INTRODUCTION GÉNÉRALE
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
2
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Notre mémoire s'intitule : « La
médiatisation de la « question anglophone » dans les journaux
camerounais à partir de la célébration du cinquantenaire
de la réunification du Cameroun ». Il s'agit d'un travail
présenté en vue de l'obtention du master 2 recherches en
communication médiatique. Le contexte d'étude justifie le choix
de ce thème de recherche.
1- CONTEXTE D'ÉTUDE
Lundi 2 mai 2015, le quotidien La Nouvelle Expression
dans son numéro 3971 en page 3, titre : « Barreau du Cameroun
: Les avocats anglophones exigent le fédéralisme. Ils arguent
qu'ils doivent préserver leur culture et le Common Law que l'Etat veut
phagocyter ». Cet incident survient un an et trois mois à
peine après la célébration du cinquantenaire de la
réunification du Cameroun. Lors de cet évènement
historique, une série de festivités supposées marquer
l'unité de tous les Camerounais a été organisée
entre anglophones et francophones. Le but étant de
célébrer le vivre ensemble dans la République Unie, une
République bilingue où les libertés individuelles sont un
principe cardinal. Le constat un an plus tard est aux antipodes des
résultats attendus selon certains anglophones. Nous sommes partis des
revendications sécessionnistes des années 90, menées par
quelques groupes radicaux taxés d'indépendantistes et
minimisés en leur temps par la presse et l'opinion publique'
au vu de la nature dite grossière et exagérée de ces
récriminations, à un plaidoyer argumenté mené par
la corporation des avocats anglophones. De 1990 à 2015 nous avons
quitté le terrain de la rue et des tracts, pour rejoindre celui des
médias et des tribunaux. A l'entame de 2015, c'est au tour des avocats
anglophones de devenir « les porte-voix » de cette contestation. Une
contestation qui continue jusqu'en 2016 tel que l'atteste La Nouvelle
Expression dans son numéro 4329 du Mardi 11 Octobre 2016 qui publie
: Barreau du Cameroun : La grève des avocats anglophones commence ce
jour. L'on pourrait être tenté de se demander à quoi
auront servi les réjouissances du cinquantenaire de la
réunification du Cameroun si ce n'était pour ouvrir le
débat sur le « vivre ensemble » et évacuer les
frustrations de toute nature ? D'où vient-il que nous en soyons encore
à spéculer sur la « question anglophone » de nos jours
? Pourtant la presse écrite selon certains observateurs a fait son
travail en relayant l'information. Toutefois, en nous intéressant
à la construction des contenus médiatiques, l'on
s'aperçoit que tous les médias et produits médiatiques
sont conçus et diffusés par des organisations et des entreprises
pour réaliser des objectifs de différentes natures. L'offre
médiatique peut être catégorisée en trois types:
premièrement, des produits
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
qui visent à satisfaire les désirs de
divertissement des publics que le diffuseur souhaite pour des raisons
économiques. Deuxièmement, des produits qui visent à
réaliser des objectifs sociopolitiques tels que : informer et
éduquer. Troisièmement, des produits à visée
persuasive explicite, attribués à des organisations (annonceurs)
publiques ou privées qui tentent d'influencer des individus1.
En nous fondant sur ce triptyque, l'étude de la perception de la «
question anglophone » par les journaux locaux, nous en apprendrait
davantage sur la construction médiatique et le traitement
réservé à ce sujet pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
2- PROBLÉMATISATION :
Il sera question à ce niveau de faire une revue de la
littérature, poser le problème de recherche, déterminer
les questions de recherche et émettre des hypothèses.
2.1 REVUE DE LA LITTÉRATURE:
Trois documents nous permettent d'entrée de jeu de nous
faire une idée sur l'identité anglophone au Cameroun, notion
importante pour la bonne compréhension de la « question anglophone
» : Le « problème anglophone » au Cameroun dans les
années 1990 ; Dynamique de positionnement anglophone et
libéralisation politique au Cameroun : de l'identité
à l'identification ; et l'article «
Révision constitutionnelle » du 18 janvier 1996 : Comment
constitutionnalise-t-on le « nous » au Cameroun dans l'Etat post-
unitaire ?
Piet Konings2dans son ouvrage : Le «
problème anglophone » au Cameroun dans les années 1990
estime que: « L'usage du terme Southern Cameroon présenterait
l'avantage de jeter les bases historiques et géographiques de
l'identité Anglophone...dans cette hypothèse, les immigrés
d'origine ethnique francophone, seraient exclus de la citoyenneté du
Southern Cameroon's alors qu'ils peuvent être plus anglophone au sens
culturel et linguistique du terme... ».
Louis-Marie NKOUM-ME-NTSENY3 ajoute : «
L'invention de l'identité anglophone découle de sa
constitution en enjeu colonial par l'administration britannique, puis en
enjeu
1Chabrol C, « La Réception :
étude des processus d'évaluation des débats
médiatiques », pp. 189-230, in : Charaudeau P.,
éd., La Télévision, les débats culturels «
Apostrophes », Paris, (1991), Didier Érudition.
2Konings P, Le « problème anglophone » au
Cameroun dans les années 1990, Ocisca/Orstom, Page 29. 3
NKOUM-ME-NTSENY L, Dynamique de positionnement anglophone et
libéralisation politique au Cameroun : de l'identité
à l'identification, Page 18
4
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
diplomatique et politique par les investisseurs identitaires
de tous bords » dans son mémoire intitulé : Dynamique de
positionnement anglophone et libéralisation politique au Cameroun : De
l'identité à l'identification.
Luc SINDJOUN4quant à lui en parle en ces
termes : « la libéralisation politique est un moment de
constitution de la communauté anglophone en groupe ethnique dont
l'ancêtre fondateur est l'administration britannique, le territoire
identitaire, l'ex-Southern Cameroon's et la langue de référence
l'anglais ».
Pour poser les bases de la « question anglophone »
au Cameroun, « in limine litis », il faudrait au préalable
situer cette problématique par rapport à un questionnement
similaire et antérieur.
Nathan Weinstock5 dans son ouvrage : Le
Sionisme contre Israël nous permet d'avoir une idée de la
question juive. L'auteur cite tout d'abord Jean-Paul Sartre qui s'exprime sur
la haine des juifs : « L'antisémitisme est une tentative pour
valoriser la médiocrité en tant que telle, pour créer
l'élite des médiocres. Pour l'antisémite, l'intelligence
est juive, il peut donc la mépriser en toute tranquillité comme
toutes les autres vertus que possède le juif...l'antisémite est
donc un homme qui a peur, non pas des juifs mais de sa conscience, de sa
liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la
solitude, du changement, de la société et du monde ; de tout sauf
les juifs. C'est un lâche ». Ensuite il cite Lénine qui
parle de la nation juive comme étant « la nation la plus
opprimée et la plus traquée ». Lénine qui
reconnait que déjà en 1905, les « travailleurs juifs
souffrent à la fois d'une oppression économique et politique
[...] en tant que nationalité privée de tout droit
6». Pour Lénine, « la
nation juive est la seule nation ex-territoriale [...] qui ne jouit
pas d'une autonomie nationale culturelle ». Nathan Weinstock ainsi
que d'autres auteurs tels que Maxime Rodinson7, Abraham
Léon8 et Isaac Deutscher9présentent la
question juive comme une question de minorité et de discrimination de
classe sociale ayant abouti à un holocauste sous Hitler. De la question
juive nous retenons les thématiques suivantes : haine, mépris,
peur, lâcheté, autonomie culturelle, oppression, minorité
et discrimination. Le contexte dans lequel émerge la question juive
n'est pas le même que celui dans lequel émerge le problème
anglophone. La
4Sindjoun L, « Identité nationale
et « Révision constitutionnelle » du 18 janvier 1996: Comment
constitutionnalise-t-on le « nous » au Cameroun dans l'Etat post-
unitaire ? »
5 Weinstock N, Le Sionisme contre
Israël, Quatrième Internationale, (1969), Page 19.
7Rodinson M, Peuple juif ou problème
juif, Maspero
8Abraham L, La Conception matérialiste de
la question juive, EDI 9Deutscher I, Essais sur le
problème juif, Payot
5
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
thématique qui pourrait nous permettre d'établir
un lien entre les deux est la discrimination. Le problème anglophone se
pose en termes de discrimination de la majorité francophone
vis-à-vis de la minorité anglophone.
Yves Bénot dans idéologies des
indépendances africaines10, donne trois principales
connotations au terme idéologie : système de pensée
politique, mobilisateur des énergies et représentation des
réalités vécues. L'auteur de cet ouvrage a
travaillé dans l'optique de comprendre la nature de ces idées
susceptibles de devenir des forces matérielles lorsqu'elles
pénètrent les masses. L'auteur évoque le fait que
l'Afrique Anglophone soit plus empirique du fait du colonialisme anglais avec
un cadre institutionnel qui a été moins rigide.
L'indépendance apparait plus tôt en Afrique Anglophone et n'avait
pas la même résonnance subversive qu'en AOF. Ensuite l'auteur
évoque l'unité africaine qui doit comporter selon lui trois
volets : culturel, politique et économique ; et il reconnait avec regret
le recul de l'unification en Afrique du fait selon lui des divergences
profondes sur l'orientation politique à donner aux indépendances.
Cet ouvrage nous permet de prime à bord de comprendre dans quelles
logiques les indépendances africaines ont été
amorcées pour traiter de manière plus scientifique « la
question anglophone ». Ensuite, il nous permet d'envisager les
idéologies qui sont sous-jacentes à la médiatisation d'une
question aussi délicate que « la question anglophone » par la
presse écrite camerounaise.
Ngomba Endeley dans l'oeuvre issues of minority rights in
the context of political liberalization : The case of Anglophone Cameroon,
met en exergue les droits des minorités, notamment des anglophones, qui
sont bafoués au Cameroun dans un contexte où nous parlons
beaucoup de droits de l'homme et des libertés. L'objectif de sa
recherche est de comprendre la corrélation entre le droit des
minorités et la libéralisation politique au Cameroun. L'auteur
estime que la minorité anglophone a été flouée dans
le partage des avantages politiques. Il propose même de revisiter les
traités fondateurs du Cameroun dans lequel les anglophones ont selon
l'auteur des motifs de frustration. Cet ouvrage nous facilite la
compréhension de la « question anglophone ». Mais nous
comptons nous focaliser sur l'analyse des articles de journaux locaux
rédigés sur la « question anglophone » pendant le
cinquantenaire de la réunification.
10 Bénot Y,
Idéologies des indépendances africaines. In:
Tiers-Monde, tome 14, n°53, (1973).
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Dans son ouvrage, Virtual activism on Cameroon : The
Camnet Files, Isaac Endeley fait une compilation de correspondances
électroniques des camerounais se trouvant de part et d'autre du globe
sur les questions de sociopolitique intérieure. Son objectif est de
montrer l'influence de l'Internet dans les affaires sociales et politiques au
Cameroun. Il répertorie des emails envoyés par les camerounais de
tous bords sur le forum Camnet et revisite les grandes thématiques de la
politique générale du Cameroun à partir des
élections parlementaires de 1997. Ensuite l'auteur s'attarde sur le
problème anglophone, en faisant un rappel historique, dans le but de
permettre aux lecteurs de mieux comprendre comment ce problème a
été fabriqué. Isaac Endeley s'intéresse dans cet
ouvrage à des thématiques telles que : La liberté
d'expression au Cameroun, la violence politique et le caractère des
institutions Camerounaises. Notre problématique dans ce travail de
recherche est différente. Nous voulons essayer de comprendre comment la
presse locale a traité cette « question anglophone » pendant
le cinquantenaire de la réunification.
Wakata Bolvine François nous intéresse avec sa
thèse qui porte sur : Politique d'information et pratiques
journalistiques : Les différences de traitement de l'information entre
journalistes anglophones et francophones à Cameroon Tribune. Ici
l'auteur met l'accent sur la dimension conflictuelle de l'analyse des
pratiques, les différences et les divergences de conception et
d'application des exigences normatives et pragmatiques du journalisme à
l'intérieur d'un même organe de presse11. Il
s'intéresse aux différences et particularités du
journalisme tel qu'il est pratiqué au Cameroun. Une situation
évocatrice des disparités de références sociales et
politiques des journalistes. Il ouvre le débat sur le traitement de
l'information opéré dans le journal « bilingue »
gouvernemental et constate un bilinguisme discriminatoire au profit des
francophones. Cette thèse nous permet d'entrevoir de manière
claire la « question anglophone » dans la presse écrite.
Toutefois l'auteur s'est appesanti uniquement sur le cas de Cameroon
Tribune. L'analyse que nous comptons réaliser, concerne un corpus
plus élargit comprenant en plus de Cameroon Tribune, The Post, Le
Messager et permettant d'avoir une meilleure lisibilité sur le
processus de médiatisation de la « question anglophone » dans
les journaux camerounais.
11 Wongo Ahanda A, La Communication au Cameroun :
Bibliographie annotée et commentée de 40 ans de recherche,
L'Harmattan, (2005), Page 19
7
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Dans sa thèse de doctorat soutenue en 2011 à
l'Université de Paris-Sorbonne intitulée : Aspects de la
construction nationale après les indépendances Camerounaises : Le
désir de sécession (1960-2009), Michel Olinga traite du
problème de la construction nationale dans un contexte de multi
appartenance. Il analyse les aspirations de sécession des anglophones,
les revendications à la fois modérées et
sécessionnistes qu'il qualifie de stratégie complexe. L'auteur
s'intéresse également aux différentes manifestations
autour du désir de sécession anglophone, les actions ou les
attitudes des différents facteurs et acteurs de la question. Michel
Olinga pense le problème anglophone existe au Cameroun et se pose en
termes politico historique. Ce problème ne saurait être comme le
défend le Gouvernement Camerounais et comme nous pourrions être
tentés de le croire, un appel à la destruction de l'unité
nationale et encore moins, un frein à la construction nationale en
cours, mais plutôt un appel à la déconstruction du type
d'unité et de construction nationale entretenue jusqu'ici, pour mettre
en avant un type de construction nationale plus inclusif. Sa thèse nous
a été utile, bien que nous ne voulions plus mettre en
lumière les velléités sécessionnistes. Notre
objectif est d'analyser le traitement réservé par la presse
écrite à cette question.
La publication d'Aboya Manassé Endong intitulée
: Menaces sécessionnistes sur l?Etat Camerounais, parut dans le
numéro 285 de décembre 2002 du Monde Diplomatique nous
intéresse. Dans cet article l'auteur met davantage en exergue le conflit
qui oppose les sécessionnistes et l'Etat du Cameroun. Il
s'intéresse aux affrontements qui ont eu lieu le 30 décembre 1999
et le 1er octobre 2000 et qui ont fait réagir le
Secrétaire Général des Nations Unies Koffi Annan, en
visite à Yaoundé. L'auteur traite de la « question
anglophone » en faisant un rappel socio politico historique. Il
présente la dangerosité de ce problème pour la
stabilité du pays. Cet article sera utile dans notre travail dans la
mesure où il nous permettra d'aborder le contexte politico historique de
la « question anglophone ». Cependant l'auteur n'a traité de
ce problème que sous l'angle socio-politique. Nous allons plutôt
aborder cette question en examinant le processus de construction
médiatique de la « question anglophone », en nous interrogeant
sur les modalités d'apparition de la « question anglophone »
dans l'agenda des médias.
Marc Joseph Omgba Etoundi dans sa thèse d'habilitation
à diriger les recherches en sciences et techniques de l'information et
de la communication intitulée : La presse camerounaise dans tous ses
états : Esquisse de présentation de la presse écrite
camerounaise des origines à nos jours avec un gros plan sur la presse
écrite de langue française pour la
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La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
période de 1982 à 199712
pose le problème du rôle joué par la presse en
général dans l'évolution des sociétés. Cet
auteur en se focalisant uniquement sur la presse écrite de langue
française pose même déjà de manière implicite
le problème anglophone, de par son omission de la presse écrite
de langue anglaise dans sa recherche. C'est un travail qui nous
intéresse dans la mesure où le chercheur distingue
différents types de presse écrite : la presse écrite de
service public, la presse d'entreprise, la presse privée d'information
générale et politique, la presse spécialisée.
Toutefois, nous n'allons plus nous interroger sur le rôle de la presse
écrite mais plutôt sur le traitement fait par la presse
écrite de la « question anglophone ».
Dans sa thèse intitulée : Journalismes,
discours et publics : une approche comparative de trois types de presses, de la
production à la réception de l?information soutenue le 5
novembre 2010 à l'Université de Toulouse 2, Emmanuel Marty estime
que depuis la production du discours de presse, jusqu'à sa
réception en passant par le discours lui-même, une
société et sa presse ont des relations d'interdépendance.
Ici l'auteur pose le problème du rôle démocratique de la
presse. Il se pose la question de savoir si la presse permet au public
d'accéder à une information libre, diversifiée et
exhaustive, formulant et alimentant dans ses instances un débat social
contradictoire à l'échelle de son audience ? Pour l'auteur, il
existe des mécanismes qui empêchent à la presse
d'être objective dans le traitement de l'information. Notre recherche ne
sera pas axée sur le problème devenu vétuste du rôle
de la presse écrite. Nous allons travailler sur la perception de la
« question anglophone » qui est inhérente au traitement de
cette thématique par les journaux locaux.
Thomas Atenga dans son article paru dans les cahiers du
journalisme numéro 26 de 2014, intitulé : Communication et
journalisme au Cameroun : « affaires » de lucidités
croisées, du terme emprunté à Pierre Bourdieu, essaye
de comprendre les mécanismes, le mode opératoire, la coordination
de ces « lucidités croisées » pour voir comment elles
contribuent à la productivité, aux performances ainsi qu'à
la notoriété ou la délégitimation d'un
média. Cet article nous apporte beaucoup dans la compréhension
des logiques sociales qui peuvent sous-tendre la rédaction d'un article.
Notre recherche sera plus précise en ce sens que nous n'allons pas
travailler sur le grand ensemble, communication et journalisme, qui semble
être un champ très vaste, nous allons affiner notre recherche en
nous intéressant uniquement à la presse
12 Omgba Etoundi M.-J., «
La presse camerounaise dans tous ses états: Esquisse de
présentation de la presse écrite camerounaise des origines
à nos jours avec un gros plan sur la presse écrite de langue
française pour la période de 1982 à 1997 »,
Université de Droit, d'Économie et de Sciences sociales de Paris
II-Panthéon, (2000)
9
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
écrite. Nous allons recenser et analyser les articles
de journaux parus pendant le cinquantenaire de la réunification sur la
« question anglophone » pour essayer de comprendre quelle est la
perception de ce problème par la presse écrite locale.
Antoine Wongo Ahanda, dans cette publication : La
Communication au Cameroun : Bibliographie annotée et commentée de
40 ans de recherche préfacée par Jacques Fame Ndongo, se
pose la question : quelle communication pour la société
camerounaise ? Il peint le contexte Camerounais marqué par un mouvement
permanent de libéralisation effective de la communication sur une
surface médiatique où se construit une liberté de presse
et d'expression dont certaines illustrations constituent une réelle
exception camerounaise. Ici l'auteur pose le problème de
l'objectivité de la communication au Cameroun, dans la mesure où
la communication peut être utilisée selon le préfacier
comme un mode d'avilissement des masses, par l'instrumentalisation des
techniques modernes dans un but de désinformation voir de
clochardisation et de viol des consciences. Le problème que
soulève cette étude nous intéresse au plus haut point,
dans la mesure où il nous permettra de peindre le contexte de la
communication au Cameroun. Ce qui nous emmènera à montrer
l'impact de ce contexte dans la cristallisation de la « question
anglophone », bien que nous n'envisagions pas de travailler sur le concept
de l'objectivité des médias. Nous allons nous intéresser
à la perception de la « question anglophone » par la presse
camerounaise. Une perception qui aboutit à une certaine construction
médiatique de la « question anglophone » et à un
traitement bien précis de la question pendant le cinquantenaire de la
réunification.
Jacques Fame Ndongo dans Médias et enjeux des
pouvoirs. Essai sur le vouloir-faire, le savoir-faire et le
pouvoir-faire13 fait une analyse de l'impact des médias
sur la réalisation des actions menées par les pouvoirs. Il met en
relief la relation entre médias et pouvoirs en soulignant que les
pouvoirs sont pluriels. Selon l'auteur il existe souvent une opposition entre
savoir-faire, vouloir-faire et pouvoir-faire. Ce travail nous servira à
comprendre les éventuelles interactions qui peuvent exister entre
médias et monde politique. Nous nous en inspirerons pour vérifier
l'agenda des médias dans le but de savoir comment apparait la «
question anglophone » dans l'agenda des journaux camerounais.
13Fame Ndongo J, Médias et enjeux des
pouvoirs. Essai sur le vouloir-faire, le savoir-faire et le pouvoir-faire,
Yaoundé, Presses Universitaires de Yaoundé, (2006)
10
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Misse Misse dans son article intitulé la
médiatisation de la catastrophe de N'SAM dans la presse hebdomadaire
camerounaise essaye dans un premier temps de comprendre la dynamique du
processus de construction politico médiatique de la catastrophe de N'SAM
dans la presse hebdomadaire camerounaise. Ensuite il s'intéresse aux
stratégies utilisées par ces journaux pour porter cet
évènement à la connaissance du grand public. Les objectifs
de cet article rejoignent les nôtres. Seulement dans notre
démarche scientifique nous voulons éluder l'aspect politique pour
nous concentrer sur le processus de construction médiatique et les
stratégies éditoriales de la presse écrite locale. Cet
auteur a travaillé avec des journaux hebdomadaires tels que Dikalo
et Le Messager qui était à l'époque un
hebdomadaire. Nous allons travailler avec des quotidiens et nous souhaitons
avoir un spectre plus large en sélectionnant : un journal bilingue, un
journal anglophone et un journal francophone. De plus notre problème
porte sur la perception de la « question anglophone » et nous aurons
une approche quantitative en plus de l'approche qualitative utilisée par
l'auteur dans son article.
Eliseo Véron dans construire
l'évènement14 nous permet d'entrer de plein pied
dans notre problème de recherche. Ici l'auteur pose le postulat selon
lequel les événements sociaux ne sont pas des objets qui se
trouveraient tous faits quelque part dans la réalité et dont les
médias nous feraient connaître après coup les
propriétés : ils n'existent que dans l'exacte mesure où
ces médias les façonnent. Pour Véron, les médias
doivent s'en tenir à une idéologie de la représentation
dont l'axe majeur demeure le principe d'objectivité. Il se pose la
question de savoir comment les choses se passent-elles dans les faits ? Pour
lui, l'évènement s'impose partout dans l'intersubjectivité
des acteurs sociaux. Véron nous permet de comprendre les logiques qui
sous-tendent la construction de l'évènement. Cet ouvrage est
très enrichissant pour nos travaux bien qu'à la différence
de Véron nous ne travaillons pas sur la notion d'objectivité. De
plus la « question anglophone » n'est pas un évènement
dans son sens premier. C'est un ensemble de revendications qui apparaissent et
disparaissent des médias au gré de leurs agendas respectifs.
Maurice Mouillaud et Jean-François Têtu dans
le journal quotidien15, posent le problème de la
spécificité des quotidiens. L'objectif des auteurs étant
de rendre compte des modalités de production du sens dans le journal, en
partant de l'information, jusqu'aux pratiques citatives
14Véron E, Construire
l'événement - les médias et l'accident de Three Miles
Island, Paris, Éditions de Minuit, (1981)
15 Mouillaud M, Tetu J.F, Le journal
quotidien, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, (1989)
11
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
et argumentatives. Ce travail nous permettra de repérer
les logiques d'argumentations et les stratégies éditoriales de la
presse écrite. Nous allons nous intéresser non pas aux
modalités de production du sens dans les journaux comme Maurice
Mouillaud et Jean-François Têtu, mais à la perception d'une
question par les journaux qui construiront son sens par la suite. Nous voulons
démontrer que : si la perception d'une question est viciée
dès le départ par des stéréotypes ou par des
préjugés, la construction médiatique qui s'en suivra sera
faussée.
2.2- PROBLÈME DE RECHERCHE :
Au lendemain de la célébration du cinquantenaire
de la réunification, le problème relatif à la perception
de la « question anglophone » se pose avec acuité. Les
idées arrêtées et préconçues de certaines
rédactions sur ce sujet peuvent avoir eu une influence sur le traitement
de cette question pendant la période citée ci-dessus. D'ailleurs,
la « question anglophone » n'a toujours pas été
évacuée des colonnes des journaux camerounais et des
débats dans la sphère médiatique, même si l'on a
constaté sur le terrain pendant nos repérages une certaine
gêne, une certaine réticence à parler de ce sujet
ouvertement et librement.
2.3- QUESTIONS DE RECHERCHE : - Question
principale :
Quelle perception de la « question anglophone » se
dégage des journaux camerounais au lendemain de la
célébration du cinquantenaire de la réunification du
Cameroun ?
- Question secondaire 1 :
Quelles sont les stratégies éditoriales
utilisées par les journaux camerounais pour traiter de la «
question anglophone » pendant le cinquantenaire de la réunification
?
- Question secondaire 2 :
Comment apparait « la question anglophone » dans
l'agenda des journaux camerounais?
2.4- HYPOTHÈSES :
- Hypothèse principale :
Nous pouvons supposer que la « question anglophone »
est perçue dans les journaux camerounais comme un problème de
revendications de prébendes politiques.
12
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
- Hypothèse secondaire 1 :
Le traitement de la « question anglophone » dans les
journaux camerounais est dépendant des différentes lignes
éditoriales.
- Hypothèse secondaire 2 :
La « question anglophone » apparait dans l'agenda
des journaux camerounais en fonction des interactions.
3- LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE : -
Objectif principal :
Analyser les articles de journaux parus sur la «
question anglophone » pendant la période de la
célébration du cinquantenaire de la réunification du
Cameroun pour comprendre comment est perçue cette question par la presse
écrite locale.
- Objectif secondaire 1 :
Comprendre le processus de construction médiatique qui
a abouti à la médiatisation de la « question anglophone
» dans la presse écrite locale.
- Objectif secondaire 2 :
Procéder à l'exploitation des personnes
ressources pour desceller les modalités d'apparition de la «
question anglophone » dans l'agenda des médias.
4- CORPUS DE L'ÉTUDE :
Notre corpus est soumis au respect de quatre
règles16 : la règle de l'exhaustivité, la
règle de la représentativité, la règle de
l'homogénéité et la règle de la pertinence. Dans
l'optique du respect scrupuleux de ces règles, nous avons
sélectionné des quotidiens d'informations générales
avec comme premier critère de choix l'ancienneté. Le second
critère est la structuration et l'organisation. Nous avons choisi des
tabloïdes 17 dont les archives sont disponibles et qui
possèdent une organisation pyramidale avec une certaine
lisibilité dans la
16Bardin L, L?analyse de contenu, Presse
Universitaire de France, Paris, 1977, Page 127
17 Le format tabloïde est un format de journal qui
correspond à la moitié des dimensions d'un journal traditionnel.
Son format plié est 11 pouces X 17 pouces, soit 280 mm X 430 mm. Ce type
de format est né en Grande-Bretagne, où il a longtemps
été réservé à la presse populaire voire
« de caniveau ». Le format tabloïde a en effet pour avantages
non seulement d'être plus aisément manipulable, mais aussi
d'attirer davantage les jeunes lecteurs, avec un contenu souvent
allégé.
13
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
répartition des rôles. Pour respecter les
règles de l'exhaustivité et de
l'homogénéité, nous avons opté pour trois (3)
journaux parmi lesquels : un journal « bilingue » ou à
vocation bilingue, un journal francophone et un d'obédience
anglo-saxonne.
Cameroon Tribune : C'est le
quotidien18 national gouvernemental basé à
Yaoundé et qui se veut bilingue. Il est édité par la
SOPECAM et son Directeur de Publication est Marie Claire Nnana. Il existe
depuis 1974 : c'est-à-dire qu'il a 42 ans d'âge. Il est le
quotidien qui bénéficie du plus grand nombre de tirages par jour.
En effet, selon les chiffres obtenus à la Délégation
Régionale de la Communication pour le Littoral, Cameroon Tribune
tire 20 000 exemplaires par jour et est vendu en moyenne à 3500
exemplaires par jour dans la Région du Littoral, lorsqu'on comptabilise
aussi ses abonnés. Ce quotidien a déjà
dépassé le cap du onze millième numéro. Sa ligne
éditoriale est pro-gouvernementale et ses archives sont consultables en
version papier et numérique.
Le Messager est un quotidien
d'informations générales privé francophone basé
à Douala et qui appartient au Free Media Group. Il a été
fondé le 17 novembre 1979 par Pius Njawe de regrettée
mémoire. Il bénéficie de 37 années
d'ancienneté dans le métier. Son actuel Directeur de Publication
est Frédéric Boungou. Il vend en moyenne 2000 à 3000
exemplaires de journaux par jour dans la Région du Littoral. Nous sommes
certes loin des 5000 exemplaires par jours vendus par Le quotidien
de l'économie journal thématique ; mais son
caractère généraliste, son ancienneté, sa
notoriété, sa structuration, son organisation, la
disponibilité de ses archives en format papier, sa posture de critique
perpétuel et son traitement régulier de « la question
anglophone » lui confèrent un certain poids. En novembre 2014,
Le Messager était rendu à son numéro 4200.
La Nouvelle expression de Sévérin
Tchounkeu au numéro 3800, Le jour de Haman
Mana n'était qu'au numéro 1800 et Mutations
de Xavier Messe au numéro 3790 ; ce qui atteste encore de
son ancienneté et de sa régularité. Ce quotidien se
caractérise par sa liberté de ton et son caractère quelque
peu « subversif » par moment. Il est l'un des quotidiens
privés francophones qui traite le plus régulièrement de la
« question anglophone ».
The Cameroon Post qui a
existé début des années 1990, devenu The Post
depuis le 11 juillet 1997, c'est-à-dire depuis 19 ans, est
un journal anglo-saxon basé à Bondoma à Buéa. Son
actuel Manager est Innocent Mbunwe. A la différence des autres journaux
anglo-saxons
18Selon l'UNESCO un quotidien est un journal qui
parait au moins quatre fois par semaine.
14
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
comme : Chronicles (rendu au
numéro 409), Life Time (rendu au numéro
109), Guardian Post (rendu au numéro 689),
The star (rendu au numéro 389),
The Median, Eden (rendu au
numéro 88), Cameroon herald (rendu au
numéro 88), Watchdog tribune, The post
était déjà rendu à son numéro 1587 en
Novembre 2014. Ce qui atteste largement de l'ancienneté de ce journal.
Selon l'article 26 alinéa b1 de la recommandation révisée
de l'organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la
culture, émanant de la conférence générale de
l'UNESCO qui a eu lieu dans la ville de Sofia le 9 novembre 1985, concernant la
normalisation internationale des statistiques relatives à la production
et à la distribution de livres, de journaux et de périodiques :
« un quotidien est un journal qui parait au moins 4 fois par semaine
». Partant de ce postulat, aucun journal anglo-saxon camerounais ne
pourrait être considéré comme un quotidien vu que les
journaux majeurs que sont The Post et The Guardian Post
paraissent respectivement 2 et 3 fois par semaine. Certes les journaux qui
paraissent 2 à 3 fois par semaine sont considérés comme
des « non quotidiens » par l'UNESCO qui les a classifiés. Mais
ils ne sont pas non plus considérés comme des hebdomadaires.
The Post est basé à Buéa lieu de
célébration du cinquantenaire de la réunification et
évènement autour duquel gravite notre recherche ; tandis que
The Guardian Post comme Cameroon Tribune est situé
à Yaoundé ville réputée très
politisée. Pour effectuer une étude scientifique, respecter les
règles de la pertinence et de la représentativité il
serait plus judicieux dans notre recherche, de travailler avec un journal
anglophone situé dans la zone anglo-saxonne dans l'optique de
réduire au maximum toute forme d'interaction.
Notre corpus est composé au final de : Cameroon
Tribune (quotidien à capitaux publics, bilingue, basé
à Yaoundé), Le Messager (quotidien privé,
francophone, basé à Douala) et The Post (journal
privé, en langue anglaise, basé à Buéa).
5- CADRE MÉTHODOLOGIQUE :
Ce travail s'inscrit dans le champ de la communication
médiatique. Notre démarche consiste d'une part à analyser
les articles de journaux parus sur la « question anglophone » et
à comprendre le processus de construction médiatique qui a abouti
à la médiatisation de la « question anglophone » dans
la presse écrite locale ; D'autre part à procéder à
l'exploitation des personnes ressources pour desceller les modalités
d'apparition de la « question anglophone » dans l'agenda des
médias.
15
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
5.1- MÉTHODE DE RECHERCHE:
Nous allons utiliser l'analyse de contenu et la méthode
inductive avec la technique d'inférence statistique. Elle permettra
l'observation, l'analyse, l'interprétation et la
généralisation. Une première approche qualitative rendra
possible : l'analyse de la titraille, de la mise en pages, du choix des
illustrations, des figures de style, des angles de traitement, des champs
lexicaux, des genres journalistiques et l'analyse de l'argumentation. Une
seconde approche quantitative nous permettra d'obtenir des données
chiffrées sur notre recherche. Un logiciel nous facilitera le traitement
de ces données. La technique comparative nous permettra de confronter
les données recueillis à partir du journal anglophone, du journal
francophone et du journal bilingue choisis dans notre corpus, de repérer
les constantes et les divergences dans le discours de ces journaux sur la
« question anglophone ».
Pour mener à bien nos travaux, nous allons collecter,
traiter, analyser et interpréter les données recueillies sur le
terrain.
5.2- COLLECTE :
Pour collecter les données sur le terrain, nous
utiliserons les outils de collecte suivants :
La grille d'observation comportant : le nom du journal, la
date de création du journal, le jour et la date de parution de
l'article, le titre de l'article, la page de l'article dans le journal, la
rubrique de l'article, le genre journalistique auquel il appartient et le nom
de l'auteur de l'article.
Le guide d'entretien : Il comprendra une dizaine de questions.
Il a été conçu sous forme de questions à choix
multiples pour diminuer de manière considérable, le temps de
l'entretien, les personnes ressources n'ayant pas beaucoup de temps à
consacrer aux enquêtes. Ce guide d'entretien nous permettra d'interroger
une dizaine de personnes ressources parmi lesquels des hommes politiques et des
journalistes.
- ÉCHANTILLONNAGE :
En accord avec notre problématique, nos objectifs, nos
hypothèses et la délimitation de notre sujet, notre
échantillon sera constitué de journalistes dans une large mesure
pour comprendre les stratégies de construction médiatique et
d'hommes politiques dans une moindre mesure pour vérifier des
éventuelles interactions entre l'agenda des médias et le
16
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
calendrier politique. Nous allons utiliser la proportion 80/20
(80% de journalistes et 20% d'hommes politiques) pour coller à la
réalité sociologique et au découpage administratif du
Cameroun qui compte 10 Régions dont 08 sont francophones et 02 seulement
sont anglophones. Nous avons choisi un échantillon représentatif
constitué de 10 personnes ressources. En ce qui concerne la langue
officielle parlée nous avons choisis d'interroger 08 francophones et 02
anglophones. Sur la question genre nous aurons 02 femmes et 08 hommes (les
femmes étant supposées à tort ou à raison
s'intéresser un peu moins aux questions politiques au Cameroun) ; En ce
qui concerne la catégorie professionnelle 02 hommes politiques et 08
journalistes (notre travail étant une thématique aux relents
politiques et que nous aborderons dans le champ de la communication
médiatique).
- LES PERSONNES RESSOURCES :
Les personnes ressources sont celles avec qui nous avons eu
des entretiens après notre descente sur le terrain et qui nous ont
fournies des informations utiles pour rédiger notre mémoire. Nous
avons choisi premièrement des cadres dans les différents journaux
de notre corpus qui ont d'une manière ou d'une autre travaillé
sur la « question anglophone »: Blaise Pascal Dassie (REC du
Messager), Armand Essogo (Directeur Régional SOPECAM/Littoral),
Innocent MBOUNWE (Manager de The Post). Ensuite nous avons
complété notre liste avec des jeunes journalistes dans un souci
de neutralité et de pertinence : Lucienne Wouassi (La Nouvelle
Expression), Yaboa Ndula (Cameroon Tribune), Emmanuel Yimga (DP
de l'Ouragan Indépendant), Henri Franck Log Gwet (MINCOM),
Serge KWIN (MINCOM) et enfin nous avons sélectionné deux hommes
politiques un jeune et un plus ancien connus pour leur pertinence et leur franc
parler : Franck ESSI (CPP) et Anicet Ekane (MANIDEM).
5.3- TRAITEMENT :
La recherche documentaire nous aidera à traiter les
données qualitatives. Nous allons effectuer des opérations
statistiques simples, élaborer des indices et calculer les
fréquences pour traiter les données quantitatives. L'analyse
de contenus de Laurence Bardin nous servira d'outil de traitement du
discours de la presse écrite. Le logiciel de traitement de
données Sphinx plus 2 nous sera utile dans le traitement des
données recueillies à partir de la grille d'entretien. Il nous
permettra de construire des tableaux pour l'interprétation facile de nos
résultats.
17
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
5.4- ANALYSE ET INTERPRÉTATION :
Après avoir obtenu des données brutes, nous
allons procéder à une synthèse et une sélection de
nos résultats. Ces résultats seront soumis à des
épreuves statistiques et à des tests de validité. Ils nous
permettront d'étudier chaque observation pour en dégager des
constats pertinents par rapport au problème de recherche. Nous allons de
ce fait vérifier nos hypothèses de départ. Les
résultats significatifs et fiables ainsi obtenus, nous pourrons alors
proposer des inférences et avancer des interprétations par
rapport aux objectifs prévus ou à d'autres découvertes
imprévues.
6- CADRE THÉORIQUE:
Ce travail s'appuiera sur trois théories : les
théories de la perception, la théorie de l'argumentation et celle
de l'agenda setting.
- Les théories de la perception :
Les sciences de l'information et de la communication en tant
que discipline transversale ont emprunté les théories de la
perception à la psychologie sociale. Bernard Miège et Yves de la
Haye ont mis en lumière la perspective de la pluralité de
perceptions de l'espace public en travaillant sur le concept des relations
publiques généralisées. Les théories de la
perception ont pour précurseur la théorie de Reid et les
théories nativistes et pour auteurs contemporains Konrad Lorenz et
Nikolaas Timbergen. Ils posent pour postulat que toute communication entre
individus a pour base la perception. Pour les nativistes, la perception peut
être comprise comme une représentation et une compréhension
de quelque chose par l'esprit. Ici les caractéristiques du style
perceptif sont liées à la structure héréditaire du
système nerveux. Pour les empiristes, la perception n'est pas un
phénomène passif. Pour eux, dans toute perception, il y a action,
acte perceptif, au cours duquel nous structurons le monde, nous attendons
quelque chose, d'où la notion de « set » ou attente ou cadre
interprétatif prédéfini. Notre perception est donc
déterminée par un ensemble de facteurs innés et acquis
liés à la structure du système nerveux qui sont
héréditaires et en rapport avec des structures motrices. Cette
théorie nous permettra de comprendre comment la presse locale
elle-même perçoit la « question anglophone » dans un
pays comme le Cameroun avec une variété de culture, de groupes
humains, de catégories d'âges, de sexes, de classes sociales et de
ce fait de cadres de
18
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
référence. Cette perception est liée
à des clichés ou à des stéréotypes sociaux.
D'où le problème de la distanciation entre le sujet et
l'objet.
- La théorie de l'argumentation :
Le modèle argumentatif est principalement basé
sur la construction d'arguments et de contre-arguments, la définition
d'une relation d'attaque entre arguments, la comparaison d'arguments et la
sélection d'arguments jugés acceptables. Cependant,
l'argumentation ne se résume pas seulement à l'exposition du
cheminement argumentatif et à l'étude d'une stratégie
argumentative. D'ailleurs parler et communiquer ne sont pas des actes si
simples que cela. Un seul énoncé peut donner lieu à
diverses interprétations et significations. L'argumentation suppose
aussi un langage, un émetteur et un récepteur. A travers
l'étude des stratégies éditoriales de la presse locale sur
la « question anglophone », cette théorie nous permettra de
repérer et d'analyser les différents arguments utilisés
par les journaux camerounais. Elle nous permettra également de desceller
les différentes manoeuvres de captation de l'audience utilisées
par les quotidiens.
- La théorie de l'agenda-setting :
L'effet d'agenda désigne l'influence que les
médias exercent sur la définition des problèmes
considérés comme les plus importants dans la
société et appelant une intervention des pouvoirs publics.
Traditionnellement, pour mesurer l'effet d'agenda des médias sur les
lecteurs, on étudie d'abord l'agenda des médias,
c'est-à-dire les problèmes que les médias
privilégient19. Puis on étudie l'agenda des lecteurs,
c'est-à-dire les problèmes que ceux-ci considèrent comme
les plus importants20. Enfin, on compare les deux agendas en
s'efforçant de repérer une relation entre eux21.
» Dans le cadre des études d'agenda setting, les médias nous
disent non pas ce qu'il faut penser, mais à quoi il faut penser ; ils
jouent le rôle d'un « maître de cérémonie »
ou encore d'un tableau d'affichage sur lequel viendraient s'inscrire les
problèmes qui doivent faire l'objet du débat dans une
société. La théorie de l'agenda setting
19Par exemple en analysant les unes et titres
principaux des quotidiens, ou les sujets présentés dans les JT.
20Par exemple à travers des enquêtes par sondage.
21Par exemple, l'inscription d'un problème
sur l'agenda médiatique est suivie quelque temps plus tard par
l'apparition de ce problème dans l'agenda des électeurs.
19
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
pourrait nous servir dans le cadre de notre travail pour
comprendre le processus qui aboutit à l'apparition de la « question
anglophone » dans l'agenda des médias.
7- INTÉRÊT DU SUJET :
L'intérêt de ce sujet réside sur le plan
scientifique. Ce travail qui s'inscrit dans le champ de la communication
médiatique nous permettra de faire des recherches sur les récits
médiatiques et sur l'analyse de contenus. Nous nous pencherons sur le
processus de construction médiatique, les stratégies
éditoriales de la presse écrite, les manoeuvres de captation de
l'audience, les interactions dans les médias. Mais aussi sur le plan
historique : Il nous ramènera à la genèse et à
l'évolution de la « question anglophone » au Cameroun et sur
le plan politique : ce travail nous conduira à nous intéresser au
multipartisme des années 90 et à la célébration du
cinquantenaire de la réunification.
8- DÉLIMITATION DU SUJET :
Notre étude porte sur la médiatisation de la
« question anglophone » dans les journaux camerounais pendant la
célébration du cinquantenaire de la réunification du
Cameroun. La période de la célébration du cinquantenaire
de la réunification du Cameroun est l'espace-temps autour duquel gravite
notre recherche. Nous allons nous situer dans nos travaux : avant, pendant et
après cet important évènement qui a eu lieu en
février 2014 dans la ville de Buéa. Le but étant de savoir
comment les journaux camerounais perçoivent et ont traité cette
question depuis ce tournant historique.
9- PLAN DETAILLÉ :
Notre étude est structurée en quatre chapitres :
Le chapitre premier qui a pour titre 'la « question anglophone » au
Cameroun' a pour but de nous plonger dans les généralités
sur « la question anglophone ». Nous y abordons l'origine de cette
question et la perception de la notion d'anglophone au Cameroun. Ensuite nous
intéressons aux termes en lesquels se pose la « question anglophone
» au Cameroun en nous fondant sur les avis recueillis sur le terrain lors
de notre descente sur le terrain, notamment en termes de revendication
politique et de repli identitaire.
Le deuxième chapitre s'intitule 'le cinquantenaire de
la réunification du Cameroun'. Ici nous faisons un flash-back historique
en nous arrêtant sur les prémices de la réunification du
Cameroun. Nous revisitons le consensus de Bamenda qui a eu lieu avant la
conférence
20
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
constitutionnelle de Foumban et a jeté les bases de la
réunification du Cameroun. Ensuite nous nous intéressons au
déroulement du cinquantenaire de la réunification du Cameroun qui
s'est tenu à partir du 17 février 2014. Nous relatons les
préparatifs et les festivités de cet évènement
historique.
Le troisième chapitre intitulé
stratégies de construction de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais' nous permet d'entrer de plein pied dans
l'analyse de contenus des récits médiatiques. Grâce
à l'approche qualitative nous avons repéré dans les
journaux soumis à notre étude, les manoeuvres de captation de
l'audience propres aux journaux camerounais, les stratégies de mise en
page, les angles de traitement, la titraille, les illustrations. Nous nous
intéressons aussi aux stratégies de mise en discours en
identifiant les figures de styles, les arguments, les genres journalistiques et
les champs lexicaux.
Enfin nous aborderons le quatrième chapitre dont le
titre est Analyse quantitative de la « question anglophone
». C'est ici que nous procédons à l'exploitation de notre
matériel de travail à l'aide des opérations de codage,
nous enregistrons les données du logiciel Sphinx 2 Plus qui nous permet
de réaliser des tableaux et de traiter nos données recueillies
sur le terrain. Par la suite nous entamons l'analyse et l'interprétation
des résultats obtenus sur le terrain.
CHAPITRE I:
LA « QUESTION ANGLOPHONE » AU
CAMEROUN
21
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
22
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Au rang des débats qui ont eu court au Cameroun et qui
sont toujours d'actualité dans les espaces publics au sens
d'Habermas22, l'on peut énumérer : l'harmonisation du
système éducatif avec de nos jours, la montée du
bilinguisme et la création des classes de 3e, seconde,
première et terminale bilingues. En mars 1993, parlant du bilinguisme
à la camerounaise le quotidien Le Messager titrait :
«...les anglophones doivent étudier le français pendant que
les francophones se détendent 23». L'on peut citer
également parmi les grands débats actuels, l'harmonisation du
système judiciaire au Cameroun qui connait une cohabitation incestueuse
entre le droit civil, la Common Law et le droit coutumier. D'ailleurs l'absence
de version anglaise du traité OHADA a récemment suscité
une grève des avocats anglophones. De plus, le projet de loi
n°989/PJL/AN portant code pénal au Cameroun est contesté par
l'ordre des avocats qui demande le retrait de ce texte pour plusieurs motifs
dont l'un des principaux se trouve être : « le défaut de
concordance entre les versions française et anglaise du texte qui ne
peuvent que produire des interprétations et applications divergentes
d'une même loi, entrainant ainsi une aggravation de
l'insécurité juridique et judiciaire »24. Pour
Louis Marie Nkoum-Me-Ntseny, dans dynamique de positionnement anglophone et
libéralisation politique au Cameroun : de l?identité à
l?identification, au-delà des problèmes «
Bamiléké », « Kirdi », et « Béti
» qui ont été théorisés au Cameroun, il existe
un problème « anglophone » qui est non négligeable. Il
nous revient dans notre étude d'aborder les
généralités sur la « question anglophone » et
d'étudier les termes en lesquels se pose la question anglophone au
Cameroun.
I- GÉNÉRALITÉS SUR « LA QUESTION
ANGLOPHONE »
Pour appréhender « la question anglophone »
nous devons dans un premier temps comprendre l'origine de ce problème en
faisant un rappel historique. La compréhension de la perception de la
notion d'anglophone au Cameroun serait également un atout
indéniable dans cette optique.
22L'espace public au sens d'HABERMAS, la
catégorie idéale, typique et historique est celle de l'espace
public bourgeois.
23Le Messager, 8 mars 1993
24Propos de Ngnié Kamga, La Nouvelle Expression
n°4250 du vendredi 17 juin 2016, article projet de code pénal :
l'ordre des avocats demande le retrait du texte.
23
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
A- L'ORIGINE DE LA « QUESTION ANGLOPHONE » AU
CAMEROUN
Selon Michel Olinga25, les origines de la question
anglophone remontent jusqu'en 1911. Après avoir retiré de la
répartition qui devait s'effectuer la portion du « Neue Kamerun
» soit 275 000 km2 suite à la convention d'Agadir du 4
novembre 1911, la France et le Royaume-Uni optèrent pour le partage du
Cameroun le 4 février 1916, sans consulter la population
concernée, après la défaite de l'Allemagne
(installée depuis 1884 au Cameroun), à la première guerre
mondiale. La France s'octroie alors les 4/5 du territoire restant, soit 425.000
km2, tandis que le Royaume-Uni se contenta de 1/5, soit 53.000
km2. Ce partage entériné lors de la conférence
de paix de Versailles a eu comme conséquence : l'instauration de deux
systèmes coloniaux, de deux langues et de deux cultures dont la
sauvegarde et la concurrence des héritages est à l'origine de la
« question anglophone ». Pour Aboya Manassé
Endong26, c'est par deux (2) mandats du 20 juillet 1922 que la
Société des nations (SDN) avait divisé le Cameroun en deux
zones administrées respectivement par la France et le Royaume-Uni. En
application des options prévues dans les missions des colons,
l'indépendance de la partie francophone du Cameroun est proclamée
le 1er janvier 1960. Parallèlement, dans la résolution 1350
(XIII) du 13 mars 1959, l'assemblée générale des Nations
unies recommandait qu'en consultation avec un commissaire des Nations unies,
des plébiscites séparés soient organisés dans les
parties septentrionale et méridionale du Cameroun. C'est dans ce
contexte que survient l'idée d'un plébiscite dont l'issue devait
décider de la situation du Cameroun britannique. Louis Marie
Nkoum-Me-Ntseny ajoute que la résolution 1352 (XIV) du 16 octobre 1959
fixe la date du plébiscite au plus tard en mars 1961 et décide
des deux questions à poser au corps électoral : "souhaitez-vous
réaliser votre indépendance en rejoignant la
fédération indépendante du Nigéria", ou encore "en
rejoignant la République indépendante du Cameroun?". Les 11 et 12
février 1961, l'ONU organise séparément des
plébiscites sur les deux territoires du Cameroun britannique : le
Northern Cameroons et le Southern Cameroons. Des résultats
définitifs proclamés le 15 février 1961 suivant un
décompte séparé des suffrages, il ressort le choix des
populations du Northern Cameroons pour le rattachement à la
fédération nigériane tandis qu'au Southern Cameroons, le
choix pour le rattachement à la République du Cameroun
indépendant est acquis par 231 571 suffrages contre 97 741 pour le
25Olinga M, Aspects de la construction
nationale après les indépendances camerounaises : le désir
de sécession (1960-2009), Paris-Sorbonne, 2011.
26 Aboya Manassé Endong « Menaces
sécessionnistes sur l'Etat camerounais »,
www.monde-diplomatique.fr/...MANASSE/17281.
2002.
24
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
rattachement au Nigéria. Dans la suite logique des
choses, la Résolution 1608 (XV) du 21 avril 1961 prend acte des
résultats. Son article 4, alinéa 9 stipule que : « le
Cameroun septentrional s'unira à la Fédération du
Nigéria en tant que province séparée de la région
du nord du Nigéria ». Le dernier alinéa de l'article premier
de la loi n° 61-24 du 1er septembre 1961 stipule notamment que « les
ressortissants des Etats fédérés sont citoyens de la
République fédérale et possèdent la
nationalité camerounaise ». L'article 5 par contre invite "
l'Autorité de tutelle ainsi que les gouvernements du Southern Cameroons
et de la République du Cameroun à entamer d'urgence des
pourparlers afin de parachever avant le 1er Octobre 1961 les accords de mise en
oeuvre des politiques convenues et déclarées par les parties
intéressées en vue de l'union du Southern Cameroons et de la
République du Cameroun pour former une " République
Fédérale Unie du Cameroun ". Ainsi, la réunification a
lieu le 1er Octobre 1961. L'étatisation du Cameroun marquée par
la dynamique centralisatrice, faisant fi du multipartisme implicitement
souligné dans l'article 3 de la constitution et aboutit en 1966, suite
à une entente avec les trois formations politiques dominantes dont
principalement le KNDP, le CNPC, à la création du parti unique :
l'Union Nationale camerounaise (UNC). En 1972 survient l'unification,
c'est-à-dire la suppression de la fédération et la fin de
l'existence et de l'identité anglophone. Selon Enoh Meyomesse, dimanche
le 20 mai 1972, les camerounais ne découvrent dans les bureaux de vote
que deux types de bulletins : ceux portant la mention « oui » et ceux
portant la mention « yes ». Il n'y en a guère portant la
mention « non ». Résultat, les camerounais approuvent à
une majorité de 99% de « oui », l'abolition du
fédéralisme au Cameroun et le passage à l'Etat unitaire.
Par voie référendaire, le pays se dote d'une nouvelle
constitution, celle du 2 juin 1972. Dans son préambule, on peut lire que
: « Le Peuple camerounais, -Fier de sa diversité culturelle et
linguistique, élément de sa personnalité nationale qu'elle
contribue à enrichir, mais profondément conscient de la
nécessité impérieuse de parfaire son unité,
proclame solennellement qu'il constitue une seule et même nation,
engagée dans le même destin et affirme sa volonté
inébranlable de construire la patrie camerounaise sur la base de
l'idéal de fraternité, de justice et de progrès ».
Dans l'article premier, alinéa 3 on peut lire : « les langues
officielles de la République du Cameroun sont : le français et
l'anglais ». De façon claire et sur la base de la
réorganisation administrative du territoire, "le territoire du Cameroun
Occidental" cède la place aux provinces anglophones du Nord-Ouest et du
Sud-Ouest. Pour Piet Konings, la division des anglophones et la mise sur pied
d'un système répressif redoutable n'ont pas permis l'expression
des frustrations anglophones jusqu'en 1982. En
25
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
1983, le gouvernement de Paul Biya donne l'ordre de modifier
le GCE (General Certificate of Education) en y incluant le français
comme matière obligatoire, sans que l'anglais ne le soit pour le
baccalauréat francophone. Cette décision a
déclenché une grève des étudiants anglophones.
Louis Marie Nkoum-Me-Ntseny rajoute qu'en 1984, dans la loi n° 84/1 du 04
Février 1984 promulguée par le président de la
République Paul BIYA, la République Unie du Cameroun est
transformée en République du Cameroun. Cette transformation dans
l'appellation touche néanmoins la conscience et la mémoire
anglophone dans la mesure où le qualificatif " Unie " qui symbolisait
l'inscription historique de l'identité anglophone dans l'Etat unitaire
disparait. Selon Piet Konings, en 1985 un important avocat anglophone, Fon
Gorji Dinka, a été arrêté après avoir
déclaré anticonstitutionnel le régime Biya et
appelé à l'indépendance le Southern Cameroons,
rebaptisé République d'Ambazonie. La même année, les
élites anglophones ont souligné dans plusieurs documents la mise
à l'écart de l'élite anglophone du pouvoir politique. A
partir de 1986 souffle ce qui avait été appelé à
l'époque « le vent de l'Est27 » avec une
conjugaison de facteurs économiques et sociaux : la crise
économique, les injonctions du Fonds Monétaire International
(FMI) relatives à l'assainissement des finances publiques, le plan
d'ajustement structurel, les frondes estudiantines, les émeutes à
la prison centrale de Douala, l'affaire Yondo Black28etc. En 1989,
l'on assiste à la naissance du « Study Group 89 » dont les
travaux débutés en novembre 1989, vont déboucher sur la
rédaction des statuts du Social Democratic Front (SDF)29.
Toutefois, l'année 1990 marque le retour au multipartisme au Cameroun
avec la promulgation des lois numéro 90/052 du 18 décembre 1990,
sur les libertés et la communication sociale et numéro 90/053 du
19 décembre 1990, sur la liberté d'association. La frustration
des anglophones face à un Etat dominé par les francophones
aboutit à l'émergence du principal parti d'opposition le SDF
à Bamenda en 1990. Le 26 mai 1990, le retentissant rassemblement
inaugural du SDF s'est terminé par la mort de six jeunes anglophones
supposés tués par l'armée. Le gouvernement dégage
sa responsabilité et le Ministre de la communication de l'époque
Augustin Kontchou Komeni annonce « zéro mort ! ». Le 9 juin
1990, John Ngu Foncha démissionne de son poste de premier
vice-président du RDPC. Dans sa lettre de
27 Vent de changement venu de l'Est de l'Europe
ayant abouti à l'abolition du communisme et à l'avènement
de la démocratie. Le discours de François Mitterrand à la
Baule invite les Présidents africains à cultiver la
démocratie dans leurs Etats. Il précise que l'aide aux pays
africains sera conditionnée au degré de démocratie de ces
pays.
28Front pour les libertés avec
célestin Monga, Lapiro de Mbanga, Henriette Ekwe, Anicet Ekane, Njeukam
Tchameni
etc. et qui a abouti à l'arrestation
des protagonistes.
29 Social Democratic Front : principal parti
politique d'opposition au Cameroun, créé en 1990 et
présidé depuis sa création par John Fru Ndi.
26
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
démission il déclare : « The Anglophone
Cameroonians who I brought into Union have been ridiculed and referred to as
les Biafrais, les ennemis dans la maison, les traîtres etc. and
the constitutional provisions which protected this Anglophone minority have
been suppressed, their voice drowned while the rule of the gun replaced the
dialogue which the Anglophones that i cherish very much 30». En
1991, le SDF transforma la partie anglophone du Cameroun en foyer de
rébellion et de confrontation avec le pouvoir notamment pendant
l'opération « villes mortes ». Août 1991, 37 des 47
préfets, les trois quarts des directeurs et responsables des compagnies
paraétatiques du pays et 22 des 38 hauts fonctionnaires nommés au
cabinet du Premier ministre, étaient des Béti. Les anglophones
sont enclins à attribuer la crise économique à la
corruption et à la mauvaise gestion du régime Biya. Ils
prétendent que les revenus provenant des ressources
pétrolières sont plutôt utilisés par 1'Etat
dominé par les francophones pour « remplir les ventres » de
ses alliés ou pour stimuler l'économie de la région
francophone. La SONARA, la raffinerie de pétrole située à
proximité de Limbe, continue à être dirigée par un
francophone et est pourvue d'un personnel francophone. Les anglophones
craignent aussi que les principales entreprises situées dans la partie
anglophone, en l'occurrence : la CDC (Cameroon Development Corporation) et la
PAMOL, soient liquidées ou vendues à des francophones pendant la
crise économique et sous l'effet des programmes d'ajustement
structurels. 1992, élections présidentielles : John Fru Ndi
obtient 86,3% des suffrages exprimés dans le Nord-ouest et 51,6% dans le
Sud-ouest. Sa défaite finale, donne lieu à de violentes
protestations à Bamenda et dans le Nord-ouest du pays. Le régime
proclame l'Etat d'urgence dans cette province et assigne John Fru Ndi à
résidence. Les années qui vont suivre notamment 1993, verront
l'émergence des revendications sécessionnistes, menées par
des organisations identitaires comme le SCNC, SCAPO, FWCM, CAM, qui se
regroupent au sein du AAC (All Anglophone Congress). Ces groupes tentent de
faire entrer le Southern Cameroon au Commonwealth au détriment de la
République du Cameroun. Ils obtiennent cette année la
création d'un conseil national du GCE, examen typiquement britannique
que Yaoundé avait voulu supprimer. L'AAC a pour but d'adopter une
position anglophone commune au sujet de la réforme constitutionnelle. Du
2 au 3 avril 1993, plus de 5000 membres de l'élite anglophone se sont
rencontrés à Buéa. A l'issue de ces rencontres est
publiée la « déclaration de Buéa » qui expose
les nombreuses doléances des
30 Traduction : « Les camerounais anglophones
que j'ai emmenés dans l'union ont été ridiculisés
et traité de biafrais...et les dispositions constitutionnelles qui
protègent cette minorité anglophone ont été
supprimées, leur voix a été éteinte et la loi des
armes a remplacé le dialogue avec les anglophones que j'affectionne tant
»
27
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
anglophones au sujet de la domination francophone et en
appelle à un retour de 1'Etat fédéral. La
déclaration compare francophones et anglophones en termes simplistes :
« les méchants francophones sont solidaires pour opprimer les
pauvres anglophones pacifiques, ouverts au dialogue et soucieux de
liberté ». Octobre 1993 l'admission de la République du
Cameroun au Commonwealth est encore différée. Le 3
décembre 1993, l'AAC se prononce pour l'indépendance totale du
Southern Cameroons. Le 2 mai 1994, à l'issue de la deuxième
conférence des anglophones, la déclaration suivante est
publiée « si le gouvernement persiste dans son refus d'engager des
réformes constitutionnelles substantielles ou ne les réalise pas
dans un laps de temps raisonnable, elle proclamera l'indépendance du
Southern Cameroon en prenant toutes les mesures nécessaires afin de
défendre et de préserver la souveraineté et
l'intégrité territoriale de celui-ci ». Le 1er
novembre 1995, le Cameroun est admis au Commonwealth. Le 1er mars
1996 suite à la manifestation organisée à Limbé
contre la nomination de Délégués du Gouvernement en lieu
et place des maires élus, des pertes en vies humaines sont
déclarées. Le 30 décembre 1999, des inconnus se
réclamant du SCNC s'emparent brièvement des locaux de la
télévision nationale à Buéa et proclament, sur les
ondes, l'indépendance de leur Région. Le 8 janvier 2000, La
pression des séparatistes anglophones croît ; le drapeau
indépendantiste est symboliquement hissé à Limbé,
sur le Littoral. Le 1er octobre 2000 31 , de violents affrontements
opposent l'armée et les sécessionnistes anglophones du Nord-ouest
du Cameroun, notamment à Bamenda et à Kumbo. Contre l'avis des
autorités administratives, des manifestants envahissent les rues dans
ces deux (2) villes pour célébrer l'indépendance d'une
hypothétique République fédérale du Southern
Cameroon. Des coups de feu sont tirés et de nombreuses arrestations sont
effectuées. Toujours en l'an 2000, à travers une recommandation
faite par son Secrétaire Général de l'époque Kofi
Atta Annan, l'ONU invite les sécessionnistes au dialogue constructif
avec l'État camerounais et à transformer leurs organisations
sécessionnistes en partis politiques. En 2009, la Commission Africaine
des Droits de l'Homme et des Peuples (CADHP) invite l'État camerounais
à plus de justice, d'égalité sociale et communautaire
entre Francophones et Anglophones ainsi qu'à un dialogue constructif
avec le SCNC et la SCAPO au sujet d'éventuelles réformes
institutionnelles. D'autre part, la Commission invite les
sécessionnistes à abandonner leurs revendications. En 2014, du 18
au 20 février, c'est la célébration en grandes pompes
à Buea du cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
31Aboya Manassé Endong, « Menaces
sécessionnistes sur l'Etat camerounais », le monde
diplomatique, (2002).
28
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Seul bémol, nous avons commémoré avec
faste un évènement pour le moins historique, en accusant un
retard de trois ans. En effet, les festivités marquant le désir
de tous les Camerounais de vivre ensemble dans la République Unie du
Cameroun auraient dû mathématiquement avoir lieu en 2011. Le
1er octobre 2014, autres manifestations sécessionnistes dans
la Région du Nord-Ouest. Toujours en 2014, coup de théâtre
dans la Mezam Ier située dans le Nord-Ouest du pays, le 06 novembre 2014
: sept (7) membres du SCNC démissionnent et rejoignent les rangs du RDPC
à l'occasion du 32ème anniversaire de l'accession du Chef de
l'Etat à la Magistrature Suprême. L'opinion publique pense
à ce moment précis, soit à la mort programmée des
mouvements sécessionnistes soit à de la manipulation mais dans
quel but ? Le 18 mars 2015 à l'issue de la conférence des avocats
anglophones de Bamenda sur le thème : « le futur et la
sécurité de la Common Law au Cameroun », des
pétitions ont été rédigées faisant «
fléchir » selon les tabloïdes Laurent ESSO, Ministre de la
Justice et aboutissant à l'utilisation unique de la langue anglaise dans
les tribunaux de la zone anglophone. Les avocats de cette région
s'étaient donné la journée du 17 mars 2015 pour voir si
les plaidoyers dans les tribunaux du ressort du parquet général
allaient se faire encore en français. Eh bien non ! Bis repetita le 9
mai de la même année ; six cent avocats anglophones réunis
dans la salle des actes de la cathédrale métropolitaine St Joseph
de Big Makon exigent le retour au fédéralisme. Ils donnent six
mois aux pouvoirs publics pour se conformer à leur
désidérata avant de se pourvoir devant la Cour Suprême
siégeant comme Conseil Constitutionnel et promettant d'ester devant les
tribunaux internationaux au cas où cette juridiction rejette leur
requête. Deux jours plus tôt le 7 mai 2015, des militants du SCNC
accusés d'avoir fabriqué des explosifs sont mis aux arrêts.
Il s'agit de Che Clovis Nji et Walter Numvi arrêtés à
Bamenda et qui prétendaient préparer la riposte en cas de menace
de leur territoire par « l'annexionnisme » de la République du
Cameroun. Toujours au mois de mai 2015, grogne à la CRTV : Les
anglophones de la télévision nationale publique dénoncent
la discrimination. La pomme de discorde ici se trouve être l'âge de
départ à la retraite suite au refus d'accorder une prolongation
à Full Peter admis à faire valoir ses droits à la
retraite. Les journalistes de langue anglaise fustigent les prolongations
à tête-chercheuse du départ à la retraite dont
bénéficient les francophones. Le 27 novembre 2015 le
Sénateur Nfon Victor Mukete sort un livre qui fait grand bruit
intitulé mon odyssée : l?histoire de la Réunification
du Cameroun avec des correspondances authentiques des vrais artisans. La
cérémonie de dédicace de cet ouvrage a lieu au palais de
congrès de Bamenda. Pour le Chef Supérieur de Koumba, il ne fait
aucun doute que les anglophones sont marginalisés au
29
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Cameroun. Le 16 juin 2016, l'ordre des avocats demande le
retrait du projet de loi n°989/PJL/AN portant code pénal au
Cameroun pour défaut de concordance entre les versions françaises
et anglaises du texte, entre autres griefs. Le 18 juillet 2016, 20 membres
supposés du SCNC sont arrêtés à Buéa. Ils
préparaient selon des sources policières une manifestation
violente32. Et le 11 Octobre 2016 : grève des avocats
anglophones sous la bannière du Cameroon Common Law Lawyers. Ils ont
déserté les salles d'audiences dans les tribunaux des
régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays. Ils s'indignent contre
l'attitude du Gouvernement depuis que les avocats anglophones du Cameroun se
plaignent notamment de l'absence de version anglaise de certains textes nous
rapporte La Nouvelle Expression33.
B- LA PERCEPTION DE LA NOTION D'ANGLOPHONE AU CAMEROUN :
Selon le dictionnaire Larousse illustré de 2007, le
monde anglo-saxon est l'ensemble des pays dont l'organisation
socio-économique et la culture ont été fortement
influencées par la colonisation britannique et dont l'anglais est la
langue principale. Une personne Anglophone est celle-là qui parle
anglais. Cette définition ne correspond pas exactement à la
perception que les Camerounais ont de la notion d'anglophone. Pour l'homme de
la rue interrogé dans le cadre de notre recherche scientifique, un
anglophone au Cameroun est différent d'un francophone. Un anglophone au
sens camerounais du terme est une personne qui « cause » l'anglais.
Ici les personnes interrogées voient une différence entre «
causer » et parler l'anglais. Pour eux, l'anglophone « cause »
l'anglais comme son dialecte, au même titre que le « Bakweri
»34. Pour d'autres, un anglophone c'est une personne qui a
« la culture anglo-saxonne » des Régions du Nord-ouest et du
Sud-ouest du pays. Le profane camerounais estime que la culture de ces deux
Régions citées est différente de celle des autres
Régions du pays. Les anglophones seraient plus respectueux, plus soumis,
plus à cheval sur la discipline que les francophones. Les exemples
cités sont : ceux des écoles anglophones où les jeunes
filles ont les cheveux rasés comme les garçons et ceux des villes
anglophones où il y a moins d'immondices et de papiers qui trainent.
Nous pouvons ainsi établir une corrélation entre le
problème anglophone et la question juive au sens de Jean-Paul
Sartre35 cité plus haut qui estime que la haine des juifs
vise à valoriser la médiocrité et à créer
l'élite des médiocres. Pour un antisémite
(anti-anglophone), le juif (l'anglophone) est intelligent, il le méprise
donc
32Guardian Post, du Mardi 19 juillet 2016.
33 La Nouvelle Expression, N°4329, du
Mardi 11 octobre 2016 34Tribu du Sud-ouest Cameroun.
35 Nathan Weinstock, Le Sionisme contre
Israël, p. 19
30
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
ainsi que toutes ses autres vertus. La personne qui
déteste les juifs (ou les anglophones) est de ce fait un homme qui a
peur, non pas des juifs (ou des anglophones), mais de sa conscience, de sa
liberté, de ses instincts, de ses responsabilités, de la
solitude, du changement, de la société et du monde, de tout sauf
des juifs (ou des anglophones) : C'est un lâche. Maître Nico Halle
dans une interview accordée au journal The Post 36
ira même plus loin en ces termes : « The average Francophone
respects the Anglophone and doesn?t want to use the word fear; respects the
Anglophone for his honesty, for his intelligence, for his image...
»37 Tout cela est bien flatteur à l'égard des anglophones,
sauf que les personnes interrogées dans la rue ajoutent que « les
anglophones sont toujours à gauche », terme péjoratif qui
voudrait dire que les anglophones ont une manière qui leur est
particulière de voir les choses. Anicet Ekane, homme politique, nous
confiera au cours d'un entretien réalisé au siège du
MANIDEM, qu'un anglophone pour lui est « un camerounais qui a vécu
dans la zone anglophone ». Si cet homme politique sous-entend par le verbe
« a vécu », conjugué au passé composé, le
fait d'y avoir vécu dans le passé, les anglophones nés
récemment dans la zone anglophone ne sont-ils pas anglophones ? S'il
entend par là le fait de vivre dans la zone anglophone, ne seraient pas
anglophones ceux qui vivent en zone francophone ? Pour Louis Marie
Nkoum-Me-Ntseny « ...De toute évidence l'identité anglophone
est largement tributaire de la langue anglaise. Si la partition du Kamerun
allemand en 1916 entre la France et la Grande-Bretagne peut être
considérée comme l'élément fondateur de la
distinction anglophone/francophone, la colonisation britannique apparaît
par conséquent comme le vecteur de l'identité anglophone eu
égard à la dynamique d'identification et d'individualisation
qu'elle recelait. Elle est en effet à l'origine de l'inscription
historique, culturelle, linguistique, spatiale et même politique de
l'identité anglophone dans la géopolitique nationale. La question
essentielle demeure cependant celle du contenu de l'héritage culturel
anglophone, c'est-à-dire de la quintessence culturelle du camerounais
anglophone. Qu'est-ce qui a pu identifier l'anglophone de manière
spécifique et singulière comme Anglophone depuis la colonisation
britannique? Sa manière d'être, de vivre, de se comporter, de
parler, d'agir. Cela est-il le reflet évident de l'héritage
culturel britannique ? ». Anthony Ndi, dans Southern West Cameroon
Revisited, 1950-1972: « Unveiling Ineascapable Traps » ne
s'éloignera pas vraiment de ce postulat : il est d'avis que la «
marginalisation des
36 The Post, N°01506, du 21
février 2014
37 Traduction : « La majorité des
francophones a un profond respect pour l'anglophone pour ne pas utiliser terme
avoir peur. Elle le respecte pour son honnêteté, son intelligence
et son image ».
31
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
anglophones » de nos jours provient de la mauvaise foi
des francophones ou du moins du Président Ahidjo qui entendait
régner en véritable potentat sur le Cameroun, comme le faisaient
les puissances occidentales. Michel Olinga pense pour sa part que « les
termes francophone et anglophone ont, en sus du sens courant et standard qui
renvoie à l'usage de l'anglais, pour les Anglophones, et du
français, pour les Francophones, des acceptions qui relèvent
parfois plus de l'ethnique, de l'historique ou même du politique. Aussi,
n'est-il surprenant de rencontrer au Cameroun des personnes
présentées comme anglophones, mais ne s'exprimant pas
nécessairement en anglais ? ». En effet, pour ne pas revenir
à l'exemple des Professeurs Ngoh et Njeumah, il n'est pas rare de
rencontrer des anglophones naissant dans des familles francophones et vice
versa. Ce mixage est dû à la très forte
pénétration par les francophones du système
éducatif anglo-saxon au Cameroun dès le primaire ou le
collège ; ou encore leur fréquentation assidue des écoles
« bilingues », même si l'intellectuel anglophone Francis
Nyamnjoh qualifie le bilinguisme officiel camerounais de « bilinguisme
cosmétique38 ». Les anglophones quant à eux se
retrouvent très souvent,- certains diront par manque d'autres
alternatives, entrain de poursuivre leurs études dans les
universités francophones camerounaises. Deux universitaires au Cameroun
sont considérés et s'identifient eux même comme anglophones
: les professeurs Victor Ngoh et Njeumah. Pourtant le premier est « Eton
»39 et le second est « Bassa »40. Mono
Dzana a estimé lors d'un entretien que nous devons produire des Etats
qui s'inspirent de nos réalités. Lorsque la réalité
est aussi abstraite et difficile à cerner que la détermination de
la notion de « l'anglophone » au Cameroun, il devient compliquer de
s'en inspirer. Thomas Bissonhong met en exergue la logique de la refondation.
Pour lui nos références doivent dépasser le temps.
D'ailleurs au Cameroun, francophones et anglophones ont tous une tribu et un
dialecte qui leurs sont propres. D'où vient-il qu'on les identifie en
fonction de la langue officielle parlée ? La langue ne constitue donc
pas le noeud du problème. Anicet Ekane dira à ce sujet que pour
lui la question anglophone « est un problème vicié par
l'approche qui privilégie les cultures occidentales ». Se
reconnaitre anglophone au Cameroun apparait dans l'espace politique comme une
tentative de repli identitaire, de surenchère ou de chantage politique
basé sur l'appartenance à un
38Cameroon Post, Du 20 mai 1991
39 Tribu que l'on retrouve principalement dans la
Région du Centre-Cameroun dans les villes d'Obala, Saa,
Monatélé, Okola et qui appartient au grand groupe Fang
Béti.
40 Tribu autochtone de la ville de Douala que l'on
retrouve principalement dans les provinces du Centre et du Littoral et dont
l'un des cantons se retrouve dans le Ngondo Sawa.
32
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
groupe idéologique dans le but de
bénéficier de certaines pré bandes et d'un quelconque
positionnement politique au regard de l'équilibre tacite qui existe dans
le pays entre francophones et anglophones. De manière
générale, lorsque le Président de la République est
francophone, son Premier Ministre Chef du Gouvernement est anglophone. Dans les
entreprises parapubliques, la nomination d'un Directeur Général
francophone entraine fatalement celle d'un Directeur Général
Adjoint ou d'un PCA anglophone. Et Luc Sindjoun pense que « la
démarcation identitaire anglophone va conduire à la
déconstruction des mythes fondateurs de l'Etat unitaire tels que la
fête nationale du 20 Mai, l'unique étoile dorée du drapeau
national, etc. Même la dénomination de l'Etat
"République du Cameroun" est remise en cause parce que ne
traduisant pas l'existence de deux segments francophone et anglophone ayant
accepté de s'unir »41.
En clair, pour une certaine opinion au Cameroun, la question
anglophone au sens politique du terme résulte d'un ensemble de
frustrations qui émanent d'une frange de la population qui s'estime
lésée dans le partage du « gâteau national ».
Pourtant le problème selon certains chercheurs est ailleurs. Il s'agit
d'un problème ethnolinguistique, d'un problème historique, d'un
problème de construction de l'identité national, d'un
problème de relecture des textes fondateurs du mariage entre les deux
Cameroun de l'époque.
II- LES TERMES EN LESQUELS SE POSE LA « QUESTION
ANGLOPHONE » AU CAMEROUN:
Aboya Manassé Endong pense que « plus que jamais,
les anglophones de l'ancien condominium franco-anglais se considèrent
comme des citoyens de seconde zone, même si aucun texte officiel ne
consacre cette marginalisation...la « question anglophone » demeure
une épine dans un système politique verrouillé... ».
Pour Michel Olinga « la question anglophone...au Cameroun est aussi
d'ordre politique et institutionnelle ». Pour Louis-Marie Nkoum-Me-Ntseny
«... le message identitaire anglophone semble s'articuler autour de
l'auto-identification et du positionnement dans l'arène politique ou en
dehors de celle-ci... ». La « question anglophone » selon ces
auteurs se pose en termes de revendications politiques ou de repli
identitaire.
41 Sindjoun L, «
Identité nationale et révision constitutionnelle du 18
janvier 1996 : comment constitutionnalise-t-on le nous au Cameroun dans l?Etat
post-unitaire ? »Page 6
33
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
A- DISCRIMINATION :
Anye Fru Emmanuel dans sa thèse portant sur le
thème Issues of minority rights in the context of political
liberalization: The case of anglophone Cameroon, soutenue en 2008 à
l'Université de Witwatersrand voit dans le problème Anglophone au
Cameroun, un problème d'arithmétique politique. Il
écrit42 : « Anglophone Cameroonians make up about
30% of the Cameroonian population, but their participation in government has
never been more than 15%... »43. Michel Olinga corrobore
les propos de Anye Fru Emmanuel en ces termes : « Les griefs des membres
de la communauté anglophone portent tout autant sur la
représentativité des membres de cette communauté,
représentativité jugée alors à la fois insuffisante
et subalterne à celle des Francophones, autant sur le plan national que
dans les rapports du Cameroun avec l'étranger »44.
Franck Essi le Secrétaire Général du CPP interrogé
au siège de cette formation politique dans le cadre de notre recherche,
nous répondra sans ambages que « la question anglophone est un
ensemble de revendications politiques qui naissent du viol des accords
d'unification entre les deux Etats du Cameroun...c'est aussi un problème
culturel et un problème de répartition des richesses du pays...
». Pour Louis-Marie Nkoum-Me-Ntseny « le débat sur
l'identité anglophone en post-colonie se ramène finalement
à la question de savoir comment a été géré
l'héritage camerounais de la colonisation dans le cadre des relations
intercommunautaires qui se sont établies après la
réunification ». Piet Konings sera plus précis en ces termes
: « le problème anglophone a permis aux partisans du
régime d'accéder à des postes gouvernementaux
élevés, habituellement réservés aux seuls
francophones démentant les accusations de marginalisation des
anglophones et renforçant l'alliance hégémonique. En 1992,
Simon Achidi Achu du Nord-Ouest et Ephraïm Inoni du Sud-Ouest ont
été nommés respectivement Premier Ministre et
Secrétaire Général Adjoint de la Présidence de la
République... » 45. Cette position nous permet
d'envisager que sur le plan politique, les anglophones dans leur grande
majorité se sentent lésés dans la répartition du
pays. Cependant, certains anglophones ont contribué à rendre
caduques les revendications anglophones en bénéficiant ainsi de
certaines positions dans le gouvernement. C'est la raison
42 Anye Fru E, Issues of minority rights in the
context of political liberalization: The case of Anglophone Cameroon,
(2008), Page 38
43Traduction : « Les Anglophones au Cameroun
constituent 30% de la population, mais leur participation dans le gouvernement
n'a jamais été de plus de 15% »
44Olinga M, Aspects de la construction
nationale après les indépendances camerounaises : le désir
de sécession (1960-2009), Paris-Sorbonne, (2011), Page 30.
45Konings P, Le « problème anglophone
» au Cameroun dans les années 1990, Ocisca/Orstom, Page 33
34
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
pour laquelle l'avocat anglophone Nico Halle dans une
interview accordée au journal The Post 46 a
déclaré : « ...the Anglophone problem is the Anglophone.
That is the first problem...the Anglophones ought to have their place but they
opt to play second fiddle...»47. Le problème Anglophone
dans son essence est de ce fait un problème institutionnel et politique.
La question que l'on serait tenté de se poser serait de savoir si de nos
jours ce problème politique n'a pas pris une autre connotation ?
B- REPLI IDENTITAIRE :
Stephano Bartolini sur la question de la formation des
clivages estime que : « la structuration des clivages pourrait
résulter d'un processus historique spécifique qui prend place
uniquement au sein du type d'arène d'autorité qu'est
l'État «national», «démocratique»
territorialement et économiquement fermé » 48 . Toutes les
conditions d'un clivage francophone/anglophone sont réunies au Cameroun
selon Aboya Manassé Endong qui a écrit en 2002 dans le journal
Le monde diplomatique : « le Cameroun est un des principaux
partenaires de la « Françafrique ». Bien que potentiellement
riche, et faisant partie des Etats dits « à revenus
intermédiaires », le pays est en crise, son économie en
panne, ses élites sont défaites. Le président Paul Biya,
qui vient de fêter ses vingt ans au pouvoir, voit son autorité
contestée. En effet, la question anglophone demeure une épine
dans un système politique verrouillé, où une opposition
bridée et des sensibilités nouvelles, tentent de se
ménager un espace... »49. Les
sociétés clivées ont ceci de particulier qu'elles
aboutissent à des replis identitaires. Pour Luc Sindjoun : «
L'ethnie et la région apparaissent comme des lieux de prise de parole
sur la réforme constitutionnelle. En fait, le débat national
apparaît comme un "moment critique" dans le cadre duquel la
marque ethno-régionale donne droit à l'accès dans le champ
politique. C'est par rapport à l'Etat à travers le "large
débat national" que les identités ethno-régionales se
cristallisent, se construisent...Le quotidien gouvernemental, dont la
consultation s'inscrit dans la perspective de la prise au sérieux des
"opinions publiées" , présente les positions des
"populations du sud"50, de "la population de la
Menoua"51, des "Populations du Mbam et
46 The Post, N°01506, du 21 février
2014
47Traduction : « le problème de
l'anglophone c'est l'anglophone. Ça c'est le premier problème.
Les anglophones mériteraient d'avoir une place de choix dans la
société, mais ils ont opté pour jouer le second
rôle. »
48Bartolini S, la formation des clivages,
Revue internationale de politique comparée, De Boeck, page 14
49Aboya Manassé Endong, Menaces
sécessionnistes sur l'Etat camerounais, Le monde diplomatique,
(2002) 50Cameroon Tribune, N° 5389, du 3 Juin 1993, p.
3
35
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Inoubou et du Mbam et Kim"Ç des
"Elites de la Mefou Afamba"52, du "roi des Bamoun",
des "Elites de la province de l'Est"53, des
"élites du Littoral"54etc. »55 En nous
référant à ce propos, l'accès au champ politique au
Cameroun est subordonné à la constitution en groupe identitaire
pour la revendication d'une cause supposée commune. C'est dans cette
optique que les « anglophones » qui ont pourtant des ethnies bien
distinctes : Bakweri, Bayangui
etc. et des Régions
différentes : Nord-Ouest et Sud-Ouest se sont regroupés au sein
du vocable « anglophone » pour constituer un lobby ethnolinguistique
fort issu du clivage Francophone/anglophone qui existe dans le pays. D'ailleurs
la presse camerounaise relève à juste titre que l'on assiste
depuis quelque temps à un repli identitaire ethno-tribal
déguisé sous des formes culturelles avec des festivals comme le
ngùon chez les Bamoun, le Ngondo chez les Duala, le
Mbog lia'a chez les Bassa, la fête du coq chez les
Toupouri etc. Ce retour aux sources est l'émanation d'un certain agenda
caché selon les médias, visant à faire entendre le moment
venu une voix qui aurait du poids et permettrait de faire peser sur la balance
des revendications politiques.
En définitive, la « question anglophone »
remonte à l'année 1916 avec le partage du Cameroun en deux par
les colons français et anglais. L'unification en 1961 et la
réunification de 1972 n'ayant pas satisfait l'une des parties, la partie
anglophone, elle se sent lésée jusqu'aujourd'hui. En ce qui
concerne la montée des revendications identitaires, elle s'est
opérée au début des années 90 avec des groupes
irrédentistes tels que le SCNC ou la SCAPO. De nos jours, avec les
mutations et les unions civiles qu'a connues la société
camerounaise, la « question anglophone » ne se pose en termes de
sécession, mais en termes de revendications politiques et de repli
identitaire. Toutefois, la célébration du cinquantenaire de la
réunification qui a eu lieu en février 2014 dans la ville
historique de Buéa a permis de jeter un pavé dans la marre, bien
que la question demeure toujours lancinante dans les esprits et dans les
agendas des conférences de rédactions.
51Cameroon Tribune, N° 5389, du
3 Juin 1993, p. 4
52Cameroon Tribune, N° 5394, du 10 Juin
1993, pp. 2 - 3
53Cameroon Tribune, N° 5388, du 2 Juin
1993, p. 3
54Cameroon Tribune, N° 5365, du 27 Avril
1993
55Sindjoun L, « Identité
nationale et révision constitutionnelle du 18 janvier 1996 : comment
constitutionnalise-
t-on le nous au Cameroun dans l'Etat post-unitaire ?
» Page 4
CHAPITRE II :
LE CINQUANTENAIRE DE LA RÉUNIFICATION DU
CAMEROUN
36
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
37
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
La célébration du cinquantenaire de la
réunification en février 2014 est le point de départ de
notre recherche sur la médiatisation de la « question anglophone
». Une cérémonie qui a commémorée le
désir de vivre ensemble scellé en 1961 et renouvelé en
1972 par les francophones et les anglophones. Un moment hautement historique
qui a eu lieu dans la ville de Buéa elle aussi riche en histoire. Une
occasion idoine de balayer les bavures du passé, de réconcilier
la République du Cameroun avec son histoire, avec ses martyres, avec ses
héros et avec ses vieux démons notamment celui de la division.
Toutefois, cinquante années passées auraient logiquement dû
nous conduire à l'organisation de ces festivités
évocatoires au plus tard en 2011. Un retard de trois ans a de ce fait
été observé et la « question anglophone »
subsiste dans les médias camerounais. Peut-on parler d'une occasion
manquée ? D'un évènement à rééditer ?
À mieux penser ? L'intérêt de ce chapitre porte sur la
compréhension du déroulement du cinquantenaire de la
réunification et de sa symbolique pour mieux appréhender la
résurgence de ces revendications ethnolinguistiques dans les journaux
camerounais.
I- LES PRÉMICES DE LA RÉUNIFICATION DU
CAMEROUN
11 février 1961, sous l'égide des Nations unies
se déroule un plébiscite au cours duquel les populations du
Cameroun méridional et septentrional sont appelées à
répondre aux questions suivantes :- « Voulez-vous atteindre
l'indépendance par l'unification avec la fédération
indépendante du Nigéria ? » - « Voulez-vous atteindre
l'indépendance par l'unification avec la république
indépendante du Cameroun ? ». Le Cameroun méridional vota
avec 223 571 voix pour et 97 741 contre en faveur de l'unification avec la
République du Cameroun et le Cameroun septentrional opta avec 146 296
voix pour et 97 659 voix contre pour le rattachement au
Nigéria.56 Les principaux artisans de la réunification
en l'occurrence John Ngu Foncha et Ahmadou Ahidjo pour mettre en application ce
projet ambitieux prévu pour le 1er octobre 1961 ont
pensé à organiser la conférence de Foumban. Mais avant il
fallait au préalable passer par le consensus de Bamenda.
56Reunification, Hors-série, Cameroon
Tribune, 0ctobre 2011, page 68
38
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
A- LE CONSENSUS DE BAMENDA :
Du 26 au 28 juin 1961 une conférence est
organisée à Bamenda entre les représentants du Cameroun
méridional et ceux de la république du Cameroun pour
arrêter une constitution fédérale en prélude
à la conférence constitutionnelle de Foumban. Les sujets à
l'ordre du jour portent sur : la constitution, l'éducation, la justice,
les langues officielles etc. Il s'agit d'une conférence inter-partis
appelée « All Party Constitutional Conference »
convoquée par John Ngu Foncha afin que le Southern Cameroons ne se rende
pas en rangs dispersés à la conférence de Foumban. Les
leaders politiques anglophones renouvelèrent leur confiance à
Foncha qui était le Premier Ministre du Southern Cameroons. Ils
adoptèrent après consensus un projet de constitution
calqué sur le modèle anglo-saxon. Pour les anglophones, la
fédération à venir devra conserver une certaine forme
d'autonomie. Le Southern Cameroons assurera désormais l'ordre et la
sécurité sur son territoire. Les anglophones ne souhaitent pas
que l'armée de la république du Cameroun viole leur territoire
après le 1er octobre 1961.Foncha souhaite comme mesure
alternative, le maintien de la force britannique dans le Southern Cameroons
jusqu'à ce que cette partie du Cameroun soit capable de constituer une
force de police capable de contrôler cette partie du territoire. Une
proposition évidemment rejetée par les britanniques qui
n'envisagent même pas maintenir la moindre mission technique dans le
Cameroun occidental après la réunification. L'un des faits
majeurs à souligner au sortir de ce conciliabule de Bamenda s'est que
Foncha a omit de présenter aux différentes
délégations des partis politiques présents à cette
réunion, le projet de constitution rédigé par le pouvoir
central de Yaoundé et qui lui avait été remis par le
président Ahmadou Ahidjo au mois de mai 1961. Cette omission le
fragilisera plus tard dans son camp.57
B- LA CONFÉRENCE CONSTITUTIONNELLE DE FOUMBAN
:
Selon Daniel Abwa les raisons du choix de Foumban pour abriter
cette très importante conférence sont les suivantes : Le Noun est
un havre de paix, les relations entre le roi des Bamoun Njimoluh Seidou Njoya
et les deux principaux protagonistes Ahmadou Ahidjo et John Ngu Foncha sont
excellentes. Autres raisons : la région Bamiléké voisine
du Noun étant en trouble, Ahidjo veut démontrer qu'il tient bien
les reines de son pays. Le site de Foumban n'est pas facilement prenable
grâce aux murs qui entourent la ville et qui rendent de ce fait
57Reunification, Op.cit. page 77
39
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
impossible toute attaque surprise. De plus la ville de Foumban
est proche de Koutaba d'où les avions peuvent décoller à
tout moment en cas de danger. Dernier élément et non
négligeable, les Bamoun sont réputés chaleureux et la
beauté de leurs filles n'est plus à démontrer. D'ailleurs
durant les cinq jours qu'aura mis la conférence de Foumban du 17 au 21
juillet 1961 se succèderont de grandes réceptions tous les
jours.
Au cours de cette conférence les divergences de points
de vue entre le Cameroun oriental et occidental sont visibles. Amadou Ahidjo
souhaite que les deux entités forment un Etat unitaire centralisé
: la fédération n'étant qu'une étape devant
conduire à l'Etat unitaire. Foncha n'ayant pas obtenu de converger vers
une confédération envisage que les travaux aillent dans le sens
d'une fédération dans laquelle le Southern Cameroon
bénéficierait d'une autonomie relative. Le camp Foncha n'ayant
pas examiné le projet de constitution proposé par le pouvoir de
Yaoundé, suite à l'omission de Foncha lors du consensus de
Bamenda, le projet constitutionnel d'Ahidjo s'impose alors comme base des
discussions reléguant ainsi au second plan les conclusions de la
précédente conférence inter-partis des anglophones. Les
dates du 17, 18 et 19 juillet 1961 leurs sont accordées pour examiner le
projet de constitution qui leur a été présenté pour
la première fois à l'ouverture des travaux. Foncha est
fragilisé. Au finish c'est la fédération telle que
proposée par Ahmadou Ahidjo qui est validée avec comme principes
fondateurs : - un système fédéral avec deux Etats
fédérés, le Cameroun oriental ayant pour siège
Yaoundé et le Cameroun occidental dont le siège est Buéa.
La capitale de la république fédérale se trouve à
Yaoundé et le président du Cameroun oriental devient le
président fédéral, tandis que le premier ministre du
Cameroun occidental devient le vice-président fédéral.
À Les élections à l'assemblée nationale doivent
être différentes de celles à des assemblées des
Etats fédérés. Les élections du président de
la république fédérale doivent se faire au suffrage
universel par l'ensemble des populations des deux Etats. D'autres rencontres
sont prévues pour régler certains problèmes techniques
liés à la matérialisation des accords de Foumban.
Notamment au mois d'août à Yaoundé. Elles aboutissent
à la rédaction dans les détails et l'adoption par les deux
parties de la constitution du futur Etat du Cameroun.
II- LE DÉROULEMENT DU CINQUANTENAIRE DE LA
RÉUNIFICATION
Beaucoup d'incertitudes ont émaillé les
préparatifs de ce cinquantenaire de la réunification. Le lieu de
son organisation ? Le déroulement de cet évènement ? Ses
articulations ? La symbolique qui le caractérisera ? Les
festivités qui le couronneront ? La
40
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
présence ou non du Chef de l'Etat ? Le budget
alloué à cet évènement ? L'évocation ou non
des martyres du Cameroun pendant les festivités ? Etc.
A- LES PRÉPARATIFS DU CINQUANTENAIRE DE LA
RÉUNIFICATION :
Dans sa traditionnelle adresse à la nation du 31
décembre 2009, le Chef de l'Etat, son Excellence Paul Biya, a
annoncé la célébration des cinquantenaires de
l'indépendance et de la réunification en 2010. Plus tard, le 17
mai 2010 dans son message à l'occasion de la célébration
du cinquantenaire de l'indépendance, le Chef de l'Etat a
précisé sa pensée : « Mes chers compatriotes, le 31
décembre dernier, je vous ai annoncé que nous
célébrerions cette année le cinquantenaire de notre
indépendance, prélude à notre réunification et que
les commémorations trouveraient leur apothéose lors de notre
fête nationale ». 58 Toujours des incertitudes sur la
date exacte de la tenue de cet évènement. Ce qui emmène
Blaise Pascal Dassie, le rédacteur en chef du quotidien Le Messager
à s'interroger : « Pourquoi le cinquantenaire se
prépare-t-il à Douala ? »59. Qu'à cela ne
tienne, Bernard Okalia Bilai nous rassure tout de même dans une interview
datant du 27 mai 2013 sur le fait que tous les chantiers du cinquantenaire ou
presque, sont exécutés et prêts. 60 L'on peut
observer la construction d'une nouvelle tribune, de nouveaux hôtels :
notamment celui dédié à la réunification, la
réfection et la matérialisation des routes, la construction du
monument du cinquantenaire etc. De mile 17, à Buéa Town, ou
Bokwango, en passant par Bondoma, Great Soppo, Clerks Quater, Guinness Street,
Long Street, Buea Station, Federal Quarter, la ville a fière allure
témoignent des riverains dans le quotidien Le Messager.
D'ailleurs tous les observateurs sont unanimes sur le fait que la ville de
Buéa a connu une grande mue et le cinquantenaire se déroulera
finalement bel et bien à cet endroit. Mais Après l'annonce dans
le Cameroon Tribune de la date de célébration du cinquantenaire
de la réunification prévu les 17, 18, 19 et 20 février
2014 ainsi que la communication du programme officiel des
cérémonies qui meubleront cet évènement, des
interrogations persistent en pays anglophone sur la capacité de cette
célébration à répondre à toutes les attentes
des populations anglophones. Dans un article intitulé : «
Buéa entre espoir et résignation »61, Joseph
Olinga met en exergue les inquiétudes d'un habitant de la ville de
Buéa interviewé dans la rue en ces
58Idem, page 135
59Le Messager, N°3992, Du
mercredi 8 Janvier 2014. 60Le Messager,
N°3996, Du mardi 14 Janvier 2014. 61Le
Messager, N°3996, Op.cit. Page 2
41
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
termes : «...Du reste cet interlocuteur reste dubitatif
sur la prise en compte de la question anglophone au lendemain d'une
commémoration qui sera personnellement présidée par le
Président de la République... ». Plus loin dans le
même article, Joseph Olinga ajoutera : « ...une question d'honneur
agite certains habitants de la région parmi les moins excessifs. Une
occasion dit-on ici de démontrer que les anglophones ne sont pas les
faire-valoir de la République... ». Le sentiment
général qui anime les citadins de Buéa au moment des
préparatifs du cinquantenaire de la réunification selon les
journaux est un sentiment de fierté de voir leur ville connaitre un
profond embellissement, mais également un sentiment de suspicion
à l'égard du pouvoir central de Yaoundé qui pourrait rater
le coach et éluder des problèmes essentiels. Le journal
anglophone The Post publie dans sa sous-tribune : « address
Anglophone Problem before it Boils over »62. Le journaliste
Yerima Kini Nsom réalise une interview de l'avocat Christopher Nsom qui
s'exprime sur le cinquantenaire de la réunification en parlant du
malaise Anglophone au Cameroun et en faisant le parallèle avec la
République centrafricaine où le Président Bozize qui n'a
pas respecté ses accords avec la séléka a vu
prospérer dans son pays une rébellion armée :«
...First of all, there is no small problem...this celebration is limited
because there is no equal regional integration as well as territorial
developments. Most Anglophone regions are not really developed in relation to
the francophone regions...in the case of Cameroon; there is the minority
problem which is the Anglophone problem. There exists a high level of
marginalization of Anglophones within the economy. There are over six million
of Anglophones in the country and only two ministerial positions have been
given to them, that is, the Ministry of Forestry and wildlife and the Ministry
of Arts and Culture...at the central African republic, you will notice that the
problem started with Francois Bozize dishonoured the accord he signed with the
Seleka rebels which had ten clauses. They got angry and stared moving towards
the capital Bangui which led to the rebellion...There are many Anglophone
pressure groups in Cameroon struggling for the Anglophone
problem...»63.
62The Post, Du lundi 03 février
2014.
63 Traduction « premièrement il n'y
a pas de petit problème ? Cette célébration est
limitée parce qu'il n'y a pas d'égalité dans
l'intégration régionale ainsi que dans le développement
territorial. Les régions anglophones comparées aux régions
francophones ne sont pas développées...dans le cas du Cameroun.
Il existe un problème de minorité et c'est le problème
anglophone. Il existe un haut degré de marginalisation des anglophones
au plan économique. Il y a environ 6 millions d'anglophones au Cameroun
et seulement 2 portefeuilles ministériels leurs sont accordés,
qui sont, le ministère de la forêt et de la faune et le
ministère des arts et de la culture...En République
centrafricaine vous remarquerez que tout a commencé avec François
Bozize qui a désavoué les
42
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
B- LES FESTIVITÉS DU CINQUANTENAIRE DE LA
RÉUNIFICATION :
Cameroon Tribune nous informe de ce que tout a
commencé à Buéa le 16 février 2014 en
après-midi, par une célébration inter-religieuse. Le
comité d'organisation dont le PCO est le Directeur du cabinet civil de
la Présidence de la République, Martin Bélinga Eboutou a
choisi cette formule pour baliser le chemin de la paix, de la tolérance
et de l'unité dans la diversité. L'évêque du
diocèse de Buéa Immanuel Bushu a indiqué dans son
homélie que le sens de cette action de grâce est de dire merci
à Dieu pour les bienfaits abondants octroyés à notre pays
le Cameroun. Pour aller dans ce sens, le journaliste Essama Essomba signe un
reportage intitulé « une prière en guise de coup d'envoi
»64. L'envoyé spécial à Buéa de
Cameroon Tribune écrit: « ...ils ont imploré Dieu
très haut et très grand en chantant des sourates, afin qu'il
continue à protéger notre pays des maux de la division ».
Le 17 février 2014 a eu lieu à
l'amphithéâtre 750 de l'université de Buéa, le grand
colloque de Buéa sous le thème : « de la
réunification à l'intégration : 50 ans de construction
nationale ». Ledit colloque a été ouvert par le Premier
Ministre Philémon Yang et les travaux ont été
dirigés par le Ministre Fame Ndongo de l'enseignement supérieur.
Le quotidien Cameroon Tribune nous rapporte que la parole a
été donnée à 27 personnalités de la classe
politique nationale, du monde universitaire, des confessions religieuses, des
chefferies traditionnelles etc. Trois sous-thèmes ont été
abordés : le premier : l'unité nationale mythe ou
réalité ? Le deuxième : la dynamique intégrative
après 50 ans de réunification. Le troisième : la dynamique
de convergence entre les deux sous-systèmes éducatifs francophone
et anglophone. Philémon Yang a ouvert les travaux en rappelant que le
processus d'indépendance et de réunification du Cameroun est
irréversible, tout comme celui de l'unité et de
l'intégration nationale. Mais, durant les échanges, Jacques Fame
Ndongo a expliqué à tous les participants, en langue anglaise
qu'il n'y a pas de sujet tabou. La parole étant libre, l'enseignant
d'université Daniel Abwa en revisitant le processus historique depuis la
colonisation allemande jusqu'à nos jours, soutient que l'unité du
Cameroun n'est pas un mythe. Son collègue anglophone, Fanso Werfijika
avance que sans la prise en compte de certaines réalités et
droits pour l'égalité, cette unité demeure un mythe. Njoh
Litumbe dont la
accords signés avec les rebelles de la
Séléka qui s'articulaient autour de 10 points. La situation s'est
envenimée et ils se sont mis en route vers la capitale Bangui où
s'en est suivie une guerre civile...Il y a beaucoup de groupes de pression
anglophone au Cameroun qui s'intéresse au problème anglophone
»
64Cameroon Tribune, Du lundi 17
février 2014
43
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
thèse demeure qu'il n'y a pas eu mariage entre les deux
Cameroun, évoque le « problème anglophone » et propose
éventuellement un dialogue avec le SCNC. Sur cette question le PM a
été clair : « qu?il crée un parti politique et
dans ce cadre, comme tous les partis légalisés, dialogue avec les
pouvoirs publics ».
Un fait marquant et significatif de ce cinquantenaire,
l'arrivée du Président de la République Paul Biya
accompagné de son épouse à l'aéroport de Tiko
annoncée dans un communiqué signé du DCC le 17
février 2014 : « Monsieur le président de la
République, son excellence Paul Biya, en compagnie de son épouse
Madame Chantal Biya, effectuera dès le mardi 18 février 2014, une
visite officielle dans la région du Sud-Ouest, où il
présidera les manifestations du cinquantenaire de la
réunification du Cameroun ». Une arrivée triomphale en
hélicoptère à Tiko, qui vient bousculer le programme de
ces festivités et imposer au Cameroon Tribune journal
pro-gouvernemental de publier le nouveau programme des festivités. Le CT
n'en finit plus avec sa titraille pour magnifier cette arrivée : «
Paul Biya à Buéa ce jour »65, « Le Chef de
l'Etat en visite officielle à Buéa »66,«
Tiko comme en 1961 », « Liesse populaire au pied du mont Cameroun
»,« Tiko Airport : Where Reunification begins ».Sur le tarmac de
l'aéroport de Tiko, une foule en liesse mais surtout deux enfants : la
petite Ada Elisabeth Ngongi, élève à l'école
anglophone Kingston School de Buéa et le petit Ngono Bikanga de
l'école francophone de Buéa, qui remettent chacun à son
tour un bouquet de fleur, respectivement au président de la
République et à la première dame, Chantal Biya.
Plus tôt ce 18 février 2014 a eu lieu dès
7h30, la marche de la réunification dans toutes les 10 régions du
Cameroun. Ensuite place a été laissée en soirée
à un spectacle riche en son et lumière intitulé : «
la marche en avant » et mettant en scène les fresques historiques
du Cameroun. Un vibrant hommage a été rendu aux héros de
l'indépendance et de la réunification du Cameroun. Des
séquences laissant apparaitre des images avec des personnages
historiques tels que Um Nyobe, André Marie Mbida, Ahmadou Ahidjo,
Ossende Afana, Félix Moumié, Ernest Ouandjié, John Ngu
Foncha, Chief Endeley, Madola, Egbe Tabi, Ngom Jua, Salomon Tandem Muna ont
été mises en exergue. Le 19 février 2014, le monument des
cinquantenaires a été inauguré en matinée. En fin
d'après-midi a eu lieu l'ouverture solennelle de la retraite aux
flambeaux, suivi en début de soirée de l'ouverture du
65Cameroon Tribune, Du mardi 18
février 2014 66Idem, Page 3
44
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
feu de camp par les scouts en prélude à la
grande soirée culturelle à laquelle ont pris part des artistes
musiciens et des humoristes. Et puis le 20 février 2014,
cérémonie protocolaire marquant le cinquantenaire de la
réunification à la place des fêtes de Buéa. Pendant
son discours de circonstance à la nation, Paul Biya a rendu hommage aux
artisans de l'indépendance et de la réunification. Le Chef de
l'Etat a salué la marche héroïque vers la
réunification, la construction de l'Etat du Cameroun, souligné ce
qui a été fait en matière d'éducation,
d'infrastructure de transport, d'industrialisation et dans le secteur de la
santé. Le président de la république a dressé le
bilan des évolutions du Cameroun de la période de
l'indépendance jusqu'à nos jours et évoqué les
perspectives d'avenir.
Pour bon nombre d'observateurs, la réconciliation n'a
pas eu lieu pendant le cinquantenaire de la réunification. L'on s'est
limité aux festivités sans poser des actes forts allant dans le
sens du dialogue constructif, de l'apaisement, de la réparation d'un
préjudice historique, bien que le débat sur la question
anglophone ait été évoqué lors des travaux en
plénière pendant le colloque.
CHAPITRE III : STRATÉGIES DE CONSTRUCTION
DE LA « QUESTION ANGLOPHONE » DANS LES JOURNAUX
CAMEROUNAIS
45
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
46
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
La « question anglophone » comme tous les autres
questionnements sociaux, pour apparaitre dans le paysage médiatique
camerounais doit préalablement faire l'objet d'une construction. Les
journaux sont avant tout des entreprises de presse. Ils mettent en oeuvre des
politiques de captation de l'audience pour traiter d'une information dans leurs
colonnes. Ces manoeuvres ont un triple objectif : premièrement sur un
plan purement professionnel, il est question de traiter de manière
optimale le sujet dans le but d'en ressortir les pourtours et les contours ;
deuxièmement sur un plan économique, le traitement de
l'information doit accrocher le « lecteur de Une 67» au
point de le pousser à acheter le journal, à le lire et à
le faire lire. Troisièmement sur un plan éthique et
déontologique, le ton donné aux articles à paraitre, doit
respecter la ligne éditoriale du journal. C'est à ce triptyque
que se greffent les autres éléments qui participent de la
médiatisation d'une information dans la presse. Dans cette partie
liminaire, il sera question d'étudier les opérations qui
concourent à la mise en page et à la mise en discours de la
« question anglophone » pendant la célébration du
cinquantenaire. Nous allons distinguer trois étapes précises : la
période pré cinquantenaire, la période du cinquantenaire
et la période post cinquantenaire, pour étudier le traitement de
la « question anglophone ». Ces étapes nous permettront
d'analyser les trois journaux de notre corpus dans le but de savoir comment ils
traitent de la « question anglophone », de vérifier s'ils
respectent la distance minimale du discours informatif par rapport à
l'information en fonction de leur périodicité. A travers les
sources, l'étude des stratégies de langage et les
différents genres journalistiques utilisés, nous pourrons
comprendre le processus de médiatisation de la « question
anglophone » au Cameroun. Nous veillerons à bien faire la
différence entre la mise en récit de la « question
anglophone » dans la presse écrite avant, pendant et après
le cinquantenaire de la réunification.
I- MANOEUVRES DE CAPTATION DE L'AUDIENCE DES JOURNAUX :
A- MISE EN PAGE ET ANGLES DE TRAITEMENT :
Selon Blaise Pascal Dassie REC du quotidien Le
Messager, depuis les salles de rédactions, les rédacteurs en
chef donnent des consignes aux journalistes concernant les
67Surnom donné à ces camerounais qui
s'entassent devant les kiosques à journaux et lisent les unes des
tabloïdes sans les acheter. Ils ont pratiquement développé
au Cameroun un nouveau type d'espace public au sens d'Oskar Negt.
47
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
angles de traitement à aborder avant d'aller sur le
terrain collecter les éléments. La mise en page participe d'une
stratégie globale de construction d'un évènement.
1- La mise en page :
- Dans le quotidien Le Messager :
Le quotidien Le Messager qui possède 12 pages
a écrit 29 articles sur le cinquantenaire de la réunification. Ce
journal commence à traiter du cinquantenaire le mardi 8 janvier 2014 en
page 7 et cet évènement a progressé dans la pagination
dudit journal pour se retrouver à la page 2. La « question
anglophone » quant à elle est évoquée dans Le
Messager par Joseph Olinga, dans un reportage avant le cinquantenaire, le
mardi 14 janvier 2014 en page 2 ligne 40 dans l'article intitulé :
« Buéa entre espoir et résignation ». L'auteur
écrit parlant d'un riverain interrogé dans la rue :
«...Du reste cet interlocuteur reste dubitatif sur la prise en compte
de la question anglophone au lendemain d'une commémoration qui sera
personnellement présidée par le Président de la
République... » A la ligne 60 Joseph Olinga écrit :
« ...une question d'honneur agite certains habitants de la
région parmi les moins excessifs. Une occasion dit-on ici de
démontrer que les anglophones ne sont pas les faire-valoir de la
République... ». Pendant le cinquantenaire de la
réunification, Blaise-Pascal Dassie dans son billet d'humeur du vendredi
21 février 2014 en page 5 ligne 12 intitulé : « Fru Ndi
tance Paul Biya » cite le chairman en ces termes : « ...en
faisant une étude comparative dites au moins combien d'anglophones sont
dans le comité d'organisation". » Pour lui, il ne faut pas se
voiler la face, les anglophones ne sont pas contents. A ce moment le
problème anglophone est posé par Le Messager de
manière subtile. En page 7 du même journal, Valgandine Tonga
rapporte des propos recueillis auprès de Jean De Dieu Momo
Président du PADDEC : « ...vous devez vous souvenir qu'il y
avait une période où on célébrait une
journée dite de deuil national parce qu'une partie du Cameroun à
l'indépendance avait été rattachée au Nigeria lors
d'un référendum organisé par les Nations unies. Je l'ai
toujours condamné car il n'y avait pas lieu de référendum.
On devait nous restituer notre nation comme on l'avait prise pour la confier
aux français et aux anglais. Le passé c'est le passé. Une
partie avait été rattachée au Nigeria nous le regrettons
encore aujourd'hui. La partie qui a été rattachée au
Cameroun doit être célébrée... » En page
8, Edouard Kingue dans sa chronique intitulée : « lettre ouverte
à mon frère de l'outre Mungo » écrit dans son chapeau
: « ...en nous partageant entre les puissances colonisatrices, on nous
a séparés, tailladant à l'équerre
48
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
et au compas dans la chair, un peuple dont les morceaux
éparses se recollent douloureusement au gré des
conférences, référendum, décrets, cinquantenaires
et discours. Mais qui indemnisera ces masses dont les plaies identitaires mal
couturées laissent transparaitre des cicatrices
indélébiles ? ». A la ligne 5 Edouard Kingue
écrit : « ...pourquoi une réunification sans
unité linguistique ? Parce que la société des nations
ancêtre de l'ONU avait favorisé notre désintégration
en deux blocs politiques distincts ». Après le cinquantenaire,
lundi le 24 février 2014, Le Messager publie son premier titre
laissant transparaitre la question anglophone en page 5 : « Buéa
sans mémoire : la réconciliation n'a pas eu lieu ». Dans son
analyse, Edouard Kingue écrit : « ...ni John Ngu Foncha, qui
lutta pour la réunification des deux Cameroun, ni tant d'autres
oubliés de l'histoire, qui favorisèrent le oui' au
référendum devant consacrer le rattachement du Cameroun
britannique à la République du Cameroun ...n'ont
été cités...». Jeudi le 27 février en
page 4 la « question anglophone » est évoquée par Marie
Louise Mamgue dans son compte rendu intitulé : « Le MANIDEM
décrie la mystification de l'histoire du Cameroun » ; elle
écrit : « ...pour permettre aux camerounais quelles que soit
leur origine géographique objectivement lésés d'occuper la
place qui leur revient de droit à travers un dialogue de
vérité et de réconciliation, pour permettre aux
camerounais de toutes les régions sans épithètes
linguistique importées de jouir d'un développement
endogène, juste et équilibré de notre nation.- De ce
fait le parti d'Anicet Ekane penche pour une véritable
réunification qui éloignera de facto toute idée de
sécession et de memoranda régionaliste et sectaire ».
Lundi le 11 mai 2015, Le Messager titre dans sa tribune : «
revendication : les avocats anglophones du Common Law exigent le retour au
fédéralisme ». Ça y est, nous sommes rentrés
au coeur même du problème anglophone. En page 3 de son compte
rendu, Donat Suffo retranscrit les propos des avocats en ces termes : «
Nous avons observé avec amertume, le manque de protection des droits
des minorités, je veux dire de la minorité anglophone au
Cameroun,...par conséquent pour une meilleure protection des droits des
minorités anglophones au Cameroun et leur héritage culturel, nous
exigeons avec énergie la fédération...ils ont
dénoncé la dernière décision du conseil
supérieur de la magistrature, qui a affecté les magistrats
d'expression française dans les tribunaux et cours des deux
régions anglophones et partant la présentation par ces derniers
de leurs conclusions en langue de Molière...les formations dans ce
système doivent être en anglais de la maternelle, jusque dans la
vie professionnelle... ». Le Messager du vendredi 22 mai
2015 titre dans son oreille de Une: « 20 mai 1972 : un coup de force de
Ahidjo » et publie de la page 5 à la page 7 une
49
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
analyse de l'écrivain et homme politique Enow Meyomesse
: « ...les camerounais anglophones pourraient être tentés
par la même expérience au cas où il serait entamé
l'exploitation du pétrole gisant sous leurs pieds. Seule solution : les
museler. Comment ? En abolissant le fédéralisme et en passant
à un Etat unique...Les anglophones viennent avec la complicité de
l'un des leurs, John Ngu Foncha, s'engouffrer dans cette tyrannie
naissante...Ahidjo ne demande qu'une chose à ses interlocuteurs
anglophones, c'est d'adhérer purement et simplement à la
constitution de la République du Cameroun votée par
référendum truqué le 21 février 1960...la politique
d'Ahidjo consistera à neutraliser le pouvoir politique de la
communauté anglophone, au sein de l'Etat du Cameroun. C'est ainsi qu'il
retire à Foncha le poste de Premier Ministre du Cameroun occidental en
1965, au profit de Salomon Tandem Muna...Mbida, Mayi Matip, Eyidi Bebey et
Okala ont publiés le 16 juin 1962 une lettre ouverte où l'on peut
lire...l'unité nationale telle qu'elle est définit est un mythe
et ce mythe frise l'utopie...Dimanche le 20 mai 1972, les camerounais ne
découvrent dans les bureaux de vote que deux types de bulletins ceux
portant la mention 'oui' et ceux portant la mention 'yes'. Il n'y en a
guère portant la mention 'non'...la grande conséquence de ce coup
de force d'Ahmadou Ahidjo a été la colère de la
communauté anglophone sur le moment et peu de temps après la
naissance du SCNC... ». Le mercredi 27 mai 2015 en page 3, Le
Messager touche du doigt la discrimination dont est victime la
communauté anglophone de la CRTV en ce qui concerne l'âge de
départ à la retraite avec ce titre : « CRTV : les
anglophones dénoncent la discrimination » dans un commentaire
signé Souley Onohiolo. Jeudi le 1er octobre 2015 en page 3
avec le titre : « la réunification du Cameroun dans les oubliettes
», Alain Njipou écrit au sujet de la « question anglophone
» : « ...depuis les revendications irrédentistes du
Southern Cameroun National Council (SCNC), il n'y a que la partie anglophone
qui se met en ordre de bataille, non pas pour commémorer mais bien plus,
pour exiger l'indépendance du Cameroun occidental... ». Lundi
le 30 novembre 2015, Donat Suffo en faisant le compte rendu de l'ouvrage de
Victor Mukete écrit en page 2 : « marginalisation des anglophones :
le sénateur Nfon Victor Mukete met le régime en garde ».
- Dans le quotidien Cameroon Tribune
:
Cameroon Tribune le quotidien à capitaux
public de 32 pages ouvre le chapitre cinquantenaire de la réunification
lundi 27 janvier 2014 en page 5 dans la rubrique politique avec un mini dossier
« préparatifs » comprenant un avant-papier, une brève
et une interview. Le journal de Marie Claire Nnana a écrit 74 articles
sur les festivités du cinquantenaire en
50
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
2014. Au moment où le cinquantenaire de la
réunification du Cameroun fait l'actualité, CT lui consacre ses
pages 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 et 11 mais en dehors du cadre de
l'actualité Cameroon Tribune octroie la page 5 au
cinquantenaire de la réunification lorsqu'il décide d'en parler.
Concernant la « question anglophone », CT commence à
l'évoquer avec subtilité dans ses colonnes, avant le lancement
des cérémonies marquant le cinquantenaire de la
réunification, lundi le 17 février 2014 en page 2 dans le
reportage de Essama Essomba intitulé « une prière en guise
de coup d'envoi ». L'envoyé spécial à Buéa
écrit à la ligne 83 : « ...ils ont imploré Dieu
très haut et très grand en chantant des sourates, afin qu'il
continue à protéger notre pays des maux de la division
». Pendant le cinquantenaire, mardi 18 février 2014 Essama
Essomba dans son article « consensus sur l'unité nationale »
parut en page 3 évoque de manière un peu plus évidente la
« question anglophone » à la ligne 28 : « ...Jacques
Fame Ndongo a expliqué à tous les participants, en anglais qu'il
n'y a pas de sujet tabou... » À la ligne 35 «
...Philemon Yang a ouvert les travaux en rappelant que le processus
d'indépendance et de réunification du Cameroun est
irréversible, tout comme celui de l'unité et de
l'intégration nationale... ». A la ligne 56 Essama Essomba
écrit : « ...son collègue Fanso Werfijika avance que
sans la prise en compte de certaines réalités et droits pour
l'égalité, cette unité demeure un mythe... », et
à la ligne 83 le problème anglophone commence à être
posé clairement « ...à l'exception de Njoh Litumbe dont
la thèse demeure qu'il n'y a pas eu mariage entre les deux
Cameroun... En répondant à une question sur un
éventuel dialogue avec le SCNC, le PM a été clair :
qu'il crée un parti politique et dans ce cadre, comme tous les
partis légalisés, il y a dialogue avec les pouvoirs publics
». Nkendem Forbinake dans son article « A long Day to revisit
the Reunification Trail » paru en page 4 écrit à la ligne 57
« ...political activist Njoh Litumbe, 87, who argued emphatically that
the union between Southern Cameroons and the then République
du Cameroun' had no legal basis because of the absence of attesting documents
at the United Nations Secretariat in New York...» et à la
ligne 75 «...Tala Kashim Ibrahim talked of the abundance of Anglophone
literature whose principal themes are almost always about the marginalization
of the Anglophone minority »68. A ce moment précis
le mot «marginalisation» concernant la minorité Anglophone est
lâché mais alors en anglais pas en français :
subtilité du CT. En pied de page du même journal, dans les
réactions recueillies par Nkeze Mbonwoh et Jean Francis Belibi, le
journal publie les propos de Chief Samson Abangma : « ...the
colloquium has produced
68 Traduction : « Tala Kashim Ibrahim a
parlé de l'abondante littérature Anglophone dont le principal
thème tourne toujours autour de la marginalisation de la minorité
Anglophone ».
51
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
greater hope for some of the questions tha thad remained
silent ». Une fois de plus allusion est faite au problème
anglophone. Après la célébration du cinquantenaire de la
réunification c'est finalement Marie Claire Nnana la Directrice de
publication qui prendra sur elle d'évoquer sans ambages le
problème anglophone. Dans son éditorial intitulé : «
Unis, décrocher l'avenir » paru dans le Cameroon Tribune
du lundi 24 février 2014 en page 3, la Directrice de Publication
écrira : « ...ainsi à la question y-a-t' il
un problème anglophone ?' au lieu de s'échiner à prouver
qu'il n'en existe pas, il convient plutôt de considérer que
dès lors que les perceptions suggèrent que oui, il devient urgent
de dialoguer, de poser des actes au besoin... »
- Dans le journal The Post :
The Post est un journal anglo-saxon de 12 pages qui
commence sa saga sur le cinquantenaire de la réunification lundi 03
février 2014 en page 2. The Post commettra 34 articles sur le
cinquantenaire. Au moment où le cinquantenaire fait
l'actualité The Post lui consacre en moyenne 6 pages. Hors
actualité, une seule page est réservée au traitement du
cinquantenaire qui est généralement placé en page 2. Avant
la célébration du cinquantenaire de la réunification,
lundi 3 février 2014, The Post dans sa sous-tribune, titre
« address Anglophone Problem before it Boils over ». En page 5 de
l'interview réalisée par Yerima Kini Nsom, Christopher Nsom
s'exprime sur la «question Anglophone» « ...First of all,
there is no small problem...this celebration is limited because there is no
equal regional integration as well as territorial developments. Most Anglophone
regions are not really developed in relation to the francophone regions...in
the case of Cameroon, there is the minority problem which is the Anglophone
problem. There exits a high level of marginalization of Anglophones within the
economy. There are over six million of Anglophones in the country and only two
ministerial positions have been given to them, that is, the Ministry of
Forestry and wildlife and the Ministry of Arts and Culture...at the central
African republic, you will notice that the problem started with Francois Bozize
dishonoured the accord he signed with the Seleka rebels which had ten clauses.
They got angry and stared moving towards the capital Bangui which led to the
rebellion...There are many Anglophone pressure groups in Cameroon struggling
for the Anglophone problem...». Pendant le Cinquantenaire, en page 5
le journal Anglophone publie une interview de Nico Halle sur la «question
Anglophone» : « ...anybody who says there is no Anglophone
problem is dishonest, hypocritical, a liar and should never be trusted... the
Anglophone problem is the Anglophone. That is the first problem...the
52
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Anglophones ought to have their place but they opt to play
second fiddle...». En page 7 Isidore Abah fait le compte rendu du
propos du Premier Ministre Philemon Yang concernant le dialogue avec les
sécessionnistes: « Yang tells activists: if you want dialogue,
form political party...Prime Minister, Philemon Yang, has told activists of the
Southern Cameroon National Council, SCNC, that Government would be ready to
dialogue with them if only they constitute themselves into a political party
». Après le cinquantenaire, avec son article en page 6 «
Admit Anglophone problem, Prof. Pondi tells Gov't » Isidore Abah nous
rapporte l'interview de Jean Emmanuel Pondi : « Anglophones cannot be
so resolute in their demands for over 50 years if there was no problem, and
even if Government is convinced that there is no Anglophone problem, the fact
that the Anglophones perceive a problem, makes their cause a problem...50 years
after reunification provides the best opportunity for the government and
representatives of the Southern Cameroons National Council, SCNC, to sit down,
dialogue and chart the way forward...there can be no sustainable integration in
Cameroon if one part of the country is constantly complaining of
marginalization...Government should come clean and admit that there exists an
Anglophone problem which needs proper examination and possible cures prescribed
».
Après observation de la mise en page dans ces trois
journaux, il ressort que : « la question anglophone » occupe en
général les pages 3 et 5 du quotidien Le Messager, la
page 5 de The Post et la page 3 de Cameroon Tribune. The
Post est le seul de ces trois journaux à ne pas hésiter
à titrer sur la question anglophone avant, pendant et après le
cinquantenaire de la réunification. Cela peut se comprendre parce que
s'est un journal anglophone principalement concerné par la question.
Le Messager commence par y faire allusion sans rentrer dans le vif du
sujet pendant les festivités marquant cet évènement, comme
pour tâter le terrain. Mais après l'évènement en
parle sans complexe. Par contre les journalistes de Cameroon Tribune
évitent même d'écrire les mots « marginalisation
» et « question anglophone » pendant toute la durée du
cinquantenaire. Après l'évènement c'est la Directrice de
Publication en personne qui prend sur elle la responsabilité de
mentionner ces mots et de refermer directement la page puisque le journal ne
reviendra plus sur la « question anglophone » par la suite.
2- Les angles de traitement :
Le Messager, avant le cinquantenaire de la
réunification a comme angle de traitement dans les récits
concernant cette célébration, le retard accusé par ces
festivités qui auraient dues
53
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
avoir lieu des années auparavant. En témoigne le
chapeau de Joseph Olinga dans son article Buéa entre espoir et
résignation : « Quatre ans après la date initiale
fixée pour la célébration du cinquantenaire de la
réunification, la Région du Sud-ouest continue d'attendre le
grand jour ». Pendant la période du cinquantenaire, Le
Messager a comme angle de traitement la réconciliation
manquée entre anglophones et francophones. Dans le chapeau de Blaise
Pascal Dassie on peut lire : « le leader du social democratic front
(Sdf) qui a assisté à la grande parade de Buéa pense que
le Chef de l'Etat a nargué les camerounais en donnant l'impression que
tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles69
» et de manière plus claire et plus évocatrice le titre de
l'article d'Edouard Kingue publié dans Le Messager n°4024
du lundi 24 février 2014 « Buéa sans mémoire : la
réconciliation n'a pas eu lieu ». Les angles de traitement qui
suivront ne seront que des corollaires de la réunification
manquée, notamment le travestissement de l'histoire du Cameroun avec
comme titres : - « Le Manidem décrie la mystification'
de l'histoire du Cameroun », - « des avocats exigent le
fédéralisme », - « Regard 20 mai 1972 : un coup de
force d'Ahidjo », - « Devoir de mémoire : la
réunification dans les oubliettes ». Sur la question anglophone
spécifiquement Le Messager a toujours eu comme angle de
traitement la marginalisation de cette minorité comme en
témoignent ces titres : - « marginalisation des anglophones : le
sénateur Nfon Victoire Mukete met le régime en garde », -
« Tchiroma et Vamoulke sourds aux cris des anglophones », - «
CRTV : les anglophones dénoncent la discrimination », - «
revendication : les avocats anglophones du Common Law exigent le retour au
fédéralisme ».
The Post sur la « question anglophone »,
publie pour la plupart des interviews. Pendant le cinquantenaire de la
réunification le journal anglophone souhaite que l'on parle de la «
question anglophone » et a de ce fait pour angle de traitement l'oubli
volontaire de la « question anglophone ». Le journal commet des
articles avec pour titre : - « Address Anglophone problem before it boils
over », -« Admit Anglophone problem, Prof Pondi tells Gov't », -
« At Réunification Celebration, Northwest Elites demand Equity
» ou encore l'extrait du Premier Ministre qui n'a pas dialogué avec
le leader du SCNC en lui recommandant : « Yang tells activists : if you
want dialogue form political party ». Cependant, dans le dialogue entre
anglophones sur la « question anglophone », vu que The Post
ne s'adresse pas qu'aux francophones mais aussi et surtout aux
anglophones, ce journal utilise un angle de traitement qui est aussi
récurrent : la désunion des anglophones, qui est à
69Le Messager, du vendredi 21 février
2014, Page 5
54
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
l'origine de la création du « problème
anglophone ». A cet effet The Post a publié des titres
comme - « Anglophone's worst Enemy is the Anglophone » phrase
tirée d'une interview de Nico Halle70,- « Babungo Fon
named as frustated idiot », À « Reunification Celebrations
fallouts : Fons, Chiefs wash Royal linen in public ».
Cameroon Tribune choisit en guise d'angle de
traitement de s'appesantir uniquement sur les festivités marquant le
cinquantenaire de la réunification, sur les changements visibles dans la
ville de Buéa et sur la consolidation de l'unité nationale au
détriment de la « question anglophone » qui serait plus
embarrassante. D'ailleurs c'est une question tellement sensible que les
journalistes de ce quotidien n'osent même pas s'y risquer. L'un des rares
titres allant dans le sens de l'ouverture au dialogue sur la « question
anglophone » est un extrait du propos de l'évêque
émérite de Mamfe Teke Lysinge publié en anglais de
surcroit « We still need continue discussing »71.
B- TITRAILLE ET ILLUSTRATIONS : 1- La titraille
:
Les quotidiens observés dans notre étude nous
permettent de desceller une différence dans l'utilisation de la
titraille. Pour Le Messager, le cinquantenaire de la
réunification est utilisé comme prétexte de l'information
et non comme l'information elle-même. Le Messager titre : «
cinquantenaire de la réunification : Buéa sans mémoire :
la réconciliation n'a pas eu lieu ». C'est cette annonce qui
devient l'information.
Par contre, Cameroon Tribune opère une forme
de cadrage centré sur le cinquantenaire pour donner à cet
évènement une envergure nationale. « Reunification :
Withnesses Speak of Event », « cinquantenaire de la
réunification : que la fête commence ! », «
Cinquantenaire de la réunification : Paul Biya à Buéa
», « cinquantenaire de la réunification : mémorable !
». Ici c'est l'évènement cinquantenaire qui est mis en avant
comme pour ne pas s'appesantir sur une réalité (qui serait
gênante).
Dans le journal de langue anglaise The Post, au mois
de février 2014 la rédaction a pris la peine dans sa titraille
d'écrire en rouge certains mots, question de les mettre en exergue.
70The Post, n°1506, du vendredi 21
février 2014
71 Traduction « nous avons toujours besoin de
continuer à discuter ».
55
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Lundi le 03 février 2014 la Une de The Post
propose : « Tiko Airport may be Re-opened », lundi le 17
février 2014 : « No Beer before Welcoming Biya to Buea »,
vendredi le 21 février 2014 : « Ahidjo, Foncha, Endeley ignored at
Reunification Jubilee ». Ces trois mots : ré-ouvert, accueil et
oublié sont symptomatiques du ressentiment anglophone concernant un
problème oublié pendant longtemps, qui a été
ré-ouvert avec l'accueil du Président de la République
dans la ville de Buéa.
Toutefois, notons que la titraille de The Post est
constante sur la « question anglophone ». Le CT n'a produit aucune
titraille explicite sur le « problème anglophone » ; le
journal s'est plutôt focalisé sur l'évènement en
cours. Le Messager quant à lui progresse de manière
croissante avec la « question anglophone ». Il part du même
postulat que le Cameroon Tribune en ne produisant aucun titre
explicite sur le « problème anglophone » pendant
l'évènement cinquantenaire mais passé cet
évènement Le Messager se penche sur la question en se
focalisant sur la discrimination dans les corporations des professionnelles :
des journalistes anglophones à la CRTV et des avocats anglophones au
barreau avec des titres comme « Des avocats exigent le
fédéralisme » ou encore « CRTV les anglophones
dénoncent la discrimination.
- Les titres de pages internes :
Le distinguo doit tout de même être fait entre la
titraille des « Unes » et la titraille des pages internes. En pages
internes les titres du Cameroun Tribune s'apparentent à des
slogans pompeux : « Maroua : la paix exaltée », « le
flambeau toujours plus haut », « unis, décrocher l'avenir
», « Garoua : le patriotisme magnifié », « Douala :
Unity in diversity », « Yaoundé à l'unisson »,
« consensus sur l'unité nationale » etc. Cette titraille est
à la fois propagandiste et interpellative. Il existe ici une
volonté manifeste d'agir sur le lecteur, pour susciter chez lui une
réaction d'adhésion.
Le Messager dans sa titraille en page interne cherche
à relever les couacs de cette célébration. Exemple
: « Buéa sans mémoire : la réconciliation n'a pas eu
lieu », « célébration : Foumban reste sur sa soif
» ou encore « un cinquantenaire sans symbole ».
56
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
The Post dans sa titraille interne fait l'effort
à chaque fois de faire apparaitre la « question anglophone »
de manière subtile en pied72 de « Une » : «
Address Anglophone Problem before it Boils over », « Yang tells
Activists : if you want Dialogue, form Political Party », « Admit
Anglophone Problem, Prof. Pondi tells Gov't ».
2- Les illustrations :
L'utilisation abondante des photos fait partie de la
stratégie du Cameroon Tribune : celle de mettre en avant les
festivités et non les problèmes de fond qui seraient incommodes.
CT a utilisé 105 photos pour environ 80 articles soit un ratio de 1,3
photo par article. D'ailleurs CT dans ses illustrations a choisi d'utiliser des
légendes commentées c'est-à-dire des photos avec des
commentaires en guise de légende. Exemple : « le
représentant du Chef de l'Etat et les personnalités ont
apprécié l'hommage aux héros de la nation ». Cette
stratégie permet de proposer une première interprétation
des illustrations du journal, question d'orienter la perception du lecteur et
de l'emmener à les réinterpréter dans son sens.
Par contre la méthode du Messager consiste
à proposer un peu moins de photos. Elle laisse au lecteur le loisir de
se focaliser sur la signification du cinquantenaire, sur le déroulement
de l'évènement et lui présente très peu les
festivités afin qu'il ne s'y attarde pas. Le Messager a
utilisé 33 photos pour environ 30 articles soit 1,1 photo par article.
D'ailleurs, Le Messager utilise la légende simple.
Exemple : « le monument du cinquantenaire de Buéa ».
La technique de l'image implicite évoquée par
Misse Misse73, est utilisée par le journal The Post
du vendredi 21 février 2014. Dans le ventre74 de «
Une », le journal anglophone montre comme illustration, l'image d'une
banderole du RDPC, avec l'effigie du Président Paul Biya, sur laquelle
il est écrit : « Manyu welcomes President Paul Biya, Father of
the True Reunification », ce qui se traduit en français par :
« la Manyu souhaite la bienvenue au Président Paul Biya, le
Père de la Vrai Réunification ». Cette image illustre la
vision des militants de ce parti politique pour qui il y aurait une vraie et
une fausse réunification. Dans
72Le pied de « Une » se situe dans le bas
de la page en son centre. C'est généralement à cet endroit
qu'on trouve une information ou la publicité.
73Misse M, « la médiatisation de la
catastrophe de N?SAM dans la presse hebdomadaire Camerounaise »,
Fréquence Sud N°16, Mai 2002.
74Le ventre de « Une » est une partie
située au beau milieu de la page, entre la tribune en haut et le pied du
journal en bas.
57
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
tous les cas, la vraie c'est avec le Président Paul
Biya. The Post a utilisé encore moins d'illustrations que
Le Messager : 34 photos pour 36 articles rédigés sur la
question. Soit 0,94 illustrations par articles. L'observation de ces
illustrations nous permet de constater que ce journal anglophone
préfère utiliser des images d'archives. Une manière de
nous permettre de nous remémorer le passé, pour poser le
problème de la base des rapports codifiés entre francophones et
anglophones au moment de l'unification et de la réunification.
Exemple : Lundi 3 février 2014, The Post utilise une
image d'antan de John Ngu Foncha accueilli à l'aéroport de Tiko
pour demander sa réouverture : « Tiko Airport may be
Re-opened ». Le journal d'obédience anglophone utilise
beaucoup des photo-portraits de certains leader en plaquant juste leurs noms et
souvent sans le prénom dans la légende. Exemple : «
Tchiroma, Communication Minister », « Barrister Sama », «
Chinje », « Befe », « Tumi » etc. Lorsque ce journal
anglophone décide comme Cameroon Tribune d'utiliser une
légende commentée, le commentaire traduit des attentes
insatisfaites : « Biya gives nothing more75 ».
II- STRATEGIES DE MISE EN DISCOURS
Cette partie nous permettra de nous intéresser aux
divers choix éditoriaux en matière d'écriture de presse
opérés par The Post, Cameroon Tribune et Le
Messager, les trois journaux de notre corpus.
A- GENRES JOURNALISTIQUES ET CHAMPS LEXICAUX
1- Les genres journalistiques :
L'observation des différents genres journalistiques
utilisés par les journaux de notre corpus nous permettra d'avancer dans
la compréhension de leurs stratégies d'écriture, pour
traiter la « question anglophone ». Nous allons bien
évidemment faire le distinguo entre : les genres informatifs et les
genres d'opinion utilisés dans le traitement de la « question
anglophone ».
75 The Post, N°1502, du vendredi 21
février 2014
58
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
LES GENRES INFORMATIFS
|
LES GENRES D'OPINION
|
Reportage
|
Compte rendu
|
Brève
|
Portrait
|
Commentaire
|
Interview
|
analyse
|
Chronique
|
Vox pop
|
Le
Messager
|
8
|
3
|
5
|
1
|
3
|
1
|
2
|
2
|
2
|
CT
|
33
|
8
|
4
|
6
|
9
|
7
|
4
|
0
|
2
|
The Post
|
9
|
6
|
4
|
0
|
4
|
3
|
3
|
1
|
2
|
- Le Reportage et le compte rendu (Cameroon
Tribune et le Messager).
Ils sont les genres journalistiques les plus utilisés
par Cameroon Tribune et Le Messager pendant la période
du cinquantenaire. Ces journaux les utilisent pour coller aux faits selon la
maxime « les commentaires sont libres et les faits sont
sacrés ». Sur 74 articles publiés, Cameroon Tribune
utilise 33 fois le reportage : soit en moyenne 45% de reportage et 11% de
compte rendus. Bien que le bilinguisme de Cameroon Tribune lui impose
de rédiger un article en français et son corollaire en anglais.
Nous aurions pu avoir deux fois moins de reportage si le bilinguisme de CT
avait été abordé différemment. Le Messager
quant à lui n'utilise que 32% de reportages et 12% de compte
rendus.
- Les énoncés dérivés
(Le Messager)
Les énoncés tels que le billet d'humeur ont
également une finalité informative dans les quotidiens. Le
Messager l'utilise ici pour évoquer la « question anglophone
» tout en feignant de ne pas le faire. Blaise-Pascal Dassie dans son
billet d'humeur du vendredi 21 février 2014 en page 5 ligne 12
intitulé : « Fru Ndi tance Paul Biya » cite le chairman en ces
termes : « ...en faisant une étude comparative dites au moins
combien d'anglophones sont dans le comité d'organisation. Pour lui,
il ne faut pas se voiler la face, les anglophones ne sont pas contents
».
- L'interview (The Post)
L'interview est le genre par excellence choisi par The
Post pour mettre en récit la « question anglophone ».
The Post s'illustre le plus dans cet exercice avec 9,6% d'interview.
Lundi 3 février 2014, le journal anglophone publie l'interview de
Christopher Nsom qui s'exprime sur la question anglophone et suggère
« address Anglophone Problem before it
59
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Boils over ». Nous y retrouvons aussi une interview de
Nico Halle sur la « question anglophone » : « ...anybody who
says there is no Anglophone problem is dishonest, hypocritical, a liar and
should never be trusted...» et l'interview de Jean Emmanuel Pondi «
Admit Anglophone problem, Prof. Pondi tells Gov't »76
recueillie par Isidore Abah. Par contre, sur les 29 articles observés,
le quotidien Le Messager n'a publié qu'une seule interview :
celle de Bernard Okalia Bilai Gouverneur de la Région du Sud-ouest, sur
l'évolution des chantiers du cinquantenaire dans son édition du
mardi 14 janvier 2014.
- L'éditorial (Cameroon
Tribune)
C'est avec ce genre journalistique que le Cameroon Tribune
décide finalement après le cinquantenaire de la
réunification d'évoquer sans tabou la « question anglophone
». Marie Claire Nnana la Directrice de publication dans son
éditorial intitulé : « Unis, décrocher l'avenir
»77, écrit : « ...ainsi à la question
'y-a-t? il un problème anglophone ?' au lieu de
s'échiner à prouver qu'il n'en existe pas, il convient
plutôt de considérer que dès lors que les perceptions
suggèrent que 'oui', il devient urgent de dialoguer, de poser des actes
au besoin... ».
2- Les champs lexicaux :
En nous focalisant uniquement sur les articles portant sur la
« question anglophone » nous avons relevé des champs lexicaux
différents en fonction des journaux observés.
Dans Le Messager :
- Le champ lexical de la mémoire : rappelle, temps,
souvenir, mémoire, oubliettes, commémoration, histoire etc.
- Le champ lexical de la division : séparés,
partage, divisa, démarcation, distinct, désintégration,
tailladant.
Ce qui nous amène à penser que le journal
fondé par Pius Njawe aimerait que l'on se remémore le
passé. Un passé jonché de divisions qui seraient la
clé aujourd'hui pour amorcer une réconciliation durable.
76 The Post, N° 1507,
du lundi 24 février 2014
77Cameroon Tribune, Lundi 24
février 2014, Page 3
60
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Dans le journal The Post nous avons noté :
- Le champ lexical « problem » : division,
negociations, blamed, arrangement, problem, divisive tendencies, fight,
marginalisation, crisis, wars, military, conflicts, blood, dialogue, Anglophone
problem.
- Le champ lexical« unity »: unite, french brothers,
equal, relation, integration, talk, site down, dialogue, discussion, amicably,
solved, resolved.
Ce journal Anglophone dont le siège se trouve à
Buéa estime que l'unité entre anglophones et francophones au
Cameroun est possible, mais il faudrait tout simplement que l'on admette qu'il
existe « un problème anglophone » au Cameroun et que l'on
essaye de le résoudre.
Dans Cameroon Tribune :
- Le champ lexical de la compromission : suggérer,
écouter, s'écouter, malentendu, éviter, minimiser,
conversion, gommé.
- Le champ lexical de l'union : nation, amour,
réunification, communion, commémoration, rapprochement,
consensus, convergence, partage.
Le quotidien Cameroon Tribune dans le cadre du «
problème anglophone », propose de se focaliser sur l'union entre
francophones et anglophones. Une union consommée il y a cinquante ans.
Pour reprendre les termes de Marie-Claire Nnana « ...comme dans tous
les couples dignes de ce nom... », il y a aussi des frictions, le
quotidien CT propose le champ lexical de la compromission pour que chaque bord
puisse penser à l'union.
B- FIGURES DE STYLE ET ARGUMENTS DES JOURNAUX :
Dans cette partie nous allons nous intéresser aux
figures de style utilisées, et aux arguments employés par les
journaux de notre corpus pour traiter de la « question anglophone ».
Ainsi nous pourront comparer ces différents éléments et
amorcer sereinement le traitement des données.
Les figures de style sont utilisées à dessein
pour traduire une certaine réalité dans les journaux.
61
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
1- Les figures de style :
Les figures de style font partie intégrante des
stratégies discursives qui rentrent dans la construction
médiatique de l'évènement cinquantenaire de la
réunification et de la « question anglophone ». Le
Messager utilise principalement les figures d'atténuation.
Cameroon Tribune s'illustre avec la personnification et la
répétition. The Post comme le CT choisit d'utiliser la
personnification et la répétition voir même la comparaison
mais pas pour les mêmes raisons.
- La personnification et la répétition
: (Cameroon Tribune et The Post)
La personnification attribue des
caractéristiques humaines à un objet ou un animal.
Exemple : Cameroon Tribune, éditorial de
Marie-Claire Nnana « ...la germination d'une volonté nouvelle
d'accomplir plus harmonieusement l'unité qui est en marche...
». Ici CT essaye de donner vie à un évènement, en
personnifiant l'unité qui serait en marche.
Bouddih Adams, dans The Post écrit «
only President Paul Biya's effigy and praise such as The Father
of True Reunification' overwhelmed the occasion »78.
The Post en présentant Paul Biya comme « Le Père
» de la réunification veut fustiger ironiquement la situation qu'il
décrit à Buéa. Il est imité par Joseph Flavien
Kankeu, dans Le Messager du vendredi 21 février 2014:
«...ils ont voulu marquer leur présence sur le lieu des
festivités en érigeant une photo géante de l'homme-lion
tout en chantant ses louanges. » Le Messager en le nommant
« l'homme-lion » personnifie le Président de la
République qui s'est fait appeler ainsi pendant les élections
présidentielles de 2004.
La répétition est
utilisée par Cameroon Tribune, dans l'éditorial de
Marie-Claire Nnana « ...il s'agit d'abord d'écouter, de
s'écouter...Et puis, surprise des surprises, la grâce
présidentielle à travers la publication d'un décret
commutant des peines...Et maintenant ? Maintenant il s'agit d'avancer
unis... ». Avec cette figure de style Cameroon Tribune
marque l'insistance, avec une répétition maitresse de
l'enseignement. Le journal souhaite que le message reste dans les coeurs et les
têtes. Par contre The Post à travers la
répétition veut traduire la redondance du nom du Chef de l'Etat
qui était clamé à temps et à contre temps pendant
les festivités. Exemple : Bouddih Adams, dans The Post
du vendredi 21 février
78The Post, du vendredi 21 février
2014.
62
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
2014 reprend les refrains des militants du RDPC
mêlés à la foule : « Paul Biya our
President?... Paul Biya Father of the Nation?,
Long Live President Paul Biya' and so one, rented the air
at one Moment and the other ».
- Les figures d'atténuation : la
prétérition et l'euphémisme
La prétérition : Ici on fait
semblant de ne pas vouloir dire quelque chose mais on le dit tout de
même. C'est une stratégie utilisée par Le Messager
pour atténuer la verve de ses propos. Exemple : Alain
Njipou, Le Messager du jeudi 1er octobre 2015 «
Ainsi va un peuple devenu amnésique ? »
L'euphémisme : Avec cette figure de
style Le Messager veut rendre la réalité « du
cinquantenaire manqué » moins brutale. Exemple : Edouard
Kingue, Le Messager, lundi 24 février 2014 «
...Hélas, ce sera pour la prochaine fois. Peut-être !
».
En sommes, en termes de stratégie, The Post
choisit l'interview, genre journalistique sans risque qui n'engage que la
responsabilité des interviewés, pour garder une certaine
neutralité face à cette « question anglophone ».
Cameroon tribune et Le Messager rapportent les faits avec le
reportage et le compte rendu pendant le cinquantenaire. Après le
cinquantenaire, CT utilise l'éditorial pour clarifier ses propos et
Le Messager le billet d'humeur dans un premier temps par prudence. Par
la suite, Le Messager revient sur le reportage et le compte rendu pour
traiter de la « question anglophone » en mettant en exergue cette
fois-ci la discrimination dans les corporations professionnelles. Dans le choix
des figures de style : Cameroon Tribune opte pour la mise en avant de
l'unité nationale avec la personnification et la
répétition. The Post tourne en dérision cette
« unité nationale », avec le choix des mêmes figures de
style et Le Messager essaye de rester dans le « politiquement
correcte » avec les figures d'atténuation.
2- Les arguments des journaux sur la « question
anglophone » :
Dans Le Messager, la thèse soutenue est celle
de la marginalisation des anglophones au Cameroun. The Post et
Cameroon Tribune abordent la thèse du dialogue autour de cette
« question anglophone » même s'ils ne la traitent pas de la
même manière. Ces différentes thèses permettent de
convaincre le lecteur en utilisant des arguments et un type de raisonnement
précis.
63
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
- La marginalisation de la minorité anglophone au
Cameroun
Pour soutenir sa thèse qui est celle de la
marginalisation des anglophones au Cameroun, Le Messager opère
une construction médiatique remontant à l'histoire de la
réunification entre francophones et anglophones au Cameroun, pour
arriver à la discrimination dans les corporations professionnelles.
Argument 1 : la réunification du Cameroun est le
résultat d'un coup de force d'Ahidjo selon Enow Meyomesse dont les
propos ont été publiés « ...dimanche 20 mai 1972,
les camerounais ne découvrent dans les bureaux de vote que deux types de
bulletins : ceux portant la mention 'oui' et ceux portant la mention 'yes'. Il
n'y en a guère portant la mention 'non'. Résultat, les
camerounais ont démontré leur maturité politique en
approuvant à une majorité écrasante de 99% de 'ouiÇ
l'abolition du fédéralisme au Cameroun et le passage à
l'Etat unitaire... »79
Argument 2 : CRTV, les anglophones dénoncent la
discrimination faite autour de la prorogation de l'âge des départs
à la retraite accordée aux francophones80.
Argument 3 : Les avocats anglophones du Common Law
exigent le retour au fédéralisme « nous avons
observé avec amertume le manque de protection des droits des
minorités, je veux dire de la minorité anglophone au Cameroun et
la culture bi-juridique du Cameroun. Ce n'est pas un secret, la vie
socioculturelle, administrative, éducative anglo-saxonne a
été et est complètement érodé et
remplacé systématiquement par le français et
l'héritage du droit civil de la majorité francophone...
»81.
- Le dialogue autour de la « question anglophone
» :
Cameroon Tribune et The Post en ce qui
concerne la « question anglophone » évoquent
l'éventualité d'un dialogue sur la question comme
thèse.
? The Post sur la question de l'ouverture au dialogue
donne la parole à des leaders d'opinion et utilise leurs propos comme
arguments :
79Le Messager, N°4329, du vendredi 22
mai 2015, Pages 5-7 80Idem, N°4332, du mercredi 27 mai 2015,
Page 3
81Idem, N°4321, du lundi 11 mai 2015, Page 3
64
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Argument 1 : Il faut dialoguer avant que ce
problème ne dégénère, parce qu'il n'existe pas de
petits problèmes « First of all there is no small problem. This
is one of the main causes of the Anglophone problem for not being solved
because it is more often than no considered a small problem. For a conflict to
be resolved, you need to identify the magnitude of the problem and treat it
before it escalates. »82
Argument 2 : Il faut dialoguer parce que les
anglophones ont une place de choix au Cameroun, mais certains parmi eux
préfèrent jouer le second rôle: « ...The
Anglophone problem is the Anglophone... the anglophones ought to have their
place but they opt to play second fiddle...»83
Argument 3: Pour ouvrir le débat sur la question
il faut que les groupes irrédentistes deviennent des partis politiques :
«...Government is always ready to listen to all Cameroonians,
irrespective of their political, cultural or linguistic backgrounds, but can
only do so, if the demands of such groups or individuals do not undermine the
unity, national cohesion and peace that reign in the country...
»84
Argument 4 : Il faut le dialogue sur la «question
Anglophone» parce que les revendications persistent depuis cinquante ans :
« ...Anglophones cannot be so resolute in their demands for over 50
years if there was no problem, and even if Government is convinced that there
is no Anglophone problem, the fact that the Anglophones perceive a problem,
makes their cause a problem... »85
? Cameroon Tribune le quotidien bilingue a également
pour thèse le dialogue autour de la question Anglophone. Ses arguments
sont les suivants :
Argument 1 : Il n'y a pas de sujet tabou au Cameroun
« ...le Pr Jacques Fame Ndongo a expliqué à tous les
participants, en anglais qu'il n'y a pas de sujet tabou et que dans ce temple
de réflexion, il y a lieu de débattre, en insistant sur les
faits, sur ce qui a été l'histoire, réelle, de notre
pays... »86
82Nsoh C, Interview, The Post, N°1502,
du lundi 3 février 2014, Page 5
83Halle N, Interview, The Post , N°1506,
du vendredi 21 février 2014, Page 5
84Yang P, Interview, The Post, N°1506,
du vendredi 21 février 2014, Page 7
85Pondi J.E, Interview, The Post,
N°1506, du lundi 24 février 2014 page 6
86Ndongo J.F, Interview, Cameroon Tribune,
N°10531, du mardi 18 février 2014 page 3
65
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Argument 2 : Le dialogue républicain est ouvert
avec les partis politiques. Les membres du SCNC doivent créer un parti
politique pour qu'il y ait dialogue avec eux « ...à l'exception
de Njoh Litumbe dont la thèse demeure qu'il n'y a pas eu mariage entre
les deux Cameroun. En répondant à une question sur un
éventuel dialogue avec le SCNC, le PM a été clair : qu'il
crée un parti politique et dans ce cadre, comme tous les partis
légalisés, dialogue avec les pouvoirs publics... »
En clair après analyse de la mise en page, il ressort
que : la « question anglophone » occupe en général les
pages 3 et 5 du quotidien Le Messager, la page 5 de The Post
et la page 3 de Cameroon Tribune c'est-à-dire ici que nous
oscillons entre l'information politique majeure et le fait de
société. Dans la titraille, chaque journal en fonction de sa
ligne éditoriale et de ses interactions se démarque : le
cinquantenaire de la réunification est utilisé par Le
Messager comme prétexte de l'information. Cameroon Tribune
opère une forme de cadrage centré sur le cinquantenaire pour
se focaliser sur la célébration qui a court sans poser le
problème anglophone et The Post utilise le rouge pour mettre en
exergue certains mots dans sa titraille. La différence entre la
titraille des « Unes » et celle des pages internes permet aux
journaux de rester objectifs dans le traitement de l'information. En ce qui
concerne les illustrations, leur utilisation abusive permet de distraire le
lecteur et le plonger dans les festivités du cinquantenaire. Ne pas
l'utiliser permet aux lecteurs de rester lucide pendant ces
cérémonies et de poser le problème de la
réunification du Cameroun. Diverses techniques sont utilisées
notamment la technique de l'image implicite, une image valant plus de mille
mots, elle permet de faire passer une information de manière subtile.
Chaque journal choisit un genre journalistique particulier pour parler de la
« question anglophone » : Cameroon Tribune choisit
l'éditorial de sa Directrice de publication, pour ne prendre aucun
risque de blesser les sensibilités, The Post choisit
l'interview et Le Messager les énoncés
dérivés tels que le billet d'humeur pour ne pas s'attirer les
foudres du régime. Le Messager, Cameroon tribune et
The Post utilisent respectivement les champs lexicaux suivants :
Mémoire-division, compromis-union, problème-unité, ce qui
témoigne de l'idée générale véhiculée
par ces différents journaux sur la « question anglophone ».
Le Messager souhaite mettre en exergue les divisions inhérentes
à un passé dont les camerounais refusent de se souvenir. Les
angles de traitement qu'il utilise sont le travestissement de l'histoire du
Cameroun et la marginalisation des anglophones. Ses figures de styles sont la
prétérition et l'euphémisme. Cameroon Tribune
appelle à l'union sacrée et à rechercher le compromis
et utilise comme angle de traitement le dialogue permanent et The Post
recherche l'unité tout en rappelant qu'il existe un problème
à
66
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
la base qu'il ne faudrait pas occulter. Les angles de
traitement utilisés par ce journal anglophone sont : l'oubli volontaire
de la question anglophone et l'anglophone comme problème pour les
anglophones. The Post et Cameroon Tribune utilisent comme
figures de style la personnification et la répétition même
si les effets recherchés ne sont pas semblables.
The Post est le seul de ces trois journaux à
ne pas hésiter à titrer sur la « question anglophone »
avant, pendant et après le cinquantenaire de la réunification.
Le Messager commence par y faire allusion sans aller en profondeur
pendant les festivités marquant cet évènement. Mais
après l'évènement en parle sans complexe. Par contre les
journalistes de Cameroon Tribune évitent même avec
précaution d'écrire les mots « marginalisation » et
« question anglophone » pendant toute la durée du
cinquantenaire. Après l'évènement c'est la Directrice de
publication en personne qui prend sur elle la responsabilité de
mentionner ces mots et de refermer directement la page puisque le journal ne
reviendra plus sur la « question anglophone » par la suite.
CHAPITRE IV :
ANALYSE QUANTITATIVE DE LA « QUESTION ANGLOPHONE
»
67
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
68
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Selon Laurence Bardin 87 , l'analyse de contenu
comme l'enquête sociologique comprend trois étapes majeures : la
préanalyse, l'exploitation du matériel, le traitement des
résultats, l'inférence et l'interprétation. L'étape
de la préanalyse qui a pour mission : le choix des documents à
soumettre à l'analyse, la formulation des hypothèses et des
objectifs et l'élaboration des hypothèses, des objectifs et des
indicateurs sur lesquels s'appuiera l'interprétation ayant
déjà été réalisée plus haut dans
notre travail, nous allons passer directement à la seconde phase qui
consiste en l'exploitation du matériel. D'ailleurs pour obtenir des
données quantitatives dans notre recherche, nous avons utilisé le
guide d'entretien. Le logiciel de traitement de données « Sphinx
plus 2 » nous a été utile dans le traitement des
données recueillies sur le terrain. Il nous a permis de construire des
tableaux pour l'interprétation de nos résultats.
I- EXPLOITATION DU MATÉRIEL
Il convient tout de même de préciser que nous
avons envoyé le questionnaire c'est-à-dire notre guide
d'entretien dans un premier temps via internet à toutes nos personnes
ressources : Emanuel Pensy, Abel Elimbi Lobe, Alex Gustave
Azébazé, Hervé Emmanuel Kom, Edith Kah Walla, Emmanuel
Atangana, Éric Chinje, Georges Alain Boyomo, Sosthène
Médard Lipot, Jean Marc Soboth, Vincent Sosthène Fouda, Roland
Romain Kouotou, Benjamin Zébazé, Franck Essi et Jean Bruno Tagne,
tous pour la plupart des journalistes et des hommes politiques. Aucun n'a
daigné répondre à nos questions. Le seul qui nous a
envoyé un message est Jean Bruno Tagne qui nous a écrit ceci
« Cher ami si vous êtes à Yaoundé, vaut mieux que
je vous réponde en face. En ligne, je n'ai pas beaucoup de temps.
Pardonnez-moi ». Ce qui atteste premièrement du fait que la
« question anglophone » est une question délicate. Les
personnes ressources ne veulent pas en parler sur le net, par prudence peut
être ? Par manque de temps ? Ce qui sous-entendrait qu'au Cameroun le
taux de pénétration de l'internet et son usage par les personnes
ressources est plus faible que l'on l'imagine. Dans tous les cas,
confrontés à l'échec de notre tentative sur la toile, nous
nous sommes résolus à rencontrer les personnes ressources en
entretien face à face. Nous en avons rencontré plusieurs qui ont
souhaités ne pas s'exprimer sur la question parmi lesquels Joshua Osih
Premier vice-président du SDF, estimant ne pas avoir assez
d'éléments pour en parler. Au finish nous avons eu dix
répondants au rang desquels : Henri Franck Log Gwet, Serge Kwin,
Innocent Mbounwe,
87Bardin L, L'analyse de contenu, Presse
Universitaire de France, Paris, 1977, Page 125
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Lucienne Wassi, Yaboa Ndula, Blaise Pascal Dassie, Armand
Essogo, Emmanuel Yimga, Franck Essi et Anicet Ekane qui nous ont permis
d'obtenir certaines données pour nos opérations de codage.
A- OPÉRATIONS DE CODAGE :
Nous avons posé dix questions à nos
répondants que nous avons classées dans trois principaux groupes
en fonctions de nos objectifs et hypothèses :
1er groupe : Les questions numéros 1, 2 et 3
correspondantes à la perception de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais.
Q.1 Pour vous qu'est-ce qu'un « anglophone » au
Cameroun ?
Q.2 Selon vous que représente la « question
anglophone » au Cameroun ?
Q.3 En quels termes se pose le « problème
anglophone » au Cameroun ?
2e groupe : Les questions numéros 4, 5 et 6
correspondantes à la construction médiatique de la «
question anglophone » dans les journaux camerounais.
Q.4 Quelle analyse faites-vous du rôle joué par
la presse écrite camerounaise dans la médiatisation de la «
question anglophone » ?
Q.5A votre avis comment la « question anglophone »
a-t-elle été reçue dans l'espace public médiatique
?
Q.6 Comment apparait selon vous la « question anglophone
» dans l'agenda des médias ?
3e groupe : les questions numéros 7, 8, 9 et 10
correspondants au traitement de la « question anglophone » par les
journaux camerounais.
Q.7 A votre avis les politiques influencent-ils la presse dans
le traitement de la « question anglophone » ?
Q.8 Quel statut confère selon vous les
stratégies éditorialistes des journaux camerounais à la
« question anglophone » ?
Q.9 A votre avis comment sont rédigés les
articles des journaux camerounais sur la « question anglophone » ?
69
Q.10 Comment qualifieriez-vous la presse camerounaise ?
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Nous avons attribué à toutes les réponses
l'indice 1 c'est-à-dire qu'aucune réponse ne possède un
coefficient supérieur à une autre, mais en terme de signification
nous avons attribué un indicateur précis à chacune d'elle
:
Réponse 1 = Bien
Réponse 2 = Assez-bien Réponse 3 = Passable
Réponse 4 = Médiocre
B- DONNÉES DU LOGICIEL SPHINX 2 PLUS :
Grâce à notre logiciel « Sphinx Plus 2 »,
nous avons pu obtenir les données matérielles suivantes :
Sur l'identité anglophone :
Question 1 : Pour vous qu'est-ce qu'un "anglophone" au
Cameroun?
3
4
2
1
70
Non réponse
Un camerounais à part entière
un camerounais qui parle anglais comme première
langue
un ressortissant du nord-ouest ou du sud-ouest
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
> Sur la perception de la question
anglophone
Question 2 : Pour vous que représente la question
anglophone au Cameroun ?
La perception de la question anglophone
Non réponse
Un problème réel
un problème dépassé
un faux problème
2
2
5
1
> Sur la compréhension du problème
anglophone :
Question 3 : En quels termes se pose le problème
anglophone au Cameroun?
La compréhension du problème
anglophone
2
3
3
3
71
Non réponse
Réparation d'un préjudice
historique
Revendication identitaire
Positionnement politique
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
> Sur les stratégies de médiatisation
:
Question 4 : Quelle analyse faites-vous du rôle
joué par la presse écrite dans la médiatisation de la
question anglophone?
Les stratégies de médiatisation
1
3
6
Non réponse
La presse a relayé l'information
la presse a minimisé ce problème
la presse a contribué à faire disparaitre
ce problème
> Sur la perception de ce problème par les
organes de presse :
Question 5 : A votre avis comment la question
anglophone a-t-elle été reçue dans l'espace public
médiatique?
perception par les organes de presse
|
2
4
3
1
72
Non réponse
Bien comme tous les autres problèmes
socio-politiques
Assez-bein avec quelque petites réserves
Mal avec des partis pris
73
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
> Sur l'opportunité de l'apparition de cette
question dans l'agenda des médias : Question 6 : Comment
apparait la question anglophone dans l'agenda des médias?
Apparition dans l'agenda des médias
1
1
Non réponse
En fonction de l'actualité
En fonction des interactions
Selon un agenda caché
8
> Sur l'influence exercée par les politiques
sur la presse écrite :
1
Question 7 : A votre avis les politiques influencent-ils
la presse écrite dans le traitement de la question anglophone?
Pas du tout
Légèrement
Grandement
4
5
1
Influence des politiques sur la presse
74
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
> Sur le statut de la question anglophone
:
Question 8 : Les stratégies éditorialistes
de la presse confèrent selon vous quel statut à la question
anglophone?
Le statut de la question anglophone
Une information politique majeure
Un fait de société
Un fait divers
6
6
> Sur le traitement fait par les journalistes de cette
question :
Question 9 : A votre avis comment sont
rédigés les articles de la presse sur la question anglophone?
De manière objective
En fonction des interactions
De manière subjective
2
3
5
La traitement par les journalistes
75
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
? Sur l'appréciation de la presse écrite
camerounaise : Question 10 : Comment qualifieriez-vous la
presse camerounaise?
Appréciation de la presse écrite
Presse libre
Presse sous le joug des lignes éditoriales
Presse instrumentalisée
3
II-TRAITEMENT DES RÉSULTATS ET
INTERPRÉTATION
3
4
Après obtention des résultats grâce à
notre logiciel Sphinx 2 Plus, nous allons procéder au traitement en
calculant les fréquences, puis nous procèderons à
l?interprétation.
A- TRAITEMENT DES RÉSULTATS OBTENUS
En ce qui concerne la fréquence des réponses nous
obtenons les résultats suivants :
1er groupe : Les questions numéros 1, 2 et 3
correspondantes à la perception de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais.
Réponse 1 = 12 Réponse 2 = 07 Réponse 3 = 07
Réponse 4 = 05
2e groupe : les questions numéros 4, 5 et 6
correspondants à la construction médiatique de la « question
anglophone » dans les journaux camerounais.
Réponse 1 = 17 Réponse 2 = 05 Réponse 3 = 05
Réponse 4 = 04
76
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
3e groupe : les questions numéros 7, 8, 9 et 10
correspondants au traitement de la « question anglophone » par les
journaux camerounais.
Réponse 1 = 12 Réponse 2 = 19 Réponse 3 = 11
Réponse 4 = 00
B- INTERPRÉTATION
Dans le 1er groupe qui comprend les questions numéros
1, 2 et 3 correspondants à la perception de la « question
anglophone » dans les journaux camerounais, les réponses 1
(cotées « bien ») ont été choisies 12 fois. Ce
qui suppose que dans son ensemble la « question anglophone » n'est
pas un sujet tabou, les camerounais sont prompts à en discuter et une
solution définitive serait envisageable grâce à la
communication.
Dans le détail, sur l'identité anglophone au
Cameroun, nos travaux sont arrivés à la conclusion que 40% des
répondants pensent qu'un anglophone est un camerounais à part
entière et 60% des camerounais pensent qu'un anglophone n'est pas un
camerounais comme les autres. C'est une observation qui est tout de même
négative pour le vivre ensemble et la construction nationale et justifie
largement le choix de la « question anglophone » dans notre
recherche. D'ailleurs Anicet Ekane homme politique du MANIDEM nous confiera
pendant notre entretien : « Un anglophone est un camerounais qui a
vécu dans la zone anglophone ». La zone anglophone serait-elle une
zone entièrement à part ou à part entière ? Sur la
perception de la question anglophone, nous avons obtenu comme résultat
que c'est un problème réel à 50%. Lucienne Wouassi du
quotidien La Nouvelle Expression nous a confié : « je
ne vois aucun problème » et Anicet Ekane pense que : «
le problème anglophone est un problème vicié par
l?approche qui privilégie les cultures occidentales » et que
nous devrions peut-être poser ce problème en d'autres termes
(Northern Cameroon et Southern Cameroon) et non en terme d'anglophones et de
francophones. Sur la compréhension des termes en lesquels se pose le
« problème anglophone » au Cameroun l'avis des personnes
ressources est partagé : c'est un problème qui se pose
tantôt en termes de réparation d'un préjudice historique,
tantôt en termes de revendications identitaires et en termes de
positionnement politique. Cela voudrait dire que ce problème est mal
posé soit par les
77
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
concernés, soit par la presse, soit par les deux.
Franck Essi le Secrétaire Général du CPP estime que ce
problème se pose « ...en terme de revendications politiques,
dans la mesure où les accords d'unification des deux Etats ont
été violés...c'est un problème culturel...de
répartition des richesses du pays... ». Pour Anicet Ekane
cette question pose le problème « ...du développement
intégral des régions du Cameroun...» qui de son point
de vue reste faible dans l'arrière-pays et auto centré sur la
Capitale Yaoundé et dans une moindre mesure Douala.
Dans le 2e groupe qui comprend les questions
numéros 4, 5 et 6 correspondants à la construction
médiatique de la « question anglophone » dans les journaux
camerounais, les réponses 1 (cotées « bien »)
apparaissent 17 fois, donc plus largement que dans le premier groupe. Ce qui
signifie que les journalistes locaux sont objectifs dans le processus de
construction médiatique de cette question.
Dans le détail de cette rubrique, selon nos
résultats 60% des camerounais pensent que la presse écrite a bien
relayé l'information concernant la « question anglophone ».
Innocent Mbunwe Manager de The Post dira tout de même que «
ce traitement n'a été fait que dans les journaux anglophones
et dans quelques journaux francophones réputés d'oppositions
à l'instar du Messager. » Anicet Ekane sera plus dur sur la
question : pour lui, « la presse a participé à la
dérive de ce problème en le réduisant à un
problème de réparation d'un préjudice... ».
Certes la presse a relayé l'information mais intéressons-nous au
comment ? 40% des répondants estiment que ce problème a
été mal reçu dans la presse écrite et traité
avec des partis pris. Blaise Pascal Dassie le rédacteur en chef du
quotidien Le Messager et Anicet Ekane pensent que ce problème a
été très mal reçu dans la presse écrite. Sur
l'agenda de l'apparition de cette question dans la presse écrite, 80%
des répondants penchent pour une médiatisation en fonction de
l'actualité. Henri Franck Log Gwet Chef service de la communication
publique à la Délégation Régionale de la
communication du Littoral estime que « ce problème arrive
parfois à contre temps dans la presse écrite... ». Pour
Franck Essi « ...dans la zone anglophone, Njoh Litumbe détient
l'agenda de l'apparition de cette question dans la presse écrite.
» et pour Anicet Ekane « la question anglophone'
est un os permanent dans la politique du régime Ahidjo-Biya, donc ce
problème reviendra toujours dans la presse bien que le régime
s'entête à ne pas vouloir lui trouver une solution ».
78
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Dans le 3e groupe les questions numéros 7,
8, 9 et 10 correspondants au traitement de la « question anglophone »
par les journaux camerounais, l'on constate que dans cette rubrique par contre
les réponses n°2 (cotées « assez-bien ») sont
arrivées largement en tête. Elles ont été
plébiscitées 19 fois par les répondants. Celles
notées « passable » et « bien » viennent
après. Dans le traitement de « la question anglophone » par
les journaux locaux il y a donc un problème d'objectivité.
Pour reprendre Franck Essi « ...ce problème
n'est pas posé dans la presse avec objectivité.., la presse a mal
relayé ce problème. Elle le pose en termes de revendication
identitaire alors que le problème est politique..,et ils aboutissent
à se dire que le problème est ailleurs...» Dans le
détail, l'influence des politiques sur la presse écrite au sujet
de la question anglophone est légère selon 50% des
répondants. Nous retenons de ce fait que les politiques influencent tout
de même la presse écrite et que le degré varie en fonction
des journaux. Les stratégies éditoriales de la presse
écrite confèrent tantôt un statut d'information politique
majeure à la question anglophone et Yaboa Ndula de Cameroon Tribune
dira que : « c'est le cas dans les journaux anglophones
», tantôt cette question est traitée par la presse
écrite comme un fait de société, mais dans une moindre
mesure. Les articles sur la « question anglophone » sont
rédigés en fonction des interactions selon 50% des
interrogés et de manière subjective selon 30% ; Nous revenons
encore ici aux interactions entre la presse écrite et le monde
politique. Innocent Mbunwe dira même que : « ... les anglophones
ne sont pas objectifs sur cette question qui les concerne, ils écrivent
les articles avec passion... ». A propos de la liberté de la
presse 40% des répondants estiment que la presse écrite au
Cameroun est instrumentalisée. 30% des répondants reconnaissent
quand même une liberté de ton à la presse écrite
camerounaise. Pour Innocent Mbunwe « ...on ne pourra pas parler de
presse libre tant qu'il existera au Cameroun des journaux dans les mallettes,
qui n'ont pas de siège social... » Franck Essi ira dans le
même sens en disant : « ...dans la presse écrite au
Cameroun, il existe des actions épisodiques de communication qui
apparaissent de manière dirigée pour régler des
comptes... ».
79
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
En définitive, après exploitation de notre
logiciel de traitement de données « Sphinx 2 Plus », nous
arrivons aux conclusions suivantes : Le traitement de la question anglophone au
Cameroun subit des influences. Influence légère des politiques et
des lignes éditoriales, influence dans la perception de départ de
cette question.
Notre hypothèse principale était : la «
question anglophone » est perçue comme un problème de
revendication prébendes politiques. Elle n'est pas
vérifiée ; bien que la « question anglophone » soit
perçue avec des partis pris. D'ailleurs selon nos résultats les
journalistes n'ont pas souvent fait preuve de neutralité sur la question
et ont très souvent traité de cette question avec émotion.
De plus c'est un « sujet-épouvantail » dont les journaux
n'aiment pas très souvent parler.
L'hypothèse secondaire 1 était la construction
de la « question anglophone » est dépendante des
différentes lignes éditoriales. Elle se vérifie,
même si les journaux camerounais dans leur grand ensemble ont
relayé les informations concernant cette problématique en
fonction de l'actualité.
Notre hypothèse secondaire numéro 2 qui
était : l'apparition de la question anglophone dans l'agenda des
journaux se fait au gré des interactions se vérifie partiellement
dans la mesure où les politiques ont une légère influence
sur la presse écrite dans le « traitement de la question anglophone
». C'est généralement l'actualité qui insère
cette question dans l'agenda des médias.
CONCLUSION GÉNÉRALE
80
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
81
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
En définitive notre étude a eu pour objectifs :
l'analyse des articles de journaux parus sur la « question anglophone
» pendant la période de la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun, la compréhension
du processus de construction médiatique qui a abouti à la
médiatisation de la « question anglophone » dans la presse
écrite locale et l'exploitation des personnes ressources pour desceller
les modalités d'apparition de la « question anglophone » dans
l'agenda des médias.
Nous avons émis comme hypothèse que : la «
question anglophone » est perçue dans les journaux camerounais
comme un problème de revendications de prébendes politiques, une
hypothèse non vérifiée; le traitement de la «
question anglophone » dans les journaux camerounais est dépendant
des différentes lignes éditoriales, hypothèse
vérifiée et la « question anglophone » apparait dans
l'agenda des journaux camerounais au gré des interactions :
hypothèse partiellement vérifiée.
Pour mener à bien notre recherche, nous nous sommes
posé la question de savoir quelle est la perception de la «
question anglophone » qui se dégage des journaux camerounais au
lendemain de la célébration du cinquantenaire de la
réunification du Cameroun ? De plus, quelles sont les stratégies
éditoriales utilisées par les journaux camerounais pour traiter
de la « question anglophone » pendant le cinquantenaire de la
réunification ? D'ailleurs, comment apparait « la question
anglophone » dans l'agenda des journaux camerounais? Nous avons
sélectionné trois journaux selon les critères
d'ancienneté, de structuration, d'organisation, de pertinence et de
notoriété : Cameroon Tribune, The Post et
Le Messager. Notre travail a été circonscrit pendant la
période du cinquantenaire de la réunification du Cameroun,
c'est-à-dire avant, pendant et après le 17 février 2014.
L'analyse de contenu et les approches successives utilisées notamment la
première qualitative et la seconde quantitative nous auront permis de
collecter des données sur le terrain que nous avons traitées avec
un logiciel Sphinx 2 Plus. Nous nous sommes servis des théories : de la
perception, de l'argumentation et de l'agenda setting auxquelles nous avons
associé la méthode inductive pour traiter et interpréter
nos données.
.En ce qui concerne l'analyse qualitative nous avons
découvert que : la « question anglophone » occupe en
général les pages 3 et 5 du quotidien Le Messager, la
page 5 de The
82
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Post et la page 3 de Cameroon Tribune
c'est-à-dire ici que nous oscillons entre l'information politique
majeure et le fait de société. Dans la titraille, nous avons
confirmé que chaque journal en fonction de sa ligne éditoriale et
de ses interactions se démarque : le cinquantenaire de la
réunification est utilisé par Le Messager comme
prétexte de l'information. Cameroon Tribune opère une
forme de cadrage centré sur le cinquantenaire et The Post
utilise le rouge pour mettre en exergue certains mots dans sa titraille.
Nous avons découvert que la différence entre la titraille des
« Unes » et celle des pages internes permet aux journaux de rester
objectifs dans le traitement de l'information. En ce qui concerne les
illustrations, leur utilisation abusive permet de plonger le lecteur dans les
festivités du cinquantenaire. Nous avons confirmé que chaque
journal a choisi un genre journalistique particulier pour traiter la «
question anglophone » : Cameroon Tribune choisit
l'éditorial de sa Directrice de publication, The Post choisit
l'interview et Le Messager les énoncés
dérivés. Le Messager, Cameroon tribune et
The Post utilisent respectivement les champs lexicaux suivants :
Mémoire-division, compromis-union, problème-unité, ce qui
témoigne de l'idée générale véhiculée
par ces différents journaux sur la « question anglophone ».
Le Messager souhaite mettre en exergue les divisions inhérentes
à un passé dont les camerounais refusent de se souvenir. Les
angles de traitement qu'il utilise sont le travestissement de l'histoire du
Cameroun et la marginalisation des anglophones. Ses figures de styles sont la
prétérition et l'euphémisme. Cameroon Tribune
appelle à l'union sacrée et au besoin à chercher le
compromis comme dans tous les couples en utilisant comme angle de traitement le
dialogue permanent et The Post recherche l'unité tout en
rappelant qu'il existe un problème à la base qu'il ne faudrait
pas occulter. Les angles de traitement utilisés par ce journal
anglophone sont : l'oubli volontaire de la question anglophone et l'anglophone
comme problème pour les anglophones. The Post et Cameroon
Tribune utilisent comme figures de style la personnification et la
répétition même si les effets recherchés ne sont pas
semblables. Les trois journaux se rejoignent par le choix du raisonnement
déductif et de la tonalité didactique dans leurs colonnes.
The Post est le seul de ces trois journaux à ne pas
hésiter à titrer sur la « question anglophone » avant,
pendant et après le cinquantenaire de la réunification. Le
Messager commence par y faire allusion sans en crever l'abcès
pendant les festivités marquant cet évènement. Mais
après l'évènement en parle sans complexe. Par contre les
journalistes de Cameroon Tribune évitent même avec
précaution d'écrire les mots « marginalisation » et
« question anglophone » pendant toute la durée du
cinquantenaire. Après l'évènement c'est la Directrice de
publication en personne qui prend sur elle la
83
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
responsabilité de mentionner ces mots et de refermer
directement la page puisque le journal ne reviendra plus sur la « question
anglophone » plus tard.
En ce qui concerne l'analyse quantitative, le logiciel Sphinx
2 Plus nous a fourni les données suivantes : Au Cameroun, un «
anglophone » est un camerounais à part entière. La «
question anglophone » est un problème réel. Le «
problème anglophone » au Cameroun se pose en termes de
réparation d'un préjudice historique, de revendications
identitaires et de positionnement politique. La presse écrite à
relayé l'information concernant cette problématique. La «
question anglophone » apparait dans l'agenda des médias en fonction
de l'actualité et non selon un agenda caché. Les politiques
influencent légèrement la presse écrite dans le traitement
de la « question anglophone ». La « question anglophone »
est souvent traitée comme une information politique majeure ou encore
comme un fait de société. Les articles de la presse écrite
sur la « question anglophone » sont rédigés par les
journalistes en fonction des interactions. La presse écrite au Cameroun
est une presse instrumentalisée.
Nos conclusions sont les suivantes : Le traitement de la
question anglophone au Cameroun subit des influences. Influence
légère des politiques et des lignes éditoriales, influence
dans la perception de départ de cette question. Nous nous attendions
à ce que l'influence des politiques sur la presse camerounaise soit plus
importante. Nous avons découvert une presse camerounaise à
plusieurs vitesses qui a tout de même de la qualité sur le plan
professionnel. Reste maintenant à la presse écrite camerounaise
de construire sa neutralité et de servir de plateforme d'échange
entre le gouvernement de Yaoundé et les irrédentistes anglophones
pour poser clairement le problème anglophone et y apporter des solutions
efficaces et viables dans l'optique de consolider le vivre ensemble.
84
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
A-
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
OUVRAGES GÉNÉRAUX
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internationale de politique comparée, (2005). Bénot Y,
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Cameroun dans les années 1990, Ocisca/Orstom Njoh Endeley
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85
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
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La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
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constitutionnalise-t-on le « nous » au Cameroun dans l'Etat post-
unitaire ?
G- ENCYCLOPÉDIE :
86
Dictionnaire Larousse illustré-(2007)
ANNEXES
87
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
88
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
ANNEXE 1 : GRILLE D'OBSERVATION Nom du
journal : Le messager
Date de création : 17 novembre 1979
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
Me
|
08/01/2014
|
Délocalisation : Pourquoi le
cinquantenaire se prépare-t-il à Douala ?
|
7
|
La côtière
|
Analyse
|
B. Dassie
|
Ma
|
14/01/2014
|
Cinquantenaire de la
réunification : Buéa entre espoir et
résignation...
|
2
|
Zoom
|
Reportage
|
J. Olinga
|
Ma
|
14/01/2014
|
Préparatifs : les habits neufs de Buéa.
|
2
|
Zoom
|
Portrait
|
J. Olinga
|
Ma
|
14/01/2014
|
Vox pop
|
2
|
Zoom
|
Vox pop
|
J. Olinga
|
Ma
|
14/01/2014
|
Bernard Okalia Bilai : « les
chantiers du cinquantenaire sont exécutés »
|
3
|
Zoom
|
Interview
|
J. Olinga
|
Ma
|
14/01/2014
|
Photos
|
3
|
Zoom
|
Illustrations
|
J. Olinga
|
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
Ma
|
18/02/2014
|
Paul Biya prend l'administration de court.
|
2
|
Politique : Agenda du
cinquantenaire
|
Reportage
|
F. Essomba
|
V
|
21/02/2014
|
Paul Biya annonce la mise en place du conseil constitutionnel.
|
5
|
Dossier cinquantenaire
de la réunification
|
Compte rendu
|
J. Kankeu
|
V
|
21/02/2014
|
Fru Ndi tance Paul Biya.
|
5
|
Dossier cinquantenaire
de la réunification
|
Billet d'humeur
|
B. Dassie
|
V
|
21/02/2014
|
Le protocole d'Etat chasse les sauveteurs du marché
Mokolo.
|
6
|
Dossier inauguration du
monument du cinquantenaire
|
Reportage
|
J. Kankeu
|
V
|
21/02/2014
|
Coulisses
|
6
|
Dossier inauguration du
monument du cinquantenaire
|
Brèves
|
J. Kankeu et B. Dassie.
|
V
|
21/02/2014
|
« Que les camerounais se
|
6
|
Dossier inauguration du
|
Extrait
|
Paul Biya
|
89
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
|
|
sentent de plus en plus unis ».
|
|
monument du
cinquantenaire
|
|
|
V
|
21/02/2014
|
L'opposition « boycotte» le
défilé.
|
7
|
Dossier: Douala.
|
Reportage
|
V. Tonga
|
V
|
21/02/2014
|
Logistique archaïque.
|
7
|
Ambiance
|
Commentaire
|
V. Tonga
|
V
|
21/02/2014
|
Un cinquantenaire sans
symbole.
|
7
|
Dossier
|
Commentaire
|
V. Tonga
|
V
|
21/02/2014
|
Les réactions :- Samuel Kléda À Prince
Mefire Njoya- Me Jean De Dieu Momo.
|
7
|
Dossier
|
Vox pop
|
V. Tonga
|
V
|
21/02/2014
|
L'Undp boycotte le défilé.
|
7
|
Dossier : Ngaoundéré.
|
Reportage
|
S. Kankili
|
V
|
21/02/2014
|
Foumban reste sur sa soif.
|
8
|
Dossier célébration
|
Reportage
|
G. Dzuidie
|
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
V
|
21/02/2014
|
Lettre ouverte à mon frère de l'outre Moungo.
|
8
|
Dossier cinquantenaire
|
Chronique
|
B. Kingue
|
L
|
24/02/2014
|
Buéa sans mémoire : la
réconciliation n'a pas eu lieu.
|
5
|
Politique :
Cinquantenaire de la réunification
|
Chronique
|
B. Kingue
|
L
|
24/02/2014
|
Les artisans de l'indépendance
et de la réunification du Cameroun.
|
5
|
Suite
|
Encadré
|
Non signé
|
L
|
24/02/2014
|
Coulisses
|
5
|
Suite
|
Brèves
|
J. Kankeu
|
Ma
|
25/02/2014
|
Les chefs traditionnels
sollicitent la libération d'Inoni Éphraïm.
|
3
|
Politique: Audiences à
Buéa.
|
Reportage
|
B. Dassie
|
J
|
27/02/2014
|
Le Manidem décrie la
« mystification » de l'histoire du Cameroun.
|
4
|
Politique: Cinquantenaire de la réunification.
|
Compte rendu
|
M. Mamgue
|
L
|
11/05/2015
|
Revendication : les avocats
anglophones du Common Law exigent le retour au
fédéralisme
|
3
|
Politique
|
Compte rendu
|
Donat Suffo
|
V
|
22/05/2015
|
20 mai 1972 : Un coup de force d'Ahidjo.
|
5, 6, 7
|
Citoyenneté
|
Analyse
|
Enow
Meyomesse
|
Me
|
27/05/2015
|
L'âge de départ à la retraite pollue
l'ambiance
|
3
|
Société : CRTV.
|
Commentaire
|
S. Onohiolo
|
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
Me
|
27/05/2015
|
Tchiroma et Vamoulké sourds aux cris des anglophones.
|
3
|
Société : CRTV.
|
Encadré
|
S. Onohiolo
|
90
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
J
|
01/10/2015
|
Histoire : la réunification du
Cameroun dans les oubliettes.
|
3
|
Politique
|
Reportage
|
A. Njipou et
B. Bihel
|
L
|
30/11/2015
|
Le sénateur Nfon Mukete met le régime en garde.
|
2
|
Politique :
Marginalisation des anglophones.
|
Compte rendu
|
Donat Suffo
|
Nom du journal : Cameroon Tribune
Date de création : 1974
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
L
|
27/01/2014
|
Cinquantenaire de la
réunification : les témoins parlent.
|
5
|
Politics
|
Analyse
|
A. Essogo
|
L
|
27/01/2014
|
Tout est prêt à Buéa.
|
5
|
Politics
|
Brève
|
Non signée
|
L
|
27/01/2014
|
50 years of
Reunification
|
5
|
Politics
|
Brève
|
Non signée
|
L
|
27/01/2014
|
« We were Happy to leave Nigeria »
|
5
|
Politics
|
Interview : Fon
Angwafor III
|
L. Nyuylime
|
L
|
03/02/2014
|
Reunification
Celebration: The New Face of Buea.
|
5
|
Politics
|
Portrait
|
R. Kometa
|
L
|
03/02/2014
|
Buéa en attente sereine.
|
5
|
Politics
|
Portrait
|
Alliance Nyobia
|
L
|
17/02/2014
|
Une prière en guise de coup d?envoi.
|
2
|
La tribune de la
réunification
|
Reportage
|
E. Essomba
|
L
|
17/02/2014
|
Towards a Hich-free
Event.
|
3
|
Reunification Forum
|
Reportage
|
N. Forbinake
|
L
|
17/02/2014
|
Ultimes réglages à Buéa
|
3
|
Reunification Forum
|
Reportage
|
J. F. Belibi
|
L
|
17/02/2014
|
Buéa est parée.
|
4
|
La tribune de la
réunification
|
Commentaire
|
Alliance Nyobia
|
L
|
17/02/2014
|
Anxiety Mounts as Buea
awaits Presidential Couple.
|
4
|
La tribune de la
réunification
|
Commentaire
|
P. Efande
|
L
|
17/02/2014
|
Yaoundé : le monument témoin.
|
5
|
Reunification Forum
|
Portrait
|
J. M. Nzeukoue
|
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
L
|
17/02/2014
|
Fai Mbuh Yang
témoigne.
|
5
|
Les gens de la
réunification.
|
Témoignage
|
J.B. Ketchateng
|
L
|
17/02/2014
|
« We campaigned for
|
5
|
Les gens de la
|
Interview
|
E. Kendemeh
|
91
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
|
|
Reunification ».
|
|
réunification.
|
|
|
L
|
17/02/2014
|
Programmme en
français et anglais.
|
6 et
7
|
Cinquantenaire de la
réunification du Cameroun
|
Programme
|
La rédaction
|
Ma
|
18/02/2014
|
Paul Biya à Buéa ce jour.
|
2
|
La tribune de la
Réunification.
|
Reportage
|
J. F. Belibi
|
Ma
|
18/02/2014
|
Le Chef de l'Etat en visite officielle à Buéa.
|
3
|
Suite
|
Communiqué
|
Martin Bélinga
Eboutou
|
Ma
|
18/02/2014
|
Consensus sur l'unité
nationale.
|
3
|
Grand colloque de Buéa
|
Illustrations et
compte rendu
|
E. Essomba
|
Ma
|
18/02/2014
|
A long Day to revisit the Reunification Trail.
|
4
|
Tribune de la
Réunification
|
Compte rendu.
|
N. Forbinake
|
Ma
|
18/02/2014
|
-Pr Pondi- Pr Samson Abangma- Mgr Lysinge- Ekambi Brillant.
|
4
|
Suite
|
Parole à
l'extérieur
|
N Mbonwoh et J. F. Belibi.
|
Ma
|
18/02/2014
|
Le regard de Joseph
Atanga.
|
5
|
Les gens de la
Réunification.
|
Portrait
|
A. Essogo.
|
Ma
|
18/02/2014
|
« I financed Foncha and Muna Campaigns »
|
5
|
Suite
|
Interview
|
C Loh
|
Ma
|
18/02/2014
|
Douala : un stade pour l'histoire.
|
6
|
Arrêt
|
Commentaire
|
A. Nyobia
|
Ma
|
18/02/2014
|
Tiko comme en 1961
|
6
|
Arrêt
|
Reportage
|
J. F. Belibi
|
Ma
|
18/02/2014
|
L'Extrême-nord sans
déchets plastique.
|
7
|
Echos
|
Reportage
|
G. Djarmaila
|
Ma
|
18/02/2014
|
Volunteers keep Buea sparkling.
|
7
|
Echos
|
Reportage
|
R. Mbonteh
|
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
Ma
|
18/02/2014
|
Le gouverneur désherbe à Bafoussam.
|
7
|
Echos
|
Reportage
|
E. V. Fomo
|
Ma
|
18/02/2014
|
Garoua a pris le train
|
7
|
Echos
|
Reportage
|
D. Fodambele
|
Ma
|
18/02/2015
|
Suite du programme.
|
8
|
La tribune de la
réunification.
|
Programme en
français.
|
La rédaction
|
Ma
|
18/02/2015
|
Programme of
festivities.
|
9
|
La tribune de la
réunification.
|
Programme en
anglais
|
La rédaction
|
92
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
Me
|
19/02/2014
|
Liesse populaire au pied du mont Cameroun.
|
2
|
Tribune de la Réunification : le point.
|
Reportage
|
M. Bakoa
|
Me
|
19/02/2014
|
Tiko Airport : Where Reunification begins.
|
3
|
Le point
|
Reportage
|
L. Nyuylime
|
Me
|
19/02/2014
|
Hommage aux héros nationaux.
|
4
|
Spectacle
|
Compte rendu
|
E. Essomba
|
Me
|
19/02/2014
|
How do we ensure the March Forward...
|
4
|
Spectacle
|
Compte rendu
|
N Forbinake
|
Me
|
19/02/2014
|
Commutation et remise de peines.
|
5
|
Reunification Forum.
|
Encadré et
Communiqué en français et anglais
|
Ferdinand Ngoh Ngoh.
|
Me
|
19/02/2014
|
Mobilisation générale.
|
6
|
Tiko-Buea
|
Reportage
|
M. Bikele
|
Me
|
19/02/2014
|
Enthusiastic Welcome for Presidential Couple.
|
6
|
Tiko-Buea
|
Reportage
|
Ngassa
|
Me
|
19/02/2014
|
Fontaine de Bismarck : une attraction dans la ville.
|
7
|
Arrêt
|
Portrait
|
J. F. Belibi
|
Me
|
19/02/2014
|
Preserve what we have achieved.
|
7
|
Interview
|
Interview de : Andrew Motanga
|
N. Bonwoh
|
Me
|
19/02/2014
|
Maroua: la paix exaltée.
|
8
|
Echos
|
Reportage
|
G. Djarmaila
|
Me
|
19/02/2014
|
Ngaoundéré: l'histoire au present.
|
8
|
Echos
|
Reportage
|
J. Maman
|
Me
|
19/02/2014
|
Le Sud dans la mouvance.
|
8
|
Echos
|
Reportage
|
A. Amougou
|
Me
|
19/02/2014
|
Tous unis à Bafoussam.
|
8
|
Echos
|
Reportage
|
E. V. Fomo
|
Me
|
19/02/2014
|
Yaoundé à l'unisson.
|
9
|
Echos
|
Reportage
|
J. Fankam
|
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
Me
|
19/02/2014
|
Douala: Unity in Diversity.
|
9
|
Echos
|
Reportage
|
L. Nganlay
|
Me
|
19/02/2014
|
Bamenda: Population on the Streets for Reunification.
|
9
|
Echos
|
Reportage
|
L. Esong
|
Me
|
19/02/2014
|
Garoua: le patriotisme magnifié.
|
9
|
Echos
|
Reportage
|
D. Fodambele
|
Me
|
19/02/2014
|
Suite du programme
|
10
|
Agenda
|
Programme en français et anglais
|
La rédaction
|
Me
|
19/02/2014
|
Mobilisation légitime
|
11
|
Reunification Forum
|
Commentaire
|
Ba Nken
|
Me
|
19/02/2014
|
Reunification Surprises
|
11
|
Reunification Forum
|
Commentaire
|
R. Kometa
|
L
|
24/02/2014
|
Unis, décrocher l'avenir.
|
3
|
Reunification Forum
|
Editorial
|
M. Nnana
|
L
|
24/02/2014
|
Intensive Exchanges with Regional Leaders.
|
2
|
La tribune de la réunification
|
Compte rendu
|
N. Forbinake
|
|
L
|
24/02/2014
|
Audiences présidentielles : Cinq délégations
chez Paul Biya.
|
4
|
La tribune de la réunification
|
Compte rendu
|
E. Essomba
|
L
|
24/02/2014
|
Buea loved to keep the President.
|
5
|
Reunification Forum
|
Reportage
|
N. Forbinake
|
L
|
24/02/2014
|
Au revoir sous les
|
5
|
Reunification
|
Reportage
|
E. Essomba
|
93
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
|
|
ovations.
|
|
Forum
|
|
|
L
|
24/02/2014
|
Moments of a Historic Celebration.
|
6
|
La tribune de la réunification
|
Reportage
|
L. Nyuylime
|
L
|
24/02/2014
|
Euphoric Welcome at all Instances.
|
7
|
Reunification Forum
|
Reportage
|
Brenda Ngassa
|
L
|
24/02/2014
|
Une ville enviable et enviée.
|
7
|
Reunification Forum
|
Reportage
|
Essogo
|
L
|
24/02/2014
|
La culture
camerounaise dans tous ses états.
|
8
|
La tribune de la réunification
|
Reportage
|
J. F. Belibi
|
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
L
|
24/02/2014
|
Les bonnes affaires du cinquantenaire.
|
8
|
La tribune de la réunification
|
Reportage
|
M. Bakoa
|
L
|
24/02/2014
|
Clear Roadmap for a Stronger Cameroon.
|
9
|
Reunification Forum.
|
Reportage
|
E. Agbortogo
|
L
|
24/02/2014
|
Réactions
|
9
|
Reunification Forum.
|
Interview
|
E. Agbortogo
|
L
|
24/02/2014
|
Le cinquantenaire de la réunification en images.
|
10 et
11
|
Reunification Forum.
|
Reportage photographique
|
Envoyés spéciaux
|
L
|
24/02/2014
|
Safe guarding a Pearl
|
12
|
La tribune de la réunification
|
Analyse
|
Shey Peter Mabu
|
L
|
24/02/2014
|
Honouring National Heroes.
|
13
|
Reunification Forum.
|
Reportage
|
N. Forbinake
|
L
|
24/02/2014
|
Le flambeau toujours plus haut.
|
13
|
Reunification Forum.
|
Reportage
|
E. Essomba
|
L
|
24/02/2014
|
Au diapason de la nation.
|
14
|
La tribune de la réunification
|
Commentaire
|
Ba Nken
|
L
|
24/02/2014
|
Opportunities never to miss.
|
14
|
La tribune de la réunification
|
Commentaire
|
N. Forbinake
|
Ma
|
25/02/2014
|
Une question de volonté.
|
3
|
Regard
|
Analyse
|
M. Ma Pondi
|
Ma
|
25/02/2014
|
Idées forces d'un discours-bilan.
|
4
|
Politique : Retour sur le discours du Chef de l'Etat à
Buéa.
|
Synthèse
|
M. Bakoa et A. Essogo
|
Ma
|
25/02/2014
|
« President Biya assured State support »
|
4
|
Politique
|
Interview
|
N. Mbonwoh
|
|
Ma
|
25/02/2014
|
Cinquantenaire de la réunification : les camerounais
saluent.
|
5
|
Politics
|
Vox Pop
|
La rédaction
|
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
J
|
27/02/2014
|
Buéa : l'incroyable mue.
|
11
|
Grand reportage
|
Reportage
|
I.Mbassi-Bikele
|
J
|
27/02/2014
|
The Place to Be.
|
12
|
Grand reportage
|
Brèves
|
I.Mbassi-Bikele
|
J
|
27/02/2014
|
«Buea has move from Village to town».
|
13
|
Grand reportage
|
Réactions
|
E. Agbortogo
|
J
|
27/02/2014
|
Dr Charles Menyoli : An Epitome in Buea's Development.
|
13
|
Grand reportage
|
Portrait
|
R. Mbonteh
|
Me
|
12/03/2014
|
Senate :Teamwork recommended to parliament
|
2
|
Nationales
|
Compte rendu
|
E. Kendemeh
|
Me
|
12/03/2014
|
Commutation et remise de peine : les élus approuvent.
|
2
|
Nationales
|
Compte rendu
|
J.F. Belibi
|
94
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Me
|
12/03/2014
|
Ces prétendues pressions...
|
6
|
Série Commutati on et remise de peines : les faits et la
diversion.
|
Analyse
|
Armand Essogo
|
Me
|
12/03/2014
|
Manip et falsification
|
6
|
Série
|
Commentaire
|
M. Ma Pondi
|
Me
|
12/03/2014
|
Unfair Diversion.
|
7
|
Série
|
Commentaire
|
R. Kometa
|
Me
|
12/03/2014
|
« le Chef de l'Etat a agi conformément à la
loi ».
|
7
|
Série
|
Interview
|
Alain
Tchakounte
|
V
|
28/03/2014
|
Souvenirs de Buéa.
|
3
|
Politics :
Cinquantenaire de la réunification
|
Compte rendu
|
Armand Essogo
|
Nom du journal : The Post.
Date de création : 1993
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
L
|
03/02/2014
|
Tiko Airport may be Re- opened
|
2
|
News
|
Commentaire
|
Joe Pefok
|
L
|
03/02/2014
|
« Address Anglophone
problem before it boils over»
|
5
|
Interview
|
Interview
|
Yerima Nsom
|
L
|
17/02/2014
|
No Beer before welcoming Biya to Buea.
|
2
|
News
|
Compterendu
|
Francis Mbom
|
V
|
21/02/2014
|
Ahidjo, Foncha, Endeley
ignored at Reunification
Jubilee.
|
3
|
News
|
Compte rendu
|
Bouddih Adams
|
V
|
21/02/2014
|
At Reunification
Celebration, Northwest
Elites demand Equity
|
2
|
News
|
Reportage
|
Isidore Abah
|
V
|
21/02/2014
|
FCFA 35 Billion gulped by Reunification Projects.
|
3
|
News
|
Compte rendu
|
Nformi Kinsai
|
V
|
21/02/2014
|
Kumba celebrates
Reunification in Filth.
|
3
|
News
|
Analyse
|
Maxcel Fokwen
|
V
|
21/02/2014
|
Reunification Celebration
Fever catches far North.
|
3
|
News
|
Reportage
|
Lindi Nabain
|
V
|
21/02/2014
|
Anglophone's worst
Enemy is The Anglophone À Barrister Nico Halle
|
5
|
Interview
|
Interview
|
Yerima Nsom
|
V
|
21/02/2014
|
Presidential Visit:
Activities stalled, Buea heavily Militarised.
|
7
|
Unification Celebrations
|
Reportage
|
Isidore Abah
|
V
|
21/02/2014
|
Yang Tells Activists : If
you want dialogue, form Political Party.
|
7
|
Unification Celebrations
|
Compte rendu
|
Isidore Abah
|
95
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
Jour
|
Date
|
Titre
|
Page
|
Rubrique
|
Genre
|
Signature
|
V
|
21/02/2014
|
Letter from Buea...To Yaounde.
|
8
|
Column
|
Billet d'humeur.
|
Mbella
|
V
|
21/02/2014
|
Reunification: Sad News, Good News.
|
8
|
Spyglass
|
Chronique
|
Azore Opio
|
L
|
24/02/2014
|
President Biya Speech at Reunification Jubilee.
|
3
|
News
|
Discours
|
Paul Biya
|
L
|
24/02/2014
|
NW Fons Bury Hatchet', give Biya Gift.
|
3
|
News
|
Reportage
|
Joe Pefok
|
L
|
24/02/2014
|
Reunification participants protest poor Compensation.
|
3
|
News
|
Reportage
|
Maxcel Fokwen
|
L
|
24/02/2014
|
More Desired after 50 Years of Reunification.
|
4
|
News/Opinion
|
Parole à l'extérieure.
|
Walter Nana
|
L
|
24/02/2014
|
Cameroons Reunification
Celebration: What Lessons for the Future?
|
4
|
News/Opinion
|
Analyse
|
Nchechuma Nchetievie
|
L
|
24/02/2014
|
Reunification Celebration could have been better.
|
5
|
Interview
|
Interview
|
Bouddih Adams
|
L
|
24/02/2014
|
Admit Anglophone Problem Prof. Pondi tells Gov't.
|
6
|
News
|
Compte rendu
|
Isidore Abah
|
L
|
24/02/2014
|
Biya gives Nothing more.
|
6
|
News
|
Reportage
|
Isidore Abah
|
L
|
24/02/2014
|
Cameroonians react after Reunification Celebrations in Buea.
|
6 et
7
|
News
|
Brèves
|
La
rédaction
|
L
|
24/02/2014
|
Tiko SDF Mayor receives President Biya.
|
8
|
News
|
Reportage
|
Azore Opio
|
L
|
24/02/2014
|
Reunification opened Cameroonians to more Scholarships À
Historian.
|
8
|
News
|
Analyse
|
Jude Fuhnwi
|
L
|
24/02/2014
|
Banner Misinforms
|
8
|
News
|
Reportage
|
Francis Mbom
|
L
|
24/02/2014
|
24 Bui Indigenes honoured as Reunification Actors.
|
8
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News
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Compte rendu
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W. Nformi
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L
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24/02/2014
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Bits and Pieces on Reunification Celebration.
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9
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News
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Brèves
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Joe Pefok
|
L
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24/02/2014
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My Odyssey...The Story of Cameroon Reunification with Authentic
Letters of Key Players
|
9
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Book Review
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Revue de lecture
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Non signé
|
L
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24/02/2014
|
Savez by French Language Press Card.
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9
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News
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Billet d'humeur
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Azore Opio
|
L
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24/02/2014
|
Obsolete Buea Photo Archives needs Renovation.
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10
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Society
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Reportage
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Azore Opio
|
L
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24/02/2014
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Police Mount useless Hunt for SCNC Activists.
|
10
|
Society
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Brève
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Maxcel Fokwen
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V
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07/03/2014
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Fons, Chiefs wash Royal linen' in public.
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2
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News
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Commentaire
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Yeriam Nsom
|
V
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07/03/2014
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Untold Story of Northwest Fons' Conflict
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2
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News
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Commentaire
|
Joe Pefok
|
V
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10/10/2014
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Biya shocks commonwealth with Speech in French.
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2
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News
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Commentaire
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Yerima Nsom
|
V
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17/10/2014
|
Biya addresses Commonwealth Parlamentarians in French: Fair or
Foul?
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6 et
7
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The People speak
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Parole à l'extérieur.
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La
redaction
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96
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
ANNEXE 2 : Cameroon Tribune du Mardi 18 février
2014
97
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
ANNEXE 3 : Cameroon Tribune du Mercredi 19
février 2014
98
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
ANNEXE 4 : The Post du lundi 17 février 2014
99
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
ANNEXE 5 : The Post du lundi 03 février 2014
100
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
ANNEXE 6 : The Post du lundi 24 février 2014
101
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
ANNEXE 7 : The Post du Vendredi 21 février
2014
102
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
ANNEXE 8 : Le Messager du lundi 11 Mai 2015
103
La médiatisation de la « question anglophone
» dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
TABLE DES MATIERES
DÉDICACE ..i
REMERCIEMENTS ii
SOMMAIRE ..iii
LISTE DES ABRÉVIATIONS, ACRONYMES ET SIGLES
...v
LISTE DES ILLUSTRATIONS ...vi
GLOSSAIRE vii
RÉSUMÉ ..viii
ABSTRACT .ix
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
CHAPITRE I : LA « QUESTION ANGLOPHONE » AU
CAMEROUN 21
I- GÉNÉRALITÉS SUR « LA QUESTION
ANGLOPHONE » .22
II- TERMES EN LESQUELS SE POSE LA « QUESTION ANGLOPHONE
» AU
CAMEROUN 32
CHAPITRE II : LE CINQUANTENAIRE DE LA
RÉUNIFICATION DU
CAMEROUN .36
I- PRÉMICES DE LA RÉUNIFICATION DU CAMEROUN .37
II- DÉROULEMENT DU CINQUANTENAIRE DE LA
RÉUNIFICATION DU
CAMEROUN .39
CHAPITRE III : STRATÉGIES DE CONSTRUCTION DE LA
« QUESTION
ANGLOPHONE » DANS LES JOURNAUX CAMEROUNAIS
.45
104
La médiatisation de la « question anglophone »
dans les journaux camerounais pendant la célébration du
cinquantenaire de la réunification du Cameroun.
I- MANOEUVRES DE CAPTATION DE L?AUDIENCE DES
JOURNAUX ..46
II- STRATÉGIES DE MISE EN DISCOURS 57
CHAPITRE IV- ANALYSE QUANTITATIVE DE LA
QUESTION
|
|
ANGLOPHONE
|
.67
|
I- EXPLOITATION DU MATÉRIEL
|
68
|
II- TRAITEMENT DES RÉSULTATS ET INTERPRÉTATION
|
.75
|
|
CONCLUSION GÉNÉRALE
|
80
|
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
|
....84
|
ANNEXES
|
87
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