INTRODUCTION
1. CONTEXTE DE L'ETUDE
Le développement des relations et des échanges
d'ordre culturel, économique et politique à l'échelle
mondiale, caractéristique de la mondialisation, affecte les pouvoirs des
Etats. Tous les champs d'intervention des Etats sont concernés par
l'introduction des normes découlant d'accords internationaux. Des Etats
voient ainsi leurs pouvoirs d'action majorés, parfois redéfinis,
voire même réduits. Le partage des pouvoirs entraîne des
négociations, soulève parfois des tensions et pose la question de
la souveraineté des Etats1(*). Cette logique justifie même les aléas
survenus dans le rapport américano-iranien ; où le conflit
s'est érigé en crédo.
Le conflit américano-iranien se distingue par ses
multiples facettes où information et désinformation
s'entremêlent engendrant de part et d'autre méfiance et
perplexité. Cela fait déjà 36 ans depuis que les USA et
l'Iran se livrent une guerre sournoise qui ne dit pas son nom. Les USA
agrégeaient autour de son leadership l'occident tout entier. Les
caniches atlantistes les plus convaincus se préparaient à une
véritable guerre jouant à la surenchère pour resserrer un
embargo de plus en plus dur, se livrant à une diplomatie
détestable jusqu'au-boutiste.
C'est ce qui fait que les États-Unis et l'Iran
n'entretiennent plus de relation diplomatique formelle depuis le 7 avril 1980:
des deux côtés, les ambassades sont fermées. L'ambassade
des Etats-Unis à Téhéran a été
transformée par le régime en musée des atrocités de
l'impérialisme et du sionisme, qui n'est d'ailleurs ouvert que dans les
grandes occasions, notamment lors de la célébration de
l'anniversaire de la prise de cette autre Bastille, tous les 4 novembre. Quant
à l'ambassade d'Iran à Washington, un tribunal en a
ordonné la confiscation et la vente pour payer les indemnités des
victimes de la prise d'otages. Cependant, la mesure n'a pas connu
d'application2(*).
Washington y poursuit néanmoins indirectement sa
représentation par l'entremise de l'Ambassade suisse en Iran depuis le
24 avril 1981, mais aucun fonctionnaire américain n'y travaille.
L'ambassadeur de Suisse transmet de temps en temps des échanges de
courrier entre ministères des Affaires étrangères et est
parfois consulté par Washington. Sa mission s'arrête là,
même s'il s'efforce parfois d'apporter ses bons offices. C'est donc le
niveau le plus faible possible de contacts. De son côté,
Téhéran entretient une délégation à
l'ambassade pakistanaise à Washington depuis 1993 au sein de la division
des intérêts iraniens.
Depuis la crise des otages, puis la révélation
du nucléaire iranien, les relations entre les États-Unis et
l'Iran sont caractérisées par un très grand nombre de
sanctions promulguées par des décrets présidentiels et le
Congrès américain. En juin 2006, des efforts multilatéraux
ont été tentés par Washington, avec le groupe P5+1, pour
offrir des mesures économiques incitatives à l'Iran afin que le
pays cesse de poursuivre son programme nucléaire ; mais ces
discussions sont demeurées dans une impasse3(*). En outre, les pourparlers
multilatéraux avec le groupe P5+1 et Téhéran, qui ont
cessé en juin 2012, pourraient reprendre incessamment selon le ministre
des affaires étrangères iranien4(*) ; en attendant, les pressions
multilatérales faites par de nombreux pays occidentaux
accompagnées de sanctions et d'embargos se poursuivent.
Du reste, depuis le 14 juillet 2015, il a été
signé à Vienne un Plan d'Action Global Commun entre l'Iran et la
communauté internationale5(*). Alors que les Etats-Unis font également partie
des membres signataires de ce texte, leur rapport avec la République
Islamique d'Iran n'est pas du tout cordial, d'autant plus que le gouvernement
américain attend de la part du gouvernement iranien le respect des
clauses découlant de cet accord. Par ailleurs, cette exigence se double
d'une autre obligation ; la mise au point d'une politique adaptée
qui constituerait le fondement de la normalisation de relations entre les deux
Etats.
C'est dans l'objectif de poser un fondement dans les
politiques étrangères des Etats-Unis et d'Iran que s'inscrit
cette grille de lecture qui tâche répondre aux difficultés
que sont confrontées les deux Etats dans le rétablissement de
leurs relations normales.
2.
ETAT DE LA QUESTION
Plusieurs études antérieures ont
déjà abordé - d'une manière ou d'une autre - la
question liée au rapport américano-iranien. Nous retenons les
réflexions ci-après :
Dans son étude, Steven EKOVICH6(*) étaye les
difficultés auxquelles les Etats-Unis sont confrontés dans la
recherche de normalisation de relations avec l'Iran, et se demande
« dans quelle mesure la Maison Blanche peut-elle dialoguer et
même négocier avec le régime en place ? » A ce
questionnement, il démontre les contraintes auxquelles les Etats-Unis
doivent faire face dans la poursuite de cette diplomatie. La plus importante
est celle qui met le gouvernement américain dans une situation
ambigüe, d'autant plus que, le gouvernement ne sait pas comment amorcer le
dialogue avec un gouvernement qui ne répond pas à son
entendement. C'est ainsi que Washington propose une gamme d'option que
lui-même n'arrive pas à mettre en application. La première
consiste à recourir aux menaces et aux frappes envisageables. Mais il
soutient plus loin que, même dans l'hypothèse du scénario
le plus modeste, des telles opérations seraient soumises à un
certain nombre de contraintes dans le sens que : l'opinion
américaine n'est pas prête à accepter une intervention
militaire supplémentaire et une telle opération supposerait aussi
un travail de préparation diplomatique dans la région, au Conseil
de sécurité, et avec les alliés des États-Unis. La
seconde concerne la lutte anti-terroriste. Faut-il recourir à la lutte
directe ou indirecte ? Pourtant, il existe une grande diversité des
instances qui coordonnent cette lutte, et comme résultat, il en
résulte une certaine absence de cohérence. Et une telle
opération débouche souvent sur l'emploi de la frappe
préemptive, de « défense anticipatoire », contre les
États abritant des groupes terroristes et/ou susceptibles de leur
fournir des armes de destruction massive (exemple de l'Iran); ce qui est
d'ailleurs proscrite par le droit international.
En résume, cette étude ne pose pas de base qui
permettrait aux Etats-Unis de surmonter toutes les contraintes auxquelles est
confrontée sa politique étrangère. Les Etats-Unis se
voient ainsi dans une situation inextricable dans ses relations avec la
République Islamique d'Iran.
Pour BOLUTA LOKU7(*), les Etats-Unis adoptaient une position hostile
à l'égard du nucléaire iranien. Arguant que ces
activités avaient en réalité une portée
militaire ; et en 2006, les Etats-Unis ont décidé de
soumettre le cas au Conseil de Sécurité de Nations-Unies.
Après le vote du Conseil de Sécurité en faveur d'embargo
contre le gouvernement iranien, de son côté, Washington adopta une
série des mesures destinées à empêcher les banques
américaines d'effectuer toute transaction avec les consoeurs iraniennes,
et à interdire les grands constructeurs aéronautiques mondiaux de
vendre tout avion ou pièce de rechange aux compagnies aériennes
iraniennes.
Quand il soutient que le comportement américain s'est
vite soldé par la haine du gouvernement iranien, l'étude de
celui-ci est loin de penser à la normalisation de relations entre les
deux Etas; ce qui n'est d'ailleurs pas le cas pour notre étude.
De son côté, ALEXANDRE ALAOUI8(*) soutient que l'Iran continue
sans doute à être au coeur des enjeux clés de la politique
étrangère américaine lors du second mandat du
président Obama. Assurément, les relations entre les
États-Unis et l'Iran demeurent perturbées sur une multitude
d'enjeux depuis la crise des otages de l'ambassade américaine à
Téhéran. Par conséquent, la politique officielle de
Washington sur ce dossier est de placer Téhéran devant ses
obligations internationales en échange d'une plus grande
intégration de l'Iran sur les plans politique et économique, tout
en exerçant une pression sur les dirigeants du pays. Fort de sa
réélection, Obama a les mains relativement libres pour orienter
la politique américaine envers l'Iran selon son choix. Et Obama entend
poursuivre la pression diplomatique, alternant entre des manoeuvres militaires
dans le golfe Persique, des sanctions économiques et des pourparlers
multilatéraux.
L'étude d'ALEXANDRE ALAOUI, riche qu'elle soit, n'a pas
pris en compte le rôle joué par la communauté
internationale afin de mettre en avant plan la voie pacifique de
résolution de conflit, laquelle a abouti par la signature de l'accord
nucléaire le 14 juillet 2015. C'est sur base de cet effort que repose la
continuité de cette réflexion.
Dans son étude sur les relations
américano-iraniennes, Vincent EIFFLING9(*) a centré sa réflexion sur l'impact de
relations tumultueuses et conflictuelles sur le système de
référence des élites américaines. A la fin de son
analyse, il conclut que le programme nucléaire iranien est perçu
aux Etats-Unis comme une menace pour la sécurité nationale. Pour
ses détracteurs, l'opacité et l'intransigeance de l'Iran
couplées à la nature idéologique du régime des
Mollahs font craindre l'existence d'un volet militaire clandestin. La
perception de l'Iran par la société américaine est ainsi
très péjorative. La République islamiqueest plutôt
assimilée à l'islamisme radical, aux Mollahs, au terrorisme,
à l'obscurantisme, et à la violation des libertés
fondamentales. L'arrivée des néoconservateurs dans
l'administration américaine, la qualification de l'Iran comme Etat
appartenant à « l'Axe du Mal » et les
révélations par l'OMP des activités nucléaires
iraniennes non-déclarées auprès de l'Agence Internationale
de l'Energie Atomique ont contribué pour leur part à renforcer
l'isolement international de Téhéran.
En s'intéressant sur le nucléaire iranien,
Etienne COPEL10(*)
s'interroge sur la détention de l'arme nucléaire par L'Iran. Il
soutient que dans le bras de fer politique et économique entre les
Etats-Unis et l'Iran, la première question que l'on se pose
naturellement porte sur la réalité de menace. Ce qui est sans
doute le plus à craindre, pour les occidentaux en général,
et les Etats-Unis en particulier, ce n'est pas tant les armes nucléaires
que les iraniens seraient capables de produire pour leur propre usage que le
fait qu'ils puissent être tenté de confier quelques kilos
d'uranium enrichi à des mouvements terroristes proches d'eux sur le plan
idéologique ou poursuivant des objectifs communs. Mais quelle que soit
les risques encourus et leur échéance, reste à savoir
comment bloquer les velléités iraniennes, pour autant que ce soit
encore possible. Faut-il recourir aux raids aériens classiques, à
l'attaque nucléaire préemptive, à l'attaque terrestre, des
représailles militaires contre les sites économiques, le blocus
économique ? Il admet donc que sur toutes ces propositions
établies, il est très loin de trouver une solution miracle qui
résoudrait l'épineuse question de l'armement nucléaire
iranien. En effet, que les durs de Téhéran restent ou non au
gouvernement, le monde devra sans doute apprendre à vivre bientôt
avec une bombe de plus : la bombe iranienne.
Lorsqu'il finit par conclure que le monde doit apprendre
à vivre avec une bombe de plus, celle de la République Islamique
d'Iran ; la réflexion d'Etienne COPEL oublie le rôle de la
diplomatie et du Droit International dans la résolution de conflits et
la régulation de la société internationale.
Après une analyse critique portée sur le rapport
américano-iranien, Steven EKOVICH11(*) soutient que les relations à long terme entre
les Etats-Unis et le reste du monde ont été
imprégnées de valeurs libérales conformément aux
intérêts poursuivis, mais le réalisme politique les a
amenés à s'allier avec des régimes iraniens qui
n'étaient pas particulièrement libéraux. Cependant,
Washington, qui a établi une mission diplomatique permanente à
Téhéran en 1883 en vue de mettre sur pieds une bonne
coopération, s'est vite donné l'obligation de rompre ses
relations avec le gouvernement iranien suite à la révolution
iranienne survenue en 1979. Il soutient en outre que, de grands obstacles
continuent d'empêcher l'amélioration des relations
américano-iraniennes : les efforts iraniens d'acquérir des armes
nucléaires et d'autres armes de destruction massive ; son soutien et son
implication dans le terrorisme international ; son opposition virulente au
processus de paix au Moyen-Orient ; et son triste record en matière des
droits de l'homme. Washington reste sceptique quant aux résultats des
actions diplomatiques et est resté distant vis-à-vis des efforts
européens menés dans ce sens. Tandis que les Européens
négocient avec le régime des mollahs, George Bush s'adresse
directement, par-dessus leurs têtes, aux Iraniens qui sont, selon des
sondages, favorablement disposés à l'égard des
Etats-Unis.
Cette étude présente un intérêt
particulier lorsqu'elle soutient à la fin qu'« il existe un
large espoir que dès que la prochaine occasion se présentera, les
Iraniens ne manqueront pas une fois encore leur rendez-vous avec la
démocratie libérale ». Mais Steven EKOVICH ne montre
pas clairement comment cette occasion se présentera.
Ce bref survol sur les travaux antérieurs permet de
réaliser que nombreux sont les auteurs qui ont accordés beaucoup
plus d'importance sur les relations américano-iraniennes. Les
problèmes relevés par eux sont nombreux. Pourtant, ces
études - riches qu'elles soient - ont plutôt tendance à
n'aborder la problématique de relations américano-iraniennes que
de façon conflictuelle. Les études ci-dessus laissent penser que
si l'on privilégie plus l'approche politique dans le rapprochement des
deux Etats ; l'appréciation de leurs valeurs, issues des essences
diversifiées, ne décerne pas la possibilité de rapprocher
les deux Etats.
Après que nous ayons émis une analyse critique
sur les travaux précédents, la spécificité de
celui-ci est que, nous voulons en claire examiner les relations entre les
Etats-Unis et l'Iran, ressortir les germes qui concourent au paradoxe de ces
relations, et d'en définir enfin la politique qui pourra être
utilisée pour parvenir à la normalisation de relations entre
ledeux Etats.
3.
PROBLEMATIQUE
La mondialisation est devenue en quelques années l'une
des notions clés du débat international, et Manuel CASTELLS y
voit la caractéristique qui définit la société
contemporaine12(*).
Pourtant, si la mondialisation est surtout définie en termes de
« village planétaire », on est en train d'assister
actuellement à un relâchement général des liens qui
solidarisaient les différents éléments de ce que l'on
appelle « Etat ». L'accord est général pour constater
les graves défaillances qui affectent aujourd'hui les relations
internationales. Alors que se manifeste l'unité planétaire,
s'accroît aussi la conscience de la vulnérabilité de
l'humanité13(*) et
de lien interétatique.
Le regard tourné vers le rapport
américano-iranien n'en souffre pas moins, et sous-tend le paradoxe de
relations internationales en ce siècle présent. Certes, les
Etats-Unis et la République Islamique d'Iran ont à bien
d'égard connu une histoire chargée dans leurs relations. Depuis
la révolution iranienne de 1979 jusqu'aujourd'hui, les deux Etats
construisent leurs relations sur base de logique antagoniste. Ayant chacun des
ambitions géostratégiques au Moyen-Orient, ils cherchent à
se dicter leur vision du monde ; cela fait dégénérer
leurs relations à une situation d'antipathie.Les caractéristiques
majeures restent la vision des Etats-Unis d'un grand Moyen-Orient en soutenant
les régimes non favorables aux visées iraniennes ; et le
rêve iranien d'un Etat-phare de la civilisation musulmane et le soutien
iranien de factionsmécontentesde l'influence géopolitique des
Etats-Unis au Moyen-Orient.
Dès lors que la répugnance prend corps dans
leurs relations, chacun cherche à se recroqueviller dans son tour
d'ivoire. Cette logique défie fondamentalement la règle de la
coopération internationale, et favorise la rupture ou du moins fragilise
tout simplement leur rapprochement ; et les conséquences
néfastes sont multiples tant sur le plan sécuritaire,
économique que social.
Pourtant, bien que les Etats-Unis et l'Iran aient pris des
positions fondamentalement extrêmes dans leurs relations, il est à
noter que des efforts énergétiques ont été fournis
en vue de favoriser le rapprochement entre les deux Etats. La rencontre de
Genève de 2008 entre la communauté internationale et
l'Iran ; la correspondance d'OBAMA à l'égard du Guide
suprême en mai 2009 ; la rencontre discrète entre les
responsables américains et iraniens à Mascate (capitale d'Oman)
en juillet 2012, suivie d'une autre rencontre secrète à Oman en
mars 2013 entre William BURNS, le principal conseiller diplomatique de Joe
BIDEN, JakeSULLIVAN et une petite équipe d'experts techniques d'une part
et des négociateurs iraniensd'autre part ; l'accord arraché
à Genève, le 24 novembre 2013 ; et enfin,
l'accord-cadre du 2 avril 2015 à Lausanne (Suisse) sur les
principaux paramètres d'un compromis final en sont autant d'exemples.
Il a fallu alors attendre le 14 juillet 2015 pour qu'un accord
soit signé à Vienne (capitale d'Autriche) entre la
communauté internationale et l'Iran. Et même si l'accord a
été signé entre l'Iran et le groupe p5+1, la vie politique
interne des Etats-Unis et d'Iran n'offre pas toujours la possibilité de
rétablir une relation harmonieuse. Chacun se voit dans une situation
où le choix de l'une ou l'autre position (favorable ou
défavorable) devient de plus en plus difficile.
Au regard du paradoxe que connaissent les relations
américano-iraniennes, le souci est de cristalliser le rapprochement
entre les deux Etats. De ce point de vue, les préoccupations
ci-après doivent retenir notre attention :
§ Pourquoi les relations américano-iraniennes
reposent-elles sur un dilemme?
§ Comment les Etats-Unis et l'Iran entendent-ils sortir
de ce dilemme?
4.
HYPOTHESES DU TRAVAIL
Lorsque la problématique de recherche est clairement
identifiée, la question de recherche clairement établie, il est
alors importantd'apporter une tentative de réponse, c'est-à-dire
une hypothèse. Dès lors, l'hypothèse se définit
comme une proposition relative à l'explication d'un problème ou
d'un phénomène admis provisoirement avant d'être soumis
à la vérification ou au contrôle de l'expérience,
c'est-à-dire une cause provisoire qui explique ce
phénomène14(*).
De ce qui précède, nos hypothèses se
présentent de la manière suivante :
§ Les relations américano-iraniennes reposeraient
sur un dilemme parce qu'une succession de conflits et d'incidents - allant de
la « révolution iranienne de 1979 » en
passant par le « dossier des activités nucléaires
» jusqu'aux « enjeux géostratégiques de
chacun » - auraient conduit à l'impasse les relations
entre les deux ; ce qui fait que, leurs relations oscillent entre rupture
et négociation.
§ Le rétablissement de relations prometteuses, au
sein de la sphère politique des deux États, supposerait le
respect des principes du droit international et des engagements issus de
l'accord du 14 juillet 2015 d'une part, et la construction d'une vision
orientée vers l'homogénéité adaptatrice d'autre
part.
5.
INTERET ET OBJECTIFS DU TRAVAIL
A. Intérêt du travail
Rien n'est aberrant de procéder à l'esquisse
d'une oeuvre scientifique sans pour autant relever l'intérêt qu'il
pourra apporter dans la science comme dans la communauté sociale. En
effet, le choix de ce thème n'est pas aléatoire, il se justifie
par sa pertinence dans l'actualité. Dès lors,
l'intérêt de cette étude se situe à deux
niveaux : théorique et social.
§ Sur le plan théorique ou
scientifique, vu que le monde se transforme en un village
planétaire, la présente étude permet d'une part, de
dévisager les relations internationales contemporaines entre les
Etats-Unis et la République Islamique d'Iran en vue de rendre compte de
motivations géopolitiques des deux Etats ; et d'autre part, de
poser, dans les relations américano-iraniennes, une politique
étrangère fondée sur le respect des principes
diplomatiques et de droit international afin de favoriser le rapprochement
entre les deux Etats. Cet examen soulève l'importance, en aval comme en
amont, de l'existence non pas d'une culture universelle, mais passablement
d'une diversité culturelles soumise à une
homogénéité adaptatrice. Les spécialistes de
Relations Internationales peuvent tirer profit de cette étude pour
expliquer les réalités touchant aux relations des Etats issues
des civilisations diversifiées.
§ Sur le plan social ou pratique,
l'analyse avancée dans cette étude permettra aux décideurs
des deux Etats de repenser leurs politiques étrangères en mettant
au centre des valeurs communes répondant à leurs aspirations.
Cela peut entrainer un changement qualitatif dans la conduite de la politique
étrangère des deux Etats.
B. Objectifs du travail
Partant, les objectifs que vise cette recherche sont
réduits en deux. Il s'agit de (d') :
§ Desceller les germesqui concourent au paradoxe de
relations américano-iraniennes ;
§ Offrir aux deux Etats les moyens de base pouvant
obstruer les péripéties survenues au cours de leurs relations et
qui ont servies de base du dilemme de leurs relations.
6.
DELIMITATION DU TRAVAIL
Pour mener à bon port le sujet du présent opus,
il est évident de le délimiter dans le temps et dans l'espace.
§ Sur le plan spatial, il s'agit
de porter notre réflexion sur les relations entre les Etats-Unis et
l'Iran. Etant donné que les relations interétatiques entre les
deux Etats s'avèrent indispensable pour faire face aux défis qui
menacent le 21ème siècle, rétablir une relation
prometteuse entre les deux Etats rentre dans l'agenda de la présente
réflexion.
§ Sur le plan temporel, notre
analyse couvre la période allant de 2002 jusqu'à 2015 ;
période à laquelle se dégage une double facette dans les
relations américano-iraniennes ; celle de conflit et de
négociation. Au fait, dans ces relations, il y a l'implication de
plusieurs facteurs explicatifs allant de la révolution islamique de
1979, en passant par le nucléaire iranien, les enjeux
géostratégiques, jusqu'au soutien iranien des groupes
terroristes.
7.
CADRE METHODOLOGIQUE
L'efficacité d'un travail scientifique dépend
largement du choix de la méthode et technique qui justifie l'objet
d'étude afin d'aboutir à un résultat escompté.
A. Méthode
La réalisation d'un travail scientifique ne peut
s'effectuer sans faire recours à une méthode en vue d'expliquer
le phénomène étudié. L'on entend alors par
«méthode», une démarche que suit le chercheur pour
atteindre l'objectif, découvrir la vérité15(*). Elle désigne, selon
PINTO R. et GRAWITZ M., l'ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elle poursuit en les vérifiant et les démontrant16(*).
Dans le cas précis, pour vérifier nos
hypothèses et atteindre l'explication, la méthode dialectique
matérialiste nous conduira tout au long de cette dissertation
scientifique. La méthode dialectique matérialiste permet de
considérer les choses et leurs phénomènes dans leur
mouvement et transformation, dans leur enchainement et action
réciproque.
Le protocole descriptif de cette méthode s'articule
autour des quatre lois opérationnalisées de la manière
suivante :
§ La loi de l'action réciproque ou
de la connexion universelle : cette loi pose que tout se
tient, tout influe sur tout, rien n'existe seul, que chaque parcelle de
matière agit sur les autres, qui à leur tour agissent sur elle
dans une sorte d'interdépendance.
Historiquement, les Etats-Unis et l'Iran ont commencé
à coopérer depuis le 19ème siècle. Ces
relations s'étaient développées à un tel
degré - dans les années 1850 - que les Etats-Unis et le monarque
du Qadjar ont conclu un traité commercial. Pour répondre au
besoin du droit international qui met en avant plan la coopération entre
les Etats, Washington a établi en 1853 une mission diplomatique
permanente à Téhéran.
§ La loi du mouvement, loi du changement
universel ou loi du développement incessant : elle
pose que tout se transforme, rien ne reste où il est.
Toutefois, la révolution iranienne de 1979 a
changé la donne dans les relations entre Washington et
Téhéran. La séquestration des diplomates américains
a provoqué un changement dans la politique étrangère des
deux Etats ; et les Etats-Unis ont décidé de rompre
officiellement ses relations avec le gouvernement iranien en 1980, et de
prendre des positions hostiles envers l'Iran. La révélation du
nucléaire iranien est venue ajouter du tonus dans le durcissement de
relations entre les deux Etats.
§ La loi de la contradiction ou loi de la
lutte des contraires : cette loi pose que toute chose (quelle
qu'elle soit), tout phénomène (quel qu'il soit) renferme des
éléments contradictoires entre eux.
Appliquer dans le cadre du présent travail, cette loi
révèle que le rejet des certains principes conduisant la
politique étrangère de chaque camp a réduit leurs
relations à une situation contradictoire. Bien que les Etats-Unis et la
République Islamique d'Iran ont officiellement connu la dissension dans
leur rapprochement, mais il est révélé que les deux Etats
ne cessaient de mettre en avant plan les ambitions diplomatiques pour chercher
un issu meilleur dans le rétablissement de leurs relations.
§ La loi du changement qualitatif ou loi du
progrès par bonds. Depuis la conclusion de l'accord
nucléaire entre l'Iran et le groupe 5+1 à Vienne en juillet 2015,
les deux Etats cherchent à rétablir leurs relations. Mais cela
exige une politique étrangère appropriée.
B. Technique
Toute recherche repose sur des données
c'est-à-dire l'ensemble des informations[...] que le chercheur recueille
avant de leur faire subir les analyses, les traitements et les
interprétations qui conduiront à des réponses aux
questions de départ17(*).
Quant aux moyens nous permettant de recueillir les
informations indispensables pour la réalisation de ce travail, nous
allons faire usage à la technique documentaire. Elle nous sera utile
pour la consultation d'un bon nombre d'ouvrages et autres documents
nécessaires pour la réalisation de ce travail.
La technique documentaire sera probablement couplée
à l'analyse de contenu, qui est une technique de recherche pour la
description objective, systématique et qualitative du contenu manifeste
des communications ayant pour but de les interpréter. Elle nous exigera
de dégager les significations, associations, intensions [...] non
directement perceptibles à la simple lecture des documents18(*).
C. Approches
Trois approches ont servi de base pour orienter cette
recherche ; il s'agit notamment de l'approche historique, de l'approche
juridique et de l'approche géopolitique.
§ L'approche historique :
celle-ci nous a permis d'appréhender les différentes phases
historiques de relations américano-iraniennes afin de mieux se
positionner dans la structure de relations actuelles ;
§ L'approche juridique :
elle nous a permis d'analyser le nucléaire iranien au regard du
Traité de Non-Prolifération et d'étudier le comportement
des deux Etats par rapport à l'application de l'accord nucléaire
du 14 juillet 2015;
§ L'approche
géopolitique : elle nous a permis d'identifier les
acteurs, d'analyser leurs motivations, de décrire leurs intentions, de
repérer les alliances en gestation ou, au contraire, les alliances en
voie de déconstruction, que ce soit au niveau régional,
continental ou international.
8.
CADRE THEORIQUE
L'analyse des relations entre les Etats présuppose
certaines clarifications théoriques, ainsi qu'une articulation
réussie entre le modèle théorique et l'objet empirique. Le
choix du modèle théorique doit être cohérent avec
les options préalables du chercheur et, d'une certaine manière,
en découle directement19(*).
Par conséquent, la présente analyse sera
exprimée sous une considération constructiviste. Le
constructivisme est devenu une perspective analytique importante des relations
internationales à la suite de la publication des écrits de
Nicholas ONUF et Allexander WENDT au tournant des années 1990. Selon
James MARCH et Johan OLSEN, le terme « constructivisme »
désigne les théories qui s'intéressent à la
structure sociale des relations internationales. Ces structures
déterminent les identités, les intérêts et le
comportement des individus mais ces derniers à leur tour créent,
reproduisent et changent les structures institutionnelles de la
société internationale. Le constructivisme se propose alors de
cerner le degré d'écart qui peut s'établir entre l'acteur
sur la structure par rapport au processus et aux institutions20(*).
De même, le constructivisme est plus proche de
l'idéalisme en ce qu'il s'attache également aux idées.
Mais, ses tenants ne se limitent pas au droit (comme les idéalistes) et
prennent une option plus sociologique, celle des représentations comme
facteur de gouvernement du monde. Ces représentations constituent des
« constructions » qui orientent l'action des hommes sur la
scène internationale21(*).
Eu égard, notre attention est ici focalisée sur
la structure étatique tout en prenant en compte les comportements des
acteurs qui la dirigent. La politique étrangère des deux Etats
est déterminée par des intérêts objectifs,
c'est-à-dire leurs puissances relatives. Elles sont donc des valeurs qui
structurent leurs relations. Alors que leurs relations étaient
cordiales, la révolution iranienne de 1979, le nucléaire iranien
et les enjeux géostratégiques ont favorisé la construction
d'une politique étrangère répondant uniquement au besoin
singulier de chacun ; et cela a relayé les relations amicales par
de relations tendues. La motivation idéo-culturelle était et
continue à être au centre de la configuration géopolitique
de ces relations marquées par une certaine compétition. Le
fondement de la stabilité ou de la paix dans les relations
américano-iraniennes n'est que l'objet de la déconstruction des
anciennes représentations, pour donner lieu à la reconstruction
d'une nouvelle politique ; laquelle sera fondée sur une
stratégie efficace capable de luter les aléas survenus dans le
temps.
9.
SUBDIVISION DU TRAVAIL
Hormis l'introduction et la conclusion, le présent
travail est subdivisé en quatre chapitres : le premier traite de
considérations générales; le deuxième examine les
relations américano-iraniennes, en les situant avant (section 1) et
après (section 2) la création de la République Islamique
d'Iran tout en mettant en claire les sanctions prises par le gouvernement
américains à l'égard d'Iran (section 3); le
troisième porte sur l'apport de l'accord nucléaire dans les
relations américano-iraniennes, il présente l'accord
nucléaire entre la communauté internationale et l'Iran (section
1) afin d'évaluer son application enIran (section 2) et aux Etats-Unis
(section 3) ; et le dernier enfin pose le fondement d'une politique
étrangère d'adaptabilité dans les relations
américano-iraniennes. Il part de la revisitation des principes du droit
international (section 1) jusqu'à la construction d'une vision
homo-adaptatrice (section 2).
Chapitre premier
LES CONSIDERATIONS GENERALES
Dans ce chapitre, il est question d'élucider les
concepts clés du sujet (section I) ; puis de présenter
rapidement les Etats-Unis et l'Iran (section II).
I.1. Esquisse notionnelle et définitionnelle
Pour mener à bonne fin les tâches à la
réalisation desquelles ce guide se propose de contribuer à la
présente étude, il nous semble nécessaire de commencer par
expliciter ce qui constitue les termes de références. C'est pour
cette raison que nous jugeons opportun de clarifier les concepts
suivants : dilemme, rapprochement et politique étrangère
d'adaptabilité.
§1. Le dilemme
Originellement, le terme « dilemme »
désigne un argument à deux prémisses. Sa signification
s'est beaucoup restreinte, chez les rhéteurs hellénistiques du
deuxième siècle.
Yannis
DELMAS-RIGOUTSOS l'a utilisé en termes de paradoxe du Menteur. Dans
cette optique, le terme était utilisé dans son acception purement
logique. En général, dans la littérature, le dilemme est
l'expression d'une situation tragique, de l'inéluctable ; la
liberté humaine ne dispose que d'un choix dérisoire22(*).
Dans le dictionnaire français, le concept dilemme veut
tout aussi exprimer une sorte d'argument qui contient deux ou plusieurs
propositions différentes ou contraires, dont on laisse le choix à
l'adversaire, pour le convaincre également, quelle que soit celle qu'il
adopte23(*). Il peut
également se traduire par un argument présentant deux
propositions mais menant à une même conclusion qui, par
conséquent s'impose. C'est aussi l'obligation de choisir entre deux
solutions aussi insatisfaisantes l'une que l'autre24(*).
§2. Le rapprochement
Le concept
« rapprochement » apparaît comme l'un des concepts
fondamentaux du discours rationnel. L'analyse décompose les
unités données, dans l'expérience, en
éléments aussi simples que possible, mais elle n'est
réellement éclairante que si elle s'accompagne de
l'opération par laquelle la pensée reconstitue le complexe
à partir du simple25(*).
Au-delà de la signification ci-haut, le concept
« rapprochement » peut aussi être pris dans le sens
de « relation »; d'autant plus que la pratique sociale fait
apparaître certaines manifestations spécifiques qu'on qualifie de
relations sociales, comme la distinction de la paix et de la guerre, la
conclusion de traités ou la représentation diplomatique. Ce type
de rapports suppose l'existence préalable de collectivités
distinctes et qui se reconnaissent mutuellement le droit à l'existence.
Telle est, aujourd'hui comme hier, la caractéristique fondamentale de
toutes relations internationales26(*).
§3. Politique étrangère
d'adaptabilité
Il n'est pas aisé de circonscrire le contour de la
politique étrangère d'adaptabilité. Pour cerner à
bien le concept « politique étrangère
d'adaptabilité », il est d'abord important de répondre
à la question de savoir « qu'est-ce que la politique
étrangère ? », avant de l'associer à
l'expression « adaptabilité ».
Il va de soi que poser la question de la politique
étrangère, c'est aborder la problématique de l'Etat comme
acteur des relations internationales, des instruments mis à sa
disposition et de leur pertinence face aux mutations du monde. La
politique étrangère est le revers de la souveraineté
étatique. Elle résulte, selon le mot du général DE
GAULLE, de trois leviers de la souveraineté : la diplomatie qui
l'exprime, l'armée qui la soutient, la police qui la couvre. Elle
articule le dedans et le dehors. Elle est l'espace du choix et de la
volonté politiques, du verbe mais aussi de l'action. La diplomatie et la
guerre sont l'affaire par excellence de l'Etat, le coeur de la
souveraineté, l'expression du fonctionnement « westphalien »
des relations internationales27(*). Sous cet angle, la politique étrangère
n'est autre chose que l'effort d'une société nationale de
contrôler son environnement externe par la préservation des
situations favorables et la modification des situations défavorables,
selon le politologue américain James ROSENAU. Autrement dit, la
politique étrangère est la projection par les Etats de leur
vision de la société et du monde, à un moment historique
donné de leur évolution, selon la capacité, soit pour
défendre leurs intérêts, soit pour essayer de maintenir ou
d'étendre leur influence28(*). Elle est, comme l'affirme si bien Philippe
SCOUTHEETE DE TERVARENT, le domaine d'élection où s'applique les
enseignements de l'histoire et les grands mouvements venant du fond des temps,
les grands desseins aussi qui touchent aux intérêts les plus
fondamentaux et les plus permanents des Etats29(*).
L'associer au concept
« adaptabilité », elle donne un contenu plus
précis dans la lecture du présent travail. Certes, elle change
de la signification pour devenir une politique qui se cantonne à la
quête de valeurs et d'intérêts communs, pour ainsi quitter
la sphère de la politique de domination.
I.2. Présentation des milieux d'étude
§1. Généralité sur les
Etats-Unis
1.
Situation géographique
Les États-Unis est un pays d'Amérique du
Nord, incluant l'Alaska (au nord-ouest du Canada) et les îles Hawaii
(dans le Pacifique Nord). Sa capitale est Washington. Les
Etats-Unis sont bordés au nord par le Canada, à l'est
par l'océan Atlantique, au sud par le golfe du Mexique et le Mexique et,
à l'ouest par l'océan Pacifique. République
fédérale formée de cinquante États et d'un district
fédéral, possédant quelques îlots dans le Pacifique
(Midway, Wake) ; les États-Unis exercent en outre une tutelle sur
certaines îles et archipels du Pacifique et des Caraïbes,
dotés d'un statut d'État associé (Porto Rico), de
territoires « librement associés »
(république des îles Marshall, États
fédérés de Micronésie et république de
Belau) ou de territoires « non incorporés » aux
États-Unis (Samoa américaines, Guam, îles Vierges)30(*).
L'immensité du territoire, la grande
variété des reliefs et des climats produisent des paysages
très divers selon les régions. Les grands ensembles naturels du
pays suivent grossièrement une organisation méridienne :
à l'est, une plaine de plus en plus large en allant vers la Floride,
borde l'océan Atlantique. La partie nord (
Nouvelle-Angleterre)
est soumise aux
masses d'air polaires
en hiver. Le sud subit les influences tropicales. Vers l'intérieur se
succèdent les collines du
piémont puis
les montagnes
Appalaches, qui
culminent à 2 037 mètres d'altitude et sont couvertes de
forêts. L'
Ouest
américain est dominé par les montagnes Rocheuses, la
chaîne
des Cascades et la
Sierra
Nevada qui encadrent des vallées (
Vallée
Centrale), plateaux (
plateau du
Colorado,
plateau du
Columbia) et des bassins d'altitude (
Grand
Bassin). L'Alaska est un État où dominent les montagnes et
les volcans actifs (
archipel
Alexandre,
îles
Aléoutiennes) : le littoral subit les influences
océaniques alors que l'extrême nord est en
climat polaire.
Enfin, l'archipel d'Hawaï est constitué d'une série de
points chauds et
connaît un
climat
tropical31(*).
On peut bien dire que, la géographie américaine
est aujourd'hui en position hégémonique car ils se trouvent
« au centre d'une multitude de liens internationaux étatiques mais
aussi politiques, culturels, financiers et économiques ».
2.
Situation économique
Les États-Unis sont la première puissance
économique
mondiale, selon le PIB nominal et le PIB à
parité
de pouvoir d'achat, devant la
Chine.
En 2012, le PIB américain était légèrement
inférieur à celui de l'
Union
européenne. Le pays se place à la huitième place
mondiale pour le PIB par habitant et à la quatrième place
à parité de pouvoir d'achat. Les États-Unis
possèdent une
économie
mixte dans laquelle le
secteur public en
2007 représentait 12,4 % du PIB. Le taux de
chômage est
relativement faible, entre habituellement 3 et 5 % de la
population
active. Cependant la crise économique de 2008 a
entraîné une remontée du chômage si bien que ce taux
a atteint 6,5 % en novembre 2008 (d'après l'
OIT),
et 9,9 % en avril 2010.
Les secteurs les plus dynamiques sont la
chimie, l'
informatique, l'
aérospatiale,
la
santé, les
biotechnologies et
les industries de l'armement, même si l'avance s'est réduite
depuis la fin de la
seconde guerre
mondiale. Le principal point fort de cette
économie
postindustrielle reste le
secteur tertiaire
(grande distribution, services financiers et bancaires, assurances, production
cinématographique, tourisme...), qui contribue pour 75 % du PIB.
Les États-Unis sont les plus grands
importateurs de biens
et les troisièmes
exportateurs
derrière la
Chine
et l'
Allemagne. Le
Canada, la Chine, le
Mexique, le
Japon et l'Allemagne sont les
principaux partenaires commerciaux. Le matériel électrique
constitue la principale exportation ; le pays importe de nombreux
véhicules automobiles. Les bourses de New York (
New York Stock
Exchange) sont les premières du monde. La
dette publique
américaine est la plus élevée du monde : en 2005,
elle représentait 23 % du volume mondial. Les États-Unis se
classent 35e sur 120 pays pour la dette rapportée au
PIB32(*).
Plusieurs atouts expliquent la puissance de l'économie
américaine : le territoire américain est immense, bien
doté en ressources minières (deuxième producteur mondial
de
charbon,
pétrole,
gaz naturel,
or,
cuivre...) et agricoles. Il
est situé entre les deux grands océans de la planète,
l'océan Atlantique et l'océan Pacifique. Il est également
bien maîtrisé par un réseau de transport varié (
Grands
Lacs,
voies
ferrées,
ports,
aéroports) et
dense. La population est
cosmopolite, mobile
et bien formée. Le
dollar et la langue anglaise
ont acquis un rayonnement international. L'État fédéral
investit une part relativement importante du PIB dans la recherche et
n'hésite pas à se montrer
protectionniste.
Les
multinationales
américaines sont présentes sur tous les continents et participent
à la puissance économique du pays. Les États-Unis sont au
coeur de l'
ALENA,
une organisation régionale qui favorise la libre circulation des
marchandises et des capitaux33(*).
Avec les atouts qui sont le sien, les Etats-Unis cherchent
aujourd'hui, via la signature de l'accord nucléaire, à trouver un
nouveau débouché, où ils écouleront ses produits
qui sont d'ailleurs attendus avec beaucoup plus d'impatience chez les citoyens
iraniens. En plus, cet accord permettra aux Etats-Unis, s'ils normalisent ses
relations avec l'Iran, de bien réserver ses gisements de pétrole
en important et/ou en exploitant celui de la République d'Iran. C'est
aussi une opportunité pour les Etats-Unis d'importer le gaz naturel.
3.
Situation démographique
Les quelques 318 millions d'Américains sont
répartis de façon inégale sur le territoire. La
densité de population est en effet plus élevée à
l'est du pays que dans l'ouest. La moitié de la population est
concentrée à l'Est du 100ème méridien
avec la
Mégalopolis
du
BosWash, les rives des
Grands Lacs (Chicago / Détroit / Milwaukee / Cleveland) et
ChiPitts, les
Appalaches et le
littoral atlantique. Au-delà du 100ème
méridien, les densités faiblissent pour des raisons historiques
(le peuplement s'est fait d'Est à l'Ouest) et naturelles
(aridité). La façade pacifique est plus dense avec l'axe
californien (
San Francisco / Los Angeles)
et le
Puget Sound (
Seattle / Portland). La
densité moyenne des États-Unis est de 31 habitants par
km2.
Les Américains se concentrent sur les littoraux, y
compris ceux des
Grands
Lacs. À l'Ouest du 100ème
méridien
jusqu'au littoral du Pacifique et en
Alaska, les densités
sont globalement faibles, sauf en quelques villes isolées et en
Californie. Cette dernière est l'État le plus peuplé des
États-Unis et continue d'attirer les flux migratoires internes et
externes.
Plus des trois quarts de la population est urbaine. Les
États-Unis sont à la troisième place mondiale pour la
population urbaine, en valeur absolue. Plus de 30 % des Américains
vivent dans une métropole de plus de cinq millions d'habitants. Ces
agglomérations sont récentes et structurées en
réseaux. Leur poids économique est considérable pour le
pays. Elles connaissent des difficultés liées à
l'immigration, aux mutations sociales et à la
mondialisation34(*).
La population américaine a augmenté de 27,3
millions, soit 9,7 %, depuis le recensement de 2000. La croissance
démographique annuelle était de 0,89 %. L'
indice de
fécondité en 2012 était de 1,88 enfant par femme. Le
nombre d'immigrés clandestins était estimé à 12
millions de personnes, soit 4 % de la population totale. En 2006, 1,27
million d'immigrés ont reçu une carte de résidence
légale.
En 2009, les cinq États les plus peuplés
étaient la
Californie (environ
37 millions d'habitants), le
Texas (environ
25 millions), l'
État de
New York (environ 19,5 millions), la
Floride (environ
18,5 millions) et l'
Illinois (environ
13 millions). Sept États avaient une population inférieure
à un million d'habitants : par ordre décroissant, le
Montana, le
Delaware, le
Dakota du Sud, l'
Alaska, le
Dakota du Nord, le
Vermont, et le
Wyoming, qui constitue
l'État le moins peuplé avec moins de 550 000 habitants.
Finalement, le recensement de 2000 montre que les dix États les plus
peuplés abritaient 54 % de la population, tandis que 3 % de la
population résidait dans les dix États les moins peuplés.
En 2000, le Sud (100,2 millions d'habitants, soit 36 % de la population)
et l'Ouest (63,2 millions d'habitants, soit 22 % de la population)
rassemblaient plus de la moitié de la population totale. Ils sont
aujourd'hui plus peuplés que le Nord-Est (53,6 millions d'habitants,
soit 19 % de la population), centre historique du peuplement et de la
révolution industrielle35(*).
4.
Situation de la politique interne
Les États-Unis sont une
république
fédérale
présidentielle
bicaméraliste.
La forme du gouvernement est celle de la
démocratie
représentative : le droit de vote est accordé aux
citoyens américains de plus de 18 ans ; il n'est pas
obligatoire.
Les citoyens américains sont gouvernés à
trois échelons : le niveau fédéral depuis la capitale
Washington,
D.C., le niveau des
États
fédérés et le niveau local (
comtés,
municipalités).
La monnaie, la politique étrangère, l'armée et le commerce
extérieur relèvent de l'État fédéral. Le
pays est constitué de cinquante États
fédérés qui disposent d'une pleine
souveraineté
dans de nombreux domaines : justice, éducation, transport, etc.
Chacun des 50 États a son drapeau, son gouverneur, son congrès et
son gouvernement. La législation diffère d'une circonscription
à l'autre36(*).
Voire aussi la carte n° 1 relative à la situation
géographique des Etats fédérés des Etats-Unis.
La
constitution
américaine est la plus ancienne constitution moderne encore en
vigueur (1787). Complétée par la
Déclaration
des Droits et de nombreux
amendements,
elle garantit des droits individuels aux citoyens américains. Pour
être adopté, un amendement doit recueillir l'approbation des 3/4
des États fédérés.
Les trois pouvoirs (législatif, exécutif et
judiciaire) sont séparés :
§ Le
pouvoir
exécutif est assuré par le
président
et le
vice-président.
Ils sont élus ensemble pour quatre ans, au suffrage universel indirect.
Chaque État est représenté par son collège de
grands
électeurs dont le nombre est approximativement proportionnel au
nombre d'habitants de l'État en question. Depuis
1951, le président ne
peut exercer que deux mandats. Le Président est le
commandant en
chef, mais ne peut déclarer la guerre. Il réside à la
Maison-Blanche et
possède un
droit de veto sur les
projets de
loi. Il nomme les membres de son
cabinet
et dirige l'
Administration
américaine.
§ Le
pouvoir
législatif revient à un
Congrès
composé de deux chambres, le
Sénat
et la
Chambre
des Représentants, qui siègent au
Capitole.
La chambre des représentants compte 435 membres, élus dans le
cadre de districts (congressional district) pour un mandat de deux
ans. Le nombre de représentants dépend du poids
démographique des États : les moins peuplés envoient
un représentant au Congrès, alors que la Californie en dispose de
53. La Chambre des représentants écrit les lois, mais elle a
aussi certaines responsabilités spécifiques. Seul la Chambre des
représentants peut : Soumettre des lois sur les impôts et
décider si un fonctionnaire du gouvernement accusé d'un crime
contre le pays doit être poursuivi et jugé au Sénat. Une
telle procédure s'appelle « impeachment » ou destitution.
En plus, chaque État élit deux sénateurs
pour six ans, quelle que soit sa population. Le Sénat est
renouvelé par tiers tous les deux ans. Les sénateurs
écrivent les lois, mais ils ont aussi des responsabilités
spécifiques. Seuls les sénateurs peuvent : Accepter ou refuser
tout accord passé par le président avec un autre pays ou
organisation composée de pays ; accepter ou refuser toute personne
choisie par le président pour occuper un poste important comme par
exemple, les juges de la Cour suprême ou les fonctionnaires qui seront
à la tête des Ministères, tels que le Ministère de
l'Éducation ou le Ministère de la Santé et des services
sociaux ; intenter un procès contre un fonctionnaire du
gouvernement étant l'objet d'une procédure de destitution par la
Chambre des représentants.
§ La
Cour
suprême est la plus haute instance du
système
judiciaire fédéral. Composée de neuf juges à
vie choisis par le président avec l'accord du Sénat, elle
interprète les lois et vérifie leur constitutionnalité. La
Cour suprême peut annuler les lois étatiques et
fédérales si celles-ci entrent en conflit avec la constitution.
Il existe également d'autres cours fédérales, comme les
tribunaux de première instance des États-Unis (appelés
« U.S. District Courts ») et les Cours d'appel
fédérales des États-Unis (appelée « U.S.
Circuit Courts of Appeals »)37(*).
Il faut également noter que la vie politique est
dominée par deux partis : le
Parti
républicain et le
Parti
démocrate. Le Parti républicain, fondé en
1854, est
considéré comme
conservateur ou de
droite, son symbole est l'
éléphant
et sa couleur est rouge. Le Parti démocrate est qualifié de
libéral
(dans le sens américain du terme), il est classé au centre-gauche
et sa couleur est le bleu. Parmi les partis de moindre importance figurent le
Parti
libertarien, le
Parti
vert, le
Parti
de la réforme et le
Parti
constitutionnaliste. Les États du
Nord-Est,
des
Grands
Lacs et de la
côte
ouest sont réputés plus progressistes que ceux du
Sud et des
Montagnes
Rocheuses38(*).
Cela étant, il sied de souligner que la politique
interne des Etats-Unis a un impact considérable sur le monde
extérieur étant donné que la politique
étrangère n'est qu'une suite de la politique intérieur
d'un Etat à l'extérieur. Partant, la politique
étrangère américain reste tenailler par un certain nombre
de contrainte. Etant le levier de la survie des intérêts
américains dans le monde extérieur, la politique
étrangère américaine est soumise aux pressions
théoriques ; elle varie selon le cas soit en réalisme, soit
en libéralisme. Cette logique est sûrement marquante d'autant plus
que les présidents américains traduisent la vie politique du pays
en adoptant telle ou telle autre théorie de la politique
étrangère.
Si BUSH était plus réaliste en optant pour une
position interventionniste dans le monde afin d'orienter le monde selon sa
vision ; OBAMA par contre a pris une orientation susceptible de
façonner l'environnement international sous une optique
libéraliste. Le regard tourné vers le rapport entre les
Etats-Unis et la République Islamique d'Iran de 2008 à 2015 en
est la confirmation.
§2. Généralité sur la
République Islamique d'Iran
1.
Situation géographique
L'histoire de l'Iran est d'abord celle de
l'Empire perse : il était fondé par Cyrus le Grand au
5ème siècle avant J-C. et sa capitale
était Persépolis. À partir du
7ème siècle après J-C., le pays est
conquis par les Arabes, puis par les Turcs. Les Mongols de Gengis Khan
puis de Tamerlan envahissent la Perse aux 8ème et
14ème siècles. Ismaïl Ier
est le premier chah de Perse.
Au 19ème siècle, le pays subit la
domination des Russes et des Britanniques. Toutefois, des mouvements
nationalistes s'élèvent contre ce contrôle étranger,
et la Perse devient l'Iran en 193439(*).
La géographie a de tout temps offert une position
stratégique à l'Iran. Noeud géopolitique majeur depuis
l'Antiquité, le pays partage en effet avec la Chine la position d'un
"empire du milieu", au carrefour deplusieurs grands ensembles régionaux.
Avec ses 80 millions d'habitants, l'Iran est riche de son histoire et de sa
géographie. Bordé par la mer Caspienne au nord et le golfe
Persique au sud, le territoire iranien actuel mesure 1,648 million de km²,
soit trois fois lasuperficie de la France. La diagonale entre
l'Azerbaïdjan iranien, au nord-ouest, et le Sistan-Baloutchistan, au
sud-est, représente une distance d'approximativement 2 333 km. Vaste
pays de hautes plaines steppiques et désertiques au climat
contrasté, chaud en été et froid en hiver, l'Iran, partage
avec la Chine le fait de se percevoir comme un « Empire du milieu
».
Ainsi que l'explique Matthieu ANQUEZ dans son ouvrage «
Géopolitique de l'Iran : puissance dangereuse ou pays incompris ?
», ce pays, depuis l'Empire perse jusqu'à la République
islamique, occupe une placecentrale, à la croisée de plusieurs
ensembles régionaux : le monde arabe, à l'ouest et au sud ; le
monde indien, à l'est, avec l'Afghanistan et le Pakistan comme trait
d'union ; l'Asie centrale, au nord-est, porte vers la Chine ; le Caucase et la
Russie, au nord ; et enfin, la Turquie, au nord-est, pont entre l'Iran et
l'Europe (confère la carte n° 2 relative à la carte
géographique iranienne).
Sa position stratégique explique également
pourquoi la Perse était une étape essentielle sur la route de la
Soie, et ce depuis l'Antiquité. La présence de plusieurs
caravansérails sur le sol iranien, dont celui de Tabriz, visité
par votre délégation, en atteste.
Les rares plaines iraniennes sont encerclées de
montagnes, comme celles d'Elbourz au nord et de Zagros à l'ouest, dont
le piémont est jalonné de villes comme Téhéran,
Qom, Ispahan ou Chiraz, donnant un sentiment de sécurité aux
habitants grâce à ces murailles naturelles. Il s'agit d'un des
paysles plus montagneux au monde. Ces montagnes fournissent l'eau indispensable
à un pays aride. À cette fin les Iraniens ont inventé
depuis trois millénaires des procédéstechniques captant
l'eau à travers des galeries souterraines creusées dans les
montagnes et la distribuant à travers de vastes réseaux
d'irrigation (système des qanâts). Aujourd'hui encore,
ces systèmes permettent l'arrosage d'environ 20 % des terres agricoles
iraniennes. Les hauts plateaux couvrent le centre et l'est de l'Iran et
abritent deux grands déserts : Kavir et Lut. Dans ces derniers, peu
propices à la vie animale ou végétale, les variations de
température sont souvent très élevées, passant
fréquemment de - 20 °C la nuit à 50 °C le jour. Il y a
été enregistré le record mondial de la plus haute
température à la surface de la terre avec 71 °C. Les
spécialistes de l'Iran affirment souvent que sa géographie a eu
un rôle déterminant dans l'évolution historique, politique
et économique de ce pays40(*).
2.
Situation économique
L'Iran est le quatrième
producteur et exportateur mondial de pétrole. Au cours du
XXème siècle, la rente pétrolière a
permis la construction d'infrastructures de qualité (routes, voies
ferrées, aéroports, électrification, hôpitaux,
écoles) et la mise en place d'une administration centralisée qui
contrôle bien le pays (Organisation du plan et du budget, police) et
d'une industrie qui satisfait les besoins de base du pays. En revanche, les
exportations industrielles de l'Iran sont presque nulles et le pétrole
représente toujours 90 % des exportations et 70 % des recettes
budgétaires du pays. L'isolement politique de la République
islamique depuis 1979 a placé le pays en marge de l'économie
mondiale. La production de pétrole a dépassé
250 millions de tonnes de 1974 à 1978, pour tomber à
65 millions en 1980, par l'effet combiné de la Révolution
islamique et de la guerre41(*).
Les tensions diplomatiques observées au cours des
années 2000, sur fond de soutien au terrorisme et de programme
nucléaire opaque, ont incité les États-Unis, les Nations
unies et l'Union européenne à jouer de l'arme économique
pour affaiblir les ardeurs iraniennes. Celle-ci s'est
révélée efficace. Embargo pétrolier, gel d'avoirs,
limitations des mouvements des capitaux, sanctions financières... L'Iran
est devenu isolé. Le pays, pourtant si riche en ressources
pétrolières et gazières, et en minéraux, s'est
appauvri?: en 2012, le pays, qui possède la quatrième
réserve de pétrole et la première de gaz au monde,
produisait de 3 millions de barils de pétrole par jour?; en 2014,
ce chiffre n'était que de 1,3 million en 201442(*).
Depuis bien de temps, l'Iran visait à ouvrir son
économie et à s'insérer toujours davantage dans le
commerce international, ainsi qu'en atteste sa demande
répétéed'obtenir un statut de membre à part
entière de l'Organisation mondiale ducommerce (OMC), dans laquelle la
République islamique ne dispose qued'un statut d'observateur depuis
2005, en raison de l'opposition des États-Unis qui n'ont cessé de
bloquer l'Iran dans ses efforts.L'industrie et les services représentent
90 % de l'économie nationale(45 % chacun) tandis que le secteur de
l'agriculture pèse pour 10 %. Le PIBiranien, en parité nominale,
est de l'ordre de 550 milliards de dollars par an.Mais il représente
plus de 1000 milliards de dollars en parité de pouvoir d'achat (PPA). Le
secteur de l'énergie est important en Iran et les principauxrevenus du
pays sont tirés de la vente de pétrole et de gaz naturel.
Il convient, en effet, de relever tout d'abord le potentiel
important que représente l'économie iranienne, qui dispose de 10
% des réserves pétrolières mondiales et de 18 % des
réserves gazières mondiales (deuxième rang mondial, avec
environ 30 milliards de mètres cubes deréserves). Historiquement,
Total a développé plusieurs champs pétroliers et gaziers
en Iran mais n'est plus présent pour l'exploration ou l'exploitation.
Les gisements de pétrole sont situés au nord de
l'Iran et en offshore dans les eaux du golfe Persique, mais les
infrastructures industrielles sontde plus en plus inefficaces car
vétustes et ne profitant pas des avancéestechnologiques. De moins
en moins de forages d'exploration sont effectués.
Pour ce qui concerne les réserves de gaz naturel, la
plus grande partie demeure inexploitée. La production est
essentiellement destinée à un usagedomestique. Les
investissements étrangers sont insuffisants dans cessecteurs, comme
l'ont expliqué à votre délégation MM. ALIREZA
DAEMI,vice-ministre de l'Energie, et Ali MAJEDI, vice-ministre du
pétrole, chargé desaffaires internationales.
L'origine de l'énergie utilisée en Iran est
multiple. Traditionnellement, 75 % provient du gaz naturel, 18 % est
tirée du pétrole et 7 % de l'énergie
hydroélectrique ou des énergies nouvelles. Depuis les
années 2000, l'utilisation de centrales thermiques au gaz et de stations
hydroélectriques (400 barrages construits et 180 en construction ou en
projet en 2014), l'amélioration des centrales thermiques au charbon et
au pétrole et l'ouverture de parcs éoliens, de centrales
géothermiques et le déploiement de panneaux solaires, auraient
porté la capacité énergétique de l'Iran à
de25 000 à 70 000 mégawatts. La demande interne en énergie
électrique croîtrait d'environ 8 % par an.
Toutefois, il convient également de souligner que les
capacités industrielles de l'Iran sont sous-exploitées. Par
exemple, l'industrie minière est insuffisamment développée
et ne contribue qu'à hauteur d'un demi-point de PIB à la richesse
nationale, surtout en raison du manque d'infrastructures et des
difficultés d'exploration. Pourtant, l'Iran dispose d'importantes mines
produisant du charbon, du fer, du cuivre, du plomb, du zinc, du chrome, de la
barite, du sel, du gypse, du molybdène, du strontium, de la silice, de
l'uranium ou, encore, de l'or. Les mines de Sarcheshmeh contiennent, à
elles-seules, le second filon de minerai de cuivre le plus grand du monde, avec
5 % du cuivre mondial. L'État iranien, qui possède quasiment
toutes les mines et les industries connexes, cherche ainsi à attirer des
investissements étrangers pour développer l'extraction. De
même, dans le secteur automobile, la capacité de production de
l'ordre de 2 millions de voitures par an est très loin d'être
atteinte : les sitesne tournent aujourd'hui qu'à 25 % ou 30 % de leurs
capacités.
L'impact des sanctions est significatif puisque,
d'après le Fonds monétaire international (FMI), la croissance est
négative en 2012 et, de façon moins prononcée, en 2013 (-
5,8 % puis - 1,7 %) et devrait revenir à + 1,5 %en 2014. Selon la Banque
Centrale d'Iran, l'inflation avait atteint 45,1 % en juin 2013. La hausse des
prix atteignait même 56,3 % pour l'alimentation et 64,7 % pour
l'habillement. Très clairement, l'économie iranienne est au bord
de l'hyperinflation et on assiste actuellement à une
paupérisation des classes sociales les plus défavorisées,
en dépit de la solidarité familiale et de l'action sociale des
réseaux religieux. Parallèlement, l'économie serait
également en situation de récession, alors même que le
marché du travail doit absorber près de 600 000 personnes chaque
année (du fait de la forte croissance démographique des
années 1980). Cette situation a conduit à une très nette
dégradation du marché du travail, puisque le taux de
chômage serait d'au moins de 15 %43(*).Cependant, l'économie iranienne, bien
qu'affaiblie, est loin de s'effondrer : elle fait preuve d'une
résilience remarquable. Il est sûr que la situation
économique et politique de l'Iran est différente de ce qui est
montré dans les médias occidentaux. L'Iran n'est pas le pays
épuisé présenté par certains.44(*).
3.
Situation démographique
L'Iran est un État à la fois multiethnique et
fortement unifié par son histoire et sa culture. Le nationalisme iranien, fondé sur l'ancienneté
et la stabilité de l'État, est capable d'unir toutes les
catégories sociales et culturelles du pays, comme ce fut le cas au
début de la guerre Irak-Iran (1980-1988). La moitié des Iraniens
ont le persan pour langue maternelle, mais un quart
parlent d'autres langues iraniennes (Lors 9 %, Caspiens 8 %, Kurdes 7 %,
Baloutches 3 %...) et 20 %, dont les Azéris, parlent des langues
turques. Environ 4 % des Iraniens sont arabes. Le bilinguisme est donc très répandu depuis que
la langue nationale, le persan (fârsi), est parlée par la
quasi-totalité de la population en raison des progrès de la
scolarisation jusque dans les zones rurales reculées. La proportion de
personnes déclarant ne pas comprendre le persan est ainsi passée
de 14,3 % en 1986 à seulement 4,5 % en 2002.
La question des identités ethniques reste très
sensible, car la République islamique est, comme on sait, un État
très majoritairement chiite (à 89 % de sa population, contre 10 %
de sunnites), et la plupart des populations non persanes sont établies
à la périphérie du pays. Le renouveau du fait ethnique et
culturel est cependant transformé par les migrations vers les grandes
villes et le centre du pays. On estime que les Azéris forment la moitié de la population de
Téhéran où ils exercent les plus hautes fonctions.
Jusqu'au milieu du XXème siècle,
les tribus nomades, principalement les Bakhtyaris, Qashqâ'is et Lors, représentaient
25 % de la population totale et constituaient un danger politique et militaire
pour le gouvernement central, avant d'être sédentarisées de
force, dans les années 1930, par le nouvel État en cours de
construction. L'Iran reste le seul pays du monde, après la Mongolie,
où ce mode de vie est resté très actif, car il permet de
valoriser les immenses espaces steppiques ; il a su évoluer vers le
semi-nomadisme et se moderniser. Les 500?000 nomades et semi-nomades
d'Iran possèdent environ 20 % du cheptel ovin et caprin et peuvent
accéder par la route à leur campement.
L'identité nationale iranienne moderne s'est faite
autour de l'islam shiite, devenu
religion officielle sous la dynastie Safavide au
XVIème siècle et pratiqué par 87 % des
Iraniens. La domination de l'islam shiite va de pair avec la grande
diversité religieuse de l'Iran. Les musulmans sunnites sont environ 10 millions, principalement
Kurdes, Baloutches, Turkmènes, Arabes, Persans du Khorasan oriental et
forment la principale minorité religieuse non shiite. Les
minorités non musulmanes reconnues ont chacune un député,
sont de plus en plus concentrées à Téhéran et en
forte diminution : zoroastriens (50?000 personnes), juifs (10?000) et
chrétiens (arméniens, assyro-chaldéens, 110?000)45(*).
4.
Situation de la politique interne46(*)
L'Iran, depuis l'instauration de la République
islamique, présente un système institutionnel très
singulier. L'Iran est le seul État officiellement
chiite et un des rares pays
à être une
théocratie ;
c'est-à-dire que le pouvoir, censé émaner de Dieu,
réside dans les mains du clergé. Cependant, le pouvoir politique
en Iran n'est pas concentré dans les mains d'un individu ou d'un groupe
particulier. Il existe en réalité une multitude de centres de
décision, parfois relativement autonomes, dont la structure
hiérarchisée ne tolère que peu de relations horizontales
entre eux (confère l'annexe n° 03, où se trouve le
schéma de la structure du système politique de la
République Islamique d'Iran).
1.1. Le Guide suprême
En premier lieu, il est essentiel de souligner que
l'édifice politique de la République Islamique doit sa
légitimité au pouvoir charismatique de l'Ayatollah KHAMENEI, le
chef suprême de la religion, qui demeure en dernière analyse le
personnage central du régime. Par ailleurs, contrairement à un
régime républicain classique, c'est le Guide Suprême et non
le Président qui est la plus haute autorité de l'État en
Iran (Article 113 de la Constitution). Ses pouvoirs sont étendus: il est
notamment le chef des forces armées et est le seul à pouvoir
déclarer la guerre ou faire la paix (Article 110). Comme le souligne
Olivier ROY, le Guide (ou l'imam) est de plus juridiquement «le chef de la
communauté musulmane toute entière (Oumma), il n'est
donc pas tenu d'être iranien, contrairement au Président de la
République qui doit être de nationalité et d'ascendance
paternelle iranienne. Ainsi, le pouvoir politico-religieux du Guide, obtenu
grâce à son charisme, à ses connaissances religieuses et
par la volonté de Dieu surpasse le pouvoir d'un Président
élu au suffrage universel. La souveraineté, ultimement, est donc
d'essence divine plutôt que d'essence démocratique.Surtout, le
Guide Suprême est théoriquement le chef de tous les Musulmans,
sans distinction de citoyenneté ou d'appartenance à telle ou
telle branche de l'Islam, ce qui lui confère une autorité
politique et religieuse supranationale qui rejette de facto la
légitimité des autres chefs d'État du système.
Le Guide, leader incontesté du régime, n'exerce
pas un pouvoir politique absolu. S'il bénéficie d'informations
régulières sur les pratiques institutionnelles et les politiques
mises en oeuvre, les institutions républicaines et
révolutionnaires bénéficient d'une large autonomie. Dans
le cadre de la politique étrangère, et donc de la PER (Politique
d'Extension de la Révolution), la position du Guide demeure la
référence idéologique pour tous les acteurs
impliqués, et ce bien que la multiplicité des centres de
décision et l'addition des agendas particuliers limitent - comme nous
allons le voir plus loin - la cohérence de la politique
étrangère.
1.2. Les institutions républicaines et
révolutionnaires
Depuis la révolution de 1979, la république
islamique d'Iran est instituée par la Constitution du 24 octobre 1979,
Constitution révisée le 28 juillet 198947(*). En se référant
à cette Constitution, la République Islamique d'Iran est un
État républicain, possédant une Constitution et les trois
branches habituelles de gouvernement: l'exécutif, le judiciaire et le
législatif.
Cependant, note MEHDI MOSLEM48(*), le républicanisme n'est qu'une facette de
l'État iranien. En fait, ces institutions, qui ont souvent
préséance dans la hiérarchie institutionnelle en Iran,
sont la garantie que les préceptes islamiques seront respectés
dans le jeu politique de la République islamique. Elles se divisent en
trois groupes :
Le premier comprend le Conseil des Gardiens,
l'Assemblée des Experts, et le Conseil du Discernement. Le Conseil
détient un droit de veto sur toute loi votée au Parlement.
L'Assemblée des Experts est constituée de 86 clercs élus
par les électeurs pour huit ans qui sont chargés d'élire
un des leurs comme Guide Suprême. Enfin, le Conseil du Discernement,
composé de 31 membres, détient un rôle consultatif
auprès du Guide Suprême, et joue également un rôle de
médiation lorsqu'un conflit intervient entre le Parlement et le Conseil
des Gardiens. Le Conseil des Gardiens possède un droit de veto sur toute
loi votée au Parlement (ou Majilis) si celle-ci est
jugée contraire à la loi islamique. Il constitue à la fois
une Chambre Haute et une Cour Suprême. Il a le pouvoir par exemple de
rendre illégitime (au regard de la sharia) certains candidats dans le
cadre des élections au Parlement, à la Présidence, ou
encore à l'Assemblée des Experts, si ces candidats ne paraissent
pas assez fidèles au régime. Selon la Constitution, sans
l'existence du Conseil des Gardiens, l'assemblée est
dénuée de toute souveraineté. Ainsi, la validité
des lois votées par le pouvoir législatif dépend en
dernière instance de l'interprétation qu'en font les douze
membres du Conseil des Gardiens, garant de l'islamité du
régime.
Le second groupe est un ensemble d'institutions religieuses,
non mentionnées dans la Constitution et sans statut légal,
chargées de maintenir la religiosité du régime. Il est
composé notamment des Représentants du Guide, qui sont des
«commissaires cléricaux» détachés par le Bureau
du Guide et chargés de renforcer l'autorité de Khamenei
auprès des ministères et institutions clés du
régime, ainsi qu'auprès des organisations révolutionnaires
et religieuses, de l'Association des Leaders de la Prière du Vendredi,
ou encore des nombreuses associations islamiques. Ces organisations rendent de
nombreux services au régime, notamment en sauvegardant l'islamisation de
l'éducation supérieure, en prévenant tout
déviationnisme ou encore en vérifiant l'islamité des
bureaux gouvernementaux.
Il existe enfin un troisième ensemble d'institutions,
les Nehads(ou fondations révolutionnaires), subdivisées
en trois catégories: publiques, privées, et islamiques. Ces
fondations -officiellement à vocation caritative
-bénéficient d'une grande autonomie, et ce bien qu'étant
financées par l'État.Elles possèdent en outre un poids
économique et social qui s'étend au-delà des
frontières de l'Iran.
De toutes les façons, Une caractéristique toute
particulière de l'État iranien est cette opposition entre les
institutions politiques proprement dites d'un côté et le pouvoir
religieux des mollahs de l'autre. Ces pouvoirs sont, comme déjà
mentionné, d'une force très inégale : les
institutions des mollahs disposent d'un pouvoir de veto à l'égard
de toutes les décisions du gouvernement et commandent un réseau
puissant d'influence et de protection. En raison de cette dualité des
pouvoirs, on peut parfois avoir l'impression que l'État iranien
« parle avec deux bouches ». En effet, les
déclarations et les positions de ces deux pouvoirs peuvent parfois
apparaître en contradiction, ce qui peut mener à confusion,
surtout sur la scène internationale. D'ailleurs, les tensions entre ces
deux centres de pouvoirs inégaux affectent la politique iranienne
à tous ses niveaux : l'Iran semble alors poursuivre des objectifs
différents, voire contradictoires. Cette dualité des pouvoirs au
sein d'un même État reçoit d'ailleurs toute son importance
dans une analyse du parrainage iranien du terrorisme : en effet, il se
peut fort bien que quelques « hard liners » du
régime iranien impliquent l'Iran dans tel ou tel acte terroriste,
à l'insu des autorités officielles du pays. Ceci rend
l'étude du terrorisme parrainé par l'État iranien
passablement compliquée49(*).
En sommes, on peut dire que, ce chapitre a
présenté une importance capitale pour la matérialisation
de ce travail. Il nous a permis d'élucider les concepts cadrant avec
notre analyse et de présenter brièvement les Etats-Unis et la
République Islamique d'Iran. C'est donc pour nous une étape
importante avant de se lancer dans l'analyse de relations
américano-iraniennes.
Chapitre deuxième
LES ETATS-UNIS ET L'IRAN : DE L'EUPHORIE AUX
ECHAUFFOUREES
Aucune collectivité sociale, culturelle ou nationale
n'est absolument fermée sur les autres ; leurs interactions
permanentes se règlent en fonction de structures d'échanges et de
pouvoir, organisant le système international50(*). Cet aphorisme a servi de base
dans la rédaction de la politique étrangère iranienne
vis-à-vis des Etats-Unis; il leur avait permis de faire de va-et-vient
entre « la solidarité naturelle » et « la
solidarité artificielle51(*) ».
Dès lors, les relations américano-iraniennes
sont caractérisées par deux climats : la cordialité
et la tension. Pour mieux comprendre ces relations, il est donc important de
les situer avant et après la révolution iranienne.
II.1. Les relations américano-iraniennes avant la
révolution iranienne
Les Etats-Unis ont été fondamentalement
libéraux durant presque la totalité de leur histoire. La
finalité à long terme de la politique étrangère et
de sécurité américaine a été la
défense du libéralisme. Ceci n'a, cependant, pas
empêché les Etats-Unis, pour de raisons liées à la
préservation de son intérêt national, de s'engager dans la
realpolitik en s'alliant ou même en soutenant activement des
régimes autoritaires ou mêmes totalitaires52(*).
C'est en voulant profiter de ce pain béni que l'Iran a
mis sur pied la vision musulmane qui visait moins à nier ni à
éviter l'innovation, mais à la rendre possible par le recours
à une pratique de compensation53(*). Partant, l'Iran qui autrefois rejetait la
modernisation sous prétexte que c'est l'imitation de l'infidèle,
l'a du moins découvert principalement en prenant conscience de la
supériorité occidentale; et cela lui a poussé de saisir
l'opportunité en établissant un rapprochement avec le
gouvernement américain.
Du moins, jusqu'à la
seconde guerre
mondiale, conformément à la
doctrine Monroe,
les États-Unis s'intéressent peu à l'Iran. Cependant,
dès la première moitié du
19ème siècle, avant le début des relations
politiques entre les deux pays, des Américains, principalement des
docteurs et des missionnaires, se sont rendus en Iran. Ceux-ci ont joué
un rôle important dans le pays en ouvrant les premières
écoles modernes du pays dont la première pour filles, en
fournissant des services médicaux et en accomplissant d'autres travaux
d'intérêt général.
Durant cette période, les relations entre l'Iran et les
États-Unis sont restées cordiales, et de nombreux
constitutionnalistes
iraniens ont considéré les États-Unis comme une
« troisième force » dans leur lutte pour se
libérer de la domination et de l'ingérence des Britanniques et
des Russes dans les affaires iraniennes. La présence américaine
avait cependant eu un prix54(*).
La révolution constitutionnelle de 1906 a
créé un courant de sympathie parmi les libéraux
américains et britanniques, mais les Anglais et les Russes ont
activement manipulé les diverses factions iraniennes afin de
protéger leurs intérêts. Les Constitutionalistes ont
reconnu avoir eu besoin de l'aide extérieure pour redresser
l'état lamentable des affaires du pays hérité des Qadjars
et avoir fait appel à l'expertise étrangère. Pour les
aider à mettre de l'ordre dans les finances, ils ont trouvé en
l'Américain William MORGAN SHUSTER leur conseiller économique.
SHUSTER a provoqué l'ire des Anglais et des Russes, qui ont rendu sa
tâche aussi difficile qu'ils le puissent en le contrariant malgré
ses plaintes officielles.
Dans les années 1920, un autre Américain, Arthur
G. MILLSPAUGH, a été invité par REZA Shah pour conduire
une mission technique afin de mettre encore une fois de l'ordre dans les
finances iraniennes. La motivation géopolitique des shahs était
identique à celle des Constitutionalistes : attirer Washington pour
contrebalancer l'influence des Russes et des Britanniques.
Téhéran avait même offert de nouvelles concessions de
pétrole aux principales sociétés pétrolières
américaines que les manoeuvres britanniques et russes avaient
étouffées dans l'oeuf55(*).
Il faut noter que le premier contact à grandes
échelles entre Iraniens et Américains eut lieu lors de la seconde
guerre mondiale, lorsque ces derniers acheminaient leur aide aux
Soviétiques à travers le territoire iranien. A la fin de la
guerre, 26 % de l'aide accordée à l'URSS a transité par
l'Iran. Depuis, les officiels iraniens, satisfaits de la présence accrue
des Américains, portent une méfiance historique aux Russes et aux
Britanniques56(*).
À partir de 1952-1953, le
premier
ministre nationaliste,
Mohammad
MOSSADEGH élu démocratiquement, a entamé une
période de consolidation rapide du pouvoir, qui a débouché
sur le bref exil du monarque constitutionnel de l'Iran, le
Shah
Mohammad REZA
PAHLAVI. Les
États-Unis
et la
Grande-Bretagne,
lors d'une opération secrète (maintenant reconnue de la
CIA)
appelée
Opération
Ajax57(*), ont
aidé à organiser les manifestations afin de renverser le
gouvernement de Mohammad MOSSADEGHet ont aidé à faire revenir le
Shah en Iran.
Après son retour d'un bref exil, les tentatives de
l'Iran pour se diriger vers la
démocratie
se sont vite transformées en une
dictature puisque le Shah
a défait les limitations constitutionnelles liées à sa
position et a commencé à régner en monarque absolu.Pendant
son règne, le Shah a reçu un soutien américain
significatif, faisant fréquemment des visites officielles à la
Maison-Blanche et
gagnant les faveurs de nombreux présidents américains. Les
Américains, qui avaient réinstallé et
protégé le Shah dans son trône, avaient scellé leurs
intérêts à sa survie politique. Ainsi, depuis 1953 le
gouvernement américain a fourni l'assistance technique principale
à l'administration publique du gouvernement iranien. Cela incluait de
grands projets pour les ministères iraniens, y compris la police
nationale iranienne (dont les conseils menèrent à la
création de la très redoutable police secrète iranienne,
la SAVAK).
Les liens proches du Shah avec
Washington et son
agenda pour
occidentaliser l'Iran ont
vite rendu furieuses certaines franges de la population iranienne, et
particulièrement les conservateurs
islamiques58(*). Quand le Shah amorça
« la révolution blanche59(*) » en 1963, la position des Américains est
demeurée ambivalente. Dans le gouvernement on observa que ces
réformes étaient médiocrement structurées et
exécutées de façon incompétente. Cependant, la
presse américaine les a exaltées et a vu en elles la
matérialisation des rêves de l'administration KENNEDY pour un Iran
plus démocratique et plus libéral. Les agences américaines
d'aide y étaient également enthousiastes au moins au
début. L'ironie de la situation est que les Iraniens ont perçu
derrière cette « révolution blanche » le bras puissant
des Etats-Unis et son influence diabolique. En fin de compte, la
révolution blanche eut un bilan mitigé entre réussite et
échec.
Il est intéressant de noter que les mollahs
étaient opposés aux réformes liées à la
terre parce qu'elles ont réduit la richesse de leurs
établissements religieux et affaiblis les propriétaires terriens
qui les soutenaient. Ayatollah KHOMEINI, qui s'est mobilisé contre la
révolution blanche, qualifiait ces réformes de menace
sérieuse contre l'Islam, position qui l'a fait connaître à
l'échelle nationale60(*).
Après les chocs pétroliers des années
1970, l'Iran connut, grâce aux considérables revenus
pétroliers, un développement économique et une
modernisation, bien qu'inégaux. Le Shah dépensa des sommes
importantes dans l'achat d'armes aux Etats-Unis. Cela a permis le recyclage des
pétrodollars au bénéfice de l'économie
américaine, mais accrut les questions soulevées par les experts
militaires qui se focalisaient surtout sur la sécurité
réelle que fourniront de telles armes. Les immenses richesses
pétrolières, insuffisamment distribuées, n'avaient pas
traduit un appui populaire au Shah ; par contre, ont contribué
à sa chute en 1979, à la surprise des Américains qui pris
au dépourvu n'avaient pas perçu l'imminence de la crise.
Quand le Shah perdit son pouvoir après la
révolution, les Etats-Unis, et en dépit des objections du
gouvernement révolutionnaire iranien, autorisèrent le Shah
à entrer sur leur territoire pour y subir un traitement contre le
cancer. En conséquence de cette décision, la dramatique
occupation de l'ambassade américaine à Téhéran le 4
novembre 1979 par des étudiants iraniens militants avec le soutien de
l'Ayatollah KHOMEINI. Cinquante-deux Américains étaient
détenus en otage. Après l'échec d'une mission
secrète de secours, les négociations ont abouti à leur
libération après 444 jours de captivité. Les
Américains tiennent depuis une rancune historique envers l'Iran61(*).
II.2. Les relations américano-iraniennes après
la révolution iranienne
La thèse de Samuel HUNTINGTON62(*) est la plus marquante,
lorsqu'il soutient que, « dans le monde qui naît, les
relations entre États et groupes appartenant à différentes
civilisations ne seront guère étroites, mais souvent plutôt
antagonistes. Et certaines relations inter-civilisationnelles porteront plus au
conflit que d'autres ».
Certes, l'Iran, qui a opté pour une solidarité
artificielle afin de retrouver la modernité, s'est vite sombré
dans la dissension. Le pays rejoint alors la pensée selon laquelle, la
modernisation ne signifie plus tellement emprunter à l'occident pour
réagir au déclin du pays, mais opposer au premier une
modernité spécifique à l'Islam63(*). Cette vision reste le
fondement de la crise des otages américains de 1979, de la
détention par l'Iran de l'arme nucléaire et de l'endiguement de
l'influence américaine au Moyen-Orient.
§1. La crise des otages américains à
Téhéran
1.
Attaque de l'ambassade américaine à Téhéran
Lors de la
Révolution
iranienne de 1979, le Shah est dépossédé du pouvoir
une seconde fois. L'
Ayatollah
KHOMEINI devient le nouveau chef du pouvoir en Iran et peu de temps
après s'amorce une violente rhétorique contre les
États-Unis, décrivant ce pays comme le
Grand Satan et
également comme une nation d'infidèles. Les buts de la politique
iranienne sont alors : essayer de ne pas être dominé en
établissant un rôle de leader dans la région, circonscrire
l'influence
américaine
et des autres puissances extérieures, et construire des relations
commerciales de qualité64(*).
C'est l'autorisation américaine d'entrer du Shah aux
Etats-Unis pour y recevoir un traitement qui a accentué le sentiment des
Iraniens. Pour eux, l'ex-monarque n'était qu'un instrument des
États-Unis ; et ce sentiment débouchant alors à la
crise des otages américains le 4 novembre 1979. Au cours de cette
révolution, un groupe armé et fort de quelques centaines d'hommes
pénétra dans l'enceinte de la mission et entreprit d'en investir
les bâtiments.
Partant, les autorités iraniennes ont détenu 52
citoyens des Etats-Unis et ont fait occupées les locaux diplomatiques et
consulaires américains à Téhéran : Chiraz et
Tabriz. L'attaque dira à peu près trois heures, pendant
lesquelles des appels à l'aide furent adressés aux
autorités iraniennes ; qui les reçurent effectivement mais
sans y donner suite : les forces de sécurités placées
à proximité de l'ambassade n'intervinrent pas, aucun renfort ne
fut dépêché et les Gardiens de la révolution,
finalement envoyés, alors que tout était consommé,
reçurent pour mission de protéger la sécurité des
otages et des étudiants de la révolution [...]65(*)
2.
Arrêt de la CIJ sur l'affaire du personnel diplomatique de l'ambassade
des Etats-Unis à Téhéran66(*)
Face à cette situation, les Etats-Unis ont rapidement
réagi à ces graves atteintes aux règles du droit
diplomatique. Et, malgré les demandes réitérées du
Conseil de Sécurité (résolutions 457 et 461 des 4 et 31
décembre), malgré l'ordonnance rendue le 15 décembre 1979
à l'unanimité par la cour, la République Islamique d'Iran
refusa de libérer les personnes détenues et de restaurer les
privilèges et immunités de la mission.
Comme d'autres dans le passé, l'affaire soumise
à la cour n'était pas sans implications politiques.
Téhéran entendait échanger la libération des otages
contre l'extradition de l'ancien souverain, la restitution de sa fortune, et
l'engagement des Etats-Unis dans la non-ingérence. L'importance
politique de l'enjeu pour les deux Etats les a poussés à des
positions extrêmes. Persistant dans l'attitude qu'il avait adoptée
lors de l'indication des mesures conservatoires, l'Iran s'est abstenu de
comparaitre devant la cour67(*), créant ainsi une situation regrettable
quoique pas nouvelle dans l'histoire du contentieux international. De leur
côté, les Etats-Unis ont exercé, hors du prétoire,
une pression grandissante sur l'Iran par l'adoption de contre-mesures :
l'opération militaire de Tabas du 24 et 25 avril 1980, y compris un
certain nombre des sanctions.
Pourtant, en dépit de l'absence de l'Iran, la cour a
cherché à redonner à la procédure un
caractère contradictoire en prenant en considération
l'argumentation iranienne relative à la compétence telle qu'elle
lui était présentée dans une lettre de Ministre des
Affaires Etrangères en date du 16 mars 1980. En second lieu, la cour a
fait usage de la faculté que lui donne l'article 61 du règlement
de poser toutes questions aux parties. Ainsi, l'absence de débats entre
le demandeur et le défendeur a pu être compensée par les
réponses américaines aux questions de la cour.
La requête introduite par les Etats-Unis, le 29 novembre
1979, alléguait que, par sons comportement, l'Iran a violé
diverses dispositions des conventions de Vienne de 1961 et de 1963, le
traité d'amitié, du commerce et des droits consulaires conclu
entre les deux Etats en 1955 et la convention sur la prévention et la
répression des infractions contre les personnes jouissant d'une
protection internationale, y compris les agents diplomatiques.
La cour s'est livrée à un délicat travail
d'appréciation des circonstances, d'interprétation, des
déclarations, officielles ou pas, faites à cette époque.
En effet, elle est arrivée à la conclusion que le lien entre
l'action du groupe des militants et l'ordre donné par un organe
compétent de l'Etat n'a pas été établi avec assez
de certitude et, pourtant que ce groupe, en préparant et en
exécutant l'attaque, n'avait pas de statut officiel et n'était
pas un organe de l'Etat : l'attaque n'est donc pas imputable
internationalement à l'Etat iranien. Cependant, si le fait n'est pas
attribuable à l'Iran par commission, il subsiste une
responsabilité de celui-ci lors de l'attaque. Cette
responsabilité est fondée sur l'omission de ses organes à
prévenir les agissements privés. De plus, l'occupation de
l'ambassade devenait alors une action politique menée par les
autorités iraniennes et les militants des agents de l'Etat. Depuis cette
date, l'ensemble des agissements concourant au maintien de la situation sont de
plein droit imputable à l'Iran.
En Droit et Pratique Diplomatique et Consulaire, l'Etat
accréditaire a un triple devoir face à l'Etat
accréditant : l'abstention, la protection et la répression.
Pourtant, l'Iran n'a pas pu s'acquitter de son devoir face à l'attaque
perpétrée par les militants de la révolution, et il
ressort que Téhéran a lui-même concouru à la
violence des locaux et de personnel diplomatique. La cour déclare que la
carence des autorités iraniennes lors de l'attaque et le maintien en
détention des ressortissants américains ont entrainé une
violation de droit diplomatique.
La cour s'est prononcée, à l'unanimité,
sur la déclaration sollicitée pour ce qui est des violations
consommées ; le comportement de l'Iran a violé les
obligations résultant non seulement des traités en vigueur entre
les deux Etats (deux conventions de Vienne et le traité
d'amitié) mais aussi des règles du « droit
international général consacré par une longue
pratique ». La cour enjoint à l'Iran de prendre diverses
mesures de restauration de la situation : d'une part, libérer tous
les otages et les remettre à la puissance protectrice - en l'occurrence,
la Suisse qui a accepté cette fonction depuis la rupture des relations
diplomatiques entre les deux Etats - ; en deuxième lieu, assurer
à tous les ressortissants américains libérés les
moyens de quitter le territoire iranien ; enfin, remettre à la
puissance protectrice les locaux, les biens, archives et documents de
l'ambassade et des consulats américains en Iran.
De même, la violation d'un engagement entraine
l'obligation de réparer dans une forme adéquate, et la cour en a
fait application. Du moins, la cour a laissé le champ libre à la
poursuite de toute procédure, devant elle ou hors d'elle, puisqu'elle
n'interviendra pour fixer les formes et le montant de cette réparation
que si les parties n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le sujet. Sur
ce point aussi, l'arrêt a un caractère déclaratoire
laissant les Etats libres de s'entendre.
§2. La détention par l'Iran de l'arme
nucléaire : l'Iran et le traité de non-prolifération
de l'arme nucléaire
La propension d'Iran à innover a toujours
été étroitement conditionnée par les données
d'un tel débat ; on ne s'étonnera pas de le voir resurgir au
20ème siècle lorsque les sociétés du
monde musulman se trouvaient confrontées à la modernité
occidentale. Le besoin pour l'Iran devient alors l'acquisition de la
technologie nucléaire mais, cette acquisition se double d'un vif
débat sur son appréciation par rapport au traité de
non-prolifération.
L'introduction de la technologie nucléaire en Iran,
comme dans la plupart des pays, a commencé à la fin des
années 1950 avec le programme américain « Atomes pour la
Paix ». Ce programme consistait à limiter l'accès à
la technologie nucléaire aux Etats situés dans une
périphérie vis-à-vis de l'influence américaine.
Cette coopération sous-entendait une prévention de la
nucléarisation de nouveaux Etats en dehors des deux puissances
soviétique et américaine. Lors de l'ouverture de l'exposition
« Atomes pour la paix » à Téhéran en 1957, le
Shah d'Iran annonce la signature d'un accord de coopération pour la
recherche sur les utilisations pacifiques de la technologie nucléaire,
ce qui fut presque immédiatement suivi par le transfert à
Téhéran du centre de formation nucléaire qui
opérait à Bagdad dans le cadre du Traité d'Organisation du
Moyen-Orient68(*).
Le développement de plusieurs centrales
nucléaires sur le sol iranien était l'objectif du Shah d'Iran en
coopération avec les puissances du club nucléaire de
l'époque. C'est donc dans ce contexte que l'Organisation de l'Energie
Atomique d'Iran (OEAI) a été créée en 1974 pour
lancer un programme important de construction de centrales nucléaires et
de maîtrise du cycle de combustible nucléaire69(*). Le motif qui a conduit
à cette décision est que, le Shah d'Iran était
particulièrement concerné par le remplacement du pétrole
par d'autres sources d'énergie, en particulier pour la production
d'électricité. Cependant, la tension qui existait autour du
programme nucléaire et ses possibles conséquences militaires et
stratégiques a certainement eu des répercussions négatives
sur l'avancement du projet70(*).
Par ailleurs, comme disait bien Francis FUKUYAMA, la
perception de la menace étrangère - semble-t-il - n'est pas
objectivement déterminée par la position de l'Etat dans le
système des Etats, mais est fortement liée et influencée
par l'idéologie71(*). La prise de position autre que celle de
l'occident ; celle d'opposer à la modernité occidentale une
modernité spécifique à l'Islam a été le
point d'ancrage de la rivalité américano-iranienne. Et
malgré les différentes raisons invoquées par l'Iran pour
justifier son programme civil, l'activité nucléaire iranienne est
devenue l'instrument de toutes les accusations contre l'Iran, où nombre
d'hypothèses sur une éventuelle bombe nucléaire iranienne
reposent sur un fond d'animosité entre Iran et la communauté
internationale.
Dans cette optique, la République islamique d'Iran
cherche-t-il à se doter d'arme nucléaire ? A cette question,
Nader ENTESSAR démontrait déjà la difficulté de
répondre de manière définitive. Néanmoins, cette
difficulté n'empêche pas d'obtenir une meilleure image de la
question en examinant la perspective nationale du pays quant à sa
perception des menaces ainsi que sa prise de position partisane, et son impact
sur le débat nucléaire72(*).
Bien que les Etats-Unis et Israël aient depuis longtemps
accusé l'Iran d'être à la recherche d'armes
nucléaires, il faut noter qu'il n'y a toujours pas de preuves tangibles
sur l'aspect militaire du programme ; mais les observateurs internationaux
voient un certain nombre de raisons qui soutiennent la stratégie de
Téhéran de se doter de l'arme nucléaire73(*).
L'ambition nucléaire de l'Iran s'est affirmée
suite à l'utilisation d'armes de destruction massive par l'Irak pendant
la guerre qui opposa les deux pays de 1980 à 1988. L'Iran a tiré
des leçons du conflit : premièrement, ne plus jamais se retrouver
dans une telle position de vulnérabilité stratégique, et
deuxièmement, face à la superpuissance mondiale, les conventions
et traités ne servent souvent à rien. Les essais
nucléaires indiens puis pakistanais en 1974 et 1990 ont également
réaffirmé la détermination iranienne74(*).
Quels que soient les véritables buts de la
République Islamique - bénéficier de l'énergie
nucléaire civile ou se doter de l'arme nucléaire - il est
fondamental de comprendre où se situe le programme de
Téhéran au regard du droit international. Alors que l'existence
d'un programme nucléaire militaire destiné à fabriquer des
armes nucléaires n'a pas encore été prouvée,
Téhéran clame depuis le début de la crise que son
programme nucléaire civil est parfaitement dans la
légalité et même garanti en droit international dans le
cadre du Traité de Non-Prolifération75(*).
Pourtant, la révélation des activités
nucléaires iraniennes clandestines à l'été 2002 a
entrainé un débat juridique sur la légalité du
programme iranien au regard du droit international. L'argument principal pour
la majorité des pays occidentaux, est que le programme nucléaire
iranien est illégal au regard des engagements internationaux de l'Iran.
La crise iranienne peut être analysée comme une illustration des
tensions qui existent au sein même du Traité de
Non-Prolifération entre d'une part ceux qui interprètent
l'article IV76(*) du
Traité comme ouvrant un droit à l'accès à la
technologie nucléaire civile et d'autre part ceux qui se concentrent
davantage sur les clauses de non-prolifération du Traité
(articles I, II et III) et pour qui l'échange de technologie doit
être compatible avec les garanties de non-prolifération.
L'argumentation de base des Iraniens se fonde en effet sur
l'existence d'un « droit inaliénable » du peuple iranien
à développer un programme nucléaire pacifique, droit qui
leur est conféré par l'article IV du TNP. De par son
ambiguïté et ses diverses interprétations, l'article IV est
donc au centre de la controverse entourant la crise nucléaire
iranienne77(*).
Le droit aux usages pacifiques constitue un des trois piliers
du Traité de Non-Prolifération aux côtés de la
non-prolifération et du désarmement. Cependant ce droit
fondamental se voit balancé puisqu'il se révèle être
« un droit conditionné »78(*). L'exercice de ce doit reconnu à l'article IV
du Traité est donc subordonné au strict respect des engagements
de non-prolifération de l'Etat partie, en particulier dans la mise en
oeuvre de son accord de garanties. L'article IV ne mentionne donc pas de
manière explicite le droit à l'enrichissement, la reproduction ou
autre technologies sensibles de fabrication du combustible nucléaire,
même si certains gouvernements l'ont cependant interprété
comme implicitement reconnaissant le droit spécifique des Etats
signataires à n'importe quelle activité technologique
nucléaire qui peut être qualifiée de pacifique. Sous cette
interprétation, tout ce qui est requis est donc qu'un Etat signataire,
non doté de l'arme nucléaire, puisse conclure en vertu de
l'article III du Traité de Non-Prolifération, un accord de
garantie avec l'Agence Internationale de l'Energie Atomique ; et que les
inspecteurs de cette agence s'assurent du caractère pacifique du
matériel utilisé pour les activités nucléaires de
l'Etat signataire. L'Etat signataire doit cependant être en parfaite
conformité avec les obligations lui incombant en vertu du Traité
de Non-Prolifération et des accords de garanties signés avec
l'Agence Internationale de l'Energie Atomique.
La République Islamique d'Iran a cependant
poussé l'interprétation de l'article IV jusqu'à
l'extrême. Suite à un manque de transparence évident de la
part de l'Iran, le conseil des gouverneurs de l'Agence Internationale de
l'Energie Atomique a dénoncé la non-conformité de l'Iran
à ses obligations découlant du Traité de
Non-Prolifération et de son accord de garantie avec l'Agence
Internationale de l'Energie Atomique. Par conséquent, le conseil des
gouverneurs, et donc le Conseil de Sécurité des Nations Unies,
ont décidé de manière légale que l'Iran devait
suspendre toutes ses activités d'enrichissement en attendant que l'AIEA
résolve la question de non-conformité de l'Iran à ses
obligations juridiques79(*). Cependant en rejetant ces demandes de suspension,
les Iraniens ont fait savoir qu'absolument aucune circonstance quelle qu'elle
soit - même sa non-conformité au Traité de
Non-Prolifération et aux accords de garantie ou les résolutions
contraignantes du Conseil de Sécurité - ne peut limiter ce qu'ils
interprètent comme étant leur droit spécifique et
inaliénable à enrichir, reproduire et toute autre activité
sensible de fabrication du combustible nucléaire découlant du
Traité de Non-Prolifération.
La crise iranienne souligne la tension qui est au coeur du
Traité de Non-Prolifération autour de la nécessité
d'empêcher la prolifération tout en permettant les usages
pacifiques et civils de l'énergie nucléaire. La crise iranienne,
comme la crise nord-coréenne avant elle, ont en effet mis en
évidence le risque de voir l'article IV se transformer en une route
facile vers la voie de prolifération. A ce titre, un certain nombre de
débats de la conférence d'examen du Traité de
Non-Prolifération de 2005 ont porté sur la
nécessité d'encadrer le droit affirmé dans l'article IV
pour éviter que celui-ci ne serve à des fins militaires. Les
leçons tirées des deux crises nous apprennent que la
vérification des activités nucléaires est cruciale et
qu'il convient de s'assurer que les transferts de biens et de technologies tels
qu'encouragés par l'article IV ne donneront pas lieu dans le futur
à des activités de prolifération clandestines. Outre
l'interprétation iranienne de l'article IV que les occidentaux
considèrent abusive, leur argument se fonde sur le fait que les
activités nucléaires iraniennes n'ont pas été
déclarées en bonne et due forme à l'Agence Internationale
de l'Energie Atomique et constituent donc une violation des accords de
garanties signés entre l'Iran et l'Agence Internationale de l'Energie
Atomique80(*).
§3. Les implications géostratégiques du
conflit américano-iranien
1. Les Etats-Unis et la défense du
nouvel ordre mondial
Les années 1990 représentent l'apogée de
la puissance des États-Unis, au cours de laquelle ils tentent
d'instaurer un « nouvel ordre mondial » après la guerre
froide. Sans adversaire susceptible de s'opposer à eux, ils s'efforcent
alors de promouvoir un système fondé sur la coopération et
l'acceptation par tous les pays de règles communes dont le respect est
confié à l'ONU avec le soutien de l'« hyperpuissance ».
Tout en se posant en modèle, les États-Unis semblent mettre leurs
moyens au service de cet ordre international, au point d'être
qualifiés de « gendarmes du monde ». Son projet est
d'évidence d'ordre mondial, et elle souhaite maintenir aussi longtemps
que possible un environnement international conforme à ses
intérêts81(*).
Il apparaît toutefois assez vite que si leurs
idées dans le domaine économique se diffusent rapidement, leur
conception de la démocratie et des relations internationales se heurte
à des résistances de plus en plus vives. Elles traduisent
à l'orée du XXIème siècle l'érosion de leur
puissance économique, base de leur puissance globale, avec pour
corollaire la remise en cause de leur rôle politique dans le contexte
d'une mondialisation accélérée et l'émergence de
nouvelles puissances82(*).
Cette situation a alors occasionné la manifestation d'attitudes
arrogantes, notamment au Moyen-Orient. L'Afghanistan en 2001, l'Irak en 2003,
l'Iran depuis bien de temps et récemment la Syrie en sont bien des
exemples.
Face à ce gigantesque défi, l'Amérique a
dû réviser de fond en comble son approche géopolitique en
Asie centrale ; sa vision était devenue celle de « Grand
Moyen-Orient » avec comme objectif :
« éviter que ne se développe, une situation
d'anarchie politique ou que le délabrement de l'Etat ne favorise
l'émergence d'une dictature hostile, ayant la mainmise sur
l'énorme arsenal nucléaire du pays »83(*).
De ce point de vue, les années 2000 marquent un nouveau
tournant, notamment à partir du 11 septembre 2001, qui entraîne un
brutal changement d'attitude : se considérant en guerre, les
États-Unis affirment le droit de défendre unilatéralement
leurs intérêts, y compris contre l'opinion internationale,
revendiquant le droit de frapper leurs ennemis même préventivement
et de diffuser leur modèle au besoin par la force. Cette réaction
brutale se produit au moment même où les fondements de leur
puissance sont remis en cause de manière spectaculaire, ne leur
permettant plus de jouer le rôle qui était jusqu'à
présent le leur84(*).
Cependant, l'arrivée de Barack OBAMA au pouvoir a
inauguré l'étape du changement de ton concernant l'abandon de la
volonté de faire adopter le libéralisme et la démocratie
à l'occidentale dans la région après les
tourments irakiens et afghans. Le discours du Caire de 2009représentait
la volonté d'OBAMA de procéder à une liquidation de
l'héritage de Bush tout en caractérisant l'approche «subtile
et non interventionniste de la promotion de la démocratie»85(*) ; l'accord
nucléaire du 14 juillet 2015 en est la preuve. Malgré ces
changements de forme, le fond de la politique américaine dans la
région n'a pas changé : les structures géopolitiques
fondamentales se sont maintenues86(*).
2. La République Islamique d'Iran
et le phantasme de l'Etat-phare musulman
L'empire perse appartient à un passé bien plus
lointain. A son apogée, vers 500 avant J.C, il embrassait les
territoires actuels des trois États caucasiens - Turkménistan,
Ouzbékistan, Tadjikistan -, l'Afghanistan, ainsi que la Turquie, l'Irak,
la Syrie, le Liban et Israël87(*). Cependant, son déclin et la montée en
puissance d'autres empires l'ont fait perdre toute sa potentialité.
Mais, son vieux rêve de revenir sur son statut initial n'est pourtant pas
absent dans sa politique étrangère.
Sûrement, le monde iranien est marqué depuis des
siècles par un rêve qui n'a rien de conservateur, celui de
réformer le monde musulman en prenant sa tête. Mais ce rêve
souterrain, qui hante laplupart des hommes d'Etat iraniens se heurte à
des obstacles : l'Iran n'est ni Sunnite niArabe, et 90 % des musulmans sont
sunnites et l'Iran est chiite. Le persan est loin derrière l'arabe comme
langue de l'islam. Et les relations entre Perses et Arabes sont historiquement
antagonistes88(*). Il est
par conséquent tenu à l'écart par les pays musulmans qui
s'effraient de soninépuisable créativité.
En outre, pays chiite entouré d'Etats sunnites plus ou
moins hostiles, identité perse contre identité arabe en
opposition depuis le VIIème siècle, théocratie
islamique révolutionnaire au contact d'un nationalisme soucieux de se
maintenir au pouvoir ; les raisons ne manquent pas pour faire de l'Iran un
pays à part, rejeté par ses voisins et par l'Occident89(*).
Pourtant, la peur de la dissolution de l'identité
iranienne dans les mirages de l'Occident et de son isolement au Moyen-Orient
sont en effet des éléments important caractérisant la
personnalité des fidèles du régime et, même
très au-delà, de nombreux Iraniens. Cela favorise alors la mise
au point d'une nouvelle représentation géopolitique majeur
lié à la marginalisation du Traité de
Non-Prolifération et à l'évolution du monde musulman: il
s'agit du nucléaire iranien et du réveil du chiisme.Si les
minorités chiites sont à la recherche d'un soutien plus
marqué de la part d'un allié compréhensif et
attentionné, l'Iran a tout intérêt à faire usage du
prestige dont il dispose pour rompre son encerclement.
Cependant, mis au banc des nations depuis 1979, frappé
d'embargos internationaux et américains90(*) successifs qui interdisent les transferts massifs de
technologies et les investissements commerciaux, la République Islamique
d'Iran a un besoin urgent d'atténuer l'isolement dont il fait l'objet
sur la scène internationale91(*). Pour ce faire, il a dû accepter de signer, le
14 juillet 2015, un accord qualifié d'historique avec le groupe P5+1.
Malgré cette acceptation, la ligne à suivre de la politique
étrangère iranienne vis-à-vis des Etats-Unis n'a pas
changé de fond. D'ailleurs, il y a ce dernier temps un revirement
géopolitique qui se fait sentir au Moyen-Orient. Ce bouleversement
constitue le fondement même du resserrement du lien russo-iranien afin de
contrer l'influence grandissante des Etats-Unis au Moyen-Orient92(*).
Prenant en compte les aléas survenus après la
révolution iranienne, rien n'a empêché Washington à
recourir aux armes les plus redoutables, les sanctions américaines.
II.3. Les sanctions américaines face à la
République Islamique d'Iran
Force est de reconnaitre que l'imbroglio posé dans les
relations américano-iraniennes a certainement ouvert le corridor d'une
série de sanctions contre le gouvernement iranien.
Considéré dans son ensemble, l'arsenal est
impressionnant. Les premières sanctions se sont mises en place au
lendemain même de la prise de l'ambassade américaine en 1979.
Lorsque le ministre des finances du gouvernement révolutionnaire, BANI
SADR, annonce que l'Iran s'apprête à retirer tous ses avoirs des
banques américaines, ce qui leur aurait certainement créé
de sérieuses difficultés, 12 milliards de dollars sont
aussitôt gelés par Washington. Il faudra attendre 1981 et l'Accord
d'Alger pour les voir à peu près restitués. Durant la
guerre Iran-Iraq, une série de dispositions interdisent les ventes
d'armes, mais aussi tous les prêts au gouvernement iranien. Le
Président Reagan prohibe en 1987 toute importation de produits ou de
services iraniens93(*).
À partir de 1995, les sanctions américaines ont
aussi poursuivi un objectif d'empêchement de l'Iran d'accéder
à des armes de destruction massive et de développer ses
capacités balistiques94(*). En 1995, le Président Clinton interdit
à son tour toutes les opérations de compagnies américaines
ou de leurs filiales dans le domaine de l'exploitation pétrolière
et renforce l'embargo sur tous les échanges commerciaux et financiers
avec l'Iran. Il revient à la charge en 1997 pour resserrer encore le
dispositif.
Entre-temps, en 1996, le Congrès a voté
l'Iran-Libya Sanctions Act (ILSA) qui cherche à décourager l'Iran
de mener des opérations terroristes ou de développer un arsenal
d'armes de destruction massive, en interdisant tout investissement égal
ou supérieur à 40 millions de dollars dans le domaine
pétrolier. Voté pour cinq ans, l'ILSA est renouvelé en
2001.
Durcie en 2006, sous le nom d'IFSA (Iran Freedom Support Act),
la loi élargit alors le régime de sanctions à toutes
opérations d'appui au programme iranien de développement d'armes
de destruction massive et prévoit des crédits spécifiques
pour le soutien de la démocratie en Iran : de l'ordre de 70 millions de
dollars par an. Et le Congrès ne s'arrête pas là. A
l'automne 2007 s'y élabore un nouveau texte qui renforcerait les moyens
de rétorsion contre les compagnies pétrolières
étrangères récalcitrantes et qui interdirait au
Président d'y prévoir des exceptions ponctuelles95(*).
Le droit qu'a les Etats-Unis de sanctionner est foisonnant, du
fait de la diversité des normes qui le constituent :
executiveordersprésidentiels, législations
fédérales, législations des États
fédérés et interventions du Bureau de contrôle des
avoirs étrangers (Office of ForeignAssets Control, OFAC) du
Trésor. L'Iran, pour ce qui concerne les États-Unis,
relève ainsi d'une série de sanctions provenant de textes dont
les natures sont différentes, et les effets cumulatifs96(*).
Au cours de l'année 2007, le gouvernement
américain, frustré de la timidité des sanctions
votées par le Conseil de sécurité sur le dossier
nucléaire, essaie encore de mettre l'Iran en difficulté, d'une
part en gênant les opérations internationales des banques
iraniennes, d'autre part en tentant de convaincre les grandes banques
européennes et asiatiques de cesser toute transaction avec l'Iran.
L'opération rencontre un succès certain : on sait qu'au moins
trois banques allemandes et deux banques suisses - la Dresdner Bank, la
Deutsche Bank, la Commerzbank, le Crédit Suisse et l'Union de banques
suisses - se sont rangées aux arguments américains97(*).
Ces textes consistent d'ailleurs souvent en des régimes
complexes, à l'instar du plus récent executiveorderen la
matière, daté du 3 juin 2013. Ce dernier, introduisant une
nouvelle série de sanctions économiques à l'encontre de
l'Iran, a désigné, en plus d'entités iraniennes
réputées liées au programme nucléaire du pays ou
impliquées dans une violation des droits de l'homme, quelque trente-sept
sociétés considérées comme utilisées par le
régime iranien afin de contourner les sanctions internationales. Les
sanctions instituées à cette occasion ont visé les
activités financières liées au rial - la monnaie iranienne
: d'une part, les opérations d'achat ou de vente de rials ou de
dérivés financiers ; d'autre part, le maintien de fonds ou de
comptes libellés en rials à l'extérieur de l'Iran. Ces
sanctions ont également visé un large périmètre
d'opérations en lien avec le secteur automobile iranien, frappant, en
premier lieu, les sociétés engagées dans des exportations
significatives de biens et services liés à ce secteur, ainsi que
les maison mères, filiales et entreprises codétenues par ces
sociétés aux États-Unis, et, en second lieu, les
institutions financières contribuant au financement de ces
opérations. Un délai d'un mois a été laissé
aux sociétés en cause pour quitter le marché iranien.
Ce droit est caractérisé par son
applicabilité extraterritoriale. C'est ainsi qu'en 2014 la banque
BNP-Paribas, accusée d'avoir accompagné, en violation des mesures
d'embargo américaines, des opérations en lien avec l'Iran
notamment (mais aussi avec Cuba et le Soudan) qui étaient
compensées en dollars, et d'avoir délibérément
dissimulé ces transactions, a dû reconnaître publiquement sa
culpabilité, licencier plusieurs de ses cadres dirigeants et acquitter,
après négociation avec les régulateurs américains
du secteur financier, une amende de quelque 8,8 milliards de dollars. Au
début du mois de septembre 2015, la presse révélait que le
Crédit agricole, dans une situation comparable, se trouvait
menacée de devoir payer une amende, en cours de négociation,
proche d'un milliard de dollars98(*).
Toutes ces sanctions avaient un poids pour les produits
courants, moins de créer la pénurie que de les renchérir.
Le passage par Dubaï de l'essentiel des produits occidentaux disponibles
sur les marchés de Téhéran a évidemment un
coût pour le consommateur. En ce qui concerne les circuits financiers, la
première conséquence a été de conduire la Banque
centrale d'Iran à convertir en euros et en autres devises fortes la plus
grande partie de ses réserves en dollars. Pour les particuliers et les
entreprises, les transactions avec l'extérieur leur coûtent
certainement plus cher et sont de plus en plus difficiles. Enfin, la
quasi-absence d'investissements étrangers contribue à l'atonie de
la vie économique locale. Dans les domaines de haute technologie,
l'embargo américain est certainement efficace. Cela est notamment
visible dans le secteur pétrolier et dans celui de l'aviation civile.
Dans le premier, l'Iran souffre d'équipements vieillissants et de
techniques obsolètes dans l'exploitation de champs eux-mêmes en
fin de vie; sa production baisse lentement mais sûrement d'année
en année et ne parvient pas à remplir les quotas qui lui sont
alloués par l'Organisation des pays producteurs de pétrole
(OPEP). Certes, il y a d'autres gisements à exploiter, mais les
investissements sont insuffisants. Dans le secteur de l'aviation civile,
l'embargo américain est aussi clairement efficace. Le gouvernement
américain n'interdit pas aux avions de ligne vendus par Boeing ou Airbus
les opérations de maintenance réglementaires qui leur permettent
de répondre aux normes de l'aviation civile internationale. En revanche,
aucun avion de moins de sept ans d'âge et contenant 10% ou plus de part
américaine ne peut être vendu à l'Iran sans que se
déclenchent des mesures de rétorsion du Département du
commerce américain à l'égard du vendeur. Compte tenu de
l'intérêt qu'éprouvent presque tous les acteurs de
l'aviation civile à être présents sur le marché
américain, la disposition est parfaitement dissuasive : d'ailleurs,
aucun avion Airbus ne contient moins de 10% de part américaine; la
question est donc réglée. Seuls les Russes ou les Ukrainiens ne
se laissent pas intimider. La flotte iranienne est donc gravement
vieillissante; n'étant pas soumis aux règles et contrôles
internationaux de qualité, ses avions dédiés aux lignes
intérieures posent de sérieux problèmes de
sécurité - les accidents sont fréquents - et les choses ne
vont pas mieux pour sa flotte d'hélicoptères. Dans tous les
domaines de technologie avancée, l'Iran est donc sérieusement
gêné99(*).
L'un dans l'autre, le bilan d'un quart de siècle de
sanctions américaines est néanmoins mitigé. Il n'a en tout
cas pas atteint son objectif principal : faire tomber la République
islamique ou, à tout le moins, la mettre hors d'état de nuire
à la région et au monde. L'accord nucléaire du 14 juillet
2015 favorisera-t-il la levée de ces sanctions ?
Chapitre troisième
L'ACCORD NUCLEAIRE ET LES RELATIONS AMERICANO-IRANIENNES
Une convergence des ambitions couplée de
déchirure
La diplomatie permet aux Etats, nonobstant les
différences de leurs systèmes constitutionnels et sociaux, de
parvenir à la compréhension mutuelle et de résoudre leurs
divergences par des moyens pacifiques100(*). L'accord nucléaire entre la
communauté internationale et la République Islamique d'Iran
(section 1) n'est que le fil conducteur de cet aphorisme. Pour bien
l'apprécier dans le contexte de relations américano-iraniennes,
il faut procéder par sa vérification tant au sein de la
sphère politique iranienne (section 2) qu'américaine (section
3).
III.1. Accord nucléaire entre l'Iran et la
communauté internationale
§1. Contexte de la signature de l'accord
Qu'elles soient faites de dépendance ou
d'interdépendance, les relations internationales contribuent au moins
depuis le siècle dernier à imposer partout des enjeux communs et
des règles semblables, à mettre en place des flux culturels qui
favorisent l'imitation des modèles et qui limitent ou du moins
contrôlent l'innovation101(*). Et même si la société
internationale est plurielle, hétérogène; elle demeure
pourtant intégrer s'il y a consensus sur un certain nombre de valeurs
fondamentales102(*).
Malgré cela, la diversité n'est pas l'assimilation à un
ordre social préexistant, mais un état de la
société dans lequel l'ordre est constamment
renégocié. Partant de cette logique, ALBROW ne cesse de souligner
que « la gouvernance est une renégociation permanente et
fructueuse»103(*).
Et c'est ici que l'accord nucléaire entre la communauté
internationale et la République Islamique d'Iran trouve son
soubassement.
Certes,
l'accord conclu à Vienne, mardi 14 juillet 2015,entre l'Iran et
les pays du « P5 + 1 » n'est que l'ultime étape
d'une longue saga sur le nucléaire iranien dont l'origine remonte au
tournant du siècle. Il sied de souligner que la signature de cet accord
n'est que la suite d'une flopée de négociations entre le Groupe
P5+1 et la République Islamique d'Iran.
Comme souligner précédemment, la
révélation des activités nucléaires clandestines
par l'opposition iranienne à l'été 2002 a entrainé
un débat sur la légalité du programme iranien au regard du
droit international. L'argument principal pour la majorité des pays
occidentaux, est que le programme nucléaire iranien est illégal
au regard des engagements internationaux de l'Iran ; et contraste avec
l'article III du TNP104(*). Compte tenu de cet accord de garantie, l'Iran est
donc obligé d'assurer la transparence de son programme
nucléaire ; et pour ce faire, l'Iran doit établir et
maintenir un système de vérification et de contrôle de tout
son matériel nucléaire pour en vérifier la
conformité avec son accord de garantie105(*).
Suite à l'intransigeance du gouvernement 'Iranien,
l'Agence Internationale de l'Energie Atomique a adopté le 24 septembre
2005 à Vienne une résolution condamnant les activités
nucléaires de l'Iran et permettant un renvoi du dossier devant le
Conseil de sécurité de l'ONU. Par conséquent, le Conseil
de Sécurité a émis un communiqué officiel le 26
mars 2006 demandant à l'Iran de suspendre de nouveau l'enrichissement de
l'uranium, et de ratifier et mettre en oeuvre le Protocole Additionnel.
Cependant, l'Iran n'en a rien fait, ce qui a donc amené le Conseil de
Sécurité à prendre des mesures plus coercitives106(*). S'enchaînent alors
les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies
(la résolution 1737 en 2006, 1747 en 2007, 1803 en 2008, 1929 en 2010),
qui exhortent l'Iran à ratifier le protocole additionnel et donc
à accepter les contrôles approfondis et à stopper toute
activité d'enrichissement et de retraitement de l'uranium tant que
subsiste le doute107(*).
Pourtant en 2008, une rencontre a réuni à
Genève les représentants du groupe P5+1 (les États membres
permanents du Conseil de sécurité de l'ONU + l'Allemagne) et
l'Iran. C'est la première fois depuis trois décennies que des
émissaires de Téhéran et de Washington discutent
directement et officiellement. Mais la rencontre qui a soulevé de
nouveaux espoirs ne donne aucun résultat108(*). L'arrivée au pouvoir
de Barack OBAMA change la donne. Le nouveau président américain
écrit au Guide suprême, Ali KHAMENEI, en mai 2009, et se dit
ouvert à une relance du processus diplomatique. Mais son entourage est
divisé ; et la secrétaire d'Etat, HILLARY CLINTON, est
ouvertement sceptique.
Alors que, du côté iranien, MAHMOUD AHMADINEJAD
continue de gesticuler, une première rencontre entre responsables
américains et iraniens se déroule discrètement à
Mascate en juillet de 2012. Elle est suivie d'une rencontre secrète
à Oman en mars 2013 entre le n°2 du département
d'État, William BURNS, le principal conseiller diplomatique de Joe
BIDEN, JAKE SULLIVAN et une petite équipe d'experts techniques d'une
part et des négociateurs iraniens, dont MAJID RAVANCHI, d'autre part.
Son but, modeste au départ, est d'explorer la possibilité d'une
discussion bilatérale portant sur le nucléaire. Le rôle
d'Oman va se poursuivre jusqu'à la fin 2014/début 2015. Le
sultanat facilite la tenue de plusieurs réunions de négociations
entre Américains et Iraniens et transmet également des messages
contenant des termes importants des négociations directes entre les
États-Unis et l'Iran. Ces négociations bilatérales
secrètes vont contribuer à poser les fondations de ce qui
deviendra l'accord provisoire de Genève en novembre 2013. Elles
étaient destinées dans l'esprit de Washington à renforcer
les négociations au sein du groupe P5+1109(*).
Il a fallu attendre l'élection surprise du
président modéré iranien Hassan ROHANI, en juin 2013,
pour que la situation se débloque à la fois par
résignation et par réalisme. L'accord arraché à
Genève, le 24 novembre 2013, a été un premier pas
inédit vers un règlement. Il s'est traduit par un gel provisoire
du programme nucléaire iranien et une levée partielle des
sanctions internationales contre Téhéran. Mais les
négociations, initialement destinées à ne durer qu'un an,
ont ensuite traîné en longueur. Elles ont été
prolongées à deux reprises et il a fallu donc attendre le
2 avril 2015 pour arriver à un accord-cadre à Lausanne
(Suisse) sur les principaux paramètres d'un compromis final. Il
prévoit de limiter le programme nucléaire iranien pendant au
moins dix ans, en échange d'une levée progressive des sanctions
internationales110(*).
Soixante ans après le Manifeste anti-nucléaire
d'Albert EINSTEIN et Bertrand RUSSELL, l'accord signé le 14 juillet 2015
à Vienne met un terme à des décennies de
spéculations sur ce que l'Occident considérait comme l'une des
principales menaces pour la paix dans le monde. À l'issue de 18 jours de
négociations intenses, Mohammad JAVAD ZARIF, le ministre iranien des
Affaires étrangères, déclarait lui-même à un
correspondant israélien du site Al-Monitor depuis le balcon du Palais
Cobourg, à Vienne, que désormais « le monde avait
changé », à l'issue de cet accord.
§2. Le contenu de l'accord nucléaire111(*)
L'accord sur le programme nucléaire iranien, conclu le
14 juillet 2015, entre Téhéran et le groupe P5+1,
entériné par la résolution 2231 du Conseil de
sécurité des Nations unies le 20 juillet, ouvre de nouvelles
perspectives sur le plan régional et international à la
République islamique. Bien entendu, il faut attendre l'issue des
vérifications menées par l'Agence Internationale de l'Energie
Atomique - l'organisation doit rendre son rapport le 15 décembre
prochain - pour voir la suspension progressive des sanctions qui pèsent
sur l'économie iranienne. Une partie importante de ces sanctions devront
en principe être suspendues dans le courant l'année 2016.
Cet accord se compose d'un texte principal et de cinq annexes.
Son objectif principal est de s'assurer que le programme nucléaire
iranien est « pacifique ». Pour ce faire, il met en place
les restrictions indispensables pour garantir que le temps nécessaire
à la production de la quantité suffisante d'uranium enrichi pour
fabriquer une arme atomique soit d'au moins un an et ce pendant une
durée de dix ans. Il s'agit de donner le temps à la
communauté internationale de réagir au cas où l'Iran
déciderait de se lancer dans la fabrication d'une telle arme. Pour
atteindre cet objectif, l'accord qui reconnaît à
Téhéran le droit à l'enrichissement de l'uranium et
prévoit la mise en place d'une coopération dans le domaine du
nucléaire pacifique, plafonne pendant dix ans à 5 060
(contre 19 000 aujourd'hui) le nombre de centrifugeuses dont il disposera.
Seuls les modèles les plus anciens sont autorisés.
Téhéran ne pourra enrichir l'uranium qu'à 3,67 %
pendant quinze ans et sur le seul site de Natanz. Les stocks d'uranium enrichi
seront strictement limités. Pendant quinze ans, il ne pourra pas
conserver sur son territoire plus de 300 kg d'uranium enrichi à moins de
3,67 % sous forme d'UF6 (hexafluorure d'uranium). Le site de Fordow sera
transformé en centre d'études nucléaires, physiques et des
technologies. Le réacteur de la centrale à eau lourde d'Arak sera
modifié sous le contrôle du P5 + 1 et de l'Agence Internationale
de l'Energie Atomique pour ne pas pouvoir produire du plutonium à
vocation militaire. Pendant toute la durée de l'accord et même
au-delà pour certaines activités, un régime
renforcé d'inspections est appliqué. L'Agence Internationale de
l'Energie Atomique pourra vérifier pendant vingt ans le parc de
centrifugeuses et pendant vingt-cinq ans la production de concentré
d'uranium. L'Iran s'engage par ailleurs à mettre en oeuvre et à
ratifier le Protocole additionnel qui permet des inspections intrusives de
l'Agence Internationale de l'Energie Atomique. Les inspecteurs de
l'organisation pourront accéder aux sites militaires « si
nécessaire et sous certaines conditions », au terme d'une
procédure « de dialogue entre le `P5 + 1' et
l'Iran ». Au final, non seulement les inspecteurs auront le droit de
visiter n'importe quel site qu'ils jugent suspects mais toutes les
étapes du cycle du combustible et de la filière
d'approvisionnement nucléaire de l'Iran sont monitorées. L'esprit
de l'accord, étant basé sur la vérification plutôt
que sur la confiance, il s'agit selon les observateurs des modalités
d'inspection nucléaire les plus intrusives jamais conçues.
Téhéran autorise de plus une enquête sur son programme
nucléaire passé. Pour les sites nucléaires iraniens, voire
l'annexe n° 4.
En contrepartie, les sanctions adoptées par l'UE et les
États-Unis à son encontre et visant les secteurs de la finance,
de l'énergie et du transport seront levées dès la mise en
oeuvre par l'Iran de ses engagements, attestée par un rapport de
l'Agence Internationale de l'Energie Atomique. Cela devrait être fait au
début de 2016. La même procédure sera suivie pour lever les
six résolutions adoptées par le Conseil de sécurité
des Nations unies contre l'Iran depuis 2006. Les mesures liées à
la lutte contre la non-prolifération nucléaire contenues dans ces
résolutions sont cependant maintenues pendant dix ans ou jusqu'à
ce que l'Agence Internationale de l'Energie Atomique ait attesté le
caractère exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien.
Si Téhéran ne respecte pas de manière
significative l'un ou l'autre de ses engagements, les sanctions seront remises
en place quasi-automatiquement grâce à un mécanisme dit de
« snapback ». Ce dernier restera en vigueur
pendant dix ans, mais les cinq membres permanents du Conseil de
sécurité se sont déjà engagés par
écrit à le prolonger par une nouvelle résolution qui le
maintiendra pour une durée de cinq années supplémentaires.
Les sanctions relatives aux missiles balistiques et aux importations d'armes
offensives sont également maintenues. Le transfert de matériels
sensibles pouvant contribuer au programme balistique iranien est interdit pour
une période de huit ans (sauf autorisation du Conseil de
sécurité de l'ONU), de même que la vente ou le transfert de
certaines armes lourdes vers l'Iran pendant cinq ans (également sauf
autorisation du CS de l'ONU). Enfin, le détail de la mise en oeuvre de
l'accord est prévu à l'Annexe V. On relèvera que les
incitations pour l'Iran à se conformer à ses engagements sont
beaucoup plus convaincantes dans cet accord que dans le cas de celui conclu
avec la Corée du Nord. L'accord du 14 juillet établit les
protocoles de vérification et des mécanismes pour traiter des
violations potentielles, ce qui n'était pas le cas avec Pyongyang.
Renier ses engagements a été relativement indolore pour la
Corée du Nord, ce qui ne serait pas le cas pour
Téhéran.
Il reste alors de jauger l'applicabilité des clauses
issues de cet accord, et les sections deux et trois vont en faire mention.
III.2. La théocratie iranienne et l'accord
nucléaire
§1. L'administration ROHANI et l'accord
nucléaire
L'élection en juin dernier d'Hassan ROHANI à la
présidence de la République islamique semble indiquer que le
pouvoir iranien se tient prêt désormais à conduire une
négociation globale avec l'Occident en général et les
Etats-Unis en particulier. Ce Cheikh diplomate, aux discours peu
charismatiques, représente le meilleur atout de la République
Islamique pour normaliser ses relations avec l'Occident, réduire son
isolement sur le dossier nucléaire et éviter son
enfermement112(*). C'est
dans cette logique qu'Hassan ROHANI a dû pour cela combattre la politique
étrangère de son prédécesseur, M. AHMADINEJAD, qui
a trop favorisé l'islamisme et limité les relations
internationales. Le nouveau président et son équipe
gouvernementale ont annoncé un « plan de 100 jours ». A court
terme, l'objectif est de limiter les tensions inflationnistes et d'assurer
l'accès de la population aux produits de première
nécessité ; et à moyen terme, l'objectif est de
parvenir à un accord sur le dossier du nucléaire, afin
d'alléger les sanctions économiques à l'origine d'une
partie de ces difficultés113(*).
Dans son livre, National Security and NuclearDiplomacy, ROHANI
rêve d'un Iran au seuil nucléaire qui négocierait son
non-passage à l'arme atomique114(*). Le nouveau président affiche trois objectifs
sur ce dossier : bâtir une confiance mutuelle, renforcer la transparence
et obtenir prioritairement une levée des sanctions. Il a fallu donc
attendre le 14 juillet 2015 pour qu' « Une nouvelle ère »
sonne.
Bien que la date du 14 juillet ait changé la donne de
la politique étrangère iranienne, que reste-t-il de l'opposition
du guide suprême ?
§2. L'opposition du guide suprême : Ayatollah
KHAMENEI et l'accord nucléaire
Tout le débat qui secoue la politique
étrangère iranienne actuellement n'est pas en
réalité sans précédent. Un Etat à population
majoritairement musulmane, l'Iran ne cesse de se construire sur base de
recherche tâtonnante, dans le respect des traditions acquises, ouverture
sur l'étranger afin de mieux s'en protéger et d'être en
mesure de se démarquer. Pratiques d'emprunt plus ou moins avouées
suscitant défiance et condamnation comme le souligne bien Bertrand
BADIE115(*). Cette
logique rejoint à peu près la thèse de Gérard
DUSSOUY116(*) lorsqu'il
affirme que « l'échange et le transfert, vecteurs de
l'interdépendance, deviennent également des sources
d'inégalités, de frustrations et de conflits ».
D'où, il faut y aller rationnellement tout en maintenant
l'identité musulmane. Cette vision a façonné l'action du
Guide suprême ; qui pour lui, la mise en avant plan de
l'identité musulmane restait la clef de voûte.
Un survol de la Constitution de la République islamique
révèle que le Guide Ali KHAMENEI a des pouvoirs qui
dépassent largement ceux de tous les autres dirigeants de pays
démocratiques ou semi-démocratique117(*). Il définit les
politiques générales du pays et supervise leur exécution.
Il déclare la guerre et la paix, mobilise les forces armées. Le
Guide signe la lettre qui officialise l'élection du Président de
la République par le peuple. De son côté, le Guide destitue
le Président de la République au nom des intérêts du
pays, si la Cour suprême a reconnu celui-ci coupable de violation grave
des droits constitutionnels, après un vote du parlement
témoignant de son empêchement sur le fondement de l'article 89 de
la Constitution [...]118(*).
Certes, les décisions de politique
étrangère résultent d'un processus complexe en Iran. Elles
procèdent d'arbitrages entre des acteurs aux voix rarement concordantes,
et confèrent un rôle central au Guide, Ali KHAMENEI119(*).
Il est à noter que, les identités sont
aujourd'hui les espaces potentiellement viables d'un sentiment collectif qui
peut être mobilisé à des fins politiques120(*). Et le Guide suprême
iranien en a fait recours pour montrer sa position face aux
négociations du nucléaire iranien. Pour sa part, tant que la
résurgence de l'Islam se traduit par l'acceptation de la
modernité, le rejet de la culture occidentale et le réengagement
dans l'Islam comme guide de vie dans le monde moderne121(*) ; l'accord du
nucléaire entre l'Iran et la communauté internationale ne serait
que le prolongement de cette vision.
Mais après quatre années de relations nettement
détériorées entre l'Ayatollah KHAMENEI et M. AHMADINEJAD,
l'élection d'Hassan ROHANI a permis un rapprochement des positions sur
les nouvelles initiatives. Les attentes les plus fortes sont bien
évidemment sur le programme nucléaire qui phagocyte l'ensemble
des relations entre l'Iran et les pays occidentaux et contamine la politique
internationale depuis une dizaine d'années. Malgré ces vives
tensions, les premiers pas diplomatiques du nouveau président iranien
ont été ponctués de signes d'apaisement122(*), et la signature d'un Plan
d'Action Global Commun à Vienne n'est que l'expression de cet
apaisement.
Peu importe son soutien dans la signature de l'accord sur le
nucléaire conclu avec les grandes puissances, le Guide suprême
iranien a averti au lendemain de cet accord que « notre politique ne
changera pas face au gouvernement arrogant des Etats-Unis ». Plus
loin, il a encore soutenu que « nous n'avons aucun dialogue avec les
Etats-Unis sur les questions internationales, régionales ou
bilatérales ». Quelque fois, comme dans le cas du
nucléaire, nous avons négocié avec les Etats-Unis sur base
de nos intérêts, a-t-il encore souligné123(*).
Devant cette position ambivalente, la République
Islamique d'Iran va-t-elle respecter les engagements issus de cet
accord ?
§3.Iran et le contrôle des installations
nucléaire par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique
Depuis 1990, le système international de
sécurité nucléaire est soumis à des pressions et au
changement attribuable aux nouvelles conditions de l'environnement
international avec la fin de la Guerre froide, à l'apparition des
États « voyous », et du terrorisme, d'une part ; et avec
la perspective de développement de nouvelles armes nucléaire,
susceptibles de rendre, à terme, leur emploi conventionnel d'autre part.
À l'évidence, la perspective du progrès technologique a,
elle aussi, pour conséquence quasi-immédiate, d'affaiblir la
confiance dans la norme du non usage des armes nucléaires et, à
fortiori, dans celle de la non-prolifération124(*).
Cependant, l'accord sur le programme nucléaire iranien,
conclu le 14 juillet 2015, entre Téhéran et le groupe P5+1, a
permis de maintenir le caractère fondamental du Traité de
Non-prolifération. L'accord, pour le reste, instaure une commission
conjointe, rassemblant des représentants des États du groupe
« P5+1 » et d'Iran, destinée à assurer le
suivi de sa mise en oeuvre et permettre, le cas échéant, de
régler les différends entre les parties. Cette instance doit se
réunir au niveau ministériel tous les deux ans - à New
York, Vienne ou Genève - pour évaluer la mise en oeuvre des
stipulations souscrites le 14 juillet 2015125(*). Qu'en est-il réellement de la
vérification de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique ?
Six mois après la conclusion de l'accord
nucléaire de Vienne, au terme d'un long marathon diplomatique, l'Agence
internationale de l'énergie atomique a donc certifié que
Téhéran avait bien respecté toutes ses obligations
destinées à garantir la nature strictement pacifique de son
programme nucléaire. La mise en oeuvre satisfaisante, selon l'Agence
Internationale de l'Énergie Atomique, des engagements pris par l'Iran au
titre du Plan d'action, entrée en vigueur le 20 janvier (suspension de
l'enrichissement de l'uranium à 20 %, « neutralisation » du
stock iranien d'uranium enrichi à 20 %, « gel » du reste des
activités sensibles et une transparence renforcée sur l'ensemble
du programme nucléaire) a conduit à la suspension de
manière partielle, temporaire et réversible certaines sanctions
envers le pays, notamment le déblocage progressif d'une partie des
avoirs iraniens gelés. "L'Iran a donc achevé les
étapes préparatoires nécessaires au démarrage de la
mise en oeuvre" de l'accord conclu le 14 juillet 2015, a déclaré
le secrétaire général de l'agence onusienne, YUKIYA AMANO,
dans un communiqué publié à Vienne, où les chefs de
la diplomatie iranienne, européenne et américaine étaient
réunis pour d'ultimes discussions.
Le rapprochement entre l'Iran et les États-Unis, dont
les relations étaient rompues depuis 1980, s'est
concrétisé samedi par
la
libération inattendue de prisonniers dans le cadre d'un échange,
dont le journaliste du Washington Post Jason REZAIAN,
détenu à Téhéran depuis plus de 500 jours. Cet
échange de prisonniers d'une ampleur sans précédent entre
les deux pays intervient alors que le secrétaire d'État
américain John KERRY et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad
JAVAD ZARIF sont réunis à Vienne126(*).
III.3. Les Etats-Unis et l'accord nucléaire
La signature de l'accord nucléaire fait l'objet d'un
débat houleux dans le champ politique américain. Les
démocrates et les républicains s'affrontent au sujet dudit
accord ; et chaque camp cherche à tirer la ficelle vers lui. Qu'en
est-il réellement ?
§1. L'administration OBAMA et l'accord
nucléaire
Au début de 2001, la CIA a rendu public un document de
56 pages, Sous le titre « Global Trends 2015 : a dialogue about the
future withnon government experts »127(*), dans lequel est présenté ce que
pourrait être le monde en 2015. Ce document est compté parmi les
textes qui nourriront la réflexion des responsables américains et
pourront aller jusqu'à inspirer leurs options en matière
diplomatique et stratégique.
Pourtant, depuis les attentats du 11 septembre 2001, la lutte
contre le terrorisme et la prolifération des armes de destruction
massive constitue la clé de voûte de la politique des
États-Unis au Moyen-Orient. C'est ainsi que le 20 septembre 2002,
l'administration américaine a rendu public un autre document relatif
à sa « stratégie nationale de
sécurité » dans lequel elle explique les raisons pour
lesquelles elle souhaite lancer des actions préventives contre des
« Etat voyous », des Etats
« déterminés à acquérir des armes de
destruction massive, de même que d'autres technologies militaires de
pointe, et à s'en servir [...] ». Dans cette hypothèse,
les Etats-Unis ont présenté la nouvelle doctrine
américaine de frappe préventive128(*).
Mais, tout ne va pas de soi. Le monde actuel a connu des tels
changements que la géopolitique mondiale se doit de prendre en compte
ces modifications. Cela fut clairement précisé durant la campagne
présidentielle : à la lecture unipolaire du monde
préconisée par G. W. BUSH - prétexte à une pratique
impériale, à l'action préventive et à la
conditionnalité de la souveraineté étatique -
succède le choix d'un leadership multipolaire, en substituant
au concept obsolète d'« hyperpuissance » américaine,
celui de l'« interdépendance » des acteurs et des enjeux
internationaux129(*).
L'ère à venir est celle du rejet du
néocolonialisme. Ce rejet rampant et progressif, sans coup de
tempête, permettra d'ouvrir le chemin à un nouvel équilibre
géopolitique mondial. C'est cette espérance qui s'est
générée dans l'esprit de l'opinion publique mondiale
durant les deux années du combat présidentiel du candidat Barack
OBAMA. Le programme, annoncé par le nouveau président, vise trois
perspectives tumultueuses : l'importante crise financière et
économique aux Etats-Unis, la crise dans les relations mondiales qui a
conduit le monde à l'anarchie et à l'insécurité
(à la limite d'une guerre étendue), et surtout
l'amélioration des relations entre les Etats-Unis et leurs
alliés, lesquelles avaient été altérées
à la suite de huit années de politique brutale et
égoïste des néo-conservateurs130(*).
Après l'effondrement des politiques américaines
en Afghanistan et en Irak, son impuissance dans la question
israélo-palestinienne, Barack OBAMA avait décidé de
prendre en compte un revirement susceptible de mettre en claire sa
volonté de renouer des relations avec Cuba, la Birmanie et l'Iran avant
son départ de la Maison Blanche en 2016131(*). Choses faites en 2015 pour
son seul vrai succès dans la région. Pour le président
américain, l'accord iranien, tout imparfait qu'il soit, est un
aboutissement. Aboutissement d'un choix politique qui lui faisait dire
dès 2007, dans un environnement très hostile à toute
solution hors confrontation, qu'il engagerait, s'il devenait président,
à un dialogue avec les États non démocratiques. Ce qu'il a
fait, une fois élu, même si le chemin a été long. La
Birmanie, Cuba, et maintenant l'accord iranien sont là pour en
témoigner132(*).
Qu'est-ce qui reste alors du côté républicain ?
Mais l'histoire ne s'arrête cependant pas là,
puisque l'accord court encore le risque d'être bloqué au
Congrès des États-Unis, par l'opposition des
républicains.
§2. Opposition du congrès : les
républicains et l'accord nucléaire
La rédaction de la politique étrangère
américaine est soumise à un certain nombre de contraintes, parmi
lesquelles Peter DALE SCOTT133(*) relève l'érosion progressive de la
politique publique et de l'État de droit, du fait qu'ils sont
subordonnés - y compris sur le sol américain - aux exigences des
opérations clandestines états-uniennes à
l'étranger. Il apparaît clairement que des forces profondes
interviennent dans certaines occasions pour modifier la trajectoire politique
des États-Unis.
Parallèlement, la déclaration de
Benjamin
Netanyahu est plein de sens. Malgré toutes les garanties de
vérification que contient l'accord, le premier ministre israélien
a qualifié l'accord d'erreur historique et promis de peser de tout son
poids pour y faire échec. Pour ce faire, il comptera sur les solides
appuis qu'il a à la droite du Parti républicain aux
États-Unis et qu'il souhaite étendre à l'électorat
juif américain, traditionnellement acquis au Parti démocrate et
plutôt enclin à donner la chance au coureur à
l'administration Obama sur cet enjeu134(*).
Du côté des États-Unis, les termes de la
négociation appellent à un processus d'examen de l'accord qui
pourrait être renversé par une loi du Congrès. Pourtant, la
contrainte du Congrès n'est pas aussi forte en politique
étrangère que pour la politique intérieure, mais elle
existe, notamment pour plusieurs des grands dossiers actuels de politique
étrangère135(*).
Du moins, le Congrès a le pouvoir de passer en revue
l'accord et peut voter une loi qui en bloquerait la mise en application. C'est
ce que les républicains ont à mots à peine voilés
promis de faire. Toutefois, une telle loi devrait affranchir deux obstacles
majeurs. D'abord, au Sénat, il aurait fallu 60 voix. Il faudrait donc
que les 54 républicains votent en bloc et parviennent à
convaincre six démocrates de voter avec eux pour surmonter un Filibuster
ou une obstruction parlementaire. Ensuite, si une loi est votée, il
faudrait au moins sept autres votes démocrates pour renverser le veto
présidentiel. C'est loin d'être acquis. Voici la
déclaration où le Président OBAMA a promis d'opposer son
veto à une loi qui bloquerait l'accord136(*).
Cependant, les républicains n'ont pas réussi
à bloquer le texte. Son adoption est ainsi une victoire politique pour
le président américain. Il a manqué deux voix aux
républicains pour empêcher le président américain de
suspendre les sanctions contre l'Iran. Jeudi, la minorité
démocrate du Sénat est parvenue à rejeter la motion
républicaine hostile à l'accord. Les républicains ne
baissent pas les bras pour autant et pourraient à présent
contester la validité de la procédure devant la justice. Selon
eux, le président serait en infraction car il aurait dû
présenter le protocole de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique
aux élus137(*).
Ce scénario ne s'est pourtant pas réalisé et
l'administration Obama peut maintenant se concentrer sur la mise en oeuvre de
l'accord.
§3. La mise en oeuvre de l'accord par le gouvernement
américain
Le droit des États-Unis destiné à
sanctionner l'Iran est en partie ancien, dans la mesure où il a
été mis en place à partir de la crise des otages de
l'ambassade américaine de Téhéran survenue en
novembre 1979, dans un but de répression des positions
anti-américaines prises par le pays et au motif de son soutien à
des activités d'ordre terroriste. À partir de 1995, les sanctions
américaines ont aussi poursuivi un objectif d'empêchement de
l'Iran d'accéder à des armes de destruction massive et de
développer ses capacités balistiques ; elles ont
été amplifiées à compter de 2006 jusqu'à
2013, du fait de la crise ouverte par les avancées du programme
nucléaire iranien138(*).
Cependant, après l'adoption de l'accord au
Congrès américain, l'administration américaine a pu
formellement commencer à appliquer l'accord de Vienne, en
commençant par nommer- le 17 septembre 2015 - un coordinateur en chef
pour la mise en oeuvre de celui-ci, l'Ambassadeur Stephen MULL139(*). Partant, le
président américain Barack OBAMA a ordonné le 18 octobre
2015 le début du processus de retrait des sanctions US contre l'Iran
conformément aux accords entre la communauté internationale et
Téhéran sur le nucléaire iranien, rapporte la Maison
Blanche140(*). Et
après la déclaration du secrétaire général
de l'agence onusienne, YUKIYA AMANO, dans un communiqué publié
à Vienne le 16 janvier 2016, sur la mise en oeuvre du plan d'action
global conjoint par la République Islamique d'Iran141(*), les Etats-Unis ont
confirmé qu'ils poursuivaient l'application de l'accord sur le
nucléaire iranien. C'est dans ce contexte que Barack OBAMA a pu signer
un décret annulant les sanctions américaines visant la
République islamique d'Iran. Après la libération, par la
République Islamique d'Iran, des cinq Américains, dont un
journaliste du Washington Post ; les États-Unis ont
également libérer sept Iraniens, dont six ont aussi la
nationalité américaine, arrêtés aux
États-Unis pour avoir violé les sanctions visant la
République islamique. Washington a aussi décidé d'annuler
les poursuites lancées contre 14 autres Iraniens
soupçonnés d'avoir participé à l'achat d'armes aux
États-Unis afin de les livrer à l'Iran et dont Washington
réclamait l'extradition via Interpol142(*).
Toutefois, l'optimisme était de courte durée;
Barack OBAMA a présenté de nouvelles sanctions contre l'Iran.
Selon les Etats-Unis, le programme balistique iranien violent les obligations
internationales de l'Iran143(*). Dans un récent communiqué, le
député Républicains Jacques MYARD révèle que
cette décision américaine est aussi un message destiné
à ses détracteurs internes.Après deux tests de missiles
balistiques en octobre et en novembre 2015, ce sont actuellement cinq
ressortissants iraniens et un réseau d'entreprises basées aux
Émirats arabes unis et en Chine qui ont été ajoutés
à la liste noire du département américain du
Trésor. La décision américaine est paradoxale mais, elle
n'affaiblit pas le tournant géostratégique qui s'opère au
Proche et Moyen-Orient, même si elle risque de créer de nouvelles
tensions avec la République Islamique d'Iran144(*).
Finalement, à ce stade, Barack OBAMA peut bien dire que
ce qui a été réalisé à Vienne est une «
entente historique», tout comme Hassan ROHANI peut bien déclarer
qu'il a été possible de parvenir à un accord «
gagnant-gagnant » ; mais, tant que les USA et l'Iran n'abandonneront pas
leurs objectifs stratégiques contradictoires ou refuseront de les
réduire, cet accord tant souhaité par les deux parties
n'éteindra pas le feu qui s'étend, mais inaugurera au contraire
une nouvelle étape de violence dans une région suffisamment
incendiée dans des batailles sans fin.
Dès à présent, la question de l'avenir de
relations américano-iraniennes se pose. L'attitude de Washington envers
Téhéran et vice-versa va-t-elle évoluer dans un sens ou
dans un autre ? Il apparaît assez clairement que la situation actuelle
demeure insatisfaisante pour les deux parties. En résume, on peut
conclure que, chacun voit dans l'autre, l'intervention d'une force occulte
tendant à restreindre les ambitions de l'autre. Cette logique ne rime
pas pourtant avec la possibilité de normalisation de relations entre les
deux Etats. Quoi faire pour surmonter cet état de chose ? C'est sur
ce questionnement que repose le point ci-dessous.
Chapitre
quatrième
QUELLE POLITIQUE ETRANGERE
POUR LES RELATIONS AMERICANO-IRANIENNES
L'optimisme de l'accord nucléaire entre la
communauté internationale et l'Iran va-t-il de pair avec celui de la
normalisation de relations bilatérales entre l'Iran et les
Etats-Unis ? Probablement non. Ce qui exige à chacun de formuler
une politique étrangère spécifique s'ils veulent y
parvenir.
Nous faisons le pari que le monde actuel désire une
transformation sur base d'une communauté homogène. Cette exigence
constitue aujourd'hui un souhait pour répondre aux méfaits que
connaissent les relations américano-iraniennes. Cela présage que
l'on se mette sur le fond des principes du Droit International et de la
globalisation des échanges et des communications - qui vient ipso
facto corriger ce que l'intérêt égoïste a
d'absurde et d'agressif - en obligeant le monde entier à établir
des relations afin de réguler ces flux.
IV.1. La revisitation des
principes du Droit International
La charte de Nations-Unies recommande aux Etats de
développer des relations amicales fondées sur le respect de
l'égalité de droits et les invite à réaliser la
coopération internationale en vue de résoudre les
problèmes internationaux d'ordre politique, économique, social...
Cette exigence va de soi si l'on veut normaliser les relations entre les deux
Etats.
Déjà, la signature d'un Plan d'Action Global
Commun entre l'Iran et la communauté internationale reste un
progrès significatif ; mais elle pose comme condition sine qua non,
le respect du principe du droit international, le
« pactasuntservanda ». Partant, la
République Islamique d'Iran doit tout d'abord ériger en
règle d'or le respect des engagements issu de cet accord.
De surcroit, les Etats-Unis doivent traiter l'Iran en pays
souverain ; en cela, ils doivent entamer un dialogue d'égal
à égal, ce qui constitue d'ailleurs une approche bien plus
intelligente que de traiter l'Iran en paria de la Communauté
internationale, faisant de facto de ce pays un ennemi pour les
États-Unis, aussi bien au Moyen-Orient que dans le monde. Cela implique
donc de reconnaître l'Iran comme une puissance régionale majeure
et de la respecter en tant que telle. Une telle attitude de dialogue
permettrait à l'Iran d'échapper à sa logique de «
cavalier seul », bien qu'il ne soit pas vraiment isolé au
Moyen-Orient, et d'avoir des répercussions positives sur la
région via les liens qu'il développe avec la Syrie, l'Irak, le
Liban et la Palestine. Une telle attitude permettrait également à
l'Iran, une fois sorti d'une logique d'oppressé, d'évoluer plus
positivement vers des valeurs de démocratie, de respect des droits
humains, de dialogue, et de consensus145(*).
IV.2. La construction d'une
vision homo-adaptatrice
Adopter une posture idéaliste pourrait amener non
seulement des changements positifs en Iran, mais aussi des bienfaits pour la
sécurité des États-Unis et de leurs intérêts
au Moyen-Orient. De ce fait, les deux Etats doivent converger leurs
ambitions géostratégiques et dépasser la dichotomie
occident/musulman.
§1. La convergence des
ambitions géostratégiques dans le processus de paix au
Moyen-Orient
La géopolitique est généralement
abordée d'après le comportement adopté par les Etats
individuels pour s'aligner et s'ajuster aux défis et changements
auxquels ils sont confrontés dans leur environnement externe146(*). Pourtant, comme le souligne
Didier BILLION dans un Compte-rendu du séminaire organisé le 11
février 2013 à Paris, pour avancer sur les enjeux
géostratégiques, il vaut mieux, dans un monde globalisé,
coopérer avec les alliés et les puissances régionales,
plutôt que d'assumer seul le rôle de gendarme du monde. C'est sur
cette nouvelle logique que doit reposer les ambitions
géostratégiques des Etats-Unis et d'Iran.
Toutefois, les risques géopolitiques restent majeurs au
Moyen-Orient. Chacun des deux Etats a ses logiques et ses alliés propres
: l'Israël, l'Arabie Saoudite, la Turquie... restent sous la conduite des
Etats-Unis ; l'Irak, la Syrie, le Hezbollah libanais, le Hamas
palestinien sont fortement influencés par la République Islamique
d'Iran. Partant, comment faire pour converger leurs ambitions ?
Pour ce faire, les Etats-Unis doivent retirer la
République Islamique d'Iran de la liste de ce queAlia AL JIBOURY
appelleles pays dela ligne de mire de la politique américaine147(*), afin de ne pas l'isoler
voire même de le menacer sur la scène internationale;
celapermettraitd'éviter tout déséquilibre dans leurs
alliances au Proche et Moyen-Orient, notamment entre monde juif et arabe, monde
sunnite et chiite. Dans cette optique, les États-Unis doivent cesser de
se comporter en rival réel et éviter d'adopter à tout
moment de sanctions à l'égard de la République
Islamique d'Iran. En plus, Washington doit traiter l'affaire
israélo-palestinienne avec beaucoup plus de circonspection. Cela exige
alors à Washington de renouer avec les écrits de Thomas Jefferson
qui, au milieu du 19ème siècle, appelait
déjà à l'usage prudent de la puissance américaine :
« j'espère que notre sagesse grandira avec notre puissance et
nous apprendra que moins nous utilisons notre puissance, plus elle sera
efficace »148(*) puisque la promotion de valeurs démocratiques
ne doivent pas mieux être menés par le canon d'un fusil.
En outre, l'Iran et les Etats-Unis ont un point commun :
la lutte contre le terrorisme. En cela, on voit que l'Iran et les Etats-Unis
ont, à bien des égards, des objectifs communs, allant dans le
sens d'une stabilisation de la région. Subséquemment, à
l'occasion de son discours devant l'Assemblée générale des
Nations-Unies, un discours porté sur deux axes : le terrorisme
islamiste et la question nucléaire, le Président iranien a
indiqué clairement aux puissances occidentales qu'il sera difficile de
se passer de Téhéran pour quiconque souhaite parvenir à
stabiliser le Moyen-Orient149(*).
La guerre iraniennecontre le terrorisme150(*) peut offrir des points
d'entente entre Téhéran et l'Occident151(*), à condition que la
République Islamique se comporte à bon élève dans
le respect des principes universels de la démocratie. Il doit de ce fait
cesser de se comporter en réel protagoniste dans le conflit
israélo-palestinien en soutenant le Hamas de la Palestine et le
Hezbollah du Liban. Il doit tout aussi traiter la rivalité
shiite-sunnite avec beaucoup plus de sagesse.
§2. Le dépassement
de la dichotomie occident/musulmane
La période post-guerre froide à fait croire que
le monde était devenu un, et que seul les Etats-Unis avaient entre ses
mains la charge de la conduite du monde. L'Occident, en particulier les
États-Unis, qui ont toujours été une nation missionnaire,
croit que les non-Occidentaux devraient adopter les valeurs occidentales, la
démocratie, le libre-échange, la séparation des pouvoirs,
les droits de l'homme, l'individualisme, l'État de droit, et conformer
leurs institutions à ces valeurs.
Et pourtant, ce qui semblait de l'universalisme aux yeux des
Etats-Unis passe pour de l'impérialisme ailleurs. Les non-Occidentaux
n'hésitent pas non plus à montrer du doigt le fossé qui
sépare les principes et les actions152(*). Au début des années quatre-vingt-dix,
une «filière islamo-confucéenne » s'est mise en place
entre la Chine et la Corée du Nord, d'un côté, et à
des degrés divers le Pakistan, l'Iran, l'Irak, la Syrie, la Libye et
l'Algérie, de l'autre, pour s'opposer à l'Occident dans ces
domaines153(*).
L'intégrisme religieux a fait le crédo dans le monde musulman.
Cette situation a jeté le bas de durcissement de rapport entre les
Etats-Unis et la République Islamique d'Iran.
Jusque-là, on ne le sait que trop aujourd'hui, la
thèse du choc des civilisations, relayée par les actes et prises
de position des fondamentalistes musulmans, a beaucoup nui à l'image de
l'Islam et de ses adeptes de par le monde. S'est progressivement, mais
sûrement insinuée l'idée que la religion de Muhammad,
sanguinaire et intolérante, était incapable de s'ouvrir aux
autres et de sortir de son particularisme pour tendre vers des valeurs
universelles154(*).
Pour dompter cette logique, il est vivement recommandé
à l'Iran de faire appel à une nouvelle pensée qui commence
par la légitimation de ses actions ; il doit de ce fait
éviter de mettre sur pied une politique étrangère
d'hostilité. Et, il ne s'agirait pas dès lors pour les Etats-Unis
d'imposer ses valeurs par la force ; et Téhéran ne devrait
pas se cantonner de copier les valeurs du libéralisme moral et
économique propres à l'Amérique, mais bien d'aller vers la
recherche de valeurs communes avec les États-Unis et la
Communauté mondiale.
Il s'agit en fait, pour les États-Unis, de sortir d'une
logique manichéenne envers l'Iran. Peut-on en effet traiter un ennemi de
dangereux conservateur antidémocratique quand, dans la même partie
du monde, on a pour alliées des pétromonarchies islamistes peu
soucieuses des droits humains, de la femme, des minorités religieuses et
des travailleurs immigrés ? Les Etats-Unis doivent au contraire
simplifier la politique des néoconservateurs pour entamer une politique
positive vis-à-vis d'un Moyen-Orient extrêmement diversifié
dans sa culture, ses ethnies, ses religions... Les États-Unis doivent
s'employer à préserver et à construire la paix dans la
région, ce qui est leur but premier. Cela implique un respect des
différents États existants, de leur souveraineté nationale
et de leur hétérogénéité ;
hétérogénéité qu'il s'agit de bien
appréhender afin de mener une politique consciente, constructive et
efficace155(*).
CONCLUSION
Les relations
internationales, terme désignant les rapports
qu'entretiennent entre eux les États souverains et les nations,
connaissent actuellement une transformation relativement profonde. En
même temps que subsistent nombre de problèmes internationaux
liés aux effets retard de la décomposition des empires, la
montée de l'Asie suscite l'espérance des uns et
l'inquiétude des autres, et le Moyen-Orient n'est toujours pas en paix.
D'un côté, rongé par une soif
démesurée de puissance régionale, l'Iran ne tarde à
affirmer sa passion (de reconfiguration du Moyen-Orient) en se dotant d'une
technologie nucléaire ; et de l'autre côté, les
Etats-Unis éprouvent toujours de la difficulté à
définir leur rôle en dehors d'une puissance qui cherche son objet.
On est cependant bien loin du monde d'avant 1914. Plusieurs révolutions
technologiques nous en éloignent, autant que les bouleversements
politiques, les transformations stratégiques, la croissance
économique, l'explosion démographique.
Au regard des tous ces faits marquant, l`analyse de relations
américano-iraniennes, dans le contexte de la présente cogitation,
sert de base pour jeter un pont dans les relations torpillées entre les
deux Etats ; afin de les libérer dans le carcan du ghetto. C'est
dans ce sens-là que notre préoccupation a porté sur les
préoccupations suivantes :
§ Pourquoi les relations américano-iraniennes
reposent-elles sur un dilemme?
§ Comment les Etats-Unis et l'Iran entendent-ils sortir
de ce dilemme?
En réaction, nous avons émis les
hypothèses suivantes :
§ Les relations américano-iraniennes reposeraient
sur un dilemme parce qu'une succession de conflits et d'incidents - allant de
la « révolution iranienne de 1979 » en
passant par le « dossier des activités nucléaires
» jusqu'aux « enjeux géostratégiques de
chacun » - auraient conduit à l'impasse les relations
entre les deux ; ce qui fait que, leurs relations oscillent entre rupture
et négociation.
§ Le rétablissement de relations prometteuses, au
sein de la sphère politique des deux États, supposerait le
respect des principes du droit international et des engagements issus de
l'accord du 14 juillet 2015 d'une part, et la construction d'une vision
orientée vers l'homogénéité adaptatrice d'autre
part.
Par conséquent, nous nous sommes assigné un
double objectif :
§ Desceller les germes qui concourent au paradoxe de
relations américano-iraniennes ;
§ Offrir aux deux Etats les moyens de base pouvant
obstruer les péripéties survenues au cours de leurs relations et
qui ont servies de base du dilemme de leurs relations.
Pour vérifier nos hypothèses, nous nous sommes
servis de la méthode dialectique matérialiste en suivant le
protocole descriptif des quatre lois opérationnalisées
ci-dessus.La collecte des données de ce travail s'est faite au moyen de
la technique documentaire, couplée de l'analyse de contenu.
Grâce à la méthodologie appliquée,
il se dégage ce qui suit :
§ En dépit de l'ambivalence
(coopération/conflit) qui fait surface dans les relations
américano-iraniennes, ce qui cause de l'épouvante entre les deux
Etats sont d'une part, les séquelles de la révolution iranienne
et la divergence de vue quant au nucléaire iranien ; et d'autre
part les ambitions géostratégiques de chacun.
Après le contrecoup de la révolution iranienne,
les Etats-Unis voient dans le nucléaire iranien, l'ambition d'Iran
à se doter d'armes nucléaire. Cette considération,
couplée aux ambitions géostratégiques de chacun, donne du
tonus dans la dissension de relations des deux Etats. La dissimilitude des
ambitions des deux acteurs font d'eux des ennemis de tous les temps.Ces
désastres n'ont pas pourtant empêché les deux Etats
à négocier sur un certain nombre des points ; dont
l'aboutissement est la fameuse signature de l'accord nucléaire du 14
juillet 2015. Cependant, cet accord - bien qu'étant un pas
décisif dans les relations américano-iraniennes - n'offre pas
jusqu'à ces jours la possibilité de la normalisation de relations
entre les deux Etats.
§ Nonobstant cette ligne de conduite, les deux Etats se
voient l'un et l'autre comme une éventualité pour résoudre
un certain nombre de leurs problèmes.Cependant, l'indignation qui
règne dans la sphère politique des deux Etats n'offre pas de
l'espoir pour atteindre les objectifs que chacun de deux Etats s'assigne. Mais
cela n'est pas pour autant impossible.Des spécialistes de relations
américano-iraniennes pensaient promptement que la signature de l'accord
nucléaire du 14 juillet donnerait la possibilité d'atteindre ce
vieux rêve suspendu au sommet d'Himalaya. Certainement, leurs
réflexions n'avaient pas tort, mais elles manquaient plutôt de la
finesse.
C'est pourquoi, le présent support se cantonne à
proposer une grille de lecture autre que ce qu'a fait ses
prédécesseurs. Il le fait sous forme d'exhortation. Les
recommandations suivantes méritent une considération
particulière :
o Pour la République Islamique
d'Iran : celle-ci doit tout d'abord observer les engagements
découlant du Plan d'Action Global Commun ; convaincre les
États-Unis, les pays du Golfe et Israël de sa bonne foi dans
la poursuite de sa politique étrangère; légitimer ses
actions; dépasser les rivalités civilisationnelles et enfin se
comporter à bon élève dans le respect des principes et
valeurs universelles de la démocratie.
o Pour les Etats-Unis : ils
doivent d'abord traiter l'Iran en pays souverain, puis le retirer de la liste
des pays de la ligne de mire de sa politique étrangère ;
cesser de se comporter en rival réel et éviter d'adopter
à tout moment de sanctions à l'égard de la
République Islamique d'Iran ; traiter l'affaire
israélo-palestinienne avec beaucoup plus de circonspection ; et
enfin, éviter de faire de l'Islam le pire de toutes les
civilisations.
Ces recommandations s'adressent aussi bien aux Etats-Unis
qu'à l'Iran, et portent sur la mise en place d'une meilleure
planification et coordination des actions au sein de la sphère
politique des deux Etats. Elles soulignent enfin le besoin de développer
des nouveaux comportements ou modes de conduite de la politique
étrangère. Si elles ne répondent pas à tous les
défis identifiés dans ce travail, on peut estimer que leur mise
en oeuvre aura un prix et fera un pas substantiel à la normalisation de
relations américano-iraniennes.
N'étant pas une parole d'évangile le
présent travail n'est qu'une oeuvre humaine qui doit souffrir de
quelques imperfections ; nous prions ainsi à tout chercheur
ultérieur - prétendant aborder cette matière dans ce
même angle d'idée - de pouvoir nous compléter en vue de
rendre cette démarche plus efficac
BIBLIOGRAPHIE
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d'Iran
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multilatéral
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4. NOTES DE COURS
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internationaux contemporains, Cours inédit, Destiné aux
étudiants de L2 RI, FSSAP, UNIKIS, 2015-2016
· ESISO ASIA-AMANI, Initiation à la recherche
scientifique, cours inédit, destiné aux étudiants de
G1 sociologie, Anthropologie, Science politique et Relations Internationales,
FSSAP, UNIKIS, 2010-2011
· ESISO ASIA-AMANI, cours de Méthodes de
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diplomatique : la diplomatie, les traités, les organisations
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Ruche-Politique internationale, mars 2013
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5. MEMOIRES ET THESES
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Institut d'Etudes Politiques de Lyon, Université lumière
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Méthodologie de la recherche en Droit International,
Géopolitique et Relations Internationales, master et doctorat,
Agence universitaire de la Francophonie, 2010
TABLE DE MATIERES
INTRODUCTION
1
1. CONTEXTE DE L'ETUDE
1
2. ETAT DE LA QUESTION
3
3. PROBLEMATIQUE
9
4. HYPOTHESES DU TRAVAIL
11
5. INTERET ET OBJECTIFS DU TRAVAIL
12
6. DELIMITATION DU TRAVAIL
13
7. CADRE METHODOLOGIQUE
14
8. CADRE THEORIQUE
17
9. SUBDIVISION DU TRAVAIL
19
Chapitre premier
20
LES CONSIDERATIONS GENERALES
20
I.1. Esquisse notionnelle et
définitionnelle
20
§1. Le dilemme
20
§2. Le rapprochement
21
§3. Politique étrangère
d'adaptabilité
21
I.2. Présentation des milieux
d'étude
23
§1. Généralité sur les
Etats-Unis
23
1. Situation géographique
23
2. Situation économique
24
3. Situation démographique
26
4. Situation de la politique interne
28
§2. Généralité sur la
République Islamique d'Iran
31
1. Situation géographique
31
2. Situation économique
33
3. Situation démographique
37
4. Situation de la politique interne
38
Chapitre deuxième
44
LES ETATS-UNIS ET L'IRAN : DE L'EUPHORIE AUX
ECHAUFFOUREES
44
II.1. Les relations américano-iraniennes
avant la révolution iranienne
44
II.2. Les relations américano-iraniennes
après la révolution iranienne
49
§1. La crise des otages américains
à Téhéran
49
1. Attaque de l'ambassade américaine
à Téhéran
49
2. Arrêt de la CIJ sur l'affaire du
personnel diplomatique de l'ambassade des Etats-Unis à
Téhéran
50
§2. La détention par l'Iran de l'arme
nucléaire : l'Iran et le traité de non-prolifération
de l'arme nucléaire
53
§3. Les implications
géostratégiques du conflit américano-iranien
59
1. Les Etats-Unis et la défense du
nouvel ordre mondial
59
2. La République Islamique d'Iran et
le phantasme de l'Etat-phare musulman
61
II.3. Les sanctions américaines face
à la République Islamique d'Iran
63
Chapitre troisième
69
L'ACCORD NUCLEAIRE ET LES RELATIONS
AMERICANO-IRANIENNES
69
Une convergence des ambitions couplée de
déchirure
69
III.1. Accord nucléaire entre l'Iran et la
communauté internationale
69
§1. Contexte de la signature de l'accord
69
§2. Le contenu de l'accord
nucléaire
73
III.2. La théocratie iranienne et l'accord
nucléaire
76
§1. L'administration ROHANI et l'accord
nucléaire
76
§2. L'opposition du guide suprême :
Ayatollah KHAMENEI et l'accord nucléaire
77
§3. Iran et le contrôle des
installations nucléaire par l'Agence Internationale de l'Energie
Atomique
79
III.3. Les Etats-Unis et l'accord
nucléaire
81
§1. L'administration OBAMA et l'accord
nucléaire
81
§2. Opposition du congrès : les
républicains et l'accord nucléaire
84
§3. La mise en oeuvre de l'accord par le
gouvernement américain
86
Chapitre quatrième
89
QUELLE POLITIQUE ETRANGERE POUR LES RELATIONS
AMERICANO-IRANIENNES
89
IV.1. La revisitation des principes du Droit
International
89
IV.2. La construction d'une vision
homo-adaptatrice
90
§1. La convergence des ambitions
géostratégiques dans le processus de paix au Moyen-Orient
90
§2. Le dépassement de la dichotomie
occident/musulman
92
CONCLUSION
95
BIBLIOGRAPHIE
99
* 1 AMURI MISAKO, Les
grands problèmes politiques internationaux contemporains, Notes de
cours destinées aux étudiants de L2 RI, FSSAP, UNIKIS, Kisangani,
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* 40 M. Philippe MARINI, Mme
Michèle ANDRÉ, MM. Jean-Claude FRÉCON, Aymeri de
MONTESQUIOU, Philippe DALLIER et Gérard MIQUEL, Rapport
d'information fait au nom de la commission des finances (1) sur le
déplacement effectué par une délégation de la
commission en Iran du 22 au 29 avril 2014, Sénat, Session ordinaire
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* 43COVILLE,
T.,L'élection de Hassan Rouhani et les attentes de la
société iranienne, In Dossier Qu'attendre de
l'élection du nouveau président iranien ?, Dossier reproduit dans
le numéro 6 de La Lettre de l'IRSEM, numéro de septembre 2013, p.
11
* 44 M. Philippe MARINI, Mme
Michèle ANDRÉ, MM. Jean-Claude FRÉCON, Aymeri de
MONTESQUIOU, Philippe DALLIER et Gérard MIQUEL, Op.cit., p.
33-38
* 45 M. Philippe MARINI, Mme
Michèle ANDRÉ, MM. Jean-Claude FRÉCON, Aymeri de
MONTESQUIOU, Philippe DALLIER et Gérard MIQUEL, Op.cit.,pp.
33-38
* 46 BUFFARD, S., La
politique d'extension de la révolution iranienne (1979-1989) ou
l'impossible communauté des croyants, Mémoire
présenté comme exigence partielle de la maîtrise en science
politique, Université du Québec à Montréal,
février 2009, pp. 24-28
* 47GUILLEMOT, C., La
scène politique de la république islamique d'Iran : entre
« conservateurs » et
« réformateurs », Article publié le
24/08/2012, In http://www.lesclesdumoyenorient.
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* 48 MOSLEM, MEHDI,
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University Press, 2002, p. 31.
* 49 Equipe de Recherche sur
le Terrorisme et l'Antiterrorisme (ERTA), L'Iran : État sponsor
du terrorisme, In
http://www.erta-tcrg.org/cri6224/2004-2006/iran_contenu.htm
* 50 Bertrand BADIE, Les
deux Etats : pouvoir et société en occident et en terre
d'Islam, Paris, Fayard, 1995, p.11
* 51 La solidarité
naturelle concoure à la rupture de relations entre la civilisation
musulmane et d'autres civilisations, d'autant plus qu'elle unit les hommes
entre eux, conformément à l'idéal communautaire de l'Umma.
Par contre, la solidarité artificielle favorise le contacte entre la
civilisation musulmane et d'autres civilisation, puis qu'elle oblige les hommes
à consentir face aux risques de destruction de la cité et qui
n'est réglée que par une justice humaine. TUSI N., The
NasireanEthics, cité par Bertrand BADIE,Ibdem, p. 48
* 52EKOVICH, S.,
op.cit., p.2
* 53 Bertrand BADIE,
op.cit., p.55
* 54Relations entre les
États-Unis et l'Iran, in
https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_
entre_les_%C3%89tats-Unis_ et_l%27Iran
* 55 EKOVICH, S.,
op.cit., p.4-5
* 56Idem
* 57 BEAULIEU-BROSSARD, Ph.,
Opération Ajax, 1953 : Le mythe fondateur des tensions entre
l'Iran et l'Amérique, Etude Raoul-dandurand n°19, p. 9
* 58 EKOVICH, S.,
op.cit., p.6
* 59 Cette révolution
concernait la réforme agraire, la nationalisation des forêts et
des pâturages, la distribution des bénéfices aux ouvriers,
la privatisation des usines d'Etat, plus de lois électorales
participatives et un programme d'alphabétisation.
* 60 EKOVICH, S.,
op.cit., pp.7-8
* 61 EKOVICH, S.,
op.cit., p.9
* 62HUNTINGTON, S., Le
choc des civilisations, ODILE JACOB, Paris, 1996, p.198
* 63 Bertrand BADIE,
op.cit., p. 48
* 64ALAOUI, A.,
op.cit., p. 2
* 65Ibdem, p. 4
* 66
COUSSIRAT-COUSTERE, V., L'arrêt de la Cour internationale de Justice
sur le personnel diplomatique américain à
Téhéran, Annuaire français de droit international,
1980, Volume 26, Numéro 1, pp. 2-25
* 67 Mais, la
non-comparution du défendeur ne constitue pas en droit un obstacle
à l'existence de la fonction judiciaire, mais elle le rend plus
délicat. L'article 53 du statut de la cour prévoit que la partie
comparante peut demander l'adjudication de ses conclusions, ce que la cour doit
faire après s'être assurée de sa compétence et du
bien-fondé en fait et en droit desdites conclusions. Cependant, dans
cette recherche, l'absence de débats contradictoires constitue une
gêne pour la cour comme pour le demandeur.
* 68 Traité
d'Organisation du Moyen-Orient ou Pacte de Bagdad signé le 24
février 1955 par l'Irak, la Turquie, le Pakistan, l'Iran et le
Royaume-Uni, rebaptisé Traité d'Organisation Centrale ou CENTO
après le retrait irakien en 1959.
* 69 ETEMAD, AKBAR, La
Question du Nucléaire Iranien: les Défis et les Tensions, Les
enjeux géostratégiques entre les Etats-Unis et l'Iran, Mai
2009, pp. 85-102
* 70BOCCAS FAUSTINE,
Op.cit., p. 14
* 71 FUKUYAMA, F., La
fin de l'histoire et le dernier homme, Paris, Champs Flammarion, 1992, p.
300
* 72NADER ENTESSAR,
Comprendre le processus de Prise de décision nucléaire de
l'Iran : des leçons pour l'Administration Obama, Mai 2009, p. 5
* 73BOCCAS FAUSTINE,
Op.cit., p. 18
* 74 TOLOTTI, S., La
crise irano-américaine : pourquoi l'Iran veut la bombe, Alternative
internationale, n°22, pp. 6-11
* 75BOCCAS FAUSTINE,
Op.cit., p. 22
* 76 Aucune disposition du
présent Traité ne sera interprétée comme portant
atteinte au droit inaliénable de toutes les Parties au Traité de
développer la recherche, la production et l'utilisation de
l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, sans
discrimination et conformément aux dispositions des articles premier et
deuxième du présent Traité.
Toutes les Parties au Traité s'engagent à
faciliter un échange aussi large que possible d'équipement, de
matières et de renseignements scientifiques et technologiques en vue des
utilisations de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques,
et ont le droit d'y participer. Les Parties au Traité en mesure de le
faire devront aussi coopérer en contribuant, à titre individuel
ou conjointement avec d'autres États ou des organisations
internationales, au développement plus poussé des applications de
l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, en particulier
sur les territoires des États non dotés d'armes nucléaires
qui sont Parties au Traité, compte dûment tenu des besoins des
régions du monde qui sont en voie de développement.
* 77BOCCAS FAUSTINE,
Op.cit., p.22
* 78 BOUTHERIN, G., Le
Droit International face à la Prolifération des Armes de
Destruction Massive et de leurs Vecteurs, Thèse de Doctorat,
Aix-en-Provence, 2006
* 79 Conseil des gouverneurs
de l'AIEA, Mise en oeuvre des Accords de Garantie du TNP en République
Islamique d'Iran, GOV/2005/77, 24 septembre 2005 et Conseil de
Sécurité des Nations Unies, Résolution 1696, S/RES/1696,
31 juillet 2006, Résolution 1737, S/RES/1737, 27 décembre 2006,
Résolution 1747, S/RES/1747, in BOCCAS FAUSTINE, Op.cit.,
p.23
* 80BOCCAS FAUSTINE,
Op.cit., pp. 24-26
* 81 ZBIGNIEW BRZEZINSKI,
Le grand échiquier : l'Amérique et le reste du monde,
Mayenne, Bayard Edition, 1997, pp. 7-8
* 82 depuis le début
du 21èmesiècle, on assiste à une
émergence croissante des autres grandes puissances mondiales - Union
européenne, Chine, Russie, Brésil et Japon principalement -
grignotant petit-à-petit l'influence des États-Unis dans
différentes régions du monde.
* 83 ZBIGNIEW BRZEZINSKI,
Op.cit., p. 144
* 84Ministère de
l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, Histoire
- Terminale - Séries ES et L, In http://eduscol.education.fr/prog
* 85PIERRE-ALAIN
CLEMENT, Vers un Moyen-Orient échappant aux États-unis ?,
Chaire Raoul-Dandurand, Etudes stratégiques et diplomatiques, p.
14
* 86Idem
* 87 ZBIGNIEW BRZEZINSKI,
Op.cit., p. 179
* 88 ZBIGNIEW BRZEZINSKI,
Op.cit., p. 195
* 89DUFOUR, T.,
L'influence de l'Iran au travers du chiisme : Mode opératoire,
succès et limites de la politique pro-chiite iranienne, In
http://www.diploweb.com/forum/dufour
06101.htm
* 90 Les États-Unis
accusent en effet Téhéran de bafouer les principes du Droit
International et de soutenir les mouvements islamistes palestiniens Hamaset
Jihad Islamique, ainsi que le Hezbollahlibanais. Ceux-ci sont qualifiés
de terroristes par Washington étant donné qu'ils disposent
d'organisations armées luttant contre l'existence d'Israël et
ciblant parfois des civils.
* 91DUFOUR, T.,
Op.cit.
* 92 Depuis 2001
jusqu'aujourd'hui, L'Iran offre d'importants débouchés pour
l'industrie militaire russe ainsi que pour de nombreux autres produits
exportés. Les deux pays sont d'ailleurs sur le point de jeter les bases
d'une nouvelle donne énergétique mondiale sous l'indication de
« Yalta énergétique », prenant ainsi de court les pays
consommateurs notamment l'Europe. Lire MOHAMED FADHEL TROUDI, Les relations
irano-russes : vers une alliance contre l'influence américaine, La
géostratégie de la Russie, Géostratégiques n°
24, pp. 3 et RAMIL SITDIKOV, La Russie a lancé la livraison des
missiles S-300 à l'Iran, In
https://fr.sputniknews.com/defense/201511231019740240-russie-iran-missiles/,
Mis à jour 15:58 23.11.2015 pour plus de détail.
* 93NICOULLAUD, F.,
Op.cit., p. 490
* 94 MM. Jacques LEGENDRE,
Daniel REINER, Mme Michelle DEMESSINE et M. Joël GUERRIAU, L'Iran
: le renouveau d'une puissance régionale ?, rapport d'information
n° 22 (2015-2016) déposé le 7 octobre 2015, in
http://www.liberation.fr/planete/2015/
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25
* 95NICOULLAUD, F.,
Op.cit., p. 491
* 96 MM. Jacques LEGENDRE,
Daniel REINER, Mme Michelle DEMESSINE et M. Joël GUERRIAU,
Op.cit., p. 25
* 97NICOULLAUD, F.,
Op.cit., p. 491
* 98 MM. Jacques LEGENDRE,
Daniel REINER, Mme Michelle DEMESSINE et M. Joël GUERRIAU,
Op.cit., pp. 26-27
* 99NICOULLAUD, F.,
Op.cit., pp. 491-492
* 100 COUSSIRAT-COUSTERE,
V., Op.cit., pp. 21-22
* 101 Bertrand BADIE,
op.cit., pp. 10-11
* 102ALBROW, M.,
op.cit., p.197
* 103ALBROW, M.,
op.cit., p. 194
* 104 Selon cet article,
tout État non doté d'armes nucléaires qui est partie au
Traité s'engage à accepter les garanties stipulées dans un
accord qui sera négocié et conclu avec l'Agence internationale de
l'énergie atomique, conformément au Statut de l'Agence
internationale de l'énergie atomique et au système de garanties
de ladite Agence, à seule fin de vérifier l'exécution des
obligations assumées par ledit État aux termes du présent
Traité en vue d'empêcher que l'énergie nucléaire ne
soit détournée de ses utilisations pacifiques vers des armes
nucléaires ou d'autres dispositifs explosifs nucléaires.
Multilatéral, Traité sur la non-prolifération des armes
nucléaires. Ouvert à la signature à Londres, Moscou et
Washington le 1er juillet 1968.
* 105BOCCAS FAUSTINE,
Op.cit., pp. 27-28
* 106BOCCAS FAUSTINE,
Op.cit., p. 31
* 107BOUSSOIS, S.,
Op.cit., p. 8
* 108MOHAMMAD-REZA, D.,
KELLNER, T., Nucléaire iranien : genèse,
modalités et conséquences d'un accord historique, Article
publié le 07/10/2015, In
http://www.lesclesdumoyenorient.com/Nucleaire-iranien-genese-modalites-et
conséquences -d-un-accord-historique.html
* 109 D'après
l'article : « Nucléaire : plusieurs mois de
négociations secrètes entre les États-Unis et
l'Iran », Le Monde, 24 novembre 2013.
* 110
RIOLS, Y-M,
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http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/07/14/nucleaire-iranien-douze-ans-de-negociations_4682210_3218.html
* 111MOHAMMAD-REZA, D.,
KELLNER, T., Op.cit., pp. 2-3
* 112MARJORIE
BORDES-BAILLE, L'élection d'Hassan Rohani peut-elle impacter les
négociations sur le dossier nucléaire iranien ?, In Dossier
Qu'attendre de l'élection du nouveau président iranien ?, Dossier
reproduit dans le numéro 6 de La Lettre de l'IRSEM, numéro de
septembre 2013, p. 9
* 113COVILLE,
T.,Op.cit., pp. 11-12
* 114Ibdem, p.
10
* 115 BADIE, B.,
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* 116 DUSSOUY, G.,
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* 117HOUCHANG
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président iranien ?, Dossier reproduit dans le numéro 6 de La
Lettre de l'IRSEM, numéro de septembre 2013, pp. 13-14
* 118 Article 110 de la
constitution de la République Islamique d'Iran
* 119GILLES RIAUX,
L'esquisse d'une nouvelle posture régionale de l'Iran, In Dossier
Qu'attendre de l'élection du nouveau président iranien ?, Dossier
reproduit dans le numéro 6 de La Lettre de l'IRSEM, numéro de
septembre 2013, p. 16
* 120 ALBROW, M.,
op.cit., p.182
* 121 HUNTINGTON, S.,
Op.cit., p.155
* 122GILLES RIAUX,
Op.cit., pp. 16
* 123ALI KHAMENEI :
Propos tenu lors du discours du 18/07/2015, in
http://www.lorientlejour.com/article/935061/liran-maintient-sa-politique-contre-larrogance-americaine-souligne-le-guide-supreme.html
* 124 DJALLIL LOUNNAS,
La sécurité collective dans l'unipolarité : la crise
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la faculté des études supérieures en vue de l'obtention du
grade de PhD en Science politique, Université de Montréal, p.
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* 125MM. Jacques LEGENDRE,
Daniel REINER, Mme Michelle DEMESSINE et M. Joël GUERRIAU, L'Iran
: le renouveau d'une puissance régionale ?, rapport d'information
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http://www.liberation.fr/planete/2015/07/14/un-accord-sur-le-nucleaire-iranien-a-ete-trouve_1347659,
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* 126 KEVIN LAMARQUE,
Nucléaire: feu vert à la levée des sanctions contre
l'Iran, In
http://www.bfmtv.com/international/feu-vert-a-la-mise-en-oeuvre-de-l-accord-sur-le-nucleaire-iranien-944025.html,
Publié le 16/01/2016 à 21h52 et mis à jour le 17/01/2016
à 00h19
* 127 Le rapport commence
par distinguer les sept facteurs dominants qui devraient façonner le
visage de la planète au cours des quinze prochaines années : la
démographie - les ressources naturelles et l'environnement - les
sciences et la technologie - l'économie globale et la globalisation - la
" gouvernance " nationale et internationale - les futurs conflits - le
rôle des Etats-Unis. Aucun de ces facteurs n'exercera une influence
dominante. De surcroît, leur impact ne sera pas uniforme, il variera, au
contraire d'un pays ou d'une zone à l'autre. AMOURI MISAKO, Les
grands problèmes internationaux contemporains, Cours inédit,
Destiné aux étudiants de L2 RI, FSSAP, UNIKIS, Kisangani,
2014-2015, p. 46
* 128AMOURI MISAKO,
Op.cit.,p. 47
* 129DE HOOP SCHEFFER, A.,
La politique étrangère de l'administration Obama : la
quête d'un nouvel équilibre entre réalisme et
internationalisme, Annuaire Français de Relations Internationales,
Volume X, 2009, p. 6
* 130ALI RASTBEEN, Les
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l'Iran : Les perspectives géopolitiques de la nouvelle
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* 131BOUSSOIS, S.,
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* 132 CORINE LESNES,
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* 134 Pierre MARTIN, Le
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* 136 Pierre MARTIN,
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* 137JOSHUA, R.,
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nucléaire iranien, Par la
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* 138 MM. Jacques LEGENDRE,
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* 139Ibdem, p.
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* 141GAUQUELIN, B.,
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2016/01/16/l-aiea-donne-son-feu-vert-a-la-levee-progressive-des-sanctions-contre-l-iran_4848641_3210.html#
* 143 La résolution
2231 du CSNU prévoit que l'embargo des Nations unies sur les armes soit
maintenu pendant une période de cinq ans, et les sanctions sur son
programme balistique pendant huit ans. C'est sur cette résolution que
les Etats-Unis se sont appuyés pour adopter une nouvelle série
des sanctions contre l'Iran. STIERNON C., Iran : quel avenir pour l'embargo
sur les armes ?, Éclairage du GRIP, 19 août 2015, p. 2
* 144
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* 145 L'action des
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Moyen-Orient : Quels obstacles la politique américaine va-t-elle
rencontrer ?, Novembre 2006, p. 3
* 148DE HOOP SCHEFFER, A.,
Op.cit., p. 18
* 149EIFFLING, V.,
Hassan Rouhani aux Nations-Unies : Un changement de style plus que de
fond pour la politique étrangère de l'Iran, Numéro
18, 26 septembre 2014, p. 1
* 150 L'Iran est
confronté à une menace interne d'un groupe utilisant des moyens
terroristes, appelé « Jundallah, les Soldats d'Allah »
(FLICHY, T., Election d'Hassan Rohani : vers un rééquilibrage
géopolitique de l'Iran ?, p. 1), et vise aujourd'hui le changement
du statu quo en Syrie.
* 151CHAUDET, D.,
Op.cit., p. 133
* 152 On défend la
démocratie mais pas si elle porte au pouvoir les fondamentalistes
islamistes; on prêche la non-prolifération pour l'Iran et l'Irak
mais pas pour Israël; le libre-échange est l'élixir de la
croissance économique mais pas pour l'agriculture; les droits de l'homme
représentent un problème en Chine mais pas en Arabie Saoudite;
une agression contre le Koweït riche en pétrole est
repoussée avec vigueur mais pas les assauts contre les Bosniaques qui
n'ont pas de pétrole. Le double langage dans la pratique va de pair avec
des principes universels. HUNTINGTON, S., Op.cit., p. 200
* 153Ibdem, p.
202
* 154SOUMAYA MESTIRI,
L'universel et l'autre, In La civilisation arabo-musulmane au miroir
de l'universel, Paris, UNESCO, 2010, p. 73
* 155 L'action des
Etats-Unis envers la République islamique d'Iran, Collection au
quotidien, p. 45
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