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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
INTRODUCTION
Le bidonville, ce concept apparu en 1936 sous la
plume1d'Augustin Berque, renferme en lui une réalité
sociale particulière. Ces dernières décennies, il attire
de plus en plus l'attention des chercheurs de différentes disciplines
que ce soit géographes, anthropologues, politologues, économistes
et sociologues. Ceci par le fait qu'il occupe des proportions de plus en plus
croissantes dans le phénomène urbain. En effet, selon
l'organisation des nations unies, plus de 35% de la population mondiale
vivraient dans les bidonvilles. Au Cameroun,2 67% de la population
urbaine du Cameroun vit dans les bidonvilles et ceci connaît une
croissance annuelle de 5 ,5%. C'est face à cette situation que les
chercheurs se sont intéressés à une étude sur les
bidonvilles ; allant dans ce sens, une recherche sur la participation politique
dans ces zones viendra apporter une plus grande compréhension de ce
phénomène.
En effet, une brève incursion dans l'histoire politique
du Cameroun3 nous permet de relever un ensemble
d'éléments relatifs à son paysage politique et à la
participation politique dans le pays en général et dans la ville
de Douala en particulier. En effet, avant 1884, n'est pas défini, mais
les différents peuples qui évoluent dans son territoire
entretiennent de multiples échanges avec l'extérieur. Cependant,
le tournant est pris avec « le traité germano-douala » du 12
juillet 1884 signé entre les commerçants allemands et les rois
Akwa et Bell. Ce qui donna le droit au consul allemand Gustave Nachtigal de
prendre possession de ce territoire au nom de l'empereur allemand Guillaume II.
C'est ainsi que le Cameroun devint un protectorat allemand. A partir de
là, l'évolution du Cameroun s'est effectuée en quatre
étapes. La première fut le protectorat allemand de 1884 à
1916, impliquant que l'Etat protégé conserve les institutions
traditionnelles en confiant à l'Etat protecteur le contrôle de sa
politique étrangère, sa défense et sa monnaie. La seconde
étape est la double administration franco-britannique, dont la
première phase fut le condominium (entendu comme une forme
spéciale d'administration collégiale d'un territoire par
plusieurs puissances étrangères) franco-britannique de 1916
à 1919. Mais avec la fin de la première guerre mondiale en 1919
et la
1 BELAADI Ibrahim, Le bidonville : histoire d'un
concept, article
2
www.rédaction-bonabéri.com
3Sindjoun (L.), Election et Politique
au Cameroun : Concurrence Déloyale, Coalitions de Stabilité
Hégémonique et Politique de l'Affection, Cameroun, African
Association of Political Science, 1997, PP.89-121
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création en 1920 de la SDN (société des
nations), le Cameroun change de statut et entre dans la deuxième phase
qui est celle du régime de mandat international de 1919 à 1945.
Ce nouveau statut consistait à confier la gestion de certains
territoires à des puissances sous le contrôle de la SDN ; c'est
ainsi que les populations avaient le droit d'adresser des pétitions au
sujet de leur administration à la commission permanente des mandats.
Cependant, avec l'éclatement de la seconde guerre mondiale, le Cameroun
change une fois de plus de régime pour être sous celui de tutelle
(qui est une solution transitoire destinée à favoriser
l'évolution des populations vers la capacité à
s'administrer elles-mêmes) qui va de 1945 à 1961. En effet, le 13
décembre 1946, l'ONU (organisation des nations unies) accorde la tutelle
du Cameroun à la France et à l'Angleterre pour l'administration
de leurs zones respectives selon leur législation, mais sous le
contrôle du conseil de tutelle. Cette phase préparant le Cameroun
vers l'indépendance se caractérisa par la mise en place de ses
premières institutions sous la tutelle française et sous la
tutelle britannique. Dans la sphère française, nous avons la
création de l'union française en 1946 où les élus
camerounais participent dans les institutions de cette union telles que :
l'assemblée de l'union française, le conseil de la
république, le conseil économique et social. En plus de l'union
française furent créées des institutions locales telles
que : l'ATCAM (assemblée territoriale du Cameroun) en 1952 ; l'ALCAM
(assemblée législative du Cameroun) en 1957, favorisée par
« la loi-cadre » de Gaston Deferre de 1956 qui prévoit aussi
un conseil de gouvernement dirigé par un premier ministre (dont le tout
premier fut André Marie Mbida avec son vice- premier ministre Ahmadou
Ahidjo. Après plusieurs tractations, la citoyenneté camerounaise
est reconnue sur le plan international, ce qui amène l'ONU à
lever la tutelle sur le Cameroun le premier janvier 1960 permettant ainsi au
Cameroun d'être indépendant et que soit élu le 05 Mai 1960
Ahmadou Ahidjo le premier président de la république du Cameroun.
En ce qui concerne le Cameroun sous tutelle britannique, il est rattaché
au Nigeria et est administré par une classe politique divisée en
deux groupes : les anti-Nigéria conduits par John NguFoncha qui
créa en 1949 le KUNC (Kamerun United National Congres), qui devint en
1955 le KNDP (Kamerun National Democratic Party). Le deuxième groupe est
celui des pro-Nigéria avec pour leader le docteur Endeley Emmanuel qui
fonda pour sa part le CNF (Cameroun National Federation).Au rang des
élections, relevons celles de janvier 1959 remportées par John
NguFoncha, partisan de la réunification ; aussi celle des 11 et 12
fevrier 1961 organisées par l'ONU relativement à la position du
« northern » et du « southern Cameroon ». C'est ainsi
qu'à l'issue de la conférence de Foumban de 1961, la
réunification est proclamée, donnant naissance à la
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république fédérale du Cameroun
(RFC).Nous notons donc que la vie politique du Cameroun pendant cette
période était marquée par le multipartisme (de 1938
à 1966)4, la possibilité d'adresser des
pétitions et de prendre part aux élections. En d'autres termes,
une possible participation de la population à la vie publique de son
pays parmi tant d'autres. Mais cette possibilité bien qu'existante
formellement fut verrouillée dans les faits par les autorités en
place, ce qui conduit le Cameroun dans le monopartisme (de 1966 à 1990).
En effet, après son accession au pouvoir, le président Ahmadou
Ahidjo créa l'UNC (union nationale Camerounaise) en septembre 1966, qui
resta le seul parti en activité avant d'être remplacé le 24
Mars 1985 par le RDPC. Avec à la tête président Paul Biya.
Ce parti demeura aussi le seul parti jusqu'en décembre 1990. Ce fut
là le retour au multipartisme comme la résultante d'un ensemble
de revendications sociopolitiques. C'est à partir de cet instant que
furent légalisés de nombreux partis politiques, qui
participèrent même aux élections législatives du
1ER Mars 1992.Elles ne constituent que les premières d'une
longue liste d'élections (législatives, municipales et
présidentielles) qui furent organisées sur le territoire
Camerounais. Cette phase fut également marquée par un ensemble de
réformes sur le plan institutionnel : c'est le cas des
différentes modifications de la constitution (celle de 1972, celle du 18
janvier 1996 et celle du 14 avril 2008 ; c'est également le cas de la
mise en place des organes pour l'organisation et la gestion des
élections (l'ONEL remplacé le 29 décembre 2006 par
ELECAM). De plus, notons que ces reformes s'étendent à l'aspect
technique avec l'informatisation du fichier électoral, des cartes
d'électeurs et de l'ensemble des documents électoraux (lors du
double scrutin législatif et municipal du 22 Juillet 2007), le tout
couronné par l'adoption le 19 Avril 2012 du nouveau code
électoral introduisant la biométrie.
Nous notons ainsi que la population renoua concrètement
avec une possibilité accentuée de contribuer à la vie
politique de leur pays en décembre 1990. Puisque cette
possibilité existait même à l'époque du monolithique
(exemple des débats à l'intérieur du parti, juste pour
relever que la participation politique ne se limite pas au multipartisme). Mais
dans la ville de Douala, en dépit de cette mise en branle du processus
de démocratisation, cet engouement de la participation à la vie
publique du pays s'est éteint peu-à-peu au fil des années,
et lors des différentes élections et évènements
politiques. Partant alors du fait que la ville de Douala s'est accrue avec
l'exode rural et son lot de conséquences telles que les bidonvilles,
nous avons donc entrepris d'analyser ce phénomène de la
participation politique dans ces milieux parce qu'ils regorgent une part
importante de la population de cette ville.
4 Pigeaud (F.), Au Cameroun de Paul Biya, Paris,
Edition Karthala, 2011, PP.9-18
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Une telle recherche a ceci d'intéressant que sur le
plan pratique, elle nous plonge déjà au coeur de la
démocratie dans ces quartiers afin de voir comment elle se porte, s'y
manifeste et s'y vit. Egalement sous cet angle, elle pourrait permettre de voir
si ou comment dans le cadre de la décentralisation, les communes mettent
à contribution les populations de ces quartiers dans le processus de
développement communautaire. Sur le plan institutionnel, cette
étude pourrait permettre à l'organe en charge des
élections de définir des stratégies d'approche de ces
milieux pour une augmentation considérable des électeurs ou du
nombre d'inscrits sur les listes électorales. Sur le plan social, cette
recherche permettrait aux habitants de ces milieux de relever l'importance de
leur implication dans la gestion de la chose publique. Aussi, elle permettrait
à tout autre citoyen de toucher du doigt le vécu politique dans
ces milieux. Sur le plan scientifique, dans le cadre de la
pluridisciplinarité, elle a ceci d'intéressant que le regard
sociopolitique permettrait de ressortir les formes d'organisation de ces
populations relativement à l'accès de ces dernières aux
services de base et aux droits, ainsi que les formes d'agitations sociales et
politiques s'il y en a et enfin de savoir qui détient le pouvoir dans
ces lieux et ce qui conditionne leur implication politique.
Fort de tout ce qui précède, des questions
jalonnent notre esprit à savoir les populations dans ces zones
participent-elles à la gestion de la cité ? Si oui, sous quelles
formes ? Ou avant toutes formes de participations, comment
conçoivent-elles la politique et la participation politique ?
Afin d'apporter des réponses à ces questions,
nous nous fixons Comme objectif général : appréhender le
phénomène de participation politique dans ces milieux. Pour le
faire, nous nous proposons de ressortir spécifiquement :1) Ce qu'elles
entendent par participation politique 2) Qui détient le pouvoir dans ces
quartiers 3) Qui participe et comment 4) Le degré et le pouvoir de
participation, les raisons et déterminants de ce degré
d'implication politique.
C'est pour atteindre ces objectifs que ce mémoire se
déclinera en trois parties :
La première portera sur le cadre théorique et
méthodologique, articulée en deux chapitres. Le premier expose la
problématique, qui ressort le constat de la recherche, le
problème de recherche et la question de recherche ; et de la revue
critique de la littérature, qui fait l'économie des travaux
relatifs au sujet et clôture par l'opérationnalisation des
concepts, après avoir précisé notre originalité. Le
deuxième chapitre se consacrera à la méthodologie et plus
précisément pour évoquer les champs et les théories
mobilisées et clarifier la méthode, la logique, bref la
manière dont nous procèderons sur le terrain pour collecter et
analyser les données.
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La deuxième partie s'attardera sur l'imaginaire sociale
des habitants des bidonvilles et la question de la participation politique,
ainsi que les formes et degrés de participation politique dans ces
milieux. Subdivisée en deux chapitres, le premier qui est le
troisième de notre travail traitera de la représentation que ces
habitants ont de la participation politique en général et de la
politique en particulier. Le quatrième enfin s'appesantira sur le
recensement des formes et le degré d'investissement dans la chose
publique dans ces milieux.
Dans La troisième partie, nous toucherons les raisons
et les causes de ce faible degré d'implication politique. Ce qui sera la
tâche respective du cinquième et du sixième chapitre de
notre travail.
Notons d'entrée de jeu que ce travail s'est
effectué avec quelques difficultés. Elles sont liées
à notre domaine d'étude qui est la politique. C'est pour cela que
nous avons eu à affronter la réticence des habitants qui nous
considéraient comme des personnes peu fiables. Aussi, l'autre
difficulté réside au niveau de l'accès aux données
électorales spécifiques à chaque quartier.
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