PREMIÈRE
PARTIE : CADRE THÉORIQUE DE L'ÉTUDE
CHAPITRE I : CADRE DE
L'ETUDE
Il sera question dans ce chapitre, de la problématique
de l'étude, des objectifs que l'étude se veut d'atteindre et des
hypothèses de recherche que l'étude permettra de vérifier.
Aussi, une brève présentation du pays sera faite sur le plan
sanitaire ainsi quecelledu cadre de l'étude, avant un aperçu
général sur la prise en charge de la malnutrition aiguë
sévère en soins intensifs.
1.1. Problématique
La malnutrition aiguë représente un énorme
fardeau mondial en termes de morbidité et de mortalité chez
l'enfant. En 2011, environ 52 millions d'enfants étaient malnutris et 19
millions très émaciés, entraînant chaque
année près d'un million de décès d'enfants qui
auraient pu être évités. Les enfants souffrant de
malnutrition aiguë sévère (MAS) sont neuf fois plus
susceptibles de mourir que les enfants en bonne santé (Black RE, et al,
2013)
La population du Mali est estimée à 17
951 487habitants suite au dernier Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH 2009)et les enfants de moins de 5 ans (0-59
mois) y représentent 17 %. Ila été noté que 74,5 %
de cette population réside en milieu rural, letaux d'urbanisation
étant de 22,5 %. La mortalité infanto-juvénile est de 95%o
avec 64%o en milieu urbain et 113%o au niveau rural, alors que les statistiques
mondiales montrent que la malnutrition aiguë sévère est
responsable de 5% de ladite mortalité. L'analyse des résultats de
l'enquête SMART 2015au niveau des régions et le district de
Bamako, montre que la prévalence de la malnutrition aigüe
sévère est la même à Bamako que dans la
région de Ségou, soit un taux de 1,2%.
Le district sanitaire de Bla dans la région de
Ségou etl'une des plus pauvres du pays, reçoit dans son Centre de
Santé de Référence (CSRéf), les cas de malnutrition
aiguë sévère avec complications,
référés parles Centres de Santé Communautaire
(CSCom) ruraux, au niveau de son Unité de Récupération et
d'Éducation Nutritionnelle Intensive (URENI). Quant àla commune
III du district de Bamako, classée dans la catégorie de zone III
de pauvreté (zonela moins pauvre), son CSRéf reçoit les
références de cas de malnutrition des différents Centres
de Santé Communautaire (CSCom) urbain du district sanitaire au niveau de
l'Unité de Récupération et d'Éducation
Nutritionnelle Intensive (URENI).
La prise en charge de la malnutrition aiguë concerne
aussi bien la communautéque les services de santé. Elle fait
référence au concept de "la Prise en charge Communautaire de la
Malnutrition Aiguë(PCMA)", une approche novatrice qui, selon FANTA II et
USAID (2012), englobe unrelais communautaire, la prise en charge de la
malnutrition aiguë sévère sans complications en soins
ambulatoires (PEC MAS ambulatoire), la prise en charge hospitalière de
la MAS avec complications médicales (PEC MAS hospitalière) et la
prise en charge de la malnutrition aiguë modérée.
Les interventions de santé liées à la
prise en charge de la MAS ont été initialement mises en oeuvre
dans le cadre de soins hospitaliers et surtout dans les situations d'urgence.
La prise en charge de la MAM constitue généralement une
réponse à une situation d'urgence mise en oeuvre en soins
ambulatoires ou au sein de structures communautaires. À la fin des
années 1990, l'innovation des aliments thérapeutiques prêts
à l'emploi (ATPE) a permis aux enfants atteints de MAS sans
complications médicales d'être traités à domicile,
au lieu de devoir rester dans des centres de soins et hospitalisés
jusqu'à la guérison complète.(Nell Gray et al. 2014)
Au Mali, des difficultés ont été
observées en ce qui concerne l'application du protocole national de
prise en charge de la malnutrition à travers le milieu rural ou le
milieu urbain. Les statistiques données par le Système National
d'Information Sanitaire et Social (SNISS 2013) permettent d'avoir un
aperçu sur ces difficultés.
Pour la disponibilité des services de prise en charge
de la malnutrition aiguë sévère, le Ministère de la
Santé a oeuvré pour la création des centres de prise en
charge (Unité de Récupération et d'Éducation
Nutritionnelle Intensive) qui n'est pas effective au niveau des deux lieux
d'étude que sont le Centre de santé de Référence de
Bla et celui de la Commune III de Bamako. Certes, du personnel a
été dégagé pour le travail, mais leur
qualité et leur quantité diffèrent selon les milieux. Avec
l'aide du partenaire UNICEF, les districts disposent des produits et intrants
de prise en charge.
Pour l'accessibilité, il y a une grande
différence d'accès au service de nutrition entre les deux lieux
d'étude tant sur le plan géographique que financière. Si
ce service est situé à une distance de 1à 9 km pour la
Commune III de Bamako, il est à une distance de 1 à 85 km
à Bla.
Pour l'utilisation des services, l'annuaire statistique de
l'année 2014 a montré que les services de santé en
général, sont utilisés par la population de Bla à
un taux de 0,36 nouveau cas par an et par habitantcontre 0,66 nouveau cas par
an et par habitant en commune III. Aussi, la couverture des services de prise
en charge de la malnutrition aiguë est de 24% à Bamako et de 91%
à Ségou, la région dont fait partie le district de Bla. Ce
taux de couverture est calculé en rapportant à la population de
cas attendus, le nombre de cas enregistré au cours de l'année. Ce
qui sous-entend un faible dépistage de cas de malnutrition aiguë
sévère à Bamako, en rapport avec la disponibilité
du service notamment du personnel.
La prise en charge de la malnutrition aiguë
sévèreest donc tributaire d'une part de la
réactivité des services de santé en charge des soins et
d'autre part des conditions socio-économiques des populations.Selon les
données de l'Enquête Modulaire Permanente auprès des
ménages (EMOP 2015), le seuil de pauvreté au Mali est de 177 000
FCFA par an, ce qui ne représente que 484 FCFA soit 0,968$US par jour
pour vivre et faire face à toutes les dépenses de santé,
éducation, transport, logement, nourriture etc. Sur le plan de la
couverture en assurance médicale, 98% de la population rurale et 95,2%
de celle du milieu urbain n'en dispose aucune.
Ces différents constats, ont suscité un certain
nombre de questions quant au coût de prise en charge des enfants
malnutris aigus sévères. Ces problèmes engendreraient une
iniquité dans l'offre de soins et de répartition de coût
entre le milieu rural et le milieu urbain.D'où la motivationde la
présente étude.
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