REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEIUR ET
UNIVERSITAIRE
UNIVERSITAIRE SIMON KIBANGU DE BUKAVU
E-mail : univ.simonk
2005@yahoo.fr
FOI
B.P. 601 BULAVU
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES
ETADMINISTRATIVES
DEPARTEMENT DE RELATIONS INTERNATIONALES
PACIFICATION ET SECURITE NATIONALES.QUELLES STRATEGIES
POUR LA RDC ?
Par : Frédéric BIRINDWA
MIHIGO
Mémoire présenté et défendu en vue de
l'obtention du Diplôme de Licenciéen Relations Internationales
Directeur : Germain NGOIE TSHIBAMBE
Co-directeur : Doctorant Yves BASHONGA
Encadreur : C.T.Rigobert BIREMBANO
BAHATI
EPIGRAPHES
« Toutes les nations sont anglaises,
c'est-à-dire immorales, en un point, toutes parlent de Dieu en
égorgeant, de progrès en volant, et de morale en sodomisant.
Ces drapeaux qui claquent au soleil, aux sonneries des
trompettes et qu'on salue, sont les voiles d' honneur, derrière lesquels
la nation opère selon la tradition des homicides et des voleurs ;
or la nation est la horde éternelle, mais hypocrite,
réfléchie, opérant selon un rituel, c'est-à-dire
ces règles qui administrent le crime sans le borner, qui formerait l'
activité humaine où s' engloutissent l' or, le sang, l' âme
et la pensée du monde . »
« Il ne faut pas avoir d'ennemis, c'est
-à-dire qu'il ne faut accorder à personne assez d'importance pour
lui opposer sa propre personnalité. Les hostiles sont
inévitables, non pas toujours funestes. »
« L'amour n'est ni tragique, ni comique, mais doux
et grave ; véritable, on le connaît à ce signe que les
amants ne se font point de mal. Ne pas se faire de mal quand on s'aime,
voilà la plus rare des perfections. »
La Pensée et les secrets du
SârJoséphin PELADAN I
Frédéric BIRINDWA MIHIGO
DEDICACE
A mes très chers Parents Jacques MIHIGO MUDEKUZA et
Immaculé NABINTU M' MUGARA ;
A ma très chère fille Céline MWINDJA
MIHIGO ;
A mes frères et Soeurs et à tous ceux qui me sont
chers dans le cadre de reconnaissance pour les peines consenties pour mon
éducation ;
Nous dédions ce travail.
Frédéric BIRINDWA MIHIGO
REMERCIEMENTS
Au terme de notre travail de fin
d'Etudes Universitaires en Relations Internationales à
l'Université Simon Kimbangu de Bukavu, USK/Bukavu, qu'il nous soit
permis de remercier ceux qui, de près ou de loin ont contribué
non seulement à la réalisation de ce travail, mais aussi à
notre formation durant notre cursus.
En effet, il nous est difficile de les
citer tous nommément ici, mais nous tenons à remercier d'abord et
plus particulièrement le Professeur Germain NGOIE TSHIBAMBE de
l'Université de Lubumbashi. Le Doctorant Yves BASHONGA de l'Ambassade de
la RDC aux Etats-Unis d'Amérique et le Chef de Travaux Rigobert
BIREMBANO BAHATI, qui, malgré leurs multiples taches ont accepté
de diriger, codiriger et encadrer le présent travail.
Ensuite, nos remerciements s'adressent aux
autorités académiques et au corps enseignant de l'USK/Bukavu
à l'occurrence le Professeur Léon NGWAPITSHI KAYONGO, le Chef de
Travaux Albert MUMBUMBU MASKINI , Jacques USUNGO ULUNGU, ... , les
Professeurs LUBALA KASSI, LABANA LASAY'ABAR, Philippe BIYOYA MAKUTU ,
le Chef de Travaux Jean-Petit MUFUNGIZI,...pour votre enseignement qui a
taillé notre sens de perception et d'interprétation des
phénomènes dans cette discipline ;
Nos remerciement s'adressent à nos
Parent Jacques MIHIGO MUDEKUZA et Immaculé NABINTU M'MUGARA ainsi
qu'à tous nos frères et Soeurs pour les sacrifices consentis
pendant notre cursus;
Aux familles RUVUNANGIZA MUBALAMA Bernard et RUVUNANGIZA
BIRINDWA Philippe pour le soutient si important pendant notre cursus ;
Nos remerciements s'adressent au
Révérend Père Vincent Van H. pour votre soutien tant
moral, spirituel que matériel ;
Aux Messieurs KABAGALYA KAKOZWA Lazare et RUVUNANGIZA AGANZE
Justin, qui, malgré leurs multiples occupations se sont investis dans la
saisie et l'impression de ce travail ;
A vous tous cousins et cousines, amis et connaissances pour
vos conseils et autres formes d'assistance pendant notre cursus ;
A notre grande famille Chrétienne, la Chorale Notre
Dame de la Paix, chorale de »s Jeunes de la Cathédrale pour
votre éducation et soutien tant spirituel, moral que matériel et
surtout pour votre amour qui ne cesse de nous façonner ;
A toute la famille MUREBI, plus particulièrement son
Comité Directeur dans lequel je fais partie ;
Enfin, nous ne pouvons ne pas
remercier tous les camarades étudiants et amis de lutte à
l'occurrence MBOMBO KABONGO Irène , Florentin BAHATI M.,
Christian CIBAYE B., Lwakasi CIRHAKARHULA, Fabrice MUHANI MM., JUHUDI
Léon ,...de l'USK et Benjamin SHUKRANI CIYOGE, Serges
BALAGIZI , KANDATE MUSEMA, Alain KAMUNGU KABI, Jules RUNIGA, Michel
LUKWEBO , CIKURU,...de l'UOB pour vos orientations et conseils lors de la
rédaction de ce travail ;
Trouvez ici nos sentiments de profonde gratitude.
Frédéric BIRINDWA MIHIGO
SIGLES ET ABBREVIATIONS
AFDL : Alliances de Forces Démocratiques pour la
Libération
CEDAC : Centre d'Etudes et de Développement
d'Application Politique au Congo
CEPGL : Communauté Economique des Pays des
Grands Lacs
CEPOST : Centre d'Etudes Politiques et
Stratégiques
CERUKI : Centre d'Etudes et des Recherches
Universitaires du Kivu
CNDP : Congrès National pour la Défense
du Peuple
COS : Commandement des Opérations
Spéciales
CSJ : Cour Suprême de Justice
DIC : Dialogue Inter Congolais
EIC : Etat Indépendant du Congo
FAC : Forces Armées Congolaises
FAR : Forces Armées Rwandaises
FARDC Forces Armées de la Républiques
Démocratiques du Congo
FAZ : Forces Armées Zaïroises
FDLR : Front Démocratique pour la
Libération du Rwanda
FPR : Front Patriotique Rwandaise
MLC : Mouvement de Libération du Congo,
MPR : Mouvement Populaire de la Révolution
MUREBI : Mutuelle des Ressortissants de
Birava
NALU : Armée Nationale de l'Ouganda
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONGD : Organisation Non Gouvernementale de
Développement
ONU : Organisation des Nations-Unies
OTAN : Organisation de l'Atlantique Nord
OUA : Organisation d'Unité Africaine
RCD : Rassemblement Congolais pour la
Démocratie
RDC : République Démocratique du
Congo.
RDR : Rassemblement pour le Retour et la
Démocratie au Rwanda
RSS : Réforme du Secteur de
Sécurité
SADC : Communauté de Développement de
l'Afrique Australe
SALT : Strategic Arms and Limitation Talks
UA : Union Africaine
UDPS : Union de Démocrates pour le
Progrès Social
UE : Union Européenne
UOB : Université Officielle de Bukavu
USK : Université Simon Kimbangu
INTRODUCTION
1. Présentation et objet du Sujet
Au cours de quarante dernières années,
l'Afrique s'est présentée comme « le ventre
mou » de la sécurité du monde. L' un des obstacles
majeurs à la résolution des conflits et en vue d'une paix durable
en Afrique a été, à nos yeux la difficulté que pose
la compréhension de leur dynamique.1(*)
Au cours de la bipolarisation, l'interprétation des
conflits africains s'est vue largement dominée par le clivage et
l'argument idéologiques de la guerre froide , au détriment
des dynamiques internes, notamment celles liées à la
décolonisation.
Depuis la fin du duopole américano-soviétique,
fin des années 1980-début des années 1990, l'on assiste
à la recrudescence des conflits en Afrique noire .Des conflits
expliqués, peut-être plus qu'il ne le faut, par le fait ethnique
dans une perspective primordialiste. Cette difficulté à
domestiquer les conflictualités africaines ainsi que leur
épistémologie transforme le continent noir en un épicentre
de la géopolitique mondiale de l'insécurité.2(*)
En posant la problématique de la
sécurité en Afrique pendant les quarante dernières
années, l'on, se rend alors vite compte, d'abord, que l'Afrique
subsaharienne, de façon toute particulière, est installée
dans une sorte de « guerre
perpétuelle » ;qu'ensuite la recherche de la paix et de
la sécurité est, tel le mythe de Sisyphe, un éternel
recommencement ;et qu'enfin, non seulement l'Afrique figure au premier
rang des préoccupations de l' ONU mais qu'elle s'est
affirmée, depuis les indépendances comme un partenaire
stratégique non négligeable de celle-ci dans les missions de paix
à travers le monde.3(*)
Des indépendances à la fin de la
guerre froide, les guerres africaines ressortent de deux matrices. D'une part,
la matrice historique à travers le conflit de la
décolonisation ; et d'autre part, la matrice idéologique
qui, dans le contexte du duopole, semble inscrire les conflits du monde dans le
clivage Est-Ouest, sans considérations pour leurs aspects
géopolitiques propres. L'analyse des logiques internes des conflits
africains actuels permet de répéter, derrière le paravent
ethnique, des facteurs géopolitiques évidents, relatifs à
l'identitaire ainsi qu'aux enjeux de
« pouvoir-territoire »et aux avantages liés à
son contrôle.
Comme de nombreux conflits identitaires en
Afrique posent des problèmes liés aux besoins universels
d'identité, de reconnaissance, de sécurité, de
dignité et de participation, leur grande véhémence ainsi
que leur grande violence expriment des « narcissismes
collectifs »et « peur existentielle »qui les
génèrent.
François THUAL écrit : »les
conflits identitaires sont des conflits pour la survie du groupe non seulement
matérielle, mais avant tout psychologique.4(*)
Jusqu'à la fin des années 1980, il
a prévalu l'idée selon laquelle l'idéal
démocratique auquel aspiraient les peuples ailleurs, était
«positivement dangereux »et « un luxe pour
l `Afrique », et que les régimes monolithiques à
parti unique, autoritaires, «étaient les mécanismes par
excellence de l'unification des sociétés.5(*) C'est donc le rejet des
différences et des inégalités politiques,
économiques et sociales qui transforment le fait ethnique en
phénomène identitaire. La confiscation, la
« privatisation »par un groupe du pouvoir politique et des
avantages auxquels son exercice donne accès est un facteur qui
déclenche les conflits identitaires. Ces derniers par « la
transfrontalièreté » de leur champ, par la
complexité de leurs ramifications internes et externes, par la
multiplicité de leurs acteurs, sont des conflits sous-tendus(qui se
justifient) par des dynamiques diverses et souvent inextricables. Ces conflits
se multiplient dans des zones particulièrement riches de
l' « Afrique médiane »,carrefour de tous les
impérialismes, où s'entrecroisent aujourd'hui, des logiques
politiques, économiques et sociales, des logiques de prédation,
pour être précis.6(*)
Mais de tous les conflits africains de
l'après-guerre froide, la guerre à
« rebondissements »du Congo-Zaire, actuelle
République Démocratique du Congo(RDC),est celle qui rend le mieux
compte des différents aspects des conflictualités africains,
à savoir, sans souci d'exhaustivité :l'ethnicité,
l'effondrement de l'Etat, la lutte pour le « pouvoir-
territoire »,la privatisation de la guerre, le pillage des
ressources,...
2. Problématique et
Hypothèses
La guerre en République Démocratique du Congo
est apparue comme seulement la tête de l'iceberg de la crise dans
l'Afrique Centrale et Australe. Elle a en effet mis à contribution le
Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, la Tanzanie, l'Angola, le Zimbabwe et
l'Erythrée. L'objectif déclaré de cette coalition
était de défaire l'Afrique du plus vieux dictateur de
l'époque à savoir le Maréchal MOBUTU. Mais à
côté de cet objectif commun chaque pays de la coalition avait son
propre agenda.
Par exemple le Rwanda, qui donna le majorité des
troupes, l'objectif immédiat était de détruire les camps
des réfugiés Hutus à la frontière de l'ex
Zaïre, de les contraindre à retourner au pays et de repousser les
récalcitrants loin à l'intérieur du Congo. Mais en
règle générale, l'agenda était économique
pour la majorité des pays impliqués dans la guerre.
En effet, nombreuses sécessions de 1960, dont celle du
Katanga, des rébellions de 1964 et des violences
politico-éthniques qui ont marqué la fin du régime du
président MOBUTU et celui de KABILA en 1998, aucune ne remet en question
l'unité nationale et territoriale de ce vaste pays, véritable
« sous-continent ».6(*)
Pour Roland POURTIER, l'image symbolique du fleuve Congo, sa
référence génétique et l'existence d'une
identité collective constitueraient le ressort d'une conscience
nationale Congolaise. Ensuite, parce que, en ce qui concerne
l'insécurité, l'on peut dire que depuis 1996, le Congo-Zaire
« rime avec chaos »7(*)
Cette situation, comme on le sait, est la résultante
d'une guerre civile, prolongement Congolais de la crise Rwandaise(1996-1997) et
d'une guerre régionale opposant à partir de1998, le régime
L.D. Kabila, ses alliés Angolais et Zimbabwéens à ses
anciens parrains Rwandais et Ougandais, guerre régionale qui se poursuit
jusqu'aujourd'hui par les acteurs Congolais interposés.
C'est grâce à ces soutiens
précités et après avoir triomphé du régime
MOBUTU que L.D. Kabila proclamait le 17 Mai 1997 , la fin du Zaïre et la
renaissance de la RDC dont il devient lui-même président. Le 02
Août 1998, le président autoproclamé prit un ensemble de
mesures qui ne plurent pas aux partenaires Ougandais et Rwandais surtout, ce
qui conduira à l'éclatement d'une rébellion menée
par le Rassemblement Congolais pour la Démocratie
(RCD), « paravent » de l'Ouganda et du Rwanda.
Toutes les tentatives entreprises par ces deux pays visant
à prendre le Congo à renvers échouèrent grâce
à un sursaut de la résistance Congolaise. C'est aussi grâce
à la coalition formée autour de lui par l'Angola, le Zimbabwe, la
Namibie et le Tchad, que le Congo a pu préserver son territoire de
l'éclatement recherché par la rébellion soutenue par le
Rwanda, l'Ouganda et le Burundi. Cette nouvelle guerre fut
baptisée « première guerre continentale
Africaine ».8(*)
Afin de mener à bien nos recherches et comprendre
l'histoire récente de la RDC du point de vue pacification et
sécurité, les questions suivantes méritent d'être
posées en guise de problématique :
1. Pour mettre fin à cette guerre dévastatrice
qui ronge la RDC ces dernières années, quelles sont les
stratégies adoptées par le gouvernement pour la pacification de
la RDC et quels en sont les principaux acteurs ?
2. « Mieux vaut prévenir que
guérir »dit-on. Quelles sont les stratégies ou
mécanismes que doit adopter la RDC pour prévenir les
éventuelles guerres qui mettraient en cause sa cohésion nationale
et pour rétablir la sécurité sur toute l'étendue
nationale ?
En réponse provisoire à ces questions de
problématique, les hypothèses suivantes sont retenues :
1. Différentes négociations ont
été organisées par les belligérants pour mettre fin
à la guerre dévastatrice en RDC. Ces négociations ont
donné naissance à la formule 1+4(gouvernement de transition
composé d'un président et de quatre vice-présidents) qui
abouti à son tour à l'organisation des élections libres et
démocratiques sous l'oeil vigilant de la communauté
internationale et des acteurs régionaux et sous-régionaux
interposés.
2. La RDC doit chercher à recouvrer sa place qu'elle
occupait au coeur de l' »Afrique en développant la politique
de bon voisinage et au premier plan la réforme du secteur de
sécurité pour prévenir les éventuelles guerres
d'agression.
3.Choix et intérêt
du sujet
La RDC a connu des moments politiques très sombres
entre 1996 et 2003, une longue période des guerres
répétition entrecoupées par des courts épisodes
d'accalmie pendant les négociations des belligérants.
Après ces quatre premières années de 1996
à 1999, phase caractérisée par la dite guerre de
libération(AFDL), débute la transition politique qui donna
naissance à un gouvernement atypique(1 +4) jamais connu auparavant dans
notre pays. Fort heureusement, contre toute attente de la population, il
débouche successivement à l'adoption par voie
référendaire(18/2/2006), et enfin à l'organisation des
élections libres et démocratiques. Il faut reconnaître que
ce résultat est le fruit des efforts déployés
conjointement par le gouvernement Congolais et la communauté
internationale.
En tant que Congolais le choix du présent sujet se
justifie par un besoin citoyen d'accéder à plus d'informations
sur la sécurité de la RDC durant cette période et sur son
avenir. En d'autres termes, on s'appesantira sur les enjeux de
pacification et de sécurisation après la période de guerre
en RDC.
Ce sujet revêt un intérêt d'ordre
scientifique. Ce travail pourra contribuer d'une manière ou d'une autre
à l'enrichissement du capital scientifique dans le domaine des Relations
Internationales en général, de la géostratégie et
de l'Histoire Politique et Administrative du Congo(RDC) en particulier.
Ce travail n'est pas le premier à analyser cette
question de la Pacification et de la sécurité Nationales de
la RDC, plusieurs autres l'ont abordé d'une manière ou d'une
autre. De façon illustrative nous citons :
1. CEPOST, dans son rapport final du séminaire- atelier
sur la « sécurisation de la République
Démocratique du Congo : Menaces, Défis et
opportunités », tenue à Bukavu du 13 au 15 Juillet
2005, vise :
· La recherche des difficultés liées
à la sécurisation de la Province du Sud- Kivu en particulier et
de la RDC en général ;
· L'élargissement des contacts et des
connaissances pouvant contribuer à la prévention de
l'insécurité ;
· L'exploitation des attentes de la communauté
locale en matière de sécurisation du Sud- Kivu ;
· Enfin, l'élaboration des structures et des
mécanismes de renforcement de la sécurité tant au niveau
provincial, national, que de toute la sous -région des grands
lacs.9(*)
2. MAZAMBI BAHI , dans son mémoire
intitulé « le conflit en RDC : enjeux des grandes
puissances », fait l'étude des enjeux exacts de la crise en
RDC et surtout le rôle de la Communauté Internationale et des
multinationales dans la recherche d'une paix durable en RDC.10(*)
3. FABIEN HARWANDEYE a voulu connaître le nombre
des résolutions et des décisions adoptées et
appliquées dans le conflit Congolais ; il a voulu savoir aussi
pourquoi l'ONU, à travers le conseil de sécurité ;
n'a pas agit immédiatement par tous les moyens pour rétablir la
RDC dans ses droits et sanctionner les comportements qui vont à
l'encontre de ses objectifs et enfin, dans le cadre de la RDC, savoir si l'ONU
dispose d'une force capable de préparer le pays et de sécuriser
ses frontières.11(*)
4. Azile TANZI SALUMU , dans son étude de
la résolution pacifique des conflits montre en analysant les diverses
stratégies mis en application dans la résolution des conflits par
les politiciens , la population civile, les militaires et les ONGS.12(*)
5. KALELE KABILA constate que l'Afrique des Grands Lacs
est devenue depuis plus d'une décennie le foyer des tensions dont les
soubassements est la chaîne tribale qui dégénèrent
des guerres, des massacres créant ainsi le phénomène des
réfugiés et des déplacés. Il dégage des
problèmes de résolution des conflits dans la région des
Grands Lacs et suggère une collaboration entre tous les acteurs pour la
paix au niveau de la sous-région des Grands Lacs.13(*)
4.Délimitation du
sujet
Du point de vue temporel, notre étude est
essentiellement focalisée sur la période allant de 1996 à
2009, période caractérisée par les « guerres
à rebondissements » dites de libération et par les
efforts diplomatiques déployés dans la recherche de la paix et
stabilité en RDC.
Du point de vue spatial, ce travail porte essentiellement sur
les enjeux des guerres, de pacification et de stabilité en
République Démocratique du Congo tout en braquant un regard sur
les principaux acteurs régionaux et internationaux qui ont eu à
intervenir au fil des événements.
5.Méthodologie et
techniques de recherche
Il est évident que toute étude scientifique
exige l'utilisation des méthodes et techniques adéquates
permettant de mener à bon port une recherche afin d'aboutir aux
résultats escomptés
Dans notre étude nous avons fait recours à la
méthode historico-sociologique tel que nous proposé par le
Professeur LABANA LASAY'ABAR . Cette méthode nous permet
d'appréhender la société internationale dans sa propre
dynamique évolutive. Il s'agit ici de se référer à
la genèse, aux antécédents et à l'évolution
dans le temps. 14(*)
Comme technique, nous avons fait essentiellement recours
à la technique documentaire. La documentation, instrument par excellence
en Relations Internationales, est un outil de choix que nous avons
utilisé pour récolter la quasi-totalité des données
traitées dans le présent travail.
6.Difficultés
rencontrées
Tout au long de nos recherches, nous nous sommes heurtés
à des difficultés liées à la fois à la
récolte et à la sélection des données utiles qui
cadrent avec notre sujet d'étude.
Toutefois nous avons mis à profit et affiné notre
capacité de synthèse en vue de dégager et de produire le
présent travail.
7. Plan sommaire
Hormis l'introduction et la conclusion, cette étude
s'articulera sur trois chapitres dont le premier sera consacré au cadre
théorique et conceptuel, le deuxième aux stratégies de
sécurité nationale en RDC et enfin le troisième à
la portée et limites de la réforme du secteur de la
sécurité en RDC et quelques suggestions.
CHAP .I. CADRES THEORIQUE
ET CONCEPTUEL
1.Notions sur les concepts
opératoires
a)Le concept Pacification
Du latin « pacificatio » , il exprime
l'action de pacifier, de rétablir la paix, l'ordre, de faire cesser les
conflits, de réduire les soulèvements(=la pacification d'un
pays).
Pendant les guerres de religion, on promulgua les édits
de pacification, des édits royaux pour mettre fin aux luttes entre les
Catholiques et les Protestants. Ce sont les édits ou paix d'
Ambroise(1563), de Longjumeau(1568), de Saint Germain(1570), de Boulogne(1573),
de Beaulieu (paix de Monsieur,1576), de Bergerac et Potiers(1577), de
Nérac (1579), de Fléix (1580) et l'édit de Nantes(1589),
qui mirent fin aux guerres de religion.15(*)
De la pacification, parlons un peu du concept
« paix » qui est qui un terme polysémique qui exige
un minimum de délimitation avant de faire l'objet d'un usage
savant ; à l'image de la notion de guerre : « paix
armée, paix des braves, gardien de la paix, paix des
cimetières,... »16(*)
Pour ce faire, la seule façon de procéder
consiste à partir de la guerre : suite à la
définition de la guerre comme acte de violence armée entre
unités politiques. Une telle définition est simplement
négative, eu égard à ces conceptions plus philosophiques,
telle que la paix comme vie bienheureuse chez Saint Augustin, ou même la
notion de paix positive, synonyme d'égalité et de justice
sociale, proposée par la PeaceResearch. Mais, c'est celle qui s'est
majoritairement imposée parmi les internationalistes, d'accord avec
Raymond ARON pour estimer qu'il y a paix « lorsque les armes se
taisent ».
La guerre est par définition une relation de puissance
en ce qu'elle est fonction de la capacit é des contraintes tandis
que la sécurité postule avant tout l'horizon de paix, ainsi que
la politique de défense qui prépare la guerre pour la paix
s'additionne-t-elle avec la politique de sécurité qui elle oeuvre
pour la paix.17(*)
A l'origine de ce succès il y a une explication
d'ordre méthodologique, au- delà de l'héritage
légué par la pensée classique d'un Héraclite,
voyant dans la paix (eiréné) un moment dialectique de la
guerre(polémos) : à l'image des autres sciences sociales,
les Relations Internationales tendent à être victimes de ce que
John Lewis Gaddis a appelé « le piège
quantitatif », qui consiste à croire qu'un fait social est
d'autant plus important qu'il est susceptible d'être quantifié,
autant la paix est un « non-événement »,
aux dires de John MUELLER, un Etat de fait sans relief que l'on
délimite par les ruptures que constituent les guerres.
Remontant à Montesquieu, la théorie du doux
commerce fait, elle, découler la paix de l'interdépendance
économique : parce que les échanges économiques
permettent à une société d'atteindre le bien être
à un moindre coût que recourir à la force, la paix
s'étend au fur et à mesure qu'augmentent les échanges
économiques.
Quant à la notion d'attente pacifique
réciproque inspiré par Kant, que l'on retrouve dans la notion de
communauté de sécurité de Karl Deutsch et dans la
théorie de la paix démocratique, elle attribue la paix et la
confiance mutuelle que parviennent à instaurer entre elles des
sociétés démocratiques dans leurs relations
réciproques du fait de leurs valeurs et leurs institutions
partagés. Cette confiance mutuelle met en effet un terme au dilemme de
sécurité que ressentent les Etats du fait de l'anarchie,
permettant ainsi aux diplomates de régler les différends sans
avoir à recourir aux soldats.
Ces différentes théories ont leurs limites,
elles présupposent notamment la soumission des passions à la
raison. Mais elles ont le mérite de rappeler la sagesse de l'Ancien
Testament : « Il y a une saison pour toute chose et un
temps pour tout sous nos cieux..., un temps pour la guerre et un temps pour la
paix ».(Livre de Koheleth).
Enfin, pour nous dans le cadre de notre travail et
peut-être selon la conception Congolaise de la pacification, nous pouvons
définir cette dernière comme étant l'action de faire
cesser les hostilités ou les conflits armés en vue de se partager
le pouvoir pour les intérêts égoïstes.
b)Le concept de
sécurité
b.1.Définition
L'étymologie latine de
« sécurité » révèle une
contradiction intrinsèque, presque un oxymore , un choc entre la
particule sine(sans) et l'idée de cura(soin). Les deux
éléments mis ensemble(sine+cura) donnent à la
sécurité un sens de déconcentrant : l'absence de
soin, c'est-à-dire le sens de ce qu'elle veut dire aujourd'hui, un
état dans lequel on a rien à craindre18(*)
La sécurité pour dédire Cicéron,
ne désignait donc pas « l'absence d'anxiété dont
dépend une vie heureuse »19(*) un état de quiétude intérieure,
de sérénité et d'équilibre. Ce sens ne s'imposera
que bien plus tard.
Le traité sur « les Passions de
l'âme » de René Descartes abonde dans le sens que :
« lorsque l'espérance est si forte qu'elle chasse
entièrement la crainte, elle change de nature et se nomme
sécurité ou assurance »20(*)
Avec Jean-Jacques ROUSSEAU, la sécurité
deviendra « le problème fondamental auquel l'institution
étatique doit apporter solution »21(*)
La sécurité est définie de façon
simple comme « absence de menace »(B. Buzan) et de
façon approfondie comme « absence des menaces sur les
valeurs centrales » au sens objectif et
comme « absence de la peur que les valeurs centrales ne fassent
l'objet d'une attaque » au sens subjectif(A. Wolfers) ; la
notion de sécurité est l'un des concepts fondamentaux des
Relations Internationales22(*)
Mais à l'image d'autres notions telles que
intérêt national, puissance, équilibre des puissances, la
sécurité est aussi une notion contestée quant à sa
signification et à sa portée : les conceptions relatives au
sujet de la sécurité, à ses enjeux, et à sa
nature, varient selon que l'on est sécuritaire traditionnel,
élargi ou critique.
S'inscrivant dans le paradigme réaliste, les
sécuritaires traditionnels établissent une équivalence
entre la stratégie et la sécurité : de même que
les études stratégiques sont concernées par l'analyse des
effets des instruments des forces dans les Relations Internationales, de
même les études de sécurité portent sur la menace,
l'usage et le contrôle de la force militaire (S. Walt).
La sécurité est alors synonyme de
sécurité nationale, à cause du dilemme de la
sécurité auquel tout Etat exposé du fait de la rage
anarchique des Relations Internationales : le référent de
la sécurité, c'est -à-dire l'unité dont il s'agit
d'assurer la sécurité est l'Etat, les valeurs centrales qu'il
s'agit de protéger sont la souveraineté étatique,
l'indépendance nationale, l'intégrité territoriale ;
quant aux menaces qu'un Etat se doit d'être capable de dissuader ou
d'affronter avec succès, elles concernent exclusivement la force
armée à laquelle sont susceptibles de recourir, compte tenu de
leurs capacités militaires objectifs, d'autres acteurs collectifs,
étatiques mais aussi non-étatiques(groupes terroristes par
exemple).
Longtemps prédominante, malgré
l'émergence dans les années cinquante de la notion de
communauté de sécurité, cette conception traditionnelle
sera concernée à partir des années quatre-vingt.
L'évolution du contexte international y a
été pour beaucoup : la maturation de l'anarchie au niveau
des relations Est-Ouest et le moindre degré d'urgence des dimensions
exclusivement militaires de la sécurité qui s'en est suivi ont
suscité la régionalisation de la notion de sécurité
d'une part, son élargissement de l'autre.
D'un côté, le postulat réaliste de
l'indifférenciation fonctionnelle des Etats face aux problèmes de
sécurité a été remis en cause.
D'après BUZAN, la sécurité d'un Etat est
la façon significative médiatisée par les effets de la
géographie : la situation sécuritaire varie selon les Etats
car, toutes choses restant égales par ailleurs , et abstraction faite
des puissances(ou de la superpuissance depuis la fin de la guerre froide),
c'est dans ses voisins, avec lesquels il partage une histoire, qu'un Etat voit
d'abord une menace ou non pour sa sécurité. D'où le
concept de complexe de sécurité défini comme un groupe
d'Etats dont les soucis primordiaux de sécurité sont si
étroitement liés que la sécurité d'aucun d'entre
eux ne saurait être séparée de celle des autres, et
appliquée aux régions d'Amérique du Nord, d'Afrique
Australe, du Proche et du Moyen Orient Arabo-Musulman , du sous-continent
Indien, et de l'Asie du Sud-Est dans un premier temps, ainsi qu'aux Balkans,
au Caucase et à l'Afrique des Grands Lacs et de l'Ouest depuis la fin
de la guerre froide.
De l'autre, la notion de sécurité a
été élargie pour prendre en compte les dimensions non
militaires d'une sécurité dorénavant
appréhendée sous un angle global.
Toujours d'après BUZAN et l'école Copenhague,
tout autant que la sécurité militaire, qui concerne la survie des
Etats pris dans l'interaction de leurs capacités offensives et
défensives et des perceptions de leurs intentions respectives, la
sécurité inclut:
§ La sécurité politique, qui
concerne la stabilité des Etats, leurs systèmes de gouvernement
et la légitimité de leur idéologie ;
§ La sécurité économique,
relative à l'accès aux ressources, marchés et finances
nécessaires pour maintenir de façon durable des niveaux
acceptables de bien-être et de pouvoir étatique ;
§ La sécurité environnementale,
portant sur la sauvegarde de la biosphère locale et planétaire
comme support en dernier ressort de toute activité humaine ; et
§ La sécurité sociétale,
définie comme la durabilité(sustainability), à
l'intérieur des conditions acceptables d'évolution, des
schémas traditionnels de langage et de la culture ainsi que de
l'identité et des pratiques nationales et religieuses.
Selon Walter LIPPMAN, une Nation possède la
sécurité lorsqu'elle n'est pas contrainte de sacrifier ses
intérêts légitimes afin d'éviter la guerre, et est
capable, s'il y a un obstacle , de les préserver à travers la
guerre.
De ce qui précède, disons un mot sur la
sécurité nationale.
v Qu'est-ce que la sécurité
Nationale ?23(*)
Autant la clarification conceptuelle est absente autant il
existe plusieurs définitions de la sécurité Nationale et
internationale sans une réelle interaction. Notons-en quelques
unes :
Penelope Hartiand-Thunberg écrit : « la
sécurité nationale est la capacité d'une Nation à
poursuivre avec succès ses intérêts nationaux tels qu'elle
les voie à n'importe quel endroit du monde ».
Selon Giacomo LUCIANI, « la sécurité
nationale, c'est la capacité de résister à toute agression
étrangère »
Pour Frank N. Trager et Frank L. Simonie, « la
sécurité nationale est cette partie de la politique
gouvernementale qui a comme objectif central la création des conditions
nationales et internationales favorables à la protection et à
l'extension des valeurs vitales nationales contre des adversaires existants
potentiels ».
Selon Barry BUZAN ; « dans le cas de la
sécurité ; la discussion consiste à se soustraire
à la menace. Dans le contexte du système international, la
sécurité désigne la capacité des Etats et des
sociétés à préserver l'autonomie de leur
identité et de leur intégrité
fonctionnelle ».
Arnold WOLFERS, quant à lui établit une
distinction : « Dans un sens objectif, la sécurité
mesure l'absence de menaces pesant sur les valeurs acquises ; dans un sens
subjectif, elle désigne l'absence de peur que ces valeurs soient
attaquées ».
De ces définitions, ajoutons celle de Dominique David
qui propose de considérer la
« sécurité » au sens le plus large du terme,
comme l'état d'un sujet qui s'estime non menacé par tel ou tel
danger, ou pense avoir les moyens d'y répondre si ce danger vient
à devenir actuel »24(*)
Les trois premières définitions tombent
facilement dans la catégorie d'une vision réaliste de la
politique internationale au sein de laquelle l'objectif de l'Etat est la
quête de la puissance à travers l'intérêt national.
Elles renseignent considérablement le champ d'application du concept de
« sécurité nationale ».
Par ailleurs, la définition de F.N. Trager et de F.L.
Simonie a l'inconvénient d'être élitiste et bureaucratique.
Ils font de la sécurité nationale un instrument de promotion et
d'extension des « valeurs nationales vitales ». Cette
idée peut être interprétée comme étant la
manifestation d'une volonté de puissance impérialiste. En effet,
parmi les valeurs nationales, il y a assurément l'idéologie
organisatrice de l'Etat.
Le concept « sécurité » est
polysémique non seulement parce qu'il est utilisé dans la plupart
des domaines de la vie sociale, mais aussi parce qu'il est susceptible d'une
forte connotation idéologique empêchant ainsi à la
réalisation d'un consensus à son sujet.
Cependant d'une manière générale, le
concept « sécurité » s'entend :
-d'une situation, d'un état dans
lequel on n'est pas exposé au danger ;
-d'une tranquillité d'esprit inspiré par la
confiance, par le sentiment de n'être pas menacé ;
-d'un dispositif empêchant la mise en marche
intempestive d'un mécanisme nuisible ;
En d'autres termes, être en sécurité
signifie « n'être pas exposé à un
danger ». Dans cet ordre d'idées le terme
« sécurité » est utilisé dans les
secteurs sociaux .25(*)
Voici systématiquement, les différentes
approches de la sécurité :
1. La sécurité alimentaire, la FAO la
définit comme une situation dans laquelle « chacun peut
accéder en toute circonstance à une alimentation saine et
active ». Il fait donc référence à la
disponibilité de la nourriture en qualité et en quantité
suffisante.
2. La sécurité économique :
ce concept renvoie à un niveau de vie assuré et stable qui
fournit aux individus et aux familles le niveau nécessaire des
ressources pour pouvoir participer sur le plan économique , social et
culturel et avec dignité à la vie de leur communauté.
Ainsi, cette notion va au- delà de la simple survie physique et comprend
un niveau de ressources qui favorise l'insertion sociale.
3. La sécurité Informatique :il
s'agit des dispositifs ou des systèmes qui consistent à assurer
que les ressources matérielles ou logicielles d'une organisation sont en
permanence disponibles dans le cadre prévu. La sécurité
informatique consiste généralement en quatre principaux
objectifs :l'intégrité(garantir
que les données sont bien celles qu'on croit être), la
confidentialité (assurer que seules les personnes
autorisées aient accès aux ressources, la
disponibilité (maintenir le bon fonctionnement du
système informatique), la non
répudiation (garantir qu'une transaction ne peut
être niée),26(*)
4. La sécurité Humaine :il s'agit
d'une approche de politique étrangère axée sur les
personnes connaissant que la stabilité durable est impossible tant que
la sécurité humaine n'est pas garantie et que les citoyens ne
sont pas protégés des menaces d'atteintes violentes à
leurs droits, leur sécurité et leur vie.
Souvent qualifiée de «
sécurité axée sur les personnes »ou de
« sécurité à visage humain »,elle
place les êtres humains, plutôt que les Etats, au coeur de la
réflexion sur la sécurité. La sécurité
humaine met en évidence les liens complexes et souvent ignorés
qui existent, par exemple, entre désarmement, droits de l'homme et
développement.27(*)
5. La sécurité sanitaire :ce terme
se rapporte à la sûreté qui doit être accordée
à tous les produits et activités nécessaires à la
préservation de la santé. Son champ d'action s'étend des
biens et produits à visée thérapeutique, diagnostique et
préventive jusqu'aux aliments et milieux de vie.
6. La sécurité sociale :Il s'agit de
la protection qu'une société accorde à ses membres,
grâce à une série de mesures publiques en raison de la
survenance d'un risque dit social(maladie, maternité, accidents de
travail, maladies professionnelles, chômage, invalidité,
vieillesse et décès.) ;
7. La sécurité nationale et la
sécurité internationale :
la première se réfère à la
capacité d'une nation à poursuivre avec succès ses
intérêts nationaux tels qu'elle les voit à n'importe quel
endroit du monde. C'est aussi la capacité de résister à
toute agression étrangère. En d'autres termes, il s'agit de la
partie de la politique gouvernementale qui a pour objectif central la
création des conditions nationales et internationales favorables
à la protection et à l'extension des valeurs vitales nationales
contre les adversaires existants ou potentiels ;
la seconde repose plutôt sur la convergence et
l'agrégation des intérêts étatiques autour des
risques communs . En d'autres termes, c'est la capacité des Etats
et des sociétés à préserver l'autonomie de leur
intégrité fonctionnelle.
8. La sécurité
Intérieure :Une définition de la sécurité
intérieure ne s'impose pas facilement. Au premier plan de l'expression
et des représentations, la notion de sécurité
intérieure renvoie au maintien de la paix sociale dans l'espace clos des
frontières nationales et donc, de manière implicite, à la
séparation traditionnelle entre le territoire de l'Etat, domaine du
policier et du magistrat, et un extérieur, domaine de la
compétence des forces militaires.28(*)
Dans le cadre de notre travail,
nous retenons la définition de la sécurité nationale et de
la sécurité intérieure dans la mesure où ces
dernières nous permettrons de comprendre ou de bien étudier les
capacités qu'a la RDC à poursuivre ses intérêts
à n'importe quel coin du monde et à maintenir la paix sociale
à son sein.
b.2. Sources de politique de Sécurité
nationale29(*)
En faisant abstraction des Etats totalitaires, en même
de vivre une autarcie politique, et des politiques conjoncturelles durant
lesquelles le processus décisionnel se fait sous la pression du temps
qui entraîne une exacerbation du stress susceptible d'altérer
significativement les capacités de jugement des politiques, on peut,
à titre résolutoire, poser que la conduite des affaires
liées à la sécurité nationale est tributaire d'au
moins deux catégories de facteurs, externes et internes, dont
l'équilibre négocié forme le coeur des politiques de
sécurité.
Le cadre externe est à la fois une force de
conditionnement des politiques et de sécurité et une source
d'alliés potentiels. Quand au contexte interne, il permet de
comprendre pourquoi des acteurs placés dans des circonstances
similaires agiront différemment, mais aussi de déceler les
constantes qui guident l'action d'un Etat donné.
Le développement qui va suivre vise à
compléter le cadre analytique que nous essayons d'esquisser, en
procédant de façon schématique.
1°. Les sources
externes
La structure du système
international affecte les politiques de sécurité de
trois façons distinctes :
Tout d'abord, elle permet aux Etats de déceler les
éventuels problèmes sécuritaires qui pourraient être
causés par la prépondérance de la stratégie
offensive au sein du système international, soit tout simplement par le
syndrome dit de la « contiguïté
géographique »,conséquence de l'instabilité
inhérente à un Etat voisin.
Par ailleurs, la structure du système international
détermine l'ampleur et la proximité temporelle de la
matérialisation d'une menace en inspectant les capacités
militaires des Etats ennemis.
Enfin, elle conditionne les réponses à apporter
aux dangers qui se posent, en gouvernant par exemple les types de ripostes
possibles, le choix final étant basé sur une évolution des
gains relatifs à la nature de la stratégie adéquate, qui
échappent difficilement au dilemme suivant : recourir à une
alliance ou entreprendre une action isolée dont les coûts seront
supportés par un budget propre.
Les institutions internationales.
Nous entendons par «institution»une structure intégrée
d'identités et d'intérêts qui tend asymptotiquement vers la
stabilité. Dans ce sens, des textes tels que les StrategicArms
Limitation Talks(SALT)I et II ou encore les Organisations internationales sont
tous des institutions , à des niveaux de sophistication distincts.
En matière de sécurité, les
régimes et les communautés de sécurité(Organisation
du Traité de l'Atlantique Nord, OTAN, Communauté de
Développement de l'Afrique Australe, SADC) ont pour rôle principal
de reguler les interactions entre membres, d'une part, et entre l'institution
comme un tout et l'extérieur, d'autre part.
De plus, les institutions sont en général des
structures contraignantes, car le membership constitue une sorte d'insertion
structurelle, consciente ou non, qui favorise de facto, un contrôle
mutuelle entre membres.
Enfin, contrairement aux apparences, contrevenir à
l'une des règles régulatrices cardinales d `une institution
n'est jamais sans risque :cela nourrit notamment une rancoeur de la part
des autres parties de l `institution, une perte des
bénéfices qui étaient associés au membership, une
baisse de la réputation ou, pire, la soumission à des actions
coercitives lorsque cela est politiquement et économiquement
possible.
2°. Les sources internes
la puissance nationale
différencie les Etats en fonction de leurs aptitudes à mener une
ou plusieurs politiques sécuritaires. La puissance nationale
dépend surtout de trois facteurs : ce sont tout d'abord, les
ressources matérielles disponibles au sein du territoire national ;
elles-mêmes soumises aux conditions économiques ,
démographiques et technologiques; la capacité de l'Etat
à prévaloir ces ressources pour conduire des politiques
adaptées aux besoins nationaux ; et enfin la capacité de
l'entité étatique à gérer des exigences
opposées posant sur l'allocation des ressources nationales disponibles.
Par ailleurs dans un sens quelque peu différent, la
puissance nationale ou son expression dépendent fortement de la
cohésion sociale du Pays. Un Etat égoncé dans une fracture
sociétale constitue une double menace, interne et externe.
Sur le plan interne, lorsqu'un Etat rencontre des demandes de
reconnaissance politique identitaire assorties des revendications
territoriales, il est souvent enclin à user la force militaire au nom de
la survie nationale(exemple des banyamulenge en RDC). La redéfinition de
l'espace et des composantes nationales est toujours vécue comme un pas
vers l'émiettement menaçant la survie ontologique de
l'entité étatique.
Sur le plan externe, deux cas méritent d'être
précisés. D'une part, si l'Etat fait usage de la force, le flot
de réfugiés qui s'en suit peut, dans le court ou long terme,
poser des problèmes de sécurité aux niveaux nationaux
et/ou régionaux(le Rwanda en 1994). D'autre part, un Etat
contesté à l'intérieur pour des raisons de déficit
de légitimité ou d'échec de politique sociale, par
exemple, peut provoquer une crise ou une longue division externe afin de
mobiliser les ressources matérielles et non matérielles pour un
objectif défini comme étant supérieur aux querelles
internes du moment(le cas du Zaïre de MOBUTU).
Les prédispositions
nationales sont des variables qui permettent de déterminer
quelles politiques de sécurité un Etat sera disposé
à adopter nonobstant sa puissance et quelque soit le problème de
sécurité qui se pose. Ces prédispositions nationales
peuvent être idéelles ou institutionnelles.
La source idéelle la plus marquante
est la culture stratégique d'un Etat. Paraphrasant Clifford Geertz,
Alastair Iain JOHNSTON dépeint la culture stratégique comme un
« système intégré de symboles (c'est-à-
dire d'axiomes causals, des langages, d'analogies, des métaphores,
etc.), qui agissent afin d'établir des préférences
stratégiques étendues et durables, en formulant des conceptions
sur le rôle et l'efficacité de la force militaire dans les
affaires politiques inter étatiques, et en révetant ces
conceptions d'une autre objectivité telle que ces
préférences stratégiques qui semblent exceptionnellement
réalistes et efficaces. »30(*)
La stratégie, en tant que
« système de symboles »revêt deux
dimensions .La première idéelle ou théorique)consiste
en des hypothèses concernant, d'une part , le rôle de la guerre
dans les affaires humaines, aberrantes ou inévitables, et d'autre part,
l'efficacité de l'usage de la force, ce qui englobe la capacité
d'en contrôler les résultats, d'éliminer les menaces et
d'évaluer les conditions qui rendaient l'usage de la force tout à
fait légitime.
Ces deux éléments, rôle de la guerre dans
les affaires humaines et efficacité de l'usage de la force constituent
le paradigme central, c'est-à-dire d'une collection des méthodes
de recherche utilisées pour « guider la sélection des
stratégies afin de résoudre les problèmes durant une
période de temps spécifiable »
Le second versant de la culture stratégique,
opérationnel, recouvre les opérations stratégiques les
plus efficaces, qui ne sont pas nécessairement les plus efficientes,
pour faire face à l'environnement menaçant, tel que défini
par le paradigme central. C'est également à ce niveau
opérationnel que la culture stratégique commence à avoir
un effet substantiel sur le comportement des acteurs.
Les composantes essentielles de la culture
stratégique apparaissent sous la forme d'un ensemble
hiérarchisé de préférences de grandes
stratégies, qui sont consistantes à travers les objets d'analyse
et persistent à travers le temps.31(*) Ces composantes, ajoute A.I. JOHNSTON,ne sont pas
nécessairement sensibles à des variables « non
culturelles », telles que la technologie, la menace, l'organisation,
etc. Un Etat ou un groupe d'Etats qui opte pour une confiance absolue en
l'usage de la force pour une stratégie de type offensif(point A sur le
schéma du paradigme central représenté ci-dessous) :
c'est la stratégie de type « réaliste
dur »ou encore celle dite du « si tu veux la paix,
prépare la guerre. » A l'opposé, se situe une
stratégie de type idéaliste, favorisant l'accommodation et la
négociation diplomatiques.
La hiérarchisation des
préférences stratégiques permet de tester la consistance
de la culture stratégique à l'intérieur des
systèmes et, par ricochet, entre différents systèmes se
référant à différentes
sociétés.32(*)
La classification des préférences permet alors
de juger de la consistance des choix politiques à travers le temps et
les objets analysés. L'inconsistance de ces préférences
stratégiques doit permettre de conclure à l'inexistence d'une
culture stratégique. De plus cette méthode permet de
prévoir le comportement d'un acteur en fonction en fonction de la
culture stratégique que l'on a identifiée . En d'autres
termes, cette façon de concevoir la culture stratégique lui
confère un caractère falsifiable que les traditions
antérieures avaient largement négligé.
Les sources institutionnelles des
prédispositions nationales sont souvent codifiées dans
la constitution ou alors consignées dans d'autres documents officiels
tels que les décrets, les lois et les accords gouvernementaux. Ces
textes ont pour but d'assurer la légalité des décisions
prises, mais ils constituent une variable négligeable lorsqu'il s'agit
véritablement de spécifier l'influence des sources
institutionnelles des prédispositions nationales sur une décision
relative à la sécurité.
Cela est dû au fait que ces textes sont
interprétés différemment selon la mouvance politique au
pouvoir au moment de la prise de décision. A cet égard, les
organes de décision, surtout administratifs, pourrait jouer un
rôle plus crucial en la matière.
En effet, la routine
bureaucratique, lorsqu'elle est suffisamment consolidée, peut devenir
une lentille structurante, interprétative et/ou déformante
à travers laquelle les décideurs
« lisent » la réalité politique.
Par ailleurs, les missions, les fonctions et le statut de ces
organes peuvent favoriser telle politique plutôt qu'une autre, dans un
contexte traversé par des luttes entre divers services impliqués
dans la prise des décision. Les médias, les complexes industriels
liés à la sécurité et à la
société civile peuvent également intervenir dans
ce « champ »d'intérêts très
contestés.33(*)
Les processus politiques :
Leur poids sur la définition des politiques de sécurité
nationale dépend de trois facteur majeurs. Tout d'abord, il
dépend de la structure formelle des institutions décisionnelles,
à savoir si ces dernières sont centralisées ou
décentralisées. Et s'il en existe plusieurs, quel est le rapport
entre les organes de prise de décision ?
Ensuite, en ce qui concerne la distribution des élites
influentes sur l'échiquier politique, cette variable est plus lourde
dans les pays ayant une culture stratégique exsangue ou simplement
inexistante. Dans ce cas, la décision est le résultat de
négociations intergouvernementales et, dans le contexte des
gouvernements de coalition, la politique de sécurité se joue
à l'interface des marchandages entre partis politiques et membres du
gouvernement. Des pays tels que la Belgique et l'Italie illustre bien cet
état de fait .
Enfin, les normes et les règles procédurales qui
gouvernent les mécanismes décisionnels joue un rôle de
boussole lorsque le pouvoir est décentralisé et que,
simultanément, les différents organes chargés de
construire les politiques de sécurité nourrissent les objectifs
contradictoires. Les règles procédurales viennent alors
hiérarchiser les organes de décision et réguler, de ce
fait, les rapports entre ceux-ci.
Le tableau analytique qui résulte
de cet article peut se décliner en quatre points : les niveaux
d'analyse(individu, Etat, nation, globe) ;les secteurs (économique,
sociétal, politico-militaire, environnemental) ;les sources
pertinentes susceptibles d'influer sur les politiques de sécurité
nationale(externe et interne) et la méthode d'analyse orientée
vers le positivisme. Au total et en reformulant les points ci-dessus quatre
questions interconnectées devraient guider l' étude des
problèmes de sécurité.
La sécurité de qui ou de quoi ? Il s'agit
de déterminer le référant adéquat ou le sujet de
la sécurité. Il s'agit ici de définir quelle en est la
source principale, quel est l'objet de la menace et quels sont les
éléments pouvant affecter la perception de la menace.
Tout cela n'a de sens et de valeur heuristique que si l'on a
préalablement répondu à la question suivante, à
savoir s'il s'agit d'un processus de sécurisation ou d'une
démarche de sécurisation. Ensuite, la sécurité par
quels moyens(et à quel prix) ? Doit-on favoriser l'usage de la
force, de la sanction ou leur préférer la
négociation ? Enfin, quelles sont les sources internes et externes
qui affectent les politiques de la RDC?
Tableau
n°1 :Sécurité :référent et objet
REFERENT
|
Individu
|
Collectivité
|
Etat
|
Global
|
CONTENU
|
Bien-être
|
Identité
|
Souveraineté
|
Ecosystème
|
Le bien-être est ici abordé au sens large. Il
peut être économique, social ou culturel
Cependant, la priorité
lexicale et analytique accordée au niveau national de la
sécurité doit tenir compte du fait que la sécurité
endogène à un secteur n'égalera jamais celle accomplie
dans un autre en vertu du coût marginal que cela entraîne. Il y a
donc un déséquilibre intrinsèque au sein de la
sécurité nationale étant donné que le degré
de sécurité atteint à l'intérieur d'un secteur se
fait au détriment des investissements dans un autre.
En définitive, le degré de
sécurité national d'un acteur sera souvent fonction de
l'équilibre entre la « somme totale »de
sécurité à travers les secteurs et la pression
exercée par le système international sur chacun de
ceux-ci .
Toutefois, le caractère équivoque de la position
de l'Etat dans le système international contemporain, entre
référent et instrument de sécurité, obscurcit et
rend incertaine la réponse aux questions conceptuelles que nous avons
évoquées : la sécurité de qui ou de
quoi(individu, Etat, Collectivité, global) ; et la
sécurité pour quelles «
valeurs »(bien-être, souveraineté, identité,
écosystème). Dès lors il est probable que la technique
qui permet de détourner ces deux principaux volets de travail et leur
contenu avec le moins des risques est logée dans une contextualisation
et dans une prise en compte des niveaux analytiques qui structurent en retour
ce contexte.
c) Le concept de
Stratégie34(*)
Guerres civiles et génocides ont provoqué un
regain de militarisme dans certains pays moins développés(milices
armées, seigneur de la guerre, enfants soldats, valeurs
« héroïques » , sacrifices, attaques suicides,
etc.), qui militant en faveur du retour de la paix et de
l'intégrité nationale, peut être considéré
comme une forme de nationalisme.
Parallèlement les pays démocratiques et
développés semblaient de leur coté s'éloigner
définitivement du militarisme, au point où certains observateurs
diagnostiquaient l'avènement des sociétés
« post-militaires »ne pouvant se lancer, et encore
péniblement, que dans les
guerres « post-héroïques ». Dans ces
sociétés, le sentiment national, notamment en Europe occidentale,
est plutôt déclinant, l'enseignement d'une
histoire « nationaliste »paraît également
en retrait, et le regard porté sur les conflits du passé, comme
la Première Guerre Mondiale ; s'est profondément
transformé le rendant, pour partie, incompréhensibles.
En dehors des quelques cas particuliers, comme Israël, la
démilitarisation des politiques extérieures de l'Allemagne et du
Japon semblait devenue la règle plus que l'exception . Pourtant,
libéré de certaines des contraintes qu'imposaient la Guerre
froide(notamment le risque d'escalade nucléaire entre deux
super-puissances), favorisé par l'émergence d'un droit
d'ingérence humanitaire, l'emploi de la force armée loin de
décliner a continué, sous les formes renouvelées, à
caractériser l'action extérieure des Etats.
Parfois propulsés, grâce aux
interventions « humanitaires », « garants
nécessaires des grandes espérances humaines »,comme
l'anticipait Charles de Gaule en 1934( de Gaule, 1934 p.270), les soldats sont
redevenus les acteurs qu'ils n'étaient plus tout à fait au cours
de la guerre froide, lorsque l'équilibre de la terreur, donc la quasi
non-emploi des forces conventionnelles terrestres notamment en France,
dominait les pensées et les pratiques.
Maintien de la paix, intervention humanitaire, restauration
de la paix, « nouvelles
missions », « contrôle de
foules », « maîtrise de la
violence » : depuis la fin de la guerre froide, les missions
principales des armées notamment dans les pays occidentaux ont vu
coexister le combat de haute intensité( comme lors de la guerre du Golfe
en 1990-1991) et la préparation de son éventualité, avec
d'autres missions qui, si elles n'étaient pas toutes inédites,
sont devenues plus fréquentes.
Les armées des principaux pays européens et
à un degré moindre, des Etats-Unis, se sont efforcés
d'ajouter au combat de haute intensité « la maîtrise des
espaces de crise » en combinant la force armée à des
actions politiques souvent complexes et multinationales, comme
l'établissement d'un plan de paix, la surveillance d'une zone,
l'appauvrissement d'une population, la protection de « zone de
sécurité », l'organisation d'élections ou le
désarmement des groupes rivaux.
La crise de certains Etats, les flux des
réfugiés, les situations de famine ont conduit les forces
armées à participer de plus en plus fréquemment, à
des opérations que les Américains
appellent « autres que la guerre ».
A la fin du 19e siècle, le colonel
Britannique Charles E. Callwell( 1859-1928) codifiait les pratiques de ce que
l'on a désigné au début des années 1980 par
l'expression « conflits de basse intensité ». Ces
missions dans lesquelles la force armée peut produire des effets sans
nécessairement user de violence(sa seule présence conduisant
à des formes de dissuasion) ont replacé au premier plan des modes
d'actions que les armées avaient déjà pratiquées
par le passé, par exemple, par la France et le Royaume-Uni dans leurs
empires coloniaux ou, pour ce qui concerne les interventions
«humanitaires », par les armées françaises
en Syrie(1860-1861, en Turquie et en Grèce(1920-1923) ou bien encore en
Haute Silésie(1920-1922).
Certaines de ces missions, comme les opérations de
« maintien de la paix » inscrites dans le cadre des
dispositions de la charte des Nations Unies(chap. VI) étaient
classiques : il s'agissait de maintenir la paix après la cessation
des hostilités avec le consentement des parties en présence,
comme au Cambodge(autorité provisoire des Nations Unies, 1992-1993).
L'opération « d'imposition de la
paix »(Chapitre VII) est organisée en vue de s'opposer par la
force à un agresseur identifié (Guerre du Golfe, 1990-1991). La
doctrine française a ajouté la
« restauration »c'est-à-dire une intervention
destinée à favoriser le retour à la paix dans un pays en
état de guerre civile où la sécurité des
populations est gravement menacée mais où, en théorie
aucun agresseur n'est désigné(Force de réaction rapide en
Bosnie-Herzégovine ou opération Turquoise au Rwanda,
Juin-Août 1994 ). La force qui intervient n'est pas neutre.
Sans prendre position sur les buts politiques des
belligérants , elle refuse la passivité en cas de non application
du mandat par l'une ou l'autre des parties. L'emploi de la force est possible
dans ce cadre, mais il doit rester aussi limité que possible.
Des telle opérations ne conduisent pas à un
effacement des caractéristiques classiques du métier des armes,
comme le combat proprement dit, mais à un certain élargissement
des savoir-faire des militaires en opération et surtout à des
passages rapides à des types d'action et de comportements
différents, du combat à la négociation.
Les interventions internationales en Somalie en 1993,
l'intervention et l'occupation de Haïti par les troupes
américaines en 1994 et plus encore l'action de la force de protection
des Nations-Unies en ex- Yougoslavie de 1991 à 1995 ont relevé
les apports mais également les ambiguïtés et les impasses
dans lesquelles pouvaient se trouver les militaires lorsque les objectifs
politiques et militaires n'étaient pas accordés, ou que la
possibilité de l'emploi de la force n'était pas pleinement
intégrée à la mission.
Dans un tel contexte, la puissance aérienne a
connu une utilisation intensive notamment par les Etats-Unis.
Outre la guerre du Golfe et la guerre de Bosnie, la puissance
aérienne a été mise en oeuvre en Somalie, des frappes
aériennes ont été utilisées par les Etats-Unis en
Août 1998 au Soudan(contre une entreprise soupçonnée de
dissimuler la fabrication d'armes chimiques) et simultanément en
Afghanistan(contre les camps d'entraînement des groupes dirigés
par Ousama Ben Laden suspecté de terrorisme), contre l'Irak sous forme
d'une surveillance des zones aériennes interdites aux Irakiens au Nord
et au Sud du pays , puis des frappes presque ininterrompues sur le potentiel
militaire Irakien à partir de décembre 1998 et au cours de la
crise bosniaque.
Même s'il n'est pas inédit, y compris dans les
guerres limitées, voir dans des opérations de contrôle des
colonies, par exemple l'usage de l'arme aérienne s'est banalisée
depuis la fin de la guerre froide. L'emploi de l'arme aérienne au
Kosovo a montré sa contribution à la diplomatie coercitive comme
certaines de ses limites. Les forces spéciales ont pris de même
une part plus grande dans les emplois de la force armée, ce que
«montre en France la création du commandement des
opérations spéciales(COS) en 1992 et aux Etats-Unis le
développement de telles forces.
Etymologiquement, le terme stratégie provient du
Grec « stratégos » composé à
partir de « stratos », armée et
« agein », conduire. Il signifie direction d'une
armée en campagne et correspond à la science et à l'art du
général(chef d'armée, à Athènes,
stratège).
En dépit de cette étymologie,
« stratégie »n'a guère été
utilisé en ce sens Grec et en Latin. Longtemps, il n'a été
repris dans les langues occidentales que de manière restreinte ou pour
désigner la fonction athénienne de stratégie.
Les Grecs utilisent plutôt le mot
« tactique »(art de ranger, de disposer) pour
désigner l'art de la guerre et la « chose
militaire » et il en va de même des Romains et des
Byzantins.
Au Moyen-Age on évoquait les
« stratagèmes » et les auteurs de la renaissance
parlaient « d'art de la guerre »(Machiavel, par
exemple), de « tactique » ou de « science des
fortifications ».
En dehors des cas exceptionnels et isolés, comme Paul
Joly de Maizeroy(1719-1780), ce n'est qu'au 19e siècle, et de
manière de plus en plus courante à partir de la
deuxième moitié du 19e siècle, que le terme
« stratège » est utilisé pour désigner
le commandement d'armées importantes sur des théâtres
d'opérations étendues.
Emprunté au dérivé
grec « strategia » (commandement d'une armée,
aptitude à commander une armée), la stratégie est au
début des années 1800 l'art de faire évaluer une
armée sur un théâtre d'opération jusqu'au moment
où elle entre en contact avec l'ennemi.
En 1845, le mot « stratège »
désigne le général en chef d'une armée importante
qui conduit des opérations de grande envergure et peut
agir « stratégiquement »(1844), tandis que le
« stratégiste »(1845) est celui qui écrit sur
la stratégie.
C'est à partir de 1870 que ce qui est relatif à
l'art de la guerre est
appelé « stratégique »(1872) et que la
stratégie est comprise comme la partie de la science militaire qui
concerne la conduite générale de la guerre et l'organisation de
la défense d'un pays(1876).
Au 20e siècle, le terme stratégie a
connu une extension sans limite et parallèlement une dilution de sa
signification. En dépit de toutes les tentatives, plus ou moins claires
et plus ou moins heureuses, pour élargir le sens du mot
stratégie, son emploi le plus précis et le plus fiable dans la
pratique comme dans l'étude des Relations Internationales reste celui
qui a trait à la puissance militaire et à ses rapports avec le
politique. Il s'agit d'ailleurs de l'usage retenu par les diplomates et les
militaires.
§2. Théorie
explicative
v La théorie des points nodaux selon Rudolf
RESZOHAZY
Dans le cadre de cette étude, nous avons voulu faire
parcours à la théorie des points nodaux selon Rudolf RESZOHAZY
afin de détecter la pesanteur et les apesanteurs historiques, les
itinéraires forcés, les coups forcés, la latitude d'action
qui ont caractérisé l'instabilité et
l'insécurité de la RDC du point de vue des causes, des
manifestations, des conséquences, de la pacification et de la
sécurité.
a) Les éventualités de la trajectoire
historique dans la société
Les considérations suivantes ont pour but de sortir du
débat entre déterminisme et contingence et de trouver, à
cet effet, une méthode qui nous permette, dans chaque cas concret
étudié, de suivre les traces(plus ou moins obligées, plus
ou moins choisies) des événements .35(*)
Dans cette perspective, l'analyse de la route historique des
sociétés est concentrée sur deux
éventualités :
1. Lorsque des événements semblent aller dans un
sens unique, marchent suivant un itinéraire obligatoire, rencontrent des
sens interdits, dansent sur place et débouchent sur une impasse,
l'analyse se demande quelles sont les forces qui imposent aux acteurs leurs
trajectoires, quelles sont les causes qui déterminent le cours des
choses.
2. Cependant, le cheminement peut rencontrer des croisements,
des bifurcations des ronds-points, des carrefours qui, reconnus, offrent la
possibilité de décider et peuvent devenir l'occasion d'un
changement d'itinéraire. Nous les appelons « points
nodaux », en référence en un noeud de chemin de fer
où plusieurs voies se rencontrent et où le train peut être
aiguillé aussi bien vers les unes que les autres.
La tâche de l'analyste est ici de se demander comment et
pourquoi les possibilités de choix se sont ouvertes et quels sont les
facteurs qui rendent compte des décisions et de la direction
effectivement prises.
Nous entendons donc par « point
nodal » ce moment crucial (ou période relativement
brève) où l'acteur (les acteurs) est confronté à
une difficulté grave, où il doit dénouer une situation
dramatique, résoudre un dilemme d'une portée considérable,
ayant de choix devant lui. Les décisions que les acteurs pouvaient
prendre à ces moments cruciaux sont en nombre relativement
réduit.
Un pouvoir menacé peut réprimer ou
transiger ; les opposants peuvent ériger des barricades et tenter
de renverser le gouvernement ; une minorité nationale peut
chercher son salut dans l'assimilation , dans un statut d'autonomie et
d'indépendance ; dans une crise internationale, un Etat peut
lâcher prise, lancer un ultimatum, imposer un boycott à des
degrés divers, lancer une opération militaire ponctuelle,
déclarer la guerre,...
En simplifiant les péripéties,
l'itinéraire d'un acteur(d'une société) peut être
symbolisée de cette manière :
t
point nodal,
Le trait continu indique l'itinéraire effectif ;
des traits interrompus après chaque point nodal indique les alternatives
possibles non retenues.
Nous rejoignons ici le concept Weberien de
« possibilité objective », par lequel il
désigne l'éventail d'éventualités qui
étaient envisageables, mais dont une seule s'est réalisée
en devenant l'histoire.
b)Les concepts de la
théorie des points nodaux
1.Pesanteur et apesanteur
Ce premier concept est le couple historique. Par pesanteur,
nous désignons les structures qui pèsent lourdement sur les
acteurs et censurent leurs acteurs. A l'opposé, nous dirons qu'une
société se trouve en « apesanteur
historique » lorsque les structures cessent d'exercer leur force de
déterminer sur les acteurs.
Les règles ont leur validités affaiblies ou ne
sont plus en vigueur. Le mécanisme de contrôle social a des
ratés ou ne fonctionne plus. Il se peut même que la
société entière soit en crise ou en décomposition.
Tout devient possible. Pour citer l'expression de Vaclav Havel, on peut
saisir le « volant de l'histoire ».
2.Latitude d'action
Le bilan des apesanteurs et pesanteurs peut être
exprimé grâce à un deuxième concept, celui de
latitude d'action.
Nous l'empruntons à Léo Hamon. Cet auteur
l'utilise dans deux sens. Il s'agit, d'une part, de la marge de liberté
dont l'auteur dispose vis-à-vis de ses troupes , de son public et
même vis-à-vis de lui-même ; il s'agit encore de
l'autonomie qui lui est accordée dans le cadre de son mandat ou qu'il
s'octroie.
D'autre part, il s'agit de la marge de liberté
vis-à-vis des contraintes extérieures, des données de
l' histoire. La fonction est utile, car elle permet de localiser la
provenance des limites de la capacité d'action effective.
La latitude d `action n'est pas immuable : l'acteur
peut l'accroître pour lui-même ou la réduire chez
l'adversaire. A cet effet, il peut recouvrir à des multiples
moyens : la conquête des nouveaux postes d'influence,
l'élargissement de son électorat, l'armement, l'apprentissage de
nouveaux savoir-faire, la séduction, la propagande, l'exploitation des
erreurs des autres, etc.
3.Itinéraire
forcé
Le troisième concept nous est utile pour
désigner la situation où la latitude d'action est réduite
à zéro : l'itinéraire forcé. Nous l'avons
obtenu en traduisant l'image Hongroise plus expressive de
« kenysze palya ».
Il n'est point étonnant que ce terme fut un des
maîtres mots de la sociologie magyare des années 80.
En effet, l'histoire du pays est entièrement
conditionnée depuis 1526 par sa situation géographique entre
l'empire Autrichien, l'empire Turc et puis l'empire Russe. Toute
velléité d'une politique nationale volontariste a
échoué ... jusqu'en 1989.
Nous savons que le chemin internationalement choisi par
l'acteur ne conduit pas nécessairement à la destination
souhaitée. Dès qu'il se met en place, des difficultés le
font dévier ou font changer d'avis.
Mais il se peut que, et voici un quatrième concept qui
nous vient à point, l'acteur s'engage dès le départ sur
une fausse piste. S'il s'en rend compte à temps, il peut corriger son
itinéraire. Dans le cas contraire, l'évolution devient
irréversible ou aboutit à un cul de sac.
4.Coup forcé
Même s'il existe une certaine latitude d'action, il se
peut qu'à une phase ultérieure de l'évolution, elle
disparaisse. C'est comme le joueur d'échec qui édifie patiemment
une manoeuvre et qui, suite à un mouvement imprévu de
l'adversaire, est acculé à déplacer un pion pour sauver sa
reine. C'est en Allemand que nous avons trouvé l'expression la plus
parlante, « ZugZwang », qui nous donne notre
cinquième concept : le coup forcé.
Les situations semblables en politique sont nombreuses. Nous
le rencontrons chaque fois que le déroulement escompté des
événements est perturbé par un incident qui induit une
mesure inévitable, une riposte obligée, un acte certain, bref, un
coup forcé : le gouvernement, suite à une motion de censure
, doit démissionner. Par exemple, les occidentaux retardent les votes
des sanctions contre la Serbie pour ne pas gêner Eltsine dans sa campagne
en vue de référendum, etc.
La théorie des points nodaux paraît
éclairante. Quel que soit le changement dans un petit groupe, dans une
commune, dans une région, dans un parti, dans un pays, sur une
scène internationale, il peut toujours se dérouler par alternance
de phases plus ou moins longues ou par des itinéraires forcés et
opportunités des choix.
Enfin, la référence à cette
théorie dans la cadre de notre étude s'explique par le souci de
comprendre et de faire comprendre pourquoi les guerres interminables alors
qu'elles sont dites de libération, comme pour dire qu'après la
libération égale avant la libération, qu'est-ce qui
freine l'effectivité de la sécurité en République
Démocratique du Congo ; alors que ce sont toujours les mêmes
acteurs qui sont interposés dans ces enjeux(guerres, négociations
de paix, gouvernement,...)
CHAP.II. STRATEGIES DE
SECURITE NATIONALE EN RDC
Dans ce chapitre nous aborderons ou focaliserons notre
attention sur l'instabilité politique en RDC afin de bien aborder les
stratégies de pacification et de sécurité après
cette instabilité. D'abord, la première section sera
consacrée à l'instabilité politique ; ensuite, la
deuxième section sera consacrée aux stratégies de
pacification et enfin, la troisième section sera consacrée aux
stratégies de sécurité en RDC.
Section .I.
Instabilité politique en RDC
Parler de l'instabilité politique en RDC revient
à l'étudier au cours de la guerre dite de libération
jusqu'aux affrontements du CNDP contres les Forces Armées de la
République Démocratique du Congo(FARDC).
ü La guerre dite de l'AFDL et la chute de
MOBUTU
L'Alliance des Forces Démocratiques pour la
Libération du Congo-Zaïre(AFDL) fut une coalition des dissidents
conduits par L.D. Kabila prirent le pouvoir au terme de la première
guerre du Congo(1996-1997).
Vers le milieu de 1996, la situation dans la Zaïre
devenait de plus en plus tendue. Après le génocide de 1994 au
Rwanda, des centaines des milliers de Hutus avaient traversé la
frontière jusqu'au Zaïre où ils furent rassemblés
dans des camps des réfugiés au Nord et au Sud- Kivu.
Des nombreux participants au génocide, dont les membres
des Forces Armées Rwandaises(FAR) et des miliciens Interahamwe ,
profitèrent de l'anonymat offert par les camps et se
réorganisèrent en mouvement « Rassemblement pour le
Retour et la Démocratie au Rwanda »(RDR).
Le RDR commença à utiliser les camps comme base
arrière pour son infiltration au-delà de la frontière et
conduire une insurrection. Malgré les protestations du gouvernement
Rwandais, le gouvernement Zaïrois et les organisations internationales
apportent l'aide humanitaire aux camps et ne voulurent pas séparer ces
militants des populations des réfugiés.
ü Au même moment la situation de Banyamulenge, des
Tutsis présents au Zaïre depuis des générations ,
devenait plus précaire. Ils furent longtemps l'objet de discriminations
étant des arrivants relativement récents dans le pays, de culture
et de langue différentes des tribus voisines et instrumentalisés
par MOBUTU pour entretenir des dissensions dans la pays pour asseoir son
pouvoir. L'arrivée massive des Hutus, qui s'en prirent naturellement aux
Banyamulenge comme les alliés naturels et leur apporta un soutien
militaire en prévision d'une escalade éventuelle et
désormais probable.
Le 07 Octobre 1996, suite au fait que les Banyamulenge
devenaient de plus en plus armés et présentaient un danger, le
gouvernement provincial du Sud- Kivu, par son vice-gouverneur,
décrété que ces derniers n'étaient plus les
bienvenus et qu'ils devaient quitter le pays. En réponse, les
Banyamulenge menèrent un soulèvement armé contre le
gouvernement local. C'était le début de la guerre entre les
Forces Armées Zaïroises(FAZ) et le Front Patriotique Rwandais(FPR)
qui se cachait derrière sous le nom des Banyamulenge et AFDL. C'est le
chef d'état-major Rwandais qui sera le commandant des opérations
et de l'assaut qui se préparait.
Les premières actions de l'AFDL furent de prendre les
villes proches des frontières orientales et de disperser les camps des
réfugiés qui offraient un refuge facile aux militants des forces
Hutus du RDR, ce qui fut dénoncé par les organisations
humanitaires.
Les forces Hutues et Zaïroises furent cependant
rapidement défaites en des sanglants affrontements , et les provinces
du Nord et Sud- Kivu furent rapidement acquises. Une fois le Kivu acquis, le
reste de la guerre fut essentiellement une longue marche de l'AFDL et de ses
alliés à travers le Pays jusqu'à Kinshasa.
Le 17 Mai 1997, après une dernière
médiation avortée entre MOBUTU et KABILA en compagnie de Nelson
MANDELA, l'AFDL atteignit le quartier de Masina à Kinshasa et Kabila
s'autoproclama Président de la République Démocratique du
Congo. L'AFDL fut transformée en nouvelle armée nationale.
Bien que l'alliance a réussi à évincer
MOBUTU du pouvoir, elle ne survécut pas aux tensions entre Kabila et ses
anciens all1iés, l'Ouganda et le Rwanda, ce qui déclencha une
autre guerre de libération en RDC, le 2 Août 1998.
ü La guerre du RCD
Chronologiquement, après la chute du Maréchal
MOBUTU, il y eut successivement deux guerres en RDC conduites par le Rwanda et
l'Ouganda.
La première est celle de l'AFDL et la seconde celle du
RCD36(*)
Le 2 août 1998, Sylvain MBUKI, le commandant du 10e
bataillon de l'armée congolaise basée à Goma, qui
premier, lance un appel à l'insurrection. La radio avait diffusée
pendant plusieurs heures son communiqué. « Les provinces
du Nord et Sud- Kivu sont entrées en rébellion contre le
gouvernement de L.D.KABILA. Nous l'armée de la RDC avons pris la
décision de démettre du pouvoir le président L.D. Kabila
37(*)
Pour le Rwanda et l'Ouganda, L.D. KABILA a
manifesté une dose d'ingratitude vis-à-vis d'eux. Tout a
été programmé par l'ancien chef d'Etat- major des
armées Congolaises James KABAREBE. Les troupes du Rwanda et de l'Ouganda
s'infiltrent à Goma et surtout à Baraka où quelques
militaires auraient débarqués canots rapides. Pendant ce temps,
les troupes Ougandaises contrôlent les territoires de Lubero et Beni.
Cette guerre, la plus grave entre tous les conflits en RDC,
qui a éclaté avec l'intervention du RCD par le Rwanda,
s'inscrivait dans la poursuite du plan de renversement de Mzee Laurent
Désiré Kabila , dans l'espoir que l'installation d'un homme de
paille à la magistrature suprême leur permettrait tôt ou
tard à trouver des prétextes pour s'en aller créer leur
propre Etat à l'Est du Congo à défaut de contrôler
toute la République.38(*) Mais grâce aux nouveaux alliés des
forces gouvernementales, angolais, zimbabwéens, la capitale ne tombera
pas dans les mains des rebelles.
Le Rwanda au Congo Démocratique(RCD), voilé en
Rassemblement Congolais pour la Démocratie, a été
créé à Kigali par le Rwanda. Cette assertion est
confirmée par le panel des experts des Nations Unies sur le pillage
systématique et l'exploitation illégale des ressources naturelles
et autres formes de richesses de la RDC39(*).
D'après Colette BRAECKMAN, l'appellation RCD sera
annoncée après l'échec du raid sur Kitona. Mais la
déclaration politique qu'adoptent les fondateurs du RCD sera
datée du 1er Septembre 1998, jour de la création du
mouvement. En fait, le RCD a été constitué au Rwanda
dès le début du mois lors d'une réunion à huis
clos qui sera gardée sécrète.
Selon un texte rédigé par Wamba Dia Wamba, c'est
le commandant rwandais DAN qui, avec d'autres, fut chargé de recruter
des Congolais et de les réunir à Kabuga au Rwanda.40(*)
Il paraît clairement que les acteurs (dirigeants du RCD)
de cette guerre recevaient le soutien étranger et s'engageaient à
militer à son compte. Ce qui s'explique mieux par les dissensions au
sein du RCD.
· Acteurs dans la guerre du RCD
Le RCD :
La guerre débutée en Août 1998 est
présentée au départ par les rebelles
comme « une guerre de libération »mais ironie
de l'histoire, elle est vite transformée en une guerre d'occupation
étrangère dont les acteurs internes agissent après
l'accord externe.
La résistance des
« patriotes »Mayi-Mayi :
Les premières milices à mentionner sont celles
de Kasindiens(conduite par KisaseNgandu) et celles de Ngilima, qui ont
commencé à opérer au début des années
quatre-vingt-dix. Les Ngilima avaient leur base dans les régions Nord de
Beni et de Lubero , tandis que les Kasindiens devaient être
considérés comme une milice frontalière, avec les
quartiers généraux situés sur les pentes du
Rwenzori.
La raison pour laquelle ces milices (milices locales) se sont
mis à opérer dans cette région en 1991-1992 demeure la
domination du mobutisme. Leurs origines sont en rapport avec l'Armée
Nationale de Libération de l'Ouganda(NALU),elle-même ayant son
origine dans le Rwenzori et soutenue par le Président Mobutu. Par le
soutien qu'il apportait au NALU, Mobutu visait à déstabiliser les
régions occidentales de l'Ouganda de Museveni. Vers les années
1992, les Ngilima et les Kasindiens ont commencé à opérer
pour leur propre cause et se sont mis à s'opposer au régime de
Mobutu.
Cependant, le début de la rébellion de l'AFDL
fut la plaque tournante suivante dans l'histoire des Mayi-Mayi. D'abord dans
les communautés qui n'avaient pas été touchées par
la dynamique de constitution de ces forces dites d'autodéfense populaire
qui poussaient tels des champignons.
En fait, la rébellion du RCD a produit un effet
supplémentaire. Un contexte croissant et une crise de l'autorité
donnèrent une nouvelle dimension à la constitution des Mayi-Mayi
locales. A l'origine, la constitution de celles-ci pouvait être
considérée comme une violence du « bas vers le
haut »ayant pour but de trouver une solution à la
marginalisation sociale et économique. Mais plus tard, ceux-ci se
constituerons des forces de tracasserie et de pillage des ressources. Par
ailleurs, ce pillage n'est pas orchestré uniquement par les acteurs
internes, l'on y trouve les acteurs régionaux et internationaux.
Les acteurs régionaux :
Le Rwanda :Le Rwanda
avançait le motif de sécurité(défense de ses
frontières), dans nos analyses, nous allons jusqu'à affirmer que
c'est pour le pillage des ressources naturelles et la nationalité des
rwandophones . La participation active du Rwanda dans la guerre congolaise
s'exprime dans une déclaration du ministre rwandais Patrick
MAZIMPAKA : « Nous avons été
déçu par Kabila, terriblement, il nous a trompé(...), il
se méfiait de nous ! Nous avons constaté que les Tutsis
Banyamulenge au Kivu continuaient à être victime des brimades.
Quant aux Tutsis congolais qui s'étaient réfugiés chez
nous, Kabila ne se montrait pas pressé de les voir venir, il disait
qu'ils avaient trouvé leur pays d'origine.41(*)
Cette citation démontre que l'aide du Rwanda au feu
Président Kabila était conditionnée par la question de
nationalité massive des Rwandophones. Malgré la question
sécuritaire du Rwanda, Paul Kagame stipule que L.D. Kabila n'avait pas
honoré la convention qu'il avait contracté dans les accords de
Lemera.42(*)
Notons que ces accords restent ambigus jusqu'à nos
jours car aucun chercheur n'a révélé leur contenu. Mais
beaucoup d'analystes pensent à l'occupation-exploitation de l'Est de la
RDC. Mais la nationalité et l'hégémonie restent la base
des enjeux rwandais au Congo avant la sécurité.
L'Ouganda : L'Ouganda
est l'un des acteurs principaux de la guerre congolaise. L'explication de son
implication est multiple :les idées économiques,
hégémoniques et sécuritaires. Tout comme le Rwanda, le
Président Museveni avait déclaré à la radio
américaine le 27 mars 1999 que les éléments cruciaux du
conflit des Grands Lacs sont le « terrorisme soudanais et les
interahamwe »et que la guerre au Congo ne prendra fin que si les
Interahamwe et les soudanais sont désarmés au Congo.43(*)
Ainsi à maintes reprises, les troupes ougandaises
s'affrontent aux forces rwandaises pour vouloir contrôler la ville de
Kisangani qui semblait échapper le Président Museveni.
Voilà pourquoi Museveni est devenu un acteur principal régional
dans la guerre en RDC dont sa participation en nombre de militaires actifs dans
la guerre s'élève à 6000hommes.
Le Burundi : La
participation Burundaise serait plus sécuritaire car le FDD/CNDD
était sérieusement hostile au pouvoir de Bujumbura. En effet sa
situation interne de guerre entre Hutu et Tutsi et son embargo en arme avait
conduit ce pays de se faire un observateur obscur. Mais ses troupe en RDC
avaient également participé à l'exploitation
illégale des ressources naturelles du Congo.
La République
Sud-Africaine : Depuis le début des
hostilités lancées contre la souveraineté congolaise,
l'Afrique du Sud fait semblant de rester dans l'ombre. Depuis les
négociations entre Kabila et Mobutu dans le navire sud-africain, ce pays
a du mal à apparaître comme totalement neutre dans la guerre
congolaise.
Colette BRAECKMAN affirme que la République
Sud-Africaine avait fourni un équipement militaire au RCD/Goma de
100millions de dollars américains.44(*)D'autre part, la RSA vend les armes au Rwanda tandis
que le Président Nelson Mandela , pendant son règne, entretenait
d'excellentes relations avec son homologue ougandais . A ne pas
sous-estimer, dans ce pays, la tenue des toutes les négociations
politiques, de Pretoria à Sun-City, un choix géopolitique de
taille.
Bref, la guerre congolaise dite de « première
guerre mondiale africaine », connaît des implications
multiples . Les alliances s'y nouent et se dénouent jour et nuit,
seuls les intérêts comptent dans le conflit congolais. Les acteurs
sont innombrables que ceux-ci haut épinglés ne le sont
qu'à titre illustratif . Et c'est dans le cas spécifique de
l'Est.
Force nous est d'aborder la phase d'acteurs internationaux
dans la guerre congolaise.
Les acteurs internationaux :
La Belgique
La responsabilité de la Belgique est très
grande. En fait pour avoir abusé de sa tutelle sur le Rwanda qui lui
était une colonie en amenant au Congo les immigrés qui y
constituent le groupe de Banyarwanda le plus important numériquement,
la Belgique est le premier responsable des conséquences négatives
de ces actes. On sait qu'elle ne s'est pas limitée à amener les
immigrés au Congo mais qu'en plus elle a spolié les terres des
autochtones pour les y placer et s'y placer soi-même, créer, au
profit des immigrés, des infrastructures(écoles, routes,
dispensaires,...) dont n'avaient pas bénéficié les
autochtones ou en tout cas dans les mêmes conditions.
Par la suite, elle a même créé au profit
des immigrés, la chefferie dite Gishari sur des terres prises aux
autochtones dont les droits fonciers, politiques et coutumiers devaient
être respectés selon les principes posés par les
colonisateurs eux-mêmes. Pire encore, ils ont mis les immigrés
à la tête de cette chefferie.
La Belgique a laissé les immigrés continuer
à mentir sur des questions clés comme celles relatives à
la présence ou non des immigrés au Congo à
l'arrivée des colonisateurs, celle de la perte ou non des territoires
par le Rwanda lors de la fixation définitive des frontières Est
du Congo en 1910.
Ayant vécu ces événements, la Belgique
qui, en plus, a dans ses archives des renseignements y relatifs pouvait
intervenir pour trancher ou tout au moins témoigner. Hélas, elle
a choisi de se taire même quand les Bami de la province du Kivu lui ont
écrit au sujet des Banyarwanda justement. Il en est de même pour
les réfugiés Tutsis obligés de fuir le Rwanda à la
chute de la monarchie en 1959 et les années suivantes.
Jusqu'en 1962, quand le Rwanda accède à
l'indépendance, la Belgique qui a quitté le Congo le 30/06/1960
reste au Rwanda et se voit donc ces gens quitter le Rwanda, rentrer attaquer le
Congo où ils veulent reconquérir le pouvoir. Quand les
réfugiés posèrent des problèmes politiques au
Congo, la Belgique qui sait qu'il s'agit des réfugiés qui, par de
leur statut, n'ont aucun endroit de se mêler dans la politique, choisira
de se taire, se faisant complice de tous ces excès qui seront commis. Ce
silence continue jusqu'aujourd'hui.
Les Etats Unis
d'Amérique
L'entrée en fonction, en Janvier
2001, de Georges W. BUSH comme 43e président des Etats-Unis,
pourrait bien représenter le début d'une ère nouvelle dans
la politique étrangère américaine à l'égard
de l'Afrique et du Congo en particulier.
En effet, l'équipe de politique étrangère
de BUSH Junior a accusé l'équipe démocratique sortante
d'avoir mené en Afrique une politique des bons sentiments bien trop
idéaliste et finalement voué à l'échec.45(*)
Le corrélatif à apporter, selon le nouveau
pouvoir, consiste à donner un coup de barre en direction d'une
politique étrangère bien plus
« réaliste » à la manière des
administrations REAGAN et surtout NIXON, s'appuyant sur une analyse plus
froidement soucieuse des intérêts matériels et
stratégiques de l'Amérique.46(*)
Aux yeux des observateurs, le président BUSH et son
premier cercle seront les acteurs les plus influents et les plus actifs dans la
politique étrangère à l'égard de l'Afrique.
Pourtant tout au long de la guerre froide et au cours de la décennie qui
l'a suivie, les présidents ont traditionnellement consacré peu
d'attention au continent africain par rapport à d'autres régions
du monde. Ce manque d'attention s'explique selon SCHRAEDER, par le manque de
connaissance et d'absence d'intérêt.47(*)
Bref, c'est chaque acteur qui est en quête de sa part
du gâteau, miel Congolais quand bien même ce miel serait
déjà avarié.
ü Le mouvement de Libération du Congo
(MLC)
Au cours de la 2e guerre du Congo, le MLC
opérait dans le Nord de la RDC. Il contrôlait le territoire de la
région de l'Equateur à partir de la ville de Gbadolite,
« fief » de Bemba.
L'Ouganda a soutenu le MLC dès sa fondation, leurs
revendications communes les opposaient au Rassemblement Congolais pour la
Démocratie d'AzariasRuberwa soutenu par le Rwanda. Selon les indications
très probantes, le MLC a été soutenu par l'UNITA
angolais.
ü Affrontement des forces armées Ougandaises
et Rwandaises à Kisangani
Le conflit qui reflète le mieux l'esprit de
conquête qui anime le Rwanda et l'Ouganda est celui qui a opposé,
à Kisangani, les « troupes non invitées » du
Rwanda et celles de l'Ouganda soutenues par le RCD/ML.
Auparavant, Kisangani était sous contrôle de deux
factions du RCD mais, après les affrontements sanglants du 5 et 9 mai et
Juin qui ont détruit la ville, elle est passée sous la main de
fer du Rwanda et du RCD-Goma. L'origine de ces affrontements est tant
économique(chacune des armées convoite les immenses richesses de
la province Orientale) que la politique(contrôle du territoire).
ü Le conflit tribal Lendus-Hémas
Etant présenté comme un conflit tribal, cette
guerre est en fait politique et a été déclenchée
par la présence Ougandaise dans la région.
En effet, à l `exception de quelques incidents
survenus en 1911, 1923, et 1966, les deux ethnies en cause ont cohabité
sans grands problèmes pendant près de trois siècles.
Lorsqu'elles sont arrivées dans la région de l'Ituri , les forces
Ougandaises ont fourni un appui militaire aux Hémas (originaires de
l'Ouganda) et les ont incité à s'emparer des Lendus,
installés depuis longtemps qu'eux dans la région.
En outre, toutes les autorités désignées
par les militaires Ougandais appartiennent à l'ethnie Héma. Les
affrontements actuels qui ont repris en août 2000 ont fait près de
10.000 victimes et entraîné le déplacement d'environ 50.000
personnes.
ü Affrontements entre la 10e région
militaire et les troupes dissidentes du Général Laurent
NKUNDA au Sud- Kivu
La situation vécue à Bukavu en mai et Juin
2002, n'est que le résultat logique des événements de
février-mars 2002. Les affrontements entre militaires, qui ont
provoqué le départ vers Kinshasa du Général
Prosper NABYOLWA, commandant de la 10e RM et la mise à
l'écart du Colonel MUTEBUTSI, son adjoint, n'ont pas résolu les
problèmes d'autant plus que celui-ci circulait librement à Bukavu
avec tous les honneurs dus à son rang d'officier.
Fin avril, la MONUC a reconnu officiellement que les troupes
rwandaises étaient présentes en territoire Congolais, dans le
Nord- Kivu. D'autres sources signalaient également leur présence
dans la plaine de la Ruzizi au Nord d'Uvira.48(*)
En présence nous avons deux parties :
-D'une part le Colonel Jules MUTEBUSI limogé de son
poste en mars 2002 avec le groupe des militaires Banyamulenge à son
service et certains du RCD/ Goma qui le soutiennent ; d'ailleurs il va
recevoir du général Laurent NKUNDA, une aide fort importante dans
les jours suivants. C'est auprès d'eux que les renforts Rwandais sont
joints ;
-D'autre part le Général MBUZA MABE, nouveau
commandant de la 10e région militaire, avec les troupes de
l'armée régulière.
ü Affrontements entre les éléments du
CNDP et FARDC au Nord et Sud- Kivu
En Août 2008, l'armée Congolaise a
déclenché une offensive militaire contre le CNDP. En dépit
de leur supériorité en nombre, les forces gouvernementales ont
rapidement perdu le terrain.
En septembre 2008, Nkunda a tenu une conférence avec
les membres du CNDP pour examiner la position politique du mouvement. Le CNDP a
décidé de réclamer des pourparlers bilatéraux
directs avec le gouvernement et d'entendre ses exigences jusqu'à inclure
le retrait du président Joseph KABILA de ses fonction.49(*)
Le 08 octobre 2008, les rebelles ont attaqué par
surprise et se sont emparés du camp militaire de Rumangabo, l'une de
plus importantes bases militaires de l'Est du Congo ; ils ont saisi un
stock important d'armes et des munitions.
Ensuite, le 26 octobre, le CNDP a déclenché
une offensive majeure, renversant rapidement les positions de l'armée
Congolaise n'a pas suffit à stopper l'avancée du CNDP et le 29
octobre, les rebelles de Nkunda approchaient de Goma , causant une panique
générale.
L'armée Congolaise s'est
désintégrée, ses soldats se livrant au pillage, au viol et
au meurtre dans leur fuite.50(*)
Les soldats du maintien de la paix de l'ONU restaient la seule
force militaire crédible pour protéger Goma et ses 500.000
habitants.
Rappelons enfin que la RDC est le théâtre de
l'un des pires crises dans le monde avec un grand nombre des conflits
armés dont certains sont internationaux ; alors que d'autres sont
internes internationalisés. D'autres encore sont des conflits
étrangers se déroulant sur le territoire de la RDC.
Deux objectifs majeurs ont animés les acteurs dans ces
conflits dont celui politique et économique. La diversité en
nombre de ces conflits armés a engendré aussi une agitation
diplomatique en nombre. D'où les négociations politiques en
RDC.
Section. II.
Stratégies de Pacification
Depuis le 02 août 1998, la RDC a été
victime d'une guerre d'agression et d'occupation, menée par la coalition
des troupes du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi, en violation flagrante des
principes fondamentaux contenus dans les chartes de l'ONU et de l'OUA.
Dès lors, la paix et la sécurité dont
tous les peuples du monde ont grandement besoin pour le développement de
leur pays sont totalement perturbés. Il faut signaler ici que cette
guerre a eu des conséquences politiques, économiques, sociales et
culturelles sur la population Congolaise.
En vue de mettre fin à cette guerre meurtrière
et aux atrocités exercées contre les populations civiles,
plusieurs efforts diplomatiques ont été déployés en
vue du rétablissement de la paix en République
Démocratique du Congo.
C'est dans ce cadre que l'organe central de l'OUA pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits s'est
réuni à Ouagadougou( Burkina Faso) les 17 et 18 Décembre
1998 pour examiner le développement de cette guerre et ses
conséquences éventuelles pour la paix, la sécurité,
la stabilité dans la région des Grands Lacs.
Le processus de paix en RDC débute en 1999. Il a
connu des longues et difficiles négociations assistées : de
Lusaka, entre les belligérants par l'intermédiaire de la
Zambie(désigné comme pays médiateur) aux
négociations inter congolaises, supervisées par le facilitateur
Ketumile MASIRE.
A cela s'ajoutent les négociations bilatérales
entre la RDC et le Rwanda et entre la RDC et l'Ouganda.
Dans le cadre de ce travail, nous voulons faire, dans une
approche des Relations Internationales l'évaluation de ces
négociations et de ces accords signés en vue de l'instauration
de la paix en RDC.
Les rencontres peuvent être structurées en
deux axes, à savoir : les sommets pour la recherche de la paix qui
vont de la réunion de Victoria Falls(Août 1998) , à
Ouagadougou(Décembre 1998). Ces réunions ont permis aux
dirigeants africains de s'impliquer dans le processus de paix dans notre pays.
Puis vient le processus de paix de Lusaka( de Lusaka I
à Lusaka IV). Les négociations ont donné lieu à la
signature de l'accord de cessez le feu en RDC le 10 juillet 1999 et l'adoption
des modalités de son application.
A partir de cet accord, la communauté internationale
va s'impliquer de manière plus significative à travers la mission
de l'organisation des Nations Unies pour la République
Démocratique du Congo(MONUC).
Ensuite, nous avons les négociations politiques inter
congolaises proprement dites. Celles-ci vont de Gaborone (août 2001)
à Pretoria II(décembre 2002).
Cependant les négociations n'ont pas connu un
succès significatif à cause des divergences des
intérêts entre les protagonistes.
Enfin, nous pouvons signaler les négociations entre la
RDC et les Etats agresseurs. Entre la RDC et le Rwanda, la RDC et l'Ouganda.
II.2. Les sommets pour la
recherche de la paix en RDC
Les négociations de Lusaka ont été
précédées par plusieurs rencontres au niveau des chefs
d'Etats, des ministres des affaires étrangères et des ministres
de la défense, avec la participation des instances régionales(OUA
et SADEC) et mondiales(Nations-Unies).
II.2.1. Processus de Paix de
Lusaka
Par ce processus, il faut entendre les différentes
rencontres qui ont eu lieu(Lusaka I,II,III et IV) entre les protagonistes de
la guerre d'agression en RDC, en vue de trouver un compromis pour mettre fin
à la guerre.
Quels étaient les participants aux négociations
de Lusaka ?
Les participants aux négociations de Lusaka
comprennent :
a)Les Etats belligérants(Burundi, Ouganda, RDC et
Rwanda) ;
b)Les alliés de la RDC(Angola, Namibie et
Zimbabwe) ;
c)Les observateurs(Zambie, ONU, OUA et SADC) ;
d)Les forces vives de la RDC.
L'objectif de ces assises était d'examiner le projet
de l'accord de cessez le feu et les modalités pour mettre fin aux
hostilités.
Les résultats de ces négociations ont
été :
§ La signature de l'accord de cessez-le-feu en
RDC ;
§ Les principes de cessation des hostilités entre
les belligérants ;
§ L'application de la deuxième phase de la
MONUC ;
§ Le début de l'application de la troisième
phase de la MONUC.
II.2.2. Les négociations politiques inter
Congolaises : de Gaborone à Pretoria
Consacré par l'accord de cessez-le-feu au chapitre V
de l'annexe A, le dialogue inter congolais a constitué le cadre
approprié de concertation pour le peuple Congolais en ce moment critique
de son histoire.
Il faut souligner ici que la RDC n'en est pas à sa
première expérience en cette matière. Les
différentes rencontres qui ont été organisées
depuis l'indépendance ont, pour le moins, permis au pays de retrouver
des périodes d'accalmie, des points de repère.
Les signataires de l'accord de Lusaka ont placé la
tenue du dialogue sous l'égide d'un neutre choisi en vertu de son
autorité morale, de sa crédibilité internationale et de
son expérience.
Le 14 Décembre 1999, l'OUA avait proposé Sir
Ketumile MASIRE, ancien président de la république du Botswana
comme facilitateur du dialogue inter congolais. Ce dernier a accepté
l'offre le 28 décembre 1999.
Il s'est occupé en tant que facilitateur :
§ De prendre tous les contacts utiles en vue d'organiser
les négociations politiques dans les conditions garantissant la
sécurité des participants ;
§ D'organiser, en concertation avec les partis Congolais,
les consultations avec les principales organisations et formations de
l'opposition politique, ainsi que les principaux représentants des
forces vives de la Nation ;
§ De conduire les débats au regard du calendrier
des négociations.
Il se dégage que le rôle du facilitateur Masire
est non seulement important mais ambigu.
En effet, sur le plan de la conception, le rôle d'un
facilitateur devait se limiter au processus et non sur la matière. Il y
avait donc une confusion entre le rôle de facilitateur et celui de
médiateur. Cette question a été l'objet de divergences
dans les comportements du dialogue inter-congolais.
Au regard de la théorie des
négociations, le rôle du facilitateur est celui d'assurer la
logistique, de créer le cadre propice(lieu, calendrier, transport,
logement, etc.)pour permettre aux congolais de dialoguer dans des bonnes
conditions afin de trouver des solutions à leurs problèmes. Le
rôle du médiateur, au contraire, consiste à s'occuper de la
matière dans une négociation assistée. Il doit être
l'hôte et conduire les négociations.
De ce qui précède, nous constatons que Sir
KetumileMasire va jouer le double rôle de médiateur et de
facilitateur au cour du dialogue inter congolais. Ce comportement sera à
l'origine des difficultés lors du démarrage des
négociations politiques inter congolaises.51(*)
L'échec de la réunion
préparatoire prévue le 03juin 2000 à Cotonou au
Bénin est attribué à la confusion entretenue par Sir
Masire quant au rôle qu'il devait jouer au cours du dialogue inter
congolais. En dépit de ces difficultés, le train des
négociations politiques inter congolaises va partir avec la
réunion du pré-dialogue de Gaberone.52(*)
II.2.3.
Gaberone :Pré-Dialogue du 20 au 25 Août 2001
La rencontre de Gaberone a été
convoquée et présidée par le facilitateur Sir Ketumile
MASIRE sur base des dispositions de l'accord de cessez-le-feu en RDC et de la
déclaration des provinces fondamentaux signée par les parties
congolaises à Lusaka(Zambie), le 04 mai 2001.
Les représentants des parties congolaises, à
savoir :le Gouvernement de la RDC , le Mouvement pour la
Libération du Congo(MLC), le Rassemblement Congolais pour la
Démocratie(RCD), l'Opposition Politique et les Forces vives, ce sont
réunis du 20 au 25 Août 2001 à Gaberone pour
préparer le dialogue inter congolais avec l'objectif d'examiner les
points suivants :
le nombre des participants et le niveau de
participation ;
l'ordre du jour du Dialogue Inter Congolais ;
le règlement intérieur et l'organisation du
Dialogue
le lieu et la date du Dialogue.
A ce stade, les décisions ont
été prises collectivement et par consensus. L'examen des points
importants du projet de l'ordre du jour a été à la base
des divergences entre les participants. Mais, après des longues
consultations et discussions, les participants se sont mis d'accord sur la
nécessité de l'administration, l'organisation et la prise de
décision, les principales questions et le règlement
intérieur du Dialogue, en tenant compte de leurs attentes.
Ils se sont convenus de mettre en place une structure
administrative(la plénière comme organe suprême de prise de
décision) ; le bureau du facilitateur(une assistance technique aux
organes du Dialogue Inter Congolais) et la mise sur pied de cinq commissions du
Dialogue Inter Congolais pour examiner les points suivants :
1. Politique et constitution,
2. Défense et sécurité,
3. Economie et Finances
4. Société et culture
5. Réconciliation nationale.
La plénière où ses
commissions pouvaient constituer des comités pour examiner des aspects
spécifiques des points de divergences. Le résultat obtenu a
été principalement la présentation d'un pacte
républicain. L'application de ce document a connu des difficultés
et suscité encore des nombreuses divergences. C'est ce qui militera pour
la rencontre d'Addis-Abeba.
II.2.4. Addis-Abeba :Echec
de la première tentative de la tenue du Dialogue Inter Congolais, du 15
au 19 Octobre 2001
Les participants à cette
rencontre étaient les différentes composantes du Dialogue Inter
Congolais. L'objectif consistait à poursuivre l'examen de l'Ordre du
jour débuté à Gaberone et à fixer le lieu de la
tenue du D.I.C. Le résultat a été un échec ;
le Gouvernement de Kinshasa s'étant retiré de la poursuite des
travaux.
Au sujet de cet échec, Emeric
ROGIER note que « (...)la rédaction du nombre de
délégués, soit 50 par groupe au lieu de 60
prévus ; la décision d'incorporer au D.I.C. des
représentants militaires des Mayi-Mayi, les confessions religieuses, les
chefs traditionnels, les autres groupes armés et l'opposition
politique »sont les éléments qui ont marqué les
travaux de cette instance et dominé la situation par des débats
houleux entre les négociations .53(*)C' est dans ce contexte que les travaux du D.I.C.
seront à plus tard remis en Afrique du Sud cette fois-ci.
II.2.5.Sun City :Dialogue
Inter Congolais, du 25 février au 19 Avril 2002
Sous la pression des belligérants et de
la Communauté Internationale(ONU, UE, etc.), les composantes du DIC vont
négocier la signature d'un accord pour la gestion politique de la RDC
durant la période post-conflit.
Les objectifs de cette réunion était :
la réconciliation nationale ;
la détermination des règles du jeu pour la
gestion de la transition ;
la constitution d'une armée républicaine.
Au cours de ces négociations, les
divergences sur la gestion de l'armée et de la police nationale, des
membres de la Cour Suprême de Justice(CSJ) et des hauts magistrats ainsi
que sur la gestion de la source de légitimité du Premier Ministre
vont gripper les travaux de Sun City.
Le résultat a été la signature d'un
accord partiel et exclusif, c'est-à-dire le Gouvernement de Kinshasa, le
MLC de Jean-Pierre Bemba et le RCD/N de MbusaNyamwisi. On a
décidé la mise sur pied d'une commission pour rédiger la
constitution de la transition. Cet accord a déclenché des
réactions négatives à cause de son caractère
exclusif. En effet, le RCD/Goma et l'aile politique de l'UDPS de Monsieur
Etienne Tshisekedi n'y trouvait pas leur compte. Des nombreux participants ont
dénoncé un accord parachuté de
l'extérieur.54(*)
II.2.6. Matadi :Juillet
2003
La fameuse commission chargée de
la rédaction de la constitution a décidé de tenir ces
assises à Matadi, ville portuaire de la RDC, située dans la
Province du Bas-Congo. Les participants ont été les membres de la
commission instituée par les signataires de l'accord de Sun City,
renforcés par quelques personnalités congolaises issues des
différentes forces en présence et décidées à
peser sur l'avenir du Pays.
La mission assignée à la commission était
de doter de la République Démocratique du Congo d'une
constitution de transition. Le résultat a été un
échec, après une ballade politique inutilement longue et
coûteuse. Le Premier Ministre Jean-Pierre Bemba, qui devrait formait le
Gouvernement de transition n'a jamais pris ses fonctions à cause du
manque de consensus sur le texte de la constitution devant régir la
période de transition.
II.2.7.
Pretoria :Négociations bilatérales entre la RDC et le Rwanda
du 30 juillet au 1er Août 2002
Les négociations de l'accord de paix
entre la RDC et le Rwanda ont été organisées sous pression
de l'ONU, l'UE, de l'OUA et quelques pays de la Région.
Quatre ans, jour pour jour, après le début de
l'agression de la RDC par la coalition composée des troupes du Rwanda,
de l'Ouganda et du Burundi ; les Présidents Joseph Kabila et Paul
Kagame, après des difficiles négociations, conviennent du retrait
des troupes rwandaise et signent un accord, le 1er Août
2002.
Après la signature de cet accord, le Rwanda avait dix
jours pour présenter le plan de retrait de ses troupes. Il a
été recommandé au Président Joseph Kabila de
globaliser l'accord politique intérieur dans le cadre du processus de
paix.
Réagissant à la signature de cet
accord, la Belgique A considérée que « cet accord
est une étape importante dans le règlement du conflit dans la
Région des Grands Lacs. »
La décision américaine de voir se terminer la
guerre en RDC n'aura pas été étrangère au
changement d `attitude du Président Rwandais avec son
arrogance.55(*)
II.2.8. Luanda :Accord
bilatéral Ouganda-RDC, le 15 Août 2002
En présence des témoins angolais,
les ministres congolais KatumbeMwenke et Ougandais James Wapakhabulo ont
signé un accord bilatéral. Trois points essentiels ont fait
l `économie de cet accord à savoir :
-le retrait de l'UDPF sans condition et sans
délai ;
-la reprise de la coopération entre la RDC et
l'Ouganda ;
-la normalisation des relations diplomatiques.
Au regard du développement de la situation à
Bunia, l'accord de Luanda a été une simple déclaration
d'intention.
II.2.9. Kinshasa :Sommet
des alliés de la RDC, le 25 Octobre 2002
Le Président Joseph Kabila a accueilli
ses homologues angolais, namibien et zimbabwéen pour examiner les
modalités de retrait des troupes alliés en RDC. Un
communiqué final mettant fin à la présence des troupes
alliées en RDC a été signé.
A partir de cette date, les alliés ont commencé
le retrait progressif de leurs troupes du territoire congolais. Il faut
signaler ici que la tenue de la réunion de Kinshasa va déclencher
la reprise des négociations politiques inter congolaises en vue de
régler définitivement les problèmes internes et commencer
une transition démocratiques à l'issue de ces
négociations.
II.2.10. Pretoria II :
Clôture du D.I.C., le 17 Décembre 2002
Les négociations politiques
inter congolaises avaient repris à Pretoria le 24 Janvier 2003, en
présence des toutes les composantes sous la médiation de Monsieur
Mustapha Niasse, envoyé spécial du Secrétaire
général de l'ONU, et de Monsieur Sydney Mufamadi, ministre
Sud-africain des Affaires Etrangères.
Deux comités ont été
établis ; le premier était appelé à traiter
des questions constitutionnelles et le second des questions militaires.
La question de l'armée
intégrée et structurée sera à la base des
divergences entre le RCD et la composante gouvernementale. Pour le RCD ,
il s'agit de la fusion de trois armées existantes, à
savoir :l' armée de Kinshasa(FAC), celle du RCD/Goma et celle du
MLC ainsi que celle du RCD/N et autres Mayi-Mayi.
La composante gouvernementale soutenait, quant à elle,
l'accord de Sun City. En d'autres termes, de son point de vue, il ne devait
plus y avoir des nouvelles négociations sur des points
déjà acquis, les pourparlers ne devaient porter que sur les
questions restées en suspens.
Ces négociations menées
par un groupe restreint des participants avaient pour objectif le partage
équilibré du pouvoir et surtout la signature d'un accord sur base
du schéma 1+4 , c'est-à-dire, que le Pays serait sous la
direction d'un Président secondé par quatre
vice-présidents. Le résultat a été un échec
et les travaux ont été suspendus. Le DIC a repris l e 15
Novembre, suscitant des polémiques autour dudit schéma. Le
Président ThaboMbeki et le médiateur Mustapha Niasse vont
s'investir pour que les négociations se terminent avec la signature d'un
accord et l'adoption d'une constitution de transition.
Après l'adoption de la constitution de transition et la
signature de l'accord global et inclusif par les participants, le facilitateur
KetumileMasire a convoqué la plénière du 17 Septembre
2002, pour laquelle la constitution de transition et l'accord global et
inclusif peuvent considérés comme l'acte final des
négociations politiques inter congolaises.
Il se dégage de cette description
qu'il existe trois catégories des négociations dans le cadre du
processus de paix en République Démocratique du Congo. D'abord,
nous avons les négociations dans le cadre de la recherche de la paix en
RDC , ensuite nous avons les négociations politiques inter
congolaises proprement dites. Elles vont de Gaberone à Pretoria II.
Elles ont donné naissance au schéma 1+4. Enfin nous avons les
négociations bilatérales entre la RDC et les Etats
agresseurs ; c'est-à-dire entre la RDC et le Rwanda ainsi qu'entre
la RDC et l'Ouganda.
Disons aussi que ces négociations longues et difficiles
ont quand même donné naissance à la mise en place des
institutions de transition en République Démocratique Du Congo
qui ont à leur tour conduit à la tenue des élections
libres et démocratiques en RDC.
Section III.
Stratégies de Sécurité en RDC
· De la mise en place des institutions de
Transition
Le gouvernement d'union nationale, formé le 30 Juin
2003 était chargé de mettre en oeuvre le processus
électoral dont le référendum constitutionnel
organisé le 18 et le 19 décembre 2005 constitue la
première étape, suivi par les élections
présidentielles et législatives en Juillet et octobre 2006.
Il s'agit des accords qui comprennent notamment :
-L'accord global et inclusif sur la transition en RDC
signé à Pretoria le 17 décembre 2002 ;
-Le mémorandum sur les questions militaires et les
questions de sécurité du 06 mars 2003, adopté le
1er avril 2003 ;
-Les 36 résolutions adoptées par les
participants de dialogue inter congolais (DIC) à Sun City en mars et
avril 2002.
Ce gouvernement est aussi chargé de rétablir
l'autorité de l'Etat dans toutes les provinces de la République
Démocratique du Congo, autorité bafouée par les
belligérants qui se sont repartis leur contrôle administratif et
militaire, au gré de leurs alliances et de leurs intérêts
économiques.
Ce gouvernement de transition s'est heurté à
des difficultés dans l'exécution de sa mission
notamment :
q Des freins à l'action du gouvernement
transitoire : certains éléments influents des anciens
belligérants conservent une mentalité de guerre et cherchent
activement à faire échouer la transition ;
q Des freins au rétablissement de l'autorité
de l'Etat : le pouvoir de l'Etat est déficient ou inexistant
dans les nombreuses parties du pays où l'autorité est
exercée par les administrations parallèles qui ont
été créées par les groupes armés, y compris
d'anciens éléments belligérants du gouvernement de
transition ;
q Des freins au rétablissement de la
sécurité : la sécurité est la pierre
angulaire de la réussite de la transition politique. L'absence du
progrès concernant le désarmement, la démobilisation et la
réinsertion (DDR) des ex- combattants Congolais a constitué un
important facteur de déstabilisation.
Malgré les efforts fournis par des commandants des
régions militaires chargés d'assurer l'intégration dans
les Forces Armées de la RDC (FARDC), les groupes armés du pays
sont encore loin d'être véritablement intégrés et
les commandants des régions militaires n'ont guère de prise sur
les éléments armés qui leurs ont été
confiés.
Signalons qu'en dépit de ces difficultés,
certains progrès ont été accomplis avec la nomination, le
15 Mai 2004, des gouverneurs et vice-gouverneurs qui ont depuis lors pris leurs
fonctions dans les 11 provinces. Pour la police nationale, certains
progrès ont été accomplis vers l'intégration depuis
longtemps en souffrance dans les forces de police Congolaise, dont l'effectif
s'établirait aux alentours de 70.000 à 80.000 hommes.56(*)
Concernant les élections, pour la première fois,
un scrutin électoral, libre et pluraliste est organisé le 3O
Juillet 2006 sous la supervision de la communauté internationale. Une
première dans un pays ravagé par la guerre et plutôt
habitué à être gouverné par une seule main de
maître. Ces élections ont été exemplaires : ce
que Koffi Annan appelait à juste titre un « cauchemar
logistique ».57(*)
Ce scrutin fut le signal de la 3ème
République, attendue depuis 1990, inaugurée par une nouvelle
constitution adoptée par référendum le 18 décembre
2005 et promulguée le 18 février 2006.
La racine du malaise de ce scrutin a été la
fixation et le respect des procédures, dont l'égalité du
droit de vote pour chaque citoyen Congolais résidant sur le
territoire.58(*)
· De la conférence sur la paix, la
sécurité et le développement59(*)
Les tensions politico-militaires observées au Nord et
au Sud- Kivu ont été la preuve que plusieurs acteurs se sont
affichés comme réfractaires au processus de normalisation,
notamment les groupes armés ou politiques aussi bien nationaux qui ont
refusé d'adhérer au processus de reconstruction nationale et/ ou
d'intégration dans la nouvelle, qu'étranger qui résistent
au processus de rapatriement vers leur pays d'origine.
Face à cette situation qui n'a fait qu'exacerber la
crise multidimensionnelle que connaît cette partie de la
République, les ressortissants du Nord et Sud -Kivu, toutes les
tendances confondues, ont pris l'initiative d'explorer toutes les voies et tous
les moyens en vue de mettre fin à la crise dans leurs provinces
respectives.
D'où l'idée d'organiser une conférence
sur la paix, la sécurité et le développement qui a eu
lieu du 06 au 23 janvier 2008 à Goma.
Convoquée par Ordonnance présidentielle du 20
décembre 2007, cette conférence s'est proposée d'amener
les différents acteurs directs et indirects à discuter sur toute
la problématique de la Paix, de la sécurité et du
développement dans les provinces du Nord et du Sud- Kivu en vue de
parvenir à une paix durable et à une stabilité,
préalables pour un développement harmonieux de cette partie du
territoire national.
Les attributions de cette conférence étaient
d'évaluer les préjudices subis sous ses différents aspects
par les provinces du Nord et Sud- Kivu depuis 1994, de proposer des
mécanismes appropriés en vue du désarmement des groupes
armés nationaux et étrangers, de faire le diagnostic de la
situation qui prévaut dans cette partie de la RDC en vue d'aboutir
à une compréhension commune des causes et des conséquences
de l'insécurité.
La conférence visait également à dissiper
les peurs, les méfiances réciproques, les suspicions, les
frustrations et colères qui rendent la cohabitation difficile et amener
tous les acteurs de la vie politique, économique, militaire et sociale
de cette région à faire acte d'engagement pour la paix, la
sécurité et le développement de deux provinces.
Bien plus, la conférence cherchait à
créer, en appui aux institutions légitimes établies, un
cadre permanent de concertation et de règlement pacifique des conflits.
Il s'agissait aussi de proposer des mécanismes d'accroissement et de
renforcement des capacités de gestion des provinces et des
entités territoriales décentralisées, d'inventorier les
potentialités des deux provinces en vue d'élaborer un plan
d'urgence de développement, de mobiliser toutes les forces vives du
Nord- Kivu et du Sud- Kivu pour mieux les impliquer à la cohabitation
pacifique et à amorcer la reconstruction et le développement
durable.
A l'issue de la conférence, les communautés de
base, les groupes armés, les mouvements politico-militaires du Nord-
Kivu et Sud- Kivu ainsi que les personnalités nationales, membres de la
conférence ont exigé l'instauration du cessez-le-feu ainsi que la
cessation des hostilités sur toute l'étendue de deux provinces.
La restauration de l'autorité de l'Etat, le démantèlement
de tous les groupes armés et mouvements politico-militaires nationaux et
étrangers, soit par leur intégration dans les FARDC, soit par
leur enrôlement dans le PNDDR pour les nationaux, soit enfin par le
rapatriement dans leurs pays d'origine, font partie des grandes
décisions de cette conférence.
Il a été aussi demandé aux Nations Unies
le déploiement des observateurs et forces armées de la MONUC pour
surveiller le cessez-le-feu, en assurer le respect et sécuriser le
retour des déplacés internes et réfugiés dans leurs
milieux d'origine.
Le 23 janvier 2008, un acte d'engagement pour mettre fin
à la guerre a été signé. Les signataires
s'abstiennent de poser des actes nuisibles à la paix et à la
sécurité. Il s'agit entre autres de : toute attaque, tout
acte de provocation ou de sabotage, tout propos ou toute déclaration de
nature à favoriser la reprise des hostilités ; pour ne citer
que ça.
· Des opérations militaires
Le 05 décembre 2008, le ministre congolais des Affaires
Etrangères, Alexis THAMBWE MWAMBA, et son homologue rwandais, Rose-
Marie MUSEMINALI, ont annoncé une opération conjointe
immédiate contre les FDLR,
appelée « UmojaWetu ». Comme lors des
précédentes tentatives des négociations, le
général rwandais James KABAREBE et le Général
congolais John NUMBI figuraient parmi les acteurs-clés.60(*)
a)Les opérations
« UmojaWetu »
Le 20 janvier 2009, au moins 4000 soldats rwandais, et peut
être beaucoup plus, ont franchi la frontière et ont
pénétré dans l'Est du Congo pour combattre les FDLR dans
le cadre d'une offensive Rwando -Congolaise conjointe
appelée « UmojaWetu ».61(*)
Bien que cette opération soit qualifiée
d'offensive conjointe, des nombreux soldats congolais étaient
gênés par l'intégration complexe dans leurs rangs d'ex-
combattants du CNDP, ainsi que d'autres groupes armés, et ils
étaient pour une grande part absent de l'opération.
Les troupes rwandaises ont avancé très
rapidement, parfois aux côtés d'ex-combattants du CNDP, attaquant
une des principales bases des FDLR à Kibua, en territoire de Masisi
(Nord- KIVU), ainsi que d'autres positions des FDLR aux environs de Nyamilima,
Nyabyondo, Pinga et Ntoto (Nord- Kivu) . Même S'il y a eu quelques
confrontations militaires, essentiellement dans la zone autour de Nyabyondo et
Pinga, les combattants FDLR ont souvent battu en retraite dans les collines et
forêts environnantes avant les attaques.
Après 35 jours d'opérations militaires au Nord-
Kivu, et dans un laps de temps qui était probablement convenu entre les
présidents Kabila et Kagame, l'armée rwandaise s'est
retirée du Congo le 25 février 2009. Une cérémonie
de clôture et u défilé militaire ont été
organisés à Goma, en présence des ministres rwandais et
congolais des Affaires Etrangères et de la Défense, du chef de la
MONUC, Alan DOSS, ainsi que des diplomates de Kinshasa et Kigali. Le
général NUMBI, l'un des principaux artisans de l'accord, a
annoncé que l'opération avait été une
réussite.62(*)
b)les opérations Kimia
II
Des représentants gouvernementaux tant du Rwanda que
du Congo ont insisté sur le fait que la mission était
inachevée et ont exhorté la MONUC à joindre ses forces
à celles de l'armée congolaise pour en finir avec le
problème des FDLR dans les deux provinces du Kivu.
Lors des réunions postérieures au départ
de l'armée rwandaise, des représentants des gouvernements des
deux pays ont soulevé en privé des attentes similaires.63(*)
La MONUC qui avait délibérément tenue
à l'écart de l'organisation et de l'exécution de
l'opération « UmojaWetu », était
placée dans une position difficile. Tandis que certains diplomates et
fonctionnaires de l'ONU reconnaissent les graves limitations de la
capacité de l'armée congolaise à conduire efficacement ces
opérations ainsi que les conséquences potentiellement
catastrophiques pour la population civile dans le Kivu, ils estimaient qu'ils
n'avaient pas d'autre choix que d'aller de l'avant.
Certains fonctionnaires de l'ONU estimaient qu'ils pouvaient
faire davantage pour la protection des civils en étant partie prenante
des opérations, plutôt qu'en restant en dehors.
Le 02 mars 2009, l'armée congolaise conjointement aux
soldats du maintien de la paix de la MONUC, a lancé la deuxième
phase des opérations militaires contre les FDLR, connue sous le nom de
l' « opération Kimia II »(silence en Swahili).
Le commandant de l'armée congolaise, le général
Dieudonné AMULI BAHIGWA, est nommé le 7 avril 2009 par le
président Joseph KABILA, comme commandant de
l'opération.64(*)
D'anciens officiers du CNDP ont été
affectés à des postes de commandement importants. Bosco
Ntaganda, récemment promu au grade de général de
l'armée congolaise, était de fait la commandant second de
l'opération Kimia II.
c)Résultat des
opérations militaires depuis Janvier 2009
Depuis le début des opérations en Janvier 2009,
davantage de combattants FDLR ont décidé volontairement de
déposer les armes et de retourner au Rwanda que lors des années
précédentes.
Entre Janvier et septembre 2009, le Programme de
Désarmement, Démobilisation, Rapatriement,
Réintégration et Réinstallation (DDRRR) de l'ONU,
chargé de faciliter le retour des combattants étrangers, a
rapatrié 1087 combattants FDLR au Rwanda. Ils étaient
accompagnés de 1.789 membres de leurs familles et de 12.387
réfugiés rwandais.65(*)
Le retour d'un nombre aussi important de combattants civils au
Rwanda est significatif. Venant s'ajouter à la destruction d'un certain
nombre des bases des FDLR, leur exclusion des zones minières et autres
zones d'activités économiques où ils recueillaient
auparavant des bénéfices substantiels a, selon certains
analystes, affaiblit les FDLR militairement.66(*)
Toutefois les FDLR conservent la capacité de mener les
attaques contre des villages et des villes. HumanRights Watch a reçu
des informations selon lesquelles les FDLR recrutent des nouveaux combattants
et le mouvement continue à recueillir des fonds et à rassembler
des armes et des munitions par le biais de nombreux réseaux
internationaux, notamment par la Tanzanie, le Burundi, la Zambie et
l'Ouganda.67(*)
Ler groupe d'experts de l'ONU dans son rapport final de
novembre 2009 a conclu que les opérations militaires contre les FDLR
n'avaient pas réussi a démanteler les structures politique et
militaire du groupe sur le terrain à l'Est du Congo.
Ce rapport ajoutait que les FDLR s'étaient
regroupés dans un certain nombre d'endroits dans les Kivu, qu'ils
recrutaient des nouveaux, continuaient à bénéficier du
soutien de certains très hauts commandants de l'armée congolaise,
et qu'ils avaient formé des alliances avec d'autres groupes armés
tant dans le Nord- Kivu que dans le Sud- Kivu.68(*)
Les opérations militaires ont peut-être aussi
exacerbé les problèmes sous-jacents dans l'Est du Congo qui ont
souvent mené à des conflits par le passé. Nombre des
opérations offensives de Kimia II ont été dirigées
par d'anciens combattants du CNDP, qui selon certaines sources, ont aussi
cherché à utiliser les opérations pour obtenir le
contrôle des zones minières et pour préparer le terrain
pour les réfugiés Tutsis congolais et le bétail
amené au rwanda.
La perception que les rôles de direction et u
traitement préférentiel qui étaient accordés
à d'anciens combattants du CNDP a aussi conduit un certain nombre
d'ex-combattants Mayi-Mayi, ainsi que d'autres soldats de l'armée
congolaise déçus, à abandonner l'armée congolaise,
ou à refuser d'accepter le processus d'intégration. Certains ont
joint leurs forces à celles des FDLR, renforçant ainsi leurs
rangs. 69(*)
d)Conséquences des
opérations militaires depuis Janvier 2009
Le coût humain des opérations militaires ne
peut-être qualifié autrement que de dévastateur. Les
chercheurs de HumanRights Watch ont recueilli des témoignages au travers
d'entretiens qui ont indiqué qu'entre Janvier et septembre 2009, plus de
1.400 civils ont été tués
délibérément par les FDLR et leurs alliés. Ces
chiffres ne comprennent pas les civils qui ont été tués
par l'armée congolaise et ses alliés dans une région
reculée ou HumanRights Watch n'a pas pu accéder pour
établir les circonstances des décès.70(*)
Au cours de la même période, plus de 7.500
femmes et filles ont été violées et plus de 900.000
personnes ont été forcées d'abandonner leurs maisons dans
le Nord et le Sud- Kivu. Dans la plupart des lieux où les FDLR ou bien
l'armée Congolaise ont attaqué, des maisons ont été
pillées, avec plus de 9.000 maisons et autres structures
détruites, laissant des personnes déjà pauvres et
démunies sans aucune ressource.
Une comparaison entre l'impact des opérations
militaires sur les FDLR et les dommages causés aux civils traduit
brutalement les souffrances de la population.
CONCLUSION PARTIELLE
La RDC peut être fière du chemin parcouru pour
le rétablissement de la sécurité, l'instauration de la
paix et la consolidation de l'esprit de réconciliation nationale.
Le peuple Congolais qui a payé le lourd tribut des
différentes guerres retrouve, enfin, des nouvelles perspectives pour
l'exercice de ses libertés et l'amélioration des conditions de
vie dans un environnement en voie de pacification. Malgré l'existence
de quelques poches d'insécurité dans l'Est du pays, la RDC peut
également être fière d'avoir préservé
l'intégrité du territoire national.
Elle peut être fière d'avoir réussi
l'organisation des principales élections avec succès, et le
rétablissement des principales institutions républicaines dans
leurs fonctions.
Ces évolutions positives ont enclenché une
dynamique d'encrages de pratiques démocratiques plus saines et le
développement des institutions du pays.
Toutefois les efforts restent encore à faire en
matière de sécurité, de professionnalisation des forces
armées et de la Police et de respect des droits humains.
CHAP .III.PORTEE ET LIMITES
DE LA REFORME DE LA SECURITE EN RDC
Le but de cette présentation est de fournir quelques
idées sur la manière de créer des conditions favorables
à la réforme du secteur de la sécurité (RSS) en
RDC. Il existe donc une nécessité de mettre en place une RSS pour
toute stabilisation et reconstruction efficaces dans des Etats touchés
par des conflits dont la RDC est parmi.
Depuis 2003, la prise de conscience s'est traduite par une
variété d'initiatives menées avec le soutien des bailleurs
dans les secteurs de la police, de la défense et de la justice.
Si certaines de ces initiatives ont pu paraître
initialement prometteuses, globalement, les progrès en matière de
RSS en RDC sont restés très limités. Les observateurs
tiennent pour responsables des problèmes actuels à la fois la
communauté internationale et le gouvernement Congolais.71(*)
La première parce qu'elle n'a pas pu comprendre la
complexité de l'environnement des réformes, fournir une mission
de maintien de la paix d'une ampleur et d'une force suffisantes, investir les
ressources nécessaires et coordonner efficacement les nombreuses
initiatives d'assistance bilatérale et multilatérale ; le
gouvernement est pour sa part, critiqué par son manque d'engagement
politique dans le processus de réforme, pour avoir accordé la
priorité aux opérations militaires pour défaire les
rebelles au détriment des réformes institutionnelles et à
la protection de la population civile et pour ne pas avoir su s'attaquer
à la culture de l'impunité qui caractérise les forces de
sécurité.
Les raisons de la lenteur des progrès de la RSS sont
complexes. Mais il est clair que la RDC est dans une situation qui affecte
actuellement de nombreux pays touchés par les conflits, à savoir
que la nécessité de réformer le secteur de la
sécurité est d'autant plus grande que la capacité de
l'Etat à la mener est faible.
L'effondrement des institutions de sécurité
congolaises depuis le milieu des années 1990 s'est accompagné de
celui, plus large, des capacités gouvernementales. Cela a eu pour
conséquence de créer un environnement très difficile pour
les réformes, une situation aggravée par la persistance du
conflit dans l'Est du pays, laquelle a accru la dépendance de la RDC
envers l'aide extérieure.
Comme c'est le cas d'ailleurs, l'aide extérieure
apportée à la RDC a eu des résultats mitigés. En
l'absence d'une vision nationale claire de la RSS et face à des besoins
humanitaires pressants, les bailleurs ont pris la responsabilité de
définir et de diriger l'agenda de la RSS.
Si ces interventions extérieures ont permis de donner
un élan considérable aux réformes de la
sécurité en RDC, cela s'est produit au dépens de
l'appropriation nationale du processus de réforme. Pilier central de la
souveraineté de l'Etat ,le secteur de la sécurité est
hautement sensible. Il n'est donc surprenant que le gouvernant ait
résisté à un grand nombre de ces interventions des
bailleurs.
L'absence de consensus sur la nature, l'orientation et le
rythme de la RSS a eu trois conséquences qui sont
particulièrement problématiques pour le processus de
réforme :
Premièrement, cette absence a conduit à une
approche fragmentée de la RSS, caractérisée par une
multiplicité des visions extérieures et nationales concurrentes
de la réforme.72(*)
Les incitations et les structures tant du côté
gouvernemental que de celui des bailleurs ne favorisent pas
l'intégration des efforts. Il n'existe pas de direction claire de la RSS
d'un côté ou de l'autre en RDC qui soit acceptée par tous
les acteurs concernés.
Plusieurs pays bailleurs, par exemple, continuant de
préférer fournir leur assistance en matière de RSS dans un
cadre bilatéral traditionnel, plutôt qu'en coordination avec les
partenaires bilatéraux et multilatéraux.
Deuxièmement, la tendance à travailler seul
accroît la probabilité d'une approche technique de l'assistance.
C'est particulièrement le cas dans le domaine militaire où
prédomine une approche « former et
équiper », mettant davantage l'accent sur le renforcement des
capacités militaires que sur le développement de forces de
sécurité responsables. Généralement, un suivi
efficace desdites actions n'est pas organisé.
Cette insistance sur l'aspect technique reflète en
partie l'urgence des réformes, une préférence de la part
des nombreux acteurs, tant nationaux qu'internationaux, pour une solution
militaire au conflit dans les provinces de l'Est, ainsi que la
difficulté de travailler avec des institutions gouvernementales
faibles.
Cette approche permet aussi aux bailleurs et au gouvernement
d'éviter plus facilement de devoir s'engager dans les réformes de
gouvernance plus difficiles et plus sensibles politiquement mais qui sont
absolument nécessaires pour créer un appareil de
sécurité qu réponde mieux aux besoins des citoyens.
Ces réformes concernent entre autres, le contrôle
civil des institutions de sécurité, la participation publique
dans les processus de définitions des politiques publiques, la gestion
financière et les efforts nécessaires pour s'attaquer au
problème de l'impunité.
Troisièmement, l'absence de vision commune de la
réforme à mener garantit que
la « demande » de réformes continue
d'être exprimée fortement par la communauté internationale
plutôt que par des acteurs nationaux eux-mêmes.
Or, non seulement cette situation accroît la
probabilité selon laquelle les réformes seront soumises aux
priorités politiques d'acteurs extérieurs, mais elle a
également des conséquences pour la durabilité du
processus de réforme.
Le renforcement de la demande nationale de réforme en
RDC doit donc être considéré comme une priorité de
long terme fondamental pour la RSS, sans laquelle il est peu probable de
répondre à la situation et aux besoins spécifiques du
pays.
Pour comprendre les enjeux stratégiques de la
réforme du secteur de sécurité en RDC, il nous faut passer
par un examen du contexte historique dans lequel ces institutions ont
évolué depuis l'époque coloniale. Ces lignes qui suivent
présentent donc ce contexte avant d'aborder les enjeux.
Section I. Contexte
historique et politique
Domaine privé du roi Léopold II sous
l'appellation de l'Etat Indépendant du Congo (E.I.C, 1885-1908), puis
colonie belge(1908-1960), la RDC a accédé à
l'indépendance le 30 juin 1960 au terme d'une période politique
agitée entre l'élite politique Congolaise et la métropole
(la Belgique) .
Pendant la colonisation, la force publique avait pour
rôle essentiel l'implication de la colonie et protection des
intérêts de cette dernière par la force.
Au lendemain d'une indépendance politique
arrachée à contrecoeur à la Belgique, le Congo est
entré dans une première période chaotique(1960-1965),
marquée par des rébellions armées Mulélistes contre
l'armée nationale congolaise jusqu'au coup d'Etat militaire du 24
novembre 1965 qui a porté le général MOBUTU au pouvoir.
Pour asseoir son pouvoir, Mobutu s'est appuyé sur
l'armée, baptisée « Forces Armées
Congolaises »(FAC) , instaurant une dictature militaire
doublée d'un monopartisme politique où les pouvoirs de l'Etat
étaient organisés au sein d'un unique parti, le Mouvement
Populaire de la Révolution(MPR, 1967-1990), parti- Etat. Durant cette
période, le pouvoir législatif, appelé conseil
législatif, fondu en un parti, n'avait aucun pouvoir de contrôle
effectif sur les forces de sécurité en commençant par les
FAC devenues Forces Armées Zaïroises(FAZ, 1971-1997), et sur les
divers services de renseignement existants.
Boucliers de la dictature, rattachés directement
à la présidence de la République, les services de
renseignement avaient pour mission essentielle de rechercher des renseignements
sur les personnes et les activités jugées subversives pour la
sécurité du régime.
Dans ces conditions, il n'était évidemment pas
possible de s'étendre sur un quelconque contrôle
démocratique du secteur de la sécurité reposant sur la
responsabilité et la transparence des services de sécurité
vis-à vis du peuple et de ses représentants.
Bien au contraire, et comme ce fut le cas pendant la
période coloniale, les forces de sécurité s'étaient
renforcées en procédant à la répression de la
population, créant ainsi un fossé toujours difficile à
combler à ce jour.
Dans un tel contexte, la quasi-totalité des
activités militaires et de renseignement étaient
considérées comme secret-défense. Toute idée de
responsabilité était ignorée, compte tenu de la
suprématie de l'armée et des autres services de
sécurité, fers de lance de dictature, sur toutes les autres
institutions.
Concernant le rôle du parlement dans le contrôle
du secteur de la sécurité un contexte de dictature, Boubacar
NDIAYE écrit :«... Ce type de régime politique
était caractérisé par une concentration excessive du
pouvoir au niveau de l'exécutif, voire entre les mains d'un seul
homme.
En conséquence, le rôle du parlement consistait
essentiellement à entériner et valider les décisions
généralement prises ailleurs, pratiques reflétant la
notion de « parlement de chambre
d'enregistrement ».73(*) Ceci était encore plus vrai lorsque les
décisions concernaient les forces armées, et de
sécurité, ou d'une manière générale la
défense ou la sécurité. Celles-ci étaient
sensées être le domaine réservé du chef de l'Etat,
de ses conseillers en matière de sécurité, et des hauts
gradés des forces armées. »
Par ailleurs, dès lors que les représentants du
peuple n'exerçaient pas de contrôle sur le secteur, il va de soi
que la société civile était mise à l'écart
de la gouvernance démocratique.
En fait, cette société est constituée des
organisations oeuvrant au sein du MPR. Ces organisations rentrent, pour la
plupart, sous l'appellation d'Organisations Non Gouvernementales de
Développement (ONGD), dont les principales activités sont la
lutte contre la malnutrition, le développement de l'agriculture et les
activités culturelles. L'implication de la société civile
dans la gouvernance démocratique est récente.
En effet, elle remonte au lendemain de l'ouverture de la
sphère politique dans les années 1990. Plus récent encore
est l'engagement de la société dans la surveillance
démocratique du secteur de la sécurité.
Ces brèches ouvertures ou multipartisme sont
renforcées par le vent de la démocratie qui balaie le continent
africain.74(*)
Les dictatures militaires sur le continent sont, malgré
elles, contraintes d'abdiquer et de laisser un peu plus d'espace au pouvoir
législatif. Mais commence alors en RDC une nouvelle période de
crise politique, aggravée par une économie déjà
moribonde : la dictature s'obstine au pouvoir et n'envisage aucune
alternance politique jusqu'à l'entrée en scène d'une
opposition armée, soutenue de l'intérieur par la population et de
l'extérieur par le Rwanda, l'Ouganda et certains acteurs du Nord.
Rongées par la crise et la corruption et
spécialisées dans la répression de civils, les forces de
sécurité, jusqu'alors piliers de la dictature, organisent alors
une vague de pillages à travers le pays précipitant à la
mort les rares entreprises qui restaient encore.
Cependant, en mai 1997, ces forces de sécurité
sont contraintes d'abdiquer devant l'opposition militaire conduite par les
forces de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération
Congo, AFDL.Cette guerre a notamment pour conséquences majeurs la
destruction des forces de sécurité.
Malheureusement, cette destruction n'aura pas encore permis
une réorganisation des forces qu'une seconde guerre, dite cette
fois « guerre de correction » et impliquant les
armées régulières de sept (voire neuf) pays africains,
une multitude de mouvements rebelles et des milices congolaises et
étrangères, en plus de nombreux acteurs privés du
continent et de l'Occident, s'est internationalisée à tel point
qu'elle finit par être qualifiée de «
première guerre mondiale d'Afrique.»75(*)
Pour mettre un terme à cette seconde guerre, les
négociations politiques seront engagées entres congolais en
Afrique du Sud(2002-2004) ont jeté les bases de la réforme du
secteur de sécurité et de la justice. Elles seront suivies d'un
processus de désarmement, démobilisation et réinsertion
des combattants menées avec l'appui de la communauté
internationale ouvrant la voie à la réforme de l'armée.
Les anciens groupes et forces armées seront brassées et
intégrées dans la nouvelle armée congolaise appelée
les Forces Armées de la République Démocratique du
Congo(FARDC).
Mais certains bataillons, particulièrement ceux issus
de l'ex-rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie-
Goma(RCD-Goma), refuseront d'être brassés avec les autres forces
bloquant le processus et opposant une farouche résistance aux forces
loyalistes pendant et près de quatre ans (2003-2007) avant d'entamer une
nouvelle phase de négociations en vue de leur intégration, connue
sous le nom de mixage dont les résultats sont restés
mitigés.
A la veille de l'organisation des élections
présidentielles et législatives ( 2006), près de 18
brigades intégrées sont passées par des centres de
brassage et plusieurs unités da la police ont suivi des formations sur
le maintien et le rétablissement de l'ordre public pour la
sécurisation des élections .
Outre la destruction des forces de
sécurité, les années de crise des guerres(1990-2003) ont
profondément et durablement affaibli l'autorité de l'Etat sur
l'ensemble du pays : des zones entières échappent au
contrôle de l'Etat et à l'exercice de son pouvoir administratif au
profit des groupes armés étrangers ou congolais ; les
structures sociales sont très affectées par la crise politique et
économique doublement décennale.
Dans un tel paysage, l'insécurité est
multiforme, allant du manque de garantie pour l'intégrité
physique des personnes aux gaves violations des droits humains, en passant
par le manque de moyens de subsistance.
En outre, le système judiciaire, les cours et
tribunaux militaires et civils ,sont très affectés par la
corruption et incapables d'exercer un contrôle externe des forces de
sécurité.
Des telle institutions, pourtant appelés à
équilibrer le pouvoir exécutif et à éviter la
dérive autoritaire de ses actions, sont demeurées incapables
d'offrir une jouissance paisible des droits et libertés aux citoyens.
Ainsi, la réforme de ces services, à
défaut de leur transformation, est une étape indispensable pour
le développement social ,humain et économique durables du
pays.
Section II. Enjeux
stratégiques pour la réforme du secteur de
sécurité
Plusieurs défis stratégiques doivent être
relevés par le gouvernement pour préparer le terrain politique
d'une véritable RSS en RDC :
1.Fin du conflit dans les
provinces de l'Est
Le premier et le plus important de ces défis consiste
à mettre un terme à la violence cyclique dans l'Est où il
existe d'une part, et des intérêts économiques et
politiques d'autre part. Ce phénomène se manifeste le plus
clairement à propos de la « militarisation du
commerce » dans l'Est du pays, où plusieurs forces et groupes
armés opposés sont devenus directement impliqués dans les
activités commerciales relatives à la protection, à
l'extraction et au commerce des ressources minérales.
Exacerbée par l'intervention à l'Est du Congo de
plusieurs pays voisins de la RDC cherchant à satisfaire leurs
intérêts de sécurité nationale , cette dimension
commerciale alimente, à son tour, (et est stimulée par) la
demande internationale en ressources naturelles lucratives du pays.76(*)
Les réformes structurelles profondes impliquées
par la RSS et qui sont particulièrement nécessaires en RDC ne
peuvent être menées tant que l'armée et le reste de
l'appareil de sécurité sont immobilisées dans la conduite
de la guerre contre les FDLR et autres groupes armés.
De même, il est évident que l'arrêt de la
violence dans l'Est est peu probable tant qu'une certaine dose de
réforme orientée vers la gouvernance n'est pas mise en place et
qu'un commandement et un contrôle plus efficaces ne sont exercés
sur les unités de l'armée opérant dans l'Est.
Or, ce type de réformes n'a jusqu'à
présent pas été une priorité du gouvernement et des
certains partenaires internationaux dont les efforts se sont concentrés
pour accélérer la fin du conflit dans l'Est.
2.Restauration d'un niveau de
base en matière de sécurité et de moyens d'existence
Le second défi stratégique pour la RSS en RDC
consiste à restaurer un niveau de base en matière de
sécurité et de moyens d'existence pour les populations
affectées par le conflit dans l'Est.
Cela inclut non seulement les civils qui supportent le plus
gros de la douleur et de la souffrance, mais aussi les différents
groupes armés rivaux impliqués dans le conflit.
Si les besoins
élémentaires de ces derniers et ceux de leurs familles ne sont
pas satisfaits, la prédation brutale ciblant les civils ne manquera pas
de se poursuivre.
Un dilemme de base se présentera quand un terme sera
mis à la violence qui touche l'Est, que ce soit par des moyens
politiques ou militaires.
Il restera en effet en place dans les provinces orientales de
nombreux militaires de FARDC avec un cadre logistique très faible pour
les soutenir, des structures de commandement et de contrôle
fragmentées et un pouvoir politique centralisé ne disposant que
d'un contrôle limité sur la politique militaire menée dans
la région.
Il restera également de nombreux groupes de milices
armées, y compris des FDLR, qui continueront de poser une menace
à la paix et à la sécurité des populations
locales.
Il découle de cette situation plusieurs défis
potentiels pour la RSS. Premièrement, les efforts menés pour
désamorcer la menace posée par les groupes armées
irréguliers se sont, jusqu'à présent, concentrés
soit sur la fusion de ces groupes avec les FARDC ou sur leur
réintégration dans leurs communautés.
Le premier processus s'est heurté à plusieurs
obstacles, dus au fait que les soldats intégrés n'ont pas
correctement été payés, nourris ou logés, et qu'en
conséquence, ils ont continué à se comporter en
prédateurs vis-à-vis des populations locales.
L'expérience récente a montré qu'il est
difficile de rompre les liens entre les commandants et leurs anciennes troupes
et de créer véritablement une nouvelle armée
républicaine neutre.
Les efforts de réintégration ont
été eux aussi confrontés à des défis
immenses du fait de leur concentration sur le démantèlement et la
réinsertion des soldats plutôt que sur une véritable
réintégration.
3.Développement d'un
plan de réforme de la sécurité contrôlé par
les congolais
Malgré la prise de conscience de la
nécessité d'une réforme du secteur de la
sécurité et de la justice depuis les dialogues inter congolais,
aucune vision globale congolaise de la réforme de ce secteur ne s'est
dégagée avant la première tentative organisée lors
de la table ronde sur la réforme du secteur de sécurité de
février 2008.
Depuis, aucun plan stratégique global de la
réforme du secteur de la sécurité n' a été
suivi, laissant aux différents acteurs le champ libre de s'organiser
sans définir les interdépendances pouvant conduire à une
RSS avec des plans sectoriels évoluant dans différents sens.
Parallèlement à cette inexistence d'une vision
globale de la réforme du secteur de la sécurité dans le
pays, plusieurs autres facteurs entrent en ligne de compte notamment le
rôle de plus en plus prépondérant de la coopération
multilatérale et bilatérale et le manque de ressources tant
financières qu'humaines. La volonté politique et les enjeux
sécuritaires dans les provinces de l'Est, dominées par les
guerres successives impliquant des groupes armés congolais et
étrangers contre les FARDC, constituent des facteurs
supplémentaires non négligeables.
En ce qui concerne les acteurs multilatéraux, et
principalement le système des Nations Unies et de l'Union
Européenne, ceux-ci accordent une assistance multidimensionnelle(
technique, matérielle, organisationnelle,...) aux forces de
sécurité du pays.
Mais il s'agit souvent d'une transplantation des
expériences implémentées dans d'autres pays, sans prise en
compte effective des spécificités locales.
En fait, la RSS a été souvent perçue par
certains acteurs multilatéraux comme faisant partie du domaine de la
coopération bilatérale. Dans certains domaines, ces
expériences ont montré leurs limites. Ainsi, la mise en oeuvre
du programme national de désarmement, démobilisation et
réinsertion s'est heurtée à des difficultés majeurs
pour les prévisions budgétaires relatives au transport des
combattants dans leurs milieux de réinsertion.
En ce qui concerne la coopération bilatérale,
au delà de la visibilité recherchée par les pays
donateurs, les références pour la réforme du secteur de la
sécurité s'inspirent des expériences de leurs propres
pays. L'assistance donnée au pays à travers la coopération
bilatérale privilégie très peu la concertation avec les
autres acteurs et est donc l'occasion d'une dispersion des énergies et
des ressources.
Une des conséquences dans cette faiblesse de la
coordination entre les différents acteurs de la coopération, la
réforme du secteur de sécurité est presque soumise
à un ballottement dans tous les sens. En guise d'exemple, pour la
police, plusieurs pays ont accordé une assistance technique à
cette structure et en suivant leurs propres expériences, ce qui a pour
effet d'accentuer le manque d'uniformité dans les formations
dispensées.
Malgré l'organisation d'élections
démocratiques en 2006, les forces de sécurité,
particulièrement l'armée et la police, restent des acteurs
majeurs en vue de l'alternance politique dans la pays.
5.Gardes-fous
démocratiques pour les réformes de sécurité
Sans pouvoir parlementaire capable de jouer pleinement son
rôle législatif et de contrôler les actions de
l'exécutif, il n'y a pas démocratie véritable , et sans
contrôle parlementaire effectif et compétent de la politique de
sécurité et des activités l'appareil sécuritaire
pas de réforme véritable du secteur de la
sécurité.77(*)
Au lendemain des premières élections
démocratiques depuis l'indépendance , la RDC s'est dotée
en 2006 d'un parlement bicaméral constitué d'une assemblée
nationale et d'un sénat.
En ce qui concerne le contrôle démocratique par
l'assemblée nationale, les coalitions politiques ont
façonné une majorité parlementaire en vue de la
désignation d'un premier ministre et de la constitution du
gouvernement.
En effet, les enjeux majeurs de la réforme dans le
secteur de la sécurité tiennent aux difficultés du
parlement, et plus particulièrement de la chambre des
représentants,, à exercer un contrôle effectif du secteur
sans mettre en péril les intérêts des membres de
l'exécutif qui sont de la même émanation politique
qu'eux-mêmes.
Selon certains observateurs, dans ce secteur, la
majorité parlementaire s'est parfois prêtée à la
protection des intérêts de l'exécutif contre les actions
amorcées par l'opposition politique.
En outre, il n'existe pas encore de tradition du
contrôle parlementaire dans le secteur de la sécurité.
Celle-ci tente de se frayer son chemin face à des services
sécuritaires enclins aux pratiques d'une gouvernance opaque.
Néanmoins, le rôle des parlementaires dans la définition du
cadre légal et du vote du budget du secteur sécuritaire s'est
accru au cours des dernières années.
En ce qui concerne la société civile, cette
dernière a été longtemps tenue à l'écart de
la gouvernance du secteur de sécurité, lequel était
hermétiquement fermé.
La société civile ne commence à
s'impliquer dans la surveillance de l'action de l'exécutif qu'au
lendemain de l'ouverture de la vie politique (1990), avec la création de
quelques associations de défense des droits de l'homme. Mais ces
associations sont taxées d'être la solde de l'opposition et des
intérêts occidentaux hostiles au pouvoir.
Très récemment le rôle de la
société civile dans la gouvernance démocratique, et plus
particulièrement la participation de cette dernière à la
formulation des politiques de réforme et son implication dans la
redevabilité, se renforce progressivement. La société
civile doit cependant encore fournir un gros effort pour être
considérée comme un véritable partenaire de la
réforme. Un premier pas a été franchi lorsque le
gouvernement a accepté d'associer la société civile aux
discussions de la loi portant sur l'organisation et le fonctionnement de la
police, ainsi que d'intégrer ses experts dans le comité de suivi
de la réforme de la police. La société civile a
été également associée aux travaux de la
commission Défense et Sécurité de l'Assemblée
Nationale pour examiner le projet- loi organique portant organisation et
fonctionnement des FARDC et le projet de loi sur le conseil Supérieur
de la Défense ainsi que le projet de loi sur la Défense.78(*)
Ces opportunités doivent être capitalisées
pour une intégration des attentes publiques sur les politiques de
sécurité.
La sécurité est primordiale pour le
bien-être du peuple. Aussi faut-il impérativement que les opinions
du peuple soient reflétées dans la politique de
sécurité nationale que l'Etat entend promouvoir et
protéger.79(*)
A ce titre, il est primordial que le secteur de la
sécurité s'ouvre progressivement à la
société civile pour lui permettre de véhiculer les
opinions de la population pendant la formulation des politiques de
sécurité et leur mise en oeuvre.
Cela suppose d'aplanir les antagonismes qui ont
caractérisé les relations entre les services de
sécurité et la société civile. L'enjeu est la
reconnaissance de la nécessité pour le secteur sécuritaire
et la société de travailler ensemble, ce qui implique de partager
les réussites, mais aussi éventuellement les échecs, dans
la mise en oeuvre des politiques.
La RDC peut s'inspirer des expériences d'autres pays
africains où des organisations de la société civile sont
entrées en discussion avec les autorités nationales conduisant
à de nouvelles approches de la RSS répondant mieux aux besoins
des citoyens.
Au Libéria, par exemple, un pays qui a connu un conflit
armé dévastateur pendant les années 1990, diverses
organisations de la société civile ont participé dans une
série des formations avec des représentants des forces de
sécurité et des membres des commissions parlementaires.
Le but de ces formations était d'augmenter le niveau de
connaissance de tous les acteurs sur des questions sécuritaires, mais
aussi d'ouvrir des voies de communications et d'interaction entre les
groupes.
Si des changements de stratégie s'imposent à la
société civile, ils s'imposent encore davantage aux élus
du peuple censés exercer un contrôle sur les actions des services
étatiques, dont les services de sécurité. Ce
contrôle est d'ordre constitutionnel80(*), l'exécutif ne peut y échapper au
risque de violer la loi fondamentale.
Dans le contexte du contrôle parlementaire congolais,
une des questions majeures est celle de l'exercice d'un contrôle de
l'exécutif dans le cas de l'existence d'une même majorité
au parlement et au gouvernement d'une part et d'un vaste pouvoir de nomination
des hauts responsables, si pas tous, du secteur sécuritaire
concentré entre les mains du chef de l'Etat d'autre part.
En effet, si, d'une part la redevabilité du secteur de
la sécurité est recherchée, d'autre part , se pose le
problème de la protection des membres de l'exécutif. Comment
s'entendre sur des résultats sans demande effective des
comptes ?
Il s'ensuit que les représentants du peuple ne peuvent
cautionner une quelconque irresponsabilité du gouvernement, même
lorsque les questions mises en cause sont le fait de membres de leurs propres
partis politiques, sous peine de rendre inefficaces leurs actions et de
laisser les forces de sécurité se constituer en des forces
incontrôlables.
Le problème de la RSS en RDC ne réside pas
tant dans l'identification des objectifs de réforme que dans la
capacité à maintenir la volonté politique tant ai niveau
national qu'international et à créer des partenariats efficace.
Ceci implique une répartition claire des rôles et
des responsabilités de chacun des partenaires et qui répond
à une politique de RSS nationale claire développée par des
congolais.
6.Quelques suggestions
Pour une stratégie de construction de la paix et de la
sécurité en République Démocratique du Congo, nous
proposons ce qui suit :
A. Une stratégie crédible et globale de
désarmement des rebelles Hutus rwandais. Suspendre les opérations
militaires contre les FDLR en laissant la place au dialogue inter rwandais sous
la supervision de la communauté internationale ;
B. Rendre effective l'intégration des groupes
armés dans les FARDC en respectant l'acte d'engagement de Goma ;
C. La reprise de la réforme du secteur de
sécurité en insistant sur le renforcement des capacités
institutionnelles et de la responsabilité pénale des acteurs de
la violence dans les Kivu et la province Orientale ;
D. Réhabiliter les infrastructures des régions
militaires, réformer le système de gestion, avec une attention
particulière portée aux communications, au contrôle de
l'armement et des munitions et à la gestion du personnel ;
E. Procurer l'expertise nécessaire à
l'établissement d'une commission de contrôle au sein des FARDC
afin d'éliminer progressivement les violateurs des droits de l'homme de
la structure de commandement et des troupes et y conditionner le soutien
financier et technique ;
F. Mettre en place un plan spécifique pour la promotion
de la réconciliation et la sécurité humanitaire, qui se
concentre sur la responsabilité judiciaire et des conditions permettant
le retour et la réintégration des réfugiés et des
déplacés ;
G. Améliorer la gouvernance ; les relatons avec
les Etats voisins (politique de bon voisinage) par la relance de la
CEPGL ;
H. Revisiter les accords de paix et autres accords pour leur
respect.
CONCLUSION PARTIELLE
Si la transition politique conduite par un gouvernement
formulé par 1+4 en RDC était un passage obligé de l'Etat
congolais d'un environnement post-conflit vers la consolidation de la paix, la
restauration de l'autorité de l'Etat et l'implantation d'un nouvel ordre
institutionnel, la réforme du secteur de sécurité
congolais constitue l'enjeu principal de l'ensemble du processus de paix en
cours au pays et dans la reste de la sous-région de Grands Lacs.
.
CONCLUSION GENERALE
Nous ne saurions pas terminer cette réflexion sans
rappeler les grandes lignes. En effet, pour rappel, notre étude a
porté sur la « pacification et sécurité
nationale. Quelles stratégies pour la RDC ? ». Il a
été question s'élucider les stratégies de
pacification et de sécurité de la République
Démocratique du Congo pour mettre fin à la guerre
dévastatrice qui a ravagé ce vaste pays et d'étudier les
enjeux stratégiques de sécurité de ce dernier après
la guerre.
Dans le cadre temporel, notre étude couvre la
période allant de 1996 à 2009, période marquée par
les guerres à répétition, et les fronts diplomatiques y
afférents pour le rétablissement de la paix et la
sécurité en RDC. Tandis que sur le plan spatial, ce travail porte
essentiellement sur les enjeux de guerre, de pacification et de
sécurité en RDC avec un regard braqué sur les principaux
acteurs régionaux et internationaux qui s'y sont investis. C'est
grâce à cela que nous avons pu examiner les différentes
stratégies relatives à ces événements.
Pour l'analyse et l'interprétation des faits, nous
avons fait recours à la méthode historico-sociologique
proposée par le professeur LABANA LASAY'ABAR .
Par ailleurs, grâce à cette méthode,
toutes nos hypothèses ont été nuancées dans la
mesure où tout d'abord, en ce qui concerne la pacification, plusieurs
négociations diplomatiques ont été organisées et
ont abouti à mettre fin à cette guerre dévastatrice qui a
rongée la RDC pendant une décennie et cela par les efforts
fournis par les acteurs tant nationaux, régionaux qu'internationaux.
Ensuite et par rapport à la deuxième
hypothèse, disons que la RDC a réussi à intégrer
les différents belligérants tant sur le plan politique que
militaire. Sur le plan politique, on assiste à la formation d'un
gouvernement d'union nationale avec la formule jamais vécu ailleurs de
1+4 et sur le plan militaire, l'intégration de toutes les forces
gouvernementales dans une armée nationale, « les Forces
Armées de la République Démocratique du Congo »
(FARDC) comme stratégies de prévention éventuelle des
guerres. A cela s'ajoute la diplomatie avec les Etats voisins dits «
Etats agresseurs ». Soulignons enfin que toutes ces stratégies
ci-haut citées ont connu d'énormes difficultés dans la
mesure où la RDC a négligé le facteur contrôle ou
suivi efficace de ces dernières ; notamment l'in
contrôlabilité et le non paiement des soldes des militaires ainsi
que ceux des FAC ; l'impunité qui a caractérisé et
qui caractérise celui actuel pour ne citer que cela.
Au regard de ces résultats, nous constatons que les
différentes initiatives vers une paix durable ne doivent plus se limiter
au seul volet de pacification et de sécurité nationale. Elles
doivent aller au delà de la paix pour concilier paix,
coopération et développement sous les nouveaux vocables de
réforme du secteur de sécurité et de la justice,
d'amélioration des conditions sociales de sa population, et enfin
renforcer le niveau de coopération avec les Etats voisins et le reste du
monde.
Enfin, avouons que nous n'avons pas épuisé
l'examen de toute la réalité ; c'est ainsi que nous laissons
à notre postérité de nous compléter et
d'élargir les angles d'analyse en vue d'apporter des connaissances
complémentaires plus approfondies sur la pacification et
sécurité nationale de la République Démocratique du
Congo.
Pour paraphraser WILFREDO PARETO, « l'histoire
est un cimetière d'Aristocrates », ce qui veut dire que les
anciens élites sont toujours remplacés par des nouvelles. De ce
fait, toute critique ou suggestion de la part de nos lecteurs reste la
bienvenue car la science n'est agréable que lorsque partagée avec
d'autres personnes.
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
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à Pretoria le 17Décembre2002, adopté à
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59) www.codesria.com
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61) www.plougshares.ca
62)
www.mediaspourlapaix.com
63) www.mediaspaul.com
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHES...........................................................................................I
DEDICACES
...........................................................................................II
REMERCIEMENTS
..................................................................................III
SIGLES ET ABREVIATIONS
.....................................................................IV
INTRODUCTION
1
1.Présentation et objet du Sujet
1
2. Problématique et Hypothèses
3
3.Choix et intérêt du sujet
5
4.Délimitation du sujet
7
5.Méthodologie et techniques de
recherche
7
6.Difficultés rencontrées
8
7. Plan sommaire
8
CHAP .I. CADRES THEORIQUE ET CONCEPTUEL
9
1.Notions sur les concepts opératoires
9
a)Le concept Pacification
9
b)Le concept de sécurité
11
Tableau
n°1 :Sécurité :référent et objet
23
c) Le concept de Stratégie
24
§2. Théorie explicative
28
b)Les concepts de la théorie des points
nodaux
30
1.Pesanteur et apesanteur
30
2.Latitude d'action
30
3.Itinéraire forcé
31
4.Coup forcé
31
CHAP.II. STRATEGIES DE SECURITE NATIONALE EN
RDC
33
Section .I. Instabilité politique en RDC
33
Section. II. Stratégies de Pacification
42
II.2. Les sommets pour la recherche de la paix en
RDC
44
II.2.1. Processus de Paix de Lusaka
44
II.2.3. Gaberone :Pré-Dialogue du 20 au
25 Août 2001
46
II.2.4. Addis-Abeba :Echec de la
première tentative de la tenue du Dialogue Inter Congolais, du 15 au 19
Octobre 2001
47
II.2.5.Sun City :Dialogue Inter Congolais, du
25 février au 19 Avril 2002
47
II.2.6. Matadi :Juillet 2003
48
II.2.7. Pretoria :Négociations
bilatérales entre la RDC et le Rwanda du 30 juillet au 1er
Août 2002
48
II.2.8. Luanda :Accord bilatéral
Ouganda-RDC, le 15 Août 2002
49
II.2.9. Kinshasa :Sommet des alliés de
la RDC, le 25 Octobre 2002
49
II.2.10. Pretoria II : Clôture du
D.I.C., le 17 Décembre 2002
49
Section III. Stratégies de
Sécurité en RDC
50
a)Les opérations « Umoja
Wetu »
54
b)les opérations Kimia II
55
c)Résultat des opérations militaires
depuis Janvier 2009
55
d)Conséquences des opérations
militaires depuis Janvier 2009
57
CONCLUSION PARTIELLE
58
CHAP .III.PORTEE ET LIMITES DE LA REFORME DE LA
SECURITE EN RDC
59
Section I. Contexte historique et politique
61
Section II. Enjeux stratégiques pour la
réforme du secteur de sécurité
65
1.Fin du conflit dans les provinces de l'Est
65
2.Restauration d'un niveau de base en
matière de sécurité et de moyens d'existence
65
3.Développement d'un plan de réforme
de la sécurité contrôlé par les congolais
66
5.Gardes-fous démocratiques pour les
réformes de sécurité
68
6.Quelques suggestions
70
CONCLUSION PARTIELLE
72
CONCLUSION GENERALE
73
TABLE DES MATIERES
78
* 1 PONDI,J.-E.,L'ONU vue
d'Afrique, Paris, Maisonneuve et La rose,2005,p.109.
* 2 Ibidem.
* 3 Ibidem.
* 4 THUAL,F., Les conflits
identitaires, Paris,IRIS6Ellipses, 1995 ,p5
* 5 Cité par Basil
Davidson, L'Afrique au XX ème Siècle. L'éveil et le
combat du nationalisme africain, Paris, Editions. J.A.,1979 ,p209
* 6LACOSTE ,
Y.,Géopolitique de l'Afrique médiane, in
Hérodote, n°86/87,3è et 4èTrimestres1997
* 6 PONDI, J.E., Op Cit ,
p.121
*
7POURTIER,R, « L'Afrique centrale dans la tourmente.
Les enjeux de la guerre et de la paix au Congo et alentour »,in
Hérodote, n° 11, 4e trimestre 2003,pp. 11-33
* 8BRAECKMAN , C., L'enjeux
Congolais :l'Afrique Centrale après Mobutu, Fayard, Paris, 1999
* 9 CEPOST, Rapport final du
séminaire-Atelier sur la sécurisation de la RDC : Menaces,
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* 24Dictionnaire de
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* 25 KADIEBWE, R, Cours des
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* 46 Ibidem, p. 134
* 47 Ibidem, p.134
* 48 2004 en RDC, La
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d'Afrique, Bukavu, 2005
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* 50http :
//www.hrw.org
* 51LABANA , L.,
Négociations politiques et processus de paix en République
Démocratique du Congo,
* 52 Ibidem
* 53
www.mediaspourlapaix.com
* 54 www.plougshares.ca
* 55
www.google.fr, la documentation
française.htm
* 56 Eléments recueillis
à l'inspection Provinciale de la Police Nationale Congolaise du Sud-
Kivu à Bukavu.
* 57 www.Codesria.com
* 58 KENNES, E. , La
République Démocratique du Congo en 2006. Tournant historique in
Entwick lungsträter in der D.R. Kongo , p.125.
* 59 Magazine périodique
de la MONUC, Janvier-février 2008-vol. VI, n°40
* 60 www.minaffet.gov.rw
* 61 «UN says up to 4.000
Rwandan troops in DR Congo», Agence France-Presse, 21 Janvier 2009
* 62 www.crisisgroup.org
* 63 Rapport hebdomadaire de la
MONUC sur le Nord- Kivu, 22-28 février 2009.
* 64 Rapport hebdomadaire de la
MONUC sur le Nord- Kivu, 7 avril 2009.
* 65 Statistiques du Programme
de DDRRR de l'ONU de Janvier à Octobre 2009
* 66 Entretiens de HumanRights
Watch avec des diplomates américains et des experts des FDLR, Washington
DC, 9 septembre 2009.
* 67 Consultation de
HumanRights Watch avec un membre du groupe d'experts de l'ONU, Goma, 28
octobre 2009.
* 68 Groupe d'experts de l'ONU
sur la République Démocratique du Congo, Rapport final, Novembre
2009.
* 69 Rapports hebdomadaires de
la MONUC pour le Nord-Kivu, 15-21 février, 3-9 mai 2009, 12-18 Juillet
2009.
* 70 www.hrw.org
* 71 I.C.G. ; une
stratégie globale pour désarmer les FDLR, Rapport Afrique,
n°151
* 72 Sébastien Melmot,
Candide au Congo : l'Echec annoncé de la réforme du secteur
de sécurité (RSS), Focus stratégique n°9, IFRI.
* 73 NDIAYE, B., Du rôle
du pouvoir parlementaire dans la réforme du système de
sécurité en Afrique post-autoritaire, in Acte de la
conférence sur l'expérience de la RSS en Afique, African Security
sector Network, Kinshasa, Juin 2009, p.6
* 74www .codesria.com
* 75 LANOTTE, O.,
République démocratique du Congo, guerres sans
frontières : De Joseph Désiré MOBUTU à Joseph
Kabila, Ed. GRIP-COMPLEXE, Bruxelles , 2003, p.105
* 76 N. Garret and
H.Mitchell, « trading conflict for Developpment : utilising
the trade in Minerals from Eastern DR Congo for developpment», Ressource
consulting service.
* 77 BOUBACAR NDIAYE, du
rôle du pouvoir parlementaire dans la réforme du système de
sécurité en Afrique, post-autoritaire, i n acte de la
conférence sur l'expérience de la RSS en Afrique,
Africansecuritysector network, Kinshasa juin 2009,p.5
* 78 www.crisisgroup.org
* 79 Union parlementaire et
centre pour le contrôle démocratique des forces armées
(coll.), contrôle parlementaire du secteur de sécurité,
mécanismes et pratiques, Genève- Kiev, 2004, P.1.
* 80 Constitution de la
République Démocratique du Congo du 18 février 2006,
article 100.
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