certains sites cette partie est même abandonnée à cause de son état très marécageux.

Aujourd'hui, avec le changement climatique et ses corollaires en occurrence la faiblesse des précipitations et surtout la baisse drastique de la nappe phréatique, l'organisation des cultures se présente de la manière suivante :

La périphérie du jardin est catégoriquement réduite en champs des cultures pluviales comme le dit un paysan : « kwari babu raba gona ne » autrement dit un jardin sans humidité n'est qu'un simple champ.

La partie centrale jadis réservée aux cultures irriguées sans arrosage complémentaire est maintenant transformée en une zone des cultures avec arrosage complémentaire et enfin la zone du bas fond où la nappe phréatique est affleurant est aujourd'hui réservée aux cultures irriguées avec une faible fréquence d'arrosage complémentaire.

Autrement dit on assiste de nos jours à un déplacement du jardin de la périphérie vers la partie centrale du fait de l'absence de l'humidité.

4.1.5. Disparition de certaines variétés de la canne à sucre

Bien avant l'arrivée de la canne violette dans la commune, les exploitants cultivaient plusieurs variétés de canne à sucre au niveau local il s'agit de:

? « Farar Kara » ou canne de couleur blanchâtre : c'est la première espèce cultivée dans la commune. C'est une canne très sucrée mais beaucoup plus exigeante en eau et dont la morphologie (taille et diamètre) n'atteint pas celle de la canne violette (photo 12. a),

? « Kara » ou canne de couleur verte qui est un peu plus grosse que la précédente mais a la même exigence en eau que cette dernière. Elle se distingue de celle-ci surtout par la couleur (photo 12. b),

? « Va TAMBU » qui est une canne de même couleur que « kantoma » (violette) mais se distingue surtout par sa morphologie car son diamètre est trop petit, ne dépassant guère 3 cm (photo 12. c).

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Photo 12 : Variétés disparues : a. « Farar Kara » b: « Kara » c: « Va Tambu »

Cliché: I. Anass (2015)

De nos jours surtout avec le phénomène du changement climatique et ses corollaires en particulier la baisse de la nappe phréatique, ces trois différentes variétés locales de la canne à sucre ont disparu pour ne laisser que le « kantoma » ou canne violette qui est aujourd'hui la seule espèce cultivée dans la commune comme en témoignent 93,33% des exploitants.

Ceci s'explique par le fait que cette dernière est moins exigeante en eau que les autres variétés mais aussi pour des raisons économiques car « kantoma » est plus demandée sur le marché. 4.1.6. Abandon progressif de la culture de la canne à sucre

Pas d'eau pas de culture de la canne à sucre, trop d'eau perte de culture de la canne à sucre. Pour résoudre cette équation liée au changement climatique notamment les sécheresses et les inondations récurrentes, les producteurs de la Commune Rurale de Doungou procèdent au remplacement de la canne à sucre par d'autres espèces qui s'adaptent au contexte actuel du changement climatique. C'est ainsi que 82% des exploitants ont compris la nécessité de remplacer la canne à sucre qui est une plante très exigeante en eau et à cycle végétatif très long par rapport à d'autres spéculations, au profit surtout du poivron et de la pomme de terre. 4.1.6.1. Culture du poivron

Introduite très récemment dans la commune, la culture du poivron appelée « gwari » dans le langage locale, prend de plus en plus de l'ampleur dans cette cuvette (photo 13. a). Cette activité est surtout réservée aux jeunes exploitants dont 62% affirment qu'ils ont abandonné la culture de la canne au profit de cette activité. Les raisons évoquées par ces jeunes exploitants est que le bas-fond jadis très humide et endroit par excellence à la culture de la canne à sucre devient de plus en plus sec et ne répond plus à cette activité. C'est pourquoi ils mettent en valeur la périphérie de leur jardin sur un sol sablo-limoneux pour cultiver le poivron. La

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culture du poivron est non seulement moins pénible mais aussi moins longue (3 mois) que celle de la canne à sucre. De plus la culture du poivron constitue une véritable activité génératrice de revenu de la population. De nos jours c'est plutôt le poivron qui fait la fierté de plusieurs ménages à Doungou, car il est plus cher que la canne à sucre ces dernières années. Le prix de sac de 25 kg varie entre 25.000F et 30.000F selon la période alors que le fagot de canne ne dépasse guère 7000F.

4.1.6.2. Culture de la pomme de terre

Jadis considérée comme friandises « Kayan marmari », la pomme de terre est aujourd'hui insérée dans la ration alimentaire du paysan de Doungou. C'est pourquoi 20% des exploitants affirment que cette activité est de nos jours beaucoup plus rentable que la culture de la canne à sucre (photo 13. b). La culture de pomme de terre a été vulgarisée dans la commune grâce à l'intervention du projet petite irrigation (PPI/Ruwan Mu) dans le cadre de l'initiative 3N (les Nigériens Nourrissent les Nigériens).

Ce projet a mis à la disposition des paysans 5750 kg de pomme de terre, 234 groupes motopompes et 132 forages maraichers au tuyau PVC et 120080g des semences potagères (oignon, chou et poivron). Par contre, 18% des exploitants témoignent que : « Rake gangan jiki ne » autrement dit la canne à sucre constitue la charpente du jardin, aucune plante ne peut la remplacer. Mais, c'est généralement les exploitants âgés qui ont cet esprit conservateur et dont l'activité cannière est très nostalgique, rêvant ainsi du bon vieux temps où la canne à sucre était « reine » des cultures dans la zone (fig. 12).

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Figure 12: Appréciation paysanne sur l'abandon de la culture de la canne à sucre

Photo 13: a. Culture de poivron à Doungou b. Culture de pomme de terre à Doungou

Cliché : I. Anass (2015)

4.2 Stratégies d'adaptation paysanne au changement climatique

Afin d'optimiser et de maintenir leur production à un niveau satisfaisant dans le contexte actuel du changement climatique, les producteurs de la commune rurale de Doungou font recours à diverses stratégies d'adaptation. Ces dernières sont étudiées en vue d'apprécier leur efficacité et la durabilité de leur mise en oeuvre dans la lutte contre le changement climatique.

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4.2.1. Association

De nos jours les paysans abandonnent progressivement la monoculture au profit de l'association. Ainsi, dans la cuvette de Doungou, la canne à sucre est surtout cultivée en association avec la courge (photo 14. a), de l'oignon (photo 14. b) et de la tomate qui sont des espèces répondant aux mêmes conditions climatiques et édaphiques que la canne à sucre. Les raisons évoquées par les exploitants sont que l'association permet d'économiser non seulement le temps et l'énergie mais aussi et surtout de faire une utilisation rationnelle de l'eau car cette dernière permet d'éviter un double arrosage (arroser la canne, et arroser les plantes associées), surtout avec les puits traditionnels qui tarissent vite. Elle permet aussi de minimiser le risque lié à la mauvaise récolte de la canne à sucre ces dernières années imputable au phénomène du changement climatique. Mais, l'association présente des limites dans la mesure où la canne à sucre ne peut se produire que sur un sol argilo-limoneux très humide (Tabo), elle ne peut donc être associée avec n'importe qu'elle plante surtout celles qui se cultivent sur un sol léger tels que le poivron, la pomme de terre, qui de nos jours génèrent beaucoup de revenu à la population.

Photo 14: a . Canne associée avec la courge b . Un paysan associe la canne avec l'oignon Cliché : I. Anass (2015)

4.2.2. Irrigation de complément

La canne à sucre exige beaucoup plus d'humidité (OUMAROU, 2012).Mais suite aux irrégularités de la pluviométrie et à la forte chaleur qui viennent handicaper cette activité surtout ces dernières années, les producteurs procèdent à l'irrigation de complément qui consiste à augmenter la fréquence d'arrosage surtout pendant la saison sèche et chaude. Cette

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fréquence varie en fonction de l'humidité du site. C'est ainsi que dans les sites de Doungou Haoussa et de Garin Gao, cette fréquence est d'une fois chaque deux (2) jour tandis qu'à Kabori où la nappe phréatique est affleurant cette fréquence est de deux (2) fois par semaine au maximum. Mais ces derniers temps, cette opération est perturbée par le tarissement des puits traditionnels surtout pendant la période de forte chaleur.

4.2.3. Stratégies d'adaptation contre les inondations

Pour faire face aux inondations récurrentes liées aux averses ou à l'intensité des précipitations de ces dernières années, les exploitants ont développé un certain nombre d'ouvrages au niveau local.

4.2.3.1. Remblayage

Appelé « Konkon » dans le langage local, le remblayage est une technique qui consiste à enlever du sable de l'amont de la vallée pour le mettre dans le bas-fond inondable par l'eau de pluie et de la nappe phréatique. Cette technique se fait avant la plantation et a un double avantage. Elle permet non seulement de récupérer les terres submergées du bas-fond (photo 15. a), mais aussi de récupérer l'amont du jardin envahit par l'érosion éolienne et hydrique (photo 15. b). Cependant, cette technique risquerait d'ensabler d'avantage le bas-fond et à long terme compromettre cette activité.

Photo 15: a. Remblayage du bas-fond à Kabori b. Récupération de terre en amont de la cuvette.

Cliché : I. Anass (2015)

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4.2. 3 .2. Diguette

C'est une petite digue en terre que les exploitants construisent afin d'éviter que les eaux (de pluie ou de la nappe phréatique) ne dévastent leurs cultures. La diguette est généralement construite juste après la plantation ou au cours du premier labour et ses dimensions varient selon la nature du site. Autrement dit plus le site est inondable, plus la diguette et beaucoup plus grande et plus élevée (photo 16).

Photo 16: Diguette à Doungou Cliché : I. Anass (2015)

4.2.3.3. Buttage

Le buttage ou « Tougouhwa », est une technique qui consiste à surélever de terre autour du pied de la canne à sucre dans le but de la protéger contre les inondations et l'action du vent (photo 17). Contrairement au remblayage, le buttage s'effectue trois (3) à quatre (4) mois après la plantation plus précisément au cours de la période de montaison et avant l'installation de la saison hivernale. Mais suite à l'intensité de la pluie, le buttage devient très compact, ce qui rend le sol très dur pour la prochaine mise en valeur.

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Photo 17: Buttage à Kabori Cliché : I. Anass (2015)

4.2.4. Proposition des stratégies efficaces d'adaptation au changement climatique

Pour un développement durable de cette activité mais aussi le renforcement de la résilience de la cuvette, des options d'adaptation plus efficaces ont été identifiées. Elles sont répertoriées dans le tableau 4.

Risques climatiques identifiés

Variables impactées et stratégies d'adaptation

Canne à sucre

Ressource en eau

Sol

Baisse des précipitations

- utilisation des variétés résistantes à la sécheresse et au déficit hydrique

- vulgarisation de la télé- irrigation

- mise en place des techniques durables d'irrigation (puits- forages barrages, motopompes, etc.)

- prières divines

- mise en oeuvre des

techniques de conservation des eaux

- utilisation rationnelle de l'eau

- vulgarisation des techniques de récupération des terres

- vulgarisation des techniques de maintien du couvert végétal du sol

Vents violents

- mise en place des haies vives, billonnages

- redressement des plants

- promotion du cordon rupicole afin de protéger la cuvette contre l'assèchement dû à l'érosion éolienne

- promotion de la RNA et de l'agroforesterie

- vulgarisation des techniques du maintien du couvert végétale du

 
 
 

sol

Démarrage tardif de la saison des pluies

- utilisation des variétés précoces

- large diffusion des informations hydro climatiques au moment opportun

- large diffusion des bulletins décadaires d'assistance météorologiques

- adaptation d'un calendrier cultural : ajustement entre le cycle productif et le régime pluviométrique

- prières divines

- utilisation rationnelle du stock d'eau disponible

- fonçage des puits et des forages

- utilisation des techniques de conservation de l'humidité du sol

Raccourcissement de la saison des pluies

- mise en place des techniques durables d'irrigation

- mise en place des variétés améliorées à cycle court

- prières divines

- utilisation rationnelle des stocks d'eau disponible

- fonçage des puits et des forages

- utilisation des techniques de conservation de l'humidité du sol

Hausse des températures

- utilisation des variétés résistantes au stress thermique

- paillage

- irrigation de complément

- utilisation rationnelle des stocks d'eau disponible

- vulgarisation des techniques de réduction de la température du sol et de l'évaporation

- promotion de l'agroforesterie

Inondations

- mise en oeuvre des systèmes de protection et d'évacuation de l'excès d'eau des cultures

- mise en oeuvre des systèmes de drainage et techniques de gestion de ruissellement d'eau

- mise en oeuvre des techniques de récupération des terres inondées.

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Tableau 4: Stratégies d'adaptation efficaces au changement climatique

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Conclusion partielle

L'analyse de l'évolution spatiale de la zone d'étude à travers des images satellitales montre que le changement climatique a touché toutes les zones de production de la canne à sucre (Korama, cuvettes oasiennes). Ce dernier se manifeste par l'assèchement de la Korama, la baisse de la nappe phréatique et la transformation de certaines cuvettes en champs des cultures pluviales. Cette baisse de la nappe phréatique conduit également à la disparition de certaines variétés de la canne à sucre, voire l'abandon progressif de cette plante très exigeante en eau au profit de certaines espèces plus adaptables au contexte climatique actuel. Cependant, pour atténuer les effets négatifs de ce phénomène sur l'activité cannière, les producteurs locaux ont développé des stratégies d'adaptation mais ces dernières présentent des limites. C'est pourquoi, des stratégies d'adaptation efficace ont été proposées pour un développement durable de cette activité mais aussi le renforcement de la résilience de la cuvette.

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Chapitre V : Résultats et Discussion

La culture de la canne à sucre est une activité qui requiert une force physique très intense, c'est ce qui fait d'elle une activité exclusivement masculine. Ce constat ressort de l'étude de ADAMOU (2013) où il affirme que 100% des exploitants sont des hommes dont 64,5% ont un âge compris entre 30 et 60 ans, et celle de Harou (2012) qui dit que seuls les hommes pratiquent la culture de contre saison et que 65% des exploitants ont moins 45 ans. Ces derniers sont similaires à nos résultats qui montrent que 100% des producteurs sont de sexe masculin et que 53% ont un âge compris entre 25 et 39ans. Ceci s'explique par le fait que la culture de la canne à sucre a une exigence énergétique.

Poursuivant son analyse ADAMOU (2013) montre que 42% des exploitants ont chacun un ménage composé de 5 à 10 personnes, ce qui est inférieur aux résultats de OUMAROU (2012) qui montrent que 19 chefs de ménages, soit 48% de l'échantillon sont polygames et ont chacun plus de 10 membres par ménage mais qui est similaire à nos résultats qui révèlent que 44% des producteurs enquêtés ont 6 à 10 personnes à charge.

Quant à l'accès à la terre, ADAMOU (2013) a trouvé les modes suivants : héritage 60%, prêt 13,13%, achat 13,33%, gage 13,13% et HAROU (2012) a trouvé : héritage 40%, achat 20%, prêt 15%, location 10%, don 7,5% et gage 7,5%. Ces derniers sont loin de nos résultats qui révèlent : héritage 70% , achat 25%, don 2 %, prêt 1%, location 1%, et gage 1%. On constate que contrairement à ces derniers, certains modes d'accès à la terre ont tendance à disparaitre du fait de la forte densité de la population dans la zone d'étude au point où : « posséder un jardin n'est pas l'apanage de tout paysan même étant autochtone ». Par contre, nos résultats se rapprochent de ceux de OUMAROU (2012) qui trouve : héritage 87% et 13% pour location avec une absence de certains modes d'accès à la terre du fait de la richesse qu'on amasse autour de la production de la canne à sucre qui a rendu les propriétaires fonciers de plus en plus individualistes au point où certaines formes d'accès à la terre ont disparus.

Concernant la main d'oeuvre, ADAMOU (2013) dit que 75,55% des paysans utilisent la main d'oeuvre familiale alors que 24,45% des exploitants font recours aux salariés et que l'entre aide n'est pas encore développée . Ceci se rapproche de nos résultats qui montrent que cette main d'oeuvre est à 85% familiale, 13,5% salariale et 1,5 % de l'entre aide. On constate alors une faiblesse voire une absence de l'entre aide ce qui veut dire que pour produire la canne à sucre, il faut disposer d'un capital humain où des moyens financiers.

Parlant du changement climatique, l'analyse de la pluviométrie dans la zone d'étude de 1981 à 2014, montre deux périodes climatiques distinctes : une période moins humide qui va de

59

1981 à 1992 marquée par un déficit pluviométrique et une période humide qui va de1993 à 2012 où on assiste à un retour aux conditions climatiques plus humides.

Ces résultats sont en harmonie avec les conclusions de WAZIRI MATO et al (2012) qui constatent une alternance d'années humides et sèches pour la station de Magaria et qu'à partir de 1998, les années sont relativement humides donc on assiste à un retour aux conditions climatiques plus humides. Par contre, ABDOU BOKO (2014) et MALAM ABDOU (2014) ont fait ressortir une tendance des pluies en baisse à la station de Zinder mais elle n'est pas significative.

L'analyse des données des températures dans la zone d'étude montre une augmentation des températures moyennes d'environ 1°C. Ceci est très proche des résultats de GIEC (2007) qui prévoient une augmentation de la température de 1 à 1,5° à l'horizon 2025 pour le pays de l'Afrique subsaharienne. Pour la série des données des températures minimales, cette augmentation est de 0,72°C. Ceci corrobore les travaux de BATIONNON (2009) qui parle d'une augmentation de la température mondiale de 0,73° en un siècle. Cette augmentation de la température dans la zone d'étude est confirmée par 91,5% des exploitants qui relatent qu'ils ont perçu une augmentation globale des températures actuelles, comparées à celles des dernières années.

Sur l'intensité du vent, 91,33% des paysans interrogés affirment que pendant la saison des pluies, le vent cause en général plus des dommages sur la végétation, en particulier sur la canne à sucre qui fait la spécificité de la zone d'étude. Cette perception s'explique par le fait que pendant la saison pluvieuse, les vents forts proviennent du passage plus fréquent des phénomènes orageux. . Cette analyse concorde bien avec celle des exploitants du site des cultures irriguées de Wacha sur le régime des vents, qui fait ressortir deux périodes pendant l'année. Au cours de ces périodes, les vents se démarquent par leurs intensités et par les dégâts qu'ils engendrent sur le milieu naturel (WAZIRI MATO et al, 2012).

Par rapport aux impacts du changement climatique, nos résultats ont fait ressortir les principaux impacts suivants : la baisse de la nappe phréatique, la baisse de la production, la disparition de certaines variétés de la canne à sucre voire l'abandon progressif de l'activité cannière. La baisse de la production de la canne à sucre s'explique d'abord par le démarrage tardif et l'arrêt précoce de la saison des pluies qui viennent perturber le cycle végétatif de la canne à sucre. Ensuite, dans certains sites notamment dans les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses du mois d'août qui submergent et dévastent par la suite la plantation de la canne à sucre. Ces résultats sont similaires aux constats de WAZIRI MATO et al (2012) qui relatent que l'ensemble des exploitants enquêtés attestent que le phénomène de l'inondation

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frappe assez souvent la partie la plus fertile, donc l'auréole centrale du bas-fond. Dans certains cas, elle empêche carrément la mise en valeur de cet espace en raison des difficultés liées à la préparation des parcelles et de l'abondance de l'eau. Nos résultats se rapprochent également des travaux d'AMOUKOU (2009), qui montrent une augmentation de la fréquence des mauvaises récoltes car, poursuit-il, pour les paysans, « il n'y'a que d'années déficitaires dans le terroir ».

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Conclusion générale

La cuvette de Doungou est caractérisée par un sol à texture argilo-limoneuse hydromorphe communément appelé « Tabo », très riche en matières organiques et en ressource en eau souterraine. La nappe phréatique ne dépasse guère 10 mètres, ce qui constitue un endroit par excellence de la production de la canne à sucre. Mais, ces dernières années le changement climatique et ses corollaires tendent à compromettre cette activité qui fait la spécificité de la commune.

Le but de cette étude est d'analyser la perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre ainsi que les stratégies d'adaptation développées par les paysans, afin de proposer d'autres plus efficaces pour réduire les effets négatifs du changement climatique sur cette activité.

En effet, dans la Commune Rurale de Doungou, la culture de la canne à sucre est pratiquée par des chefs de ménage dont l'âge varie entre 25 et 70 ans. La taille du ménage est généralement de 5 à plus de 21 membres. L'acquisition de terre se fait à 70% par héritage et la main d'oeuvre agricole est essentiellement familiale à hauteur de 85%.

Dans le terroir de notre étude, l'ensemble des personnes enquêtés affirment que ces dernières décennies, la saison des pluies s'installe en retard et quand elle s'installe elle ne dure qu'au maximum trois (3) mois (juillet, août, septembre) avec des quantités des pluies variables d'une année à une autre.

Par ailleurs, 91,5% des exploitants perçoivent une augmentation globale des températures actuelles comparées aux années antérieures. Quant au régime des vents, les exploitants affirment que c'est surtout en début de la saison des pluies (période de montaison de la canne à sucre) et pendant la saison sèche froide (période de maturation) que l'activité des vents est plus violente et intense ces dernières années.

L'analyse cartographique de la dynamique de l'occupation des sols montre que globalement toutes les unités d'occupation du sol ont subi un changement entre périodes 1986 et 2015, mais la zone de la production de la canne à sucre (Korama et cuvettes oasiennes) ont subi une dynamique contraire. La Korama qui occupait 1191 hectares soit 6% de la superficie globale en 1986, a perdu 392 hectares pour ne compter que 799 hectares en 2015, soit environ 4% de la superficie globale tandis que les cuvettes oasiennes qui ne comptaient que 86 hectares en 1986 soit environ 0,5% de la superficie globale ont plus que doublé leur superficie en 2015 pour atteindre 218 hectares, soit environ 1% de la superficie globale.

En effet, cela confirme la première hypothèse à savoir « le changement climatique est réel dans la zone et qu'il est perçu par la population à travers certains indicateurs ».

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L'analyse de la production annuelle en tonne de la canne à sucre de 2004 à 2014 pour l'ensemble du Département de Kantché, montre une baisse récurrente de la production de la canne à sucre qui est beaucoup plus marquée au cours des années 2005, 2010 et 2012. En effet, cette baisse de la production de la canne à sucre est aussi constatée par 80% des exploitants. Cependant, 56% de ces derniers attribuent d'abord cette baisse de production au dérèglement de la saison des pluies. En effet, à la montaison (mai, juin), période à laquelle la canne à sucre a plus besoin d'eau, les précipitations se font rares conduisant du coup un déficit hydrique à la plante. De plus, quand la pluie tombe, elle prend fin généralement au cours du mois de septembre, période par excellence de la maturité de la canne à sucre. Cette perturbation du cycle végétatif de la canne à sucre liée au dérèglement de la saison des pluies conduit à la production de canne avec de petits entre-noeuds et moins sucrée appelée « gounji » ou canne courte.

Ensuite, 20% des exploitants affirment que dans certains sites notamment les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses du mois d'août qui submergent et dévastent les champs de canne à sucre. Cette situation oblige les paysans à une récolte précoce où à l'abandon total de leurs champs. Par contre, 12% des exploitants associent cette baisse de production à une baisse des précipitations observées ces dernières années. En fin, 10% des exploitants attribuent la baisse de la production à la forte chaleur surtout du mois de Mai et Juin qui crée un déficit hydrique aux jeunes plants de la canne à sucre se trouvant surtout à la périphérie des jardins, où l'humidité du sol est très faible. C'est seulement 2% des exploitants qui disent que la baisse de la production est liée aux vents violents de la saison froide qui viennent déshydrater ou écraser la canne à sucre en pleine maturité.

Cette analyse de la production de la canne à sucre confirmée par les constats des exploitants permet de dire que la baisse récurrente de la production de la canne à sucre est liée aux variations de certaines variables climatiques. Ce qui confirme la deuxième hypothèse à savoir « la baisse de la production de la canne à sucre est liée aux variations des certaines variables climatiques ».

Afin d'optimiser et maintenir la production à un niveau satisfaisant dans un contexte de changement climatique, les producteurs locaux ont développé diverses stratégies d'adaptation : l'association des cultures, l'irrigation de complément, le remblayage, la diguette et le buttage. Ces résultats confirment la troisième hypothèse à savoir « les producteurs locaux développent des stratégies d'adaptation pour faire face aux effets néfastes du changement climatique sur la culture de la canne à sucre ». La variation de la pluviométrie et de la température ces dernières décennies a aussi entrainé la disparition de trois (3) variétés

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de la canne à sucre : « Farar Kara » ou canne de couleur blanchâtre, « Kara » ou canne de couleur verte et « Va Tambu » qui est une canne de même couleur que la canne violette mais dont le diamètre est inférieure à celui de cette dernière. Aujourd'hui, « Kantoma » ou canne violette demeure la seule espèce cultivée dans la commune comme en témoignent 93,3% des exploitants.

De nos jours, avec le changement climatique en cours, 79,7% des exploitants ont compris la nécessité de remplacer la canne à sucre (très exigeante en eau et à cycle long), par des espèces à cycle court et qui s'adaptent mieux au contexte climatique actuel. Ainsi, 62% d'exploitants affirment qu'ils ont abandonné l'activité de la canne à sucre au profit de la culture du poivron et 20% pour la pomme de terre. Cependant, 18% des exploitants sont nostalgiques à cette activité car selon eux, aucune plante ne peut remplacer la canne à sucre. Ces résultats confirment la quatrième hypothèse à savoir « avec le changement climatique en cours, certaines variétés de la canne à sucre sont menacées de disparition et l'activité de la canne à sucre tend à être abandonnée »

Cette étude qui a porté sur la perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans la cuvette de Doungou, présente sans nul doute des limites. Cependant, une échelle plus grande qui prendra en compte plusieurs sites de production permettra de faire une appréciation beaucoup plus globale de ce phénomène. C'est pourquoi, nous proposons pour les recherches futures d'élargir ce travail à l'échelle régionale autour de la thématique suivante : « la canne à sucre face au changement climatique dans la vallée de la Korama, région de Zinder ».

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ANNEXES






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