Dilemme du rapprochement américano-iranien: réflexion sur une politique étrangère d'adaptabilité( Télécharger le fichier original )par Christophe BALEMA LIMANGA Université de Kisangani - Licence 2015 |
II.2. Les relations américano-iraniennes après la révolution iranienneLa thèse de Samuel HUNTINGTON62(*) est la plus marquante, lorsqu'il soutient que, « dans le monde qui naît, les relations entre États et groupes appartenant à différentes civilisations ne seront guère étroites, mais souvent plutôt antagonistes. Et certaines relations inter-civilisationnelles porteront plus au conflit que d'autres ». Certes, l'Iran, qui a opté pour une solidarité artificielle afin de retrouver la modernité, s'est vite sombré dans la dissension. Le pays rejoint alors la pensée selon laquelle, la modernisation ne signifie plus tellement emprunter à l'occident pour réagir au déclin du pays, mais opposer au premier une modernité spécifique à l'Islam63(*). Cette vision reste le fondement de la crise des otages américains de 1979, de la détention par l'Iran de l'arme nucléaire et de l'endiguement de l'influence américaine au Moyen-Orient. §1. La crise des otages américains à Téhéran1. Attaque de l'ambassade américaine à TéhéranLors de la Révolution iranienne de 1979, le Shah est dépossédé du pouvoir une seconde fois. L' Ayatollah KHOMEINI devient le nouveau chef du pouvoir en Iran et peu de temps après s'amorce une violente rhétorique contre les États-Unis, décrivant ce pays comme le Grand Satan et également comme une nation d'infidèles. Les buts de la politique iranienne sont alors : essayer de ne pas être dominé en établissant un rôle de leader dans la région, circonscrire l'influence américaine et des autres puissances extérieures, et construire des relations commerciales de qualité64(*). C'est l'autorisation américaine d'entrer du Shah aux Etats-Unis pour y recevoir un traitement qui a accentué le sentiment des Iraniens. Pour eux, l'ex-monarque n'était qu'un instrument des États-Unis ; et ce sentiment débouchant alors à la crise des otages américains le 4 novembre 1979. Au cours de cette révolution, un groupe armé et fort de quelques centaines d'hommes pénétra dans l'enceinte de la mission et entreprit d'en investir les bâtiments. Partant, les autorités iraniennes ont détenu 52 citoyens des Etats-Unis et ont fait occupées les locaux diplomatiques et consulaires américains à Téhéran : Chiraz et Tabriz. L'attaque dira à peu près trois heures, pendant lesquelles des appels à l'aide furent adressés aux autorités iraniennes ; qui les reçurent effectivement mais sans y donner suite : les forces de sécurités placées à proximité de l'ambassade n'intervinrent pas, aucun renfort ne fut dépêché et les Gardiens de la révolution, finalement envoyés, alors que tout était consommé, reçurent pour mission de protéger la sécurité des otages et des étudiants de la révolution [...]65(*) * 62HUNTINGTON, S., Le choc des civilisations, ODILE JACOB, Paris, 1996, p.198 * 63 Bertrand BADIE, op.cit., p. 48 * 64ALAOUI, A., op.cit., p. 2 * 65Ibdem, p. 4 |
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