2-1-4-2- Les bidonvilles
Afin de définir ce concept, il faut remonter à
ses origines : selon François Aballea : « ce terme est née
au Maghreb dans les zones portuaires de Casablanca au temps des splendeurs
coloniales » et adopté pour signifier l'habitat précaire et
insalubre. Ce terme selon R. Descloitre, apparaît pour la première
fois sous la plume d'A. Berque en 1936. Ce concept prend d'autres noms dans
d'autres pays relativement à leur langue et signifie autres choses.Par
exemple l'anglais parle de « slums » (taudis), « shantytowns
» (villes déchets), « squatter settlements et substandard
settlements » (établissements d'occupants illégaux et
établissements ne répondant pas aux normes) ; le Brésil
parle de Favelas.Dans la langue française le terme bidonville est
utilisé pour signifier des établissements irréguliers
illicites, sous-intégrés, marginaux, incontrôlés,
spontanés, non planifiés, clandestins, anarchiques.
Pour Farouk Benatia47, le bidonville est :
« ce quartier isolé, aux abords de la grande
ville établi sur un terrain choisi pour sa discrétion et non pour
ses avantages urbanistes, composés d'habitations précaires ou
barack de planches de tôles, démuni d'eau courante,
d'électricité, de gaz de ville, d'égouts, de routes
goudronnées, et échappant en quelques sortes à la gestion
municipales ».
Cette définition évoque ici la position
géographique, la nature de construction, lesmatériaux de
construction, l'accès aux services de base ou infrastructures de base.
Cependant, elle n'est pas exhaustive et n'épuise pas la
réalité urbaine du bidonville selon Belaadi Brahim.
Jean Marc Ela48, en étudiant la ville en
Afrique noire a abordé le concept de bidonville. Pour lui, il est la
résultante de la manière donc a été pensée
la ville en Afrique noire, le phénomène de migration qui repose
sur les facteurs attractifs de la ville. Mus par le mirage urbain, ces
individus se déplacent massivement vers les villes, accroissant ainsi la
population urbaine qui n'est plus en adéquation avec les
infrastructures, les ressources de ce nouveau milieu et l'offre d'emploi ;
quand bien même certains en ont, le revenu n'est pas de
47 Farouk benatia, Op. Cit. 1980, PP226
48Ela Jean Marc, la ville en Afrique Noire,
Karthala, Paris, 1983, P71-99
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nature à leur permettre de supporter le mode de vie
urbain. C'est ainsi que ces derniers s'entassent dans les bas-quartiers,
quartiers pour petits peuples, les bidonvilles où l'urbanisme fait
défaut, quartiers pour travailleurs sous-payés ou à faible
revenu, où se vivent la misère, l'insalubrité, une forte
pression démographique, l'insécurité,
l'impraticabilité des routes en saison pluvieuse. L'auteur laisse
également entendre que ce sont des zones « où les hommes
sans espoir n'ont pour évasion que les débits de boissons »
; zones de prostitution, des inégalités, d'habitats
spontanés, d'accès insuffisant à l'eau, inondation. «
Les formes d'habitation traduisent les niveaux de différenciation
sociale »49
Motaze Akam50(1991) en s'appuyant sur les travaux
de Jean Marc Ela, conçoit les bidonvilles comme les lieux des
travailleurs sous-payés d'entassement des milliers de jeunes qui ont
fait de la migration urbaine leur stratégie de survie, de la
misère urbaine. Se caractérisant par des cagibis en tôle
rouillé, l'habitat traditionnel, la poubellisation, les contraintes
d'eau potable, d'énergie électrique, les encombrements humains
dans les rues, les chambres où s'observe la promiscuité la
cherté de la vie, la famine, les inégalités et injustices
sociales.
René51 Dumont à son niveau aborde le
concept de bidonville en ces termes :
« Les plus démunies, en ville sont à
tel point privés de ressources que quoique l'on fasse, pour essayer de
construire des logements économiques, leur pris de revient les rendra
pour eux inaccessibles. Ils peuvent bien sûr-ils le font chaque jour-se
bâtir eux-mêmes des logements « spontanés »
grâce aux ressources locales.»
Ainsi, à son sens, ce qui justifie le nom de
bidonvilles ce sont : les ruelles fort étroites qui descendent vers ce
marais sont déjà en saison sèche52 plein de
boue, il n'ya pas d'égouts, ni de latrines.
Les bidonvilles, habitats des populations à faibles
revenus pour Philippe Bissek53 renvoient à la
conséquence classique de l'exode rural, échappant par
conséquence au contrôle des pouvoirs publics ; ont pour
corollaires partout où ils se manifestent, taudification,
insalubrité et promiscuité. Les bidonvilles constituent la
réponse à un problème identique : accueillir et abriter
les populations à faibles revenus ou sans revenu du tout ; on y retrouve
toutes les formes de construction (tentes, maçonneries, poteries,
embarcation panneaux de
49Ela Jean Marc, op cit
50Motoze AKAM, sociologie de Jean Marc Ela : les
voies du social, l'Harmattan, paris, 2011 P56 - 57
51René dumont, Démocratie pour
Afrique, Seuil, Février 1991P 185 - 186
52Motoze Akam, Ibid.
53Philippe Bissek, Habitat et
Démocratisation au Cameroun, Ed Karthala, 1994, PP 11-12.
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bois, prise, poto-poto, qui font appel à la
récupération et ils trouvent leur assise presque toujours dans
les zones impropres à la construction `marécages,
escarpement...)
Au Cameroun, à l'occasion d'un atelier sous
régional de la méthodologie du (programme participatif
d'amélioration des bidonvilles), le ministre du développement
urbain et de l'habitat laissait entendre que les bidonvilles sont
caractérisés pas la promiscuité, l'habitat fait en
matériaux provisoires et l'accès difficiles aux maisons. De plus,
ce sont les milieux où sévissent les problèmes de toute
sorte. Notamment la très forte prévalence du paludisme, du
VIH/SIDA et des maladies hydriques, le taux de déperdition scolaire
élevé, la dépravation des moeurs et abus de toutes sortes
(Clobert Tchatat54). En guise d'opérationnalisation de ce
concept, nous avons comme indications de bidonvilles :
? Quartiers situés parfois aux abords des villes et
parfois à l'intérieur
? Composés d'habitations précaires et
insalubres, construites d'une façon anarchique pas des matériaux
divers
? non- reliés aux installations municipales ou alors
n'ayant pas un accès suffisant aux infrastructures de base telles : les
égouts, le gaz, eau courante, l'électricité, route
construites...
? Habités pas des individus de conditions inferieures
et déclassés dans la hiérarchie sociale.
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