A- DISCRIMINATION :
Anye Fru Emmanuel dans sa thèse portant sur le
thème Issues of minority rights in the context of political
liberalization: The case of anglophone Cameroon, soutenue en 2008 à
l'Université de Witwatersrand voit dans le problème Anglophone au
Cameroun, un problème d'arithmétique politique. Il
écrit42 : « Anglophone Cameroonians make up about
30% of the Cameroonian population, but their participation in government has
never been more than 15%... »43. Michel Olinga corrobore
les propos de Anye Fru Emmanuel en ces termes : « Les griefs des membres
de la communauté anglophone portent tout autant sur la
représentativité des membres de cette communauté,
représentativité jugée alors à la fois insuffisante
et subalterne à celle des Francophones, autant sur le plan national que
dans les rapports du Cameroun avec l'étranger »44.
Franck Essi le Secrétaire Général du CPP interrogé
au siège de cette formation politique dans le cadre de notre recherche,
nous répondra sans ambages que « la question anglophone est un
ensemble de revendications politiques qui naissent du viol des accords
d'unification entre les deux Etats du Cameroun...c'est aussi un problème
culturel et un problème de répartition des richesses du pays...
». Pour Louis-Marie Nkoum-Me-Ntseny « le débat sur
l'identité anglophone en post-colonie se ramène finalement
à la question de savoir comment a été géré
l'héritage camerounais de la colonisation dans le cadre des relations
intercommunautaires qui se sont établies après la
réunification ». Piet Konings sera plus précis en ces termes
: « le problème anglophone a permis aux partisans du
régime d'accéder à des postes gouvernementaux
élevés, habituellement réservés aux seuls
francophones démentant les accusations de marginalisation des
anglophones et renforçant l'alliance hégémonique. En 1992,
Simon Achidi Achu du Nord-Ouest et Ephraïm Inoni du Sud-Ouest ont
été nommés respectivement Premier Ministre et
Secrétaire Général Adjoint de la Présidence de la
République... » 45. Cette position nous permet
d'envisager que sur le plan politique, les anglophones dans leur grande
majorité se sentent lésés dans la répartition du
pays. Cependant, certains anglophones ont contribué à rendre
caduques les revendications anglophones en bénéficiant ainsi de
certaines positions dans le gouvernement. C'est la raison
42 Anye Fru E, Issues of minority rights in the
context of political liberalization: The case of Anglophone Cameroon,
(2008), Page 38
43Traduction : « Les Anglophones au Cameroun
constituent 30% de la population, mais leur participation dans le gouvernement
n'a jamais été de plus de 15% »
44Olinga M, Aspects de la construction
nationale après les indépendances camerounaises : le désir
de sécession (1960-2009), Paris-Sorbonne, (2011), Page 30.
45Konings P, Le « problème anglophone
» au Cameroun dans les années 1990, Ocisca/Orstom, Page 33
34
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
pour laquelle l'avocat anglophone Nico Halle dans une
interview accordée au journal The Post 46 a
déclaré : « ...the Anglophone problem is the Anglophone.
That is the first problem...the Anglophones ought to have their place but they
opt to play second fiddle...»47. Le problème Anglophone
dans son essence est de ce fait un problème institutionnel et politique.
La question que l'on serait tenté de se poser serait de savoir si de nos
jours ce problème politique n'a pas pris une autre connotation ?
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