CHAPITRE 11 CONCLUSIONS GENERALES ET RECOMMANDATIONS
Conclusions
En somme, par cette étude nous avons pu rapprocher les
concepts développement de la microfinance et développement
socio-économique. Nous avons supposé que le développement
de la microfinance peut contribuer au développement
socio-économique. Nous avons présenté le secteur de la
microfinance dans un cadre général pour une meilleure
compréhension de l'outil microfinancier. Nous avons exploré les
pensées d'auteurs qui prennent parti pour la contribution réelle
de la microfinance au développement. Avant de recourir à
l'analyse empirique, nous avons jugé nécessaire de faire un
survol sur la situation socio-économique d'Haïti. Ce survol a
permis d'avoir une idée plus exacte sur les grands maux qui
gangrènent la société haïtienne. Ensuite, nous sommes
partis vers la vérification de l'existence d'un lien entre le
développement de la microfinance et développement
socio-économique.
Dans un premier temps, il était question de
vérifier que les activités des IMF,
particulièrement celles d'ACME, en termes du nombre d'emprunteurs et
l'évolution du volume de crédits octroyés, ont
été développées entre 2000 et 2009.
Pour y arriver nous avons fait un examen minutieux sur la
distribution du crédit (Portefeuille et nombre de clients). Les
données collectées ont permis de constater que les
activités d'ACME sont en nette expansion sur toute la
période. Seul le portefeuille de 2004 qui affiche une diminution de
l'ordre de 5.68%. Cette diminution est due probablement aux différents
évènements socio-politiques que connait le pays. Nous sommes
convaincus que les troubles socio-politiques inhibent les processus de
croissance, comme l'a démontré Thomas LALIME (2010). Plus loin,
nous avons pu vérifier que la tendance croissante est maintenue pour les
autres institutions les plus importantes du secteur. Il était admis que
la microfinance se développe tant au niveau national qu'au niveau
local.
Dans un second temps, il était question de
vérifier la contribution du développement de la microfinance au
développement économique et social. Une enquête a
été réalisée à cette fin. Les
résultats de l'enquête a permis de vérifier
l'hypothèse générale à savoir : Le
développement de la microfinance contribue au développement
socio-économique des bénéficiaires à
Carrefour. D'une manière détaillée, nous nous sommes
amenés à constater l'évolution incessante des
activités de la microfinance en Haïti, et conséquemment dans
la commune de Carrefour. Et aussi avons-nous constaté l'impact
positif de ces activités sur la longévité, sur
l'éducation comme le souhaite Christopher Dunford et sur les revenus des
bénéficiaires en favorisant l'accumulation économique
par la création d'activités.
Plus loin, on a pu relever certaines particularités
dans la distribution du crédit. Cette dernière se fait
majoritairement dans le secteur commercial (90.3%). Ce qui est un manque
à gagner pour les autres secteurs, notamment productions et services et
ceci constitue l'un des effets négatifs de la
microfinance en ce sens qu'elle a tendance à regrouper tous ses clients
vers les mêmes types d'activités.
Autres particularités qu'il faut souligner, qui est en
fait une limite du secteur, est que la distribution du
crédit se fait surtout pour le renforcement des activités. Et
malheureusement, la majorité des pauvres n'ont pas forcement de quoi
à démarrer une activité en dépit de leurs
potentialités. Certains des enquêtés se plaignent aussi sur
la mauvaise compréhension des institutions prêteuses de qui
souhaitent-ils un service réellement adapté à leur
situation soit en termes de taux d'intérêt et/ou de délai
ou en termes du montant des crédits qu'on leur octroie.
L'analyse empirique a rapporté que près de la
moitié des clients ont recouru au crédit en vue de
s'échapper au chômage.
L'enquête de terrain permet aussi de constater le
désir des bénéficiaires à toujours recevoir des
services microfinanciers. Si pour certains il faut augmenter le portefeuille de
crédit, pour certains d'autres, le microcrédit doit accompagner
d'autres services comme l'épargne, l'assurance et la formation pour
enrichir l'offre de services dans le cadre des perspectives adaptées
réellement aux besoins des clients. Cela permettra de parler
réellement de la microfinance, en lieu et place de microcrédit.
En fin de compte, nous sommes tenus à faire quelques recommandations
dans la section suivante.
Recommandations
La microfinance ne saurait à elle-même seule
résoudre à tous les problèmes auxquels fait face une
société, elle peut tout simplement apporter sa contribution,
comme nous venons de le montrer. Mais, il reste encore beaucoup à faire
pour rendre ce secteur soit plus productif, plus approprié et
pérenne. Dans cet état de fait, nous sommes tenus à faire
des recommandations aux institutions de microfinance (IMF) et aux instances
étatiques, qui en sont les principaux acteurs de décision et de
contrôle.
- Du côté des institutions de
microfinance
Pour favoriser davantage l'impact socio-économique de
la microfinance sur les microentrepreneurs, toute une série de mesure
doit être prise. En ce sens nous recommandons aux institutions de
microfinance de :
1- Baisser progressivement les coûts d'accès aux
crédits, notamment le taux d'intérêt qui va entraîner
une meilleure profitabilité des activités.
2- Offrir de montants de microcrédits adaptés
aux besoins réels des microentrepreneurs afin d'éviter les effets
pervers d'un surendettement.
3- Maîtriser les risques d'impayés, ce qui
favorisera la pérennité et la capacité commerciale des
IMF.
4- Offrir des services non-financiers, comme des
séances de formation sur la gestion, la comptabilité et le
marketing aux bénéficiaires des crédits. Car, cette
étude montre que la majorité des bénéficiaires,
sinon tous, n'ont pas de cahier comptable. Et si cahier il y a, ils
n'enregistrent que les noms de leurs débiteurs.
5- Innover en développant de nouveaux produits
financiers inclusifs afin de mieux répondre aux besoins des populations
à bas revenus.
6- Diversifier le portefeuille de crédit, en
finançant davantage d'activités de production. Une valorisation
de la production nationale, notamment au niveau agricole, artisanale et
industriel permettra au pays de s'écarter un peu sous le joug de
l'importation. Cette dernière, cause la fuite de devises importantes de
l'économie nationale.
- Du côté de l'Etat
Pour l'éradication du phénomène de
pauvreté en Haïti, l'Etat doit faire montre de bonne volonté
via sa contribution au côté des IMF à rendre le secteur
plus productif. Puisque la microfinance est considérée pour plus
d'un comme un tremplin au développement. Dans ce cas, l'Etat doit sa
contribution en :
1- Etablissant un cadre réglementaire pour les IMF de
types non-coopératifs. Un cadre légal comportant, entre autres,
le droit de recours en justice, de négociations de prêts ou de
subventions, d'accumulation d'actifs... Cette réglementation favorisera
davantage le développement du secteur.
2- Travaillant à créer un climat de
stabilité politique dans le pays. Ce qui mettra les investisseurs et les
potentiels investisseurs en confiance.
3- Amplifiant les services publics en matière de
sécurité, d'électricité, de l'accès à
l'eau, de salubrité, de construction d'infrastructures
routières...
4- Travaillant à faire respecter et protéger
l'environnement via les ministères de l'environnement, des travaux
publics, de l'intérieur...
5- Créant un fonds de garantie pour pallier au risque
de non-solvabilité des microentrepreneurs.
6- Travaillant à la stabilité de l'environnement
macroéconomique de telle sorte qu'il soit plus approprié pour les
affaires.
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