UNIVERSITE D'ETAT D'HAITI
(UEH)
FACULTE DE DROIT ET DES SCIENCES
ECONOMIQUES
(FDSE)
DEPARTEMENT DES SCIENCES ECONOMIQUES
Sujet : La contribution de la Microfinance au
Développement socio-économique dans la commune de Carrefour : Le
Cas d'ACME pour la période 2000-2009
Mémoire de sortie préparé
par : Jonathan SAINT JEAN
En vue de l'obtention du grade de licencié
ès Sciences Economiques
Sous la direction du professeur Jean Marie
CAYEMITTE
Promotion : 2007-2011
Avril 2015
DÉDICACE
À la mémoire des étudiantes et
étudiants, et aussi des professeurs qui n'ont pas
survécu au tremblement de terre du 12 janvier
2010.
À ma famille qui m'a accompagné tout au
long de cette étude.
Au niveau le plus élémentaire, la
clé pour mettre fin à l'extrême pauvreté est de
permettre aux pauvres de mettre leurs pieds sur l'échelle du
développement. L'échelle du développement plane au-dessus
de nos têtes et les plus pauvres parmi les pauvres sont coincés
en-dessous. Il leur manque le montant minimum de capital nécessaire pour
avoir un marchepied et, donc, ils ont besoin d'une poussée pour
atteindre le premier échelon.
Jeffrey D. Sachs
The End of Poverty
REMERCIEMENTS
J'adresse mes premiers mots de remerciements à Dieu, le
Très-Haut, créateur de l'univers, pour m'avoir donné la
vie et l'intelligence.
Je ne trouve pas de mots exacts pour témoigner ma
profonde gratitude à l'égard de ma maman, Délisna SANON et
de mon papa Hermane SAINT JEAN pour m'avoir donné naissance et
éducation de base, sans compter leur support indispensable pour
réaliser cette étude. Merci à vous chers parents !
J'adresse mes mots de remerciement d'une manière
spéciale et respectueuse au docteur Jean Marie CAYEMITTE pour avoir
accepté d'être le directeur de mon mémoire. Ses conseils,
ses corrections et ses suggestions m'ont été très utiles.
D'un autre côté, je remercie profondément le professeur
Georges Gasner LEGAGNEUR pour son support impeccable tout au long de ce
travail. Je ne peux ne pas remercier le professeur Lemète ZEPHYR de la
Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) pour ces conseils
méthodologiques.
D'une manière générale, je remercie tous
les professeurs de la Faculté de Droits et des Sciences Economiques
(FDSE) pour avoir contribué à ma formation durant ces quatre
années. Leurs efforts pour nous aider à réussir
l'année post-séisme, 2010, méritent d'être
salués.
Ma gratitude va aussi à l'endroit de l'Etat
Haïtien pour avoir financé mes études pendant ces quatre (4)
longues années.
Je tiens aussi à remercier mes collègues de la
promotion Martial CELESTIN, pour leur contribution spéciale à ma
formation et à la réalisation de ce travail ; notamment,
Eden Pascuali SEIDE, Jean Jorès PIERRE, Herlo Winwick VITAL, Jordany
BELZIR, Jean Max ST-HILAIRE, Djenny BRICE, Joseph Junior PIERRE...
Je dois aussi être reconnaissant à l'égard
de tous mes frères et soeurs du Mouvement Missionnaire Mondial (MMM)
pour leur encouragement et leur soutien. Je ne peux oublier les supports
particuliers de Me. Max Gédéon BOUTIN, Dr. Marabishi JASMIN,
Pierre Ernst JUSTIN, Erby Faille VIL, Kesnor JEAN-FRANÇOIS, Caneau
JEANTY, Jacky SALONY et Romulus VARELUS.
Bref, un grand merci à tous les membres de ma famille,
pour leur soutien de tous genres. Dans cette lignée je remercie, Myriame
VERTUS, ma fiancée, pour sa patience ; ma cousine Marlie Magdala
OSTANE, pour m'avoir aidé à identifier certains
bénéficiaires des services de microfinance à Carrefour.
À toutes et à tous qui ont contribué
d'une façon ou d'une autre à la réussite de ce travail, et
dont le nom ne figure pas sur la liste, je présente mes remerciements
cordiaux.
RÉSUMÉ
Nombreux sont les pays qui considèrent la microfinance
comme un levier du développement ou un instrument de lutte contre la
pauvreté grâce à l'opportunité qu'elle offre pour
financer des activités génératrices de revenus. Des
organismes de développement, dont l'ONU et la banque mondiale,
s'arrangent au côté des penseurs microfinanciers pour faire de ce
secteur un outil essentiel dans leur politique de développement
socio-économique. Testée dans plusieurs autres pays, la
microfinance paraît être un instrument essentiel pour financer
l'éducation, la santé et les ressources nécessaires au
développement de l'être humain.
Haïti, avec un encours de crédit de plus de 2.3
milliards de gourdes en 2009 (1.9 et 2.1 milliards de gourdes) respectivement
en 2007 et 2008, fait partie des pays où les services de la microfinance
sont en plein développement. Mais, la contribution réelle de la
microfinance au développement socio-économique suscite encore des
débats contradictoires.
Dans ce travail de recherche nous examinons la relation entre
le développement de la microfinance et le
développement socio-économique. Sur un
échantillon de 31 bénéficiaires des services de la
microfinance dans la commune de Carrefour, les résultats du
modèle statistique montrent que le développement de la
microfinance contribue au développement socio-économique de la
commune. En effet, 90% des enquêtés constatent une augmentation de
leur bénéfice après avoir obtenu le prêt. Ensuite,
parmi ceux utilisant les soins médicaux, 48.4% disent payer ces soins
à partir de l'activité que supporte la microfinance. Enfin, 60.7
% de ces bénéficiaires financent la formation scolaire et/ou
universitaire de leur famille grâce à leur activité.
Mots clés : Microfinance,
développement de la microfinance, développement
socio-économique.
TABLE DES
MATIÈRES
Dédicace................................................................................................ii
Épigraphe...............................................................................................iii
Remerciements........................................................................................iv
Résumé.................................................................................................vi
Table des
matières....................................................................................vii
Liste des
tableaux.....................................................................................x
Liste des
graphes......................................................................................xi
Liste des sigles et
abréviations......................................................................xii
Liste des
annexes....................................................................................xix
CHAPITRE 1 INTRODUCTION
GÉNÉRALE..................................................................................1
CHAPITRE 2 CHAPITRE 1 MICROFINANCE ET DEVELOPPEMENT :
GÉNÉRALITÉS
1.1 Le cadre conceptuel
9
1.1.1 Définition de la
microfinance
9
1.1.2 Le développement de la
microfinance
10
1.1.3 Développement
économique et social
12
1.1.3.1 Développement durable
13
1.1.3.2 La mesure du développement
14
1.2 Fondements théoriques de la
microfinance
18
1.3 Genèse de la microfinance
20
1.4 Le développement de la microfinance
à travers certaines régions du monde
23
CHAPITRE 3 CHAPITRE 2 REVUE DE LITTÉRATURE SUR L'IMPACT
DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT
2.1 Microfinance et Entreprenariat
27
2.2 Microfinance et Genre
29
2.3 Microfinance et Education
30
2.4 Microfinance et Développement
31
CHAPITRE 4 CHAPITRE 3 L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE D'HAITI
AU COURS DE LA DECENNIE 2000-2009
3.1 Situation géographique
d'Haïti
37
3.2 L'environnement économique
d'Haïti
37
3.2.1 Le cadre macroéconomique
global
38
3.2.2 Causes du marasme
économique
39
3.2.3 Présentation sectorielle de
l'économie haïtienne
43
3.2.4 Le PIB et l'indice de
développement humain
46
3.3 L'environnement social d'Haïti
50
3.3.1 Inégalités et
Pauvreté
51
3.4 L'environnement socio-économique
à Carrefour
54
3.5 L'évolution de la microfinance en
Haïti dans le contexte socio-économique.
56
3.5.1 Panorama du secteur financier
haïtien
58
3.5.2 Survol sur les Méthodologies de
crédit
64
CHAPITRE 5 CHAPITRE 4 ANALYSE EMPIRIQUE DE L'IMPACT DU
DEVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
4.1 Les activités de microfinance en
Haïti de 2000 à 2009 : le cas d'ACME
67
4.1.1 Présentation d'ACME
68
4.1.2 Les autres institutions de
microfinance
72
4.2 Présentation de l'enquête
de terrain
74
4.2.1 Présentation de la commune de
Carrefour
75
4.2.2 Méthodologie de
l'enquête
76
4.2.3 Echantillonnage
76
4.2.4 L'unité statistique
76
4.2.5 Contenu du questionnaire
77
4.2.6 Saisie et traitement des
données
77
4.3 Présentation des
résultats
77
4.3.1 Les indicateurs relatifs au
développement socio-économique
78
4.4 Confrontation des résultats
à notre hypothèse
82
Conclusions............................................................................................85
Bibliographie..........................................................................................89
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Part du secteur primaire dans le PIB de
2000 à 2009 (en %)
44
Tableau 2: Part du secteur secondaire en % du PIB
de 2000 à 2009
44
Tableau 3: Contribution du secteur tertiaire en %
du PIB
45
Tableau 4: Evolution du PIB et du PIB par
tête de 2000 à 2009
48
Tableau 5: L'évolution de l'IDH d'Haïti
et son classement de 2000 à 2009
50
Tableau 6: Les différents services
d'ACME
69
Tableau 7 : Evolution des activités
d'ACME au cours des années 2000-2009
72
Tableau 8 : Evolution de 14 prêts selon
l'enquête de terrain
80
LISTE DES
GRAPHES
Graphe 1 : Contribution centésimale des
différents secteurs de l'économie haïtienne......
46
Graphe 2 : Evolution du PIB per capita en dollars
US
49
LISTE DES SIGLES ET
ABRÉVIATIONS
ACLAM : Action contre la misère
ACME : Association pour la coopération avec la
Microentreprise
ACOOPECH : Appui aux Coopératives d'Epargne et de
Crédit Haïtiennes
ADA : Appui au Développement Autonome/Action pour
le Développement Alternatif
ADIE : Association Pour Le Droit à
L'initiative économique
AECID : Agence Espagnole pour la Coopération
Internationale au Développement
AFD : Agence Française de Développement
AHE : Association Haïtienne des Economistes
AIC : Alternative Insurance Company
ANACAPH : Association nationale des caisses populaires
haïtiennes
ANFVC : Association Nationale des Femmes Victimes de
Coopératives
ANIMH : Association nationale des Institutions de
Microfinance en Haïti
APTECH : Ateliers Pilote de Technologie - Crédit
ASEG : Programme d'Analyse Socio-Economique selon le
Genre
ASS : Afrique Sub-Saharienne
BC : Banque communautaire
BCA : Bureau de Crédit Agricole
BICH : Banque Industrielle et commerciale d'Haïti
BID : Banque Interaméricaine de
Développement
BM : Banque mondiale
BNC : Banque Nationale de Crédit
BPH : Banque Populaire Haïtienne
BRH : Banque de la République d'Haïti
BRI : Banque Rakiat Indonesia
BUH : Banque de l'Union haïtienne
CADEC : Caisse d'Assistance pour le Développement
Economique et Social
CBNA : CITIBANK N.A.
CCI : Cadre de Coopération Intérimaire
CD : Crédit direct ou individuel
CEC : Coopérative d'Épargne et de
Crédit
CECACHE : Coopérative d'Epargne, de Crédit
en Appui au Changement Economique
CEI : Central European Initiative
CELADE : Centre Latino-Américain de
Démographie
CEPALC : Commission Economique pour l'Amérique
Latine et les Caraïbes
CGAP : Consultative Group to Assist the Poor (Groupe
Consultatif d'Assistance aux Pauvres)
CNC : Conseil National de la Coopération/ Conseil
National des Coopératives
CODE : Collectif Développement
COD-EMH : Coordination de l'Eglise Méthodiste
d'Haïti
CONASOVIC : Coordination Nationale des Sociétaires
Victimes de Coopératives
CO SODEV: Coopérative Solidaire pour le
Développement
CP : Caisse populaire
CREDICOOP : Crédit coopératif
CRS : Catholic Relief Services
CUCEC : Coeurs-Unis Coopératives d'Epargne et de
Crédit
DID : Développement International Desjardins
DSNCRP : Document de Stratégie Nationale pour la
Croissance et la Réduction de la Pauvreté
DSRP-I : Document de Stratégie Intérimaire
de Réduction de la pauvreté
EBCM : Enquête Budget et Consommation des
Ménages
ECVH : Enquête sur les conditions de vie en
Haïti
FAO : Fonds des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
FDI : Fonds de Développement Industriel
FDSE : Faculté de Droit et des Sciences
Economiques
FENACAPH : Fédération Nationale des Caisses
Populaires Haïtiennes
FHAF : Fonds Haïtien d'Aide à la Femme
FHD : Fondation Haïtienne de Développement
FIDA : Fonds International de Développement
Agricole
FINCA Haiti : Foundation INternational for Community
Assistance Haïti
FMI : Fonds monétaire international
FONKOZE : Fondation Kole Zèpol
GFN : Groupe Financier National
GRAIFSI : Groupe d'Appui pour l'Intégration de la
Femme du Secteur Informel
GS : Groupe solidaire
GTIH : Groupe Technologie Intermédiaire
d'Haïti
HIFIVE : Haiti Integrated Finance for Value Chains and
Enterprises
ID : Initiative Développement
IDH : Indice de développement humain
IDT : Indicateur du développement technologique
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique
INASSA : Internationale d'Assurance S.A
IMF : Institutions de microfinance
IPF : Indicateur de participation des femmes
IPH : Indicateur de la pauvreté humaine
ISDH : indicateur sexospécifique de
développement humain
KEPOMEK : Kès popilè men kontre
KNFP : Konsèy Nasyonal Finansman Popilè
KOTELAM : Koperativ Tèt Ansanm Pou Lavi
Miyò
MAMEV : Men Ale Men Vin
MCC : Micro Crédit Capital
MCN : Micro Crédit National
MEDA : Mennonite Economic Development Associates
MENA : Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord
MIX : Microfinance Informaion eXchange
MPCE : Ministère de la Planification et de la
Coopération Externe
MS : Mutuelle de solidarité
MSME : Micro Small and Medium Enterprises
NASSA : Nationale d'Assuranse S.A
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
ONA : Office National d'Assurance vieillesse
ONG : Organisations Non-gouvernementales
ONU : Organisation des Nations Unies
PAS : Programme d'Apaisement Social
PAP : Port-au-Prince
PIB : Produit intérieur brut
PIM : Plan d'Investissement Municipal
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PNB : Produit National Brut
PNUD : Programme des Nations-Unies pour le
Développement
PPA : Parité de pouvoir d'Achat
PROMOBANK : Banque de Promotion Commerciale et
Industrielle
PVD : Pays en Voie de Développement
SADA : Service and Development Agency Inc.
SFF : Sèvis Finansye Fonkoze
SHEC : Société Haïtienne d'épargne
et de crédit
SIDA : Syndrome Immuno-Déficience Acquis
SCOTIABANK : Bank of Nova Scotia
SOCABANK : Société Caribéenne de
Banque
SOCABEL : Société caribéenne des
banques d'épargnes et de logement
SOFIHDES : Société Financière
Haïtienne de Développement Economique et Social
SOGEBANK : Société Générale
Haïtienne de Banque
SOGEBEL : Société générale
haïtienne des banques d'épargnes et de logement
SOGESOL : Société Générale de
Solidarité S.A.
UEH : Université d'Etat d'Haïti
UNFPA : Fonds des Nations Unies pour la Population
USA : Etats-Unis d'Amérique
USAID : Agence des Etats-Unis pour le
développement international
US: United States
USD: Dollar américain
VIH: Virus Immuno-déficience Humain
WOCCU: World Concil of Credit Unions
WSBI: World Savings Banks Institute
LISTE DES
ANNEXES
Annexe A - Formulaire pour l'enquête de
terrain
97
Annexe B - Les résultats trouvÉs
à partir des données traitées avec SPSS
101
Annexe C - Tableaux des crédits qui sont
augmentés à leur renouvellement
113
CHAPITRE 6 INTRODUCTION GÉNÉRALE
Contexte et Justification
L'accession à l'indépendance dans des
conditions difficiles au début du 19e siècle n'a pas
été sans conséquences pour Haïti. Jusque vers la fin
des années soixante, l'économie haïtienne était
caractérisée par une prédominance agricole basée
sur la petite exploitation paysanne et de faible productivité (Montas,
2005), qui ne pouvait guère répondre aux besoins de la
première république noire, libre et indépendante. En
milieu urbain l'économie est liée au commerce international,
faible en volume, en valeur et en part relative du produit intérieur
brut. L'industrialisation étant restée relativement faible,
ralentie en partie par une agriculture qui s'est montrée incapable de
satisfaire la demande urbaine malgré les efforts de modernisation
économique amorcés au début des années
soixante-dix. Depuis des années, Haïti est connu comme le pays le
plus pauvre de la Caraïbe (MPCE, 2004) voire du continent américain
(Montas, 2005). Les données sur la pauvreté et des
inégalités en Haïti révèlent qu'en 2001, 56%
de la population haïtienne, soit 4.4 millions d'habitants sur un total de
8.1 millions, vivait en dessous de la ligne de pauvreté extrême de
1$ US par personne et par jour. En 2005, Haïti a régressé
dans l'échelle du développement passant du 146e rang
en 2000 au 153e rang. L'IHSI, conjointement avec le Centre
Latino-Américain de Démographie (CELADE) et le Fonds des
Nations Unies pour la population (UNFPA), estime l'espérance de vie
à la naissance à 58,1 ans (2000-2005), sur la base des
données du Recensement de 2003 (MPCE, pp.14-15, 2007).
En vue d'un redressement de cette situation, beaucoup de
programmes ont été mis sur pied. Nous citons, entre autres, les
programmes d'ajustements structurels du Fonds monétaire international
(FMI) et de la banque mondiale (BM), le Cadre de Coopération
Intérimaire (CCI) en 2004, la stratégie des Grands Chantiers
présentée en juillet 2006, le Document de Stratégie
Intérimaire de Réduction de la pauvreté (DSRP-I) en
septembre 2006. On peut citer en outre, le programme d'apaisement social
(PAS) de l'administration du président René PREVAL
appuyé par la Banque Interaméricaine de Développement
(BID). Mais tous n'ont pas abouti à produire les résultats
escomptés. En 2007, l'administration du président René
PREVAL implémente le Document de Stratégie Nationale pour la
Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP) ayant la
vision de relever avec succès quatre défis majeurs, dont le
premier consiste à impulser une dynamique forte de rattrapage des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD)1(*), prônés par le
PNUD, dans le sens d'un développement social plus consistant (MPCE,
p.17, 2007).
Malheureusement, comme pour tous les autres programmes et
projets, les conditions de vie en Haïti ne sont pas
améliorées avec le DSNCRP. Par conséquent, le pays est
dans l'obligation de trouver un instrument qui puisse l'aider à faire le
grand saut pour sortir de la pauvreté.
En effet, plusieurs courants d'idées et organismes de
développement considèrent la microfinance comme un levier de
croissance et de développement économique en faveur des pauvres,
qui sont des exclus des services bancaires classiques (Augustin, 2008). La
microfinance doit donc proposer des services financiers diversifiés,
ajustés à la demande et distribués de manière
responsable au plus grand nombre. « Nous sommes tous des
entrepreneurs potentiels », témoigne Maria Nowak (ADA, 2003).
Le microcrédit offre l'opportunité à ceux qui n'ont pas
les moyens de développer leur activité et d'atteindre
l'indépendance et l'inclusion sociale et financière,
poursuit-elle. Sabrina Djéfal de son côté, constate que
beaucoup de personnes ayant contracté des prêts auprès
d'organisations de microfinance ont ainsi pu développer leurs
activités ou voir leurs conditions de vie s'améliorer très
nettement. Elle estime que la microfinance apparaît comme un «
remède miracle » parce qu'elle cristallise ainsi les aspirations
des praticiens du développement depuis les années 1960, en ce
qu'elle représente une sorte de « catalyseur » qui
parviendrait (enfin) à enclencher le mouvement de développement
tant recherché depuis cette époque.
Les organisations multinationales s'arrangent au
côté de la microfinance également. Le Programme des Nations
Unies pour le Développement (PNUD) croit que les initiatives
privées peuvent favoriser la réalisation des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD). C'est dans cet optique
qu'il proclame l'année 2005, l'année internationale du
microcrédit avec l'objectif d'atteindre plus de 100 millions de pauvres.
« Nous reconnaissons la nécessité d'assurer
l'accès des pauvres en particulier aux services financiers, notamment
grâce à la microfinance et au micro crédit »,
telle fut la déclaration des chefs d'Etats et gouvernements
réunis au siège des Nations Unis lors du Sommet Mondial en
septembre 2005 (Condé, 2007).
Christine
Lagarde, directrice générale du
Fonds monétaire international (FMI), a plaidé en
faveur de l'accès des plus pauvres aux services financiers pour
favoriser une
croissance durable et
la stabilité financière. « En permettant aux
individus et aux familles de mettre à profit des opportunités
économiques, l'inclusion financière peut être un facteur
puissant de croissance »2(*), a déclaré Mme. Lagarde.
La Banque Mondiale de son côté, voit la microfinance comme un
instrument permettant de stimuler la croissance et de réduire
l'écart entre les riches et les pauvres. Pour la banque mondiale (BM) la
microfinance est la fourniture de services financiers, y compris des services
de l'épargne, de crédit, d'assurance et de paiement, aux
personnes à faibles revenus (Paul, 2011).
Plus de quatre (4) millions de la population haïtienne
vivent en situation de pauvreté. Or la microfinance est en plein
développement en Haïti (Augustin, 2008 ; Paul et al.,
2010 ; Paul, 2011). Selon le recensement de l'industrie de la microfinance
en Haïti pour l'exercice 2008-2009, le secteur de la microfinance
gérait un portefeuille brut de 4 446 967 664 gourdes, alors qu'il
était de 4 101 313 194 gourdes en 2008 ; et le nombre
d'emprunteurs en 2009 se chiffrait à 233 186 répartis entre
environ 200 institutions de microfinance (IMF) (USAID, 2011). Avec cette
croissance du portefeuille de plus de 8.42% pour une seule année, il est
clair que le secteur affiche une maturité confirmée. L'inclusion
financière pourrait bien permettre aux pauvres Haïtiens de
développer des activités entrepreneuriales pouvant les aider
à améliorer leurs conditions de vie. La microfinance a connu une
forte croissance à travers le monde au cours de ces deux
dernières décennies. Durant cette période,
l'évolution du secteur a permis, à partir d'initiatives
centrées sur les services de crédit, d'embrasser une gamme
toujours plus étendue de services financiers, jusqu'à la
volonté de construction d'un véritable système
d'intermédiation financière « inclusif » au service des
pauvres et des populations à bas revenus (Morvant-Roux et Servet, pp.
55-66, 2007). Ce qui pourrait impliquer une participation des pauvres à
la croissance économique. Or la croissance économique est en
quelque sorte un tremplin pour le développement économique et
social.
Problématique
La microfinance consiste à donner accès aux
moyens de financement à un maximum de personnes pauvres et leur
permettre de mettre à profit leurs capacités en faveur d'un
développement durable (ADA, 2003). En
Haïti, la microfinance a été privilégiée comme
stratégie de lutte contre la pauvreté grâce à l'aide
de plusieurs organisations d'aide internationale, et mobilisant principalement
les ressources sociales dont disposait la population (Lustin, 2005). Certains
pensent que l'accès au crédit pourrait permettre aux pauvres de
créer leur propre emploi, puisque le chômage ne se laisse pas
défaire facilement dans le pays. On n'est pas censé ignorer la
capacité des haïtiens de pratiquer des activités
entrepreneuriales parfois même de très petite taille. On
peut lister des marchands d'eau, des marchands de boissons dans des
bouteilles en plastiques, des marchands de pistaches, de vêtements, de
provisions alimentaires... Ces activités sont entreprises fort souvent
par un simple prêt d'un proche ou des prêts usuraires
communément appelés `'kout ponya''. Malgré cette
volonté manifeste de ces haïtiens, beaucoup sont encore à
l'écart d'activités réellement profitables et ce
problème est dû certaines fois à l'absence de prêts
pouvant faire fructifier leurs affaires et si prêts il y a, ils ne
correspondent pas à leur situation.
De nos jours, on plaide dans les pays en voie de
développement (PVD), en faveur des initiatives individuelles ayant des
impacts socio-économiques sur les pauvres-bénéficiaires et
financées par la microfinance. Il s'agit alors d'un système
financier inclusif solide où les pauvres trouveront la
possibilité de camper leurs affaires, d'augmenter leur niveau de vie, de
construire un patrimoine et de trouver du travail rémunéré
pour investir notamment dans l'amélioration de leur habitat,
l'éducation des enfants, les soins de santé ; bref, pour
assurer une vie convenable (Djéfal, 2004). Selon l'Association Nationale
des Institutions de Microfinance en Haïti (ANIMH), parmi les
bénéficiaires de crédit en Haïti globalement, 100 000
étaient des clients des institutions de microfinance ; qui
étaient alors au nombre de soixante-dix-neuf (79), avec un portefeuille
de 1.235 milliards de gourdes en 2002. En 2007, la microfinance sert 108 778
microentreprises (18% de plus que 2002), avec une nette augmentation du
portefeuille (23%) par rapport à 2002 (Dukenson, 2011). En 2009, la
microfinance haïtienne est assez diversifiée en termes de services
et en termes d'acteurs (Paul, 2011). Mais, la question d'impacts ou de sa
contribution au développement reste à vérifier. Nous
orientons notre recherche autour de la question suivante:
Le développement de la microfinance
contribue-t-il au développement socio-économique des
bénéficiaires des services offerts par les IMF à
Carrefour?
Formulation de l'Hypothèse de
travail
Dans le cadre de cette étude, nous ferons oeuvre qui
vaille en vue d'apporter des réponses appropriées à notre
interrogation pour l'édification des chercheurs, des décideurs et
des analystes sur ce que représente réellement le secteur de la
microfinance pour Haïti et particulièrement pour la commune de
Carrefour.
À cet effet, notre travail est sous-tendu par
l'hypothèse suivante :
Hypothèse de travail : Le
développement de la microfinance contribue au développement
socio-économique des bénéficiaires à Carrefour.
Objectifs de l'étude
Dans le cadre de cette étude, nous poursuivons
l'objectif de montrer l'apport réel de la microfinance sur le
développement économique et social à Carrefour. Dans
un sens plus détaillé nous tenons à montrer que le secteur
de la microfinance se développe année après année.
Puis, ce développement du secteur a un impact positif sur le niveau de
vie, l'éducation et le revenu des bénéficiaires. Aussi par
cette étude aiderons- nous le secteur à mieux connaître les
besoins des clients pour mieux les servir car ce secteur est peu
étudié, surtout en matière d'impact. Pourtant les enjeux
de l'évaluation de la microfinance sont si importants, et grandissants
avec l'intérêt qu'y apportent les bailleurs de fonds
internationaux, que les méthodologies d'évaluation ne cessent de
s'améliorer. Autrement dit, les potentialités de la microfinance
à contribuer au développement méritent d'être
évaluées (Fischer et Sriram, 2002)3(*). Notre étude s'inscrit dans le cadre d'une
préoccupation pour ce secteur très prometteur et surtout pour les
pauvres en difficultés de financement et des personnes en situation de
chômage. A la fin de l'étude, des recommandations seront faites en
vue d'aider ce secteur à être plus performant dans la lutte
contre la pauvreté. Notre mémoire fait suite aux peu de
recherches qui ont déjà été effectuées
autour de ce thème, et il servira probablement de documentation aux
recherches subséquentes.
Limites de l'étude
Cette étude ne prétend pas être
exhaustive. Elle est limitative en ce sens que l'enquête concerne les
activités de microfinance dans la commune de Carrefour et ne prend pas
en compte toutes les variables pouvant expliquer le développement.
Ensuite, le cas d'étude concerne spécifique des activités
d'une seule IMF, l'ACME, avec un survol sur les autres grandes institutions du
secteur, et couvre la période 2000-2009. Bref, notre étude est
bornée dans le temps et dans l'espace. Elle est aussi limitée
pour le fait qu'elle ne concerne que les IMF non-coopératives. Enfin,
les données administratives dont nous disposons concernent les
activités de microfinance sur l'échelle nationale et non locale.
Approche méthodologique
Pour vérifier notre hypothèse, nous allons
recourir à diverses démarches et approches. Pour la mesure de
l'impact socio-économique nous nous inspirons des indicateurs
utilisés dans le calcul de l'indice de développement humain (IDH)
par l'organisation des nations unies (ONU). Nous aurons à analyser des
indicateurs qualitatifs ayant rapport avec les conditions de vie et
l'éducation sans oublier les indicateurs quantitatifs notamment le
revenu et les dépenses, en vue de la vérification de notre
hypothèse de travail. Pour ce faire, nous avons procédé
à une enquête de terrain sur un échantillon de
bénéficiaires des services de la microfinance dans la commune de
Carrefour.
La recherche documentaire occupe aussi une place de choix dans
ce travail.
En premier lieu, nous avons consulté des documents
officiels de la République d'Haïti : des forums
présentés par certaines instances de l'Etat ; des
études et recherches effectuées par le Ministère de la
Planification et de la Coopération Externe, de l'Institut Haïtien
de Statistiques et d'informatiques, de la BRH etc. Ensuite, nous nous sommes
aussi servis des documents de l'Organisation des Nations Unies notamment de
certains organismes tels le Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour la population
(UNFPA)...
En second lieu, nous nous sommes servis des sites
dédiés spécialement à la microfinance et d'autres
sites d'informations utiles à la réussite de cette
étude. Ces institutions cumulent une très
riche variété d'ouvrages, d'études et de documents de
toutes natures sur ce sujet. Ces sites web seront ajoutés à la
bibliographie à la rubrique sitographie.
Enfin, nous avons exploré les documents d'auteurs, les
mémoires et thèses d'étudiants et des articles de journaux
et revues autour du thème.
L'enquête a été réalisée
sur un échantillon composé de ménages-propriétaires
de micro, petites et moyennes entreprises bénéficiant d'un
crédit au moins, issu d'une institution de microfinance dans la commune
de Carrefour. L'échantillon comportait 31 bénéficiaires
des services de microfinance.
Articulation du mémoire
Ce présent travail comprend quatre (4) chapitres. Le
premier présente les considérations générales sur
le thème. Il analyse les concepts formant l'hypothèse
générale et fait l'historicité du secteur de la
microfinance... Le deuxième chapitre fait une revue de
littérature sur le thème de recherche. Le troisième
chapitre analyse l'environnement socio-économique d'Haïti pour la
période d'étude et une présentation du secteur financier
haïtien. Le quatrième prendra en compte l'étude empirique de
la microfinance dans le processus de développement d'Haïti,
particulièrement à carrefour de 2000 à 2009. On y
présente l'évolution des activités de l'ACME pour la
période 2000-2009 avec un survol sur les autres institutions pour la
même période. On présentera les résultats de
l'enquête et on en fait une analyse en vue de la vérification de
notre hypothèse du travail.
CHAPITRE 1 CHAPITRE 7 MICROFINANCE ET DEVELOPPEMENT :
GÉNÉRALITÉS
La pauvreté constitue l'un des problèmes
majeurs des pays en développement (PED). Ces derniers cherchent
incessamment d'instruments capables d'éradiquer ce
phénomène. Parmi lesquels la microfinance s'illustre comme un
instrument puissant dans la réalisation de cet objectif compte tenu du
fait qu'elle est orientée vers les pauvres et les exclus du
crédit bancaire classique. La microfinance est un moyen d'assurer aux
familles pauvres les mêmes droits et les mêmes services qu'à
toutes les autres, fait remarquer Kofi Annan (2005)4(*). Comme la microfinance vise la
réduction de la pauvreté dans ses diverses dimensions, elle est
devenue un instrument important de lutte contre la pauvreté
(Schürings et al., 2011). Les clients sont souvent moins
vulnérables que ceux qui n'ont pas accès à ce service, et
dans de nombreux cas que leur revenu monétaire augmente, constatent
Schürings et al. (2011). Ce chapitre présente une vue
générale du concept de microfinance. Nous y tenterons de traiter
les concepts abordés dans cette étude. Nous prenons le soin de
présenter les fondements théoriques de cet outil financier. Il
retrace aussi l'historicité du secteur et son développement
à travers le monde.
7.1 Le cadre
conceptuel
Le cadre conceptuel fait référence à la
manière dont on a utilisé les concepts à travers ce
travail, c'est-à-dire les variations observées dans la
réalité du concept. Dans ce travail, les concepts
Microfinance et Développement économique et
social sont mis en évidence. Dans les paragraphes qui
suivent, nous allons camper ces concepts.
7.1.1 Définition de la
microfinance
Il y a un d'énormes définitions pour le concept
de microfinance. Cependant, dans la littérature financière, les
penseurs sont unanimes sur l'idée que la
microfinance est une offre globale de services financiers
comprenant le microcrédit, la microépargne, la microassurance et
autres services permettant de proposer aux personnes pauvres et non
bancarisés, une offre de produits adaptés à leurs
besoins5(*). Pour le
Consultative Group to Assist the Poor (CGAP), le terme «microfinance»
s'entend de la prestation de services financiers formels aux personnes pauvres
et à faible revenu (et, pour le crédit en particulier, aux
personnes non salariées), ainsi qu'à d'autres particuliers qui
sont systématiquement exclus du système financier (CGAP, 2012).
Dans les pays en développement (PED), la microfinance est aujourd'hui
placée au centre des politiques de développement. Même
l'Organisation des Nations Unies entre de plein pied dans le jeu microfinancier
de telle sorte qu'elle proclama l'année 2005, année
internationale de la microfinance. D'ailleurs elle entend la microfinance comme
la prestation de divers services financiers à des populations pauvres et
à faibles revenus. Dans notre hypothèse de
travail nous utilisons la formulation « développement de la
microfinance ». Voyons ce que nous entendons par cette formulation
dans les lignes qui suivent.
7.1.2 Le développement de la
microfinance
Le développement de la microfinance n'est pas une
expression nouvelle qui entre dans la littérature
microfinancière. En effet, cette formulation est utilisée par
plusieurs auteurs dans des études sur la microfinance. Dans une
étude réalisée conjointement avec Alix DAMEUS et Lionel
FLEURISTIN, Bénédique PAUL présente un aperçu
historique sur le développement de la microfinance.
Bénédique PAUL (2011) consacre une partie de sa thèse au
développement de la microfinance. Donija AUGUSTIN (2008) utilise aussi
ce concept dans le cadre de son mémoire de sortie. L'approche de ces
auteurs nous sert de référence théorique pour cerner la
formulation « développement de la microfinance ».
Ces auteurs considèrent le développement de la microfinance comme
l'évolution des activités, des services...
Comme dans les autres pays en développement,
Haïti a été un terreau fertile pour le développement
de la microfinance (Paul, 2011). A l'origine, la motivation du
développement de la microfinance en Haïti a été
double : il s'agissait de subvenir à un déficit d'accès au
crédit tout en luttant contre les pratiques usuraires
(communément appelées kout ponya6(*) en Haïti). Etroitement
liée au mouvement coopératif, la microfinance existe en
Haïti depuis la fin des années 1940 avec l'établissement de
la première coopérative d'épargne et de crédit en
Haïti. Mais, c'est au début des années 80 que les
premières institutions de microfinance non-coopératives font leur
apparition dans le pays (Paul, 2011).
Le coup d'Etat et l'embargo de 1991 ont donné une
nouvelle impulsion à la mise en place de programmes de microfinance en
Haïti. A la fin des années 90, Haïti a connu une
accélération du nombre des acteurs de la microfinance. Cette
accélération marque très fortement le panorama actuel du
secteur. Le sous-secteur coopératif (222 IMF) représentait 337
126 membres en 2007, les coopératives affiliées à
l'ANACAPH représentaient 309 160 membres en décembre 2009 (40
IMF). La clientèle de crédit des CEC membres de l'ANACAPH
représentaient 28 648 individus au 31 mars 2007. Les IMF
non-coopératives affiliées à l'ANIMH représentaient
une clientèle de 94 671 emprunteurs en avril 2006. Ce nombre est
passé à 125 691 emprunteurs en septembre 2009 (PAUL et al. p.13,
vol. 5, numéro 1, 2010).
Le recensement de 2006/2007 (USAID, 2008),
révèle que la plupart des coopératives oeuvrant dans le
secteur comptent moins de 5 000 clients. En 2008, les coopératives
à elles seules disposaient d'un actif de 64 790 297 de dollars
américains.
C'est en vertu de cette analyse que la formulation
« développement de la microfinance », est admise
dans le cadre de ce travail, comme un renforcement des activités de la
microfinance mesurées par l'évolution du nombre d'emprunteurs et
l'évolution du volume de crédits octroyés. Bref, le
concept développement de la microfinance est accepté
comme l'accélération des acteurs et des activités de la
microfinance.
7.1.3 Développement
économique et social
Le terme développement, en français,
apparaît à la fin des années 1950. Il est issu de celui de
sous-développement, de la prise de conscience de l'écart
économique croissant qui sépare le monde développé
du Tiers-monde7(*). Mais la
première utilisation du mot « développement »
dans cette acception est due au président
Harry Truman dans
la « partie IV » de son discours d'investiture du
20
janvier
1949. Le développement
peut être défini comme l'ensemble des changements
économiques, sociaux, techniques et institutionnels liés à
l'augmentation du niveau de vie et résultant des mutations techniques et
organisationnelles issues de la révolution industrielle du
18e siècle. Pour l'encyclopédie en ligne,
wikipédia, Le développement économique et
social fait référence à l'ensemble des
mutations positives qui soient techniques,
démographiques,
sociales, sanitaires... que
peut connaître une zone
géographique comme
le
monde, un
continent, un
pays, une région...
Il est important de différencier la croissance du
développement car, même les économistes ont tendances
à confondre les deux concepts, qui présentent évidemment
des différences considérables (Lalime, 2014). Selon
l'économiste haïtien Thomas Lalime, la croissance
économique est le phénomène par lequel le revenu par
tête s'accroît, en moyenne, au cours du temps. Tandis que,
nuance-t-il, le développement économique ne se limite
pas uniquement à l'augmentation quantitative du revenu par tête.
Il ajoute que le développement comprend aussi des évolutions
qualitatives. Néanmoins, souligne M. Lalime, le développement
économique passe nécessairement par la croissance.
L'économiste français François PERROUX
conçoit le développement comme une combinaison des changements
mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire
croître cumulativement et durablement son produit intérieur brut
(PIB) réel. Cette définition se rapproche de celle de Douglass
NORTH qui voit le développement économique comme le passage d'un
ensemble d'institutions archaïques à des institutions modernes
capables d'oeuvrer au bien-être de la population (Lalime, p.24, 2014).
Toutes ces définitions non-exhaustives du
développement, montrent l'incidence que doit avoir le
développement sur l'être humain. En effet, toute politique de
développement doit objectivement viser la population
bénéficiaire. M. North, parle de modernisation institutionnelle
en matière de développement. De cette définition de North,
on peut admettre que l'évolution et les innovations dans les
institutions de microfinance peuvent bien contribuer au développement
économique et social d'Haïti. D'ailleurs, Plusieurs
économistes s'accordent sur le fait que le développement
économique est conditionné par le développement financier
(Beck et al., 2008 ; Norel, 1997, cité par B. Paul 2011).
Parfois le développement peut constituer un malaise
pour le futur des sociétés car, les processus de
développement ne sont pas sans conséquences sur l'environnement.
C'est pourquoi beaucoup de pays plaident pour un type de développement
qui ne compromet pas la vie future. Ce type de développement est connu
sous le nom de développement durable. Dans le
paragraphe qui suit, nous faisons une présentation succincte du
développement durable.
7.1.4 1.1.3.1 Développement
durable
Le développement durable ou soutenable s'entend donc
d'un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs8(*). Le développement durable s'appuie sur une
vision à long terme qui prend en compte le caractère
indissociable des dimensions environnementale, sociale et économique
des activités de développement. En effet un développement
durable doit penser à la réduction de l'émission des gaz
à effet de serre de façon à stopper le
réchauffement de la planète (Doura, p.139, 2002).
Si le développement est au centre de tous les
débats, surtout dans les pays en développement, il
convient alors de poser la question : comment savoir qu'un pays est
développé ? Ou encore comment mesurer le
développement ? Dans les lignes suivantes nous tâcherons de
présenter la mesure du développement.
7.1.5 1.1.3.2 La mesure du
développement
La déclaration Universelle des droits de l'homme
stipule que : « Toute personne a droit à un niveau de
vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa
famille, notamment pour l'alimentation, le logement, les soins médicaux
ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à
la sécurité en cas de chômage, de maladie,
d'invalidité, de veuvage, de vieillesse, ou dans les autres cas de perte
de ses moyens de subsistance, par suite de circonstances indépendantes
de sa volonté »9(*). La déclaration poursuit que
« l'éducation doit viser au plein épanouissement de
la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de
l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la
compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les
nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le
développement des activités des Nations Unies pour le maintien de
la paix »10(*).
De cette déclaration on s'accorde sur le fait que
la seule croissance du PNB/ habitant ou
du PIB per capita n'est pas un facteur suffisant pour analyser
le développement. En effet, ce n'est pas parce que le niveau de
PNB/habitant croît que la qualité de vie des populations
s'améliore systématiquement. De ce fait, de nombreux indicateurs
alternatifs ont ainsi été créés pour mesurer le
développement, notamment les questions d'éducation, de
santé, de nutrition, de sentiment de bien-être, etc. L'un des plus
connus est indubitablement l'Indice de Développement Humain
(IDH).
a) Le PNB per capita
L'indicateur le plus utilisé (et controversé)
est le Produit National Brut (PNB) par tête qui établit le
classement de la Banque Mondiale. Il est indéniable qu'une Banque doit
privilégier la réussite économique ! Le PNB par
tête est un indicateur du revenu qui permet une classification entre
"Economies à bas revenu" (moins de 730 $ en valeur 1995), "Economies
à revenu moyen" (plus de 770 $ et moins de 8210$) avec deux tranches
intermédiaires (inférieures et supérieures) autour de 3100
$. Les pays à haut revenu ont un revenu supérieur à 9700 $
et surtout atteignent un revenu moyen de 24930$. L'écart entre les pays
riches et pays pauvres reste un indicateur très médiatique; sur
la base d'une comparaison entre les deux premiers et les deux derniers
déciles, l'écart a continué à se creuser en passant
de 1 à 30 à 1 à 60. Cependant le PNB per Capita ne mesure
pas la dimension qualitative du développement. Pour combler le vide
laissé par le PNB/tête qui mesure le développement
seulement en fonction de la production, le programme des Nations Unies pour le
Développement crée l'Indice de Développement Humain (IDH).
Mais, l'histoire retient qu'il est le fruit des oeuvres de l'économiste
pakistanais Mahbub ul Haq11(*), avec la collaboration du prix Nobel
d'économie de 1998, l'économiste indien Amartya
Sen12(*).
b) L'indicateur de développement humain
(IDH)
L'ndicateur de développement humain proposé par
le PNUD se fonde sur une conception du développement humain
défini comme « le processus conduisant à
l'élargissement de la gamme des possibilités qui s'offrent
à chacun. Les possibilités de choix offertes aux individus ne
sont ni finies ni statiques. Cependant, quel que soit le stade de
développement, les trois possibilités essentielles sont celles de
vivre longtemps et en bonne
santé, d'acquérir des
connaissances et de pouvoir accéder
aux ressources nécessaires pour vivre dans des
conditions décentes (Conté, 2004). Le développement humain
ne s'arrête pas pour autant à ce niveau. Nombreux sont ceux qui
accordent une grande valeur à d'autres possibilités de choix, qui
vont de la liberté politique, économique et sociale, à
l'opportunité de faire preuve de créativité et de
productivité, de pouvoir vivre dans le respect de soi-même et dans
le respect des droits de l'homme (PNUD, 1993,1997 ; cité par
Conté, pp.18-19, 2004).
L'IDH est un indice normé et est utilisé depuis
1990 par le PNUD. Il privilégie la longévité, le savoir et
le niveau de revenu. Conçu au départ comme la moyenne
arithmétique des indicateurs de durée de vie, de niveau
d'éducation, et de PIB réel corrigé par la PPA, il est
actuellement calculé à partir de quatre variables de base:
revenu, espérance de vie, alphabétisation des adultes, nombre
moyen d'années d'étude, en différenciant le primaire, le
secondaire et le supérieur. Le développement a trait à la
"possibilité" fondamentale (et non plus à la détention de
biens matériels) d'intégration d'un ou de plusieurs individus
dans la société. Cette possibilité a trois composantes :
mener une vie longue et saine, accéder à la connaissance et
à l'information, enfin bénéficier de ressources assurant
un niveau de vie décent (Mathieu, s.d.).
c) Méthodologie de l'IDH
L'IDH comporte une valeur maximale et une valeur minimale
pour chaque critère. L'Espérance de vie à la naissance:
25- 85 ans. - Alphabétisation des adultes; 0% - 100 % - Taux de
scolarisation: 0%- 100 % - PIB réel par habitant (PPA): 100 $ - 40 000
$.
Le PNUD classe les pays selon que l'IDH soit
élevé, moyen ou faible. Les pays dont l'IDH est supérieur
à 0.804 sont dits pays à développement humain
élevé, ceux dont l'IDH>0.507 sont des pays à
développement moyen et les pays à faible développement
humain sont ceux dont l'IDH<0.507.
D'après le classement du PNUD en mars 2013, la
Norvège est en tête avec un IDH de 0.955, suivie par l'Australie
avec 0.938. Au bas du classement se trouve la République
démocratique du Congo et le Niger avec un IDH ex aequo de 0.304. Selon
ce même classement, Haïti, avec un IDH de 0.456, occupe la
161e place sur 187 pays disposant de données comparables.
Soulignons toutefois que l'IDH d'Haïti croît annuellement de 1.8%,
passant de 0.335 en 1980 à 0.456 en 2012 (PNUD, 2013).
A cause de diverses controverses sur le PNB/tête,
particulièrement celle relative aux distorsions liées à
l'utilisation du dollar US pour cet indicateur, on tentait de le corriger en
créant un nouvel indicateur, l
a Parité des
Pouvoirs d'Achat (PPA) qui équivaut au nombre
d'unités d'une monnaie étrangère requises pour acheter les
mêmes montants de marchandises et services sur un marché d'un pays
donné qu'un dollar achèterait aux USA13(*).
d) Quelques autres indices
D'autres variables sont aussi implémentés pour
mesurer le développement, sinon certaines facettes du
développement. En effet, depuis 1995, le PNUD s'intéresse
à l'égalité des sexes et la participation des femmes
à travers deux indicateurs: l'ISDH et l'IPF (Conté, pp. 25-27,
2004). L'indicateur sexospécifique de développement humain
(ISDH part de l'IDH, mais tient compte des inégalités
sociologiques entre les sexes. L'indicateur de participation des femmes
(IPF), Cet indicateur mesure la participation des femmes à la vie
économique et professionnelle et aux prises de décisions
politiques.
Un autre indice qui s'est vu créé est
l'indicateur de la pauvreté humaine (IPH).
« Un indicateur de la pauvreté humaine (IPH)
mesure la misère dans quatre grands aspects de la vie humaine : la
capacité de vivre longtemps et en bonne santé, le savoir, les
moyens économiques et la participation à la vie sociale (Ibid, p.
27). Ces aspects de la misère sont les mêmes pour tous les pays,
qu'ils soient industrialisés ou en développement. Pour les pays
en développent on calcule l'IPH-1, qui s'intéresse sur
l'insuffisance en termes de longévité, le défaut
d'instruction et le manque de conditions de vie décentes sur le plan
économique en général. Tandis que pour les pays
industrialisés on calcule l'IPH-2, qui se penche sur la
longévité, le savoir, les conditions de vie et l'exclusion.
Pour évaluer la capacité d'un pays à
innover et à diffuser les innovations, ainsi qu'à constituer une
base de compétences humaines », on a développé un
indicateur du développement technologique (IDT).
Bien qu'il présente certaines limites, notamment dans
la mesure quantitative de certains aspects du développement humain, nous
adoptons, dans le cadre de notre travail, l'IDH comme mesure
référentielle du développement. Mais en
réalité, nous traiterons les données d'une manière
différente compte tenu des difficultés relatives à la
quantification de certaines données. En outre, nous nous inspirons de
la méthode de calcul de Bernard CONTE (2004). En effet, les variables
ayant rapport avec les conditions sociales et sanitaires de vie
(Espérance de vie), l'éducation (scolarisation et
alphabétisation) et le bénéfice réalisé (PIB
per capita) permettant d'acquérir des ressources nécessaires
seront priorisés dans l'analyse de la contribution de la microfinance au
développement, même si nous ne pourrons pas quantifier les valeurs
à cause d'insuffisance de données, dans le cadre de notre
étude.
7.2 Fondements
théoriques de la microfinance
Marguerite S. Robinson (2001) a identifié quatre
théories expliquant le développement de la microfinance : la
théorie de la demande appliquée à la finance « supply
leading finance theory», le paradigme de l'information imparfaite (The
Imperfect Information Paradigm), les marchés informels de crédit
(Informal Commercial Moneylenders), et l'épargne des pauvres (Savings
and the New Microfinance).
La théorie de la demande en
finance consiste à octroyer en avance des prêts dans
le but d'inciter l'investissement et, par conséquent la croissance
économique. La théorie est venue de la combinaison de trois
idées: a) que les gouvernements des nouveaux pays émergents
étaient responsables de leur développement
économique ; b) qu'il était crucial que soient
adoptées rapidement et largement, les technologies agricoles de haut
rendement au développement économique ; c) et que la plupart
des agriculteurs ne pouvaient pas se permettre les coûts complets du
crédit dont ils auraient besoin à acheter les intrants pour les
nouvelles technologies. Dans ce contexte, des programmes massifs de
crédit rural subventionnés ont été établis
dans une grande partie du monde en développement.
Le paradigme de l'imperfection de
l'information fait référence aux situations
d'asymétrie d'information entre les candidats à un prêt et
les bailleurs de fonds. Les modèles d'école de l'information
imparfaite des marchés de crédit ne sont pas concernés
spécifiquement par le microcrédit, mais leur nature
générale et le souci de leurs auteurs pour les pays moins
développés et les marchés de crédit rural les ont
accordés une importance particulière. Un certain nombre de
modèles de crédit d'information imparfaite ont été
construits, basé sur l'hypothèse que les banques ne peuvent pas
différencier le coût effectif entre les demandeurs de prêts
à faible risque de ceux à haut risque. Les IMF ont fait preuve
d'innovation dans la résolution des problèmes d'aléa moral
et de sélection adverse.
Le secteur financier informel est
omniprésent dans les économies en
développement. Il a évolué sur les
réseaux de parenté, social et ethnique. Les IMF et le secteur
financier informel ciblent les mêmes clients: ceux qui sont incapables
d'accéder au système formel. En raison des contraintes que font
face les prêteurs informels comme participants à l'économie
locale, ils doivent rationner le crédit. Diriger les institutions de
microfinance commerciale a démontré qu'on peut obtenir de
l'information suffisante pour servir des millions d'emprunteurs rentables, avec
un très haut taux de remboursement.
L'épargne des pauvres :
Le système financier informel charge des taux
élevés. Ce qui représente un obstacle pour les individus
et les ménages pauvres. Les IMF en exerçant et en ciblant le
même marché que les systèmes informels arrivent à
atténuer cet obstacle. Enfin, le personnel des IMF ont une connaissance
intime des conditions locales, ce qui leurs permet d'absorber une grande
quantité de petites économies dans un bon rapport
coût-efficacité (Dicko, pp.7-8, 2009). Certaines gens
épargnent pour lisser les flux de revenus et de consommation: les
agriculteurs épargnent au moment de la récolte pour passer
à travers la pré-saison de "faim", tandis que les entrepreneurs
qui dirigent des entreprises de hautes et basses saisons, épargnent pour
les basses saisons pendant les hautes saisons. L'épargne des gens
à faible revenu sera utilisée pour les situations d'urgence, les
opportunités d'investissement les obligations sociales et religieuses,
l'éducation des enfants et à d'autres fins (Robinson, 2001).
1.2.1 Principes clés de la
microfinance
La microfinance est encadrée d'un ensemble de onze
(11) principes clés élaborés par le Consultative Group to
Assist the Poor (CGAP). Le CGAP est un consortium de 28 agences de
développement publiques et privées travaillant ensemble pour
étendre l'accès des pauvres aux services financiers (CGAP, 2004).
Ces onze principes sur la régulation et la supervision de la
microfinance sont formulés comme suit:
1. Les pauvres ont besoin d'un ensemble de services financiers
et pas seulement de prêts.
2. La microfinance est un outil puissant contre la
pauvreté.
3. La microfinance signifie construire des systèmes
financiers pour les pauvres.
4. La pérennité financière est
nécessaire pour atteindre un nombre significatif de pauvres.
5. La microfinance consiste à construire des
institutions financières locales pérennes.
6. Le microcrédit n'est pas toujours la solution.
7. Les taux d'intérêt plafonnés peuvent
pénaliser l'accès des pauvres aux services financiers.
8. Le rôle de l'état est celui d'un facilitateur,
pas d'un prestataire direct de services financiers.
9. Les fonds des bailleurs devraient compléter les
capitaux privés, pas les concurrencer.
10. Le manque de capacités institutionnelles et
humaines est la contrainte majeure.
11. La microfinance fonctionne mieux quand elle mesure et
diffuse ses performances.
Ces principes ont été endossés par le
Sommet du G8 à Sea Island, Géorgie, en juin 2004, au
cours duquel ses états membres se sont notamment engagés à
«augmenter le nombre, l'échelle et l'efficacité des
IMF».
7.3 Genèse
de la microfinance14(*)
La microfinance existe en réalité depuis des
siècles sous différentes formes (Yola, 2009). Certains affirment
que la microfinance est en réalité une pratique très
ancienne déjà utilisée du temps des babyloniens (Mpanzu
Balomba, 2005)15(*). On
estime même que des mécanismes informels de prêt et
d'emprunt ont existé en Asie depuis plusieurs millénaires. En
1462, un moine italien, Barnabé de Terni, fonde une institution
caritative, le Monte di Pietà, en Italie, pour lutter contre l'usure.
Près de deux (2) siècles plus tard, soit en 1653, un financier
italien, Lorenzo Tonti, créa en France une nouvelle formule
d'épargne sous forme d'association d'épargnants. Il donnera son
nom à la tontine. En 1720, A Dublin, Jonathan Swift est le premier
à prêter des petits montants à des artisans pauvres de la
ville. Au cours de la deuxième moitié du 19ème
Siècle, en 1864, l'Allemand Friedrich-Wilhelm Raiffeisen16(*) fonde en Rhénanie la
première société coopérative de crédit
mutuel. Son objectif était d'offrir aux banques des cautions mutuelles
afin que les paysans démunis accèdent au crédit. En
France, en 1880, le Père Ludovic de Besse fonde le Crédit Mutuel
et Populaire, qui sera à l'origine des Banques Populaires17(*).
Néanmoins, on attribue au Dr Muhammad Yunus18(*), prix Nobel de la paix de
2006, le père de la microfinance moderne. La « banque de village
», Grameen Bank, est née sous les auspices du professeur Yunus, et
popularise le crédit solidaire, un crédit alloué à
un groupe dont chacun de ses membres est solidaire des autres, pour le mettre
à profit et le rembourser. Dorénavant, des bureaux de la Grameen
Bank sont présents dans plus de 80 000 villages, et compte plus de 6
millions d'emprunteurs.
Sous l'inspiration du succès de la Grameen Bank, sont
apparues de nombreuses institutions de microfinance (IMF) dans les
années 1970 et 1980. Elles ont démarré leurs
activités en tant qu'ONG, pour la plupart, et ont été
financées par des subventions provenant de fonds publics et
privés. Devenues rentables, elles ont augmenté rapidement le
nombre de leurs clients. Elles ont permis de démontrer que les pauvres
étaient solvables bien qu'ils ne puissent offrir de garanties
financières. Ainsi, la microfinance s'est avérée un
business viable, et les pauvres constituent aujourd'hui un véritable
marché.
Environ une décennie plus tard, soit dans les
années 1990, des structures spécialisées dans le
financement des IMF apparaissent. Elles proposent des prêts aux IMF qui
prêtent ensuite à leurs clients.
Le premier sommet du microcrédit a été
organisé à Washington, en 1997. Et c'est de ce sommet que la
microfinance s'est légitimée comme instrument de lutte contre la
pauvreté (Tebili, 2008). Vu l'importance de la microfinance
l'année 2005 a été proclamée année
internantionale de la microfinance par le programme des nations unies pour le
développement (PNUD).
L'intérêt pour la microfinance s'amplifie sans
cesse. D'autres modèles en dehors des ONG sont encouragés.
Plusieurs grandes institutions bancaires sont également entrées
sur le marché de la microfinance, telles que le Crédit Suisse, la
Deutsche Bank et Citigroup. Petit à petit, la microfinance
s'intègre au système financier classique.
La microfinance ne se borne pas seulement au service du
microcrédit, aussi d'autres services financiers tels que la «
micro-épargne » et « micro-assurance » sont venus
enrichir l'offre de services de la microfinance. Au cours de ces années,
la microfinance a été aussi le sujet de nombreuses innovations.
Des services de « mobile banking » (services de transferts d'argent
à travers les téléphones portables) ont été
développés, et d'autres services adaptés aux besoins
locaux ont également été introduits.
Les plus grandes IMF se trouvent en Asie, au Bangladesh et en
Inde en particulier grâce à la Self Employed Women Bank.
En revanche, en Chine la microfinance ne fait que commencer. En Amérique
latine, historiquement très forte en Bolivie (ACCION est l'un des
premiers réseaux de microfinance du monde), elle s'est récemment
beaucoup développée au Pérou et au Mexique et peine
à contrario au Brésil à cause du plafonnement des taux
d'intérêts. Elle se développe de façon très
dynamique en Afrique dans tous les pays politiquement stables (Bénin,
Sénégal, mali, Kenya). Elle a remporté un très vif
succès au Maroc et progresse rapidement au Moyen Orient (Palestine,
Egypte et Jordanie). Il est difficile de prévoir le futur de la
microfinance, mais on estime à 500 millions le nombre de personnes
toujours en attente de financement19(*).
La section suivante présente de manière plus
détaillé l'évolution du secteur de la microfinance dans
certaines régions du monde.
7.4 Le
développement de la microfinance à travers certaines
régions du monde
Les praticiens de la microfinance estiment qu'il existe
environ dix mille institutions de microfinance de toute taille réparties
sur les cinq continents (Perron et Weiss, 2011). En 2010, 1 900 institutions de
microfinance étaient recensées par le MixMarket20(*). Selon cette source, l'encours
de microcrédit dans le monde atteignait 65,2 milliards de dollars US en
2009 tandis que les estimations de la demande de microcrédits
oscilleraient entre 250 et 300 milliards de dollars US. Le nombre de
micro-entrepreneurs bénéficiant de microcrédit
était de 154 millions de personnes selon le rapport de la Campagne du
Sommet du Microcrédit 2009 (Perron et Weiss, p. 23, 2011).
La microfinance est présente dans la plupart
des pays de l'Union européenne, mais s'y est développée de
manière très différente et inégale d'un pays
à l'autre. En France, l'offre de microfinance est très importante
tant en termes de diversité, qu'en quantité. L'association pour
le droit à l'initiative économique (ADIE) en France - qui
opère depuis plus de 20 ans - avec plus de 3000 prêts par an, est,
à l'heure actuelle, l'un des opérateurs les plus ciblés
pour les pauvres. La dernière enquête effectuée en 2010
sur l'exercice 2008-2009, donne un état des lieux précis du
secteur du microcrédit en Europe : 170 organisations de
microcrédit dans 21 pays européens y ont répondu21(*).
Le Canada a aussi une offre assez importante, notamment dans
la ville de Québec, considéré comme le berceau des
coopératives d'épargne et de crédit Desjardins, dont la
philosophie est la même que celle du microcrédit : «mettre
l'argent au service des gens». Le réseau de crédit
communautaire n'a que 10 ans, mais connaît déjà un grand
succès. 6,5 M$ de prêts ont déjà été
accordés à des taux variant entre 0 % et 10 %22(*).
Dans les années 80, les Etats-Unis ont connu un
accroissement dans le secteur de la microfinance, grâce aux
autorités publiques et aux congrégations religieuses (Augustin,
2008). La microfinance permet aux américains de créer leurs
propres entreprises afin de trouver du temps pour leur famille. Le taux
d'intérêt flotte autour de 10 % aux Etats-Unis23(*).
Au Mexique où 40 % environ de la population vivent en
dessous du seuil de pauvreté, la microfinance est un outil essentiel
pour sortir la population mexicaine de la pauvreté et soutenir l'essor
économique du pays. Pour exemple, l'ex-Président, Vicente Fox
(président du Mexique de 2000 à 2006), a créé le
centre Fox destiné à lancer un vaste programme de
microcrédit dont les familles aux revenus les plus modestes pourront
bénéficier. Mais on retient que ce mouvement a
démarré avec l'ONG banco compartamos créée en 1990
et qui compte en 2000, 600 000 clients (Pujol, p.8, 2009).
L'Asie a été témoin du succès
phénoménal de la microfinance, au Bengladesh
précisément. C'est l'endroit où l'offre de la microfinance
est plus élevée au monde, soit 84% des comptes (Augustin, 2008). Mais l'offre est majoritairement
concentrée en chine et en Indonésie. La plus grande institution
de microfinance du monde est la Banque Rakiat Indonesia (BRI), une
société affiliée à une banque publique
restructurée fonctionnant sur une base commerciale. L'encours de
crédit de la zone à la fin de 2010 représente 37.4 % de
l'encours total soit 24,3 milliards de dollars US (Perron et Weiss, 2011).
Comme pour les autres régions du monde, la microfinance
est en pleine expansion dans le continent africain. L'equity Bank au Kenya a
ouvert plus de 200 000 comptes d'épargne en un an, l'utilisation de la
carte de paiement au Sénégal et en Tanzanie, la
dissémination des terminaux points de vente transformant les caisses
enregistreuses des boutiques en agences bancaires virtuelles (Augustin, 2008).
À la fin de 2008, les IMF opérant en Afrique
Sub-Saharienne (ASS) déclaraient servir 6,5 millions d'emprunteurs et
16,5 millions d'épargnants. Le taux de pénétration en
matière d'emprunts ne dépasse pas 3% en ASS (MIX/CGAP, p.1,
2010).
En Europe orientale et Asie centrale l'encours de
crédit représente, en 2011, seulement 11% de l'encours total
(Perron et Weiss, 2011).
L'inclusion financière est très faible dans la
région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA)24(*), ce qui empêche un grand
nombre d'habitants d'accéder à des services financiers, quels
qu'ils soient. C'est particulièrement vrai pour certains groupes,
notamment les femmes et les jeunes. En effet, seulement 18% des adultes
disposent d'un compte dans une institution bancaire
reconnue, ce qui est l'un des plus bas taux d'inclusion
financière au monde. Cette catégorie de la
population reste la plus touchée par cette exclusion
financière : 13% des femmes ont un compte bancaire
traditionnel, tandis que seulement 2% des jeunes adultes avaient un compte
d'épargne en 2011.
La microfinance en Amérique latine et les
Caraïbes est dominée par l'approche tant sociale que commerciale.
Du point de vue social elle fournit un ensemble de service d'assurance et de
transferts, c'est pourquoi on surnomme les membres du WSBI (World Savings Banks
Institute), en Amérique latine, institutions financières
socialement engagées. Sur le plan commercial, elle offre une gamme
variée de services financiers à des personnes pauvres à
travers un ensemble d'institutions rentables et réglementées. La
typologie des IMF se présente en deux grandes catégories :
les IMF réglementées qui se subdivisent en ONG de
microcrédit transformées, institutions de microfinance
dotées d'un agrément spécial, les banques
traditionnelles ; et les IMF non réglementées. En
Amérique Latine, les membres du WSBI ont enregistré une forte
croissance en termes de clients, de portefeuille et de collecte
d'épargne. Au cours des années 2004-2006, leur portefeuille a
augmenté en moyenne de 40% et leur clientèle de 30%. Il faut
préciser qu'en Amérique latine, les pays les plus
économiquement lotis ne développent pas des activités
d'envergure de microfinance sur leur territoire. Ce sont les cas du
Brésil et de l'Argentine. En février 2011, on a estimé
l'encours de crédit pour la région Amérique Latine et
Caraïbes à 19,6 milliards de dollars US (Perron et Weiss, 2011). On reconnaît trois grands types de services
microfinanciers dans cette région, qui peuvent être
combinés : le microcrédit, la micro-épargne et la
micro-assurance. On définit les articulations de ces services comme des
« systèmes de microfinance combinée » (WSBI,
2009).
Comme nous le constatons, le secteur de la microfinance est en
nette extension et expansion à travers le monde. La microfinance est
loin d'être l'apanage des pays en développement, mais aussi un
outil important pour les économies des pays du Nord.
Conclusion
Ce premier chapitre vient de faire une présentation
générale sur le secteur de la microfinance. On y a
développé le cadre conceptuel de l'étude et les fondements
théoriques de la microfinance. On a aussi fait une
présentation synthétique de l'évolution de ce secteur dans
certaines régions du monde. Enfin, on a étudié certains
aspects du développement ainsi que sa mesure au terme de ce long voyage.
A travers ce chapitre, on est censé avoir une meilleure
compréhension de la microfinance et du développement
socio-économique. En ce qui a trait à la contribution de la
microfinance au développement, des auteurs ont partagé à
leur manière, une panoplie d'expériences de pensées autour
de cette préoccupation. C'est ce qui fait l'objet du chapitre deux (2)
de ce travail.
CHAPITRE 8 REVUE
DE LITTÉRATURE SUR L'IMPACT DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT
Depuis des décennies la microfinance occupe une place
importante dans les politiques de développement. Conscients de
l'importance de cet outil, beaucoup de chercheurs ont tenté de
développer des théories y relatives, notamment sur l'impact
socio-économique. Cependant tous les courants ne sont pas unanimes sur
la notion d'impact de la microfinance. D'aucuns ne croient pas que la
microfinance ait un impact positif sur le développement. D'autres
croient que la microfinance est un bon outil de lutte contre la pauvreté
et qu'elle peut améliorer la condition de vie des pauvres.
Les chercheurs qui se rangent au côté de la
microfinance comme outil de lutte contre la pauvreté développent
chacun de leur manière, les théories relatives à la
contribution de la microfinance au développement. Ainsi
étudient-ils la microfinance en tandem avec d'autres thématiques
expliquant le développement séparément. De ce fait la
microfinance fait le tandem avec l'Entreprenariat, le genre, l'Education, le
développement etc.
Dans le cadre de cette étude, nous nous accrochons
à ceux qui croient que la microfinance peut être un instrument de
développement. D'entrée de jeu, nous allons présenter
laconiquement la microfinance associée aux thèmes
entreprenariat, genre, éducation puis au développement qui
constitue en fait l'objet de notre travail.
8.1 Microfinance et
Entreprenariat
Dans un monde où le chômage frappe à
grands coups, la création d'entreprise nécessite une attention
particulière. « Nous sommes tous des entrepreneurs
potentiels » remarque Maria NOWAK (ADA, 2003). Le
microcrédit offre l'opportunité à ceux qui n'ont pas les
moyens de développer leurs activités et d'atteindre
l'indépendance, poursuit-elle. Certaines institutions de microfinance
proposent parfois des microcrédits permettant la consommation de biens
et services « d'avenir » : notamment l'éducation et
les prêts alloués à l'amélioration du milieu de vie.
Nowak s'accroche à l'idée que la microfinance
est un outil contre l'exclusion.
Plus loin, elle soutient l'idée que l'accès au
capital permet aux petits paysans ou à des travailleurs
indépendants, qui forment la majorité de la population du Sud, de
développer leur activité ou de créer leur propre emploi.
Il existe, selon la présidente fondatrice de l'Association pour le Droit
à l'Initiative Economique (ADIE), environ 10.000
institutions de microcrédit dans le monde et leur encours total est de
l'ordre de 1,5 à 2,5 milliards d'euros. Pour Nowak le défi de ces
institutions est d'essayer de couvrir progressivement leurs coûts, en les
limitant par des méthodes appropriées et en pratiquant des taux
d'intérêt relativement élevés, appliqués
à un nombre important de clients, se comptant en millions en Asie et en
dizaines ou centaines de milliers en Amérique Latine et en Afrique.
Elle reconnait toutefois que le développement de la
microfinance a été plus lent à cause de la
prédominance du travail salarié et de l'alternative de l'aide
sociale ; mais avec la montée du chômage à
cause de l'effondrement du secteur public en Europe centrale et orientale
particulièrement, la microfinance s'est évidemment
propagée (ADA, pp.29-33, 2003).
Dans cette lignée, Isabelle
Guérin (2003) fait ressortir que si l'on cherche à
promouvoir l'entreprenariat, l'efficacité se mesure en termes de survie
et de longévité de l'entreprise, éventuellement de la
croissance (chiffre d'affaires, bénéfice,...). Et que si l'on
cherche à lutter contre la pauvreté, l'efficacité se
mesure en termes de l'amélioration et de la stabilisation de revenu,
ainsi que d'autonomie financière.
Le financement de la microentreprise féminine fait
partie des priorités du système financier de microfinance, par le
simple fait qu'il est rapporté que les femmes sont la cible prioritaire
des institutions de microcrédit, souligne-t-elle. Elle (Guérin)
s'illustre de l'exemple de la Grameen Bank pour promouvoir non seulement
l'entrepreneuriat par le crédit, mais surtout l'entrepreneuriat
féminin, car à la Grameen Bank la clientèle était
composée à 95% de femmes (GUERIN, 2003). Compte tenu du nombre
élevé des clients féminins, il s'avère d'une
importance capitale de fixer un regard envers les femmes comme Isabelle
Guérin le présente dans ses interventions. La section qui suit
est une brève présentation de l'association de la microfinance au
genre.
8.2 Microfinance et
Genre
Le programme d'Analyse Socio-Economique selon le Genre (ASEG)
croit qu'on se trompe souvent lorsqu'on parle de genre qui est selon lui, un
concept relationnel qui analyse le rôle des femmes par rapport à
celui des hommes dans la société et vice versa, et ne doit pas
être confondu avec leur sexe. L'ASEG poursuit que dans le domaine de la
microfinance, contrairement aux attentes, il existe des problèmes
inhérents à une approche orientée seulement vers les
femmes. Ces derniers peuvent aggraver davantage les inégalités.
Car, l'évidence croissante du meilleur taux de remboursement de
certaines femmes a engagé de nombreux intermédiaires à
cibler plus particulièrement ces dernières. Les petites sommes de
crédit, utilisées en microfinance, sont souvent perçues
comme convenant mieux aux femmes qu'aux hommes parce que ces dernières,
dans certains pays, sont moins mobiles (ASEG, pp.30-31, 2003).
De toute évidence, nous admettons qu'une attention
soutenue doit être accordée aux femmes, car selon le PNUD, les
femmes constituent la majorité des pauvres, et que par définition
la microfinance s'intéresse particulièrement aux pauvres.
D'ailleurs, pour Axel de VILLE, le fait de
donner accès aux services financiers aux femmes, est un moyen de
mobiliser leurs capacités productives en faveur du développement
économique. Car en plus du rôle qu'elles jouent au niveau de la
famille, elles peuvent, par la microfinance, devenir des acteurs
économiques. Constituant la majeure partie des gens vivant en dessous du
seuil de pauvreté, les femmes, au moyen de la microfinance, peuvent
ériger leurs affaires, transformer leurs vies économiques et
leurs représentations sociales. La directrice exécutive d'ADA
relate plus loin, que la microfinance favorise le processus d' «
empowerment25(*) »
des pauvres, particulièrement des femmes. Ce qui repose sur une question
de changement, de choix et de pouvoir. Il s'agit d'un processus par lequel des
individus ou des groupes vulnérables, qui n'ont au départ pas ou
peu de pouvoir, s'affirment, se renforcent et deviennent capable de faire des
choix qui affectent leur existence (ADA, op. cit., pp.23-29).
Dans Microfinance et autonomie feminine (working
paper no 32), Isabelle Guérin plaide aussi
pour une microfinance en faveur des femmes. Il s'agit à la fois de leur
donner les moyens de développer des activités
génératrices de revenus et de leur permettre d'acquérir
des méthodes de travail. Face à cette double exigence, soutient
Mme Guérin, la microfinance apparaît comme un outil
particulièrement pertinent. Elle fait remarquer qu'aujourd'hui,
organismes multilatéraux, gouvernements, bailleurs de fonds et ONG
partagent tous la même conviction: il n'y a pas de développement
possible et durable sans la participation des femmes en qualité
d'acteur. On constate qu'elles (les femmes) affectent leurs revenus davantage
au bien-être familial et on en déduit qu'il vaut mieux adresser
à elles. Selon elle, c'est ce qui explique cet engouement pour la
clientèle féminine.
La microfinance s'illustre comme un instrument important dans
bien d'autres domaines de la vie des pauvres. Certains croient que
l'éducation peut jouer un rôle important à
l'émancipation des sociétés. Dans la section suivante, un
survol est fait sur la pensée relative au partenariat microfinance et
éducation.
8.3 Microfinance et
Education
Le président de Freedom House from Hunger
Christopher Dunford est d'avis que la microfinance est l'outil
indispensable que les gens très pauvres ont besoin pour trouver des
solutions aux causes et conditions de leur pauvreté. Il tient compte
dans ces écrits du problème éducatif qui est l'un des
déterminants de la pauvreté. Convaincu que l'éducation est
la base du développement, il argumente que la microfinance de groupe
constitue une excellente opportunité pour fournir les services
éducatifs bon marché dont les pauvres ont besoin, des services
qui peuvent aussi améliorer leur performance en tant que clients
d'institutions de microfinance. Il croit que la microfinance sert à
intégrer les femmes avec des services de santé et
d'éducation. Pour Dunford la microfinance est un moyen de promouvoir la
planification familiale et la prévention du VIH-SIDA (Dunford, p.18,
2006).
Il s'illustre à partir de l'exemple de
CRECER en Bolivie qui offre des programmes d'éducation
sur la planification familiale qui incluent la distribution de contraceptifs,
et de FOCCAS Uganda qui offre des programmes
d'éducation sur la planification familiale et la prévention de
l'infection par le VIH. Il appelle ce système Crédit avec
Education, prestation de service unifié. Dans sa
pensée, Dunford associe l'éducation à la santé.
Pour lui une bonne éducation permettrait de résoudre certains
problèmes de santé au sein des ménages et par extension,
au sein de la société.
La microfinance permet de résoudre un ensemble de
problèmes basiques dans les pays pauvres et même dans les pays
industrialisés. On n'est pas censé dire que la microfinance
à elle seule peut entraîner le développement, mais plus
d'un sont d'avis qu'elle peut porter une contribution spéciale au
processus de développement dans son sens le plus large. Les paragraphes
qui suivent traitent leurs pensées.
8.4 Microfinance et
Développement
« La microfinance s'illustre comme étant
l'outil le plus prometteur et le moins couteux dans la lutte contre la
pauvreté mondiale », Jonathan Morduc26(*) (Sam, 2005 ; Blondeau,
2006).
L'Organisation des Nations Unies rapporte
qu'une profusion d'études a confirmé par leur rigueur analytique
ce que des observations ponctuelles sur plus d'une dizaine d'années
avaient déjà révélé, à savoir que
l'accès aux services financiers, en particulier au microcrédit,
permettait aux populations pauvres d'accroître leur revenu, de se
constituer des actifs et d'être mieux préparées face aux
périodes de crise. On s'est également aperçu, poursuit
l'ONU, que les clients du microfinancement, en particulier les
femmes, étaient devenus plus autonomes, avaient pu investir leur
surcroît de revenus dans l'éducation, la santé et
l'alimentation et étaient plus aptes à faire face aux
imprévus (ONU, 2004).
Dans « mise en oeuvre de la première
décennie des nations unies pour l'élimination de la
pauvreté (1997-2006) et préparatifs de l'année
internationale du microcrédit en 2005, (2004) »,
l'ONU confirme que l'impact du microcrédit et de la
microfinance dans la lutte contre la pauvreté se voit à divers
signes, tels que l'amélioration du revenu, de l'emploi et des
dépenses du ménage ainsi que des ménages mieux
armés face aux turbulences économiques et sociales. La preuve est
faite que l'accès au crédit permet à beaucoup de pauvres
d'accroître, de diversifier et de protéger leurs revenus. Par
ailleurs, les institutions de microfinancement dans de nombreuses
régions ont signalé une hausse des dépenses du
ménage et des possibilités d'emploi chez leurs clients.
L'organisation des Nations Unies poursuit que l'accès à des
services financiers tels que les prêts, l'épargne ou l'assurance
permet aux populations pauvres de se prémunir face aux crises
économiques ou aux catastrophes naturelles, ainsi qu'aux
imprévus, au chômage ou à des vicissitudes telles que les
décès dans la famille. La microfinance peut améliorer la
capacité de gestion des risques des ménages, grâce au
renforcement du capital social par la formation et par le perfectionnement.
L'ONU croit que l'inclusion financière peut s'avérer un important
outil dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le
développement.
Nicolas BLONDEAU fait une analyse objective
sur l'impact réel du secteur microfinancier dans son ouvrage
« la microfinance : un outil de développement
durable ?(2006) ». Il affirme qu'aux exclus du
système financier formel, la microfinance fournit des services
diversifiés. Il résume les retombées positives du secteur
de la microfinance en fonction des progrès réels pour les clients
en termes d'augmentations de revenus, de réduction de
vulnérabilité, d'accès aux soins, à
l'éducation, au logement, d'une hausse de la confiance et d'estime de
soi... Cependant, il a fait remarquer que la microfinance n'est qu'un outil
financier, et n'est pas une solution complète, elle nécessite la
complémentarité d'autres outils de développement.
Philippe JEANNIN et Mariam SANGARE
font ressortir, dans leur ouvrage « La
microfinance. Quels impacts économiques et sociaux
? (s.d.)», que la microfinance génère un effet
revenu, par l'activité économique qu'elle autorise dans les
foyers. Selon elles, la microfinance améliore consommation et
épargne, au bénéfice des enfants en particulier et de leur
éducation. Pour ces auteurs, l'impact de la microfinance doit être
mesuré en tenant compte de la zone ou de la région dans laquelle
s'installe l'IMF. Pour eux, dans les pays en développement, l'exclusion
n'est pas seulement bancaire ou financière, les pauvres sont
également exclus des services de base tels que l'éducation, la
santé. C'est pourquoi la diversification des activités des IMF
est plus marquée dans ces zones, avec des activités de formation,
d'alphabétisation ou d'éducation à l'hygiène
domestique se combinant aux services financiers. Ils estiment que l'effet
revenu des microcrédits est une partie minime de l'effet que la
présence d'un programme de microfinance peut avoir sur la vie des
villageois en pays en développement (PED). Cependant, constatent-ils,
la microfinance est de plus en plus utilisée pour lutter contre les
formes d'exclusion présentes dans les pays développés.
De son côté, Simon CORNEE
(2006) voit les dispositifs de microfinance comme des structures offrant des
services financiers de base (épargne/crédit) et plus
élaborés (assurances) à une frange de la population exclue
des circuits financiers classiques. Dans son mémoire de master27(*),
Cornée soutient que la microfinance apparaît
comme une solution dans la lutte contre le chômage de
masse en ce sens qu'elle permet de réinsérer des populations
précarisées dans l'économie de marché afin qu'elles
se réintègrent dans les circuits économiques et, par voie
de conséquence, qu'elles se ré-sociabilisent.
Dans sa présentation autour du thème
« Microfinance : un outil de lutte contre la pauvreté.
Principes et mécanismes de base » dans le dialogue 31 sur
la microfinance en Europe, Mia ADAMS avance que la
microfinance donne les moyens aux pauvres de mettre à profit leur
capacité en faveur du développement économique durable.
Elle voit la microfinance comme un outil de lutte contre la pauvreté et
l'exclusion financière. S'appuyant sur des statistiques du
département de Microfinance des Nations Unies, estimant à
quelques 500 millions, les pauvres qui font actuellement fonctionner de
manière rentable une microentreprise, Adams confirme que la microfinance
peut présenter une véritable porte de sortie vers
l'intégration économique et sociale pour ces individus, disposant
de projets productifs, mais exclus des institutions financières
formelles. Elle dit remarquer d'ailleurs depuis un certain nombre
d'années que la plupart de ces personnes survivent grâce à
des activités d'auto-emploi ou dans le cadre d'une micro ou petite
entreprise. Mia Adams fait remarquer toutefois que la microfinance n'est pas
la charité. Elle ne peut pas s'exprimer par : « Donnons quelque
chose aux pauvres pour les aider ». Adams met l'accent sur l'aspect
disciplinaire du système. Pour qu'elle puisse jouer pleinement son
rôle, la microfinance doit se construire sur une discipline de gestion,
sur la volonté de réussir à la fois au niveau de la
clientèle et au niveau des institutions. Et elle suggère de ne
pas considérer la microfinance comme pouvant tout faire, ce qu'elle
qualifie de grave erreur (ADA, op. cit., pp.15-22).
Quant à Cédric LOMBARD, il
croit que la microfinace s'intéresse d'abord aux pauvres actifs, en leur
permettant de pouvoir compter sur une source de fonds flexible, fiable et
relativement bon marché et sur d'autres services financiers en vue de
faire prospérer leurs affaires. Une institution de microfinance cherche
à réintégrer des personnes exclues dans un système
économique et social où elles peuvent alors s'affirmer et
s'épanouir, a fait savoir M. Lombard dans son article
« Pourquoi relier la microfinance avec les marchés financiers
internationaux ? » dans le dialogue 31 d'ADA (2003). En leur offrant
des services adaptés à leurs besoins, poursuit-il, elle (la
microfinance) permet à ces entrepreneurs de sortir d'une logique de
très court terme : ils deviennent capables de stabiliser (voire de faire
augmenter) les revenus issus de leur petit business et peuvent s'offrir le luxe
inconnu jusqu'alors de penser et préparer l'avenir par l'accès
à l'épargne ou à l'assurance. Du point de vue de M.
Lombard le succès continu du secteur microfinancier exige une gestion
efficace. Il conclut que la mise en place d'un tel système financier
exige des institutions qu'elles deviennent pérennes et pour ce faire les
IMF doivent se concentrer sur quatre (4) éléments principaux
à savoir: la taille critique de leur portefeuille, la gestion de leur
risque crédit, la gestion de leur structure de coûts et la gestion
de leur croissance.
Dans le « guide de
référence pour le secteur de la microfinance
(1999) », l'Agence Canadienne pour le
Développement International (ACDI) conçoit la
microfinance comme un domaine en rapide évolution qui offre un
énorme potentiel comme moyen d'aider les pauvres. Mais, souligne l'ACDI,
les projets de microfinance doivent être bien conçus et bien
s'intégrer au contexte des collectivités qu'ils doivent servir.
Le domaine de la microfinance englobe un large éventail
d'activités et d'interventions constate l'ACDI. Pour cette
dernière, il faut prendre le soin de cibler efficacement les pauvres
dans le cadre d'un projet de développement par le biais des IMF.
C'est-à-dire il faut savoir les identifier en fonction de la
région et du genre ; les rejoindre par la promotion des services de
microfinance ; susciter leur intérêt en élaborant de
méthodes innovatrices de prestations de services, remplaçant les
garanties traditionnelles par une responsabilité de groupe, processus de
demande simplifiée, limites peu élevées pour
l'épargne et les prêts ; et exclure ou dissuader les
non-pauvres soit avec des taux d'intérêt élevés et
faible niveau des prêts (auto-exclusion) ou par des critères
d'admissibilité favorisant les gens de faibles revenus.
Enfin, pour Sabrina Djéfal, la
microfinance représente une nouvelle source de financement de
l'économie qui allie implication des populations concernées,
financement et activités économiques. En cela, elle s'adapterait
à un contexte socio-économique particulier où les points
de vue et modes de fonctionnement de la population seraient pris en compte tout
en favorisant l'accumulation économique par la création
d'activités ; tout cela grâce à un simple financement. Elle
pense que la microfinance donne lieu de croire que la relation
finance-croissance économique est avérée. Djéfal
constate beaucoup de personnes ayant contracté des prêts
auprès d'organisations de microfinance ont ainsi pu développer
leurs activités ou voir leurs conditions de vie s'améliorer
très nettement. Elle estime que la microfinance apparaît comme un
« remède miracle » parce qu'elle cristallise ainsi les
aspirations des praticiens du développement depuis les années
1960, en ce qu'elle représente une sorte de « catalyseur » qui
parviendrait (enfin) à enclencher le mouvement de développement
tant recherché depuis cette époque.
Dans sa thèse, Sabrina Djéfal
estime que la microfinance allie la pratique et la logique du secteur
privé tout en s'insérant dans le contexte socio-économique
des « pays en voie de développement ». Elle offre à
chacun la possibilité de se réjouir de l'un ou de l'autre de ses
aspects et met tout le monde d'accord sur la pertinence de continuer les
investissements dans cette voie. Djéfal a
présenté le taux de remboursement et la confiance comme des
facteurs de réussite des Institutions de Microfinance.
Conclusion
Cette revue de la littérature montre que le secteur
microfinancier peut apporter une contribution réelle au
développement économique et social des gens
(bénéficiaires). Economique, dans la mesure où la
microfinance permet aux pauvres de camper leurs propres entreprises et de
créer d'auto-emplois. Les IMF permettent aux pauvres de
générer un effet revenu qui les facilite
l'accès aux ressources nécessaires. Social, dans le sens que
la microfinance permet l'émancipation du rôle de la femme
dans la maison et dans l'entreprise, permet d'améliorer la
qualité de la santé, de l'éducation... De
surcroît, la microfinance permet de réduire les
vulnérabilités. Bref, elle permet d'améliorer la
qualité de vie dans un contexte pluridimensionnel. Bien que nous nous
accrochions aux pensées des auteurs qui sont convaincus que la
microfinance contribue au développement, nous ne sommes guère
autorisés de clamer que la microfinance contribue au
développement en Haïti avant l'expérimentation scientifique
de la cause. Avant d'y arriver, il s'avère convenable de faire une
présentation synthétique de la situation socio-économique
d'Haïti au cours de la période d'étude. Le chapitre trois
(3) qui suit se fait le témoin de cette cause.
CHAPITRE 9
L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE D'HAITI AU COURS DE LA DECENNIE 2000-2009
La décennie 2000-2009 a été une
période marquante pour Haïti sur divers aspects : politique,
écologique, économique et social. Dans ce chapitre nous
retraçons les différents éléments marquants de la
situation économique et sociale, pour laquelle nous avons un
intérêt très poussé. Nous prenons le soin de
présenter et d'analyser certains indicateurs de développement
tels : le PIB, le taux de croissance, l'IDH, l'évolution des
différents secteurs de l'économie haïtienne... Nous
analysons la situation sociale en fonction des inégalités et de
la pauvreté qui gangrène le pays. Nous prenons le soin d'analyser
l'évolution de la microfinance en Haïti dans le contexte
socio-économique. Nous présentons aussi le panorama du secteur
financier haïtien et un survol sur les méthodologies de
crédit. Avant d'y arriver, présentons succinctement la situation
géographique du pays.
9.1 Situation
géographique d'Haïti
Haïti est une île située dans la mer des
Caraïbes entre le golfe du Mexique, en face du canal de Panama, entre les
parallèles 17°39' et 20° de latitude nord et les
méridiens de 68° 20' et 74°30' de longitude, par rapport
à Greenwich et 68°20' et 74°2' de longitude ouest du
méridien de Paris. Les langues officielles du pays sont le Créole
et le Français. On adopte comme système politique, le
système démocratique. La surface totale du pays atteint les 27
750 km² et sa capitale est Port-au-Prince. Le pays est divisé en
dix (10) départements. La population d'Haïti est de 9 923 243
habitants (recensement par estimation de 2009) dont plus de 43,6 % seraient
citadins28(*).
9.2 L'environnement
économique d'Haïti
La situation économique d'Haïti présente
des particularités alarmantes depuis l'accession à
l'indépendance en 1804. Elle se voit aggravée en 1986 à
cause des troubles politiques chroniques qui règnent en maîtres
dans la société Haïtienne. Le pays est classé au bas
de l'échelle du classement des pays du continent américain et de
la Caraïbe, d'où l'identification de pays le plus pauvre de cette
région. La dépendance à l'importation, la faiblesse de
l'agriculture, un secteur secondaire non-structuré et un secteur
tertiaire atypique. Telles sont entre autres, les problèmes
économiques majeurs du pays depuis des décennies. Les paragraphes
qui suivent, dressent la situation macroéconomique d'Haïti pour la
période allant de 2000 à 2009.
9.2.1 Le cadre macroéconomique
global
La période 2000-2009 n'affiche pas bonne santé
de l'économie haïtienne. En effet, le premier quinquennat a connu
une baisse de croissance considérable. En 2000, le taux de croissance du
PIB a baissé de moitié lorsqu'il passe à 1.2% alors qu'il
a été de 2.4% en 1999 (IHSI, 2005, comptes économiques).
Puis, cette situation de décroissance persiste pour amener des taux de
croissance négatifs de 2001 à 2004. Avec la transition de 2004,
le pays semble se remettre de ses troubles socio-politiques qui empêchent
le bon fonctionnement de l'économie nationale. Ainsi, l'économie
accuse-t-elle une série de croissances positives depuis 2005
jusqu'à 2009 (IHSI, 2009, OMD). Cependant, le taux de croissance moyen
pour la période est de 0.67% contre un taux de croissance
démographique moyen de plus de 1.8% pour la même période.
L'inflation a connu une montée vertigineuse en 2003 et passée
à deux chiffres avec un taux de 41.92 %, alors qu'elle n'a atteint que
4.7 % en septembre 2009 (IHSI, 2009 ; ANIMH, 2009). L'investissement, bien
qu'en hausse graduellement, ne dépasse pas le seuil de 73 161 millions
de gourdes en valeur nominale. Le taux de chômage se situe autour de 40 %
en 2009 alors qu'il était aux environs de 70 % en 2000. L'indice de
pauvreté humaine (IPH) passait de 41.1 en 2001 à 42.3 en 2008
(UNFPA, 2010). Le faible niveau d'investissement témoigne
l'étroitesse du marché du travail. L'investissement brut en
capital fixe se stabilise autour de 25 % (Augustin, 2008). Selon les
données de l'IHSI, la balance commerciale a connu un déficit de
16 074 en 2000, alors que ce déficit permanent a été
estimé à 79 262 en millions de gourdes courantes en 2009 (IHSI,
Ibid.). En 2009, les exportations étaient de l'ordre de
53 087 millions USD contre des importations évaluées à 100
573 millions USD (IHSI, 2009). L'exportation nette est toujours
négative. Ce déficit de la balance commerciale constitue un
déséquilibre majeur pour l'économie du pays.
La situation en 2009 a été très
affectée par le climat politique lié aux élections de juin
2009 et aux troubles sociaux occasionnés par le débat sur le
salaire minimal qui devrait être porté à 200 HTG/jour
(ANIMH, 2009).
Le pays, qui a plus de 75% de sa force de travail
qualifiée à l'étranger, a subi l'impact négatif que
génère la crise économique internationale sur le volume de
transferts sans contrepartie de la diaspora haïtienne dans
l'économie, car les transferts représentent plus de 20% du PIB,
et jouent un rôle important dans la lutte contre la pauvreté.
Certains économistes estiment à plus de 30% des familles
haïtiennes qui reçoivent des transferts financiers sans
contrepartie. Ces transferts sont particulièrement vitaux dans la
création et/ou le maintien des PME du secteur informel et même
formel. Soulignons que les statistiques ne tiennent pas compte des transferts
informels via des Institutions de Microfinance membres de l'ANIMH, tel par
exemple le Sèvis Finansye FONKOZE qui gère un volume de plus de
7,000 transferts en milieu rural pour un montant estimé à plus de
vingt (20) millions de dollars américains au cours de l'exercice
2008-2009 (ANIMH, Ibid.).
Ces quelques lignes ont fait une description laconique des
différents problèmes économiques que connait Haïti au
cours de la décennie 2000-2009. Haïti est en proie à un
marasme économique sur toute la période. Il est évident
que si l'on veut résoudre des problèmes il faut bien les poser.
La section suivante répond aux questions relatives aux causes du marasme
économique d'Haïti.
9.2.2 Causes du marasme
économique
Depuis 1986, l'économie haïtienne se trouve dans
une situation très critique qu'elle n'arrive pas encore à s'en
remettre. Les économistes travaillant sur cette question, croient que ce
marasme prédomine la société haïtienne depuis environ
deux siècles (Montas, 2005). Structurellement, il est attribuable
à une situation de départ extrêmement défavorable vu
la nature de son accès à l'indépendance, à un
ensemble de facteurs d'ordre sociologique, politique, démographique,
économique historiquement déterminés et à une
combinaison de choix stratégiques et de politiques économiques
explicites ou implicites qui ont inhibé le développement des
forces productives. La politique internationale hostile vis-à-vis
d'Haïti est aussi prise en compte comme un facteur défavorable au
développement du pays. En 1950, Haïti occupait déjà
la dernière place du classement des pays du continent américain
en fonction de leur revenu per capita. Cette place est maintenue jusqu'en 1980
(Ibid.).
Le taux de pauvreté est élevé entre 1981
et 2000 à environ 60 % en moyenne de la population à partir des
données locales et continue à augmenter entre 2000 et 2003. Selon
les économistes, ce déséquilibre est mécaniquement
lié au ralentissement de la croissance dû à la chute des
investissements, à la baisse de la productivité et des
exportations. Ajoutée à cela la croissance négative du PIB
par habitant et l'augmentation de la population dans un contexte d'inflation
persistante qui conduit de nouveaux ménages dans la pauvreté.
Tous les indicateurs socio-économiques d'Haïti ont abordé un
cycle long de stagnation et de difficultés énormes à
partir de 1981. L'investissement total représentait 18% en moyenne du
PIB sur la période 80-87 et a chuté en passant à environ
14 % en moyenne entre 2000 et 2003. Le PIB per capita a enregistré,
pendant la période 1987 à 2003, une décroissance de 2.1 %.
La composition de l'investissement réalisé par le Trésor
public qui cache un volume non négligeable de dépenses
courantes et la très faible productivité du secteur agricole
qui constitue encore près du tiers du PIB, mais dont les
capacités d'adaptation aux nouvelles conditions du marché se sont
révélées très limitées, sont entre autres
des facteurs qui expliquent ces piètres performances.
D'autres causes spécifiques contribuent à
reproduire et à maintenir cette situation de pauvreté. Une
énumération non-exhaustive comprendrait :
L'émiettement continu des propriétés couplé
à la stagnation technologique, la dégradation de la
qualité du sol et l'érosion, la croissance démographique
dans une économie à croissance négative,
l'accélération dans les années 90 de la tendance à
la baisse de la production et des exportations de café amorcée
dès les années 1880. Nous incluons également, la fuite de
cerveaux par l'émigration de professionnels et de techniciens
qualifiés affectant la productivité de l'économie
Haïtienne, sa compétitivité et sa capacité à
absorber l'épargne externe notamment l'assistance externe. En 2004 et
2008 le pays a connu des ouragans majeurs causant de pertes importantes en vie
et biens. Qui plus est, ces désastres ont transporté et
raviné certaines surfaces cultivables. On se rappelle les ouragans
Jeanne en 2004, Hannah et Ike en 2008, pour ne citer que ceux-là. En
2008, ces catastrophes naturelles en saison cyclonique ont causé des
dommages évalués à près d'un milliard de Dollars
US, ce qui équivaut à 15% du PIB29(*).
L'instabilité socio-politique constitue un handicap
majeur au développement du pays. Entre 1985 et 2003, le pays a connu
neuf présidents et plus d'une quinzaine de gouvernements. Ces remous
politiques affaiblissent l'autorité de l'Etat, amenuisent les
capacités de l'administration publique à travers une rotation
rapide des personnels de décision et une tendance à la
dégradation des salaires réels. Cette instabilité
politique après 1986, a provoqué par ailleurs successivement le
tassement de la croissance du secteur de la sous-traitance, sa
décroissance et enfin à sa quasi-disparition sous l'effet de
l'embargo imposé à Haïti en octobre 1991 avec disparition de
plusieurs milliers d'emplois directs et indirects. Bien que très loin
d'assurer le bien-être de la population, le pays a connu une
période de croissance positive de 1997 à 1999. Cette reprise est
due au retour à l'ordre constitutionnel et l'absence de troubles
socio-politiques. De ce fait les taux de croissance du PIB étaient de
2.7 en 97, 2.2 en 98 et 2.7 en 99 (Montas, Ibid.). Les troubles politiques qui
ont survenu en 2000 constituent un nouveau tournant dans l'économie.
C'était le début d'une période de chute libre du taux de
change. En effet, le taux croissance du PIB chute à 0.9% en 2000, pour
ensuite passé à -1.0% en 2001, -0.3 % en 2002, 0.4 % en 2003,
-3.5 % en 2004 (IHSI, 2005). En 2004, l' « opération
Bagdad30(*) » et la vague
d'incendie, de kidnapping et de meurtre qui s'en suivaient, ont
contribué, en moins d'un an, à la fermeture de plusieurs
entreprises accentuant ainsi la descente aux enfers de l'économie sur la
période (Augustin, 2008). L'émeute de la faim en 2008, a
causé un ralentissement dans le secteur des affaires, car elle a
occasionné des dégâts matériels importants dans
certaines entreprises de la place.
A ces différentes causes, il faut ajouter les
chocs exogènes dont leur impact affecte directement et durablement
certains secteurs (Montas, Ibid.). On liste dans cette catégorie
l'élimination du cheptel porcin au début des années 80 qui
a réduit substantiellement et durablement le patrimoine des paysans et
amenuisé leur capacité d'épargne, l'embargo imposé
à Haïti en octobre 1991 par la communauté internationale qui
a pratiquement affecté de façon négative l'ensemble des
secteurs d'activités et l'association d'Haïti et des Haïtiens
au SIDA par le Gouvernement américain au début des années
80. Cette dernière a causé un tort non négligeable au
secteur du tourisme en particulier.
Appliquées dans un contexte politique
inapproprié, les politiques d'ajustement structurel, n'arrivent pas
à atteindre leur objectif, selon les économistes. Au contraire
elles contribuent à maintenir le pays dans la pauvreté (Montas,
2005.). La libéralisation du commerce international et du marché
monétaire a conduit à l'apparition de biais ou de distorsions
préjudiciables à la croissance en général et
à l'atteinte d'objectifs spécifiques comme l'augmentation du taux
d'exportation, car elle n'a pas été faite dans un contexte
socio-politique propice aux investissements. Depuis 1985 on n'enregistre pas de
hausse dans l'exportation du café, ce qui autrefois constitue un facteur
glorieux pour Haïti. Joint à cela, un marché international
caractérisé par des prix extrêmement faibles. Cet
état de fait, renforce davantage la déprime des revenus. Les
termes de l'échange se sont vus manifester une tendance à la
détérioration pour Haïti à partir de 1999 à
cause, bien sûr, de ces phases de baisse du cours international.
Se posant la question sur le fait que certains pays ne
croissent pas de manière soutenue, l'économiste haïtien
Thomas LALIME (2010), s'inspirant du modèle de destruction
créatrice de Philippe Aghion et Peter Howitt en 1992, croit que la
trappe de pauvreté31(*) existant dans les pays en développement peut
provenir aussi de la malchance d'adopter la mauvaise technologie. Pour Robert
Lucas, la trappe de la pauvreté peut être due à
l'insuffisance de capital humain ; puisqu'en absence d'un niveau de
savoir-faire adéquat, l'investissement dans la machinerie n'apportera
guère de résultat (Lalime, 2010). Ces causes sont lamentables
quand on se souvient que la majorité de l'intelligentsia haïtienne
réside à l'étranger et que le système
éducatif haïtien marche à un niveau déconcertant. Et
la pauvreté en Haïti ne cesse de poursuivre son chemin.
Rappelons qu'entre 2000 et 2003 le PIB a
régressé de plus de 5 %, ce qui équivaut à une
régression de plus de 10 % du PIB par tête.
Durant cette même période les prix sont
augmentés de plus 85 % et le revenu de la majorité des
ménages accuse une dépréciation nominale de plus de 110 %.
Le salaire minimum officiel est resté fixé à 70 gourdes
depuis l'année 2000 jusqu'à 2008.
Pour mieux cerner la réalité, nous faisons une
présentation sectorielle de l'économie haïtienne pour la
période 2000-2009 dans les paragraphes qui suivent.
9.2.3 Présentation sectorielle de
l'économie haïtienne
L'économie haïtienne se repose sur trois (3)
secteurs : Primaire, secondaire et tertiaire. Dans cette section nous
présentons les secteurs de l'économie haïtienne en fonction
de leur part dans le produit intérieur brut pour la décennie sous
étude.
a) Le secteur primaire
Selon la classification des comptes nationaux de l'Institut
Haïtien de Statistiques et d'Informatique (IHSI), le secteur primaire
regroupe l'agriculture, la sylviculture, l'élevage, la pêche et
les industries extractives. L'histoire d'Haïti retient de bons souvenirs
dans ce secteur. Pourtant, ce pays qu'on disait essentiellement agricole, l'est
de moins en moins. Depuis des années, l'apport du secteur primaire dans
lequel s'inscrit l'agriculture dans le PIB décroît de plus en
plus. Plusieurs causes sont à la base de cette
décrépitude. On note par ailleurs, la faiblesse des politiques
agricoles qui maintiennent l'archaïsme dans les systèmes de
production, l'érosion et le ravinement des surfaces cultivables, la
libéralisation du commerce qui favorise l'entrée sur le
marché local des produits importés, lesquels ne peuvent pas
évincés par les produits nationaux. La part de l'agriculture dans
le PIB est passée de plus de 50% en 1975/76 (Augustin, 2008) à
moins de 23.6 % en 2009 (IHSI, 2010). La part du secteur primaire dans le
produit intérieur brut est donnée dans le tableau
suivant pour la période 2000 à 2009.
Tableau 1: Part du secteur
primaire dans le PIB de 2000 à 2009 (en %)
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Part dans le PIB
|
26,2
|
26,7
|
25,8
|
25,7
|
25,4
|
25,6
|
25,4
|
25,1
|
23,1
|
23,6
|
Source: IHSI
Comme vient de décrire le tableau, le secteur primaire
contribue seulement à environ un quart (¼) du PIB.
b) Le secteur secondaire
Le secteur secondaire comprend les industries
manufacturières, électricité et eau, bâtiment et
travaux publics. A cause de la faiblesse de l'investissement, les industries ne
représentent pas une quote-part importante dans le PIB haïtien. Ce
secteur est le moins performant en matière de création de
richesses et d'emplois. Au cours de la période d'étude, sa part
dans le PIB flotte autour de 16 %. Sa contribution dans le PIB est
résumée dans le tableau suivant :
Tableau 2: Part du secteur
secondaire en % du PIB de 2000 à 2009
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Part dans le PIB
|
15,3
|
15,03
|
15,6
|
15,7
|
15,9
|
16,0
|
15,09
|
15,7
|
15,9
|
16,1
|
Source: IHSI
c) Le secteur tertiaire
Ce secteur est le plus important de l'économie
haïtienne. Il regroupe, selon la classification des comptes nationaux par
l'IHSI, le commerce, les restaurants et les hôtels, le transport et
communications, et les autres services marchands. Sa contribution dans le PIB
se chiffrait depuis plus de dix ans autour de 51 % en moyenne. Tous les
économistes sont unanimes sur le fait que ce secteur représente
la quote-part la plus importante du revenu national. Voici
synthétisée dans le tableau suivant sa contribution en % dans le
PIB.
Tableau 3: Contribution du
secteur tertiaire en % du PIB de 2000 à 2009
Année
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
% PIB
|
50,8
|
50,9
|
51,6
|
51,5
|
51,4
|
51,1
|
51,4
|
51,8
|
53,5
|
52,6
|
Source: IHSI
De nos jours on parle de la tertiairisation de
l'économie haïtienne et ce, malgré son faible niveau de
production. L'émergence du secteur de la communication, notamment avec
l'arrivée de nouveaux opérateurs téléphoniques,
contribue à amplifier le dynamisme du secteur tertiaire. A
côté de cela, les activités du secteur informel, la
diversification des services bancaires, l'amélioration des services de
la filière hôtelière, favorisent beaucoup la croissance du
secteur. Cependant, il existe un fait singulier dans ce secteur. Dans tous les
pays où le secteur tertiaire est en progression, cela implique un effet
domino sur les autres secteurs, alors qu'en Haïti le secteur tertiaire
évolue sans égards aux autres secteurs. Il est très loin
le jour où le revenu national se répartissait en part
proportionnelle entre agriculture, industrie et services avec un niveau
d'emploi de plus en plus élevé et satisfaisant dans le secteur
agricole. Certains économistes pensent que cela est dû au fait
qu'on utilise dans la production des services, les matières
premières importés et qu'en plus le commerce se base sur la
revente des marchandises fabriquées et achetées ailleurs.
L'Association Haïtienne des Economistes (AHE) retient
les causes suivantes de cette tertiairisation à l'haïtienne :
l'exode rural, la vulnérabilité du secteur agricole par rapport
aux changements climatiques, la dégradation de l'environnement, les
constructions anarchiques sur les surfaces cultivables, l'absence de structure
sociale économique des zones rurales et l'absence d'accompagnement
systématique des agriculteurs. Selon l'AHE, cela ne fait qu'enfoncer
davantage le pays sous la dépendance de l'importation. Le graphique
suivant donne une idée sur la différence existante entre les
secteurs de l'économie en termes de contribution dans le PIB.
Graphe
1 : Contribution centésimale des différents secteurs
de l'économie haïtienne
Source: élaboré suivant les données
de l'IHSI
Dans la présentation sectorielle, il y a une
disparité énorme entre la contribution de chacun des secteurs
économiques. Mais, cette présentation centésimale permet
seulement de voir le fossé existant entre la contribution de chaque
secteur et leur évolution sur la période. Le PIB et le classement
selon l'IDH permet mieux de situer le pays en matière de
développement. Les paragraphes suivants décrivent
l'évolution du PIB et le classement selon l'IDH de 2000 à 2009.
9.2.4 Le PIB et l'indice de
développement humain
Comme il est étudié dans le premier chapitre,
le développement ne tient pas seulement compte de la santé
économique d'un pays. S'il est vrai que le PIB mesure la tendance
économique sans se soucier des autres aspects de la vie des gens, l'IDH,
malgré ses limites, est l'indicateur le plus utilisé pour mesurer
le développement économique et social d'un pays. L'IDH permet
aussi de faire la comparaison du niveau de vie entre plusieurs pays,
grâce au classement réalisé par le PNUD sur une base
annuelle. Ainsi l'IDH chiffre-t-il le développement en prenant en compte
les critères de longévité et de santé
mesurés par l'espérance de vie à la naissance ; le
niveau d'éducation mesuré par l'alphabétisation des
adultes et la scolarisation au niveau primaire, secondaire et
supérieur ; et le niveau de vie décent mesuré par le
niveau du revenu per capita en parité du pouvoir d'achat (PPA). Le
classement annuel situe Haïti depuis des années au rang des pays
où l'on vit en dessous du seuil de pauvreté.
Selon les données32(*) de 2004 de l'IHSI, la population d'enfants
âgés de moins de 5 ans est évaluée à 935 000
dont 339 800, soit 36.34 %, ne sont pas pris en charge par le système
d'éducation en place. Dans le primaire, la population d'enfants
âgés de 6 à 12 ans non scolarisés
s'élève à environ 558 163, soit 37.7 % de la population
scolarisable, avec une très forte concentration (463 163) en milieu
rural. Sur 122 311 élèves admis au secondaire en 2004, seulement
81 709 d'entre eux, soit 66.8 % de l'effectif ou 18 % de la cohorte de
départ, ont été reçus au secondaire compte tenu de
la limitation de la capacité d'accueil de ce niveau d'enseignement. En
dernière année de secondaire, l'université d'État a
pu accueillir 2 300 étudiants de cette promotion d'élèves
et environ le double a pu entrer dans le privé. La demande non
satisfaite est donc de l'ordre de 8 600 élèves, soit 55.5 % de
l'effectif, au niveau supérieur et universitaire pour la seule
rentrée académique de 2004. En 2007, on compte 23 sections
communales sans aucunes écoles et 145 sans écoles publiques.
Du côté de l'emploi, il existe une
prédominance privée. Selon les chiffres publiés par l'IHSI
relatifs à l'enquête sur les conditions de vie en Haïti
(ECVH) en 2003, le secteur public ne comptant que pour 2.8% des actifs
occupés et les actifs occupés se concentrent très
fortement dans l'auto-emploi, 77.4%. Parallèlement, l'emploi dans les
entreprises privées hors entreprises familiales concerne 11% des actifs
occupés.
En milieu rural 85.7% des emplois sont dits emplois à
compte propre et on compte 71.3% les villes de province. Et près d'un
tiers 31.2% des actifs occupés de l'Aire Métropolitaine
travaillent dans des entreprises privées contre 13.8% dans les autres
villes et 4.2% en milieu rural.
Par ailleurs, le travail à compte propre est plus
fréquent chez les femmes (83% contre 73.2% chez les hommes) et est
particulièrement associé aux individus n'ayant aucun niveau
d'étude (90.4% contre 54.4% de ceux ayant achevé au moins une
année d'études secondaires). En fait, le salariat est
plutôt un phénomène urbain: respectivement 43.3% et 24.1%
des actifs occupés de l'Aire Métropolitaine et des autres villes
sont des salariés contre 6.8% en milieu rural. Aussi, l'enquête
révèle-t-elle que sur chaque 100 personnes interrogées
seulement 37 se disent avoir un emploi contre 27 chômeurs. Le
chômage est monnaie courante surtout chez les jeunes. On dénombre
plus de 50% de chômeurs parmi les ménages de 15 à 24 ans
alors que le taux ne dépasse pas 25 % pour la population de plus de 30
ans (IHSI-ECVH, 2003). Le revenu per capita en 2009 est de $US 64633(*) en parité du pouvoir d'achat, le plus faible
de la région.
Le risque en matière de santé est resté
très élevé malgré les efforts pour lutter contre la
tuberculose, le paludisme et le VIH-SIDA. Le taux de mortalité avant 5
ans est de 85 % en 2002. Le taux de mortalité infantile exorbitant est
dû au fait que seulement 24 % des accouchements sont assistés par
un personnel médical qualifié. L'espérance de vie à
la naissance est de 49,1 ans pour les hommes et 55,0 ans pour les femmes.
Ces indicateurs sont très alarmants, mais ils ne
pourraient pas être différents lorsque l'on sait que le pays
présente un déficit important en ce qui a trait à
l'accès aux services sociaux de base : éducation, eau,
santé, assainissement. A peine deux (2) communes sur 133 en 2002
bénéficient d'un niveau d'accès moins faible. Dans le
tableau suivant nous présentons l'évolution du PIB et du PIB per capita de 2000 à 2009.
Tableau 4: Evolution du PIB et du PIB par tête
de 2000 à 2009
Année
|
PIB en millions de gourdes De 86-87
|
PIB per capita en dollars*
|
2000
|
13 138
|
396
|
2001
|
12 991
|
367
|
2002
|
12 968
|
327
|
2003
|
13 015
|
289
|
2004
|
12 557
|
372
|
2005
|
12 783
|
410
|
2006
|
13 071
|
479
|
2007
|
13 508
|
578
|
2008
|
13 622
|
612
|
2009
|
14 015
|
604
|
Sources : IHSI, OMD, 2009
*
http://fr.kushnirs.org/macroeconomie/gdp/gdp_haiti.html#t1, page consultée le 15 juin 2014
Graphe 2 : Evolution du PIB per
capita en dollars US
Source : Tableau 4
Le graphe 2 montre l'évolution du PIB per capita sur
l'ensemble de la décennie qui fait l'objet de notre étude. Un
simple coup d'oeil montre la décroissance du PIB par habitant pour les
quatre (4) premières années. A partir de 2004, une reprise a
été opérée au sein de l'économie nationale
et le PIB affiche une situation de croissance. Cette tendance à la
hausse est maintenue pour le reste de la période d'étude. Cela ne
veut pas forcément dire que les conditions de vie se sont
améliorées pour autant. D'autres facteurs peuvent influencer les
conditions de vie des gens. C'est pourquoi le PNUD préfère l'IDH
comme un indicateur plus approprié pour mesurer le développement
économique et social, malgré ses limites. Dans le tableau
suivant, il est présenté l'évolution de l'IDH d'Haïti
selon le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour
la période d'étude.
Tableau 5:
L'évolution de l'IDH d'Haïti et son classement de 2000 à
2009
Année
|
Rang
|
IDH
|
00
|
150
|
0,440
|
01
|
134
|
0,467
|
02
|
146
|
0,471
|
03
|
150
|
0,467
|
04
|
153
|
0,463
|
05
|
153
|
0,406
|
06
|
154
|
0,433
|
07
|
149
|
0.443
|
08
|
146
|
0,445
|
09
|
149
|
0,410
|
Source : PNUD
Selon la modalité de classement du PNUD, un pays dont
l'IDH est inférieur à 0,507, est un pays à faible
développement humain, c'est-à-dire le niveau de vie est
très faible. Dans le tableau précédent on a pu constater
qu'Haïti fait face à une situation très grave en termes de
développement humain.
Après cette description de la situation
économique qui suscite des pleurs, place maintenant à
l'environnement social d'Haïti.
9.3 L'environnement
social d'Haïti
Sur le plan social, nous retenons deux problèmes
majeurs en Haïti : pauvreté et inégalités.
Selon les économistes, la pauvreté est la résultante des
inégalités qui règnent dans le pays sous toutes ses
formes. Mais la conception de la pauvreté qui parait la plus
appropriée dans l'analyse des liens entre pauvreté et
inégalité est celle de pauvreté humaine ou sociale
développée principalement par A. Sen (MPCE, p.8, 2006b).Ces
problèmes résultent d'un affaiblissement de l'appareil
étatique qui n'élabore pas des politiques de développement
pouvant atterrir chez les couches les plus vulnérables. La
majorité de la population n'ont pas accès aux services sociaux de
base, tels : l'eau potable, les soins de santé, éducation,
l'électricité, l'information etc. Un taux élevé de
la population vit dans le chômage et dans la misère. Le pays
présente une situation sociale très dramatique comme il est
d'ailleurs aussi le cas sur le plan économique. Les unités de la
population se diffèrent suivant le sexe, les zones de résidence,
les structures de consommations, le niveau d'éducation, la distribution
du revenu etc. Les lignes qui suivent analysent ces phénomènes en
mettant en exergue les indicateurs qui permettent de les
caractériser.
9.3.1 Inégalités et
Pauvreté
Les problèmes sociaux d'Haïti sont très
nombreux. Dans le cadre de cette étude nous abordons à tour de
rôle les problèmes d'Inégalités et de
pauvreté.
a) Inégalités
Il est depuis bien des temps admis que les pays
présentant des difficultés dans leur processus de
développement sont ceux dans lesquelles les inégalités
sont très fortes dans leur structure sociale. Adam Smith
déjà, dans la Richesse des Nations, voyait dans les
inégalités et la pauvreté un obstacle au progrès et
au bien-être dans un pays (Ibid., p.5). Haïti, Inde et Brésil
sont des pays dans lesquelles existent de fortes inégalités.
L'économiste indien, prix Nobel d'économie de 1998, Amartya Kumar
Sen, dans sa conception sur la pauvreté humaine ou sociale fait
révéler l'existence des liens entre pauvreté et
inégalités. D'autres courants sont aussi d'avis de nos jours, que
les inégalités ne favorisent pas réellement la croissance
comme on l'entendait jadis. Nombreux sont ceux qui admettent l'existence d'une
corrélation entre les inégalités et la pauvreté
haïtienne. Le coefficient de Gini qui est un des indices mesurant les
inégalités indique un niveau d'inégalités de 0.5
pour Haïti, comparé à 0.49 pour le Brésil. Selon le
principe, plus le coefficient est élevé, plus
élevés sont les inégalités (Ibid., p.6). Donc,
Haïti est en proie à de très fortes
inégalités. D'après le MPCE, quatre (4) formes
d'inégalités sont constatées en Haïti :
1) Une première forme qui revoit à la profonde
différenciation urbain/rural, inégalités spatiales ;
2) Une deuxième forme relative au genre qui partent de
différences d'abord biologiques, se transplantent sur les plans social
et économique et se différencient quelque peu avec l'âge et
le milieu de vie urbain/rural,
3) La troisième est une lutte de classe, basée
sur la problématique des classes moyennes. Ce sont les
inégalités pauvres / non pauvres.
4) Enfin, les inégalités liées aux
catégories socioprofessionnelles qui font intervenir le mode d'insertion
dans l'activité économique lequel est aussi lié aux
capacités individuelles, aux structures économiques et au niveau
de développement du marché du travail.
Toutes ces formes d'inégalités n'ont pas la
même ampleur dans le tissu social haïtien. Il existe des
inégalités globales, inter et intra groupe, des
inégalités de revenu correspondant aux inégalités
de conditions et de niveau de vie, et les inégalités
monétaires qui ont leur racine dans les inégalités
d'opportunités et de capacités. Des études montrent que
les inégalités monétaires et de capacité, sont
révélées plus importantes que les inégalités
de consommation en raison principalement des différences culturelles et
dans l'accès aux biens et services.
Le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance
et la Réduction de la Pauvreté, rapporte que les
inégalités de revenu ou de consommation contribuent pour 17% aux
inégalités totales alors que les inégalités
spatiales y contribuent pour 83% (MPCE, p.32, 2007). Les
inégalités entre les catégories socioprofessionnelles
expliquent 6.38% des inégalités totales. Celles relatives
à l'âge et au genre ont une contribution nettement faible, soit de
1% en ce qui a trait à l'âge (Id.).
Selon le ministère de la planification et de la
coopération externe (MPCE), dans sa publication
inégalités et pauvreté en Haïti (2006), les
inégalités de consommation sont moins élevées que
les inégalités de revenu. Le coefficient de Gini indique un
niveau d'inégalités de revenu de 0.653 sur la base de l'ECVH
(2001) et 0.476 pour les inégalités de consommation sur la base
de l'EBCM (2000). Selon cette même étude, les
inégalités de revenu sont plus importantes dans les aires rurales
(Gini : 0.629) que la région métropolitaine (Gini : 0.523),
mais moins importantes dans les autres urbains (0.639) ; tandis que les
inégalités de consommation sont plus élevés dans
l'aire métropolitaine (0.550) contre (0.411). Ce qui traduit une plus
grande différenciation des niveaux de vie des ménages dans l'aire
métropolitaine que dans les autres milieux.
b) Pauvreté
Pour les économistes et les gouvernements, la
pauvreté est une préoccupation majeure depuis toujours (Falcucci,
2012). Le concept de pauvreté présente beaucoup
d'ambiguïté en vue d'une définition. Jean ETIENNE et al.
dans le dictionnaire de sociologie (1997), définissent la
pauvreté comme étant « le seuil en deçà
duquel l'existence biologique est menacée ». Pour ces auteurs,
le pauvre est vu comme celui qui ne peut accéder aux biens de
premières nécessités : alimentation, santé,
éducation, logements etc (Visene, 2003)34(*). Au sens d'Amartya Sen, le pauvre est donc un
individu qui souffre d'un défaut de capacités à avoir
accès aux ressources et à pouvoir les utiliser (autrement dit les
convertir en « capabilités ») pour assurer les «
fonctionnements » (c'est-à-dire des accomplissements physiques
élémentaires, comme être en bonne santé, et d`autres
de nature sociale, comme participer à la vie en société
(Paul, p.47, 2011). On distingue la pauvreté monétaire de la
pauvreté humaine.
La littérature des sciences économiques
catégorise deux grands niveaux de pauvreté, la pauvreté
relative et la pauvreté extrême ou absolue. La pauvreté
extrême est la situation des gens vivant avec moins de 1 $ par jour, en
parité du pouvoir d'achat. Dans l'autre niveau, les gens vivent avec
moins de 2 $ PPA et par jour. La lutte contre la pauvreté et les
inégalités constitue pour Haïti un défi majeur (MPCE,
2006).
Le DSNCRP révèle, se basant sur l'ECVH (2001),
qu'en 2001, 56% de la population Haïtienne, soit 4,4 millions d'habitants
sur un total de 8.1 millions, vivait en dessous de la ligne de pauvreté
extrême de 1$ US PPA par personne et par jour. Sur 10 personnes, on
estimait qu'environ 7,6 étaient considérées pauvres,
c'est-à-dire ne disposant pas de 2$ US PPA par personne et par jour, 40%
des plus pauvres de la population n'ont accès qu'à seulement 5.9%
du revenu total, tandis que les 20% les plus nantis captent 68%. Ainsi 80% de
la population ne dispose que de 32% des revenus et que les 2% les plus riches
seraient en possession de 26% du revenu total (MPCE, pp.14-15, 2007).
En 2005, Haïti avait régressé dans
l'échelle du développement passant du 146e rang en 2000 au 153e
rang. L'IHSI, conjointement avec le Centre Latino-Américain de
Démographie (CELADE) et l'UNFPA, estime l'espérance de vie
à la naissance à 58,1 (2000-2005), sur la base des données
du Recensement de 2003 (Id.). La mortalité maternelle est passée
de 457 à 630 pour 100 000 naissances vivantes entre 1990 et 2005. En
2003, le taux d'analphabétisme est de 39%, le taux des enfants
scolarisés est de 49% parmi les enfants en âge de
fréquenter l'école. Ce qui est la conséquence d'un manque
de capacité réceptive des institutions scolaires. De la
population âgée de 6 à 24 ans une frange de 45%
fréquentait un établissement scolaire ou universitaire. La
majorité de la population n'arrive pas à se procurer la ration
alimentaire minimale établie par la FAO, savoir 225 kg de calorie par
an et par individu35(*).
La diminution progressive de la couverture forestière,
la malnutrition des enfants, la baisse moyenne annuelle du produit réel
per capita et de la consommation moyenne, sont d'autres indices
révélateurs d'une dégradation des conditions de vie.
9.4 L'environnement
socio-économique à Carrefour
Pour ce qui est de la commune de Carrefour, qui concerne
notre cas d'étude, la situation socio-économique n'est pas
différente de celle d'Haïti dans son ensemble. Nous allons faire
une présentation synthétique de certaines ressources et
infrastructures servant de base au développement.
Sur le plan de l'éducation, près de 534
établissements scolaires ont été inventoriés dans
la commune, dont 60 écoles préscolaires, 290 écoles
primaires et 184 écoles secondaires. Une proportion de 93,1 % des
institutions inventoriées dans la commune est privée. Parmi les
établissements scolaires répertoriés, sont
identifiés 114 écoles techniques et professionnelles, une
université, et 12 écoles supérieures, selon l'IHSI (2007)
rapporté dans le Plan d'Investissement Municipal (PIM) en 2011.
En termes d'infrastructures sanitaires, la commune de
Carrefour est dotée de 109 établissements sanitaires dont 4
hôpitaux, 31 centres de santé sans lits, 17 centres de
santé avec lits, 48 cliniques et 3 dispensaires.
Pour ce qui est des ressources en eau, 8 rivières, 105
sources, 4 lagons, 24 puits artésiens, 8 fontaines publiques, environ
284 puits ordinaires ont été inventoriés dans la commune.
La commune a une bonne réputation pour la disponibilité de l'eau
dont elle jouit.
En gros, le commerce prédomine l'ensemble des
activités économiques de la commune. Les établissements
commerciaux sont très nombreux, selon ce qu'ont
révélé les données de l'IHSI en 2007. Parmi les 1
857 établissements répertoriés, on compte 1 019 boutiques
de toutes tailles, 329 dépôts de provisions alimentaires, de
boissons gazeuses, de friperie (pèpè), de ciment et de
clairin, 122 bars/restaurants, 113 pharmacies et 82 centres de provisions
alimentaires.
La commune dispose également d'autres infrastructures
socio-économiques dans les domaines touristiques, sportifs, de
l'électricité, de communication, des établissements de
services etc.
9.5
L'évolution de la microfinance en Haïti dans le contexte
socio-économique36(*).
La microfinance en Haïti est globalement assurée
par deux sortes d'institutions, celles de type coopératif et celles de
type non-coopératif. Mais, il existe des circuits informels autonomes
qui sont les systèmes de tontine, appelés sabotage (tour
quotidien) ; les prêts personnels à taux nuls ou sol (tour
hebdomadaire ou mensuel) ; le recours aux usuriers ou à la mise en
dépôt d'objets de valeur, en vue de contacter des prêts
personnels, couramment appelé bric-à-brac (plàn en
créole).
L'élaboration de la première loi sur les
coopératives et la création de la première
coopérative en 1937, marque le début de la microfinance en
Haïti. La méthodologie Caisse Populaire, d'origine
franco-canadienne utilisée par le mouvement, a été
initiée pour la première fois en 1946 à Jacmel. Ainsi,
à côté des autres coopératives (production,
service...), les coopératives d'épargne et de crédit sont
aussi connues sous le label de caisse populaire. Il a fallu attendre les
années 1950 pour assister à l'émergence d'un mouvement
coopératif et du crédit en Haïti. Cependant, l'idée
de coopération a été officialisée en Haïti
à partir de septembre 1953, lorsque le sénat a adopté une
loi créant le Conseil National de la Coopération (CNC). En 1993,
environ 79 caisses ont été recensées dans le pays. Elles
atteignent le nombre de 348 en 1999. Le décret-loi de juin 1995 relatif
à la libéralisation des taux d'intérêts, a
créé un tournant sans précédent dans le
système financier haïtien. On se voit émerger ce qu'on peut
appeler les « coopératives d'investissement et de placement »
par de nouveaux groupes de coopérateurs (en grande partie des
professionnels venus du secteur bancaire et financier formel), se
dénommant des réformateurs, ont formé des caisses
opérant prioritairement dans les investissements et les placements.
En 2001, le secteur coopératif allait être
généralisé dans le pays avec l'apparition massive de ces
institutions dont leur principale activité était la collecte de
l'épargne sous formes de dépôts à terme à des
taux faramineux, variant entre 10 et 15 % le mois. CADEC, CUCEC et CEI sont
les plus connues d'entre elles. Le fonctionnement de ces institutions a
dérogé le décret du 02 avril 1981 sur le fonctionnement
des coopératives qui obligent les administrateurs des caisses populaires
à employer la quasi-totalité de leurs ressources dans les
opérations de crédit aux membres. Des haïtiens venaient
d'horizons divers pour se faire procurer d'un compte dans l'une des
institutions de coopératives. Des citoyens de la classe moyenne et de la
diaspora haïtienne trouvent tous les moyens pour profiter de ces avantages
promus ; certains ont même vendu leurs maisons et/ou d'autres actifs
importants. A cause de cette mauvaise gestion ou encore ce désordre
institutionnel au sein de ce secteur, certaines coopératives ne peuvent
pas tenir leurs promesses et se sont fermées les portes. L'Etat a
dû intervenir par l'entremise de CNC-institution régulatrice des
coopératives- et la BRH en vue de prendre des mesures pour redresser
cette situation et pour ne pas perdre définitivement le secteur
coopératif. Deux principales associations, CONASOVIC et ANFVC, ont
été mises sur pied en vue de réclamer justice et
réparation pour les sociétaires victimes des coopératives,
mais n'ont jusqu'à présent pas pu avoir le remboursement complet
des milliers d'individus appauvris par cette situation de désordre
institutionnel.
Les coopératives représentent la majeure partie
des prestataires de services de Microfinance en Haïti. Leur nombre est
estimé en 1999 à 348 et elles
disposent d'une législation leur permettant de collecter volontairement
les fonds de ses membres.
Le secteur non-coopératif, quant à lui, a vu le
jour au cours des années 79-80 avec la création de la Fondation
Haïtienne de Développement (FHD), dont ses activités ont
démarré en1981. Cette fondation octroie du crédit aux
personnes exclus du système traditionnel. En 1982, ce mouvement est
renforcé avec la création du Fonds Haïtien d'Aide à
la Femme (FHAF), dans l'objectif d'accorder du crédit aux femmes
commerçantes de la Capitale, grâce au support d'un organisme
international, la Women's World Banking et l'Inter-American
Foundation.
Ce mouvement s'accélère au début de la
décennie 1990. De nouvelles structures interviennent pour offrir du
crédit au secteur informel et en milieu rural. D'autres IMF sont
apparues ensuite à la fin du 20ème et au début
du 21ème siècle. Elles sont des associations, des
fondations, des organisations non-gouvernementales (ONG), des unités de
microfinance au sein de banques commerciales et de banques gouvernementales, ou
des sociétés de droit privé. D'après l'ANIMH, on a
recensé une vingtaine d'IMF en 2002. Les méthodologies de
crédit utilisées sont le crédit individuel, Groupe
solidaire, Banque Communautaire et mutuelle de solidarité.
Contrairement au secteur coopératif, les IMF n'ont pas
de cadre réglementaire leur permettant de collecter l'épargne
publique. Cette contrainte majeure et beaucoup d'autres, créent une
situation de déséquilibre; une demande forte, contre une offre
faible.
Toutefois, la structuration des IMF (coopératives ou
non-coopératives) en Haïti est assurée grâce au
support de certains programmes d'organismes internationaux tels que :
l'aide de l'USAID (Haïti MSME et Haïti HIFIVE), de l'Union
Européenne (Programme de renforcement intégré du milieu
des affaires, PRIMA) avec un Budget de 10,4 millions d'euros et de l'AFD
(projet à l'endroit d'ANIMH et BRH, 2007-2010) avec un budget de 2
millions d'euros, entre autres.
Bien que les informations disponibles ne soient
généralement pas exhaustives et sont souvent issues d'estimations
ou d'inférences à partir d'échantillons d'études.
On retient que le sous-secteur coopératif qui se compose de 222 IMF,
représentait 337 126 membres en 2007, les coopératives
affiliées à l'ANACAPH représentaient 309 160 membres en
décembre 2009 pour 40 IMF. La clientèle de crédit des CEC
membres de l'ANACAPH représentaient 28 648 individus au 31 mars 2007.
Les IMF non-coopératives affiliées à l'ANIMH
représentaient une clientèle de 94 671 emprunteurs en avril 2006.
Ce nombre est passé à 125 691 emprunteurs en septembre 2009, soit
un accroissement de plus de 32 % en trois (3) ans.
9.5.1 Panorama du secteur financier
haïtien37(*)
Le secteur financier haïtien, est
représenté par des institutions bancaires et des structures
financières non bancaires. Cependant dans le cadre de cette étude
nous présentons le secteur financier à partir d'une typologie
basée sur la structure institutionnelle:
3.4.1.1. Les banques commerciales
Les banques haïtiennes, placées toutes sous la
supervision de la Banque de la République d'Haïti (BRH), sont les
institutions les plus structurées du pays. Elles sont régies par
le décret-loi bancaire du 14 novembre 1980. Elles ont des
systèmes de gestion très efficaces, des ressources humaines
qualifiées et disposent des ressources matérielles
appropriées.
On distingue:
· Deux (2) banques commerciales d'Etat :
1) Banque Nationale de Crédit (BNC)
2) Banque Populaire Haïtienne (BPH)
· Sept (7) banques commerciales à capitaux
privés haïtiens :
1) Capital Bank
2) Banque Industrielle et commerciale d'Haïti (BICH)
3) Banque de l'Union Haïtienne (BUH)
4) Banque de Promotion Commerciale et Industrielle
(PROMOBANK)
5) Société Caribéenne de Banque
(SOCABANK)
6) Société Générale Haïtienne
de Banque (SOGEBANK)
7) UNIBANK
· Deux (2) banques d'épargne et de logement
à capitaux privés haïtiens :
1) Société générale haïtienne
des banques d'épargnes et de logement (SOGEBEL)
2) Société caribéenne des banques
d'épargnes et de logement (SOCABEL)
· Deux (2) filiales de banques
étrangères :
1) Bank of Nova Scotia (SCOTIABANK)
2) CITIBANK N.A. (CBNA)
3.4.1.2. Les institutions
financières non-bancaires réglementées
1) Le Fonds de Développement Industriel, (FDI) ;
2) La Société Financière Haïtienne
de Développement Economique et Social
(SOFIHDES) ;
3) Le Bureau de Crédit Agricole (BCA) ;
4) Deux quasi-banques : Société
Haïtienne d'épargne et de crédit (SHEC), le crédit
coopératif (CREDICOOP) qui sont des coopératives offrant des
services bancaires ;
5) Les coopératives, coiffées par le conseil
national des coopératives (CNC).
3.4.1.3. Les circuits informels ou
autonomes
Ils sont peu étudiés dans ce document. Ces
circuits sont de divers types :
- Les systèmes de tontine, appelés sabotage
(tour quotidien) ;
- Les prêts personnels à taux nuls ou sol (tour
hebdomadaire ou mensuel) ;
- le recours aux usuriers ou à la mise en
dépôt d'objets de valeur, en vue de contacter des prêts
personnels (Bric-à-brac, plàn).
3.4.1.4. Les institutions de financement
décentralisé ou institutions de microfinance
Les institutions de financement décentralisé ou
institutions de microfinance IMF, formant le secteur financier
intermédiaire, revêtent un assortiment de formes institutionnelles
de type coopératif (les coopératives d'épargne et de
crédit) et de type non coopératif. Ce secteur
intermédiaire est le résultat d'une intervention externe aux
bénéficiaires (dans la conception, les cadres ou le financement)
même si les bénéficiaires sont souvent impliqués
dans la gestion du système.
a) Les institutions de type
coopératif
Les coopératives d'épargne et de crédit
(CEC) ou caisses populaires constituent la forme institutionnelle la plus
commune et la plus ancienne dans la microfinance. Selon la loi, une
coopérative d'épargne et de crédit (CEC) est une
coopérative financière dont l'objet est l'intermédiation
qui a pour but de recevoir des fonds de ses sociétaires et de leur faire
crédit ; son existence légale vient du Conseil National des
Coopératives (CNC) et de la Banque de la République d'Haïti.
En 2001, un grand nombre a fait faillite et ferme leurs portes. Celles qui ont
survécu sont presque totalement membres du réseau d'Appui aux
Coopératives d'Epargne et de Crédit Haïtiennes (ACOOPECH) et
de l'ANACAPH. Parmi les caisses du réseau ANACAPH on peut citer :
KOTELAM (1989), KEPOMEK, CECACHE (1997), MAMEV, CO SODEV.
b) Les institutions de type
non-coopératif
Les institutions de type non coopératif ont vu le jour
au début des années 80 avec la Fondation Haïtienne de
Développement (FHD), qui démarra ses activités en1981 et
le Fonds Haïtien d'Aide à la Femme (FHAF) créé en
1982. On y compte :
-Les associations
Elles sont au nombre de cinq (5) dans la micro-finance, elles
ont leur siège social à Port-au-Prince, et quatre (4) d'entre
elles, pratiquant uniquement ou également la méthodologie de
Banque Communautaire, interviennent en milieu rural. Ce sont :
1) Le Groupe Technologie Intermédiaire d'Haïti
(GTIH), 1996 ;
2) L'Association pour la Coopération avec la
Micro-entreprise (ACME) créée en 1997 ;
3) Les Ateliers Pilote de Technologie - Crédit (APTECH)
;
4) Le Collectif Développement, (CODE) ;
5) Le Groupe d'Appui pour l'Intégration de la Femme du
Secteur Informel (GRAIFSI), créé en 1992 et intégrant la
microfinance en 1995.
-Les fondations
Quatre (4) structures sont répertoriées à
titre de fondation :
1) La Fondation Haïtienne de Développement (FHD),
qui démarra ses activités en 1981 avec un fonds de l'USAID ;
2) Le FODEPE ;
3) La Fondation Kole Zèpol, FONKOZE, (1996).
4) Sèvis Finansye Fonkoze (SFF), (2010)
-Les Organisations Non-Gouvernementales
(ONG) :
1) Le Fonds Haïtien d'Aide à la Femme (FHAF)
créé en 1982,
2) L'Action contre la misère (ACLAM) qui démarra
ses activités de microfinance en 1993,
3) MEDA (1996),
4) Catholic Relief Services (CRS) 1997,
5) Service and Development Agency Inc. (SADA) 2000,
6) Concern Worldwide Haiti,
7) Pwogram Fomasyon pou Oganizasyon Dyakona,
8) World Relief/MED,
9) Initiative Développement Programme de St Martin
(ID).
10) Foundation INternational for Community Assistance
Haïti (FINCA-Haiti)
11) FONDESPOIR, 1995
- Les banques
Les banques commerciales se sont aussi lancées dans le
domaine de la microfinance :
1) La banque de l'Union Haïtienne (BUH) avec son produit
intégré «Kredi popilè» (1997);
2) En 1999, le Micro Crédit National (MCN) filiale du
Groupe Financier National (GFN) avec un fort actionnariat de la Unibank ouvre
ses portes ;
3) Le Groupe Sogebank, sous le label d'une
société anonyme de service, Société
Générale de Solidarité S.A. (SOGESOL),
qui démarre ses activités de microfinance en 2000.
4) La banque populaire haïtienne (BPH), Kredi pou tout
moun, créé en 2002.
5) Micro Crédit Capital (MCC), Dernière division
du groupe Capital Bank créé en 2003.
- Les institutions religieuses
Une (1) institution religieuse, la Coordination de l'Eglise
Méthodiste d'Haïti (COD-EMH) initie en 1992 ses activités de
microfinance. Cependant, l'on retrouve des programmes de microfinance assez
importants au niveau des Caritas diocésaines qui représentent
l'église Catholique. Ces programmes sont présentés
globalement à travers le CRS, mentionné plus haut, dans la
rubrique des ONG.
Le recensement sur l'industrie de la microfinance
haïtienne pour l'année 2008-2009 réalisé par l'USAID
en 2011, résume le cadre institutionnel de la microfinance en Haïti
en 2011 comme suit:
- Les organes de régulation et de supervision (CNC,
BRH, le Ministère de la Coopération Externe)
- Les institutions d'encadrement technique et associations
d'IMF (DID, ANACAPH,
FENACAPH, ANIMH, KNFP) et différents projets et
programmes (Haïti MSME, PRIMA)
- Les bailleurs de fonds nationaux et internationaux (FDI,
Union Européenne, USAID, Banque Mondiale, l'Agence Canadienne de
Développement International (ACDI), FIDA, Coopération Allemande,
BID, Plan International, AFD, AECID, etc.)
- Les grossistes qui, recevant des fonds nationaux et
internationaux, font des prêts en gros à des IMF (appelés
en la circonstance opérateurs), à des fins de sous-prêts
à des individus ou microentreprises.
Plus de trois cents (300) institutions de microfinance
répertoriées réparties sur tout le territoire (ANIMH,
2008) :
-Plus de deux cents caisses populaires
-Près d'une trentaine d'ONG/Fondations/Associations
et
-Quatre (4) Filiales/Satellites/Unités
spécialisées de banques
Il importe de souligner aussi l'existence de quelques
institutions d'assurances dans le système microfinancier haïtien.
On peut citer entres autres, NASSA/INASSA, ONA, AIC/Protecta, ALSA,
Uni-Assurance, fille de la UNIBANK, Soge-Assurance, du groupe SOGEBANK...
9.5.2 Survol sur les
Méthodologies de crédit
Les IMF pratiquent une ou plusieurs méthodologies pour
offrir leurs produits financiers ou autres. Celles en vigueur actuellement
sont : le crédit direct ou individuel (CD), le groupe solidaire (GS), la
banque communautaire (BC), la mutuelle de solidarité (MS), la caisse
populaire (CP) (CEPALC, 2005).
La CEPALC (2005) retient que la méthodologie de
crédit direct ou individuel (CD)
pratiquée par les IMF a des techniques de crédit qui se
rapprochent plus aux techniques de crédit bancaire classique. Les
prêts sont approuvés après la visite d'un agent de
crédit dans le milieu des microentrepreneurs afin d'évaluer leur
moralité et leur capacité de remboursement. L'agent de
crédit effectue une analyse réelle de l'activité
économique financée et du risque encouru. En
général, les clients ayant remboursé en respectant le
calendrier établi sont éligibles pour un nouveau crédit,
souvent d'un montant plus grand (après réexamen du dossier). Les
IMF utilisant une approche de crédit direct individuel offrent des
prêts d'un montant plus élevé que celles utilisant d'autres
méthodologies. Les filiales des banques, le GITH et l'ACME sont des
institutions qui utilisent cette méthodologie en Haïti.
La méthodologie de crédit dite groupe
solidaire (GS), consiste pour une IMF
à fournir un crédit à un petit groupe de 3 à 10
personnes se portant mutuellement garants pour le remboursement. La
durée du prêt, le taux d'intérêt et le calendrier de
remboursement sont déterminés par l'organisation prestataire du
service microfinancier.
Quant aux banques communautaires (BC),
elles regroupent en général, 20 à 35
personnes, le plus souvent des femmes, qui, grâce à l'encadrement
d'une IMF, se mettent ensemble pour fonder une «banque
communautaire». L'IMF fournit un fonds de prêt qui est
réparti entre les membres de la banque qui se réunissent à
des intervalles réguliers pour rembourser. Elles fonctionnent selon la
méthodologie de crédit solidaire. Selon l'ACDI (2004), les
banques communautaires qui pullulent en Haïti ont été
conçues en mode projet et ne sont pas structurées de sorte
à offrir de bonnes chances de pérennité.
Une mutuelle de solidarité
(MS) est un groupe de personnes,
socialement homogènes, cotisant à échéances
régulières une même somme d'argent. Elles utilisent une
méthodologie hybride. C'est-à-dire une méthodologie
contenant des éléments empruntés aux banques
communautaires et aux caisses populaires simultanément.
Les coopératives d'épargnes et de
crédit (CEC), communément appelées
caisses populaires (CP) fournissent des services
financiers seulement à leurs «membres» ou
«sociétaires» sur une base mutuelle. On devient membre en
achetant une part sociale de la caisse et en payant un droit
d'entrée.
Conclusion
Ce chapitre fait une radiographie de la situation
socio-économique d'Haïti de 2000 à 2009. On a notée
quelques remarques importantes au cours de cette décennie. Si l'on veut
commencer avec les positives on signale par ailleurs la tendance croissante que
connaît l'économie à partir de 2004 et la diminution du
taux d'inflation qui passait de 41.92 % en 2003 à 4.7 % en 2009.
Cependant, les conditions de vie ne sont pas changées pour autant car
les autres indicateurs tels le chômage, les inégalités, la
pauvreté, le développement humain... maintiennent leur tendance
décroissante. Plus loin, nous avons analysé l'évolution de
la microfinance en Haïti dans le contexte socio-économique. Nous
avons constaté les bons et les mauvais moments dans l'évolution
du secteur en Haïti. Nous retenons, que ce secteur trouve en Haïti un
terreau fertile pour son développement. Nous avons
présenté en passant, une vue panoramique du secteur financier en
Haïti, suivie d'un survol des méthodologies de crédit.
Tout est ainsi dit, nous sommes conscients que ce pays a
besoin de respirer de ses malheurs. Le secteur de la microfinance est un
instrument prometteur grâce à sa contribution dans le financement
des activités génératrices de revenus qui ont des impacts
directs sur les conditions de vie des bénéficiaires. Ces derniers
sont les mieux placés à confirmer ou à infirmer une telle
assertion. Une enquête de terrain a été
réalisée auprès des bénéficiaires à
cette fin. Le chapitre suivant est une analyse empirique de l'impact des
activités de la microfinance sur le développement
socio-économique.
CHAPITRE 10 ANALYSE EMPIRIQUE DE
L'IMPACT DU DEVELOPPEMENT DE LA MICROFINANCE SUR LE DEVELOPPEMENT
SOCIO-ECONOMIQUE
Au chapitre deux, nous avons pu analyser, à partir des
pensées d'auteurs ou d'institutions qui ont fait des expertises sur la
relation existante entre la microfinance et le développement
économique et social. Dans ce chapitre il est question de
vérifier à l'empirisme l'exactitude de notre modèle de
travail à savoir : la contribution du développement de la
microfinance sur le développement socio-économique. Dans un
premier temps nous allons vérifier que le secteur de la microfinance est
effectivement développé. Dans un second temps nous faisons
ressortir, à partir de notre enquête, l'impact du
développement de la microfinance sur le développement
socio-économique. Ce dernier module sera divisé en deux (2)
sections. Une dans laquelle nous présentons les résultats de
l'enquête et une autre sur la confrontation des résultats à
notre hypothèse de travail. La section suivante présente les
activités de la microfinance en Haïti de 2000 à 2009 avec un
accent mis sur celles d'ACME.
10.1 Les activités de microfinance en Haïti de
2000 à 2009 : le cas d'ACME
Les activités de microfinance dans le courant des
années 2000 à 2009 sont en nette expansion en Haïti selon ce
que témoignent les indicateurs de mesure. Dans cette section nous avons
collecté les données pouvant assurer la véracité
sur le fait que la microfinance se développe durant la période
2000-2009. Particulièrement nous avons étudié les
activités de l'Association pour la coopération avec la
microentreprise (ACME) pour cette même période d'une
manière détaillée. L'ACME est l'une des institutions les
plus performantes du secteur. Nous prendrons comme indicateurs d'expansion, le
nombre de clients et l'évolution du volume de crédits.
10.1.1
Présentation d'ACME
L'Association pour la Coopération avec la
MicroEntreprise (ACME a.s.b.l.) a été créée en 1997
en tant qu'Association sans but lucratif avec un premier support financier de
l'USAID et a été transformée en Société
Anonyme en juillet 2009 sous le nom de « Action pour la coopération
avec la microentreprise » (ACME S.A.). L'association sans but lucratif
ACME a.s.b.l. est devenue l'actionnaire majoritaire d'ACME S.A.
Le 12 avril 1997, les 5 administrateurs-fondateurs se sont
retrouvés devant le notaire, pour la signature des statuts d'une
nouvelle association sans but lucratif qui n'avait pas d'argent, pas de
personnel et pas de personnalité juridique, mais un enthousiasme
à toute épreuve et la certitude qu'elle allait soulever des
montagnes. Ils se sont eux-mêmes formés le conseil
d'administration présidé par madame Gardella Alexis. L'ACME a
été enregistrée à la mairie de Port-au-Prince le 10
décembre 1997 et au ministère des Affaires sociales en octobre
2002.
L'ACME a ouvert ses portes au 11, rue Bois Patate, le 16 juin
1997, grâce à la confiance mise en elle par l'USAID à
travers son projet PRET (Programme pour la Relance de l'Économie en
Transition) géré par Development Alternatives Inc, DAI. Le
personnel se composait de 6 personnes : le directeur exécutif, le
responsable de la comptabilité, la secrétaire
réceptionniste et trois chargés de crédit.
La mission d'ACME S.A. est d'« apporter
une solution rapide, la moins chère possible, sans contraintes inutiles,
aux besoins financiers du plus grand nombre de micro, petits et moyens
entrepreneurs quel que soit le type d'activités, tout en les
accompagnant dans le processus de développement de leur entreprise
».
4.1.1.1. Les services de l'ACME
Les clients d'ACME appartiennent aux secteurs de la
production, du commerce et des services. La clientèle est
constituée à date à 69 % de femmes. Les clients qui
veulent bénéficier d'un crédit doivent posséder une
activité située à un emplacement fixe, et le prêt
reçu ne peut représenter plus de 60 % de leurs fonds de
roulement.
L'ACME offre six (6) produits de crédits : Le
prêt Traditionnel, le prêt Bouquiniste, le Gros prêt, le
prêt Projet Spécial de Gheskio, le prêt Maraîcher et
les prêts grossistes. Voici un tableau
résumant les services d'ACME.
Tableau 6: Les différents services
d'ACME
TYPE DE PRETS
|
SECTEUR
|
MONTANT min.
|
MONTANT max.
|
DUREE min.
|
DUREE max.
|
REMBOURS.
|
GARANTIE
|
Les prêts Traditionnels
|
Commerce Production Service
|
1,000
|
75,000
|
3 mois
|
6 mois
|
chaque mois
|
Personne de reference
/Avaliseur
|
Les prêts Bouquinistes Saisonniers
|
Commerce
|
1,000
|
250,000
|
4 mois
|
4 mois
|
Un seul versement
|
Avaliseur
|
Les Gros prêts
|
Commerce Production Service
|
>=250,000
|
>=250,000
|
4 mois
|
10 mois
|
chaque mois
|
Actes de Nantissement
/Cosignataire
|
Le prêt Projet Spécial de
Gheskio
|
Commerce Production Service
|
Capacite du client
|
Capacite du client
|
4 mois
|
10 mois
|
chaque mois
|
Accompagnateur
|
Le prêt Maraîchers
|
Production Agricole
|
5,000
|
40,000
|
5 mois
|
5 mois
|
Deux versements
|
Personne de
reference
|
Les prêts grossistes
|
Commerce Production Service
|
75,001
|
249,999
|
4 mois
|
10 mois
|
chaque mois
|
Actes de Nantissement
/Cosignataire
|
Source : http://www.acmehaiti.org/
4.1.1.2. Structure des services de l'ACME
Pour bien servir ses clients, l'ACME dispose d'un bureau
central et dix (10) agences réparties à travers la région
métropolitaine de Port-au-Prince. En analysant la structure du
portefeuille, les prêts compris entre 1 000 et 12 500 gourdes
représentent 30% en valeur et 55% en nombre et le taux de portefeuille
à risque est de 6,24%. L'institution propose des crédits de 1 000
à 75 000 gourdes au premier prêt sur des périodes de 3
à 6 mois, pour les besoins en fonds de roulement ou pour le financement
d'activités de production. Le montant des prêts augmente au
renouvellement en fonction de la capacité du client et le taux
d`intérêt est de 5% le mois, selon la ANIHM (Dukenson, 2011).
4.1.1.3. Gestion des risques et performances
financières
Comme tous les autres IMF, ACME est en proie à de
nombreux risques : le risque de liquidité, le risque de taux
d'intérêt, le risque de change pour des institutions ayant des
emprunts en devises et le risque de non-remboursement. Mais, l'institution a su
les gérer avec efficacité. ACME a toujours anticipé ses
besoins en liquidité et négocie
plusieurs années avant en fonction des projections. Grâce à
ces pratiques de saine gestion, ACME a pu inspirer confiance aux bailleurs de
fonds nationaux et internationaux et bénéficier du concours
financier nécessaire au développement de son activité. Les
taux d'intérêt pratiqués par ACME
sont égaux ou en dessous de ceux pratiqués sur le marché
de la microfinance en Haïti, ce qui lui donne une marge pour augmenter au
besoin ses taux créditeurs. ACME n'encourt pas de risque de
change avec les emprunts effectués en devises ; ceux-ci
sont gardés en dépôts dans les banques et utilisés
pour avoir des prêts en monnaie locale. Le risque de
non-remboursement est le risque le plus important dans les
activités de microcrédit en raison de la
vulnérabilité de la clientèle et aux chocs, tant
politiques qu'économiques.
L'association dirigée par M. Sinior RAYMOND affiche
toujours des résultats positifs. Ses performances sont dues à la
bonne gestion faite par le staff directeur. L'ACME se fait l'obligation de
réaliser des audits annuels au sein de l'institution. Ces audits sont
réalisés par des firmes tant internes qu'externes.
4.1.1.4. Affiliations et réseaux
Le respect de ses principes a permis à ACME
d'intégrer quelques-uns des plus grands réseaux d'institutions
de microfinance à l'échelle nationale et internationale. On peut
citer :
1-) L'ANIMH qui est un réseau
formé en 2002 et regroupe 17 institutions de microfinance
haïtiennes non coopératives et comprend des associations, des
fondations, des banques, des sociétés de droit privé, des
ONG.
2-) Le Microfinance Information Exchange
(MIX)
Ce réseau est l'un des endroits où
s'échangent les informations entre les différents acteurs de la
microfinance (praticiens, institutions, financiers, bailleurs, investisseurs).
Il regroupe 1010 institutions de microfinance, 93 fonds et 164 facilitateurs de
marché. ACME est classée ????? (cinq diamants) pour la pertinence
et la fiabilité des informations financières fournies, et depuis
2003, ACME est membre de ce réseau.
3- ) Consultative Group to Assist the Poor
(CGAP)
ACME travaille depuis 2002 avec ce réseau dont la
principale mission depuis sa création, est d'aider à créer
des services financiers permanents pour les pauvres sur une large
échelle. Il organise chaque année un concours CGAP de la
transparence financière pour les institutions de microfinance dans
lequel il recommande la transparence et l'application des bonnes pratiques de
gestion de la part des institutions de microfinance. Environ 150 institutions
de microfinance provenant de 48 pays ont participé au Prix 2004. Parmi
elles, 110 ont rempli les conditions d'admission. Seule l'Association
pour la Coopération avec la Micro Entreprise (ACME) à Haïti
fût récompensée parmi les institutions
francophones.
4.1.1.5. L'évolution des
activités de microcrédit au sein d'ACME de 2000 à
2009
Les activités d'ACME affichent une tendance continue
à la hausse. Selon les données disponibles sur l'ensemble de la
période, le nombre d'emprunteur représente en 2009 plus de 12
fois celui de 2000, et les montants des prêts en 2009, près de 14
fois ceux de 2000. Le nombre d'employés passe de 13 en 2000 à 334
en 2009, soit plus de 25 fois la quantité de 2000. Le tableau suivant
présente l'évolution des activités d'ACME au cours de la
période 2000-2009.
Tableau 7 : Evolution
des activités d'ACME au cours des années 2000-2009
Années
|
Nombre d'emprunteurs actifs
|
Portefeuille de prêts actifs en USD $
|
Nombre d'employés
|
2000
|
2 501
|
1 064 984
|
13
|
2001
|
4 283
|
1 686 067
|
22
|
2002
|
4 600
|
2 208 256
|
31
|
2003
|
6 435
|
4 234 810
|
69
|
2004
|
7 281
|
3 994 004
|
82
|
2005
|
11 216
|
6 809 168
|
125
|
2006
|
20 112
|
8 916 795
|
167
|
2007
|
20 169
|
9 425 893
|
264
|
2008
|
22 750
|
10 368 482.3
|
-
|
2009
|
24 951
|
12 643 803.7
|
334
|
Sources : MIX Market, disponible sur le site
themix.org. Page consultée le 20 juillet 2014
*ANIMH : Rapport 2009.
*Donija Augustin (2008), Mémoire de licence
D'après les données dont nous disposons sur
l'institution, nous avons pu constater une augmentation de ses activités
sur toute la période. Ce développement est expliqué par
le renforcement du nombre d'emprunteurs actifs et du portefeuille de
crédits actifs.
Voyons dans la section suivante comment se présente la
situation pour les autres IMF.
10.1.2 Les autres
institutions de microfinance
Au premier chapitre nous avons présenté dans le
cadre conceptuel le sens dans lequel le développement de la microfinance
est admis dans cette étude. Cependant, dans cette partie nous tenons
à présenter les données chiffrées sur la
microfinance montrant que le développement du secteur est effectif sur
la période 2000-2009, en nombre d'emprunteurs et en portefeuille de
crédit. Nous avons collectées des données relatives au
nombre d'emprunteurs et au volume des prêts pour trois (3) IMF qui avec
ACME, sont considérées comme les plus puissantes du secteur.
Elles représentent près de 90% du portefeuille total du
réseau de l'ANIMH (ANIMH, 2011).
Ainsi, la SOGESOL qui est, l'une des
institutions de microfinance les plus importantes du secteur, a vu le nombre de
ses emprunteurs sextupler, passant de 2200 en l'an 2000 à 13 852 en
2009, une augmentation de plus de 529%. Ses prêts sont augmentés
à peu près du double. Elles sont passés de $US 6 441 329
en 2000 à $ 12 643 803.7 en 2009, ce qui représente 96%
d'augmentation.
Cette tendance expansionniste est maintenue aussi pour
FONKOZE selon les registres du MIX Market et
de l'ANIMH. Le nombre d'emprunteurs actifs sextuple également et passe
de 4 794 en 1999 à 29 897 en 2009, une augmentation qui dépasse
les 523%. Le volume de prêts s'accroît de plus 744%, passant de $US
930 220 en 2000 à $US 7 853 519.3 en 2009, soit plus de huit (8) fois le
volume de 2000.
Le Micro Crédit National (MCN) de son
côté, a vu le nombre de ses emprunteurs croître de 160%,
passant de 4 316 en 2002 à 11 240 en 2009, soit environ deux (2) fois et
demie (½) le volume de 2002. Le volume de prêts est presque
doublé, et passe de $US 6 369 873 à 12 345 389 en 2009, ce qui
représente un accroissement de près de 94%38(*).
Les données sur les autres institutions de la base de
données de MIX, comme FINCA-HAITI, FONDESPOIR..., ne vont pas en sens
contraire de ce modèle. Donc, le secteur de la microfinance se
développe bel et bien en Haïti durant la décennie
2000-2009.
Cette section fait une analyse des services d'ACME, de la
gestion des risques et des performances financières et de
l'évolution de ses activités, notamment le nombre d'emprunteurs
actifs, le portefeuille de prêts actifs et le nombre d'employés.
Nous avons pu vérifier que les activités d'ACME se
développent. Plus loin, nous avons présenté succinctement
les données relatives à la distribution de crédit de trois
autres institutions du secteur en Haïti. La tendance haussière est
maintenue pour ces institutions qui forment avec l'ACME le quatuor majeur du
secteur, selon des données de sources administratives. Cette partie nous
permet de constater le développement de la microfinance sur la
période 2000-2009 en Haïti. Ainsi, nous est-il permis d'assumer que
ces données générales pour le secteur au niveau national
sont considérées comme proxy39(*) pour le niveau local. Ce qui nous permet d'avancer
que le secteur de la microfinance se développe au niveau local (à
Carrefour) aussi longtemps qu'il se développe au niveau national,
mutatis mutandis. Par la logique des proxys qui permet d'observer
l'inobservable, nous admettons que la microfinance s'est aussi
développée dans la commune de Carrefour. Tâchons maintenant
de vérifier l'impact du développement de la microfinance sur le
développement économique et social à Carrefour. Pour ce
faire nous allons présenter dans la section suivante une enquête
qui a été réalisée à cette fin.
10.2 Présentation de l'enquête de terrain
La question d'étude d'impact des services fournis par
le secteur de la microfinance s'avère un exercice complexe compte tenu
des contraintes que l'on doit faire face tout au long de ces démarches.
Néanmoins, elle (l'étude d'impact) est d'une importance capitale
pour pouvoir améliorer et réviser certaines stratégies en
vue de fournir des services de qualité. L'Etat aussi saura bien jouer
pour faire de ce secteur un secteur plus efficace en vue d'une
amélioration des conditions de vie en Haïti. L'analyse
théorique a déjà donné une idée sur la
contribution de la microfinance au le développement à travers les
pensées de plusieurs auteurs et institutions. Etant donné que
dans la section précédente le développement de la
microfinance s'est avéré, cette analyse empirique tentera de
vérifier que ce développement de la microfinance contribue au
développement socio-économique en Haïti,
particulièrement à Carrefour. Pour ce faire nous avons
réalisé une enquête de terrain sur un échantillon de
31 bénéficiaires des services de microfinance dans la commune de
Carrefour. D'entrée de jeu, tâchons de présenter la
commune.
10.2.1
Présentation de la commune de Carrefour40(*)
La commune Carrefour est la troisième commune de
l'arrondissement de Port-au-Prince du point de vue administratif. Elle mesure
165,16 km2 et elle est subdivisée actuellement en 13
sections communales. Elle a au moins 189 localités et 109 habitations.
Elle relie la capitale Port-au-Prince aux quatre départements
géographiques du Grand Sud, à savoir, le Sud, le Sud-Est, la
Grande-Anse et les Nippes. Elle est bornée au nord par le golfe de la
Gonâve, au sud par les communes de Jacmel et de Kenscoff ; à l'est
par les communes de Port-au-Prince, de Kenscoff et de Pétion-Ville et
à l'ouest par les communes de Gressier, de Léogâne et de
Jacmel. Le relief de la commune de Carrefour est la plaine pour la partie
urbaine et la montagne pour la partie rurale. Elle est une commune
côtière.
Sur le plan démographique, le Plan d'investissement
municipal (PIM) rapporte que selon les estimations faites par l'IHSI sur la
base du recensement général de 2003, la commune de Carrefour
comptait 465 019 habitants en 2009 (dont seulement 7,45 % en milieu rural).
Plus de 90 % de la population résidaient en milieu urbain. La population
féminine accuse une supériorité numérique puisqu'on
comptait dans la commune 86 hommes pour 100 femmes. Cette commune accueille
beaucoup de gens sujets à l'exode rural. Elle est d'autant plus
attirante pour les migrants que les loyers y sont relativement moins chers
qu'à Delmas et à Port-au-Prince. Cette situation donne lieu aussi
à l'établissement de nombreux bidonvilles au niveau de la
commune.
La situation socio-économique de la commune a
déjà été décrite au chapitre trois (3).
Mais, l'on doit souligner que la commune est riche en potentiel compte tenu de
l'existence des infrastructures touristiques, scolaires, commerciales...
La commune de Carrefour a été très
frappée par le séisme du 12 janvier 2010 résultant en
d'énormes pertes matérielles et en vies humaines.
Dans le cadre de ce travail, nous tenons à
vérifier l'impact de la microfinance dans la commune de Carrefour. Pour
ce faire, nous avons réalisé une enquête auprès des
personnes ayant contracté les services de microfinance. Voici la
présentation de l'enquête.
10.2.2
Méthodologie de l'enquête
L'enquête de terrain nous permet de vérifier la
place qu'occupent les institutions de microfinance dans les activités
des bénéficiaires dans la commune de Carrefour. Nous avons
procédé à une enquête exploratoire à partir
d'un questionnaire élaboré à cette fin. Pour ce faire,
nous avons utilisé une méthodologie qui consiste à
entretenir directement avec l'enquêté. Un enquêté est
une personne ayant utilisé les services de microfinance dans la commune
de Carrefour. L'enquête a été réalisée en
deux (2) étapes. La première étape consiste à
identifier les clients des IMF tout en prenant contact avec eux pour
l'entretien. La deuxième étape concerne l'entretien
lui-même. Certains des entretiens ont été
réalisés à partir de téléphone et les
autres, tête à tête. L'enquête a duré environ
deux (2) mois.
10.2.3
Echantillonnage
L'échantillon est choisi de manière
aléatoire. Mais, soulignons que dans le cadre de cette enquête,
tous les membres de notre population (tout ce qui bénéficie du
crédit d'une institution quelconque de microfinance dans la commune de
Carrefour) ont la même probabilité d'être choisis parmi nos
enquêtés. Nous avons choisi au hasard un échantillon de
trente et un (31) personnes ayant bénéficié du
microcrédit. L'enquête a été réalisée
sans aucun préjugé de sexe, de couleur et de religion.
10.2.4
L'unité statistique
L'unité statistique est une personne ayant
bénéficié d'au moins un crédit d'une institution de
microfinance exerçant ses activités dans la commune de
Carrefour.
10.2.5 Contenu du
questionnaire
Notre étude se rapporte à l'analyse de la
contribution réelle du secteur de la microfinance sur le
développement socio-économique des bénéficiaires
des services de la microfinance, particulièrement du crédit dans
la commune de Carrefour. Le questionnaire contient quatre (4) parties. La
première concerne l'observation directe, la deuxième se rapporte
à l'activité entreprise par le bénéficiaire, la
troisième au prêt (crédit) et la quatrième partie,
aux conditions de vie du bénéficiaire. De ce fait nous avons
collecté des données relatives à la condition de vie,
l'éducation et le bénéfice généré par
l'activité économique exercée par les
bénéficiaires du microcrédit. Le questionnaire comportant
25 questions directes, fermées et ouvertes, a été soumis
à l'enquêté. Les zones couvertes par l'enquête de
terrain sont : Arcachon, Bizoton, Cote-plage, Diquini, Lamentin,
Mahotière, Marché de Carrefour, Route de Carrefour, Route des
rails, Thor, Titus et Waney.
10.2.6 Saisie et
traitement des données
Pour le traitement des données nous avons
utilisé le logiciel statistique SPSS. D'abord, nous avons donné
un numéro à chaque formulaire, puis nous procédons
directement à la saisie des données. De ce fait, nous
enregistrons sur SPSS, toutes les questions du questionnaire. Ensuite, nous
entrons les données telles que collectées sur SPSS. Une fois les
données entrées, nous procédons à une analyse
statistique des données traitées.
10.3 Présentation des résultats
Les résultats seront présentés par
module. Ce qui permettra de cerner les indicateurs pouvant faciliter la
vérification de l'hypothèse de travail. Les indicateurs relatifs
à la contribution du développement de la microfinance
(déjà admis à la première section) au
développement socio-économique sont ceux expliquant la
longévité, ceux se rapportant à
l'éducation/formation et ceux facilitant l'accès aux ressources
nécessaires à la vie.
10.3.1 Les
indicateurs relatifs au développement socio-économique
Les indicateurs utilisés dans ce modèle pour
mesurer le développement sont la longévité,
l'éducation et le revenu. Puisque dans une certaine mesure les soins et
l'éducation passent par le revenu, nous allons d'abord vérifier
l'influence du développement de la microfinance sur le revenu des
bénéficiaires.
A. Revenu (accès aux
ressources)
A.1. Augmentation du bénéfice :
35.48 % disent qu'ils mènent l'activité pour
générer du revenu, pour gagner de l'argent ou pour faire du
profit. 90% des enquêtés constatent une augmentation de leur
bénéfice après avoir obtenu le prêt. Ce qui traduit
une amélioration de leur revenu. 87.1% disent utiliser les services de
la microfinance pour le financement additionnel, ce que certains d'entre eux
considèrent parfois comme une relance de leur activité. Seulement
13.33% des enquêtés émettent une opinion défavorable
au secteur de la microfinance. Par contre, 86.67 % ont une opinion favorable du
secteur. Ces bénéficiaires qui sont favorables au secteur croient
que la microfinance est un bon moyen de financement pouvant les aider non
seulement à trouver du crédit mais aussi à faire
fructifier leurs affaires en termes de rentabilité.
A.2. Dépenses : L'enquête
présente des résultats disparates en ce qui a trait aux
dépenses quotidiennes des ménages. La dépense minimale de
notre échantillon est de 90 gourdes et la valeur maximale est de 1500
gourdes par jour. C'est une inégalité parfaite au niveau des
dépenses. Toutefois, ce qui peut être considéré
comme un point commun est que 90.3 % des enquêtés financent leurs
dépenses quotidiennes à partir de leur activité. Et de
plus, 48.38% des bénéficiaires des services de la microfinance
ont répondu qu'ils mènent leur activité pour
répondre soit à leurs propres besoins, ou aux besoins de leur
famille, ou encore pour prendre soins de leur famille.
B. Longévité (niveau de vie)
B.1. Fréquentation des soins
médicaux : 45.2 % des bénéficiaires
utilisent rarement les soins médicaux, et 38.7% utilisent parfois les
soins médicaux. Cependant, 9.7% disent ne jamais utiliser les soins
médicaux. Parmi ceux utilisant les soins médicaux, 48.4% disent
payer ces soins à partir de leur activité.
B.2. Amélioration des conditions de vie :
51.6 % déclarent que leurs conditions de vie ne sont pas
mauvaises et 41.9 % se disent en bonnes conditions de vies. Il n'y a que 6.5%
qui se disent être en très bonnes conditions de vie. Personne ne
s'estime être en mauvaises conditions de vie. À la question
« pourquoi vous menez cette activité ? »,
16.13% ont répondu menant leur activité pour améliorer
leurs conditions de vie.
B.3. Emancipation des femmes : Parmi
les enquêtés, seulement 35.5% des bénéficiaires sont
des hommes, tandis que 64.5 % sont des femmes.
B.4. Loisirs : 87.1 % des
enquêtés ont des activités de loisirs. 35.5 %
déclare regarder la télévision comme loisir, tandis que
12.9% n'ont aucune activité de loisir.
C. Niveau d'Education
Certains ménages ont à la fois chez eux des
universitaires, des élèves et des personnes ne fréquentant
aucune institution de formation. De ce fait, nous avons traité
séparément les résultats de l'enquête concernant la
fréquentation d'université, d'école... Selon
l'enquête 87.09 % des bénéficiaires ont des gens de leur
ménage qui mènent une activité académique
(scolaire). 32.25 % des bénéficiaires ont des universitaires dans
leur ménage. 60.7 % de ces bénéficiaires financent la
formation scolaire et/ou universitaire grâce à leur
activité. Tandis que 35.7% financent la formation par d'autres revenus
et 3.6% reçoivent un don pour financer la formation.
D. Autres résultats
importants
D.1. Réduction du chômage :
Parmi les enquêtés, près de 42% déclarent
mener leur activité pour résister au chômage.
D.2. Financement de l'activité par la
microfinance : L'enquête révèle que seulement
12.9% utilisent le crédit microfinancier pour le démarrage de
leurs activités alors que 87.1 % en utilisent pour le renforcement
de leurs activités. Il importe de souligner que la majeure partie du
crédit est utilisée dans le commerce (90.3%). Seulement 3.2% des
clients se lancent dans des activités de production contre 6.5% dans le
secteur des services.
D.3. Distribution du crédit :
L'augmentation de crédit traduit, dans certains cas, de la
confiance, de la maturité et peut-être de la bonne foi du client.
Le résultat de cette enquête montre que 67.74 % des clients ont vu
leur crédit augmenter. Le tableau suivant présente
l'évolution des prêts de 14 clients de notre
échantillon.
Tableau 8 : Evolution des
prêts de 14 clients41(*) selon l'enquête de terrain
Prêt de départ
|
Prêt de renouvellement
|
Taux de croissance du prêt (en %)
|
150000
|
200000
|
33.33
|
10000
|
15000
|
50
|
20000
|
28000
|
40.00
|
7500
|
17500
|
133.33
|
7500
|
10000
|
33.33
|
30000
|
30500
|
1.67
|
50000
|
100000
|
100.00
|
10000
|
11000
|
10.00
|
10000
|
12000
|
20.00
|
15000
|
20000
|
33.33
|
5000
|
7500
|
50.00
|
10000
|
12500
|
25.00
|
12500
|
20000
|
60.00
|
3000
|
5000
|
66.67
|
Source : Elaboré par l'auteur à partir
des résultats de l'enquête
Ce tableau présente une évolution
diversifiée de prêts. Des augmentations ne dépassant pas
les 10% sont enregistrées. Cependant, certains prêts affichent une
croissance de plus de 100%. Cela dépend du montant de crédit, du
nombre de retard enregistré, de l'institution prêteuse ou de la
méthodologie utilisée. Le paiement des intérêts avec
peu ou pas de retard est un bon indicateur pour le client qui veut renouveler
et augmenter son crédit.
Autre fait qu'il importe de souligner sur la distribution des
crédits est qu'il y a un nombre considérable de clients dont leur
prêt de départ dépasse les 10 000 gourdes. En effet, plus
de 77% des crédits sont supérieurs ou égaux à 10
000 gourdes. D'un autre coté on a pu retenir que 48.4% des clients
disent démarrer leurs activités avec un montant ne
dépassant pas 10 000 gourdes. Et de plus, 67.7% ont
démarré leurs activités avec un montant situé entre
10 000 et 15 000 gourdes, borne supérieure incluse. Cette constatation
nous permet d'avancer que le montant des crédits octroyé par les
IMF pourrait bien contribuer à camper une activité
génératrice de revenu, toutes choses restant égales par
ailleurs.
Les informations suivantes sont traitées
séparément vu que la question relative à cette partie
admet plusieurs réponses qui ne sont pas forcément liées.
C'est-à-dire un personne peut avoir besoin du crédit, ou de la
formation, ou encore d'autres services comme l'épargne et des services
d'assurance séparément. En effet, selon les résultats de
l'enquête, il s'en suit que 80.6% des bénéficiaires des
services de la microfinance sont encore disposés à recevoir du
crédit, 45.2% souhaitent recevoir des services d'assurance, 48.4%
voudraient bien se procurer des services d'épargne et 67.7 % aimeraient
recevoir des formations pouvant leur permettre d'être plus efficaces dans
leurs activités.
10.4 Confrontation des résultats à notre
hypothèse
L'hypothèse générale de cette
étude a été formulée ainsi : Le
développement de la microfinance contribue au développement
socio-économique des bénéficiaires à Carrefour.
Le développement de la microfinance est déjà
vérifié et admis à la première section à
partir des données de sources administratives dont nous disposons. Et de
plus, selon le tableau 8, 21 prêts (67,74% des clients)
se sont vu augmenter. Ce qui représente un renforcement du crédit
à Carrefour. Ainsi, rappelons-nous, pour les quatre IMF
représentant 90% du total du réseau d'ANIMH, les indicateurs sont
en hausse. Les couples de croissance sont, respectivement nombre d'emprunteurs
et le volume de crédit : (1116%, 1294%) pour l'ACME de 2000
à 2009 ; (529%, 96%) pour la SOGESOL de 2000 à 2009 ;
(523%, 744%) pour la FONKOZE de 1999 à 2009 et (160%, 94%) pour le
MCN de 2002 à 2009. Pour vérifier la contribution du
développement de la microfinance sur le développement
socio-économique, il suffit de vérifier tour à tour la
contribution du développement de la microfinance sur la
longévité, sur l'éducation et sur le revenu des
bénéficiaires.
1. L'impact de la microfinance sur la
longévité
Pour mesurer la longévité,
nous avons recouru à plusieurs paramètres expliquant une
meilleure condition de vie : les soins médicaux, sensation de
bien-être, l'émancipation de la femme et les activités de
loisirs. Cette liste n'est pas exhaustive.
Les résultats de l'enquête de terrain
témoignent qu'environ 83.9% des bénéficiaires utilisent
quand même les soins médicaux et 48.4% d'entre eux financent ces
soins à partir de leur activité. Ce qui permet de voir que la
microfinance a un impact positif sur la santé chez les
bénéficiaires.
Tous les enquêtés sont soit en très bonnes
conditions de vie (6.5%), soit en bonnes conditions de vie (41.9%) ou ne pas
être en mauvaises conditions de vie (51.6 %). L'activité
améliore considérablement les conditions de vie
des enquêtés.
Parmi les enquêtés, 64.5% sont des femmes. Donc,
la microfinance aide à l'émancipation de la
femme telle que souhaite certains penseurs dont Isabelle Guérin
et Axel de Ville ; les organismes internationaux dont l'ONU.
D'un autre coté, 87.1% des enquêtés ont
au moins une activité de loisir. Et la majorité
a leurs activités comme source de financement des dépenses les
plus fréquentes. On peut dire que l'activité que supporte la
microfinance favorise les loisirs.
Puisque la microfinance a un impact positif sur la
santé, sur les conditions de vie, sur l'émancipation de la femme
et sur les loisirs, on peut dire que la microfinance contribue
à la longévité des
bénéficiaires.
2. L'impact de la microfinance sur
l'éducation
Selon les résultats de l'enquête, 60.7 % de ces
bénéficiaires disent financer la formation scolaire et/ou
universitaire grâce à leur activité, on en déduit
que la microfinance contribue à
l'éducation chez les
bénéficiaires.
3. L'impact de la microfinance sur le
revenu
Cette étude révèle que 90% des
enquêtés constatent une augmentation de leur
bénéfice après avoir obtenu le prêt. Ce qui traduit
une amélioration de leur revenu. 87.1% disent utiliser les services de
la microfinance pour le financement additionnel, ce que certains d'entre eux
considèrent parfois comme une relance de leur activité. Plus
loin, 90.3 % des enquêtés financent leurs dépenses
quotidiennes à partir de leur activité.
Somme toute, nous pouvons déduire que
l'activité que soutient la microfinance apporte une contribution
spéciale à l'accès aux
ressources chez les
bénéficiaires.
Compte tenu du fait que la microfinance, par l'activité
qu'elle engendre ou renforce, contribue à la
longévité, à l'éducation et à
l'accès aux ressources, il en résulte que la
microfinance contribue au développement économique et social des
bénéficiaires des services de microfinance.
L'hypothèse générale ainsi
formulé : « Le développement de la
microfinance contribue au développement socio-économique des
bénéficiaires à Carrefour» est, nous
semble-t-il, vérifiée à la lumière des
résultats obtenus sur le terrain.
Conclusion
Ce chapitre a mis en relief l'apport réel de la
microfinance au développement dans la commune de Carrefour. Ainsi, les
résultats de l'enquête nous ont-ils permis de déceler
à quel niveau cette contribution est-elle effective. Nous avons pu
réaliser que la microfinance a un impact positif sur la santé des
bénéficiaires car ils y utilisent pour financer leurs soins. Ce
qui permettra d'augmenter le niveau de vie, ceteris paribus. Ensuite, la
microfinance contribue à l'éducation des ménages
bénéficiaires. De plus, les services de microfinance permettent
aux femmes de s'intégrer davantage dans le foyer et dans la
société en ce sens qu'elle permet de créer et de renforcer
des activités génératrices de revenus. Enfin, l'outil de
petit financement facilite l'accès aux ressources nécessaires
à l'amélioration des conditions de vie des ménages.
Après avoir vérifié l'impact et l'importance de ce secteur
pour la commune de Carrefour, nous sommes amenés à croire que la
microfinance pourrait contribuer au développement
socio-économique d'Haïti, toutes choses étant égales
par ailleurs.
CHAPITRE 11 CONCLUSIONS GENERALES ET RECOMMANDATIONS
Conclusions
En somme, par cette étude nous avons pu rapprocher les
concepts développement de la microfinance et développement
socio-économique. Nous avons supposé que le développement
de la microfinance peut contribuer au développement
socio-économique. Nous avons présenté le secteur de la
microfinance dans un cadre général pour une meilleure
compréhension de l'outil microfinancier. Nous avons exploré les
pensées d'auteurs qui prennent parti pour la contribution réelle
de la microfinance au développement. Avant de recourir à
l'analyse empirique, nous avons jugé nécessaire de faire un
survol sur la situation socio-économique d'Haïti. Ce survol a
permis d'avoir une idée plus exacte sur les grands maux qui
gangrènent la société haïtienne. Ensuite, nous sommes
partis vers la vérification de l'existence d'un lien entre le
développement de la microfinance et développement
socio-économique.
Dans un premier temps, il était question de
vérifier que les activités des IMF,
particulièrement celles d'ACME, en termes du nombre d'emprunteurs et
l'évolution du volume de crédits octroyés, ont
été développées entre 2000 et 2009.
Pour y arriver nous avons fait un examen minutieux sur la
distribution du crédit (Portefeuille et nombre de clients). Les
données collectées ont permis de constater que les
activités d'ACME sont en nette expansion sur toute la
période. Seul le portefeuille de 2004 qui affiche une diminution de
l'ordre de 5.68%. Cette diminution est due probablement aux différents
évènements socio-politiques que connait le pays. Nous sommes
convaincus que les troubles socio-politiques inhibent les processus de
croissance, comme l'a démontré Thomas LALIME (2010). Plus loin,
nous avons pu vérifier que la tendance croissante est maintenue pour les
autres institutions les plus importantes du secteur. Il était admis que
la microfinance se développe tant au niveau national qu'au niveau
local.
Dans un second temps, il était question de
vérifier la contribution du développement de la microfinance au
développement économique et social. Une enquête a
été réalisée à cette fin. Les
résultats de l'enquête a permis de vérifier
l'hypothèse générale à savoir : Le
développement de la microfinance contribue au développement
socio-économique des bénéficiaires à
Carrefour. D'une manière détaillée, nous nous sommes
amenés à constater l'évolution incessante des
activités de la microfinance en Haïti, et conséquemment dans
la commune de Carrefour. Et aussi avons-nous constaté l'impact
positif de ces activités sur la longévité, sur
l'éducation comme le souhaite Christopher Dunford et sur les revenus des
bénéficiaires en favorisant l'accumulation économique
par la création d'activités.
Plus loin, on a pu relever certaines particularités
dans la distribution du crédit. Cette dernière se fait
majoritairement dans le secteur commercial (90.3%). Ce qui est un manque
à gagner pour les autres secteurs, notamment productions et services et
ceci constitue l'un des effets négatifs de la
microfinance en ce sens qu'elle a tendance à regrouper tous ses clients
vers les mêmes types d'activités.
Autres particularités qu'il faut souligner, qui est en
fait une limite du secteur, est que la distribution du
crédit se fait surtout pour le renforcement des activités. Et
malheureusement, la majorité des pauvres n'ont pas forcement de quoi
à démarrer une activité en dépit de leurs
potentialités. Certains des enquêtés se plaignent aussi sur
la mauvaise compréhension des institutions prêteuses de qui
souhaitent-ils un service réellement adapté à leur
situation soit en termes de taux d'intérêt et/ou de délai
ou en termes du montant des crédits qu'on leur octroie.
L'analyse empirique a rapporté que près de la
moitié des clients ont recouru au crédit en vue de
s'échapper au chômage.
L'enquête de terrain permet aussi de constater le
désir des bénéficiaires à toujours recevoir des
services microfinanciers. Si pour certains il faut augmenter le portefeuille de
crédit, pour certains d'autres, le microcrédit doit accompagner
d'autres services comme l'épargne, l'assurance et la formation pour
enrichir l'offre de services dans le cadre des perspectives adaptées
réellement aux besoins des clients. Cela permettra de parler
réellement de la microfinance, en lieu et place de microcrédit.
En fin de compte, nous sommes tenus à faire quelques recommandations
dans la section suivante.
Recommandations
La microfinance ne saurait à elle-même seule
résoudre à tous les problèmes auxquels fait face une
société, elle peut tout simplement apporter sa contribution,
comme nous venons de le montrer. Mais, il reste encore beaucoup à faire
pour rendre ce secteur soit plus productif, plus approprié et
pérenne. Dans cet état de fait, nous sommes tenus à faire
des recommandations aux institutions de microfinance (IMF) et aux instances
étatiques, qui en sont les principaux acteurs de décision et de
contrôle.
- Du côté des institutions de
microfinance
Pour favoriser davantage l'impact socio-économique de
la microfinance sur les microentrepreneurs, toute une série de mesure
doit être prise. En ce sens nous recommandons aux institutions de
microfinance de :
1- Baisser progressivement les coûts d'accès aux
crédits, notamment le taux d'intérêt qui va entraîner
une meilleure profitabilité des activités.
2- Offrir de montants de microcrédits adaptés
aux besoins réels des microentrepreneurs afin d'éviter les effets
pervers d'un surendettement.
3- Maîtriser les risques d'impayés, ce qui
favorisera la pérennité et la capacité commerciale des
IMF.
4- Offrir des services non-financiers, comme des
séances de formation sur la gestion, la comptabilité et le
marketing aux bénéficiaires des crédits. Car, cette
étude montre que la majorité des bénéficiaires,
sinon tous, n'ont pas de cahier comptable. Et si cahier il y a, ils
n'enregistrent que les noms de leurs débiteurs.
5- Innover en développant de nouveaux produits
financiers inclusifs afin de mieux répondre aux besoins des populations
à bas revenus.
6- Diversifier le portefeuille de crédit, en
finançant davantage d'activités de production. Une valorisation
de la production nationale, notamment au niveau agricole, artisanale et
industriel permettra au pays de s'écarter un peu sous le joug de
l'importation. Cette dernière, cause la fuite de devises importantes de
l'économie nationale.
- Du côté de l'Etat
Pour l'éradication du phénomène de
pauvreté en Haïti, l'Etat doit faire montre de bonne volonté
via sa contribution au côté des IMF à rendre le secteur
plus productif. Puisque la microfinance est considérée pour plus
d'un comme un tremplin au développement. Dans ce cas, l'Etat doit sa
contribution en :
1- Etablissant un cadre réglementaire pour les IMF de
types non-coopératifs. Un cadre légal comportant, entre autres,
le droit de recours en justice, de négociations de prêts ou de
subventions, d'accumulation d'actifs... Cette réglementation favorisera
davantage le développement du secteur.
2- Travaillant à créer un climat de
stabilité politique dans le pays. Ce qui mettra les investisseurs et les
potentiels investisseurs en confiance.
3- Amplifiant les services publics en matière de
sécurité, d'électricité, de l'accès à
l'eau, de salubrité, de construction d'infrastructures
routières...
4- Travaillant à faire respecter et protéger
l'environnement via les ministères de l'environnement, des travaux
publics, de l'intérieur...
5- Créant un fonds de garantie pour pallier au risque
de non-solvabilité des microentrepreneurs.
6- Travaillant à la stabilité de l'environnement
macroéconomique de telle sorte qu'il soit plus approprié pour les
affaires.
CHAPITRE 12 BIBLIOGRAPHIE
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et analyse du secteur de la microfinance, Rapport, p.1
MKNELLY, B. et al. (1998), évaluation d'impact
menée par le praticien : un test au mali, Washington DC, 74 p.
MONTAS, R. (2005), La pauvreté en Haïti :
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334, pp.55-66
MPCE (2004), Carte de pauvreté d'Haïti, 124 p.
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MPCE (2006b), Inégalités et Pauvreté
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MPCE (2007), Document de Stratégie Nationale pour
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ONU (2002), Rapport sur la Conférence
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ONU (2004), Mise en oeuvre de la première
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SAM, D-H. (2005), (sous la dir.), Etat de la campagne du
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SCHÜRINGS H. et al. (2011), Réduction de la
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USAID (2008b), Recensement sur l'industrie de la
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YOLA A-N. (2009), La microfinance en Inde, Covalence
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Rubrique 3- Webographie
1- ATTALI, J., A propos du microcrédit, PlaNet
Finance, [En ligne]
http://www.microworld.org/fr/about-microworld/propos-du-microcr%C3%A9dit, page
consultée le 17 mai 2014
2- Portail de la microfinance, Etats des lieux de la
microfinance en Europe, [En ligne] sur
https://www.lamicrofinance.org,
page consultée le 17 mai 2014.
3- SENGÈS, A., Aux Etats-Unis, la microfinance
gagne du credit.
http://www.terraeco.net/USA-le-micro-credit-n-est-plus-l,10523.html, Page
consultée le 25 mai 2014.
4- ANIMH, Qu'est-ce que la microfinance, (Page
consultée le 15 février 2014), [En ligne] à l'adresse
URL :
http://www.animhaiti.org/index.php?option=com_content&task=view&id=44&Itemid=67.
5- BAIROCH Paul, « Encyclopédie
économique » édition Economica, article
« développement ». Article [En ligne] sur
http://www.ac-nice.fr/ses/termtd/mesidh.htm,
page consultée le 15 juillet 2014.
6- MATHIEU François Régis, La mesure du
développement, version archivée le 02 avril 2006 et lue sur
le site
www.globenet.org le 10 mars 2014.
7- VISENE J-L., « La pauvreté rurale en
Haïti : Cercle vicieux du sous-développement
local », publié dans le journal Le Nouvelliste, no. 36742
du vendredi 8 au dimanche 10 août 2003, pp. 16, 23. L'article est
disponible sur le blog :
http://visenejl.blogspot.com
. Page consultée le 10 juillet 2014.
8- Association Haïtienne des économistes (AHE),
La tertiairisation de l'économie haïtienne, (page
consultée le 10 avril 2014), [En ligne] à l'adresse URL :
http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/124595/La-tertiairisation-de-leconomie-haitienne.html
9- Blondeau, N. (2007), La microfinance. Un outil de
développement durable ? Revue des revues, article
publié initialement dans Etudes (2006), 8 p. [En ligne] à
l'adresse URL :
http://www.microfinancegateway.org/sites/default/files/mfg-fr-publications-diverses-microfinance-outil-de-developpement-durable-09-2006_0.pdf
Page consultée le 17 juin 2014
Rubrique 4- Sitographie
http://www.un.org
http://affaires.lapresse.ca
http://www.microfinancegateway.org
http://www.microfinance.lu
http://www.babyloan.org
http://themix.org
www.microworld.org
www.mixmarket.org
www.microcreditsummit.org
https://www.lamicrofinance.org
http://www.terraeco.net/USA
http://www.microworld.org
http://www.animhaiti.org
www.endarabe.org
http://www.mixmarket.org
http://www.ac-nice.fr/ses/termtd/mesidh.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/
http://www.un.org/fr/documents/udhr/
www.globenet.org
http://www.haiti-reference.com/
http://www.unicef.org
http://www.acmehaiti.org/
ANNEXE A - FORMULAIRE POUR
L'ENQUÊTE DE TERRAIN
UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAITI
(UEH)
FACULTÉ DE DROIT ET DES SCIENCES
ÉCONOMIQUES (FDSE)
Questionnaire relatif à
l'enquête de terrain pour le mémoire de sortie de
Jonathan Saint Jean
Cette enquête a pour but de collecter des informations
sur l'impact de la micro finance sur le développement économique
et social des personnes ayant contracté du microcrédit dans la
commune de Carrefour pour la période 2000-2009. Dans ce cas on va
collecter des informations sur les conditions de vie, l'éducation et le
revenu. Cette dernière variable sera mesurée par le
bénéfice réalisé dans leur activité.
PARTIE I : Salutation, présentation,
Observation directe
Bonjour/bonsoir, Je suis ........... Je mène cette
enquête dans le cadre d'une recherche universitaire. Je vous demande de
m'accorder quelques minutes justes pour vous poser quelques questions. Je vous
assure que les informations resteront confidentielles.
Sexe, type d'activité, zone du
commerce :..........................................................................................................................................................................................................................
PARTIE II : De l'activité
1.- Pouvez-vous me dire pourquoi vous menez cette
activité ?
R..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
2.- Depuis combien de temps menez-vous cette
activité ?
a) Moins de 5 ans b) 5 à 10 ans c) 10 à 15 ans
d) Plus de 15 ans
3- Comment avez-vous procédé pour commencer
l'activité (financement)?
a) Avec mes propres fonds b) vente de
propriétés c) Prêts d) Don e) Autres,
spécifiez s'il y a lieu
svp...........................................................................
4.-Avec combien d'argent avez-vous approximativement
débuté dans cette activité (montant en gourdes?
a) Moins de 5000 b) 5000 à 10000 c) 10000
à 15000 d) Plus de 15000
PARTIE III : Du prêt et de
l'institution
5.- Pour quelles raisons avez-vous fait votre premier
prêt ?
a) Pour démarrer l'activité b) financement
additionnel c) Autres, précisez .........................
6.-De quelles institutions êtes-vous clients ?
(Plusieurs réponses sont possibles)
a) ACME b) SOGESOL c) MCN d) Fonkoze e) Autres,
précisez............................
7.- Combien était le montant de votre premier
prêt ? Votre deuxième ? (En gourdes)
R. Premier :...................................
Deuxième :..........................................
8.- Combien est-il maintenant ?
R......................................................................................................
9.- Quel est le taux d'intérêt appliqué
à votre actuel prêt ? (En pourcentage)
R......................................................................................................
10.- Avez-vous des difficultés à verser les
intérêts ?
a) Jamais b) Rarement c) Parfois d) Souvent e)
Autres, spécifiez..............................
11.- Qu'arrive-t-il quand vous ne respectez pas
l'échéance des versements d'intérêts ?
(Sanctions)
R.........................................................................................................
12.- Est-ce que l'emprunt génère une
augmentation de votre bénéfice ?
a) Oui b) Non
13.- De combien s'élève-t-il mensuellement?
(Ecrivez exactement la réponse de l'enquêté(e))
R.........................................................................................................
PARTIE IV : Des Conditions de vie
14.- Comment sont les conditions de vie de votre
côté ?
a) Mauvaises b) Pas mauvaises c) Bonnes d) Très
bonnes
15.- Votre ménage est composé de combien de
personnes ?
R.........................................................................................................
16.- Combien de personnes de votre ménage qui
mènent une activité académique ou professionnelle?
a) Ecole :...............b)
Université :...............c)
Autres :.................................
17.- Où trouvez-vous de l'argent pour financer leur
formation ? (Si 16.- est positive)
a) de l'activité b) Don c) Transferts publics d)
autres revenus, précisez ............................
18.- A quelle fréquence un membre au moins de la
famille utilise-il des services médicaux ?
a) Jamais b) Rarement c) Parfois d)
Souvent e) Très souvent
19.- Comment payez-vous les soins médicaux ?
a) de l'activité b) du don c) de mon travail
et/ou celui de mon partenaire d) Autres revenus, précisez
....................................................................................
20.- Quelle est en moyenne la valeur de vos dépenses
quotidiennes ?
R.........................................................................................................
21.- D'où est-ce que vous trouvez de l'argent pour
vos dépenses quotidiennes ?
a) de l'activité b) de mon travail et/ou celui de
mon partenaire c) Autres, précisez................
22.- Quelles sont généralement vos
activités de loisir ?
a) Radio b) Télévision c) Internet d)
plage e) voyage f) aucune g) Autres
23.- Comment voyez-vous globalement les activités de
microcrédit dans la commune ? (Opinion)
R....................................................................................................................................................................................................................
24.- Seriez-vous encore prêt à recevoir du
crédit ou d'autres services de microfinance ?
a) Oui
b) non
24 a.- Si oui, lesquels ? a) Crédit b)
assurance c) épargne d) formation e) Autres
25.- Que recommandez-vous au secteur de la
microfinance ?
R...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Merci beaucoup !
ANNEXE B - LES RÉSULTATS TROUVÉS
À PARTIR DES DONNÉES TRAITÉES AVEC SPSS
Quel est le sexe de l'enquete?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Homme
|
11
|
35.5
|
35.5
|
35.5
|
Femme
|
20
|
64.5
|
64.5
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Quelle activite exercez-vous?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Commerce
|
28
|
90.3
|
90.3
|
90.3
|
Production
|
1
|
3.2
|
3.2
|
93.5
|
Services
|
2
|
6.5
|
6.5
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Pouvez-vous me dire pourquoi vous menez cette
activité ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Ameliorer le bien-etre
|
1
|
3.2
|
3.2
|
3.2
|
Ameliorer les conditions de vie
|
1
|
3.2
|
3.2
|
6.5
|
Ameliorer les conditionsde vie et pour cause de chomage
|
1
|
3.2
|
3.2
|
9.7
|
Contribuer a l'education, adapter au monde actuel, generer du
revenu
|
1
|
3.2
|
3.2
|
12.9
|
Faire du profit
|
1
|
3.2
|
3.2
|
16.1
|
Gagner de l'argent
|
1
|
3.2
|
3.2
|
19.4
|
Gagner de l'argent et pour cause de chomage
|
1
|
3.2
|
3.2
|
22.6
|
Generer du revenu
|
1
|
3.2
|
3.2
|
25.8
|
Generer du revenu, faire l'education des enfants
|
1
|
3.2
|
3.2
|
29.0
|
generer du revenu, prendre soin de ma famille et pour cause du
chomage
|
1
|
3.2
|
3.2
|
32.3
|
Pour cause de chomage
|
1
|
3.2
|
3.2
|
35.5
|
Pour cause de chomage et pour generer du revenu
|
2
|
6.5
|
6.5
|
41.9
|
Pour gagner sa vie
|
1
|
3.2
|
3.2
|
45.2
|
Pour le progres, pour gagner de l'argent
|
1
|
3.2
|
3.2
|
48.4
|
Prendre soin de ma famille
|
1
|
3.2
|
3.2
|
51.6
|
Prendre soin de ma famille et genere du revenu
|
1
|
3.2
|
3.2
|
54.8
|
Prendre soin de ma famille et pour cause de chomage
|
1
|
3.2
|
3.2
|
58.1
|
Prendre soins de ma famille
|
2
|
6.5
|
6.5
|
64.5
|
Repondre aux besoins
|
2
|
6.5
|
6.5
|
71.0
|
Repondre aux besoins de ma famille et augmenter mon revenu
|
1
|
3.2
|
3.2
|
74.2
|
Repondre aux besoins de ma famille et pour cause de chomage
|
1
|
3.2
|
3.2
|
77.4
|
Repondre aux besoins et pour cause de chomage
|
4
|
12.9
|
12.9
|
90.3
|
Repondre aux besoins financiers de ma famille
|
1
|
3.2
|
3.2
|
93.5
|
S'adapter au mode de vie en Haiti
|
1
|
3.2
|
3.2
|
96.8
|
Suivre l'exemple familial et pour cause du chomage
|
1
|
3.2
|
3.2
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Comment avez-vous procédé pour commencer
l'activité (financement)?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Avec mes propres fonds
|
26
|
83.9
|
83.9
|
83.9
|
Prêts
|
4
|
12.9
|
12.9
|
96.8
|
Don
|
1
|
3.2
|
3.2
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Avec combien d'argent avez-vous approximativement
débuté dans cette activité (montant en
gourdes?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Moins de 5000
|
7
|
22.6
|
22.6
|
22.6
|
5000 à 10000
|
8
|
25.8
|
25.8
|
48.4
|
10000 à 15000
|
6
|
19.4
|
19.4
|
67.7
|
Plus de 15000
|
10
|
32.3
|
32.3
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Pour quelles raisons avez-vous fait votre premier
prêt ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Pour démarrer l'activité
|
4
|
12.9
|
12.9
|
12.9
|
financement additionnel
|
27
|
87.1
|
87.1
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Combien était le montant de votre premier
prêt ? (En gourdes)
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
-
|
1
|
3.2
|
3.2
|
3.2
|
10000
|
9
|
29.0
|
29.0
|
32.3
|
12500
|
2
|
6.5
|
6.5
|
38.7
|
15000
|
5
|
16.1
|
16.1
|
54.8
|
150000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
58.1
|
20000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
61.3
|
25000
|
2
|
6.5
|
6.5
|
67.7
|
3000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
71.0
|
30000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
74.2
|
350000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
77.4
|
5000
|
3
|
9.7
|
9.7
|
87.1
|
50000
|
2
|
6.5
|
6.5
|
93.5
|
7500
|
2
|
6.5
|
6.5
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Combien était le montant de votre
deuxième pret ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
-
|
6
|
19.4
|
19.4
|
19.4
|
10000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
22.6
|
100000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
25.8
|
11000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
29.0
|
12000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
32.3
|
12500
|
1
|
3.2
|
3.2
|
35.5
|
15000
|
7
|
22.6
|
22.6
|
58.1
|
17500
|
1
|
3.2
|
3.2
|
61.3
|
20000
|
5
|
16.1
|
16.1
|
77.4
|
200000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
80.6
|
22500
|
1
|
3.2
|
3.2
|
83.9
|
28000
|
1
|
3.2
|
3.2
|
87.1
|
30500
|
1
|
3.2
|
3.2
|
90.3
|
5000
|
2
|
6.5
|
6.5
|
96.8
|
7500
|
1
|
3.2
|
3.2
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Avez-vous des difficultés à verser les
intérêts ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Parfois
|
10
|
32.3
|
32.3
|
32.3
|
Rarement
|
8
|
25.8
|
25.8
|
58.1
|
Jamais
|
13
|
41.9
|
41.9
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Qu'arrive-t-il quand vous ne respectez pas
l'échéance des versements d'intérêts ?
(Sanctions)
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Delai
|
2
|
6.5
|
6.5
|
6.5
|
Je paie toujours
|
14
|
45.2
|
45.2
|
51.6
|
Penalites
|
15
|
48.4
|
48.4
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Est-ce que l'emprunt génère une
augmentation de votre bénéfice ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Oui
|
27
|
87.1
|
90.0
|
90.0
|
Non
|
3
|
9.7
|
10.0
|
100.0
|
Total
|
30
|
96.8
|
100.0
|
|
Missing
|
Ne sait pas
|
1
|
3.2
|
|
|
Total
|
31
|
100.0
|
|
|
De combien s'élève-t-il mensuellement?
(Ecrivez exactement la réponse de l'enquêté(e))
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
-
|
12
|
38.7
|
44.4
|
44.4
|
10000
|
1
|
3.2
|
3.7
|
48.1
|
11500
|
1
|
3.2
|
3.7
|
51.9
|
18000
|
1
|
3.2
|
3.7
|
55.6
|
2000
|
2
|
6.5
|
7.4
|
63.0
|
20000
|
2
|
6.5
|
7.4
|
70.4
|
25000
|
1
|
3.2
|
3.7
|
74.1
|
3000
|
2
|
6.5
|
7.4
|
81.5
|
4000
|
2
|
6.5
|
7.4
|
88.9
|
5000
|
2
|
6.5
|
7.4
|
96.3
|
7500
|
1
|
3.2
|
3.7
|
100.0
|
Total
|
27
|
87.1
|
100.0
|
|
Missing
|
88
|
3
|
9.7
|
|
|
99
|
1
|
3.2
|
|
|
Total
|
4
|
12.9
|
|
|
Total
|
31
|
100.0
|
|
|
Comment sont les conditions de vie de votre
côté ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Pas mauvaises
|
16
|
51.6
|
51.6
|
51.6
|
Bonnes
|
13
|
41.9
|
41.9
|
93.5
|
Très bonnes
|
2
|
6.5
|
6.5
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Combien de personnes de votre ménage qui
mènent une activité académique?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
0
|
4
|
12.9
|
12.9
|
12.9
|
1
|
7
|
22.6
|
22.6
|
35.5
|
2
|
11
|
35.5
|
35.5
|
71.0
|
3
|
7
|
22.6
|
22.6
|
93.5
|
6
|
2
|
6.5
|
6.5
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Combien de personnes de votre ménage qui
mènent une activité universitaire?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
0
|
21
|
67.7
|
67.7
|
67.7
|
1
|
7
|
22.6
|
22.6
|
90.3
|
2
|
2
|
6.5
|
6.5
|
96.8
|
3
|
1
|
3.2
|
3.2
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Où trouvez-vous de l'argent pour financer leur
formation ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
de l'activité
|
17
|
54.8
|
60.7
|
60.7
|
Don
|
1
|
3.2
|
3.6
|
64.3
|
autres revenus
|
10
|
32.3
|
35.7
|
100.0
|
Total
|
28
|
90.3
|
100.0
|
|
Missing
|
Non reponse
|
3
|
9.7
|
|
|
Total
|
31
|
100.0
|
|
|
A quelle fréquence un membre au moins de la
famille utilise-il des services médicaux ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Rarement
|
14
|
45.2
|
45.2
|
45.2
|
Parfois
|
12
|
38.7
|
38.7
|
83.9
|
Souvent
|
2
|
6.5
|
6.5
|
90.3
|
Jamais
|
3
|
9.7
|
9.7
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Comment payez-vous les soins médicaux
?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
de l'activité
|
15
|
48.4
|
55.6
|
55.6
|
de mon travail et/ou celui de mon partenaire
|
7
|
22.6
|
25.9
|
81.5
|
Autres revenus
|
5
|
16.1
|
18.5
|
100.0
|
Total
|
27
|
87.1
|
100.0
|
|
Missing
|
Non reponse
|
3
|
9.7
|
|
|
System
|
1
|
3.2
|
|
|
Total
|
4
|
12.9
|
|
|
Total
|
31
|
100.0
|
|
|
Quelle est en moyenne la valeur de vos
dépenses quotidiennes ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
-
|
6
|
19.4
|
19.4
|
19.4
|
100
|
2
|
6.5
|
6.5
|
25.8
|
1000
|
2
|
6.5
|
6.5
|
32.3
|
125
|
2
|
6.5
|
6.5
|
38.7
|
130
|
1
|
3.2
|
3.2
|
41.9
|
150
|
1
|
3.2
|
3.2
|
45.2
|
1500
|
1
|
3.2
|
3.2
|
48.4
|
200
|
4
|
12.9
|
12.9
|
61.3
|
250
|
4
|
12.9
|
12.9
|
74.2
|
300
|
2
|
6.5
|
6.5
|
80.6
|
350
|
1
|
3.2
|
3.2
|
83.9
|
400
|
1
|
3.2
|
3.2
|
87.1
|
500
|
1
|
3.2
|
3.2
|
90.3
|
600
|
1
|
3.2
|
3.2
|
93.5
|
750
|
1
|
3.2
|
3.2
|
96.8
|
90
|
1
|
3.2
|
3.2
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
D'où est-ce que vous trouvez de l'argent pour
vos dépenses quotidiennes ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
de l'activité
|
28
|
90.3
|
90.3
|
90.3
|
de mon travail et/ou celui de mon partenaire
|
3
|
9.7
|
9.7
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Quelles sont généralement vos
activités de loisir ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Radio
|
5
|
16.1
|
16.1
|
16.1
|
Télévision
|
11
|
35.5
|
35.5
|
51.6
|
Internet
|
3
|
9.7
|
9.7
|
61.3
|
plage
|
3
|
9.7
|
9.7
|
71.0
|
aucune
|
4
|
12.9
|
12.9
|
83.9
|
Autres
|
5
|
16.1
|
16.1
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Seriez-vous encore prêt à recevoir du
crédit ou d'autres services de microfinance ?
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Oui
|
29
|
93.5
|
93.5
|
93.5
|
Non
|
2
|
6.5
|
6.5
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Si oui, lesquels ? Credit
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Oui
|
25
|
80.6
|
80.6
|
80.6
|
Non
|
6
|
19.4
|
19.4
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Si oui, lesquels ? Assurance
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Oui
|
14
|
45.2
|
45.2
|
45.2
|
Non
|
17
|
54.8
|
54.8
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Si oui, lesquels ? Epargne
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Oui
|
15
|
48.4
|
48.4
|
48.4
|
Non
|
16
|
51.6
|
51.6
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
Si oui, lesquels ? Formation
|
|
Frequency
|
Percent
|
Valid Percent
|
Cumulative Percent
|
Valid
|
Oui
|
21
|
67.7
|
67.7
|
67.7
|
Non
|
10
|
32.3
|
32.3
|
100.0
|
Total
|
31
|
100.0
|
100.0
|
|
ANNEXE C - TABLEAUX DES
CREDITS QUI SONT AUGMENTÉS A LEUR RENOUVELLEMENT
Prêt de départ
|
Prêt de renouvellement
|
Taux de croissance du prêt (en %)
|
Statut prêt de départ
|
Secteur d'activité
|
150000
|
200000
|
33.33
|
Finan.add.
|
Commerce
|
10000
|
15000
|
50
|
Démar.d'act.
|
Commerce
|
10000
|
15000
|
50
|
Finan.add.
|
Commerce
|
10000
|
15000
|
50
|
Finan.add.
|
Commerce
|
10000
|
15000
|
50
|
Finan. add.
|
Commerce
|
10000
|
15000
|
50
|
Finan. add.
|
Commerce
|
10000
|
15000
|
50
|
Finan.add.
|
Commerce
|
20000
|
28000
|
40.00
|
Finan.add.
|
Commerce
|
7500
|
17500
|
133.33
|
Finan.add.
|
Commerce
|
7500
|
10000
|
33.33
|
Finan.add.
|
Commerce
|
30000
|
30500
|
1.67
|
Finan.add.
|
Commerce
|
50000
|
100000
|
100.00
|
Démar. d'act.
|
Commerce
|
10000
|
11000
|
10.00
|
Finan.add.
|
Industrie
|
10000
|
12000
|
20.00
|
Finan.add.
|
Commerce
|
15000
|
20000
|
33.33
|
Finan.add.
|
Commerce
|
15000
|
20000
|
33.33
|
Finan.add.
|
Service
|
15000
|
20000
|
33.33
|
Finan.add.
|
Commerce
|
5000
|
7500
|
50.00
|
Finan.add.
|
Commerce
|
10000
|
12500
|
25.00
|
Finan.add.
|
Commerce
|
12500
|
20000
|
60.00
|
Finan.add.
|
Commerce
|
3000
|
5000
|
66.67
|
Finan.add.
|
Commerce
|
* 1 Ce sont un ensemble
d'objectifs en huit (8) points fondamentaux visant à réduire la
pauvreté de moitié d'ici 2015. Ils sont formulés
ainsi :
Éliminer
l'extrême pauvreté et la faim,
Assurer
l'éducation primaire pour tous,
Promouvoir
l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes,
Réduire
la mortalité infantile et post-infantile,
Améliorer
la santé maternelle,
Combattre le
VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies,
Préserver
l'environnement et
Mettre en place un
partenariat pour le développement
* 2 Intervention de madame
Christine Lagarde, directrice générale du FMI, à
l'ouverture d'un forum international organisé par le gouvernement
mexicain sur «l'inclusion financière» le 26 juin 2014,
à
Mexico, en
présence du président mexicain Enrique Peña Nieto. [En
ligne] à l'adresse :
http://affaires.lapresse.ca/economie/international/201406/26/01-4779133-fmi-lagarde-plaide-pour-linclusion-financiere-des-plus-pauvres.php
. Page consultée le 30 juin 2014.
* 3 Cette
référence est citée par PAUL Bénédique
(2011) in « le capital institutionnel dans l'analyse du changement
économique et social : application au secteur de la microfinance en
Haïti », p. 233.
* 4 Discours d'introduction
de Kofi Annan. Symposium intitulé « Capitaux privés
pour le financement des microentreprises et des petites
entreprises ». Genève, 10 octobre 2005. Cité par
Nicolas Blondeau (2007) in La microfinance. Un outil de développement
durable ?
* 5Cette définition
est disponible à l'adresse de l'Enda, [En ligne]
www.endarabe.org , page consultée
le 20 mai 2014.
* 6 Kout ponya est
un type de prêt particulier sur lequel l'emprunteur doit verser un
intérêt excessif au prêteur qui n'est pas une IMF. Dans
certaines régions on utilise l'appellation ponya tout
simplement. Ce dernier est la traduction créole de poignard qui est une
arme blanche à double tranchant. Selon les bénéficiaires
de ces genres de crédit, le kout ponya fait souvent autant de mal que le
poignard (ponya) réel.
* 7 BAIROCH Paul dans
« Encyclopédie économique » édition
Economica, article « développement ». Article [En
ligne] sur
http://www.ac-nice.fr/ses/termtd/mesidh.htm,
page consultée le 15 juillet 2014.
* 8 Cette définition
est prise à l'encyclopédie wikipédia, [En ligne] à
l'adresse,
http://fr.wikipedia.org/wiki/
, page consultée le 21 juin 2014
* 9 Article 25.1 de la
déclaration universelle des droits de l'homme. [En ligne] à
l'adresse :
http://www.un.org/fr/documents/udhr/
, page consultée le 23 juin 2014.
* 10 Article 26.2 de la
déclaration universelle des droits de l'homme. [En ligne] à
l'adresse :
http://www.un.org/fr/documents/udhr/
, page consultée le 23 juin 2014.
* 11 Mahbub ul
Haq est un
économiste,
homme
politique et
banquier
pakistanais, né
le
22
février
1934 à
Jammu et
décédé le
16
juillet
1998 à
New York. Il est surtout
connu pour avoir développé, avec l'Indien
Amartya Sen, l'
indice
de développement humain (IDH), en
1990. Il a aussi
été Ministre des finances du
Pakistan en
1985 et
1986, puis de nouveau, par
interim, en
1988.
http://fr.wikipedia.org/, page
consultée le 26 juin 2014.
* 12 Amartya Kumar
Sen né le
3
novembre
1933 à
Santiniketan, Inde, est
un
économiste.
Il a reçu le
prix
Nobel d'économie en 1998, pour ses travaux sur la
famine, sur la
théorie
du développement humain, sur l'
économie
du bien-être, sur les mécanismes fondamentaux de la
pauvreté, et
sur le
libéralisme
politique.
http://fr.wikipedia.org/, page
consultée le 26 juin 2014.
* 13 MATHIEU Francois
Régis, La mesure du développement, version
archivée le 02 avril 2006 et lue sur le site
www.globenet.org le 10 mars 2014.
* 14 Hormis
certaines références particulières, cette
historicité est tirée PlaNet Finance, dont la
référence est citée avec précision à la fin
de la section.
* 15 Mpanzu balomba est
cité par Christian Nkuka dans son mémoire « Essor
de la microfinance à kinshasa en RDC, 2012 ». Patience
Mpanzu Balomba est un congolais, Docteur en Sciences Agronomiques et
Ingénierie Biologique, Economie Agricole.
* 16 Friedrich-Wilhelm
Raiffeisen est né en 1818 d'une famille chrétienne très
modeste. Il est le fondateur de la mutualité de crédit. Il a
été nommé bourgmestre du district de Weyerbush (1845),
puis du district de Flammersfeld (1848), et enfin maire de Heddesdorf. Son
système de mutualité est à l'origine du crédit
agricol et du crédit mutuel en France, de la Raiffesen Bank en
Allemagne, des Caisses Raiffesen en Suisse, des Caisses Desjardins au
Québec, de la Robobank en Hollande, de la C.E.R.A en Belgique, ainsi
d'innombrables banques coopératives à travers le monde. Extrait
de l'Encyclopaedia universalis, en ligne, consulté le 15 août
2014.
* 17 Barometre de la
microfinance 2011, p.2
* 18 Muhammad Yunus est un
économiste et un entrepreneur bangladeshi renommé.
Surnommé le "banquier des pauvres", il a fondé la première
institution de microcrédit, la Grameen Bank. Ce concept lui a valu le
Prix Nobel de la paix en 2006. Il a eu son doctorat à
l'université privée Vanderbilt dans le Tenessee après une
maîtrise à l'université du Colorado. Ce jeune professeur
d'économie comprend qu'une grande partie des problèmes
rencontrés par les paysans pauvres sont liées à leurs
difficultés d'accès à des capitaux. C'est ainsi que Yunus
en vient à proposer un premier "micro-prêt" (entre 30 et 50
dollars) à quelques dizaines d'habitants du village, en utilisant son
propre argent. C'est un succès immédiat, au Bangladesh tout
d'abord, où la « Grameen » (son propre programme
créé en 1977) obtient le statut d'établissement bancaire
en 1983, puis dans d'autres pays où le « modèle »
s'exporte à partir de 1989.
* 19 ATTALI, J., A
propos du microcrédit, PlaNet Finance, [En ligne]
www.microworld.org, page
consultée le 17 mai 2014
* 20 (www.mixmarket.org), le
site de référence rassemblant un ensemble d'informations
financières et sociales sur ces institutions
* 21 Portail de la
microfinance, Etats des lieux de la microfinance en Europe, [En ligne]
sur
https://www.lamicrofinance.org,
page consultée le 17 mai 2014.
* 22 Extrait d'un article de
la journaliste GREGOIRE Monique (2011), Le microcrédit au canada :
petits prêts, grandes réussites, revue de presse.
* 23 Article [En ligne] sur
http://www.terraeco.net/USA: Aux
Etats-Unis, la microfinance gagne du credit. Page consultée le 25
mai 2014.
* 24 Les informations sur
les activités de microfinance dans cette région sont extraites du
site du Groupe Planet Finance [En ligne] à l'adresse URL :
http://www.microworld.org/ , page
consultée le 15 août 2014.
* 25 Ce terme désigne
l'octroi de plus de pouvoir aux individus ou aux groupes pour agir sur les
conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques
qu'ils subissent. Diverses traductions ont été proposées
en français dont certaines sont : capacitation,
développement du pouvoir d'agir, autonomisation, responsabilisation,
émancipation ou pouvoir-faire.
* 26 MORDUC Jonathan est
Président du Groupe d'experts des Nations Unies sur les statistiques
relatives à la pauvreté mondiale. Professeur d'économie et
chercheur à une université New-yorkaise.
* 27Simon Cornée
(2006) a fait l'expérimentation dans son mémoire de master
intitulé : « Microfinance : entre marché
et solidarité. Analyse de la convergence entre performances
financières et performances sociales : application de la méthode
Data Envolpment Analysis sur 18 institutions de microfinance
péruviennes »
* 28 Ces données sont
disponibles sur le site d'Haïti référence [En ligne]
à l'adresse
http://www.haiti-reference.com/geographie/
, page consultée le 12 mai 2014.
* 29
http://www.unicef.org/haiti/french/overview_16366.htm,
page consultée le 10 mai 2014
* 30 Cette expression
désigne un mouvement d'une rare violence baptisé à tort
dans la presse d'« Opération Bagdad » en 2004, en comparaison
avec des insurrections armées en Irak contre l'occupation
étasunienne, prit naissance. Ce mouvement s'est
caractérisé, entre autres, par des vols, des viols, des rapts,
des assassinats de policiers, d'anciens militaires, de simples citoyens vaquant
à leurs activités et même des habitants des bidonvilles.
* 31 La trappe de
pauvreté est une explication potentielle et également très
controversée de l'absence de croissance dans certains pays pauvres.
* 32 Sauf indication
contraire, ces données proviennent du « Document de
Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la
Pauvreté », élaboré par le ministère
de la planification et la coopération externe en 2007, pp. 34-39.
* 33 Ce chiffre provient de
la thèse de B. Paul (2011). Il est différent de ceux du tableau
ci-après contenant les valeurs du PIB sur la période
d'étude car, ils sont d'une source différente.
* 34 Extrait de l'article
« La pauvreté rurale en Haïti : Cercle vicieux du
sous-développement local » de Jean Laforest VISENE,
publié dans le journal Le Nouvelliste, no. 36742 du vendredi 8 au
dimanche 10 août 2003, pp. 16, 23. L'article est disponible sur le
blog :
http://visenejl.blogspot.com
. Page consultée le 10 juillet 2014.
* 35 Comme pour le
paragraphe précédent, les données de ce paragraphe sont
tirées du document de stratégie nationale pour la croissance et
la réduction de la pauvreté (MPCE, pp.31-33, 2007).
* 36 Cette
partie s'est inspirée de PAUL Bénédique (2011),
« Le capital institutionnel dans l'analyse du changement
économique et social : application au secteur de la microfinance en
Haïti, Université de Montpellier I, Thèse,
pp.208-224 », et de PAUL Bénédique et al. in
« Le développement de la microfinance en Haïti : un bref
aperçu historique, vol. 5 no 1.
* 37
Commission Economique pour l'Amérique Latine et les Caraïbes
(CEPALC) (2005), La micro-finance et son rôle potentiel dans
l'allègement de la pauvreté et le développement en
Haïti, p. 5-19.
*Certaines données ont été
actualisées par l'Association Nationale des Institutions de Microfinance
d'Haïti, [En ligne] à l'adresse URL :
www.animhaiti.org, dans l'article :
Qu'est-ce que la microfinance. Page consultée le 15 février
2014.
* 38 MIX Market,
http://www.mixmarket.org
et ANIMH, rapport 2009, sur
www.animhaiti.org
* 39 Un proxy est en fait
une variable particulièrement étroitement corrélé
à une variable d'intérêt, quelle que soit d'ailleurs la
nature de cette corrélation. Son utilité est évidente:
quand on ne peut plus observer notre variable d'intérêt, faute de
données, on utilise sa variable proxy, dont on connaît le lien
avec notre variable d'intérêt.
* 40 Pour
cette présentation de la commune nous avons exploré le Plan
d'Investissement Municipal (PIM), élaboré par la mairie de
Carrefour en 2011. Nous avons, dans cette étude, utilisé les
informations que nous jugeons plus pertinentes.
* 41 En
réalité, l'enquête révèle que 21 prêts
se sont vus augmenter au renouvellement. Dans le tableau suivant on a mis
seulement les prêts qui évoluent dans des tranches
différentes. Ils sont au nombre de 14. Un tableau général
est dressé à l'annexe pour ces 21 prêts qui se sont vus
augmenter, avec leur statut et l'activité couverte par ces
crédits.
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