0. INTRODUCTION GENERALE
0.1. PROBLEMATIQUE
Notre recherche porte sur l'information, la sensibilisation et
la conscientisation dans la lutte contre les violences sexuelles par la
Commission Diocésaine Justice et Paix, à Uvira dans le Sud-Kivu.
Le contexte de guerre qui a caractérisé la
République Démocratique du Congo depuis 1996 jusqu'à ce
jour, principalement en sa partie-est, a entraîné avec lui un
cortège de malheurs : tueries, pillages, paupérisation
de la population, assassinats et surtout les violences sexuelles à
l'encontre des femmes, des jeunes filles et même des hommes. Le viol y
est pratiqué comme arme de guerre. Les victimes sont la cible des
militaires de l'armée régulière, des groupes armés
nationaux et étrangers qui y sévissent. Ces hommes en uniforme
s'y sont affrontés et s'y affrontent encore jusqu'à ce jour. Mais
depuis un certain temps, au Sud-Kivu en général et en particulier
au diocèse d'Uvira, ces violences connaissent une réelle
transformation. Ces actes ont aussi comme causes le peu de considération
de la femme considérée parfois comme un être
inférieur qui transpire dans les us et coutumes et même dans la
législation congolaise.
Les violences sexuelles sont devenues dans cette
contrée un crime banal commis au quotidien par des civils qui,
désormais, rivalisent d'ardeur dans cette sale besogne avec les hommes
en uniforme ainsi que le confirme le Ministère du genre, de l'enfant et
de la famille dans son rapport publié en octobre 2013 en ces
termes : « Les civils inconnus, les miliciens et les militaires
/ policiers ont été les catégories sociales les plus
importantes des auteurs des violences. La plupart des incidents ont
été commis par des civils (soit 66% des cas en 2011 et 58% en
2012). »1(*)
Face à cette tragédie, les agences des Nations
unies ainsi que le gouvernement congolais ont défini cinq composantes
comme stratégie de lutte contre les violences sexuelles : la lutte
contre l'impunité, la réforme du secteur de
sécurité, la protection et la prévention, l'assistance
multisectorielle et les données et mapping. Une unité de violence
sexuelle a même été créée au sein de la
Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo
(MONUC) afin de superviser la mise en oeuvre de cette stratégie.2(*)
Le gouvernement bien avant cela, a mis en place un arsenal de
lois réprimant les violences sexuelles comme la Constitution de la
République Démocratique du Congo, la Loi n°06/018
du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30
janvier 1940 portant Code pénal congolais, la Loi n° 09/001 du 10
janvier 2009 portant protection de l'enfant, etc.
En sus, plusieurs associations féminines, humanitaires
et de défense des droits de l'homme, tant nationales qu'internationales
essaient de lutter au Sud-Kivu et en particulier au diocèse d'Uvira
contre ces actes ignobles en menant différentes actions. D'autre part,
des organisations à caractère religieux comme la Commission
Diocésaine Justice et Paix du diocèse d'Uvira n'en sont pas du
reste. Malgré tous ces efforts, de nombreux autres cas ne cessent d'y
être relevés chaque jour.
La persistance des violences sexuelles nous fait poser cette
question de recherche : quelle stratégie de communication la
Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira
peut-elle mettre en oeuvre pour lutter contre ce fléau ?
0.2. HYPOTHESE
Il nous semble qu'informer, sensibiliser et conscientiser la
population, c'est-à-dire, les présumés violeurs, les
potentiels violeurs ainsi que les survivantes des violences sexuelles, nous
paraîtrait la voie, l'une des pistes pour le changement de
comportement.
0.3. METHODE ET TECHNIQUE
Cette étude requiert la méthode fonctionnelle.
Mathématiquement, le mot « fonction »
désigne « une relation entre deux ou plusieurs
éléments, tel que tout changement introduit dans l'un provoque
une modification dans l'autre ou les autres entraînent de leur part une
adaptation. »3(*)
Ce qui est en exergue, c'est l'interdépendance qui
existe entre les éléments. Dans ce même sens, le but
poursuivi dans l'analyse fonctionnelle est d'arriver à cerner la
variable indépendante la plus lourde, c'est-à-dire celle qui
exerce la plus grande influence dépendante.
La variable dépendante est le phénomène
qui varie en fonction d'un ou de plusieurs autres phénomènes,
à l'endroit desquels il se trouve dans une certaine situation de
dépendance. Elle est à expliquer tandis que la variable
indépendante est explicative.4(*)
Dans cette étude, nous allons observer si la variable
expliquée (dépendante), le changement de comportement (= ne plus
violer les femmes au Diocèse d'Uvira) pourrait être
expliquée par la variable explicative (indépendante), le
trinôme « information, la sensibilisation et la
conscientisation » des acteurs sociaux. Autrement dit, le manque
« d'information, de sensibilisation et de
conscientisation » pourrait-il faire persister les
violences ?
De fait, la méthode fonctionnelle, dans cette
étude, montre combien la fonction jouée par le trinôme
« information, sensibilisation et conscientisation »
(variable explicative ou indépendante) est d'une importance capitale
dans le processus de changement de comportement (variable expliquée ou
dépendante) des habitants du Diocèse d'Uvira.
Comme technique, faisons remarquer que ce travail requiert
l'observation qui se définit comme « l'action de
considérer avec une attention suivie la nature, l'homme, la
société afin de les connaître. C'est également un
procédé scientifique d'investigation, une constatation des
phénomènes tels qu'ils se produisent sans volonté de les
modifier. L'observation permet d'apprendre à mettre en relation des
événements vécus et des cadres d'analyse qui vont donner
un sens à ces événements.5(*) Nous avons donc navigué à travers le
Diocèse pour observer le phénomène.
Nous avons eu recours également à la
documentation et aux statistiques de la Commission Diocésaine Justice et
Paix de ce Diocèse. Enfin, nous avons délié la langue des
acteurs sociaux de ce Diocèse par une enquête par
questionnaire.
0.4. INTERET DU SUJET
Ce travail répond à une préoccupation
triadique, à savoir : scientifique, sociale et personnelle.
Du point de vue scientifique, cette étude sera un
document de référence, une source d'information sur la lutte
contre les violences sexuelles dans cette contrée, non seulement pour
toute la population de la région mais aussi pour tout chercheur qui
pourrait s'en servir dans l'avenir. Ce travail ouvre la voie à
l'amélioration de la façon d'aborder la problématique de
la lutte contre les violences sexuelles au Sud-Kivu en général et
en particulier au Diocèse d'Uvira.
Cette étude se présente du point de vue social
comme un cri d'alarme lancé à toute la gent humaine face aux
souffrances que subissent les survivantes de cette pratique ignominieuse et
ainsi pourra-t-elle inciter les décideurs et les hommes de bonne
volonté à se pencher sur cette question épineuse qui
semble jetée aux oubliettes.
Personnellement, le grand souci qui nous anime est de
contribuer autant que faire se peut, à la recherche des voies et moyens,
de nouvelles politiques et stratégies appropriées pour
l'éradication des violences et abus sexuels en République
Démocratique du Congo en général et en particulier au
diocèse d'Uvira par l'adoption d'un nouveau comportement par la
population de cette région.
0.5. DELIMITATION
Le questionnement sur la lutte contre les violences sexuelles
se pose avec acuité partout en République Démocratique du
Congo. L'espace de notre recherche est le diocèse d'Uvira, au Sud-Kivu.
Elle couvre la période allant d'avril 2010 à avril 2013, soit en
tout trois ans. Cette période a été optée suite
à notre descente sur terrain durant un mois et quelques jours, soit du
02 août au 15 septembre 2013.
0.6. DIVISION DU TRAVAIL
Hormis l'introduction et la conclusion
générales, cette étude est subdivisée en quatre
chapitres. Le premier planchera sur les généralités
relatives à notre sujet et sur le cadre théorique. Le second
présentera le système dans lequel évoluent
différents éléments à la base des violences
sexuelles au Diocèse d'Uvira : le contexte général
des guerres à l'est de la RDC, les traditions, les us et coutumes ainsi
que la loi congolaise. C'est ici aussi que nous aborderons la
problématique liée aux conséquences des violences
sexuelles sur les femmes et les hommes dans cette contrée. Le
troisième décryptera les stratégies que la CDJP / Uvira
met en place pour endiguer ce phénomène social qui n'a que trop
duré. Enfin, le quatrième chapitre traitera en profondeur du
processus d'information, de conscientisation et de sensibilisation de toute la
population de ce milieu sur les violences sexuelles tout en ayant comme point
d'appui les résultats d'enquête menée sur terrain. Cette
étape sera suivie des recommandations et de la proposition d'un plan de
communication marketing social pour l'éradication de ce fléau.
CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
0. INTRODUCTION
Deux sections constituent l'ossature de ce chapitre sur les
notions générales ayant trait à notre propos. La
première c'est l'approche conceptuelle des différentes notions
théoriques de base, compris non seulement dans l'intitulé de
notre recherche mais aussi et surtout, toutes celles qui se rapportent
directement à notre étude. La seconde brossera le cadre
théorique sur lequel s'appuie notre travail.
SECTION 1. APPROCHE
CONCEPTUELLE
1.1. Trinôme :
Information, Sensibilisation et Conscientisation
1.1.1. L'information
Nombreux auteurs, chacun à sa manière, ont
essayé de définir l'information. C'est le cas de Antonio Pasquali
qui, se prononçant sur la distinction entre information et
communication, argumente en ces termes: « Informer connote pour
l'essentiel la circulation de messages unidirectionnels, causatifs et
ordonnateurs, visant à modifier le comportement d'un récepteur
passif, tandis que communiquer fait référence à
l'échange de messages bidirectionnels, donc relationnels, dialogiques et
socialisants entre des interlocuteurs pourvus d'une même capacité,
libre et simultanée, d'émission / réception. Tandis que
l'Information tend à dissocier et à hiérarchiser les
pôles de la relation, la Communication tend plutôt à les
associer ; ainsi seule la communication peut donner naissance à de
véritables structures sociales.»6(*) Cette explication linéaire illustre bien
le flux de circulation verticale de l'information à sens unique qui a
caractérisé une société hégémonique
de l'information telle que celle à laquelle on assistait vers les
années 1970 et qui consacrait les rapports de dominants sur
dominés.
D'autre part, « dans l'information, la
volonté d'influence est minime. L'émetteur livre des
données, plus ou moins clairement, plus ou moins
détaillées, plus ou moins en liaison avec les
représentations de son public potentiel, plus ou moins mises en
perspective. Mais à la base de son acte, il ya simplement le souci de se
faire comprendre. Il attend de son destinataire une réception
intellectuelle des données qu'il lui transmet. »7(*) L'émetteur du message
dans ce cas est soucieux de produire un contenu pouvant lui permettre de se
faire comprendre et de rendre le récepteur capable de s'approprier
l'information. Et pour y parvenir il doit ternir compte du canal choisi, des
pratiques culturelles qui caractérisent son auditoire ou son
interlocuteur. Les formes de communication de l'information varient selon les
contextes car le souci majeur demeure celui de transmettre des informations
accessibles et compréhensibles dans les meilleures conditions qui
soient. Et dans le cas qui est le nôtre, l'expert en communication ne
peut faire fi de ces consignes au risque de transmettre une information sur les
violences sexuelles dans le vide. Ainsi en est-il aussi de la sensibilisation.
1.1.2. La sensibilisation
La sensibilisation à l'instar de l'information,
passe généralement par les canaux traditionnels de
communication. Disons que la sensibilisation soulève cependant certaines
difficultés. La première qui se pose au sensibilisateur est celle
d'obtenir un espace suffisant lui permettant de développer
une problématique dont l'exposé prend nécessairement plus
d'ampleur que la simple transmission de données factuelles. L'autre
difficulté à laquelle est confronté le sensibilisateur est
bel et bien le choix conceptuel à adopter. Expliquer un problème
ne peut se faire dans le champ lexical faisant recours à des propos du
langage ordinaire. Il n'est pas question non plus de communiquer en
recourant aux concepts techniques des scientifiques.
Quel est alors le travail du sensibilisateur ? Tilman y
répond quand il écrit : « Le sensibilisateur est
donc un traducteur qui exprime dans un langage accessible au public qu'il vise,
des considérations qui sont, habituellement le fait de
spécialistes. La sensibilisation suppose donc une solide
préparation du contenu et de la forme du message envisagé et
donc, un savoir-faire spécifique.»8(*)
De ce qui précède, il ressort le fait que dans
les séances de formation sur la lutte contre les violences sexuelles,
par exemple, le sensibilisateur, pour mieux faire passer son message, devra
préparer une série d'activités triviales qui permettront
de mieux rentrer dans le problème tout en s'y impliquant lui-même.
Il mettra donc au point une stratégie qu'il rendra lui-même
vivante à travers son animation.
Faisons remarquer en sus que dans la plupart de cas, au cours
des séances de sensibilisation sur les différentes lois
réprimant les violences sexuelles, on tient moins compte de la
co-construction du message, pourtant très nécessaire à la
réception du message. On vient juste bombarder les participants avec des
théories sur ces lois qui parfois, ne cadrent nullement avec les
pratiques sociales et coutumières de la région et ainsi
constituent-elles parfois un obstacle pour sa mise en oeuvre9(*).
1.1.3. La conscientisation
La conscientisation, par rapport à la sensibilisation,
franchit un pas supplémentaire surtout par ce qu'elle fait appel
à l'engagement. Bien que la conscientisation reprend à
son compte la plupart des caractéristiques de la sensibilisation, elle
vise en outre l'engagement des destinataires du message dans la recherche de
solution. Tilman fait constater que : « Le spécialiste, qui
est ici un militant, est persuadé que le public auquel il s'adresse est
victime d'une injustice et a donc intérêt à réagir.
Son hypothèse est, notamment, que si les « victimes ne
sont pas encore mobilisées, c'est par ce qu'elles n'ont pas pris
conscience de toutes les dimensions de sa réalité qui les
concerne et ou qu'elles sont démunies pour l'appréhender
intellectuellement.»10(*)
Le travail du conscientisateur consiste en la proposition d'un
cadre interprétatif qui rend compte des faits et de la
réalité du terrain que le public peut facilement
appréhender. Le conscientisateur adopte pour ce faire un point de vue un
peu partisan et ainsi devient-il alors un éveilleur des consciences,
appelé à ouvrir des perspectives. Cela ne peut se faire qu'en
assurant une éducation permanente de son public qui devra se rendre
elle-même compte que la situation dans laquelle elle vit n'est pas
normale et qu'il sied donc de la changer. Voilà le niveau auquel le
conscientisateur doit faire parvenir son auditoire.
Le conscientisateur doit en outre permettre à ses
interlocuteurs de trouver eux-mêmes des réponses à leurs
préoccupations majeures. Il les engage ensuite dans des actions qu'ils
auront eux-mêmes définies à la fin d'une réflexion
approfondie. Ainsi, la conscientisation devient-elle alors une pratique
d'analyse sur le terrain avec les personnes directement concernées par
un problème et dans notre cas ici, la lutte contre les violences
sexuelles au diocèse d'Uvira. Elle nécessite un travail
d'accompagnement pour l'appropriation par le public du problème
analysé. La conscientisation, loin d'être une simple transmission
des données devient par conséquent, une activité
éducative et formative dont la finalité reste la modification des
représentations des destinataires.
Toutefois, on ne peut passer sous silence le fait que la
conscientisation reste tout de même une activité exigeante. Elle
nécessite du temps et la mise en place des stratégies
appropriées pour parvenir au changement de la situation initiale. Tilman
corrobore cette réflexion lorsqu'il note
: « L'hypothèse pédagogique est ici que ces
transformations requièrent une méthodologie du traitement des
informations, accompagnée d'une interrogation sur les conceptions qui
guident les comportements adoptés jusqu'alors. En conséquence, la
conscientisation requiert un double travail : mettre au point des outils
pour interpeller et informer les publics concernés ; animer les
séances d'appropriation et de réflexion. Evidemment, cela prend
du temps et exige des conditions institutionnelles
particulières.»11(*)
Le conscientisateur est donc un animateur de terrain, capable
de faire travailler un groupe de gens sur une question qui les concerne et en
particulier ici celle liée à la lutte contre les violences
sexuelles.
1.1.4. Les violences sexuelles
Avant d'aborder ce point, il s'avère nécessaire
de procéder à un toilettage épistémologique et
définitionnel des concepts viol et violences sexuelles afin
d'éviter tout polysémisme dans la suite de notre étude.
Plusieurs auteurs, des individus, des Etats dans leurs lois, à l'instar
de ceux de la République Démocratique du Congo, des organisations
internationales comme l'UNICEF ou les Nations Unies, devant l'ampleur des viols
et violences sexuelles, se sont penchés sur l'épineuse question
de ce phénomène et l'ont défini en y apportant des
éclaircissements très significatifs.
C'est ainsi que, selon les justes propos de Jean-Henri Soutoul
et Olivier Chevrant-Breton, dans un ouvrage collectif, citant la Loi N°
92-683 du 22 juillet 1992 portant réforme des dispositions du Code
pénal relatives à la répression des crimes et
délits contre les personnes, le « viol est donc
défini comme tout acte de pénétration sexuelle de quelque
nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte,
menace ou surprise (article 222-23). Il apparaît ainsi comme
l'association d'un acte sexuel et d'une absence de consentement de la
victime.»12(*) A y
voir de près, nous nous rendons compte qu'aucune sorte de
pénétration sexuelle n'est exclue de cette
définition : pénétration dans un orifice sexuel au
moyen d'un objet quelconque ou d'un organe sexuel. Ensuite, le viol fait
référence au rapport sexuel avec une autre personne sans son
consentement, en utilisant la force, la menace, la peur ou la coercition.
Toussaint Muntazini ne dit pas autre chose lorsqu'il
définit le viol comme étant : « l'introduction par
la force, la contrainte ou la violence d'un objet quelconque y compris, mais
pas exclusivement, un pénis dans le vagin ou dans l'anus de la victime
(...) ou d'un pénis dans la bouche de la victime, celle-ci pouvant aussi
bien être un homme qu'une femme. »13(*) La nouveauté qu'il
apporte est que le viol n'est plus désormais considéré
comme un acte de barbarie posé uniquement à l'encontre du genre
féminin mais il peut aussi être commis contre les hommes par un
homme ou par une femme. Disons en outre que le viol constitue l'une des formes
des violences sexuelles.
Par violence sexuelle on entend un grand nombre d'actes
sexuels forcés, sans le consentement de la victime. Le viol,
l'exploitation et les abus en sont les types les plus courants. Toussaint
Muntazini, citant l'UNICEF, souligne avec justesse que les violences sexuelles
se définissent au sens large, comme « Tout acte, tentative,
commentaire ou avance à caractère sexuel, avec ou sans contact
physique, commis par un individu sans le consentement de la personne
visée dans le but d'assujettir autrui à son désir propre
par un abus de pouvoir, l'utilisation de la force ou de la contrainte ou sous
la menace.»14(*) La finalité visée par l'auteur des violences
sexuelles n'est pas uniquement le sexe, ni le plaisir sexuel, mais une
volonté délibérée d'abuser de sa force physique ou
de sa position dominante ayant une autorité, un pouvoir ou une fonction
supérieure à la victime afin de l'humilier, de la terroriser ou
de détruire sa personnalité. Ceci se remarque
spécialement dans les cas de viols massifs, perpétrés en
présence et parfois par des membres de famille, sous la menace d'armes
de guerre comme il en a été le cas dans l'aire
géographique de notre étude.
Sont qualifiés de violences sexuelles dans la
législation congolaise le viol, l'attentat à la pudeur,
l'excitation des mineurs à la débauche, le
proxénétisme, la prostitution forcée et la prostitution
d'enfant, le harcèlement sexuel, l'esclavage sexuel, le mariage
forcé et précoce, les mutilations sexuelles, la zoophilie, la
transmission délibérée des infections sexuellement
transmissibles incurables, le trafic et l'exploitation d'enfants à des
fins sexuelles, la grossesse forcée, la stérilisation
forcée et la pornographie mettant en scène les enfants.15(*)
Pour la législation congolaise, se rend donc coupable
de violence sexuelle toute personne qui commet un acte ayant trait à
tout ce que nous venons de citer supra, qu'il y ait contact physique ou pas,
que ce soit commis par un ou plusieurs individus avec violence, contrainte,
menaces ou surprise sans le consentement de la victime visée. La
contrainte prévue par la loi est ainsi physique ou morale. Concernant un
mineur, la contrainte morale peut résulter de la différence
d'âge qu'il ya entre la victime et l'auteur des faits ou de
l'autorité des droits ou des faits que celui-ci exerce sur la
victime.16(*)
Parmi les crimes de guerre qui relèvent de la
compétence de la Cour Pénale Internationale nous avons entre
autres le viol, l'esclavage sexuel, la grossesse forcée ou toute autre
forme de violence sexuelle.17(*)
Fort de tout ce qui précède, nous pouvons
affirmer sans crainte de paradoxe que les violences sexuelles commises au
diocèse d'Uvira pendant la période sous examen ont
été le plus souvent reliées « au
genre ». En effet, la plupart de cas de violences sexuelles
documentés dans cette contrée ont été
perpétrés contre les femmes comparativement au nombre infime des
victimes masculines. La femme y a été généralement
la victime à cause entre autre d'une répartition
inégalitaire du pouvoir social entre les hommes et les femmes mais aussi
à cause des préjugés, des constructions de normes sociales
basées sur le genre.
Pour parler des violences sexuelles basées sur le genre
à la base de nombreux abus consécutifs aux
inégalités dans les rapports sociaux entre l'homme et la femme,
les anglo-saxons utilisent le concept de Sexual Violence Gender Based (SVGB).
Dans ces rapports, le premier dispose des pouvoirs quasi illimités
à l'égard de la seconde. Cette conception se manifeste plus
violemment à l'occasion des conflits armés où le sexe
finit par prendre une place de choix comme instrument de répression et
de conquête comme c'est malheureusement le cas en République
Démocratique du Congo, en général et en particulier au
diocèse d'Uvira depuis plus d'une décennie. Pour autant, faut-il
le faire remarquer, les violences sexuelles sont bien une réalité
permanente qui prend différentes formes et cela dans le temps et dans
l'espace.18(*)
Ceci dit, plaçons à
présent un mot sur le cadre théorique de notre travail :
objet de la deuxième section de cette étude.
SECTION 2. CADRE THEORIQUE :
COMMUNICATION POUR LE CHANGEMENT
DE COMPORTEMENT (CCC)
2.1. Définition
La Communication pour le Changement de Comportement est un
processus interactif et participatif, à double voie. Elle permet
d'échanger des informations, des idées, des connaissances, des
opinions et des décisions et de favoriser des changements durables de
comportements ou l'adoption de comportements nouveaux en vue d'améliorer
une situation donnée.19(*)
La communication pour le changement de comportement (CCC) se
définit comme un processus intégré dans un programme
global qui fait appel à la participation de la communauté qui
produit le message et approche personnaliste, utilisant une
variété des moyens de communication et qui définit des
comportements positifs favorisant un changement durable de
comportement.20(*)
La CCC est aussi un processus interactif et
intégré qui s'exerce à plusieurs niveaux. Elle permet
d'atteindre les communautés à travers la création de
messages ciblés et en exploitant de multiples canaux de
communautés et diverses approches.21(*)
La CCC est l'ensemble des interactions participatives entre
individu au sein de groupe ou communauté ainsi que des actions de
communication dirigées vers eux en vue d'opérer un changement
volontaire du comportement habituel et des normes sociales dans le but
d'améliorer le bien-être de l'individu, de la communauté,
de la société.22(*) Ce concept a vu le jour ces dernières
où les acteurs de développement ont senti la
nécessité d'assurer une plus grande participation des
communautés. La CCC encourage les comportements bénéfiques
et cherche à induire des changements de comportement durables au niveau
de l'individu, de la communauté ou la société.
En ce qui concerne les violences sexuelles23(*), la CCC vise :
Ø Une amélioration des connaissances ;
Ø Une stimulation du dialogue au sein des
communautés ;
Ø Une promotion des changements d'attitudes
indispensables ;
Ø Une diminution de la stigmatisation et de la
discrimination ;
Ø Une stimulation de la demande d'informations et de
services ;
Ø Une sensibilisation des pouvoirs publics à la
nécessité de politiques et réglementation adaptée
en matière des violences sexuelles ;
Ø Une promotion des services de prévention, des
soins et d'assistance ;
Ø Un développement des compétences et
d'autoefficacité.
2.2. Approche en matière de
CCC
2.2.1. La segmentation et le choix
du public-cible
La segmentation consiste à découper un
public-cible donné en groupes homogènes afin de leur adresser des
messages spécifiques et adaptés.
Elle peut donc se faire sur la base des critères
suivants :
Ø L'âge (jeunes, adultes, personnes
âgées) ;
Ø Le sexe (femmes, hommes) ;
Ø Le niveau d'information (sous-informés, non
informés, suffisamment informés sur le sujet) ;
Ø Le statut social (chef religieux, coutumier, chef de
ménage) ;
Ø Les attitudes (pour, contre) ;
Ø Les comportements attendus (décideurs,
personnes influentes) ;
Ø Etc.
2.2.2. Principes de la CCC24(*)
Pour qu'une CCC puisse porter de fruit, il faut qu'elle repose
sur les principes suivants :
Ø Un travail de proximité : ceci remet en
cause l'animation par les moyens de communication de masse ;
Ø Cibler des périodes bien définies ou
propices pour joindre le groupe cible ;
Ø Chaque intervention doit avoir des objectifs
spécifiques bien définis ;
Ø Etre mené par les pairs pour favoriser une
meilleure participation au sujet de discussion au sein de groupe
homogène ;
Ø Faire appel à la participation active de
groupe-cible et des personnes influentes de la communauté.
2.2.3. Rôle de la
Communication pour le Changement de Comportement25(*)
Parmi les différents rôles que peut jouer une
CCC, nous citons :
Ø Accroître les connaissances chez les groupes
cibles : pour que l'individu et les groupes cibles puissent
réduire leur pulsion en matière de violences sexuelles ;
Ø Favoriser ou améliorer les services de
prévention ou de soin : les individus ou les groupes cibles doivent
avoir accès aux services et aux produits nécessaires ;
Ø Susciter un changement de comportement et le
maintenir : les individus ou les groupes ciblés par la CCC doivent
se sentir soutenues par le milieu ;
Ø Accompagner les personnes et les groupes
vulnérables en vue d'aboutir à une mobilisation de
comportement.
2.2.4. Technique de la CCC :
Informer, Eduquer et Communiquer : IEC
L'IEC est une communication avec des informations ou des
messages qui poursuit un objectif éducatif au sein d'une population ou
d'un groupe bien déterminé.
Elle vise à changer les connaissances, attitudes,
croyances et comportement des individus.26(*) L'IEC est utilisée par les organisations
associatives pour créer une prise de conscience auprès de
l'individu ou population-cible sur les questions les concernant.
CONCLUSION PARTIELLE
Résumons-nous à la fin de ce chapitre en disant
que ce dernier a tourné autour de deux sections. Après une
approche conceptuelle des notions liées à notre étude, la
seconde section a décrypté le cadre théorique sur lequel
se fonde notre investigation.
Les violences sexuelles ont des causes profondes liées
à différents éléments sociaux. Ces dernières
sont un fait social qui bouleverse les groupements humains. La
société, pour se maintenir et y faire face, réglemente la
vie de ses citoyens en édictant des lois et principes pour sauvegarder
tous ses membres et surtout les plus vulnérables. C'est ce que nous
allons voir dans le chapitre suivant.
CHAPITRE II. LES SOURCES ET LA REPRESSION DES VIOLENCES
SEXUELLES DANS LE CONTEXTE
CONGOLAIS
INTRODUCTION
La violence-sous différentes formes - sexuelle,
physique, psychologique, économique, ...- n'est pas un
phénomène nouveau lié à une société
particulière. Elle existe dans toutes les sociétés mais
à des degrés différents. Elle est
généralement consécutive à la paupérisation
de la population, aux inégalités sociales entre homme et femme,
aux coutumes et traditions et même à la législation qui
considère parfois le genre féminin comme inférieur au
genre masculin. Les violences sexuelles auxquelles on assiste aujourd'hui en
RDC et particulièrement au Diocèse d'Uvira s'inscrivent dans un
système. Les éléments de ce système sont tout ce
que nous venons de dénombrer infra sans oublier le
phénomène émergent qu'est la guerre à laquelle la
RDC a été soumise depuis les années 1996 ainsi que le
confirme le Ministère du Genre, de la Famille et de l'Enfant :
« Etant donné que les violences sexuelles constituent depuis
une quinzaine d'années en RDC, la forme des violences faites à la
Femme, à la Jeune et Petite Fille la plus manifeste, surtout à la
suite des conflits armés dans le Pays et conscient des
conséquences qui en découlent (...), le défi prioritaire
de cette Stratégie Nationale de lutte contre les violences basées
sur le Genre est celui de l'implication suffisante des pouvoirs publics quel
que soit le secteur, dans les actions planifiées et coordonnées
de protection et des réponses aux VBG.»27(*)
Les violences sexuelles en effet, constituent actuellement un
défi pour l'humanité compte tenu de leur ampleur et des victimes
qu'elles provoquent dans la catégorie des personnes
vulnérables : femmes, jeunes filles et enfants.
SECTION 1. LE SYSTEME ENVIRONNEMENTAL DES VIOLENCES SEXUELLES
EN RDC
2.1. La précarité sociale
Il est sans conteste que la crise multiforme que la RDC a
subie depuis bien de décennies est à la base de nombreux maux
dont sa population souffre et dont elle a de la peine à s'en sortir.
Cette situation tendue s'est accompagnée des violences sexuelles et
dont, pour la plupart de cas, sont les femmes et filles qui en ont plus
souffert. La déscolarisation de la jeune fille la confinant à
des activités ménagères comme seule source de survie, la
promiscuité dans les camps militaires et dans nos villes, le non
cantonnement des militaires, l'abus de la drogue dans les débits de
boisson, l'influence néfaste des médias qui diffusent des films
pornographiques à longueur des journées, le silence des victimes,
etc sont là autant de facteurs qui favorisent cette pratique
ignoble.28(*)
2.
2. Le statut inférieur de la femme congolaise
La femme, dans la constitution congolaise29(*) tout comme dans les us et
coutumes, a toujours été considérée comme un
être inférieur par rapport à l'homme. Elle est, dans la
plupart de cas, réduite au niveau de la procréation et dans
certaines sociétés on la considère encore comme un
instrument de plaisir pour l'homme à qui elle doit soumission. Par
conséquent, elle n'a droit ni à la parole ni à la
revendication de quoi que ce soit. La société traditionnelle n'a
pas apprécié à sa juste valeur la compétence et le
sens de la compétitivité qu'une femme peut avoir à
l'égard de son semblable homme. Ce dernier est chef de famille, assure
le contrôle des revenus, jouit du privilège de disposer du corps
de la femme, bref il est au sommet de la hiérarchie. Toutes ces
pratiques ont entre autres conséquences, les violences faites aux
femmes. Bien avant nous, le Ministère du Genre, de la Famille et de
l'Enfant n'avait pas manqué des mots justes pour relever, de
façon pertinente, cet état de choses : « Il
apparaît donc clairement que dans la société congolaise
d'aujourd'hui, le statut inférieur de la femme est une source de
violence ancrée dans les mentalités faisant de la femme une
personne ignorante, vulnérable et exposée à la
pauvreté.»30(*)
Abordant la même problématique, Lysiane
Lacône précise que : « Le droit congolais et les
pratiques coutumières discriminatoires à l'égard des
femmes maintiennent celles-ci dans une réalité sociale et un
schéma mental de domination.»31(*)
2.2.1. Dans la législation de la République
Démocratique du Congo
La vulnérabilité des femmes provient en outre
des lois congolaises qui les traitent différemment des hommes. Cette
situation les expose aux violences, notamment sexuelles. En effet, dans un
document intitulé : Stratégie Nationale de Lutte contre les
Violences Basées sur le Genre de 2009, le Ministère de la
Famille, du Genre et de l'Enfant avoue que : « dans le domaine juridique,
malgré le fait que la Constitution de notre pays votée par
Referendum et les instruments juridiques internationaux ratifiés par la
RDC reconnaissent l'égalité de droit entre l'homme et la femme,
il est constaté encore ce jour l'existence des dispositions et des
pratiques discriminatoires à l'égard de la femme dans tous les
domaines notamment dans le Code de la Famille, le Code du travail, le statut du
personnel de carrière des services publics de l'Etat, le Code de
commerce... ».32(*) Ceci transparaît à l'oeil nu dans la
Loi n° 87/010 du 1er Août 1987 portant Code de la
Famille, en son article 444, qui stipule : « Le mari est le chef du
ménage. Il doit protection à sa femme ; la femme doit
obéissance à son mari.»33(*) Nous nous rendons bel et bien compte que la
soumission de la femme à son mari est donc institutionnalisée par
un texte de loi, ce qui n'est pas sans conséquence vis-à-vis de
l'intérêt de la femme.
Concluons ce point en disant que bien que la République
Démocratique du Congo a récemment changé sa Constitution
et s'applique à faire voter de nouvelles lois en faveur de
l'égalité de tous ses habitants, hommes ou femmes, les
inégalités persistent toujours. L'arsenal juridique dont ce pays
est en train de se doter en cette matière ne fait malheureusement
changer ni les mentalités, ni le comportement, ni les pesanteurs
coutumières aussi rapidement qu'il le faudrait.
2.2.2. Dans les us et coutumes
Toutes les sociétés humaines édictent des
règles écrites ou non. Celles-ci s'imposent à tous ses
membres. La transgression par un membre de la communauté de ces
règles mérite remontrances et parfois des châtiments
sévères. En fait, elles assurent la stabilité, l'harmonie
et la continuité du groupe dans les domaines les plus divers de la vie
de la communauté. Toutefois, parmi ces règles, certaines peuvent
être à l'origine des violences sexuelles à l'endroit de la
femme. Nombre des us et coutumes des sociétés traditionnelles
africaines et congolaises en particulier en offrent des exemples
éloquents. Pour l'illustrer, nous nous attarderons tout simplement sur
un seul exemple : l'institution mariage dont les pratiques constituent des
graves violences sexuelles.
Dans un grand nombre des coutumes congolaises et
singulièrement au Diocèse d'Uvira, le mariage est une affaire des
familles ou des groupes. Ainsi, le mariage d'un des membres de la famille
concerne toute la communauté et pas seulement les époux. La
conséquence est qu'on leur laisse peu de marge de manoeuvre quant
à ce qui est du consentement et de la liberté de choix. Les
époux, de temps à autre, sont passifs pour consentir à
leur mariage. Dans l'optique où le mariage vise la procréation,
il va de soi que des rapports sexuels entretenus dans le cadre de ce mariage
forcé n'est que pure violence. C'est parfois dans ce même cadre
que des mariages se contractent entre des individus appartenant à des
familles proches : « Il en va de même des mariages
conclus entre les membres d'une même parenté, c'est-à-dire
entre les descendants d'un même parent. Ce qui implique des relations
sexuelles entre un homme et une femme de même sang. Ce mariage est
sacré et le refus par un des conjoints réticent peut
entraîner des conséquences néfastes allant jusqu'à
la mort.»34(*)
Dans les us et coutumes plus que dans les lois de la
république, l'infériorité des femmes en RDC se voit et se
ressent tous les jours. Cela a un impact sur la façon de
réagir des communautés face aux viols perpétrés sur
les femmes. Abordant la question du statut de la femme mariée, Lisiane
Lacône, à la suite de Claudia Rodriguez, affirme qu'au Sud-Kivu,
traditionnellement « une femme est la propriété de la
famille de son mari ou devient la propriété de la
communauté si son mari s'absente ou meurt.»35(*) D'après cette
chercheuse, une femme, bien que mariée, ne peut nullement refuser
d'avoir des relations intimes avec un autre homme si celui-ci appartient
à sa belle-famille ou à sa communauté. Cette pratique,
poursuit-elle, est confirmée par une autre étude faisant
état du fait que dans de nombreux groupes ethniques, les femmes sont
confinées au rang de propriété privée ou de bien
commun dans une famille ou une communauté. Plusieurs hommes de
l'entourage direct de la femme peuvent avoir des relations sexuelles avec elle,
le mari étant au courant et pouvant donc faire de même avec une
autre femme de sa famille.36(*)
Faisons remarquer que dans cette dernière affirmation,
Liliane Lacône a omis de souligner que cette pratique se fait chez les
Banyamulenge et non chez toutes les tribus habitant le Sud-Kivu, comme le
confirme si bien le rapport qu'elle affirme elle-même avoir
consulté: « Chez les Banyamulenge, les femmes ont longtemps
été considérées comme un bien commun du clan. Le
beau-père, le beau-frère, le mari de la belle-soeur d'une femme
mariée, avaient le droit d'avoir des relations sexuelles avec elle.
L'époux en était conscient. Ces pratiques, loin de
disparaître, se sont juste atténuées sous l'influence du
christianisme».37(*)
Face à ce qui précède, nous sommes enclin
à considérer que les conclusions de Liliane Lacône semblent
très généralisantes et un peu biaisées quant
à ce qui est de la considération des femmes par les peuples du
Sud-Kivu en général et en particulier ceux du Diocèse
d'Uvira. Elle semble en outre faire fi du fait que chez ces peuples, l'inceste
ainsi que différents tabous liés aux relations sexuelles
étaient des pratiques prohibées dans ces sociétés.
Pour plus d'informations à ce sujet, nous renvoyons le lecteur à
consulter avec intérêt les écrits y afférents sur
les Lega, Fuliro et Vira, pour qui le viol était
considéré comme une abomination, une humiliation et était
légalement répréhensible.38(*)
Il sied au contraire de préciser que de nombreux cas de
mariages précoces, des grossesses précoces, la coutume qui
autorise le jeune frère du défunt à devenir de droit le
mari de la veuve, le mariage autorisé entre une jeune fille à
l'issue de son enlèvement, de sa séquestration et de son viol par
son futur époux, etc. sont encore relevés dans la contrée.
Toussaint Muntazini le confirme quand il écrit : « Dans
d'autres tribus de la R.D. Congo, à la mort de l'époux, ou de
l'épouse, il est contraint (conseillé) au frère / soeur du
défunt ou de la défunte de prendre en mariage la femme de son
frère décédé (lévirat) ou le mari de sa
soeur décédée (sororat). Même si la cause
défendue est noble, un tel mariage réduit la liberté et le
choix du conjoint survivant.»39(*)
D'autre part, les femmes victimes de viol sont le plus souvent
rejetées par leur communauté. Et pour laver l'ignominie,
certaines familles et certains chefs de village de filles violées
préfèrent souvent un arrangement à l'amiable plutôt
qu'une action en justice contre l'agresseur. Toutefois, d'après la
Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira, cette
clandestinité n'est plus de mise car des actions en justice sont de plus
en plus nombreuses. Cela est sans doute le résultat des
séminaires de sensibilisation de la population sur les
différentes formes des violences sexuelles.
Ainsi donc, retenons, à la suite de Lisette Banza
Mbombo et M. Christian Hemedi Bayolo, que « La femme congolaise,
mère et épouse, maîtresse de maison s'activant pour la
survie de sa famille mériterait mieux que d'être ligotée
par les coutumes en temps de paix ou de servir de « natte de
combattant » en temps de guerres. »40(*)
Toutefois, on ne peut passer sous silence le fait que les
femmes étaient tout de même respectées et jouissaient de
nombreux privilèges de la part des hommes dans toute cette
région.
2.2.3. L'impact de la guerre
Bien que le statut inférieur de la femme contribue aux
violences sexuelles dans cette partie du pays, les guerres interminables dont
cette région a souffert, ont plus amplifié ce
phénomène. Il faut donc chercher des raisons ailleurs et nous
penchons plus vers la thèse selon laquelle ces pratiques ignominieuses,
ces violences de grande envergure, tirent leur origine du Rwanda et du Burundi.
Elles n'ont d'autre but que l'humiliation du peuple congolais, une vengeance
qui ne dit pas son nom, une arme de guerre.
En effet, au Burundi et au Rwanda, les violences sexuelles
sont une monnaie courante. Le recours systématique au viol chez les
milices venant de ces pays limitrophes et intervenant dans le conflit
armé au Sud-Kivu en général et au Diocèse d'Uvira
en particulier, s'explique par le fait que parmi les forces armées
impliquées dans cette guerre se trouvaient des rwandais et des
burundais.
Notons qu'au Rwanda, lors du génocide de 1994, les
femmes Tutsi et Hutu, ont été victimes de violences sexuelles
à grande échelle, violences perpétrées par les
milices armées hutu, les soldats des Forces Armées Rwandaises
ainsi que par des civils. Après la victoire du Front Patriotique
Rwandais (FPR), les soldats Tutsi de l'Armée Patriotique Rwandaise
(APR), ont violé des femmes Hutu, dans le but de venger les femmes Tutsi
qui avaient été violées par les milices Hutu. Les
témoignages s'accordent sur la brutalité avec laquelle ces
violences ont été commises. Des milliers de femmes ont
été violées par un ou plusieurs individus, avec des objets
tels que des bâtons aiguisés ou des canons de fusils et soumises
à l'esclavage sexuel. Elles étaient violées, après
avoir assisté parfois à la torture et au massacre de leur
famille, au saccage de leur maison, etc. Un grand nombre de femmes a
été tué après avoir été violé.
De la même manière au Burundi, toutes les forces combattantes, y
compris l'armée burundaise, ont commis des actes de violence sexuelle
sur des femmes et des jeunes filles issues de toutes les couches de la
population.41(*) Ils ont
ainsi importé ce qu'ils pratiquaient chez eux pendant les
génocides qui se sont déroulés dans ces pays jusque sur le
territoire congolais.
La République Démocratique du Congo en
général et sa partie-Est en particulier, a connu depuis plus de
deux décennies une longue période d'instabilité
causée par des conflits armés qui s'y sont
succédés. En effet, tout a commencé avec la
première guerre, dite la « guerre de
libération » menée par Laurent - Désiré
Kabila de 1996 à 199742(*), guerre qui a abouti à la chute du
Président Mobutu Sese Seko. Dans son entreprise, Kabila a
été soutenu par des Etats étrangers, en l'occurrence le
Rwanda et l'Ouganda. Le pouvoir de Kabila a été aussitôt
ébranlé parce que ses mentors qui l'avaient porté au
pouvoir, lui ont imposé une deuxième guerre, le 2 Août
1998, par le truchement d'un groupe de rebelles congolais d'origine tutsi.
Ainsi, la République Démocratique du Congo fut à nouveau
plongé dans un conflit armé qui impliqua non plus deux pays
voisins mais cette foi-ci neuf pays africains. C'est la guerre menée par
le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD).
Et malgré la signature de divers accords de paix
à la base de la fin officielle de la deuxième guerre en 2003, en
dépit de la mise sur pied du gouvernement de transition, qualifié
de 1 + 4 qui a abouti aux élections générales de 2006,
puis à celles de 2011, l'Est de la RDC, plus précisément
le territoire diocésain d'Uvira, n'a pas connu de répit à
cause de beaucoup de problème dont ses habitants sont victimes et aussi
à cause de nombreux cas de violences sexuelles qui y sont
dénombrés au jour le jour.
On ne peut passer sous silence le fait que l'occupation de
cette partie du pays par le RCD a été accompagnée de
nombreux abus perpétrés contre la population civile. Ainsi cette
présence était d'autant plus mal digérée qu'elle
était accompagnée des violations flagrantes des droits
fondamentaux de la personne humaine, donnant ainsi l'impression au peuple
congolais d'être victime d'une occupation étrangère. Les responsables de ce mouvement ont été
accusés du pillage des ressources minières et agricoles de l'est
du pays au bénéfice des Rwandais et des Burundais comme l'ont
relevé plusieurs rapports élaborés par différentes
organisations tant nationales qu'internationales.43(*)
Cette situation de
belligérance dans la contrée favorisa l'apparition de nombreuses
milices étrangères et locales en plus de celles qui existaient
déjà depuis la guerre menée par Kabila. Citons entre
autres les Interahamwe, les Maï- Maï tribaux, etc44(*).
Aussi, de nombreux cas de violences sexuelles et autres abus
sexuels commis par des miliciens, des groupes armés, par des policiers
et militaires de l'armée nationale et même par des civils, sur les
filles, les femmes et même sur les hommes, ne cessent d'y être
documentés45(*).
A ce jour donc, en plus de l'armée gouvernementale, on
dénombre au diocèse d'Uvira une vingtaine de groupes armés
et milices. Le tableau suivant le démontre clairement46(*) :
N°
|
DESIGNATION
|
TERRITOIRE
|
|
1. Raïa Mutomboki
|
Mwenga : Kigalama, Mutunda
|
|
2. FDLR : groupe armé rwandais
|
Mwenga : Miki, Mulambozi, Luvumba
|
|
3. Yakutumba, Amuri, William
|
Fizi : Fizi, Lusuku, Bala, Sebele, Mboko, Nakiliza,
Mulumba
|
|
4. Mayele Rashidi
|
Fizi : Swima
|
|
5. Bwasakala
|
Fizi : moyens plateaux des chaînes des monts
Mitumba, Kabumbe
|
|
6. FDLR : groupe armé rwandais
|
Fizi : vers Misisi
|
|
7. Bede Rusagara
|
Uvira : Mutarule, Ndolera, Mulenge, Mudere
|
|
8. Molière
|
Uvira : Lemera
|
|
9. Fujo
|
Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts
Mitumba
|
|
10. Nyerere
|
Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts
Mitumba
|
|
11. Marambo
|
Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts
Mitumba
|
|
12. Kashogolosi
|
Uvira : moyens plateaux des chaînes des monts
Mitumba, Makobola
|
|
13. Forces Nationales de Libération (FNL) : groupe
armé burundais
|
Uvira : Kiliba
|
|
14. Ma-Ma Mahoro
|
Uvira : Bijombo
|
|
15. Ma-Ma Gumino, dissident de Forces de Résistance
Fédéralistes (F.R.F.), chef Semahungwe
|
Uvira : Minembwe-Nord, Tawimbi
|
|
16. Ma-Ma Namushosi
|
Fizi : Milimba, vers Lulimba et Kitumba
|
|
17. Ma-Ma Biloze Bishambuke
|
Fizi : Milimba et moyens plateaux des chaînes des
monts Mitumba
|
|
18. Ma-Ma Murumba
|
Fizi : Monda, vers Kagembe
|
|
19. Ma-Ma pro Kazadi
|
Fizi : Lulenge
|
|
20. Raïa Mutomboki
|
Fizi : Kasanya, Chakira, Kamombo
|
|
21. Abdul
|
Uvira : Lubarika
|
|
22. Nakiliba et Kapopo
|
Mwenga : Itombwe
|
Il ressort de ce tableau que c'est le territoire d'Uvira qui
bat le record en nombre des milices et bandes armées, soit 45,4%. Vient
ensuite le territoire de Fizi avec 40,9%, suivi de celui de Mwenga, soit 13,6
%. Il est à noter aussi que les groupes armés qui
sévissent à Mwenga sont nés en dehors de ce territoire,
l'un à Shabunda voisin - les Raïa Mutomboki- et l'autre est
d'origine rwandaise - les FDLR-. Les moyens plateaux des chaînes des
monts Mitumba constituent un sanctuaire des groupes armés et milices car
c'est un milieu difficile d'accès. La plupart des cas de viols et
violences sont imputés aux miliciens car cela se fait dans les champs,
en cours de route, dans la foret et dans des endroits peu
fréquentés et où ces groupes armés règnent
en maître.
Nous devons toutefois noter que parfois, des civils et
même des militaires de l'armée régulière, violent
des femmes en se faisant passer pour des miliciens. Ils imitent parfois la
façon de s'exprimer des éléments des FDLR et des FNL pour
cacher leur identité.
D'après de nombreux rapports de la Commission
Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira ainsi que de ceux
d'autres organisations de défenses des droits humains, les
présumés auteurs des violences sexuelles dans cette
contrée se recrutent le plus souvent parmi les miliciens, les membres
des bandes armées étrangères, les militaires de
l'armée nationale, les policiers et même les civils. Bref, aucune
catégorie de la population n'est exempte de cette pratique qui a pris
des formes et typologies multiformes. Nous y reviendrons dans notre
troisième chapitre en sa deuxième section, lorsque nous
présenterons un tableau synthétique des violences sexuelles
faites à la femme, à la jeune fille et à l'homme au
diocèse d'Uvira, d'avril 2010 à avril 2013.
Le phénomène violences sexuelles étant
une affaire qui concerne la société tout entière, il exige
alors que tout le monde s'implique pour y apporter une réponse : le
gouvernement, les ONGs de droits de l'homme, etc. C'est dans ce cadre que la
législation nationale produit des lois pour réprimer cette
infraction. Et face à l'ampleur qu'a prise ce phénomène,
le législateur congolais a dû au fil de temps adapter les
sanctions à l'encontre de ces actes infâmes.
SECTION 2. LA REPRESSION DE LA VIOLENCE SEXUELLE DANS LA
LEGISLATION CONGOLAISE
Il nous a paru indispensable de faire ce rapide survol
historique du cadre juridique national de la RDC pour comprendre comment la
législation de ce pays réprime les violences sexuelles. Force est
de faire remarquer que depuis l'époque coloniale, pendant la
deuxième république et jusqu'à ce jour, le viol, mieux la
violence sexuelle, a toujours été réprimée par la
législation congolaise aussi bien par la justice militaire que par la
justice civile. Notre souci n'est pas d'analyser la législation
relative à la répression des violences sexuelles en RDC - comme
le ferait un juriste - mais celui de décrypter comment cette
dernière a évolué dans la définition des formes des
violences sexuelles, dans la désignation des victimes et enfin dans
l'aggravation des peines.
2.1. La Justice Militaire
2.1.1. Le Code de justice
militaire de 1972
Dans le Code de Justice militaire de 1972, le crime de viol
commis par un membre des forces armées congolaises était
qualifié et punis selon la loi n° 72/060 du 25 septembre 1972
portant code de justice militaire jusqu'à la fin de l'année 2002.
Notons tout de suite que le code militaire de 1972 ne disposait pas d'un
article traitant de toutes les formes de violences sexuelles. Ainsi, en cas de
poursuite, cette lacune était comblée par l'article 1er dudit
code disposant que le décret du 30 juin 1940 portant Code pénal
Congolais, un code de justice civile, est également applicable aux
membres des forces armées.47(*)
2.1.2. Le Code de Justice
militaire de 2002
Un grand pas est franchi dans ce code car la loi n°
24/2002 du 18 novembre 2002 portant Code pénal militaire en son article
169, paragraphe 7 dispose que « le viol, l'esclavage sexuel, la
prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation
forcée et tout autre acte de violence sexuelle de comparable
gravité sont considérés comme des crimes contre
l'humanité passibles de la peine de mort ». Le code de justice
militaire de 2002, dispose qu'en plus du viol, d'autres actes constituent des
formes de violences sexuelles et sont également punis par ce code.
2.2.
La Justice Civile
2.2.1.
Le Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais
L'infraction du viol, dans le Décret du 30 juin 1940
portant Code pénal Congolais, est réprimée par les
articles 170, 171 et 171, bis. En effet, l'article 170 du Code Pénal
Congolais dispose que « est puni de servitude pénale
de 5 à 20 ans celui qui aura commis un viol, soit à l'aide
de violences ou menaces graves, soit par ruse, soit en abusant d'une personne
qui, par l'effet d'une maladie, par l'altération de ses facultés
ou par toute autre cause accidentelle, aurait perdu l'usage de ses sens ou en
aurait été privé par quelques
artifices.»48(*) Likulia Bolongo, s'appuyant sur ce qui
précède, définit ainsi le viol comme « La
conjonction sexuelle que l'homme peut imposer à la femme par la
violence. Autrement dit, l'acte par lequel une personne du sexe masculin a des
relations sexuelles avec une personne de sexe féminin contre le
gré de celle-ci, soit que le défaut de consentement
résulte de la violence physique ou morale, soit qu'il résulte de
tout autre moyen de contrainte ou de surprise. »49(*)
De cette définition, il ressort que le viol
était limité juste à l'introduction de l'organe
génital de l'homme dans les parties génitales de la femme. Donc,
tout autre acte sexuel qui n'aboutit pas à la conjonction sexuelle ne
pouvait nullement être considéré comme un viol mais
plutôt comme une simple infraction d'attentat à la pudeur50(*).
Ainsi, l'introduction d'un doigt, d'un bâton ou d'un quelconque autre
objet différent de la verge, dans le vagin d'une femme, malgré sa
résistance, ne figure pas parmi les actes qualifiés de violences
sexuelles, tout comme l'introduction par l'homme, sans le consentement de la
femme, du pénis dans l'anus ou dans la bouche de cette
dernière.51(*) En sus, pour ce code, la victime du viol ne pouvait
être qu'une femme, l'homme étant exclu du champ du viol de
relations sexuelles qui pouvaient lui être imposées par une femme.
Abordant l'aspect lié à la protection des
mineurs par la législation congolaise, nous nous rendons compte que le
Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal Congolais qualifiait de
viol à l'aide de violence exclusivement le seul fait du rapprochement
charnel des sexes commis sur toute personne âgée de moins de 14
ans.52(*) D'autre part,
les mineurs, victimes ou survivants de viol dont la tranche d'âge
était de 14 à 18 ans n'étaient pas suffisamment
protégés contre les abus sexuels par la législation
congolaise.53(*)
2.2.2. La Constitution du 18
fevrier 2006
Après la fin officielle des hostilités en
République Démocratique du Congo, il devenait de plus en plus
pressant et urgent d'adopter une nouvelle législation relative à
la répression des violences sexuelles au regard de l'ampleur de ce
phénomène. En effet, le Décret du 30 juin 1940 portant
Code pénal Congolais était désormais suranné face
aux nouvelles formes de violences sexuelles auxquelles on assistait ainsi que
nous le verrons au troisième chapitre de notre étude au point
traitant de la typologie et des formes des violences sexuelles au Sud-Kivu.
En plus, ce qui a poussé la RDC à adopter de
nouvelles lois réprimant les violences sexuelles c'est d'abord la
banalisation des violences sexuelles à l'égard des hommes,
ensuite l'absence d'une définition claire et nette du viol et enfin
l'absence de célérité dans le traitement des
dossiers.54(*) Ajoutons à ce qui précède la
nécessité pour la RDC de se conformer à la
législation internationale relative aux droits de l'homme
réprimant les violences sexuelles : les Conventions de
Genève du 12 août 1949, le Statut de la Cour Pénale
Internationale, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements
cruels, inhumains ou dégradants, la Convention sur l'élimination
de toutes les formes de discrimination à l'égard de la
femme et enfin, la Convention relative aux droits de l'enfant.
C'est pour répondre à ces préoccupations
légitimes que la Constitution du 18 février 2006, adoptée
par référendum organisé du 18 au 19 décembre 2005,
pénalise les violences sexuelles à l'encontre des femmes et des
hommes. A ce sujet, elle dispose que : « Les pouvoirs publics
veillent à l'élimination des violences sexuelles. Sans
préjudice des traités et accords internationaux, toute violence
sexuelle faite sur toute personne, dans l'intention de déstabiliser, de
disloquer une famille et de faire disparaître tout un peuple est
érigée en crime contre l'humanité puni par la
loi.»55(*) Une
nouveauté est introduite dans cet article : la reconnaissance par
la loi du fait que c'est tout individu, masculin ou féminin, qui doit
être protégé contre les violences sexuelles, celles-ci
étant désormais érigées en crime contre
l'humanité.
Il appartient aux pouvoirs publics de lutter bec et ongles
contre toute forme de violence à l'encontre de la femme et cela dans
tous les domaines de la vie. C'est ce qu'affirme la Constitution de la RDC qui
stipule : « Les pouvoirs publics veillent à
l'élimination de toute forme de discrimination à l'égard
de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits. (...). Ils
prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites
à la femme dans la vie publique et dans la vie privée. La
femme a droit à une représentation équitable au sein des
institutions nationales, provinciales et locales. L'Etat garantit la mise en
oeuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions. La loi fixe
les modalités d'application de ces droits.»56(*) Cette disposition de la loi va
ainsi à l'encontre de la discrimination faite à la femme par les
us et coutumes et par les anciennes législations, lois qui sont d'une
part à la base de la persistance des violences sexuelles contre les
femmes, comme nous le démontrions au deuxième chapitre de notre
travail au point sur le statut inférieur de la femme congolaise.
2.2.3.
La loi n°06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le
décret du 30 janvier 1940
portant code
pénal congolais
La loi n°06/018 du 20 juillet 2006 modifiant et
complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal
congolais introduit de nombreuses innovations en matière de la
répression des violences en vue de répondre à la kyrielle
de formes que dorénavant ces infractions présentaient. En effet,
cette loi résolvait tant soit peu la crise créée par les
conflits successifs en RDC depuis 1996. Ces innovations constituent un grand
pas dans la répression des violences sexuelles en RDC. La loi n°
06/018 du 20 juillet 2006 intègre de nouvelles infractions
empruntées au Droit International Humanitaire et regroupe les violences
sexuelles en16 formes. Les dispositions prévues complètent et
érigent en infractions, différentes formes de violences
sexuelles, jadis non incriminées dans le Code pénal.57(*)
Parmi ces innovations58(*) retenons entre autres en ce qui concerne l'infraction
de violences sexuelles, les modifications apportées à
celle-ci : l'élément matériel, le moyen
utilisé pour commettre le viol, le sexe de la victime, le
viol réputé avec violence, les peines applicables, la
catégorie des personnes vulnérables à
protéger contre les violences sexuelles : les femmes, les
enfants et les hommes, la qualification de viol qui ne nécessite plus
comme élément matériel la pénétration
effective mais même superficielle pour sa réalisation, la
pénétration de tout autre partie du corps par n'importe quel
objet - les doigts, une arme à feu, un couteau, un bâton, un
morceau de fer, un débris de verre, une bouteille, et cela pour se
conformer aux types de viol commis durant la guerre - dans l'anus, la bouche ou
tout autre orifice, allongement de la liste des circonstances
aggravantes du viol, ni l'immunité, ni la hiérarchie ou un
quelconque commandement d'une autorité, n'exonèrent nullement
l'auteur d'une infraction relative aux violences sexuelles de sa
responsabilité.
2.2.4. Loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009 portant
protection de l'enfant
La Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection
de l'enfant protège ainsi les enfants contre le harcèlement
sexuel, l'incitation, l'encouragement ou la contrainte d'un enfant à
s'engager dans une activité sexuelle, la pédophilie, la
pornographie, les chansons et spectacles obscènes, la débauche,
la prostitution, l'exploitation sexuelle, la mutilation sexuelle, les
agressions sexuelles, le viol, l'attentat à la pudeur, l'incitation d'un
enfant à des relations sexuelles avec un animal, le fait de
détenir un ou plusieurs enfants dans le but d'abuser d'eux sexuellement,
la contamination délibérée d'un enfant ou d'une affection
sexuellement transmissible incurable, notamment le VIH / SIDA, l'exposition
d'un enfant à l'exhibition sexuelle, le proxénétisme
à l'égard d'un enfant, l'esclavage sexuel d'un enfant.59(*)
Il va sans dire que la Loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009
portant protection de l'enfant, protège l'enfant contre tous les
nouveaux types des violences sexuelles, mieux contre les différentes
formes de violences sexuelles, tel que stipulé dans la loi n°06/018
du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le Décret du 30
janvier 1940 portant Code pénal congolais. Ensuite,
l'élément matériel du viol reste le même tout comme
les peines à infliger aux personnes qui ont commis des exactions
répréhensibles contre les enfants ; aucune catégorie
d'individu n'est épargnée en cas de commission de violence
sexuelle. Enfin, la pénétration même superficielle de
l'organe génital dans quelque orifice que se soit de la victime, encore
mineure, même avec son consentement, est
répréhensible tandis que les peines sont aggravées
en fonction de la forme de violence sexuelle commise et du statut du violeur
par rapport à la victime.
Malgré la promulgation de toutes ces lois
réprimant les violences sexuelles, des cas des viols et autres ne
cessent d'être relevés au diocèse d'Uvira. En d'autres
termes, il ya comme une sorte de résistance de la population
vis-à-vis d'un nouveau comportement qui leur est proposé,
à savoir cesser avec des pratiques considérées par la loi
comme des formes des violences sexuelles. Cette situation démontre
l'urgence qui s'impose, à savoir celle de la mise sur pied d'une
stratégie pour mieux communiquer ces textes à la population afin
qu'elle les applique.
CONCLUSION PARTIELLE
Le chapitre a porté sur les sources et la
répression des violences sexuelles dans l'environnement socioculturel
congolais.
La première section a répertorié, entre
autres, comme sources profondes de cette pratique, la précarité
sociale, le statut inférieur de la femme dans les us et coutumes et
même dans certains articles de la législation congolaise et enfin
l'impact de la guerre. Il a été remarqué que la guerre a
amplifié ce phénomène social car elle a charrié
avec elles d'autres formes des violences sexuelles auxquelles on n'assistait
pas encore jusque-là. La deuxième section a passé en revue
la législation congolaise, militaire et civile qui réprime ces
actes vils. Celle-ci essaie, comme nous l'avons constaté, de s'adapter
aux nouvelles situations qui se présentent dans la contrée
pendant que les présumés auteurs des violences sexuelles
commettent ces infractions.
Malgré tout cela, il semble que les
présumés violeurs résistent toujours et continuent
à enfreindre cette loi. En effet, des cas des violences sexuelles ne
cessent d'être relevés dans la contrée au jour le jour.
Tel est l'environnement socio-économico-culturel dans
lequel la CDJP/ Uvira s'est lancée dans la lutte contre ce comportement
qui va à l'encontre des droits humains. Quelles stratégies de
communication la Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse
d'Uvira met-elle en oeuvre dans sa lutte contre les violences sexuelles
dans cette région ? La réponse à cette question
constitue l'objet du troisième chapitre.
CHAPITRE III : LA PRATIQUE DE LA
COMMUNICATION DE LA CDJP/UVIRA DANS LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES
0. INTRODUCTION
Ce chapitre comporte quatre sections. La première est
une brève description du diocèse d'Uvira. Dans la seconde, nous
décryptons les stratégies que la CDJP/ Uvira met en oeuvre pour
lutter contre les violences sexuelles. La troisième abordera la
problématique liée à l'étiologie et aux
conséquences de ces violences sur les femmes, la jeune fille et les
hommes ; bref sur la société tout entière.
SECTION 1. BREVE PRESENTATION DU DIOCESE D'UVIRA60(*)
Le Diocèse d'Uvira est l'un des 47 diocèses de
la République Démocratique du Congo. Il a été
érigé canoniquement le 16 avril 1962 par Sa Sainteté le
Pape Jean XXIII.
Du point de vue administratif, il est situé dans la
province du Sud Kivu, à l'Est de la République
Démocratique du Congo. Il comprend trois zones pastorales : Fizi,
Uvira et Mwenga avec 18 paroisses. Notons toutefois que les Paroisses de
Nakiliza et de Kamanyola se trouvent respectivement dans les territoires de
Kabambare et de Walungu. Ce diocèse s'étend sur une superficie de
36.000 Km² avec une population hétérogène,
estimée à environ 1.600.000 habitants appartenant à
différentes confessions religieuses. On y dénombre 600.000
chrétiens catholiques.
Le Diocèse d'Uvira est limité à l'Est
par la République du Burundi, à l'Ouest par le Diocèse de
Kasongo, au Nord par le diocèse de Bukavu, au Nord-est par le Rwanda et
au Sud par le diocèse de Kalemie.
Voici la carte géographique du diocèse
d'Uvira :
SECTION 2. LA COMMISSION DIOCESAINE JUSTICE ET PAIX DU
DIOCESE
D'UVIRA ET LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES
2.1. Brève historique de la CDJP / Uvira
La Commission Diocésaine Justice et Paix / Uvira a
été créée le 19 février 2003. Elle
fonctionne dans les 18 paroisses du Diocèse d'Uvira. Depuis sa
création, elle ne cesse de former des animateurs en droits humains.
Cette structure diocésaine a été mise sur pied
après une analyse approfondie de différents problèmes
relatifs aux violations et abus des droits humains dont la population du
diocèse d'Uvira était victime. Cette situation catastrophique a
été accentuée par la guerre et par l'inexistence de
véritables associations de défense des droits humains et
l'ignorance par la majorité de la population mais aussi des
autorités publiques des droits, libertés et devoirs des
citoyens.
2.2. Les activités de la
CDJP / Uvira
Depuis sa création et jusqu'à ce jour, la CDJP /
Uvira a organisé différentes activités dont :
ü La formation des animateurs paroissiaux, des leaders
sociaux, des autorités politico-administratives, des membres des
communautés ethniques, des responsables des confessions religieuses
d'Uvira, de Fizi et de Mwenga en droits humains, en résolution pacifique
des conflits, sur le fonctionnement de la justice et en éducation
civique et électorale.
ü Le travail d'observatoire des conflits, de Monitoring
et reportage des cas des violations des droits de l'homme.
ü Le travail de médiation pour une
réconciliation des communautés de base en cas des conflits.
ü L'animation de l'émission radiodiffusée
`'Haki na Amani kwa wote'' (Justice et Paix pour tous), à la RTNC
Uvira.
ü La sensibilisation des communautés locales au
respect des droits de l'enfant et à la prévention des violences
faites à la femme.
ü L'assistance psycho-sociale, juridique, médicale
et la réinsertion socio-économique des Femmes et Filles Victimes
des Violences Sexuelles, etc.
2.3. Objectifs et Mission générale
La mission de la CDJP/Uvira est de conscientiser tous les
acteurs sociaux sur la responsabilité commune des uns et des autres pour
asseoir la paix dans la région. C'est la raison pour laquelle la CDJP/
Uvira n'exclut personne de son action et de ses programmes.
Comme objectif principal, la CDJP / Uvira vise la
libération de toutes les populations en général, sans
exclusive, habitant l'aire géographique du Diocèse d'Uvira, de
l'ignorance de leurs droits, des lois de leur pays tout en leur apprenant les
techniques appropriées de résolution des conflits qui les
opposent les unes aux autres au sein de leurs communautés respectives.
Et à travers d'autres activités, la CDJP contribue à la
promotion durable de la paix en vue de la construction d'un Etat de droit et
démocratique par des élections libres, transparentes et
apaisées.
2.4. Stratégies de communication de la CDJP / Uvira
dans la lutte contre les violences sexuelles
La CDJP / Uvira, pour lutter contre les violences sexuelles
organise des sessions de formation et de sensibilisation pour
différentes couches de la population : les chefs coutumiers, les
leaders communautaires ou religieux, etc. Elle recoure aussi au
théâtre, aux manifestations culturelles ainsi qu'aux campagnes
médiatiques par la radio et les affiches pour faire passer son message.
Cette commission a mis en place au niveau paroissial des Bureaux d'Ecoute comme
à Baraka, à Kiliba et à Kamituga. Le rôle des
prestataires dans ces bureaux d'écoute consiste en l'écoute
active des rescapés des violences sexuelles, leur
détraumatisation, la référence médicale et leur
encadrement par l'octroi des AGR. Ce sont les assistantes psychosociales qui
gèrent ces bureaux d'écoute. Celles-ci, avant de prester,
suivent une formation qui est assurée par un psychologue de formation
qui d'autre part supervise ces bureaux d'écoute. Le travail des
assistantes psychosociales consiste à recevoir les survivantes, à
les écouter, à les orienter et enfin à les prendre en
charge psychologiquement. Ces bureaux d'écoute, pour rassurer les
victimes, fonctionnent dans des maisons non poreuses, à
côté d'un centre de santé partenaire de la CDJP / Uvira en
vue d'éventuels soins médicaux à apporter aux
victimes.
Afin de réaliser leur mission, les assistantes
psychosociales doivent se présenter devant ces survivantes en bonne
conseillère capable de les mettre à l'aise. D'autres
qualités requises pour une assistante psychosociales sont : la
compréhension, la patience devant la victime, abstention de juger, usage
d'un langage clair, capacité à laisser la victime trouver la
solution, être à mesure de tenir compte du langage non verbal,
écouter attentivement, donner un appui émotionnel si
nécessaire, rester disponible pour les rencontres futures, etc.
Les assistantes psychosociales sillonnent différents
villages du diocèse en vue de la sensibilisation de la population sur
les violences sexuelles et sur ses conséquences. Elles insistent en
outre sur la loi qui réprime ces actes vils. C'est ainsi que certaines
survivantes sortent de l'anonymat et dénoncent leurs violeurs. Comme
conséquence de ces tournées à travers les villages, on
assiste aussi à une prise de conscience de toute la population de ce
drame qui la ravage.
En outre, la CDJP / Uvira recrute des bénévoles
chargés de la sensibilisation sur la prévention et la lutte
contre les violences sexuelles et enfin elle a créé trois
synergies des mamans à Uvira, à Baraka et à Kamituga pour
la sensibilisation de la population sur le VIH/Sida et les violences faites
à la femme.
Ses partenaires dans ces activités sont entre autres
Scottish Catholic International Aid Fund (SCIAF) et Mensen et Missie ou MM
(Peuple en mission).
En jetant un coup d'oeil sur les activités de la CDJP /
Uvira, nous y décelons aussi bien des forces que des faiblesses, des
menaces et des opportunités en interne et en externe. 61(*)
Tableau de l'Analyse SWOT
de la Commission Diocésaine Justice et Paix / Uvira :
ENVIRONNEMENT EXTERNE
|
ENVIRONNEMENT INTERNE
|
OPPORTUNITES
|
MENACES
|
FORCES
|
FAIBLESSES
|
ü La reconnaissance au ministère de la justice
comme structure du diocèse ;
ü La bonne coopération avec le ministère
de la justice et différents services de l'Etat ;
ü L'existence d'un nombre élevé de victimes
des violences sexuelles ;
ü La possibilité de prendre en charge un grand
nombre de victimes ;
ü Disponibilité des animateurs formés pour
les sensibilisations, le monitoring et le suivi des actes des violences
sexuelles ;
ü La confiance de la population ;
ü La législation réprimant les violences
sexuelles ;
ü Existence des canaux de communication ;
ü Qualités des services.
|
ü Récession économique ;
ü Concurrence d'autres ONGs de droits de
l'homme ;
ü Incompréhension des autorités civiles,
militaires et coutumières ;
ü Esprit de vengeance des présumés violeurs
pour les avoir fait arrêter ;
ü Menaces de mort des militaires et policiers
condamnés à l'endroit des agents de la CDJP/ Uvira suite au
viol.
|
ü Le combat pour une cause noble ;
ü La différence avec les autres ONGs de droits de
l'homme ;
ü Les résultats réalisés ;
ü L'existence des animateurs et assistantes
psychosociales ;
ü Bureaux d'écoute pour le suivi des
rescapées des violences sexuelles ;
ü Main d'oeuvre qualifiée ;
ü Lutte contre les violences sexuelles ;
ü Promotion d'un nouveau comportement ;
ü Expérience et expertise ;
ü Prise en charge des victimes.
|
ü Manque de financement et de partenaires ;
ü Budget de fonctionnement faible ;
ü Manque de moyens matériels ;
ü L'existence des bureaux d'écoute dans certaines
paroisses seulement.
ü Le message de lutte contre les violences sexuelles
n'est pas très rependu dans tous les coins du diocèse ;
ü Manque d'appui institutionnel et de motivation de la
part de certains animateurs bénévoles ;
ü Découragement de certains animateurs et
assistantes psychosociales ;
ü Productivité réduite faute de moyens
financiers ;
ü Manque d'une cellule de communication et des relations
publiques.
|
Il saute aux yeux que les activités communicationnelles
sont le maillon faible de la Commission Diocésaine Justice et Paix du
Diocèse d'Uvira. Nous nous rendons compte qu'elle se penche plus vers
la prise en charge psychosociale, juridique et l'octroi des Activités
Génératrices de Revenu.
2.5. L'usage des canaux de communication
Dans son programme sur la lutte contre les violences
sexuelles, la CDJP / Uvira recoure aux médias et au hors-médias.
Dans le premier cas, elle utilise la radio, les panneaux, les affiches, les
dépliants ainsi que le logotype. La CDJP / Uvira se sert de l'Internet
juste pour l'expédition du courrier à ses partenaires et autres
correspondants. Dans l'usage des hors-médias, la CDJP fait imprimer des
t-shirts sur lesquels il est généralement indiqué :
« Appui aux rescapées des violences sexuelles.»
Les messages lancés par la CDJP / Uvira dans sa
campagne pour la lutte contre les violences sexuelles sont du type de :
ü Aidez la victime des violences sexuelles à ne
pas se culpabiliser, à ne pas se sous-estimer, à accepter ce qui
lui est arrivé et à prendre une décision qui convient pour
sa vie.
ü Evitez tout arrangement à l'amiable car ce
dernier encourage le viol et l'impunité.
ü Le viol est une urgence médicale de 72 h.
ü Dénoncez les cas de viol auprès des
autorités compétentes.
La CDJP / Uvira indique sur ses panneaux et affiches moult
services qu'elle offre aux survivantes des violences sexuelles : appui
médical et psychosocial, assistance juridique, médiation
familiale, réinsertion socio-économique et enfin comment aider
une survivante des violences sexuelles. Sur ses dépliants figurent son
historique, sa description, sa mission, ses objectifs, ses activités,
ses partenaires, ses perspectives d'avenir et enfin son organigramme que
voici :
ORGANIGRAMME DE LA CDJP / UVIRA
|
|
|
|
|
Evêque
|
|
|
Coordinateur
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Comptable
|
|
Dynamique Femme
|
|
Logistique
|
|
Secrétaire Caissière
|
|
Chargé de Programme
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Assistant - Comptable
|
|
Entretien Charroi
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CPJP
|
|
CPJP
|
|
CPJP
|
|
CPJP
|
|
CPJP
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CLM-CLGP
|
|
CLM-CLGP
|
|
CLM-CLGP
|
|
CLM-CLGP
|
|
CLM-CLGP
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CEV
|
|
CEV
|
|
CEV
|
|
CEV
|
|
CEV
|
Cette structure du diocèse fait passer à la RTNC
/ Uvira 4 émissions par mois, de 19h30' à 20h00'. Toutes ces
émissions vont dans le sens de la lutte contre les violences sexuelles.
La devise de cette structure diocésaine sur son logo est :
« Ensemble, construisons la paix par la justice».
2.6. Tableau synthétique des violences sexuelles faites
à la femme, à la jeune fille
et à l'homme au diocèse d'Uvira, d'avril 2010 à avril
2013
Le présent tableau, à titre illustratif, ne
relève que quelques cas des violences sexuelles - 50 en tout - que la
CDJP / Uvira a signalé au Diocèse d'Uvira. En effet, elle en a
enregistré beaucoup plus que ce que nous proposons dans le tableau
suivant ; d'autres seront signalés lorsque nous présenterons
les résultats auxquels cette structure a abouti après son travail
sur le terrain.
N°
|
Etat matrimonial
|
Age
|
Année de viol
|
Lieu
|
Présumé violeur
|
Prise en charge
|
|
1. Mariée
|
49 ans
|
2010
|
Aux champs
|
2 soldats FDLR
|
Psychosociale
|
|
2. Veuve
|
50 ans
|
2010
|
Aux champs
|
1 soldat FDLR
|
Psychosociale
|
|
3. Mariée
|
42 ans
|
2010
|
En cours de route
|
8 soldats rwandais ont surgi de la forêt
|
Psychosociale
|
|
4. Mariée
|
23 ans
|
2010
|
Aux champs
|
3 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
5.
|
Mariée
|
33 ans
|
2010
|
En cours de route
|
8 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
6. Célibataire
|
28 ans
|
2010
|
Aux champs
|
1 civil
|
Psychosociale
|
|
7. Mariée
|
33 ans
|
2010
|
En cours de route
|
Violée par 3 miliciens hutu pendant 2 jours
|
Psychosociale
|
|
8. Mariée
|
38 ans
|
2010
|
En cours de route
|
5 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
9. Mariée
|
38 ans
|
2010
|
Aux champs
|
2 civils
|
Psychosociale
|
|
10. Veuve
|
38 ans
|
2010
|
Aux champs
|
4 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
11. Mariée
|
44 ans
|
2010
|
Aux champs
|
1 milicien hutu
|
Psychosociale
|
|
12. Veuve
|
58 ans
|
2011
|
Aux champs
|
2 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
13. Mariée
|
40 ans
|
2011
|
Aux champs
|
5 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
14. Mariée
|
53 ans
|
2011
|
Prison
|
Garde de prison
|
Psychosociale
|
|
15. Célibataire
|
14 ans
|
2011
|
Dans la maison
|
1 garçon civil
|
Psychosociale
|
|
16. Célibataire
|
18 ans
|
2011
|
Dans la forêt
|
1 civil
|
Psychosociale
|
|
17. Mariée
|
39 ans
|
2011
|
Dans la forêt
|
2 garçons civils
|
Psychosociale
|
|
18. Célibataire
|
16 ans
|
2011
|
A la maison
|
4 miliciens Ma-Ma
|
Psychosociale
|
|
19. Mariée
|
42 ans
|
2012
|
Dans la forêt
|
3 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
20. Mariée
|
49 ans
|
2012
|
En cours de route
|
1 milicien hutu
|
Psychosociale
|
|
21. Veuve
|
60 ans
|
2012
|
A la maison
|
3 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
22. Mariée
|
40 ans
|
2012
|
En cours de route
|
2 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
23. Divorcée
|
69 ans
|
2012
|
En cours de route
|
Miliciens Ma- Ma
|
Psychosociale
|
|
24. Mariée
|
45 ans
|
2012
|
A la maison
|
2 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
25. Célibataire
|
34 ans
|
2012
|
A la maison
|
3 militaires FARDC
|
Psychosociale
|
|
26. Célibataire
|
16 ans
|
2012
|
En forêt
|
1 garçon civil
|
Psychosociale
|
|
27. Mariée
|
57 ans
|
2012
|
En forêt
|
4 militaires FARDC
|
Psychosociale
|
|
28. Divorcée
|
42 ans
|
2012
|
A la maison
|
2 militaires FARDC
|
Psychosociale
|
|
29. Veuve
|
68 ans
|
2012
|
A la maison
|
2 miliciens Ma- Ma
|
Psychosociale
|
|
30. Célibataire
|
17 ans
|
2012
|
A la maison
|
1 militaire FARDC
|
Psychosociale
|
|
31. Mariée
|
45 ans
|
2012
|
A la maison
|
1 civil
|
Psychosociale
|
|
32. Mariée
|
33 ans
|
2012
|
Au village
|
2 civils
|
Psychosociale
|
|
33. Célibataire
|
17 ans
|
2012
|
Ecole
|
1 enseignant
|
Psychosociale
|
|
34. Veuve
|
46 ans
|
2012
|
Dans la forêt
|
2 miliciens Ma- Ma
|
Psychosociale
|
|
35. Mariée
|
40
|
2012
|
En cours de route
|
2 militaires FARDC
|
Psychosociale
|
|
36. Mariée
|
46 ans
|
2012
|
En cours de route
|
3 militaires FARDC
|
Psychosociale
|
|
37. Veuve
|
56 ans
|
2012
|
Dans les champs
|
1 militaire FARDC
|
Psychosociale
|
|
38. Célibataire
|
12 ans
|
2013
|
A la maison
|
1 civil
|
Psychosociale
|
|
39. Marié
|
53 ans
|
2013
|
Dans la forêt
|
3 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
40. Célibataire
|
16 ans
|
2013
|
A la maison
|
1 féticheur civil
|
Psychosociale
|
|
41. Mariée
|
32 ans
|
2013
|
Dans la forêt
|
2 miliciens Ma- Ma
|
Psychosociale
|
|
42. Veuve
|
37 ans
|
2013
|
Dans la forêt
|
2 militaires des FARDC
|
Psychosociale
|
|
43. Célibataire
|
60 ans
|
2013
|
A la maison
|
3 miliciens hutu
|
Psychosociale
|
|
44. Mariée
|
47 ans
|
2013
|
Dans la forêt
|
1 milicien Ma- Ma
|
Psychosociale
|
|
45. Mariée
|
39 ans
|
2013
|
En cours de route
|
2 civils
|
Psychosociale
|
|
46. Divorcé
|
39 ans
|
2013
|
En cours de route
|
3 militaires FARDC
|
Psychosociale
|
|
47. Veuve
|
50 ans
|
2013
|
Dans la forêt
|
2 miliciens Ma- Ma
|
Psychosociale
|
|
48. Mariée
|
46 ans
|
2013
|
Aux champs
|
1 civil armé
|
Psychosociale
|
|
49. Célibataire
|
15 ans
|
2013
|
A l'école
|
1 enseignant
|
Psychosociale
|
|
50. Célibataire
|
13 ans
|
2013
|
Chemin de l'école
|
1 civil
|
Psychosociale
|
Source : Statistiques des
filles et femmes violées établies par la CDJP/ Uvira :
2010-2013.
|
|
La lecture de ce tableau montre que beaucoup de cas de
violences sexuelles ont été relevés durant l'année
2012, soit 19 cas sur 50, suivi de l'année 2013 avec 14 cas. Durant
l'année 2010, on a enregistré 11 cas tandis qu'en 2011, 7 cas
seulement ont été signalés. La conclusion que l'on tire de
ces chiffres est que malgré toutes les activités qu'organise la
CDJP / Uvira, pour lutter contre les violences sexuelles, de nouveaux cas de
violences sexuelles ne cessent d'augmenter au jour le jour.
Ce tableau montre que les violences sexuelles au
diocèse d'Uvira ont indistinctement frappé les femmes de tous les
âges - même les enfants de 14 à 18 ans - quel que soit leur
statut matrimonial : célibataire, marié, divorcé ou
veuf. Les victimes dont l'âge varie entre 31 ans et 50 ans, soit 58%,
sont les plus touchées. Elles sont suivies par celles dont l'âge
varie entre 13 et 30 ans, soit 24%.
Les présumés violeurs appartiennent aussi bien
milices locales (Ma- Ma, soit 14 %), aux milices étrangères
(FDLR, soit 32 %), aux forces régulières (FARDC, soit 18%). On
en trouve aussi parmi les civils, les enseignants, les gardes de prison et
même les féticheurs.
Les lieux de commission de ces violences sont dans la plupart
de cas les champs, en cours de route, dans la forêt et même en
prison. Parmi les milieux propices à ces violences sexuelles, l'on peut
citer en outre la famille, l'école, l'université, le milieu
professionnel, les hôtels, les bars, les carrés miniers, etc. En
famille, les violeurs habituels sont les maris, les cousins, les neveux, les
beaux-frères. Beaucoup de femmes mariées sont victimes de
violences sexuelles de la part de leurs propres époux. L'absence de
dialogue, la sous-information au sein des foyers et la chosification de la
femme sont autant des facteurs qui expliquent cet état de choses.
Ceci démontre amplement que ce phénomène
appartient réellement à un système comportemental qui
désormais caractérise toute la société et qui
d'autre part demande une réponse impliquant tout le monde.
2.7. Résultats des actions
menées par la CDJP / Uvira dans sa lutte contre les
violences
sexuelles :
Domaine
|
Indicateurs d'activités
|
Résultats
|
Santé
|
|
2010 - 2011
|
2011 - 2012
|
2012 - 2013
|
1. Chirurgical
|
21
|
32
|
8
|
2. Médical
|
2303
|
1544
|
1243
|
3. Prénatal
|
153
|
110
|
94
|
4. Psycho-social
|
2568
|
1785
|
1307
|
Accès à la justice
|
5. Conseil légal
|
0
|
2
|
3
|
6. Fixation des dossiers
|
97
|
55
|
40
|
7. Nombre des jugements obtenus
|
51
|
31
|
33
|
8. Enregistrement (enfants nés de viol)
|
51
|
31
|
33
|
Services rendus
|
9. Accès à la scolarité
|
0
|
0
|
0
|
|
10. Soins de santé
|
252
|
281
|
56
|
Activités socio-économiques
|
11. Formation des victimes sur les Droits humains
|
157
|
150
|
150
|
|
12. Octroi des Kits pour AGR
|
· Rescapées : 250
· Mères d'enfants nés de viol : 50
|
· Rescapées : 200
· Mères d'enfants nés de viol : 50
|
· Rescapées : 200
· Mères d'enfants nés de viol : 50
|
Sensibilisation
|
13. Sensibilisation communautaire
|
· Formation de 46 médiateurs communautaires
· Formation de 64 volontaires communautaires
|
· Formation de 50 médiateurs communautaires
· Formation de 80 volontaires communautaires
|
· Formation de 50 médiateurs communautaires
· Formation de 72 volontaires communautaires
|
|
14. Formation des leaders communautaires (Formation des
autorités politico-administratives)
|
76
|
70
|
71
|
15. Publication des feuillets
|
400 feuillets et 52 affiches ont été produits
|
400 feuillets et 52 affiches ont été produits
|
400 feuillets et 52 affiches ont été produits
|
16. Emissions radio
|
48 émissions radio produites
|
60 émissions radio produites
|
48 émissions radio produites
|
|
17. Réintégration sociocommunautaire
|
86
|
18
|
35
|
Ce tableau présente brièvement comment la CDJP /
Uvira se bat pour pouvoir apporter une aide consistante aux rescapés des
violences sexuelles. Cette structure du diocèse prend en charge les
survivantes des violences sexuelles sur différents points :
psychologique, médical, juridique, socio-économique. Elle recourt
tout de même aux canaux de communication pour sensibiliser la population
sur ce fléau. Il sied toutefois de faire remarquer que des
résultats palpables dans le cadre de la communication ne sont pas assez
suffisants. Un effort doit donc être fait dans ce domaine afin que le
message puisse permettre à la population tout entière de changer
de comportement et cela pour un mieux-être de tous les habitants de la
contrée.
D'après ce tableau, le nombre de victimes se compte en
termes de milliers : 2568 cas en 2010 - 2011, 1785 cas en 2011- 2012 et
1307cas en 2012- 2013.
En sus, ce phénomène social, multifactoriel,
s'est présenté sous différents types et formes dans l'aire
géographique d'Uvira.
SECTION 3. TYPOLOGIE ET FORMES DES VIOLENCES SEXUELLES
Au Sud-Kivu en général et en particulier au
Diocèse d'Uvira, depuis plus d'une décennie, différents
types et formes des violences sexuelles y ont été
répertoriés. De nombreux rapports et études à ce
sujet, élaborés par nombreuses organisations de lutte pour les
droits de l'homme tant civiles qu'à caractère religieux comme la
CDJP/ Uvira, par des chercheurs et même par le gouvernement congolais, se
sont penchés sur ce phénomène macabre.62(*)
Ainsi, les femmes, dans cette contrée, ont
été victimes du viol, du mariage forcé, des agressions
sexuelles, du rapt, de l'esclavage sexuel lors des attaques de certains
villages par des miliciens et hommes en uniformes non autrement
identifiés, etc. Elles ont eu à exécuter, contre leur
gré, certaines corvées, comme le transport des butins de ces
bourreaux après pillage, la cuisine pour les soldats du camp pendant
plusieurs mois de détention. Certaines femmes ont eu à subir le
harcèlement sexuel de la part des militaires et même de civils.
Lors des incursions dans les villages, des hommes armés forçaient
parfois des parents à s'adonner à l'exhibition sexuelle et ainsi
les obligeaient-ils de temps à autre à s'accoupler avec leurs
enfants devant les autres enfants et personnes présentes et vice versa.
Au nombre d'autres formes de violences sexuelles commises
à l'encontre des hommes et des femmes au diocèse d'Uvira, citons
entre autres, le déshabillage forcé, les insultes à
caractère sexuel, les attouchements, les mutilations sexuelles,
l'exploitation sexuelle. Le constat général est que la femme, en
fait, semble subir, plus que l'homme, ces traitements exécrables
à cause des préjugés et considérations
négativistes dont elle est victime et ainsi la considère-t-on
parfois dans nos sociétés comme un être inférieur
à l'homme.
Mais alors, qu'est-ce qui motive les violeurs à agir de
la sorte ? Quelles sont les conséquences sur la communauté
tout entière de ces violences sexuelles?
SECTION 4. ETIOLOGIE ET CONSEQUENCES DES VIOLENCES
SEXUELLES
SUR LES FEMMES AU DIOCESE D'UVIRA
La question qu'on peut se poser à ce niveau de notre
investigation est celle de savoir comment peut-on expliquer ce comportement qui
semble aller à l'encontre de l'agir normal du genre humain. Qu'est-ce
qui est caché derrière un tel agissement ; en d'autres
termes, quelle est la fonction latente des violences sexuelles dans l'espace
diocésain d'Uvira ?
4.1. Examen étiologique des violences sexuelles au
Diocèse d'Uvira
En faisant un examen étiologique sur les viols
perpétrés au Sud-Kivu en général et au
diocèse d'Uvira en particulier, ce tableau macabre montre que des femmes
les ont subi de la part des hommes en uniformes dans le but non seulement de
les punir mais plus encore pour les humilier. Ces viols ont en outre
été commis contre les filles et les femmes par des membres de
plusieurs bandes armées étrangères afin de combattre et
d'humilier l'ennemi mais en outre avec comme finalité l'extermination du
peuple congolais en inoculant des maladies incurables comme le VIH / SIDA aux
victimes. Dans certaines circonstances, le viol a été
considéré, soit comme une prime à la bravoure des
combattants, soit comme un butin de guerre.63(*)
Les fausses croyances et la superstition, la ritualisation du
viol pour capter ou neutraliser des forces magiques tout comme les pesanteurs
traditionnelles coutumières, ont poussé des combattants à
commettre des crimes odieux contre les filles vierges, les femmes
âgées, les femmes enceintes et celles qui allaitent mais aussi
contre les hommes. C'est ce que confirme Muntazini lorsqu'il
écrit : « Certaines fausses idées
distillées parmi les combattants leur font croire que la consommation de
rapports charnels avec une jeune fille impubère ou une femme
ménopausée peut leur procurer l'immunité face aux MST,
renforcer leur combattivité ou les mettre à l'abri des
aléas de la guerre. Dans les milieux des exploitants miniers artisanaux,
les mêmes croyances accordent des chances de succès à ceux
des creuseurs qui s'adonnent à ce type
d'activités.»64(*)
Enfin, le viol est aussi considéré comme arme de
guerre : « Pour Mukwege, le viol est réellement une arme
de guerre, un moyen de conquête. Si l'on s'acharne ainsi sur
l'appareil génital de la femme, ce n'est pas sans raison, cela
entraîne aussi une dépopulation. Non seulement parce que la femme
risque d'être emportée par des maladies infectieuses, qu'elle ne
pourra plus avoir d'enfants, qu'elle sera contaminée par le Sida et le
transmettra... mais aussi parce qu'à côté d'elle, les
hommes deviendront des victimes.»65(*)
Une telle situation ne peut que produire des
conséquences néfastes sur la population tout entière. La
suite s'y penche.
4.2. Conséquences des violences sexuelles66(*)
Déterminer
avec exactitude toutes les conséquences des viols au Sud-Kivu en
général et particulièrement au Diocèse d'Uvira
s'avère une tâche incommensurable. Toutefois, nous pouvons les
classer en trois principales catégories : conséquences sur
la santé physique et reproductive, conséquences psychologiques et
sociales et enfin conséquences socio-économiques.
Les conséquences sur la santé physique et
reproductive des survivantes des violences sexuelles sont légion.
Disons qu'un grand nombre de femmes et filles ont été
torturées avant ou après le viol. Elles ont été
victimes de plusieurs blessures, soit sur leur corps, soit au niveau des
organes génitaux qui ont été transpercés par des
armes à feu ou par des objets tranchants. Des cas de
fracture du pelvis ont ainsi été relevés et ont
été à la base de la stérilité de certaines
femmes. D'autres éprouvent suite à ces abus sexuels des
difficultés à avoir des relations sexuelles normales. Plusieurs cas d'hémorragies internes ont en outre
été signalés ainsi que des fistules. Après le viol
de certaines femmes ou filles, celles-ci ont soit contracté des
grossesses non désirées, soit ont été atteintes des
IST et même du VIH/SIDA. Certaines autres souffrent des troubles
menstruels, des troubles gynécologiques, de l'hémorragie, etc.
Comme on peut le remarquer, cette situation amène un problème de
santé qu'il sied de résoudre au niveau multisectoriel.
Nombreuses sont les conséquences psychologiques qui
surviennent chez les victimes de viols : troubles émotionnels se
manifestant par des maux de tête, des nausées, des douleurs au
ventre, des rougeurs, des dysfonctionnements sexuels, des insomnies ou de
la fatigue. Ces troubles émotionnels se présentent aussi sous
forme de dépression, de syndrome de stress post-traumatique, de choc,
etc., la peur d'être rejetées par la famille ou la
communauté.
Les conséquences socio
économiques ne sont pas à négliger. Dans la plupart
de communautés ethniques qui vivent au diocèse d'Uvira, ce sont
les femmes et les jeunes filles qui constituent la force productive qui fait
vivre toute la famille. Or, après avoir subi un tel opprobre, cette
classe productive ne sait plus exercer son petit commerce, ni aller cultiver
les champs, ni s'adonner à quelque autre activité rentable pour
la survie de la famille et de la communauté. En fait les femmes
violées ont difficile à continuer leurs occupations, d'abord
parce qu'elles ont été dépouillées de leur outil de
travail lors des pillages de leur village, pillages suivis parfois des viols,
soit parce qu'elles ont été affaiblies physiquement ou
psychologiquement par les blessures ou traumatismes liés à ce
viol. Elles cessent parfois ces activités par peur d'être
violées à nouveau dans les champs ou sur la route qui
mène au marché.
CONCLUSION PARTIELLE
Ce chapitre a tourné autour de quatre sections. La
première a présenté succinctement le diocèse
d'Uvira du point de vue géographique et historique. La deuxième,
après avoir situé la CDJP/ Uvira comme l'une de ses structures, a
passé en revue ses différentes actions en faveur des survivantes
des violences sexuelles mais aussi en vue d'endiguer ce fléau. La
troisième s'est penchée sur la typologie et les formes que
prennent les violences sexuelles dans cette région d'après les
rapports de la CDJP/ Uvira ainsi que de ceux d'autres organisations qui
s'intéressent à cette question. La dernière section enfin,
a été consacrée au décryptage de l'étiologie
et aux conséquences de ces actes ignobles sur la société
qui habite l'aire géographique de notre étude.
Le phénomène des violences sexuelles touche
toute la population et pour l'endiguer, ce sont tous ses membres qui doivent
s'y impliquer. Que faire alors pour y parvenir ? La réponse
à cette question est l'objet du dernier chapitre de notre travail.
CHAPITRE IV. INFORMATION,
SENSIBILISATION ET CONSCIENTISATION DANS LA LUTTE
CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES AU DIOCESE
D'UVIRA
0. INTRODUCTION
Ce chapitre confirme l'hypothèse du
travail (information, sensibilisation et conscientisation en vue de
l'éradication de la violence sexuelle) et corrobore notre cadre
théorique (la communication pour le changement de comportement). Le
troisième chapitre vient de révéler que la violence
sexuelle est toujours d'actualité au Diocèse d'Uvira. Ce constat
alarmant nous invite à élaborer un projet, en matière de
communication pour qu'il y ait un changement de comportement dans la
contrée. Cependant, avant d'élaborer des stratégies de
communication en vue de l'éradication du fléau, il
s'avère, à notre avis, nécessaire de connaître
d'abord la manière dont la population concernée comprend le
concept « violence sexuelle », ensuite si elle est au
courant des institutions qui préviennent, répriment et prennent
en charge les victimes des violences sexuelles et enfin si cette population
est capable d'envisager, elle-même, des solutions pour éradiquer
le fléau. Le chapitre comprend donc deux sections : une
enquête pour se rendre compte de l'état des connaissances de la
population sur le fléau d'une part, avant d'envisager des
stratégies de communication y afférentes, d'autre part.
SECTION 1. ENQUETE SUR LA MAITRISE
DES CONNAISSANCES RELATIVES
AUX VIOLENCES
SEXUELLES
Nous aborderons brièvement dans cette section les
points suivants : le site de notre enquête, l'échantillonnage
auquel nous avons recouru dans l'administration de notre questionnaire
d'enquête à la population du Diocèse d'Uvira pour avoir
accès aux résultats dont nous avions besoin pour notre
étude.
1.1. Site de l'enquête
D'avril 2010 à avril 2013, on compte par milliers les
survivantes des violences sexuelles au Diocèse d'Uvira. Aux dires du
Ministère du Genre, de la famille et de l'enfant, dans son récent
rapport publié en 2013, on dénombrait en 2011, 2713 cas, en 2012,
5028 et au premier semestre de 2013, 1710 cas des violences sexuelles au
Sud-Kivu.67(*) Pour la
CDJP / Uvira, pendant la période qui nous préoccupe, 5660 cas ont
été documentés par les assistantes psychosociales sur
l'ensemble de tout le territoire diocésain d'Uvira68(*).
Ce sont donc ces données qui ont constitué la
base sur laquelle nous avons mené nos enquêtes, données
à relativiser étant donné que plusieurs autres cas
échappent à la comptabilité établie à ce
jour par la CDJP / Uvira. La sécurité fragile de nombreuses
régions et l'inaccessibilité de certains lieux ont rendu
difficile notre accès à certaines données qui seraient
peut-être d'un grand intérêt pour notre travail.
Nous ne pouvons pas passer sous silence les menaces qui
pèsent sur les victimes des violences sexuelles : la peur de
représailles de la part des auteurs des viols, le risque du rejet par
les familles, le mépris de la part des communautés
qu'éprouvent les victimes, etc. Tout ceci les empêche de rompre le
silence. D'autre part, certaines victimes ne demandent et parfois
n'accèdent aux soins médicaux que longtemps après la
commission du forfait : ceci rend difficile la tâche
d'évaluer l'état actuel de la situation.
Cela étant, il ne nous a pas été
aisé de déterminer la taille de notre univers d'enquête. Et
bien que nous ayons la taille exacte du site d'enquête, son
étendue, les contraintes liées au temps, à la
modicité de nos moyens matériels et financiers, ne nous auraient
par permis d'entrer en contact avec chacune des unités faisant partie de
l'univers d'enquête.
Pour ce faire, nous avons donc procédé par
l'échantillonnage pour prélever quelques individus
représentatifs sur lesquels nous avons fait notre enquête sur terrain.
1.2. Echantillonnage
Nous avons opté pour l'échantillonnage par
quotas. Etant donné que la taille réelle de la population
mère n'est pas connue, nous avons interrogé 120 personnes, 50
hommes et 70 femmes. Pour faire partie de cet échantillon, l'on devait
répondre aux critères suivants : connaître le
phénomène des violences sexuelles, avoir connaissance de la
CDJP/Uvira et enfin être à mesure de proposer des solutions afin
d'éradiquer ce fléau.
En plus des 120 individus auxquels nous avons de
manière systématique administré notre questionnaire durant
notre descente sur terrain, nous avons eu en sus des entretiens fructueux avec
la population contrôle, c'est-à-dire, certaines assistantes
sociales de la CDJP / Uvira, des représentants de la
société civile et enfin des agents actifs, membres d'autres
associations et organisations non gouvernementales comme ceux de Pain aux
Indigents et Appui à l'auto-Promotion (PIAP) et ceux de Programme de
Secours aux Vulnérables et Sinistrés (PSVS), qui ont donné
leurs points de vue sur cette question épineuse.
1.3. Dépouillement
Pour des raisons de commodité du travail, il nous a
paru pratique de présenter les données d'enquête
recueillies sur terrain dans un enchaînement logique, impliquant toute la
population, c'est-à-dire, les survivantes des violences sexuelles, les
populations civiles et militaires, etc., leurs états matrimoniaux, leurs
âges, leur profession, ...
Les résultats sont présentés dans des
graphiques ou histogrammes, faciles à interpréter et à
lire. Elles reprennent de manière simple et clair les effectifs et les
fréquences, les opinions des uns et des autres sur la question qui nous
préoccupe.
Ne sont repris ici que les tableaux pertinents, les autres
sont dans les annexes.
1.3.1. Connaissance des formes des violences sexuelles
par les enquêtés :
Figure 1. Histogramme.
Résultats sur cent sur l'opinion des 120 enquêtés
concernant leur connaissance des formes des violences sexuelles.
Il est clair que tous ceux que nous avons interviewé,
soit 100 %, ont connaissance des différentes formes des violences
sexuelles.
1.3.2. Niveau de connaissance des formes de
violences sexuelles :
Figure 2. Histogramme. Résultats sur cent du niveau
de connaissance des formes de violences par 120 enquêtés.
Beaucoup de ceux que nous avons interviewés, soit
42,5%, disent avoir des connaissances suffisantes sur les formes des violences
sexuelles, tandis que 23,3% avouent en avoir mais de manière
insuffisante. La question à se poser est celle de savoir pourquoi alors
cette pratique ne cesse de se perpétuer et pourtant la maîtrise de
ces formes de violences est au zénith ? La réponse à
une telle question ne peut être que du côté de la non
conscientisation : la population est informée et
sensibilisée mais elle n'est pas encore impliquée, elle ne
s'engage pas encore dans la résolution du problème.
1.3.3. Canal de vulgarisation des mécanismes de
lutte contre les violences sexuelles:
Figure 3. Histogramme. Résultats sur cent de
l'opinion des 120 enquêtés sur le canal de vulgarisation des
mécanismes de lutte contre les violences sexuelles.
Pour la plupart des interviewés, soit 31,6 %, ce sont
les séminaires de formation organisés par les ONGs qui
vulgarisent suffisamment les mécanismes de lutte contre les violences
sexuelles. Ils sont suivis des animations, soit 24,1%, mais aussi le contact
avec les victimes, soit 16,6% et enfin de la constitution, soit 12,5 %. Les
résultats de cette graphique rejoignent ce que nous disions dans notre
introduction ; ce sont des associations féminines, humanitaires et
de défense des droits de l'homme, la Commission Diocésaine
Justice et Paix du diocèse d'Uvira qui mènent dans la
contrée différentes actions - animations, séminaires de
formation, etc - pour lutter contre ce fléau.
1.3.4. Connaissance par les enquêtés de la
Commission Diocésaine Justice et Paix
du Diocèse d'Uvira :
Figure 4. Histogramme. Résultats sur cent de la
connaissance des 120 enquêtés de la Commission Diocésaine
Justice et Paix du Diocèse d'Uvira.
Il saute aux yeux que tous nos interviewés, soit 100 %,
connaissent bien la Commission Diocésaine Justice et Paix du
Diocèse d'Uvira.
1.3.5. Opinion sur l'action de la CDJP dans la lutte
contre les violences sexuelles :
Figure 5. Histogramme. Résultats sur cent de
l'opinion des 120 enquêtés sur l'action de la CDJP dans
la lutte contre les violences sexuelles.
Selon cette graphique, 33,3 % d'interviewés ont
indiqué que l'action de la CDJP / Uvira sur terrain est insuffisante,
d'où il faut poursuivre la lutte en recourant à d'autres
stratégies. Pour 23,3 %, elle est efficace tandis que 21,6 % la jugent
suffisante et non efficace.
1.3.6. Connaissance par les enquêtés des
textes de loi réprimant les violences sexuelles :
Figure 6. Histogramme. Résultats sur cent de
l'opinion des 120 enquêtés sur la connaissance des textes
de loi réprimant les violences sexuelles.
Il est un fait indéniable que tous ceux qui ont
accepté de répondre à notre interview, c'est-à-dire
100 %, ont connaissance des textes de loi réprimant les violences
sexuelles.
1.3.7. Les vulgarisateurs de la loi réprimant
les violences sexuelles :
Figure 7.Histogramme. Résultats sur cent de
l'opinion des 120 enquêtés sur les vulgarisateurs des
textes de loi réprimant les violences sexuelles.
Les résultats présentés dans cette
graphique démontrent amplement que 42,5 % d'interviewés estiment
que ce sont les Organisations Non Gouvernementales (ONGs) qui vulgarisent plus
les textes de loi réprimant les violences sexuelles. Elles sont suivies
du gouvernement, soit 27,5 %. Comme on peut bien le constater, il y brille par
son absence et laisse son travail aux autres au lieu d'assumer sa
responsabilité. Enfin, viennent les médias et les églises,
soit 15%. Que les ONGs occupent la première place, cela n'étonne
guère car beaucoup dans la région, ont fait de la lutte contre
les violences sexuelles leur priorité. A y voir de plus près, la
plupart d'ONGs, tant nationales qu'internationales s'y intéressent car
ce volet semble bien payer. Faisons remarquer que certaines d'entre elles, sans
vergogne, gonflent les chiffres des victimes pour obtenir des financements, non
pas en vue de venir en aide aux victimes, mais parfois pour leurs propres
intérêts. Lydia Kavuo Muhiwa, en 2008, stigmatisait
déjà cet état de choses dans une étude sur les
violences sexuelles en Ituri.69(*)
1.3.8. La persistance des violences sexuelles :
Figure 8.Histogramme. Résultats sur cent pour nos
120 enquêtés sur les raisons de la persistance des
violences sexuelles.
Comme l'illustre bien cette histogramme, 35,8% de nos
enquêtés estiment que c'est l'insuffisance de l'information, de la
sensibilisation et de la conscientisation qui est à la base de la
persistance des violences sexuelles dans la région. Pour 31,6%, c'est la
poursuite de la guerre, tandis que 23,3% pensent que c'est par ce qu'il n'ya
pas assez de sanctions que cette hémorragie ne s'estompe pas.
1.3.9. Les voies et moyens pour lutter contre les
violences sexuelles dans la contrée :
Figure 9.Histogramme. Résultats sur cent des 120
enquêtés sur les voies et moyens pour éradiquer les
violences sexuelles au Diocèse d'Uvira.
Cette graphique indique clairement que pour 45,8% de nos
interviewés, l'une des solutions pour que les violences sexuelles cesse
dans l'espace diocésain d'Uvira, c'est d' informer, de sensibiliser et
de conscientiser tout le monde sur cette pratique macabre, sur ses
conséquences néfastes sur la population mais aussi sur les
bénéfices que la société peut en tirer en se
comportant autrement. Pour les uns, soit 41,6 % c'est la cessation de la guerre
qui mettra fin à ce phénomène tandis que pour d'autres
enfin, 10,8 %, la lutte contre l'impunité est la meilleure solution pour
en faire face. Ce sont là autant des voies et moyens
préconisées par nos interviewés pour éradiquer le
phénomène des violences sexuelles dans notre milieu
d'étude.
1.4. RÉSULTATS DE
L'ENQUÊTE
De tout ce qui précède, nous sommes parvenu aux
résultats ci-après :
1.4.1. Connaissances suffisantes sur le concept des
violences sexuelles et sur la loi réprimant ces violences
sexuelles ;
1.4.2. Insuffisance de l'action de la CDJP / Uvira dans
la lutte contre les violences sexuelles ;
1.4.3. Insuffisance d'information, de sensibilisation
et de conscientisation fait persister les violences sexuelles dans la
contrée.
Ces résultats nous permettent d'élaborer les
stratégies de communication ( information, sensibilisation et
conscientisation) en vue de lutter contre les violences sexuelles.
SECTION 2. STRATEGIES POUR
L'ERADICATION DES VIOLENCES SEXUELLES
AU DIOCESE D'UVIRA
2.1. Vers la fin de
l'impunité juridique
Afin de mettre un terme au cycle de violences sexuelles, nos
interviewés ont proposé que l'impunité juridique dont
jouit une certaine catégorie de gens cesse. En effet, la dernière
loi promulguée et réprimant les violences sexuelles inclut
désormais d'autres types de violences sexuelles qui ne figuraient pas
dans les anciennes lois. Les peines de prison encourues par les agresseurs ont
été allongées. Mais il faut maintenant que cette loi soit
systématiquement respectée et que les juristes la prennent en
compte pour que les condamnations suivent. Cela exige pour son application que
les coupables soient jugés et condamnés, les victimes
indemnisées. C'est seulement dans ce cas qu'elle sera connue des
populations et pourrait avoir un réel effet dissuasif.
Relevons en outre certains obstacles liés à la
mise en pratique de la loi réprimant les violences sexuelles :
l'hésitation des femmes victimes de viols à parler de ce
qu'elles ont subi, y compris à leur entourage, à dénoncer
auprès de la police ou à entamer une action en justice. Les
dénonciations et le reportage restent aussi limités car les
victimes n'ont pas suffisamment confiance au système judiciaire
congolais. Quelques - unes qui ont le courage de raconter ce qu'elles ont
vécu, sont bien souvent déçues par les résultats
des actions en justice entreprises. Ensuite, la corruption qui
caractérise certaines personnes préposées à la
justice ainsi que le manque de preuve de viol devant le tribunal obstruent
parfois certaines actions en justice. Enfin, celles qui osent braver ces
obstacles pour entamer des démarches judiciaires voient rarement leurs
agresseurs condamnés et emprisonnés. C'est le cas de Kifaru dont
les éléments avaient violé des centaines de femmes
à Nakiele, Abala et Kanguli en décembre 2012 et dont l'affaire
avait été tue suite aux pressions exercées sur la justice
et les ONG de droits de l'homme comme la CDJP/ Uvira par certaines
autorités militaires et politiques.
On ne peut passer sous silence le fait que les
procédures judiciaires ont tout de même été
améliorées par exemple par l'accélération des
enquêtes préliminaires et en interdisant la résolution des
cas à l'amiable. Des progrès nationaux en matière de
justice sont à relever car on a assisté à l'organisation
des procès contre des autorités militaires, civiles et autres. En
effet, des procès contre de nombreux présumés violeurs ont
eu lieu soit à Uvira soit en chambres foraines en différents
lieux : Kamituga, Baraka et cela grâce au soutien financier des
partenaires de la CDJP/ Uvira. C'est ainsi que le procès de Kibibi, un
commandant des FARDC, dont les éléments avaient violé dans
la nuit du 11 au 12 décembre 2012 à Fizi-centre une trentaine de
femmes, avait été organisé en chambre foraine à
Baraka, procès à l'issue duquel il avait été
condamné à une peine de plusieurs années en prison.
En trois ans, d'après les statistiques établies
par la CDJP/ Uvira, 115 survivantes des violences sexuelles ont
bénéficié des procès pris en charge par cette
organisation. Ces procès pour la plupart se font en plein air afin de
persuader les autres potentiels violeurs à changer de comportement.
Il est nécessaire que tous les acteurs impliqués
dans ce domaine fassent preuve d'engagement dans ce long processus et en
premier lieu d'abord les autorités gouvernementales. La création
de tribunaux de proximité avec des juges, des procureurs et des avocats
déployés dans des zones reculées et inaccessibles - c'est
dans ces zones-là que les violences sont les plus répandues -
serait d'une grande avancée. La collaboration avec les autorités
gouvernementales, les instances internationales, leur implication ainsi que la
prise de conscience de tous dans la mise sur pied des stratégies
opérationnelles pour faire face à ce fléau sera d'un grand
intérêt afin de mettre fin au cercle vicieux de
l'impunité.
2.2. La prise en charge
psycho-socio-économique des victimes
Cet aspect n'a pas été relevé par nos
interviewés mais nous considérons que la prise en charge de
manière efficiente des survivantes des violences sexuelles est
impérieuse. Les victimes en effet, ont grandement besoin d'aide
psychologique afin de pouvoir se reconstruire. Il s'avère
nécessaire de les indemniser moralement et physiquement par des
séances de psychothérapie afin de les détraumatiser.
Il est donc question ici d'un ensemble d'activités qui
visent les soins médicaux et la résolution des problèmes
qui découlent d'une souffrance psychique ou sociale rencontrée
par ces victimes et qui se manifestent par des symptômes comme la
dépression, l'anxiété ou éventuellement par des
troubles de comportement. Ces activités permettront d'améliorer
les relations de chaque victime avec son environnement social et à
recréer l'équilibre psychique et social de la femme ou de l'homme
rompu par le viol. L'objectif ultime c'est l'obtention de la catharsis
psychosociale de la victime afin qu'elle s'accepte et que la
société l'accepte et la réintègre comme membre
à part entière.
Dans cette démarche pour la réinsertion des
survivantes des violences sexuelles, l'aspect économique consistera en
l'organisation des activités génératrices des revenus
donnant aux victimes la possibilité d'apprendre un nouveau métier
ou de retourner à l'école pour les jeunes, par exemple. Ceci leur
permettra une fois rétablies physiquement de pouvoir subvenir à
leurs besoins. La CDJP / Uvira essaie autant que faire se peut de venir en aide
aux survivantes des violences sexuelles dans ce domaine-là aussi.
2.3. Mettre fin aux conflits
armés
Plus d'un de nos interviewés ont
considéré que pour éradiquer les violences sexuelles dans
l'aire géographique de notre étude, il faut coûte que
coûte mettre fin à la guerre. Nous sommes naturellement
porté à considérer à la suite de Lacône que
« Malgré toutes les actions qui pourront être mises en
oeuvre en amont pour prévenir les violences sexuelles, et en aval pour
les punir, elles ne disparaîtront pas de RDC avant que le conflit prenne
réellement fin. Pour que cela arrive il faut que le gouvernement de la
RDC, les voisins impliqués et la communauté internationale
réagissent vivement et s'entendent sur comment y
parvenir. »70(*)
Nous l'avons démontré, dans les pages
précédentes, chiffre à l'appui, que la plupart des
présumés violeurs appartiennent aux groupes armés et
milices qui grouillent dans l'espace diocésain d'Uvira. Afin donc d'y
mettre fin, il s'avère nécessaire que le gouvernement s'y
implique lui-même pour récupérer toutes ces zones de
non-droit contrôlés par des miliciens rwandais et burundais et
même nationaux. C'est seulement ainsi que l'Etat congolais pourra avoir
accès à toute sa population et à la protéger.
Les différentes offensives militaires entreprises
depuis un certain moment dans la région semblent montrer que le
gouvernement congolais est bel et bien dans cet état d'esprit.
Toutefois, des opérations militaires comme « Amani
Leo » et autres qui ont visé les rebelles rwandais des FDLR et
autres miliciens, ont eu de multiples effets négatifs sur les
populations proches des zones d'offensive. Le plus souvent, ces milices se
vengent après et pendant ces opérations contre des civils, les
prenant pour cibles. Ils commettent ainsi de nombreux viols contre eux comme
par représailles. Ensuite ces affrontements entre armée
régulière et milices obligent les populations à se mettre
à l'abri, augmentant ainsi les risques de violences sexuelles sur les
femmes déplacées.
Nous pensons qu'en plus des opérations militaires,
l'Etat congolais doit utiliser une diplomatie agissante pour chasser les
rebelles étrangers de son territoire en impliquant ses voisins et
particulièrement ceux qui ont transposé leur conflit interne sur
son sol : le Rwanda et le Burundi. Tous les acteurs de la
communauté internationale avec à tête la MONUSCO (Mission
de l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République
Démocratique du Congo), devraient non seulement dénoncer mais
aussi et surtout agir pour mettre fin à ce conflit qui n'a que trop
duré. Il appartient d'autre part aux bailleurs de fonds internationaux
non seulement de financer des programmes pour la prise en charge des victimes,
mais aussi de se situer dans la prévention et principalement mettre en
oeuvre des stratégies pour endiguer le conflit.
2.4. Information, sensibilisation,
conscientisation pour un changement de comportement
De nombreux interviewés ont préconisé
que l'information, la sensibilisation et la conscientisation sont là des
voies qui permettent à la population de cette contrée de changer
de comportement : cesser de violer sexuellement les femmes, les filles et
même les hommes. En effet, comme nous l'avons démontré
dans la première section du premier chapitre de notre travail, ces
trois étapes sont étroitement liées mais culminent vers la
dernière qu'est la conscientisation. Le trinôme, Information,
Sensibilisation, Conscientisation constitue pour nous l'arme du futur pour
éradiquer les violences sexuelles au diocèse d'Uvira. Il est
question d'informer l'opinion sur les violences sexuelles, de la sensibiliser
car elles constituent un problème et enfin de l'y impliquer en la
conscientisant afin qu'elle-même propose des solutions pour y faire face.
L'aspect lié à la conscientisation pousse donc
le communicologue à privilégier l'appropriation du message par le
public. Il appartiendra alors au chargé de communication d'une structure
comme la CDJP/ Uvira de proposer d'abord aux gens le coût qu'ils devront
subir en essayant autant que faire se peut de changer de comportement mais
aussi en leur présentant une récompense qu'ils pourront tirer
dans ce changement de comportement. Et pour cela, une appropriation des textes
de la loi réprimant les violences sexuelles devra être traduite
dans les langues vernaculaires du milieu afin que chacun puisse s'en
imprégner et la connaisse réellement.
Dans une telle démarche, l'usage d'une communication
claire, ouverte et engageante, permettra aux gens de décider
eux-mêmes ce qu'ils veulent faire pour leur développement. Car,
les gens ne modifient leur comportement, leurs attitudes et opinions
qu'après avoir eu l'occasion de se familiariser avec la nouvelle
idée dans leur esprit et par des exercices pratiques,
l'objectif étant toujours de susciter la prise de conscience.
Notons tout de même qu'il faut un certain temps pour que
les hommes et les femmes changent d'attitude grâce à
l'information. Ceci exige donc une certaine consolidation des
acquis pour créer un comportement habituel. C'est seulement ainsi que
nous obtiendrons ce que nous recherchons : la prise de conscience et
l'obtention d'un changement durable de comportement. Afin d'atteindre un grand
nombre de gens, il est naturellement de bon aloi que l'usage des médias
et du hors-médias sera d'un grand profit.
2.4.1. Appréciations sur la
communication de la CDJP/Uvira sur les violences sexuelles
Avouons que cette structure de l'Eglise particulière
d'Uvira fournit autant que faire se peut des efforts pour communiquer sur les
violences sexuelles et sur soi-même. Toutefois, nous constatons qu'il lui
faut une certaine amélioration de sa stratégie communicationnelle
afin qu'elle soit plus efficace. D'abord, elle n'a pas une cellule de
communication. Ensuite ses messages sont trop longs et demandent beaucoup
d'efforts pour la rétention. On parle très peu de la loi
réprimant les violences sexuelles car on s'intéresse plus aux
victimes pendant que nous préconisons que le travail se fasse en amont
pour que les gens ne se comportent plus de cette manière là.
C'est bien de s'occuper des victimes, mais c'est mieux de prévenir avant
que l'acte ne se pose. Nous constatons enfin que la CDJP / Uvira utilise
très peu l'Internet et d'autres canaux de communication
éparpillés à travers le diocèse.
Ceci nous pousse en définitive à
présenter une nouvelle façon de communiquer en ayant en
tête que nos messages iront dans le sens de la conscientisation de la
population sur le coût à supporter et sur les avantages qu'elle
engrangera. Pour cela, il nous faut d'abord suivre une certaine
démarche, mieux un plan de communication stratégique du
marketing social.
2.4.2.
Proposition d'un plan de communication stratégique du marketing social
Il sied avant d'entrer en profondeur de notre sujet de
préciser que la CDJP / Uvira, pour la promotion de ses activités
ainsi que d'elle-même, doit utiliser le marketing social dont la
communication consiste « à transmettre des messages à
ses publics en vue de modifier en sa faveur leur niveau d'information et (ou)
leurs attitudes et, par voie de conséquence, leurs
comportements.»71(*)
Le marketing social est donc l'application des techniques de marketing
commercial à la promotion du changement social. Aux dires de Jacques
de Guise, le marketing social : « représente "une avance
sur les autres stratégies de changement social" parce qu'il
transfère au domaine social les connaissances acquises dans le domaine
commercial: recherche des besoins, fixation d'objectifs mesurables,
segmentation de la population, positionnement du produit, etc.»72(*)
Le marketing du secteur social ou des causes sociales se
distingue du marketing marchand par le fait que le premier vise un but non
lucratif. Ensuite, ce sont les promoteurs de ces causes qui les
définissent. Ces promoteurs se sont fait une idée de ce que
la société devrait être mais n'y est pas encore parvenue.
Leur objectif est donc de faire accepter cette idée : tel est
l'objectif de la communication pour le changement de comportement.
L'étude du marché, nécessaire pour parvenir à cette
fin, est utilisée ici pour déterminer dans quelles conditions
cette cause doit être présentée et promue.
Précisons en sus que dans son domaine d'application, la
démarche du marketing social se déroule toujours de la même
façon que celle du marketing marchand. A l'analyse du marché,
succède le choix d'objectifs, puis d'une stratégie et enfin la
mise en oeuvre de cette stratégie dans le cadre d'un mix
marketing : le produit, la distribution, la promotion et enfin le
prix.73(*) L'attention se
porte plus ici vers le client à satisfaire et non plus sur
l'institution. Cette réflexion nous conduit à la
détermination des composantes stratégiques du marketing pour
l'institution.
2.2.1.1. Analyse de la
communication de la CDJP / Uvira
A ce niveau de notre investigation, trois questions
fondamentales vont guider l'élaboration de notre plan : comment la
Commission Diocésaine Justice et Paix du Diocèse d'Uvira
fait-elle sa promotion en interne et en externe ? Comment peut- elle mieux
faire son marketing social ? Quels axes de communication lui
proposons-nous?
Dans cette analyse, nous procéderons
d'abord à un inventaire de la communication pour
ensuite établir un diagnostic de celle-ci : l'état des lieux
de la manière dont l'organisation communique en externe et en interne,
la façon dont elle est perçue en externe, les facteurs externes
et internes qui influent sur sa communication, la pertinence, la qualité
et l'efficacité de sa communication, etc. Cette analyse nous permettra
alors de dégager les actions ou axes de communications efficientes
à même de contribuer à la réalisation des objectifs
stratégiques et ainsi satisfaire aux besoins des groupes cibles.
2.4.2.1.1. Tableau d'analyse SWOT
de la communication de la CDJP / Uvira
Communication externe
|
Communication interne
|
Opportunités
|
Menaces
|
Forces
|
Faiblesses
|
ü Pluralité des médias à
capitaliser ;
ü Présence des entreprises de
télécommunication avec lesquelles la CDJP / Uvira peut signer des
partenariats pour un service de mailing ;
ü Réseaux sociaux comme espaces de vulgarisation
des messages.
|
ü Message peu répandu dans tous les coins du
diocèse ;
ü Manque de communication entre les services de l'Etat
et la CDJP / Uvira ;
ü Concurrence des autres acteurs sur terrain.
|
ü Expérience et expertise du personnel de la
structure ;
ü Réseaux des assistantes sociales et
animateurs ;
ü Réseaux des formés par la CDJP /
Uvira.
|
ü Manque de soutien financier des partenaires ;
ü Budget de fonctionnement faible ;
ü Manque de moyens matériels ;
ü Manque d'une cellule de communication et des relations
publiques ;
ü Manque d'une image de marque ;
ü Existence des bureaux d'écoute dans certains
coins du diocèse.
|
2.4.2.1.2. Public-cible
Le marché ou le public - cible fait allusion à
l'ensemble d'acheteurs potentiels qui constituent la demande en termes des
besoins à satisfaire. Il nécessite une segmentation qui permet
d'identifier les groupes distincts de clients qui réagissent de la
même manière à l'offre qui leur est proposé74(*). Pour ce faire, nous
segmentons ainsi la cible de la CDJP / Uvira en deux catégories :
la population de manière générale et les victimes, les
leaders d'opinion, les autorités civiles et militaires en particulier.
Nous présentons dans le tableau ci-contre la
segmentation de la cible de la CDJP / Uvira et la répartition des
médias correspondant à chacune d'entre elle.
Tableau récapitulatif de la segmentation des
cibles :
Catégorie
|
Public-cible
|
Objectif
|
Message
|
Canaux
|
Principale
|
Victimes, leaders d'opinion, autorités civiles et
militaires
|
Offrir à la cible des informations, les sensibiliser et
les conscientiser sur les violences sexuelles
|
Non :
ü aux violences sexuelles
ü à la stigmatisation des victimes ;
Halte aux violences sexuelles.
|
Affiches, banderoles, médias, conférences,
campagne d'information, de sensibilisation, et de conscientisation ;
communication interpersonnelle.
|
Secondaire
|
Population
|
Informer, Sensibiliser et Conscientiser la population d'Uvira
à la lutte contre toutes les formes de violences sexuelles ; la
prévenir contre les effets et conséquences de ces violences.
|
ü Violer une femme, c'est violer sa soeur ;
ü Sauvons nos soeurs en dénonçant les
viols.
|
Affiches, banderoles, médias, conférences,
campagne d'information, de sensibilisation, et de conscientisation ;
communication interpersonnelle
|
2.4.2.1.3. Formulation des
objectifs opérationnels de communication
A cette étape, il est question de proposer des
messages pour un plus grand nombre tout en mettant un grand accent sur la
communication et profiter ainsi des opportunités communicationnelles qui
sont offertes à la CDJP / Uvira. Ainsi, nous estimons que les
objectifs opérationnels de communication suivants peuvent tant bien que
mal l'aider à atteindre ses objectifs stratégiques dans un
échéancier de trois ans.
Ø Lancer une campagne d'information, de sensibilisation
et de conscientisation dans les trois zones pastorales : Uvira, Fizi et
Mwenga, en raison d'une zone par an, sur les effets néfastes et les
conséquences des violences sexuelles sur la société, sur
la loi réprimant les violences sexuelles de plus ou moins 6000
personnes. L'activité concerne 70% de la population du diocèse
d'Uvira en vue du changement de comportement.
Ø Sensibiliser et conscientiser pour susciter
l'adhésion de plus ou moins 6000 personnes : les victimes, les
autorités civiles, militaires et coutumières.
Ø Travailler à la construction d'une image
positive et forte de la CDJP / Uvira pour gagner le capital-confiance d'au
moins 70 % de la population d'Uvira.
Ø Mettre en place une cellule de communication et
acquérir 50 % des matériels nécessaires pour la
communication interne et externe.
2.4.2.1.4. Solutions
communicationnelles
Face à ses cibles qui ont droit de savoir et de
comprendre, l'entreprise doit s'affirmer, parler, dialoguer, mieux,
communiquer. Plus efficace sera sa communication, plus forte sera son
image75(*). La
communication ici permettra à la CDJP / Uvira de se positionner, de se
donner une personnalité reconnaissable par tous ses publics et une
identité distincte de la concurrence. La stratégie de la CDJP /
Uvira à ce niveau consistera avant tout en la construction d'une image
de marque différenciée, un capital-confiance, une identité
de marque distinctive et visuelle lui permettant d'accroître et de
fidéliser le public en vue d'une démarcation d'avec la
concurrence.
Par conséquent, la communication devra alors viser
trois actions76(*):
Ø faire savoir : les informations sur les
violences sexuelles, leurs conséquences sur la société
tout entière et la loi les réprimant. Ensuite, le nouveau
comportement à adopter.
Ø faire aimer : travailler au développement
d'une image positive de la CDJP / Uvira et aux attitudes favorisant le nouveau
comportement qui consiste à ne plus se permettre de violer les femmes,
les filles et même les hommes.
Ø faire agir : fidéliser le public à
pérenniser le nouveau comportement en évitant les risques de
rechute.
Les trois objectifs ci-dessus pourront être atteints
grâce à la vulgarisation ou à la médiatisation de la
loi et des conséquences néfastes des violences sexuelles
à travers des bandes dessinées dans la langue vernaculaire,
à la prévention- information dès l'école primaire,
partenariat avec les détenteurs des ciné-vidéos pour la
projection des films et documentaires allant dans le sens de la lutte contre
les violences sexuelles, gamification ou ludification de la loi sur les
violences sexuelles pour les enfants, émissions à la radio. Des
tels messages doivent viser à faire comprendre l'impact des violences
sexuelles sur la collectivité et les moyens de les prévenir. Ces
messages devront être simples, clairs et faciles à comprendre afin
de capter l'attention du destinataire. Pour ce qui est de l'information, de la
sensibilisation et de la conscientisation, la stratégie consistera
à faire connaître à un plus grand public possible les
valeurs sociales défendues par la CDJP / Uvira : la lutte contre
les violences sexuelles. Pour ce faire, l'attention sera mise sur le faire
savoir pour susciter l'adhésion du public et le savoir faire du
personnel de la structure pour acquérir une plus grande
notoriété auprès du grand public.
2.4.2.1.5. Plan de mise en
oeuvre, moyen de contrôle et évaluation et budgétisation
triennales des activités
PLAN DE MISE EN OEUVRE DE L'ACTIVITE 1
Campagne d'information, de sensibilisation et de
conscientisation
|
OBJECTIFS : Informer, sensibiliser
et conscientiser 70% de la population du diocèse d'Uvira sur les
violences sexuelles,
sur la loi les réprimant, sur
leurs conséquences et susciter le changement de comportement.
PUBLIC-CIBLE : Principal et
secondaire : victimes, leaders d'opinion, autorités civiles et
militaires et toute la population.
|
Activités
|
Message
|
Responsables
|
Moyens/Canaux
|
Echéance
|
Emissions radiodiffusées
|
Les violences sexuelles : danger pour la
société
|
Chargé de communication
|
radios
|
2014- 2016
|
Information, sensibilisation et conscientisation.
|
Non aux violences sexuelles !
|
Agents du service de communication, des relations publiques, de
marketing, assistantes psychosociales, animateurs communautaires.
|
Communication interpersonnelle, sketch, saynètes,
mailings, causeries éducatives, internet, communication de masse.
|
2014-2016
|
Caravane motorisée.
|
Halte aux violences sexuelles!
|
Motocyclettes, leaders d'opinion, personnel de CDJP/ Uvira,
autorités civiles, militaires et coutumières.
|
Affiche sur les automobiles, sur les motos, aux différents
coins de Baraka, Fizi et Kamituga, banderoles, T-shirt, casquettes, etc.
|
Janvier-décembre 2014
|
Conférences, séminaires de formation.
|
Ensemble pour la lutte contre les violences sexuelles.
|
Psychologue, juriste, sociologue, médecins.
|
Projection vidéo, affiches, banderoles,
dépliants
|
2014-2016
|
Road show.
|
Combattons tous les violences sexuelles.
|
Coordonnateur de la CDJP / Uvira, Artistes musiciens ;
Comédiens.
|
Affiches et banderoles, expositions dans les lieux de
divertissements, saynètes, sketch, etc.
|
Décembre 2015
|
MOYENS DE CONTROLE ET EVALUATION DE L'ACTIVITE
1
Campagne d'information, de conscientisation et de
sensibilisation
|
OBJECTIFS : Informer, sensibiliser
et conscientiser 70% de la population du diocèse d'Uvira sur les
violences sexuelles,
sur la loi les réprimant, sur leurs
conséquences et susciter le changement de comportement.
PUBLIC-CIBLE : Principal et
secondaire : victimes, leaders d'opinion, autorités civiles et
militaires et toute la population.
|
Activités
|
Objectif
|
IOV
|
Résultats
|
Risques
|
Emissions radiodiffusées.
|
Sensibiliser pour prévenir la population des effets
néfastes des violences sexuelles.
|
Descente sur terrain, nombre d'émissions
diffusées, enquêtes et sondage d'opinions.
|
Diffusion effective de 70 % d'émissions.
|
Manques de moyens financiers et d'espace médiatique ;
reprise de la guerre et insécurité.
|
Information, sensibilisation et conscientisation.
|
Susciter la prise de conscience de la population pour un
changement de comportement.
|
Enquêtes et sondage d'opinions, diminution du nombre des
cas des violences sexuelles.
|
70 % de la population informée, sensibilisée et
conscientisée et adhère au message de changement de
comportement.
|
Insuffisances des moyens matériels, financiers et humains,
non adhésion de la population ; reprise de la guerre et
insécurité.
|
Caravane motorisée.
|
Susciter la mobilisation sociale générale.
|
Descente sur terrain pour le sondage d'opinions et les
enquêtes.
|
60% de la population touchée par l'action et
informée de la cause sociale de la CDJP / Uvira.
|
Insuffisances des moyens matériels, financiers et humains,
refus des autorités civiles ; reprise de la guerre et
insécurité.
|
Conférences, séminaires de formation.
|
Informer, sensibiliser et faire prendre conscience à la
population des avantages du changement de comportement.
|
Liste de présence, sondage d'opinions, courriers des
participants et leurs recommandations, Nombre de participants.
|
70 % des conférences et séminaires de formations
tenus.
|
Manque de salles de conférence, résistance des
invités.
|
Road show (exposition).
|
Faire connaître les effets indésirables des
violences sexuelles sur la population.
|
Nombre de visiteurs de l'exposition et diminution du nombre des
cas des violences sexuelles.
|
70 % de road show tenus.
|
Manque de moyens financiers.
|
PLAN DE MISE EN OEUVRE DE L'ACTIVITE 2
Construction de l'image de marque
|
OBJECTIFS : Travailler à
la construction d'une image positive et forte de la CDJP / Uvira pour gagner
le capital-confiance
d'au moins 70 % de la population
d'Uvira.
PUBLIC : Population du
diocèse d'Uvira.
|
Activités
|
Message
|
Responsables
|
Moyens/canaux
|
Echéance
|
Emissions Radiodiffusées.
|
La lutte contre les violences sexuelles, c'est notre
préoccupation!
|
Chargé de communication, psychologue.
|
radios locales
|
2014-2016
|
Diffusion publicitaire.
|
Non aux violences sexuelles !
|
La cellule de communication.
|
Affiches, radios, banderoles, Internet, mailings,
dépliants, etc.
|
2014-2016
|
Journée portes ouvertes.
|
Exposition des photos des victimes, des séances de
formation, des conférences, etc.
|
Chargé de communication et des Relations Publiques.
|
Affiches, banderoles, spots publicitaires.
|
Après chaque semestre
|
MOYENS DE CONTROLE ET EVALUATION DE L'ACTIVITE
2
Construction de l'image de marque
|
OBJECTIFS : Travailler à
la construction d'une image positive et forte de la CDJP / Uvira pour gagner
le capital-confiance
d'au moins 70 % de la population
d'Uvira.
PUBLIC : Population du
diocèse d'Uvira.
|
Activités
|
Objectifs
|
IOV
|
Résultats
|
Risques
|
Emissions Radiodiffusées.
|
Faire connaître et faire aimer la cause sociale
défendue par la CDJP / Uvira.
|
Nombre d'émissions produites, enquêtes et sondage
d'opinions.
|
70 % d'émissions radiodiffusées produites.
|
Manque d'espace à la radio.
|
Diffusion publicitaire.
|
Faire adhérer à la cause sociale et changer de
comportement.
|
Nombre d'affiches exposées, nombre d'émissions
radiodiffusées, nombre de banderoles exposées, de
dépliants distribués, nombre de messages électroniques
envoyés, sondages d'opinion, enquête sur terrain.
|
70 % d'émissions radiodiffusées produites ;
70% de banderoles exposées ; 70 % de dépliants
exposés ; 70 % de messages électroniques envoyés.
|
Difficultés de production des spots publicitaires
liées au manque de financement ; reprise de la guerre et
insécurité.
|
Journée portes ouvertes.
|
Faire prendre conscience des conséquences des violences
sexuelles, former et l'informer sur ce phénomène social.
|
Nombre de personnes qui ont visité les centres
d'exposition de la CDJP / Uvira.
|
70 % de la population a visité les centres d'exposition
de la CDJP / Uvira.
|
Difficulté de trouver un parrainage et un
mécénat pour ce faire.
|
PLAN DE MISE EN OEUVRE DE L'ACTIVITE 3
Mise en place d'une cellule de
communication
|
OBJECTIFS : Mettre en place une
cellule de communication et acquérir 50 % du matériel
nécessaire pour la communication
interne et externe.
PUBLIC : Personnel de la CDJP /
Uvira.
|
Activités
|
Objectif
|
Responsables
|
Moyens/canaux
|
Echéance
|
Etude et analyse du marché.
|
Contrôler et vérifier les opportunités, les
menaces, les forces et les faiblesses de l'environnement pour construire une
image de marque.
|
Le chef de la cellule.
|
Enquêtes, sondages d'opinion, entretien.
|
Juin- Août 2014
|
Production des dispositifs médiatiques.
|
Médiatiser et transmettre les savoirs.
|
Chef de la cellule.
|
Humains, matériels et financiers.
|
2014-2016
|
Relations publiques.
|
Faire connaître, faire comprendre, faire adhérer
à la cause sociale de la CDJP / Uvira en vue du changement de
comportement.
|
Chef de la cellule.
|
Affiches, banderoles, dépliants, émissions.
|
2014-2016
|
Diffusion des messages.
|
Véhiculer l'image de marque pour gagner le
capital-confiance et un bon positionnement sur le marché.
|
Chef de la cellule.
|
Radios, internet, affiches, banderoles, mailings ; etc.
|
2014-2016
|
MOYENS DE CONTROLE ET EVALUATION DE L'ACTIVITE
3
Mise en place d'une cellule de
communication
|
OBJECTIFS : Mettre en place une
cellule de communication et acquérir 50 % du matériel
nécessaire pour la communication
interne et externe.
PUBLIC : Personnel de la CDJP /
Uvira.
|
Activités
|
Objectif
|
IOV
|
Résultats
|
Risques
|
Etude et analyse du marché.
|
Contrôler et vérifier les opportunités,
menaces, forces et faiblesses de l'environnement pour construire une image de
marque.
|
Rapports des résultats des analyses et études
menées sur terrain ; Rapports des activités.
|
70 % de l'étude et analyse du marché
menées.
|
Etude et analyse biaisées ; insuffisance des moyens
humains et financiers.
|
Production des dispositifs médiatiques.
|
Médiatiser et transmettre les savoirs.
|
Nombre des dispositifs médiatiques produits ;
archives et rapports de travail.
|
70 % des dispositifs produits.
|
Manque de moyens humains, financiers et matériels.
|
Relations publiques.
|
Faire connaître, faire comprendre, faire adhérer
à la cause sociale de la CDJP / Uvira en vue du changement de
comportement.
|
Augmentation du nombre de partenaires, mécènes et
sponsors.
|
70 % de partenaires, des mécènes et sponsors
soutiennent les activités.
|
Manque de financement ;
reprise de la guerre et insécurité.
|
Diffusion des messages.
|
Véhiculer l'image de marque pour gagner le
capital-confiance et un bon positionnement sur le marché.
|
Descente sur terrain pour mener des enquêtes et sondages
d'opinions.
|
70 % des activités soutenues grâce au
capital-confiance acquis.
|
Retard dans la production et la diffusion faute des moyens
financiers.
|
BUDGETISATION TRIENNALE DES ACTIVITES
Disons d'entrée de jeu que la budgétisation que
nous proposons ici est juste à titre illustratif et ne tient compte que
de l'aspect qui concerne la communication.
N°
|
ACTIVITES
|
SOURCES DE FINANCEMENT
|
SOLDE en $
|
1.
|
Emissions radiodiffusées
|
Fonds propres
|
6.000
|
2.
|
Information, sensibilisation, conscientisation
|
Partenariat
|
12.000
|
3.
|
Caravanes motorisées
|
Mécénat
|
4.000
|
4.
|
Conférences, séminaires de formation
|
Parrainage
|
8.000
|
5.
|
Road show
|
Fonds propres
|
4.000
|
6.
|
Diffusions publicitaires
|
Fonds propres
|
3.000
|
7.
|
Journées portes ouvertes
|
Mécénat
|
2.000
|
8.
|
Etude du marché
|
Fonds propres
|
2.000
|
9.
|
Production des dispositifs médiatiques
|
Parrainage
|
3.000
|
10.
|
Communication téléphoniques, Internet
|
Fonds propres
|
4.000
|
11.
|
Diffusion des dispositifs médiatiques
|
Fonds propres
|
4.000
|
12.
|
Diffusion des messages
|
Partenariat
|
4.000
|
13.
|
Relations publiques
|
Fonds propres
|
2.000
|
14.
|
Imprévus
|
Fonds propres
|
600
|
|
TOTAL
|
|
60.600
|
CONCLUSION PARTIELLE
Ce dernier chapitre de notre investigation était
constitué de deux sections. La première s'est penchée sur
l'enquête afin de se rendre compte du niveau de connaissance de la
population de la contrée à propos des violences sexuelles. Pour y
parvenir, il a fallu aborder l'aspect lié au site d'enquête,
à l'échantillonnage, au dépouillement pour enfin aboutir
aux résultats tirés de l'enquête. La deuxième quant
à elle a planché sur les stratégies à mettre en
oeuvre pour éradiquer ce phénomène macabre de cette
région. En plus de l'aspect juridique, de la cessation de la guerre, de
la prise en charge psycho-socio-économique, un plan de communication
marketing pour informer, sensibiliser et conscientiser la population du
Diocèse d'Uvira s'avère l'une des voies pour extirper du milieu
ce phénomène.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre étude, disons que notre
questionnement a tourné autour de l'information, de la sensibilisation
et de la conscientisation dans la lutte contre les violences sexuelles par la
Commission Diocésaine Justice et Paix à Uvira dans le Sud-Kivu.
Notre objectif était celui de voir comment cette structure
diocésaine met en marche différentes stratégies
communicationnelles pour ce faire. Etant donné que ce
phénomène social s'inscrit dans une systémique qui la
maintient, son éradication exige par conséquent une
réponse multidimensionnelle de la part de toutes les institutions
humaines.
Il est heureux de faire remarquer à ce niveau de notre
réflexion que notre cheminement scientifique nous a permis de confirmer
notre hypothèse d'après laquelle informer, sensibiliser et
conscientiser toute la population du diocèse d'Uvira,
c'est-à-dire, les présumés violeurs, les potentiels
violeurs ainsi que les survivantes des violences sexuelles, nous paraissent la
voie, l'une des pistes pour le changement de comportement. Pour y parvenir,
nous avons proposé un plan d'action marketing social de communication
que la CDJP / Uvira peut mettre sur pied afin d'atteindre son but :
persuader tout le monde pour l'adoption d'un nouveau comportement.
Le cadre théorique qui nous a guidé tout au
long de cette recherche est la Communication pour le Changement de
Comportement. Notre méthodologie, la théorie fonctionnelle,
épaulée par la technique documentaire et la descente sur terrain,
nous ont permis peu ou prou de comprendre ce phénomène social
afin d'y apporter une réponse adéquate. Pour parvenir à
réaliser notre enquête, nous avons constitué un
échantillon par quotas, soit 120 personnes, c'est-à-dire 70
femmes et 50 hommes, étant donné que nous ne pouvions interroger
tout le monde.
Notre investigation s'est articulée sur quatre
chapitres en plus d'une introduction et d'une conclusion
générales.
Le premier chapitre a planché sur les
généralités relatives à notre sujet et sur le cadre
théorique. Le second quant à lui, après avoir
présenté la systémique des différents facteurs
à la base des violences sexuelles au Diocèse d'Uvira : la
situation de belligérance, les traditions, les us et coutumes, la loi
congolaise, il a par la suite abordé la question liée à la
répression par les textes des lois congolaises de ces actes vils. Le
troisième chapitre a présenté brièvement le
diocèse d'Uvira avant de passer en revue les actions que mène la
CDJP / Uvira dans sa lutte contre les violences sexuelles. Ce chapitre s'est
par la suite penché sur les formes et la typologie des violences
sexuelles dans l'aire géographique de notre étude pour aboutir
à l'étiologie ainsi qu'aux conséquences néfastes
que cette pratique cause à toute la population. Le quatrième
chapitre s'est évertué d'abord à présenter
l'enquête sur la maîtrise des connaissances relatives aux violences
pour ensuite se pencher sur les résultats que nous avons
interprétés. Nous l'avons conclu par quelques suggestions pour
l'éradication de ce phénomène social et par une
proposition d'un plan de communication de marketing social à mettre en
oeuvre pour une éradication effective de ce phénomène
social au diocèse d'Uvira.
Après analyse de la situation, nous nous rendons compte
que pour parvenir à notre finalité la communication durant le
processus de changement exige que ça soit une affaire de tous dans
l'échange interactif à tous les niveaux. Chaque acteur, ayant
pris conscience des problèmes qui ébranle la
société, pourra alors y apporter sa pierre pour la bâtisse
de cette société où le changement de comportement aura le
droit de cité. La communication permanente devient alors en quelque
sorte ce prix à payer pour garder les différents protagonistes
mobilisés et enrôlés.
Le changement de comportement est une chose éminemment
difficile. Il demande beaucoup d'efforts, beaucoup d'investigation, de
volonté et de patience dans tous les efforts à entreprendre. La
communication pour le changement de comportement, c'est un processus qui
permettra alors d'atteindre les groupes cibles à travers la
création de messages ciblés et en exploitant de multiples canaux
de communication et diverses approches. Voilà ce que nous avons
osé proposer. Pour cela, il sied que les individus et les groupes
puissent réduire leur niveau de risque ou modifier leurs comportements.
Nous avons constaté que quelque soit la volonté
de l'Etat, des ONG... dans tout projet de développement ou de changement
de comportement, la conscientisation de la population est un impératif
dont on ne peut se passer. La lutte contre les violences sexuelles, le
changement de comportement dans ce sens, est un combat de longue haleine. Sa
réussite est largement tributaire de l'implication de tout le monde.
Disons enfin que nous n'avons apporté qu'une
contribution partielle à la connaissance dans ce vaste domaine de la
problématique sur la lutte contre les violences sexuelles par le
changement de comportement. Fruit d'un effort humain, nous ne saurions en
aucune manière prétendre à la perfection, à
l'exhaustivité. Nous reconnaissons en toute humilité que nous
avons juste effleuré ce thème. Cet exposé présente
certainement des imperfections alors que le dernier mot sur ce sujet,
hautement actuel, n'a pas encore été dit. Il nécessite
d'être complété et pourquoi pas enrichi par nous ou par
d'autres dans l'avenir, en abordant des questions que nous avons laissé
en jachère
BIBLIOGRAPHIE
A. DICTIONNAIRES
0. BOUDON., R., et BOURRICAUD, F., Dictionnaire critique
de la sociologie, 3è édition, Paris, PUF, 1990.
1. FALCONI, A. et BUDIM'BANI YAMBU, F.-X., Lexique des
médias, Internet et multimédia à l'intention des
étudiants, des chercheurs, des professionnels et des
usagers, Kinshasa, Médiaspaul, 2009.
B. OUVRAGES
0. BABIKIRE BADERHA, D., (dir.), Aperçu historique
du Diocèse d'Uvira à l'occasion de son jubilé d'or
1962-2012, Mars 2013, Inédit.
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femme dans la tourmente des guerres en R.D.Congo. Du 02 août au 30
septembre 2001. Le mémorial, Kinshasa, septembre 2001.
2. BILEMBO, Ch., Le Mulega, l'homme de la tradition,
Bukavu, Théologat Saint Pie X, 2005.
3. BRAECKMAN, C., L'homme qui répare les
femmes. Violences sexuelles au Congo. Le combat du docteur Mukwege,
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Pénale Internationale. République Démocratique
du Congo, Publication de la Cour Pénale Internationale, Janvier
2011.
5. GRAWITCH, M., Méthodes des sciences
sociales, 11ème édition, Paris, Dalloz, 2001.
6. JEAN-HENRI, S. et OLIVIER, C.-B., (Coordination), Les
agressions sexuelles de l'adulte et du mineur, Paris, Ellipses,
1994.
7. KOTLER et DUBOIS, Marketing management,
11ème édition, Paris, Pearson Education France,
coll. Nouveaux Horizons, 2003.
8. KOTLER, P. et KELLER, K. - L. et Cie, Marketing
management, 12è édition, Nouveaux Horizons, Paris, 2006.
9. LENDREVIE, J., de BAYNAST, A., Publicitor. De la
publicité à la communication intégrée,
6ème édition, Paris, Dalloz, 2004.
10. LINO PUNGI, J., Eduquer aux médias à
l'ère de l'Internet. Repères théoriques et pistes d'action
en R. D. du Congo, Kinshasa, Médiaspaul, 2013.
11. LIKULIA BOLONGO, Droit pénal spécial
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12. MARTIN VEDRINE, S., Initiation au marketing. Les
concepts-clés, Paris, Editions d'Organisation, 2003.
13. MATTELART, A., Histoires des
théories de la communication, Paris, La Découverte, 1995.
14. MUNTAZINI MUKIMAPA, T., La problématique de la
lutte contre les violences sexuelles en droit congolais, Kinshasa,
2009.
15. NDAYWEL è NZIEM, I., Nouvelle histoire du
Congo. Des origines à la République Démocratique du Congo,
Kinshasa, Afrique Editions, 2008.
16. NYABIRUNGU MWENE SONGA, La protection
pénale de la femme et de l'enfant dans un Etat de droit,
Paris, Karthala, 2008.
17. PICHAULT, F., Gestion du changement. Perspectives
théoriques et pratiques, Bruxelles, De Boeck, 2009.
18. PROGRAMME DE SANTE SEXUELLE, DROITS HUMAINS (PROSAD),
Module XI : La communication pour le changement de comportement,
3ème édition, juillet 2006.
19. SECK, A., Manuel de l'animatrice ou l'animateur.
Module de formation en Communication pour le Changement de Comportement
(CCC), Centre de Coopération Internationale en santé et
Développement (CCSID), juin, 2003.
20. TOGLA YEMADJE, F.- D., Etude des
facteurs de réticence et de résistance à la vaccination
anti-poliomyélite chez les populations de la commune de Zogbodomey au
Bénin, Karthala, Paris, 2008.
21. VEDRINE, M., Initiation au marketing. Les
concepts-clés, Paris, Editions d'Organisation, 2003.
22. WESTPHALEN, M.H., Communicator. Le guide de la
communication d'entreprise, 4ème édition, Paris,
Dunod, 2004.
C. ARTICLES DE REVUES
1. BALUME, D., « État des lieux de la
situation socio - juridique des viols violences sexuelles faites aux femmes et
aux filles mineures du Nord-Kivu : cas de Goma et ses
environs », in Actes de la Journée de réflexion
sur « L'accompagnement judiciaire des femmes et filles victimes
de violences sexuelles », Goma, 28 Novembre 2005.
2. DE GUISE, J., « Relations avec la théorie
de motivation de protection. Marketing social et stratégies de
communication dans le domaine de la santé », dans
Supplément à recherches en communication, n°4,
1995.
3. FLIPO J.-P., « Marketing des services : un
mix d'intangible et de tangible », Revue française de
marketing, n°121, 1989, pp.21-29.
4. ISAYA MAKUNGU MA NGOZI, « Les canons de
l'esthétique Lega », dans Centre d'études des
Religions Africaines, Cahiers des Religions Africaines, volume
24, n° 48, 1991, pp. 123-144.
5. LUBALA MUGISHO, E., « L'émergence d'un
phénomène résistant au Sud-Kivu (1996- 2000) »,
l'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 1999 - 2000, sous la direction de
REYNTJENS, F. et MARYSSE, S., Centre d'Etudes de la Région des
Grands Lacs d'Afrique, Anvers, L'Harmattan, Paris, 2000, pp.188-223.
6. STEFAAN, M., et CATHERINE, A., « Guerre et pillage en
République Démocratique du Congo », dans L'Afrique des
Grands Lacs, Annuaire 2000-2001, sous la Direction de MARYSSE, S., et
REYNTJENS, F., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs, Anvers,
L'Harmattan, Paris, 2001, pp. 307- 332.
7. VLASSENROOT, K., « Violences et constitution de
milices dans l'Est du Congo : le cas des Mayi-Mayi », L'Afrique des
Grands Lacs, Annuaire 2001-2002, sous la direction de REYNTJENS, F.,
MARYSSE, S., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs d'Afrique,
Anvers, L'Harmattan, Paris, 2003, pp. 115-152.
D. TEXTES DE LOIS ET REGLEMENTAIRES
1. Décret du 30 janvier 1940 portant Code pénal
Congolais.
2. Décret du 30 juin 1940 portant Code pénal
Congolais.
3. Loi n° 72/060 du 25 septembre 1972 portant code de
justice militaire.
4. Loi n° 87/ 010 du 1er Août 1987
portant code de la famille.
5. Loi n° 24/2002 du 18 novembre 2002 portant Code
pénal militaire.
6. Constitution de la République Démocratique du
Congo du 18 février 2006 telle que modifiée à ce
jour.
7. Loi n° 06/018 du 20 Juillet 2006 modifiant et
complétant le décret du 30 janvier 1940 portant code pénal
congolais.
8. Loi 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et
complétant le décret du 06 Août 1959 portant code de
procédure pénale.
9. Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de
l'enfant.
E. MEMOIRES ET COURS
1. BAAMBE A MBOYO, J., Changement social, Cours
dispensé aux étudiants de première licence en
Communications Sociales à l'UCC, année académique
2012-2013, Inédit.
2. KAVUO MUHIWA, L., De la problématique de la
prise en charge des femmes et filles congolaises victimes des
violences sexuelles, enquête menée en Ituri,
Université de Kinshasa, Kinshasa, Mémoire de Licence en
sociologie, 2008, Inédit.
3. LACÔNE, L., Les violences sexuelles en
République Démocratique du Congo : de l'arme de guerre au crime
civil, Institut Supérieur de Relations Internationales et
Stratégiques, Mémoire pour l'obtention de Diplôme
Privé d'Etudes Supérieures en Relations Internationales, Paris,
2010, Inédit.
4. MOSWA MOMBO, L., La répression des infractions
se rapportant aux violences sexuelles dans le contexte de
crise de la Justice congolaise : cas du viol,
Université de Nantes, Diplôme Universitaire de
3ème cycle en Droits Fondamentaux, 2008, Inédit.
5. VUMILIA NAKABANDA, N.,
La problématique de la répression des violences
sexuelles à l'est de la République Démocratique du
Congo, Faculté de Droit, Université Catholique de Bukavu.
F. RAPPORTS
1. AMNESTY INTERNATIONAL « Halte aux
violences sexuelles contre les femmes en RDC », 26 Octobre
2004.
2. COMMISSION DIOCESAINE JUSTICE ET PAIX / UVIRA, Rapport
annuel 2010-
2011. Inédit
3. EVECHE DU DIOCESE D'UVIRA, Archives de
l'Evêché du Diocèse d'Uvira, de
1962 à 2013 Inédit.
4. GLOBAL RIGHTS, Une loi sur la répression des
violences sexuelles : de quoi s'agit- il ?, document de
plaidoyer, Edition CEDI, janvier 2006.
5. HUMAN RIGHTS WATCH, Les soldats violent, les
commandants ferment les
yeux, violences sexuelles et réforme
militaire en République Démocratique du Congo, New-York,
2009.
6. INTERNATIONAL ALERT (IA), Le corps des Femmes comme
champs de bataille durant la guerre en République Démocratique
du Congo. Violences sexuelles contre les femmes et filles au Sud-Kivu
(1996-2003), 2004.
7. MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT,
Stratégie Nationale de lutte contre les violences
basées sur le genre (SNVBG), Kinshasa, 2009.
8. MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT,
Ampleur des violences sexuelles et basées sur le genre
rapportées en 2011 et 2012 et 1er semestre 2013,
Kinshasa, 08 Octobre 2013. Dépliant.
9. NATIONS UNIES, CONSEIL DE SECURITE, Rapport du groupe
d'experts sur
l'exploitation illégale des ressources naturelles
et autres richesses de la République du Congo, 12 Avril 2001.
10. RESEAU DES FEMMES POUR UN DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA),
RESEAU DE FEMMES POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) ET INTERNATIONAL,
Le corps des Femmes comme champs de bataille durant la guerre en
République Démocratique du Congo. Violences sexuelles contre les
femmes et filles au Sud-Kivu (1996-2003), 2004.
WEBOGRAPHIE
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Monuc : « La protection, la violence sexuelle et
les Nations Unies. Expérience de Kisangani, www. monuc.org,
consulté le 20 octobre 2013.
2. www.legrainasbl.org,
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communication pour l'émancipation ? », dans Le
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3. www.google.org, consulté le 12
janvier 2014.
4.
http://stopranow.org//get-cross/, consulté le 04 janvier 2014.
ANNEXE 1
QUESTIONNAIRE D'ENQUETE
Dans le cadre du projet de notre Mémoire, nous venons
recueillir les opinions des habitants du diocèse d'Uvira sur les
violences sexuelles faites à la femme et à l'homme dans cette
contrée. Nous vous remercions d'avance pour votre disponibilité.
I. IDENTITE
1. Sexe : Masculin
Féminin
2. Tranche d'âge : 18 à 25
ans 26 à 30 ans 31 et plus
3. Etat civil : Célibataire
Marié Divorcé Veuf
4. Profession : Fonctionnaire
Commerçant Paysan
Clerc
Universitaire
II. QUESTIONS
THEMATIQUES :
1. Avez-vous déjà entendu parler des violences
sexuelles ? Oui Non
2. Selon vous, vos connaissances sur les différentes
formes de violences sexuelles sont :
Très suffisantes Suffisantes
Insuffisantes Médiocre
3. Par quel canal avez-vous pris connaissance de cette
pratique ?
a. Par la Constitution
b. Au cours d'une animation
c. Au cours d'un séminaire de formation
d. De bouche à l'oreille
e. En contact avec les victimes
f. Témoin direct /indirect
4. Connaissez-vous la Commission Diocésaine Justice et
Paix du Diocèse d'Uvira ?
OUI NON
5. Comment jugez-vous son action sur terrain dans la lutte
contre les violences sexuelles?
Efficace Non-efficace
Suffisante Insuffisante
6. Avez-vous déjà entendu parler de la loi
réprimant les violences sexuelles ?
OUI NON
7. Par qui ces lois sont-elles vulgarisées ?
a. Le Gouvernement b. Les ONGs c.
Les Médias
d. Les Eglises
8. Selon vous, la population du diocèse d'Uvira
est-t-elle réellement informée, sensibilisée et
conscientisée sur les textes de loi réprimant les violences
sexuelles ?
a. OUI b. NON Si NON, que faire
alors ?.......................................................................................................
9. Qui sont les auteurs des violences sexuelles,
d'après vous ?
a. Les militaires FARDC
b. Les Parents
c. Les Civils
d. Les bandes armées
10. Selon vous, pourquoi cette situation persiste-t-elle?
a. Manque de sanctions
b. Poursuite de la guerre
c. Esprit de vengeance
d. Information, sensibilisation, conscientisation insuffisante
e. Attachement de certaines tribus de la contrée aux
coutumes rétrogrades
11. Quels sont les voies et moyens pour lutter contre les
violences sexuelles dans votre milieu :
a. Lutter contre l'impunité
b. Lutter contre la pauvreté
c. Mettre fin à la guerre
d. Sensibiliser, informer et conscientiser toute la population
sur ce fléau pour le changement de comportement
Encore une fois, merci pour votre
contribution à notre formation.
ANNEXE 2
1. Données démographiques des
enquêtés :
1. Sexe :
Figure 1. Histogramme. Résultats sur cent du sexe
des 120 interviewés.
2. Age :
Figure 2. Histogramme. Résultats sur cent de
l'âge des 120 interviewés.
3. Etat civil :
Figure 3. Histogramme. Résultats sur cent de
l'état civil des 120 enquêtés.
4. Profession :
Figure 4. Histogramme. Résultats sur cent de la
profession des 120 interviewés.
2. Les présumés auteurs des violences
sexuelles :
Figure .5. Histogramme. Résultats sur cent
des réponses des 120 enquêtés sur les
présumés auteurs des
violences sexuelles.
3. La population du diocèse d'Uvira réellement
informée, sensibilisée et conscientisée sur la loi
réprimant les violences sexuelles :
Figure 12. Histogramme. Résultats sur cent de
l'opinion des 120 interviewés pour savoir si la population du
diocèse d'Uvira est réellement informée,
sensibilisée et conscientisée sur les textes de loi
réprimant les violences.
TABLE DE MATIERES
Dédicace
....................................................................................................I
Remerciements...........................................................................................II
Sigles et
abréviations..................................................................................IV
0. INTRODUCTION GENERALE
1
0.1. PROBLEMATIQUE
1
0.2. HYPOTHESE
2
0.3. METHODE ET TECHNIQUE
3
0.4. INTERET DU SUJET
4
0.5. DELIMITATION
5
0.6. DIVISION DU TRAVAIL
5
CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
6
0. INTRODUCTION
6
Section 1. APPROCHE CONCEPTUELLE
6
1.1. Trinôme : Information,
Sensibilisation et Conscientisation
6
1.1.1. L'information
6
1.1.2. La sensibilisation
7
1.1.3. La conscientisation
8
1.1.4. Les violences sexuelles
10
Section 2. CADRE THEORIQUE : COMMUNICATION
POUR LE CHANGEMENT
DE COMPORTEMENT (CCC)
13
2.1. Définition
13
2.2. Approche en matière de CCC
14
2.2.1. La segmentation et le choix du
public-cible
14
2.2.2. Principes de la CCC
15
2.2.3. Rôle de la Communication pour le
Changement de Comportement
15
2.2.4. Technique de la CCC : Informer, Eduquer
et Communiquer : IEC
16
CONCLUSION PARTIELLE
17
CHAPITRE II. LES SOURCES ET LA REPRESSION DES
VIOLENCES
SEXUELLES DANS LE CONTEXTE CONGOLAIS
18
0. INTRODUCTION
18
SECTION 1. LE SYSTEME ENVIRONNEMENTAL DES VIOLENCES
SEXUELLES
EN RDC
19
2.1. La précarité sociale
19
1. 2. Le statut inférieur de la femme
congolaise
19
1.2.1. Dans la législation de la
République Démocratique du Congo
20
1.2.2. Dans les us et coutumes
21
1.2.3. L'impact de la guerre
24
Section 2. LA REPRESSION DE LA VIOLENCE SEXUELLE
DANS LA
LEGISLATION CONGOLAISE
29
2.1. La Justice Militaire
29
2.1.1. Le Code de justice militaire de 1972
29
2.1.2. Le Code de Justice militaire de 2002
30
2.2. La Justice Civile
30
2.2.1. Le Décret du 30 juin 1940 portant
Code pénal Congolais
30
2.2.2. La Constitution du 18 fevrier 2006
31
2.2.3. La loi n°06/018 du 20 juillet 2006
modifiant et completant le decret du 30 janvier 1940 portant
code penal congolais
33
2.2.4. Loi n° 09/ 001 du 10 janvier 2009
portant protection de l'enfant
34
CONCLUSION PARTIELLE
36
CHAPITRE III : LA PRATIQUE DE
LA COMMUNICATION DE LA CDJP/UVIRA DANS LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES
SEXUELLES
37
0. INTRODUCTION
37
Section 1. BREVE PRESENTATION DU DIOCESE
D'UVIRA
37
Section 2. LA COMMISSION DIOCESAINE JUSTICE ET PAIX
DU DIOCESE
39
D'UVIRA ET LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES
SEXUELLES
39
2.1. Brève historique de la CDJP / Uvira
39
2.2. Les activités de la CDJP / Uvira
39
2.3. Objectifs et Mission
générale
40
2.4. Stratégies de communication de la CDJP
/ Uvira dans la lutte contre les
violences sexuelles
40
2.5. L'usage des canaux de communication
44
2.6. Tableau synthetique des violences sexuelles
faites à la femme, à la jeune fille
et à l'homme au diocese d'uvira, d'avril
2010 à avril 2013.
46
2.7. Résultats des actions menées par
la CDJP / Uvira dans sa lutte contre les
violences sexuelles :
50
Section 3. TYPOLOGIE ET FORMES DES VIOLENCES
SEXUELLES
51
Section 4. ETIOLOGIE ET CONSEQUENCES DES VIOLENCES
SEXUELLES
SUR LES FEMMES AU DIOCESE D'UVIRA
53
4.1. Examen étiologique des violences
sexuelles au Diocèse d'Uvira
53
4.2. Conséquences des violences
sexuelles
54
CONCLUSION PARTIELLE
56
CHAPITRE IV. INFORMATION, SENSIBILISATION ET
CONSCIENTISATION DANS LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES AU DIOCESE
D'UVIRA
57
0. INTRODUCTION
57
Section 1. ENQUETE SUR LA MAITRISE DES
CONNAISSANCES RELATIVES
AUX VIOLENCES SEXUELLES
57
1.1. Site de l'enquête
58
1.2. Echantillonnage
59
1.3. Dépouillement
59
1.4. Résultats de l'enquête
68
Section 2. STRATEGIES POUR L'ERADICATION DES
VIOLENCES SEXUELLES
AU DIOCESE D'UVIRA
68
2.1. Vers la fin de l'impunité juridique
68
2.2. La prise en charge
psycho-socio-économique des victimes
70
2.3. Mettre fin aux conflits
armés
70
2.4. Information, sensibilisation,
conscientisation pour un changement de comportement
72
2.4.1. Appréciations sur la
communication de la CDJP/Uvira sur les violences sexuelles
73
2.4.2. Proposition d'un plan de
communication stratégique du marketing social
73
2.4.2.1. Analyse de la communication de la
CDJP / Uvira
74
2.4.2.1.1. Tableau d'analyse SWOT de la
communication de la CDJP / Uvira
75
2.4.2.1.2. Public-cible
76
2.4.2.1.3. Formulation des objectifs
opérationnels de communication
77
2.4.2.1.4. Solutions communicationnelles
78
2.4.2.1.5. Plan de mise en oeuvre, moyen de
contrôle et évaluation et budgétisation triennales des
activités
79
CONCLUSION PARTIELLE
89
CONCLUSION GENERALE
89
BIBLIOGRAPHIE
89
WEBOGRAPHIE
89
ANNEXES
89
TABLE DE MATIERES
89
* 1 MINISTERE DU GENRE, DE
LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Ampleur des violences sexuelles et
basées sur le genre rapportées en 2011
et 2012 et 1er semestre 2013, Kinshasa, 08 Octobre
2013.Dépliant.
* 2 MONUC, Rapport sur les
violences sexuelles de la Monuc : « La protection, la
violence sexuelle et les Nations Unies. Expérience de Kisangani,
www. monuc.org. Consulté le 20 octobre 2013 à 21h .
* 3 BOUDON, R. et BOURRICARD,
F., Dictionnaire critique de sociologie, Paris, PUF, 1982, p. 262.
* 4 Ibidem, p. 263.
* 5 BOUDON, R. et BOURRICARD,
F., Op. Cit., p. 263.
* 6
www.google.org. Consulté le 12 janvier
2014 à 16h20.
* 7
www.legrainasbl.org. TILMAN, F.,
« Information, sensibilisation, conscientisation. Quelle
communication pour l'émancipation ? », dans Le
Grain asbl, 21 novembre 2005. Consulté le 12 janvier 2014 à
21h07.
* 8 www.legrainasbl.org,
TILMAN, J., Op. cit.
* 9 LINO PUNGI, J.,
Eduquer aux médias à l'ère de l'Internet. Repères
théoriques et pistes d'action en R.D. Congo, Kinshasa,
Médiaspaul, 2013, p. 81.
* 10 www.legrainasbl.org,
TILMAN, J., Op. cit.
* 11 www.legrainasbl.org,
TILMAN, J., Op. cit.
* 12 JEAN-HENRI S., et OLIVIER
C.-B., (Coordinateurs), Les agressions sexuelles de l'adulte et du
mineur, Paris, Ellipses, 1994, p. 20.
* 13 MUNTAZINI MUKIMAPA,
T., La problématique de la lutte contre les violences sexuelles
en droit congolais,
Kinshasa, 2009, p. 7.
* 14 UNICEF dans Revue
Interpolice, Edition Modus Operandi, Kinshasa, n° 3 Décembre
2005, p. 28. Cité par MUNTAZINI MUKIMAPA, T., Op.
cit. p. 7.
* 15 Loi n° 06/018 du
20 Juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30 janvier
1940 portant code pénal
congolais et loi 06/019 du 20 juillet 2006 modifiant et
complétant le décret du 06 Août 1959 portant code
de procédure pénale, articles 170 et 174.
* 16
http: // stopranow.org //
get-cross. Consulté le 04 janvier 2014 à 10h15.
* 17 COUR PENALE
INTERNATIONALE, Mieux comprendre la Cour Pénale Internationale.
République
Démocratique du Congo, Publication de la Cour
Pénale Internationale, Janvier 2011, p. 14.
* 18 MUNTAZINI MUKIMAPA,
T., Op. cit. p. 8.
* 19 PROGRAMME DE SANTE
SEXUELLE, DROITS HUMAINS (PROSAD), Module XI : La communication pour
le changement de comportement, 3 ème édition, Juillet 2006,
p. 14.
* 20 Idem.
* 21 Idem.
* 22 PROGRAMME DE SANTE
SEXUELLE, DROITS HUMAINS (PROSAD), Op. cit., p. 14.
* 23 Idem., p. 15.
* 24 BAAMBE A MBOYO, J.,
Changement social, Cours dispensé aux étudiants de
première licence en Communications Sociales à l'UCC,
année académique 2012-2013, Inédit.
* 25Ibidem.
* 26 BAAMBE A MBOYO, J.,
Changement social, Cours dispensé aux étudiants de
première licence en Communications Sociales à l'UCC,
année académique 2012-2013, Inédit.
* 27 MINISTERE DU GENRE, DE LA
FAMILLE ET DE L'ENFANT, Stratégie nationale de la lutte contre les
violences basées sur le genre (SNVBG), Kinshasa, Novembre 2009, p.
22.
* 28 MUNTAZINI MUKIMAPA,
T., Op. Cit. p. 12.
* 29 LACÔNE, L.,
Les violences sexuelles en République Démocratique du Congo :
de l'arme de guerre au crime civil, Mémoire, Institut
Supérieur de Relations Internationales et Stratégiques,
Paris, 2010, (Inédit), p. 42.
* 30 MINISTERE DU GENRE, DE LA
FAMILLE ET DE L'ENFANT, Op. Cit. p. 6.
* 31LACÔNE, L.,
Les violences sexuelles en République Démocratique du Congo :
de l'arme de guerre au crime civil, Mémoire, Institut
Supérieur de Relations Internationales et Stratégiques,
Paris, 2010, (Inédit), p. 41.
* 32 MINISTERE DU GENRE, DE LA
FAMILLE ET DE L'ENFANT, Op. cit., p. 18.
* 33 Loi n° 87 / 010 du
1er Août 1987 portant Code de la Famille, article 44.
* 34 MONUC, Rapport sur les
violences sexuelles de la Monuc : « La protection, la
violence sexuelle et les Nations Unies. Expérience de
Kisangani », p. 4. Disponible sur www. monuc.org.
Consulté le 20 octobre 2013 à 16h20.
* 35CLAUDIA RODRIGUEZ,
Violences sexuelles au Sud-Kivu au Congo, Revue Migration
Forcée, Numéro 27, Mars 2007, p. 45. Cité par
LACÔNE, L., Op. cit., p. 42.
* 36 RESEAU DES FEMMES POUR UN
DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES
POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) ET INTERNATIONAL
ALERT (IA), Le corps des Femmes comme champs de bataille durant la guerre
en République Démocratique du Congo. Violences sexuelles contre
les femmes et filles au Sud-Kivu (1996-2003), 2004, p.43.
* 37Ibidem, p. 27.
* 38 RESEAU DES FEMMES POUR UN
DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES POUR LA DEFENSE DES DROITS ET
LA PAIX (RFDP) ET INTERNATIONAL ALERT (IA), Op. cit., p. 28.
Lire utilement Charles BILEMBO, Le Mulega, l'homme de la
tradition, Bukavu, Théologat Saint Pie X, 2005, 184p, et
ISAYA MAKUNGU MA NGOZI, « Les canons de l'esthétique
Lega », dans Centre d'études des Religions Africaines,
Cahiers des Religions Africaines, volume 24, n° 48, 1991, pp.
123-144.
* 39 MUNTAZINI MUKIMAPA,
T., La problématique de la lutte contre les violences sexuelles en
droit congolais, Kinshasa, 2009, p. 5.
* 40 BANZA MBOMBO, L., et
HEMEDI BAYOLO, C., La femme dans la tourmente des guerres en
R.D.Congo.
Du 02 août au 30 septembre 2001. Le
mémorial, Kinshasa, septembre 2001, p. 5.
* 41 RESEAU DES FEMMES POUR UN
DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES
POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) ET
INTERNATIONAL ALERT (IA), Op. cit.,
p. 28.
* 42 Lire à ce sujet
NDAYWEL è NZIEM, I., Nouvelle histoire du Congo. Des origines
à la République Démocratique du Congo, Kinshasa,
Afrique Editions, 2008, pp. 601- 604 ; MOSWA MOMBO, L., La
répression des infractions se rapportant aux violences
sexuelles dans le contexte de crise de la Justice congolaise : cas du
viol, Université de Nantes, Diplôme Universitaire de
3ème cycle en Droits Fondamentaux, 2008, (Inédit),
pp. 5-7. ; BRAECKMAN, C., L'homme qui répare les
femmes. Violences sexuelles au Congo. Le combat du docteur Mukwege,
Bruxelles, André Versaille (éditeur), 2012, 156p.
* 43 NATIONS UNIES, CONSEIL DE
SECURITE, Rapport du groupe d'experts sur l'exploitation illégale
des ressources naturelles et autres richesses de la République du
Congo, 12 Avril 2001, p. 59 ; voir aussi STEFAAN, M., et CATHERINE,
A., « Guerre et pillage en République Démocratique du Congo
», dans L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2000-2001, sous la
Direction de MARYSSE, S., et REYNTJENS, F., Centre d'Etudes de la
Région des Grands Lacs, Anvers, Paris, L'Harmattan, 2001, pp.
307- 332.
* 44 Pour plus de
renseignements sur le phénomène Ma-Ma, lire VLASSENROOT, K.,
« Violences et constitution de milices dans l'Est du Congo : le cas des
Mayi-Mayi », L'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 2001-2002, sous
la direction de REYNTJENS, F., et MARYSSE, S., Centre d'Etudes de la
Région des Grands Lacs d'Afrique, Anvers, Harmattan, Paris, 2003, pp.
115-152 ; LUBALA MUGISHO, E., « L'émergence d'un
phénomène résistant au Sud-Kivu (1996-2000)»,
l'Afrique des Grands Lacs, Annuaire 1999-2000, sous la direction de REYNTJENS,
F. et MARYSSE, S., Centre d'Etudes de la Région des Grands Lacs
d'Afrique, Anvers, L'Harmattan, Paris, 2000, pp.188-223.
* 45 MINISTERE DU GENRE, DE LA
FAMILLE ET DE L'ENFANT, Stratégie Nationale de lutte contre les
Violences basées sur le Genre (SNVBG), Kinshasa, Août
2009 ; le rapport de HUMAN RIGHTS WATCH, Les soldats
violent, les commandants ferment les yeux, violences sexuelles et
réforme militaire en République Démocratique du
Congo, New-York, 2009. MINISTERE DU GENRE, DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT,
Ampleur des violences sexuelles et basées sur le genre
rapportées en 2011 et 2012 et 1er semestre 2013,
Kinshasa, 08 Octobre 2013.
* 46 Ces informations ont
été recueillies auprès des présidents des
sociétés civiles de Fizi, de Mwenga et d'Uvira,
le 02 Avril 2014.
* 47 MOSWA MOMBO, L., Op. cit., p. 126.
* 48 Décret du 30
juin 1940 portant Code pénal Congolais, article 170.
* 49LIKULIA BOLONGO,
Droit pénal spécial zaïrois, Tome 1,
2ème édition, Librairie générale de
droit et de jurisprudence, Paris, 1985, p. 328.
* 50 BALUME, D.,
« État des lieux de la situation socio - juridique des
viols et violences sexuelles faites aux femmes et aux filles mineures du
Nord-Kivu : cas de Goma et ses environs », in Actes de la
Journée de réflexion sur « L'accompagnement
judiciaire des femmes et filles victimes de sexuelles », Goma,
28 Novembre 2005, p. 24.
* 51 LIKULIA BOLONGO.,
Op. cit., p. 328.
* 52 Décret du 30
janvier 1940 portant Code pénal congolais, Article 170,
al.2.
* 53 BALUME, D., Op. cit.
, p. 24.
* 54 GLOBAL RIGHTS, Une loi
sur la répression des violences sexuelles : de quoi s'agit-
il ?, document de plaidoyer, Edition CEDI, janvier 2006, p. 3.
* 55 Constitution de la RDC
du 18 février 2006, article 15.
* 56 Constitution de la RDC
du 18 février 2006, article 14.
* 57 Loi n° 06/018
du 20 Juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 30
janvier 1940 portant code pénal congolais et loi 06/019 du 20 juillet
2006 modifiant et complétant le décret du 06 Août 1959
portant code de procédure pénale, articles 170 et 174.
* 58 Pour en savoir un peu
plus, nous invitons le lecteur à lire la Loi n°06/018
du 20 juillet 2006 modifiant et
complétant le Décret du 30
janvier 1940 portant Code pénal
congolais, Article 170 alinéas b, c
et d et
Article 42 ; MOSWA MOMBO, L., Op.
cit. ; NYABIRUNGU MWENE SONGA, La
protection pénale de
la femme et de l'enfant dans un Etat de droit, Paris,
Karthala, 2008, p.359.
* 59 Loi n° 09/ 001 du
10 janvier 2009 portant protection de l'enfant, Articles 60, 61, 62, 153,
169, 170, 172, 174, 177,
178, 179, 180, 181, 182, 183.
* 60 Lire avec
intérêt BABIKIRE BADERHA, D., (Dir.), Aperçu historique
du Diocèse d'Uvira à l'occasion de son jubilé d'or
1962-2012, Mars 2013, Inédit ; les
Archives de l'Evêché du Diocèse d'Uvira, de 1962
à 2013, Inédit.
* 61 Nous nous sommes
inspiré pour l'élaboration de ce tableau de l'ouvrage de KOTLER,
P. et KELLER, K. -
L. et Cie, Marketing management, 12è
édition, Paris, Nouveaux Horizons, 2006, p. 60 et ss.
* 62 Pour d'amples
informations à ce sujet, on lira avec profit le rapport de RESEAU DES
FEMMES POUR UN DEVELOPPEMENT ASSOCIATIF (RFDA), RESEAU DE FEMMES POUR LA
DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) et INTERNATIONAL ALERT (IA), Le corps
des Femmes comme champs de bataille durant la guerre en République
Démocratique du Congo. Violences sexuelles contre les femmes et filles
au Sud-Kivu (1996-2003),2004 ; l'étude de VUMILIA
NAKABANDA, N., La problématique de
la répression des violences sexuelles à l'est de la
République Démocratique du Congo, Faculté de Droit,
Université Catholique de Bukavu ; le rapport du MINISTERE DU GENRE,
DE LA FAMILLE ET DE L'ENFANT, Stratégie Nationale de lutte contre
les Violences Basées sur le Genre (SNVBG), Kinshasa, Août
2009 ; le rapport de HUMAN RIGHTS WATCH, Les soldats violent, les
commandants ferment les yeux, violences sexuelles et réforme
militaire en République Démocratique du Congo, New-York,
2009, p. 31.
* 63 Pour en savoir un peu
plus, lire MOSWA MOMBO, L., Op. cit., pp. 11-17 ; AMNESTY
INTERNATIONAL « Halte aux violences sexuelles contre les
femmes en RDC », 26 Octobre 2004, p. 15 et Ss. et MUNTAZINI
MUKIMAPA, T., Op. cit., pp. 11-12 ; RESEAU DE FEMMES
POUR LA DEFENSE DES DROITS ET LA PAIX (RFDP) et INTERNATIONAL ALERT (IA),
Op. cit., pp.46-49.
* 64 MUNTAZINI MUKIMAPA,
T., Op. cit., p. 11.
* 65BRAECKMAN,
C., L'homme qui répare les femmes.
Violences sexuelles au Congo. Le combat du docteur Mukwege, Bruxelles,
André Versaille( édit.), 2012, p. 143.
* 66 COMMISSION DIOCESAINE
JUSTICE ET PAIX / UVIRA, Rapport annuel
2010-2011, Inédit.
* 67 MINISTERE DU GENRE, DE LA
FAMILLE ET DE L'ENFANT, Ampleur des violences sexuelles et basées
sur le genre rapportées en 2011 et 2012 et 1er semestre
2013, Kinshasa, 08 Octobre 2013. Dépliant.
* 68 COMMISSION DIOCESAINE
JUSTICE ET PAIX / UVIRA, Rapport annuel 2010-2011, Inédit.
* 69 KAVUO MUHIWA, L., De
la problématique de la prise en charge des femmes et filles congolaises
victimes des violences sexuelles, enquête menée en
Ituri, Université de Kinshasa, Kinshasa, Mémoire de
Licence en sociologie, 2008, Inédit.
* 70LACÔNE, L.,
Op. cit., p. 63.
* 71 DE GUISE, J.,
« Marketing social et stratégies de communication dans le
domaine de la santé », dans Supplément
à recherches en communication, n°4, 1995, p. 3.
* 72 Ibidem.
* 73 MARTIN VEDRINE, S.,
Initiation au marketing. Les concepts-clés, Paris,
Editions d'Organisation, 2003, p. 351.
* 74 KOTLER, P. et DUBOIS, K.,
Marketing management, 11ème édition, Paris,
Pearson Education France, collection Nouveaux Horizons, 2003, p.12.
* 75 WESTPHALEN, M.H. ,
Communicator. Le guide de la communication d'entreprise,
4ème édition, Paris, Dunod, 2004, p. 1.
* 76 LENDREVIE, J. et DE
BAYNAST, A., Publicitor. De la publicité à la communication
intégrée, 6ème édition, Paris,
Dalloz, 2004,
p. 7.
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