REPUBLIQUE DU NIGER
MES/R/I
UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY Faculté des
Lettres et Sciences Humaines Département de
Géographie
Milieux et Sociétés des Espaces Arides et
Semi-arides : Aménagement-Développement
Thème : Perception du changement climatique sur
la culture de la canne à sucre dans la cuvette de Doungou
(Département de Kantché, Région de Zinder)
Option : Aménagement et Gestion des Ressources
Naturelles
Mémoire de Master II Recherche
Préparé et soutenu par : ITTA
Anass
SOUS LA DIRECTION DE : MEMBRES DE JURY :
Dr WAZIRI MATO Maman, PRESIDENT: Pr AMADOU
Boureima,
Maître de Conférences, FLSH/ UAM Professeur
titulaire, FLSH/ UAM
CO-DIRECTEURS:
Dr SOULEY Kabirou, Maître assistant,
Université / Zinder, ASSESSEUR : Dr BODE
Sambo
Dr KANEMBOU Lawandi, Maître assistant, FLSH /
UAM Assistant, Université / Diffa
Année académique 2016-2017
ii
Table des matières
Table des matières ii
Table des figures v
Table des photos vi
Table des tableaux vii
Sigles et abréviations viii
Dédicace ix
Remerciements x
Résumé xi
Summary xii
Introduction générale 1
Chapitre I : Présentation du cadre du travail 3
I.1. Cadre théorique 3
I.1.1. Revue de la littérature 3
I.1.2. Problématique 9
I.1.3. Hypothèses : 12
I.1.4. Objectifs 13
I.1.4.1. Objectif général : 13
I.1.4.2. Objectifs spécifiques 13
I.1.5. Définition des termes 13
I.2. Cadre méthodologique 14
I.2.1. Recherche documentaire 14
I.2.2. Travaux du terrain 14
I.2.2.1. Observations directes 15
I.2.2.2. Technique d'échantillonnage 15
I.2.2.3. Collecte des données 16
I.2.3. Analyse et interprétation des données 17
I.2.4. Matériels, Outils et données de base
utilisées 17
I.3. Difficultés rencontrées 18
I.4. Présentation de la zone d'étude 18
Conclusion partielle 20
Chapitre II : Culture de la canne à sucre 21
2.1. Caractéristiques des producteurs 21
III
2.1.1. Répartition par âge des personnes
enquêtées 21
2.1.2. Taille du ménage 21
2.1.3. Niveau d'instruction 22
2.1.4. Activité principale et secondaire 23
2.2. Système de culture de la canne à sucre 23
2.2.1. Mode d'accès à la terre 23
2.2.2. Matériels et main d'oeuvre agricole 24
2.2.3. Organisation des producteurs 25
2.2.4. Choix des boutures 25
2.2.5. Variétés cultivées 26
2.2.6. Entretien de la cane à sucre 26
2.2.7. Système d'irrigation 27
2.2.8. Cycle végétatif 28
2.2.9.Récolte de la canne à sucre 32
Conclusion partielle 33
Chapitre III : Perception paysanne du changement climatique 34
3.1. Perception paysanne sur la variation de la
pluviométrie 34
3.2. Perception paysanne sur la variation de la
température 34
3.3. Perception paysanne sur la fréquence du vent 34
3.4. Perception paysanne sur les inondations 34
3.5. Analyse des données climatiques 35
3.5.1. La pluviométrie 35
3.5.2. Les températures 37
Conclusion partielle 39
Chapitre IV : Impact du changement climatique sur la culture de
la canne à sucre et les stratégies
d'adaptation paysanne 40
4.1. Impact du changement climatique sur la culture de la canne
à sucre 40
4.1.1. Analyse cartographique de l'évolution spatiale
40
4.1.2. Impact sur les ressources en eau. 44
4.1.3. Impact sur la production 45
4.1.4. Impact sur les surfaces cultivables 48
4.1.5. Disparition de certaines variétés de la
canne à sucre 48
4.1.6. Abandon progressif de la culture de la canne à
sucre 49
4.1.6.1. Culture du poivron 49
4.1.6.2. Culture de la pomme de terre 50
iv
4.2 Stratégies d'adaptation paysanne au changement
climatique 51
4.2.1. Association 52
4.2.2. Irrigation de complément 52
4.2.3. Stratégies d'adaptation contre les inondations
53
4.2.3.1. Remblayage 53
4.2. 3 .2. Diguette 54
4.2.3.3. Buttage 54
4.2.4. Proposition des stratégies efficaces d'adaptation
au changement climatique 55
Conclusion partielle 57
Chapitre V : Résultats et Discussion 58
Conclusion générale 61
Références bibliographiques 64
ANNEXES 67
V
Table des figures
Figure 1: Localisation de la zone d'étude 19
Figure 2: Répartition par âge des
enquêtés (décembre, 2015) 21
Figure 3: Taille du ménage des producteurs
(décembre, 2015) 22
Figure 4: Mode d'accès à la terre (décembre,
2015) 24
Figure 5: Main d'oeuvre agricole (décembre, 2015) 25
Figure 6: Evolution interannuelle des cumuls
pluviométriques selon la méthode de Lamb
(1983), de 1981 à 2015 à Matamèye (DMN,
2016) 36 Figure 7: Evolution interannuelles des écarts à la
moyenne des températures maximales (a) et
minimales (b) de Magaria sur la série 1985 à 2014
(DMN, 2016) 38
Figure 8: Occupation du sol dans la zone d'étude en 1986
41
Figure 9: Occupation du sol dans la zone d'étude en 2015
42
Figure 10: Evolution de la production annuelle en tonne de la
canne à sucre de 2002 à 2014
(DDA/Matamèye, 2015) 45
Figure 11: Perception paysanne sur la baisse de la production de
la canne à sucre 47
Figure 12: Appréciation paysanne sur l'abandon de la
culture de la canne à sucre 51
vi
Table des photos
Photo 1 : Entretien et administration de questionnaire à
Garin Gao 17
Photo 2: a. Canne à sucre verte à Doungou b. Canne
à sucre violette à Kabori 26
Photo 3: a. Irrigation gravitaire à Doungou b. Irrigation
motorisée à Doungou 28
Photo 4 : Plantation de canne à sucre à Doungou
29
Photo 5: Canne à sucre au stade de lévée
à Garin Gao 29
Photo 6: Canne à sucre au stade de tallage à
Doungou 30
Photo 7: Canne à sucre au stade de montaison à
Kabori 31
Photo 8 : Canne à sucre au stade de maturation à
Kabori 31
Photo 9 : Récolte de la canne à sucre à
Doungou 33
Photo 10: Plant de la canne à sucre inondé à
Doungou 35
Photo 11: a. b. c. 47
Photo 12 : Variétés disparues : a. « Farar
Kara » b: « Kara » c: « Va Tambu »
49
Photo 13: a. Culture de poivron à Doungou b. Culture de
pomme de terre à Doungou 51 Photo 14: a . Canne associée avec
la courge b . Un paysan associe la canne avec l'oignon 52 Photo 15: a.
Remblayage du bas-fond à Kabori b. Récupération de terre
en amont de la
cuvette. 53
Photo 16: Diguette à Doungou 54
Photo 17: Buttage à Kabori 55
vii
Table des tableaux
Tableau 1 : Répartition des enquêtés dans
les trois villages de la commune de Doungou
(décembre, 2015) 16
Tableau 2 : Répartition des enquêtés selon
le niveau d'instruction (décembre, 2015) 23
Tableau 3: Récapitulatif des superficies en hectare des
types d'occupation du sol de 1986 et
2015. 44
Tableau 4: Stratégies d'adaptation efficace au
changement climatique 56
VIII
Sigles et abréviations
3N : Les Nigériens Nourrissent les
Nigériens
ANPIP : Association Nigérienne pour la
Promotion de l'Irrigation Privée
CCNUCC : Convention Cadre des Nations unies
sur les Changements Climatiques
CILSS : Comité Inter Etats de lutte
contre la Sécheresse dans le Sahel
CNEDD : Conseil National de l'Environnement
pour un Développement Durable
CO2: Dioxyde de Carbone
CPC : Cultures Pluviales Continues
CPSPA : Cultures Pluviales Sous Parc
Arboré
DAP : Phosphate Diammonique
DDA : Direction Départemental de
l'Agriculture
DMN : Direction de la
Météorologie Nationale
FAO : Food and Agriculture Organisation
GIEC : Groupe International des Experts sur
l'évolution du Climat
INRAN : Institut National de Recherche
Agronomique du Niger
IPCC: International Panel of Climate
Change
IRAT: Institut de la Recherche en Agronomie
Tropicale
LASDEL : Laboratoire d'études et de
recherches sur les dynamiques Sociales et le
Développement Local.
NPK : Azote Phosphate Potassium
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PDC : Plan de Développement
Communal
PPI : Projet Petite Irrigation
RGP/H : Recensement General de Population et
de l'Habitat
RNA : Régénération
Naturelle Assistée
ix
Dédicace
Je dédie ce travail à mon père feu
Elhadj Itta BOUKARI et à ma soeur feu Karima
ITTA Boukari qui m'ont quitté très tôt, Puisse
Allah les accueille dans son paradis eternel amen !
X
Remerciements
Ce travail a bénéficié de nombreux
concours et nous voudrions témoigner ici notre gratitude aux personnes
qui ont contribué à son élaboration.
Tout d'abord, nous adressons nos vifs remerciements à
Monsieur WAZIRI MATO Maman, Maître des conférences au
Département de Géographie qui a accepté de diriger ce
travail qui est le fruit des encouragements et des conseils qu'il nous a
toujours prodigués car, malgré ses multiples occupations, il a
tenu à lire, relire et corriger ce document. Qu'il trouve ici notre
profonde gratitude !
Nous remercions également Docteur KANEMBOU Lawandi,
assistant à l'université de Diffa qui a bien voulu être
notre codirecteur, et nous a beaucoup aidé malgré ses occupations
dans la réalisation de nos différentes cartes. Nos remerciements
vont également à tous les enseignants qui nous ont
encadrés tout au long de notre formation universitaire ainsi qu'au jury
qui a accepté de diriger la présente soutenance.
Nos sincères remerciements vont à l'égard
de Docteur BAHARI Ibrahim assistant au Département de Géographie,
Docteur ABDOU BAGNA Amadou, Monsieur KADAOURE Ibrahim centre régional
agrimhet, Monsieur MOUHAIMOUNI Moussa Direction de la
Météorologie Nationale, HAROU Moussa étudiant en Master au
centre régional agrimhet, MOUSSA Bachir commandant des eaux et
forêts, SALAMI Sani, HABIBOU Mahamidou Laborantin au Lycée La
Fontaine, EL ABOU Issoufou CNEDD, ABOU Abdoulaye, ainsi qu'à tous les
autres amis du quartier poudrière de Niamey sans oublier tous les
étudiants en Master II de la promotion 2014.
Par ailleurs, nous tenons à remercier tous les parents,
amis et connaissances qui nous ont aidés lors de l'enquête, il
s'agit précisément de : Monsieur ISSOUFOU Chapiou, directeur de
l'école primaire de Kabori, Monsieur TALLE Mourtala, directeur de
l'école primaire mixte de Doungou, HABOU Abdoul Aziz, MAMAN Gambo,
Direction Départemental de l'Agricole de Matameye, MAMAN Boukari,
District Agricole de Doungou, Malan HAMZA Chazali et Malan HAMZA Moutari Imam
de la grande mosquée de Doungou. Ensuite nous remercions
spécialement tous les producteurs de la canne à sucre pour la
patience dont ils ont fait preuve pour nos multiples questions tout au long de
l'enquête.
Enfin, à tous ceux qui de près ou de loin ont
contribué à la réalisation de ces travaux et dont les noms
ne sont pas mentionnés, qu'ils trouvent ici notre profonde gratitude
!
xi
Résumé
La présente étude porte sur «Perception du
changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans la cuvette
de Doungou dans le Département de Kantché, Région de
Zinder». L'objectif de cette étude est d'analyser d'abord la
perception du changement climatique sur la culture de la canne à sucre,
ensuite les stratégies d'adaptation développées par les
paysans. Ce qui a permis de faire des propositions permettant de limiter les
effets négatifs du changement climatique sur cette activité.
Pour ce faire, un échantillon des 60 producteurs de la
canne à sucre âgés de 25 à 70 ans a
été interrogé. Les résultats obtenus ont permis de
dire que le changement climatique est réel dans la zone et qu'il est
perçu par la population à travers certains indicateurs. Ainsi,
100% des enquêtés affirment que ces dernières
années, la saison des pluies s'installe en retard, alors que 91,5% ont
perçu une augmentation globale des températures actuelles,
comparées à celles des dernières décennies. Aussi,
pour 91,33% des enquêtés, c'est en début de la saison
hivernale et pendant la saison froide que l'activité éolienne
devient de plus en plus intense ces dernières années tandis que
75% ont constaté une fréquence des inondations du site de la
canne à sucre. Cette variation de ces différents indicateurs
climatiques a entrainé la baisse de la production de la canne à
sucre comme l'attestent 80% des producteurs, la réduction des
superficies cultivables et la disparition de certaines variétés
de la canne à sucre. Pour faire face à ce
phénomène, les producteurs ont développé des
stratégies d'adaptation telles que : l'association, l'irrigation de
complément, le remblayage, la diguette et le buttage.
Mots clés : Commune Rurale de
Doungou / République du Niger, Canne à sucre, changement
climatique, stratégies, variables climatiques.
XII
Summary
This study examines perception of climate change on the
cultivation of sugar cane in the Doungou basin in the Department of
Kantché, Zinder Region. The objective of this study is to analyze the
perception of climate change on the cultivation of sugar cane, adaptation
strategies adapted by the farmers. This is a permit to make proposals that
limit the adverse effects of climate change on this activity.
To do so, a sample of 60 sugar cane producers between the ages
of 25 and 70 was interviewed. The results obtained indicated that climate
change is real in the area and that it is perceived by the population through
certain indicators. For example, 100% of respondents say that in recent years
the rainy season has set in late, while 91.5% have seen an overall increase in
current temperatures compared to recent decades. For 91.33% of the respondents,
it is at the beginning of the winter season and during the cold season that the
wind activity becomes more and more intense in recent years while 75% have seen
a frequency of flooding of the site of sugar cane.
This change in these various climate indicators has led to a
decline in sugar cane production, as witnessed by 80% of producers, the
reduction of cultivable areas and the disappearance of certain varieties of
sugar cane. To cope with this phenomenon, producers have developed adaptive
strategies such as: association, complementary irrigation, backfilling, dike
and mounding.
Key words: Rural Commune of Doungou/ Niger
Republic, Sugar cane, climate change, strategies, climatic
variables.
1
Introduction générale
En raison de ses multiples répercussions sur les
milieux naturels et sur les activités humaines, la question de la
variabilité et des changements climatiques est placée depuis
quelques temps au centre des préoccupations de divers acteurs du
développement (scientifiques, ONG, décideurs politiques...) dans
le monde. Le phénomène s'accélère et la
Communauté scientifique est convaincue de l'ampleur du problème
et de la nécessité d'en étudier toutes les facettes (MALAM
ABDOU KARAMI, 2014).
L'Afrique est considérée comme la région
la plus vulnérable aux effets des variabilités et changements
climatiques, du fait notamment de la fragilité de son économie et
de ses faibles capacités d'adaptation et de résilience. En 2007,
le GIEC avait notifié qu'au cours du XXIème siècle, le
réchauffement climatique allait être plus important en Afrique
qu'au niveau mondial. Il estimait que l'augmentation de la température
moyenne entre 1980/1999 et 2080/2099 pourrait atteindre 3 à 4°C sur
l'ensemble du continent africain, soit 1,5 fois plus qu'au niveau mondial. De
plus, le GIEC prévoit également une élévation de
température de l'ordre de 1 à 1,5°C dans les zones semi
arides d'Afrique Sud Saharienne, à l'horizon 2025. Le continent africain
dont le taux d'émission des gaz à effet de serre est le plus
faible (< 4%) est ainsi présenté comme le continent le plus
exposé aux chocs climatiques qui s'annoncent (IPCC, 2007 in
ABDOU BAGNA, 2014). Les différentes simulations
réalisées par le GIEC (2007) démontrent que le changement
climatique va surtout affecter l'agriculture des pays en voie de
développement. A travers l'histoire, cette agriculture a quand
même montré une grande capacité d'adaptation aux conditions
changeantes, avec (ou sans) une réponse consciente des agriculteurs et
des chercheurs du domaine.
Cependant, les modifications imposées par le climat
dépassent souvent les limites d'une adaptation autonome, d'où la
nécessité de politiques adéquates de soutien aux
agriculteurs face aux changements (Iglesias et al. 2007 in
ABDOU BAGNA, 2014). Les zones humides sont parmi les
écosystèmes les plus vulnérables au changement climatique.
La dégradation et la perte de ces milieux sont plus rapides que celles
de tout autre écosystème (GIEC, 2007). Selon les
différents scénarii climatiques, celles-ci pourraient être
touchées par les modifications des régimes des
précipitations, des sécheresses, des tempêtes et des
inondations plus fréquentes ou plus intenses. Alors que ces espaces
constituent une source des produits alimentaires, stockent le carbone,
régulent les flux hydrologiques, stockent l'énergie et jouent un
rôle critique pour la biodiversité (MALAM ABDOU KARAMI, 2014).
2
Le Niger, situé au coeur du Sahel dont la population
est à plus de 80% rurale souffre des effets néfastes des
changements climatiques. En effet, l'agriculture comme l'élevage qui
constituent la base de l'économie du pays, évoluent
malheureusement dans un milieu physique en dégradation, résultat
surtout de ces changements climatiques. Ce qui constitue un problème
épineux pour le développement, surtout du monde rural. La
population rurale perçoit ces changements climatiques à travers
les impacts de ces derniers sur leurs activités économiques. En
effet, la baisse des pluies, les fortes chaleurs, les vents violents...
influent considérablement les différentes activités
économiques (agriculture, élevage...) des paysans (SITHOU,
2012).
Ainsi, la zone d'étude regorge d'énormes
ressources naturelles, les ressources en eau de cette dernière sont
constituées essentiellement d'importantes eaux souterraines de la Korama
dont le niveau statique de la nappe ne dépasse guerre les 10
mètres, et les cuvettes parsemées ça et là tout au
long de la Korama (PDC, Doungou, 2012). L'agriculture est constituée des
cultures maraîchères et pluviales. Les cultures
maraîchères sont constituées essentiellement de la
production de la canne à sucre, qui procure d'importants revenus aux
populations. Cette zone constitue un véritable bassin de la production
de cette denrée, mais aujourd'hui, avec les effets anthropiques sur les
terroirs, le phénomène du changement climatique se fait de plus
en plus sentir sur cette activité à travers les
différentes manifestations telles que le démarrage tardif ou le
rétrécissent de la saison des pluies, les inondations, les vents
violents, les fortes chaleurs, etc. Les impacts de ces risques climatiques sur
cette activité sont multiples et multiformes.
Cependant, pour mieux analyser ce phénomène, un
intérêt a été porté sur l'impact du
changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans cette
zone. Le présent travail comprend quatre(4) chapitres :
y' le premier présente le cadre du travail et la
méthodologie,
y' le deuxième porte sur la culture de la canne à
sucre,
y' le troisième aborde la perception paysanne du
changement climatique,
y' le quatrième analyse l'impact du changement climatique
sur la culture de la canne
à sucre et les stratégies d'adaptation paysanne, y'
enfin le cinquième expose les résultats et discussion.
3
Chapitre I : Présentation du cadre du
travail
Ce chapitre est structuré autour du cadre
théorique, de la méthodologie, des difficultés
rencontrées et de la présentation de la zone d'étude.
I.1. Cadre théorique
Dans cette partie sont présentées, la revue de
la littérature, la problématique, les hypothèses, les
objectifs de l'étude et la définition des termes.
I.1.1. Revue de la littérature
Pour mieux cerner notre thématique, il est important de
parcourir toute la documentation disponible, relative aux débats en
cours sur le changement climatique, ses manifestations sur les activités
agricoles en général et en particulier sur la production de la
canne à sucre. Tout d'abord il faut noter qu'au niveau de la
littérature, deux principales thèses s'affrontent en
matière de réchauffement climatique :
y' La première soutient que le réchauffement
climatique actuel est naturel ;
y' la deuxième soutient que le réchauffement
climatique actuel est beaucoup plus lié aux activités
anthropiques.
Les tenants de la première thèse sont en
général les climato sceptiques c'est-à-dire sceptiques sur
la réalité d'un réchauffement climatique exceptionnel, son
origine humaine ou le fait qu'il ait des conséquences négatives.
Ces derniers ont signé en 1999 « l'Oregon petition » en
réaction au protocole de Kyoto (1997) visant à réduire les
émissions des gaz à effet de serre. Cette pétition
conteste que ces émissions puissent provoquer un réchauffement
catastrophique de l'atmosphère terrestre ou une rupture brutale du
climat. C'est dans cette optique que MARCEL (2005), explique que le
réchauffement climatique est un processus naturel et non humain. Il
démontre que le gaz à effet de serre n'est pas la cause du
changement climatique, les causes probables sont plutôt des
paramètres orbitaux bien établis à l'échelle
paléo climatique. SYUN-ICHI (ancien professeur de géophysique),
soutient cette idée en affirmant que : « la méthode
d'étude adoptée par le GIEC est déficiente à la
racine, ce qui entraîne des conclusions sans fondement. [...]
Contrairement à ce qu'affirme le GIEC, il n'y à ce jour aucune
preuve définitive que "la plupart" du réchauffement actuel soit
dû à l'effet de serre. [...] [Le GIEC] aurait dû
reconnaître que les variations climatiques passées ne devaient pas
être ignorées et donc que leurs conclusions étaient
très approximatives. Le terme "la plupart" dans leurs conclusions est
sans fondement. ». Quant à CLAUDE (géochimiste),
souligne que l'on ne connaît à peu près rien du rôle
du CO2 d'origine humaine dans le réchauffement climatique et que
d'autres facteurs sont bien plus importants : vapeur d'eau, formation des
nuages, nuages de poussières et activité volcanique. DAVID
(scientifique australien), estime
4
que c'est le soleil qui est le véritable responsable de
l'évolution du climat. Cet auteur prédit contrairement au GIEC,
un refroidissement climatique au vu de l'évolution de l'activité
solaire ; BOB (paléoclimatologie), contredit également le GIEC en
rappelant que même les mesures de ce dernier, ne montrent aucun
réchauffement depuis 1998, et qu'au contraire les températures
mondiales semblent baisser. JOHN (ancien rédacteur des rapports du
GIEC), dit : « je ne vois venir ni la catastrophe qu'on nous annonce,
ni la preuve évidente que l'activité humaine doive être
mise en cause dans le réchauffement que l'on peut observer. Je vois
plutôt l'utilisation aveugle de modèles climatiques (utiles mais
qui ne sont jamais des "preuves") et la coïncidence entre augmentation de
la concentration en CO2 et réchauffement qui fonctionne de moins en
moins avec le temps ». Cet auteur veut montrer que le
réchauffement climatique n'a aucun effet négatif, et que l'homme
n'est pas à l'origine de ce dernier. TOMAS (météorologue
américain), s'oppose également à la théorie de
l'origine humaine du réchauffement climatique, en insistant sur la
dimension naturelle du phénomène. En 2007, il rappelle que «
rien de ce qui est en train d'arriver sur le plan climatique ne peut être
considéré comme anormal à la lumière de notre
connaissance des variations climatiques passées ». MICHAEL (ancien
directeur de la NASA), soutient cette idée sceptique au
réchauffement climatique en disant : « Je ne doute pas qu'il y
ait une tendance actuelle au réchauffement climatique. Je ne suis pas
sûr qu'il soit adapté de dire que le réchauffement
climatique est un problème qu'il faut combattre. Supposer que c'est un
problème, c'est supposer que le climat de la terre actuel est le climat
optimal, le meilleur climat que nous puissions avoir ou ayons jamais eu, et que
nous devons prendre des mesures pour qu'il ne change plus ».
Cependant, il faut noter que parmi les signataires de cette
pétition, la plupart ne sont pas des climatologues, mais plutôt
des scientifiques issus des spécialités qui de près ou de
loin concernent les différents domaines ayant une influence à
court, moyen ou long terme sur le climat telles que la géologie,
l'astrophysique, la glaciologie, la chimie etc.
La deuxième thèse est beaucoup plus
acceptée par le monde scientifique car les tenants de cette
dernière sont essentiellement les 600 climatologues qui se
réunissent périodiquement au sein du GIEC pour analyser la
tendance générale de l'évolution du climat. Les
différents rapports produits par ces différents scientifiques au
cours des deux dernières décennies tendent à montrer que
le réchauffement climatique actuel est le corollaire des
activités humaines à travers l'augmentation des gaz à
effet de serre. Ces climatologues ont pu démontrer scientifiquement le
lien qu'il y'avait entre le réchauffement climatique et l'accroissement
des gaz à effet de serre. Ainsi, GODARD et TABEAUD (2009), après
avoir
5
fait l'historique de la variabilité climatique
notamment les variations rythmées du quaternaire, affirme par la suite
que d'importants changements ont marqué l'histoire de la planète,
des temps géologiques les plus reculés au réchauffement
contemporain. Il aborde ensuite l'indiscutable réchauffement du XX
siècle et estime une hausse des températures de l'ordre de
0,6°C pour l'ensemble de la planète depuis un siècle. Cette
hausse de température jusqu'à la seconde guerre mondiale
était principalement d'origine naturelle mais depuis 1976 elle ne peut
s'expliquer que par l'effet de serre additionnel d'origine anthropique. La
CCNUCC (1992), dans son article premier définit les changements
climatiques comme «des changements qui sont attribués directement
ou indirectement à une activité humaine altérant la
composition de l'atmosphère mondiale et qui viennent s'ajouter à
la variabilité naturelle du climat observée au cours de
périodes comparables». Cette convention montre ici une distinction
entre «les changements climatiques» attribuables à
l'activité humaine altérant la composition de l'atmosphère
et la «variabilité du climat» imputable à des causes
naturelles. Dans le même ordre idée, le GIEC (2007), explique dans
son 4ème rapport que : « les causes du
réchauffement climatique sont attribuables à 90% aux
activités humaines, et en particulier à la production massive de
gaz à effets de serre ». Dans son dernier rapport de 2013, le
GIEC alerte qu'à la fin du 21ème siècle,
l'augmentation de la température à la surface du globe
dépassera probablement 2°C et que la plupart des
caractéristiques du changement climatique persisteront pendant de
nombreux siècles même si les émissions de CO2 sont
arrêtées.
Dans tous ces débats, il ressort que l'opinion publique
mondiale est consciente de la réalité du changement climatique
et, qu'il soit d'origine naturelle ou humaine, ce dernier a des effets
néfastes sur l'activité agricole et de ce fait sur
l'activité de la canne à sucre.
D'autres chercheurs se sont aussi penchés sur la
question du changement climatique mais chacun l'aborde de sa manière.
C'est ainsi, qu'AMOUKOU (2009), a voulu expliquer la perception paysanne des
changements climatiques dans un village du bassin du fleuve Niger à
travers l'abandon par les populations des certaines activités
socioculturelles (festivités de jouissances) dû au déficit
alimentaire mais aussi et surtout à travers les phénomènes
climatiques extrêmes (sécheresse, inondations, famines) qui
viennent perturber les écosystèmes ces dernières
années ; MAHAMAN DODO (2012), explique également que dans le
village de Sabarou, les changements climatiques se perçoivent à
travers les variations des paramètres climatiques. Mais leurs
manifestations se font ressentir à tous les niveaux sur le vécu
quotidien des populations. Les secteurs les plus touchés sont
l'agriculture et l'élevage. Quant à SITHOU RANI (2012), montre
qu'en dehors des variations des paramètres climatiques et les
indicateurs de début de saison de pluies, les manifestations des
changements
6
climatiques se font sentir également sur le vécu
quotidien des populations. L'état actuel de la végétation
et de la faune dans cette zone connait une forte dégradation, et la
température entraine la fonte de semis, une réduction de la
production et l'échaudage des cultures. En abordant ce sujet, MAMAN
(2010), explique que la faiblesse de la pluviométrie, l'augmentation de
la température et le vent sont à l'origine de
l'assèchement, la salinité et l'ensablement de la cuvette de
Guidimouni véritable creuset de la production maraichère. Il
explique que la combinaison de ces trois phénomènes conduit
à l'assèchement des cultures en plein cycle
végétatif. Cette peine perdue engendre découragement et
désespoir chez les maraichers de cette localité ; BOUBACAR
(2011), expose le phénomène du changement climatique à
travers la baisse des ressources en eau dans la commune de Tagazar. Il explique
que ces dernières connaissent une baisse consécutive aux grandes
sécheresses des années 70 et 80, et une baisse de la
pluviométrie dans la plus grande partie du département de
Fillingué. Ce phénomène conduit à la
dégradation de la composition floristique, certaines espèces sont
menacées de disparition et d'autres sont en régression. BATIONON
(2009) et BOIGNI (2011), ont tenté d'analyser les incidences du
changement climatique sur l'activité maraichère au Burkina Fasso;
ils ont démontré dans leurs travaux que l'accroissement de la
température et du gaz carbonique (CO2) dans un contexte du changement
climatique, pourrait remettre en cause la pratique des cultures
maraichères. MAMAN (2007), parle de l'évolution climatique qui se
caractérise ces dernières années par un retard dans
l'installation de la saison des pluies ,un prolongement de la saison
sèche et par conséquent un rétrécissement de la
saison des pluies, des périodes retours de pluies fort prolongées
,des températures maximales et minimales de plus en plus
élevées des vents forts, une fréquence accrue des
sécheresses et une variabilité notoire des cumuls des
précipitations interannuelles. Le PDC (2012) de la commune rurale de
Doungou, montre que cette commune était jadis située dans la zone
soudanienne, mais aujourd'hui avec les effets anthropiques sur la nature, le
phénomène du changement climatique se fait de plus en plus sentir
; notamment à travers les différentes manifestations sur
l'ensemble du système productif agro-sylvo-pastoral, dont les
principales causes sont entre autres la coupe abusive du couvert
végétal, la disparition de plus en plus de certaines
espèces végétales, les feux de brousse etc.
Ces chercheurs ont d'une manière ou d'une autre voulu
expliquer le changement climatique non seulement à travers la variation
des certains éléments du climat (précipitations, vent,
température), la perception paysanne, mais aussi et surtout à
travers ses différentes manifestations sur les activités
socio-économiques de la population. La canne à sucre, objet de
notre étude n'a pas fait l'objet de plusieurs études, mais on
peut retenir entre autres celles
7
d'OUMAROU (2012), qui montre que la canne à sucre exige
beaucoup plus d'humidité, il estime que plus de 15 à 20 camions
quittent le Dallol Maouri (lieu de sa production) pour Niamey chaque semaine
pendant la période des grandes récoltes (Décembre-Mars).
Mais la production est encore traditionnelle, toute fois, elle est rentable car
elle permet non seulement de prendre en charge les besoins familiaux de
premières nécessités (denrées alimentaire
santé, scolarité), mais aussi ouvre des perspectives vers les
grandes réalisations (véhicules, commerce, pèlerinage
à la Mecque etc.). MAMAN (2014), définit le producteur paysan
comme une personne qui gère une ferme ou un jardin pour commercialiser
ou consommer sa production agricole. Il montre qu'à Wacha79% des
producteurs maraichers n'ont été à l'école, ni
fréquenté des centres d'alphabétisation ; 13% ont
fréquenté l'école primaire jusqu'au CM2 et seulement 8%
des exploitants ont été jusqu'en seconde. Ce qui n'est pas sans
conséquence sur la pratique du maraichage dans cette zone. Le rendement
moyen par hectare de la canne à sucre dans le site maraicher de Wacha
s'élève à 15t / ha et que la canne à sucre est
chère au début et vers la fin de la récolte avec un prix
de "Kai "(unités de 10) variant de 1000f à 1500f au début
et 1500f à 7500f à la fin de la récolte. En
évoquant la culture de la canne à sucre au Brésil, CLAIRE
(2011), montre que la culture de celle-ci aurait tendance à lutter
contre le réchauffement climatique. C'est donc une double victoire
écologique pour cette plante, déjà cultivée pour
produire un carburant vert très utilisé dans ce pays. Il ajouta
qu'en effet, le remplacement des végétations naturelles par des
champs de culture provoque une augmentation moyenne de la température de
1,55° C, une diminution de l'évapotranspiration de 0,60
millimètre par jour et un albédo augmenté de 1,73 %, alors
que leur remplacement consécutif par des cultures de cannes à
sucre abaisse la température de 0,93° C, augmente
l'évapotranspiration de 0,43 millimètre par jour et augmente
l'albédo de 0,20 %.« C'est une situation gagnant-gagnant
potentielle pour le climat, utiliser la canne à sucre pour faire marcher
les véhicules réduit les émissions de carbone, tandis que
la faire pousser abaisse la température de l'air local
» conclut-il. Il est donc important de continuer à utiliser
des champs déjà en place pour la culture de la canne à
sucre, plutôt que de réquisitionner de nouvelles terres, encore
sauvages. Save the children (2008), écrit dans son rapport
d'enquête sur la sécurité alimentaire des ménages
dans le département de Kantché que la zone sud du
département en particulier la commune rurale de Doungou
bénéficie d'un potentiel d'irrigation notamment des cuvettes et
bas-fonds fertiles avec des nappes phréatiques peu profondes et
très favorables au maraichage. Tous les groupes socio-économiques
sont engagés dans cette activité. Ceci contribue de façon
significative à leur alimentation par consommation des fruits et
légumes ayant des hautes qualités organoleptique. Le
maraîchage est la principale
8
source de revenu pour les ménages et freine ainsi
l'exode rural. La canne à sucre et les autres produits maraîchers
sont exportés à l'intérieur du pays et vers le Nigeria.
HAROU (2011), dans ses travaux, a voulu montrer que la commune rurale de
Doungou regorge d'énormes potentialités et que l'agriculture
irriguée ou de contre saison joue un rôle capital sur le plan
économique, alimentaire et socioculturelle des populations. En plus, la
canne à sucre est la principale activité dans cette zone et la
production est estimée à 3.240.000 tonnes par an. Cette culture
fait la spécificité de Doungou, en ce sens, elle fait la
fierté des populations grâce aux revenus
générés. Cependant, l'activité de la canne à
sucre ou le maraîchage d'une manière générale est
confronté a certaines contraintes d'ordre physique (assèchement,
ensablement, salinisation etc.) et d'ordre technique et organisationnel (manque
d'encadrement et des structures) qui risqueront de compromettre cette grande
activité qui faisait la fierté de population de cette zone.
WAZIRI (1988), à travers son étude intégrée d'un
type de paysage sahélien a exposé avec nostalgie, les contraintes
et les potentialités de?kwari?de wacha ainsi que son importance dans un
environnement sahélien. Cette étude a mis en évidence le
schéma de l'occupation du milieu et les différents
problèmes que rencontrent les paysans, elle a recommandé la
nécessité d'aménager cet espace agricole et d'assurer la
vitalité de ce site. En abordant la culture de la canne à sucre,
il démontre qu'il y'a même abandon des cultures
céréalières au profit de cette activité. Il estime
sa production moyenne à 216 tonnes sur 3 hectares en1984. Dans ses
travaux, WAZIRI (2000), aborde cette fois-ci l'importance des cultures de
contre saison tant sur le plan agricole, social qu'économique dans le
sud de la région de Zinder tout en soulignant ses principales
contraintes. Parlant de la culture de la canne à sucre, il explique que
cette dernière est pratiquée sur les sites où les
problèmes d'eau sont ressentis avec moins d'acuité, en d'autres
termes où les conditions hydriques les permettent. Ainsi, les parcelles
sont disposées de façon à ce que chaque exploitant puisse
accéder à la zone de bas-fonds plus humide où la nappe
phréatique est subaffleurant .C'est aussi dans cette dernière que
sont plantées les cultures les plus exigeante en eau ou celles qui
supportent d'avantage d'humidité. Elle est généralement
réservée à la canne à sucre et à la banane.
La production cannière est estimée à 25510,7 tonnes dont
90,39% est commercialisable. La FAO (2014), dans les fiches techniques de base
destinées aux techniciens agricoles, rapporte que la canne à
sucre a besoin d'un sol profond ,meuble, riche en humus, en
éléments fertilisant, et suffisamment humide. La canne à
sucre exige beaucoup de lumière pour sa croissance et pour la formation
de saccharose. Son mode de plantation consiste à mettre à plat
dans les fonds des sillons les boutures en files simples ou doubles puis
recouvrir 2 à 5cm de terre fine .La première irrigation doit
avoir lieu le jour de la plantation
9
ou le lendemain avec100m 3/ha d'eau, la
deuxième irrigation 8 à 10 jours après la première
,la troisième 3 semaines après la seconde et l'irrigation se
poursuivit toutes les 3 semaines avec 100 m3/ha .Dans la pratique
,le moment de la récolte est fonction de l'âge de la canne : 12
à 14 mois pour les cannes vierges et 12 mois pour les repousses. ADAMOU
(2014), explique dans ses travaux qu'au Niger, l'expérimentation de la
canne à sucre qui a eu lieu à Tillakaina s'est
déroulée en deux phases complémentaires. D'abord sur
convention passée entre le gouvernement du Niger et l'IRAT (institut de
la recherche en agronomie tropicale) d'octobre 1968 à janvier 1975 puis,
depuis cette date par l'INRAN (Institut national de recherche agronomique du
Niger). En 1979, la superficie plantée en canne à sucre au Niger
était de 3540 ha pour une production de 190.085 tonnes soit un rendement
de 53,695 kg /ha. En 2003, dans un bilan national de production cannière
de 207.893 tonnes, la région de Zinder s'est retrouvée avec 82,3%
du tonnage produit. Cette zone est la principale pourvoyeuse du marché
de la canne à sucre et ceci grâce aux nombreux bassins de
production qu'elle regorge dans sa partie sud. Au Niger la
variété cultivée est le saccharum officinarum renfermant
ainsi la canne verte et la canne violette. Cette espèce est
appelée aussi "canne de bouche". Cette plante contribue de façon
efficace à la protection de l'environnement. Ses racines s'enfoncent
dans le sol à plus de deux (2) mètres et facilitent
l'infiltration de l'eau, les feuilles desséchées tombent et
fertilisent le sol alors que les tiges protègent le sol contre
l'érosion éolienne. Parlant des atouts socio-économiques,
il explique que même si à Jambirgi la production de la canne
à sucre demeure encore traditionnelle, les paysans sont unanimes quant
à sa rentabilité. Elle permet non seulement aux producteurs de
subvenir aux besoins alimentaires de leurs familles mais aussi d'organiser des
cérémonies et même faire des réalisations. Pour la
saison 2012, la commercialisation de la canne à suce a permis aux
exploitants d'engranger globalement une somme estimée à
36.579.500f. Cependant, le site de la production cannière de Jambirgi
est aujourd'hui menacé par les phénomènes de changement
climatique qui risqueront de compromettre cette grande activité.
Tous ces auteurs ont tenté d'expliquer le mode de
production de la canne à sucre, son rôle socio-économique
et écologique notamment dans la protection de l'environnement contre les
aléas climatiques. Toutefois, ces derniers n'ont pas
évoqué clairement les effets du changement climatique sur cette
activité. Notre modeste contribution portera sur la perception du
changement climatique sur cette activité.
I.1.2. Problématique
Le changement climatique est un processus naturel qui a lieu
simultanément à différentes échelles chronologiques
(astronomique, géologique et décennale). Il concerne la variation
au
10
fil du temps du climat mondial ou des climats
régionaux, et peut être causé à la fois par des
forces naturelles et des activités humaines (BATIONON, 2009). Or, il
semblerait que le climat actuel à l'échelle mondiale est en
pleine mutation.
Ce changement climatique serait consécutif
d'après les données du GIEC (2001) à l'augmentation des
températures mondiales moyennes observée depuis la moitié
du vingtième siècle, phénomène connu sous le nom de
réchauffement de la planète. Celui-ci serait
probablement dû, dans une large mesure, à l'activité
humaine, notamment le brûlage des combustibles fossiles et la
déforestation qui ont accru la quantité de gaz à effet de
serre présents dans l'atmosphère. Le réchauffement est,
à son tour, responsable des changements spectaculaires auxquels nous
assistons : cyclones de plus en plus violents, sécheresses
fréquentes, inondations, hausse du niveau de la mer, etc.
Comme le soutient BATIONNON, en un siècle, la
température moyenne du globe a augmenté de 0,74 °C. Ce
chiffre apparemment faible est pourtant lourd de conséquences. Ce sont
surtout les régions de l'hémisphère Nord qui se sont
réchauffées ; elles connaissent moins de jours très froids
en hiver et plus de journées très chaudes en été.
Depuis 1993, le niveau de la mer monte en moyenne de 3,1 mm par an. Depuis
l'ère industrielle et les années 1900, il pleut nettement plus en
Amérique du nord et du sud, en Europe du nord et en Asie centrale, et
moins en Asie du sud-est, sur le pourtour méditerranéen et au
Sahel. Les cyclones tropicaux intenses sont plus nombreux en Atlantique Nord.
Si ces faits sont maintenant avérés et les chiffres formels, les
causes précises, elles, sont plus difficiles à déterminer
(CTA, 2008 in BATIONON, 2009).
L'Afrique de l'Ouest est l'une des zones les plus
vulnérables au changement climatique, l'évolution des
températures dans cette zone et plus spécifiquement au Sahel, a
suivi une tendance plus rapide que le réchauffement mondial.
L'augmentation varie de 0,2 à 0,8 °C depuis la fin des
années 1970.Selon le CILSS, cette même partie de l'Afrique a connu
au cours de la seconde moitié du XXème siècle, une forte
diminution des précipitations avec une rupture nette dans les
années1968-1972. La réduction importante des
précipitations apparaît clairement au Sahel. Elle s'est traduite
par un processus historique d'aridification du climat caractérisé
par les grandes sécheresses des années 1970 et 1980.
«L'Afrique de l'ouest et en
particulier sa partie sahélienne, est non seulement un domaine de
l'aridité, mais a connu ces dernières décennies des
perturbations majeures de ses conditions climatiques (ruptures des
séries pluviométriques et hydrométriques) »
(MADIDIO, 2007, in AMOUKOU, 2009).
11
Pour le futur, les scénarios climatiques
prédisent pour le Sahel une augmentation de la température et une
baisse ou augmentation des précipitations suivant les zones (HELLMUTH et
al, 2007 in AMOUKOU, 2009). On assistera ainsi à une
augmentation des phénomènes extrêmes comme les
sécheresses et la pression anthropique sur les ressources naturelles du
fait de l'accélération et de l'amplification de la
dégradation des terres.
Au Niger, les projections faites pour les températures,
font apparaître que malgré une grande variabilité, tous les
modèles s'accordent à prédire une augmentation moyenne des
températures maximales (de 2,3 à 2,6°C) à l'horizon
2020-2049. Cette hausse est moins marquée au cours des mois de juin,
juillet, août et septembre correspondant à la saison des
pluies.
Les prévisions pour les précipitations font
ressortir une légère hausse du cumul des précipitations
à l'horizon 2020-2049 et un démarrage plus tardif de la saison
des pluies. Il est prévu une forte augmentation des
précipitations sur la station de Tillabéry et une très
légère diminution sur les stations de Gaya, Niamey et Mardi
(AMOUKOU, 2009).
Ces dérèglements climatiques ont de plus en plus
de conséquences évidentes sur les activités
économiques notamment l'agriculture.
Face à cette situation et surtout pour lutter contre
l'insécurité alimentaire, les pays d'Afrique subsaharienne ont
développé les cultures irriguées avec un accent
particulier pour les cultures maraîchères qui, au fil des
années ont pris de l'ampleur et s'imposent aujourd'hui comme une
véritable activité génératrice de revenus
majeurs.<< De ce fait le développement de l'agriculture
irriguée s'est imposé comme moyen indispensable en
complément à l'agriculture pluviale pour la recherche de la
sécurité alimentaire. Ainsi dans les années 1980, le
gouvernement du Niger a fait de la mise en valeur des milieux humides, une
question prioritaire dans la politique d'intervention pour atténuer les
effets de la sécheresse de 19831984>> (MONCHALIN, 1992 in
MAMAN, 2010).
En 1993 le gouvernement du Niger et la banque mondiale ont
appuyé les agriculteurs à créer une association à
but non lucratif dénommée Association Nigérienne pour la
Promotion de l'Irrigation Privée (ANPIP). De 1993 à 2002 l'ANPIP
a exécuté le projet pilote de l'irrigation privée sous la
tutelle du Ministère du développement agricole (NYSSA, 2008).
Selon YAMBA et AMADOU (1996), « la pratique des cultures
irriguées de contre-saison vient combler partiellement le déficit
vivrier et autorise même dans certains cas à dégager
un
12
surplus. Elle apparaît par conséquent comme
la manifestation d'une réelle stratégie de diversification
alimentaire ».
Ensuite, à partir de 2011 le gouvernement a fait de la
mise en valeur du milieu humide, une question prioritaire dans sa politique
d'intervention à travers l'initiative 3N (les Nigériens
Nourrissent les Nigériens) pour atténuer conjointement les effets
de l'insécurité alimentaire, ceux de la variabilité et des
changements climatiques qui sévissent dans le pays durant plusieurs
décennies.
Ainsi, à l'instar des autres régions, les
populations du sud-est du Niger, pour assurer l'autosuffisance alimentaire
(credo des paysans et des autorités politiques) et résorber les
déficits de la production sous pluie, ont aussi mis l'accent sur
l'agriculture irriguée par la mise en valeur des milieux humides
(bas-fonds, mares et cuvettes) qui sont à fortes potentialités
exploitables.
La cuvette de Doungou objet de notre étude est
exploitée en culture maraichères. La canne à sucre,
principale culture dans le site fait la fierté des populations
grâce aux revenus générés (HAROU, 2011).
Etant donné que cette dernière joue un
rôle prépondérant dans la vie socio économique de la
population, il s'avère nécessaire d'étudier les liens qui
existent entre le changement climatique et l'activité de la canne
à sucre dans cette cuvette. La présente étude porte sur :
« Perception du changement climatique sur la culture de la canne
à sucre dans la cuvette de Doungou (Département de
Kantché, Région de Zinder)».
Notre réflexion sera guidée par les questions
suivantes :
1. Comment se manifeste le changement climatique et comment
il est perçu par la population ?
2. Comment se pratique la culture de la canne à sucre
dans cette cuvette et quel est l'impact du changement climatique sur cette
activité ?
3. Comment les producteurs de la canne à sucre
s'adaptent aux effets du changement climatique ?
4. Quel serait le devenir de la pratique de la culture de la
canne à sucre dans cette cuvette avec le changement climatique en cours
?
I.1.3. Hypothèses :
Le travail sera conduit autour des hypothèses suivantes
:
? le changement climatique est réel dans la zone et
qu'il est perçu par la population à travers certains indicateurs
;
13
y' la baisse de la production de la canne à sucre est
liée aux variations des certaines variables climatiques ;
y' les producteurs locaux développent des
stratégies d'adaptation pour faire face aux effets
néfastes du changement climatique sur la culture de la
canne à sucre ; y' avec le changement climatique en cours, certaines
variétés de la canne à sucre sont
menacées de disparition et l'activité de la
canne à sucre tend à être abandonnée.
I.1.4. Objectifs
Cette étude s'articule autour d'un objectif principal
subdivisé en quatre objectifs spécifiques. I.1.4.1.
Objectif général :
y' analyser la perception du changement climatique sur la
culture de la canne à sucre dans cette cuvette.
I.1.4.2. Objectifs spécifiques
y' énumérer les différents facteurs
intervenant dans la production de la canne à sucre, y' analyser les
effets des variations des certaines variables climatiques sur la production de
la canne à sucre,
y' identifier les différentes stratégies
d'adaptation au changement climatique développées par les
producteurs de la canne à sucre,
v proposer des stratégies d'adaptation efficaces pour
atténuer les impacts négatifs du changement climatique sur
l'activité cannière.
I.1.5. Définition des termes
Changements climatiques : Selon le GIEC, les
changements climatiques peuvent être définis comme étant
« une variation statistiquement significative de l'état moyen
du climat ou de sa variabilité, persistant pendant une période
prolongée (généralement des décennies ou plus). Les
changements climatiques peuvent être dus à des processus internes
naturels ou à des forçages externes, ou encore à la
persistance de variations anthropiques de la composition de l'atmosphère
ou de l'utilisation des sols ».
Par contre, on notera que la Convention-Cadre des Nations
Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), dans son article premier,
définit les changements climatiques comme «des changements qui
sont attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables». La CCNUCC
fait donc une distinction entre «les changements climatiques»
attribuables à l'activité humaine altérant la composition
de l'atmosphère et la «variabilité du climat» imputable
à des causes naturelles.
14
Cuvette : Le terme de cuvette nous
paraît proche du concept de « kwari » dans la terminologie
locale. Le « kwari » correspond à « une
dépression généralement marécageuse,
allongée ou non, ouverte ou fermée, au sol relativement argileux
et dont la couverture végétale se distingue de celle de l'espace
environnant par son abondance et sa diversité » (WAZIRI MATO,
1988 ; p.57).
Canne à sucre : Graminée des
pays chauds (Antilles, Inde, Brésil, etc.) dont la tige peut atteindre
plusieurs mètres de hauteurs pour un diamètre de 4 à 5cm ;
sa moelle fournit un jus duquel on extrait le sucre et aussi le Rhum. La canne
à suce présente des tiges de couleurs différentes selon
les variétés, des feuilles alternes, longues, finement
dentées et rubanées. Elle fleurit tous les ans, et donne des
inflorescences soyeuses, en plumeau. Chaque inflorescence contient des fleurs
mâles et des fleurs femelles, mais il est très rare que ces fleurs
soient fertiles en même temps (LAROUSSE Agricole, 2010).
Impact : effet produit par quelque chose ;
influence qui en résulte (LE PETIT LAROUSSE illustré, 2011).
I.2. Cadre méthodologique
La méthodologie développée dans le cadre
de ce travail est basée essentiellement sur trois (3) étapes :
y' la recherche documentaire,
y' les travaux du terrain,
y' l'analyse et interprétations des données
I.2.1. Recherche documentaire
Cette phase a permis de consulter des documents de divers
ordres. Il s'agit entre autres des ouvrages généraux et des
ouvrages spécifiques telles que les mémoires, les revues, les
rapports annuels d'activités (des institutions de recherche et des
services techniques) et les conférences, traitant sur la question des
changements climatiques ainsi que de son impact sur les activités
agricoles en général et en particulier sur la culture de la canne
à sucre. Il faut noter que nous avons mené celle-ci dans divers
endroits (bibliothèques de la faculté des lettres, du
département de Géographie, de l'Agrhymet et du laboratoire
d'études et de recherches sur les dynamiques sociales et le
développement local (LASDEL), les services techniques, Internet, etc.)
et dans différentes localités (Niamey, Matameye, et même
à Doungou). Cette étape nous a aussi permis de mieux cerner le
sujet et d'élaborer la problématique, les hypothèses et
les objectifs de la recherche.
I.2.2. Travaux du terrain
Le travail du terrain porte essentiellement sur des
observations et sur la collecte des données.
15
I.2.2.1. Observations directes
Les observations directes sur le terrain ont permis de bien
connaitre la zone d'étude et surtout de comprendre certains
paramètres comme les aspects physiques (relief, climat,
végétation) et la dynamique de la production cannière dans
la cuvette. De plus cette étape nous a aussi permis de constater que les
producteurs de la canne à sucre font face à une absence
d'encadrement et d'appui en intrants agricoles. La production se fait
généralement de façon traditionnelle mais il existe aussi
quelques équipements modernes. Cette phase a été
menée au mois de Juin ce qui a permis de constater de visu la canne
à sucre en plein cycle végétatif ainsi que les
différentes manifestations du changement climatique sur cette
activité.
I.2.2.2. Technique d'échantillonnage
L'enquête exhaustive étant difficile à
réaliser du fait de son coût élevé
d'exécution et de sa durée longue. Pour ce faire, nous avons
procédé à un échantillonnage qui a concerné
trois (3) villages de la commune à savoir Doungou Haoussa, Kabori et
Garin Gao. Le choix de ces sites de production de la canne à sucre
repose sur leur appartenance à la vallée de la Korama qui de nos
jours est menacée par l'assèchement dans son parcours
compromettant ainsi cette activité.
En effet, d'après les lois de la statistique, un
échantillon est considéré comme statistiquement
significatif dans la mesure où il compte au moins 30 répondants
choisis de façon aléatoire. C'est dans ce sens qu'un
échantillon de soixante (60) producteurs a été retenu. Au
sein de cette population, un guide d'entretien a été
administré aux responsables des services techniques et des organisations
paysannes, et soixante (60) questionnaires individuels destinés aux
producteurs. La taille de chaque village a été respectée
et c'est ainsi que quarante (40) producteurs ont été
interviewés de façon aléatoire à Doungou Haoussa,
douze (12) à Kabori et huit (8) à Garin Gao (Tableau1). Leur
âge varie de 25 à 70 ans avec une forte proportion (47%) des
personnes âgées dans la production de la canne à sucre afin
d'avoir un bon recul dans le temps.
16
Localité
|
Effectif
|
Fréquence
|
Doungou Haoussa
|
40
|
67%
|
Kabori
|
12
|
20%
|
Garin Gao
|
8
|
13%
|
Total
|
60
|
100%
|
Tableau 1 : Répartition des enquêtés dans
les trois villages de la commune de Doungou (décembre, 2015)
I.2.2.3. Collecte des données
La collecte des données s'est déroulée du
25 Décembre au 24 Janvier en deux phases. La première phase a
été consacrée aux entretiens collectifs avec des personnes
ressources notamment les responsables des services techniques, des
organisations paysannes et même les personnes très
âgées dans la production de la canne à sucre afin d'obtenir
des informations qualitatives sur le changement climatique et l'activité
cannière. La deuxième a été consacrée sur la
collecte des données quantitatives. Ainsi, les données
quantitatives collectées ont porté d'abord sur les
variabilités inter annuelles des températures et des
précipitations propres à la zone d'étude. Par manque des
données de pluviométrie et des températures
nécessaires au niveau de la commune rurale de Doungou, les
données du poste pluviométrique de Matameye situé à
16 km pour les précipitations et celles de station synoptique de Magaria
située à environ 70 km pour les températures ont
été utilisées. Les données des
précipitations portent sur trente-cinq (35) ans (1981- 2015), celles des
températures portent sur trente (30) ans (1985-2014). Toutes ces
données ont été collectées auprès de la
direction de la météorologie nationale (DMN).
Ensuite, la collecte des données auprès des
producteurs a concerné de façon générale les
informations sociodémographiques et économiques des
ménages, le mode d'acquisition de terre, les caractéristiques de
la cuvette, les systèmes de production de la canne à sucre, les
différentes variétés cultivées, les rendements, les
systèmes d'irrigation et un accent a été mis sur la nature
de la source en eau.
Par ailleurs, d'autres données ont aussi porté
sur la perception paysanne du phénomène du changement Climatique,
l'impact de ce dernier sur la culture de la canne à sucre ainsi que les
différentes stratégies d'adaptation mises en oeuvre par les
producteurs locaux.
17
Photo 1 : Entretien et administration de questionnaire à
Garin Gao Cliché : I. Anass (2015)
I.2.3. Analyse et interprétation des
données
Après l'étape du terrain, les données
recueillies ont fait l'objet d'un regroupement avant d'être
analysées. L'analyse proprement dite des données a
coïncidé avec la rédaction du document. Ainsi, les
données statistiques sont analysées par le logiciel Epi info et
Excel pour sortir les tableaux et les graphiques qui ont fait l'objet d'une
interprétation.
I.2.4. Matériels, Outils et données de base
utilisées
Pour réaliser ce travail, les matériels, outils et
données de base suivants ont été utilisés :
V' des logiciels (Word, Epi info, Excel et Arcview GIS 3.2)
sont respectivement utilisés pour la saisie, l'analyse des
données statistiques, la représentation graphique et
l'élaboration des cartes thématiques,
V' un appareil photo numérique pour la prise des vues,
V' un instrument de mesure de longueur (le mètre) pour
mesurer les dimensions de la canne à sucre et la distance entre les
poquets (guindi) et les lignes (kounya), en langue
Haoussa,
V' un questionnaire et un guide d'entretien adressés
aux producteurs, aux responsables des services techniques et des organisations
paysannes,
V' une carte topographique pour identifier la cuvette,
V' une carte pédologique pour caractériser la
nature du sol,
V' des images Landsat5 TM de 1986 et Landsat8 OLI de 2015 pour
le suivi de la dynamique d'occupation du sol dans la zone d'étude.
18
I.3. Difficultés rencontrées
Tout travail de recherche scientifique est souvent
confronté à des difficultés. C'est dans ce sens que nous
avons d'abord fait face à une absence de la documentation relative
à notre thème et à la zone d'étude. Pour pallier
à cela nous avons fait recours à la littérature de la sous
région. Ensuite, les travaux du terrain ont coïncidé avec la
période électorale ce qui a entrainé une certaine
réticence des paysans car, ces derniers n'arrivant pas à
distinguer les étudiants et les hommes politiques. Il nous a fallu
expliquer difficilement aux exploitants le but de ce travail qui n'est rien
d'autre que la recherche scientifique. Nous avons aussi assisté à
un manque des statistiques fiables relatives à la production et au
rendement de la canne à sucre mais aussi à un manque des
données climatiques nécessaires au niveau de la commune et
même à Matameye. Pour résoudre cela nous avons
procédé d'abord à une interpolation temporelle (calcul de
la moyenne de deux valeurs encadrant la valeur manquante) pour compléter
les données manquantes de la production.
Ensuite nous avons utilisé les données du poste
pluviométrique de Matameye en ce qui concerne les précipitations,
et les données de la station synoptique de Magaria pour les
températures.
Enfin le nom kantché a deux statuts : Kantché
département et Kantché commune rurale dans le département
du même nom. C'est qui entraine souvent une certaine confusion dans la
littérature et la cartographie de la zone. Pour résoudre cela
nous avons fait recours à la loi 9330 du 14 septembre 1998, portant
création des départements et fixant leurs limites et le nom de
leurs chefs-lieux.
I.4. Présentation de la zone d'étude
Située entre 8°35' et 8°48' Est et entre
13°23'et 13°31' Nord, la commune rurale de Doungou est l'une des neuf
communes qui composent le département de Kantché. Elle est
créée par la loi n° 2002-014 du 11 juin fixant le chef lieu
de la commune qui est Dougou Haoussa. Elle est limitée au Nord par la
commune rurale d'Ichirnaoua, au Sud par la commune rurale de Yaouri (Magaria),
à l'Est par les communes rurales de Droum et Dogo (Mirriah) et à
l'ouest par la commune urbaine de Matameye. Elle couvre une superficie de 124,
29 km2 et compte 27 villages et 36 hameaux et campements (PDC,
2012).
Les trois (3) villages enquêtés à savoir
Doungou Haoussa, Kabori et Garin Gao se trouvent à la bordure de la
Korama. Kabori est situé à environ 17 km à l'est du chef
lieu de la commune, sur la route de la canne à sucre tandis que Garin
Gao se trouve au sud à environ 5 km sur une piste rurale.
Figure 1: Localisation de la zone d'étude
19
20
Conclusion partielle
Au niveau de la littérature deux principales
thèses s'affrontent en matière de réchauffement climatique
: les climato sceptiques qui soutiennent que le réchauffement climatique
actuel est naturel, et les climato réalistes qui soutiennent que le
réchauffement climatique actuel est beaucoup plus lié aux
activités humaines. La méthodologie adoptée dans le cadre
de ce travail est essentiellement basée sur trois (3) étapes
à savoir la recherche documentaire, les travaux du terrain et l'analyse
et interprétation des données. Cette démarche n'est pas
sans difficulté surtout d'ordre méthodologique. L'objectif
général de cette étude est d'analyser la perception du
changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans la cuvette
de Doungou. Mais en prélude, il convient d'énumérer les
différents facteurs intervenant dans la production de la canne à
sucre ainsi que le cycle végétatif de cette plante.
21
Chapitre II : Culture de la canne à sucre
Ce chapitre abordera d'abord les caractéristiques des
producteurs avant d'entamer le système de culture de la canne à
sucre.
2.1. Caractéristiques des producteurs
Cette partie traite des caractéristiques
générales des producteurs à savoir la répartition
par âge des personnes enquêtées, la taille des
ménages, le niveau d'instruction et les activités
pratiquées.
2.1.1. Répartition par âge des personnes
enquêtées
L'activité cannière exige beaucoup d'efforts
musculaires, raison pour laquelle à Doungou elle est exclusivement
réservée aux hommes. Ainsi, l'échantillon
étudié montre que tous les producteurs enquêtés sont
de sexe masculin, mais aussi mariés, et dont l'âge varie entre 25
et 70 ans.
Il ressort que parmi les 60 personnes enquêtées,
53% ont un âge compris entre 25 et 39 ans, 23% ont un âge compris
entre 40 et 49ans, 10% ont un âge compris entre 50 et 59 ans etenfin14%
ont au moins 60 ans (fig. 1).
25-39 40-49 50-59 60 à plus
Tranche d'âge
Pourcentage des enquêtés en (%)
100
40
90
80
70
60
50
30
20
10
0
53
23
14
10
Figure 2: Répartition par âge des
enquêtés (décembre, 2015)
2.1.2. Taille du ménage
Dans la commune de Doungou, la taille du ménage varie
d'un producteur à un autre. Ceci peut être expliqué par le
poids de la religion (l'islam) qui autorise la polygamie et qui stipule que
« l'enfant est une richesse » mais aussi par une coutume qui dispose
que « Yaro baya
22
girma gaban babanshi » autrement dit quelque
soit votre âge vous êtes toujours petit si vous dépendez de
votre père car, c'est lui qui détient le pouvoir absolu sur la
famille. C'est pourquoi comme le montre la figure (2), 44% des producteurs ont
des ménages composés d'au moins six (6) à dix (10)
personnes et que 3% des producteurs sont des personnes âgées et
ont plus de 20 membres.
Figure 3: Taille du ménage des producteurs
(décembre, 2015)
2.1.3. Niveau d'instruction
L'analyse du tableau (2) fait ressortir que l'écrasante
majorité des enquêtés (65%) n'a jamais été
à l'école tandis que 32% des enquêtés ont
fréquenté l'école moderne et 3% ont suivi une formation
des cours d'adulte. Ceci serait à l'origine du caractère encore
traditionnel de la production de la canne à sucre dans cette commune
mais aussi de la confusion sur la perception du changement climatique, car
d'aucun qualifie ce dernier de sanction divine.
23
Niveau d'instruction
|
Effectif
|
Fréquence
|
Lycée
|
1
|
2%
|
Collège
|
2
|
3%
|
Primaire
|
16
|
27%
|
Alphabétisation
|
2
|
3%
|
Non instruits
|
39
|
65%
|
Total
|
60
|
100%
|
Tableau 2 : Répartition des enquêtés selon le
niveau d'instruction (décembre, 2015)
2.1.4. Activité principale et secondaire
L'agriculture pluviale constitue la principale activité
de la population de notre zone d'étude. Cependant, le
phénomène du changement climatique et ses corollaires en
occurrence la baisse du rendement agricole, oblige les producteurs à
faire recours à l'agriculture irriguée particulièrement
celle de la canne à sucre afin d'assurer la sécurité
alimentaire.
Pour l'ensemble des producteurs de la canne à sucre de la
Commune de Doungou, la culture de celle-ci est considérée comme
activité secondaire à l'image de l'élevage, du commerce
etc. 2.2. Système de culture de la canne à
sucre
Nous abordons ici le mode d'accès à la terre,
les matériels et main d'oeuvre agricoles, l'organisation des
producteurs, la culture de la canne à sucre, les variétés
cultivées, l'entretien, le système d'irrigation, le cycle
végétatif, et la récolte de la canne à sucre.
2.2.1. Mode d'accès à la terre
Il existe plusieurs modes d'accès à la terre,
notamment l'héritage, le dont, prêt, l'achat, le gage, etc. Nos
enquêtes de terrain montrent que dans la Commune de Doungou, 70% des
producteurs ont acquis leur terre par héritage, 25% des producteurs ont
acheté leur terre et 2% l'ont obtenu par donation. Par contre, 1% ont eu
accès à leur terre soit par prêt, location ou gage (fig.
3).
24
Figure 4: Mode d'accès à la terre (décembre,
2015)
2.2.2. Matériels et main d'oeuvre agricole
La gamme des matériels traditionnellement
utilisés par les exploitants est composée de houe, Hiller,
couteau, calebasse, demi bidon, pelle, râteau, machette, charrettes
bovines, etc. Mais de nos jours il existe quelques équipements modernes
(motopompes, tracteur, etc.) qui facilitent l'exploitation des superficies
emblavées et l'écoulement des produits maraichers. La
clôture des sites à l'aide du grillage permet leur protection
contre les animaux, donc d'éventuels conflits avec les éleveurs.
Toutefois, la production de la canne à sucre demeure encore
traditionnelle.
En effet, pour la production de la canne à sucre, les
paysans font appel à la main d'oeuvre. Cette dernière peut
être familiale, salariale ou l'entre-aide. Les résultats de
l'enquête montrent que 85% des producteurs utilisent la main d'oeuvre
familiale par contre 13,50% qui font recours à la main d'oeuvre
salariale, et seulement 1,50% des exploitants pratiquent l'entre-aide (fig. 4).
Ceci montre que la production de la canne à sucre nécessite un
capital humain ou des moyens financiers.
25
Figure 5: Main d'oeuvre agricole (décembre, 2015)
2.2.3. Organisation des producteurs
L'un des plus grands handicaps de la production de la canne
à sucre dans la commune de Doungou est le manque des structures
organisationnelles permettant de développer d'avantage la filière
de la canne à sucre. Ainsi, parmi les trois villages
enquêtés (Doungou Haoussa Kabori et Garin Gao), c'est seulement
à Doungou Haoussa que les producteurs sont organisés en
mini-coopératives : kantoma, Boulboula Hadin Kay et Tallabi.
L'état n'intervient auprès des producteurs que
par la vente à prix modéré des intrants agricoles. Mais,
en 2013, dans le cadre de l'initiative 3N (les nigériens nourrissent les
nigériens), l'état à travers le projet PPI/RUWANMU a
foncé dans le chef -lieu de la commune 132 forages maraichers
équipés des groupes motopompes. Aussi, il est venu en appui
à travers l'encadrement des paysans en techniques et technologies
agricoles par la création d'une école d'adultes
dénommée « Garka makaranta » ou « jardin
école ».
2.2.4. Choix des boutures
Après la récolte les paysans procèdent au
choix des boutures qui vont servir à la prochaine plantation. Ils
sélectionnent généralement les boutures qui portent 3
à 4 bourgeons, qui ne portent pas des bléssures ni des trous
d'insectes ou des maladies mais aussi ayant la même taille.
26
2.2.5. Variétés cultivées
Au cours des années 80, 139 variétés de
canne à sucre ont été introduites au Niger et
testées à la station expérimentale de Tillaberi en vue de
l'implantation d'un complexe agro-sucrier sur les terrasses du fleuve Niger.
Six (6) variétés sont retenues comme cannes industrielles et
trois (3) autres comme canne de bouche (INRAN, 1987). La canne de bouche la
plus répandue au Niger est le saccharum officinarum dont les tiges sont
riches en saccharose. Cette espèce regroupe la canne verte et la canne
violette. Dans la commune de Doungou, la canne verte (photo 2. a),
appelée « Kara » fait partie des premières
espèces cultivées, mais en 1977 un paysan a introduit la canne
violette depuis Mai Aduwa (Nigeria). C'est la tige de cette dernière qui
a été coupée en morceaux et ensuite replantée.
Depuis lors, la canne violette remplaça progressivement la canne verte.
De nos jours la canne violette appelée « kantoma »
est la plus cultivée dans la zone (photo 2. b). Le choix de cette
variété s'explique d'une part par le fait que la canne verte ne
peut plus supporter les conditions climatiques actuelles mais aussi pour des
raisons économiques car la canne violette est de très bonne
qualité avec des tiges grosses et longues, très tendres et
juteuses comprenant 10 à 15 talles par touffes et elle est plus
recherchée sur le marché comme exprimés par 83,33% de la
population enquêtée.
Photo 2: a. Canne à sucre verte à Doungou b. Canne
à sucre violette à Kabori
Cliché : I. Anass (2015)
2.2.6. Entretien de la cane à sucre
L'entretien de la canne à sucre commence par le
sarclage, le remplacement des boutures manquantes et l'utilisation des
intrants.
27
V' Le sarclage et remplacement des boutures
manquantes
Le sarclage ou (kaptou) consiste à arracher
les mauvaises herbes mais aussi permet de rémuer le sol. Il se fait 10
à 15 jours après la plantation à l'aide des
matériels traditionnels tels que la houe la daba, la hiller, etc. Dans
la zone d'étude le prémier sarclage se fait avant ou après
la plantation et sa fréquence varie selon la nature du sol. Au fur et
à mésure que le paysan sarcle son terrain il procède au
remplacement des boutures qui n'ont pas répris ou qui sont
détruites par les termites et les souris. Le remplacement des boutures
manquantes dès le premier sarclage permet d'éviter le
décalage d'âge entre les cannes.
V' Utilisation des intrants
Malgré la fertilité des sols de la cuvette, les
producteurs ont conscience, qu'un sol évolue et qu'il a besoin d'un
amendement pour maintenir et accroître sa fertilité. C'est
pourquoi, ils procèdent à l'utilisation systématique de la
fumure organique et minérale. Les résultats de nos investigations
de terrain montrent que 95% des producteurs utilisent de la fumure organique
qui provient essentiellement de la collecte d'excréments des animaux et
des ordures ménagères collectés au sein de la concession
ou de l'achat auprès d'un charretier moyennant une somme de 200 à
300 FCFA le voyage. En plus de la fumure organique, les producteurs de la canne
à sucre font aussi usage d'engrais chimiques. Nos enquêtes de
terrain montrent que 91,7% des producteurs enquêtés utilisent des
engrais (chimiques), notamment l'urée, le composé azote phosphate
potassium (NPK) et du phosphate diammonique (DAP).
Cependant, force est de constater que la quasi-totalité
des producteurs n'ont aucune notion sur la dose à apporter à
cette plante ni à quelle étape de son cycle
végétatif. Aussi, 87,7% des producteurs utilisent le pesticide
dont 64,3% font un traitement préventif, 16,7% un traitement curatif et
19% font un traitement curatif et préventif.
2.2.7. Système d'irrigation
Il existe deux (2) systèmes d'irrigation: l'irrigation
manuelle et l'irrigation motorisée. Les résultats de nos
enquêtes montrent que 66,7% de l'irrigation est manuelle contre 33,3%
motorisée, tandis que la fréquence de l'arrosage varie selon les
saisons. En saison sèche et froide une (1) séance par semaine par
contre en saison sèche et chaude une (1) séance tous les 3 jours.
L'irrigation manuelle se fait de deux manières:
V' l'irrigation par poquet qui se fait au moyen d'une puisette
et consiste à arroser la jeune plante de la canne à sucre pied
par pied;
V' l'irrigation gravitaire qui se fait au moyen d'une
calebasse, utilise le plus souvent l'eau des puits traditionnels.
L'opération consiste à renvoyer l'eau à l'aide d'une
calebasse à partir d'un monticule de terre localement appelé
«doki» muni d'une cavité dans
28
laquelle est déversée l'eau. Cette cavité
est recouverte des herbages ou de vieilles nattes pour éviter
l'infiltration (photo 3. a).
A Doungou, l'irrigation par poquet et gravitaire tendent
à disparaitre, avec l'introduction des forages maraichers et des
motopompes ces dernières années (photo 3. b)
Photo 3: a. Irrigation gravitaire à Doungou b. Irrigation
motorisée à Doungou
Cliché : I. Anass (2015)
2.2.8. Cycle végétatif
Il est divisé en six(6) étapes :
? la Plantation
Il n'existe pas une technique standard de plantation de la
canne à sucre dans la commune, chaque producteur adapte sa propre
initiative en fonction de ses moyens ou de la nature de son terrain. D'une
manière générale, la plantation débute un à
deux mois après la récolte afin de permettre au debrit organiques
de la précédente récolte de se décomposer. Elle se
fait en deux étapes à savoir le déblayage (qui consiste
à balayer et à bruler les mauvaises herbes), la
préparation du sol qui consiste à creuser des trous (poquets)
espacés et alignés de 20 à 30 cm de profondeur. L'espace
entre deux poquets (guindi) et deux lignes (kounya)
mésure respectivement environ un (1) mètre et un
mètre et démi (1,5m). Dans toute la commune les boutures
constituées de trois (3) entrenoeuds sont disposées obliquement
au fond des poquets et en file, puis recouvertes de 5 cm de terre selon la
nature du sol. Leur nombre ne dépasse guère trois (3) par poquet
partout dans la zone d'étude (photo 4).
29
Photo 4 : Plantation de canne à sucre à Doungou
Cliché : I. Anass (2015)
V' La levée
Elle se déroule un (1) à deux (2) mois après
la plantation. Ainsi, grace aux réserves contenues dans la bouture, les
bourgeons germent et donnent des tiges dites primaires qui portent des
radicelles à travers lesquelles la jeune plante s'alimente (photo 5).
Photo 5: Canne à sucre au stade de lévée
à Garin Gao Cliché : I. Anass (2015)
V' Le tallage
Il débute trois (3) à quatre (4) sémaines
après la lévée des boutures. Dans cette phase, les
entre-noeuds de la base des tiges primaires étant très
rapprochés, il se constitue un stock de bourgeons dont certains germent
à leur tour et donnent naissance à des tiges secondaires.
30
A partir de ces dernières, naissent des tiges
tertiaires et ainsi de suite jusqu'à la constitution d'une touffe de
canne qui, à la maturité peut comporter jusqu'à douze (12)
tiges selon la variété, les conditions climatiques et
édaphiques du milieu comme le témoigne un paysan interviwé
(photo 6). Cela confirme aussi les travaux de (INRAN, 1986) qui dit que
« la canne violette à un très bon tallage avec 10
à 15 tiges par touffe ».
Photo 6: Canne à sucre au stade de tallage à
Doungou Cliché : I. Anass (2015)
? La montaison
Elle débute trois (3) à six (6) mois
après la plantation et correspond à la période de haute
chaleur et des grandes pluies car la canne à sucre est très
exigeante en eau et à la chaleur. Au cours de cette phase, le bougeon
végétatif terminal de chaque tige donne naissance à une
suite de noeuds qui portent un bourgeon et des entre-noeuds dont la longueur
finale varrie entre 12 à 14cm. Les tiges grandissent tandis que les
feuilles situées au niveau de chaque noeud croissent, se
déroulent, vieillissent et sèchent pour etre remplacées
par d'autres plus jeunes tandis que les racines se ramifient et s'allongent
dans le sol (photo 7).
31
Photo 7: Canne à sucre au stade de montaison à
Kabori Cliché : I. Anass (2015)
? La maturation
Elle correspond à la période essentiellement
froide qui va d'octobre à février. Elle se caractérise par
le gout très sucré de la canne à sucre et un
dessèchement des feuilles. En cette période la canne à
sucre peut atteindre trois (3) mètres avec des feuilles dépassant
un (1) mètre et des racines d'environ 15 cm de diamètres. C'est
la période la plus favorable à la récolte (photo 8).
Photo 8 : Canne à sucre au stade de maturation à
Kabori Cliché : I. Anass (2015)
32
V' La floraison
C'est la phase finale du cycle végétatif de la
canne à sucre. Elle se caracterise par la baisse du taux de sucre et du
jus et l'apparition des fleurs au niveau de la partie aériennes. Lorsque
la canne fleurit, sa croissance s'arrête et aucune feuille n'est
produite, les feuilles en place se dessèchent et la canne ne produit
plus assez d'énergie pour assurer ses fonctions vitales. Elle va donc
utiliser le saccharose accumulé dans ses tiges pour assurer sa survie
(COURTEAU, 2005).
2.2.9.Récolte de la canne à sucre
Elle débute géneralement entre le onzième
ou le douzième mois après la plantation car la canne à
sucre est une plante à cycle annuelle. Dans la zone d'étude, la
récolte dure environ cinq mois, d'Octobre à Février mais
les mois de Décembre et Janvier sont considérés comme les
mois des grandes récoltes comme le témoignent 83,33% des
enquetés. La récolte se fait à l'aide de materiels
aratoirs (houe, coupe-coupe , couteau etc.) et en deux éapes :
V' l'épaillage (bara) : qui
consiste à arracher à la main les feuilles sèches,
tranchantes et piquantes de la base des tiges pour faciliter la coupe de la
canne. Cette opération se fait le plus souvent deux à trois jours
avant la coupe ce qui permet de rendre la canne plus violette du fait de
l'action du vent et du soleil sur la canne nue (dépourvue des
feuilles).
V' la coupe de la canne : qui
consiste à sectionner à l'aide d'une houe ou d'un coupe-coupe les
tiges de la canne juste au dessus du prémier entre-noeud et on
procède par la suite à l'enlèvement des parties
aériennes qui constitueraient des boutures pour la prochaine campagne.
Il faut noter que certains producteurs font la coupe et l'épaillage le
même jour, mais dans tous le cas la récolte de la canne à
sucre est un travail d'équipe et se fait à la chaine
c'est-à-dire il y'a une prémière équipe qui fait
l'épaillage, une deuxième qui coupe, une troisième qui
enlève les parties aériennes et prépare les boutures et
enfin une quatrième équipe qui fait les fagots composés de
quinze (15) à vingt (20) tiges (photo 9).
33
Photo 9 : Récolte de la canne à sucre à
Doungou Cliché : I. Anass (2015)
Conclusion partielle
Dans la commune rurale de Doungou, la culture de la canne
à sucre est exclusivement réservée aux hommes dont
l'âge varie entre vingt-cinq (25) et soixante-dix (70) ans. Cette
activité jusque-là traditionnelle, selon un mode d'accès
à la terre essentiellement lié à l'héritage. En
effet, la production de la canne dans la Commune de Doungou subit les impacts
du changement climatique dont la perception de ce dernier est diversement
appréciée par les producteurs.
34
Chapitre III : Perception paysanne du changement
climatique
Dans ce chapitre, est abordée la perception paysanne du
changement climatique notamment à travers la pluviometrie, les
températures et les évènements extrêmes.
3.1. Perception paysanne sur la variation de la
pluviométrie
Dans la zone d'etude, la totalité des
enquêtés affirment que ces dernières décennies, la
saison de pluie s'installe en retard ( mois de juillet). En effet, pour 20,7%
des personnes interviewées, ce retard est dû à une sanction
divine sur la population. Par contre 46,6% attribuent ce retard au changement
de temps dont la traduction locale est « juyin locaci » ou
« canjin yanayi ».
Ensuite, quand la pluie s'installe, elle ne dure au maximum
que trois (3) mois (juillet, août, septembre) et la quantité des
pluies tombée varie d'une année à une autre. Selon 90,7%
des enquêtés, la saison de pluie est aussi perturbée par
des séquences sèches de plus de 10 jours. Cette phase
sèche intervient le plus souvent en plein milieu de saison hyvernale
entrainant ainsi la baisse de la production agricole en
général.
3.2. Perception paysanne sur la variation de la
température
Par rapport aux manifestations des températures, la
quasi-totalité (91,5%) des enquêtés disent avoir
constaté une augmentation globale des températures actuelles,
comparées à celles de trente dernières années.
Selon 91, 7% d'enquêtés, les saisons hivernales sont très
chaudes ces dernières années, tandis que 66,7% disent que
même la saison froide devient de plus en plus chaude.
3.3. Perception paysanne sur la fréquence du
vent
Dans la Commune Rurale de Doungou les producteurs de la canne
à sucre affirment que c'est surtout en début de la saison des
pluies (période de montaison de la canne à sucre) et pendant la
saison sèche froide (période de la maturation) que
l'activité éolienne est plus violente et intense ces
dernières années. Ainsi, 91,33% des paysans interrogés sur
l'intensité du vent affirment que pendant la saison des pluies, le vent
cause en général plus des dommages sur la
végétation, en particulier sur la canne à sucre qui fait
la spécificité de la zone d'étude. Cette perception
s'explique par le fait que pendant la saison pluvieuse, les vents forts
proviennent du passage plus fréquent des phénomènes
orageux.
3.4. Perception paysanne sur les inondations
Concernant la fréquence des inondations, 75% des
exploitants enquêtés ont constaté une fréquence des
inondations du site de la canne à sucre comparativement aux
dernières années.
35
Ainsi, 25% des populations enquêtées ont
affirmé que depuis 2001 ce site n'a connu une telle ampleur alors que
11,6% disent que depuis 1986 ce site n'a connu une telle ampleur et que les
surfaces affectées par ces inondations fréquentes, sont de plus
en plus grandes.
Selon un exploitant, Cette inondation due aux grosses pluies
de ces dernières années vient dévaster la canne avant la
maturation. Cette situation est aggravée par la remontée de la
nappe phréatique pendant la saison froide appelée « baja
» dans le langage local dont l'une des conséquences est le
rabougrissement des jeunes plants de la canne ou le submergement des sites
marécageux, les rendant difficile pour toute mise en valeur agricole.
Photo 10: Plant de la canne à sucre inondé à
Doungou Cliché : I. Anass (2015)
3.5. Analyse des données climatiques
A défaut des données climatiques
nécessaires au niveau de la Commune Rurale de Doungou, les
données utilisées pour la pluviométrie sont celles du
poste pluviométrique de Matameye, situé à 16 km de la zone
d'étude et pour les températures celles de la station synoptique
de Magaria, située à environ 70 km de la zone d'étude.
3.5.1. La pluviométrie
Pour déterminer le caractère humide ou sec des
années, l'indice de standardisation d'anomalies selon la méthode
de Lamb (1983) a été utilisé. Cet indice I est
calculé de la manière suivante.
36
Où Xi = observation pour
l'année i ; X = moyenne des observations sur la
période retenue et ? = écart type
correspondant.
Figure 6: Evolution interannuelle des cumuls
pluviométriques selon la méthode de Lamb (1983), de 1981 à
2015 à Matamèye (DMN, 2016)
Le calcul de l'indice pluviométrique standardisé
à partir de la série pluviométrique enregistrée de
1981 à 2014 au niveau de poste pluviométrique de Matameye, montre
deux périodes climatiques différentes connues par la zone
d'étude pour l'espace de 35 ans (fig. 6) :
? une période moins humide qui va de 1981 à 1992
: Cette phase montre un déficit pluviométrique qui s'accentue
à partir de 1984. L'année 1984 correspond à l'année
à partir de laquelle on note une tendance générale
à la baisse dans la série pluviométrique. La
pluviométrie minimale au cours de cette période est de 246,6 mm
et correspond à l'année 1987.
? une période humide qui va de 1993 à 2012 : au
cours de cette phase, on constate que les années sont relativement
humides, donc on assiste à un retour aux conditions climatiques plus
humides comme c'est le cas des stations synoptiques de Magaria et de Zinder
(WAZIRI MATO et al, 2012). La pluviométrie maximale au cours de
cette période est de 742,4 mm et correspond à l'année
2001. La moyenne pluviométrique calculée pour la période
1981-1992 (période moins humide) est de 418,15 mm/an,
37
alors que la moyenne 1993-2012 (période humide) est de
538,27 mm/an. On note, une augmentation de 120,12 mm de la pluie entre les
périodes 1981-1992 et 1993-2014. Cette augmentation de la moyenne
annuelle confirme les travaux d'AMOUKOU (2009) qui parle d'une
légère hausse du cumul des précipitations à
l'horizon 20202049 pour le Niger.
3.5.2. Les températures
L'analyse des séries des données des
températures maximales et minimales de 1985 à 2014 de la station
de Magaria, montre une tendance à la hausse dans les deux séries
des données (Tmax et Tmin). Pour la série des données des
températures maximales, l'année de rupture correspond à
2005, avec une augmentation de 0,4°C entre 1985-2004 (avant rupture), et
20052014 (après rupture), (fig. 7. a). Pour la série des
données de températures minimales, c'est l'année 2005 qui
correspond à l'année de rupture, à partir de laquelle une
augmentation de 0,72°C est observée entre 1985-2004 (avant rupture)
et 2005-2014 (après rupture), (fig. 7. b).
T°C max Moy mobile(5ans) Tendance
a)
1,5
1
0,5
0
-0,5
-1
-1,5
Ecarts à la moyenne
1985 1990 1995 2000 2005 2010
Années
T°C min Moy mobile(5ans) Tendance
c)
1985 1990 1995 2000 2005 2010
Années
1
0,5
Ecart à la moyenne
0
-0,5
-1
-1,5
-2
-2,5
38
Figure 7 : Evolution interannuelle des écarts à la
moyenne des températures maximales (a) et minimales (b) de Magaria sur
la série 1985 à 2014 (DMN, 2016).
Figure 7: Evolution interannuelles des écarts à la
moyenne des températures maximales (a) et minimales (b) de Magaria sur
la série 1985 à 2014 (DMN, 2016)
La moyenne 1985-2004 calculée dans la série des
données des températures maximales est de 35, 23° C, alors
que la moyenne 2005-2014, est de 36, 22°C soit une augmentation
d'environ
39
1°C. Ceci est très proche des résultats de
GIEC (2007) qui prévoient une augmentation de la température de 1
à 1, 5° à l'horizon 2025 pour les pays de l'Afrique
subsaharienne.
Pour la série de données des températures
minimales, la moyenne 1985-2004 est de 18, 79°C, alors que la moyenne
2005-2014 est de 19, 35°C, soit une hausse de 0, 72°C. Ces
résultats corroborent les travaux de BATIONNON (2009) qui parlent d'une
augmentation de la température mondiale de 0, 73° en un
siècle.
Conclusion partielle
Dans la zone d'étude, l'ensemble des
enquêtés affirment que ces dernières années la
saison de pluie s'installe en retard et la quantité des
précipitations tombée varie d'une année à une
autre. La saison des pluies est aussi perturbée par des séquences
sèches de plus de 10 jours comme en témoignent 97,7% des
enquêtés. Ainsi, 46,6% des personnes interrogées attribuent
cette perturbation au changement de temps tandis que 91,7% des exploitants
perçoivent une augmentation globale des températures actuelles
comparées à celles des dernières années.
En outre, l'analyse des données pluviométriques
de 1981 à 2015 de la zone d'étude montre deux périodes
climatiques différentes : une période moins humide
caractérisée par un déficit pluviométrique, et une
période humide où on assiste à un retour aux conditions
climatiques plus humides. L'analyse des séries des données des
températures maximales et minimales de 1985 à 2014, montre une
tendance à la hausse dans les deux séries des données.
Cette variation des différentes variables climatiques a un impact sur la
culture de la canne à sucre.
40
Chapitre IV : Impact du changement climatique sur la
culture de la canne à sucre et les stratégies d'adaptation
paysanne
Dans ce chapitre sont analysés l'impact du changement
climatique sur la culture de la canne à sucre ainsi que les
stratégies d'adaptation paysanne.
4.1. Impact du changement climatique sur la culture de
la canne à sucre
Cette partie aborde d'abord l'analyse cartographique de
l'évolution spatiale de la zone d'étude avant d'identifier les
différents impacts du changement climatique sur la culture de la canne
à sucre.
4.1.1. Analyse cartographique de l'évolution
spatiale
L'analyse de l'évolution spatiale de la zone
d'étude à partir des images satellitales Landsat de 1986 et 2015
a permis de spatialiser les unités d'occupation du sol suivantes : la
vallée de la Korama, la zone des cultures pluviales continues, les sols
nus, la zone des cultures pluviales sous parc arboré, les cuvettes
oasiennes et les occupations humaines (routes, village). Les cartes qui en
découlent mettent en évidence les changements intervenus dans la
zone entre les deux périodes de référence (fig. 8 et
9).
Sur le plan spatial, l'analyse des figures 8 et 9 montre une
diminution globale de la densité de la végétation et des
sols nus et une augmentation de la zone des cultures pluviales. Ainsi, les
cultures pluviales sous parc arboré assez boisées en 1986 sont
devenues très peu boisées en 2015. Ces dernières ont donc
perdu en superficie tandis que les cultures pluviales continues en ont
gagné. La vallée de la Korama assez large et disposant d'un seul
bras en 1986, s'est rétrécit d'avantage et subdivisée en
deux (2) bras en 2015, laissant ainsi une bonne partie de sa superficie aux
cultures pluviales continues. Les cuvettes oasiennes se trouvant du
côté sud-ouest de la Korama ont disparu et celles situées
du côté sud ont augmenté de taille et de nombre en 2015.
Enfin, le village de Doungou qui se limite à la bordure nord de la
Korama en 1986 a augmenté de taille jusqu'à déborder
totalement cette vallée en 2015.
41
Figure 8: Occupation du sol dans la zone d'étude en
1986
42
Figure 9: Occupation du sol dans la zone d'étude en
2015
43
Globalement, les changements ont affecté toutes les
différentes unités d'occupations du sol soit à travers un
regain ou une perte des superficies (Tableau 3). Cependant, dans la
présente étude c'est surtout les changements qui ont
touché les zones de production de la canne à sucre à
savoir la Korama et les cuvettes oasiennes qui feront l'objet d'une analyse.
En effet, ces deux unités ont connu un changement dans
leurs superficies durant les périodes 1986 et 2015 : la Korama qui en
1986 occupait 1191 hectares soit 6% de la superficie globale a perdu 392
hectares pour ne compter que 799 hectares en 2015, soit environ 4% de la
superficie globale tandis que les cuvettes oasiennes qui ne comptaient que 86
hectares en 1986 soit environ 0,5% de la superficie globale ont plus que
doublé leur superficie en 2015 pour atteindre 218 hectares, soit environ
1% de la superficie globale (tableau 3).
Cette perte de superficie de la Korama pourrait s'expliquer
d'abord par la détérioration des conditions climatiques par
rapport aux temps passés (déficit pluviométrique, forte
chaleur, vents violents) qui a entrainé une baisse de la nappe
phréatique, mais aussi et surtout par l'érosion éolienne
qui a occasionné l'ensablement de cette dernière. Ces deux
phénomènes climatiques combinés à la forte pression
anthropique sur la terre, qui est estimée en 2016 à hauteur de
75,77% pour l'ensemble du département (DDA/Matamèye, 2016), ont
transformé une grande partie de la Korama en zone des cultures pluviales
car dans la zone d'étude, les cultures irriguées en particulier
celle de la canne à sucre ne peut se faire que sur un sol
argilo-limoneux très humide (Tabo).
Par contre, le regain des superficies des cuvettes pourrait
être dû à un retour des conditions climatiques plus humides
ces dernières années qui ont conduit à une remontée
de la nappe phréatique dans ces cuvettes jadis abandonnées.
Ensuite ces cuvettes à texture sablo-argileux répondent bien
à la culture des légumes en occurrence le poivron qui de nos
jours fait la fierté des populations à travers les revenus qu'il
génère : d'où un grand engouement autour de leur mise en
valeur.
44
Unités
|
Etat en 1986
|
Etat en 2015
|
Régression à la superficie occupée
en 1986
|
Progression à la superficie occupée en
1986
|
|
ha
|
%
|
ha
|
%
|
ha
|
%
|
ha
|
%
|
Korama
|
1191
|
6
|
799
|
4
|
-392
|
-2
|
|
|
CPC
|
5005
|
26
|
16208
|
85
|
|
|
11203
|
58
|
Sols nus
|
1187
|
6
|
439
|
2
|
-748
|
- 4
|
|
|
CPSPA
|
11611
|
61
|
1355
|
7
|
-10256
|
-54
|
|
|
Cuvettes
|
86
|
0,5
|
218
|
1
|
|
|
132
|
1
|
Village
|
79
|
0,5
|
140
|
1
|
|
|
61
|
0,5
|
Total
|
19159
|
100%
|
19159
|
100%
|
|
|
|
|
Tableau 3: Récapitulatif des superficies en hectare des
types d'occupation du sol de 1986 et 2015 (I. Anass, 2015)
4.1.2. Impact sur les ressources en eau.
« Doungou'N Ruwan Dan Toka » autrement dit
le village de Doungou a été jadis crée à la bordure
d'un cours d'eau du nom de « Dan Toka » qui n'est rien d'autre que la
vallée de la Korama qui à l'époque a un écoulement
permanent et regorge aussi d'énorme quantité d'eau. Suite aux
actions humaines non concertées (barrage de Dan Bata), et surtout les
effets combinés du changement climatique (faiblesse des
précipitations, fortes chaleurs, ensablement), la Korama est
transformée en un cours d'eau temporaire. Aujourd'hui, cette
vallée est réduite à une multitude de mares sur son
parcours. Ces cours d'eau sont gravement menacés par
l'assèchement, cela se manifeste sur le terrain par l'augmentation de
nombre des cuvettes asséchées et la baisse du niveau
piézométrique de la nappe phréatique (HAROU, 2012).
Ce phénomène est aussi constaté par 81,7%
des enquêtés qui témoignent que ces dernières
années les ressources en eau sont insuffisantes pour l'activité
de la canne à sucre car, la Korama ne contenait plus l'eau comme au bon
vieux temps c'est-à-dire il y'a de cela plus de 30 ans. Cette
insuffisance de l'eau dans les sites de la culture de la canne à sucre,
explique un vieux exploitant se justifie d'une part par la fréquence
élevée d'arrosage de la canne à sucre par rapport au temps
vécu de leur jeunesse, le tarissement des puits traditionnels mais aussi
et surtout par l'utilisation impérative des forages et motopompes
partout dans les sites des cultures irriguées dus à la profondeur
de la nappe phréatique dont le niveau statique dans la vallée
peut atteindre 10 mètres (PDC, 2012).
45
Cette insuffisance des ressources en eau peut aussi
s'expliquer par la disparition ou la transformation de certaines cuvettes jadis
productrices de la canne à sucre en champs des cultures pluviales.
4.1.3. Impact sur la production
L'analyse de la courbe de l'évolution de la production
annuelle de la canne à sucre pour l'ensemble du département de
Kantché montre une baisse récurrente de la production de la canne
à sucre. En effet, cette dernière est beaucoup plus
marquée au cours des périodes suivantes : 2005, 2010 et 2012
(fig. 10). Ces trois périodes correspondent aux années où
la pluviométrie a été très abondante. Les
précipitations enregistrées au cours de ces années sont
respectivement 597mm, 657mm et 622mm. Ces dernières sont largement
supérieures à la moyenne qui tourne autour de 497mm dans la zone.
Cette abondance des précipitations au cours de ces trois
périodes, occasionne des grandes inondations récurrentes sur les
sites de la production à texture argilo-limoneuse hydromorphe, avec
comme conséquence des nombreuses pertes des cultures de la canne
à sucre suite à une asphyxie sévère.
Par ailleurs on constate également une
légère hausse de la production de la canne à sucre en
2014. Cette dernière pourrait s'expliquer dans une large mesure par une
pluviométrie moyenne (502mm qui n'est pas loin de la moyenne de la
zone), permettant ainsi à la canne à sucre de terminer son cycle
végétatif sans stress hydrique ni inondation.
120000
100000
20000
0
2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Années
Production en tonne
80000
60000
40000
Figure 10: Evolution de la production annuelle en tonne de la
canne à sucre de 2002 à 2014 (DDA/Matamèye, 2015)
46
Cette baisse récurrente de la production de la canne
à sucre concorde bien avec les constats des populations. Selon les
résultats de nos enquêtes, 80% des exploitants ont constaté
une baisse de la production de la canne à sucre ces dernières
années.
Ainsi, 56% de ces derniers attribuent d'abord cette baisse de
production au démarrage tardif de la saison des pluies et à la
fin précoce de cette dernière. En effet, à la montaison
(Mai, Juin), période où la canne à sucre a plus besoin
d'eau, la pluie ne tombe pas ce qui crée un déficit hydrique
à cette plante (photo 11. a). Ce manque d'eau empêche alors la
canne de grandir pour donner des longs entre-noeuds avec beaucoup de jus. De
plus, quand la pluie s'installe, elle prend fin généralement au
cours de mois de septembre, période par excellence de la maturité
de la canne à sucre. Cette perturbation du cycle végétatif
de la canne à sucre liée au dérèglement de la
saison de pluie conduit à la production de canne avec de petits
entre-noeuds et moins sucrée appelée « gounji »
ou canne courte (photo 11.b). Ensuite 20% des exploitants expliquent que
dans certains sites notamment les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses
du mois d'août qui submergent et dévastent par la suite la
plantation de la canne à sucre (photo 11. c). Ce qui oblige les paysans
à une récolte précoce où à l'abandon total
de son champ. Par contre 12% des exploitants associent cette baisse de la
production à la baisse des précipitations.
Par ailleurs, certains exploitants (10%) attribuent la baisse
de la production à la forte chaleur surtout du mois de Mai et Juin qui
crée un déficit hydrique aux jeunes plants de la canne à
sucre se trouvant surtout à la périphérie du jardin,
où l'humidité du sol est très faible. Enfin, 2% seulement
des exploitants affirment que la baisse de la production est liée aux
vents violents de la saison froide qui viennent déshydrater ou
écraser la canne à sucre en pleine maturité (fig. 11).
47
Figure 11: Perception paysanne sur la baisse de la production de
la canne à sucre
Photo 11: a. b. c.
Cliché : I. Anass (2015).
a. Canne à sucre en montaison dévastée par
un déficit hydrique,
b. Taille de la canne à sucre suite à
l'arrêt précoce de pluie,
c. Champ de canne à sucre inondé.
48
4.1.4. Impact sur les surfaces cultivables
Dans les années 1970, l'organisation des cultures comme
le témoigne un vieil exploitant s'établit en fonction de
l'humidité du milieu. Ainsi, le jardin est subdivisé en trois (3)
parties distinctes de l'amont à l'avale :
La périphérie du jardin où le sol est
plus ou moins sec, réservée aux cultures irriguées avec
arrosage complémentaire, la partie centrale où le sol est
très humide, réservée aux cultures irriguées sans
arrosage complémentaire et enfin la zone du bas fond ou zone inondable
qui est caractérisée par l'affleurement de la nappe
phréatique .Cette partie est réservée uniquement aux
plantes les plus exigeantes en eau ou celles qui supportent d'avantage de
l'humidité. Dans certains sites cette partie est même
abandonnée à cause de son état très
marécageux.
Aujourd'hui, avec le changement climatique et ses corollaires
en occurrence la faiblesse des précipitations et surtout la baisse
drastique de la nappe phréatique, l'organisation des cultures se
présente de la manière suivante :
La périphérie du jardin est
catégoriquement réduite en champs des cultures pluviales comme le
dit un paysan : « kwari babu raba gona ne » autrement dit un
jardin sans humidité n'est qu'un simple champ.
La partie centrale jadis réservée aux cultures
irriguées sans arrosage complémentaire est maintenant
transformée en une zone des cultures avec arrosage complémentaire
et enfin la zone du bas fond où la nappe phréatique est
affleurant est aujourd'hui réservée aux cultures irriguées
avec une faible fréquence d'arrosage complémentaire.
Autrement dit on assiste de nos jours à un
déplacement du jardin de la périphérie vers la partie
centrale du fait de l'absence de l'humidité.
4.1.5. Disparition de certaines variétés de
la canne à sucre
Bien avant l'arrivée de la canne violette dans la
commune, les exploitants cultivaient plusieurs variétés de canne
à sucre au niveau local il s'agit de:
? « Farar Kara » ou canne de couleur
blanchâtre : c'est la première espèce cultivée dans
la commune. C'est une canne très sucrée mais beaucoup plus
exigeante en eau et dont la morphologie (taille et diamètre) n'atteint
pas celle de la canne violette (photo 12. a),
? « Kara » ou canne de couleur verte qui
est un peu plus grosse que la précédente mais a la même
exigence en eau que cette dernière. Elle se distingue de celle-ci
surtout par la couleur (photo 12. b),
? « Va TAMBU » qui est une canne de
même couleur que « kantoma » (violette) mais se
distingue surtout par sa morphologie car son diamètre est trop petit, ne
dépassant guère 3 cm (photo 12. c).
49
Photo 12 : Variétés disparues : a. « Farar
Kara » b: « Kara » c: « Va Tambu
»
Cliché: I. Anass (2015)
De nos jours surtout avec le phénomène du
changement climatique et ses corollaires en particulier la baisse de la nappe
phréatique, ces trois différentes variétés locales
de la canne à sucre ont disparu pour ne laisser que le «
kantoma » ou canne violette qui est aujourd'hui la seule
espèce cultivée dans la commune comme en témoignent 93,33%
des exploitants.
Ceci s'explique par le fait que cette dernière est
moins exigeante en eau que les autres variétés mais aussi pour
des raisons économiques car « kantoma » est plus
demandée sur le marché. 4.1.6. Abandon progressif de la
culture de la canne à sucre
Pas d'eau pas de culture de la canne à sucre, trop
d'eau perte de culture de la canne à sucre. Pour résoudre cette
équation liée au changement climatique notamment les
sécheresses et les inondations récurrentes, les producteurs de la
Commune Rurale de Doungou procèdent au remplacement de la canne à
sucre par d'autres espèces qui s'adaptent au contexte actuel du
changement climatique. C'est ainsi que 82% des exploitants ont compris la
nécessité de remplacer la canne à sucre qui est une plante
très exigeante en eau et à cycle végétatif
très long par rapport à d'autres spéculations, au profit
surtout du poivron et de la pomme de terre. 4.1.6.1. Culture du
poivron
Introduite très récemment dans la commune, la
culture du poivron appelée « gwari » dans le langage
locale, prend de plus en plus de l'ampleur dans cette cuvette (photo 13. a).
Cette activité est surtout réservée aux jeunes exploitants
dont 62% affirment qu'ils ont abandonné la culture de la canne au profit
de cette activité. Les raisons évoquées par ces jeunes
exploitants est que le bas-fond jadis très humide et endroit par
excellence à la culture de la canne à sucre devient de plus en
plus sec et ne répond plus à cette activité. C'est
pourquoi ils mettent en valeur la périphérie de leur jardin sur
un sol sablo-limoneux pour cultiver le poivron. La
50
culture du poivron est non seulement moins pénible mais
aussi moins longue (3 mois) que celle de la canne à sucre. De plus la
culture du poivron constitue une véritable activité
génératrice de revenu de la population. De nos jours c'est
plutôt le poivron qui fait la fierté de plusieurs ménages
à Doungou, car il est plus cher que la canne à sucre ces
dernières années. Le prix de sac de 25 kg varie entre 25.000F et
30.000F selon la période alors que le fagot de canne ne dépasse
guère 7000F.
4.1.6.2. Culture de la pomme de terre
Jadis considérée comme friandises «
Kayan marmari », la pomme de terre est aujourd'hui
insérée dans la ration alimentaire du paysan de Doungou. C'est
pourquoi 20% des exploitants affirment que cette activité est de nos
jours beaucoup plus rentable que la culture de la canne à sucre (photo
13. b). La culture de pomme de terre a été vulgarisée dans
la commune grâce à l'intervention du projet petite irrigation
(PPI/Ruwan Mu) dans le cadre de l'initiative 3N (les Nigériens
Nourrissent les Nigériens).
Ce projet a mis à la disposition des paysans 5750 kg de
pomme de terre, 234 groupes motopompes et 132 forages maraichers au tuyau PVC
et 120080g des semences potagères (oignon, chou et poivron). Par contre,
18% des exploitants témoignent que : « Rake gangan jiki ne
» autrement dit la canne à sucre constitue la charpente du
jardin, aucune plante ne peut la remplacer. Mais, c'est
généralement les exploitants âgés qui ont cet esprit
conservateur et dont l'activité cannière est très
nostalgique, rêvant ainsi du bon vieux temps où la canne à
sucre était « reine » des cultures dans la zone (fig. 12).
51
Figure 12: Appréciation paysanne sur l'abandon de la
culture de la canne à sucre
Photo 13: a. Culture de poivron à Doungou b. Culture de
pomme de terre à Doungou
Cliché : I. Anass (2015)
4.2 Stratégies d'adaptation paysanne au
changement climatique
Afin d'optimiser et de maintenir leur production à un
niveau satisfaisant dans le contexte actuel du changement climatique, les
producteurs de la commune rurale de Doungou font recours à diverses
stratégies d'adaptation. Ces dernières sont
étudiées en vue d'apprécier leur efficacité et la
durabilité de leur mise en oeuvre dans la lutte contre le changement
climatique.
52
4.2.1. Association
De nos jours les paysans abandonnent progressivement la
monoculture au profit de l'association. Ainsi, dans la cuvette de Doungou, la
canne à sucre est surtout cultivée en association avec la courge
(photo 14. a), de l'oignon (photo 14. b) et de la tomate qui sont des
espèces répondant aux mêmes conditions climatiques et
édaphiques que la canne à sucre. Les raisons
évoquées par les exploitants sont que l'association permet
d'économiser non seulement le temps et l'énergie mais aussi et
surtout de faire une utilisation rationnelle de l'eau car cette dernière
permet d'éviter un double arrosage (arroser la canne, et arroser les
plantes associées), surtout avec les puits traditionnels qui tarissent
vite. Elle permet aussi de minimiser le risque lié à la mauvaise
récolte de la canne à sucre ces dernières années
imputable au phénomène du changement climatique. Mais,
l'association présente des limites dans la mesure où la canne
à sucre ne peut se produire que sur un sol argilo-limoneux très
humide (Tabo), elle ne peut donc être associée avec
n'importe qu'elle plante surtout celles qui se cultivent sur un sol
léger tels que le poivron, la pomme de terre, qui de nos jours
génèrent beaucoup de revenu à la population.
Photo 14: a . Canne associée avec la courge b . Un
paysan associe la canne avec l'oignon Cliché : I. Anass
(2015)
4.2.2. Irrigation de complément
La canne à sucre exige beaucoup plus d'humidité
(OUMAROU, 2012).Mais suite aux irrégularités de la
pluviométrie et à la forte chaleur qui viennent handicaper cette
activité surtout ces dernières années, les producteurs
procèdent à l'irrigation de complément qui consiste
à augmenter la fréquence d'arrosage surtout pendant la saison
sèche et chaude. Cette
53
fréquence varie en fonction de l'humidité du
site. C'est ainsi que dans les sites de Doungou Haoussa et de Garin Gao, cette
fréquence est d'une fois chaque deux (2) jour tandis qu'à Kabori
où la nappe phréatique est affleurant cette fréquence est
de deux (2) fois par semaine au maximum. Mais ces derniers temps, cette
opération est perturbée par le tarissement des puits
traditionnels surtout pendant la période de forte chaleur.
4.2.3. Stratégies d'adaptation contre les
inondations
Pour faire face aux inondations récurrentes
liées aux averses ou à l'intensité des
précipitations de ces dernières années, les exploitants
ont développé un certain nombre d'ouvrages au niveau local.
4.2.3.1. Remblayage
Appelé « Konkon » dans le langage
local, le remblayage est une technique qui consiste à enlever du sable
de l'amont de la vallée pour le mettre dans le bas-fond inondable par
l'eau de pluie et de la nappe phréatique. Cette technique se fait avant
la plantation et a un double avantage. Elle permet non seulement de
récupérer les terres submergées du bas-fond (photo 15. a),
mais aussi de récupérer l'amont du jardin envahit par
l'érosion éolienne et hydrique (photo 15. b). Cependant, cette
technique risquerait d'ensabler d'avantage le bas-fond et à long terme
compromettre cette activité.
Photo 15: a. Remblayage du bas-fond à Kabori b.
Récupération de terre en amont de la cuvette.
Cliché : I. Anass (2015)
54
4.2. 3 .2. Diguette
C'est une petite digue en terre que les exploitants
construisent afin d'éviter que les eaux (de pluie ou de la nappe
phréatique) ne dévastent leurs cultures. La diguette est
généralement construite juste après la plantation ou au
cours du premier labour et ses dimensions varient selon la nature du site.
Autrement dit plus le site est inondable, plus la diguette et beaucoup plus
grande et plus élevée (photo 16).
Photo 16: Diguette à Doungou Cliché : I. Anass
(2015)
4.2.3.3. Buttage
Le buttage ou « Tougouhwa », est une
technique qui consiste à surélever de terre autour du pied de la
canne à sucre dans le but de la protéger contre les inondations
et l'action du vent (photo 17). Contrairement au remblayage, le buttage
s'effectue trois (3) à quatre (4) mois après la plantation plus
précisément au cours de la période de montaison et avant
l'installation de la saison hivernale. Mais suite à l'intensité
de la pluie, le buttage devient très compact, ce qui rend le sol
très dur pour la prochaine mise en valeur.
55
Photo 17: Buttage à Kabori Cliché : I. Anass
(2015)
4.2.4. Proposition des stratégies efficaces
d'adaptation au changement climatique
Pour un développement durable de cette activité
mais aussi le renforcement de la résilience de la cuvette, des options
d'adaptation plus efficaces ont été identifiées. Elles
sont répertoriées dans le tableau 4.
Risques climatiques identifiés
|
Variables impactées et stratégies
d'adaptation
|
Canne à sucre
|
Ressource en eau
|
Sol
|
Baisse des précipitations
|
- utilisation des variétés résistantes
à la sécheresse et au déficit hydrique
- vulgarisation de la télé- irrigation
- mise en place des techniques durables d'irrigation (puits-
forages barrages, motopompes, etc.)
- prières divines
|
- mise en oeuvre des
techniques de conservation des eaux
- utilisation rationnelle de l'eau
|
- vulgarisation des techniques de récupération des
terres
- vulgarisation des techniques de maintien du couvert
végétal du sol
|
Vents violents
|
- mise en place des haies vives, billonnages
- redressement des plants
|
- promotion du cordon rupicole afin de protéger la cuvette
contre l'assèchement dû à l'érosion
éolienne
|
- promotion de la RNA et de l'agroforesterie
- vulgarisation des techniques du maintien du couvert
végétale du
|
|
|
|
sol
|
Démarrage tardif de la saison des pluies
|
- utilisation des variétés précoces
- large diffusion des informations hydro climatiques au moment
opportun
- large diffusion des bulletins décadaires d'assistance
météorologiques
- adaptation d'un calendrier cultural : ajustement entre le cycle
productif et le régime pluviométrique
- prières divines
|
- utilisation rationnelle du stock d'eau disponible
- fonçage des puits et des forages
|
- utilisation des techniques de conservation de l'humidité
du sol
|
Raccourcissement de la saison des pluies
|
- mise en place des techniques durables d'irrigation
- mise en place des variétés
améliorées à cycle court
- prières divines
|
- utilisation rationnelle des stocks d'eau disponible
- fonçage des puits et des forages
|
- utilisation des techniques de conservation de l'humidité
du sol
|
Hausse des températures
|
- utilisation des variétés résistantes au
stress thermique
- paillage
- irrigation de complément
|
- utilisation rationnelle des stocks d'eau disponible
|
- vulgarisation des techniques de réduction de la
température du sol et de l'évaporation
- promotion de l'agroforesterie
|
Inondations
|
- mise en oeuvre des systèmes de protection et
d'évacuation de l'excès d'eau des cultures
|
- mise en oeuvre des systèmes de drainage et techniques de
gestion de ruissellement d'eau
|
- mise en oeuvre des techniques de récupération des
terres inondées.
|
56
Tableau 4: Stratégies d'adaptation efficaces au changement
climatique
57
Conclusion partielle
L'analyse de l'évolution spatiale de la zone
d'étude à travers des images satellitales montre que le
changement climatique a touché toutes les zones de production de la
canne à sucre (Korama, cuvettes oasiennes). Ce dernier se manifeste par
l'assèchement de la Korama, la baisse de la nappe phréatique et
la transformation de certaines cuvettes en champs des cultures pluviales. Cette
baisse de la nappe phréatique conduit également à la
disparition de certaines variétés de la canne à sucre,
voire l'abandon progressif de cette plante très exigeante en eau au
profit de certaines espèces plus adaptables au contexte climatique
actuel. Cependant, pour atténuer les effets négatifs de ce
phénomène sur l'activité cannière, les producteurs
locaux ont développé des stratégies d'adaptation mais ces
dernières présentent des limites. C'est pourquoi, des
stratégies d'adaptation efficace ont été proposées
pour un développement durable de cette activité mais aussi le
renforcement de la résilience de la cuvette.
58
Chapitre V : Résultats et Discussion
La culture de la canne à sucre est une activité
qui requiert une force physique très intense, c'est ce qui fait d'elle
une activité exclusivement masculine. Ce constat ressort de
l'étude de ADAMOU (2013) où il affirme que 100% des exploitants
sont des hommes dont 64,5% ont un âge compris entre 30 et 60 ans, et
celle de Harou (2012) qui dit que seuls les hommes pratiquent la culture de
contre saison et que 65% des exploitants ont moins 45 ans. Ces derniers sont
similaires à nos résultats qui montrent que 100% des producteurs
sont de sexe masculin et que 53% ont un âge compris entre 25 et 39ans.
Ceci s'explique par le fait que la culture de la canne à sucre a une
exigence énergétique.
Poursuivant son analyse ADAMOU (2013) montre que 42% des
exploitants ont chacun un ménage composé de 5 à 10
personnes, ce qui est inférieur aux résultats de OUMAROU (2012)
qui montrent que 19 chefs de ménages, soit 48% de l'échantillon
sont polygames et ont chacun plus de 10 membres par ménage mais qui est
similaire à nos résultats qui révèlent que 44% des
producteurs enquêtés ont 6 à 10 personnes à
charge.
Quant à l'accès à la terre, ADAMOU (2013)
a trouvé les modes suivants : héritage 60%, prêt 13,13%,
achat 13,33%, gage 13,13% et HAROU (2012) a trouvé : héritage
40%, achat 20%, prêt 15%, location 10%, don 7,5% et gage 7,5%. Ces
derniers sont loin de nos résultats qui révèlent :
héritage 70% , achat 25%, don 2 %, prêt 1%, location 1%, et gage
1%. On constate que contrairement à ces derniers, certains modes
d'accès à la terre ont tendance à disparaitre du fait de
la forte densité de la population dans la zone d'étude au point
où : « posséder un jardin n'est pas l'apanage de tout paysan
même étant autochtone ». Par contre, nos résultats se
rapprochent de ceux de OUMAROU (2012) qui trouve : héritage 87% et 13%
pour location avec une absence de certains modes d'accès à la
terre du fait de la richesse qu'on amasse autour de la production de la canne
à sucre qui a rendu les propriétaires fonciers de plus en plus
individualistes au point où certaines formes d'accès à la
terre ont disparus.
Concernant la main d'oeuvre, ADAMOU (2013) dit que 75,55% des
paysans utilisent la main d'oeuvre familiale alors que 24,45% des exploitants
font recours aux salariés et que l'entre aide n'est pas encore
développée . Ceci se rapproche de nos résultats qui
montrent que cette main d'oeuvre est à 85% familiale, 13,5% salariale et
1,5 % de l'entre aide. On constate alors une faiblesse voire une absence de
l'entre aide ce qui veut dire que pour produire la canne à sucre, il
faut disposer d'un capital humain où des moyens financiers.
Parlant du changement climatique, l'analyse de la
pluviométrie dans la zone d'étude de 1981 à 2014, montre
deux périodes climatiques distinctes : une période moins humide
qui va de
59
1981 à 1992 marquée par un déficit
pluviométrique et une période humide qui va de1993 à 2012
où on assiste à un retour aux conditions climatiques plus
humides.
Ces résultats sont en harmonie avec les conclusions de
WAZIRI MATO et al (2012) qui constatent une alternance d'années
humides et sèches pour la station de Magaria et qu'à partir de
1998, les années sont relativement humides donc on assiste à un
retour aux conditions climatiques plus humides. Par contre, ABDOU BOKO (2014)
et MALAM ABDOU (2014) ont fait ressortir une tendance des pluies en baisse
à la station de Zinder mais elle n'est pas significative.
L'analyse des données des températures dans la
zone d'étude montre une augmentation des températures moyennes
d'environ 1°C. Ceci est très proche des résultats de GIEC
(2007) qui prévoient une augmentation de la température de 1
à 1,5° à l'horizon 2025 pour le pays de l'Afrique
subsaharienne. Pour la série des données des températures
minimales, cette augmentation est de 0,72°C. Ceci corrobore les travaux de
BATIONNON (2009) qui parle d'une augmentation de la température mondiale
de 0,73° en un siècle. Cette augmentation de la température
dans la zone d'étude est confirmée par 91,5% des exploitants qui
relatent qu'ils ont perçu une augmentation globale des
températures actuelles, comparées à celles des
dernières années.
Sur l'intensité du vent, 91,33% des paysans
interrogés affirment que pendant la saison des pluies, le vent cause en
général plus des dommages sur la végétation, en
particulier sur la canne à sucre qui fait la spécificité
de la zone d'étude. Cette perception s'explique par le fait que pendant
la saison pluvieuse, les vents forts proviennent du passage plus
fréquent des phénomènes orageux. . Cette analyse concorde
bien avec celle des exploitants du site des cultures irriguées de Wacha
sur le régime des vents, qui fait ressortir deux périodes pendant
l'année. Au cours de ces périodes, les vents se démarquent
par leurs intensités et par les dégâts qu'ils engendrent
sur le milieu naturel (WAZIRI MATO et al, 2012).
Par rapport aux impacts du changement climatique, nos
résultats ont fait ressortir les principaux impacts suivants : la baisse
de la nappe phréatique, la baisse de la production, la disparition de
certaines variétés de la canne à sucre voire l'abandon
progressif de l'activité cannière. La baisse de la production de
la canne à sucre s'explique d'abord par le démarrage tardif et
l'arrêt précoce de la saison des pluies qui viennent perturber le
cycle végétatif de la canne à sucre. Ensuite, dans
certains sites notamment dans les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses
du mois d'août qui submergent et dévastent par la suite la
plantation de la canne à sucre. Ces résultats sont similaires aux
constats de WAZIRI MATO et al (2012) qui relatent que l'ensemble des
exploitants enquêtés attestent que le phénomène de
l'inondation
60
frappe assez souvent la partie la plus fertile, donc
l'auréole centrale du bas-fond. Dans certains cas, elle empêche
carrément la mise en valeur de cet espace en raison des
difficultés liées à la préparation des parcelles et
de l'abondance de l'eau. Nos résultats se rapprochent également
des travaux d'AMOUKOU (2009), qui montrent une augmentation de la
fréquence des mauvaises récoltes car, poursuit-il, pour les
paysans, « il n'y'a que d'années déficitaires dans le
terroir ».
61
Conclusion générale
La cuvette de Doungou est caractérisée par un
sol à texture argilo-limoneuse hydromorphe communément
appelé « Tabo », très riche en matières
organiques et en ressource en eau souterraine. La nappe phréatique ne
dépasse guère 10 mètres, ce qui constitue un endroit par
excellence de la production de la canne à sucre. Mais, ces
dernières années le changement climatique et ses corollaires
tendent à compromettre cette activité qui fait la
spécificité de la commune.
Le but de cette étude est d'analyser la perception du
changement climatique sur la culture de la canne à sucre ainsi que les
stratégies d'adaptation développées par les paysans, afin
de proposer d'autres plus efficaces pour réduire les effets
négatifs du changement climatique sur cette activité.
En effet, dans la Commune Rurale de Doungou, la culture de la
canne à sucre est pratiquée par des chefs de ménage dont
l'âge varie entre 25 et 70 ans. La taille du ménage est
généralement de 5 à plus de 21 membres. L'acquisition de
terre se fait à 70% par héritage et la main d'oeuvre agricole est
essentiellement familiale à hauteur de 85%.
Dans le terroir de notre étude, l'ensemble des
personnes enquêtés affirment que ces dernières
décennies, la saison des pluies s'installe en retard et quand elle
s'installe elle ne dure qu'au maximum trois (3) mois (juillet, août,
septembre) avec des quantités des pluies variables d'une année
à une autre.
Par ailleurs, 91,5% des exploitants perçoivent une
augmentation globale des températures actuelles comparées aux
années antérieures. Quant au régime des vents, les
exploitants affirment que c'est surtout en début de la saison des pluies
(période de montaison de la canne à sucre) et pendant la saison
sèche froide (période de maturation) que l'activité des
vents est plus violente et intense ces dernières années.
L'analyse cartographique de la dynamique de l'occupation des
sols montre que globalement toutes les unités d'occupation du sol ont
subi un changement entre périodes 1986 et 2015, mais la zone de la
production de la canne à sucre (Korama et cuvettes oasiennes) ont subi
une dynamique contraire. La Korama qui occupait 1191 hectares soit 6% de la
superficie globale en 1986, a perdu 392 hectares pour ne compter que 799
hectares en 2015, soit environ 4% de la superficie globale tandis que les
cuvettes oasiennes qui ne comptaient que 86 hectares en 1986 soit environ 0,5%
de la superficie globale ont plus que doublé leur superficie en 2015
pour atteindre 218 hectares, soit environ 1% de la superficie globale.
En effet, cela confirme la première hypothèse
à savoir « le changement climatique est réel dans la zone et
qu'il est perçu par la population à travers certains indicateurs
».
62
L'analyse de la production annuelle en tonne de la canne
à sucre de 2004 à 2014 pour l'ensemble du Département de
Kantché, montre une baisse récurrente de la production de la
canne à sucre qui est beaucoup plus marquée au cours des
années 2005, 2010 et 2012. En effet, cette baisse de la production de la
canne à sucre est aussi constatée par 80% des exploitants.
Cependant, 56% de ces derniers attribuent d'abord cette baisse de production au
dérèglement de la saison des pluies. En effet, à la
montaison (mai, juin), période à laquelle la canne à sucre
a plus besoin d'eau, les précipitations se font rares conduisant du coup
un déficit hydrique à la plante. De plus, quand la pluie tombe,
elle prend fin généralement au cours du mois de septembre,
période par excellence de la maturité de la canne à sucre.
Cette perturbation du cycle végétatif de la canne à sucre
liée au dérèglement de la saison des pluies conduit
à la production de canne avec de petits entre-noeuds et moins
sucrée appelée « gounji » ou canne courte.
Ensuite, 20% des exploitants affirment que dans certains sites
notamment les bas-fonds, c'est surtout les grandes averses du mois d'août
qui submergent et dévastent les champs de canne à sucre. Cette
situation oblige les paysans à une récolte précoce
où à l'abandon total de leurs champs. Par contre, 12% des
exploitants associent cette baisse de production à une baisse des
précipitations observées ces dernières années. En
fin, 10% des exploitants attribuent la baisse de la production à la
forte chaleur surtout du mois de Mai et Juin qui crée un déficit
hydrique aux jeunes plants de la canne à sucre se trouvant surtout
à la périphérie des jardins, où l'humidité
du sol est très faible. C'est seulement 2% des exploitants qui disent
que la baisse de la production est liée aux vents violents de la saison
froide qui viennent déshydrater ou écraser la canne à
sucre en pleine maturité.
Cette analyse de la production de la canne à sucre
confirmée par les constats des exploitants permet de dire que la baisse
récurrente de la production de la canne à sucre est liée
aux variations de certaines variables climatiques. Ce qui confirme la
deuxième hypothèse à savoir « la baisse de la
production de la canne à sucre est liée aux variations des
certaines variables climatiques ».
Afin d'optimiser et maintenir la production à un niveau
satisfaisant dans un contexte de changement climatique, les producteurs locaux
ont développé diverses stratégies d'adaptation :
l'association des cultures, l'irrigation de complément, le remblayage,
la diguette et le buttage. Ces résultats confirment la troisième
hypothèse à savoir « les producteurs locaux
développent des stratégies d'adaptation pour faire face aux
effets néfastes du changement climatique sur la culture de la canne
à sucre ». La variation de la pluviométrie et de la
température ces dernières décennies a aussi
entrainé la disparition de trois (3) variétés
63
de la canne à sucre : « Farar Kara »
ou canne de couleur blanchâtre, « Kara » ou canne
de couleur verte et « Va Tambu » qui est une canne de
même couleur que la canne violette mais dont le diamètre est
inférieure à celui de cette dernière. Aujourd'hui,
« Kantoma » ou canne violette demeure la seule espèce
cultivée dans la commune comme en témoignent 93,3% des
exploitants.
De nos jours, avec le changement climatique en cours, 79,7%
des exploitants ont compris la nécessité de remplacer la canne
à sucre (très exigeante en eau et à cycle long), par des
espèces à cycle court et qui s'adaptent mieux au contexte
climatique actuel. Ainsi, 62% d'exploitants affirment qu'ils ont
abandonné l'activité de la canne à sucre au profit de la
culture du poivron et 20% pour la pomme de terre. Cependant, 18% des
exploitants sont nostalgiques à cette activité car selon eux,
aucune plante ne peut remplacer la canne à sucre. Ces résultats
confirment la quatrième hypothèse à savoir « avec le
changement climatique en cours, certaines variétés de la canne
à sucre sont menacées de disparition et l'activité de la
canne à sucre tend à être abandonnée »
Cette étude qui a porté sur la perception du
changement climatique sur la culture de la canne à sucre dans la cuvette
de Doungou, présente sans nul doute des limites. Cependant, une
échelle plus grande qui prendra en compte plusieurs sites de production
permettra de faire une appréciation beaucoup plus globale de ce
phénomène. C'est pourquoi, nous proposons pour les recherches
futures d'élargir ce travail à l'échelle régionale
autour de la thématique suivante : « la canne à sucre face
au changement climatique dans la vallée de la Korama, région de
Zinder ».
64
Références bibliographiques
1. ABDOU BAGNA Amadou (2014) : «
Impacts de la variabilité et du changement climatique sur les
systèmes de production agricole de la Komadougou yobé et
stratégies d'adaptation : cas de la commune rurale de Gueskérou
(région de Diffa), p.94
2. ABDOU BAGNA Amadou (2016) : «
Impacts de la variabilité et du changement sur les systèmes de
production agricole de la Korama (sud-Zinder) au Niger,
p.259
3. ABDOU BOKO Boubacar (2014) : «
Evaluation des impacts des changements climatiques sur les ressources en eau,
et stratégies d'adaptation des populations : cas du bassin de la Korama,
sud Zinder (Niger), p. 58
4. ADAMOU Maman (2014) : « Apport de la
culture de la canne à sucre à l'amélioration des
conditions socio-économiques des populations du village de Jambirgi
(Commune rurale de Gouchi, département de Dungass », p.54
5. ADAMOU Oumarou (2012) : «
Contribution des cultures irriguées à la sécurité
alimentaire : cas du site maraicher de Soumarana (département de
Madarounfa) », p.63 6.ALPHA GADO Boureima (2010) : «
Crises alimentaires en Afrique Sahélienne Les réponses paysannes
», p.210
7. AMOUKOU Ibrahim (2009) : Un village
nigérien face au changement climatique. « Stratégies locales
d'adaptation au changement climatique dans une zone rurale du bassin du Niger
», p.95
8. BOIGNINI Siégnounou (2011) :
« Impacts des changements climatiques sur les cultures maraichères
au nord du Burkina Faso : cas de Ouahigouya », p.38
9. BATIONON Yidourega Dieudonné
(2009) : « Changements climatiques et cultures maraichères
? »
10. BOUAZZA Z., JALIL M., CHAFIL R. et ZEROUALI A.
2002. -Vulnérabilité et adaptation du secteur
irrigué du Maroc face aux impacts des changements climatiques -
H.T.E. N°124.pp.91-97
11. BOUBACAR Soumana Oumarou (2011) : «
Impacts du changement climatique sur les potentialités agricoles de la
commune de Tagazar.Il »
12. BOUBACAR Abdou Bako (2014) : «
Evaluation des impacts des changements climatiques sur les ressources en eau,
et stratégies d'adaptation des populations : cas du bassin de la Korama,
sud Zinder(Niger) », p.58.
13. CCNUCC. 1992. Articles et
définitions ; N4, New York, p.25
14. CLAIRE Peltier (2011) : « La canne
à sucre refroidit le climat ! »
15. COURTEAU Anaïs (2005) : « La
canne à sucre et l'environnement à la Réunion : Revue
bibliographique », P.53
16. DAOUDA HAMANI Oumarou (2007) : «
Adaptation de l'agriculture au changement climatiques : cas du
département de Téra au Niger », P.94
17. DELMAS Patrick (2009) : « Note de
travail sur les systèmes de production agricole dans la commune de
Doungou (Matamèye), p.5
18. FAO. 2014. Fiches techniques de base
destinées aux techniciens agricoles. p.4
19. FAUCONNIER R., BUSSEREAU D. (1970) :
« La canne à sucre », p.468
20. GIEC. 2007. Bilan 2007 des
changements climatiques : Rapport de synthèse, p.114
21. GIEC. 2013. Changements climatiques
2013 les éléments scientifiques Résumé à
l'intention des décideurs, p.27
22. GODARD Alain, TABEAUD Martine
(2009). Les climats : Mécanismes, variabilités,
répartition », p.217
23. HAROU Moussa (2012) : « Impact des
cultures de contre saison sur la sécurité alimentaire des
ménages : Cas des villages de Doungou et Garin Gao dans la commune
rurale de Doungou », p.70
24.
65
INRAN.1987.56 Fiches techniques
vulgarisation actualisation des résultats de recherche, Tome1
25. JOANNE Cochand (2007) : « La petite
irrigation privée dans le sud Niger : potentiels et contraintes d'une
dynamique locale le cas du sud du département de Gaya »
26. LEBIGRE Jean Michel (1974) : « La
canne à sucre dans la plaine du CULDE-SAC.HAITI »
27. MAHAMAN DODO Chaibou (2012) : «
Population rurale et changements climatiques : savoir paysan et
stratégies d'adaptations dans le village de Sabarou (Commune rurale de
Roumbou, département de Dakoro, région de Maradi », p.72
28. MALAM ABDOU KARAMI Mahaman Salissou
(2011) : « Impact de la variabilité climatique sur
l'espace agricole : cas du site des cultures irriguées de Wacha
(région de Zinder »
29. MALAM ABDOU KARAMI Mahaman Salissou
(2014) : « Analyse de la résilience des
écosystèmes des zones humides et de leurs exploitants face aux
changements climatiques au Niger : cas de la cuvette de Guidimouni
(région de Zinder), p.88
30. MAMAN Issoufou (2007) : «
Stratégies d'adaptation des éleveurs du terroir de Dogon Farou
Zongo (département de Guidan Roumdji) face aux effets des changements
climatiques », p.74
31. MAMAN Issa (2010) : « Le diagnostic
et les impacts du maraichage dans la cuvette de Guidimouni », p.70
32. MAMAN Laouali (2014) : Contribution des
exploitations maraichères du Kwari de Wacha (département de
Magaria) à la sécurité alimentaire », p.81
33. MARCEL Leroux (2005) : «
Réchauffement planétaire : Mythe ou réalité ? Les
errements de la climatologie », p.111
34. NADIGUIDO ABDOU Abdou (2014) : «
Contribution de l'expérience champ-écoles paysans (CEP) à
la résilience des exploitations agricoles face aux impacts du changement
climatique : cas de la commune urbaine de Dogon Doutchi au Niger »,
p.75
35. NYSSA Abdou (2008) : « La petite
irrigation privée : innovation et vulgarisation des technologies dans
les sites de Soura et Tibiri (vallée du goulbi Maradi) », p.91
36. OUMAROU GAHE Zabeirou (2012) : «
Analyse du potentiel et des contraintes de la petite irrigation dans la commune
rurale de Kiota (département de Birni'N Gaouré, région de
Dosso), p.58
37. OUMAROU Yahaya (2012) : «
Contribution de la filière canne à sucre dans la vie
socio-économique des populations locales : cas des villages de Fadama,
Zoumbou, et Angoual-Toudou, (Département de Tibiri) », p.65
38. RABE ABDOU Salamatou (2012) :
Perceptions et stratégies d'adaptations des communautés rurales
face aux variabilités et aux changements climatiques dans le
département de Madarounfa, (Région de Maradi), p.74
39. RABE ABDOU Salamatou (2014) : «
Contribution à l'étude de la vulnérabilité et des
stratégies d'adaptation des éleveurs face à la
variabilité et aux changements climatiques dans le département
d'Abalak (région de Tahoua au Niger), p.71
40. République du Niger, Ministère du
développement Agricole .2008. Manuel technique de
l'irrigant privé .P.48
41. République du Niger, commune rurale de
Doungou. 2012. Plan de développement communal
2012-20116.P.64
42. République du Niger, Ministère des
Finances.4ème RGP/H 2012
43. Save the children
.2008.Enquête rapide sur la sécurité alimentaire des
ménages, département de Kantché, région de Zinder,
p.23
44.
66
SANI IBRAHIM Mahamadou Aminou (2014) : «
Identification des options innovantes d'adaptation au changement climatique
dans le secteur de l'agriculture irriguée dans les régions de
Tillabéry, Tahoua, et Agadez », p.73
45. SITHOU RANI Abdoul-Moumouni (2012) :
« Population rurale et changement climatique : perceptions paysannes et
adaptation dans les terroirs villageois de Bokki et de Tamou », p.64
46. VISSIN Expédit Wilfrid (2007) :
« Impact de la variabilité climatique et de la dynamique des
états de surface sur les écoulements du bassin béninois du
fleuve Niger », p.285
47. WAZIRI MATO Maman (1988) : « Etude
intégrée d'un type de paysage sahélien : le cas de Kwari
de Wacha », p.78
48. WAZIRI MATO Maman (2000) : « Les
cultures de contre saison dans le sud de la région de Zinder (Niger)
», p. 357
49. WAZIRI MATO M., MALAM ABDOU K. 2012.
Impacts de la variabilité et des changements climatiques sur le site des
cultures irriguées de Wacha dans la région de Zinder au
Niger-Journal des sciences de l'environnement, vol.1, n°1. pp.
53-62
50. XAVIER Crombé et JEAN - Hervé
Jézéquel (2007) : « Niger 2005 une catastrophe si
naturelle », P.296
67
ANNEXES
|