WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La contribution de la microfinance au développement socio-économique dans la commune de Carrefour: le cas d'ACME pour la période 2000-2009

( Télécharger le fichier original )
par Jonathan SAINT JEAN
Université d'état d'Haà¯ti - Licence ès Sciences Economiques 2015
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

9.2.2 Causes du marasme économique

Depuis 1986, l'économie haïtienne se trouve dans une situation très critique qu'elle n'arrive pas encore à s'en remettre. Les économistes travaillant sur cette question, croient que ce marasme prédomine la société haïtienne depuis environ deux siècles (Montas, 2005). Structurellement, il est attribuable à une situation de départ extrêmement défavorable vu la nature de son accès à l'indépendance, à un ensemble de facteurs d'ordre sociologique, politique, démographique, économique historiquement déterminés et à une combinaison de choix stratégiques et de politiques économiques explicites ou implicites qui ont inhibé le développement des forces productives. La politique internationale hostile vis-à-vis d'Haïti est aussi prise en compte comme un facteur défavorable au développement du pays. En 1950, Haïti occupait déjà la dernière place du classement des pays du continent américain en fonction de leur revenu per capita. Cette place est maintenue jusqu'en 1980 (Ibid.).

Le taux de pauvreté est élevé entre 1981 et 2000 à environ 60 % en moyenne de la population à partir des données locales et continue à augmenter entre 2000 et 2003. Selon les économistes, ce déséquilibre est mécaniquement lié au ralentissement de la croissance dû à la chute des investissements, à la baisse de la productivité et des exportations. Ajoutée à cela la croissance négative du PIB par habitant et l'augmentation de la population dans un contexte d'inflation persistante qui conduit de nouveaux ménages dans la pauvreté. Tous les indicateurs socio-économiques d'Haïti ont abordé un cycle long de stagnation et de difficultés énormes à partir de 1981. L'investissement total représentait 18% en moyenne du PIB sur la période 80-87 et a chuté en passant à environ 14 % en moyenne entre 2000 et 2003. Le PIB per capita a enregistré, pendant la période 1987 à 2003, une décroissance de 2.1 %. La composition de l'investissement réalisé par le Trésor public qui cache un volume non négligeable de dépenses courantes et la très faible productivité du secteur agricole qui constitue encore près du tiers du PIB, mais dont les capacités d'adaptation aux nouvelles conditions du marché se sont révélées très limitées, sont entre autres des facteurs qui expliquent ces piètres performances.

D'autres causes spécifiques contribuent à reproduire et à maintenir cette situation de pauvreté. Une énumération non-exhaustive comprendrait : L'émiettement continu des propriétés couplé à la stagnation technologique, la dégradation de la qualité du sol et l'érosion, la croissance démographique dans une économie à croissance négative, l'accélération dans les années 90 de la tendance à la baisse de la production et des exportations de café amorcée dès les années 1880. Nous incluons également, la fuite de cerveaux par l'émigration de professionnels et de techniciens qualifiés affectant la productivité de l'économie Haïtienne, sa compétitivité et sa capacité à absorber l'épargne externe notamment l'assistance externe. En 2004 et 2008 le pays a connu des ouragans majeurs causant de pertes importantes en vie et biens. Qui plus est, ces désastres ont transporté et raviné certaines surfaces cultivables. On se rappelle les ouragans Jeanne en 2004, Hannah et Ike en 2008, pour ne citer que ceux-là. En 2008, ces catastrophes naturelles en saison cyclonique ont causé des dommages évalués à près d'un milliard de Dollars US, ce qui équivaut à 15% du PIB29(*).

L'instabilité socio-politique constitue un handicap majeur au développement du pays. Entre 1985 et 2003, le pays a connu neuf présidents et plus d'une quinzaine de gouvernements. Ces remous politiques affaiblissent l'autorité de l'Etat, amenuisent les capacités de l'administration publique à travers une rotation rapide des personnels de décision et une tendance à la dégradation des salaires réels. Cette instabilité politique après 1986, a provoqué par ailleurs successivement le tassement de la croissance du secteur de la sous-traitance, sa décroissance et enfin à sa quasi-disparition sous l'effet de l'embargo imposé à Haïti en octobre 1991 avec disparition de plusieurs milliers d'emplois directs et indirects. Bien que très loin d'assurer le bien-être de la population, le pays a connu une période de croissance positive de 1997 à 1999. Cette reprise est due au retour à l'ordre constitutionnel et l'absence de troubles socio-politiques. De ce fait les taux de croissance du PIB étaient de 2.7 en 97, 2.2 en 98 et 2.7 en 99 (Montas, Ibid.). Les troubles politiques qui ont survenu en 2000 constituent un nouveau tournant dans l'économie. C'était le début d'une période de chute libre du taux de change. En effet, le taux croissance du PIB chute à 0.9% en 2000, pour ensuite passé à -1.0% en 2001, -0.3 % en 2002, 0.4 % en 2003, -3.5 % en 2004 (IHSI, 2005). En 2004, l' « opération Bagdad30(*) » et la vague d'incendie, de kidnapping et de meurtre qui s'en suivaient, ont contribué, en moins d'un an, à la fermeture de plusieurs entreprises accentuant ainsi la descente aux enfers de l'économie sur la période (Augustin, 2008). L'émeute de la faim en 2008, a causé un ralentissement dans le secteur des affaires, car elle a occasionné des dégâts matériels importants dans certaines entreprises de la place.

A ces différentes causes, il faut ajouter les chocs exogènes dont leur impact affecte directement et durablement certains secteurs (Montas, Ibid.). On liste dans cette catégorie l'élimination du cheptel porcin au début des années 80 qui a réduit substantiellement et durablement le patrimoine des paysans et amenuisé leur capacité d'épargne, l'embargo imposé à Haïti en octobre 1991 par la communauté internationale qui a pratiquement affecté de façon négative l'ensemble des secteurs d'activités et l'association d'Haïti et des Haïtiens au SIDA par le Gouvernement américain au début des années 80. Cette dernière a causé un tort non négligeable au secteur du tourisme en particulier.

Appliquées dans un contexte politique inapproprié, les politiques d'ajustement structurel, n'arrivent pas à atteindre leur objectif, selon les économistes. Au contraire elles contribuent à maintenir le pays dans la pauvreté (Montas, 2005.). La libéralisation du commerce international et du marché monétaire a conduit à l'apparition de biais ou de distorsions préjudiciables à la croissance en général et à l'atteinte d'objectifs spécifiques comme l'augmentation du taux d'exportation, car elle n'a pas été faite dans un contexte socio-politique propice aux investissements. Depuis 1985 on n'enregistre pas de hausse dans l'exportation du café, ce qui autrefois constitue un facteur glorieux pour Haïti. Joint à cela, un marché international caractérisé par des prix extrêmement faibles. Cet état de fait, renforce davantage la déprime des revenus. Les termes de l'échange se sont vus manifester une tendance à la détérioration pour Haïti à partir de 1999 à cause, bien sûr, de ces phases de baisse du cours international.

Se posant la question sur le fait que certains pays ne croissent pas de manière soutenue, l'économiste haïtien Thomas LALIME (2010), s'inspirant du modèle de destruction créatrice de Philippe Aghion et Peter Howitt en 1992, croit que la trappe de pauvreté31(*) existant dans les pays en développement peut provenir aussi de la malchance d'adopter la mauvaise technologie. Pour Robert Lucas, la trappe de la pauvreté peut être due à l'insuffisance de capital humain ; puisqu'en absence d'un niveau de savoir-faire adéquat, l'investissement dans la machinerie n'apportera guère de résultat (Lalime, 2010). Ces causes sont lamentables quand on se souvient que la majorité de l'intelligentsia haïtienne réside à l'étranger et que le système éducatif haïtien marche à un niveau déconcertant. Et la pauvreté en Haïti ne cesse de poursuivre son chemin.

Rappelons qu'entre 2000 et 2003 le PIB a régressé de plus de 5 %, ce qui équivaut à une régression de plus de 10 % du PIB par tête. Durant cette même période les prix sont augmentés de plus 85 % et le revenu de la majorité des ménages accuse une dépréciation nominale de plus de 110 %. Le salaire minimum officiel est resté fixé à 70 gourdes depuis l'année 2000 jusqu'à 2008.

Pour mieux cerner la réalité, nous faisons une présentation sectorielle de l'économie haïtienne pour la période 2000-2009 dans les paragraphes qui suivent.

* 29 http://www.unicef.org/haiti/french/overview_16366.htm, page consultée le 10 mai 2014

* 30 Cette expression désigne un mouvement d'une rare violence baptisé à tort dans la presse d'« Opération Bagdad » en 2004, en comparaison avec des insurrections armées en Irak contre l'occupation étasunienne, prit naissance. Ce mouvement s'est caractérisé, entre autres, par des vols, des viols, des rapts, des assassinats de policiers, d'anciens militaires, de simples citoyens vaquant à leurs activités et même des habitants des bidonvilles.

* 31 La trappe de pauvreté est une explication potentielle et également très controversée de l'absence de croissance dans certains pays pauvres.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand