Section 2 : Analyse économétrique
L'évaluation économétrique des
facteurs socio-économiques de l'exclusion bancaire au Cameroun s'inspire
du modèle de Popescu et Totan (2013). C'est un modèle de
régression multiple estimé par la méthode des moindres
carrés ordinaires avec des données sous forme de série
temporelle.
Il a pour variables indépendantes : le taux
d'alphabétisation, le taux de chômage, l'inflation, le produit
intérieur brut et le produit intérieur brut par habitant. Le taux
d'exclusion bancaire est la variable dépendante ou endogène et
permet ainsi de capter l'exclusion bancaire. La durée de l'étude
va de 1980 à 2013. La justification de cette période est
expliquée en introduction générale.
1.
Spécification du modèle
Le modèle se présente de la manière
suivante :
(1.1)
t=1, 2,...,34
L'estimation des modèles avec les données en
séries temporelles, nécessite au préalable la
vérification de la stationnarité des paramètres. Si les
résultats obtenus approuvent la stationnarité de ces
paramètres à niveau, alors, nous effectuons notre estimation avec
les MCO sans contraintes. Cependant, si les résultats n'approuvent pas
la stationnarité en niveau, nous procédons à la
stationnarité en différence. A la suite de cette dernière,
nous élaborons des tests de cointégration.
a. Tests de stationnarité
Plusieurs tests permettent de vérifier la
stationnarité des paramètres. Parmi ces tests, nous nous
attardons prioritairement sur : Dickey Fuller Augmenté et Phillips
Perron.
· Test de Dickey Fuller
Augmenté
Fuller (1976) et Dickey (1976) sont les premiers
àfournir un ensemble d'outils statistiques formels pour détecter
la présence d'une racine unitaire dans un processus
purementautorégressif du premier ordre.
Cette procédure de test, maintenant bien connue, est
fondée sur l'estimation par les MCO, sous l'hypothèse
alternative, de trois modèles autorégressifs du premier ordre
dont les erreurs sont identiquement et indépendamment distribuées
: le modèle sans constante, le modèle avec constante et le
modèle avec constante et tendance. Ce test permet donc de tester la
stationnarité de notre série en prenant en compte
l'autocorrélation des perturbations. L'hypothèse nulle est la
non-stationnarité.
On pose :
H0 : Ö = 0 et H1 : Ö<
0
Nous testons l'hypothèse nulle Ö = 0
(non stationnarité) contre l'hypothèse alternative Ö < 0
(stationnarité) en se référant aux valeurs tabulées
par Dickey et Fuller.
Dans la mesure où les valeurs critiques sont
négatives, la règle de décision est la suivante :
- Si la valeur calculée de la t-statistique
associée à Ö est inférieure à la valeur
critique, on rejette l'hypothèse nulle de non stationnarité.
- Si la valeur calculée de la t-statistique
associée à Ö est supérieure à la valeur
critique, on accepte l'hypothèse nulle de non stationnarité.
Le test de racine unitaire effectuée par la
méthode Dickey Fuller Augmenté sur nos paramètres nous
donne les résultats ci-après :
Tableau 2:
Récapitulatif des résultats du test ADF
Variables
|
ADF
|
Valeur Critique 1%
|
Valeur Critique 5%
|
Valeur Critique 10%
|
Ordre d'intégration
|
Excl
Alph
Chg
Prix
Pib_hbt
Pib
|
-5.3
-5.96
-7.15
-6.98
-4.62
-5.44
|
-3.65
-3.65
-3.65
-3.65
-3.65
-3.65
|
-2.95
-2.95
-2.95
-2.95
-2.95
-2.95
|
-2.61
-2.61
-2.61
-2.61
-2.61
-2.61
|
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
|
Source : Fait par l'auteur
à partir d'EVIEWS 7
Le tableau ci-dessus nous renseigne que nos variables sont
intégrées d'ordre I(1) puisque leur différence
première sont stationnaires. Nous procédons au test de Phillips -
Perron, afin de voir si nos conclusions sont exactes.
· Test de Phillips Perron
(PP)
Une telle approche a été
développée par Phillips (1987), Phillips et Perron (1988) et
Perron (1986, 1988) : les hypothèses faites sur les erreurs sont
beaucoup moins restrictives. L'idée est que, des erreurs
récentes peuvent être dépendantes, mais des erreurs
très distantes l'une de l'autre dans le temps sont indépendantes.
Les résultats asymptotiques sont fondés sur la théorie de
la convergence faible fonctionnelle (Billingsley, 1968) et permettent de
généraliser dans un cadre unifié les résultats
antérieurs concernant la marche aléatoire et des processus ARIMA
plus généraux contenant une racine unitaire.
Une caractéristique particulièrement
intéressante des statistiques transformées qu'ils proposent est
que leur distribution asymptotique est identique à celles
dérivées par Dickey et Fuller. Ceci implique que la
procédure de test de Phillips et Perron peut être utilisée
en se référant aux valeurs critiques asymptotiques
tabulées par Dickey et Fuller même si elle permet de
spécifier de manière beaucoup plus générale les
séries chronologiques étudiées.
L'avantage principal de l'approche de Phillips et Perron
est que le calcul des statistiques transformées requiert seulement :
dans un premier temps, l'estimation par les MCO d'un modèle
autorégressif du premier ordre (correspondant à l'un des
modèles de la procédure de test de Dickey et Fuller) et le calcul
des statistiques associées, et dans un deuxième temps,
l'estimation d'un facteur de correction fondé sur la structure des
résidus de cette régression, faisant appel à leur variance
de long terme. Les résultats obtenus de ce test sur nos variables sont
les suivants :
Tableau 3:
Récapitulatif des résultats du test PP
Variables
|
PP
|
Valeur Critique 1%
|
Valeur Critique 5%
|
Valeur Critique 10%
|
Ordre d'intégration
|
Excl
Alph
Chg
Prix
Pib_hbt
Pib
|
-5.29
-5.96
-7.10
-9.22
-4.63
-3.61
|
-3.65
-3.65
-3.65
-3.65
-3.56
-3.56
|
-2.95
-2.95
-2.95
-2.95
-2.92
-2.92
|
-2.61
-2.61
-2.61
-2.61
-2.59
-2.59
|
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
I (1)
|
Source : Fait par l'auteur
à partir d'EVIEWS 7
Le tableau ci-dessus nous montre que les résultats
du test ADF sont identiques à celui de PP ainsi, nous confirmons la
stationnarité d'ordre I(1) de nos paramètres. Ces
résultats, nous permettent à cet effet, d'effectuer le test de
cointégration afin de voir si nos paramètres évoluent dans
le long terme d'une part, et déterminer s'il faille recourir au
modèle à correction d'erreur d'autre part.
b. La Technique de cointégration
L'analyse de la cointégration permet d'identifier la
relation entre plusieurs variables. Cette notion a été
introduitedès 1974 par Engle et Newbold, sous le nom de »spurious
regressions», ou régressions fallacieuses, puis formalisée
parEngle et Granger en 1987, et enfin par Johansen en 1991 et 1995.
La technique de cointégration d'Engle et Granger
(1987) consiste à l'estimation d'une équation unique au moyen
d'un modèle à correction d'erreurs. Cette formulation est une
représentation dynamique dans laquelle la relation d'équilibre de
long terme est décrite par une équation qui capte les variations
de court terme et la dynamique de long terme (Kole et Meade, 1995). Le
modèle à correction d'erreurs donne ainsi une information sur les
propriétés à la fois de court terme et de long terme du
modèle et avec le déséquilibre comme processus
d'ajustement à la relation de long terme. Ainsi, lorsqu'une relation de
cointégration est établie et en cas de déséquilibre
qui entraînerait un choc, il existe un processus d'ajustement de court
terme à l'instar du mécanisme de correction d'erreurs qui va
ramener le système à l'équilibre de long terme.
En dépit de nombreux avantages que présente la
technique de cointégration d'Engle et Granger (1987), à l'instar
de sa simplicité et de sa pertinence dans le cas des échantillons
larges, celle- ci est confrontée à quelques limites. Dans le cas
des échantillons de petite taille, cette procédure n'est pas
adéquate comme l'indique la faiblesse du de la
relation de cointégration. Les coefficients de long terme peuvent
également être biaisés (Banerjee et al, 1986). Aussi, le
test de cointégration d'Engle et Granger (1987) ne permet pas de faire
la distinction entre l'existence d'un ou plusieurs vecteurs cointégrants
(Hendry, 1988). Par ailleurs, l'estimation de cette relation de
cointégration s'effectue par la technique des MCO et comme le souligne
Hafer et Jansen (1991), les estimateurs de MCO sont, en pratique,
différents avec la normalisation arbitraire implicite qui mène au
choix de la variable dépendante ; ce qui peut altérer les
résultats du test de Engle et Granger (1987). La technique de
cointégration de Johansen (1988) et Johansen et Juselius (1990)
apportent des solutions à ces limites.
La modélisation de Johansen (1988) et de Johansen
et Juselius (1990) présente de nombreux avantages. D'abord, la
technique de cointégration de Johansen (1988) et Johansen et Juselius
(1990) permet d'examiner la cointégration dans le cadre d'un
système d'équations moins contraignant qu'un modèle
à équation unique préconisé par Engle et Granger
(1987). Elle permet de tester l'existence d'une ou plusieurs relations de
cointégration et utilise au mieux l'information dans les fluctuations
à long terme et à court terme de chaque variable ainsi que leur
ajustement à l'équilibre de long terme. Par ailleurs, certains
auteurs (Gonzalo, 1994 ; Hubrich, 1999) estiment que la technique de
cointégration de Johansen (1988) et Johansen et Juselius (1990) permet
d'obtenir des résultats empiriques meilleurs que ceux obtenus avec la
technique de Engle et Granger (1987) notamment lorsque l'hypothèse de
normalité des erreurs n'est pas vérifiée. Enfin, cette
méthodologie est largement répandue parce que « les
problèmes de spécification et d'estimation que pose cette
modélisation sont très simplifiés ». Ces
avantages, justifient le choix de cette modélisation dans le cadre de
cette analyse.
Les résultats du test de cointégration fait
à partir de la technique de Johansen indiquent les résultats
suivants :
Tableau 4:
Résultats du test de Cointégration
Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace)
|
|
Hypothesized
|
|
Trace
|
0.05
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Prob. **
|
None *
|
0.842548
|
162.3443
|
95.75366
|
0.0000
|
At most 1 *
|
0.802304
|
103.1879
|
69.81889
|
0.0000
|
At most 2 *
|
0.635936
|
51.31517
|
47.85613
|
0.0228
|
At most 3
|
0.334020
|
18.98157
|
29.79707
|
0.4942
|
At most 4
|
0.142370
|
5.973725
|
15.49471
|
0.6986
|
At most 5
|
0.032555
|
1.059095
|
3.841466
|
0.3034
|
Trace test indicates 3 cointegrating eqn(s) at the 0.05
level
|
* denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level
|
**MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values
|
|
Unrestricted Cointegration Rank Test (Maximum Eigenvalue)
|
Hypothesized
|
|
Max-Eigen
|
0.05
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Critical Value
|
Prob.**
|
None *
|
0.842548
|
59.15640
|
40.07757
|
0.0001
|
At most 1 *
|
0.802304
|
51.87273
|
33.87687
|
0.0001
|
At most 2 *
|
0.635936
|
32.33360
|
27.58434
|
0.0113
|
At most 3
|
0.334020
|
13.00784
|
21.13162
|
0.4515
|
At most 4
|
0.142370
|
4.914630
|
14.26460
|
0.7526
|
At most 5
|
0.032555
|
1.059095
|
3.841466
|
0.3034
|
Max-eigenvalue test indicates 3 cointegrating eqn(s) at the
0.05 level
|
* denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level
|
**MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values
|
|
Source : Par l'auteur
Les résultats de notre test de cointégration
nous montrent qu'il existe trois relations de cointégration entre les
variables. Ainsi, nous pouvons procéder à l'estimation de notre
modèle à correction d'erreur.
|