6. Etat de la question
L'Etat de la question consiste en la revue de la
littérature sur les
études déjà menées par nos
prédécesseurs en rapport avec notre sujet d'étude sous
examen. Il sert à éviter le redire sur la question
déjà traitée. Il est une étape importante dans ce
sens qu'il conduit l'étude à aboutir sur les résultats
différents de ceux déjà trouvés.
Cislarus et Vlad disent que la revue de la littérature
se veut être spécifiquement orientée vers la formulation
d'une problématique et donc se propose de mettre en regard
différents travaux, de faire ressortir les points d'accords et de
désaccords ; bref, elle permet de bien formuler la
problématique et de faire ressortir
l'originalité du travail de recherche tout en le situant par rapport aux
autres travaux existants12.
Wenu Becker, lui a défini l'état de la question
comme étant un inventaire des publications existantes dans le domaine de
recherche concerné ayant des implications directes ou indirectes avec
l'objet de l'étude13 .
En ce qui concerne nos prédécesseurs ayant
examiné la même question, nous avons parcouru notre revue de la
littérature en interrogeant 5 auteurs qui ont aussi mené leurs
études sur les sujets en rapport avec le nôtre. En voici ces
auteurs :
1. Pascal BONIFACE en abordant la question de « la
géopolitique » et après avoir montré
l'évolution des Etats-Unis depuis leur statut de superpuissance à
la tête du monde dans plusieurs domaines, arrivant même à
changer de statut, en partant de la superpuissance jusqu'à
l'hyperpuissance. L'auteur montre comment le déclin américain
avait été prédit plusieurs fois dans le passé, mais
à tort. Il évoque l'an 1957 lors qu'URSS avait pu lancer un
SPOUTNIK relevant le défi de la conquête de l'espace. Il ajoute
encore en disant qu'ils les avaient été également lorsque,
à partir de la fin des années 1950 par la mise au point des
missiles intercontinentaux, les soviétiques pouvant menacer le
territoire américain, mettant fin à la sanctuarisation dont ce
dernier bénéficiait depuis la naissance du pays.
Il en était encore lors de l'enlisement de la guerre de
Vietnam, puis à la fin de la convertibilité de dollar en or entre
1971 et 1973, en 1979 après l'entrée des soviétiques en
Afghanistan et le renversement du Shar en Irak et à la fin des
années 1980 lorsque les industries automobiles et électroniques
japonaises donnaient le sentiment de tailler en pièces leurs homologues
américains.
12 Cislarus, G., et alii, cités par Shomba, S.,
op.cit., p. 36
13 Wenu, B., op.cit., p. 19
11
Après avoir loué le leadership américain,
l'auteur se pose la question : « on peut donc se demander si nouvelle
annonce d'un déclin américain ne rejoindra pas les
précédentes ? »14.
L'idée générale sur la réponse
proposée par l'auteur en termes de l'hypothèse à sa
problématique, consiste à dire que, les Etats-Unis ont pris le
leadership au sortir de la guerre froide avant d'être en concurrence avec
l'URSS. L'effondrement de cette dernière crée l'illusion de
l'émergence d'un monde unipolaire, dominé par les seuls
Etats-Unis. Mais la globalisation et l'émergence d'un monde
marqué par l'accroissement d'autres puissances, ainsi que la
diversification des formes de la puissance, va faire voler en éclats
cette théorie.
En conclusion, l'auteur pense en évoquant la question
de la redéfinition de la puissance, notamment américaine, que, la
puissance dure dite hard-power ou pouvoir de contrainte, ne suffit plus
aujourd'hui pour être une grande puissance. Le pouvoir d'influence dit
soft-power est tout aussi nécessaire. Et que par obtention d'un soutien
politique sur une base volontaire, il est même plus efficace. Mais pour
être une véritable grande puissance, il faut pouvoir jouer sur les
deux tableaux.
Le constate que cet auteur a fait sur le sujet, est que
à chaque fois, note l'auteur, les Etats-Unis se sont toujours
relevés pour continuer à faire la course en tête.
Quant à la démarcation entre l'étude
faite par l'auteur et celle que nous allons devoir entamer, il s'avère
de dire que nous allons aborder cette question juste pour démontre
l'égalité ou l'inégalité entre les deux Etats
concernés.
2. Michel NAZET, quant à lui, il a soulevé la
question sous le thème « géopolitique et des Relations
Internationales », en se référant à la
dernière relève des dirigeants chinois (la 5e) qui s'effectuait
en septembre 2012 à l'occasion du XVIIIe congrès du PCC, qui
s'était
14 Boniface, P., op.cit., pp. 123-124
déroulé avec un mois de retard. La question
porte sur fonds de scandales et inquiétudes sur la
pérennité du modèle économique et social chinois.
Ce modèle étant la cause de la puissance chinoise. Mais il se
pose en suite la question de savoir, « est-ce justifié ? ».
En termes d'hypothèse, l'auteur se donne comme
réponse à la question, en disant que : « si la Chine,
devenue depuis 2009 la seconde puissance économique du monde semble bien
toujours plus conséquente, ses ambiguïtés et ses
fragilités sont malgré tout préoccupantes au point que son
avenir, en dépit des inflexions de la politique économique
chinoise, peut en effet sembler problématique15.
En conclusion, l'auteur dit que, aujourd'hui ne se pense pas
comme une puissance comme les autres mais comme une puissance en
capacité de régénérer le monde par la promotion
d'un système présenté comme concurrent des Etats-Unis.
3. Philippe MOREAU DEFAEGE, lui a consacré cette
étude sous le thème de « les équilibres
géopolitiques planétaires bouleversés ». L'auteur
analyse dans ses études, ce que nous pouvons appeler « obstacles
épineux » qui, selon lui, sont à la base du déclin
des Etats-Unis. C'est ainsi qu'il cite aussi la Chine dans le troisième
point qu'il intitule « égalité de la puissance » : il
évalue les évolutions de XVIIIe siècle, tant les
sociétés que le système international. Ces
évolutions inexorablement remodelées par la vague de fond de la
reconnaissance de l'égalité, disposant des mêmes droits que
les autres. Or l'idée démocratique implique notamment
l'égalité des nations. Alors, comment lorsque l'on est la
première puissance du monde, accepter d'être mis à
l'égalité avec le plus petit des Etats16.
L'auteur poursuit en disant que les Etats-Unis sont le premier
promoteur des organisations internationales (notamment à l'issu de la
seconde guerre mondiale, constellation onusienne). Mais, comme tous les
15 Nazet, M., comprendre l'actualité :
géopolitique et relations internationales, Paris, éd.
Ellipses marketing, 2014, pp. 301-303
16 Moreau Défarge, P., les Relations
Internationales : questions mondiales, Paris, éd. Seuil, 2010, p.
101
13
autres colosses (Chine, Inde, Russie), ils supportent mal
d'être mis en cause par les « sans-grades » de la
planète. Ainsi, l'auteur évoque cinq épreuves
décisives des USA, parmi lesquelles la Chine principalement.
4. MEHDI TAJE, dans « la géopolitique de la Chine
: enjeux et défis », il soulève la question de l'avenir de
la Chine en ces termes : la Chine va-t-elle devenir une grande puissance
responsable, coopèrent activement à l'établissement d'une
sécurité régionale concertée ou au contraire,
deviendra-t-elle une super puissance militaire visant à rétablir
son hégémonie historique sur l'Asie17.
L'auteur poursuit et se propose de dire qu'il se
réserve en pensant qu'il est difficile d'identifier avec certitude, les
réelles intentions chinoises. Selon lui, la Chine reste
imprévisible. Selon les chinois, il n'y a pas confusion possible entre
modernisation et occidentalisation. La Chine conserve son identité
culturelle tout en s'inscrivant dans la mondialisation des échanges.
Elle a comme priorité d'assurer le développement
économique du pays et en suite consolider la puissance régionale
sans recourir à la force ou à la confrontation directe. Mais ceci
n'exclut pas les moyens destinés au paraitre afin d'intimider et de
dissuader toute action qui remettrait en cause les actions des chinois. Pour
cela, les dirigeants chinois nourrissent l'ambition de recaler la Chine sur son
centre.
5. ZBIGNIEW BRZEZINSKI, lui pose la question de savoir,
quelle forme concrète et acceptable du point de vue américain,
doit revêtir la montée de la Chine en tant que puissance
régionale dominante et quelles limites doit-on fixer à ses
aspirations au statut de grande puissance globale. L'histoire de la Chine est
celle de la grandeur d'une nation, considérée par les chinois
comme le centre naturel du monde. L'auteur dit qu'elle occupe une place
centrale dans les affaires du monde où elle exerce de l'influence
à travers les cercles concentriques ; d'où elle attend que les
autres lui témoignent du respect. En effet, la Chine considère
les Etats-Unis comme le principal
17 Mehdi, T., géopolitique de la Chine :
enjeux et défis, Tunis, éd. Université Virtuelle de
Tunis, 2008, p. 6
obstacle à sa quête d'une
prééminence mondiale, mais également à
l'affirmation de sa prédominance globale. Donc elle pense se servir des
Etats-Unis pour accéder à sa puissance18 .
L'auteur poursuit en proposant comme réponse
consacré cette fois en la réponse américaine en disant
que, pour les Etats-Unis, il est impossible ou inévitable
d'empêcher que la Chine ne devienne une puissance globale. Car, dit-il,
les prévisions relatives à la Chine sont
généralement prometteuses, bien qu'il existe certains facteurs
d'incertitude tels que le rythme de la croissance économique et le
montant des investissements étrangers parmi le plus élevé
du monde. Mais la condition est que la Chine poursuive son unification et son
expansion, dont le retour de Hong-Kong, Macao, Taiwan. Toutes fois, ajoute
l'auteur, ceux qui prophétisent aujourd'hui l'invisible montée de
la Chine en tant que puissance globale commettent la même erreur de
raisonnement que celle commise pour le
Japon il y a quelques années en accordant la confiance aux
statistiques.
Vu les analyses et les apports faits par nos
prédécesseurs, qui, chacun en ce qui le concerne, quant à
nous, il s'avère certain d'examiner ce sujet en référence
des relations d'interdépendance, teintées des interactions
évoluant dans un contexte de compétition dans certains domaines,
et dans d'autres domaines, évoluant dans une tendance des conflits
larvés. Ceci pour permettre la lecture partielle des rapports existants
entre ces pays, c'est-à-dire, une autre manière de voir les
choses, excluant la réalité ennemi-ennemi qui déboucherait
sur la guerre.
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