4 è m e promotion.
COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DES ETATS DE L'AFRIQUE
CENTRALE.
INSTITUT DE L'ECONOMIEET DES FINANCES.
PÔLE REGIONAL DE FORMATION DES REGIES
FINANCIERES DE L'AFRIQUE CENTRALE
Rapport de stage DGCRCP ET ANGT
: CHEVAUCHEMENT OU COMPLEMENTARITE DES MISSIONS ?
Présenté et soutenu par:
Mr Serge Florentin NGA OFFOBO,
Elève Administrateur des services Economiques et
Financiers.
BP : 3913. Tel : 01760210. Email :
f@internetgabon.com
Sous la supervision de :
Mr Hugues LEYINDA BANGADI, Contrôleur
Budgétaire.
Résumé : L'organisation administrative
et le cadre juridique montrent que l'ANGT exerce une partie des
prérogatives assignées à la DGCRCP. Au regard de ce
diagnostic, nous avons analysé les causes et les incidences liées
à la superposition des tâches de ces deux organismes publics.
Ainsi, les inefficacités sévères et le contrôle
administratif controversé des crédits exécutés par
l'ANGT ont été identifiés comme élément
traduisant le manque de collaboration véritable entre les deux
structures. Dès lors, l'instauration d'un contrôle
budgétaire exhaustif et un contrôle budgétaire
personnalisé ont constitué nos pistes de solution en vue de
rendre la dépense publique liée aux grands travaux efficace. De
plus, nous avons suggéré un dépassement du mode de gestion
et de contrôle des crédits des grands travaux en repositionnant
l'ANGT dans la gouvernance économique au Gabon. Il s'agit
essentiellement d'impliquer cette dernière dans la préparation du
budget des grands travaux.
|
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
1
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
DEDICACE
A mon père
Feu OFFOBO SIMON (1930-2000)
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
2
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
REMERCIEMENTS
La rédaction de ce rapport de stage a été
facilitée par la contribution des uns et des autres. Ainsi, je tiens
d'abord à remercier toute le personnel de l'IEF ; et plus
particulièrement le personnel administratif en tête desquels le
Directeur Général de l'IEF ainsi que M.ALAIN TCHAMENI et
M.TIGOUE.
Aussi, je remercie la DGCRCP à travers Mr Jean
Fidèle OTANDAULT (DG) et Mme Jeannette Edith METOGHO(DGA1) pour avoir
créé un cadre propice à l'encadrement des stagiaires.
Toute ma gratitude envers M. Hugues LEYINDA BAGANDI (CB) pour
avoir accepté la direction de ce mémoire.
Je tiens également à remercier Mme Edwige ITSOMA
(CBA), M. SOLOW (conseiller du Directeur Général de la DGCRCP),
M. Christian MBOULOU MVE (CB), M. Brice ILAMBA (Chef de service à la
DSF) pour les critiques et encadrements rigoureux qu'ils m'ont apportés
dans les différentes étapes de la rédaction.
Ma reconnaissance à l'endroit des personnes suivantes :
Mr Vianney BELINGA, Dr Simplicio DO ANGO, Pr Eugène KOUASSI, Dr Jean R.
OYAYA, Paulin NKOGHE ELLANG (ICT).
Mes pensées vont profondément à mes
parents ainsi qu'à mes amis.
Que toutes ces personnes citées trouvent ici
l'expression de ma profonde reconnaissance.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
3
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Avant-propos
La présente production s'intitule : rapport de stage.
Elle intervient après la soutenance du projet de stage et la
réunion de concertation relative au projet de rapport,
conformément au protocole d'accord de stage de pré-insertion
professionnelle de l'étudiant inscrit à l'Institut de l'Economie
et de Finances-Pôle Régional.
Ce rapport intervient après six mois de stage. Il
traduit la formalisation de la réponse à la
problématique soulevée et les axes de recherches retenues par
l'étudiant. C'est une étape très importante, en
ce sens qu'elle met aussi en exergue l'expérience acquise par
l'étudiant à son lieu de stage.
Aussi, ce rapport est-il évalué au cours d'une
soutenance par un jury indépendant. Celui-ci a la charge d'analyser le
caractère soutenable du plan détaillé, la mise en oeuvre
des outils méthodologiques et leur cohérence tels que
proposés par l'étudiant.
Les remarques et suggestions qui seront formulées au
cours de cette séance vont être prises en compte pour des
corrections éventuelles.
Notre stage pratique s'est déroulé à la
Direction Générale du Contrôle des Ressources et Charges
Publiques (DGCRCP), plus précisément auprès de
l'unité de contrôle budgétaire de l'Agence Nationale des
Grands Travaux (ANGT).
L'ANGT est issue de l'ordonnance n°0004/PR/2010 portant
création et organisation de l'ANGT. En effet, l'ANGT est un organisme
public doté d'une autonomie de gestion qui est «
spécialisée dans la commande et la réception des grands
travaux, pour le compte des administrations ou institutions
bénéficiaires »
Par contre, la DGCRCP résulte du décret
n°0173/PR/MBCPFPRE du 7 mai 2012 portant création et organisation
de la DGCRCP. Au terme de l'article 3 dudit décret, la DGCRCP est
chargée du contrôle et de la surveillance des ressources et des
charges publiques.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
4
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Abréviations
AC : Agent Comptable
ANGT : Agence Nationale des Grands Travaux
CA : Conseil d'Administration
DA : Direction de l'Audit
DG : Directeur (ion) Général(e) selon le cas
DGCF : Direction Générale du Contrôle
Financier
DGCRCP : Direction Générale du Contrôle des
Ressources et des Charges
Publiques
DSF : Direction du Service Fait
NGP : Nouvelle Gestion Publique
OP : Ordonnances de Paiement
PSGE : Plan Stratégique Gabon Emergent
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
5
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Sommaire
INTRODUCTION 6
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX DU CONTROLE DES CREDITS DES
GRANDS TRAVAUX 11
CHAPITRE 1 : LE CHAMP DE COMPETENCE ET L'EXERCICE DU
CONTROLE DES CREDITS DES GRANDS TRAVAUX
PAR L'ANGT 12
Section 1 : Les Conditions de création de l'ANGT
12
Section 2 : Les Missions de l'ANGT qui se superposent
à celles de la DGCRCP 16
CHAPITRE 2 : LES INSUFFISANCES DU CONTROLE DE LA DGCRCP SUR LES
CREDITS DES GRANDS TRAVAUX 21
Section 1 : L'appréciation des mobiles d'intervention
de la DGCRCP 21
Section 2 : Les mécanismes de contrôle et les
prérogatives de la DGCRCP 24
DEUXIEME PARTIE : LES INCIDENCES DE L'ACTION DES DEUX ORGANISMES
PUBLICS ET LES
PERSPECTIVES D'AMELIORATION 28
CHAPITRE 1 : LES INCIDENCES DU CONTROLE ADMINISTRATIF DE
LA DGCRCP SUR LES CREDITS MIS A LA
DISPOSITION DE L'ANGT ET LES INEFFICACITES SEVERES 29
Section 1 : Un contrôle administratif
controversé par rapport à la nature des crédits mis
à la
disposition de l'ANGT 29
Section 2 : Des inefficacités sévères
31
CHAPITRE 2 : LES SUGGESTIONS EN VUE DE GARANTIR UNE
COMPLEMENTARITE VERITABLE ENTRE LES DEUX
ORGANISMES PUBLICS 35
Section 1 : A court terme : la coordination des acteurs (ANGT
et DGCRCP) comme réseau de
compétence 35 Section 2 : A moyen et long terme :
l'instauration d'un contrôle budgétaire personnalisé et
le
repositionnement de l'ANGT dans la gouvernance
économique au Gabon 40
CONCLUSION 46
BIBLIOGRAPHIE. 49
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
6
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
L'
|
Introduction
'Etat est un gigantesque appareil administratif dont le
fonctionnement harmonieux repose sur le contrôle permanent de ses
mécanismes. Cette caricature montre effectivement que toutes les
activités de l'Etat
|
font l'objet de contrôles périodiques en vue de
garantir l'efficacité et l'efficience de son action. Et l'un des
domaines le plus soumis aux contrôles est celui des finances
publiques.
Le Plan Stratégique Gabon Emergent (PSGE) est un
programme de développement qui vise à favoriser
l'efficacité et l'efficience de l'action publique. Il s'étale sur
quinze ans, avec pour ambition de faire du Gabon un pays émergent
à l'horizon 2025. L'atteinte de cet objectif ambitieux passe notamment
par la mise en place d'un dispositif institutionnel et organisationnel
structuré. C'est dans cette perspective que les plus hautes
autorités ont créé deux structures : l'Agence Nationale
des Grands Travaux (ANGT) et la Direction Générale du
Contrôle des Ressources et Charges Publiques (DGCRCP).
Comme le ministère financier est habilité
à définir les procédures de contrôle des deniers
publics, il est donc possible que ce souci se heurte au mode de gestion de
certains organismes publics jouissant d'une autonomie administrative et
financière. Ce qui fait que l'organisation des administrations est
soumise à deux environnements différents : l'un institutionnel et
l'autre technique (DI MAGGIO & POWEL, 1983)1. C'est le cas des
structures telles que la DGCRCP et l'ANGT qui évoluent dans des domaines
proches : celui d'assurer la bonne exécution technique, administrative
et financière des crédits destinés à la
réalisation des grands travaux. Ainsi, chevauchement ou
complémentarité des missions peuvent surgir dans l'organisation
administrative.
Le chevauchement traduit l'extension progressive d'une chose
aux dépens d'une autre. Il s'agit d'une situation d'empiètement
ou de superposition d'un phénomène sur un autre à
l'échelon d'un ensemble organisé. En revanche, la
complémentarité est une notion protéiforme. Dans la
théorie des ensembles, elle désigne la réunion de deux
éléments appartenant à des ensembles différents
pour former un tout2. En microéconomie, la
complémentarité permet de mesurer l'utilité d'un bien ou
un acte qu'à partir de l'association de l'autre. C'est donc un rapport
de dépendance entre deux entités distinctes dans un processus.
Or, le substantif mission, renvoie à un ensemble de
1Di Maggio P.J. et Powell W.W., (1983), « The
iron cage revisited: institutional isomorphism and collective rationality in
organizational fields », American Sociological Review, vol 48, p
147-160
2Dictionnaire Larousse 2004
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
7
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
tâches régies par des textes législatifs
et réglementaires à partir desquels une unité
institutionnelle exerce ses compétences dans un espace de
référence donné et pendant un certain temps.
La DGCRCP, « dans le cadre de la politique des finances
publiques de l'Etat, assure le contrôle et la surveillance des ressources
et charges publiques des services centraux, déconcentrés, des
institutions constitutionnelles non dotées de l'autonomie de gestion
budgétaires, des régies financières, des missions
diplomatiques et consulaires, ainsi que les autres structures de l'Etat, des
collectivités locales, des services publics personnalisés et
certains organismes dotés de l'autonomie de gestion financière
»3.
L'ANGT, du point de vue de la comptabilité nationale
est un sous-secteur d'activité des administrations publiques. Elle
s'inscrit donc dans une nouvelle dynamique de la relation d'agence4
(J.K. GALBRAITH & J. BURMHAM ; 1960 M.C.JENSEN & W.H.MECKLING, 1976):
le principal et l'agent. Pour cela, elle « assiste le gouvernement dans
l'identification et la programmation des grands projets publics classés
prioritaires par le chef de l'Etat, et d'en assurer la maîtrise d'ouvrage
déléguée dans leur réalisation »5.
De plus, «l'ANGT assure l'étude, la direction, le contrôle
technique et financier et l'exécution des grands projets prioritaires
»6. Et c'est ce deuxième aspect qui jette un flou sur la
part de compétence de la DGCRCP en matière de grands travaux. En
effet, celui-ci met en lumière la superposition de certaines
tâches confiées à l'un des acteurs.
Dès lors, confronter les missions de l'ANGT à
celles de la DGCRCP est-il de nature à remettre en cause l'existence ou
la pertinence des prérogatives assignées à l'une des
structures ?
Autrement dit, peut-on dire que le contrôle
exercé par l'ANGT sur l'exécution des projets publics rend
inefficace ou improductif l'action de la DGCRCP ? Et inversement ?
Avant de donner des réponses à ces
interrogations, il est important de cerner les différents rapports entre
la tutelle et les établissements publics. En effet, certains
établissements publics bénéficient d'une large autonomie
et d'autres pas du tout. Ceux bénéficiant de cette large
autonomie font en sorte que la tutelle ne s'immisce pas dans leur gestion
interne. Cependant, il n'existe pas de principe constitutionnel de libre
3 Article 3 du décret n°00173 du 7mai 2012
portant création et organisation de la DGCRCP
4 Yves Croiset, Analyse économique de l'Etat,
Armand Colin, 2005.p-120
5www.angt-gabon.com
6 Article 3 de l'ordonnance n°0004/PR/2010
portant création et organisation de l'ANGT
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
8
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
administration des établissements publics comme il peut
en exister au niveau des collectivités locales7. Aussi, la
décentralisation est vécue par les hauts fonctionnaires comme une
atteinte à leur pouvoir. Ceux-ci ne pouvant pas sortir du schéma
qui est le leur d'un pilotage par rang plutôt que par
performance8.
De plus, les changements en matière de
réorganisation financière posent un dilemme, à savoir : un
nouveau mode de gestion est-il uniquement cérémoniel ou
implique-t-il des pratiques nouvelles9 ? Pour certains auteurs
(MEYER et ROWAN ; 1977), certaines structures réalisent des
activités qui auraient un but cérémoniel, afin de donner
l'apparence de comportement rationnel et légitimer l'organisation. Dans
cette trajectoire, l'adhésion aux règles institutionnelles, dans
la recherche de légitimité, va souvent à l'encontre de la
notion d'efficience, qui est basée sur la coordination et le
contrôle interne.
L'ANGT et la DGCRCP sont dans cette situation. Les deux
structures évoluent dans les domaines proches, celui relatif au
contrôle de l'exécution des dépenses d'investissements
publics. Ce qui fait que les deux structures peuvent avoir des exigences
contradictoires en matière d'allocation des deniers
publics10. L'une peut être centrée sur
l'efficacité (ANGT) et l'autre sur l'efficience (DGCRCP).
Aussi, la multiplicité des interlocuteurs
extérieurs incite souvent les organismes publics tels les agences
à contourner les canaux habituels de la tutelle pour obtenir un
arbitrage approprié. En effet, les organismes publics
spécialisés ont souvent le sentiment paradoxal d'être
sur-contrôlés. Or, la tutelle de l'Etat sur ces derniers est la
contrepartie de l'autonomie qui leur est confiée. C'est un gage de
cohérence et de transparence de l'action publique, dès lors que
c'est le gouvernement qui est seul responsable devant le parlement. Cette
situation pose effectivement un autre dilemme : débat entre excès
d'autonomie des agences vu d'en haut (hauts fonctionnaires) et excès de
contrôle et manque d'autonomie des agences vu d'en bas (agents
exerçant dans les
agences)11.
7Dambrin C., Lambert C., Sponem S., mai 2005,
« Contrôle et changement : une perspective
néo-institutionnelle », rapport du 26ème Congrès de
l'AFC, Lille.
8 Xavier Greffe, Gestion publique, p-152
9Meyer J.W., Rowan B., (1977),
«Institutionalized organizations: formal structure as myth and
ceremony», American Journal of Sociology, vol 83, p. 340-363
10Di Maggio P.J. et Powell W.W., (1983), « The
iron cage revisited: institutional isomorphism and collective rationality in
organizational fields », American Sociological Review, vol 48, p
147-160
11Efficiency Unit, « Improving Management in
Government: the Next Steps », HMSO, Londres, 1988.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
9
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Toutefois, signalons que le Gabon souffre d'une faiblesse de
capacité, notamment en ce qui concerne les risques qui affectent le
niveau d'appropriation12. La politique volontariste du gouvernement
pourrait rapidement s'en essouffler à défaut d'une
capacité administrative pour traduire sa vision en programmes/projets et
la mettre en oeuvre de manière efficiente13. Ce qui laisse
entrevoir que l'action de l'ANGT se fasse à concurrence de celle de la
DGCRCP en matière de contrôle des grands travaux, si effectivement
on ne définit pas clairement le type de contrôle qu'elle devrait
exercer.
Enfin, la fragmentation des compétences à
l'échelle d'une organisation est toujours consécutive d'une
multiplication des risques de blocage ou d'affrontement. Ce qui laisse peu de
place à l'émergence d'un véritable dialogue
stratégique de long terme entre les acteurs. On peut alors
aisément constater que la tutelle fonctionnerait en réaction et
non en anticipation. Situation qui générait un manque
d'efficacité dans les contrôles (SPONEM.S, 2005)14.
Dans le contexte où la création de certains organismes publics
n'émanent pas des décrets ou arrêtés, leur
émergence conduit généralement les ministères
à multiplier les contrôleurs potentiels sinon les contrôles
effectifs. Ceux-ci estimant que leurs mécanismes de gestion sont
informels (HOGWOOD, 1993)15 d'une part, et d'autre part, les agences
sont perçues comme un démantèlement de l'Etat
central16.
Si on considère l'ANGT comme une unité
institutionnelle qui oeuvre indéfectiblement à pallier
l'incapacité de l'Etat en matière de réalisation et de
suivi permanent des grands travaux, il est de bon aloi de positionner l'action
de la DGCRCP dans le sillage d'institution révélatrice de bonne
gouvernance. Avec les exigences que commande la Loi Organique relative aux Lois
de Finances et de l'Exécution du Budget (LOLFEB), il faut
impérativement une restructuration de l'articulation administrative
actuelle.
Pour répondre aux divers aspects que soulèvent
la problématique, notre étude s'articule autour de deux axes. Le
premier, va permettre de diagnostiquer l'action de l'ANGT et celle de la DGCRCP
en matière de contrôle des grands travaux. Il s'agit de faire un
état des lieux des actions de contrôle de chaque entité
(1ère Partie).
12 République Gabonaise : Document
stratégie pays, 2011-2015.p 19-20
13Trosa S. (1995), Moderniser l'administration :
comment font les autres ?, Paris : Les Editions d'organisation.
14Sponem. S, au 26ème Congrès de l'AFC de Lille en mai
2005 s'interrogeait alors sur la problématique selon laquelle le
contrôle budgétaire est-il à la recherche d'efficience ou
à la recherche de légitimité ?
15R. Rose, Learning from Comparative Public Policy. A
Practical Guide, Routledge, London, 2005.
Flynn N.& Strehl F, Public Sector Management, London :
Prentice-Hall, (1998), p.51
16
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
10
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Après ce constat, nous allons identifier les incidences
consécutives au chevauchement de l'action de l'ANGT et celle de la
DGCRCP. Etat de lieu qui permettra de faire des suggestions susceptibles de
rétablir une complémentarité véritable des deux
organismes publics (2ème Partie).
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
11
Première partie : Etat des lieux du
contrôle des
crédits des grands travaux
Le contrôle de l'exécution des crédits des
grands travaux nécessite une analyse orientée sur le mode
d'intervention de chaque acteur (ANGT et DGCRCP). Pour cela, il est
intéressant de déterminer les mobiles qui commandent
l'articulation actuelle du contrôle des grands travaux. Ainsi, nous
allons examiner tour à tour:
-le champ de compétence et l'exercice du contrôle
des crédits des grands travaux par l'ANGT (chapitre 1);
-les insuffisances du contrôle de la DGCRCP sur les
crédits des grands travaux (chapitre 2).
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
12
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Chapitre 1 : le champ de compétence et
l'exercice du contrôle des crédits des grands travaux par
l'ANGT
Le champ de compétence de l'ANGT dans l'exercice du
contrôle des crédits des grands travaux s'apprécie à
travers deux éléments : les conditions de création de
l'ANGT (section 1) et certaines tâches que lui confère le cadre
juridique17 (section 2).
Section 1 : Les Conditions de création de
l'ANGT
Trois évènements successifs ont marqué
les services de contrôle: la dissolution de la Direction
Générale du Contrôle Financier (DGCF), l'avènement
de la DGCRCP et la tutelle politique de l'ANGT.
A - Des limites de la DGCF et l'émergence de la
DGCRCP
On observe les limites du point de vue opérationnelle
et sous l'angle Organisationnel.
1-Sur le plan opérationnel
Le constat est peu reluisant par rapport aux insuffisances que
connait le Gabon en matière d'acquisition de biens publics. Plusieurs
raisons peuvent être invoquées pour justifier ces manquements. Les
différents budgets affectés aux investissements publics oscillent
en moyenne, entre 12 et 16% (tableau 1) du budget général de
l'Etat avant 2010. En 2012-2013, ils ont augmenté de 48% et 74%. Ce sont
des variations qui doivent interpeller les plus hautes autorités sur la
gestion transparente de ces fonds.
Tableau 1 : Dotations budgétaires en investissement et
celles des services de contrôle.
Exercice budgétaire
|
DGCF (en millions de FCFA)
|
Investissement (en
milliards en FCFA)
|
Budget général (en milliards EN FCFA
)
|
2008
|
116
|
274
|
1798
|
2009
|
148
|
315
|
2485
|
2010
|
201
|
885
|
2215
|
2011
|
500
|
687
|
2365
|
2012*
|
163
|
1044
|
2760
|
2013
|
222
|
1217
|
3141
|
*Création de la DGCRCP
NB : Les données sont arrondies par
défaut
Sources : Loi de finances 2008 ; 2009 ;... ;2013.
17Article 3 de l'Ordonnance n°0004/PR/2010
portant création et organisation de l'ANGT.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
13
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Par ailleurs, la couverture budgétaire des services de
contrôle n'a pas évolué en fonction de la dimension des
seuils d'investissement. Cette situation a retardé la création
d'unités de contrôle au sein de certains organismes publics (cas
de l'ANGT) d'une part, et d'autre part, la variation des effectifs des services
de contrôle a stagné.
A l'instar de ce qui précède, il est
reproché à la DGCF de n'avoir pas limité la
non-corrélation entre le paiement de certaines dépenses publiques
et les réalisations. Depuis la période de 2010-2011, les
enquêtes relatives aux fêtes tournantes18 font
état de la proportion importante des actes de prévarication
(corruption et détournement) commis par les agents de l'ordre
administratif sur une part significative des crédits destinés aux
investissements publics. Dans ce sillage, nous pouvons citer les cas de visas
accordés sans service fait par les services contrôle. Selon
certains contrôleurs budgétaires19 de la DGCRCP,
à peine 37% des dépenses (fonctionnement et investissement) ont
réellement été payées après service fait.
2-Sur le plan organisationnel
L'observation du fonctionnement de l'ANGT fait ressortir
qu'elle a été mise en place sans structure pour contrôler
l'exécution des crédits mis à sa disposition. Cela,
d'autant plus que la nouvelle gestion publique(NGP) insiste sur la
responsabilité et l'autonomie des gestionnaires pour améliorer la
réactivité et la capacité d'adaptation des services dont
ils ont la charge (la réalisation des grands projets d'infrastructures
de développement). La forme organisationnelle de l'agence constitue, de
ce point de vue, une structuration évidente puisqu'elle associe une
responsabilité à un service public autonome dont l'ANGT.
La DGCRCP, par contre, a été créée
postérieurement à l'ANGT. Cette dernière agit, depuis
2010, en tant qu'organisme administratif au nom de l'Etat et dispose d'un
réel pouvoir, sans pour autant relever de l'autorité du
gouvernement. Ce qui justifie d'ailleurs, pourquoi la DGCRCP n'a pas, d'abord,
été intégrée verticalement dans la chaine de
dépense des grands travaux. La période de 2010 à nos jours
(graphique 1) nous donne clairement un aperçu de l'évolution du
circuit de la dépense au sein de l'ANGT.
18 Rapport de la commission nationale lutte contre
l'enrichissement illicite.
19 Dont A.C-Cyr EKOUMA NTOMA, Contrôleur
budgétaire au Ministère des affaires étrangères.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
14
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Graphique 1 : Circuit des dossiers des grands travaux de 2010
à 2013
ANGT
Depuis 2010 Après 2012
DGCRCP
AC
ANGT
AC
Dans ce graphique, on constate que la répartition des
compétences est partie de deux (2) acteurs à trois (3) dans la
chaine des dépenses des grands travaux. Ce qui ne facilite guère
la détermination exacte du pourcentage des dossiers d'investissement
ayant fait l'objet d'un contrôle sur place20.
Or, ce type d'information permet d'avoir des statistiques significatives sur la
proportion des dossiers d'investissement irréguliers. En effet, la
maîtrise du pourcentage des dossiers d'investissement irréguliers
et celui des dossiers ayant fait l'objet d'un contrôle sur place aurait
pu permettre de faire des projections sur les possibilités de les
améliorer à moyen et long terme. Qu'à cela ne tienne, les
plus hautes autorités comptent néanmoins porter à 100% les
dossiers d'investissement ayant fait l'objet d'un contrôle sur place et
à 0% ceux relatifs aux dossiers d'investissement irréguliers
à l'horizon 201721.
B - La tutelle politique de l'ANGT
La culture de pouvoir et la forte présence de l'Etat au
sommet de l'organigramme de l'ANGT, à travers la présidence du
Conseil d'Administration(CA) déterminent la place de cette
dernière dans l'organisation administrative.
1-La culture de pouvoir22
Comme l'ANGT est sous la tutelle de la Présidence de la
République, il existe de ce fait, une source de pouvoir forte dans son
organisation. Pouvoir qui s'exerce à travers un réseau de
personnes sélectionnées à cet effet, de telle sorte que le
fonctionnement de l'organisation administrative s'effectue sur la base
d'influences entre ces derniers plutôt qu'à travers le
déroulement précis du protocole de contrôle des
dépenses
20 Source indicateur : DGCRCP. Il se calcule en
rapportant le nombre de dossiers d'investissement ayant fait l'objet de
contrôle sur place sur le nombre total de dossiers d'investissement
reçus.
21 Projet Annuel de Performance annexé au
projet de loi de finances 2013-Gabon.
22 C'est une partie importante dans la culture des
organisations (HANDY.C.H).
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
15
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
d'investissement public. Une étude comparative des
modèles d'agence nous permet effectivement d'apprécier la
dimension de cette influence.
En Grande Bretagne, on distingue la collaboration entre de
grands ministères et de petites agences, lesquelles sont sous leur
tutelle, puisque leur existence juridique émane des décrets. Les
agences emploient près de 50%23 d'agents de la fonction
publique britannique, au terme de la réforme administrative de 2004. Et,
seuls les ministères rendent compte devant le parlement.
En Suède, c'est plutôt de grandes agences qui
travaillent avec des petits ministères. Et ce, depuis le XVII
siècle, puisque consacré par la constitution Suédoise. Et
elles emploient 99% du personnel suédois. Les agences, au même
titre que les ministères rendent compte devant le parlement.
Au Gabon, c'est une grande agence au service du gouvernement
et non sous sa tutelle. Les deux entités sont sous la tutelle de la
Présidence de la République. Le texte qui détermine les
missions de l'ANGT est une ordonnance. En revanche, le texte qui régit
les missions de la DGCRCP est un décret. Au Gabon, on gouverne avec les
textes réglementaires24. Aussi, l'ANGT emploie environ
33%25 d'agent gabonais. Ici, il n'y a que les
ministères qui rendent compte devant le parlement.
2-La prééminence de l'Etat dans la
structure organisationnelle de l'ANGT
La forte présence de l'Etat au sein de l'ANGT par le
truchement du Conseil d'Administration26 laisse peu de place au
contrôle «externe » de la DGCRCP. Cependant, les budgets mis
à la disposition de l'ANGT sont essentiellement constitués des
ressources publiques (subventions et concours financiers de l'Etat). Par
conséquent, il faut un contrôle systématique de
l'utilisation de ces ressources par le ministère financier. A cet effet,
certains auteurs (J.CHEVALIER & AL) estiment que le qualificatif
donné à un établissement public n'est qu'une enseigne et
n'a pas de portée juridique, dès lors que son degré
d'autonomie peut varier en fonction de la contribution financière de
l'Etat.
23 Dictionnaire wikipédia.
24L'article 90 de la loi 31/10 de 2010 relative
à la LOLFEB précise que le contrôle administratif
s'effectue selon les modalités des dispositions réglementaires
25www.angt-gabon.com
26Présidé par le Président de
la République Gabonaise. Et ce C.A joue trois rôles principaux :
contrôle de la stratégie conduite par le directeur de l'ANGT ;
apporte la légitimité et le soutien à l'organisation ; et
enfin, aide l'établissement dans la stratégie avec le
gouvernement.
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Dans le contexte gabonais, l'ANGT exécute environ 70%
(graphique 2) du budget d'investissement par an, depuis 2010. Cette allocation
budgétaire répond aux besoins du Plan Stratégique Gabon
Emergent.
Graphique 2 : Part des crédits (en milliards de FCFA)
des grands travaux mis à la disposition de l'ANGT dans budget
général.
budget
investissement ANGT
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
3141
2760
2365
2215
1044 1068,5
885 687 730,8 747,95
619,5 480,9
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
16
2010 2011 2012 2013
Source : Loi de finances 2010 ;...; 2013
Aussi, la DGCRCP devrait émettre des avis sur toutes
les phases d'élaboration du projet de budget des grands travaux. En
effet, les nécessités de gestion peuvent conduire celle-ci
(DGCRCP) à proposer des inscriptions budgétaires mieux
adaptées aux besoins réels.
Section 2 : Les Missions de l'ANGT qui se superposent
à celles de la DGCRCP
Parmi ces missions, il y a le contrôle technique et
essentiellement le contrôle financier qui font partie intégrante
des prérogatives de la DGCRCP.
A- Le contrôle technique
Le contrôle technique dont il est question ici n'est pas
une tâche à part entière de la DGCRCP, mais un
complément d'information qui permet de justifier le rapport entre le
service fait et l'accord du visa. Eu égard à cela, on
relève que l'expertise technique de l'ANGT et l'absence de
classification des risques sont deux facteurs qui montre qu'il peut exister un
hiatus entre les missions de la DSF et sa place au sein de la DGCRCP.
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
1-La forte capacité technique de l'ANGT
L'ANGT assure une couverture formelle des insuffisances
techniques de la DGCRCP. Il existe une inégalité dans la
répartition des capacités techniques en défaveur de la
DGCRCP. Actuellement, l'ANGT dispose d'un savoir-faire technologique
indéniable, elle peut assurer totalement un contrôle technique des
grands travaux sans associer la DGCRCP. Par contre, celle-ci sollicite encore
l'expertise extérieure comme cela est prévu aux articles 6 et 7
de l'arrêté n°190/MEFBP/CAB/DGCF du 11 avril 2002 instituant
le contrôle du service fait à la DGCF pour rendre
opérationnel son programme d'action. Celui-ci porte essentiellement sur
le contrôle de la réalité du service fait.
Pendant que l'ANGT peut répondre directement au
contrôle technique des grands travaux, la DGCRCP a besoin de
délais (le temps de solliciter un cabinet ayant une expertise
avérée) pour intervenir indirectement. Un handicap qui peut, dans
une certaine mesure, étendre la durée de traitement des dossiers
de certains marchés publics au sein de la DGCRCP.
2-L'absence de classification des risques en
matière de grands travaux
L'absence de classification des risques (risque fort, risque
moyen, risque faible) en matière de grands travaux ne permet pas de
moduler l'action de la DGCRCP. En effet, l'appréciation du risque
(graphique 3) aurait dû permettre de fixer les seuils de
compétence des uns et des autres, en essayant d'alléger ou de
renforcer les contrôles.
Graphique 3 : Types de contrôle en fonction des risques
Risque faible (contrôle a posteriori)
Risque moyen (Contrôle par sondage)
Risque fort (contrôle a priori et a
posteriori)
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
17
Pourtant, le contrôle budgétaire nécessite
que le système d'information soit fiable et que les acteurs de
l'organisation respectent les obligations légales. Cependant, en
matière de grands travaux, toutes les dépenses sont à fort
enjeux au regard des coûts (moyens et médians) des marchés
traités par la DGCRCP. Ainsi, en 2012, 50% des marchés avaient un
coût supérieur à trois cent (300) millions de FCFA
(respectivement
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
18
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
500 millions FCFA en 2013) et 50% avaient un coût
inférieur à trois cent millions FCFA (respectivement 500millions
de FCFA en 2013). Soit une hausse de 66%.
Tableau 2 : Coûts moyens et coûts médian
des marchés (en milliards de FCFA) examinés par la DGCRCP.
DGCRCP
|
Exercice budgétaire 2012
|
Exercice budgétaire 2013
|
Coût global des GT
|
769,3*
|
857,5
|
Coût Moyen par marché
|
1,2
|
1,7
|
Coût médian par marché
|
0,3
|
0,5
|
*les données sont arrondies par défaut
Source : Document de pilotage de la DGCRCP 2012 et
2013-contrôle du service fait-ANGT.
L'exécution de ces dépenses nécessitent
des contrôles a priori et a postériori. La possibilité de
procéder à un contrôle hiérarchisé est
très faible. Encore que ce dernier est généralement
fonction des pratiques des services ordonnateurs en matière de grands
travaux. Parmi celles qui sont peu recommandables, il y a :
( le non-respect des critères d'accès à
la commande publique (transparence, libre accès à la commande
publique et le traitement égalitaire des soumissionnaires) ;
( la problématique de la surévaluation des
coûts de certains projets ;
( l'inachèvement et/ou la non-réalisation de
certaines prestations après paiement, pour un exercice budgétaire
donné.
B - Le contrôle financier
Rappelons que le contrôle financier fait partie
intégrante des missions de contrôle budgétaire.
L'arrêté n°236/PR/MBCPFPRE du 28 septembre 2012
précisant la procédure d'exécution, dans la phase
administrative, des dépenses inscrites au budget général
de l'Etat ne fait pas de différence entre les investissements en gestion
directe (par les départements ministériels) et ceux relevant de
la gestion indirecte (par l'ANGT) dans la procédure d'exécution
des dépenses d'investissement. Ce constat est vecteur de certaines
irrégularités au niveau de la portée juridique des visas
des différents acteurs.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
19
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
1-Le visa non-réglementaire du Directeur
Général de l'ANGT sur les dossiers des grands travaux
Le Directeur Général de l'ANGT dispose d'un visa
non règlementaire sur les dossiers des grands travaux. Ce vice de forme
provient d'une insuffisance juridique qui n'a pas tenu compte de son
implication dans la phase administrative du processus d'exécution des
dépenses d'investissement.
Ainsi, l'article 7 du décret 405/PR/MBCPFPRE du 27
Septembre 2012 fixant la nomenclature des pièces justificatives des
recettes et des dépenses, dispose qu'en matière de
dépenses d'investissement, les pièces justificatives comprennent
:
> Ordonnance de paiement > Titre d'engagement > Titre de
confirmation > Titre de paiement
Pour les marchés de travaux, d'un montant
supérieur ou égal à 35 millions de FCFA, de l'Etat, des
établissements publics nationaux et des sociétés d'Etat,
il faut :
y' Une facture proforma ou devis ;
y' Facture timbrée et certifiée par
l'administrateur de crédits ; y' Procès-verbal de
réception établi par le maître d'ouvrage.
y' Original du marché timbré, enregistré
à la Direction Générale des Impôts et
signé par le maître d'ouvrage, le Directeur
Général du Contrôle des Ressources et Charges Publiques, le
Directeur Général du Budget puis approuvé le Directeur
Général des Marchés Publics ;
y' Copie de la quittance des droits d'enregistrement ;
y' Garantie de bonne exécution lorsque celle-ci est
exigée dans le marché.
Ici, il n'est nullement fait mention de la signature du
maître d'ouvrage délégué (ANGT) sur les
pièces à fournir pour le règlement des dépenses
d'exécution des travaux. Il est plutôt récurrent de
constater l'absence de visa du maître ouvrage parmi les
irrégularités constatées dans l'examen des projets de
marchés des grands travaux.
De plus, l'ANGT n'est pas en relation directe avec le
parlement27 pour justifier la gestion des crédits des grands
travaux qui lui sont alloués annuellement.
27 L'ANGT n'est subordonnée à aucun
ministère comme par exemple en Grande Bretagne.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
20
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
2-L'absence de visa de la DGCRCP sur les ordonnances de
paiement (OP)
La DGCRCP ne vise pas les ordonnances de paiement
émises par l'ANGT conformément à la procédure
d'exécution des dépenses d'investissement. En effet, le visa de
la DGCRCP matérialise la confirmation du service
fait28 avant l'ordonnancement. Ce qui signifie que
la DGCRCP n'a aucun pouvoir de différer le paiement en cas
d'irrégularité dans l'exécution des grands travaux et des
opérations financières. C'est pourquoi, dans le cadre de la
gouvernance démocratique, limiter l'action de la DGCRCP essentiellement
à l'examen des conventions et des marchés des grands travaux est
réducteur. Plus loin, cela peut constituer un point de fuite
budgétaire, car l'ANGT utilise cette faille pour contourner certaines
restrictions budgétaires (dont l'engagement comptable
précède l'engagement juridique) de l'Etat. A titre d'exemple, on
peut citer le cas de certaines factures soumises à l'appréciation
du comptable et qui ne correspondent pas (ou sont supérieures) aux
lignes budgétaires prévues par la loi de finances.
Tous les facteurs susmentionnés diminuent le pouvoir de
contrôle de la DGCRCP et permettent d'apprécier l'origine de ces
insuffisances par rapport aux missions qui lui sont assignées.
28 Article 11 et 12 de l'arrêté
n°236/PR/MBCPFPRE du 28 septembre précisant la procédure
d'exécution, dans la phase administrative, des dépenses inscrites
au budget général de l'Etat)
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
21
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Chapitre 2 : Les insuffisances du contrôle de la
DGCRCP sur les crédits des grands travaux
L'efficacité de la DGCRCP se mesure à travers sa
capacité à accomplir ses missions de contrôle en fonction
du cadre réglementaire qui prévaut. C'est pourquoi,
l'appréciation de ses mobiles d'intervention (section 1) et les
mécanismes qui permettent la mise en oeuvre de son programme d'action
(section 2) sont les deux éléments à cerner.
Section 1 : L'appréciation des mobiles
d'intervention de la DGCRCP
Les ressources humaines et le protocole administratif
déclinent clairement les problèmes auxquels est confrontée
la DGCRCP en matière de contrôle des grands travaux.
A -Les moyens humains et des services à renforcer au
sein de la DGCRCP
L'incapacité du gouvernement dans la mise en oeuvre, le
suivi et le contrôle des grands travaux a permis la création
d'organismes spécialisés, en l'occurrence l'ANGT.
1-L'inopérationnalité de certains
services de la DGCRCP : la Direction du Service Fait (DSF) et la Direction de
l'Audit (DA)
Il faut préciser que jusqu'à présent, la
DSF ne fonctionne pas en structure de plein exercice. Selon les dispositions
réglementaires, cette dernière constitue un outil d'aide à
la décision auprès du contrôleur budgétaire.
Du point de vue historique, l'unité de contrôle
du service fait avait été créée au sein du
contrôle financier en vue d'apporter l'expertise des ingénieurs et
autres techniciens qui y sont affectés à la réalité
des coûts, à la qualité des matériaux, à
celle des fournitures ou des prestations, dans le but d'assurer un meilleur
suivi des projets d'investissement, qu'ils soient annuels ou
pluriannuels29.
Dans ce sillage, le contrôle de l'exécution des
marchés publics par les administrateurs de crédits et les
services ordonnateurs est assuré par la DSF. En effet, aux termes des
articles 22 et 25 du décret n°0173/PR/MBCPFPRE du 9 mai 2012
portant création et organisation de la DGCRCP, la DSF est chargée
d'effectuer, préalablement à l'accord du visa contrôleur
budgétaire (graphique 4), toute vérification utile aux fins de
confirmation de la réalité de la dépense
exécutée dans le cadre du budget
29 Rapport de la deuxième édition des
journées du contrôleur financier 2008.p 17
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
22
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
d'investissement, à l'exception des prestations
intellectuelles et procéder également au contrôle sur
place.
Graphique 4 : La DSF, le baromètre de la
réalité des dépenses publiques.
Agent
DSF DGCRCP ordonnateur Comptable
Quant à la DA, elle est partiellement
opérationnelle à ce jour (la plupart des missions sont
exercées par des consultants techniques). D'après ses missions,
cette direction a vocation à effectuer le contrôle de la
qualité des prestations des titulaires de marchés publics. Si la
démarche d'investigation par l'audit peut pallier quelques insuffisances
de l'ANGT sur le mode d'exécution technique et financière des
crédits destinés aux grands travaux, la hiérarchie devrait
alors désigner un responsable pour piloter la DA.
2-Le sous-effectif des deux services indispensables
A l'heure actuelle, la DGCRCP ne dispose pas d'agents
formés aux métiers de l'audit pour intégrer et rendre
opérationnel la DA.
Par ailleurs, l'insuffisance d'ingénieurs à la
DSF entame l'efficacité de la DGCRCP. Dans l'organigramme,
six30(6) ingénieurs devraient intégrer la structure,
mais seuls, deux agents répondant au profil sont disponibles
jusqu'à nos jours.
Ce sont là des facteurs contingents qui affectent le
contrôle budgétaire au regard de l'organisation de l'ANGT, tant au
niveau de:
-la taille de la structure (CHENHALL ; 2003) par rapport aux
différents budgets alloués à cette dernière (soit
plus de 2500 milliards de FCFA31 depuis 2010);
-la complexité technique et technologique (CHAPMAN ;
1997) des travaux qu'elle doit réaliser ;
-qu'au niveau de la décentralisation (MERCHAND ; 1981)
de ses activités (l'agence est au service du gouvernement gabonais dans
le cadre de la réalisation des projets d'infrastructures de
développement). Autant d'insuffisances sont de nature à entamer
l'efficacité des contrôles de la DGCRCP.
30Annexe 1 : Présentation de la nouvelle DGCRCP
31 Tableau 2
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
23
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
B -La DGCRCP dans les conditions d'exécution des
crédits confiés à l'ANGT
Les conditions d'exécution des budgets au sein de
l'ANGT mettent en relief comment le pouvoir de contrôle de la DGCRCP se
distingue ou se fond dans les prérogatives de l'ANGT.
1-Le mode de gestion de l'ANGT
Le mode de gestion d'une partie du budget d'investissement
(Budget consacré aux grands travaux) a changé. La gestion est
à l'image des méthodes de la Nouvelle Gestion Publique (NGP). Une
place prépondérante32 est accordée à
l'ANGT. Ce d'autant plus que l'effectivité de son action
nécessite une autonomie de gestion. Une autonomie qui vient remettre en
cause les capacités de contrôle de la DGCRCP ; puisque le
contrôle actuel est lié à la formation des
dirigeants33 (AMSTRONG, 1985) de l'ANGT, le type
d'actionnariat34 et l'appartenance à un groupe et les
relations avec ce groupe35 (BECK, WELGENBACH, 2005).
Aussi, le modèle d'agence est un mode de gestion qui
s'exporte dans plusieurs pays depuis le début du 21ème
siècle36. Selon l'analyse d'ALLEN SCHICK37 (1996),
l'organisation administrative classique reflétait l'opinion dominante
passée qui voulait que les organisations intégrées et
encadrées soient plus efficaces que les unités fragmentées
et autonomes. Toutefois, les réflexions actuelles sur les organisations
intégrées poussent à penser que ce genre d'organisation
manque d'initiative, est peu réactif et peu adapté au changement.
Et l'acquisition de l'autonomie par des agences (telle que l'ANGT) permet de
libérer le « carcan » ministériel, puisque
développeraient une meilleure capacité d'adaptation et d'une plus
grande réactivité. Ainsi, pour certains chantiers de grands
travaux, il n'est pas étonnant de constater que l'ANGT attribue parfois
des marchés à certains prestataires sans contrat, lorsque le
budget d'investissement est rendu exécutoire tardivement (au mois
Mai-Juin comme en 2013 par exemple).
32Le Président de la République
Gabonaise, en 2009, avait indiqué que dès les premiers mois de
son mandat, l'ANGT sera mise en place avec toutes les compétences
requises. Documentaire : ANGT, mission et objectifs-27/06/2011.
33Ils ont le profil d'ingénieurs et managers
pour la plupart.
34 On fait allusion à l'instance
décisionnelle qui dépend la fois à du pouvoir financier et
du pouvoir technologique.
35La plupart des dirigeants de l'ANGT appartiennent au
grand groupe BECHTEL.
36Agences, un modèle en expansion ? IGPDE,
n°5, mars 2003, p. 1
37ALLEN SCHICK est professeur à
l'école d'administration publique à l'université de
Maryland, chercheur invité à la Brookings institut(USA).
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
24
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
2-Les effets de l'absence de visa de la DGCRCP sur les
OP
Ces effets sont mesurables à la fois du point de vue
comptable et sur le plan fonctionnel.
L'absence de visa de la DGCRCP sur les OP des grands travaux
ne lui permet de jouer pleinement son rôle comptable. En principe, la
DGCRCP doit faire apparaître pour chaque ligne budgétaire une
comptabilité administrative des engagements et des ordonnances de
paiement38. Dans le cas de l'ANGT, la DGCRCP devrait tenir une
comptabilité des OP émises par cette dernière à
l'occasion de versement des acomptes ou paiement définitif des
prestations exécutées par un titulaire de marché public.
C'est une situation tout à fait incongrue au regard des
prérogatives de la DGCRCP.
Sous l'angle fonctionnel, on observe qu'attribuer plus de
prérogatives à l'ANGT, pousse son administration à
s'affranchir d'un certain nombre de contraintes réglementaires. Dans le
cas présent, l'ANGT déjoue le partage de rôle qu'elle doit
assumer avec la DGCRCP. De ce fait, la DGCRCP ne peut retracer efficacement,
à nos jours, pour chaque ligne budgétaire, la date et le montant
total des OP émises (ou visées par le Directeur
Général de l'ANGT, ainsi que des crédits
budgétaires disponibles et leur rythme de consommation (mensuellement ou
trimestriellement) au sein de l'ANGT.
Section 2 : Les mécanismes de contrôle et
les prérogatives de la DGCRCP
L'insuffisance d'équipements au niveau de la DGCRCP
rend difficile sa capacité à pouvoir détecter les
malfaçons lors des contrôles sur le terrain des marchés des
grands travaux.
A-La faible probabilité de détection des
malfaçons lors des contrôles de la DGCRCP
L'insuffisance d'équipements de travail et
l'éviction de la DGCRCP à la place stratégique qu'elle
occupe entre l'ordonnateur et le comptable sont deux éléments
vecteurs d'affaiblissement de ses capacités de contrôle.
38 Articles 106 à 108 de la loi n°5/85
du 27 juin 1985 portant règlement général sur la
comptabilité publique de l'Etat).
· Ordre de paiement ANGT
DGCRCP
· Paiement
COMPTABLE PUBLIC
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
25
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
1-L'insuffisance d'équipements
opérationnels
La DGCRCP souffre d'une absence d'équipements
opérationnels en matière de capacité. A la DSF,
l'état de besoins nécessite des moyens de travail qui associent
à la fois sécurité et assurance (en cas d'accident). Il
s'agit précisément des matériels roulants ; des
vêtements de travail ; des casques ; des lunettes et des outils de
contrôle technique qui facilitent non seulement le contrôle sur
place, mais rendent également probant l'analyse des grands travaux
effectués par les opérateurs économiques. Ces
insuffisances montrent que la DGCRCP, dans l'exécution du budget, se
heurte à bien des difficultés dont la faible couverture
budgétaire en ce qui concerne l'équipement de la DSF.
2-La DGCRCP : une interface entre l'ordonnateur et
l'agent comptable de l'ANGT ?
La DGCRCP n'est pas une interface entre l'ordonnateur et
l'agent comptable de l'ANGT (graphique 5) conformément à
l'article 94 de la loi n°5/85 du 27 juin 1985 portant règlement
général sur la comptabilité publique de l'Etat. En
conséquence, la DGCRCP se trouve dans l'incapacité de
présenter la situation de paiement des dépenses des grands
travaux. Se pose alors la problématique de la prise en compte de la
prévention contre les déséquilibres budgétaires
éventuels.
Graphique 5 : Circuit d'une OP des grands travaux entre ANGT
et le l'Agence Comptable.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
26
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
B -Le rôle du ministère financier et
l'efficacité de la DGCRCP
Le rôle du ministère financier est très
primordial, car il permet de comprendre comment une politique publique peut
répondre aux besoins de fonctionnement de ses services (dont la
DGCRCP).
1-La comparaison tâches-moyens à la DGCRCP
par rapport l'efficacité recherchée.
Les missions de contrôleur des ressources et charges de
l'Etat assignées à la DGCRCP ne correspondent pas en
totalité aux moyens dont elle dispose. C'est une insuffisance notoire en
matière de politiques publiques. Le ministère financier n'a pas
joué le jeu en budgétisant à temps le recrutement des
agents au profil d'ingénieur. C'est-à-dire que les budgets
alloués aux services de contrôle ne correspondent pas totalement
aux besoins de son programme d'action de contrôle. Depuis l'existence de
la DGCF à l'avènement de la DGCRCP, le ministère financier
a toujours privilégié les administrateurs des services
économiques et financiers au détriment par exemple
d'ingénieurs. A la différence de l'ANGT qui mise sur la
spécialité, la DGCRCP penche encore pour la mutualisation des
moyens. Ce qui laisse la porte ouverte à la transformation de certaines
administrations en agence de nos jours.
2-La procédure de contrôle et l'autonomie
de gestion de l'ANGT
Le dispositif de contrôle du ministère financier
et le mode de gestion de l'ANGT se heurte à un dilemme : l'autonomie
financière et administrative accordée à l'ANGT ne
s'accommode pas aux organismes publics soumis au régime financier de
l'Etat. Bien que l'ANGT soit régie par le droit public, elle
échappe partiellement à l'autorité hiérarchique (le
ministère financier). Se pose alors le problème de la place du
contrôle administratif dans la gestion des crédits alloués
à l'ANGT. Ainsi, la DGCRCP se trouve dans la situation où elle
doit négocier son pouvoir de contrôle afin de mettre en oeuvre son
programme d'action et le stabiliser dans la phase administrative. A l'instar
des autres organismes publics en autonomie de gestion (Université Omar
Bongo et Centre Hospitalier Universitaire de Libreville), on notifiera que le
type de contrôle administratif effectué au sein de l'ANGT, de nos
jours, est consécutif à un blocage institutionnel.
A la lumière de ce qui précède, deux
facteurs essentiels justifient le chevauchement des missions entre l'ANGT et la
DGCRCP. D'un côté l'ANGT, compte tenu des conditions de sa
création et ses prérogatives, effectue une partie des missions
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
27
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
assignées à la DGCRCP. D'un autre
côté, la DGCRCP souffre de certaines incapacités d'ordres
techniques et administratifs qui entament la performance de son programme
d'action. De ce fait, les conditions d'intervention des deux entités ne
sont pas sans impacts sur l'articulation actuelle du contrôle
administratif, laquelle est vectrice de certaines controverses. D'où, il
est impérieux de faire des propositions capables de corriger ces
insuffisances et préciser les limites de compétence de chaque
organisme public. Ce qui fera l'objet de la seconde partie.
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
28
Deuxième partie : Les incidences de
l'action des deux organismes publics et
les perspectives d'amélioration
La confusion des rôles que soulève l'interaction
de l'ANGT et la DGCRCP résulte essentiellement du non-respect de
certaines dispositions réglementaires en matière de
contrôle administratif. C'est pourquoi nous allons, dans un premier temps
apprécier les incidences liées à la qualité du
contrôle administratif et certaines inefficacités
sévères (chapitre 1). Et dans un second, nous ferons des
suggestions pour les réduire en vue de restaurer une
complémentarité véritable entre les deux organismes
publics (chapitre 2).
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
29
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Chapitre 1 : Les incidences sur le contrôle
administratif de la DGCRCP sur les crédits mis à la disposition
de l'ANGT et les inefficacités sévères
Partant du niveau de collaboration entre les deux structures
au respect de certaines dispositions réglementaires, la chaine de
dépense au sein de l'ANGT affecte la pertinence du contrôle
administratif (section 1). Une situation qui engendre plusieurs coûts
(section 2).
Section 1 : Un contrôle administratif
controversé par rapport à la nature des crédits mis
à la disposition de l'ANGT
Le contrôle administratif de la subvention
allouée à l'ANGT et celui des crédits des grands travaux
est différent. Pour le premier, le contrôle administratif est
inexistant et pour le second, ce contrôle est partiel.
A -L'inexistence du contrôle de la subvention
allouée l'ANGT
L'inexistence de ce contrôle procède simplement
des blocages institutionnels. Se pose alors la problématique de certains
acteurs de la dépense publique qui échappent aux règles
relatives au contrôle administratif des finances publiques.
1-L'absence de contrôle des marchés et des
conventions
Nous pouvons relever le fait que la DGCRCP ne peut produire,
pour l'instant, aucun rapport d'activité complet sur le mode
d'utilisation des subventions allouées directement à l'ANGT
depuis sa création. De 2011 à 2012, 61,2 milliards de FCFA du
budget général de l'Etat (tableau 3) a été
dépensé trois ans de suite sans que la DGCRCP ne soit pleinement
impliquée dans son plan d'utilisation.
Tableau 3 : aperçu des subventions allouées
à l'ANGT (en milliards de FCFA) de 2011 à 2014
Année
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
Dotations
|
30,6
|
30,6
|
30,6
|
45,6
|
Sources : Loi de finances 2011 ;... ; 2013 ; Projet de loi de
finances 2014
2-L'absence de contrôle des OP
Rappelons que les subventions aux dépenses de
développement des organismes publics personnalisés correspondent
au poste 7514 (selon la nomenclature budgétaire). Il s'agit des missions
et d'études de développement qui sont rattachables à un
projet ou à un groupe de
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
30
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
projet et qui sont réalisés uniquement pour en
assurer la bonne planification, la mise en place et le suivi39. En
dépit des missions assignées à la DGCRCP, elle
n'intègre pas, pour l'instant le circuit du plan d'utilisation de la
subvention de l'ANGT.
Au titre de l'exercice budgétaire 2013, seul 0,38%
(dont une convention et deux marchés) des dossiers ont été
soumis à l'appréciation de la DGCRCP. 99,62%(soit plus 30,4
milliards de FCFA40) de la dotation global n'a fait l'objet d'aucun
contrôle administratif.
Graphique 6 : circuit de la dépense de
développement de l'ANGT de 2010 à nos
jours.
Ordonnateur
Agent Comptable
B -Le contrôle partiel des crédits des grands
travaux
Depuis la création de l'ANGT, seuls les marchés
et les conventions font l'objet d'un contrôle administratif, les
ordonnances de paiement, quant à elles échappent
complètement au visa de la DGCRCP.
1-L'exercice effectif du contrôle des
marchés et des conventions
Le contrôle des marchés et conventions constitue
une partie des contrôles à effectuer par la DGCRCP. Il s'agit pour
l'essentiel des dossiers juridique, technique et financier des
opérateurs économiques qui contractent des marchés des
grands travaux avec l'Etat.
Aussi, pour ce qui concerne les marchés et conventions
cités plus haut, la DGCRCP participe aux appels d'offre, où elle
détient une voix délibérative qui influe sur la
désignation des titulaires de marchés publics.
39 MBCPFPCRE-Nomenclature budgétaire relatif au
guide de l'administrateur de crédits, Mars 2010.p-56
40 Liste des marchés traités par
l'unité de contrôle de l'ANGT depuis sa création.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
31
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
2-L'absence de contrôle des OP
L'absence de contrôle des OP émises par la DG de
l'ANGT vient affaiblir le pouvoir de contrôle de la DGCRCP sur certains
établissements publics en autonomie de gestion.
Tableau 4: nature des contrôles effectués par la
DGCRCP auprès de l'ANGT.
|
|
|
DGCRCP
|
crédits mis à la disposition de
l'ANGT
|
Plan d'utilisation de la
subvention de l'ANGT
|
Crédits des Grands travaux
|
Nature
administratif
|
du
|
contrôle
|
Inexistant
|
Partiel
|
Section 2 : Des inefficacités
sévères
Comme les efforts de l'ANGT en matière de collaboration
avec la DGCRCP et le respect de certaines dispositions réglementaires
connaissent des insuffisances, l'action des deux entités engendre des
coûts subjectifs et des coûts objectifs.
A-Les coûts subjectifs
Les coûts subjectifs s'appréhendent en termes de
partage d'information entre les deux entités et le respect de certains
principes en matière d'exécution des opérations
financières.
1-La faiblesse de dialogue entre les deux
entités
La faiblesse de dialogue entre l'entité de
contrôle assermentée et celle appelée à être
contrôlée est le signe d'une collaboration incomplète. Il y
a un problème d'asymétrie d'information (qui résulte d'une
situation de méfiance) entre l'ANGT et la DGCRCP sur certains
marchés ou conventions liés aux grands travaux. On est face
à la problématique d'une gestion transparente des finances
publiques, dans la mesure où un avantage financier peut être
accordé (ou refusé) à un dossier irrégulier (ou
régulier). Aussi, en cas de non corrélation entre la consommation
de crédits et les réalisations, il est difficile, pour la DGCRCP
de situer la part de responsabilité des opérateurs (ANGT et les
titulaires des marchés publics). En définitive, notons que la
prise en compte du
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
32
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
partage de l'information entre l'ANGT et la DGCRCP
est un gage de bonne
gouvernance.
2-Le taux élevé de réaffectation
de crédits et le contrôle bicéphale des dépenses
d'investissement.
Le problème de la part importante de
réaffectation des crédits résulte pour l'essentiel de la
confusion entre l'exécution comptable et l'exécution
économique du budget d'investissement. Par définition,
l'exécution comptable procède de la rationalité juridique
alors que l'exécution économique est managériale
(CHEVALIER & LOCHACK, 1982). L'ANGT, depuis sa création, avait une
tendance forte à procéder à une exécution
économique. En effet, l'exécution économique, de ce point
de vue, peut justement constituer un point de fuite en matière de
restriction comptable. C'est le cas du non-respect du principe de
spécialité budgétaire. Parmi les
irrégularités constatées au sein de l'unité de
contrôle de l'ANGT, il y a le cas des projets initiés sans lignes
de crédits disponibles.
En ce qui concerne les dépenses d'investissement, on
notera que le contrôle des dépenses d'investissement en gestion
directe (par les départements ministériels) est différent
de celui des dépenses en gestion indirecte. En effet, les
dépenses en gestion directe respectent la procédure normale du
contrôle administratif (graphique 5) avec les visas respectifs de la
DGCRCP, à la fois sur les engagements et les OP. Par contre, les
dépenses d'investissement en gestion indirecte (par l'ANGT) sont
contrôlées partiellement. Précisons toutefois que pour les
crédits des grands travaux, un seul visa est nécessaire,
notamment celui à porter sur les OP.
DGCRCP
· régularité/con-formité/service
fait
DGB
· Ordonnance ment
· Titre de confirm ation
DGCRCP
· engage -ment
· ADC DCAF
ADC & DGCRCP
· Liqui-
· dation
C.P
· Paiement
Graphique 5 : procédure d'exécution des
dépenses d'investissement public
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
33
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
B - Les coûts objectifs
Les coûts objectifs sont relatifs aux pratiques
attachées à la commande publique et qui ne sont pas de nature
à laisser perdurer le contrôle administratif actuel des
crédits alloués à l'ANGT.
1-La pratique de l'entente directe et le dispositif
réglementaire
Selon l'article 54 du décret n° 254/PR/MEEDD du 19
juin 2012 portant code des marchés publics, seul 15% du montant des
marchés publics est autorisé à être passé par
entente directe. De nos jours, on est à près de 80% pour ce qui
est des grands travaux. Ainsi, de 2012 à 2013, les marchés par
entente directe se chiffrent à plus de mille milliards de FCFA
(graphique 5). Soit plus de 564 milliards FCFA en moyenne depuis 2012.
800 600 400 200
0
|
Graphique 5: apperçu du montant des marchés
passés par entente directe
|
|
|
|
530,936
|
598,36
|
ANGT
|
|
|
NORME
|
|
142,215
|
160,28
|
|
|
|
2012 2013
*les données sont arrondies par défaut. Source :
Loi de finances 2012 et 2013.
2-Les marchés par entente directe et le principe
de la concurrence
Le recours excessif à l'entente directe (80% des
marchés publics) contribue à l'affaiblissement de l'esprit de
concurrence d'une part, et d'autre part, donne une image peu reluisante du
climat des affaires au Gabon. A titre de rappel, la concurrence est un principe
clé de la commande publique, l'entente directe étant l'exception.
En effet, la concurrence évoque l'idée de compétition,
chaque acteur (intéressé par la commande publique) essayant de
l'emporter sur son rival. Une situation qui est de nature à rendre les
marchés publics « contestables41 » afin
d'éviter des hausses démesurées des prix ou les
coûts des projets initiés par le gouvernement. Selon le rapport
2012 de la Banque
41 Libre entrée et sortie des opérateurs
économiques
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Mondiale, le Gabon dispose d'un climat des affaires
médiocre42. Ainsi, il occupait le 47 è rang sur 49 parmi les pays
de l'Afrique subsaharienne.
Après avoir donné un aperçu des effets
dus au défaut de coordination entre l'ANGT et la DGCRCP sur le
contrôle des crédits confiés à l'ANGT, la
proposition de solutions idoines est plus que nécessaire pour les
réduire. En effet, la persistance de telles irrégularités
peut engendrer un « effet de paroisse » (c'est-à-dire la
généralisation des contrôles à deux vitesses au sein
des entités publiques en autonomie de gestion).
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
34
42 Rapport du FMI n° 13/55, mars 2013, Page 9
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
35
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Chapitre 2 : Les suggestions en vue de garantir une
complémentarité véritable entre
les deux organismes publics
Dans le souci de contribuer à l'assainissement des
finances publiques au Gabon, la DGCRCP doit avoir un rôle
stratégie dans la chaine d'exécution des crédits des
grands travaux. Pour cela, la création d'un cadre de coordination des
interventions de chaque acteur est nécessaire à court terme
(section1) et à moyen-long terme, il faut instaurer un contrôle
budgétaire personnalisé, puis repositionner l'ANGT dans la
gouvernance économique du Gabon (section 2).
Section 1 : A court terme : la coordination des acteurs
(ANGT et DGCRCP) comme réseau de compétence
La coordination suppose que la rationalité juridique
guide le mode d'intervention de chaque entité dans l'exécution
des crédits affectés aux grands travaux.
A - Sur le plan organisationnel : redéfinition de
certaines prérogatives assignées à chaque
entité
Dans le contexte d'une administration structurée,
identifier et séparer nettement ce qui relève de
l'exécution de ce qui ressort du contrôle trouve sa
concrétisation dans la complémentarité d'un pôle
central et une entité autonome.
1-Le partage des rôles sur le plan financier
La séparation nette des missions d'exécution
financière et celles de contrôle financier des grands travaux est
indispensable afin que les responsabilités des différents acteurs
ne soient plus brouillées.
Il s'agit de délimiter clairement le champ de
compétence de la DGCRCP au contrôle de tout acte
générateur des dépenses
publiques43. A l'instar de cela, nous devons
également préciser que le contrôle effectué par la
DGCRCP a un caractère à la fois formel (car il permet de
vérifier la concordance entre les OP et la liquidation) et substantiel
(parce qu'il est la preuve que le budget est exécuté en
conformité avec le vote du parlement).
Aussi, la DGCRCP peut aussi être appelée à
jouer également son rôle de conseiller par:
43 Article 4 de la directive
n°002/11-UEAC-190-CM-22S relative au règlement
général de la comptabilité publique du 11 novembre 2011 et
l'article 1 de la loi 5/85 du 27 juin 1985 portant règlement
général sur la comptabilité publique de l'État
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
36
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
- une contribution nécessaire à l'étude
des projets de contrat, de convention, de décisions
élaborées pour la réalisation de mesures nouvelles. L'avis
motivé du contrôleur utilisé comme moyen d'action en la
matière, doit porter sur le fond et/ou la forme. A cet égard,
lorsque l'administration concernée reconnaît la justesse des
observations formulées, elle établit alors un nouveau projet en
tenant compte de l'avis du Contrôleur Budgétaire, ou simplement se
rapproche de ce dernier pour savoir exactement de quelle façon il doit
modifier son document initial.
- des suggestions visant à insérer dans un
contrat dont il connaît l'objet, toute clause qui lui paraît
indispensable pour la sauvegarde des intérêts de l'Etat et que le
service responsable n'aurait pas eu l'idée de prévoir. Le cas des
marchés évalués en monnaie étrangères sans
indication du taux de change est assez illustratif.
- des recherches avec les administrateurs de crédits
(tenant compte des résultats de la gestion en cours) de modifications
à apporter dans le prochain projet de budget pour un meilleur
aménagement de la répartition des crédits entre les lignes
budgétaires. Même si le rôle de conseiller doit être
exercé dans toute sa plénitude, toutefois, il doit comporter une
borne essentielle, à savoir:
- s'immiscer dans la direction des services et dans la gestion
des crédits dont les administrations ont la charge.
En revanche, l'exécution financière sera de la
compétence de l'ANGT compte tenu du professionnalisme44 de
ces dirigeants (COVALESKI & DIRSMITH ; 1988). Car c'est à travers
cette caractéristique que l'ANGT est légitimée sur le plan
social et institutionnel, en bénéficiant des crédits du
budget général de l'Etat. Comme on peut l'apprécier, du
point de vue de la gouvernance économique que l'ANGT s'inscrit dans le
contexte où le Gabon cherche à rattraper son retard dans le
processus de développement. Ce d'autant plus que l'indice de gestion
d'investissement du Gabon se situait à 0,9945 en 2010
(graphique 7). De ce fait, la méthode de pilotage des politiques
publiques en matière d'investissement correspond
à une structuration institutionnelle tout à fait novatrice,
mais celle-ci doit s'exercer dans les règles d'exécution des
finances publiques.
44 Trois processus permettent de transmettre les
attentes des institutions : le coercitif (sanction), le normatif (le
professionnalisme des acteurs expliquent leur comportement) et le
mimétique (l'incertitude). Posnem, le contrôle budgétaire :
recherche de l'efficience ou recherche de légitimité ? p-11
45Rapport du FMI n° 13/55, mars 2013, p-15.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
37
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Graphique 7: Indice de gestion d'investissement public en 2010
2
1,5
1
0,5
0
|
|
Gabon CEMAC(4) Afss(5) PRI(6)
|
NB : l'indice varie de 0 (pire) à
4 (meilleur).
(4)Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale.
(5)Afrique Subsaharienne
(6)Pays à Revenus
Intermédiaires.
Sources : autorités gabonaises, Dabla-Norris et al.
2-Le partage des rôles sur le plan technique
Le partage des rôles sur plan technique consiste
à ordonner le contrôle technique en tenant compte de
l'échelle de compétence des différents acteurs. L'ANGT
effectuera le contrôle de premier niveau et la DGCRCP effectuera un
contrôle de second niveau en faisant appel aux cabinets privés.
L'hypothèse qui fonde cette option est le niveau de
complexité des grands travaux et la place de la DSF dans la chaine de
dépense. Du point de vue de la complexité, on peut
catégoriser deux types travaux (graphique 8) :
- les travaux à forte intensité technique (en
raison de leurs caractères complexe et innovant) ;
- les travaux à faible intensité technique
(à cause de leur récurrence).
L'objectif ici consiste à inscrire la procédure
de contrôle technique dans un processus de réseau.
ANGT
DSF
Premier niveau
Rapport préliminaire
Second niveau
Rapport ANGT+rapport DSF= rapport
définitif avis favorable ou défavorable
auprès de la DGCRCP
Graphique 8 : complémentarité des rapports
techniques
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
38
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Au niveau de la place de la DSF avant l'ordonnancement d'une
part et le souci de respecter le principe d'indépendance d'autre part,
cette dernière devrait assurer les arbitrages entre le rapport de
service fait de l'ANGT et celui des cabinets qu'elle aura sollicité dans
les circonstances. Signalons toutefois qu'en matière de contrôle
technique, il n'y a pas de concomitance dans les interventions des uns et des
autres. L'intervention de l'ANGT est relative à un suivi
permanent, alors que celle de la DGCRCP est discontinue, puisque
celle-ci s'effectue à l'occasion de l'ordonnancement. Cette
précision est très importante car elle démontre à
quel point les plus hautes autorités ont le souci de rendre la
dépense publique performante.
B -Le renforcement du contrôle budgétaire et
ses effets
Le contrôle effectué par DGCRCP a une
portée universelle, partant de l'assainissement des finances publiques
à la bonne gouvernance. Ainsi, son intervention donne une idée
sur la qualité de l'emploi des crédits dont une unité
institutionnelle contrôlée est dotée. Pour cela, son
intégration verticale dans la chaine de dépense des grands
travaux permet d'assurer un contrôle exhaustif des crédits mis
à la disposition de l'ANGT.
1-Le contrôle exhaustif de tous les
crédits mis à disposition de l'ANGT
Par définition, le visa désigne le cachet ou
signature apposés sur un acte ou sur un document pour le
valider46. Aussi bien le plan d'utilisation de la subvention
allouée à l'ANGT que les crédits des grands travaux qui
lui sont confiés dans le cadre de la politique des finances publiques,
il faut un contrôle préalable de la DGCRCP. Ce dernier doit
s'exercer à la fois sur :
> les conventions ;
> les marchés ;
> les ordonnances de paiement.
Le contrôle exhaustif des crédits permet ainsi
d'écarter l'hypothèse que l'ordonnateur de l' ANGT soit juge et
partie dans la chaine de dépense.
46Microsoft® Encarta® 2009. (c) 1993-2008
Microsoft Corporation.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
39
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Par ailleurs, l'intégration verticale de la DGCRCP dans
le processus d'exécution des crédits des grands travaux est un
moyen de veiller à l'équilibre entre les recettes et les
dépenses de l'Etat. Comme ce dernier s'est engagé fermement
à rendre la dépense publique performante, la DGCRCP dispose de ce
fait, d'éléments pertinents (conseils en vue d'un aboutissement
heureux) qui invitent les administrateurs de crédits à
privilégier la logique de résultat ou le choix de dépenses
dont l'utilité est avérée.
2-Les effets du contrôle exhaustif
a-Effets sur le plan juridique et comptable
Premièrement, le contrôle exhaustif permet de
veiller au respect du principe selon lequel l'engagement comptable
précède l'engagement juridique.
Dans un second lieu, ce contrôle favorise la tenue d'une
comptabilité administrative par la DGCRCP des OP conformément aux
dispositions réglementaires en vigueur.
b-Effets sur le plan économique et financier
Le contrôle exhaustif facilitera :
> la prévention contre les risques de
détérioration de l'équilibre budgétaire par la
DGCRCP (car elle pourra maîtriser la situation de paiement, par exemple,
en cas de nouveaux marchés ou avenants) ;
> la transparence dans la gestion des deniers publics ;
> la prise en compte de la problématique des
coûts des projets. En effet, la connaissance du coût des actions
mises en oeuvre par l'Etat permet de faire les comparaisons avec les autres
administrations ou le secteur privé.
c-Effets sur le plan fonctionnel et
organisationnel
> Du point de vue fonctionnel, la DGCRCP pourra
désormais publier des rapports financiers complets sur la gestion des
crédits mis à la disposition de l'ANGT. Sera également
matérialisé l'indépendance et l'efficacité des
services de la DGCRCP.
> Sous l'angle organisationnel, le circuit de la
dépense en matière de grands travaux va connaître une
amélioration. De plus, les deux structures seront
complémentaires.
Au total, ces différents effets permettent de cerner
plusieurs éléments, notamment le problème de
responsabilité conférée à une entité
administrative, la transparence dans la disponibilité et la
fiabilité des informations qui doivent fournir des réponses
cohérentes aux choix des politiques publics futurs, la base juridique
qui permet aux services de contrôle d'exercer leurs prérogatives
sans influence extérieure.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
40
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Section 2 : A moyen et long terme : l'instauration d'un
contrôle budgétaire personnalisé et le repositionnement de
l'ANGT dans la gouvernance économique au Gabon
L'instauration d'un contrôle administratif
personnalisé et la place de l'ANGT dans la gouvernance économique
exigent un niveau moyen de confiance (confiance dans la compétence et
dans le respect des règles d'exécution des finances
publiques).
A- L'instauration d'un contrôle budgétaire
personnalisé et ses impacts
Le contrôle budgétaire personnalisé
nécessite que les opérations financières des services
ordonnateurs de l'ANGT comportent moins de risques, partant de la commande
publique à la fiabilité des informations inhérentes
à l'exécution du budget général de l'Etat.
1-La mise en place d'un contrôle
budgétaire personnalisé au sein de l'ANGT
Certes, la fonction de contrôle budgétaire
relève de la compétence de la DGCRCP, compte tenu de son
rôle stratégique entre l'ordonnateur et le comptable public.
Cependant, il est possible de procéder à un allègement de
ce socle juridique en matière de finances publiques. Ce d'autant plus
que, seront mis en exergue, la prévention contre les risques financiers
et la soutenabilité budgétaire des projets liés aux grands
travaux lors de la programmation budgétaire initial. Il ne s'agira pas
d'une remise en cause implicite des pratiques du contrôle effectué
auparavant par la DGCRCP mais une reconnaissance des bonnes pratiques des
services ordonnateurs de l'ANGT au fil du temps.
Ainsi, la DGCRCP peut se limiter, dans un premier temps,
à un contrôle a priori des subventions, du fait des enjeux de
développement que comportent les crédits alloués à
l'ANGT. Dans un second temps, un contrôle a posteriori peut être
envisagé, si la proportion d'irrégularités
«s'élève ». Plusieurs critères peuvent garantir
la pertinence de ce choix dont:
( Les mécanismes d'attribution des marchés
attachés à la commande publique ; ( La proportion des
irrégularités dans les projets de contrat tend vers 0% ; (
L'effectivité du paiement des dépenses publiques après
service fait.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
41
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Ainsi, la gestion de certains projets ne sera plus
scandée uniquement par les dimensions budgétaires et en aucun cas
par la performance. De ce fait, la qualité de la comptabilité
publique va rendre compte de l'usage fait des autorisations parlementaires
conformément aux règles et normes en vigueur.
2-L'impact d'un contrôle budgétaire
personnalisé
La mise en place d'un contrôle budgétaire
personnalisé influe sur la nouvelle gestion publique, le fonctionnement
et l'organisation des deux structures.
a-Impact sur la nouvelle gestion publique
(NGP)
Deux impacts peuvent être mis en lumière. IL
s'agit de la responsabilisation des services ordonnateurs de l'ANGT en fonction
du taux d'irrégularités d'une part, et d'autre part, la
possibilité d'instaurer un contrôle hiérarchisé et
à terme un contrôle budgétaire interne.
b-Impact sur le plan fonctionnel et
organisationnel
> Du point de vue fonctionnel, la DGCRCP peut
procéder à l'élaboration d'une cartographie des risques
(c'est-à-dire un inventaire de l'ensemble des risques liés aux
crédits alloués) et à la mise en place d'une politique de
risques (avec l'appui de la DA) adaptée au cas spécifique de
l'ANGT.
> Sur le plan organisationnel, le contrôle
personnalisé offre la possibilité à la DGCRCP de supprimer
son visa sur les OP.
Tableau synthétique de l'impact d'un contrôle
personnalisé
Organisme public
|
Inventaire des risques (%)
|
Types de contrôle
|
Politique de
risques
|
ANGT
|
Risque stratégique(7) Risque financier(8) Risque
opérationnel(9)
|
Contrôle personnalisé
|
Allégée
|
Contrôle non-
personnalisé
|
Renforcée
|
(7) la non fiabilité de l'information fournie par les
services ordonnateurs.
(8) entre autres les paiements sans service fait, sans
pièces justificatives etc.
(9) visas non datés des différents acteurs de la
chaine de dépense.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
42
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
B - Vers un dépassement du mode de gestion et de
contrôle des crédits exécutés par l'ANGT
Le dépassement du mode gestion et de contrôle
passe par l'instauration d'un corridor d'autonomie par projet et un partage de
responsabilité entre le gouvernement et l'ANGT dans la mise en oeuvre
des politiques publiques.
1-La mise en place d'un corridor d'autonomie par projet
et le contrôle a posteriori
Cela passe par la fixation d'un degré d'autonomie
financière au cas par cas. C'est-à-dire qu'on responsabilise les
services ordonnateurs de l'ANGT pour certains projets en supprimant les visas
préalables de la DGCRCP. Pour cela, le ministère financier peut,
par exemple, initier des projets d'arrêté qui pourront
dénombrer les différents projets du gouvernement ne devant pas
faire l'objet d'un contrôle a priori par la DGCRCP.
Lorsque les crédits alloués à l'ANGT vont
faire l'objet d'une gestion par contrat, celle-ci négociera un accord de
résultat avec le ministère bénéficiaire des
prestations. En contrepartie, elle s'engage à produire des rapports
mensuels ou trimestriels. Ceux-ci comprendront trois informations principales
:
y' Le planning actualisé de
l'exécution des chantiers ;
y' Le rythme de consommation des crédits
;
y' La précision des règlements
antérieurs en cas de nouveaux marchés ou avenants.
Ce contrat donnera un véritable sens à la
délégation de compétence dont jouit l'ANGT auprès
des ministères techniques. Dans ces conditions, la DGCRCP va concentrer
son programme d'action sur les audits ou contrôle a posteriori.
Cependant, trois conditions peuvent faciliter la mise en
oeuvre d'une telle gestion.
Premièrement, le système de
rémunération du DG de l'ANGT. En effet, sa
rémunération doit être fonction de la réalisation
des projets qui lui sont confiés dans les délais. Le
système britannique, par exemple, augmente le revenu annuel d'un
responsable d'agence de 25% en cas de respect de trois critères de
performance, notamment le délai de réalisation, la qualité
technique et l'efficience.
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Deuxièmement, le principe d'annualité
budgétaire doit être respecté par les plus hautes
autorités. Dans le contexte gabonais, il ressort que depuis près
de deux ans, le budget d'investissement par exemple est rendu exécutoire
qu'à partir du moi de Mai-Juin. Une situation qui soulève la
problématique du calendrier d'exécution du PSGE.
Enfin, les grands travaux sont financés par d'autres
sources de financement en plus des subventions et concours financiers de
l'Etat. A titre illustratif, l'ordonnance qui crée l'ANGT dispose en son
article 747 que cette dernière possèdent d'autres
financements tels : les ressources propres, les emprunts, les produits du
placement de ses fonds, les aides provenant des bailleurs de fonds; les dons et
les legs.
2-L'implication de l'ANGT dans la préparation du
budget d'investissement en commission spéciale.
Comme la plupart des projets confiés à l'ANGT
sont financés par l'Etat gabonais, son insertion dans la
préparation des budgets des ministères sectoriels est opportune
pour donner un sens à l'assistance qu'elle apporte au gouvernement.
La conséquence immédiate de cette option est que
l'ANGT et les ministères vont rendre compte devant le Parlement. L'ANGT
va ainsi s'assimiler dans une certaine mesure à une partie du rôle
joué par le ministère de la planification48 au cours
des années antérieures. Ainsi, son identité de
maître d'ouvrage délégué va être
remplacée par celle de maître d'ouvrage, afin de décliner
pleinement son rôle majeur dans l'aboutissement du PSGE à
l'horizon 2025. Pour cela ; il faudrait compléter les dispositions de
l'article 7 du décret 405/PR/MBCPFPRE du 27 Septembre 2012 fixant la
nomenclature des pièces justificatives des recettes et des
dépenses, en y insérant la signature du DG de l'ANGT.
-Conférences d'économies
structurelle
-Réunions budgétaires
Ministères
ANGT
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
43
47 Annexe 2 : les textes réglementaires et
législatifs
48 Ordonnateur délégué des
dépenses d'investissement. Cette délégation avait
été suspendue par l'ordonnance n°11/94 du 1er
septembre 1994 modifiant la loi 5/85 et reprise par la loi n°1/95 (Titre
v, article 10) du 24 févier 1995 approuvant le budget de l'Etat, gestion
1995. Il élaborait aussi le budget d'investissement (Ministère de
la planification et de la programmation du développement), alors que le
fonctionnement relevant de la compétence du ministère
financier.
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DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
En effet, rappelons que l'intégration des
agences(graphique ci-contre) dans l'exécution du budget
général de l'Etat entre effectivement en résonance avec
les principes de la gouvernance démocratique où l'Etat n'est plus
la source unique de légitimité mais doit la partager avec
d'autres formes d'organisation administrative (les collectivités locales
et les agences). A la différence de certains pays européens
(Italie ; Espagne ; Grèce ...), qui créent des agences pour faire
face aux effets ponctuels de la crise de la dette, au Gabon, l'ANGT est un
catalyseur qui permet de mieux cerner les besoins du pays en matière de
construction et de développement des infrastructures (on est donc face
à une crise de sous-développement). C'est pourquoi d'ailleurs,
son existence doit être consacrée par la constitution gabonaise,
puisqu'elle conduit une branche importante de la politique de la nation sous
l'autorité du Président de la République au même
titre que le gouvernement. Le schéma ci-après présente le
système administratif envisageable dans les quatorze prochaines
années.
Présidence de la République
ANGT
Système administratif
Reddition des comptes au parlement
De plus, cette insertion de l'ANGT va lui permettre de sortir
de son état de passager clandestin (MANCUR OLSON ; 1965)49.
Un état qui, aujourd'hui laisse penser qu'elle tire indûment parti
des efforts faits par le gouvernement dans l'élaboration du projet de
loi de finances, pour ce qui est des grands travaux. Le cas du ministère
des Eaux et Forêt est assez illustratif, où ce dernier a vu son
budget annuel passer de dix milliards à six milliards de FCFA dans le
projet de loi de finances 2014. Six milliards reflétant uniquement son
budget de fonctionnement, le budget d'investissement étant
affecté au PSGE dont l'ANGT en est le pilote principal.
49 Socio-économiste américain et
principal théoricien du public choice, dans son ouvrage « Logique
de l'action collective ». C'est un terme qui désigne le
comportement d'un individu qui par stratégie ne participe pas à
une action collective (grève, manifestation, etc.) pour ne pas en
supporter les coûts (éventuelles sanctions, perte de salaire,
etc.), tout en espérant bénéficier des éventuels
avantages obtenus par ceux qui se sont engagés dans de telles
actions.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
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DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Face à la problématique de la superposition de
certaines missions de l'ANGT à celle de la DGCRCP, deux
conséquences majeures ont été plausibles : les
inefficacités sévères d'une part, et d'autre part, les
controverses dans le contrôle administratif des crédits mis
à la disposition de l'ANGT. C'est pourquoi, deux options se sont
offertes à nous en vue de les réduire. A court terme, faire de la
coordination une fixation des tâches de chaque entité. A long
terme, instaurer un contrôle budgétaire personnalisé,
vecteur d'un climat de confiance au lieu de la méfiance entre les deux
organismes publics.
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DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Conclusion
A
la lumière de ce qui précède, nous
retiendrons que l'interaction de l'ANGT et la DGCRCP montre qu'il existe des
établissements publics rattachés à l'État dont le
contrôle, est en général, assuré par la personne
publique à laquelle ils sont liés selon des modalités
fixées par la loi et par son statut. Or, en principe, la personne
publique à laquelle est reliée l'ANGT ne devrait pas forcement
déterminer le type de contrôle à effectuer auprès
d'elle, mais plutôt les règles d'exécution
financière et comptable prévues par l'environnement
institutionnel du Gabon. En même temps, les services de contrôle du
ministère en charge des finances n'ont pas, dans la plupart du temps,
bénéficié d'une couverture budgétaire
conséquente pour accomplir pleinement leurs missions.
Ainsi, de l'Occident aux pays en voie de développement,
le défaut de coordination est souvent à la base d'un malaise,
notamment le dysfonctionnement de l'organisation administrative. En situation
de crise, soit-elle conjoncturelle ou structurelle, et à laquelle il
faut associer des structures capables d'y faire face, il n'est pas
étonnant de voir que les agences et certains services du gouvernement
soient exposés aux conflits de compétence.
Le contexte juridique et pratique montre que l'ANGT exerce une
partie des prérogatives assignées à la DGCRCP. La
répartition inégales des capacités de contrôles en
défaveur de la DGCRCP et la création a priori de l'ANGT par
rapport à la DGCRCP sont les deux causes principales du chevauchement de
leurs missions.
Au regard de ce diagnostic, il nous a été utile
d'apprécier quelques conséquences liées à la
superposition des tâches de ces deux organismes publics. Les
inefficacités sévères et le contrôle administratif
controversé des crédits exécutés par l'ANGT ont
été les plus importantes. De ce fait, certains chercheurs
estiment à juste titre qu'une modification organisationnelle ne peut pas
toujours avoir l'impact souhaité sur la performance (DUNSIRE et AL ;
1998). Ainsi, l'instauration d'un contrôle budgétaire exhaustif et
un contrôle budgétaire personnalisé d'une part, et d'autre
part, un dépassement du mode de gestion et de contrôle des
crédits mis à la disposition de l'ANGT ont été
choisis pour que la dépense publique liée aux grands travaux soit
efficace.
Toutefois, relevons que les réformes, qui ont
donné lieu à la mise en place de nouveaux outils de gestion tel
le contrôle budgétaire au Gabon, tardent à être
assimilées par certains acteurs impliqués dans la chaîne de
la dépense.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
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DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Comme un gouvernement démocratique doit être
à la fois relié et séparé de certains organismes
publics (A. SCHICK ; 1996), il faut donc que l'information circule entre ces
différents acteurs pour que les responsabilités de chacun d'eux
soient établies.
Tout compte fait, lorsque H. FAYOL accorde une place
importante à l'administration, c'est parce que, c'est elle qui «
prévoit, organise, coordonne, commande et contrôle »
l'exécution du budget, afin de clarifier la part de compétence de
chaque acteur et non à les brouiller. Par ailleurs, cela permet
également de stabiliser les outils de contrôle entre les services
de contrôle et les entités appelées à être
contrôlées.
Cependant, l'invite de l'ANGT à rendre compte devant le
parlement est assez délicate. D'où la question de savoir comment
s'effectuera cette intervention ?
Cette question est d'autant plus importante que le budget ne
doit pas être un outil de gestion interne, il doit répondre
à un besoin d'information et de contrôle des différentes
parties prenantes à l'action publique.
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DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Table des matières
INTRODUCTION 6
PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX DU
CONTROLE DES CREDITS DES GRANDS
TRAVAUX 11
CHAPITRE 1 : LE CHAMP DE COMPETENCE ET L'EXERCICE DU
CONTROLE DES CREDITS DES GRANDS TRAVAUX
PAR L'ANGT 12
Section 1 : Les Conditions de création de l'ANGT
12
A - des limites de la DGCF et l'émergence de la DGCRCP
12
B - La tutelle politique de l'ANGT 14
Section 2 : Les Missions de l'ANGT qui se superposent
à celles de la DGCRCP 16
A- Le contrôle technique 16
B - Le contrôle financier 18
CHAPITRE 2 : LES INSUFFISANCES DU CONTROLE DE LA DGCRCP SUR LES
CREDITS DES GRANDS TRAVAUX 21
Section 1 : L'appréciation des mobiles d'intervention
de la DGCRCP 21
A -Les moyens humains et des services à renforcer
au sein de la DGCRCP 21
B -La DGCRCP dans les conditions d'exécution des
crédits confiés à l'ANGT 23
Section 2 : Les mécanismes de contrôle et les
prérogatives de la DGCRCP 24
A-La faible probabilité de détection des
malfaçons lors des contrôles de la DGCRCP 24
B -Le rôle du ministère financier et
l'efficacité de la DGCRCP 26
DEUXIEME PARTIE : LES INCIDENCES DE
L'ACTION DES DEUX ORGANISMES PUBLICS
ET LES PERSPECTIVES D'AMELIORATION 28
CHAPITRE 1 : LES INCIDENCES DU CONTROLE ADMINISTRATIF
DE LA DGCRCP SUR LES CREDITS MIS A LA
DISPOSITION DE L'ANGT ET LES INEFFICACITES SEVERES
29 Section 1 : Un contrôle administratif controversé par
rapport à la nature des crédits mis à la
disposition de l'ANGT 29
A -L'inexistence du contrôle de la subvention
allouée l'ANGT 29
B -Le contrôle partiel des crédits des grands
travaux 30
Section 2 : Des inefficacités sévères
31
A-Les coûts subjectifs 31
B - Les coûts objectifs 33
CHAPITRE 2 : LES SUGGESTIONS EN VUE DE GARANTIR UNE
COMPLEMENTARITE VERITABLE ENTRE LES DEUX
ORGANISMES PUBLICS 35
Section 1 : A court terme : la coordination des acteurs (ANGT
et DGCRCP) comme réseau de
compétence 35
A - Sur le plan organisationnel : redéfinition de
certaines prérogatives assignées à chaque entité
35
B -Le renforcement du contrôle budgétaire et
ses effets 38
Section 2 : A moyen et long terme : l'instauration d'un
contrôle budgétaire personnalisé et le
repositionnement de l'ANGT dans la gouvernance
économique au Gabon 40
A- L'instauration d'un contrôle budgétaire
personnalisé et ses impacts 40
B - Vers un dépassement du mode de gestion et de
contrôle des crédits exécutés par l'ANGT 42
CONCLUSION 46
BIBLIOGRAPHIE. 49
DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
Bibliographie.
Sources écrites.
i. Textes législatifs et réglementaires.
> Directive n°02/11-UEAC-190-CM-22S du 19
décembre 2011 relative au règlement
général de la comptabilité publique.
> Loi n° 4/85 du 27 juin 1985 relative aux lois de
finances.
> Loi n° 5/85 du 27 juin 1985 portant règlement
général sur la comptabilité
publique de l'État.
> Le décret n°0173/PR/MBCPFPRE du 7 mai 2012
portant création organisation de
la DGCRCP.
> Ordonnance n°0004/PR/2010 portant création et
organisation de l'ANGT.
> Décret n°0405/PR/MBCPFPRE du 26 septembre
2012fixant la nomenclature des
pièces justificatives des recettes et des dépenses
publiques.
> Le décret n°254/PR/MEEDD du 19 juin 2012 portant
codes des marchés publics.
> Arrêté n°0236/MBCPFP/ du 8 Octobre 2012
précisant la procédure, dans la
phase administrative, des dépenses inscrites au budget
général de l'Etat.
> Décret n° 484/PR/MEFBP du 19 juillet 2002 fixant
la réglementation relative à la
pratique des transferts et virements de crédits
budgétaires.
ii. Les ouvrages, Rapports, cours et articles.
> XAVIER GREFFE, Gestion publique, Janvier 1999.
> CELINE MANSENCAL et DIDIER MICHEL, Théorie des
organisations, cours de
management public, 2008.
> YVES CROZET, Analyse économique de l'Etat, Armand
Colin, 2005.
> TAWHID CHTIOUI, Paradoxe de communication/contrôle de
gestion, 2008.
> ANNA AMAR & LUDOVIC BERTHIER, The new public management:
advantages
and limits.
> DAUDIN J-J, Les indicateurs de performance de la
dépense publique, RFFP
n°82-juin 2003.
> BENOIT LEVESQUE, La nouvelle valeur publique, une
alternative à la nouvelle
gestion publique, Revue Vie Economique, volume 4,
n°2,22/11/2012.
NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
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NOSF _ Janvier 2014. IEF-Pôle régional
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DGCRCP et ANGT : chevauchement ou
complémentarité des missions ?
> Centre Africain de Formation et de Recherche
Administratives pour le Développement (CAFRAD), Pourquoi le
contrôle et quelles institutions contrôlées ? Rabat, rapport
du 29 au 31 Oct. 2012.
> OCDE, Rendre l'aide plus efficace d'ici 2010,
Déclaration de Paris 2008.
> Rapport du FMI, Gabon : consultation de 2012 au titre de
l'article IV. n°33/55, Mars 2013
> Institut de Gestion Publique et du Développement
Economique, Agences un modèle en expansion, publication IGPDE
n°5-Mars 2003.
> NICOLAS CLINCHAMPS, Le contrôle financier et la
LOLF du 1er août 2001 : vers un désengagement
progressif, RFFP n°82- juin 2003.
> JACQUES CHEVALLIER, La place de l'établissement
public en droit administratif français. rapport de la cour des comptes,
2001.
iii. Webgraphie.
>
www.dgcrcp.budget.gouv.ga
>
www.angt-gabon.com
>
www.lesechos.com
>
www.performance-publique.gouv.fr
iv. Vidéographie.
> RTG 1, Documentaire - L'Agence Nationale des Grands
Travaux (ANGT), missions et objectifs 27/09/2011.
Sources orales
> Mme Jeannette Edith METOGO, DGA1 à la DGCRCP.
> M. Brice ILAMBA, Chef de service à la DSF.
> M.Evy-Dan Pacôme ASSOMO, Agent Comptable ANGT.
> M.MOUELET Dorian, 1erFondé de Pouvoirs
ANGT.
> M. SOLOW, conseiller du Directeur Général de
la DGCRCP.
> M. Christian MBOULOU MVE, CB au Ministère de
l'économie.
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complémentarité des missions ?
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