SECTION II: LA GEOPOLITIQUE ET SES PARAMETRES EN
RELATIONS INTERNATIONALES
Retenons avec Jean Mbayo que, la géopolitique est
à la fois une méthode et une théorie d'analyse de
Relations Internationales. La première démarche lorsqu'on est en
face d'un élément international, est de l'analyser en tant que
phénomène. L'auteur voulait en fait parler de
l'appréhension de cet élément comme porteur du concept
d'internationalité. L'auteur poursuit en disant qu'il n'y a pas de
modèle type de comportement géopolitique. Selon lui, les crises,
les facteurs politiques, économiques, militaires, idéologiques ou
religieux qui sont souvent au centre de l'analyse des Relations
Internationales, sont aussi prépondérants33.
Les théories géopolitiques selon Banyaku Luape
Eputo, sont essentiellement axées sur les analyses et les modèles
de conceptualisation de l'espace politique mise en exergue depuis plus d'un
siècle34
33 Mbayo, N., la géopolitique à
l'ère de la mondialisation et du printemps arabe, Lubumbashi,
éd. Cresa, 2012, p. 7
34 Banyaku Luape, E., cité par Mbayo Ngoie, J.,
op.cit., p.16
Nous admettons donc que, les Etats sont des entités
organiques en concurrence, qui croissent et déclinent, la
géopolitique devient alors un savoir opératoire pour les
dirigeants enclins à l'accroissement territorial plutôt qu'un
savoir scientifique35.
Très souvent, la notion de la géopolitique vient
éclairer les champs d'opérationnalité de relations
internationales. Elle sert de compréhension pratique du
déroulement de rapports d'interactions des Etats sur la scène
internationale.
En définissant la géopolitique en rapport avec
les Relations Internationales, en considérant les analyses
géopolitiques des auteurs classiques, certains paramètres sont
souvent mis en ligne de compte. Il s'agit entre autres de : la
conflictualité, spatialité ou territorialité et
impérialité ou impérialisme.
§1. La conflictualité
Le conflit est une réalité sociale, voire
sociétale. La vie est conflictuelle, car où se trouvent les
hommes ou les êtres vivants, la conflictualité fait son
apparition.
Cependant la géopolitique transposant la notion de la
conflictualité en Relations Internationales, elle a pour tâche la
plus privilégiée de mettre en évidence les origines des
conflits et les motivations des acteurs de Relations Internationales qui sont
à la base de conflit. Les conflits ont pour l'essentiel, trois sources
profondes, dit Jean Mbayo, à savoir : la lutte pour le contrôle
des espaces géographiques, la lutte pour la domination
idéologique, ethnique et/ou nationale36.
Ceci nous ramène à repenser la
géopolitique avec François Thual, qui met en exergue les
paramètres ci-après : tension, crise, conflit, guerre,
négociation, alliance... l'auteur, au tour de ces
évènements, se propose de se poser comme d'un le fait en
géopolitique, quatre questions réduites si souvent à la
compréhension de la préoccupation même de la
géopolitique :
35 Mbayo Ngoie, J., op.cit., p. 22
36 Idem, p. 29
25
? Qui veut quoi ?
? Avec qui ? ? Comment ? ? Pourquoi ?
Ces questionnements reviennent toujours dans les études
de la géopolitique, chacun se spécifiant selon l'aspect à
aborder. C'est comme qui dirai-je, la géopolitique cherche à
répondre à toutes ces questions. Ces questionnements permettent
d'identifier les acteurs, analyser leurs motivations, décrire leurs
intentions, repérer les alliances en voie de construction, que ce soit
au niveau local, régional, continental ou international. La
conflictualité est souvent confrontée à l'idée de
la domination. Les enjeux géoéconomiques entre les Etats sont
entrain de façonner davantage la conflictualité. L'esprit de
domination qui a eu plus d'ampleur durant la colonisation, changea et laissa la
place à d'autres formes de dominations avec la fin de la colonisation et
le début de la décolonisation. Le système international
marqué par la bipolarité inaugurait une autre forme de domination
du monde à la base de laquelle la conflictualité prit multiple
formes. Elle prit une forme larvée lorsque les puissances à la
tête de différents blocs ne s'affrontaient pas face à face,
mais indirectement aux moyens des idéologies et par antagonisme. Elle a
eu la forme manifeste lors des éclatements des guerres par procuration
entre les Etats dits satellites. Mais il est essentiel de souligner que toutes
les deux puissances ont joué la carte de domination du monde.
Retenons avec Phillippe Biyoya que, (les conflits des
communautés résumés, les théories de conflits se
consacrent à l'explication des causes des conflits et parfois aux voies
de leur gestion et de leur résolution. Il signale les théories
principales en la matière et cite notamment la POLEMOLOGIE OU LA
SOCIOLOGIE DE LA GUERRE, notions de Gaston Bouthoul37.
Cependant, le même auteur note que, « les
explications données aux causes des conflits en relations
internationales obéissent aux logiques
37 Biyoya, P., op.cit., pp. 82-83
ou visions majeurs ou dominantes de relations internationales.
Il poursuit en donnant un exemple de la redéfinition des menaces
à la sécurité des Etats qui obéit de nos jours au
triomphe de la mondialisation, qui détrône ainsi les Etats au
profit réseaux. Le terrorisme international ainsi que les organisations
terroristes passent pour des vraies menaces traditionnelles d'ordres
idéologiques entre les Etats ont disparues avec la fin de la guerre
froide. L'auteur évoque des nouvelles menaces transnationales à
la sécurité, soit humaine, soit globale38.
En définitive, la notion de conflictualité est
au centre de la géopolitique. Les divergences communautaires font
à ce que la conflictualité ait un caractère permanent.
Pascal Boniface lui a évoqué les 10 défis
géopolitiques autour desquels la conflictualité est de nos jours
inévitable. Il s'agit de : terrorisme, prolifération
nucléaire, permanence de la guerre, réchauffement climatique,
choc de civilisation, les Etats faillis, les guerres de l'espace, les cybers
guerres, le retour à la piraterie, l'islamisme39.
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