INTRODUCTION
Madagascar, en raison de son taux d'endémisme
élevé (85%) en espèces vivantes, se trouve parmi les dix
pays au monde de plus grande importance en biodiversité (Mittermeier
et al., 2004). Ce pays est également riche en zones humides qui
font partie des ressources les plus précieuses sur le plan de la
diversité biologique et de la productivité naturelle. Les zones
humides jouent un rôle considérable dans les processus vitaux,
entretenant des cycles hydrologiques et accueillant une flore et une faune
importante (Lardjane-Hamiti, 2012). Parmi la faune inféodée dans
ces zones humides, les oiseaux, notamment les oiseaux d'eau, tiennent une place
importante. L'avifaune aquatique et les zones humides constituent une
entité indissociable. Parmi les 283 espèces d'oiseaux
recensées dans la Grande île (Goodman & Hawkins, 2008), 68
espèces sont aquatiques (Dodman & Diagana, 2003) dont 18 d'entre
elles sont endémiques (Langrand & Wilme, 1993).
Le Râle d'Olivier Amaurornis olivieri
appartenant à la famille des Rallidae figure parmi les
espèces d'oiseaux d'eau endémiques de Madagascar. Espèce
emblématique des zones humides de la partie ouest de Madagascar, le
Râle d'Olivier présente un niveau de population extrêmement
bas et une aire de distribution restreinte. Au niveau mondial, Amaurornis
olivieri est actuellement menacée, et classée dans la
catégorie En Danger (EN) de la liste rouge de l'UICN (ver. 2015). Ceci
repose sur le fait que sa population, en plus d'être petite, est
fragmentée, et elle est de ce fait suspectée d'être en
déclin. Cette espèce a également disparu de nombreuses
régions dans lesquelles elle était abondante auparavant, et se
cantonne désormais aux quelques sites répartis dans la partie
Ouest de l'île (Rabenandrasana, 2007). Des recensements effectués
dans les zones humides de l'Ouest de Madagascar entre le fleuve Betsiboka au
nord et le fleuve Mangoky au sud, ont trouvé l'espèce dans cinq
sites: lac Kinkony, lac Ampandra, lac Amparihy, lac Sahapy et lac Mandrozo
(Rabenandrasana et al., 2009). Les résultats de ces
recensements ont estimé un total de 215 individus dans ces cinq sites,
en suggérant que la population totale ne peut pas dépasser 250
individus (Rabenandrasana et al., 2009). Cette distribution restreinte
rend l'espèce vulnérable à toutes formes de pression
d'origine anthropique.
Les raisons du déclin de Râle d'Olivier sont
multiples, mais la perte d'habitat ainsi que l'intensification des pratiques
agricoles sont considérées comme les causes principales de ce
phénomène. En effet, cette menace est décuplée par
le fait que les zones humides de Madagascar ont été sujettes
à la dégradation continue et à la conversion en terrain de
culture, en particulier la riziculture.
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Suite aux projets menés par l'ONG « The Peregrine
Fund » (TPF) dans l'ouest de Madagascar depuis 1992 à Antsalova et
2007 à Maintirano, deux Aires Protégées (AP) ont
été créées qui sont respectivement l'AP Complexe
Tsimembo Manambolomaty et l'AP Mandrozo. Ces deux AP sont des sites
prioritaires pour la conservation des zones humides et la protection
d'espèces mondialement menacées comme l'Aigle pêcheur de
Madagascar Haliaeetus vociferoides et le Râle d'Olivier
Amaurornis olivieri. Ce dernier est l'une des espèces cibles de
conservation dans l'AP Mandrozo (Razafimanjato et al., 2012).
Quelques chercheurs ont déjà apporté
certaines informations sur la distribution, habitat et statut de
l'espèce Amaurornis olivieri. En revanche, les informations
concernant la biologie de la reproduction, l'écologie et
l'éthologie de cette espèce demeurent encore très peu
documentées. Ceci nous a incité d'entreprendre une étude
bio-écologique de cette espèce dans l'AP Mandrozo. Cette
étude s'appuie principalement sur une des actions du programme de
conservation d'oiseaux endémiques de Madagascar mené par TPF.
Elle a pour but d'apporter de nouvelles connaissances sur la biologie,
l'écologie et le comportement de Râle d'Olivier tout en
fournissant des informations indispensables pour sa conservation dans le milieu
concerné. Pour atteindre ce but, nous avons fixé les objectifs
spécifiques suivants :
- Inventorier les individus de cette espèce dans l'AP
Mandrozo;
- Estimer leur abondance et leur distribution dans le milieu
d'étude;
- Décrire la morphologie de l'espèce;
- Connaître la période et les différents
stades de reproduction;
- Déterminer les types d'habitats et comprendre les
conditions d'installation de cette
espèce dans le milieu d'étude;
- Etudier le régime alimentaire et le domaine vital de
l'espèce.
Ce document présentera dans sa première partie
la zone d'étude avec ses différentes caractéristiques. La
deuxième partie portera sur les matériels et méthodes
d'étude. La troisième partie sera consacrée aux
résultats obtenus. Nous aborderons ensuite des discussions dans la
quatrième partie. Enfin, nous terminerons par la conclusion avec
quelques recommandations et perspectives en vue d'une meilleure conservation de
l'espèce.
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