à‰ducation à la santé en milieu carcéral ivoirien. Le cas des infections cutanées au camp pénal de Bouaké.( Télécharger le fichier original )par Amara BAKAYOKO Université Alassane Ouattara de Bouaké - Master 2015 |
1.6- La problématiqueSelon Blum, « la santé consiste en la capacité de l'individu de maintenir un état d'équilibre approprié à son âge et à ses besoins sociaux sans lequel cet individu est raisonnement indemne de profonds inconforts, insatisfactions, maladies ou 18 incapacités de se comporter d'une façon qui assure la survie de son espèce aussi bien que sa propre réalisation personnelle. »8 Ainsi, la santé a été de tout temps une préoccupation des hommes. Elle fait partie intégrante des droits humains que consacre la quasi-totalité des textes nationaux, régionaux et internationaux en matière de droits humains et cette préoccupation demeure même lorsque l'individu est privé de liberté du fait de son emprisonnement. La plupart des états démocratiques autorise l'accès des détenus aux services de santé afin de leur garantir un meilleur état de santé physique et moral. Malheureusement, comme le constate Thierry Perret (Op.cit), les administrations pénitentiaires sont les oubliées des politiques nationales de développement en Afrique. Il dénonce dans son article les insuffisances des moyens des prisons africaines, participant par la même occasion aux conditions de précarité, d'insalubrité dans lesquelles vivent les détenus dans les centres pénitenciers. Dans un rapport de la Division des droits de l'homme de l'Onuci (2006), ce même tableau sombre est dressé. Les budgets alloués à chacune des maisons d'arrêt sont insuffisants pour des effectifs de prisonniers en constante progression. Résultat : hygiènes déficitaires, prolifération de maladies, décès. Tous, nous savons que le milieu carcéral est propice au développement de nombreuses maladies dont certaines font l'objet plus ou moins d'une prise en charge, notamment le paludisme, la tuberculose et le Vih/Sida, sans doute parce qu'elles sont plus mortelles. Dans les prisons ivoiriennes, certaines organisations nationales ou internationales non gouvernementales sont impliquées dans la lutte contre les pathologies suscitées (Douh L. Patrice, 8Koudougnon épouse Goprou Tiéléo Brigitte, 2002, définition tirée du cours de la santé de la reproduction dispensé à l'Infs. 19 2000)9. L'Ong Médecins sans frontières (Msf) a construit un pavillon par exemple à la Maca réservé aux malades de la tuberculose. Une autre structure, Esther, est quant à elle très impliquée dans la lutte contre le Sida en milieu carcéral (Rapports de 2008 à 2011, Esther)10. Pourtant, en milieu carcéral en général, les pathologies cutanées représentent l'une des trois premières causes de consultation en médecine chez les détenus en Afrique subsaharienne, à en croire les chiffres de certaines prisons africaines. Ce constat vrai pour ces prisons, l'est aussi pour les prisons ivoiriennes. En effet, une étude menée auprès des détenus du camp pénal par nos soins, révèle qu'au moins 308 détenus déclarent avoir eu ou ont une infection cutanée. Un chiffre que le registre de consultations de ladite structure vient plus ou moins attester. Car selon le registre, entre le 19 décembre 2013 et le 31 décembre 2014, 704 détenus se sont présentés à l'infirmerie pour un problème de peau (dermatose, furonculose, plaies, etc.). Ces chiffres nous montrent que les maladies de la peau sont un problème majeur de santé en milieu carcéral notamment au camp pénal de Bouaké. L'analyse des causes de cette maladie s'oriente vers la question de l'hygiène. Une question qui pourtant a fait l'objet de nombreuses initiatives que ce soit avec les Ong (Aphi Angéla, 1999 ; Ohouochi Anin Serges, 2007 ; Kouamé Salifou Ouattara, 2002) ou avec l'administration pénitentiaire. Et pourtant, les infections cutanées sont toujours d'actualité. Pourquoi les infections cutanées persistent-elles en milieu carcéral ? Existe-il d'autres facteurs qui favorisent la prolifération ou le maintien de cette maladie ? Les actions menées sont-elles inefficaces ? Sont-elles correctement 9Douh L. Patrice, « Pour des prisons plus humaines », In Fraternité Matin du 26 avril 2000, pp 23. 10 Esther est une organisation internationale française qui intervient dans le domaine du Vih/Sida en milieu carcéral. Elle publie chaque année un rapport d'activités. Les rapports d'activités peuvent être consultés sur www.esther.fr 20 menées et suivies ? Quelles solutions faut-il envisager pour une lutte efficace contre les infections cutanées en milieu carcéral ? |
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