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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
INTRODUCTION
Le bidonville, ce concept apparu en 1936 sous la
plume1d'Augustin Berque, renferme en lui une réalité
sociale particulière. Ces dernières décennies, il attire
de plus en plus l'attention des chercheurs de différentes disciplines
que ce soit géographes, anthropologues, politologues, économistes
et sociologues. Ceci par le fait qu'il occupe des proportions de plus en plus
croissantes dans le phénomène urbain. En effet, selon
l'organisation des nations unies, plus de 35% de la population mondiale
vivraient dans les bidonvilles. Au Cameroun,2 67% de la population
urbaine du Cameroun vit dans les bidonvilles et ceci connaît une
croissance annuelle de 5 ,5%. C'est face à cette situation que les
chercheurs se sont intéressés à une étude sur les
bidonvilles ; allant dans ce sens, une recherche sur la participation politique
dans ces zones viendra apporter une plus grande compréhension de ce
phénomène.
En effet, une brève incursion dans l'histoire politique
du Cameroun3 nous permet de relever un ensemble
d'éléments relatifs à son paysage politique et à la
participation politique dans le pays en général et dans la ville
de Douala en particulier. En effet, avant 1884, n'est pas défini, mais
les différents peuples qui évoluent dans son territoire
entretiennent de multiples échanges avec l'extérieur. Cependant,
le tournant est pris avec « le traité germano-douala » du 12
juillet 1884 signé entre les commerçants allemands et les rois
Akwa et Bell. Ce qui donna le droit au consul allemand Gustave Nachtigal de
prendre possession de ce territoire au nom de l'empereur allemand Guillaume II.
C'est ainsi que le Cameroun devint un protectorat allemand. A partir de
là, l'évolution du Cameroun s'est effectuée en quatre
étapes. La première fut le protectorat allemand de 1884 à
1916, impliquant que l'Etat protégé conserve les institutions
traditionnelles en confiant à l'Etat protecteur le contrôle de sa
politique étrangère, sa défense et sa monnaie. La seconde
étape est la double administration franco-britannique, dont la
première phase fut le condominium (entendu comme une forme
spéciale d'administration collégiale d'un territoire par
plusieurs puissances étrangères) franco-britannique de 1916
à 1919. Mais avec la fin de la première guerre mondiale en 1919
et la
1 BELAADI Ibrahim, Le bidonville : histoire d'un
concept, article
2
www.rédaction-bonabéri.com
3Sindjoun (L.), Election et Politique
au Cameroun : Concurrence Déloyale, Coalitions de Stabilité
Hégémonique et Politique de l'Affection, Cameroun, African
Association of Political Science, 1997, PP.89-121
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création en 1920 de la SDN (société des
nations), le Cameroun change de statut et entre dans la deuxième phase
qui est celle du régime de mandat international de 1919 à 1945.
Ce nouveau statut consistait à confier la gestion de certains
territoires à des puissances sous le contrôle de la SDN ; c'est
ainsi que les populations avaient le droit d'adresser des pétitions au
sujet de leur administration à la commission permanente des mandats.
Cependant, avec l'éclatement de la seconde guerre mondiale, le Cameroun
change une fois de plus de régime pour être sous celui de tutelle
(qui est une solution transitoire destinée à favoriser
l'évolution des populations vers la capacité à
s'administrer elles-mêmes) qui va de 1945 à 1961. En effet, le 13
décembre 1946, l'ONU (organisation des nations unies) accorde la tutelle
du Cameroun à la France et à l'Angleterre pour l'administration
de leurs zones respectives selon leur législation, mais sous le
contrôle du conseil de tutelle. Cette phase préparant le Cameroun
vers l'indépendance se caractérisa par la mise en place de ses
premières institutions sous la tutelle française et sous la
tutelle britannique. Dans la sphère française, nous avons la
création de l'union française en 1946 où les élus
camerounais participent dans les institutions de cette union telles que :
l'assemblée de l'union française, le conseil de la
république, le conseil économique et social. En plus de l'union
française furent créées des institutions locales telles
que : l'ATCAM (assemblée territoriale du Cameroun) en 1952 ; l'ALCAM
(assemblée législative du Cameroun) en 1957, favorisée par
« la loi-cadre » de Gaston Deferre de 1956 qui prévoit aussi
un conseil de gouvernement dirigé par un premier ministre (dont le tout
premier fut André Marie Mbida avec son vice- premier ministre Ahmadou
Ahidjo. Après plusieurs tractations, la citoyenneté camerounaise
est reconnue sur le plan international, ce qui amène l'ONU à
lever la tutelle sur le Cameroun le premier janvier 1960 permettant ainsi au
Cameroun d'être indépendant et que soit élu le 05 Mai 1960
Ahmadou Ahidjo le premier président de la république du Cameroun.
En ce qui concerne le Cameroun sous tutelle britannique, il est rattaché
au Nigeria et est administré par une classe politique divisée en
deux groupes : les anti-Nigéria conduits par John NguFoncha qui
créa en 1949 le KUNC (Kamerun United National Congres), qui devint en
1955 le KNDP (Kamerun National Democratic Party). Le deuxième groupe est
celui des pro-Nigéria avec pour leader le docteur Endeley Emmanuel qui
fonda pour sa part le CNF (Cameroun National Federation).Au rang des
élections, relevons celles de janvier 1959 remportées par John
NguFoncha, partisan de la réunification ; aussi celle des 11 et 12
fevrier 1961 organisées par l'ONU relativement à la position du
« northern » et du « southern Cameroon ». C'est ainsi
qu'à l'issue de la conférence de Foumban de 1961, la
réunification est proclamée, donnant naissance à la
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république fédérale du Cameroun
(RFC).Nous notons donc que la vie politique du Cameroun pendant cette
période était marquée par le multipartisme (de 1938
à 1966)4, la possibilité d'adresser des
pétitions et de prendre part aux élections. En d'autres termes,
une possible participation de la population à la vie publique de son
pays parmi tant d'autres. Mais cette possibilité bien qu'existante
formellement fut verrouillée dans les faits par les autorités en
place, ce qui conduit le Cameroun dans le monopartisme (de 1966 à 1990).
En effet, après son accession au pouvoir, le président Ahmadou
Ahidjo créa l'UNC (union nationale Camerounaise) en septembre 1966, qui
resta le seul parti en activité avant d'être remplacé le 24
Mars 1985 par le RDPC. Avec à la tête président Paul Biya.
Ce parti demeura aussi le seul parti jusqu'en décembre 1990. Ce fut
là le retour au multipartisme comme la résultante d'un ensemble
de revendications sociopolitiques. C'est à partir de cet instant que
furent légalisés de nombreux partis politiques, qui
participèrent même aux élections législatives du
1ER Mars 1992.Elles ne constituent que les premières d'une
longue liste d'élections (législatives, municipales et
présidentielles) qui furent organisées sur le territoire
Camerounais. Cette phase fut également marquée par un ensemble de
réformes sur le plan institutionnel : c'est le cas des
différentes modifications de la constitution (celle de 1972, celle du 18
janvier 1996 et celle du 14 avril 2008 ; c'est également le cas de la
mise en place des organes pour l'organisation et la gestion des
élections (l'ONEL remplacé le 29 décembre 2006 par
ELECAM). De plus, notons que ces reformes s'étendent à l'aspect
technique avec l'informatisation du fichier électoral, des cartes
d'électeurs et de l'ensemble des documents électoraux (lors du
double scrutin législatif et municipal du 22 Juillet 2007), le tout
couronné par l'adoption le 19 Avril 2012 du nouveau code
électoral introduisant la biométrie.
Nous notons ainsi que la population renoua concrètement
avec une possibilité accentuée de contribuer à la vie
politique de leur pays en décembre 1990. Puisque cette
possibilité existait même à l'époque du monolithique
(exemple des débats à l'intérieur du parti, juste pour
relever que la participation politique ne se limite pas au multipartisme). Mais
dans la ville de Douala, en dépit de cette mise en branle du processus
de démocratisation, cet engouement de la participation à la vie
publique du pays s'est éteint peu-à-peu au fil des années,
et lors des différentes élections et évènements
politiques. Partant alors du fait que la ville de Douala s'est accrue avec
l'exode rural et son lot de conséquences telles que les bidonvilles,
nous avons donc entrepris d'analyser ce phénomène de la
participation politique dans ces milieux parce qu'ils regorgent une part
importante de la population de cette ville.
4 Pigeaud (F.), Au Cameroun de Paul Biya, Paris,
Edition Karthala, 2011, PP.9-18
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Une telle recherche a ceci d'intéressant que sur le
plan pratique, elle nous plonge déjà au coeur de la
démocratie dans ces quartiers afin de voir comment elle se porte, s'y
manifeste et s'y vit. Egalement sous cet angle, elle pourrait permettre de voir
si ou comment dans le cadre de la décentralisation, les communes mettent
à contribution les populations de ces quartiers dans le processus de
développement communautaire. Sur le plan institutionnel, cette
étude pourrait permettre à l'organe en charge des
élections de définir des stratégies d'approche de ces
milieux pour une augmentation considérable des électeurs ou du
nombre d'inscrits sur les listes électorales. Sur le plan social, cette
recherche permettrait aux habitants de ces milieux de relever l'importance de
leur implication dans la gestion de la chose publique. Aussi, elle permettrait
à tout autre citoyen de toucher du doigt le vécu politique dans
ces milieux. Sur le plan scientifique, dans le cadre de la
pluridisciplinarité, elle a ceci d'intéressant que le regard
sociopolitique permettrait de ressortir les formes d'organisation de ces
populations relativement à l'accès de ces dernières aux
services de base et aux droits, ainsi que les formes d'agitations sociales et
politiques s'il y en a et enfin de savoir qui détient le pouvoir dans
ces lieux et ce qui conditionne leur implication politique.
Fort de tout ce qui précède, des questions
jalonnent notre esprit à savoir les populations dans ces zones
participent-elles à la gestion de la cité ? Si oui, sous quelles
formes ? Ou avant toutes formes de participations, comment
conçoivent-elles la politique et la participation politique ?
Afin d'apporter des réponses à ces questions,
nous nous fixons Comme objectif général : appréhender le
phénomène de participation politique dans ces milieux. Pour le
faire, nous nous proposons de ressortir spécifiquement :1) Ce qu'elles
entendent par participation politique 2) Qui détient le pouvoir dans ces
quartiers 3) Qui participe et comment 4) Le degré et le pouvoir de
participation, les raisons et déterminants de ce degré
d'implication politique.
C'est pour atteindre ces objectifs que ce mémoire se
déclinera en trois parties :
La première portera sur le cadre théorique et
méthodologique, articulée en deux chapitres. Le premier expose la
problématique, qui ressort le constat de la recherche, le
problème de recherche et la question de recherche ; et de la revue
critique de la littérature, qui fait l'économie des travaux
relatifs au sujet et clôture par l'opérationnalisation des
concepts, après avoir précisé notre originalité. Le
deuxième chapitre se consacrera à la méthodologie et plus
précisément pour évoquer les champs et les théories
mobilisées et clarifier la méthode, la logique, bref la
manière dont nous procèderons sur le terrain pour collecter et
analyser les données.
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La deuxième partie s'attardera sur l'imaginaire sociale
des habitants des bidonvilles et la question de la participation politique,
ainsi que les formes et degrés de participation politique dans ces
milieux. Subdivisée en deux chapitres, le premier qui est le
troisième de notre travail traitera de la représentation que ces
habitants ont de la participation politique en général et de la
politique en particulier. Le quatrième enfin s'appesantira sur le
recensement des formes et le degré d'investissement dans la chose
publique dans ces milieux.
Dans La troisième partie, nous toucherons les raisons
et les causes de ce faible degré d'implication politique. Ce qui sera la
tâche respective du cinquième et du sixième chapitre de
notre travail.
Notons d'entrée de jeu que ce travail s'est
effectué avec quelques difficultés. Elles sont liées
à notre domaine d'étude qui est la politique. C'est pour cela que
nous avons eu à affronter la réticence des habitants qui nous
considéraient comme des personnes peu fiables. Aussi, l'autre
difficulté réside au niveau de l'accès aux données
électorales spécifiques à chaque quartier.
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PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE ET METHOLOGIQUE DE LA
RECHERCHE
Pour produire tout savoir scientifique, il est important de
modéliser son objet d'étude, afin de définir les aspects
sur lesquels le travail s'appesantira, de faire un briefing sur ce qui a
déjà été dit concernant le sujet. Aussi, il faut
ressortir la manière dont on compte s'y prendre dans la pratique pour
recueillir, analyser, étudier et démontrer le
phénomène social qui a retenu notre attention. C'est donc
là la raison d'existence de cette partie, car elle aura pour dessein la
construction de la problématique de l'étude et la revue critique
de la littérature dans le premier chapitre, la construction du cadre
théorique et méthodologique de la recherche dans le second
chapitre.
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CHAPITRE PREMIER :
PROBLEMATIQUE ET REVUE CRITIQUE DE LA
LITTERATURE
Il sera question dans ce chapitre de mettre d'abord en exergue
le constat de la recherche, ce qui empêche la compréhension de ce
phénomène de participation politique dans la populace et la
question de recherche. Avant de signifier notre position en passant par ce que
les autres ont dit relativement à ce sujet.
1-1- CONSTAT, PROBLEME ET QUESTION DE RECHERCHE
1-1-1-constat de la recherche
La démocratie est un système politique dans
lequel le pouvoir appartient au peuple. Il a comme idéal la
participation ou l'implication de tous les citoyens dans la gestion de la
société. Jean Jacques Rousseau 5(1762), l'un des
théoriciens du contrat social relevait déjà les conditions
à remplir pour l'effectivité de ce système politique
à savoir : une grande simplicité de moeurs, un Etat petit,
beaucoup d'égalité, peu ou point de luxe. Ces conditions ont
été complétées par certains auteurs que nous
évoquerons dans la revue critique de la littérature. Comme autres
conditions, nous avons : une indépendance matérielle, un
sentiment d'appartenance, les moyens de se faire entendre, la
compétence. Le Cameroun adopte la démocratie suite au « vent
d'est » de l'année 1990 et pour que l'implication soit effective,
il s'est mis à l'heure de la décentralisation qui est le
transfert de compétences aux collectivités territoriales
décentralisées. Cependant dans les bidonvilles, les habitants
s'intéressent peu ou pas a la gestion de la cité (41% de taux de
participation dans Douala II lors des dernières élections
législatives et municipales)6. En effet, ils sont peu
à s'inscrire sur les listes électorales, quand bien-même
ils se sont inscrits, peu sont ceux qui vont retirer leurs cartes
d'électeurs et même en possession de leurs cartes, ils sont encore
peu qui vont voter. Dans un autre aspect, ils ne s'intéressent pas
beaucoup à la vie politique de leur quartier, encore moins de celle du
pays ; en fait, ils ne s'intéressent pas aux émissions politiques
dans les chaines de télévision et aux rubriques politiques dans
les journaux.Alors que les pouvoirs politiques (ensemble des autorités
chargées d'administrer un pays et d'édicter les règles de
droit) de loin, relayés par les chefferies (qui sont les instances
supérieures) au près, des ces quartiers,
5 Rousseau Jean Jacques, du contrat social
(1762), paris, Gallimard 1983
6 Chef d'antenne ELECAM douala
IIème
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mettent sur pieds les moyens et développent des
stratégies visant à impliquer d'avantage les populations. Comme
stratégies et moyens mis sur pieds, nous avons lors des
échéances électorales, un dispositif de proximité
qui est déployé (lieu d'inscription sur les listes
électorales, de retrait des cartes d'électeurs et les centres de
vote). Pour ce qui concerne les autres formes de participation politique, il y
a une plus grande communication qui se fait autour des évènements
politiques, que se soit à travers les médias
(télévision, radios, presse), également à travers
les comités qui sont crées au niveau des quartiers. Tout ceci,
s'inscrivant dans le cadre du programme participatif d'amélioration des
bidonvilles, il vise à les informer, à les sensibiliser quant'
à la nécessite qu'il ya à définir ensemble les
objectifs pour leur quartier et les moyens pour les atteindre.
1-1-2- Problème et question de recherche
Le problème de recherche c'est le constat d'une
situation anormale que le chercheur doit expliquer et comprendre ; bref, elle
part d'une difficulté ou d'un obstacle qui empêche la
compréhension ou l'explication d'un phénomène7.
Aussi, au regard des réalités évoquées ci-dessus et
de cette pensée d'Arendt Hannah (1999) :
« Les problèmes politiques sont les
problèmes de tout le monde ; les problèmes de tout le monde sont
des problèmes politiques 8».
Ilse pose dans ce travail un problème de
non-implication ou d'implication insuffisante des populations ou habitants de
bidonvilles dans la gestion des affaires de leur quartier ou publiques. La
question que l'on se pose est donc celle de savoir comment appréhender
le fait que les habitants des bidonvilles ne s'impliquent pas suffisamment en
dépit des efforts des pouvoirs publics allant dans le sens de la
participation politique de tous ? En d'autres termes :
1) Les habitants des bidonvilles sont-ils motivés
à s'impliquer dans la gestion de la chose publique ?
2) Quel lien existe-t-il entre la compétence politique
et leur degré d'implication ?
3) Comment est-ce que l'existence ou non d'un espace de
concertation avec les pouvoirs publics influence leur degré
d'implication ?
4) Quelle est la place des déterminants sociaux dans
ces formes et degrés de participation politique dans la populace ?
7Nga (ndongo valentin), « séminaire
sur la confession et la production des travaux de recherche »,
département de sociologie, université de douala 2013
8 Arendt (hannah), la Coexistence Humaine et
Participation Politique du Citoyen. Une Réévaluation de l'Espace
Politique, 1999
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1-2- LA REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
La revue critique de la littérature joue un grand
rôle dans la conception d'une recherche, car elle permet de faire
l'économie de ce qui a déjà été dit sur la
question, de ne pas refaire ce que les autres ont déjà fait, afin
d'avoir son originalité et de préparer son cadre
théorique9. Ainsi, nous avons axé la notre autour de :
participation politique, bidonvilles et participation politique dans les
bidonvilles.
1-2-1- travaux relatifs à la participation
politique
Avant de parler de la participation politique dans les
bidonvilles, il est important de faire l'économie des travaux des uns et
des autres sur la participation politique elle-même, en passant par le
comportement politique et l'espace public.
B. Flasher 10(2012) dans ses travaux sur le sujet,
nous rappelait d'abord le fait que l'idéal démocratique
était ou est l'implication du peuple qui peut se faire à travers
de nombreuses activités et aux travers de divers groupes ou associations
; rendant ainsi le citoyen actif et non plus passif. Il met également
l'accent sur le fait que la participation pour qu'elle soit effective,
certaines conditions doivent être remplies. Pour lui, la participation
politique a ceci d'important qu'elle permet de responsabiliser politiquement le
citoyen et le met en contact avec les hommes politiques pour la
résolution des problèmes d'intérêt collectif il
soulignait également qu'on avait comme dimension la participation
conventionnelle et la participation non conventionnelle. Il n'évoquait
déjà que le champ de la participation politique s'analysait
à trois nivaux, géographique, économique et social,
administratif.
Flasher ressort déjà ici le fait que la
participation politique pour quelle soit effective, doit être sous-tendue
par certaines conditions à savoir : un sentiment d'appartenance, un
sentiment d'être pris en compte, une indépendance
matérielle, une inclusion de toutes les composantes, catégories
sociales, une recherche d'intérêt général et la
prise en compte de toutes les dimensions de la citoyenneté.
A la question du pourquoi d'une faible participation des
citoyens, il essaie de faire le rapprochement avec la démocratie
représentative en faisant remarquer que celle-ci a ses limites dans le
sens ou selon la problématique d'Hirschman(1991) qui s'appuie sur trois
thèses : celle de l'inanité, des effets pervers et le vecteur du
sentiment d'égalitarisme qui contribue en la mise en péril des
libertés individuelles et du progrès économique tout
ceci
9Gerard d'Ambrile, le Projet de Recherche de
l'Administration, University Law, 1996 10 B Flasher, «
la Participation Politique », PUL, article 2012
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s'expliquant par le fait qu'intrinsèquement, la
représentation dans son mécanisme crée un décalage
entre la volonté du peuple et les délibérations de ses
représentants. De plus, elle remet au devant de la scène la
volonté ancienne de tenir le pouvoir éloigné de la
pression populaire ; comme le soulignait déjà
Hamilton11 (1757-1804):
«Toute communauté se repartit entre
l'élite et la multitude, entre les gens riches et bien nées, et
la masse du peuple... turbulent, et inconscient, le peuple juge rarement avec
raison. Donner donc dans le gouvernement une place distincte et permanente
à cette première classe... »
Comme pour dire qu'il y a toujours cette intention permanente
de discriminer ou de distinguer relativement à la position sociale ceux
qui peuvent être impliqués dans la gestion de la cité.
Flasher(2012) postule que pour une effectivité de la
participation politique, il faut que le concept de la citoyenneté
(juridiquement renvoie à la jouissance des droits civiques
attachés à la nationalité. Aujourd'hui, c'est le droit de
vote aux consultations politiques, l'éligibilité, l'exercice des
libertés publiques qui donne sens à la participation politique,
enfin, l'accès aux fonctions d'autorité dans l'appareil de
l'Etat.)12,soit rempli dans tous les sens afin qu'il n'yait pas une
certaine exclusion. Ainsi, que cela passerait par la construction d'un espace
public qui est un lieu abstrait où un ensemble d'interlocuteurs exercent
sur les affaires collectives leur « raison pratique ». Raison
conduisant les individus à se concevoir membres d'une communauté
politique et subsumant ainsi les particularismes. Habermas (1929) soutient cela
en soulignant que l'espace public est le lieu de production et d'échange
publics d'arguments sur les affaires de la cité ; il est le lieu de
communication entre les divers interlocuteurs qui sont les hommes politiques et
les citoyens « ordinaires ». Renchérit-il : « le
caractère public des échanges produit les effets de
disqualification des « mauvais » arguments ». Cependant, pour
l'auteur, l'espace public a pour effet négatif que le citoyen au niveau
du quartier lorsqu'il sera confronté à des espaces publics plus
grand pourra développer un complexe d'infériorité. Ceci
renvoyant au «cens caché » de D. Gaxie (1978).
Il relève que le local est un niveau valorisé de
la citoyenneté parce que, étant au plus près de leur
préoccupation, il s'intéresse à la chose publique et que
c'est à travers cela que la municipalité peut toucher du doigt
les aspiration des populations et bénéficier de leurs
énergies pour les satisfaire.
11 HAMILTON un des pères fondateurs de la
constitution américaine
12 Armand colins, Guy Hermet, Pierre birnbaum,
Philippe braud, Bertrand badie, Dictionnaire de Science Politique et des
Institutions Politiques, paris, 1994, P 49
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La critique que l'on pourrait apporter ici est
premièrement au niveau des conditions de la participation politique, car
ce qui fait problème c'est que certains habitants quand bien même
ils les remplissent ne s'impliquent pas parce que la situation l'arrange
relativement à ses affaires. Aussi, parce que parfois lorsque plusieurs
personnes s'impliquent, cela génère souvent les conflits, alors
ils préfèrent se mettre à l'écart. De plus,
concernant les effets négatifs de l'espace public à savoir le
niveau du quartier si les élites amènent les populations ou le
citoyen ordinaire à s'en tenir aux préoccupations de son quartier
et à tenir compte du fait qu'il est un citoyen à part
entière, il éviterait tout complexe et ainsi, serait au-dessus de
toute considération d'ordre distinctif.
A la suite de B Flacher, D. Gaxie13 a
effectué des travaux sur la participation politique à travers sa
théorie du « sens caché » de la participation.
Théorie dans laquelle il pense que comme la démocratie suppose
que le citoyen possède une capacité à apprécier les
enjeux et la symbolique du champ politique, cette capacité n'est pas
donnée à tous dans les mêmes proportions. Il y a un
inégal accès à la compréhension de la « chose
politique » qui dépend en définitive, d'un habitus de
classe. Dans un système démocratique ; cette
inégalité conduit à une division entre d'une part les
professionnels de la politique et d'autres part, les spectateurs et les
indifférents doublement marqués par une faible maîtrise des
schèmes de classification et d'évolution en rapport avec
l'organisation politique et par une capacité réduite
d'appréciation de la compétence politique.
Jacques T. Godbout14(1983) pour sa part soutient
que la participation est un élément essentiel de la vie
politique, car que ce soit dans la démocratie ou autre système
politique, le citoyen n'est jamais entièrement extérieur à
« son » gouvernement. Cette participation permet au citoyen de
compenser une faible possibilité de retrait au sens d'Hirschman (1991).
Cependant il souligne que cette participation est effective dans la
démocratie directe, tous les membres étant ici actifs et
décisionnels, contrairement à la démocratie
représentative ou la relation entre gouvernement et gouvernés
échappe en partie au principe de la participation.
Pour lui, participer politiquement renvoie à toute
manifestation des citoyens « ordinaires » de ceux qui n'ont pas de
pouvoir. Cette participation se faisant à travers un vote,
l'appartenance à un comité au niveau du quartier, une
manifestation. Il souligne en s'appuyant sur la description des nouvelles
structures d'O'Neill, qu'il y a comme une
13 D Gaxie, le Cens Caché, le seuil,
1978
14Jacques T. Godbout, La Participation Politique :
Leçons des Dernières Décennies, Collection Question
de Culture, 1991, P 11-31
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diminution du pouvoir des citoyens, dont le rôle est
déplacé en amont de la décision, au stade de son
élaboration.
Philippe Braud15(2008) en considérant la
participation politique comme l'exercice d'une citoyenneté dynamique et
réfléchie, fait également ressortir qu'une partie
insignifiante se mobilise activement pour la politique. Cette faible
participation peut être sous-tendue par le coût inhérent
à la mobilisation, le coût en temps, le coût en termes
d'information, puisque l'implication politique demande une compréhension
de ses enjeux.
Allant dans la même lancée que lui, Dominique
Chagnallaud16(2010) souligne que seule une minorité politique
participe activement à la vie politique.
Dominique Memmi17(1985) leur emboitant
déjà le pas avait souligné que l'activité politique
était en réalité pratiquée par une fraction de la
population à savoir les militants et les professionnels de la politique
qui cumulent plusieurs postes à la fois et composent18une
sphère restreinte d'initiés qui vivent par et pour la
politique.
Voici pour ce qui est de la participation politique en
elle-même, qu'en est-il de cette participation en rapport avec les
bidonvilles ? Mais bien avant, que pouvons nous relever sur les bidonvilles
?
1-2-2- Travaux relatifs aux bidonvilles
Plusieurs auteurs ont travaillés sur ce concept de
bidonvilles. C'est le cas de :
François Aballea pour qui : « ce terme est
née au Maghreb dans les zones portuaires de Casablanca au temps des
splendeurs coloniales » etadopté pour signifier l'habitat
précaire et insalubre. Ce terme selon R. Descloitre, apparaît pour
la première fois sous la plume d'A. Berque en 1936. Ce concept prend
d'autres noms dans d'autres pays relativement à leur langue et signifie
autres choses. Par exemple l'anglais parle de « slums » (taudis),
« shantytowns » (villes déchets), « squatter settlements
et substandard settlements » (établissements d'occupants
illégaux et établissements ne répondant pas aux normes) ;
le Brésil parle de « Favelas ». Dans la langue
française le terme bidonville est utilisé pour signifier des
établissements irréguliers illicites,
sous-intégrés, marginaux, incontrôlés,
spontanés, non planifiés, clandestins, anarchiques.
15Philippe Braud, Sociologie du Politique,
2008
16Dominique chagnollaud, « Science Politique
», 2010 17Dominique memmi, Engagement Politique,
1985
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Farouk Benatia19(1980), qui renvoie, le bidonville
à : « ce quartier isolé, aux abords de la grande ville
établi sur un terrain choisi pour sa discrétion et non pour ses
avantages urbanistes, composés d'habitations précaires ou barack
de planches de tôles, démuni d'eau courante,
d'électricité, de gaz de ville, d'égouts, de routes
goudronnées, et échappant en quelques sortes à la gestion
municipales ». Cette définition évoque ici la position
géographique, la nature de construction, les matériaux de
construction, l'accès aux services de base ou infrastructures de base.
Cependant, elle n'est pas exhaustive et n'épuise pas la
réalité urbaine du bidonville selon Belaadi Brahim (2001).
Jean Marc Ela20(1983), qui en étudiant la
ville en Afrique noire a abordé le concept de bidonville. Pour lui, il
est la résultante de la manière donc a été
pensée la ville en Afrique noire, le phénomène de
migration qui repose sur les facteurs attractifs de la ville. Mus par le mirage
urbain, ces individus se déplacent massivement vers les villes,
accroissant ainsi la population urbaine qui n'est plus en adéquation
avec les infrastructures, les ressources de ce nouveau milieu et l'offre
d'emploi ; quand bien même certains en ont, le revenu n'est pas de nature
à leur permettre de supporter le mode de vie urbain. C'est ainsi que ces
derniers s'entassent dans les bas-quartiers, quartiers pour petits peuples, les
bidonvilles où l'urbanisme fait défaut, quartiers pour
travailleurs sous-payés ou à faible revenu, où se vivent
la misère, l'insalubrité, une forte pression
démographique, l'insécurité, l'impraticabilité des
routes en saison pluvieuse. L'auteur laisse également entendre que ce
sont des zones « où les hommes sans espoir n'ont pour
évasion que les débits de boissons » ; zones de
prostitution, des inégalités, d'habitats spontanés,
d'accès insuffisant à l'eau, inondation. « Les formes
d'habitation traduisent les niveaux de différenciation sociale
»21
Motaze Akam22(1991) s'appuyant sur les travaux de
Jean Marc Ela, conçoit les bidonvilles comme les lieux des travailleurs
sous-payés, d'entassement des milliers de jeunes qui ont fait de la
migration urbaine leur stratégie de survie, de la misère urbaine.
Se caractérisant par des cagibis en tôle rouillé, l'habitat
traditionnel, la poubellisation, les contraintes d'eau potable,
d'énergie électrique, les encombrements humains dans les rues.
Les chambres où s'observent la promiscuité, la cherté de
la vie, la famine, les inégalités et injustices sociales.
19 Farouk benatia, Alger, Agrégat ou
Cite, Rheghaia, sned,1980, PP226
20Ela Jean Marc, la ville en Afrique noire,
Karthala, paris, 1983 P71-99
21Ela Jean Marc, op cit
22Motoze AKAM, Sociologie de Jean Marc Ela : les
voies du social, l'Harmattan, Paris, 2011 P56 - 57
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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René23 Dumont (1991) à son niveau
aborde le concept de bidonville en ces termes :
« Les plus démunies, en ville sont à
tel point privés de ressources que quoique l'on fasse, pour essayer de
construire des logements économiques, leur pris de revient les rendra
pour eux inaccessibles. Ils peuvent bien sûr-ils le font chaque jour-se
bâtir eux-mêmes des logements « spontanés »
grâce aux ressources locales.»
Ainsi, à son sens, ce qui justifie le nom de
bidonvilles ce sont : les ruelles fort étroites qui descendent vers ce
marais sont déjà en saison sèche24 plein de
boue, il n'ya pas d'égouts, ni de latrines.
Les bidonvilles, habitats des populations à faibles
revenus pour Philippe Bissek25(1994), renvoient à la
conséquence classique de l'exode rural. Ces zones échappent au
contrôle des pouvoirs publics et ont pour corollaires partout où
elles se manifestent :la taudification, l'insalubrité et la
promiscuité. Les bidonvilles constituent la réponse à un
problème identique : accueillir et abriter les populations à
faibles revenus ou sans revenu du tout ; on y retrouve toutes les formes de
construction (tentes, maçonneries, poteries, embarcation panneaux de
bois, prise, poto-poto, qui font appel à la récupération
et ils trouvent leur assise presque toujours dans les zones impropres à
la construction `marécages, escarpement...)
Au Cameroun, à l'occasion d'un atelier sous
régional de la méthodologie sur programme participatif
d'amélioration des bidonvilles, le ministre du développement
urbain et de l'habitat laissait entendre que les bidonvilles sont dans ces
quartiers notamment la très forte prévalence du paludisme, du
VIH/SIDA et des maladies hydriques, le taux de déperdition scolaire
élève et la dépravation des moeurs et abus de toutes
sortes » Clobert Tchatat26. Que retenir donc da la
participation politique dans les bidonvilles ?
1-2-3- Travaux relatifs à la participation politique
dans les bidonvilles
Une mission menée par le service de lutte de Bruxelles
sur la participation politique et le plan d'action nationale d'inclusion
sociale, nous permet d'avoir une autre approche de la participation car leur
population cible était les associations de pauvres. Selon leur compte
rendu, les associations s'impliquent pour quatre raisons :
- Pour de changements sociaux pouvant être favorables aux
pauvres ;
23René dumont, Démocratie pour
Afrique, Seuil, Février 1991P 185 - 186 24Motazeakam,
op.cit.
25Philippe bissek, Habitat et
Démocratisation au Cameroun, Karthala, 1994, PP 11-12.
26 Www rédaction -
bonabéri.com
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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- Ces personnes en s'impliquant dans la vie sociale et
politique retrouvent force et perspective de vie ;
- Cela permet qu'il n'y ait pas un écart entre leurs
besoins réels et les politiques élaborées ;
- Elle permet une évaluation précise des politiques
mises en application.
Il en ressort donc que pour elle, la participation politique
renvoie à toute forme de contact entre la population concernée,
les autorités et les instances politiques.
Ainsi, pour qu'il y ait participation, il faut que :
- Les instances politiques considèrent la
spécification des associations ;
- Les associations disposent des moyens nécessaires ;
- Un accord entre ceux qui prennent part :
- De la disponibilité
- Une formation de ceux qui prennent part ;
- Il y ait une sensibilisation de la société ;
- Il ait une approche selon les niveaux de pouvoir
Gilles Seraphin27(2000) en recherchant le rapport
entre la population avec les différentes formes d'autorité et ses
revendication politiques sociales et économiques, laisse entendre que
pour les démunis, c'est subir la politique avec comme possibilité
« supporter ». Même si ces derniers refusent
également, ils s'expriment en ces termes ; « on va faire
comment », « on supporte non ? »
Raymon shudon28(2008), poirier et S. Yates dans un
article collectif relève que l'abstention aux élections et la
réticence des individus à l'égard de la politique
expriment que
la participation politique ne se résume pas à la
participation électorale3.
Daniel Armah-Attoh29(2006) dans ses études
sur la participation politique au Ghana, s'appuie sur la définition que
donne Jan Theorell (1903-1982) et AL à la participation politique (comme
étant ce qui permet aux citoyens d'exprimer leurs doléances par
le biais de nombreux moyens et de se faire entendre par ceux qui sont en
position d'autorité) , et relève que les différents moyens
par lesquels les citoyens s'impliquent sont : le vote, les lettres
27Gilles Seraphin, Vivre à Douala,
l'Imaginaire et l'Action dans une Ville Africaine en Crise, l'Harmattan,
2000, P 216-217
28R. Hudan, Christian. P, STEPHANIE. Y,
Participation Politique, Expression de la Citoyenneté et Formes
Organisées d'Engagement: la Contribution des Coalisions à un
Renouvellement des Conceptions et de Pratiques, Politiques et
Société, vol.27, no 3, 2008, p.170
29Daniel Akmar-Attoh, « Participation
Politique et Perception Populaire de la Responsabilité au Ghana »,
ariticle, Mars 2006
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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adressés aux élus, les campagnes en faveur d'un
parti politique, la signature d'une pétition et la participation
à une marche de protestation ; bref toute activité qui influence
directement ou indirectement le processus de prise de décision.
Achille Mbembe (1988), pour sa part a mené une
réflexion sur le politique par temps de disette30, et
relève que les obstacles à l'éclosion d'une
citoyenneté individualiste qui est la base d'une culture
démocratique sont : les préjugés ethniques, le faible
niveau de scolarité et les contraintes politiques internes ou
liées à l'environnement international. Il laisse également
entendre que :
« L'option dite « Démocratique » ne
sera viable qu'après qu'ait été atteint et
dépassé un certain seuil de revenus par tête d'habitants et
un niveau de vie qui seuls, la rendent viable »31
Faute de quoi, selon lui les africains ne prioriseront que la
satisfaction des exigences matérielles et alimentaires sur d'autres par
conséquent, ce sont les attentes matérielles (l'attente du
manger) qui orientent les représentations, nourrissent les rêves,
déterminent les attitudes et les gestes, induisent les choix
symboliques, et donnent lieu à la construction des idiomes politiques.
32
Soutenant sa thèse selon laquelle la participation ne
renforce pas la démocratie, mais peut au contraire restreindre les
champs de la représentation, il fait l'opposition entre la
théorie des participationnistes et celle des élites. Il cite
Mendes, participationniste qui affirme que :
« La démocratie ne consiste pas à
mettre périodiquement un bulletin de vote dans une urne, à
déléguer les pouvoirs à un ou à plusieurs
élus, puis à se désintéresser, s'abstenir, se
taire, pendant cinq (5) ans, pendant sept (7) ans. Elle est action continuelle
du citoyen, non seulement sur les affaires de l'État, mais sur celles de
la région, de la commune [...] La démocratie n'est efficace que
si elle existe partout et en tout temps. Le citoyen est un homme qui ne laisse
pas à d'autres le soin de décider de son sort. Il n'y a pas de
démocratie si le peuple n'est pas constitué de véritables
citoyens, agissant constamment en tant que tel » et Michel
Debré déclarant... Relativement à la participation dans la
démocratie représentative, il souligne que :
« ...si une société opte pour la
démocratie représentative, elle ne peut pas étendre
indéfiniment la participation de tous aux décisions
elles-mêmes (aux autres décisions que
30Achille Mbembe, Afriques Indociles,
Christianisme, Pouvoir et Etat en Société Postcoloniale,
Karthala, 1988 P153-177
31Mbembe(achille), op cit, p 156
32 Ibid. PP196-157
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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celles de choisir ceux qui décident à la
place des autres) sans affecter le mécanisme et l'importance des
décideurs »
Comme pour dire que la démocratie représentative
et la démocratie participative sont complémentaires
jusqu'à un certain niveau, au delà duquel il faudra
privilégier soit le choix des décideurs ou le choix des
décisions.
Cet auteur est évoqué ici pour présenter
la conception de la démocratie selon les participationnistes et les
élites ; car c'est quelque peu cette situation qui se vit dans les
bidonvilles, surtout la conception des élitistes. Cependant la critique
qui peut être faite est que la démocratie qu'elle soit directe ou
représentative s'enrichit de la participation des citoyens à la
vie politique.
UN-Habitat33 après certaines de ses
études sur les bidonvilles souligne que même si les habitants des
taudis ont le droit de vote, ils n'auront qu'une faible influence politique, si
les taudis et les établissements dans lesquels ils vivent sont de
petites tailles et dispersés. Selon eux, les taudis sont aussi
l'expression de l'exclusion politique car une part toujours croissante de leur
habitant pouvant atteindre 75% a moins de 25 ans et n'a pas que peu de voix au
chapitre qui les concerne.
Dans leur étude, elle a retenue quelques axes : le
rôle de l'identité des castes et des partis politiques dans la
participation politique des habitants des bidonvilles de Delhi. Dans le cadre
de l'Afrique, en Avril 2006 au Kenya, elle s'est proposé d'examiner la
réalisation des objectifs du millénaire pour le
développement en Afrique et les stratégies visant à
satisfaire l'engagement pris au sujet des taudis. Il s'est manifesté une
volonté politique accrue de faire face aux problèmes des taudis
les organisations des partis politiques dans les bidonvilles ainsi que les
formes et les moyens de la participation des habitants des bidonvilles,
concernant leur accès au ressources urbaines, publiques et
privées. Le travail implique de reconstituer les chaînes causales
et de relier des acteurs politiques distants (par exemple une institution
internationales et les habitants d'un bidonville) et de montrer en quoi leurs
choix politiques sont responsables de l'exclusion d'autres qu'ils s'agissent
des populations urbaines pauvres, des peuples indigènes, des femmes, des
personnes.
Comme critique, UN- Habitat est dans une approche macro car
parlant ici des relations entre le gouvernement central et les taudis, ainsi
qu'avec les institutions internationales, alors que s'agissant de cette
participation politique dans ces taudis, il faut aussi intégrer une
33www.
CSH-DELHI.COM
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approche micro, car avec la décentralisation, le
problème peut aussi venir des habitants de ces quartiers.
Jérôme Lafargue34(1996) dans ses
travaux sur la sociologie de la protestation en Afrique relève que dans
les bidonvilles, La conscience des intérêts communs est souvent
brisée par l'autonomisation des stratégies individuelles et par
la dépendance. Aussi, les pauvres n'agissent pas souvent de façon
unie et cohérente, car leur pauvreté aux causes multiples
entravent l'esprit de mobilisation.
Grâce aux travaux du sociologue Louis Favreau, nous
avons le cas d'un bidonville qui est devenu une municipalité avec la
participation des habitants. Ce qui nous intéresse ici c'est comment est
que villa el Salvador a amené ses habitants à participer.
L'auteur fait ressortir ici que cela a été
possible grâce aux membres d'un réseau des groupes de femmes et
d'une structure administrative démocratique des associations de
quartier, qui a des représentants dans chaque bloc d'habitations. Bref
par une concertation pour définir ensemble les priorités de leur
quartier, ils ont procédé par une approche de proximité
fait par les jeunes du quartier.
Compte tenu du fait que la signification que l'on accorde aux
bidonvilles varie en fonction des pays, des zones ou des régions, et que
la participation politique dépend des systèmes et des
régimes politiques existants, l'analyse de ce phénomène
sera fait dans le sens du fait socialtotal de Marcel Mauss (1968) qui le
conçoit comme :
« Les faits que nous avons étudiés sont
tous, qu'on nous permette, des faits totaux ou, si l'on veut- mais nous aimons
moins le mot- généraux : c'est-à-dire qu'ils mettent en
branle dans certains cas la totalité de la société et des
institutions et d'autres cas seulement un très grand nombre
d'institutions, en particulier lorsque ces échanges et ces contrats
concernent plutôt des individus »35
Nous adopterons cet angle de vue, afin de saisir comment la
participation politique dans les bidonvilles se présente dans le
contexte camerounais.
A l'issue de ce chapitre, nous avons ressorti le paradoxe de
ce sujet et recensé les travaux y relatifs. Dès lors, il est
indispensable définir comment nous allons procéder pour
appréhender ce phénomène.
34Jérôme Lafargue, Contestations
Démocratiques en Afrique : Sociologie de la Protestation au Kenya et en
Zambie, Karthala, Paris, 1996 35 Mauss (marcel), Essai sur
le Don : Formes et Raisons de l'Echange dans les Sociétés
Archaïques, in Sociologie et Anthropologie, 4éd PUF, 1968
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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CHAPITRE DEUXIEME :
CADRE THEORIQUE ET ELABORATION DE LA METHODE DE
RECHERCHE
La science se caractérise par un objet d'étude
et une méthode. Ainsi, on ne peut mener une recherche sans
méthodologie, car elle représente un guide de recherche nous
permettant de collecter les données qui seront nécessaires pour
l'analyse. C'est pour cela que dans ce chapitre, nous ressortirons les champs
sociologiques mobilisés, les théories utilisées, les
hypothèses et la méthodologie sollicitée.
2-1- CHAMPS SOCIOLOGIQUES MOBILISES, THEORIES UTULISEES
ET HYPOTHESES
2-1-1- Champs sociologiques mobilisés
Dans le cadre de notre travail, nous nous situons d'abord dans
le champ de la sociologie politique. Qui est l'utilisation des principes
sociologiques pour l'étude des faits politiques, c'est-à-dire des
faits en relation avec la notion de pouvoir. Autrement dit, la sociologie
politique se pose la question de savoir à qui appartient le pouvoir et
qui le gère. Le pouvoir entendu ici comme étant la
capacité de faire triompher sa volonté dans une relation sociale
selon Max Weber 36(1919). Aussi, c'est la capacité d'obliger
tous les membres à se soumettre à des lois et à respecter
un certain nombre de politiques internes au sens de Guy
Bajoit37(2004). Dans une approche conflictuelle il renvoie à
la capacité pour une classe sociale à atteindre ses objectifs.
En plus de la sociologie politique, nous sommes dans une
sociologie du « monde d'en bas ». En effet, nous travaillons sur les
bidonvilles, considérés comme des milieux des petits gens, des
« en bas d'en bas », des « laissés-pour-compte »,
des « gens sans importance ». Aussi les milieux de
débrouillardise, de bricolage utilisé par ces derniers pour
résoudre leurs problèmes quotidiens de vie et de
survie.38
36 Weber (max), Le Savant et le Politique,
1919
37Bajoit (guy), Le Changement Social : une
Approche Sociologique des Sociétés Occidentales
Contemporaines, Collection Cursus-Armand Collin, 2004
38Ela (jean marc), Innovations Sociales et
Renaissance de l'Afrique Noire, les Défis du « Monde d'en bas
», Paris, l'Harmattan, 1998
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2-1-2- Théories mobilisées
Selon Gingras39(1993) :
« La théorie est un ensemble de propositions
logiquement reliées, encadrant un plus ou moins grand nombre de faits
observés et formant un réseau de généralisation
dont on peut dériver des explications pour un certain nombre de
phénomènes sociaux ».
Comme pour dire que la théorie est la partie
langagière de la science, qui a pour but de soutenir des explications
susceptibles de rendre compte de n'importe quel phénomène social
en écartant d'emblée les explications courantes40.
Ainsi, afin de mieux appréhender ces réalités, nous avons
opté pour trois théories, à savoir :
2-1-2-1-La théorie de la participation
La participation désigne des procédures,
démarches ou tentatives de donner un rôle aux individus dans une
prise de décision affectant une communauté. Ce qui
caractérise cette théorie de la participation c'est le passage
d'un potentiel à un acte, indépendamment du succès obtenu,
il ne s'agit dont pas d'évaluer l'action en terme de lien
résultats/buts (efficacité) ou résultats/efforts
(efficience), mais en terme de lien efforts /potentiels .elle s'appuie sur une
double hypothèse :
En amont, plus on est motivé, plus on participe.
En aval, plus on participe, plus on obtient les résultats
satisfaisant.
La consultante Américaine Sherry A. Arnstein dans son
ouvrage A ladder of cidizen participation, en 1969, ressort
huit niveaux de participation des citoyens au projet les concernant. Cette
échelle est toujours utilisée par les sociologues pour analyser
la manière dont les pouvoir publics informent voire, font participer le
citoyens aux prises de décisions.
Le premier niveau est celui du contrôle citoyen : il
s'agit ici qu'une communauté locale
gère d'une manière autonome un équipement
ou un quartier.
Le deuxième c'est celui de la délégation
du pouvoir : ici, le pouvoir central délègue à la
communauté locale le pouvoir de décider d'un programme et de le
réaliser
Le troisième c'est celui du partenariat : la prise de
décision se fait à travers une négociation entre les
pouvoirs publics et les citoyens.
Le quatrième renvoie à la conciliation :
quelques habitants sont admis dans les organes de décision et peuvent
avoir une influence sur la réalisation du projet.
39 Gingras, Recherches en Sciences Sociales,
Quebec, Presses Universitaires du Quebec, 1993, p.114 40Yomb
(jacques), les Courants Sociologiques, 2èmes années
licence, Université de Douala, 2008-2009
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Le cinquième niveau est celui de la consultation : des
enquêtes ou des réunions publiques permettent aux habitants
d'exprimer leur opinion sur les changements prévus
Au sixième niveau, il est question d'information : ici,
les citoyens reçoivent une vraie information sur les projets en cours,
mais ne peuvent donner leur avis
Au septième, il s'agit de la thérapie ou
traitement des problèmes rencontrés par les habitants, sans
aborder les vrais enjeux.
Enfin, le huitième niveau renvoie à la
manipulation. Ici, l'information est biaisée et utilisée pour
« éduquer » les citoyens en leur donnant l'illusion qu'ils
sont impliqués dans le processus.
Son utilisation réside ici dans le fait qu'elle nous
permettra d'analyser la manière dont les pouvoirs publics informent,
voire font participer les citoyens aux prises de décisions. Aussi
d'analyser le degré de participation pour voir s'il y'a un pouvoir
effectif des populations, ou alors une coopération symbolique, ou tout
simplement pas de participation des populations dans ces quartiers.
Mais cette théorie est beaucoup plus utilisée
dans la sociologie du développement, c'est pour cela que nous ferons
juste une transposition sans l'appliquer dans tous ses paramètres,
puisque nous somme dans le domaine politique. Aussi, cette théorie ne
pourrait pas nous permettre de comprendre ou alors de saisir les rapports de
sens, les significations que les habitants des bidonvilles donnent à
leur implication insuffisante. D'où la mobilisation d'une
deuxième théorie : celle du « cens caché » de la
participation de Daniel Gaxie (1978).
2-1-2-2- La théorie du « cens caché
» de la participation de D. Gaxie
Cette théorie est développée par D. Gaxie
en 1978 dans son ouvrage le Cens caché. Elle stipule
que : dans un régime censitaire, la participation au vote est
subordonnée soit à la détention d'un patrimoine, soit
à la perception d'un revenu. Les régimes démocratiques
contemporains reposent par contre sur le suffrage universel. Or, pour D. Gaxie,
qui s'inspire des travaux de P. Bourdieu (2000), il existe un « cens
caché ». Selon lui, la démocratie suppose que le citoyen
possède une capacité à apprécier les enjeux et la
symbolique du champ politique. Or cette capacité n'est pas donnée
à tous dans les mêmes proportions. Il y a un inégal
accès à la compréhension de la « chose publique
» qui dépend, en définitive, d'un habitus de classe. Dans un
système démocratique, cette inégalité Conduit
à une division entre d'une part, les professionnels de la politique et,
d'autre part, les spectateurs et les indifférents, doublement
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marqués par une faible maîtrise des
schémas de classification et d'évaluation en rapport avec
l'organisation publique et par une capacité réduite
d'appréciation de la compétence politique.
De cette théorie, il ressort que l'abstentionnisme et
sa permanence sont le résultat d'une tendance liée à
l'inégale distribution du capital culturel dans les
sociétés occidentales. Son importance ici réside dans le
fait qu'elle peut nous permettre de comprendre le sens ou la signification qui
se cache derrière la participation ou la non-participation dans la
gestion de la cité des habitants de « bidonvilles ». Nous
l'utiliserons dans ces milieux en cherchant à toucher du doigt les
connaissances que ces habitants ont concernant la gestion de la chose publique
et des rapports entre gouvernants et gouvernés. En mettant
également l'accent sur le genre, en tant que notion qui renvoie au sexe
masculin ou au sexe féminin. Puisque dans la société
africaine en général et au Cameroun en particulier, la femme n'a
pas le même statut que l'homme. En effet, elle constitue une
catégorie sociale marginalisée qui subit les effets
cumulés de la discrimination de genre de la société
traditionnelle africaine, comme le relève Stella
Nana-Fabu41.In addition, she says that :
«Her economic role played a crucial part in
determining her overall status in society»42
Ce qui signifie que le désavantage qu'elles ont dans la
sphère économique est le même dans le domaine politique.
C'est donc pour ces raisons que cette théorie nous amènera
à jauger leur culture politique qui passe par la socialisation politique
afin de mieux cerner la conception que ces habitants ont de la chose
publique.
Cependant, cette autre théorie ne permet que d'avoir
une approche compréhensive de ce phénomène. Or nous
voulons avoir une approche du « fait social total » de cette
réalité. Aussi, nous envisageons voir la place des
déterminants sociaux dans une approche explicative de ce
phénomène. Ce qui nous amène à utiliser le
déterminisme social d'Emile Durkheim (1897).
2-1-2-3- Le déterminisme social
Cette théorie est développée par Emile
Durkheim dans son ouvrage le Suicide (1897). Il oriente cette
théorie dans le sens qu'il voulait qu'on considère les faits
sociaux comme des choses en les étudiants d'un point de vue
extérieur, pour que leur explication émane de l'observation de
ces dernières. Ainsi, le déterminisme social est un courant de
pensée qui
41www.mboa.info: interview du PR. Stella
Nana-Fabu sur les églises reveillées, réalisée par
william tchango le 14 Avril 2011 à 13H01 minute
42Nana-Fabu, S., «An Analysis of the Economic
Status of Women in Cameroon» in Journal of International Women's
Studies, Vol 8, Article 11, Novembre 2006, P.151
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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consiste à montrer que les faits apparemment
isolés et atomisés s'insèrent dans une logique qui
valorise les déterminants sociaux.
Cette théorie permettra de voir si le degré de
participation politique dans ces lieux n'est pas conditionné par les
déterminants sociaux tels ; le niveau d'étude, le niveau de
revenu, les catégories sociaux professionnelles etc.
2-1-3- Hypothèses
La construction des hypothèses est une étape
essentielle de toute recherche, puisqu'elles mettent en relief les relations
que le chercheur vérifiera la justesse dans la partie empirique du
travail. Dès lors, l'hypothèse est une proposition de
réponse à une question de recherche.
Dans le cadre de notre recherche, nous pouvons avoir comme
hypothèses avec pour objet d'étude ou variable dépendante
la participation politique ou le degré de participation politique.
Notre hypothèse générale s'articule comme
suit : l'implication politique des habitants des bidonvilles est relative
à la compétence politique qu'ils recèlent et aux
déterminants sociaux.
1) Plus les habitants des bidonvilles sont motivés
plus ils participent aux projets politiques de leurs quartiers
2) Le degré de participation de ces habitants est
fonction de la compétence politique qu'ils recèlent
3) Le degré d'implication de la population est relatif
à la capacité pour les pouvoir publics à inclure chacun
à travers la concertation.
4) Le degré de participation des bidonvilles
dépend de leur niveau d'étude.
5) Le degré de participation des habitants
dépend de leur capital économique
2-1-4-Définition des concepts
Dans cette recherche, les concepts majeurs sont ceux de
participation politique et de bidonville, qu'il est important, voire même
primordial de définir et d'opérationnaliser.
2-1-4-1- La participation politique
« La politique c'est l'art de gérer la cité
» au sens d'Aristote (330 avant Jésus Christ). Participer c'est
mettre en oeuvre ses ressources personnelles pour agir avec les autres et
prendre part à une action commune. Ce qui caractérise la
participation, c'est le passage d'un
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
potentiel à un acte indépendamment du
succès obtenu. Il ne s'agit donc pas d'évaluer l'action en terme
de liens résultats/buts (efficacité) ou résultats/efforts
(efficience), mais en termes de lien efforts/ potentiels.
Par participation, on entend selon B. Denni et
P.Lecomte43 :
« l'ensemble des activités par lesquelles les
citoyens sont habilités à entrer en contact avec l'univers
sacré du pouvoir toujours de façon superficielle ou
éphémère et en respectant certaines contraintes rituelles
»
Pour Jacques T. Godbout44(1991), la participation
politique renvoie à l'identification ou toutes manifestations des
citoyens « ordinaires », de ceux qui n'ont pas le pouvoir.
Selon Philippe Braud dans sociologie du politique (2008) la
participation politique renvoie à :
« L'ensemble des activités, individuelles ou
collectives, susceptibles de donner aux gouvernés une influence sur le
fonctionnement du système politique »45
De ces définitions, il ressort que la participation
politique renvoie à une implication de tous les citoyens (ceux
étant au pouvoir et ceux ordinaires) dans la gestion de la cité.
Elle a pour but d'agir plus ou moins directement, sur la sélection du
personnel politique et /ou sur les actions qu'il entreprend.
Avant d'opérationnaliser ce concept, il est important
de souligner que les formes de participation politique varient selon les
systèmes de valeurs et les régimes politiques existants. Ainsi,
l'opérationnalisation de ce concept laisse ressortir comme dimension ;
la participation conventionnelle avec comme indicateurs.
? La participation électorale revoyant à
l'exercice du droit de vote
? La participation partisane renvoyant aux relations avec les
partis politiques ou élus aux campagnes électorales,
adhésions partisanes, activités militantes
? Par extension, Nonna Mayer46évoque qu'elle
peut également renvoyer à l'intérêt porté
à la vie politique par l'écoute des émissions politiques,
lecture de la presse.
Et la participation non conventionnelle ou protestataire avec
comme indicateurs : ? Manifestations légales telles signer une
pétition, manifester et faire la grève
43B. Denni le Comte, Sociologie du Politique,
1990
44Jacques. T. godbout, « La
Participation Politique : leçon des dernières décennies
», (1991), P7 45 Philippe braud, Sociologie du
Politique, 6 Edition, 2002
46Nonna Mayer et Pascal Perrineau, Les
Comportements Politiques, PP15-18
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
? Manifestation violente : dégradation des
bâtiments, séquestration, destruction des documents, affrontements
physiques
? Action individuelle, collective (grève de la faim ou
mobilisation de groupes) Bref, la participation politique ne peut se concevoir
en dehors de la notion de citoyenneté.
2-1-4-2- Les bidonvilles
Afin de définir ce concept, il faut remonter à
ses origines : selon François Aballea : « ce terme est née
au Maghreb dans les zones portuaires de Casablanca au temps des splendeurs
coloniales » et adopté pour signifier l'habitat précaire et
insalubre. Ce terme selon R. Descloitre, apparaît pour la première
fois sous la plume d'A. Berque en 1936. Ce concept prend d'autres noms dans
d'autres pays relativement à leur langue et signifie autres choses.Par
exemple l'anglais parle de « slums » (taudis), « shantytowns
» (villes déchets), « squatter settlements et substandard
settlements » (établissements d'occupants illégaux et
établissements ne répondant pas aux normes) ; le Brésil
parle de Favelas.Dans la langue française le terme bidonville est
utilisé pour signifier des établissements irréguliers
illicites, sous-intégrés, marginaux, incontrôlés,
spontanés, non planifiés, clandestins, anarchiques.
Pour Farouk Benatia47, le bidonville est :
« ce quartier isolé, aux abords de la grande
ville établi sur un terrain choisi pour sa discrétion et non pour
ses avantages urbanistes, composés d'habitations précaires ou
barack de planches de tôles, démuni d'eau courante,
d'électricité, de gaz de ville, d'égouts, de routes
goudronnées, et échappant en quelques sortes à la gestion
municipales ».
Cette définition évoque ici la position
géographique, la nature de construction, lesmatériaux de
construction, l'accès aux services de base ou infrastructures de base.
Cependant, elle n'est pas exhaustive et n'épuise pas la
réalité urbaine du bidonville selon Belaadi Brahim.
Jean Marc Ela48, en étudiant la ville en
Afrique noire a abordé le concept de bidonville. Pour lui, il est la
résultante de la manière donc a été pensée
la ville en Afrique noire, le phénomène de migration qui repose
sur les facteurs attractifs de la ville. Mus par le mirage urbain, ces
individus se déplacent massivement vers les villes, accroissant ainsi la
population urbaine qui n'est plus en adéquation avec les
infrastructures, les ressources de ce nouveau milieu et l'offre d'emploi ;
quand bien même certains en ont, le revenu n'est pas de
47 Farouk benatia, Op. Cit. 1980, PP226
48Ela Jean Marc, la ville en Afrique Noire,
Karthala, Paris, 1983, P71-99
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 26
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
nature à leur permettre de supporter le mode de vie
urbain. C'est ainsi que ces derniers s'entassent dans les bas-quartiers,
quartiers pour petits peuples, les bidonvilles où l'urbanisme fait
défaut, quartiers pour travailleurs sous-payés ou à faible
revenu, où se vivent la misère, l'insalubrité, une forte
pression démographique, l'insécurité,
l'impraticabilité des routes en saison pluvieuse. L'auteur laisse
également entendre que ce sont des zones « où les hommes
sans espoir n'ont pour évasion que les débits de boissons »
; zones de prostitution, des inégalités, d'habitats
spontanés, d'accès insuffisant à l'eau, inondation. «
Les formes d'habitation traduisent les niveaux de différenciation
sociale »49
Motaze Akam50(1991) en s'appuyant sur les travaux
de Jean Marc Ela, conçoit les bidonvilles comme les lieux des
travailleurs sous-payés d'entassement des milliers de jeunes qui ont
fait de la migration urbaine leur stratégie de survie, de la
misère urbaine. Se caractérisant par des cagibis en tôle
rouillé, l'habitat traditionnel, la poubellisation, les contraintes
d'eau potable, d'énergie électrique, les encombrements humains
dans les rues, les chambres où s'observe la promiscuité la
cherté de la vie, la famine, les inégalités et injustices
sociales.
René51 Dumont à son niveau aborde le
concept de bidonville en ces termes :
« Les plus démunies, en ville sont à
tel point privés de ressources que quoique l'on fasse, pour essayer de
construire des logements économiques, leur pris de revient les rendra
pour eux inaccessibles. Ils peuvent bien sûr-ils le font chaque jour-se
bâtir eux-mêmes des logements « spontanés »
grâce aux ressources locales.»
Ainsi, à son sens, ce qui justifie le nom de
bidonvilles ce sont : les ruelles fort étroites qui descendent vers ce
marais sont déjà en saison sèche52 plein de
boue, il n'ya pas d'égouts, ni de latrines.
Les bidonvilles, habitats des populations à faibles
revenus pour Philippe Bissek53 renvoient à la
conséquence classique de l'exode rural, échappant par
conséquence au contrôle des pouvoirs publics ; ont pour
corollaires partout où ils se manifestent, taudification,
insalubrité et promiscuité. Les bidonvilles constituent la
réponse à un problème identique : accueillir et abriter
les populations à faibles revenus ou sans revenu du tout ; on y retrouve
toutes les formes de construction (tentes, maçonneries, poteries,
embarcation panneaux de
49Ela Jean Marc, op cit
50Motoze AKAM, sociologie de Jean Marc Ela : les
voies du social, l'Harmattan, paris, 2011 P56 - 57
51René dumont, Démocratie pour
Afrique, Seuil, Février 1991P 185 - 186
52Motoze Akam, Ibid.
53Philippe Bissek, Habitat et
Démocratisation au Cameroun, Ed Karthala, 1994, PP 11-12.
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Raouto Crazzilli Page 27
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
bois, prise, poto-poto, qui font appel à la
récupération et ils trouvent leur assise presque toujours dans
les zones impropres à la construction `marécages,
escarpement...)
Au Cameroun, à l'occasion d'un atelier sous
régional de la méthodologie du (programme participatif
d'amélioration des bidonvilles), le ministre du développement
urbain et de l'habitat laissait entendre que les bidonvilles sont
caractérisés pas la promiscuité, l'habitat fait en
matériaux provisoires et l'accès difficiles aux maisons. De plus,
ce sont les milieux où sévissent les problèmes de toute
sorte. Notamment la très forte prévalence du paludisme, du
VIH/SIDA et des maladies hydriques, le taux de déperdition scolaire
élevé, la dépravation des moeurs et abus de toutes sortes
(Clobert Tchatat54). En guise d'opérationnalisation de ce
concept, nous avons comme indications de bidonvilles :
? Quartiers situés parfois aux abords des villes et
parfois à l'intérieur
? Composés d'habitations précaires et
insalubres, construites d'une façon anarchique pas des matériaux
divers
? non- reliés aux installations municipales ou alors
n'ayant pas un accès suffisant aux infrastructures de base telles : les
égouts, le gaz, eau courante, l'électricité, route
construites...
? Habités pas des individus de conditions inferieures
et déclassés dans la hiérarchie sociale.
2-2- ELABORATION DE LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE
2-2-1- La méthode de recherche
L'utilisation d'une méthode de recherche mixte est
définie par Karsenti et Savoie-zajc (2000)55, comme une
approche pragmatique de la recherche dans laquelle les données
qualitatives sont jumelées à des données quantitatives
afin d'enrichir la méthodologie et éventuellement les
résultats de recherche. C'est pourquoi pour une appréhension
à la fois micro et macro, l'option a été portée
vers :une méthode quali-quantitative permettant ainsi de comprendre et
d'expliquer le phénomène. L'explication permettra
d'appréhender la participation politique dans les bidonvilles en termes
de déterminisme ou de conditionnement ; tout en recherchant au sens de
Durkheim (1897)la cause effective, en privilégiant ainsi l'approche des
données quantitatives avec un accent mis sur les corrélations et
les variables explicatives. La compréhension permettra non pas
d'établir un lien de
54 Www rédaction -
bonabéri.com
55Karsenti, Savoie-Zajc, Introduction à la
Recherche en Education, 2ème éd, éd du
crp, Sherbrooke quégec, 2000
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 28
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
causalité, mais de comprendre la signification, qui y
est associée à travers une méthodologie de
l'interprétation aux sens de Max Weber (1919).
La compréhension permettra d'appréhender la
conception que les habitants des bidonvilles ont de la politique et de la
participation politique, ainsi que les raisons de leur implication insuffisante
à la chose publique.
Tandis que l'explication nous aidera à saisir les
formes et degrés de participation et les causes de leur implication
insuffisante.
Nous concilierons ces deux approches en partant d'abord du
sens que les habitants de bidonvilles donnent à la participation
politique, vers ce qui conditionne socialement leur investissement dans la
chose publique
2-2-2- LA logique de recherche
Notre méthode étant quali-quantitative, notre
logique est inductive et déductive, allant à la fois du
particulier au général et du général au
particulier.
Ainsi, à travers l'induction, l'on veut partir des
représentations que les habitants se font de la participation politique
pour tirer des lois sur ce qui les motive ou les démotive ou sur des cas
ou des expérimentations pour tirer des conclusions.
Par la logique déductive, l'on entend s'appuyer sur un
nombre important des habitants de ce quartier bidonvilles pour pouvoir tirer
des lois.
Nous entendons donc partir de micro situations des interviews
de personnes ressources pour saisir le sens et la signification qu'elles
donnent à la participation politique dans ces milieux et dégager
des lois également à partir d'un nombre représentatif pour
saisir le déterminisme dont fait l'objet la participation politique des
habitants de ces quartiers.
L'utilisation de deux logiques de recherche réside dans
le fait que, la politique est un domaine dont l'appréhension
dépend des milieux et de ses individus ou acteurs. Dans le cas
d'espèce, l'étudier dans les quartiers populeux, recommande
à notre sens que l'on saisisse d'abord la représentation qu'ils
ont de la chose (le vécu politique dans ces milieux), ensuite la
façon dont ils l'expriment concrètement et enfin l'influence du
social sur ces individus.
2-2-3- DELIMITATION DU SUJET ET DU TERRAIN DE LA
RECHERCHE Notre sujet porte sur la participation politique, visant ici
à ressortir les formes, les degrés, les raisons et les causes de
ce degré de participation. Cependant, prétendre pouvoir
étudier tous les aspects relèverait du pur rêve. C'est ce
que soutient Lanshere (1988) :
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 29
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
« On ne pourra jamais tenir compte de tous les
aspects possibles dans une recherche. »56
C'est donc fort de cela qu'une délimitation spatiale et
temporelle s'impose.
La participation politique est tout simplement l'expression
par les citoyens des comportements politiques, relativement aux
phénomènes en relation avec le pouvoir.Nous avons signifié
ci-dessus que nous envisageons ressortir les formes, les degrés, les
causes et raisons. En ce qui concerne les formes, l'accent sera mis sur les
conventionnelles et les non conventionnelles, mais en mettant de coté
celles liées à la violence physique (casses, grève,
destruction des biens...). Pour le degré, nous nous servirons de
l'aspect électoral, et surtout les élections
présidentielles de 2011 et les législatives et municipales de
2013 ; à cause de la difficulté d'accès aux données
des élections antérieures. Ce choix est également dû
au fait que cette étude a été menée entre 2011 et
2014. Et tout ceci en rapport avec les bidonvilles.
Comme milieu d'étude, notre option a été
portée sur la ville de douala, puisque c'est la destination principale
des migrants ruraux en quête de l'eldorado. Par conséquent, c'est
la ville qui connait le plus de quartiers qui réunissent les
critères des bidonvilles. Ainsi, parmi ces quartiers, nous avons
opté pour : NEW-TOWN AEROPORT III et NEW-BELL NGANGUE. Ceci parce que ce
sont des quartiers situés dans les zones stratégiques de la ville
de douala et qui sont caractérisés par leur
antécédent politique. Que dire donc de ces deux quartiers ?
2-2-3-1- Presentation de New-Town Aéroport
Situé à quelques encablures de l'Aéroport
International de Douala, il serait né en 1986, du moins par l'occupation
des populations, mais il est reconnu en 1994 par le préfet Bernard
Atebede. Il avait comme nom : Bonadiwoto, Soweto, ou encore Non-glacé.
De part son vaste territoire et à l'issue d'une concertation avec les
anciens, New-Town est divisé d'abord en trois (03) quartiers et en suite
en cinq(05) quartiers jusqu'aujourd'hui qui sont répartis à la
fois dans les arrondissements de Douala IIème et Douala
IIIème.
Sur le plan sociopolitique, ce bidonville à une
population approximative de 8000 habitants, provenant de New-Bell, Akwa et se
caractérise par une population mosaïque, car on y retrouve presque
toutes les tribus, ethnies, à l'instar de : bassa,
bamiléké, béti, boulu, Ewondo, Pygmées, Douala,
Haoussa, Bafia, Mbo'o, Bamoun, Toupouri, Ethon, Nanga Eboko, Bakweri,
Manfé, Maya, Fompéa, Tikar, les Massa, mais aussi les
étrangers
56 De Lanshere (v), Introduction à la
Recherche en Education, pari, armand collin, 1988
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 30
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
(Sénégalais, Congolais, Nigérians,
Centrafricains, Marocains, Tchadiens, Maliens pour ne citer que
ceux-là). Ce quartier est sous l'égide de la mairie de Douala
IIème et sous l'autorité de la sous-préfecture de douala
IIème,qui a comme auxiliaire les chefferies de quartier, qui comportent
également 10 chefs de blocs.
Sur le plan économique, ce quartier abrite le «
marche non-glacé » qui permet le ravitaillement, de ce vaste
quartier ainsi que quelques quartiers environnants. De plus, son positionnent
à l'entrée de la ville de douala fait de lui un endroit
privilégié pour le transport.
Dans notre recherche, nous travaillerons à
New-Town III qui est dans douala IIème. 2-2-3-2- Présentation de
New-Bell
Le Quartier de New Bell est un autre quartier historique de
Douala. En effet, le quartier « Neu Bell » (écriture
allemande), historiquement est un no man's land imposé jadis au clan
Bell par l'occupant allemand, des suites de leur expropriation du plateau Joss
en 1913. Expropriation qui s'explique par une tolérance moindre de la
proximité des habitations européennes et africaines. Pour ce
faire ; vers 1910, on s'est mis à découvrir des
inconvénients à cette proximité.A la veille du
départ des allemands, l'agglomération Duala se subdivise en six
quartiers : Bali, Joss, Akwa, Bonabéri, Deido et Neubell. L'occupant
allemand s'étant retiré en 1916, et suite aux négociations
du clan Bell d'avec le nouvel occupant français, Bali deviendra le
nouveau lieu de fixation des bellois. En 1925, un plan directeur d'd'urbanisme
portant extension des quartiers européens et réorganisation des
quartiers africains exclut New-Bell du périmètre urbain.
Sur le plan socioculturel, New-Bell à la fin de la
première guerre mondiale est donc une terre essentiellement
occupée par les allogènes camerounais (haoussas et
bamilékés) venus vers la cote en quête d'un
mieux-être dans l'entre-deux guerre et une forte colonie ouest africaine
(Nigeria, Gold Coast, Dahomey, Togo). La ville de Douala se divisée
géographiquement en trois pole : le pole administratifs tenu par les
administrateurs coloniaux (Joss) ; le pole des autochtones, assimilés
comme classe intermédiaire (Bali, Bonabéri, Akwa, Deido) ; et le
pole des allogènes (New-Bell). Exclu du périmètre urbain
de la ville de Douala en 1925,cela est dû au fait que New-Bell
était considéré comme un bien collectif du clan Bell. Ce
bannissement fera que la « ville des étrangers » se
développera sans aide et hors de tout contrôle. Du fait de cette
catégorisation en statut inférieur à lui donnée,
New-Bell se
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 31
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
développera à travers ce brassage culturel. Une
communauté nouvelle verra le jour à travers une unité
linguistique : le pidgin qui est même substitué aux langues
maternelles dans certaines familles. Ce statut inférieur va
également leur faire valoir les étiquettes de « sauvages
» et de « barbares ». Ainsi se répandirent des slogans
politiques révolutionnaires et contestataires les plus dangereux au
système colonial en place. Plus récemment, pendant la
période des « villes mortes » (mouvement de
désobéissance civile initié au début des
années 90 en guise de revendication à d'avantage de
démocratie au Cameroun), New-Bell fut un foyer de tension
irrésistible contre le régime en place. Aujourd'hui, ces
qualificatifs n'ont guère changé.57
Sur le plan économique, la ville de Douala étant
devenue importante en 1970, New-Bell devient un véritable pole attractif
sur le plan économique. Aujourd'hui, il abrite la plupart des grands
marchés de la ville de Douala. En fait, il s'agit : du marché
central, du marché de la gare de New-Bell, du marché Congo, du
marché Nkololoun, du marché des chèvres et du
marché des femmes
Bref, il s'agit d'une vaste zone située à la
sortie de la ville de Douala sur l'axe-lourd Douala-Yaoundé regroupant
plusieurs quartiers tels que :Ngangue, Mbamewondo, Mbamileke Haoussa, Service
Social, Gare, Funkel, Youpwe, Congo , Makea, Yabassi, Kassala, Ngonsoa, Mboppi,
Cimetiere, Babilon T-S-F, Bassa, Bandjoun, Nkolmintag, Tractafic, Nouveau
terrain, kololoun, et KM 5. Pour notre recherche, nous travaillerons dans
New-Bell Ngangue.
2-2-4- ECHANTILLONNAGE
L'échantillonnage est le processus à travers
lequel on choisit les individus qui vont faire partie de l'échantillon.
Ce processus s'étale de la définition de la population
d'étude à la sélection de l'échantillon en passant
par la sélection d'un cadre d'échantillonnage, la
définition des unités d'échantillonnage, le choix d'une
méthode d'échantillonnage et la détermination de la taille
de l'échantillon.58
Dans le cadre de notre étude, nous travaillerons avec
les habitants âgés de 20 ans et plus, de ces deux quartiers, sans
aucune distinction en ce qui concernera l'administration du
57Nguéhan, S., « Environnement Social
Précaire, Décrochage Scolaire et Stratégie de
Réussite : une éude exploratoire du phénomène au
quartier New-Bell de Douala », Mémoire de Master en
Psychologie Sociale, Université de Douala-Cameroun, 2007, PP
17-19
58Ndinga, « Cours Magistrale de Techniques
Quantitatifs », Sociologie niveau III, UNVERSITE DE DOUALA, 2010
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 32
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
questionnaire. Mais pour les entrevues, nous travaillerons
avec la mairie, la sous-préfecture, le chef d'antenne ELECAM de douala
IIème, les chefs des deux quartiers ; c'est également à ce
niveau que nous avons tenu compte des catégories sociales et de
certaines variables. Ainsi, pour compléter notre population nous allons
travailler avec les militants de partis politiques, les étudiants, les
jeunes, les adultes, les plus âgés, les femmes, les hommes et les
adeptes de différentesobédiences religieuses. Aussi nous avons
travaillé avec les préadolescents (âgés entre 16 et
18 ans) sur la socialisation politique, en s'inspirant d'Annick Percheron.
Pour ce qui est du cadre et des unités
d'échantillonnage, nous avons eu à faire aux individus pris et
triés dans la population.
Au niveau de la méthode d'échantillonnage, au
regard de notre méthode quali-quantitative, nous avons d'abord
opté pour un échantillonnage non probabiliste ; plus
précisément selon le jugement et par quota afin d'inclure
certaines variables telles que le sexe, l'âge et autres. Ensuite nous
avons choisi un échantillonnage probabiliste et
précisément aléatoire simple, mais réparti en
fonction des quartiers.
Dès lors, la taille de notre échantillon est de
300 individus, soit 250 individus pour l'administration du questionnaire et
soit 50 individus interviewés pour le guide entretien (25 individus par
quartiers) ; avec :
- 02 étudiants par quartier ;
- 02 militants de partis politique par quartier ; - 02 hommes et
02 femmes par quartier ; - 02 préadolescents par quartier ;
- 01 musulman, catholique, protestant, de l'église
réveillée ;
- 02 jeunes par quartier ;
- 02 adultes par quartier ;
- 02 plus âgés par quartier ;
Le tout couronné par l'interview du secrétaire
de la mairie de douala IIème (par ailleurs militant dans le parti au
pouvoir), des chefs du quartier New -Town III et de New- Bell Ngangue, la
sous-préfecture, le chef d'antenne ELECAM douala IIème et
l'honorable Fopoussi (responsable communication SDF).
Quant' à l'administration du questionnaire, cela s'est
fait à hauteur de 125 par quartier, avec comme répartition que
nous avons obtenu par variables :
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 33
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Tableau 1 : Répartition de
l'échantillon d'étude suivant le sexe et les
quartiers.
Sexe Quartier
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
New-bell
|
83
|
42
|
125
|
New-town
|
72
|
53
|
125
|
Total
|
155
|
95
|
250
|
Source : par nos soins
Tableau 2 : Répartition de
l'échantillon suivant l'âge et les quartiers
Age
|
20-30
|
30-40
|
40-50
|
50 et plus
|
Total
|
Quartiers
|
|
|
|
|
|
New-Bell
|
53
|
42
|
18
|
12
|
125
|
New-Town
|
44
|
43
|
24
|
14
|
125
|
Total
|
97
|
85
|
42
|
26
|
250
|
Source : par nos soins
Tableau 3 : Répartition de
l'échantillon suivant la situation matrimoniale et les
quartiers
Sit. Mat. Quartiers
|
marié
|
célibataire
|
Veuf
|
Séparé
|
Divorcé
|
Total
|
New-bell
|
51
|
51
|
10
|
08
|
05
|
125
|
New-town
|
46
|
52
|
12
|
08
|
07
|
125
|
Total
|
97
|
103
|
22
|
16
|
12
|
250
|
Source : par nos soins
Tableau 4 : répartition de
l'échantillon suivant le niveau d'étude et les
quartiers
Nivo étude Quartiers
|
Primaire
|
secondaire
|
Supérieur
|
Sans nivo
|
Total
|
New-bell
|
13
|
46
|
59
|
07
|
125
|
New-town
|
22
|
64
|
29
|
10
|
125
|
Total
|
35
|
110
|
88
|
17
|
250
|
Source : par nos soins
2-2-5- TECHNIQUES, OUTILS DE COLLECTE ET ANALYSE DES
DONNEES Les techniques et les outils de collecte des données renvoient
aux différentes façons de recueillir les informations qui seront
utiles pour la recherche. Dans le cadre de notre travail,
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Raouto Crazzilli Page 34
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
l'option est portée sur l'entrevue de recherche
s'accommodant du guide d'entretien et sur le questionnaire.
Concernant l'entrevue :
« C'est tout simplement l'activité par
laquelle le chercheur recueille de l'information de vive voix auprès de
sujets qui relatent leur propre expérience ou témoignent des
faits qu'ils ont observés59. ».
Son utilisation ici réside dans le fait que nous
voulons toucher du doigt le sens, la signification, et le caractère
vécu de l'information. Notre entrevue est semi-structuré, car
nous ne voulons par nous cantonner aux questions du guide d'entretien et
rebondir sur la base des réponses de l'enquêté. Comme guide
d'entretien, nous en aurons un, relativement à ces personnalités
: le sous-préfet, le chef d'antenne ELECAM, quelques militants de partis
politiques dans ces quartiers, le chef de chaque quartier, les élites et
quelques habitants.
Pour ce qui est du questionnaire, il est selon Madeleine
Grawitz60(1986):
« Le moyen de communication entre l'enquêteur et
l'enquêté ».
Son importance réside dans le fait qu'il
permet d'obtenir dans un minimum de temps, des renseignements et des opinions
sur un grand nombre de sujet. Il a été utilisé ici pour
voir la place des déterminants sociaux sur le degré de
participation politique et le pourquoi de ce degré d'investissement.
En plus de ces deux techniques et outils de collecte des
données, nous avons utilisé un peu d'observation directe lors des
élections évoquées ci-dessus et un peu de recherche
documentaire dans le cadre de l'obtention des informations à ELECAM.
2-2-6-ANALYSE DES DONNEES
Par le fait que nous avons opté pour deux outils de
collecte des données, nous avons à faire aux données
qualitatives et aux données quantitatives ; par conséquent, nous
avons procédé par une analyse du contenu et des données
quantitatives.
En ce qui concerne l'analyse de contenu, c'est un ensemble
d'instruments méthodologiques de plus en plus raffinés et en
constante amélioration s'appliquant à des « discours »
extrêmement diversifiés et fondés sur la déduction
ainsi que l'inférence. Il s'agit d'un effort d'interprétation qui
se balance entre deux pôles ; d'une part, la
59Gerard (d'ambrile), op.cit. p.52
60Grawitz (Madeleine), Méthodes en Sciences
Sociales, Paris, Dalloz, 1986
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CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
rigueur de l'objectivité, d'autre part, la
fécondité de la subjectivité (Bardin, 1977). L'analyse de
contenu s'organise autour de trois phases chronologiques : la
pré-analyse, l'exploitation du matériel ainsi que le traitement
des résultats, l'inférence et l'interprétation.
Dans la première étape qui est la
pré-analyse, nous avons organisé pour opérationnaliser et
systématiser les idées de départ afin d'aboutir à
un schéma ou à un plan d'analyse. Ceci s'est fait à
travers le choix des documents à soumettre à l'analyse, la
formulation des hypothèses ainsi que des objectifs et
l'élaboration des indicateurs sur
lesquels s'appuiera l'interprétation finale. La
pré-analyse ambitionne d'organiser l'information mais elle est
composée d'activités non structurées et « ouvertes
». De manière pratique, nous avons procédé :
Au choix des documents, où on prend contact avec divers
matériaux possibles pour déterminer celui (ou ceux) qui sera (ou
seront) le mieux
à même(s) de correspondre aux différents
critères en jeu (Robert &
Bouillaguet (1997).
A la lecture flottante pour faire connaissance avec les
documents à analyser en laissant venir à soi les impressions et
certaines orientations ainsi que pour délimiter le champ
d'investigation, construire l'objet de la recherche (Robert &Bouillaguet,
1997). En présence des données, il s'agit donc de les lire et de
les relire pour tenter de bien saisir leur message apparent (Savoie-Zajc,
2000).
A La formulation des hypothèses et des objectifs,
où il faut reprendre
chacun des épisodes d'observation et identifier le
thème qu'il reflète, regrouper les thèmes proches ou
semblables et identifier leur substance, ce qu'ils veulent dire.
Au repérage des indices et à
l'élaboration des indicateurs, où il s'agit de choisir les
indices contenus dans le corpus en fonction des hypothèses et de les
organiser systématiquement sous forme d'indicateurs précis et
fiables (Bardin, 1977).
A la préparation du matériel, où nous
avons accompli notamment les opérations de découpage du corpus en
unités comparables, de catégorisation pour l'analyse
thématique, ... Bref, il s'agit de la « décontextualisation
» impliquant le détachement des parties d'entrevues ou des
épisodes d'observation de leur tout originel et leur regroupement par
thèmes (Tesch, 1990 ; Savoie-Zajc, 2000).
La deuxième étape qui est l'exploitation du
matériel aconsistée
à appliquer, au corpus de données, des
traitements autorisant l'accès à une signification
différente répondant à la problématique mais ne
dénaturant pas le contenu initial (Robert &
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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Bouillaguet, 1997). Elle a surtout consisté à
procéder aux opérations de codage, décompte ou
énumération en fonction des consignes préalablement
formulées. Elle a comporté deux étapes-clés :
Une opération de catégorisation consistant en
l'élaboration ou enl'application d'une grille de catégories,
c'est-à-dire des rubriques rassemblant des éléments ayant
des caractères communs sous un titre générique, et en la
classification des données du corpus dans celles-ci (Bardin, 1977). Il
s'agit donc de la classification d'éléments constitutifs d'un
ensemble par différenciation puis un regroupement par genre (analogie)
d'après des critères définis afin de fournir par
condensation, une représentation simplifiée des données
brutes (Bardin, 1977).
Un codage ou comptage des unités où on applique
les catégories au corpus
et donc, où nous avons rempli les grilles d'analyse
selon, d'une part, l'unité d'enregistrement retenue, c'est-à-dire
le « segment déterminé de contenu que le chercheur a
décidé de retenir pour le faire entrer dans la grille d'analyse
» (Robert & Bouillaguet, 1997, p. 30), d'autre part, l'unité de
numération.
Enfin, la troisième étape qui renvoie au
Traitement, à l'interprétation et à l'inférence.
L'interprétation des résultats a consisté à «
prendre appui sur les éléments mis au jour par la
catégorisation pour fonder une lecture à la fois originale et
objective du corpus étudié » (Robert & Bouillaguet,
1997, p. 31).
Pour ce qui est données quantitatives, nous avons
procédé au codage des données, en les variables et leurs
modalités. Au dépouillement manuel des données, en mettant
en exergue les variables et les enquêtés, ce qui déboucha
sur une fiche de dépouillement. Enfin, nous avons construit les tableaux
et procédé à leur lecture majoritaire,
différentielle et diagonale ou transversale.
2-2-7- AXES DE RECHERCHES Comme axes de recherche, nous
avons :
1) La conception des habitants de la participation politique
2) Le détenteur du pouvoir dans ces quartiers : les
habitants ou les groupes extérieurs.
3) Qui participe et comment, ce qui conduit aux comportements
politiques adoptés dans ce quartier
4) Le degré de participation ; les raisons et les
déterminants de ce degré d'implication des habitants dans la vie
politique de ces quartiers.
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DEUXIEME PARTIE :
L'IMAGINAIRE SOCIAL DES HABITANTS DES BIDONVILLES ET LA
QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE, LES FORMES ET DEGRES DE
PARTICIPATION
Après avoir modélisé notre sujet de
recherche et déterminé la démarche que nous avons
sollicitée pour le démontrer et l'analyser, il est important de
relever la conception que les habitants des bidonvilles ont de la participation
à la gestion de la chose publique. Cette représentation nous
permettra par la suite de toucher des doigts et de comprendre les formes de
participation qui sont les leurs. Aussi, nous relèverons les
degrés d'implication politique de la populace. C'est fort de tous ces
objectifs que nous nous proposons de traiter dans le chapitre III de
l'imaginaire sociale de la populace et la question de la participation
politique ; et dans le chapitre IV des formes et degrés de participation
politique dans les bidonvilles.
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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CHAPITRE TROISIEME : L'IMAGINAIRE SOCIAL DE LA POPULACE
ET QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE.
Pour pierre Ansart61(2004), l'expression imaginaire
sociale renvoie à l'ensemble des représentations imaginaires
propres à un groupe social. Ces représentations sont
constituées des mythes, des croyances cosmiques et religieuses, des
utopies. Bref des normes et valeurs qui procurent des significations
participant à la vie commune, aux pratiques sociales. Dans ce chapitre,
nous passerons par ces imaginaires sociaux pour ressortir la conception que la
populace a d'abord de la politique(I) et ensuite de la participation à
la chose publique(II).
3-1- LA NOTION DU POLITIQUE ET LA POPULACE
3-1-1- La conception des gestionnaires du quartier
La politique est une notion dont l'appréhension est
flottante et diffère des uns aux autres ou alors d'un groupe à
l'autre. Par conséquent, les individus agissent dans ce domaine en
fonction de la conception qu'ils ont de la chose publique. En effet,
Jean-Pierre Cot et Jean-Pierre Mounier relèvent dans cette question :
« qu'est ce que la sociologie politique62 ? »
l'ambigüité de la définition de ce concept de politique.
C'est donc fort de cela que nous nous sommes proposés de ressortir la
conception que les habitants de bidonvilles ont de cette notion, mais en
passant par celle des gestionnaires de ces quartiers. Dans le cas
d'espèce, il s'agit de New-Town III et de New-Bell Ngangue.
Pour la mairie de Douala IIème, par l'entremisse de son
secrétaire général, la politique
c'est :
« Participer à la construction de la vie
publique, apporter du sien à la construction du bien-être commun
»
Ce qui nous laisse entendre que la construction de la vie
publique par l'apport de tout un chacun en vue du bien-être est la ce que
la plus haute autorité entend par politique. Cependant, ne pouvant nous
limiter à cette acception, nous sommes allés au niveau des
61 Ansart(pierre),Imaginaire Social, Juin
2014
62Cot(jean-pierre),Mounier(jean-pierre), Pour une
Sociologie Politique, Tome1, Seuil, 1974
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chefferies de nos deux quartiers. C'est ainsi que pour sa
majesté M. Ndongo Nama, chef du quartier New-Town III, la politique
c'est :
« La manière de conduire les affaires publiques
»
Pour ces chefs de quartier, la politique c'est administrer,
gérer, orienter et prévoir. Ce qui est en droite ligne avec leur
position sociale puisqu'ils sont des relais de l'administration.
Ce que nous retenons en définitive, c'est que pour les
gestionnaires, la conception que l'on a de la politique, dépend de la
hiérarchie. Car pour les mairies qui sont les garantes du
développement économique, social et culturel de leur
localité, le mot clé c'est la « contribution » et pour
les chefs de quartier, le concept majeur c'est l' « administration
».
C'est donc ce qu'il en est des gestionnaires, qu'en est-il au
niveau de la population ?
3-1-2- Une conception sensible aux déterminants
sociaux
Après avoir ressorti la conception des gestionnaires de
ces quartiers, il est indispensable de descendre au niveau de la population
afin de savoir ce qu'ils en pensent, en tenant compte des déterminants
sociaux que sont : l'âge, le sexe, le niveau d'étude
l'appartenance ethnique et l'appartenance religieuse.
3-1-2-1- relativement à l'âge et au
sexe
Annick Percheron dans son ouvrage âge et
politique63 relève toute l'importance que l'on doit
accorder à l'âge dans l'analyse politique ou dans l'étude
des phénomènes politiques. C'est dans cette mouvance que nous
avons pensé qu'il serait judicieux de tenir compte de l'âge dans
la conception de la chose publique. Nous devons d'abord relever qu'une partie
importante des habitants de bidonvilles est âgée de moins de vingt
cinq (25)64 ans. Ce qui signifie que très peu ont l'âge
reconnu par le nouveau code électoral camerounais65, sans
pour autant vouloir réduire la participation politique aux
élections. Dès lors, nous avons retenus les tranches d'âge
qui sont dans notre questionnaire réparties comme suit : de 20 à
30 ans ce sont les plus jeunes ; de 30 à 50 ans ce sont les adultes et
de 50 ans à plus, ce sont les plus âgés. Partant de ce :
63Percheron(annick),
réné(rémond),Age et Politique, Galland, 1992
64 Un-habitat
65 Code électoral camerounais du 19 AVRIL
2012
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Tableau 5 : présentation des niveaux
d'étude en fonction des tranches d'âge
Nivo D'étude
âge
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Total
|
20-30
|
11/ 4,4%
|
54/
|
21,6%
|
32/
|
12,8%
|
97/38 ,8%
|
30-40
|
11/ 4,4%
|
35/
|
14%
|
39/
|
15,6%
|
85/34%
|
40-50
|
17/ 6,8%
|
15/
|
6%
|
10/
|
4%
|
42/16,8%
|
50 et plus
|
13/ 52%
|
06/
|
2,4%
|
07/
|
2,8%
|
26/10,4%
|
Total
|
52/ 20,8%
|
110/
|
44%
|
88/
|
35,2%
|
250/100%
|
Source : par nos soins (notre fiche de
dépouillement)
Nous avons retenu que 76,04% des jeunes ont un niveau
d'étude inférieur ou égal au secondaire. C'est ainsi que
notre guide d'entretien nous a permis de relever que la politique est un monde
inconnu pour la majorité. C'est le cas de Junior de New-Town III et de
Yannik New-Bell Ngangue, qui, avec beaucoup de réticence
répondent à question de savoir ce que signifie la politique pour
eux que :
« Je ne sais rien de la politique »
Pour ceux des jeunes qui en savent quelque chose comme Maxime de
New-Town III : « La politique c'est la tromperie, c'est le monde de la
corruption, c'est du pure bavardage »
Nous avons retenu que c'est un domaine auquel les jeunes
accordent peu de confiance et beaucoup de méfiance66. De
plus, ils pensent que ce n'est pas encore de leur ressort ; par
conséquent, réservé aux gens plus matures et pleins
d'expérience en la matière.
En ce qui concerne les adultes, et dans le cas d'espèce
M. Jonas de New- Bell Ngangue :
« La politique c'est tout ce qui concerne la vie de
l'homme. C'est-à-dire ce qui concerne la satisfaction de ses besoins
à savoir : l'électricité, l'eau, l'éducation, les
routes, la sécurité. Cependant, c'est le milieu de la fourberie,
de ceux qui ne tiennent pas à leurs promesses, à leurs
engagements. »
C'est dans ce sens qu'une dame qui n'a pas voulu donner son nom
expose que : « Les politiciens sont des menteurs qui apparaissent au
moment qui les arrange... »
Pour les plus âgés, c'est ce qui renvoie à
la gestion des affaires publiques comme les partis politiques, le gouvernement,
les mairies, les députés etc.
66Muxel(anne), L'Expérience Politique des
Jeunes , Presses de la fnsp,2001
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Donc à partir de la variable âge, nous avons
enregistré que la politique inspire de la méfiance, même
si, en dépit du fait que c'est la tromperie et le mensonge, elle
concerne les affaires publiques et la vie de tout le monde. Alors,
qu'obtiendrons-nous sur la base du sexe ?
Travailler avec la variable sexe, c'est s'en tenir à
deux modalités : homme et femme. En effet, que signifie la politique
pour les femmes et les hommes des bidonvilles ?
S'agissant des hommes (ainés sociaux)67, la
politique est un domaine pour personnes viriles, dynamiques, c'est le signe
d'une réussite sociale, c'est l'indication de l'appartenance à
une classe de privilégiés. Mais aussi, pour un monsieur que nous
avons interviewé à New-Town III :
« La politique est une question d'avantage. Avantages
qui s'ouvrent à ceux qui ont fréquenté, à ceux qui
peuvent comprendre ce c'est, qui savent lire et écrire »
Comme pour dire que la politique est un domaine qui
nécessite des compétences ou des ressources pour tirer avantage,
bref une mangeoire.
Pour les femmes par contre, en raison de certains
stéréotypes provenant du processus de socialisation tels que :
l'inégal accès à l'éducation68 qui les
défavorise sur le plan économique et par ricochet sur le plan
politique comme le relevait déjà Stella Nana-Fabu. De plus,
Charly Gabriel Mbock mentionne que la femme n'a pas de statut politique parce
que ce statut :
« Se heurte aux résistances instinctives et
aux manipulations intéressées d'une cité à deux
étages qui malgré un discours de vitrine se défend
sournoisement contre l'ascension... sociale de la femme... de plus, elle est
sujette aux chaines domestiques que lui a mise l'homme. L'espace du pouvoir est
donc rigoureusement compartimenté : à l'homme, le pouvoir public
; à la femme, le pouvoir privé, quasi domestique »69
C'est conséquemment à cela qu'elles sont
considérées comme des « cadets sociaux » entendu au
sens de Bayart Jean-François comme une classe exploitée,
entretenue, reproduite comme telle et constituée des enfants et des
femmes qui sont les plus exploitées par les ainés sociaux (hommes
ou dominants)70. Dès lors, ces dernières se
considèrent comme n'étant pas concernées par la politique
et par voie de conséquence, elles se représentent comme inaptes
à cela. C'est le cas de cette femme du quartier New-Bell Ngangue qui dit
:
« ... je ne suis pas politicienne et je
préfère m'occuper de mon foyer »
67Bayart(Jean François), Mbembe (Achille),
Toulabor (Comi), La Politique par le Bas, Karthala, 1981
68 Nana-Fabu, S., The Feminization of Poverty in
Cameroun. Yaoundé, Edition Clé, 2009, P.50
69Mbock, G., « Femme du Cameroun : Statut
Politique et Pouvoir Social », Jeudi 08 Mars 2012, 07H09 Minutes
70 Bayart, J., La Politique par le Bas en Afrique Noire,
P.74
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Une autre de New-Town III laisse entendre que :
« Ça ne me dit rien, ça ne me sert
à rien »
Ainsi, l'âge et le sexe sont deux variables qui nous
donnent une autre conception de la chose politique chez la populace. Aussi, que
nous apportent le niveau d'étude, l'appartenance religieuse et
l'appartenance ethnique ?
3-1-2-2- Relativement au niveau d'étude et
à l'appartenance religieuse
Guy Michelat et Michel Simon71 relevaient
déjà l'importance du niveau d'étude et de la religion dans
la représentation du champ politique.
S'agissant du niveau d'étude, ces auteurs lui donnent une
signification :
« ... elle peut être l'indicateur de la
quantité d'exposition aux messages scolaires...
»72.
En rapport avec les bidonvilles, nous avons obtenus que 64,8%
des habitants ont un niveau inférieur ou égal au secondaire.
Tableau 6 : niveau d'étude avec
pourcentages
Niveau d'étude
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Sans nivo
|
Total
|
Effectif
|
35
|
110
|
88
|
17
|
250
|
%
|
14%
|
44%
|
35,2%
|
6,8%
|
100%
|
Source : par nos soins
Renvoyant ainsi à dire que dans ces milieux, il y a une
faible exposition aux messages scolaires ; ce qui permet de comprendre cet
interviewé :
« Ça ne me dit rien » « c'est le pure
bavardage »
Comme pour dire que c'est une chose compliquée, ennuyeuse,
inutile, sans importance et dangereuse. Également, Michelat et Simon
relèvent que :
« L'intérêt politique augmente avec le
niveau d'étude73 »
Dès lors, fort de ces déperditions scolaires,
très peu s'intéressent à la gestion de la chose publique,
puisqu'estimant que c'est trop pour eux. Aussi, le niveau d'étude
laisse
71Michelat(Guy), Simon(Mchel) , Classe, Relgion et
Comportements Politiques, fnsp, Paris,1977 72Michelat(Guy),
Simon(Michel),op.cit. p. 195
73 Ibidem, p.191
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Raouto Crazzilli Page 43
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
entrevoir un sens caché selon Daniel Gaxie74
et une certaine incompétence selon Pierre Bourdieu75. Et la
religion, quelle contribution ?
Rappelons que, la représentation (vécu
politique), est une manière de penser et d'interpréter la
réalité quotidienne, c'est le savoir du sens commun. Elle est
aussi la représentation de quelqu'un (individu ou collectif),
lui-même en rapport avec d'autres sujets76. En rapport avec la
religion et la politique, les conceptions sont relatives aux obédiences
religieuses auxquelles les individus appartiennent, pour rejoindre Michelat et
Simon. C'est ainsi que dans les quartiers qui constituent nos milieux
d'étude, nous avons comme appartenance religieuse : les catholiques, les
pentecôtistes, les musulmans, les témoins de Jéhovah, les
protestants et les églises éveillées.
Tableau 7 : appartenance religieuse et
pourcentage
Appartenance Religieuse
|
Catholiques
|
protestants
|
musulmans
|
Autres
|
Total
|
Effectif
|
141
|
55
|
36
|
18
|
250
|
%
|
56,4%
|
22%
|
14,4%
|
7,2
|
1OO%
|
Source : par nos soins
Aussi, lors de nos entretiens, nous avons approché un
pentecôtiste qui nous exposa relativement à sa conception de la
chose publique que :
« Je suis un enfant de dieu, ça ne me servira
à rien... »
Comme pour dire que c'est un domaine qui lui est interdit, qui
pourrait lui faire perdre ses valeurs. Ce qui vient rejoindre la position de ce
témoin de Jéhovah :
« Les témoins ne font pas la politique, ne se
mélangent pas aux politiciens »
Mais à coté de cette vision des autres
obédiences, les catholiques, les protestants et les musulmans
appréhendent le politique comme quelque chose qui concerne tout le
monde, car liée à chaque aspect de la vie de chacun. Dès
lors, nous retenons que la variable appartenance religieuse n'est pas
très influente sur la chose publique, mise à part ces
obédiences évoquées plus haut. Cela est aussi dû au
fait que catholiques, protestants et musulmans représentent 92,8% de la
population de ces quartiers. Cf. tableau ci-dessus.
74Gaxie(daniel), Le Cens Caché, le
Seuil,1978
75 Bourdieu (pierre), Propos sur le Champ Politique,
PUL, 2000
76 Dictionnaire de sociologie, Gilles Ferreol, 3 ed
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Raouto Crazzilli Page 44
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Nous ne saurons sortir de cette section sans évoquer la
variable appartenance ethnique. En fait, les bidonvilles sont des quartiers
spontanés qui se sont développés avec l'exode rural, ce
qui fait que nous y retrouvons une multitude d'ethnies que nous avons
évoquées dans la présentation de nos milieux
d'étude. En plus de ces ethnies, nous dénombrons des
ressortissants étrangers tels que : les tchadiens, les centrafricains,
sénégalais, nigérians, béninois, marocains, les
congolais. Qui considèrent la politique comme l'affaire des autres.
Puisque n'ayant pas la nationalité camerounaise.
En définitive et en tenant compte des variables, la
politique pour la populace, c'est la gestion des affaires publiques telles que
: l'électricité, la sécurité, l'eau, le travail et
autres. C'est également un domaine dangereux, réservé aux
autres car demande beaucoup de moyens financiers et un bon niveau scolaire.
Aussi, c'est une affaire de « gros sous », une « mangeoire
», un milieu hermétique et compliqué.
Après avoir ressorti la représentation que la
populace a de la chose publique, nous ferons un tour sur ce qu'ils entendent
par participer à la gestion de la cité.
3-2- QU'EST-CE QUE PARTICIPER A LA POLITIQUE POUR
LES
HABITANTS DE BIDONVILLES ?
Par participer, nous avons entendu mettre à
contribution ses ressources personnelles pour agir avec les autres. La section
précédente a permis de toucher du doigt les croyances et les
valeurs qui orientent leur perception de la chose publique. Dans celle-ci, nous
envisageons voir ce que cela donne en relation avec le concept de
participation. C'est ainsi qu'à partir des considérations sur la
socialisation, nous mettrons en exergue qui s'y rattache (I), afin d'en
déduire la forme de participation vers laquelle ils penchent le plus
(II).
3-2-1- La place de la socialisation politique dans la
conception de la
participation politique dans la populace.
Aborder le domaine de la socialisation politique, c'est
rechercher comment se forme l'identité politique des individus ; dans le
cas d'espèce, c'est celui des habitants des bidonvilles. Mais d'abord,
qu'est-ce que la socialisation ?
Rédigé et défendu par : NANTCHA
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
3-2-1-1- Qu'est-ce que la socialisation politique ?
Dans une approche déterministe et fonctionnaliste, la
socialisation politique renvoie au processus d'inculcation des croyances et
représentation relatives au pouvoir (dimension verticale) et aux groupes
d'appartenance (dimension horizontale). Selon cette approche, il n'y a pas en
effet de société politique viable sans intériorisation
d'un minimum de convictions communes concernant la nécessité des
allégeances à la communauté et la légitimité
du gouvernement qui les régit. Peu importe que ces convictions soient
fondées ou non en raison ; il suffit qu'elles emportent
l'adhésion77.
Aussi, ce processus répond à deux exigences :
Au niveau des gouvernants, ils ont besoin d'imposer des
croyances qui justifient l'exercice de leur pouvoir et renforcent la
cohésion de la société qu'ils dirigent ; afin de faciliter
l'obéissance aux lois, la régression de la contrainte directe au
sens de Norbert Elias 78(1939), et le processus de mobilisation d'un
soutien, non plus passif mais actif.
Au niveau des gouvernés, une socialisation politique
efficace facilite psychologiquement l'acceptation des contraintes. Au fait,
elle place devant un dilemme : se rebeller avec le risque de devoir en
supporter lourdement le prix si sa résistance est brisée ou
s'incliner devant la force79.
Les déterministes et les fonctionnalistes
conçoivent la socialisation politique comme tributaire de deux concepts
: l'idéologie et la culture politique. En tant qu'ils apportent les
valeurs, les références et les croyances qui contribuent à
constituer l'identité politique de l'individu.
En fait, l'idéologie permet de définir son offre
politique, sa vision de l'organisation de la société en mettant
l'accent sur les valeurs et les représentations qui doivent orienter nos
attitudes politique. La culture politique pour sa part, permet aux citoyens,
à partir d'un ensemble de savoirs, de perceptions, d'évaluations,
d'attitudes et de dispositions, d'ordonner et d'interpréter les
institutions et processus politiques ainsi que leurs propres relations avec ces
institutions et processus80. Bref elle met l'accent sur les
représentations que les individus se font de leur rapport à la
société et relève trois aspects à
savoir81 :
77Braud (Philippe), Sociologie Politique,
6ed, 2002, p.233
78 Elias (norbert), La Dynamique de l'Occident
(1939),trad.Calman-Lévy, Réed Agora,1990,p.195 et 196
79Braud (philippe), op.cit. p.234
80 Almond (gabriel), Verba (sidney), The Civic
Culture Revisited, Boston, Little Brown, 1980, p.340
81Nkoyock (Jacqueline), « Histoire des
Idées et des Institutions Politiques », Cours Magistrale,
NiveauII, année 2009-2010
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
La dimension cognitive qui renvoie à l'ensemble des
connaissances dont le sujet est capable de faire état sur les acteurs et
les règles de fonctionnement de système de gouvernement ;
La dimension affective en tant que les perceptions
colorées émotionnellement, dépendamment de
l'environnement, des évènements et de l'histoire personnelle ;
Et la dimension évaluative relative à la
capacité de porter les jugements de valeur sur ce qui s'y
déroule.
Ainsi, la culture politique est un ensemble de valeurs et de
connaissances en relation avec la gestion de la cité.
On ne saurait parler de processus sans évoquer les
agents et milieux de socialisation ; en tant que communauté sociale
structurée, au sein de laquelle s'opère l'activité
d'inculcation. Au rang des milieux, nous avons la famille, les pairs (amis,
voisins), l'école, les médias. Au plan spécifique, les
milieux qui ne concernent pas toute la population sont : l'appartenance
religieuse, l'appartenance à des organisations politiques, syndicales,
professionnelles, culturelles et sportives. Pour les agents de socialisations,
nous avons à l'école « les instituteurs », dans la
famille « les parents » et les groupes de pairs « les voisins et
amis ».
Retenons donc que l'approche fonctionnaliste et
déterministe conçoit la socialisation politique comme un
mécanisme de régulation qui par transmission de la culture,
permet une reproduction du système politique, le maintien de la paix
dans la société civile (Almond, Verba et Powel) et la
reproduction de l'ordre de domination déjà établi. Elle
agit comme substitut efficace de la violence physique, en légitimant aux
yeux des gouvernés des systèmes de représentation,
d'opinions, d'attitudes politiques conformes aux exigences des gouvernants
(Bourdieu pierre (2000)82. Cependant, ce n'est pas la seule approche
de la socialisation politique.
En effet, l'autre approche est celle des constructivistes en
général et celle d'Annick Percheron (1974) en particulier ;
puisque c'est la sienne qui est d'une importance capitale dans la
compréhension et l'analyse de la participation politique dans les
bidonvilles.
Pour elle, la socialisation politique regroupe les
mécanismes et processus de formation et de transformation des
systèmes individuels de représentations, d'opinions et
d'attitudes politiques. En d'autres termes, elle renvoie à un processus
interactif (non passif des individus) et continu (ne s'arrête pas
à l'adolescence). En prenant pour échantillon les enfants (8-12)
et les préadolescents (16-18), elle relève que l'identité
politique se construit non
82 Bourdieu (Pierre), Propos sur le Champ Politique,
Pul, 2000
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seulement durant l'enfance, mais aussi tout au long de la vie
des individus, en fonction des changements de leurs conditions sociales
(mariage, mobilité sociale, etc.) et des évènements
politiques qu'ils sont amenés à connaitre (guerres,
révolutions, élections etc.).83
Pour analyser la socialisation politique, elle s'appuie sur
certains concepts84.
Le premier c'est la notion de « stade » qu'il oppose
à celle d' « âge », puisqu'exprimant l'idée que
le développement n'est pas une progression continue mais une suite de
construction ou de reconstruction marquée par une structuration
particulière à chaque fois. Partant de ce concept, il
relève que l'univers politique n'est pas appréhendé
spontanément de façon structurée organisée.
Dès lors, parler de socialisation politique chez l'enfant c'est parler
des phénomènes en formation, non stabilisés.
Le second est celui de « milieu » pour relever que
l'enfant est être totalement et primitivement social. Ainsi, les
phénomènes de socialisation politique sont donc le fruit d'une
interaction entre l'enfant et son milieu. Le milieu étant
constitué de l'ensemble des groupes au sein desquels l'enfant
réalise ses expériences, ces groupes agissant les uns par rapport
aux autres.
Le troisième renvoie à « la formation du
moi » et lui permet de mentionner que l'enfant se développe par
identification aux groupes auxquels il appartient ou qu'il s'est choisi (groupe
de référence). Dès lors, la socialisation s'inscrit dans
un système, un environnement, un contexte familial, régional,
national qui présente des caractéristiques particulières.
Aussi, la socialisation n'est pas une aventure individuelle.
Le quatrième et dernier est celui de « savoir
intuitif » permettant à Annick Percheron (1974) de relever que la
socialisation en général et la socialisation politique en
particulier présentent un caractère latent, puisque pouvant
être quelque chose d'apprise sans avoir été
véritablement enseignée. Elle peut également être
non intentionnelle, par conséquent, semblée plus latente que
manifeste.
En définitive, elle souligne que la socialisation ne se
termine pas avec le passage à l'âge adulte. Lorsqu'elle aborde les
agents de socialisation, elle relève d'abord le fait que comme la
sexualité, on ne parle pas de politique aux enfants, même si ces
deux sujets deviennent de moins en moins tabous dans les familles aujourd'hui.
Mais elle retient comme agent de socialisation les parents dans la famille ;
à elle de préciser qu'en matière de transmission des
préférences partisanes ou idéologiques, celle-ci sera
d'autant plus forte que l'intérêt des parents pour la politique
est grand, qu'ils ont un niveau d'instruction élevé, que
83 Précis de Sociologie, Edition 2004, p.137
84 Percheron (Annick), l'Univers Politique des
Enfants, 1974
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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les enfants sont capables de situer politiquement leurs
parents, que le milieu familial est homogène sur le plan des
préférences idéologiques85. De manière
générale, cette situation est corrélée à la
socialisation primaire. Rappelons également que le travail de
discrimination du genre est entamé à ce niveau, car c'est dans la
famille que la jeune fille est confinée à un rôle de femme
de foyer et au jeune garçon la quasi-totalité des initiatives.
L'autre agent est l'enseignant s'agissant de l'école, enseignant qu'elle
rapproche aux parents, même si l'influence n'est pas la même chez
les élèves ou les enfants. L'école est donc le lieu
d'acquisition d'une compétence savante (langage, connaissance des faits
et des institutions, formation citoyenne, apprentissage des règles et
pratiques). Acquisition qui présente deux visages :
« L'acquisition d'une compétence savante et
souvent formelle, la familiarisation avec certains mécanismes de
participation pour les enfants des milieux privilégiés et les
élèves en bonne situation scolaire ; l'apprentissage, en revanche
par les enfants des milieux défavorisés en mauvaise situation
scolaire, de situations d'inégalité et de moyens anomiques de
contester un système qui les relègue »86.
Comme dernier agent, elle évoque la nature et la taille
du lieu de résidence, les systèmes culturels régionaux, le
niveau de développement de la commune ou de la région, la
composante sociale de l'environnement et la nature du contexte politique. Tous
ces éléments se rapportant au contexte.
Ainsi, l'identité politique est un construit qui prend
en compte le stade, le milieu, la formation du moi et le savoir intuitif.
Dès lors, comment une analyse de cette dernière dans les
bidonvilles nous permettra de ressortir le sens que les habitants de
bidonvilles ont de la participation politique ?
3-2-1-2- Une conception relative à la
socialisation politique
Dans la première section, nous avons essayé de
présenter la manière dont la populace pense et interprète
la notion de politique. Pour le faire, il a été important de
partir des autorités vers les habitants en mobilisant certaines
variables telles que l'âge, le sexe, le niveau d'étude et autres.
Ce qui nous a permis de comprendre qu'ils renvoient la politique à un
domaine dangereux, compliqué, de duperie, des flatteurs, bref dont il
faut se méfier et qui demande une
85 Caron (paul), Dossier Socialisation, Annick
Percheron et la Socialisation Politique, Dees 128, Juin 2002, p.23
86 Caron (paul), op.cit. p.32
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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certaine compétence et des moyens financiers. Que nous
donne cette étude ajoutée à la socialisation politique
dans la compréhension de la conception de la chose publique ?
En tenant compte des milieux de socialisation que sont la
famille, les groupes de pairs, l'école et les médias, nous
relevons que :
Au niveau de la famille, la socialisation politique primaire
n'est pas effective, car rares sont les familles où les parents parlent
de politique avec leur enfant ; puisque lui-même n'est pas souvent
là, car toujours occupés à mener leur activité
informelle. Comme semble l'attester Grégoire de New-Town en disant :
«Les parents discutent de tous les autres sujets avec
leurs enfants sauf de la politique »
Quand bien-même ces derniers en parlent, ils s'expriment
en ces termes :
« On a toujours participé, ça
changé quoi, dès qu'on vote, ils disparaissent et ne reviennent
qu'aux prochaines élections,... ils gardent les même discours,
à quoi bon continuer à s'intéresser »
Ce qui nous permet déjà de noter que la
prédisposition qu'ont les enfants ici c'est de ne même pas
s'intéresser à la chose publique ; ou tout au plus de s'en tenir
aux périodes électorales.
L'autre milieu de socialisation ici, c'est l'école,
qui, en tant que lieu d'acquisition de la compétence savante, ne joue
pas efficacement son rôle. En effet, les enseignements se
déroulent dans les conditions précaires, les enseignants et les
élèves sont plus préoccupés par leurs conditions de
vie que par ce pourquoi ils sont là. Ce qui entraine chez les
enseignants une certaine légèreté dans les enseignements
et chez les élèves un phénomène de
déperdition scolaire (76,04% des jeunes ayant un niveau inférieur
ou égal au secondaire). Témoignant là d'une faible
exposition aux messages scolaires et par conséquent un déficit de
culture politique ; comme nous laisse entendre Michel, habitant de New-Bell
Ngangue :
« J'ai laissé l'école en classe de 4eme
parce que mon père n'avait plus d'argent, donc participer là, moi
je ne connais pas ».
D'où l'importance des groupes de pairs entant que
milieu de socialisation. En effet, vu le déficit enregistré dans
la famille et à l'école, plusieurs habitants de ces quartiers
obtiennent un «savoir intuitif » de la politique dans les « bars
» en compagnie de leur ami ou d'autres individus venus « prendre une
bière ». C'est ce que nous confie Grégoire :
« C'est dans les bars que souvent les pères,
mères, enfants, amis, voisins parlent de politique »
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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Toujours dans le cadre des groupes de pairs, les associations
ne se mêlent pas de la politique, mais sont approchées lors des
échéances électorales ou dans le cadre de certaines
actions à mener pour le développement du quartier.
Aussi, nous voulons mobiliser les médias comme autre
milieu de socialisation. Car ils permettent de former l'opinion à
travers l'espace public. Notons que même avec une relative liberté
d'expression politique, les médias permettent aux citoyens de se
cultiver politiquement, de s'informer et de connaitre leurs candidats.
Cependant, malgré l'existence de ces médias dans les bidonvilles,
très peu s'intéressent à la vie politique. En fait, notre
questionnaire a permis d'établir que : 45% de ces habitants
s'intéressent à la vie politique et que 56% ne regardaient ni les
émissions politique, ni ne lisaient les rubriques politiques dans les
journaux.
CF Tableau 8 : intérêt pour la vie
politique et pourcentage
Intérêt vie Politique
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Effectif
|
111
|
139
|
250
|
%
|
45%
|
55%
|
100%
|
Source : par nos soins
Tableau 9 : manifestation de
l'intérêt pour la vie politique et pourcentage
Comment
intéresser vie politique
|
Regardant les
émissions politiques
|
Lisant rubrique
politique dans
journaux
|
Aucun des deux
|
Total
|
Effectif
|
56
|
52
|
142
|
250
|
%
|
22,4%
|
20,8%
|
56,8%
|
100%
|
Source : par nos soins
Dès lors, nous avons retenu que participer à la
chose publique c'est comme continuer à se faire des illusions pour
certains ; être présent lors des séances électorales
pour la majorité et contribuer aux idées novatrices afin
d'apporter un plus au niveau du peuple pour les autres à condition qu'il
y ait du sérieux de la part des hommes politiques. Ainsi, à
quelle forme se rattache la participation politique dans ces milieux ?
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Raouto Crazzilli Page 51
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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3-2-2- UNE CONCEPTION BEAUCOUP PLUS CONVENTIONNELLE DE
LA
PARTICIPATION POLITIQUE
La socialisation nous a permis de saisir l'approche de la
participation politique qu'ils ont à travers les milieux et agents de
socialisation. Ainsi, le contexte a joué un rôle, puisqu'il laissa
comprendre que la construction de l'identité politique est
renouvelée, confirmée ou remise en cause, par d'autres groupes
d'appartenance tels que les étudiants, les collègues au travail,
les membres des associations et partis politiques auxquels ont peut
appartenir87. De plus, le contexte historique relève que
l'évènement politique peut socialiser de deux manières
:
premièrement dans la pratique à une
période pendant laquelle se déroule un fait marquant de
l'histoire politique conduit les individus (jeunes générations)
à combler leur retard en termes d'expérience politique ;
Deuxième dans les représentations, puisque ces
évènements font l'objet de redéfinitions et de
commémorations et parfois de débat autour de cette mémoire
collective.
Nous nous appesantissons sur le contexte, comme
évoquait déjà Percheron, parce qu'il nous permettra de
classifier la conception que la populace a de la politique ou de la
participation politique.
En effet, la populace a une conception beaucoup plus
conventionnelle de la politique en tant que toute activité qui se
déroule dans un cadre légal sans remettre en cause la
légitimité du système88. Nous avons aussi des
manifestations qui ne sont visibles que lors des échéances
électorales.
En définitive, ce chapitre nous a permis de ressortir
la conception que la populace avait d'abord de la politique, ensuite de la
participation politique. Pour le faire, nous avons opté passer par des
considérations sur les différents déterminants sociaux et
sur la socialisation politique ; afin d'aboutir à une approche plus
conventionnelle que non-conventionnelle de la politique. Ceci étant,
quelles sont donc ces formes de participation et les degrés qui vont
avec ?
87 CNED-academie en ligne, séquence 2, la
Participation Politique 88Braud (philippe), op.cit.
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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CHAPITRE QUATRIEME :
LES FORMES ET DEGRES DE PARTICIPATION DANS LES
BIDONVILLES
Aborder cet aspect des choses c'est faire un saut sur la
pratique politique dans ces quartiers. En d'autres termes, c'est marquer un
arrêt sur les actions ou comportements politiques qui sont les leurs.
Egalement, c'est relever le niveau d'implication de ces individus dans la chose
publique. Pour ce faire, il serait important de faire escale pour savoir de
prime à bord à quoi renvoient les formes de participation
politique en théorie, dans un second temps ce qu'il en est dans les
bidonvilles (I), afin d'en ressortir les degrés.
4-1- LES FORMES DE PARTICIPATION POLITIQUE EN
GENERAL
Par formes, on entend aspects, la manière dont elles se
présentent. Notons que les comportements politiques reposent sur la
socialisation politique et leur analyse renvoie à la question des formes
de la participation politique. Ainsi, on en distingue deux à savoir la
participation conventionnelle et la participation non-conventionnelle.
4-1-1-1- La participation conventionnelle
Elle désigne toutes les activités qui se
déroulent dans le cadre légal sans remettre en cause la
légitimité du système. Elle comprend la participation
électorale et la participation partisane.
S'agissant de la participation électorale, elle renvoie
au fait pour un citoyen de remplir un de ses devoirs civiques, à savoir
: voter. Qui passe par une inscription sur les listes électorales, le
retrait des cartes d'électeurs et par l'expression de son choix dans
l'urne le jour du scrutin.
En ce qui concerne la participation partisane, il s'agit de
l'adhésion à une organisation traitant d'un problème
collectif (syndicat, association, groupe d'intérêt) ; de
l'adhésion à un
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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parti politique ; de l'activisme au sein de l'organisation
associative, syndicale ou politique ;
des relations avec les partis ou les élus et des
participations aux campagnes électorales89.
Enfin, l'autre aspect de la participation conventionnelle c'est
l'intérêt accordé à la vie
politique, à travers la recherche de l'information
politique (notamment dans la presse écrite ou
parlée) et les discussions politiques avec
l'entourage90.
Bref, la participation conventionnelle renvoie à
l'implication du citoyen dans la vie
politique institutionnalisée et à D. Memmi (1985)
de constituer un répertoire officiel de cette
participation
- l'inscription sur les listes électorales
- la recherche de l'information politique
- les discussions politiques avec l'entourage
- le vote
- la participation à une manifestation
- l'adhésion à un parti politique
- l'adhésion à une organisation traitant d'un
problème collectif
- le versement d'une contribution financière lors d'une
campagne électorale
- la participation active à une campagne
électorale
Cependant, la participation politique peut aussi revêtir
un caractère non-conventionnel
ou protestataire.
4-1-1-2- La participation non conventionnelle
Elle renvoie ici selon P. Braud à toutes les formes de
participation protestataires qui se situent en marges, voir en rupture de la
légalité et qui mettent en cause la légitimité du
système. Elle peut aussi renvoyer à diverses formes de
manifestations d'impatience civique. Elle peut se manifester légalement
à travers des pétitions, des grèves ou manifestations ;
violemment par la dégradation de bâtiments, les
séquestrations, des destructions de documents et affrontements
physiques. Aussi, elle peut se faire de manière individuelle
(grève de la faim), collectivement (mobilisation de groupes
d'individus), directement (par le biais des représentants) et autonome
(hors du cadre juridique et des procédures de règlement des
conflits).
89 Memmi (Dominique), « L'Engagement
Politique », in M.Grawitz, J.Leca, Traité de Science
Politique, Paris, puf, 1985, tome II, p.328 et 329
90 Mayer (Nonna), Perrineau (Pascal), Les
Comportements Politiques, A.Collins, 1992
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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Cependant, un arrêt est nécessaire sur les
manifestations pour en relever les trois types selon Pierre
Favre91(1990).
- Les premières sont appelées « initiatrice
» et a pour fonction majeure d'imposer sur la scène politique avec
le maximum de visibilité, un enjeu ou un problème occulté
par le jeu institutionnel.
- Les secondes sont dites « routinières » et
permettent aux organisations de rappeler périodiquement leur
capacité mobilisatrice et leur représentativité, assurent
là aussi une fonction d'expression des préoccupations du moment
et la réaffirmation de l'identité d'une organisation.
- Et les troisièmes sont assimilées à des
crises politiques globales, ne tenant plus compte de revendication
spécifique à certains groupes sociaux, mais visent le maintien ou
la chute des pouvoirs publics.
Notons cependant que ces formes de participation sont
liées à la notion de citoyenneté qui est le fait pour une
personne, pour une famille ou pour un groupe d'être reconnu comme membre
d'une société nationale et d'avoir le droit de participer
à sa vie politique. Cette notion est constituée de quatre
éléments, à savoir : la nationalité qui donne un
cadre à la souveraineté nationale ; les droits (droits civiques,
droits politiques, droits sociaux) ; les devoirs (payer les impôts,
respecter les lois ou encore être juré de cour d'assises si besoin
est) et la participation civique. Ainsi, être citoyen c'est avoir trois
attributs :
- Avoir la nationalité en tant que preuve de la
volonté d'appartenir à la communauté nationale, elle lui
confère des droits et donc une parcelle de la souveraineté
nationale
- Jouir de ses droits civiques et politiques : le citoyen a le
droit de voter, d'être éligible, le droit de faire partie de la
fonction publique, le droit de s'exprimer politiquement, hormis ceux qui se
sont sous une sanction de justice. En contrepartie, le citoyen a des devoirs :
payer ses impôts, ses cotisations sociales.
- Participer à la vie politique de la nation, le
citoyen doit privilégier l'intérêt général
sur ses intérêts privés et avoir le sens civique
(participation aux élections, participation aux décisions
politiques, adhésions aux partis, aux associations)
Au finish, pour ces deux formes de participations, nous
pouvons nous référer au
tableau ci-dessous :
91 Favre (Pierre), la Manifestation, Paris,
Presses de la fnsp, 1990, p.34
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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Tableau 10 : les formes de participation
politique
|
Participation conventionnelle
|
Participation non
conventionnelle
|
Action individuelle
|
Voter
Adhérer à un parti
|
Rédaction d'un blog
politique
|
|
Financer un parti
|
Grève de la faim
|
|
Rencontrer un élu
|
Graffitis politiques sur les
|
|
Se porter candidat
|
murs
|
|
|
Rendre ses décorations
|
|
|
Désobéissance civile
|
Action collective
|
Organiser une campagne
|
Manifestation
|
|
Participer à un meeting
|
Grève
|
|
Coller les affiches
|
Sit-in
|
|
Distribuer les tracts
|
Destruction de biens
|
|
Faire du porte à porte
|
publics
|
|
|
Occupation de bâtiments
|
Source : ouvrage de Dominique Memmi
intitulé « l'Engagement Politique », publié en 1985,
à la page 329
Voici théoriquement à quoi renvoient la
participation politique et ses formes. Comment se manifeste-t-elle dans les
bidonvilles ?
4-1-2- Qu'en est-il dans les bidonvilles ?
Il sera question pour nous de ressortir les comportements
politiques qui sont les leurs. Rappelons que les comportements politiques, en
tant que manifestation en actes des aspirations et des opinions92,
reposent sur la socialisation politique et par ricochet sur la culture
politique. Ce qui nous amène à penser faire un tour sur la
culture politique dans ces milieux afin de présenter comment ils se
comportent politiquement en fonction des différents
évènements politiques.
92Nkoyock (Jacqueline), Cours de Pensée
Politique Contemporaine, Sociologie Politique, Niveau III, 2011
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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4-1-2-1- La culture politique dans ces milieux
La culture politique93 est constituée d'un
ensemble de connaissances et de croyances permettant aux individus de donner
sens à l'expérience routinière de leurs rapports au
pouvoir qui les gouverne et aux groupes qui leurs servent de
référence identitaire. Elle a toujours deux dimensions : un
rapport au passé, puisqu'elle véhicule une histoire et une
mémoire collective plus ou moins élaborée, plus ou moins
intériorisée et une projection dans le futur car la culture
politique favorise des modèles d'achèvement, légitime des
attentes et des espérances.
Almond (1980) et Verba en distingue trois types :
- La culture de sujétion : ici, gouvernants et
gouvernés auraient une perception des rapports dominés par la
vision des normes à respecter, des règlements à subir et
des bienfaits à espérer.
- La culture de participation : ici, les rapports sont
envisagés comme une participation
possible et souhaitable aux processus décisionnels qui
règlent la vie des citoyens
- Et la culture paroissiale : qui renvoie à des
représentations mentales du pouvoir et du groupe, restreintes à
l'horizon limité du village, du clan et de la tribu.
Cependant, il peut avoir mélange des trois types. A
coté de ces types, la culture politique revêt trois aspects :
- Une dimension cognitive
- Une dimension affective
- Et une dimension évaluative
C'est en nous appuyant sur ces types et aspects que nous
essayerons de ressortir la manière dont ils conçoivent leurs
rapports au gouvernement.
Tout d'abord, en tant que citoyens, ces habitants sont tenus
de respecter les normes et les règles du jeu politique (conditions
d'éligibilité, quand et comment participer à une campagne
électorale...). Aussi, ils ont la possibilité de prendre part au
processus de décision en prenant part aux élections, à
travers les comités de développement, d'hygiène, de
sécurité, les notables et chefs de blocs ; d'une certaine
décentralisation du pouvoir. Egalement, ce sont des acteurs rationnels
qui s'appuient sur les replis identitaires, leur représentation de
l'argent, et la représentation des évènements politiques
comme des opportunités (mangeoire).
Ensuite, les dimensions nous édifient qu'ils
considèrent les hommes politiques comme des gens de peu de confiance qui
apparaissent de manière sporadique. Aussi, les règles de
fonctionnement sont très compliquées pour la majorité. De
plus, ils sont marqués par le fait
93 Almond (gabriel), Sidney (Verba), The Civic
Culture Revisited, Boston, Little Brown, 1980
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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que les politiciens promettent plus qu'ils n'en
réalisent, car ils ne les ressentent pas avant les périodes
électorales, ne leur apportent rien de nouveau (les mêmes
discours).
Ainsi, quels sont en fonction des évènements
politiques les comportements qui sont les
leurs ?
4-1-2- LES COMPORTEMENTS POLITIQUES DANS LES
BIDONVILLES
Les formes de participation ou comportements politiques seront
liés aux évènements politiques, aux conditions de vie.
4-1-2-1- Lors des élections
Fabien Eboussi Boulaga94(1999) recommande de
définir l'élection en considérant la forme et le contenu.
Selon la forme, l'élection a la forme d'un acte unique qui se
déploie en des opérations séparées, mais intimement
liées. Du point de vue du contenu, elle établit dans la
communauté l'accord et la cohérence avec soi-même. Aussi,
elle vise à élire ceux qui vont diriger l'action commune, de leur
vouer loyalisme contre la protection des vies et des biens, des libertés
et des droits fondamentaux convenus, une juste part du produit de la
coopération sociale. Enfin, les élections ne sont pas un abandon
d'une souveraineté qui ne serait exercée que dans l'isoloir ;
l'instant de mettre un bulletin dans une urne. Dans le cadre de notre travail,
nous allons nous en tenir aux élections présidentielles,
législatives et municipales et plus précisément la
présidentielle du 09 octobre 2011 et les législatives et
municipales du 30 septembre 2013 au Cameroun. Nous n'avons pas tenu compte des
élections sénatoriales parce qu'elles sont
réservées à une certaine catégorie sociale. Pour
présenter ces comportements, nous avons tenu compte des phases
d'inscription sur les listes électorales, des retraits des cartes
électeurs, de la campagne électorale et le jour du vote (du
scrutin).
Mais avant cela, il est important de faire un briefing des
grandes étapes du processus démocratique
camerounais95. Historiquement, le Cameroun renoua officiellement
avec le multipartisme en décembre 1990. C'est ainsi que dès
Février 1991, les premiers partis politiques sont
légalisés et à présent ils sont plus de 300.
Cependant, ces nouvelles formations politiques dans la mouvance des
revendications, réclament une « conférence nationale »,
ce qui leur a donné droit à une « conférence
tripartite ». Les conclusions de conférence entrainent :
94Eboussi (Boulaga Fabien), Lignes de
Résistance, Ed Clé, Yaoundé, Cameroun, 1999
95Transparency International
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 58
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
- Dès le 1er Mars 1992 l'organisation des
élections législatives, qui se sont déroulées avec
le boycott du SDF. A partir de cet instant, il y a eu :
- L'élection présidentielle anticipée du
11 octobre 1992 et la loi y afférant, adoptée à l'issue
d'une session extraordinaire de l'assemblée nationale ;
- Les conseillés municipaux se sont soumis au verdict
des urnes pour la première fois depuis le retour du multipartisme le 21
janvier 1996. Avec une domination de l'UNDP et du SDF ;
- Les 18et 19 mai 1997, se tiennent les deuxièmes
législatives pluralistes, suivies en octobre de la même
année par le scrutin présidentiel. Une fois de plus
boycotté par le SDF mais avec la victoire écrasante du RDPC.
- En mars 2002, il y a les élections
législatives et municipales couplées avec comme vainqueur le
RDPC.
- Le 11octobre 2004, élection présidentielle
avec des urnes transparentes et la réclamation par la coalition des
partis de l'opposition et de la société civile, de
l'informatisation du processus électoral et la mise en place d'une
commission électorale en lieu et place du MINATD et de l'ONEL.
- Au niveau de la loi fondamentale, la modification de la
constitution de 1972 de décembre 1995, qui aboutit à la
promulgation de la nouvelle constitution du 18 janvier 1996 par le
président de la république. Cette nouvelle loi se
caractérise par la matérialisation des régions et des
communes ainsi que le passage du mandat présidentielle de cinq (5)
à sept (7) ans renouvelable une seule fois. Mais au cours de la session
de mars-avril 2008, l'assemblée nationale adopta le 14 avril 2008 la
nouvelle constitution modifiée qui annule la limitation des mandats.
- En ce qui concerne le système électoral,
l'ONEL face à ses difficultés va remplacée le 29
décembre 2006 par ELECAM suite à une délibération
et à une adoption de l'assemblée nationale. Avec un délai
de 18 mois pour sa mise en place afin d'organiser, de gérer et de
superviser l'ensemble du processus électoral et
référendaire au Cameroun, ne le fera pas lors du double scrutin
législatif et municipal du 22 juillet 2007 (informatisation du fichier
électoral, des cartes d'électeurs et de l'ensemble des documents
électoraux).
- Lors des élections du 09 octobre 2011, on note une
pléthore de partis politiques n'ayant ni sièges, ni militants et
ne s'étant jamais présenté à une élection.
Certains
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 59
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
sont conçus comme des instruments au service
d'ambitions personnelles, n'ayant pas souvent de programme politique et encore
moins une idéologie identifiable.
- Pour finir, notons que le 19 avril 2012, fut adopté
un nouveau code électoral. Aussi, les élections
législatives du 30 septembre 2013 furent marquées par la refonte
biométrique des listes électorales.
Ainsi, à la suite de ce contexte historique, voici
comment se sont comportés les habitants des quartiers que nous avons
choisis lors des élections.
Comme nous l'avons vu ci-dessus, l'élection
présidentielle du 09 octobre 2011 étaient marquées par la
mise en place d'une nouvelle administration électorale (ELECAM), tandis
que les législatives et municipales du 30 septembre 2013 se
caractérisent par la refonte biométrique. Fort de cela, une
communication événementielle a été utilisée
; se caractérisant par une communication de proximité, les
campagnes de sensibilisation des populations et des réunions avec les
différents responsables dans les quartiers. C'est dans ce cadre que les
associations, les chefs religieux, les leaders d'opinions et les chefs de
quartiers ont été mis à contribution pour amener les
habitants de la populace à s'inscrire sur les listes électorales.
C'est ainsi que nous avons vu des individus sacrifier un peu de leur temps pour
supporter les rangs devant les agents d'ELECAM afin d'être inscrits en
retour d'un récépissé qui leur était remis pour le
retrait de la carte d'électeur. C'est ainsi que sur les 82000
électeurs potentiels de Douala IIème il y a eu 75000
inscrits96 (ces données ont été
utilisées par défaut puisque nous n'avons pas pu avoir les
chiffres spécifiques à chaque quartier).
Pour le retrait des cartes, le même dispositif de
communication a été mis sur pieds pour inciter ces habitants
à retirer leurs cartes. Mais à ce niveau, nous avons
observé une réticence de ces populations à aller retirer
leurs cartes d'électeur. De plus, le retrait fait par plusieurs a
été fait sous des contraintes familiales et professionnelles
(cartes distribuées 74000)97.
C'est la campagne électorale qui nous a fourni un cadre
d'observation non négligeable, puisque c'est le moment de rencontre
entre l'offre et la demande politique, dans le sens du marché politique
Max Weber 98(1919). Aussi parce que cela nous a permis de toucher du
doigt la réceptivité de ces populations face aux promesses des
acteurs politiques, qui dans le cas d'espèce sont
représentés par les partis politiques. C'est le cas à
New-Town aéroport III où nous avons assisté à
toutes formes d'animations, de petites séances de travail ou de
formation, destinés à présenter comment se conduire dans
un bureau de vote et comment faire
96 Rapport Général des élections
législatives et municipales du 30 septembre 2013
97 Chef d'antenne ELECAM DOUALA IIème
98 Weber (max), Le Savant et le Politique,
1919
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 60
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
pour exprimer son choix. Nous avons assisté à
une utilisation des jeunes et des parents pour aller convaincre le maximum de
leurs voisins moyennant un franc symbolique. Ce fut aussi le moment d'observer
des caravanes de « benskineurs » au « mototaximen » pour
faire des bruits dans le quartier. Tout ceci devant des foules qui
s'empressèrent sur le bord de la route pour satisfaire leur
curiosité et pourquoi ne pas profiter de la distribution de certains
« biens ».
Aussi, nous avons remarqué que certains habitants
changeaient de parti en fonction du gain et ce pour l'instant présent.
En effet, ces individus lorsqu'ils étaient informés de la
descente d'un parti dans leur quartier se transformant immédiatement en
sympathisant pour participer à la distribution des offrandes
électorale. C'est également le moment pour certains d'exprimer
leur déception du genre :
« C'est ce que vous dites tout le temps » ou
encore : « faites nous rêver juste pour la circonstance
»
De toutes ces scènes qui nous ont été
données de voir, nous avons noté que, même si ces habitants
assistent à ces campagnes, il y a une improvisation car rien n'est
préparé à l'avance, ni de la part des populations, ni de
la part des partis politiques.
Le jour du scrutin, c'est le jour où les suffrages sont
exprimés et le dépouillement est effectué, ceci dans
chaque centre et bureau de vote. Ce jour qui le plus souvent est un dimanche,
toutes les activités sont au stop pour permettre à chaque
habitant de se rendre dans les bureaux de vote, qui, en plus sont situés
dans les quartiers. Mais l'on se rend compte que même si certains
(beaucoup plus les parents (hommes) vont remplir leur devoir de citoyens, c'est
comme s'il n'y avait aucun évènement pour d'autres (jeunes et
femmes). Par la suite, à 18 heures et 00 minute, heure de fermeture des
bureaux de vote, certains habitants restent pour assister au décompte
des voix.
Cependant, une question persiste : qu'en est-il en dehors des
échéances électorales.
4-1-2-2- En dehors des échéances
électorales
Il est question dans cet espace d'évoquer les
comportements politiques qu'ils posent en dehors des évènements
politiques ou dans le cadre de l'expression d'une aspiration (accès aux
besoins de base). C'est dans ce sens que nous pouvons parler de
l'adhésion aux partis politiques. En effet, 64,8% de ces habitants
n'appartiennent à aucun parti politique contre 35,2% qui appartiennent
soit l'opposition (21,6%), soit au parti au pouvoir (13,6%). CF
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 61
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Tableau 11 : adhésion aux partis politiques
et pourcentage
Adhésion parti
politique
|
Parti au pouvoir
|
Parti
d'opposition
|
Aucun parti
|
Total
|
Effectif
|
54
|
34
|
162
|
250
|
%
|
21,6
|
13,6
|
64,8
|
100%
|
Source : par nos soins
Ce qui témoigne d'un faible taux d'adhésion aux
partis politiques.
En ce qui concerne les actions collectives d'ordre politique,
il n'y en a pas tellement dans ces quartiers, sauf des pétitions qu'ils
envoient à la mairie pour exprimer leurs doléances et les
comités qu'ils forment pour assurer l'hygiène, la
sécurité et le développement de leur localité. Mais
en ce qui concerne les destructions des biens publics, les occupations de
bâtiments et les sit-in, ce n'est pas une réalité dans ces
milieux.
Les formes étant évoquées, il est
indispensable de relever le degré de participation dans les
bidonvilles.
4-2- LES DEGRES DE PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES
BIDONVILLES Parler de degré c'est établir une
échelle des activités nous permettant de mesurer le niveau
d'investissement des citoyens. Allant du degré zéro (citoyens
apathiques) au degré supérieur (citoyens actifs)99,
nous pourrions estimer le taux de participation dans ces milieux.
4-2-1- Le niveau d'implication ou d'investissement dans la
gestion de la chose publique
Les niveaux d'investissement de ces habitants dépendent
des enjeux des évènements politiques.
En effet, en s'appuyant sur les élections que nous
avons pu observées, nous retenons que lors de la présidentielle,
ils sont plus apathiques parce qu'ils estiment que ce sont les même
personnes qui reviennent pour battre campagne sans changer de discours, ce qui
ne les poussent pas à assister. Les paroles de cet habitant de New-Town
sont fortes éloquentes :
« Ils font la politique des chauves souris à
répétition, rien de concret »
99Braud (Philippe), Ibid.
Rédigé et défendu par : NANTCHA
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Tandis que pendant les élections législatives et
municipales, il y a une plus grande motivation, une plus grande mobilisation
à cause des replis identitaires. En effet, le candidat est souvent une
connaissance par la ramification des amis ; par conséquent, la
probabilité pour que les conditions de vie s'améliorent (plus
individuellement que collectivement) est grande. Bref, la
réceptivité chez ces habitants est plus grande lors des
législatives et municipales en raison d'une pléthore de
candidats, les uns se rapprochant de l'appartenance ethnique et les autres de
l'appartenance religieuse.
S'agissant des autres activités, il est à
observer une faible adhésion aux partis politiques en raison de leur
absence dans ces quartiers, que se soit après et avant les
périodes électorales .aussi, notons qu'ils ne considèrent
pas déjà ceux qui existent comme fiables. Pour illustrer, voici
que Grégoire de New-Town laisse entendre :
« Nous ne sommes pas attachés à un
parti politique parce qu'il n'y a pas un parti précis »
Donc dans ces quartiers, il y a des citoyens « apathiques
» soit de degré zéro de la participation parce qu'ils
s'inscrivent sans voter. Et des citoyens dont le caractère actif est
corrélé aux enjeux des évènements politiques, soit
un degré supérieur puisque s'engageant dans un parti politique,
en recherchant des informations politiques (44%) et en prenant activement part
aux campagnes électorales.
Cependant, quel est donc le taux de participation qui
découle des données ci-dessus.
4-2-2- Le taux de participation dans ces quartiers
Nous avons ressorti le taux de participation en tenant compte
d'abord de la modalité principale qui est le vote, ensuite de
l'intérêt qu'ils accordent à la vie politique, de
l'appartenance à une formation politique et enfin de leur participation
aux activités politiques dans leurs quartiers en dehors des
échéances électorales.
Au niveau du vote, faute de n'avoir pas pu obtenir les
données spécifiques à chaque quartier, nous avons
usé de celle de DOUALA IIème en général et ce pour
les élections législatives et municipales. Dès lors le
nombre d'électeurs potentiels était de 82000
électeurs100.
Pour les législatives :
- Nombre d'inscrits : 76701 soit 5299 de non-inscrits
- Nombre de votants : 52717 soit 23984 d'abstention
100 Chef d'antenne ELECAM DE DOUALA IIème
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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- Bulletin nul : 2026
- Suffrage valablement exprimé (SVE) : 50691
Pour calculer le taux de participation, nous avons utilisé
la différence entre le nombre
d'électeurs potentiels et le SVE. Puisque ceux qui se sont
abstenus, ceux qui ne se sont pas
inscrits et les bulletins nuls, sont des citoyens qui remplissent
toutes les conditions à la
participation électorale. Ce qui donne :
82000-50691= 31309 individus. Soit un pourcentage de 38,18% de
taux de non
participation pour les législatives.
Pour les municipales
- Nombre d'inscrits : 74887 soit 7113 de non-inscrits
- Nombre de votants : 52872 soit 22015 d'abstention
- Bulletins nuls : 1555
- SVE : 51317
Pour le calcul du taux, nous avons utilisé la même
logique que pour les législatives. Ce
qui donne :
82000-51317= 30683 individus soit un pourcentage de 37,41% de
taux de non participation.
Du coté de l'intérêt qu'ils accordent
à la vie politique, nous avons mesuré à l'aide des
variables :
- En regardant les émissions politiques qui donne : 22,4%
qui s'y intéressent ; soit
14% à New-Bell Ngangue et soit 8,4% à New-Town
III
- En lisant les rubriques politiques dans les journaux nous avons
: 20,8% qui lisent ;
soit 10,4% à New-Bell et 10,4% à New-Town III
- D'où 43,2% qui s'intéressent à la vie
politique contre 56,8% qui ne s'y intéressent
pas.
CF Tableau 12 : intérêt pour la vie
politique par quartier et pourcentage
Intérêt à la vie politique Quartiers
|
Emissions politiques
|
Rubriques
politiques dans les journaux
|
Rien des deux
|
Total
|
New-bell
|
34/ 14%
|
26/ 10,4%
|
65/ 25,6%
|
125/50%
|
New-town
|
22/ 8,4%
|
26/ 10,4%
|
77/31,2%
|
125/50%
|
Total
|
56/ 22,4%
|
52/ 20,8%
|
142/56,8%
|
250/100%
|
Source : par nos soins
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 63
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 64
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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Pour l'adhésion aux partis politiques nous avons
déjà évoqué plus haut que 35,2% adhèrent
à une formation politique, soit :
- 13,6% aux partis d'opposition, avec 8,8% à New-Bell
Ngangue et 4,8% à New-Town III ;
- 21,6% au parti au pouvoir avec 11,2% pour New-Bell Ngangue
et 20,4% à New-Town III.
CF Tableau 13 : adhésion aux partis
politiques par quartier
Adhésion pp Quartiers
|
Parti au pouvoir
|
Parti
d'opposition
|
Aucun parti
|
Total
|
|
New-Bell
|
28/
|
11,2%
|
22/ 8,8%
|
75/
|
30%
|
125/
|
50%
|
New-Town
|
26/
|
20,4%
|
12/ 4,8%
|
87/
|
24,8%
|
125 /
|
50%
|
Total
|
54/
|
21,6%
|
34/ 13,6%
|
162/
|
64,8%
|
250/
|
100%
|
Source : par nos soins
Quant' aux activités politiques en dehors des
échéances électorales dans leurs quartiers, nous avons :
28,8% qui y participent à concurrence de 13,2% New-Bell Ngangue et 15,6%
pour Tew-Town III.
CF Tableau 14 : participation aux activités
politiques par quartier
Activités politique Quartiers
|
Oui
|
|
Non
|
|
Total
|
|
New-Bell
|
33/
|
13,2%
|
92/
|
36,8%
|
125/
|
50%
|
New-Town
|
39/
|
15,6%
|
86/
|
34,4%
|
125/
|
50%
|
Total
|
72/
|
28,8%
|
178/
|
71,2%
|
250/
|
100%
|
Source : par nos soins
De tout ce qui précède, nous avons retenu que
les habitants de bidonvilles ne sont pas suffisamment impliqués dans la
gestion de la chose publique. Ce qui nous amène à rechercher les
raisons et les causes de ce faible investissement ; c'est ce qui fera donc
l'objet de notre troisième partie.
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
LES RAISONS ET LES CAUSES DE CETTE
FAIBLE IMPLICATION DE LA POPULACE DANS LA GESTION DE LA CHOSE
PUBLIQUE
TROISIEME PARTIE :
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 65
Dans la partie précédente, nous avons
épilogué sur la conception qu'ils avaient de la politique et de
la participation politique. Ce qui a été possible à
travers une analyse de la socialisation politique et la culture politique dans
ces milieux. Nous permettant ainsi de toucher du doigt les différentes
formes de participation qui sont les leur ainsi que le niveau d'implication qui
s'en dégage. D'où nous avons pu constater qu'ils n'étaient
pas suffisamment impliqués dans la gestion de la chose publique. C'est
donc ce dernier aspect qui est la raison d'être de cette partie,
puisqu'elle aura pour objectifs de ressortir les raisons de cette faible
implication politique (I) ainsi que ses causes (II).
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 66
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
CHAPITRE CINQUIEME :
LES RAISONS DE CETTE INSUFFISANTE IMPLICATION POLITIQUE
DE LA POPULACE
En recherchant les raisons, nous voulons étudier les
motifs de leur faible investissement dans la participation politique. Pour ce
faire, voyons la place de la compétence politique, des partis politiques
et la désaffection pour la politique.
5-1- LA NOTION DE LA COMPETENCE POLITIQUE ET LA
FAIBLE
IMPLICATION POLITIQUE DE LA POPULACE
A la question de savoir qu'est-ce que la compétence
politique101, il faut d'emblée noter que ce terme est
d'utilisation plus fréquente en France que dans le monde Anglo-saxon,
où son usage ne s'est imposé qu'assez récemment.
Totalement absent des premiers écrits de converse, la notion de
compétence politique s'est longtemps vue préférée,
celle de « connaissance » ou de sophistication
politique102. Pour Delli Carpini et Keeter103, il est
essentiellement question de savoir politique (politics knowledge) ou de citoyen
informé (informed citizen) comme pour mettre ici au devant deux concepts
: celui de « réquisits » et de « responsabilité
».
Cette notion revêt deux dimensions à savoir :
- Une dimension cognitive : c'est-à-dire à une
connaissance approfondie et ;
- Une dimension politique : qui est cette connaissance
approfondie, reconnue, qui confère le droit de juger ou de
décider en certaines matières.
Cette notion nous fournit un axe de compréhension de la
faible implication de la population, sous deux axes : d'abord celui de
l'implication politique et celui du défaut de culture politique.
101Elkins (Stephen), Soltan (Karol), citizen
competence and democratic institutions, 1998
102 Neumann (Russel), The Paradox of Mass Politics: knowledge
and opinion in the American electorate, 1987 103Carpini
(Michael Delli), Scott keeter, What Americans Know about Politics and Why
it Matter, 1996
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 67
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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5-1-1- L'incompétence politique
Afin de mieux comprendre pourquoi nous la mobilisons comme
raison, marquons un arrêt sur la conception que Bourdieu Pierre (1979) a
de la compétence politique ou de l'incompétence politique. Cet
auteur construit sa vision sociopolitique à partir de sa notion de champ
politique qu'il définit comme étant :
« Le lieu où s'engendrent, dans la concurrence
entre les agents qui s'y trouvent engagés, des produits politiques,
problèmes, programmes, analyses, commentaires, concepts,
évènements, entre lesquels les citoyens ordinaires,
réduits au statut de « consommateurs » doivent choisir.
»104
Pour cet auteur, la faculté de bien juger dépend
directement des conditions sociales dans lesquelles évoluent l'individu
et sa capacité à accéder à une action rationnelle,
elle dépend aussi des dispositions sociales héritées
(habitus), qui est là, un à priori à la
compréhension du politique chez Bourdieu.
C'est cette remise en cause du rationalisme abstrait qui le
conduit à poser la question de la compétence politique qu'il
définit comme étant la capacité à reconnaitre une
question politique et d'y répondre à partir des principes
proprement politique. En d'autres termes, c'est la capacité de passer
d'une expérience personnelle à un problème d'ordre plus
général ou encore, de faire d'un cas particulier l'exemple d'une
loi universelle.
Cependant, il relève que tout le monde est loin
d'être capable d'une telle montée en
généralité. En effet, comme le disait Jérôme
Lafargue105(1996), dans les bidonvilles, la conscience des
intérêts communs est souvent brisée par l'autonomisation
des stéréotypes individuels et par la dépendance. Dans nos
deux quartiers, les habitants n'agissent pas de façon unie et
cohérente, puisque leur pauvreté aux causes multiples entravent
l'esprit de mobilisation. De plus, pour accéder à la parole
politique, il faut se sentir capable et autorisé à le faire,
puisque la compétence politique n'est pas universelle. Elle
dépend directement du capital culturel de chaque individu,
hérité de sa famille ou transmis par l'école. Bref, plus
la compétence scolaire est élevée, plus l'individu a des
chances d'accéder au discours politique. Cependant, la compétence
scolaire chez Bourdieu est liée au milieu social d'origine ; ainsi, les
compétents en matière de politique sont l'élite
culturellement et socialement dominant. Ce qui rejoint déjà cette
pensée d'Annick Percheron selon laquelle :
104 Bourdieu (Pierre), La Distinction, Critique Sociale du
Jugement, Ed de Minuit, 1979
105 Lafargue (Jerome), Contestations Démocratiques
en Afrique : sociologie de la représentation au Kénya et en
Zambie, Karthala, Paris, 1996
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 68
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
« L'acquisition d'une compétence savante et
souvent formelle, la familiarisation avec certains mécanismes de
participation pour les enfants des milieux privilégiés et les
élèves en bonne situation scolaire ; l'apprentissage, en
revanche, par les enfants des milieux défavorisés en mauvaise
situation scolaire, de situation d'inégalités et de moyens
anomiques de contester un système qui les relègue
»106.
Ainsi, dans les bidonvilles, leur faible investissement dans
la chose publique est dû au fait qu'ils aient un manque de normes, de
valeur et de repères politique. Qu'ils auraient pu acquérir si la
déperdition scolaire n'était pas importante dans ces milieux.
Aussi si la famille n'excluait pas de leurs discussions avec leurs enfants le
domaine politique, comme nous confia Grégoire de New-Town III :
« Nous discutons avec nos enfants, mais rarement de
politique »
Rejoignant ainsi Percheron qui relevait que c'est un sujet
tabou tout comme la sexualité.107
En outre, Bourdieu dans son interprétation de la
compétence politique, distingue les professionnels et les profanes de la
politique. En fait, pour entrer dans cette arène, il faut
posséder une compétence bien spécifique, car il ne suffit
pas d'être compétent politiquement (être autorisé et
capable d'émettre un jugement politique), il faut également
posséder un habitus politique (histoire politique, sciences
économiques, thèmes politiques et un langage particulier) et ce
qui est donné par certaines institutions (système scolaire et par
l'Etat). En d'autres termes, Pierre Bourdieu relève ici que le champ
politique serait équivalent au champ social. Dès lors, on
retrouve dans le champ politique les inégalités que l'on retrouve
dans d'autres champs108. C'est ainsi qu'il il existe des dominants
(élites, professionnels, représentants) qui conduisent les
autres, les meneurs politiques et des dominés (profanes, les
exécutants) qui suivent, dans le sens de Sieyes 109(1748):
« La plupart de nos concitoyens n'ont ni
l'instruction, ni les loisirs nécessaires pour vouloir décider
eux-mêmes des affaires publiques. Leurs avis est donc de nommer des
représentants beaucoup plus capables qu'eux-mêmes de
décider »
C'est également ce que cette femme
ménagère relève
« La politique appartient à ceux qui
l'exercent dès le début d'une carrière, par exemple les
politiciens : la politique aux politiciens... »
106 Percheron (annick), op.cit. 1985 p. 217 107107 Ibid. p.226
108www.cours-de-droit.net,
le 20 OCTOBRE 2014 109Sieyes (Emmanuel), Qu'est-ce que le
Tiers-Etat ?
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 69
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Cette conception apparente le champ politique à un
marché politique où se rencontre l'offre apportée par les
professionnels et la demande exprimée par les profanes qui sont des
consommateurs. En effet, dans les bidonvilles, les habitants n'évoquent
la chose politique qu'au moment des élections car estiment qu'ils ne
savent comment faire après cet évènement.
Bourdieu soutient également que le fait de participer
à la politique est lié plus ou moins à un vif sentiment de
compétence (sentiment d'incompétence renvoie à
l'incapacité des citoyens à entrer dans les catégories de
jugement et d'expression qui leur sont imposés) ; ainsi, plus on se sent
compétent plus on participe. Mais lorsque se sentiment est absent, le
citoyen exprime son impuissance et s'exclue de la politique.
Notons au finish, que les habitants des bidonvilles ne
s'investissent pas fortement dans la politique en raison d'un sentiment
d'incompétence que la majorité a en matière politique.
Ceci en raison des habitus ou dispositions qu'ils ont acquis de leurs parents
à travers la faible socialisation politique de la famille et du faible
niveau scolaire corrélé à la déperdition scolaire.
Ce qui entraine un défaut de culture politique. Car comme le disait Paul
Lazarsfeld 110(1948):
« Les individus pensent politiquement comme ils sont
socialement »
Ce qui nous amène à analyser la place de la
culture politique dans cette faible implication.
5-1-2- Le défaut ou le manque de culture
politique
Nous avons vu dans la partie précédente que
c'est la culture politique qui permet de trouver des repères, de
connaitre les rapports entre un gouverné et son gouvernement. Etant
liée à l'aspect pratique de la socialisation politique, lorsqu'on
est cultivé, on connait toutes les règles du jeu politique de son
pays et ce relativement à tous les évènements de cette
nature qui s'y déroule, mais comme le dit Daniel Gaxie :
«... la démocratie suppose que le citoyen
possède une capacité à apprécier les enjeux et la
symbolique du champ politique. Or cette capacité n'est pas donnée
à tous dans les mêmes proportions. Il y a un inégal
accès à la compréhension de la chose publique, qui
dépend, en définitive, d'un habitus de classe... cette
inégalité conduit à une division entre d'une part, les
professionnels de la politique et, d'autre part, les spectateurs et les
indifférents, doublement marqués par une faible maitrise des
schèmes de classification et
110Lazarsfeld (paul) et alii, The People's
Choice, 1948
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
d'évaluation en rapport avec l'organisation
publique et par une capacité réduite d'appréciation de la
compétence politique »111 .
Dès lors, la faible implication pourrait trouver une
compréhension dans l'inégal possession du capital culturel ;
comme semble le mentionner ici, Kakabi de New-Bell Ngangue :
« Plusieurs ne savent même pas ce qu'on appelle
bureau de vote, encore moins ce que c'est qu'une élection » et
cette femme de ménage :
« ... mais là j'ai pas beaucoup de temps.
J'aurais plus de temps, ben là je m'en occuperais, j'essaierais de
savoir certaines choses quoi, de suivre plus. C'est-à-dire qu'en
étant plus informé, on peut déjà plus discuter avec
certaines personnes. Quand on sait pas grand-chose, on reste un peut à
l'écart »
Ainsi, certains individus ne s'investissent pas beaucoup, pas
parce qu'ils ne veulent pas, mais juste qu'ils ne savent comment faire ;
témoignant ainsi du sens caché de la participation politique dont
évoque Daniel Gaxie112. Cependant, sur la base de certaines
questions ouvertes de notre questionnaire, nous avons eu d'autres raisons qui
ne relèvent ni de l'incompétence, ni du défaut de culture,
mais d'une désaffection pour la chose politique et d'un vide
créé par les partis politiques.
5-2- DESAFFECTION POUR LA POLITIQUE, PARTIS POLITIQUES
ET FAIBLE IMPLICATION DE LA POPULACE DANS LA GESTION DE LA CHOSE
PUBLIQUE.
Certes l'incompétence et le défaut de culture
politique apportent une compréhension de cet investissement insuffisant
de la populace ; toutefois ils ne sont pas exhaustifs. Puisque d'autres
éléments, pourvus de sens méritent d'être
évoqués ici. Il s'agit de la désaffection jumelée
au désintérêt et les partis politiques.
5-2-1- Désaffection, désintérêt
pour la politique
La philosophie nous enseigne que l'individu (Homme dans son
jargon), se caractérise par sa singularité, sa
subjectivité (ses choix et préférences), sa
liberté. Bref, par sa marge de manoeuvre, car il est avant tout un
acteur (au sens de Merton). En rapport avec notre travail, il apprécie
aussi la scène politique et décide de prendre part ou pas
à ce qui s'y passe. Ce qui nous appelle à observer le tableau
ci-dessous :
111 Sciences Sociales, Citoyenneté et Comportements
Politiques, p.148 112Gaxie (daniel), op.cit.
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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Tableau 15 : raisons de la non implication et
pourcentage
Raisons de
non
implication
|
Par
désintérêt
|
Par manque de moyens
|
Par
découragement
|
Autres
(manque de temps)
|
Total
|
Effectif
|
74
|
50
|
41
|
10
|
178
|
%
|
41%
|
28,08%
|
23,03%
|
5,61%
|
100%
|
Source : par nos soins
Ce tableau permet de répertorier quelques raisons
avancées par ces habitants à la question de savoir pourquoi ils
ne participaient pas aux autres activités politiques de leurs quartiers
; et à nous de constater que le désintérêt l'emporte
sur les autres raisons. Pour avoir plus de précisions, nous sommes
allés auprès d'eux pour les interviewer quant' à pourquoi
ils ne s'intéressaient pas à la vie politique. C'est ainsi que le
chef du quartier New-Town III nous relata que :
« La mairie ne répond pas favorablement aux
doléances des populations, c'est pour cela qu'ils ne sont pas
très actifs politiquement »
C'est aussi ce que pense le chef d'antenne d'ELECAM douala
IIème :
« Nous rencontrons beaucoup de difficultés
dans les bidonvilles, parce que de manière général ils ne
croient plus en la politique »
Egalement, cette ménagère explique son
découragement et son désintérêt en ces termes :
« Nos jeunes d'aujourd'hui ne s'intéressent
qu'à de l'argent, tout le monde y va pour en tirer un profit et non pour
écouter les problèmes qui y sont exposés afin de
débattre pour en tirer des solutions »
Cet autre anglophone justifie son désintérêt
par :
« There is always war among the opposition during the
eletorial vote, which causes heatred»
Une quinquagénaire pour sa part ne soutient que :
« Ça ne me nourrit pas »
De plus, certains expliquent cette désaffection par le
fait qu'ils ne se sentent pas pris en compte. En se basant sur le concept de
démocratie, en tant que système qui confie le pouvoir au peuple,
ils estiment que leurs voix ne comptent pas. En effet, même si dans
certains quartiers il existe des espaces de concertation, ce ne sont pas tous
les habitants qui y sont conviés. Plus encore, cette forme de
concertation se limite au niveau du quartier,
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Raouto Crazzilli Page 72
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
puisqu'il n'y a pas d'espace public113 (entendu
comme le lieu de production et d'échange public d'arguments sur les
affaires de la cité, aussi, il est communication entre les divers
interlocuteurs que sont les hommes politiques et les citoyens « ordinaires
») entre les quartiers de la mairie114. Comme pour dire que le
pouvoir ne leur appartient pas. Nous pouvons donc dire que ce
désintérêt et cette désaffection tire ses sources de
l'histoire commune de ces quartiers ; allant dans le sens
d'Hirschman115 (1983) pour qui :
« La participation politique des individus est
fonction des différents types de déceptions qu'ils peuvent
être amenées à connaitre »
Cette insuffisante implication serait liée à
l'apathie de ces populations à l'égard de la chose publique. Quel
peut être la responsabilité des partis politiques ?
5-2-2- La responsabilité des partis politiques
Le parti politique se définit sur la base de quatre
éléments :
- C'est une organisation durable, c'est-à-dire qu'elle
survit à ses dirigeants en place ;
- C'est une organisation locale bien établie et
apparemment durable, entretenant des rapports réguliers et variés
avec l'échelon nationale ;
- C'est une organisation qui doit avoir pour finalités
: la conquête, l'exercice et la conservation du pouvoir ;
- Et le souci de rechercher un soutient populaire à
travers les élections ou d'une toute autre
manière116.
En s'appuyant sur le premier élément, le parti
politique se distingue des simples clientèles, des factions, par le fait
que ces dernières disparaissent avec leur fondateurs et animateurs. Le
deuxième élément pour sa part, relève que le parti
a une organisation complète jusqu'au niveau local, bref complet et
entretenant en permanence des relations avec les unités de base. Le
troisième diffère les partis, des groupes de pression, parce
qu'ils cherchent à obtenir des sièges aux élections,
à figurer au parlement, à participer au gouvernement, voire
à le diriger. Enfin, le quatrième élément permet de
le différencier des clubs politiques parce qu'ils ne participent pas aux
élections et à la vie parlementaire, mais font plutôt
pression sur les partis, le gouvernement et l'opinion (même si la
frontière est franchissable)117.
113 Habermas (Jurgens), l'Espace Public.
Archéologie de la Publicité comme Dimension Constitutive de la
Société Bourgeoise,Ttrad., Paris, Payot, 1978
114 Le sécrétaire général de la
mairie de douala IIème
115Hirschman, Bonheur Privé, Action
Publique, Fayard, 1983
116Lapalombara et wiener, Politicals Parties and
Political Development, Princeton, 1966, p.5-7 117 Schwartzenberg,
Sociologie Politique, 5ed, Monchretien, 1998, p.404
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Les partis politiques jouent plusieurs fonctions. D'un point
de vue classique, ils remplissent trois fonctions parmi lesquelles :
- La formation de l'opinion : en effet, ils contribuent
à créer ou à maintenir une conscience politique, en
assurant l'information et la formation de l'opinion à travers
l'encadrement thématique, doctrinal ou idéologique des
électeurs et des candidats, en clarifiant et en alimentant le
débat politique et en explicitant plus clairement les choix ; bref, ils
concourent à l'expression du suffrage (la fonction
programmatique)118.
- La sélection des candidats : le parti assure le choix
des candidats à proposer aux électeurs à travers le
recrutement politique
- L'encadrement des élus : en maintenant un contact
permanent entre les élus et les électeurs. Les militants servant
de relais entre les deux (ils expliquent aux électeurs l'activité
parlementaire de l'élu, défendent ses décisions, font sa
propagande)119. Aussi, ils assurent l'encadrement des élus
sur le plan parlementaire.
Du point de vue de Franck Sorauf120(1964), il faut
replacer le parti politique dans son environnement global. Dans ce sens, le
parti dans son activité et ses conduites, aussi bien que dans ses
structures, est une réponse à son environnement. Donc en fonction
de ce dernier élément, le parti assume certaines fonctions. C'est
pour cela que les partis des pays en voie de développement sont omni
fonctionnels121.
Selon Almond122, les partis jouent le rôle de
l'élaboration, d'application et d'adjudication des règles
(contrôle les organes du pourvoir). Aussi, ils constituent des structures
de communication. De plus, ils contribuent à l'adaptation et au maintien
du système, dans le sens du recrutement et de la socialisation
politique. Enfin, ils contribuent à l'articulation et à
l'agrégation des intérêts (en complétant ou en
suppléant les groupes d'intérêt).
Merton (1965)123 à travers ses concepts de
fonctions manifestes et fonctions latentes, énumère trois
fonctions :
- Le maintien des contacts directs et constants entre les
agents locaux et les électeurs de chaque quartier. Visant ainsi
l'humanisation et la personnalisation de tous les procédés
d'assistance à ceux qui sont dans le besoin
118 David (apter), The Politics of Modernization, 5ed,
1969, p.181 119Schwartzenberg, op.cit.P.409
120 Franck (Sorauf), Politicals Parties in the American
System, Boston, 1964 121David (Apter), op.cit. p. 181-182
122 Almond (Powell), Comparative Politics, Boston, 1966,
p.99
123 Merton, Elements de Théorie et de Méthode
Sociologique, 1965
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Raouto Crazzilli Page 74
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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- La procuration des privilégiés politiques qui
permettent des gains économiques immédiats
- L'ouverture des avenues de la mobilité sociale pour
les groupes déshérités. En fournissant un moyen important
de mobilité sociale à des individus qui, à cause de leur
origine ethnique et de leur appartenance à la classe inférieure,
voyaient leur avancement bloqué.124
Lavau 125(1918-1990), le parti peut remplir la
fonction tribunitienne, c'est-à-dire celle qu'ils assurent lorsqu'ils se
font porteurs des revendications d'une classe sociale ou d'une clientèle
(du clientélisme politique).
Une confrontation de toutes ces fonctions des partis
politiques avec nos milieux d'étude, nous a permis de relever que :
Théoriquement, ils sont structurés comme suit :
des cellules au niveau des quartiers, des blocs ; des sous-sections au niveau
des arrondissements ; des sections au niveau des départements et le
comité central au niveau national.126
Mais sur le plan pratique, les autres partis politiques sont
absents. Comme nous laisse entendre Kakabi de New-Bell Ngangue :
« On ne sait pas où les retrouver, les localiser,
on ne même pas s'ils existent »
En effet, ils n'apparaissent que lors des campagnes
électorales pour attirer les électeurs. C'est ce qu'exprime
Grégoire :
« Les partis font la politique du ventre, les gens
qu'on ne connait pas, qu'on a jamais vu,
viennent nous faire rêver pour l'instant des
élections et ils disparaissent par la suite...)
Cette expression « politique du
ventre127 » relève tout simplement que les partis
n'interviennent à ce moment que pour remplir les formalités.
C'est donc cette absence ou alors cette présence non effective qui
crée ce vide au niveau de la populace sur le plan politique. En effet,
avec cela, aucune fonction n'est remplie, puisqu'une fois élus le pont
est directement coupé avec eux. D'où plus d'information, plus de
formation politique, les populations étant délaissées
à elles-mêmes.
A l'issue de ce chapitre, nous retenons que cette faible
implication trouve une compréhension dans le défaut de culture
politique qui les rend incompétents, aussi dans la désaffection,
le désintérêt accentué par le sentiment de non prise
en compte et l'absence des
124 Merton, op. cit. 1965
125Lavau, « à le recherche d'un cadre
théorique pour l'étude d'un parti communiste
français, rfsp, 1968, p.445 OU ENCORE, à quoi sert le
parti communiste français ? 1981
126 HONORABLE FOPOUSSI responsable de la communication SDF
127 Bayart (j-f), l'Etat au cameroun, paris, fnsp,
1979
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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partis politiques. Mis en rapport avec les huit niveaux de
participation des citoyens aux projets les concernant de Sherry
Arnstein128, nous avons pu relever que les habitants de ces
quartiers n'ont pas le pouvoir effectif et n'ont qu'une coopération
symbolique qui s'arrête beaucoup plus à l'aspect
électoral.
Cependant, une question trouve son sens ici : qu'est-ce que
les déterminants sociaux peuvent apportés comme explication de ce
phénomène ?
128 Sherry (arnstein), a ladder of citizen
participation, 1969
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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CHAPITRE SIXIEME :
LES CAUSES DE CETTE FAIBLE IMPLICATION POLITIQUE DE LA
POPULACE
Dans le chapitre précédent, nous avons
essayé d'appréhender ce phénomène sur un aspect
microsocial. Cependant, ayant opté pour une approche du fait social
total (Marcel Mauss)129, nous ne saurons mettre de coté E.
Durkheim 130qui relevait qu'un phénomène social est
déterminé socialement, mettant ainsi au devant les
déterminants sociaux. C'est également dans ce sens que Lazarsfeld
mentionnait que :
« Les individus pensent politiquement comme ils sont
socialement »
Ce qui nous amènera donc à examiner la place de
l'âge, du sexe, du niveau d'étude (I), celle de l'appartenance
religieuse, ethnique et du niveau de revenus dans la faible implication
politique de la populace dans les bidonvilles.
6-1- LA PLACE DE L'AGE, DU SEXE ET DU NIVEAU
D'ETUDE 6-1-1- L'âge et le sexe
Nous nous appuierons sur les tableaux construits sur la base
du dépouillement de nos questionnaires administrés. La variable
dépendante étant ici l'intérêt que la populace a
pour la politique, nous la croiserons avec l'âge et le sexe qui sont les
variables indépendantes. Dès lors, utilisons le premier tableau
:
Tableau 16 : intérêt pour la vie
politique et tranche d'âge
Intérêt vie politique Age
|
Oui
|
Non
|
Total
|
20-30
|
42 /16,8%
|
55/22%
|
97/38,8%
|
30-40
|
35/14%
|
50/20%
|
85/34%
|
40-50
|
19/7,6%
|
23/9,2%
|
42/16,8%
|
50 et plus
|
15/6%
|
11/4,4%
|
26/10,4%
|
Total
|
111/45%
|
139/55%
|
250/100%
|
Source : par nos soins
129 Marcel (mauss), op. cit.
130 Durkheim (Emile), Les Règles de la Méthode
Sociologique, 1895
Rédigé et défendu par : NANTCHA
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Ce tableau établit une relation entre
l'intérêt pour la vie politique et l'âge.
La lecture majoritaire nous montre que le
désintérêt pour la vie politique est plus fort que
l'intérêt. Ceci est dû au fait que dans les bidonvilles, les
habitants la considèrent comme une chose compliquée et dont il
faudrait s'en méfier.
La lecture différentielle permet de relever qu'il y a
d'avantage d'individus âgés entre 20 et 40 ans que ceux dans la
tranche 40 ans et plus. Dès lors, il nous donne à croire que ce
désintérêt est plus grand chez les plus jeunes (42%) et que
ce désintérêt diminue avec l'âge puisque 50% des
individus âgés entre 40 ans et plus, s'intéressent à
la vie politique contre 42,30% des individus âgés entre 20 et 40
ans qui s'intéressent à la vie politique.
Ainsi, ce degré d'implication peut s'expliquer par le
fait que ces quartiers regorgent majoritairement des jeunes qui sont volatiles
sur le plan politique, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de conviction ou
une idéologie politique stable. En effet, nous avons pu observer sur le
terrain des jeunes qui faisaient du bruit lors des campagnes
électorales, mais qui en faitn'avaient aucune connaissance de la
politique. De plus, de part le manque de socialisation politique primaire, ils
ne savent pas les évènements politiques, encore moins comment s'y
comporter. En ce qui concerne le fait que le désintérêt
pour la vie politique diminue lorsque l'âge augmente, nous avons vu dans
le premier chapitre que les individus qui se situaient dans la tranche
d'âge 40 ans et plus concevaient la politique comme :
« Tout ce qui concerne la vie de l'homme.
C'est-à-dire ce qui concerne la satisfaction de ses besoins à
savoir : l'électricité, l'eau, l'éducation, la route, la
sécurité... »
M. Jonas de New-Bell Ngangue
Ce qui renvoie donc à dire que tout homme devrait s'y
intéresser, car qu'on le veuille ou pas, cela impacte sur la vie de
chacun. Aussi, ils sont contraints par leurs différents groupes de
référence : associations du quartier, lieu de travail et groupe
de pair. C'est ce que nous relata Mme. Barga de New-Town :
« Ce qui fut le cas lors de ces dernières
élections présidentielles, législatives et municipales,
où une pression indirecte fut mise sur nous, les parents à
s'inscrire et à aller voter ».
Ainsi, nous pouvons dire que le déterminisme social
permet de noter que la participation politique dans les bidonvilles est
corrélée à l'âge, car les individus les moins
âgés s'intéressent moins à la vie politique et que
ce désintérêt diminue lorsque l'âge augmente.
Rédigé et défendu par : NANTCHA
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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Observons le second tableau
Tableau 17 : intérêt pour la vie
politique et le sexe
Intérêt vie politique sexe
|
Oui
|
|
Non
|
|
Total
|
|
Masculin
|
68/
|
27,2%
|
87/
|
34,8%
|
155/
|
62%
|
Féminin
|
43/
|
17,2%
|
52/
|
20,8%
|
95/
|
38%
|
Total
|
111/
|
45%
|
139/
|
55%
|
250/
|
100%
|
Source : par nos soins
Ce tableau établit un lien entre l'intérêt
pour la vie politique et le sexe
La lecture majoritaire permet de voir que le
désintérêt (55%) l'emporte sur l'intérêt (45%)
pour la vie politique. Le désintérêt l'emporte ici tout
simplement parce que les individus de sexe féminin sont moins nombreux
que ceux de sexe masculin et que parmi ces derniers, il y a plus de jeunes que
d'adultes et de personnes âgées. Or nous avons vu dans les
quelques lignes précédentes que les jeunes s'intéressaient
peu ou pas à la vie publique.
La lecture différentielle relève qu'il y a moins
de femmes que d'hommes. Notons aussi que 54,73% des femmes ne
s'intéressent pas à la vie politique contre 56,12% des hommes.
Bref, ce tableau vient remettre sur la scène le statut de « cadets
sociaux » de la femme131, puisque la société
considère qu'elle n'a pas de statut politique et qu'elle est
confinée dans le foyer à faire les taches domestiques alors
qu'elle représente approximativement « 51% »132 de
la population totale.Ce qui nous permet de mettre sur la sellette la
théorie du « cens caché » pour relever que l'homme et
la femme n'ont pas un égal accès aux ressources
nécessaires à la compétence politique, car la
discrimination de genre est existante entre l'homme et la femme.
Voilà pour ce qui de l'âge et du sexe, qu'en
est-il du niveau d'étude et de la situation matrimoniale ?
6-1-2- La place de la situation matrimoniale et le niveau
d'étude
Nous nous servirons une fois de plus des tableaux issus de
notre fiche de dépouillement. Soit le tableau ci-dessous :
131 Bayart (j-f), La Politique par le Bas
132 Nana-Fabu, S., op. cit., P.73
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Tableau 18 : intérêt pour la vie
politique et situation matrimoniale
Intérêt vie politique Situation
matrimoniale
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Célibataire
|
50/20%
|
53/21,2%
|
103/41,2%
|
Marié
|
38/15,2%
|
59/23,6%
|
97/38,8%
|
Veuf (ve) s
|
10/4%
|
12/4,8%
|
22/8,8%
|
Divorcé
|
13/5,2%
|
15/6%
|
28/11,2%
|
Total
|
111/45%
|
139/55%
|
250/100%
|
Source : par nos soins
Ce tableau établit un rapport entre
l'intérêt accordé à la vie politique et la situation
matrimoniale.
A l'issue de la lecture majoritaire, il y a toujours moins de
personnes qui s'intéressent à la vie politique, ceci pour les
mêmes raisons que celles des deux premiers tableaux.
La lecture différentielle révèle que les
individus mariés ou célibataires s'intéressent davantage
à la chose publique que les divorcés et les veufs. En effet, ce
sont les mariés et les célibataires qui considèrent la
politique comme :
« Un monde de tromperie, dangereux. De plus, il y a
mieux à faire que de s'y intéresser, car cela n'améliore
pas les conditions de vie et est réservé aux autres, bien plus
compétents »
D'après ce tableau, plus on est marié et
célibataire moins on s'intéresse à la gestion de la chose
publique dans la populace.
Soit le deuxième tableau :
Tabeau19 : intérêt pour la vie
politique et niveau d'étude
Intérêt vie politique Niveau d'étude
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Primaire
|
14/5,6%
|
21/8,4%
|
35/14%
|
Secondaire
|
48/19,2%
|
62/24,6%
|
110/44%
|
Supérieur
|
43/17,2%
|
45/18%
|
88/35,2%
|
Sans niveau
|
06/2,4
|
11/4,4%
|
17/6,8%
|
Total
|
111/45%
|
139/55%
|
250/100%
|
Source : par nos soins
Ce tableau établit un lien entre l'intérêt
pour la vie politique et le niveau d'étude.
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Au niveau de la lecture majoritaire, le constat est le
même.La lecture différentielle quant' à elle montre que ce
sont les individus qui ont un niveau inférieur ou égal au
secondaire qui sont les moins intéressés. En nous appuyant sur le
sens caché de la participation politique de Daniel Gaxie, nous
comprenons que ce désintérêt est la résultante d'un
sentiment d'incompétence politique qui les amène à
s'exclure eux-mêmes. Pour illustrer cela, reprenons ces paroles de cette
femme de ménage :
« ... mais là j'ai pas beaucoup de temps.
J'aurais plus de temps, ben là je m'en occuperais, j'essaierais de
savoir certaines choses quoi, de suivre plus. C'est-à-dire qu'en
étant plus informé, on peut déjà plus discuter avec
certaines personnes. Quand on sait pas grand-chose, on reste un peut à
l'écart »
De plus, nous avons des individus que lors des entrevues ne
savaient et ne comprenaient pas ce que c'est que la politique, encore moins ce
que c'est que participer à la gestion de la chose publique.
Ainsi, le niveau d'étude conditionne le degré
d'implication politique des individus au point où nous pouvons donc dire
que le désintérêt pour la vie politique, trouve une cause
dans le bas niveau scolaire des habitants de bidonvilles (64,8%) comprenant le
primaire, les sans niveau et le secondaire.
Que nous apportent l'appartenance religieuse, l'appartenance
ethnique et le niveau de revenu.
6-2- LA PLACE DE L'APPARTENANCE RELIGIEUSE, DE
L'APPARTENANCE ETHNIQUE ET LE NIVEAU DE
REVENU
6-2-1- L'appartenance religieuse et l'appartenance ethnique
Soit ce Tableau 20 : intérêt pour la vie politique et appartenance
religieuse
Intérêt vie politique
Religion
|
Oui
|
|
Non
|
|
Total
|
|
Catholiques
|
60/
|
24%
|
81/
|
32,4%
|
141/
|
56,4%
|
Protestants
|
27/
|
10,8%
|
28/
|
11,2%
|
55/
|
22%
|
Musulmans
|
10/
|
4%
|
20/
|
8%
|
36/
|
14,4%
|
Autres
|
08/
|
3,2%
|
10/
|
4%
|
18/
|
7,2%
|
Total
|
111/
|
45%
|
139/
|
55%
|
250/
|
100%
|
Source : par nos soins
Il met en relation l'appartenance religieuse et
l'intérêt pour la politique. A bien l'observer, nous nous rendons
compte que l'appartenance religieuse n'a pas trop d'influence
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
sur l'intérêt ou le
désintérêt pour la chose publique dans les bidonvilles car
les proportions ne sont pas très importantes. En effet, nous devons
mentionner que ce sont des milieux de prédilection pour les
églises, puisqu'en proie au chômage, au désespoir, au
stress et à la violence (s'agissant des femmes)133 ; poussant
ainsi les habitants de ces quartiers à se tourner vers les
églises à la recherche d'un réconfort psychologique. Par
conséquent, ces adeptes ne justifiaient pas leur faible implication
politique par leur obédience, mais plutôt par :
Soit le manque de temps : « Je n'ai pas le temps pour
ça, ça ne me sert à rien » un protestant Soit
par un sentiment d'incompétence : « je ne suis pas doué
pour ça » un catholique
Soit par désaffection pour la vie politique :
« je n'aime par la vie politique » un catholique. Sauf ce
témoin de Jéhovah pour qui : « on nous interdit la
politique parce que cela fait avoir les mains sales, cela attire les sectes
»
Voilà donc pourquoi cette variable n'a pas trop
d'importance dans la compréhension et l'explication du degré
d'implication politique dans les bidonvilles. En plus, elle constitue
plutôt un repère dans la structuration de l'espace politique (pour
savoir si on est à gauche ou à droite).
En ce qui concerne l'appartenance ethnique, elle influence au
niveau du type d'élection. En effet, dans une logique de la politique du
ventre, ces individus s'investissent moins parce qu'ils n'ont pas les
affinités avec les candidats puisqu'ils ne sont pas souvent de la
même tribu, aussi parce que c'est plus restreint et plus contraignant.
Alors que lors des élections législatives et municipales, il y a
une plus grande représentativité, puisque même les partis
minoritaires peuvent se battre à l'échelle d'une localité
ou dans leur « fiefs » avec les leurs ; ce qui suscite plus
d'investissement de la part des habitants à cause des affinités.
Référons nous à ces paroles de Pierre de New-Bell Ngangue
:
« Mes gens ne sont pas candidats, je vais aller voter
qui, je ne connais pas les autres »
6-2-2- Le niveau de revenu
Le niveau de revenu est un aspect non négligeable dans
la détermination de l'intérêt qu'ils accordent à la
vie politique. Dans ces quartiers, la majorité s'exerce dans le secteur
informel et voici leurs activités : « mototaximen », vendeur
à la sauvette, mécanicien, aide maçon, vigile, menuisier,
travailleuse de maison et la liste n'est pas exhaustive. C'est partant de tout
cela que, Philippe Bissek134 les appelait « populations
à faibles revenus ». Aussi, Jean
133www. Mboa. Info
134Bissek (Philippe), Habitat et
Démocratisation au Cameroun, Ed Karthala, 1994, pp.11-12
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Marc Ela135relevait que le mirage urbain attirait
ces individus vers les villes. Mais ils viennent se confronter à une
inadéquation entre les infrastructures, les ressources de ce nouveau
milieu et l'offre d'emploi. Quand bien même certains ont un revenu, ce
revenu n'est pas de nature à leur permettre de supporter le mode de vie
urbain. C'est ainsi, qu'ils rabattent dans les bas-quartiers, les quartiers
pour travailleurs sous-payés ou à revenu faible, où
sévissent la misère, l'insalubrité, une forte pression
démographique.
C'est fort de cette situation qu'Achille Mbembe136
a relevé que c'est un certain seuil de revenu par tête qui
viabilisera la démocratie en Afrique. Sinon les habitants ne
prioriserons que la satisfaction des exigences matérielles et
alimentaires sur d'autres, avec comme conséquence l'orientation des
représentations politiques sur l'attente « du manger » ou du
matériel.
Dans la même lancée, Jérôme Lafargue
mentionnait déjà qu'une mobilisation dans les bidonvilles n'est
pas efficace à cause de la pauvreté des uns et des autres.
Ainsi, le faible ou le manque de revenu pourrait expliquer ce
faible investissement de ces populations dans la mesure où la
participation requiert une certaine indépendance économique ou
matérielle et un revenu important qui permettraient l'achat des journaux
par exemple, d'adhérer à un parti puisqu'il y a des contributions
à faire.
Au demeurant, retenons de cette partie que les habitants des
bidonvilles s'investissent peu dans la chose publique parce qu'ils
recèlent en eux un sentiment d'incompétence en la matière.
Ce sentiment est causé par le défaut de culture politique. Aussi,
ils ressentent une désaffection et un désintérêt
pour la politique, le tout accentué par l'abandon des partis politiques
qui laisse un vide au niveau de la formation et de l'information politique. Cet
état de chose peu aussi être corrélé à
l'âge en ce sens que ce sont des quartiers constitués en
majorité des jeunes ; également au sexe dans ce sens que la
discrimination de genre fait en sorte que les femmes qui sont plus nombreuses
n'ont pas un réel statut politique ; en plus, le niveau d'étude
permet de relever que la déperdition scolaire fait en sorte que
très peu s'investissent dans la gestion de la chose publique.
135Ela (Jean Marc), La Ville en Afrique
Noire, Karthala, Paris, 1983, pp. 71-99
136Mbembe (Achille), Afriques Indociles :
Christianisme, Pouvoir et Etat en Société Postcoloniale,
Karthala, Paris, 1988, pp.153-177
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
CONCLUSION
Au terme de ces investigations, il importe de
repréciser les objets qui ont fait l'économie de notre travail
sur le thème : la participation politique dans les bidonvilles. Ce
travail était axé autour de quatre principaux objectifs, à
savoir : ressortir la conception qu'ils ont de la chose publique, le
détenteur du pouvoir dans ces quartiers, ceux qui participent et
comment, le degré et le pouvoir de participation et enfin les raisons et
causes de ce degré de participation. Dès lors, le problème
est celui de la non implication politique des habitants des bidonvilles dans la
gestion de la chose publique. Ce qui entraina la question de savoir comment
appréhender le fait que ces habitants ne s'impliquent pas suffisamment
en dépit des efforts des pouvoirs publics allant dans le sens de la
participation politique de tous ? En termes d'hypothèse
générale, l'implication politique des habitants de bidonville est
fonction de la compétence politique qu'ils recèlent et des
déterminants sociaux. Pour parvenir à nos fins, les
théories telles que celle de : la participation (Sherry A, Arnstein,
1969), du cens caché (D. Gaxie) et celle du déterminisme social
(Durkheim) ont été indispensables. aussi, vu la complexité
de ce phénomène, l'option a été celle de la
méthode quali-quantitative, de la logique déductive et inductive,
qui ont permis d'avoir une vision macro et microsociologique de cette
réalité ; c'est - à - dire de partir à partir des
études de cas et des expériences pour toucher la
représentation que ces habitants se font de la participation politique ;
et d'un nombre important pour mettre en évidence la causalité
.Afin de pouvoir le faire, l'outil choisi c'est le guide d'entretien et le
questionnaire et d'un échantillon à la fois probabiliste et
non-probabiliste. De ce travail structuré en trois parties comprenant
chacune deux chapitres, il ressort dans la première partie qui portait
sur le cadre théorique et méthodologique de la recherche que :
Nous sommes là dans le domaine de la sociologie
politique en général, et dans celui de la sociologie
électorale et du monde d'en bas en particulier. De plus, la
participation politique est un concept dont l'approche est complexe, plus
encore lorsqu'il est mis en rapport avec les bidonvilles, car ce sont des
milieux qui échappent à tout contrôle. Au regard donc de
cette complexité, l'approche par le fait social total de Marcel Mauss a
été sollicitée ; avec comme milieux d'étude
New-Bell Ngangue et New-Town AeroportIII.
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Dans la deuxième partie qui traitait de l'imaginaire
sociale de la populace et la question de la participation politique, les formes
et degrés de participation politique dans les bidonvilles, nous avons
obtenu que :
La politique pour eux est un domaine qui touche à la
gestion de la société, un domaine de duperie, de peu ou pas de
confiance, une affaire d'intérêt, mais qui demande que plusieurs
conditions soient remplies. Bref quelque chose de très compliquée
et par conséquent réservé à ceux qui en ont les
capacités. Aussi, nous pouvons retenir de cette partie que l'absence de
socialisation politique primaire et l'insuffisante socialisation politique de
l'école, font en sorte que la majorité des jeunes de ces milieux
ignorent ce que c'est que participer à la vie politique. Cependant, de
ceux qui en savent quelque chose, ils développent une réticence
comme leurs parents. Fort de cela, cette partie a permis de noter qu'ils ne
s'investissent pas suffisamment dans la politique.
En ce concerne la troisième et dernière partie
qui évoquait les raisons et les causes de cette faible implication
politique, elle nous a apporté que :
En termes de raisons, leur faible implication politique est
liée au sentiment d'incompétence politique que la majorité
a dans ces milieux, ce qui se manifeste par un défaut de culture
politique. Tout ceci est accentué par le vide que laisse la non
présence des partis politiques dans ces milieux et la
désaffection qu'ils ont pour la chose politique. Au rang des causes,
nous pouvons retenir que l'âge, le sexe, le niveau d'étude et de
revenus, procurent une explication de ce faible investissement de la populace
dans la politique. Puisque ce sont des milieux qui regorgent plusieurs jeunes
(se caractérisant par leur volatilité), des milieux en proie
à la déperdition scolaire et à la pauvreté
matérielle.
Au regard de ces résultats obtenus par partie, nous
pouvons dire que nos hypothèses se vérifient. En effet, leur
degré d'implication politique est lié à leur
démotivation, au fait qu'ils se sentent incompétents
politiquement et que malgré une certaine concertation avec les pouvoirs
publics, le niveau d'étude et de revenu freinent ou empêchent la
participation de certains.
En dépit des difficultés rencontrées,
telles que :
Le caractère herméneutique sur de la politique ;
la réticence que ces habitants des bidonvilles ont face à la
politique à cause des préjugés venant de leurs familles
qui est un agent de socialisation politique ; la difficulté
d'accès aux informations.
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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Nous avons pu noter que ce qui bloque leur implication
politique c'est ce sentiment d'incompétence politique, mais aussi le
fait qu'il n'y a pas une politique adaptée à leur milieu, puisque
ces derniers veulent quelque chose de nouveau et de concret.
Cependant, nous n'avons pas la prétention d'avoir tout
examiné, car la recherche n'a pas été très
approfondie sur l'aspect contestataire de la participation et sur l'aspect de
projets dans le sens du développement.
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
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Annexe 1 : carte présentant les zones
d'étude
Source : www google
map.fr
consulté le 16 décembre 2014 à 14h
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DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Annexe 2 : questionnaire et guides d'entretien
Bonjour Monsieur ou Madame je suis étudiant en sociologie
niveau V et je mène une étude sur la participation politique dans
les bidonvilles et j'aimerais si vous le voulez bien, que vous répondiez
à ces
questions.
QUESTIONNAIRE (cocher la case)
I- FICHE SIGNALITIQUE
1. Le sexe : masculin Féminin
2. L'âge [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50 et + [
3. Situation matrimoniale : Marié(e) Célibataire
Veuf(ve)
Séparé Divorcé
4. Niveau d'étude : Primaire Secondaire
Supérieur
5. niveau de revenu : moins de 28000 8000 plus de 28000
6. Appartenance religieuse Catholique Protestant Musulman
autres à préciser
7. Appartenance ethnique .
II- PARTICIPATION ET FORME DE PARTICIPATION POLITIQUE
8. Vous intéressez vous à la vie politique ? : Oui
Non Sans opinion
9. Si non pour quelle(s) raison(s)?
10. Si oui comment vous intéressez vous à la vie
politique ? : en regardant les émissions
politiques en lisant les rubriques politiques dans les
journaux
11. A quel mouvement politique appartenez-vous ? parti au
pouvoir (RDPC)
partis d'opposition A préciser Aucun parti
politique
Pour quelle raison ?
III- DEGRE DE PARTICPATION
12. En dehors des échéances électorales
participez-vous à d'autres activités d'ordre
politique de votre quartier ? Oui Non
Si oui lesquelles ?
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 95
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Si non pourquoi ? Par désintérêt Par manque
de moyen Par
découragement autres à préciser .
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 96
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Bonjour Monsieur ou Madame je suis étudiant en sociologie
niveau V et je mène une étude sur la participation politique dans
les bidonvilles et j'aimerai si vous le voulez bien poser quelques
questions.
GUIDE D'ENTRETIEN
I- CONCEPTION DES HABITANTS DE LA PARTICIPATION
POLITIQUE
1) Selon vous c'est quoi la politique ?
2) A quoi renvoie le terme participer ?
3) C'est donc quoi la participation
politique ?
II- DETENTEUR DU POUVOIR DANS LE QUARTIER
4) Qui gère le quartier ?
5) En dehors du chef de quartier quels sont les autres groupes
qui interviennent dans la
gestion du quartier ?
6) Quels est la place du citoyen que vous êtes dans la
gestion du quartier ?
III- QUI PARTICIPE ET COMMENT
7) Lors des échéances électorales, comment
faites-vous au niveau de votre
quartier ?
8) Après les élections comment les habitants
s'organisent pour avoir accès aux services de bases tels que : la
sécurité, l'eau courante, l'hygiène ou l'assainissement
du
quartier ?
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 97
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
IV- LE DEGRE DE PARTICIPATION : RAISON DE CE DEGRE
D'IMPLICATION
9) Comment est ce que la commune de Douala et le chef du
quartier font pour que vous
vous impliquiez dans la gestion du quartier 7
10) Comment réagissez-vous 7
11) Pour quelles raisons 7
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 98
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LA MAIRIE
1) Quelle est la conception que vous avez de la participation
politique et de la
politique 7 .
2) Que faites-vous pour amener les populations dans les
quartiers évoqués à
s'impliquer dans la gestion de la chose publique ?
3) Est-ce à travers des projets ? si oui, pouvez-vous
nous en citer quelques uns que
vous avez montés 7 .
4) Qu'avez-vous observés ? qu'ils impliquaient, si oui
sous quelles
formes ? si non
pour quelles raison ?
5) Avez-vous une plateforme de communication entre les
habitants de ces
quartiers et vous 7
de manière participative ou unilinéaire 7 .
6) Quels sont vos auxiliaires dans la gestion de ces
quartiers 7 .
7) Combien d'habitants comptes chacun de ces quartiers ?
Combien
en âge de voter 7 .
8) A-t-il des ressortissants d'autre pays ? si oui combien
sont-ils ?
Rédigé et défendu par : NANTCHA
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LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LE CHEF D'ANTENNE ELECAM DOUALA
IIemè
1) Le nombre d'habitants de New-Town et de New-Bell 7
2) Le nombre d'électeurs potentiels 7
3) Le nombre d'inscrits sur les listes électorales 7
4) Le nombre d'électeurs ayant retiré leur
carte d'électeur 7
5) Le nombre de votant et l'abstention 7
6) Pour vous c'est quoi participer à la politique ?
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 100
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
GUIDE D'ENTRETIEN
(Adressé à monsieur le sous-préfet
de l'arrondissement de DOUALA II)
1- Quelles sont les coordonnées géographiques des
quartiers New-Town et New-Bell ?
2- Quelle est la composition sociologique de ces quartiers ?
3- Combien d'habitants compte DOUALA II en général
et les quartiers évoqués ci-dessus ?
4- Combien sont en âge de voter ?
5- Quelle plateforme de communication avez-vous entre vos
populations et vous ?
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 101
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES MILITANTS DE PARTIS
POLITIQUES
1- qu'est-ce que c'est que la participation politique pour vous
?
2- quel est votre rôle en tant que parti politique ?
3- comment jouez-vous ce rôle dans les bidonvilles ?
4- avant les échéances électorales ?
5- pendant les échéances électorales ?
6- et après ces échéances
électorales ?
7- quels sont les obstacles que vous rencontrez dans les
bidonvilles ?
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 102
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
Annexe 3 : liste des interviewes
Nom et prénoms
|
Statut social
|
Date et heure de l'entretien
|
Lieu de l'entretien
|
M. NJOCK Bjiki Emmanuel
|
Secrétaire général Mairie douala II
|
02 Avril 2014 à 15 H
|
A la mairie
|
M. ZAKARI MOHAMADOU Abdou
|
Chef d'antenne ELECAM douala II
|
29 Janvier 2014 à 12 H
|
Antenne ELECAM doualaII
|
Honorable Fopoussi
|
Ancien député et communicateur pour le SDF
|
05 Aout 2014 à 16H
|
Dans son cabinet à Akwa
|
Ndongo Nama
|
Chef du quartier New-Town III
|
17 Mars 2014 à 9H
|
A son domicile New-Bell
|
Grégoire
|
étudiant
|
12 Mai 2014 à 18H
|
New-Town
|
Ebaï
|
student
|
12 Mai 2014 à 16H
|
New-Town
|
Junior
|
Elève
|
13 Mai 2014 à 17H
|
New-Town
|
Yannick
|
Elève
|
10 Juin 2014 à 9H
|
New-Bell
|
Maxime
|
Elève
|
14 Mai 2014 à 15H
|
New-Town
|
Jonas
|
Manutentionnaire
|
8 Juin 2014 à 16H
|
New-Bell
|
Anonyme
|
Ménagère
|
8 Juin 2014 à 18H
|
New-Bell
|
Anonyme
|
Moto taximan
|
14 Mai 2014 à 17H
|
New-Town
|
Anonyme
|
Pentecôtiste
|
8 Juin 2014 à 9H
|
New-Bell
|
Kakabi
|
Informaticien
|
12 Juin 2014 à 14H
|
New-Bell
|
Anonyme
|
Témoin de Jéhovah
|
15 Juin 2014 à 16H
|
New-Bell
|
Michel
|
Manutentionnaire
|
15 Juin 2014 à 14H
|
New-Bell
|
Anonyme
|
ménagère
|
15 Mai 2014 à 10H
|
New-Town
|
Une quinquagénaire anonyme
|
Bayamsellam
|
15 Juin 2014 à 11H
|
New-Bell
|
Un anglophone anonyme
|
Carpenter
|
22 Mai 2014 à 17H
|
New-Town
|
Barga
|
commerçante
|
23 Mai 2014 à 16H
|
New-Town
|
Pierre
|
commerçant
|
20 Juin 2014 à 17H
|
New-Bell
|
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 103
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
TABLE DES MATIERES
DEDICACES i
REMERCIEMENTS .ii
SOMMAIRE iii
RESUME .v
ABSTRACT .vi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS vii
LISTE DES TABLEAUX ix
EPIGRAPHE x
INTRODUCTION 1
PREMIER PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHOLOGIQUE DE
LA
RECHERCHE ..6 CHAPITRE PREMIER :
PROBLEMATIQUE ET REVUE CRITIQUE DE LA
LITTERATURE 7
1-1- Constat, problème et question de recherche 7
1-1-1-Constat de la recherche .7
1.1.2- Problème et question de recherche ...8
1-2- La revue critique de la littérature 9
1-2-1- Travaux relatif a la participation politique 9
1-2-2- Travaux relatifs aux bidonvilles .12
1-2-3- Travaux relatif a la participation politique dans les
bidonvilles 14
CHAPITRE DEUXIEME : CADRE THEORIQUE ETELABORATION DE
LA
METHODE DE RECHERCHE 19
2-1- Champs sociologiques mobilises, théories
utilisées et hypothèses 19
2-1-1- Champs sociologiques et théories mobilises 19
2-1-2- Théories mobilisées 20
2-1-2-1-La théorie de la participation 20
2-1-2-2- La théorie du « cens cache » de la
participation de D. gaxie 21
2-1-2-3- Le déterminisme social 22
2-1-3- Hypothèses 23
2-1-4- définition des concepts .23
2-1-4-1- La participation politique .23
2-1-4-2- Les bidonvilles .25
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 104
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
2-2- Elaboration de la méthodologie de recherche
|
27
|
2-2-1- Méthode de recherche
|
27
|
2-2-2- La logique de recherche
|
.28
|
2-2-3- Délimitation du sujet et du
terrain de la recherche
|
28
|
2-2-3-1. Presentation de new town
aéroport
|
.29
|
2-2-3-2. Présentation de new bell
|
.30
|
2-2-4- Echantillonnage
|
.31
|
2-2-5- Techniques, outils de collecte et analyse des
données
|
.33
|
2-2-6-Analyse des données
|
34
|
2-2-7- Axes de recherches
|
36
|
DEUXIEME PARTIE : L'IMAGINAIRE SOCIALE DE LA POPULACE
ET LA QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE, LES FORMES ET DEGRES
DE
PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES
37
CHAPITRE TROISIEME : L'IMAGINAIRE SOCIAL DE LA POPULACE
ET
|
QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE
|
.38
|
3-1- La notion du politique et la populace
|
.38
|
3-1-1- La conception des gestionnaires du quartier
|
38
|
3-1-2- Une conception sensible aux déterminants sociaux
|
.39
|
3-1-2-1- Relativement à l'Age et au sexe
|
.39
|
3-1-2-2- Relativement au niveau d'étude et à
l'appartenance religieuse
|
42
|
3-2- qu'est-ce que participer a la politique pour la populace ?
|
44
|
3-2-1- la place de la socialisation politique dans la conception
de la participation
politique dans la populace
|
44
|
3-2-1-1- Qu'est-ce que la socialisation politique ?
|
45
|
3-2-1-2- une conception relative a la socialisation politique
|
.48
|
3-2-2- une conception beaucoup plus conventionnelle de la
participation politique..51 CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES ET DEGRES
DE PARTICIPATION
|
DANS LES BIDONVILLES
|
52
|
4-1- les formes de participation politique en
général
|
52
|
4-1-1-1- la participation conventionnelle
|
52
|
4-1-1-2- la participation non conventionnelle
|
.53
|
4-1-2- qu'en est-il dans les bidonvilles ?
|
55
|
4-1-2-1- la culture politique dans ces milieux
|
.56
|
Rédigé et défendu par : NANTCHA
Raouto Crazzilli Page 105
LA PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES : LES
CAS DE NEW-TOWN AEROPORT ET DE NEW-BELL DOUALA
4-1-2- les comportements politiques dans les bidonvilles 57
4-1-2-1- lors des élections 57
4-1-2-2- en dehors des échéances électorales
...60
4-2- Les degrés de participation politique dans les
bidonvilles 61
4-2-1- Le niveau d'implication ou d'investissement dans la
gestion de la chose
Publique 61
4-2-2- le taux de participation dans ces quartiers
62 TROISIEME PARTIE : LES RAISONS ET LES CAUSES DE CETTE FAIBLE
IMPLICATION DE LA POPULACE DANS LA GESTION DE LA CHOSE
PUBLIQUE 65 CHAPITRE CINQUIEME : LES
RAISONS DE CETTE INSUFFISANTE
IMPLICATION POLITIQUE DE LA POPULACE
66 5-1- La notion de la compétence politique et la faible implication
politique
de la populace 66
5-1-1- L'incompétence politique 67
5-1-2- Le défaut de culture politique ou manque de culture
politique 69
5-2- Désaffections pour la politique ? Partis politiques
et faible implication de la populace
dans la gestion de la chose publique 70
5-2-1- Desaffectons, désintérêt pour la
politique 70
5-2-2- La responsabilité des partis politiques 72
CHAPITRE SIXIEME : LES CAUSES DE CETTE FAIBLE
IMPLICATION
POLITIQUE DE LA POPULACE 77
6-1- la place de l'âge, du sexe et du niveau d'étude
76
6-1-1- l'âge et le sexe .76
6-1-2- La place de la situation matrimoniale et du niveau
d'étude 78
6-2- Le place de l'appartenance religieuse, de l'appartenance
ethnique et le niveau de
Revenu .80
6-2-1- l'appartenance religieuse et l'appartenance ethnique 80
6-2-2- le niveau de revenu 81
CONCLUSION 83
BIBLIOGRAPHIE 86
ANNEXES 93
TABLE DES MATIERES 104
|