6-2-2- Le niveau de revenu
Le niveau de revenu est un aspect non négligeable dans
la détermination de l'intérêt qu'ils accordent à la
vie politique. Dans ces quartiers, la majorité s'exerce dans le secteur
informel et voici leurs activités : « mototaximen », vendeur
à la sauvette, mécanicien, aide maçon, vigile, menuisier,
travailleuse de maison et la liste n'est pas exhaustive. C'est partant de tout
cela que, Philippe Bissek134 les appelait « populations
à faibles revenus ». Aussi, Jean
133www. Mboa. Info
134Bissek (Philippe), Habitat et
Démocratisation au Cameroun, Ed Karthala, 1994, pp.11-12
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Marc Ela135relevait que le mirage urbain attirait
ces individus vers les villes. Mais ils viennent se confronter à une
inadéquation entre les infrastructures, les ressources de ce nouveau
milieu et l'offre d'emploi. Quand bien même certains ont un revenu, ce
revenu n'est pas de nature à leur permettre de supporter le mode de vie
urbain. C'est ainsi, qu'ils rabattent dans les bas-quartiers, les quartiers
pour travailleurs sous-payés ou à revenu faible, où
sévissent la misère, l'insalubrité, une forte pression
démographique.
C'est fort de cette situation qu'Achille Mbembe136
a relevé que c'est un certain seuil de revenu par tête qui
viabilisera la démocratie en Afrique. Sinon les habitants ne
prioriserons que la satisfaction des exigences matérielles et
alimentaires sur d'autres, avec comme conséquence l'orientation des
représentations politiques sur l'attente « du manger » ou du
matériel.
Dans la même lancée, Jérôme Lafargue
mentionnait déjà qu'une mobilisation dans les bidonvilles n'est
pas efficace à cause de la pauvreté des uns et des autres.
Ainsi, le faible ou le manque de revenu pourrait expliquer ce
faible investissement de ces populations dans la mesure où la
participation requiert une certaine indépendance économique ou
matérielle et un revenu important qui permettraient l'achat des journaux
par exemple, d'adhérer à un parti puisqu'il y a des contributions
à faire.
Au demeurant, retenons de cette partie que les habitants des
bidonvilles s'investissent peu dans la chose publique parce qu'ils
recèlent en eux un sentiment d'incompétence en la matière.
Ce sentiment est causé par le défaut de culture politique. Aussi,
ils ressentent une désaffection et un désintérêt
pour la politique, le tout accentué par l'abandon des partis politiques
qui laisse un vide au niveau de la formation et de l'information politique. Cet
état de chose peu aussi être corrélé à
l'âge en ce sens que ce sont des quartiers constitués en
majorité des jeunes ; également au sexe dans ce sens que la
discrimination de genre fait en sorte que les femmes qui sont plus nombreuses
n'ont pas un réel statut politique ; en plus, le niveau d'étude
permet de relever que la déperdition scolaire fait en sorte que
très peu s'investissent dans la gestion de la chose publique.
135Ela (Jean Marc), La Ville en Afrique
Noire, Karthala, Paris, 1983, pp. 71-99
136Mbembe (Achille), Afriques Indociles :
Christianisme, Pouvoir et Etat en Société Postcoloniale,
Karthala, Paris, 1988, pp.153-177
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