Section 2 : Analyse économétrique
Les
analyses économétriques des facteurs institutionnels de
l'exclusion bancaire s'inspirent du modèle de Popescu et Totan (2013).
Ce modèle, est estimé par la méthode des moindres
carrés ordinaires à partir des données sous forme de
série temporelle. La durée et son choix ont été
expliqués en introduction générale.
1.
Spécification du modèle
Notre modèle se présente de la manière
suivante :
t=1,2....34
Où, Yt= taux d'exclusion
bancaire ; tid = taux d'intérêt
débiteur ; nb= nombre de banques ;
ng= nombre de guichets ; mnaie= masse
monétaire. Notons que, ces variables sont institutionnelles dans la
mesure où elles ne dépendent pas de la demande. Elles
émanent des institutions bancaires.
a. Justifications des variables
institutionnelles
v Le taux d'intérêt
débiteur
Selon la banque mondiale, le taux d'intérêt
débiteur est le taux d'intérêt perçu par les banques
sur les prêts accordés aux clients préférentiels. Il
est un déterminant de l'exclusion bancaire dans la mesure où, une
variation de ce taux entraine une modification du nombre ou du volume de
crédit octroyé et a un effet sur le niveau d'exclusion bancaire.
La figure ci-après représente l'évolution de ce taux entre
1980 et 2013.
Figure 5: Evolution du
taux d'intérêt débiteur 1980 à 2013
Source : par l'auteur à
partir des données de la banque mondiale
La lecture de ce graphique renseigne que, le taux
d'intérêt débiteur au Cameroun est sans cesse croissant. Au
début des années 80, il connait un faible niveaupar la suite, il
a connu une chute considérable dans les années 1994-1995 au
lendemain de la dévaluation du Franc CFA. Seulement, après cette
conjoncture économique qu'a subit le Cameroun, il a continué sa
lancé vers la monté et en 2013, le taux se situe autour de 21.73%
selon la banque mondiale. Cependant, un niveau très élevé
du taux d'intérêt débiteur est de nature à
décourager les ménages à solliciter les crédits
bancaires et par conséquent ces ménages se trouvent exclus. taux
d'intérêt bancaire est une fonction croissante du niveau
d'exclusion bancaire. Ainsi, le taux d'intérêt débiteur est
une fonction croissante du niveau d'exclusion bancaire.
v Le nombre de banques
Selon la banque centrale de France, le niveau d'exclusion
bancaire est de 1% en France. Pour elle, si plusieurs facteurs expliquent ce
faible niveau, le grand nombre de banques existant en France joue
également un rôle primordial. En effet, plus il y a les banques
dans un pays, mieux les ménages ont l'occasion de se bancariser.
L'évolution du nombre de banque au Cameroun se présente comme
suit :
Figure 6: Evolution du
nombre de Banques de 1980 à 2013
Source : Fait par l'auteur
La lecture de notre figure montre que, durant les
années 80, le nombre de banques au Cameroun est faible. En outre, suite
à la crise bancaire qu'a connue le Cameroun durant ces années,
certaines banques ont fermé et d'autres ont fusionné ce qui
justifie le pique de la courbe au niveau le plus bas. Les restructurations qui
ont suivi et qui ont permis la libéralisation du secteur bancaire,
permet d'observer une augmentation du nombre de banques.Aujourd'hui, ce niveau
du nombre de banques a davantage augmenté et le Cameroun enregistre
dorénavant 13 banques. Parallèlement, on a pu constater que,
l'augmentation du nombre de banques réduit le niveau d'exclusion
bancaire. Ainsi, le nombre de banques est fonction décroissante du
niveau d'exclusion bancaire.
v La masse monétaire
La banque mondiale définit la masse monétaire
comme étant, la somme des circulations fiduciaires hors banque, des
dépôts à vue autres que ceux du gouvernement central, des
dépôts d'épargne à terme et des dépôts
en devise étrangère des secteurs résidents autres que le
gouvernement central, les chèques de banque et de voyage, ainsi que
d'autres titres comme les certificats de dépôt et les billets de
trésorerie.La figure ci-dessous nous montre l'évolution de la
croissante de la masse monétaire.
Figure 7: Evolution de
la croissance de la masse monétaire M2
Source : Fait par l'auteur
à partir des données de la Banque Mondiale
Cette courbe retrace l'évolution de la croissance de la
masse monétaire. On peut constater que, l'offre de monnaie n'est pas
stable et a connu des fluctuations considérables. Ainsi, une offre de
monnaie restreinte discrimine les ménages qui sollicitent les
crédits. Par ailleurs, une offre massive de monnaie encourage les
ménages à solliciter les dits crédits. A cet effet, on
constate que, l'offre de monnaie est une fonction décroissante de
l'exclusion bancaire (Popescu et Totan, 2013). Cependant, il faut noter que,
l'offre massive de monnaie a des répercussions négatives sur les
prix. En effet, Fisher a démontré une relation positive entre
l'offre de monnaie et le niveau de prix. C'est dans ce sens que Friedman a pu
affirmer que : « l'inflation est partout et toujours un
phénomène monétaire ».
b. Tests de stationnarité des
paramètres
Afin de vérifier la stationnarité de nos
paramètres, nous faisons les tests de racine unitaire. Pour effectuer
ces tests, nous utilisons celui de Dickey Fuller Augmenté (DFA) et celui
de Phillips Perron (PP).
NB : l'importance des tests de Dickey
Fuller Augmenté et Celui de Phillips Perron a été
expliquée au Chapitre 2.
o Test de Dikey Fuller Augmenté
Tableau 12:
Récapitulatif des résultats du test ADF
Variables
|
ADF
|
Valeur Critique 1%
|
Valeur Critique 5%
|
Valeur Critique 10%
|
Ordre d'intégration
|
Excl
Tid
Nb
Ng
Mnaie
|
-5.3
-6.33
-6.30
-3.69
-7.39
|
-3.65
-3.65
-3.65
-3.65
-3.66
|
-2.95
-2.95
-2.95
-2.95
-2.96
|
-2.61
-2.61
-2.61
-2.61
-2.61
|
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
|
Source : Fait par l'auteur
Le tableau ci-dessus nous renseigne sur la
stationnarité de nos paramètres. Il nous montre que nos variables
sont stationnaires en différence. Le fait que ces variables soient
stationnaires en différence montre que les éventuels chocs ayant
affecté celles-ci sont de natures transitoires plutôt que
permanentes, résultat qui augure une certaine stabilité desdites
variables. Nous procédons au test de Phillips - Perron, afin de voir si
nos conclusions sont exactes.
o Test de Phillips Perron (PP)
Tableau 13:
Résultats du test PP
Variables
|
PP
|
Valeur Critique 1%
|
Valeur Critique 5%
|
Valeur Critique 10%
|
Ordre d'intégration
|
Excl
Tid
Nb
Ng
Mnaie
|
-5.29
-8.33
-9.30
-3.68
-9.55
|
-3.65
-3.65
-3.65
-3.65
-3.65
|
-2.95
-2.95
-2.95
-2.95
-2.95
|
-2.61
-2.61
-2.61
-2.61
-2.61
|
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
|
Source : Fait par l'auteur
A l'issu du résultat, le test de Phillips Perron
confirme la stationnarité d'ordre I(1) des paramètres. A cet
effet, nous nous passons au test de Cointégration qui permet de
déterminer si les variables sont intégrées entre elles.
c. Les tests de cointégration
Afin de vérifier la cointégration de nos
paramètres, nous faisons le test de cointégration de Johansen. Le
choix de cette technique et son importance ont été
développés au Chapitre 2.
Les résultats de ce test sont les suivants
Figure 8:
Résultats du test de Cointegration de Johansen
Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace)
|
|
Hypothesized
|
|
Trace
|
0.05
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Prob.**
|
None *
|
0.670269
|
85.44707
|
69.81889
|
0.0017
|
At most 1 *
|
0.501440
|
49.94375
|
47.85613
|
0.0314
|
At most 2
|
0.378385
|
27.67073
|
29.79707
|
0.0863
|
At most 3
|
0.301734
|
12.45681
|
15.49471
|
0.1363
|
At most 4
|
0.029671
|
0.963844
|
3.841466
|
0.3262
|
Trace test indicates 2 cointegrating eqn(s) at the 0.05
level
|
* denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level
|
**MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values
|
|
Unrestricted Cointegration Rank Test (Maximum Eigenvalue)
|
Hypothesized
|
|
Max-Eigen
|
0.05
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
None *
|
0.670269
|
35.50332
|
33.87687
|
At most 1
|
0.501440
|
22.27302
|
27.58434
|
At most 2
|
0.378385
|
15.21392
|
21.13162
|
At most 3
|
0.301734
|
11.49297
|
14.26460
|
At most 4
|
0.029671
|
0.963844
|
3.841466
|
Max-eigenvalue test indicates 1 cointegrating eqn(s) at the
0.05 level
|
* denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level
|
**MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values
|
|
|
|
|
Source : Fait par l'auteur
Les résultats du test de cointégration que
nous obtenons à partir de la technique de Johansen nous indiquent, il
existe deux relations de cointégration dans notre modèle. Ce
constat permet ainsi, de nous orienter vers l'estimation d'un modèle
à correction d'erreur.
|