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La participation politique dans les bidonvilles. Les cas de ?ewton-aéroport et de New-bell Douala.

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par Raouto Crazzilli NANTCHA
Université de Douala - MASTER II- DEA Sociologie  2015
  

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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES CAS DE NEW-TOWN
AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA

INTRODUCTION

Le bidonville, ce concept apparu en 1936 sous la plume1d'Augustin Berque, renferme en lui une réalité sociale particulière. Ces dernières décennies, il attire de plus en plus l'attention des chercheurs de différentes disciplines que ce soit géographes, anthropologues, politologues, économistes et sociologues. Ceci par le fait qu'il occupe des proportions de plus en plus croissantes dans le phénomène urbain. En effet, selon l'organisation des nations unies, plus de 35% de la population mondiale vivraient dans les bidonvilles. Au Cameroun,2 67% de la population urbaine du Cameroun vit dans les bidonvilles et ceci connaît une croissance annuelle de 5 ,5%. C'est face à cette situation que les chercheurs se sont intéressés à une étude sur les bidonvilles ; allant dans ce sens, une recherche sur la participation politique dans ces zones viendra apporter une plus grande compréhension de ce phénomène.

En effet, une brève incursion dans l'histoire politique du Cameroun3 nous permet de relever un ensemble d'éléments relatifs à son paysage politique et à la participation politique dans le pays en général et dans la ville de Douala en particulier. En effet, avant 1884, n'est pas défini, mais les différents peuples qui évoluent dans son territoire entretiennent de multiples échanges avec l'extérieur. Cependant, le tournant est pris avec « le traité germano-douala » du 12 juillet 1884 signé entre les commerçants allemands et les rois Akwa et Bell. Ce qui donna le droit au consul allemand Gustave Nachtigal de prendre possession de ce territoire au nom de l'empereur allemand Guillaume II. C'est ainsi que le Cameroun devint un protectorat allemand. A partir de là, l'évolution du Cameroun s'est effectuée en quatre étapes. La première fut le protectorat allemand de 1884 à 1916, impliquant que l'Etat protégé conserve les institutions traditionnelles en confiant à l'Etat protecteur le contrôle de sa politique étrangère, sa défense et sa monnaie. La seconde étape est la double administration franco-britannique, dont la première phase fut le condominium (entendu comme une forme spéciale d'administration collégiale d'un territoire par plusieurs puissances étrangères) franco-britannique de 1916 à 1919. Mais avec la fin de la première guerre mondiale en 1919 et la

1 BELAADI Ibrahim, Le bidonville : histoire d'un concept, article

2 www.rédaction-bonabéri.com

3Sindjoun (L.), Election et Politique au Cameroun : Concurrence Déloyale, Coalitions de Stabilité Hégémonique et Politique de l'Affection, Cameroun, African Association of Political Science, 1997, PP.89-121

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création en 1920 de la SDN (société des nations), le Cameroun change de statut et entre dans la deuxième phase qui est celle du régime de mandat international de 1919 à 1945. Ce nouveau statut consistait à confier la gestion de certains territoires à des puissances sous le contrôle de la SDN ; c'est ainsi que les populations avaient le droit d'adresser des pétitions au sujet de leur administration à la commission permanente des mandats. Cependant, avec l'éclatement de la seconde guerre mondiale, le Cameroun change une fois de plus de régime pour être sous celui de tutelle (qui est une solution transitoire destinée à favoriser l'évolution des populations vers la capacité à s'administrer elles-mêmes) qui va de 1945 à 1961. En effet, le 13 décembre 1946, l'ONU (organisation des nations unies) accorde la tutelle du Cameroun à la France et à l'Angleterre pour l'administration de leurs zones respectives selon leur législation, mais sous le contrôle du conseil de tutelle. Cette phase préparant le Cameroun vers l'indépendance se caractérisa par la mise en place de ses premières institutions sous la tutelle française et sous la tutelle britannique. Dans la sphère française, nous avons la création de l'union française en 1946 où les élus camerounais participent dans les institutions de cette union telles que : l'assemblée de l'union française, le conseil de la république, le conseil économique et social. En plus de l'union française furent créées des institutions locales telles que : l'ATCAM (assemblée territoriale du Cameroun) en 1952 ; l'ALCAM (assemblée législative du Cameroun) en 1957, favorisée par « la loi-cadre » de Gaston Deferre de 1956 qui prévoit aussi un conseil de gouvernement dirigé par un premier ministre (dont le tout premier fut André Marie Mbida avec son vice- premier ministre Ahmadou Ahidjo. Après plusieurs tractations, la citoyenneté camerounaise est reconnue sur le plan international, ce qui amène l'ONU à lever la tutelle sur le Cameroun le premier janvier 1960 permettant ainsi au Cameroun d'être indépendant et que soit élu le 05 Mai 1960 Ahmadou Ahidjo le premier président de la république du Cameroun. En ce qui concerne le Cameroun sous tutelle britannique, il est rattaché au Nigeria et est administré par une classe politique divisée en deux groupes : les anti-Nigéria conduits par John NguFoncha qui créa en 1949 le KUNC (Kamerun United National Congres), qui devint en 1955 le KNDP (Kamerun National Democratic Party). Le deuxième groupe est celui des pro-Nigéria avec pour leader le docteur Endeley Emmanuel qui fonda pour sa part le CNF (Cameroun National Federation).Au rang des élections, relevons celles de janvier 1959 remportées par John NguFoncha, partisan de la réunification ; aussi celle des 11 et 12 fevrier 1961 organisées par l'ONU relativement à la position du « northern » et du « southern Cameroon ». C'est ainsi qu'à l'issue de la conférence de Foumban de 1961, la réunification est proclamée, donnant naissance à la

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république fédérale du Cameroun (RFC).Nous notons donc que la vie politique du Cameroun pendant cette période était marquée par le multipartisme (de 1938 à 1966)4, la possibilité d'adresser des pétitions et de prendre part aux élections. En d'autres termes, une possible participation de la population à la vie publique de son pays parmi tant d'autres. Mais cette possibilité bien qu'existante formellement fut verrouillée dans les faits par les autorités en place, ce qui conduit le Cameroun dans le monopartisme (de 1966 à 1990). En effet, après son accession au pouvoir, le président Ahmadou Ahidjo créa l'UNC (union nationale Camerounaise) en septembre 1966, qui resta le seul parti en activité avant d'être remplacé le 24 Mars 1985 par le RDPC. Avec à la tête président Paul Biya. Ce parti demeura aussi le seul parti jusqu'en décembre 1990. Ce fut là le retour au multipartisme comme la résultante d'un ensemble de revendications sociopolitiques. C'est à partir de cet instant que furent légalisés de nombreux partis politiques, qui participèrent même aux élections législatives du 1ER Mars 1992.Elles ne constituent que les premières d'une longue liste d'élections (législatives, municipales et présidentielles) qui furent organisées sur le territoire Camerounais. Cette phase fut également marquée par un ensemble de réformes sur le plan institutionnel : c'est le cas des différentes modifications de la constitution (celle de 1972, celle du 18 janvier 1996 et celle du 14 avril 2008 ; c'est également le cas de la mise en place des organes pour l'organisation et la gestion des élections (l'ONEL remplacé le 29 décembre 2006 par ELECAM). De plus, notons que ces reformes s'étendent à l'aspect technique avec l'informatisation du fichier électoral, des cartes d'électeurs et de l'ensemble des documents électoraux (lors du double scrutin législatif et municipal du 22 Juillet 2007), le tout couronné par l'adoption le 19 Avril 2012 du nouveau code électoral introduisant la biométrie.

Nous notons ainsi que la population renoua concrètement avec une possibilité accentuée de contribuer à la vie politique de leur pays en décembre 1990. Puisque cette possibilité existait même à l'époque du monolithique (exemple des débats à l'intérieur du parti, juste pour relever que la participation politique ne se limite pas au multipartisme). Mais dans la ville de Douala, en dépit de cette mise en branle du processus de démocratisation, cet engouement de la participation à la vie publique du pays s'est éteint peu-à-peu au fil des années, et lors des différentes élections et évènements politiques. Partant alors du fait que la ville de Douala s'est accrue avec l'exode rural et son lot de conséquences telles que les bidonvilles, nous avons donc entrepris d'analyser ce phénomène de la participation politique dans ces milieux parce qu'ils regorgent une part importante de la population de cette ville.

4 Pigeaud (F.), Au Cameroun de Paul Biya, Paris, Edition Karthala, 2011, PP.9-18

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Une telle recherche a ceci d'intéressant que sur le plan pratique, elle nous plonge déjà au coeur de la démocratie dans ces quartiers afin de voir comment elle se porte, s'y manifeste et s'y vit. Egalement sous cet angle, elle pourrait permettre de voir si ou comment dans le cadre de la décentralisation, les communes mettent à contribution les populations de ces quartiers dans le processus de développement communautaire. Sur le plan institutionnel, cette étude pourrait permettre à l'organe en charge des élections de définir des stratégies d'approche de ces milieux pour une augmentation considérable des électeurs ou du nombre d'inscrits sur les listes électorales. Sur le plan social, cette recherche permettrait aux habitants de ces milieux de relever l'importance de leur implication dans la gestion de la chose publique. Aussi, elle permettrait à tout autre citoyen de toucher du doigt le vécu politique dans ces milieux. Sur le plan scientifique, dans le cadre de la pluridisciplinarité, elle a ceci d'intéressant que le regard sociopolitique permettrait de ressortir les formes d'organisation de ces populations relativement à l'accès de ces dernières aux services de base et aux droits, ainsi que les formes d'agitations sociales et politiques s'il y en a et enfin de savoir qui détient le pouvoir dans ces lieux et ce qui conditionne leur implication politique.

Fort de tout ce qui précède, des questions jalonnent notre esprit à savoir les populations dans ces zones participent-elles à la gestion de la cité ? Si oui, sous quelles formes ? Ou avant toutes formes de participations, comment conçoivent-elles la politique et la participation politique ?

Afin d'apporter des réponses à ces questions, nous nous fixons Comme objectif général : appréhender le phénomène de participation politique dans ces milieux. Pour le faire, nous nous proposons de ressortir spécifiquement :1) Ce qu'elles entendent par participation politique 2) Qui détient le pouvoir dans ces quartiers 3) Qui participe et comment 4) Le degré et le pouvoir de participation, les raisons et déterminants de ce degré d'implication politique.

C'est pour atteindre ces objectifs que ce mémoire se déclinera en trois parties :

La première portera sur le cadre théorique et méthodologique, articulée en deux chapitres. Le premier expose la problématique, qui ressort le constat de la recherche, le problème de recherche et la question de recherche ; et de la revue critique de la littérature, qui fait l'économie des travaux relatifs au sujet et clôture par l'opérationnalisation des concepts, après avoir précisé notre originalité. Le deuxième chapitre se consacrera à la méthodologie et plus précisément pour évoquer les champs et les théories mobilisées et clarifier la méthode, la logique, bref la manière dont nous procèderons sur le terrain pour collecter et analyser les données.

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La deuxième partie s'attardera sur l'imaginaire sociale des habitants des bidonvilles et la question de la participation politique, ainsi que les formes et degrés de participation politique dans ces milieux. Subdivisée en deux chapitres, le premier qui est le troisième de notre travail traitera de la représentation que ces habitants ont de la participation politique en général et de la politique en particulier. Le quatrième enfin s'appesantira sur le recensement des formes et le degré d'investissement dans la chose publique dans ces milieux.

Dans La troisième partie, nous toucherons les raisons et les causes de ce faible degré d'implication politique. Ce qui sera la tâche respective du cinquième et du sixième chapitre de notre travail.

Notons d'entrée de jeu que ce travail s'est effectué avec quelques difficultés. Elles sont liées à notre domaine d'étude qui est la politique. C'est pour cela que nous avons eu à affronter la réticence des habitants qui nous considéraient comme des personnes peu fiables. Aussi, l'autre difficulté réside au niveau de l'accès aux données électorales spécifiques à chaque quartier.

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PREMIERE PARTIE :

CADRE THEORIQUE ET METHOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

Pour produire tout savoir scientifique, il est important de modéliser son objet d'étude, afin de définir les aspects sur lesquels le travail s'appesantira, de faire un briefing sur ce qui a déjà été dit concernant le sujet. Aussi, il faut ressortir la manière dont on compte s'y prendre dans la pratique pour recueillir, analyser, étudier et démontrer le phénomène social qui a retenu notre attention. C'est donc là la raison d'existence de cette partie, car elle aura pour dessein la construction de la problématique de l'étude et la revue critique de la littérature dans le premier chapitre, la construction du cadre théorique et méthodologique de la recherche dans le second chapitre.

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CHAPITRE PREMIER :

PROBLEMATIQUE ET REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

Il sera question dans ce chapitre de mettre d'abord en exergue le constat de la recherche, ce qui empêche la compréhension de ce phénomène de participation politique dans la populace et la question de recherche. Avant de signifier notre position en passant par ce que les autres ont dit relativement à ce sujet.

1-1- CONSTAT, PROBLEME ET QUESTION DE RECHERCHE

1-1-1-constat de la recherche

La démocratie est un système politique dans lequel le pouvoir appartient au peuple. Il a comme idéal la participation ou l'implication de tous les citoyens dans la gestion de la société. Jean Jacques Rousseau 5(1762), l'un des théoriciens du contrat social relevait déjà les conditions à remplir pour l'effectivité de ce système politique à savoir : une grande simplicité de moeurs, un Etat petit, beaucoup d'égalité, peu ou point de luxe. Ces conditions ont été complétées par certains auteurs que nous évoquerons dans la revue critique de la littérature. Comme autres conditions, nous avons : une indépendance matérielle, un sentiment d'appartenance, les moyens de se faire entendre, la compétence. Le Cameroun adopte la démocratie suite au « vent d'est » de l'année 1990 et pour que l'implication soit effective, il s'est mis à l'heure de la décentralisation qui est le transfert de compétences aux collectivités territoriales décentralisées. Cependant dans les bidonvilles, les habitants s'intéressent peu ou pas a la gestion de la cité (41% de taux de participation dans Douala II lors des dernières élections législatives et municipales)6. En effet, ils sont peu à s'inscrire sur les listes électorales, quand bien-même ils se sont inscrits, peu sont ceux qui vont retirer leurs cartes d'électeurs et même en possession de leurs cartes, ils sont encore peu qui vont voter. Dans un autre aspect, ils ne s'intéressent pas beaucoup à la vie politique de leur quartier, encore moins de celle du pays ; en fait, ils ne s'intéressent pas aux émissions politiques dans les chaines de télévision et aux rubriques politiques dans les journaux.Alors que les pouvoirs politiques (ensemble des autorités chargées d'administrer un pays et d'édicter les règles de droit) de loin, relayés par les chefferies (qui sont les instances supérieures) au près, des ces quartiers,

5 Rousseau Jean Jacques, du contrat social (1762), paris, Gallimard 1983

6 Chef d'antenne ELECAM douala IIème

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mettent sur pieds les moyens et développent des stratégies visant à impliquer d'avantage les populations. Comme stratégies et moyens mis sur pieds, nous avons lors des échéances électorales, un dispositif de proximité qui est déployé (lieu d'inscription sur les listes électorales, de retrait des cartes d'électeurs et les centres de vote). Pour ce qui concerne les autres formes de participation politique, il y a une plus grande communication qui se fait autour des évènements politiques, que se soit à travers les médias (télévision, radios, presse), également à travers les comités qui sont crées au niveau des quartiers. Tout ceci, s'inscrivant dans le cadre du programme participatif d'amélioration des bidonvilles, il vise à les informer, à les sensibiliser quant' à la nécessite qu'il ya à définir ensemble les objectifs pour leur quartier et les moyens pour les atteindre.

1-1-2- Problème et question de recherche

Le problème de recherche c'est le constat d'une situation anormale que le chercheur doit expliquer et comprendre ; bref, elle part d'une difficulté ou d'un obstacle qui empêche la compréhension ou l'explication d'un phénomène7. Aussi, au regard des réalités évoquées ci-dessus et de cette pensée d'Arendt Hannah (1999) :

« Les problèmes politiques sont les problèmes de tout le monde ; les problèmes de tout le monde sont des problèmes politiques 8».

Ilse pose dans ce travail un problème de non-implication ou d'implication insuffisante des populations ou habitants de bidonvilles dans la gestion des affaires de leur quartier ou publiques. La question que l'on se pose est donc celle de savoir comment appréhender le fait que les habitants des bidonvilles ne s'impliquent pas suffisamment en dépit des efforts des pouvoirs publics allant dans le sens de la participation politique de tous ? En d'autres termes :

1) Les habitants des bidonvilles sont-ils motivés à s'impliquer dans la gestion de la chose publique ?

2) Quel lien existe-t-il entre la compétence politique et leur degré d'implication ?

3) Comment est-ce que l'existence ou non d'un espace de concertation avec les pouvoirs publics influence leur degré d'implication ?

4) Quelle est la place des déterminants sociaux dans ces formes et degrés de participation politique dans la populace ?

7Nga (ndongo valentin), « séminaire sur la confession et la production des travaux de recherche », département de sociologie, université de douala 2013

8 Arendt (hannah), la Coexistence Humaine et Participation Politique du Citoyen. Une Réévaluation de l'Espace Politique, 1999

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1-2- LA REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE

La revue critique de la littérature joue un grand rôle dans la conception d'une recherche, car elle permet de faire l'économie de ce qui a déjà été dit sur la question, de ne pas refaire ce que les autres ont déjà fait, afin d'avoir son originalité et de préparer son cadre théorique9. Ainsi, nous avons axé la notre autour de : participation politique, bidonvilles et participation politique dans les bidonvilles.

1-2-1- travaux relatifs à la participation politique

Avant de parler de la participation politique dans les bidonvilles, il est important de faire l'économie des travaux des uns et des autres sur la participation politique elle-même, en passant par le comportement politique et l'espace public.

B. Flasher 10(2012) dans ses travaux sur le sujet, nous rappelait d'abord le fait que l'idéal démocratique était ou est l'implication du peuple qui peut se faire à travers de nombreuses activités et aux travers de divers groupes ou associations ; rendant ainsi le citoyen actif et non plus passif. Il met également l'accent sur le fait que la participation pour qu'elle soit effective, certaines conditions doivent être remplies. Pour lui, la participation politique a ceci d'important qu'elle permet de responsabiliser politiquement le citoyen et le met en contact avec les hommes politiques pour la résolution des problèmes d'intérêt collectif il soulignait également qu'on avait comme dimension la participation conventionnelle et la participation non conventionnelle. Il n'évoquait déjà que le champ de la participation politique s'analysait à trois nivaux, géographique, économique et social, administratif.

Flasher ressort déjà ici le fait que la participation politique pour quelle soit effective, doit être sous-tendue par certaines conditions à savoir : un sentiment d'appartenance, un sentiment d'être pris en compte, une indépendance matérielle, une inclusion de toutes les composantes, catégories sociales, une recherche d'intérêt général et la prise en compte de toutes les dimensions de la citoyenneté.

A la question du pourquoi d'une faible participation des citoyens, il essaie de faire le rapprochement avec la démocratie représentative en faisant remarquer que celle-ci a ses limites dans le sens ou selon la problématique d'Hirschman(1991) qui s'appuie sur trois thèses : celle de l'inanité, des effets pervers et le vecteur du sentiment d'égalitarisme qui contribue en la mise en péril des libertés individuelles et du progrès économique tout ceci

9Gerard d'Ambrile, le Projet de Recherche de l'Administration, University Law, 1996 10 B Flasher, « la Participation Politique », PUL, article 2012

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s'expliquant par le fait qu'intrinsèquement, la représentation dans son mécanisme crée un décalage entre la volonté du peuple et les délibérations de ses représentants. De plus, elle remet au devant de la scène la volonté ancienne de tenir le pouvoir éloigné de la pression populaire ; comme le soulignait déjà Hamilton11 (1757-1804):

«Toute communauté se repartit entre l'élite et la multitude, entre les gens riches et bien nées, et la masse du peuple... turbulent, et inconscient, le peuple juge rarement avec raison. Donner donc dans le gouvernement une place distincte et permanente à cette première classe... »

Comme pour dire qu'il y a toujours cette intention permanente de discriminer ou de distinguer relativement à la position sociale ceux qui peuvent être impliqués dans la gestion de la cité.

Flasher(2012) postule que pour une effectivité de la participation politique, il faut que le concept de la citoyenneté (juridiquement renvoie à la jouissance des droits civiques attachés à la nationalité. Aujourd'hui, c'est le droit de vote aux consultations politiques, l'éligibilité, l'exercice des libertés publiques qui donne sens à la participation politique, enfin, l'accès aux fonctions d'autorité dans l'appareil de l'Etat.)12,soit rempli dans tous les sens afin qu'il n'yait pas une certaine exclusion. Ainsi, que cela passerait par la construction d'un espace public qui est un lieu abstrait où un ensemble d'interlocuteurs exercent sur les affaires collectives leur « raison pratique ». Raison conduisant les individus à se concevoir membres d'une communauté politique et subsumant ainsi les particularismes. Habermas (1929) soutient cela en soulignant que l'espace public est le lieu de production et d'échange publics d'arguments sur les affaires de la cité ; il est le lieu de communication entre les divers interlocuteurs qui sont les hommes politiques et les citoyens « ordinaires ». Renchérit-il : « le caractère public des échanges produit les effets de disqualification des « mauvais » arguments ». Cependant, pour l'auteur, l'espace public a pour effet négatif que le citoyen au niveau du quartier lorsqu'il sera confronté à des espaces publics plus grand pourra développer un complexe d'infériorité. Ceci renvoyant au «cens caché » de D. Gaxie (1978).

Il relève que le local est un niveau valorisé de la citoyenneté parce que, étant au plus près de leur préoccupation, il s'intéresse à la chose publique et que c'est à travers cela que la municipalité peut toucher du doigt les aspiration des populations et bénéficier de leurs énergies pour les satisfaire.

11 HAMILTON un des pères fondateurs de la constitution américaine

12 Armand colins, Guy Hermet, Pierre birnbaum, Philippe braud, Bertrand badie, Dictionnaire de Science Politique et des Institutions Politiques, paris, 1994, P 49

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La critique que l'on pourrait apporter ici est premièrement au niveau des conditions de la participation politique, car ce qui fait problème c'est que certains habitants quand bien même ils les remplissent ne s'impliquent pas parce que la situation l'arrange relativement à ses affaires. Aussi, parce que parfois lorsque plusieurs personnes s'impliquent, cela génère souvent les conflits, alors ils préfèrent se mettre à l'écart. De plus, concernant les effets négatifs de l'espace public à savoir le niveau du quartier si les élites amènent les populations ou le citoyen ordinaire à s'en tenir aux préoccupations de son quartier et à tenir compte du fait qu'il est un citoyen à part entière, il éviterait tout complexe et ainsi, serait au-dessus de toute considération d'ordre distinctif.

A la suite de B Flacher, D. Gaxie13 a effectué des travaux sur la participation politique à travers sa théorie du « sens caché » de la participation. Théorie dans laquelle il pense que comme la démocratie suppose que le citoyen possède une capacité à apprécier les enjeux et la symbolique du champ politique, cette capacité n'est pas donnée à tous dans les mêmes proportions. Il y a un inégal accès à la compréhension de la « chose politique » qui dépend en définitive, d'un habitus de classe. Dans un système démocratique ; cette inégalité conduit à une division entre d'une part les professionnels de la politique et d'autres part, les spectateurs et les indifférents doublement marqués par une faible maîtrise des schèmes de classification et d'évolution en rapport avec l'organisation politique et par une capacité réduite d'appréciation de la compétence politique.

Jacques T. Godbout14(1983) pour sa part soutient que la participation est un élément essentiel de la vie politique, car que ce soit dans la démocratie ou autre système politique, le citoyen n'est jamais entièrement extérieur à « son » gouvernement. Cette participation permet au citoyen de compenser une faible possibilité de retrait au sens d'Hirschman (1991). Cependant il souligne que cette participation est effective dans la démocratie directe, tous les membres étant ici actifs et décisionnels, contrairement à la démocratie représentative ou la relation entre gouvernement et gouvernés échappe en partie au principe de la participation.

Pour lui, participer politiquement renvoie à toute manifestation des citoyens « ordinaires » de ceux qui n'ont pas de pouvoir. Cette participation se faisant à travers un vote, l'appartenance à un comité au niveau du quartier, une manifestation. Il souligne en s'appuyant sur la description des nouvelles structures d'O'Neill, qu'il y a comme une

13 D Gaxie, le Cens Caché, le seuil, 1978

14Jacques T. Godbout, La Participation Politique : Leçons des Dernières Décennies, Collection Question de Culture, 1991, P 11-31

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diminution du pouvoir des citoyens, dont le rôle est déplacé en amont de la décision, au stade de son élaboration.

Philippe Braud15(2008) en considérant la participation politique comme l'exercice d'une citoyenneté dynamique et réfléchie, fait également ressortir qu'une partie insignifiante se mobilise activement pour la politique. Cette faible participation peut être sous-tendue par le coût inhérent à la mobilisation, le coût en temps, le coût en termes d'information, puisque l'implication politique demande une compréhension de ses enjeux.

Allant dans la même lancée que lui, Dominique Chagnallaud16(2010) souligne que seule une minorité politique participe activement à la vie politique.

Dominique Memmi17(1985) leur emboitant déjà le pas avait souligné que l'activité politique était en réalité pratiquée par une fraction de la population à savoir les militants et les professionnels de la politique qui cumulent plusieurs postes à la fois et composent18une sphère restreinte d'initiés qui vivent par et pour la politique.

Voici pour ce qui est de la participation politique en elle-même, qu'en est-il de cette participation en rapport avec les bidonvilles ? Mais bien avant, que pouvons nous relever sur les bidonvilles ?

1-2-2- Travaux relatifs aux bidonvilles

Plusieurs auteurs ont travaillés sur ce concept de bidonvilles. C'est le cas de :

François Aballea pour qui : « ce terme est née au Maghreb dans les zones portuaires de Casablanca au temps des splendeurs coloniales » etadopté pour signifier l'habitat précaire et insalubre. Ce terme selon R. Descloitre, apparaît pour la première fois sous la plume d'A. Berque en 1936. Ce concept prend d'autres noms dans d'autres pays relativement à leur langue et signifie autres choses. Par exemple l'anglais parle de « slums » (taudis), « shantytowns » (villes déchets), « squatter settlements et substandard settlements » (établissements d'occupants illégaux et établissements ne répondant pas aux normes) ; le Brésil parle de « Favelas ». Dans la langue française le terme bidonville est utilisé pour signifier des établissements irréguliers illicites, sous-intégrés, marginaux, incontrôlés, spontanés, non planifiés, clandestins, anarchiques.

15Philippe Braud, Sociologie du Politique, 2008

16Dominique chagnollaud, « Science Politique », 2010 17Dominique memmi, Engagement Politique, 1985

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Farouk Benatia19(1980), qui renvoie, le bidonville à : « ce quartier isolé, aux abords de la grande ville établi sur un terrain choisi pour sa discrétion et non pour ses avantages urbanistes, composés d'habitations précaires ou barack de planches de tôles, démuni d'eau courante, d'électricité, de gaz de ville, d'égouts, de routes goudronnées, et échappant en quelques sortes à la gestion municipales ». Cette définition évoque ici la position géographique, la nature de construction, les matériaux de construction, l'accès aux services de base ou infrastructures de base. Cependant, elle n'est pas exhaustive et n'épuise pas la réalité urbaine du bidonville selon Belaadi Brahim (2001).

Jean Marc Ela20(1983), qui en étudiant la ville en Afrique noire a abordé le concept de bidonville. Pour lui, il est la résultante de la manière donc a été pensée la ville en Afrique noire, le phénomène de migration qui repose sur les facteurs attractifs de la ville. Mus par le mirage urbain, ces individus se déplacent massivement vers les villes, accroissant ainsi la population urbaine qui n'est plus en adéquation avec les infrastructures, les ressources de ce nouveau milieu et l'offre d'emploi ; quand bien même certains en ont, le revenu n'est pas de nature à leur permettre de supporter le mode de vie urbain. C'est ainsi que ces derniers s'entassent dans les bas-quartiers, quartiers pour petits peuples, les bidonvilles où l'urbanisme fait défaut, quartiers pour travailleurs sous-payés ou à faible revenu, où se vivent la misère, l'insalubrité, une forte pression démographique, l'insécurité, l'impraticabilité des routes en saison pluvieuse. L'auteur laisse également entendre que ce sont des zones « où les hommes sans espoir n'ont pour évasion que les débits de boissons » ; zones de prostitution, des inégalités, d'habitats spontanés, d'accès insuffisant à l'eau, inondation. « Les formes d'habitation traduisent les niveaux de différenciation sociale »21

Motaze Akam22(1991) s'appuyant sur les travaux de Jean Marc Ela, conçoit les bidonvilles comme les lieux des travailleurs sous-payés, d'entassement des milliers de jeunes qui ont fait de la migration urbaine leur stratégie de survie, de la misère urbaine. Se caractérisant par des cagibis en tôle rouillé, l'habitat traditionnel, la poubellisation, les contraintes d'eau potable, d'énergie électrique, les encombrements humains dans les rues. Les chambres où s'observent la promiscuité, la cherté de la vie, la famine, les inégalités et injustices sociales.

19 Farouk benatia, Alger, Agrégat ou Cite, Rheghaia, sned,1980, PP226

20Ela Jean Marc, la ville en Afrique noire, Karthala, paris, 1983 P71-99

21Ela Jean Marc, op cit

22Motoze AKAM, Sociologie de Jean Marc Ela : les voies du social, l'Harmattan, Paris, 2011 P56 - 57

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René23 Dumont (1991) à son niveau aborde le concept de bidonville en ces termes :

« Les plus démunies, en ville sont à tel point privés de ressources que quoique l'on fasse, pour essayer de construire des logements économiques, leur pris de revient les rendra pour eux inaccessibles. Ils peuvent bien sûr-ils le font chaque jour-se bâtir eux-mêmes des logements « spontanés » grâce aux ressources locales.»

Ainsi, à son sens, ce qui justifie le nom de bidonvilles ce sont : les ruelles fort étroites qui descendent vers ce marais sont déjà en saison sèche24 plein de boue, il n'ya pas d'égouts, ni de latrines.

Les bidonvilles, habitats des populations à faibles revenus pour Philippe Bissek25(1994), renvoient à la conséquence classique de l'exode rural. Ces zones échappent au contrôle des pouvoirs publics et ont pour corollaires partout où elles se manifestent :la taudification, l'insalubrité et la promiscuité. Les bidonvilles constituent la réponse à un problème identique : accueillir et abriter les populations à faibles revenus ou sans revenu du tout ; on y retrouve toutes les formes de construction (tentes, maçonneries, poteries, embarcation panneaux de bois, prise, poto-poto, qui font appel à la récupération et ils trouvent leur assise presque toujours dans les zones impropres à la construction `marécages, escarpement...)

Au Cameroun, à l'occasion d'un atelier sous régional de la méthodologie sur programme participatif d'amélioration des bidonvilles, le ministre du développement urbain et de l'habitat laissait entendre que les bidonvilles sont dans ces quartiers notamment la très forte prévalence du paludisme, du VIH/SIDA et des maladies hydriques, le taux de déperdition scolaire élève et la dépravation des moeurs et abus de toutes sortes » Clobert Tchatat26. Que retenir donc da la participation politique dans les bidonvilles ?

1-2-3- Travaux relatifs à la participation politique dans les bidonvilles

Une mission menée par le service de lutte de Bruxelles sur la participation politique et le plan d'action nationale d'inclusion sociale, nous permet d'avoir une autre approche de la participation car leur population cible était les associations de pauvres. Selon leur compte rendu, les associations s'impliquent pour quatre raisons :

- Pour de changements sociaux pouvant être favorables aux pauvres ;

23René dumont, Démocratie pour Afrique, Seuil, Février 1991P 185 - 186 24Motazeakam, op.cit.

25Philippe bissek, Habitat et Démocratisation au Cameroun, Karthala, 1994, PP 11-12. 26 Www rédaction - bonabéri.com

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- Ces personnes en s'impliquant dans la vie sociale et politique retrouvent force et perspective de vie ;

- Cela permet qu'il n'y ait pas un écart entre leurs besoins réels et les politiques élaborées ;

- Elle permet une évaluation précise des politiques mises en application.

Il en ressort donc que pour elle, la participation politique renvoie à toute forme de contact entre la population concernée, les autorités et les instances politiques.

Ainsi, pour qu'il y ait participation, il faut que :

- Les instances politiques considèrent la spécification des associations ;

- Les associations disposent des moyens nécessaires ;

- Un accord entre ceux qui prennent part :

- De la disponibilité

- Une formation de ceux qui prennent part ;

- Il y ait une sensibilisation de la société ;

- Il ait une approche selon les niveaux de pouvoir

Gilles Seraphin27(2000) en recherchant le rapport entre la population avec les différentes formes d'autorité et ses revendication politiques sociales et économiques, laisse entendre que pour les démunis, c'est subir la politique avec comme possibilité « supporter ». Même si ces derniers refusent également, ils s'expriment en ces termes ; « on va faire comment », « on supporte non ? »

Raymon shudon28(2008), poirier et S. Yates dans un article collectif relève que l'abstention aux élections et la réticence des individus à l'égard de la politique expriment que

la participation politique ne se résume pas à la participation électorale3.

Daniel Armah-Attoh29(2006) dans ses études sur la participation politique au Ghana, s'appuie sur la définition que donne Jan Theorell (1903-1982) et AL à la participation politique (comme étant ce qui permet aux citoyens d'exprimer leurs doléances par le biais de nombreux moyens et de se faire entendre par ceux qui sont en position d'autorité) , et relève que les différents moyens par lesquels les citoyens s'impliquent sont : le vote, les lettres

27Gilles Seraphin, Vivre à Douala, l'Imaginaire et l'Action dans une Ville Africaine en Crise, l'Harmattan, 2000, P 216-217

28R. Hudan, Christian. P, STEPHANIE. Y, Participation Politique, Expression de la Citoyenneté et Formes Organisées d'Engagement: la Contribution des Coalisions à un Renouvellement des Conceptions et de Pratiques, Politiques et Société, vol.27, no 3, 2008, p.170

29Daniel Akmar-Attoh, « Participation Politique et Perception Populaire de la Responsabilité au Ghana », ariticle, Mars 2006

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adressés aux élus, les campagnes en faveur d'un parti politique, la signature d'une pétition et la participation à une marche de protestation ; bref toute activité qui influence directement ou indirectement le processus de prise de décision.

Achille Mbembe (1988), pour sa part a mené une réflexion sur le politique par temps de disette30, et relève que les obstacles à l'éclosion d'une citoyenneté individualiste qui est la base d'une culture démocratique sont : les préjugés ethniques, le faible niveau de scolarité et les contraintes politiques internes ou liées à l'environnement international. Il laisse également entendre que :

« L'option dite « Démocratique » ne sera viable qu'après qu'ait été atteint et dépassé un certain seuil de revenus par tête d'habitants et un niveau de vie qui seuls, la rendent viable »31

Faute de quoi, selon lui les africains ne prioriseront que la satisfaction des exigences matérielles et alimentaires sur d'autres par conséquent, ce sont les attentes matérielles (l'attente du manger) qui orientent les représentations, nourrissent les rêves, déterminent les attitudes et les gestes, induisent les choix symboliques, et donnent lieu à la construction des idiomes politiques. 32

Soutenant sa thèse selon laquelle la participation ne renforce pas la démocratie, mais peut au contraire restreindre les champs de la représentation, il fait l'opposition entre la théorie des participationnistes et celle des élites. Il cite Mendes, participationniste qui affirme que :

« La démocratie ne consiste pas à mettre périodiquement un bulletin de vote dans une urne, à déléguer les pouvoirs à un ou à plusieurs élus, puis à se désintéresser, s'abstenir, se taire, pendant cinq (5) ans, pendant sept (7) ans. Elle est action continuelle du citoyen, non seulement sur les affaires de l'État, mais sur celles de la région, de la commune [...] La démocratie n'est efficace que si elle existe partout et en tout temps. Le citoyen est un homme qui ne laisse pas à d'autres le soin de décider de son sort. Il n'y a pas de démocratie si le peuple n'est pas constitué de véritables citoyens, agissant constamment en tant que tel » et Michel Debré déclarant... Relativement à la participation dans la démocratie représentative, il souligne que :

« ...si une société opte pour la démocratie représentative, elle ne peut pas étendre indéfiniment la participation de tous aux décisions elles-mêmes (aux autres décisions que

30Achille Mbembe, Afriques Indociles, Christianisme, Pouvoir et Etat en Société Postcoloniale, Karthala, 1988 P153-177

31Mbembe(achille), op cit, p 156

32 Ibid. PP196-157

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celles de choisir ceux qui décident à la place des autres) sans affecter le mécanisme et l'importance des décideurs »

Comme pour dire que la démocratie représentative et la démocratie participative sont complémentaires jusqu'à un certain niveau, au delà duquel il faudra privilégier soit le choix des décideurs ou le choix des décisions.

Cet auteur est évoqué ici pour présenter la conception de la démocratie selon les participationnistes et les élites ; car c'est quelque peu cette situation qui se vit dans les bidonvilles, surtout la conception des élitistes. Cependant la critique qui peut être faite est que la démocratie qu'elle soit directe ou représentative s'enrichit de la participation des citoyens à la vie politique.

UN-Habitat33 après certaines de ses études sur les bidonvilles souligne que même si les habitants des taudis ont le droit de vote, ils n'auront qu'une faible influence politique, si les taudis et les établissements dans lesquels ils vivent sont de petites tailles et dispersés. Selon eux, les taudis sont aussi l'expression de l'exclusion politique car une part toujours croissante de leur habitant pouvant atteindre 75% a moins de 25 ans et n'a pas que peu de voix au chapitre qui les concerne.

Dans leur étude, elle a retenue quelques axes : le rôle de l'identité des castes et des partis politiques dans la participation politique des habitants des bidonvilles de Delhi. Dans le cadre de l'Afrique, en Avril 2006 au Kenya, elle s'est proposé d'examiner la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement en Afrique et les stratégies visant à satisfaire l'engagement pris au sujet des taudis. Il s'est manifesté une volonté politique accrue de faire face aux problèmes des taudis les organisations des partis politiques dans les bidonvilles ainsi que les formes et les moyens de la participation des habitants des bidonvilles, concernant leur accès au ressources urbaines, publiques et privées. Le travail implique de reconstituer les chaînes causales et de relier des acteurs politiques distants (par exemple une institution internationales et les habitants d'un bidonville) et de montrer en quoi leurs choix politiques sont responsables de l'exclusion d'autres qu'ils s'agissent des populations urbaines pauvres, des peuples indigènes, des femmes, des personnes.

Comme critique, UN- Habitat est dans une approche macro car parlant ici des relations entre le gouvernement central et les taudis, ainsi qu'avec les institutions internationales, alors que s'agissant de cette participation politique dans ces taudis, il faut aussi intégrer une

33www. CSH-DELHI.COM

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approche micro, car avec la décentralisation, le problème peut aussi venir des habitants de ces quartiers.

Jérôme Lafargue34(1996) dans ses travaux sur la sociologie de la protestation en Afrique relève que dans les bidonvilles, La conscience des intérêts communs est souvent brisée par l'autonomisation des stratégies individuelles et par la dépendance. Aussi, les pauvres n'agissent pas souvent de façon unie et cohérente, car leur pauvreté aux causes multiples entravent l'esprit de mobilisation.

Grâce aux travaux du sociologue Louis Favreau, nous avons le cas d'un bidonville qui est devenu une municipalité avec la participation des habitants. Ce qui nous intéresse ici c'est comment est que villa el Salvador a amené ses habitants à participer.

L'auteur fait ressortir ici que cela a été possible grâce aux membres d'un réseau des groupes de femmes et d'une structure administrative démocratique des associations de quartier, qui a des représentants dans chaque bloc d'habitations. Bref par une concertation pour définir ensemble les priorités de leur quartier, ils ont procédé par une approche de proximité fait par les jeunes du quartier.

Compte tenu du fait que la signification que l'on accorde aux bidonvilles varie en fonction des pays, des zones ou des régions, et que la participation politique dépend des systèmes et des régimes politiques existants, l'analyse de ce phénomène sera fait dans le sens du fait socialtotal de Marcel Mauss (1968) qui le conçoit comme :

« Les faits que nous avons étudiés sont tous, qu'on nous permette, des faits totaux ou, si l'on veut- mais nous aimons moins le mot- généraux : c'est-à-dire qu'ils mettent en branle dans certains cas la totalité de la société et des institutions et d'autres cas seulement un très grand nombre d'institutions, en particulier lorsque ces échanges et ces contrats concernent plutôt des individus »35

Nous adopterons cet angle de vue, afin de saisir comment la participation politique dans les bidonvilles se présente dans le contexte camerounais.

A l'issue de ce chapitre, nous avons ressorti le paradoxe de ce sujet et recensé les travaux y relatifs. Dès lors, il est indispensable définir comment nous allons procéder pour appréhender ce phénomène.

34Jérôme Lafargue, Contestations Démocratiques en Afrique : Sociologie de la Protestation au Kenya et en Zambie, Karthala, Paris, 1996 35 Mauss (marcel), Essai sur le Don : Formes et Raisons de l'Echange dans les Sociétés Archaïques, in Sociologie et Anthropologie, 4éd PUF, 1968

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CHAPITRE DEUXIEME :

CADRE THEORIQUE ET ELABORATION DE LA METHODE DE RECHERCHE

La science se caractérise par un objet d'étude et une méthode. Ainsi, on ne peut mener une recherche sans méthodologie, car elle représente un guide de recherche nous permettant de collecter les données qui seront nécessaires pour l'analyse. C'est pour cela que dans ce chapitre, nous ressortirons les champs sociologiques mobilisés, les théories utilisées, les hypothèses et la méthodologie sollicitée.

2-1- CHAMPS SOCIOLOGIQUES MOBILISES, THEORIES UTULISEES ET HYPOTHESES

2-1-1- Champs sociologiques mobilisés

Dans le cadre de notre travail, nous nous situons d'abord dans le champ de la sociologie politique. Qui est l'utilisation des principes sociologiques pour l'étude des faits politiques, c'est-à-dire des faits en relation avec la notion de pouvoir. Autrement dit, la sociologie politique se pose la question de savoir à qui appartient le pouvoir et qui le gère. Le pouvoir entendu ici comme étant la capacité de faire triompher sa volonté dans une relation sociale selon Max Weber 36(1919). Aussi, c'est la capacité d'obliger tous les membres à se soumettre à des lois et à respecter un certain nombre de politiques internes au sens de Guy Bajoit37(2004). Dans une approche conflictuelle il renvoie à la capacité pour une classe sociale à atteindre ses objectifs.

En plus de la sociologie politique, nous sommes dans une sociologie du « monde d'en bas ». En effet, nous travaillons sur les bidonvilles, considérés comme des milieux des petits gens, des « en bas d'en bas », des « laissés-pour-compte », des « gens sans importance ». Aussi les milieux de débrouillardise, de bricolage utilisé par ces derniers pour résoudre leurs problèmes quotidiens de vie et de survie.38

36 Weber (max), Le Savant et le Politique, 1919

37Bajoit (guy), Le Changement Social : une Approche Sociologique des Sociétés Occidentales Contemporaines, Collection Cursus-Armand Collin, 2004

38Ela (jean marc), Innovations Sociales et Renaissance de l'Afrique Noire, les Défis du « Monde d'en bas », Paris, l'Harmattan, 1998

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2-1-2- Théories mobilisées

Selon Gingras39(1993) :

« La théorie est un ensemble de propositions logiquement reliées, encadrant un plus ou moins grand nombre de faits observés et formant un réseau de généralisation dont on peut dériver des explications pour un certain nombre de phénomènes sociaux ».

Comme pour dire que la théorie est la partie langagière de la science, qui a pour but de soutenir des explications susceptibles de rendre compte de n'importe quel phénomène social en écartant d'emblée les explications courantes40. Ainsi, afin de mieux appréhender ces réalités, nous avons opté pour trois théories, à savoir :

2-1-2-1-La théorie de la participation

La participation désigne des procédures, démarches ou tentatives de donner un rôle aux individus dans une prise de décision affectant une communauté. Ce qui caractérise cette théorie de la participation c'est le passage d'un potentiel à un acte, indépendamment du succès obtenu, il ne s'agit dont pas d'évaluer l'action en terme de lien résultats/buts (efficacité) ou résultats/efforts (efficience), mais en terme de lien efforts /potentiels .elle s'appuie sur une double hypothèse :

En amont, plus on est motivé, plus on participe.

En aval, plus on participe, plus on obtient les résultats satisfaisant.

La consultante Américaine Sherry A. Arnstein dans son ouvrage A ladder of cidizen participation, en 1969, ressort huit niveaux de participation des citoyens au projet les concernant. Cette échelle est toujours utilisée par les sociologues pour analyser la manière dont les pouvoir publics informent voire, font participer le citoyens aux prises de décisions.

Le premier niveau est celui du contrôle citoyen : il s'agit ici qu'une communauté locale

gère d'une manière autonome un équipement ou un quartier.

Le deuxième c'est celui de la délégation du pouvoir : ici, le pouvoir central délègue à la communauté locale le pouvoir de décider d'un programme et de le réaliser

Le troisième c'est celui du partenariat : la prise de décision se fait à travers une négociation entre les pouvoirs publics et les citoyens.

Le quatrième renvoie à la conciliation : quelques habitants sont admis dans les organes de décision et peuvent avoir une influence sur la réalisation du projet.

39 Gingras, Recherches en Sciences Sociales, Quebec, Presses Universitaires du Quebec, 1993, p.114 40Yomb (jacques), les Courants Sociologiques, 2èmes années licence, Université de Douala, 2008-2009

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Le cinquième niveau est celui de la consultation : des enquêtes ou des réunions publiques permettent aux habitants d'exprimer leur opinion sur les changements prévus

Au sixième niveau, il est question d'information : ici, les citoyens reçoivent une vraie information sur les projets en cours, mais ne peuvent donner leur avis

Au septième, il s'agit de la thérapie ou traitement des problèmes rencontrés par les habitants, sans aborder les vrais enjeux.

Enfin, le huitième niveau renvoie à la manipulation. Ici, l'information est biaisée et utilisée pour « éduquer » les citoyens en leur donnant l'illusion qu'ils sont impliqués dans le processus.

Son utilisation réside ici dans le fait qu'elle nous permettra d'analyser la manière dont les pouvoirs publics informent, voire font participer les citoyens aux prises de décisions. Aussi d'analyser le degré de participation pour voir s'il y'a un pouvoir effectif des populations, ou alors une coopération symbolique, ou tout simplement pas de participation des populations dans ces quartiers.

Mais cette théorie est beaucoup plus utilisée dans la sociologie du développement, c'est pour cela que nous ferons juste une transposition sans l'appliquer dans tous ses paramètres, puisque nous somme dans le domaine politique. Aussi, cette théorie ne pourrait pas nous permettre de comprendre ou alors de saisir les rapports de sens, les significations que les habitants des bidonvilles donnent à leur implication insuffisante. D'où la mobilisation d'une deuxième théorie : celle du « cens caché » de la participation de Daniel Gaxie (1978).

2-1-2-2- La théorie du « cens caché » de la participation de D. Gaxie

Cette théorie est développée par D. Gaxie en 1978 dans son ouvrage le Cens caché. Elle stipule que : dans un régime censitaire, la participation au vote est subordonnée soit à la détention d'un patrimoine, soit à la perception d'un revenu. Les régimes démocratiques contemporains reposent par contre sur le suffrage universel. Or, pour D. Gaxie, qui s'inspire des travaux de P. Bourdieu (2000), il existe un « cens caché ». Selon lui, la démocratie suppose que le citoyen possède une capacité à apprécier les enjeux et la symbolique du champ politique. Or cette capacité n'est pas donnée à tous dans les mêmes proportions. Il y a un inégal accès à la compréhension de la « chose publique » qui dépend, en définitive, d'un habitus de classe. Dans un système démocratique, cette inégalité Conduit à une division entre d'une part, les professionnels de la politique et, d'autre part, les spectateurs et les indifférents, doublement

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marqués par une faible maîtrise des schémas de classification et d'évaluation en rapport avec l'organisation publique et par une capacité réduite d'appréciation de la compétence politique.

De cette théorie, il ressort que l'abstentionnisme et sa permanence sont le résultat d'une tendance liée à l'inégale distribution du capital culturel dans les sociétés occidentales. Son importance ici réside dans le fait qu'elle peut nous permettre de comprendre le sens ou la signification qui se cache derrière la participation ou la non-participation dans la gestion de la cité des habitants de « bidonvilles ». Nous l'utiliserons dans ces milieux en cherchant à toucher du doigt les connaissances que ces habitants ont concernant la gestion de la chose publique et des rapports entre gouvernants et gouvernés. En mettant également l'accent sur le genre, en tant que notion qui renvoie au sexe masculin ou au sexe féminin. Puisque dans la société africaine en général et au Cameroun en particulier, la femme n'a pas le même statut que l'homme. En effet, elle constitue une catégorie sociale marginalisée qui subit les effets cumulés de la discrimination de genre de la société traditionnelle africaine, comme le relève Stella Nana-Fabu41.In addition, she says that :

«Her economic role played a crucial part in determining her overall status in society»42

Ce qui signifie que le désavantage qu'elles ont dans la sphère économique est le même dans le domaine politique. C'est donc pour ces raisons que cette théorie nous amènera à jauger leur culture politique qui passe par la socialisation politique afin de mieux cerner la conception que ces habitants ont de la chose publique.

Cependant, cette autre théorie ne permet que d'avoir une approche compréhensive de ce phénomène. Or nous voulons avoir une approche du « fait social total » de cette réalité. Aussi, nous envisageons voir la place des déterminants sociaux dans une approche explicative de ce phénomène. Ce qui nous amène à utiliser le déterminisme social d'Emile Durkheim (1897).

2-1-2-3- Le déterminisme social

Cette théorie est développée par Emile Durkheim dans son ouvrage le Suicide (1897). Il oriente cette théorie dans le sens qu'il voulait qu'on considère les faits sociaux comme des choses en les étudiants d'un point de vue extérieur, pour que leur explication émane de l'observation de ces dernières. Ainsi, le déterminisme social est un courant de pensée qui

41www.mboa.info: interview du PR. Stella Nana-Fabu sur les églises reveillées, réalisée par william tchango le 14 Avril 2011 à 13H01 minute

42Nana-Fabu, S., «An Analysis of the Economic Status of Women in Cameroon» in Journal of International Women's Studies, Vol 8, Article 11, Novembre 2006, P.151

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consiste à montrer que les faits apparemment isolés et atomisés s'insèrent dans une logique qui valorise les déterminants sociaux.

Cette théorie permettra de voir si le degré de participation politique dans ces lieux n'est pas conditionné par les déterminants sociaux tels ; le niveau d'étude, le niveau de revenu, les catégories sociaux professionnelles etc.

2-1-3- Hypothèses

La construction des hypothèses est une étape essentielle de toute recherche, puisqu'elles mettent en relief les relations que le chercheur vérifiera la justesse dans la partie empirique du travail. Dès lors, l'hypothèse est une proposition de réponse à une question de recherche.

Dans le cadre de notre recherche, nous pouvons avoir comme hypothèses avec pour objet d'étude ou variable dépendante la participation politique ou le degré de participation politique.

Notre hypothèse générale s'articule comme suit : l'implication politique des habitants des bidonvilles est relative à la compétence politique qu'ils recèlent et aux déterminants sociaux.

1) Plus les habitants des bidonvilles sont motivés plus ils participent aux projets politiques de leurs quartiers

2) Le degré de participation de ces habitants est fonction de la compétence politique qu'ils recèlent

3) Le degré d'implication de la population est relatif à la capacité pour les pouvoir publics à inclure chacun à travers la concertation.

4) Le degré de participation des bidonvilles dépend de leur niveau d'étude.

5) Le degré de participation des habitants dépend de leur capital économique

2-1-4-Définition des concepts

Dans cette recherche, les concepts majeurs sont ceux de participation politique et de bidonville, qu'il est important, voire même primordial de définir et d'opérationnaliser.

2-1-4-1- La participation politique

« La politique c'est l'art de gérer la cité » au sens d'Aristote (330 avant Jésus Christ). Participer c'est mettre en oeuvre ses ressources personnelles pour agir avec les autres et prendre part à une action commune. Ce qui caractérise la participation, c'est le passage d'un

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potentiel à un acte indépendamment du succès obtenu. Il ne s'agit donc pas d'évaluer l'action en terme de liens résultats/buts (efficacité) ou résultats/efforts (efficience), mais en termes de lien efforts/ potentiels.

Par participation, on entend selon B. Denni et P.Lecomte43 :

« l'ensemble des activités par lesquelles les citoyens sont habilités à entrer en contact avec l'univers sacré du pouvoir toujours de façon superficielle ou éphémère et en respectant certaines contraintes rituelles »

Pour Jacques T. Godbout44(1991), la participation politique renvoie à l'identification ou toutes manifestations des citoyens « ordinaires », de ceux qui n'ont pas le pouvoir.

Selon Philippe Braud dans sociologie du politique (2008) la participation politique renvoie à :

« L'ensemble des activités, individuelles ou collectives, susceptibles de donner aux gouvernés une influence sur le fonctionnement du système politique »45

De ces définitions, il ressort que la participation politique renvoie à une implication de tous les citoyens (ceux étant au pouvoir et ceux ordinaires) dans la gestion de la cité. Elle a pour but d'agir plus ou moins directement, sur la sélection du personnel politique et /ou sur les actions qu'il entreprend.

Avant d'opérationnaliser ce concept, il est important de souligner que les formes de participation politique varient selon les systèmes de valeurs et les régimes politiques existants. Ainsi, l'opérationnalisation de ce concept laisse ressortir comme dimension ; la participation conventionnelle avec comme indicateurs.

? La participation électorale revoyant à l'exercice du droit de vote

? La participation partisane renvoyant aux relations avec les partis politiques ou élus aux campagnes électorales, adhésions partisanes, activités militantes

? Par extension, Nonna Mayer46évoque qu'elle peut également renvoyer à l'intérêt porté à la vie politique par l'écoute des émissions politiques, lecture de la presse.

Et la participation non conventionnelle ou protestataire avec comme indicateurs : ? Manifestations légales telles signer une pétition, manifester et faire la grève

43B. Denni le Comte, Sociologie du Politique, 1990

44Jacques. T. godbout, « La Participation Politique : leçon des dernières décennies », (1991), P7 45 Philippe braud, Sociologie du Politique, 6 Edition, 2002

46Nonna Mayer et Pascal Perrineau, Les Comportements Politiques, PP15-18

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? Manifestation violente : dégradation des bâtiments, séquestration, destruction des documents, affrontements physiques

? Action individuelle, collective (grève de la faim ou mobilisation de groupes) Bref, la participation politique ne peut se concevoir en dehors de la notion de citoyenneté.

2-1-4-2- Les bidonvilles

Afin de définir ce concept, il faut remonter à ses origines : selon François Aballea : « ce terme est née au Maghreb dans les zones portuaires de Casablanca au temps des splendeurs coloniales » et adopté pour signifier l'habitat précaire et insalubre. Ce terme selon R. Descloitre, apparaît pour la première fois sous la plume d'A. Berque en 1936. Ce concept prend d'autres noms dans d'autres pays relativement à leur langue et signifie autres choses.Par exemple l'anglais parle de « slums » (taudis), « shantytowns » (villes déchets), « squatter settlements et substandard settlements » (établissements d'occupants illégaux et établissements ne répondant pas aux normes) ; le Brésil parle de Favelas.Dans la langue française le terme bidonville est utilisé pour signifier des établissements irréguliers illicites, sous-intégrés, marginaux, incontrôlés, spontanés, non planifiés, clandestins, anarchiques.

Pour Farouk Benatia47, le bidonville est :

« ce quartier isolé, aux abords de la grande ville établi sur un terrain choisi pour sa discrétion et non pour ses avantages urbanistes, composés d'habitations précaires ou barack de planches de tôles, démuni d'eau courante, d'électricité, de gaz de ville, d'égouts, de routes goudronnées, et échappant en quelques sortes à la gestion municipales ».

Cette définition évoque ici la position géographique, la nature de construction, lesmatériaux de construction, l'accès aux services de base ou infrastructures de base. Cependant, elle n'est pas exhaustive et n'épuise pas la réalité urbaine du bidonville selon Belaadi Brahim.

Jean Marc Ela48, en étudiant la ville en Afrique noire a abordé le concept de bidonville. Pour lui, il est la résultante de la manière donc a été pensée la ville en Afrique noire, le phénomène de migration qui repose sur les facteurs attractifs de la ville. Mus par le mirage urbain, ces individus se déplacent massivement vers les villes, accroissant ainsi la population urbaine qui n'est plus en adéquation avec les infrastructures, les ressources de ce nouveau milieu et l'offre d'emploi ; quand bien même certains en ont, le revenu n'est pas de

47 Farouk benatia, Op. Cit. 1980, PP226

48Ela Jean Marc, la ville en Afrique Noire, Karthala, Paris, 1983, P71-99

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nature à leur permettre de supporter le mode de vie urbain. C'est ainsi que ces derniers s'entassent dans les bas-quartiers, quartiers pour petits peuples, les bidonvilles où l'urbanisme fait défaut, quartiers pour travailleurs sous-payés ou à faible revenu, où se vivent la misère, l'insalubrité, une forte pression démographique, l'insécurité, l'impraticabilité des routes en saison pluvieuse. L'auteur laisse également entendre que ce sont des zones « où les hommes sans espoir n'ont pour évasion que les débits de boissons » ; zones de prostitution, des inégalités, d'habitats spontanés, d'accès insuffisant à l'eau, inondation. « Les formes d'habitation traduisent les niveaux de différenciation sociale »49

Motaze Akam50(1991) en s'appuyant sur les travaux de Jean Marc Ela, conçoit les bidonvilles comme les lieux des travailleurs sous-payés d'entassement des milliers de jeunes qui ont fait de la migration urbaine leur stratégie de survie, de la misère urbaine. Se caractérisant par des cagibis en tôle rouillé, l'habitat traditionnel, la poubellisation, les contraintes d'eau potable, d'énergie électrique, les encombrements humains dans les rues, les chambres où s'observe la promiscuité la cherté de la vie, la famine, les inégalités et injustices sociales.

René51 Dumont à son niveau aborde le concept de bidonville en ces termes :

« Les plus démunies, en ville sont à tel point privés de ressources que quoique l'on fasse, pour essayer de construire des logements économiques, leur pris de revient les rendra pour eux inaccessibles. Ils peuvent bien sûr-ils le font chaque jour-se bâtir eux-mêmes des logements « spontanés » grâce aux ressources locales.»

Ainsi, à son sens, ce qui justifie le nom de bidonvilles ce sont : les ruelles fort étroites qui descendent vers ce marais sont déjà en saison sèche52 plein de boue, il n'ya pas d'égouts, ni de latrines.

Les bidonvilles, habitats des populations à faibles revenus pour Philippe Bissek53 renvoient à la conséquence classique de l'exode rural, échappant par conséquence au contrôle des pouvoirs publics ; ont pour corollaires partout où ils se manifestent, taudification, insalubrité et promiscuité. Les bidonvilles constituent la réponse à un problème identique : accueillir et abriter les populations à faibles revenus ou sans revenu du tout ; on y retrouve toutes les formes de construction (tentes, maçonneries, poteries, embarcation panneaux de

49Ela Jean Marc, op cit

50Motoze AKAM, sociologie de Jean Marc Ela : les voies du social, l'Harmattan, paris, 2011 P56 - 57

51René dumont, Démocratie pour Afrique, Seuil, Février 1991P 185 - 186

52Motoze Akam, Ibid.

53Philippe Bissek, Habitat et Démocratisation au Cameroun, Ed Karthala, 1994, PP 11-12.

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bois, prise, poto-poto, qui font appel à la récupération et ils trouvent leur assise presque toujours dans les zones impropres à la construction `marécages, escarpement...)

Au Cameroun, à l'occasion d'un atelier sous régional de la méthodologie du (programme participatif d'amélioration des bidonvilles), le ministre du développement urbain et de l'habitat laissait entendre que les bidonvilles sont caractérisés pas la promiscuité, l'habitat fait en matériaux provisoires et l'accès difficiles aux maisons. De plus, ce sont les milieux où sévissent les problèmes de toute sorte. Notamment la très forte prévalence du paludisme, du VIH/SIDA et des maladies hydriques, le taux de déperdition scolaire élevé, la dépravation des moeurs et abus de toutes sortes (Clobert Tchatat54). En guise d'opérationnalisation de ce concept, nous avons comme indications de bidonvilles :

? Quartiers situés parfois aux abords des villes et parfois à l'intérieur

? Composés d'habitations précaires et insalubres, construites d'une façon anarchique pas des matériaux divers

? non- reliés aux installations municipales ou alors n'ayant pas un accès suffisant aux infrastructures de base telles : les égouts, le gaz, eau courante, l'électricité, route construites...

? Habités pas des individus de conditions inferieures et déclassés dans la hiérarchie sociale.

2-2- ELABORATION DE LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE

2-2-1- La méthode de recherche

L'utilisation d'une méthode de recherche mixte est définie par Karsenti et Savoie-zajc (2000)55, comme une approche pragmatique de la recherche dans laquelle les données qualitatives sont jumelées à des données quantitatives afin d'enrichir la méthodologie et éventuellement les résultats de recherche. C'est pourquoi pour une appréhension à la fois micro et macro, l'option a été portée vers :une méthode quali-quantitative permettant ainsi de comprendre et d'expliquer le phénomène. L'explication permettra d'appréhender la participation politique dans les bidonvilles en termes de déterminisme ou de conditionnement ; tout en recherchant au sens de Durkheim (1897)la cause effective, en privilégiant ainsi l'approche des données quantitatives avec un accent mis sur les corrélations et les variables explicatives. La compréhension permettra non pas d'établir un lien de

54 Www rédaction - bonabéri.com

55Karsenti, Savoie-Zajc, Introduction à la Recherche en Education, 2ème éd, éd du crp, Sherbrooke quégec, 2000

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causalité, mais de comprendre la signification, qui y est associée à travers une méthodologie de l'interprétation aux sens de Max Weber (1919).

La compréhension permettra d'appréhender la conception que les habitants des bidonvilles ont de la politique et de la participation politique, ainsi que les raisons de leur implication insuffisante à la chose publique.

Tandis que l'explication nous aidera à saisir les formes et degrés de participation et les causes de leur implication insuffisante.

Nous concilierons ces deux approches en partant d'abord du sens que les habitants de bidonvilles donnent à la participation politique, vers ce qui conditionne socialement leur investissement dans la chose publique

2-2-2- LA logique de recherche

Notre méthode étant quali-quantitative, notre logique est inductive et déductive, allant à la fois du particulier au général et du général au particulier.

Ainsi, à travers l'induction, l'on veut partir des représentations que les habitants se font de la participation politique pour tirer des lois sur ce qui les motive ou les démotive ou sur des cas ou des expérimentations pour tirer des conclusions.

Par la logique déductive, l'on entend s'appuyer sur un nombre important des habitants de ce quartier bidonvilles pour pouvoir tirer des lois.

Nous entendons donc partir de micro situations des interviews de personnes ressources pour saisir le sens et la signification qu'elles donnent à la participation politique dans ces milieux et dégager des lois également à partir d'un nombre représentatif pour saisir le déterminisme dont fait l'objet la participation politique des habitants de ces quartiers.

L'utilisation de deux logiques de recherche réside dans le fait que, la politique est un domaine dont l'appréhension dépend des milieux et de ses individus ou acteurs. Dans le cas d'espèce, l'étudier dans les quartiers populeux, recommande à notre sens que l'on saisisse d'abord la représentation qu'ils ont de la chose (le vécu politique dans ces milieux), ensuite la façon dont ils l'expriment concrètement et enfin l'influence du social sur ces individus.

2-2-3- DELIMITATION DU SUJET ET DU TERRAIN DE LA RECHERCHE Notre sujet porte sur la participation politique, visant ici à ressortir les formes, les degrés, les raisons et les causes de ce degré de participation. Cependant, prétendre pouvoir étudier tous les aspects relèverait du pur rêve. C'est ce que soutient Lanshere (1988) :

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« On ne pourra jamais tenir compte de tous les aspects possibles dans une recherche. »56

C'est donc fort de cela qu'une délimitation spatiale et temporelle s'impose.

La participation politique est tout simplement l'expression par les citoyens des comportements politiques, relativement aux phénomènes en relation avec le pouvoir.Nous avons signifié ci-dessus que nous envisageons ressortir les formes, les degrés, les causes et raisons. En ce qui concerne les formes, l'accent sera mis sur les conventionnelles et les non conventionnelles, mais en mettant de coté celles liées à la violence physique (casses, grève, destruction des biens...). Pour le degré, nous nous servirons de l'aspect électoral, et surtout les élections présidentielles de 2011 et les législatives et municipales de 2013 ; à cause de la difficulté d'accès aux données des élections antérieures. Ce choix est également dû au fait que cette étude a été menée entre 2011 et 2014. Et tout ceci en rapport avec les bidonvilles.

Comme milieu d'étude, notre option a été portée sur la ville de douala, puisque c'est la destination principale des migrants ruraux en quête de l'eldorado. Par conséquent, c'est la ville qui connait le plus de quartiers qui réunissent les critères des bidonvilles. Ainsi, parmi ces quartiers, nous avons opté pour : NEW-TOWN AEROPORT III et NEW-BELL NGANGUE. Ceci parce que ce sont des quartiers situés dans les zones stratégiques de la ville de douala et qui sont caractérisés par leur antécédent politique. Que dire donc de ces deux quartiers ?

2-2-3-1- Presentation de New-Town Aéroport

Situé à quelques encablures de l'Aéroport International de Douala, il serait né en 1986, du moins par l'occupation des populations, mais il est reconnu en 1994 par le préfet Bernard Atebede. Il avait comme nom : Bonadiwoto, Soweto, ou encore Non-glacé. De part son vaste territoire et à l'issue d'une concertation avec les anciens, New-Town est divisé d'abord en trois (03) quartiers et en suite en cinq(05) quartiers jusqu'aujourd'hui qui sont répartis à la fois dans les arrondissements de Douala IIème et Douala IIIème.

Sur le plan sociopolitique, ce bidonville à une population approximative de 8000 habitants, provenant de New-Bell, Akwa et se caractérise par une population mosaïque, car on y retrouve presque toutes les tribus, ethnies, à l'instar de : bassa, bamiléké, béti, boulu, Ewondo, Pygmées, Douala, Haoussa, Bafia, Mbo'o, Bamoun, Toupouri, Ethon, Nanga Eboko, Bakweri, Manfé, Maya, Fompéa, Tikar, les Massa, mais aussi les étrangers

56 De Lanshere (v), Introduction à la Recherche en Education, pari, armand collin, 1988

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(Sénégalais, Congolais, Nigérians, Centrafricains, Marocains, Tchadiens, Maliens pour ne citer que ceux-là). Ce quartier est sous l'égide de la mairie de Douala IIème et sous l'autorité de la sous-préfecture de douala IIème,qui a comme auxiliaire les chefferies de quartier, qui comportent également 10 chefs de blocs.

Sur le plan économique, ce quartier abrite le « marche non-glacé » qui permet le ravitaillement, de ce vaste quartier ainsi que quelques quartiers environnants. De plus, son positionnent à l'entrée de la ville de douala fait de lui un endroit privilégié pour le transport.

Dans notre recherche, nous travaillerons à New-Town III qui est dans douala IIème. 2-2-3-2- Présentation de New-Bell

Le Quartier de New Bell est un autre quartier historique de Douala. En effet, le quartier « Neu Bell » (écriture allemande), historiquement est un no man's land imposé jadis au clan Bell par l'occupant allemand, des suites de leur expropriation du plateau Joss en 1913. Expropriation qui s'explique par une tolérance moindre de la proximité des habitations européennes et africaines. Pour ce faire ; vers 1910, on s'est mis à découvrir des inconvénients à cette proximité.A la veille du départ des allemands, l'agglomération Duala se subdivise en six quartiers : Bali, Joss, Akwa, Bonabéri, Deido et Neubell. L'occupant allemand s'étant retiré en 1916, et suite aux négociations du clan Bell d'avec le nouvel occupant français, Bali deviendra le nouveau lieu de fixation des bellois. En 1925, un plan directeur d'd'urbanisme portant extension des quartiers européens et réorganisation des quartiers africains exclut New-Bell du périmètre urbain.

Sur le plan socioculturel, New-Bell à la fin de la première guerre mondiale est donc une terre essentiellement occupée par les allogènes camerounais (haoussas et bamilékés) venus vers la cote en quête d'un mieux-être dans l'entre-deux guerre et une forte colonie ouest africaine (Nigeria, Gold Coast, Dahomey, Togo). La ville de Douala se divisée géographiquement en trois pole : le pole administratifs tenu par les administrateurs coloniaux (Joss) ; le pole des autochtones, assimilés comme classe intermédiaire (Bali, Bonabéri, Akwa, Deido) ; et le pole des allogènes (New-Bell). Exclu du périmètre urbain de la ville de Douala en 1925,cela est dû au fait que New-Bell était considéré comme un bien collectif du clan Bell. Ce bannissement fera que la « ville des étrangers » se développera sans aide et hors de tout contrôle. Du fait de cette catégorisation en statut inférieur à lui donnée, New-Bell se

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développera à travers ce brassage culturel. Une communauté nouvelle verra le jour à travers une unité linguistique : le pidgin qui est même substitué aux langues maternelles dans certaines familles. Ce statut inférieur va également leur faire valoir les étiquettes de « sauvages » et de « barbares ». Ainsi se répandirent des slogans politiques révolutionnaires et contestataires les plus dangereux au système colonial en place. Plus récemment, pendant la période des « villes mortes » (mouvement de désobéissance civile initié au début des années 90 en guise de revendication à d'avantage de démocratie au Cameroun), New-Bell fut un foyer de tension irrésistible contre le régime en place. Aujourd'hui, ces qualificatifs n'ont guère changé.57

Sur le plan économique, la ville de Douala étant devenue importante en 1970, New-Bell devient un véritable pole attractif sur le plan économique. Aujourd'hui, il abrite la plupart des grands marchés de la ville de Douala. En fait, il s'agit : du marché central, du marché de la gare de New-Bell, du marché Congo, du marché Nkololoun, du marché des chèvres et du marché des femmes

Bref, il s'agit d'une vaste zone située à la sortie de la ville de Douala sur l'axe-lourd Douala-Yaoundé regroupant plusieurs quartiers tels que :Ngangue, Mbamewondo, Mbamileke Haoussa, Service Social, Gare, Funkel, Youpwe, Congo , Makea, Yabassi, Kassala, Ngonsoa, Mboppi, Cimetiere, Babilon T-S-F, Bassa, Bandjoun, Nkolmintag, Tractafic, Nouveau terrain, kololoun, et KM 5. Pour notre recherche, nous travaillerons dans New-Bell Ngangue.

2-2-4- ECHANTILLONNAGE

L'échantillonnage est le processus à travers lequel on choisit les individus qui vont faire partie de l'échantillon. Ce processus s'étale de la définition de la population d'étude à la sélection de l'échantillon en passant par la sélection d'un cadre d'échantillonnage, la définition des unités d'échantillonnage, le choix d'une méthode d'échantillonnage et la détermination de la taille de l'échantillon.58

Dans le cadre de notre étude, nous travaillerons avec les habitants âgés de 20 ans et plus, de ces deux quartiers, sans aucune distinction en ce qui concernera l'administration du

57Nguéhan, S., « Environnement Social Précaire, Décrochage Scolaire et Stratégie de Réussite : une éude exploratoire du phénomène au quartier New-Bell de Douala », Mémoire de Master en Psychologie Sociale, Université de Douala-Cameroun, 2007, PP 17-19

58Ndinga, « Cours Magistrale de Techniques Quantitatifs », Sociologie niveau III, UNVERSITE DE DOUALA, 2010

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questionnaire. Mais pour les entrevues, nous travaillerons avec la mairie, la sous-préfecture, le chef d'antenne ELECAM de douala IIème, les chefs des deux quartiers ; c'est également à ce niveau que nous avons tenu compte des catégories sociales et de certaines variables. Ainsi, pour compléter notre population nous allons travailler avec les militants de partis politiques, les étudiants, les jeunes, les adultes, les plus âgés, les femmes, les hommes et les adeptes de différentesobédiences religieuses. Aussi nous avons travaillé avec les préadolescents (âgés entre 16 et 18 ans) sur la socialisation politique, en s'inspirant d'Annick Percheron.

Pour ce qui est du cadre et des unités d'échantillonnage, nous avons eu à faire aux individus pris et triés dans la population.

Au niveau de la méthode d'échantillonnage, au regard de notre méthode quali-quantitative, nous avons d'abord opté pour un échantillonnage non probabiliste ; plus précisément selon le jugement et par quota afin d'inclure certaines variables telles que le sexe, l'âge et autres. Ensuite nous avons choisi un échantillonnage probabiliste et précisément aléatoire simple, mais réparti en fonction des quartiers.

Dès lors, la taille de notre échantillon est de 300 individus, soit 250 individus pour l'administration du questionnaire et soit 50 individus interviewés pour le guide entretien (25 individus par quartiers) ; avec :

- 02 étudiants par quartier ;

- 02 militants de partis politique par quartier ; - 02 hommes et 02 femmes par quartier ; - 02 préadolescents par quartier ;

- 01 musulman, catholique, protestant, de l'église réveillée ;

- 02 jeunes par quartier ;

- 02 adultes par quartier ;

- 02 plus âgés par quartier ;

Le tout couronné par l'interview du secrétaire de la mairie de douala IIème (par ailleurs militant dans le parti au pouvoir), des chefs du quartier New -Town III et de New- Bell Ngangue, la sous-préfecture, le chef d'antenne ELECAM douala IIème et l'honorable Fopoussi (responsable communication SDF).

Quant' à l'administration du questionnaire, cela s'est fait à hauteur de 125 par quartier, avec comme répartition que nous avons obtenu par variables :

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Tableau 1 : Répartition de l'échantillon d'étude suivant le sexe et les quartiers.

Sexe Quartier

Hommes

Femmes

Total

New-bell

83

42

125

New-town

72

53

125

Total

155

95

250

Source : par nos soins

Tableau 2 : Répartition de l'échantillon suivant l'âge et les quartiers

Age

20-30

30-40

40-50

50 et plus

Total

Quartiers

 
 
 
 
 

New-Bell

53

42

18

12

125

New-Town

44

43

24

14

125

Total

97

85

42

26

250

Source : par nos soins

Tableau 3 : Répartition de l'échantillon suivant la situation matrimoniale et les quartiers

Sit. Mat. Quartiers

marié

célibataire

Veuf

Séparé

Divorcé

Total

New-bell

51

51

10

08

05

125

New-town

46

52

12

08

07

125

Total

97

103

22

16

12

250

Source : par nos soins

Tableau 4 : répartition de l'échantillon suivant le niveau d'étude et les quartiers

Nivo étude Quartiers

Primaire

secondaire

Supérieur

Sans nivo

Total

New-bell

13

46

59

07

125

New-town

22

64

29

10

125

Total

35

110

88

17

250

Source : par nos soins

2-2-5- TECHNIQUES, OUTILS DE COLLECTE ET ANALYSE DES DONNEES Les techniques et les outils de collecte des données renvoient aux différentes façons de recueillir les informations qui seront utiles pour la recherche. Dans le cadre de notre travail,

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l'option est portée sur l'entrevue de recherche s'accommodant du guide d'entretien et sur le questionnaire.

Concernant l'entrevue :

« C'est tout simplement l'activité par laquelle le chercheur recueille de l'information de vive voix auprès de sujets qui relatent leur propre expérience ou témoignent des faits qu'ils ont observés59. ».

Son utilisation ici réside dans le fait que nous voulons toucher du doigt le sens, la signification, et le caractère vécu de l'information. Notre entrevue est semi-structuré, car nous ne voulons par nous cantonner aux questions du guide d'entretien et rebondir sur la base des réponses de l'enquêté. Comme guide d'entretien, nous en aurons un, relativement à ces personnalités : le sous-préfet, le chef d'antenne ELECAM, quelques militants de partis politiques dans ces quartiers, le chef de chaque quartier, les élites et quelques habitants.

Pour ce qui est du questionnaire, il est selon Madeleine Grawitz60(1986):

« Le moyen de communication entre l'enquêteur et l'enquêté ».

Son importance réside dans le fait qu'il permet d'obtenir dans un minimum de temps, des renseignements et des opinions sur un grand nombre de sujet. Il a été utilisé ici pour voir la place des déterminants sociaux sur le degré de participation politique et le pourquoi de ce degré d'investissement.

En plus de ces deux techniques et outils de collecte des données, nous avons utilisé un peu d'observation directe lors des élections évoquées ci-dessus et un peu de recherche documentaire dans le cadre de l'obtention des informations à ELECAM.

2-2-6-ANALYSE DES DONNEES

Par le fait que nous avons opté pour deux outils de collecte des données, nous avons à faire aux données qualitatives et aux données quantitatives ; par conséquent, nous avons procédé par une analyse du contenu et des données quantitatives.

En ce qui concerne l'analyse de contenu, c'est un ensemble d'instruments méthodologiques de plus en plus raffinés et en constante amélioration s'appliquant à des « discours » extrêmement diversifiés et fondés sur la déduction ainsi que l'inférence. Il s'agit d'un effort d'interprétation qui se balance entre deux pôles ; d'une part, la

59Gerard (d'ambrile), op.cit. p.52

60Grawitz (Madeleine), Méthodes en Sciences Sociales, Paris, Dalloz, 1986

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rigueur de l'objectivité, d'autre part, la fécondité de la subjectivité (Bardin, 1977). L'analyse de contenu s'organise autour de trois phases chronologiques : la pré-analyse, l'exploitation du matériel ainsi que le traitement des résultats, l'inférence et l'interprétation.

Dans la première étape qui est la pré-analyse, nous avons organisé pour opérationnaliser et systématiser les idées de départ afin d'aboutir à un schéma ou à un plan d'analyse. Ceci s'est fait à travers le choix des documents à soumettre à l'analyse, la formulation des hypothèses ainsi que des objectifs et l'élaboration des indicateurs sur

lesquels s'appuiera l'interprétation finale. La pré-analyse ambitionne d'organiser
l'information mais elle est composée d'activités non structurées et « ouvertes ». De manière pratique, nous avons procédé :

Au choix des documents, où on prend contact avec divers matériaux possibles pour déterminer celui (ou ceux) qui sera (ou seront) le mieux

à même(s) de correspondre aux différents critères en jeu (Robert &

Bouillaguet (1997).

A la lecture flottante pour faire connaissance avec les documents à analyser en laissant venir à soi les impressions et certaines orientations ainsi que pour délimiter le champ d'investigation, construire l'objet de la recherche (Robert &Bouillaguet, 1997). En présence des données, il s'agit donc de les lire et de les relire pour tenter de bien saisir leur message apparent (Savoie-Zajc, 2000).

A La formulation des hypothèses et des objectifs, où il faut reprendre

chacun des épisodes d'observation et identifier le thème qu'il reflète, regrouper les thèmes proches ou semblables et identifier leur substance, ce qu'ils veulent dire.

Au repérage des indices et à l'élaboration des indicateurs, où il s'agit de choisir les indices contenus dans le corpus en fonction des hypothèses et de les organiser systématiquement sous forme d'indicateurs précis et fiables (Bardin, 1977).

A la préparation du matériel, où nous avons accompli notamment les opérations de découpage du corpus en unités comparables, de catégorisation pour l'analyse thématique, ... Bref, il s'agit de la « décontextualisation » impliquant le détachement des parties d'entrevues ou des épisodes d'observation de leur tout originel et leur regroupement par thèmes (Tesch, 1990 ; Savoie-Zajc, 2000).

La deuxième étape qui est l'exploitation du matériel aconsistée

à appliquer, au corpus de données, des traitements autorisant l'accès à une signification différente répondant à la problématique mais ne dénaturant pas le contenu initial (Robert &

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Bouillaguet, 1997). Elle a surtout consisté à procéder aux opérations de codage, décompte ou énumération en fonction des consignes préalablement formulées. Elle a comporté deux étapes-clés :

Une opération de catégorisation consistant en l'élaboration ou enl'application d'une grille de catégories, c'est-à-dire des rubriques rassemblant des éléments ayant des caractères communs sous un titre générique, et en la classification des données du corpus dans celles-ci (Bardin, 1977). Il s'agit donc de la classification d'éléments constitutifs d'un ensemble par différenciation puis un regroupement par genre (analogie) d'après des critères définis afin de fournir par condensation, une représentation simplifiée des données brutes (Bardin, 1977).

Un codage ou comptage des unités où on applique les catégories au corpus

et donc, où nous avons rempli les grilles d'analyse selon, d'une part, l'unité d'enregistrement retenue, c'est-à-dire le « segment déterminé de contenu que le chercheur a décidé de retenir pour le faire entrer dans la grille d'analyse » (Robert & Bouillaguet, 1997, p. 30), d'autre part, l'unité de numération.

Enfin, la troisième étape qui renvoie au Traitement, à l'interprétation et à l'inférence. L'interprétation des résultats a consisté à « prendre appui sur les éléments mis au jour par la catégorisation pour fonder une lecture à la fois originale et objective du corpus étudié » (Robert & Bouillaguet, 1997, p. 31).

Pour ce qui est données quantitatives, nous avons procédé au codage des données, en les variables et leurs modalités. Au dépouillement manuel des données, en mettant en exergue les variables et les enquêtés, ce qui déboucha sur une fiche de dépouillement. Enfin, nous avons construit les tableaux et procédé à leur lecture majoritaire, différentielle et diagonale ou transversale.

2-2-7- AXES DE RECHERCHES Comme axes de recherche, nous avons :

1) La conception des habitants de la participation politique

2) Le détenteur du pouvoir dans ces quartiers : les habitants ou les groupes extérieurs.

3) Qui participe et comment, ce qui conduit aux comportements politiques adoptés dans ce quartier

4) Le degré de participation ; les raisons et les déterminants de ce degré d'implication des habitants dans la vie politique de ces quartiers.

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DEUXIEME PARTIE :

L'IMAGINAIRE SOCIAL DES HABITANTS DES BIDONVILLES ET LA QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE, LES FORMES ET DEGRES DE PARTICIPATION

Après avoir modélisé notre sujet de recherche et déterminé la démarche que nous avons sollicitée pour le démontrer et l'analyser, il est important de relever la conception que les habitants des bidonvilles ont de la participation à la gestion de la chose publique. Cette représentation nous permettra par la suite de toucher des doigts et de comprendre les formes de participation qui sont les leurs. Aussi, nous relèverons les degrés d'implication politique de la populace. C'est fort de tous ces objectifs que nous nous proposons de traiter dans le chapitre III de l'imaginaire sociale de la populace et la question de la participation politique ; et dans le chapitre IV des formes et degrés de participation politique dans les bidonvilles.

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CHAPITRE TROISIEME : L'IMAGINAIRE SOCIAL DE LA POPULACE ET QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE.

Pour pierre Ansart61(2004), l'expression imaginaire sociale renvoie à l'ensemble des représentations imaginaires propres à un groupe social. Ces représentations sont constituées des mythes, des croyances cosmiques et religieuses, des utopies. Bref des normes et valeurs qui procurent des significations participant à la vie commune, aux pratiques sociales. Dans ce chapitre, nous passerons par ces imaginaires sociaux pour ressortir la conception que la populace a d'abord de la politique(I) et ensuite de la participation à la chose publique(II).

3-1- LA NOTION DU POLITIQUE ET LA POPULACE

3-1-1- La conception des gestionnaires du quartier

La politique est une notion dont l'appréhension est flottante et diffère des uns aux autres ou alors d'un groupe à l'autre. Par conséquent, les individus agissent dans ce domaine en fonction de la conception qu'ils ont de la chose publique. En effet, Jean-Pierre Cot et Jean-Pierre Mounier relèvent dans cette question : « qu'est ce que la sociologie politique62 ? » l'ambigüité de la définition de ce concept de politique. C'est donc fort de cela que nous nous sommes proposés de ressortir la conception que les habitants de bidonvilles ont de cette notion, mais en passant par celle des gestionnaires de ces quartiers. Dans le cas d'espèce, il s'agit de New-Town III et de New-Bell Ngangue.

Pour la mairie de Douala IIème, par l'entremisse de son secrétaire général, la politique

c'est :

« Participer à la construction de la vie publique, apporter du sien à la construction du bien-être commun »

Ce qui nous laisse entendre que la construction de la vie publique par l'apport de tout un chacun en vue du bien-être est la ce que la plus haute autorité entend par politique. Cependant, ne pouvant nous limiter à cette acception, nous sommes allés au niveau des

61 Ansart(pierre),Imaginaire Social, Juin 2014

62Cot(jean-pierre),Mounier(jean-pierre), Pour une Sociologie Politique, Tome1, Seuil, 1974

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chefferies de nos deux quartiers. C'est ainsi que pour sa majesté M. Ndongo Nama, chef du quartier New-Town III, la politique c'est :

« La manière de conduire les affaires publiques »

Pour ces chefs de quartier, la politique c'est administrer, gérer, orienter et prévoir. Ce qui est en droite ligne avec leur position sociale puisqu'ils sont des relais de l'administration.

Ce que nous retenons en définitive, c'est que pour les gestionnaires, la conception que l'on a de la politique, dépend de la hiérarchie. Car pour les mairies qui sont les garantes du développement économique, social et culturel de leur localité, le mot clé c'est la « contribution » et pour les chefs de quartier, le concept majeur c'est l' « administration ».

C'est donc ce qu'il en est des gestionnaires, qu'en est-il au niveau de la population ?

3-1-2- Une conception sensible aux déterminants sociaux

Après avoir ressorti la conception des gestionnaires de ces quartiers, il est indispensable de descendre au niveau de la population afin de savoir ce qu'ils en pensent, en tenant compte des déterminants sociaux que sont : l'âge, le sexe, le niveau d'étude l'appartenance ethnique et l'appartenance religieuse.

3-1-2-1- relativement à l'âge et au sexe

Annick Percheron dans son ouvrage âge et politique63 relève toute l'importance que l'on doit accorder à l'âge dans l'analyse politique ou dans l'étude des phénomènes politiques. C'est dans cette mouvance que nous avons pensé qu'il serait judicieux de tenir compte de l'âge dans la conception de la chose publique. Nous devons d'abord relever qu'une partie importante des habitants de bidonvilles est âgée de moins de vingt cinq (25)64 ans. Ce qui signifie que très peu ont l'âge reconnu par le nouveau code électoral camerounais65, sans pour autant vouloir réduire la participation politique aux élections. Dès lors, nous avons retenus les tranches d'âge qui sont dans notre questionnaire réparties comme suit : de 20 à 30 ans ce sont les plus jeunes ; de 30 à 50 ans ce sont les adultes et de 50 ans à plus, ce sont les plus âgés. Partant de ce :

63Percheron(annick), réné(rémond),Age et Politique, Galland, 1992

64 Un-habitat

65 Code électoral camerounais du 19 AVRIL 2012

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Tableau 5 : présentation des niveaux d'étude en fonction des tranches d'âge

Nivo D'étude

âge

Primaire

Secondaire

Supérieur

Total

20-30

11/ 4,4%

54/

21,6%

32/

12,8%

97/38 ,8%

30-40

11/ 4,4%

35/

14%

39/

15,6%

85/34%

40-50

17/ 6,8%

15/

6%

10/

4%

42/16,8%

50 et plus

13/ 52%

06/

2,4%

07/

2,8%

26/10,4%

Total

52/ 20,8%

110/

44%

88/

35,2%

250/100%

Source : par nos soins (notre fiche de dépouillement)

Nous avons retenu que 76,04% des jeunes ont un niveau d'étude inférieur ou égal au secondaire. C'est ainsi que notre guide d'entretien nous a permis de relever que la politique est un monde inconnu pour la majorité. C'est le cas de Junior de New-Town III et de Yannik New-Bell Ngangue, qui, avec beaucoup de réticence répondent à question de savoir ce que signifie la politique pour eux que :

« Je ne sais rien de la politique »

Pour ceux des jeunes qui en savent quelque chose comme Maxime de New-Town III : « La politique c'est la tromperie, c'est le monde de la corruption, c'est du pure bavardage »

Nous avons retenu que c'est un domaine auquel les jeunes accordent peu de confiance et beaucoup de méfiance66. De plus, ils pensent que ce n'est pas encore de leur ressort ; par conséquent, réservé aux gens plus matures et pleins d'expérience en la matière.

En ce qui concerne les adultes, et dans le cas d'espèce M. Jonas de New- Bell Ngangue :

« La politique c'est tout ce qui concerne la vie de l'homme. C'est-à-dire ce qui concerne la satisfaction de ses besoins à savoir : l'électricité, l'eau, l'éducation, les routes, la sécurité. Cependant, c'est le milieu de la fourberie, de ceux qui ne tiennent pas à leurs promesses, à leurs engagements. »

C'est dans ce sens qu'une dame qui n'a pas voulu donner son nom expose que : « Les politiciens sont des menteurs qui apparaissent au moment qui les arrange... »

Pour les plus âgés, c'est ce qui renvoie à la gestion des affaires publiques comme les partis politiques, le gouvernement, les mairies, les députés etc.

66Muxel(anne), L'Expérience Politique des Jeunes , Presses de la fnsp,2001

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Donc à partir de la variable âge, nous avons enregistré que la politique inspire de la méfiance, même si, en dépit du fait que c'est la tromperie et le mensonge, elle concerne les affaires publiques et la vie de tout le monde. Alors, qu'obtiendrons-nous sur la base du sexe ?

Travailler avec la variable sexe, c'est s'en tenir à deux modalités : homme et femme. En effet, que signifie la politique pour les femmes et les hommes des bidonvilles ?

S'agissant des hommes (ainés sociaux)67, la politique est un domaine pour personnes viriles, dynamiques, c'est le signe d'une réussite sociale, c'est l'indication de l'appartenance à une classe de privilégiés. Mais aussi, pour un monsieur que nous avons interviewé à New-Town III :

« La politique est une question d'avantage. Avantages qui s'ouvrent à ceux qui ont fréquenté, à ceux qui peuvent comprendre ce c'est, qui savent lire et écrire »

Comme pour dire que la politique est un domaine qui nécessite des compétences ou des ressources pour tirer avantage, bref une mangeoire.

Pour les femmes par contre, en raison de certains stéréotypes provenant du processus de socialisation tels que : l'inégal accès à l'éducation68 qui les défavorise sur le plan économique et par ricochet sur le plan politique comme le relevait déjà Stella Nana-Fabu. De plus, Charly Gabriel Mbock mentionne que la femme n'a pas de statut politique parce que ce statut :

« Se heurte aux résistances instinctives et aux manipulations intéressées d'une cité à deux étages qui malgré un discours de vitrine se défend sournoisement contre l'ascension... sociale de la femme... de plus, elle est sujette aux chaines domestiques que lui a mise l'homme. L'espace du pouvoir est donc rigoureusement compartimenté : à l'homme, le pouvoir public ; à la femme, le pouvoir privé, quasi domestique »69

C'est conséquemment à cela qu'elles sont considérées comme des « cadets sociaux » entendu au sens de Bayart Jean-François comme une classe exploitée, entretenue, reproduite comme telle et constituée des enfants et des femmes qui sont les plus exploitées par les ainés sociaux (hommes ou dominants)70. Dès lors, ces dernières se considèrent comme n'étant pas concernées par la politique et par voie de conséquence, elles se représentent comme inaptes à cela. C'est le cas de cette femme du quartier New-Bell Ngangue qui dit :

« ... je ne suis pas politicienne et je préfère m'occuper de mon foyer »

67Bayart(Jean François), Mbembe (Achille), Toulabor (Comi), La Politique par le Bas, Karthala, 1981

68 Nana-Fabu, S., The Feminization of Poverty in Cameroun. Yaoundé, Edition Clé, 2009, P.50

69Mbock, G., « Femme du Cameroun : Statut Politique et Pouvoir Social », Jeudi 08 Mars 2012, 07H09 Minutes 70 Bayart, J., La Politique par le Bas en Afrique Noire, P.74

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Une autre de New-Town III laisse entendre que :

« Ça ne me dit rien, ça ne me sert à rien »

Ainsi, l'âge et le sexe sont deux variables qui nous donnent une autre conception de la chose politique chez la populace. Aussi, que nous apportent le niveau d'étude, l'appartenance religieuse et l'appartenance ethnique ?

3-1-2-2- Relativement au niveau d'étude et à l'appartenance religieuse

Guy Michelat et Michel Simon71 relevaient déjà l'importance du niveau d'étude et de la religion dans la représentation du champ politique.

S'agissant du niveau d'étude, ces auteurs lui donnent une signification :

« ... elle peut être l'indicateur de la quantité d'exposition aux messages scolaires... »72.

En rapport avec les bidonvilles, nous avons obtenus que 64,8% des habitants ont un niveau inférieur ou égal au secondaire.

Tableau 6 : niveau d'étude avec pourcentages

Niveau d'étude

Primaire

Secondaire

Supérieur

Sans nivo

Total

Effectif

35

110

88

17

250

%

14%

44%

35,2%

6,8%

100%

Source : par nos soins

Renvoyant ainsi à dire que dans ces milieux, il y a une faible exposition aux messages scolaires ; ce qui permet de comprendre cet interviewé :

« Ça ne me dit rien » « c'est le pure bavardage »

Comme pour dire que c'est une chose compliquée, ennuyeuse, inutile, sans importance et dangereuse. Également, Michelat et Simon relèvent que :

« L'intérêt politique augmente avec le niveau d'étude73 »

Dès lors, fort de ces déperditions scolaires, très peu s'intéressent à la gestion de la chose publique, puisqu'estimant que c'est trop pour eux. Aussi, le niveau d'étude laisse

71Michelat(Guy), Simon(Mchel) , Classe, Relgion et Comportements Politiques, fnsp, Paris,1977 72Michelat(Guy), Simon(Michel),op.cit. p. 195

73 Ibidem, p.191

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entrevoir un sens caché selon Daniel Gaxie74 et une certaine incompétence selon Pierre Bourdieu75. Et la religion, quelle contribution ?

Rappelons que, la représentation (vécu politique), est une manière de penser et d'interpréter la réalité quotidienne, c'est le savoir du sens commun. Elle est aussi la représentation de quelqu'un (individu ou collectif), lui-même en rapport avec d'autres sujets76. En rapport avec la religion et la politique, les conceptions sont relatives aux obédiences religieuses auxquelles les individus appartiennent, pour rejoindre Michelat et Simon. C'est ainsi que dans les quartiers qui constituent nos milieux d'étude, nous avons comme appartenance religieuse : les catholiques, les pentecôtistes, les musulmans, les témoins de Jéhovah, les protestants et les églises éveillées.

Tableau 7 : appartenance religieuse et pourcentage

Appartenance Religieuse

Catholiques

protestants

musulmans

Autres

Total

Effectif

141

55

36

18

250

%

56,4%

22%

14,4%

7,2

1OO%

Source : par nos soins

Aussi, lors de nos entretiens, nous avons approché un pentecôtiste qui nous exposa relativement à sa conception de la chose publique que :

« Je suis un enfant de dieu, ça ne me servira à rien... »

Comme pour dire que c'est un domaine qui lui est interdit, qui pourrait lui faire perdre ses valeurs. Ce qui vient rejoindre la position de ce témoin de Jéhovah :

« Les témoins ne font pas la politique, ne se mélangent pas aux politiciens »

Mais à coté de cette vision des autres obédiences, les catholiques, les protestants et les musulmans appréhendent le politique comme quelque chose qui concerne tout le monde, car liée à chaque aspect de la vie de chacun. Dès lors, nous retenons que la variable appartenance religieuse n'est pas très influente sur la chose publique, mise à part ces obédiences évoquées plus haut. Cela est aussi dû au fait que catholiques, protestants et musulmans représentent 92,8% de la population de ces quartiers. Cf. tableau ci-dessus.

74Gaxie(daniel), Le Cens Caché, le Seuil,1978

75 Bourdieu (pierre), Propos sur le Champ Politique, PUL, 2000

76 Dictionnaire de sociologie, Gilles Ferreol, 3 ed

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Nous ne saurons sortir de cette section sans évoquer la variable appartenance ethnique. En fait, les bidonvilles sont des quartiers spontanés qui se sont développés avec l'exode rural, ce qui fait que nous y retrouvons une multitude d'ethnies que nous avons évoquées dans la présentation de nos milieux d'étude. En plus de ces ethnies, nous dénombrons des ressortissants étrangers tels que : les tchadiens, les centrafricains, sénégalais, nigérians, béninois, marocains, les congolais. Qui considèrent la politique comme l'affaire des autres. Puisque n'ayant pas la nationalité camerounaise.

En définitive et en tenant compte des variables, la politique pour la populace, c'est la gestion des affaires publiques telles que : l'électricité, la sécurité, l'eau, le travail et autres. C'est également un domaine dangereux, réservé aux autres car demande beaucoup de moyens financiers et un bon niveau scolaire. Aussi, c'est une affaire de « gros sous », une « mangeoire », un milieu hermétique et compliqué.

Après avoir ressorti la représentation que la populace a de la chose publique, nous ferons un tour sur ce qu'ils entendent par participer à la gestion de la cité.

3-2- QU'EST-CE QUE PARTICIPER A LA POLITIQUE POUR LES

HABITANTS DE BIDONVILLES ?

Par participer, nous avons entendu mettre à contribution ses ressources personnelles pour agir avec les autres. La section précédente a permis de toucher du doigt les croyances et les valeurs qui orientent leur perception de la chose publique. Dans celle-ci, nous envisageons voir ce que cela donne en relation avec le concept de participation. C'est ainsi qu'à partir des considérations sur la socialisation, nous mettrons en exergue qui s'y rattache (I), afin d'en déduire la forme de participation vers laquelle ils penchent le plus (II).

3-2-1- La place de la socialisation politique dans la conception de la

participation politique dans la populace.

Aborder le domaine de la socialisation politique, c'est rechercher comment se forme l'identité politique des individus ; dans le cas d'espèce, c'est celui des habitants des bidonvilles. Mais d'abord, qu'est-ce que la socialisation ?

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3-2-1-1- Qu'est-ce que la socialisation politique ?

Dans une approche déterministe et fonctionnaliste, la socialisation politique renvoie au processus d'inculcation des croyances et représentation relatives au pouvoir (dimension verticale) et aux groupes d'appartenance (dimension horizontale). Selon cette approche, il n'y a pas en effet de société politique viable sans intériorisation d'un minimum de convictions communes concernant la nécessité des allégeances à la communauté et la légitimité du gouvernement qui les régit. Peu importe que ces convictions soient fondées ou non en raison ; il suffit qu'elles emportent l'adhésion77.

Aussi, ce processus répond à deux exigences :

Au niveau des gouvernants, ils ont besoin d'imposer des croyances qui justifient l'exercice de leur pouvoir et renforcent la cohésion de la société qu'ils dirigent ; afin de faciliter l'obéissance aux lois, la régression de la contrainte directe au sens de Norbert Elias 78(1939), et le processus de mobilisation d'un soutien, non plus passif mais actif.

Au niveau des gouvernés, une socialisation politique efficace facilite psychologiquement l'acceptation des contraintes. Au fait, elle place devant un dilemme : se rebeller avec le risque de devoir en supporter lourdement le prix si sa résistance est brisée ou s'incliner devant la force79.

Les déterministes et les fonctionnalistes conçoivent la socialisation politique comme tributaire de deux concepts : l'idéologie et la culture politique. En tant qu'ils apportent les valeurs, les références et les croyances qui contribuent à constituer l'identité politique de l'individu.

En fait, l'idéologie permet de définir son offre politique, sa vision de l'organisation de la société en mettant l'accent sur les valeurs et les représentations qui doivent orienter nos attitudes politique. La culture politique pour sa part, permet aux citoyens, à partir d'un ensemble de savoirs, de perceptions, d'évaluations, d'attitudes et de dispositions, d'ordonner et d'interpréter les institutions et processus politiques ainsi que leurs propres relations avec ces institutions et processus80. Bref elle met l'accent sur les représentations que les individus se font de leur rapport à la société et relève trois aspects à savoir81 :

77Braud (Philippe), Sociologie Politique, 6ed, 2002, p.233

78 Elias (norbert), La Dynamique de l'Occident (1939),trad.Calman-Lévy, Réed Agora,1990,p.195 et 196 79Braud (philippe), op.cit. p.234

80 Almond (gabriel), Verba (sidney), The Civic Culture Revisited, Boston, Little Brown, 1980, p.340

81Nkoyock (Jacqueline), « Histoire des Idées et des Institutions Politiques », Cours Magistrale, NiveauII, année 2009-2010

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La dimension cognitive qui renvoie à l'ensemble des connaissances dont le sujet est capable de faire état sur les acteurs et les règles de fonctionnement de système de gouvernement ;

La dimension affective en tant que les perceptions colorées émotionnellement, dépendamment de l'environnement, des évènements et de l'histoire personnelle ;

Et la dimension évaluative relative à la capacité de porter les jugements de valeur sur ce qui s'y déroule.

Ainsi, la culture politique est un ensemble de valeurs et de connaissances en relation avec la gestion de la cité.

On ne saurait parler de processus sans évoquer les agents et milieux de socialisation ; en tant que communauté sociale structurée, au sein de laquelle s'opère l'activité d'inculcation. Au rang des milieux, nous avons la famille, les pairs (amis, voisins), l'école, les médias. Au plan spécifique, les milieux qui ne concernent pas toute la population sont : l'appartenance religieuse, l'appartenance à des organisations politiques, syndicales, professionnelles, culturelles et sportives. Pour les agents de socialisations, nous avons à l'école « les instituteurs », dans la famille « les parents » et les groupes de pairs « les voisins et amis ».

Retenons donc que l'approche fonctionnaliste et déterministe conçoit la socialisation politique comme un mécanisme de régulation qui par transmission de la culture, permet une reproduction du système politique, le maintien de la paix dans la société civile (Almond, Verba et Powel) et la reproduction de l'ordre de domination déjà établi. Elle agit comme substitut efficace de la violence physique, en légitimant aux yeux des gouvernés des systèmes de représentation, d'opinions, d'attitudes politiques conformes aux exigences des gouvernants (Bourdieu pierre (2000)82. Cependant, ce n'est pas la seule approche de la socialisation politique.

En effet, l'autre approche est celle des constructivistes en général et celle d'Annick Percheron (1974) en particulier ; puisque c'est la sienne qui est d'une importance capitale dans la compréhension et l'analyse de la participation politique dans les bidonvilles.

Pour elle, la socialisation politique regroupe les mécanismes et processus de formation et de transformation des systèmes individuels de représentations, d'opinions et d'attitudes politiques. En d'autres termes, elle renvoie à un processus interactif (non passif des individus) et continu (ne s'arrête pas à l'adolescence). En prenant pour échantillon les enfants (8-12) et les préadolescents (16-18), elle relève que l'identité politique se construit non

82 Bourdieu (Pierre), Propos sur le Champ Politique, Pul, 2000

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seulement durant l'enfance, mais aussi tout au long de la vie des individus, en fonction des changements de leurs conditions sociales (mariage, mobilité sociale, etc.) et des évènements politiques qu'ils sont amenés à connaitre (guerres, révolutions, élections etc.).83

Pour analyser la socialisation politique, elle s'appuie sur certains concepts84.

Le premier c'est la notion de « stade » qu'il oppose à celle d' « âge », puisqu'exprimant l'idée que le développement n'est pas une progression continue mais une suite de construction ou de reconstruction marquée par une structuration particulière à chaque fois. Partant de ce concept, il relève que l'univers politique n'est pas appréhendé spontanément de façon structurée organisée. Dès lors, parler de socialisation politique chez l'enfant c'est parler des phénomènes en formation, non stabilisés.

Le second est celui de « milieu » pour relever que l'enfant est être totalement et primitivement social. Ainsi, les phénomènes de socialisation politique sont donc le fruit d'une interaction entre l'enfant et son milieu. Le milieu étant constitué de l'ensemble des groupes au sein desquels l'enfant réalise ses expériences, ces groupes agissant les uns par rapport aux autres.

Le troisième renvoie à « la formation du moi » et lui permet de mentionner que l'enfant se développe par identification aux groupes auxquels il appartient ou qu'il s'est choisi (groupe de référence). Dès lors, la socialisation s'inscrit dans un système, un environnement, un contexte familial, régional, national qui présente des caractéristiques particulières. Aussi, la socialisation n'est pas une aventure individuelle.

Le quatrième et dernier est celui de « savoir intuitif » permettant à Annick Percheron (1974) de relever que la socialisation en général et la socialisation politique en particulier présentent un caractère latent, puisque pouvant être quelque chose d'apprise sans avoir été véritablement enseignée. Elle peut également être non intentionnelle, par conséquent, semblée plus latente que manifeste.

En définitive, elle souligne que la socialisation ne se termine pas avec le passage à l'âge adulte. Lorsqu'elle aborde les agents de socialisation, elle relève d'abord le fait que comme la sexualité, on ne parle pas de politique aux enfants, même si ces deux sujets deviennent de moins en moins tabous dans les familles aujourd'hui. Mais elle retient comme agent de socialisation les parents dans la famille ; à elle de préciser qu'en matière de transmission des préférences partisanes ou idéologiques, celle-ci sera d'autant plus forte que l'intérêt des parents pour la politique est grand, qu'ils ont un niveau d'instruction élevé, que

83 Précis de Sociologie, Edition 2004, p.137

84 Percheron (Annick), l'Univers Politique des Enfants, 1974

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les enfants sont capables de situer politiquement leurs parents, que le milieu familial est homogène sur le plan des préférences idéologiques85. De manière générale, cette situation est corrélée à la socialisation primaire. Rappelons également que le travail de discrimination du genre est entamé à ce niveau, car c'est dans la famille que la jeune fille est confinée à un rôle de femme de foyer et au jeune garçon la quasi-totalité des initiatives. L'autre agent est l'enseignant s'agissant de l'école, enseignant qu'elle rapproche aux parents, même si l'influence n'est pas la même chez les élèves ou les enfants. L'école est donc le lieu d'acquisition d'une compétence savante (langage, connaissance des faits et des institutions, formation citoyenne, apprentissage des règles et pratiques). Acquisition qui présente deux visages :

« L'acquisition d'une compétence savante et souvent formelle, la familiarisation avec certains mécanismes de participation pour les enfants des milieux privilégiés et les élèves en bonne situation scolaire ; l'apprentissage, en revanche par les enfants des milieux défavorisés en mauvaise situation scolaire, de situations d'inégalité et de moyens anomiques de contester un système qui les relègue »86.

Comme dernier agent, elle évoque la nature et la taille du lieu de résidence, les systèmes culturels régionaux, le niveau de développement de la commune ou de la région, la composante sociale de l'environnement et la nature du contexte politique. Tous ces éléments se rapportant au contexte.

Ainsi, l'identité politique est un construit qui prend en compte le stade, le milieu, la formation du moi et le savoir intuitif. Dès lors, comment une analyse de cette dernière dans les bidonvilles nous permettra de ressortir le sens que les habitants de bidonvilles ont de la participation politique ?

3-2-1-2- Une conception relative à la socialisation politique

Dans la première section, nous avons essayé de présenter la manière dont la populace pense et interprète la notion de politique. Pour le faire, il a été important de partir des autorités vers les habitants en mobilisant certaines variables telles que l'âge, le sexe, le niveau d'étude et autres. Ce qui nous a permis de comprendre qu'ils renvoient la politique à un domaine dangereux, compliqué, de duperie, des flatteurs, bref dont il faut se méfier et qui demande une

85 Caron (paul), Dossier Socialisation, Annick Percheron et la Socialisation Politique, Dees 128, Juin 2002, p.23

86 Caron (paul), op.cit. p.32

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certaine compétence et des moyens financiers. Que nous donne cette étude ajoutée à la socialisation politique dans la compréhension de la conception de la chose publique ?

En tenant compte des milieux de socialisation que sont la famille, les groupes de pairs, l'école et les médias, nous relevons que :

Au niveau de la famille, la socialisation politique primaire n'est pas effective, car rares sont les familles où les parents parlent de politique avec leur enfant ; puisque lui-même n'est pas souvent là, car toujours occupés à mener leur activité informelle. Comme semble l'attester Grégoire de New-Town en disant :

«Les parents discutent de tous les autres sujets avec leurs enfants sauf de la politique »

Quand bien-même ces derniers en parlent, ils s'expriment en ces termes :

« On a toujours participé, ça changé quoi, dès qu'on vote, ils disparaissent et ne reviennent qu'aux prochaines élections,... ils gardent les même discours, à quoi bon continuer à s'intéresser »

Ce qui nous permet déjà de noter que la prédisposition qu'ont les enfants ici c'est de ne même pas s'intéresser à la chose publique ; ou tout au plus de s'en tenir aux périodes électorales.

L'autre milieu de socialisation ici, c'est l'école, qui, en tant que lieu d'acquisition de la compétence savante, ne joue pas efficacement son rôle. En effet, les enseignements se déroulent dans les conditions précaires, les enseignants et les élèves sont plus préoccupés par leurs conditions de vie que par ce pourquoi ils sont là. Ce qui entraine chez les enseignants une certaine légèreté dans les enseignements et chez les élèves un phénomène de déperdition scolaire (76,04% des jeunes ayant un niveau inférieur ou égal au secondaire). Témoignant là d'une faible exposition aux messages scolaires et par conséquent un déficit de culture politique ; comme nous laisse entendre Michel, habitant de New-Bell Ngangue :

« J'ai laissé l'école en classe de 4eme parce que mon père n'avait plus d'argent, donc participer là, moi je ne connais pas ».

D'où l'importance des groupes de pairs entant que milieu de socialisation. En effet, vu le déficit enregistré dans la famille et à l'école, plusieurs habitants de ces quartiers obtiennent un «savoir intuitif » de la politique dans les « bars » en compagnie de leur ami ou d'autres individus venus « prendre une bière ». C'est ce que nous confie Grégoire :

« C'est dans les bars que souvent les pères, mères, enfants, amis, voisins parlent de politique »

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Toujours dans le cadre des groupes de pairs, les associations ne se mêlent pas de la politique, mais sont approchées lors des échéances électorales ou dans le cadre de certaines actions à mener pour le développement du quartier.

Aussi, nous voulons mobiliser les médias comme autre milieu de socialisation. Car ils permettent de former l'opinion à travers l'espace public. Notons que même avec une relative liberté d'expression politique, les médias permettent aux citoyens de se cultiver politiquement, de s'informer et de connaitre leurs candidats. Cependant, malgré l'existence de ces médias dans les bidonvilles, très peu s'intéressent à la vie politique. En fait, notre questionnaire a permis d'établir que : 45% de ces habitants s'intéressent à la vie politique et que 56% ne regardaient ni les émissions politique, ni ne lisaient les rubriques politiques dans les journaux.

CF Tableau 8 : intérêt pour la vie politique et pourcentage

Intérêt vie Politique

Oui

Non

Total

Effectif

111

139

250

%

45%

55%

100%

Source : par nos soins

Tableau 9 : manifestation de l'intérêt pour la vie politique et pourcentage

Comment

intéresser vie
politique

Regardant les

émissions politiques

Lisant rubrique

politique dans

journaux

Aucun des deux

Total

Effectif

56

52

142

250

%

22,4%

20,8%

56,8%

100%

Source : par nos soins

Dès lors, nous avons retenu que participer à la chose publique c'est comme continuer à se faire des illusions pour certains ; être présent lors des séances électorales pour la majorité et contribuer aux idées novatrices afin d'apporter un plus au niveau du peuple pour les autres à condition qu'il y ait du sérieux de la part des hommes politiques. Ainsi, à quelle forme se rattache la participation politique dans ces milieux ?

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3-2-2- UNE CONCEPTION BEAUCOUP PLUS CONVENTIONNELLE DE LA

PARTICIPATION POLITIQUE

La socialisation nous a permis de saisir l'approche de la participation politique qu'ils ont à travers les milieux et agents de socialisation. Ainsi, le contexte a joué un rôle, puisqu'il laissa comprendre que la construction de l'identité politique est renouvelée, confirmée ou remise en cause, par d'autres groupes d'appartenance tels que les étudiants, les collègues au travail, les membres des associations et partis politiques auxquels ont peut appartenir87. De plus, le contexte historique relève que l'évènement politique peut socialiser de deux manières :

premièrement dans la pratique à une période pendant laquelle se déroule un fait marquant de l'histoire politique conduit les individus (jeunes générations) à combler leur retard en termes d'expérience politique ;

Deuxième dans les représentations, puisque ces évènements font l'objet de redéfinitions et de commémorations et parfois de débat autour de cette mémoire collective.

Nous nous appesantissons sur le contexte, comme évoquait déjà Percheron, parce qu'il nous permettra de classifier la conception que la populace a de la politique ou de la participation politique.

En effet, la populace a une conception beaucoup plus conventionnelle de la politique en tant que toute activité qui se déroule dans un cadre légal sans remettre en cause la légitimité du système88. Nous avons aussi des manifestations qui ne sont visibles que lors des échéances électorales.

En définitive, ce chapitre nous a permis de ressortir la conception que la populace avait d'abord de la politique, ensuite de la participation politique. Pour le faire, nous avons opté passer par des considérations sur les différents déterminants sociaux et sur la socialisation politique ; afin d'aboutir à une approche plus conventionnelle que non-conventionnelle de la politique. Ceci étant, quelles sont donc ces formes de participation et les degrés qui vont avec ?

87 CNED-academie en ligne, séquence 2, la Participation Politique 88Braud (philippe), op.cit.

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CHAPITRE QUATRIEME :

LES FORMES ET DEGRES DE PARTICIPATION DANS LES BIDONVILLES

Aborder cet aspect des choses c'est faire un saut sur la pratique politique dans ces quartiers. En d'autres termes, c'est marquer un arrêt sur les actions ou comportements politiques qui sont les leurs. Egalement, c'est relever le niveau d'implication de ces individus dans la chose publique. Pour ce faire, il serait important de faire escale pour savoir de prime à bord à quoi renvoient les formes de participation politique en théorie, dans un second temps ce qu'il en est dans les bidonvilles (I), afin d'en ressortir les degrés.

4-1- LES FORMES DE PARTICIPATION POLITIQUE EN GENERAL

Par formes, on entend aspects, la manière dont elles se présentent. Notons que les comportements politiques reposent sur la socialisation politique et leur analyse renvoie à la question des formes de la participation politique. Ainsi, on en distingue deux à savoir la participation conventionnelle et la participation non-conventionnelle.

4-1-1-1- La participation conventionnelle

Elle désigne toutes les activités qui se déroulent dans le cadre légal sans remettre en cause la légitimité du système. Elle comprend la participation électorale et la participation partisane.

S'agissant de la participation électorale, elle renvoie au fait pour un citoyen de remplir un de ses devoirs civiques, à savoir : voter. Qui passe par une inscription sur les listes électorales, le retrait des cartes d'électeurs et par l'expression de son choix dans l'urne le jour du scrutin.

En ce qui concerne la participation partisane, il s'agit de l'adhésion à une organisation traitant d'un problème collectif (syndicat, association, groupe d'intérêt) ; de l'adhésion à un

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parti politique ; de l'activisme au sein de l'organisation associative, syndicale ou politique ;

des relations avec les partis ou les élus et des participations aux campagnes électorales89.

Enfin, l'autre aspect de la participation conventionnelle c'est l'intérêt accordé à la vie

politique, à travers la recherche de l'information politique (notamment dans la presse écrite ou

parlée) et les discussions politiques avec l'entourage90.

Bref, la participation conventionnelle renvoie à l'implication du citoyen dans la vie

politique institutionnalisée et à D. Memmi (1985) de constituer un répertoire officiel de cette

participation

- l'inscription sur les listes électorales

- la recherche de l'information politique

- les discussions politiques avec l'entourage

- le vote

- la participation à une manifestation

- l'adhésion à un parti politique

- l'adhésion à une organisation traitant d'un problème collectif

- le versement d'une contribution financière lors d'une campagne électorale

- la participation active à une campagne électorale

Cependant, la participation politique peut aussi revêtir un caractère non-conventionnel

ou protestataire.

4-1-1-2- La participation non conventionnelle

Elle renvoie ici selon P. Braud à toutes les formes de participation protestataires qui se situent en marges, voir en rupture de la légalité et qui mettent en cause la légitimité du système. Elle peut aussi renvoyer à diverses formes de manifestations d'impatience civique. Elle peut se manifester légalement à travers des pétitions, des grèves ou manifestations ; violemment par la dégradation de bâtiments, les séquestrations, des destructions de documents et affrontements physiques. Aussi, elle peut se faire de manière individuelle (grève de la faim), collectivement (mobilisation de groupes d'individus), directement (par le biais des représentants) et autonome (hors du cadre juridique et des procédures de règlement des conflits).

89 Memmi (Dominique), « L'Engagement Politique », in M.Grawitz, J.Leca, Traité de Science Politique, Paris, puf, 1985, tome II, p.328 et 329

90 Mayer (Nonna), Perrineau (Pascal), Les Comportements Politiques, A.Collins, 1992

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Cependant, un arrêt est nécessaire sur les manifestations pour en relever les trois types selon Pierre Favre91(1990).

- Les premières sont appelées « initiatrice » et a pour fonction majeure d'imposer sur la scène politique avec le maximum de visibilité, un enjeu ou un problème occulté par le jeu institutionnel.

- Les secondes sont dites « routinières » et permettent aux organisations de rappeler périodiquement leur capacité mobilisatrice et leur représentativité, assurent là aussi une fonction d'expression des préoccupations du moment et la réaffirmation de l'identité d'une organisation.

- Et les troisièmes sont assimilées à des crises politiques globales, ne tenant plus compte de revendication spécifique à certains groupes sociaux, mais visent le maintien ou la chute des pouvoirs publics.

Notons cependant que ces formes de participation sont liées à la notion de citoyenneté qui est le fait pour une personne, pour une famille ou pour un groupe d'être reconnu comme membre d'une société nationale et d'avoir le droit de participer à sa vie politique. Cette notion est constituée de quatre éléments, à savoir : la nationalité qui donne un cadre à la souveraineté nationale ; les droits (droits civiques, droits politiques, droits sociaux) ; les devoirs (payer les impôts, respecter les lois ou encore être juré de cour d'assises si besoin est) et la participation civique. Ainsi, être citoyen c'est avoir trois attributs :

- Avoir la nationalité en tant que preuve de la volonté d'appartenir à la communauté nationale, elle lui confère des droits et donc une parcelle de la souveraineté nationale

- Jouir de ses droits civiques et politiques : le citoyen a le droit de voter, d'être éligible, le droit de faire partie de la fonction publique, le droit de s'exprimer politiquement, hormis ceux qui se sont sous une sanction de justice. En contrepartie, le citoyen a des devoirs : payer ses impôts, ses cotisations sociales.

- Participer à la vie politique de la nation, le citoyen doit privilégier l'intérêt général sur ses intérêts privés et avoir le sens civique (participation aux élections, participation aux décisions politiques, adhésions aux partis, aux associations)

Au finish, pour ces deux formes de participations, nous pouvons nous référer au

tableau ci-dessous :

91 Favre (Pierre), la Manifestation, Paris, Presses de la fnsp, 1990, p.34

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Tableau 10 : les formes de participation politique

 

Participation conventionnelle

Participation non

conventionnelle

Action individuelle

Voter

Adhérer à un parti

Rédaction d'un blog

politique

 

Financer un parti

Grève de la faim

 

Rencontrer un élu

Graffitis politiques sur les

 

Se porter candidat

murs

 
 

Rendre ses décorations

 
 

Désobéissance civile

Action collective

Organiser une campagne

Manifestation

 

Participer à un meeting

Grève

 

Coller les affiches

Sit-in

 

Distribuer les tracts

Destruction de biens

 

Faire du porte à porte

publics

 
 

Occupation de bâtiments

Source : ouvrage de Dominique Memmi intitulé « l'Engagement Politique », publié en 1985, à la page 329

Voici théoriquement à quoi renvoient la participation politique et ses formes. Comment se manifeste-t-elle dans les bidonvilles ?

4-1-2- Qu'en est-il dans les bidonvilles ?

Il sera question pour nous de ressortir les comportements politiques qui sont les leurs. Rappelons que les comportements politiques, en tant que manifestation en actes des aspirations et des opinions92, reposent sur la socialisation politique et par ricochet sur la culture politique. Ce qui nous amène à penser faire un tour sur la culture politique dans ces milieux afin de présenter comment ils se comportent politiquement en fonction des différents évènements politiques.

92Nkoyock (Jacqueline), Cours de Pensée Politique Contemporaine, Sociologie Politique, Niveau III, 2011

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4-1-2-1- La culture politique dans ces milieux

La culture politique93 est constituée d'un ensemble de connaissances et de croyances permettant aux individus de donner sens à l'expérience routinière de leurs rapports au pouvoir qui les gouverne et aux groupes qui leurs servent de référence identitaire. Elle a toujours deux dimensions : un rapport au passé, puisqu'elle véhicule une histoire et une mémoire collective plus ou moins élaborée, plus ou moins intériorisée et une projection dans le futur car la culture politique favorise des modèles d'achèvement, légitime des attentes et des espérances.

Almond (1980) et Verba en distingue trois types :

- La culture de sujétion : ici, gouvernants et gouvernés auraient une perception des rapports dominés par la vision des normes à respecter, des règlements à subir et des bienfaits à espérer.

- La culture de participation : ici, les rapports sont envisagés comme une participation

possible et souhaitable aux processus décisionnels qui règlent la vie des citoyens

- Et la culture paroissiale : qui renvoie à des représentations mentales du pouvoir et du groupe, restreintes à l'horizon limité du village, du clan et de la tribu.

Cependant, il peut avoir mélange des trois types. A coté de ces types, la culture politique revêt trois aspects :

- Une dimension cognitive

- Une dimension affective

- Et une dimension évaluative

C'est en nous appuyant sur ces types et aspects que nous essayerons de ressortir la manière dont ils conçoivent leurs rapports au gouvernement.

Tout d'abord, en tant que citoyens, ces habitants sont tenus de respecter les normes et les règles du jeu politique (conditions d'éligibilité, quand et comment participer à une campagne électorale...). Aussi, ils ont la possibilité de prendre part au processus de décision en prenant part aux élections, à travers les comités de développement, d'hygiène, de sécurité, les notables et chefs de blocs ; d'une certaine décentralisation du pouvoir. Egalement, ce sont des acteurs rationnels qui s'appuient sur les replis identitaires, leur représentation de l'argent, et la représentation des évènements politiques comme des opportunités (mangeoire).

Ensuite, les dimensions nous édifient qu'ils considèrent les hommes politiques comme des gens de peu de confiance qui apparaissent de manière sporadique. Aussi, les règles de fonctionnement sont très compliquées pour la majorité. De plus, ils sont marqués par le fait

93 Almond (gabriel), Sidney (Verba), The Civic Culture Revisited, Boston, Little Brown, 1980

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que les politiciens promettent plus qu'ils n'en réalisent, car ils ne les ressentent pas avant les périodes électorales, ne leur apportent rien de nouveau (les mêmes discours).

Ainsi, quels sont en fonction des évènements politiques les comportements qui sont les

leurs ?

4-1-2- LES COMPORTEMENTS POLITIQUES DANS LES BIDONVILLES

Les formes de participation ou comportements politiques seront liés aux évènements politiques, aux conditions de vie.

4-1-2-1- Lors des élections

Fabien Eboussi Boulaga94(1999) recommande de définir l'élection en considérant la forme et le contenu. Selon la forme, l'élection a la forme d'un acte unique qui se déploie en des opérations séparées, mais intimement liées. Du point de vue du contenu, elle établit dans la communauté l'accord et la cohérence avec soi-même. Aussi, elle vise à élire ceux qui vont diriger l'action commune, de leur vouer loyalisme contre la protection des vies et des biens, des libertés et des droits fondamentaux convenus, une juste part du produit de la coopération sociale. Enfin, les élections ne sont pas un abandon d'une souveraineté qui ne serait exercée que dans l'isoloir ; l'instant de mettre un bulletin dans une urne. Dans le cadre de notre travail, nous allons nous en tenir aux élections présidentielles, législatives et municipales et plus précisément la présidentielle du 09 octobre 2011 et les législatives et municipales du 30 septembre 2013 au Cameroun. Nous n'avons pas tenu compte des élections sénatoriales parce qu'elles sont réservées à une certaine catégorie sociale. Pour présenter ces comportements, nous avons tenu compte des phases d'inscription sur les listes électorales, des retraits des cartes électeurs, de la campagne électorale et le jour du vote (du scrutin).

Mais avant cela, il est important de faire un briefing des grandes étapes du processus démocratique camerounais95. Historiquement, le Cameroun renoua officiellement avec le multipartisme en décembre 1990. C'est ainsi que dès Février 1991, les premiers partis politiques sont légalisés et à présent ils sont plus de 300. Cependant, ces nouvelles formations politiques dans la mouvance des revendications, réclament une « conférence nationale », ce qui leur a donné droit à une « conférence tripartite ». Les conclusions de conférence entrainent :

94Eboussi (Boulaga Fabien), Lignes de Résistance, Ed Clé, Yaoundé, Cameroun, 1999 95Transparency International

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- Dès le 1er Mars 1992 l'organisation des élections législatives, qui se sont déroulées avec le boycott du SDF. A partir de cet instant, il y a eu :

- L'élection présidentielle anticipée du 11 octobre 1992 et la loi y afférant, adoptée à l'issue d'une session extraordinaire de l'assemblée nationale ;

- Les conseillés municipaux se sont soumis au verdict des urnes pour la première fois depuis le retour du multipartisme le 21 janvier 1996. Avec une domination de l'UNDP et du SDF ;

- Les 18et 19 mai 1997, se tiennent les deuxièmes législatives pluralistes, suivies en octobre de la même année par le scrutin présidentiel. Une fois de plus boycotté par le SDF mais avec la victoire écrasante du RDPC.

- En mars 2002, il y a les élections législatives et municipales couplées avec comme vainqueur le RDPC.

- Le 11octobre 2004, élection présidentielle avec des urnes transparentes et la réclamation par la coalition des partis de l'opposition et de la société civile, de l'informatisation du processus électoral et la mise en place d'une commission électorale en lieu et place du MINATD et de l'ONEL.

- Au niveau de la loi fondamentale, la modification de la constitution de 1972 de décembre 1995, qui aboutit à la promulgation de la nouvelle constitution du 18 janvier 1996 par le président de la république. Cette nouvelle loi se caractérise par la matérialisation des régions et des communes ainsi que le passage du mandat présidentielle de cinq (5) à sept (7) ans renouvelable une seule fois. Mais au cours de la session de mars-avril 2008, l'assemblée nationale adopta le 14 avril 2008 la nouvelle constitution modifiée qui annule la limitation des mandats.

- En ce qui concerne le système électoral, l'ONEL face à ses difficultés va remplacée le 29 décembre 2006 par ELECAM suite à une délibération et à une adoption de l'assemblée nationale. Avec un délai de 18 mois pour sa mise en place afin d'organiser, de gérer et de superviser l'ensemble du processus électoral et référendaire au Cameroun, ne le fera pas lors du double scrutin législatif et municipal du 22 juillet 2007 (informatisation du fichier électoral, des cartes d'électeurs et de l'ensemble des documents électoraux).

- Lors des élections du 09 octobre 2011, on note une pléthore de partis politiques n'ayant ni sièges, ni militants et ne s'étant jamais présenté à une élection. Certains

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sont conçus comme des instruments au service d'ambitions personnelles, n'ayant pas souvent de programme politique et encore moins une idéologie identifiable.

- Pour finir, notons que le 19 avril 2012, fut adopté un nouveau code électoral. Aussi, les élections législatives du 30 septembre 2013 furent marquées par la refonte biométrique des listes électorales.

Ainsi, à la suite de ce contexte historique, voici comment se sont comportés les habitants des quartiers que nous avons choisis lors des élections.

Comme nous l'avons vu ci-dessus, l'élection présidentielle du 09 octobre 2011 étaient marquées par la mise en place d'une nouvelle administration électorale (ELECAM), tandis que les législatives et municipales du 30 septembre 2013 se caractérisent par la refonte biométrique. Fort de cela, une communication événementielle a été utilisée ; se caractérisant par une communication de proximité, les campagnes de sensibilisation des populations et des réunions avec les différents responsables dans les quartiers. C'est dans ce cadre que les associations, les chefs religieux, les leaders d'opinions et les chefs de quartiers ont été mis à contribution pour amener les habitants de la populace à s'inscrire sur les listes électorales. C'est ainsi que nous avons vu des individus sacrifier un peu de leur temps pour supporter les rangs devant les agents d'ELECAM afin d'être inscrits en retour d'un récépissé qui leur était remis pour le retrait de la carte d'électeur. C'est ainsi que sur les 82000 électeurs potentiels de Douala IIème il y a eu 75000 inscrits96 (ces données ont été utilisées par défaut puisque nous n'avons pas pu avoir les chiffres spécifiques à chaque quartier).

Pour le retrait des cartes, le même dispositif de communication a été mis sur pieds pour inciter ces habitants à retirer leurs cartes. Mais à ce niveau, nous avons observé une réticence de ces populations à aller retirer leurs cartes d'électeur. De plus, le retrait fait par plusieurs a été fait sous des contraintes familiales et professionnelles (cartes distribuées 74000)97.

C'est la campagne électorale qui nous a fourni un cadre d'observation non négligeable, puisque c'est le moment de rencontre entre l'offre et la demande politique, dans le sens du marché politique Max Weber 98(1919). Aussi parce que cela nous a permis de toucher du doigt la réceptivité de ces populations face aux promesses des acteurs politiques, qui dans le cas d'espèce sont représentés par les partis politiques. C'est le cas à New-Town aéroport III où nous avons assisté à toutes formes d'animations, de petites séances de travail ou de formation, destinés à présenter comment se conduire dans un bureau de vote et comment faire

96 Rapport Général des élections législatives et municipales du 30 septembre 2013

97 Chef d'antenne ELECAM DOUALA IIème

98 Weber (max), Le Savant et le Politique, 1919

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pour exprimer son choix. Nous avons assisté à une utilisation des jeunes et des parents pour aller convaincre le maximum de leurs voisins moyennant un franc symbolique. Ce fut aussi le moment d'observer des caravanes de « benskineurs » au « mototaximen » pour faire des bruits dans le quartier. Tout ceci devant des foules qui s'empressèrent sur le bord de la route pour satisfaire leur curiosité et pourquoi ne pas profiter de la distribution de certains « biens ».

Aussi, nous avons remarqué que certains habitants changeaient de parti en fonction du gain et ce pour l'instant présent. En effet, ces individus lorsqu'ils étaient informés de la descente d'un parti dans leur quartier se transformant immédiatement en sympathisant pour participer à la distribution des offrandes électorale. C'est également le moment pour certains d'exprimer leur déception du genre :

« C'est ce que vous dites tout le temps » ou encore : « faites nous rêver juste pour la circonstance »

De toutes ces scènes qui nous ont été données de voir, nous avons noté que, même si ces habitants assistent à ces campagnes, il y a une improvisation car rien n'est préparé à l'avance, ni de la part des populations, ni de la part des partis politiques.

Le jour du scrutin, c'est le jour où les suffrages sont exprimés et le dépouillement est effectué, ceci dans chaque centre et bureau de vote. Ce jour qui le plus souvent est un dimanche, toutes les activités sont au stop pour permettre à chaque habitant de se rendre dans les bureaux de vote, qui, en plus sont situés dans les quartiers. Mais l'on se rend compte que même si certains (beaucoup plus les parents (hommes) vont remplir leur devoir de citoyens, c'est comme s'il n'y avait aucun évènement pour d'autres (jeunes et femmes). Par la suite, à 18 heures et 00 minute, heure de fermeture des bureaux de vote, certains habitants restent pour assister au décompte des voix.

Cependant, une question persiste : qu'en est-il en dehors des échéances électorales.

4-1-2-2- En dehors des échéances électorales

Il est question dans cet espace d'évoquer les comportements politiques qu'ils posent en dehors des évènements politiques ou dans le cadre de l'expression d'une aspiration (accès aux besoins de base). C'est dans ce sens que nous pouvons parler de l'adhésion aux partis politiques. En effet, 64,8% de ces habitants n'appartiennent à aucun parti politique contre 35,2% qui appartiennent soit l'opposition (21,6%), soit au parti au pouvoir (13,6%). CF

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Tableau 11 : adhésion aux partis politiques et pourcentage

Adhésion parti

politique

Parti au pouvoir

Parti

d'opposition

Aucun parti

Total

Effectif

54

34

162

250

%

21,6

13,6

64,8

100%

Source : par nos soins

Ce qui témoigne d'un faible taux d'adhésion aux partis politiques.

En ce qui concerne les actions collectives d'ordre politique, il n'y en a pas tellement dans ces quartiers, sauf des pétitions qu'ils envoient à la mairie pour exprimer leurs doléances et les comités qu'ils forment pour assurer l'hygiène, la sécurité et le développement de leur localité. Mais en ce qui concerne les destructions des biens publics, les occupations de bâtiments et les sit-in, ce n'est pas une réalité dans ces milieux.

Les formes étant évoquées, il est indispensable de relever le degré de participation dans les bidonvilles.

4-2- LES DEGRES DE PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES Parler de degré c'est établir une échelle des activités nous permettant de mesurer le niveau d'investissement des citoyens. Allant du degré zéro (citoyens apathiques) au degré supérieur (citoyens actifs)99, nous pourrions estimer le taux de participation dans ces milieux.

4-2-1- Le niveau d'implication ou d'investissement dans la gestion de la chose publique

Les niveaux d'investissement de ces habitants dépendent des enjeux des évènements politiques.

En effet, en s'appuyant sur les élections que nous avons pu observées, nous retenons que lors de la présidentielle, ils sont plus apathiques parce qu'ils estiment que ce sont les même personnes qui reviennent pour battre campagne sans changer de discours, ce qui ne les poussent pas à assister. Les paroles de cet habitant de New-Town sont fortes éloquentes :

« Ils font la politique des chauves souris à répétition, rien de concret »

99Braud (Philippe), Ibid.

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Tandis que pendant les élections législatives et municipales, il y a une plus grande motivation, une plus grande mobilisation à cause des replis identitaires. En effet, le candidat est souvent une connaissance par la ramification des amis ; par conséquent, la probabilité pour que les conditions de vie s'améliorent (plus individuellement que collectivement) est grande. Bref, la réceptivité chez ces habitants est plus grande lors des législatives et municipales en raison d'une pléthore de candidats, les uns se rapprochant de l'appartenance ethnique et les autres de l'appartenance religieuse.

S'agissant des autres activités, il est à observer une faible adhésion aux partis politiques en raison de leur absence dans ces quartiers, que se soit après et avant les périodes électorales .aussi, notons qu'ils ne considèrent pas déjà ceux qui existent comme fiables. Pour illustrer, voici que Grégoire de New-Town laisse entendre :

« Nous ne sommes pas attachés à un parti politique parce qu'il n'y a pas un parti précis »

Donc dans ces quartiers, il y a des citoyens « apathiques » soit de degré zéro de la participation parce qu'ils s'inscrivent sans voter. Et des citoyens dont le caractère actif est corrélé aux enjeux des évènements politiques, soit un degré supérieur puisque s'engageant dans un parti politique, en recherchant des informations politiques (44%) et en prenant activement part aux campagnes électorales.

Cependant, quel est donc le taux de participation qui découle des données ci-dessus.

4-2-2- Le taux de participation dans ces quartiers

Nous avons ressorti le taux de participation en tenant compte d'abord de la modalité principale qui est le vote, ensuite de l'intérêt qu'ils accordent à la vie politique, de l'appartenance à une formation politique et enfin de leur participation aux activités politiques dans leurs quartiers en dehors des échéances électorales.

Au niveau du vote, faute de n'avoir pas pu obtenir les données spécifiques à chaque quartier, nous avons usé de celle de DOUALA IIème en général et ce pour les élections législatives et municipales. Dès lors le nombre d'électeurs potentiels était de 82000 électeurs100.

Pour les législatives :

- Nombre d'inscrits : 76701 soit 5299 de non-inscrits

- Nombre de votants : 52717 soit 23984 d'abstention

100 Chef d'antenne ELECAM DE DOUALA IIème

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- Bulletin nul : 2026

- Suffrage valablement exprimé (SVE) : 50691

Pour calculer le taux de participation, nous avons utilisé la différence entre le nombre

d'électeurs potentiels et le SVE. Puisque ceux qui se sont abstenus, ceux qui ne se sont pas

inscrits et les bulletins nuls, sont des citoyens qui remplissent toutes les conditions à la

participation électorale. Ce qui donne :

82000-50691= 31309 individus. Soit un pourcentage de 38,18% de taux de non

participation pour les législatives.

Pour les municipales

- Nombre d'inscrits : 74887 soit 7113 de non-inscrits

- Nombre de votants : 52872 soit 22015 d'abstention

- Bulletins nuls : 1555

- SVE : 51317

Pour le calcul du taux, nous avons utilisé la même logique que pour les législatives. Ce

qui donne :

82000-51317= 30683 individus soit un pourcentage de 37,41% de taux de non participation.

Du coté de l'intérêt qu'ils accordent à la vie politique, nous avons mesuré à l'aide des

variables :

- En regardant les émissions politiques qui donne : 22,4% qui s'y intéressent ; soit

14% à New-Bell Ngangue et soit 8,4% à New-Town III

- En lisant les rubriques politiques dans les journaux nous avons : 20,8% qui lisent ;

soit 10,4% à New-Bell et 10,4% à New-Town III

- D'où 43,2% qui s'intéressent à la vie politique contre 56,8% qui ne s'y intéressent

pas.

CF Tableau 12 : intérêt pour la vie politique par quartier et pourcentage

Intérêt à la vie politique Quartiers

Emissions politiques

Rubriques

politiques dans les journaux

Rien des deux

Total

New-bell

34/ 14%

26/ 10,4%

65/ 25,6%

125/50%

New-town

22/ 8,4%

26/ 10,4%

77/31,2%

125/50%

Total

56/ 22,4%

52/ 20,8%

142/56,8%

250/100%

Source : par nos soins

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Pour l'adhésion aux partis politiques nous avons déjà évoqué plus haut que 35,2% adhèrent à une formation politique, soit :

- 13,6% aux partis d'opposition, avec 8,8% à New-Bell Ngangue et 4,8% à New-Town III ;

- 21,6% au parti au pouvoir avec 11,2% pour New-Bell Ngangue et 20,4% à New-Town III.

CF Tableau 13 : adhésion aux partis politiques par quartier

Adhésion pp Quartiers

Parti au pouvoir

Parti

d'opposition

Aucun parti

Total

 

New-Bell

28/

11,2%

22/ 8,8%

75/

30%

125/

50%

New-Town

26/

20,4%

12/ 4,8%

87/

24,8%

125 /

50%

Total

54/

21,6%

34/ 13,6%

162/

64,8%

250/

100%

Source : par nos soins

Quant' aux activités politiques en dehors des échéances électorales dans leurs quartiers, nous avons : 28,8% qui y participent à concurrence de 13,2% New-Bell Ngangue et 15,6% pour Tew-Town III.

CF Tableau 14 : participation aux activités politiques par quartier

Activités politique Quartiers

Oui

 

Non

 

Total

 

New-Bell

33/

13,2%

92/

36,8%

125/

50%

New-Town

39/

15,6%

86/

34,4%

125/

50%

Total

72/

28,8%

178/

71,2%

250/

100%

Source : par nos soins

De tout ce qui précède, nous avons retenu que les habitants de bidonvilles ne sont pas suffisamment impliqués dans la gestion de la chose publique. Ce qui nous amène à rechercher les raisons et les causes de ce faible investissement ; c'est ce qui fera donc l'objet de notre troisième partie.

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LES RAISONS ET LES CAUSES DE CETTE FAIBLE
IMPLICATION DE LA POPULACE DANS LA GESTION DE LA
CHOSE PUBLIQUE

TROISIEME PARTIE :

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Dans la partie précédente, nous avons épilogué sur la conception qu'ils avaient de la politique et de la participation politique. Ce qui a été possible à travers une analyse de la socialisation politique et la culture politique dans ces milieux. Nous permettant ainsi de toucher du doigt les différentes formes de participation qui sont les leur ainsi que le niveau d'implication qui s'en dégage. D'où nous avons pu constater qu'ils n'étaient pas suffisamment impliqués dans la gestion de la chose publique. C'est donc ce dernier aspect qui est la raison d'être de cette partie, puisqu'elle aura pour objectifs de ressortir les raisons de cette faible implication politique (I) ainsi que ses causes (II).

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CHAPITRE CINQUIEME :

LES RAISONS DE CETTE INSUFFISANTE IMPLICATION POLITIQUE DE LA POPULACE

En recherchant les raisons, nous voulons étudier les motifs de leur faible investissement dans la participation politique. Pour ce faire, voyons la place de la compétence politique, des partis politiques et la désaffection pour la politique.

5-1- LA NOTION DE LA COMPETENCE POLITIQUE ET LA FAIBLE

IMPLICATION POLITIQUE DE LA POPULACE

A la question de savoir qu'est-ce que la compétence politique101, il faut d'emblée noter que ce terme est d'utilisation plus fréquente en France que dans le monde Anglo-saxon, où son usage ne s'est imposé qu'assez récemment. Totalement absent des premiers écrits de converse, la notion de compétence politique s'est longtemps vue préférée, celle de « connaissance » ou de sophistication politique102. Pour Delli Carpini et Keeter103, il est essentiellement question de savoir politique (politics knowledge) ou de citoyen informé (informed citizen) comme pour mettre ici au devant deux concepts : celui de « réquisits » et de « responsabilité ».

Cette notion revêt deux dimensions à savoir :

- Une dimension cognitive : c'est-à-dire à une connaissance approfondie et ;

- Une dimension politique : qui est cette connaissance approfondie, reconnue, qui confère le droit de juger ou de décider en certaines matières.

Cette notion nous fournit un axe de compréhension de la faible implication de la population, sous deux axes : d'abord celui de l'implication politique et celui du défaut de culture politique.

101Elkins (Stephen), Soltan (Karol), citizen competence and democratic institutions, 1998

102 Neumann (Russel), The Paradox of Mass Politics: knowledge and opinion in the American electorate, 1987 103Carpini (Michael Delli), Scott keeter, What Americans Know about Politics and Why it Matter, 1996

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5-1-1- L'incompétence politique

Afin de mieux comprendre pourquoi nous la mobilisons comme raison, marquons un arrêt sur la conception que Bourdieu Pierre (1979) a de la compétence politique ou de l'incompétence politique. Cet auteur construit sa vision sociopolitique à partir de sa notion de champ politique qu'il définit comme étant :

« Le lieu où s'engendrent, dans la concurrence entre les agents qui s'y trouvent engagés, des produits politiques, problèmes, programmes, analyses, commentaires, concepts, évènements, entre lesquels les citoyens ordinaires, réduits au statut de « consommateurs » doivent choisir. »104

Pour cet auteur, la faculté de bien juger dépend directement des conditions sociales dans lesquelles évoluent l'individu et sa capacité à accéder à une action rationnelle, elle dépend aussi des dispositions sociales héritées (habitus), qui est là, un à priori à la compréhension du politique chez Bourdieu.

C'est cette remise en cause du rationalisme abstrait qui le conduit à poser la question de la compétence politique qu'il définit comme étant la capacité à reconnaitre une question politique et d'y répondre à partir des principes proprement politique. En d'autres termes, c'est la capacité de passer d'une expérience personnelle à un problème d'ordre plus général ou encore, de faire d'un cas particulier l'exemple d'une loi universelle.

Cependant, il relève que tout le monde est loin d'être capable d'une telle montée en généralité. En effet, comme le disait Jérôme Lafargue105(1996), dans les bidonvilles, la conscience des intérêts communs est souvent brisée par l'autonomisation des stéréotypes individuels et par la dépendance. Dans nos deux quartiers, les habitants n'agissent pas de façon unie et cohérente, puisque leur pauvreté aux causes multiples entravent l'esprit de mobilisation. De plus, pour accéder à la parole politique, il faut se sentir capable et autorisé à le faire, puisque la compétence politique n'est pas universelle. Elle dépend directement du capital culturel de chaque individu, hérité de sa famille ou transmis par l'école. Bref, plus la compétence scolaire est élevée, plus l'individu a des chances d'accéder au discours politique. Cependant, la compétence scolaire chez Bourdieu est liée au milieu social d'origine ; ainsi, les compétents en matière de politique sont l'élite culturellement et socialement dominant. Ce qui rejoint déjà cette pensée d'Annick Percheron selon laquelle :

104 Bourdieu (Pierre), La Distinction, Critique Sociale du Jugement, Ed de Minuit, 1979

105 Lafargue (Jerome), Contestations Démocratiques en Afrique : sociologie de la représentation au Kénya et en Zambie, Karthala, Paris, 1996

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« L'acquisition d'une compétence savante et souvent formelle, la familiarisation avec certains mécanismes de participation pour les enfants des milieux privilégiés et les élèves en bonne situation scolaire ; l'apprentissage, en revanche, par les enfants des milieux défavorisés en mauvaise situation scolaire, de situation d'inégalités et de moyens anomiques de contester un système qui les relègue »106.

Ainsi, dans les bidonvilles, leur faible investissement dans la chose publique est dû au fait qu'ils aient un manque de normes, de valeur et de repères politique. Qu'ils auraient pu acquérir si la déperdition scolaire n'était pas importante dans ces milieux. Aussi si la famille n'excluait pas de leurs discussions avec leurs enfants le domaine politique, comme nous confia Grégoire de New-Town III :

« Nous discutons avec nos enfants, mais rarement de politique »

Rejoignant ainsi Percheron qui relevait que c'est un sujet tabou tout comme la sexualité.107

En outre, Bourdieu dans son interprétation de la compétence politique, distingue les professionnels et les profanes de la politique. En fait, pour entrer dans cette arène, il faut posséder une compétence bien spécifique, car il ne suffit pas d'être compétent politiquement (être autorisé et capable d'émettre un jugement politique), il faut également posséder un habitus politique (histoire politique, sciences économiques, thèmes politiques et un langage particulier) et ce qui est donné par certaines institutions (système scolaire et par l'Etat). En d'autres termes, Pierre Bourdieu relève ici que le champ politique serait équivalent au champ social. Dès lors, on retrouve dans le champ politique les inégalités que l'on retrouve dans d'autres champs108. C'est ainsi qu'il il existe des dominants (élites, professionnels, représentants) qui conduisent les autres, les meneurs politiques et des dominés (profanes, les exécutants) qui suivent, dans le sens de Sieyes 109(1748):

« La plupart de nos concitoyens n'ont ni l'instruction, ni les loisirs nécessaires pour vouloir décider eux-mêmes des affaires publiques. Leurs avis est donc de nommer des représentants beaucoup plus capables qu'eux-mêmes de décider »

C'est également ce que cette femme ménagère relève

« La politique appartient à ceux qui l'exercent dès le début d'une carrière, par exemple les politiciens : la politique aux politiciens... »

106 Percheron (annick), op.cit. 1985 p. 217 107107 Ibid. p.226

108www.cours-de-droit.net, le 20 OCTOBRE 2014 109Sieyes (Emmanuel), Qu'est-ce que le Tiers-Etat ?

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Cette conception apparente le champ politique à un marché politique où se rencontre l'offre apportée par les professionnels et la demande exprimée par les profanes qui sont des consommateurs. En effet, dans les bidonvilles, les habitants n'évoquent la chose politique qu'au moment des élections car estiment qu'ils ne savent comment faire après cet évènement.

Bourdieu soutient également que le fait de participer à la politique est lié plus ou moins à un vif sentiment de compétence (sentiment d'incompétence renvoie à l'incapacité des citoyens à entrer dans les catégories de jugement et d'expression qui leur sont imposés) ; ainsi, plus on se sent compétent plus on participe. Mais lorsque se sentiment est absent, le citoyen exprime son impuissance et s'exclue de la politique.

Notons au finish, que les habitants des bidonvilles ne s'investissent pas fortement dans la politique en raison d'un sentiment d'incompétence que la majorité a en matière politique. Ceci en raison des habitus ou dispositions qu'ils ont acquis de leurs parents à travers la faible socialisation politique de la famille et du faible niveau scolaire corrélé à la déperdition scolaire. Ce qui entraine un défaut de culture politique. Car comme le disait Paul Lazarsfeld 110(1948):

« Les individus pensent politiquement comme ils sont socialement »

Ce qui nous amène à analyser la place de la culture politique dans cette faible implication.

5-1-2- Le défaut ou le manque de culture politique

Nous avons vu dans la partie précédente que c'est la culture politique qui permet de trouver des repères, de connaitre les rapports entre un gouverné et son gouvernement. Etant liée à l'aspect pratique de la socialisation politique, lorsqu'on est cultivé, on connait toutes les règles du jeu politique de son pays et ce relativement à tous les évènements de cette nature qui s'y déroule, mais comme le dit Daniel Gaxie :

«... la démocratie suppose que le citoyen possède une capacité à apprécier les enjeux et la symbolique du champ politique. Or cette capacité n'est pas donnée à tous dans les mêmes proportions. Il y a un inégal accès à la compréhension de la chose publique, qui dépend, en définitive, d'un habitus de classe... cette inégalité conduit à une division entre d'une part, les professionnels de la politique et, d'autre part, les spectateurs et les indifférents, doublement marqués par une faible maitrise des schèmes de classification et

110Lazarsfeld (paul) et alii, The People's Choice, 1948

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d'évaluation en rapport avec l'organisation publique et par une capacité réduite d'appréciation de la compétence politique »111 .

Dès lors, la faible implication pourrait trouver une compréhension dans l'inégal possession du capital culturel ; comme semble le mentionner ici, Kakabi de New-Bell Ngangue :

« Plusieurs ne savent même pas ce qu'on appelle bureau de vote, encore moins ce que c'est qu'une élection » et cette femme de ménage :

« ... mais là j'ai pas beaucoup de temps. J'aurais plus de temps, ben là je m'en occuperais, j'essaierais de savoir certaines choses quoi, de suivre plus. C'est-à-dire qu'en étant plus informé, on peut déjà plus discuter avec certaines personnes. Quand on sait pas grand-chose, on reste un peut à l'écart »

Ainsi, certains individus ne s'investissent pas beaucoup, pas parce qu'ils ne veulent pas, mais juste qu'ils ne savent comment faire ; témoignant ainsi du sens caché de la participation politique dont évoque Daniel Gaxie112. Cependant, sur la base de certaines questions ouvertes de notre questionnaire, nous avons eu d'autres raisons qui ne relèvent ni de l'incompétence, ni du défaut de culture, mais d'une désaffection pour la chose politique et d'un vide créé par les partis politiques.

5-2- DESAFFECTION POUR LA POLITIQUE, PARTIS POLITIQUES ET FAIBLE
IMPLICATION DE LA POPULACE DANS LA GESTION DE LA CHOSE

PUBLIQUE.

Certes l'incompétence et le défaut de culture politique apportent une compréhension de cet investissement insuffisant de la populace ; toutefois ils ne sont pas exhaustifs. Puisque d'autres éléments, pourvus de sens méritent d'être évoqués ici. Il s'agit de la désaffection jumelée au désintérêt et les partis politiques.

5-2-1- Désaffection, désintérêt pour la politique

La philosophie nous enseigne que l'individu (Homme dans son jargon), se caractérise par sa singularité, sa subjectivité (ses choix et préférences), sa liberté. Bref, par sa marge de manoeuvre, car il est avant tout un acteur (au sens de Merton). En rapport avec notre travail, il apprécie aussi la scène politique et décide de prendre part ou pas à ce qui s'y passe. Ce qui nous appelle à observer le tableau ci-dessous :

111 Sciences Sociales, Citoyenneté et Comportements Politiques, p.148 112Gaxie (daniel), op.cit.

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Tableau 15 : raisons de la non implication et pourcentage

Raisons de

non

implication

Par

désintérêt

Par manque de moyens

Par

découragement

Autres

(manque de
temps)

Total

Effectif

74

50

41

10

178

%

41%

28,08%

23,03%

5,61%

100%

Source : par nos soins

Ce tableau permet de répertorier quelques raisons avancées par ces habitants à la question de savoir pourquoi ils ne participaient pas aux autres activités politiques de leurs quartiers ; et à nous de constater que le désintérêt l'emporte sur les autres raisons. Pour avoir plus de précisions, nous sommes allés auprès d'eux pour les interviewer quant' à pourquoi ils ne s'intéressaient pas à la vie politique. C'est ainsi que le chef du quartier New-Town III nous relata que :

« La mairie ne répond pas favorablement aux doléances des populations, c'est pour cela qu'ils ne sont pas très actifs politiquement »

C'est aussi ce que pense le chef d'antenne d'ELECAM douala IIème :

« Nous rencontrons beaucoup de difficultés dans les bidonvilles, parce que de manière général ils ne croient plus en la politique »

Egalement, cette ménagère explique son découragement et son désintérêt en ces termes :

« Nos jeunes d'aujourd'hui ne s'intéressent qu'à de l'argent, tout le monde y va pour en tirer un profit et non pour écouter les problèmes qui y sont exposés afin de débattre pour en tirer des solutions »

Cet autre anglophone justifie son désintérêt par :

« There is always war among the opposition during the eletorial vote, which causes heatred»

Une quinquagénaire pour sa part ne soutient que :

« Ça ne me nourrit pas »

De plus, certains expliquent cette désaffection par le fait qu'ils ne se sentent pas pris en compte. En se basant sur le concept de démocratie, en tant que système qui confie le pouvoir au peuple, ils estiment que leurs voix ne comptent pas. En effet, même si dans certains quartiers il existe des espaces de concertation, ce ne sont pas tous les habitants qui y sont conviés. Plus encore, cette forme de concertation se limite au niveau du quartier,

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puisqu'il n'y a pas d'espace public113 (entendu comme le lieu de production et d'échange public d'arguments sur les affaires de la cité, aussi, il est communication entre les divers interlocuteurs que sont les hommes politiques et les citoyens « ordinaires ») entre les quartiers de la mairie114. Comme pour dire que le pouvoir ne leur appartient pas. Nous pouvons donc dire que ce désintérêt et cette désaffection tire ses sources de l'histoire commune de ces quartiers ; allant dans le sens d'Hirschman115 (1983) pour qui :

« La participation politique des individus est fonction des différents types de déceptions qu'ils peuvent être amenées à connaitre »

Cette insuffisante implication serait liée à l'apathie de ces populations à l'égard de la chose publique. Quel peut être la responsabilité des partis politiques ?

5-2-2- La responsabilité des partis politiques

Le parti politique se définit sur la base de quatre éléments :

- C'est une organisation durable, c'est-à-dire qu'elle survit à ses dirigeants en place ;

- C'est une organisation locale bien établie et apparemment durable, entretenant des rapports réguliers et variés avec l'échelon nationale ;

- C'est une organisation qui doit avoir pour finalités : la conquête, l'exercice et la conservation du pouvoir ;

- Et le souci de rechercher un soutient populaire à travers les élections ou d'une toute autre manière116.

En s'appuyant sur le premier élément, le parti politique se distingue des simples clientèles, des factions, par le fait que ces dernières disparaissent avec leur fondateurs et animateurs. Le deuxième élément pour sa part, relève que le parti a une organisation complète jusqu'au niveau local, bref complet et entretenant en permanence des relations avec les unités de base. Le troisième diffère les partis, des groupes de pression, parce qu'ils cherchent à obtenir des sièges aux élections, à figurer au parlement, à participer au gouvernement, voire à le diriger. Enfin, le quatrième élément permet de le différencier des clubs politiques parce qu'ils ne participent pas aux élections et à la vie parlementaire, mais font plutôt pression sur les partis, le gouvernement et l'opinion (même si la frontière est franchissable)117.

113 Habermas (Jurgens), l'Espace Public. Archéologie de la Publicité comme Dimension Constitutive de la Société Bourgeoise,Ttrad., Paris, Payot, 1978

114 Le sécrétaire général de la mairie de douala IIème

115Hirschman, Bonheur Privé, Action Publique, Fayard, 1983

116Lapalombara et wiener, Politicals Parties and Political Development, Princeton, 1966, p.5-7 117 Schwartzenberg, Sociologie Politique, 5ed, Monchretien, 1998, p.404

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Les partis politiques jouent plusieurs fonctions. D'un point de vue classique, ils remplissent trois fonctions parmi lesquelles :

- La formation de l'opinion : en effet, ils contribuent à créer ou à maintenir une conscience politique, en assurant l'information et la formation de l'opinion à travers l'encadrement thématique, doctrinal ou idéologique des électeurs et des candidats, en clarifiant et en alimentant le débat politique et en explicitant plus clairement les choix ; bref, ils concourent à l'expression du suffrage (la fonction programmatique)118.

- La sélection des candidats : le parti assure le choix des candidats à proposer aux électeurs à travers le recrutement politique

- L'encadrement des élus : en maintenant un contact permanent entre les élus et les électeurs. Les militants servant de relais entre les deux (ils expliquent aux électeurs l'activité parlementaire de l'élu, défendent ses décisions, font sa propagande)119. Aussi, ils assurent l'encadrement des élus sur le plan parlementaire.

Du point de vue de Franck Sorauf120(1964), il faut replacer le parti politique dans son environnement global. Dans ce sens, le parti dans son activité et ses conduites, aussi bien que dans ses structures, est une réponse à son environnement. Donc en fonction de ce dernier élément, le parti assume certaines fonctions. C'est pour cela que les partis des pays en voie de développement sont omni fonctionnels121.

Selon Almond122, les partis jouent le rôle de l'élaboration, d'application et d'adjudication des règles (contrôle les organes du pourvoir). Aussi, ils constituent des structures de communication. De plus, ils contribuent à l'adaptation et au maintien du système, dans le sens du recrutement et de la socialisation politique. Enfin, ils contribuent à l'articulation et à l'agrégation des intérêts (en complétant ou en suppléant les groupes d'intérêt).

Merton (1965)123 à travers ses concepts de fonctions manifestes et fonctions latentes, énumère trois fonctions :

- Le maintien des contacts directs et constants entre les agents locaux et les électeurs de chaque quartier. Visant ainsi l'humanisation et la personnalisation de tous les procédés d'assistance à ceux qui sont dans le besoin

118 David (apter), The Politics of Modernization, 5ed, 1969, p.181 119Schwartzenberg, op.cit.P.409

120 Franck (Sorauf), Politicals Parties in the American System, Boston, 1964 121David (Apter), op.cit. p. 181-182

122 Almond (Powell), Comparative Politics, Boston, 1966, p.99

123 Merton, Elements de Théorie et de Méthode Sociologique, 1965

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- La procuration des privilégiés politiques qui permettent des gains économiques immédiats

- L'ouverture des avenues de la mobilité sociale pour les groupes déshérités. En fournissant un moyen important de mobilité sociale à des individus qui, à cause de leur origine ethnique et de leur appartenance à la classe inférieure, voyaient leur avancement bloqué.124

Lavau 125(1918-1990), le parti peut remplir la fonction tribunitienne, c'est-à-dire celle qu'ils assurent lorsqu'ils se font porteurs des revendications d'une classe sociale ou d'une clientèle (du clientélisme politique).

Une confrontation de toutes ces fonctions des partis politiques avec nos milieux d'étude, nous a permis de relever que :

Théoriquement, ils sont structurés comme suit : des cellules au niveau des quartiers, des blocs ; des sous-sections au niveau des arrondissements ; des sections au niveau des départements et le comité central au niveau national.126

Mais sur le plan pratique, les autres partis politiques sont absents. Comme nous laisse entendre Kakabi de New-Bell Ngangue :

« On ne sait pas où les retrouver, les localiser, on ne même pas s'ils existent »

En effet, ils n'apparaissent que lors des campagnes électorales pour attirer les électeurs. C'est ce qu'exprime Grégoire :

« Les partis font la politique du ventre, les gens qu'on ne connait pas, qu'on a jamais vu,

viennent nous faire rêver pour l'instant des élections et ils disparaissent par la suite...)

Cette expression « politique du ventre127 » relève tout simplement que les partis n'interviennent à ce moment que pour remplir les formalités. C'est donc cette absence ou alors cette présence non effective qui crée ce vide au niveau de la populace sur le plan politique. En effet, avec cela, aucune fonction n'est remplie, puisqu'une fois élus le pont est directement coupé avec eux. D'où plus d'information, plus de formation politique, les populations étant délaissées à elles-mêmes.

A l'issue de ce chapitre, nous retenons que cette faible implication trouve une compréhension dans le défaut de culture politique qui les rend incompétents, aussi dans la désaffection, le désintérêt accentué par le sentiment de non prise en compte et l'absence des

124 Merton, op. cit. 1965

125Lavau, « à le recherche d'un cadre théorique pour l'étude d'un parti communiste français, rfsp, 1968, p.445 OU ENCORE, à quoi sert le parti communiste français ? 1981

126 HONORABLE FOPOUSSI responsable de la communication SDF

127 Bayart (j-f), l'Etat au cameroun, paris, fnsp, 1979

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partis politiques. Mis en rapport avec les huit niveaux de participation des citoyens aux projets les concernant de Sherry Arnstein128, nous avons pu relever que les habitants de ces quartiers n'ont pas le pouvoir effectif et n'ont qu'une coopération symbolique qui s'arrête beaucoup plus à l'aspect électoral.

Cependant, une question trouve son sens ici : qu'est-ce que les déterminants sociaux peuvent apportés comme explication de ce phénomène ?

128 Sherry (arnstein), a ladder of citizen participation, 1969

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CHAPITRE SIXIEME :

LES CAUSES DE CETTE FAIBLE IMPLICATION POLITIQUE DE LA POPULACE

Dans le chapitre précédent, nous avons essayé d'appréhender ce phénomène sur un aspect microsocial. Cependant, ayant opté pour une approche du fait social total (Marcel Mauss)129, nous ne saurons mettre de coté E. Durkheim 130qui relevait qu'un phénomène social est déterminé socialement, mettant ainsi au devant les déterminants sociaux. C'est également dans ce sens que Lazarsfeld mentionnait que :

« Les individus pensent politiquement comme ils sont socialement »

Ce qui nous amènera donc à examiner la place de l'âge, du sexe, du niveau d'étude (I), celle de l'appartenance religieuse, ethnique et du niveau de revenus dans la faible implication politique de la populace dans les bidonvilles.

6-1- LA PLACE DE L'AGE, DU SEXE ET DU NIVEAU D'ETUDE
6-1-1- L'âge et le sexe

Nous nous appuierons sur les tableaux construits sur la base du dépouillement de nos questionnaires administrés. La variable dépendante étant ici l'intérêt que la populace a pour la politique, nous la croiserons avec l'âge et le sexe qui sont les variables indépendantes. Dès lors, utilisons le premier tableau :

Tableau 16 : intérêt pour la vie politique et tranche d'âge

Intérêt vie politique Age

Oui

Non

Total

20-30

42 /16,8%

55/22%

97/38,8%

30-40

35/14%

50/20%

85/34%

40-50

19/7,6%

23/9,2%

42/16,8%

50 et plus

15/6%

11/4,4%

26/10,4%

Total

111/45%

139/55%

250/100%

Source : par nos soins

129 Marcel (mauss), op. cit.

130 Durkheim (Emile), Les Règles de la Méthode Sociologique, 1895

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Ce tableau établit une relation entre l'intérêt pour la vie politique et l'âge.

La lecture majoritaire nous montre que le désintérêt pour la vie politique est plus fort que l'intérêt. Ceci est dû au fait que dans les bidonvilles, les habitants la considèrent comme une chose compliquée et dont il faudrait s'en méfier.

La lecture différentielle permet de relever qu'il y a d'avantage d'individus âgés entre 20 et 40 ans que ceux dans la tranche 40 ans et plus. Dès lors, il nous donne à croire que ce désintérêt est plus grand chez les plus jeunes (42%) et que ce désintérêt diminue avec l'âge puisque 50% des individus âgés entre 40 ans et plus, s'intéressent à la vie politique contre 42,30% des individus âgés entre 20 et 40 ans qui s'intéressent à la vie politique.

Ainsi, ce degré d'implication peut s'expliquer par le fait que ces quartiers regorgent majoritairement des jeunes qui sont volatiles sur le plan politique, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de conviction ou une idéologie politique stable. En effet, nous avons pu observer sur le terrain des jeunes qui faisaient du bruit lors des campagnes électorales, mais qui en faitn'avaient aucune connaissance de la politique. De plus, de part le manque de socialisation politique primaire, ils ne savent pas les évènements politiques, encore moins comment s'y comporter. En ce qui concerne le fait que le désintérêt pour la vie politique diminue lorsque l'âge augmente, nous avons vu dans le premier chapitre que les individus qui se situaient dans la tranche d'âge 40 ans et plus concevaient la politique comme :

« Tout ce qui concerne la vie de l'homme. C'est-à-dire ce qui concerne la satisfaction de ses besoins à savoir : l'électricité, l'eau, l'éducation, la route, la sécurité... »

M. Jonas de New-Bell Ngangue

Ce qui renvoie donc à dire que tout homme devrait s'y intéresser, car qu'on le veuille ou pas, cela impacte sur la vie de chacun. Aussi, ils sont contraints par leurs différents groupes de référence : associations du quartier, lieu de travail et groupe de pair. C'est ce que nous relata Mme. Barga de New-Town :

« Ce qui fut le cas lors de ces dernières élections présidentielles, législatives et municipales, où une pression indirecte fut mise sur nous, les parents à s'inscrire et à aller voter ».

Ainsi, nous pouvons dire que le déterminisme social permet de noter que la participation politique dans les bidonvilles est corrélée à l'âge, car les individus les moins âgés s'intéressent moins à la vie politique et que ce désintérêt diminue lorsque l'âge augmente.

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Observons le second tableau

Tableau 17 : intérêt pour la vie politique et le sexe

Intérêt vie politique sexe

Oui

 

Non

 

Total

 

Masculin

68/

27,2%

87/

34,8%

155/

62%

Féminin

43/

17,2%

52/

20,8%

95/

38%

Total

111/

45%

139/

55%

250/

100%

Source : par nos soins

Ce tableau établit un lien entre l'intérêt pour la vie politique et le sexe

La lecture majoritaire permet de voir que le désintérêt (55%) l'emporte sur l'intérêt (45%) pour la vie politique. Le désintérêt l'emporte ici tout simplement parce que les individus de sexe féminin sont moins nombreux que ceux de sexe masculin et que parmi ces derniers, il y a plus de jeunes que d'adultes et de personnes âgées. Or nous avons vu dans les quelques lignes précédentes que les jeunes s'intéressaient peu ou pas à la vie publique.

La lecture différentielle relève qu'il y a moins de femmes que d'hommes. Notons aussi que 54,73% des femmes ne s'intéressent pas à la vie politique contre 56,12% des hommes. Bref, ce tableau vient remettre sur la scène le statut de « cadets sociaux » de la femme131, puisque la société considère qu'elle n'a pas de statut politique et qu'elle est confinée dans le foyer à faire les taches domestiques alors qu'elle représente approximativement « 51% »132 de la population totale.Ce qui nous permet de mettre sur la sellette la théorie du « cens caché » pour relever que l'homme et la femme n'ont pas un égal accès aux ressources nécessaires à la compétence politique, car la discrimination de genre est existante entre l'homme et la femme.

Voilà pour ce qui de l'âge et du sexe, qu'en est-il du niveau d'étude et de la situation matrimoniale ?

6-1-2- La place de la situation matrimoniale et le niveau d'étude

Nous nous servirons une fois de plus des tableaux issus de notre fiche de dépouillement. Soit le tableau ci-dessous :

131 Bayart (j-f), La Politique par le Bas

132 Nana-Fabu, S., op. cit., P.73

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Tableau 18 : intérêt pour la vie politique et situation matrimoniale

Intérêt vie politique Situation

matrimoniale

Oui

Non

Total

Célibataire

50/20%

53/21,2%

103/41,2%

Marié

38/15,2%

59/23,6%

97/38,8%

Veuf (ve) s

10/4%

12/4,8%

22/8,8%

Divorcé

13/5,2%

15/6%

28/11,2%

Total

111/45%

139/55%

250/100%

Source : par nos soins

Ce tableau établit un rapport entre l'intérêt accordé à la vie politique et la situation matrimoniale.

A l'issue de la lecture majoritaire, il y a toujours moins de personnes qui s'intéressent à la vie politique, ceci pour les mêmes raisons que celles des deux premiers tableaux.

La lecture différentielle révèle que les individus mariés ou célibataires s'intéressent davantage à la chose publique que les divorcés et les veufs. En effet, ce sont les mariés et les célibataires qui considèrent la politique comme :

« Un monde de tromperie, dangereux. De plus, il y a mieux à faire que de s'y intéresser, car cela n'améliore pas les conditions de vie et est réservé aux autres, bien plus compétents »

D'après ce tableau, plus on est marié et célibataire moins on s'intéresse à la gestion de la chose publique dans la populace.

Soit le deuxième tableau :

Tabeau19 : intérêt pour la vie politique et niveau d'étude

Intérêt vie politique Niveau d'étude

Oui

Non

Total

Primaire

14/5,6%

21/8,4%

35/14%

Secondaire

48/19,2%

62/24,6%

110/44%

Supérieur

43/17,2%

45/18%

88/35,2%

Sans niveau

06/2,4

11/4,4%

17/6,8%

Total

111/45%

139/55%

250/100%

Source : par nos soins

Ce tableau établit un lien entre l'intérêt pour la vie politique et le niveau d'étude.

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Au niveau de la lecture majoritaire, le constat est le même.La lecture différentielle quant' à elle montre que ce sont les individus qui ont un niveau inférieur ou égal au secondaire qui sont les moins intéressés. En nous appuyant sur le sens caché de la participation politique de Daniel Gaxie, nous comprenons que ce désintérêt est la résultante d'un sentiment d'incompétence politique qui les amène à s'exclure eux-mêmes. Pour illustrer cela, reprenons ces paroles de cette femme de ménage :

« ... mais là j'ai pas beaucoup de temps. J'aurais plus de temps, ben là je m'en occuperais, j'essaierais de savoir certaines choses quoi, de suivre plus. C'est-à-dire qu'en étant plus informé, on peut déjà plus discuter avec certaines personnes. Quand on sait pas grand-chose, on reste un peut à l'écart »

De plus, nous avons des individus que lors des entrevues ne savaient et ne comprenaient pas ce que c'est que la politique, encore moins ce que c'est que participer à la gestion de la chose publique.

Ainsi, le niveau d'étude conditionne le degré d'implication politique des individus au point où nous pouvons donc dire que le désintérêt pour la vie politique, trouve une cause dans le bas niveau scolaire des habitants de bidonvilles (64,8%) comprenant le primaire, les sans niveau et le secondaire.

Que nous apportent l'appartenance religieuse, l'appartenance ethnique et le niveau de revenu.

6-2- LA PLACE DE L'APPARTENANCE RELIGIEUSE, DE

L'APPARTENANCE ETHNIQUE ET LE NIVEAU DE REVENU

6-2-1- L'appartenance religieuse et l'appartenance ethnique Soit ce Tableau 20 : intérêt pour la vie politique et appartenance religieuse

Intérêt vie politique

Religion

Oui

 

Non

 

Total

 

Catholiques

60/

24%

81/

32,4%

141/

56,4%

Protestants

27/

10,8%

28/

11,2%

55/

22%

Musulmans

10/

4%

20/

8%

36/

14,4%

Autres

08/

3,2%

10/

4%

18/

7,2%

Total

111/

45%

139/

55%

250/

100%

Source : par nos soins

Il met en relation l'appartenance religieuse et l'intérêt pour la politique. A bien l'observer, nous nous rendons compte que l'appartenance religieuse n'a pas trop d'influence

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sur l'intérêt ou le désintérêt pour la chose publique dans les bidonvilles car les proportions ne sont pas très importantes. En effet, nous devons mentionner que ce sont des milieux de prédilection pour les églises, puisqu'en proie au chômage, au désespoir, au stress et à la violence (s'agissant des femmes)133 ; poussant ainsi les habitants de ces quartiers à se tourner vers les églises à la recherche d'un réconfort psychologique. Par conséquent, ces adeptes ne justifiaient pas leur faible implication politique par leur obédience, mais plutôt par :

Soit le manque de temps : « Je n'ai pas le temps pour ça, ça ne me sert à rien » un protestant Soit par un sentiment d'incompétence : « je ne suis pas doué pour ça » un catholique

Soit par désaffection pour la vie politique : « je n'aime par la vie politique » un catholique. Sauf ce témoin de Jéhovah pour qui : « on nous interdit la politique parce que cela fait avoir les mains sales, cela attire les sectes »

Voilà donc pourquoi cette variable n'a pas trop d'importance dans la compréhension et l'explication du degré d'implication politique dans les bidonvilles. En plus, elle constitue plutôt un repère dans la structuration de l'espace politique (pour savoir si on est à gauche ou à droite).

En ce qui concerne l'appartenance ethnique, elle influence au niveau du type d'élection. En effet, dans une logique de la politique du ventre, ces individus s'investissent moins parce qu'ils n'ont pas les affinités avec les candidats puisqu'ils ne sont pas souvent de la même tribu, aussi parce que c'est plus restreint et plus contraignant. Alors que lors des élections législatives et municipales, il y a une plus grande représentativité, puisque même les partis minoritaires peuvent se battre à l'échelle d'une localité ou dans leur « fiefs » avec les leurs ; ce qui suscite plus d'investissement de la part des habitants à cause des affinités. Référons nous à ces paroles de Pierre de New-Bell Ngangue :

« Mes gens ne sont pas candidats, je vais aller voter qui, je ne connais pas les autres »

6-2-2- Le niveau de revenu

Le niveau de revenu est un aspect non négligeable dans la détermination de l'intérêt qu'ils accordent à la vie politique. Dans ces quartiers, la majorité s'exerce dans le secteur informel et voici leurs activités : « mototaximen », vendeur à la sauvette, mécanicien, aide maçon, vigile, menuisier, travailleuse de maison et la liste n'est pas exhaustive. C'est partant de tout cela que, Philippe Bissek134 les appelait « populations à faibles revenus ». Aussi, Jean

133www. Mboa. Info

134Bissek (Philippe), Habitat et Démocratisation au Cameroun, Ed Karthala, 1994, pp.11-12

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Marc Ela135relevait que le mirage urbain attirait ces individus vers les villes. Mais ils viennent se confronter à une inadéquation entre les infrastructures, les ressources de ce nouveau milieu et l'offre d'emploi. Quand bien même certains ont un revenu, ce revenu n'est pas de nature à leur permettre de supporter le mode de vie urbain. C'est ainsi, qu'ils rabattent dans les bas-quartiers, les quartiers pour travailleurs sous-payés ou à revenu faible, où sévissent la misère, l'insalubrité, une forte pression démographique.

C'est fort de cette situation qu'Achille Mbembe136 a relevé que c'est un certain seuil de revenu par tête qui viabilisera la démocratie en Afrique. Sinon les habitants ne prioriserons que la satisfaction des exigences matérielles et alimentaires sur d'autres, avec comme conséquence l'orientation des représentations politiques sur l'attente « du manger » ou du matériel.

Dans la même lancée, Jérôme Lafargue mentionnait déjà qu'une mobilisation dans les bidonvilles n'est pas efficace à cause de la pauvreté des uns et des autres.

Ainsi, le faible ou le manque de revenu pourrait expliquer ce faible investissement de ces populations dans la mesure où la participation requiert une certaine indépendance économique ou matérielle et un revenu important qui permettraient l'achat des journaux par exemple, d'adhérer à un parti puisqu'il y a des contributions à faire.

Au demeurant, retenons de cette partie que les habitants des bidonvilles s'investissent peu dans la chose publique parce qu'ils recèlent en eux un sentiment d'incompétence en la matière. Ce sentiment est causé par le défaut de culture politique. Aussi, ils ressentent une désaffection et un désintérêt pour la politique, le tout accentué par l'abandon des partis politiques qui laisse un vide au niveau de la formation et de l'information politique. Cet état de chose peu aussi être corrélé à l'âge en ce sens que ce sont des quartiers constitués en majorité des jeunes ; également au sexe dans ce sens que la discrimination de genre fait en sorte que les femmes qui sont plus nombreuses n'ont pas un réel statut politique ; en plus, le niveau d'étude permet de relever que la déperdition scolaire fait en sorte que très peu s'investissent dans la gestion de la chose publique.

135Ela (Jean Marc), La Ville en Afrique Noire, Karthala, Paris, 1983, pp. 71-99

136Mbembe (Achille), Afriques Indociles : Christianisme, Pouvoir et Etat en Société Postcoloniale, Karthala, Paris, 1988, pp.153-177

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CONCLUSION

Au terme de ces investigations, il importe de repréciser les objets qui ont fait l'économie de notre travail sur le thème : la participation politique dans les bidonvilles. Ce travail était axé autour de quatre principaux objectifs, à savoir : ressortir la conception qu'ils ont de la chose publique, le détenteur du pouvoir dans ces quartiers, ceux qui participent et comment, le degré et le pouvoir de participation et enfin les raisons et causes de ce degré de participation. Dès lors, le problème est celui de la non implication politique des habitants des bidonvilles dans la gestion de la chose publique. Ce qui entraina la question de savoir comment appréhender le fait que ces habitants ne s'impliquent pas suffisamment en dépit des efforts des pouvoirs publics allant dans le sens de la participation politique de tous ? En termes d'hypothèse générale, l'implication politique des habitants de bidonville est fonction de la compétence politique qu'ils recèlent et des déterminants sociaux. Pour parvenir à nos fins, les théories telles que celle de : la participation (Sherry A, Arnstein, 1969), du cens caché (D. Gaxie) et celle du déterminisme social (Durkheim) ont été indispensables. aussi, vu la complexité de ce phénomène, l'option a été celle de la méthode quali-quantitative, de la logique déductive et inductive, qui ont permis d'avoir une vision macro et microsociologique de cette réalité ; c'est - à - dire de partir à partir des études de cas et des expériences pour toucher la représentation que ces habitants se font de la participation politique ; et d'un nombre important pour mettre en évidence la causalité .Afin de pouvoir le faire, l'outil choisi c'est le guide d'entretien et le questionnaire et d'un échantillon à la fois probabiliste et non-probabiliste. De ce travail structuré en trois parties comprenant chacune deux chapitres, il ressort dans la première partie qui portait sur le cadre théorique et méthodologique de la recherche que :

Nous sommes là dans le domaine de la sociologie politique en général, et dans celui de la sociologie électorale et du monde d'en bas en particulier. De plus, la participation politique est un concept dont l'approche est complexe, plus encore lorsqu'il est mis en rapport avec les bidonvilles, car ce sont des milieux qui échappent à tout contrôle. Au regard donc de cette complexité, l'approche par le fait social total de Marcel Mauss a été sollicitée ; avec comme milieux d'étude New-Bell Ngangue et New-Town AeroportIII.

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Dans la deuxième partie qui traitait de l'imaginaire sociale de la populace et la question de la participation politique, les formes et degrés de participation politique dans les bidonvilles, nous avons obtenu que :

La politique pour eux est un domaine qui touche à la gestion de la société, un domaine de duperie, de peu ou pas de confiance, une affaire d'intérêt, mais qui demande que plusieurs conditions soient remplies. Bref quelque chose de très compliquée et par conséquent réservé à ceux qui en ont les capacités. Aussi, nous pouvons retenir de cette partie que l'absence de socialisation politique primaire et l'insuffisante socialisation politique de l'école, font en sorte que la majorité des jeunes de ces milieux ignorent ce que c'est que participer à la vie politique. Cependant, de ceux qui en savent quelque chose, ils développent une réticence comme leurs parents. Fort de cela, cette partie a permis de noter qu'ils ne s'investissent pas suffisamment dans la politique.

En ce concerne la troisième et dernière partie qui évoquait les raisons et les causes de cette faible implication politique, elle nous a apporté que :

En termes de raisons, leur faible implication politique est liée au sentiment d'incompétence politique que la majorité a dans ces milieux, ce qui se manifeste par un défaut de culture politique. Tout ceci est accentué par le vide que laisse la non présence des partis politiques dans ces milieux et la désaffection qu'ils ont pour la chose politique. Au rang des causes, nous pouvons retenir que l'âge, le sexe, le niveau d'étude et de revenus, procurent une explication de ce faible investissement de la populace dans la politique. Puisque ce sont des milieux qui regorgent plusieurs jeunes (se caractérisant par leur volatilité), des milieux en proie à la déperdition scolaire et à la pauvreté matérielle.

Au regard de ces résultats obtenus par partie, nous pouvons dire que nos hypothèses se vérifient. En effet, leur degré d'implication politique est lié à leur démotivation, au fait qu'ils se sentent incompétents politiquement et que malgré une certaine concertation avec les pouvoirs publics, le niveau d'étude et de revenu freinent ou empêchent la participation de certains.

En dépit des difficultés rencontrées, telles que :

Le caractère herméneutique sur de la politique ; la réticence que ces habitants des bidonvilles ont face à la politique à cause des préjugés venant de leurs familles qui est un agent de socialisation politique ; la difficulté d'accès aux informations.

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Nous avons pu noter que ce qui bloque leur implication politique c'est ce sentiment d'incompétence politique, mais aussi le fait qu'il n'y a pas une politique adaptée à leur milieu, puisque ces derniers veulent quelque chose de nouveau et de concret.

Cependant, nous n'avons pas la prétention d'avoir tout examiné, car la recherche n'a pas été très approfondie sur l'aspect contestataire de la participation et sur l'aspect de projets dans le sens du développement.

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ARTICLES ET REVUES

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BELAADI Brahim, « Le Bidonville : histoire d'un concept », Article, In Revue des Sciences

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CNED-academie en ligne, séquence 2, la participation politique

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Daniel Armah -Attoh, « participation politique et perception populaire de la responsabilité politique au Ghana », Mars 2006

Hudon (C.), Christian (P.), Stéphanie (Y.), « Participation Politique, Expressions de la Citoyenneté et les Formes Organisées d'Engagement : La Contribution des Coalitions à un Renouvellement des Conceptions et des Pratiques », In Politiques et Sociétés, vol.27, no3, 2008, P.170

Mark Butayé et Marie-Claude, « Chainage sur la participation politique et planification d'action national d'inclusion sociale : du pain sur la planche », Aout 2003

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MEMOIRES ET THESES

Mang (S.P.), « Le Comportement Electoral des Camerounais : qui vote pour qui et pour quoi. Le Cas De Mbandjock », Mémoire de Maitrise en Sociologie, Université de Yaoundé I, Septembre 1997, 84 P.

Ndongmo (M.), « L'Eglise Catholique et le Processus Démocratique au Cameroun : Une Analyse de la Participation Politique des Archidiocèses de Douala et Yaoundé », Mémoire de Master en Sociologie Politique, Université de Douala-Cameroun, 2013, 163P.

Nguéhan (S.), « Environnement Social Précaire, Décrochage Scolaire et Stratégie de Réussite : Une Etude Exploratoire du Phénomène au Quartier New-Bell de Douala », Mémoire de Master en Psychologie Sociale, Université de Douala, 2007, PP.17-19

SEMINAIRES ET COURS MAGISTRALES

Ekomo (E.C.), Méthodes de Recherche en Sciences Sociales, Support de Cours Sociologie Niveau II, 2008 - 2009.

Ndinga, Cours Magistrale de Techniques quantitatifs, Sociologie Niveau III, Université de Douala, 2010

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AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA

Ngandongo (V.), Séminaire sur la Confession et la Production des Travaux de Recherche, Département de Sociologie, Université de Douala 2013

Nkoyock (J.), Histoire des Idées et des Institutions Politiques, Cours Magistrale, Niveau II, Année 2009-2010

Nkoyock (J.), Cours de Pensée Politique Contemporaine, Sociologie Politique, Niveau III, 2011

Précis de Sociologie, Edition 2004, P.137

Yomb (J.), les Courants Sociologiques, Deuxième année licence, Université de Douala

2008 /2009

SITES INTERNET VISITES

WWW redaction bonaberi.com: novembre 2012 WWW daccess - ods.un.org: novembre 2012 www.erudit.com octobre 2012

WWW. CSH-delhi-com octobre 2012 WWW. inst.gouvernace.org octobre 2012 WWW.munives.gob.pr octobre 2012

WWW. Abhatoo. Net : Le 10 Novembre 2013 www.cours-de-driot.net le 20 octobre 2014 WWW. Germinal newspaper.com : Le 05 Décembre 2014 WWW. Mboa. Info : Le 05 Décembre 2014

ANNEXES

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AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA

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Annexe 1 : carte présentant les zones d'étude

Source : www google map.fr consulté le 16 décembre 2014 à 14h

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Annexe 2 : questionnaire et guides d'entretien

Bonjour Monsieur ou Madame je suis étudiant en sociologie niveau V et je mène une étude sur la participation politique dans les bidonvilles et j'aimerais si vous le voulez bien, que vous répondiez à ces

questions.

QUESTIONNAIRE (cocher la case)

I- FICHE SIGNALITIQUE

1. Le sexe : masculin Féminin

2. L'âge [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50 et + [

3. Situation matrimoniale : Marié(e) Célibataire Veuf(ve)

Séparé Divorcé

4. Niveau d'étude : Primaire Secondaire Supérieur

5. niveau de revenu : moins de 28000 8000 plus de 28000

6. Appartenance religieuse Catholique Protestant Musulman

autres à préciser

7. Appartenance ethnique .

II- PARTICIPATION ET FORME DE PARTICIPATION POLITIQUE

8. Vous intéressez vous à la vie politique ? : Oui Non Sans opinion

9. Si non pour quelle(s) raison(s)?

10. Si oui comment vous intéressez vous à la vie politique ? : en regardant les émissions

politiques en lisant les rubriques politiques dans les journaux

11. A quel mouvement politique appartenez-vous ? parti au pouvoir (RDPC)

partis d'opposition A préciser
Aucun parti politique

Pour quelle raison ?

III- DEGRE DE PARTICPATION

12. En dehors des échéances électorales participez-vous à d'autres activités d'ordre

politique de votre quartier ? Oui Non

Si oui lesquelles ?

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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES CAS DE NEW-TOWN
AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA

Si non pourquoi ? Par désintérêt Par manque de moyen Par

découragement autres à préciser .

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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES CAS DE NEW-TOWN
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Bonjour Monsieur ou Madame je suis étudiant en sociologie niveau V et je mène une étude sur la participation politique dans les bidonvilles et j'aimerai si vous le voulez bien poser quelques questions.

GUIDE D'ENTRETIEN

I- CONCEPTION DES HABITANTS DE LA PARTICIPATION

POLITIQUE

1) Selon vous c'est quoi la politique ?

2) A quoi renvoie le terme participer ?

3) C'est donc quoi la participation

politique ?

II- DETENTEUR DU POUVOIR DANS LE QUARTIER

4) Qui gère le quartier ?

5) En dehors du chef de quartier quels sont les autres groupes qui interviennent dans la

gestion du quartier ?

6) Quels est la place du citoyen que vous êtes dans la gestion du quartier ?

III- QUI PARTICIPE ET COMMENT

7) Lors des échéances électorales, comment faites-vous au niveau de votre

quartier ?

8) Après les élections comment les habitants s'organisent pour avoir accès aux services de bases tels que : la sécurité, l'eau courante, l'hygiène ou l'assainissement du

quartier ?

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IV- LE DEGRE DE PARTICIPATION : RAISON DE CE DEGRE

D'IMPLICATION

9) Comment est ce que la commune de Douala et le chef du quartier font pour que vous

vous impliquiez dans la gestion du quartier 7

10) Comment réagissez-vous 7

11) Pour quelles raisons 7

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GUIDE D'ENTRETIEN POUR LA MAIRIE

1) Quelle est la conception que vous avez de la participation politique et de la

politique 7 .

2) Que faites-vous pour amener les populations dans les quartiers évoqués à

s'impliquer dans la gestion de la chose publique ?

3) Est-ce à travers des projets ? si oui, pouvez-vous nous en citer quelques uns que

vous avez montés 7 .

4) Qu'avez-vous observés ? qu'ils impliquaient, si oui sous quelles

formes ? si non

pour quelles raison ?

5) Avez-vous une plateforme de communication entre les habitants de ces

quartiers et vous 7

de manière participative ou unilinéaire 7 .

6) Quels sont vos auxiliaires dans la gestion de ces quartiers 7 .

7) Combien d'habitants comptes chacun de ces quartiers ? Combien

en âge de voter 7 .

8) A-t-il des ressortissants d'autre pays ? si oui combien sont-ils ?

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GUIDE D'ENTRETIEN POUR LE CHEF D'ANTENNE ELECAM DOUALA IIemè

1) Le nombre d'habitants de New-Town et de New-Bell 7

2) Le nombre d'électeurs potentiels 7

3) Le nombre d'inscrits sur les listes électorales 7

4) Le nombre d'électeurs ayant retiré leur carte d'électeur 7

5) Le nombre de votant et l'abstention 7

6) Pour vous c'est quoi participer à la politique ?

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GUIDE D'ENTRETIEN

(Adressé à monsieur le sous-préfet de l'arrondissement de DOUALA II)

1- Quelles sont les coordonnées géographiques des quartiers New-Town et New-Bell ?

2- Quelle est la composition sociologique de ces quartiers ?

3- Combien d'habitants compte DOUALA II en général et les quartiers évoqués ci-dessus ?

4- Combien sont en âge de voter ?

5- Quelle plateforme de communication avez-vous entre vos populations et vous ?

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GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES MILITANTS DE PARTIS POLITIQUES

1- qu'est-ce que c'est que la participation politique pour vous ?

2- quel est votre rôle en tant que parti politique ?

3- comment jouez-vous ce rôle dans les bidonvilles ?

4- avant les échéances électorales ?

5- pendant les échéances électorales ?

6- et après ces échéances électorales ?

7- quels sont les obstacles que vous rencontrez dans les bidonvilles ?

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Annexe 3 : liste des interviewes

Nom et prénoms

Statut social

Date et heure de l'entretien

Lieu de l'entretien

M. NJOCK Bjiki Emmanuel

Secrétaire général Mairie douala II

02 Avril 2014 à 15 H

A la mairie

M. ZAKARI MOHAMADOU Abdou

Chef d'antenne ELECAM douala II

29 Janvier 2014 à 12 H

Antenne ELECAM doualaII

Honorable Fopoussi

Ancien député et communicateur pour le SDF

05 Aout 2014 à 16H

Dans son cabinet à Akwa

Ndongo Nama

Chef du quartier New-Town III

17 Mars 2014 à 9H

A son domicile New-Bell

Grégoire

étudiant

12 Mai 2014 à 18H

New-Town

Ebaï

student

12 Mai 2014 à 16H

New-Town

Junior

Elève

13 Mai 2014 à 17H

New-Town

Yannick

Elève

10 Juin 2014 à 9H

New-Bell

Maxime

Elève

14 Mai 2014 à 15H

New-Town

Jonas

Manutentionnaire

8 Juin 2014 à 16H

New-Bell

Anonyme

Ménagère

8 Juin 2014 à 18H

New-Bell

Anonyme

Moto taximan

14 Mai 2014 à 17H

New-Town

Anonyme

Pentecôtiste

8 Juin 2014 à 9H

New-Bell

Kakabi

Informaticien

12 Juin 2014 à 14H

New-Bell

Anonyme

Témoin de Jéhovah

15 Juin 2014 à 16H

New-Bell

Michel

Manutentionnaire

15 Juin 2014 à 14H

New-Bell

Anonyme

ménagère

15 Mai 2014 à 10H

New-Town

Une quinquagénaire anonyme

Bayamsellam

15 Juin 2014 à 11H

New-Bell

Un anglophone anonyme

Carpenter

22 Mai 2014 à 17H

New-Town

Barga

commerçante

23 Mai 2014 à 16H

New-Town

Pierre

commerçant

20 Juin 2014 à 17H

New-Bell

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AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA

TABLE DES MATIERES

DEDICACES i

REMERCIEMENTS .ii

SOMMAIRE iii

RESUME .v

ABSTRACT .vi

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vii

LISTE DES TABLEAUX ix

EPIGRAPHE x

INTRODUCTION 1

PREMIER PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHOLOGIQUE DE LA

RECHERCHE ..6
CHAPITRE PREMIER : PROBLEMATIQUE ET REVUE CRITIQUE DE LA

LITTERATURE 7

1-1- Constat, problème et question de recherche 7

1-1-1-Constat de la recherche .7

1.1.2- Problème et question de recherche ...8

1-2- La revue critique de la littérature 9

1-2-1- Travaux relatif a la participation politique 9

1-2-2- Travaux relatifs aux bidonvilles .12

1-2-3- Travaux relatif a la participation politique dans les bidonvilles 14

CHAPITRE DEUXIEME : CADRE THEORIQUE ETELABORATION DE LA

METHODE DE RECHERCHE 19

2-1- Champs sociologiques mobilises, théories utilisées et hypothèses 19

2-1-1- Champs sociologiques et théories mobilises 19

2-1-2- Théories mobilisées 20

2-1-2-1-La théorie de la participation 20

2-1-2-2- La théorie du « cens cache » de la participation de D. gaxie 21

2-1-2-3- Le déterminisme social 22

2-1-3- Hypothèses 23

2-1-4- définition des concepts .23

2-1-4-1- La participation politique .23

2-1-4-2- Les bidonvilles .25

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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES CAS DE NEW-TOWN
AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA

2-2- Elaboration de la méthodologie de recherche

27

2-2-1- Méthode de recherche

27

2-2-2- La logique de recherche

.28

2-2-3- Délimitation du sujet et du terrain de la recherche

28

2-2-3-1. Presentation de new town aéroport

.29

2-2-3-2. Présentation de new bell

.30

2-2-4- Echantillonnage

.31

2-2-5- Techniques, outils de collecte et analyse des données

.33

2-2-6-Analyse des données

34

2-2-7- Axes de recherches

36

DEUXIEME PARTIE : L'IMAGINAIRE SOCIALE DE LA POPULACE ET LA QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE, LES FORMES ET DEGRES DE

PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES 37

CHAPITRE TROISIEME : L'IMAGINAIRE SOCIAL DE LA POPULACE ET

QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE

.38

3-1- La notion du politique et la populace

.38

3-1-1- La conception des gestionnaires du quartier

38

3-1-2- Une conception sensible aux déterminants sociaux

.39

3-1-2-1- Relativement à l'Age et au sexe

.39

3-1-2-2- Relativement au niveau d'étude et à l'appartenance religieuse

42

3-2- qu'est-ce que participer a la politique pour la populace ?

44

3-2-1- la place de la socialisation politique dans la conception de la participation

politique dans la populace

44

3-2-1-1- Qu'est-ce que la socialisation politique ?

45

3-2-1-2- une conception relative a la socialisation politique

.48

3-2-2- une conception beaucoup plus conventionnelle de la participation politique..51 CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES ET DEGRES DE PARTICIPATION

DANS LES BIDONVILLES

52

4-1- les formes de participation politique en général

52

4-1-1-1- la participation conventionnelle

52

4-1-1-2- la participation non conventionnelle

.53

4-1-2- qu'en est-il dans les bidonvilles ?

55

4-1-2-1- la culture politique dans ces milieux

.56

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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES CAS DE NEW-TOWN
AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA

4-1-2- les comportements politiques dans les bidonvilles 57

4-1-2-1- lors des élections 57

4-1-2-2- en dehors des échéances électorales ...60

4-2- Les degrés de participation politique dans les bidonvilles 61

4-2-1- Le niveau d'implication ou d'investissement dans la gestion de la chose

Publique 61

4-2-2- le taux de participation dans ces quartiers 62
TROISIEME PARTIE : LES RAISONS ET LES CAUSES DE CETTE FAIBLE IMPLICATION DE LA POPULACE DANS LA GESTION DE LA CHOSE

PUBLIQUE 65
CHAPITRE CINQUIEME : LES RAISONS DE CETTE INSUFFISANTE

IMPLICATION POLITIQUE DE LA POPULACE 66
5-1- La notion de la compétence politique et la faible implication politique

de la populace 66

5-1-1- L'incompétence politique 67

5-1-2- Le défaut de culture politique ou manque de culture politique 69

5-2- Désaffections pour la politique ? Partis politiques et faible implication de la populace

dans la gestion de la chose publique 70

5-2-1- Desaffectons, désintérêt pour la politique 70

5-2-2- La responsabilité des partis politiques 72

CHAPITRE SIXIEME : LES CAUSES DE CETTE FAIBLE IMPLICATION

POLITIQUE DE LA POPULACE 77

6-1- la place de l'âge, du sexe et du niveau d'étude 76

6-1-1- l'âge et le sexe .76

6-1-2- La place de la situation matrimoniale et du niveau d'étude 78

6-2- Le place de l'appartenance religieuse, de l'appartenance ethnique et le niveau de

Revenu .80

6-2-1- l'appartenance religieuse et l'appartenance ethnique 80

6-2-2- le niveau de revenu 81

CONCLUSION 83

BIBLIOGRAPHIE 86

ANNEXES 93

TABLE DES MATIERES 104






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius