Ecole du Val de Grâce
Faculté de médecine - Université
Paris-Diderot 7 Ecole des Hautes Etudes en Santé publique
Mémoire pour l'obtention du Master 2 :
« Administration et management des établissements
hospitaliers » Option B : Organisation et pilotage des poles et des
unités de soins
Organisation du droit international
humanitaire au sein du Service de Santé
des
Armées
Responsable du diplôme : Professeur Dominique
BERTRAND Directeur de mémoire : Médecin Général
Eric DARRE Tuteur de mémoire : Médecin en chef Valérie
DENUX
Lieutenant Eléonore CARROT
Année universitaire 2013-2014
Ecole du Val de Grâce
Faculté de médecine - Université
Paris-Diderot 7 Ecole des Hautes Etudes en Santé publique
Mémoire pour l'obtention du Master 2 :
« Administration et management des établissements
hospitaliers » Option B : Organisation et pilotage des poles et des
unités de soins
Organisation du droit international
humanitaire au sein du Service de Santé
des
Armées
Responsable du diplôme : Professeur Dominique
BERTRAND Directeur de mémoire : Médecin Général
Eric DARRE Tuteur de mémoire : Médecin en chef Valérie
DENUX
Lieutenant Eléonore CARROT
Année universitaire 2013-2014
Je remercie le Médecin général Eric
Darré et le Médecin en chef Valérie Denux de m'avoir
permis de traiter ce sujet passionnant. Leur écoute et leurs
précieux conseils ont été déterminants dans la
réalisation de cette étude.
Je remercie également tous ceux qui ont répondu
à mes questions avec patience et
intérêt :
Médecin en chef Angot, Etat-major opérationnel
santé (EMO-S)
Médecin en chef Bel, Centre de planification et de
conduite des opérations (CPCO
J4. Soutien sanitaire)
Médecin en chef Cziernak, EMO-S
Médecin en Chef Thiéry, Hôpital d'instruction
des armées de Laveran, professeur
d'éthique médicale
Colonel Chanliau, Centre interarmées de concepts, de
doctrines et
d'expérimentations (CICDE)
Colonel Pellistrandi, CICDE
Commissaire lieutenant-colonel Balcerski, Secrétariat
général pour l'administration,
bureau droit des conflits armés
Lieutenant-colonel Clavier (er), Croix-Rouge Française,
chargé de projet diffusion du
droit international humanitaire
Médecin principal Pohl, Direction centrale du service de
santé des armées, bureau
cohérence capacitaire opérationnelle.
Commandant Ramanitra, Ecole du Val de Grâce, division de la
formation initiale
spécialisée.
Capitaine Thonier, CPCO
Mlle Ducrot, Croix-Rouge Française, chargé de
projet diffusion du droit international
humanitaire.
Dr Eagan Chamberlin, professeur d'éthique au sein du
Service de Santé des Etats
Unis.
Enfin, je remercie les membres de la division performance
synthèse de la direction centrale du service de santé des
armées pour leur accueil, leur soutien et leur bonne humeur.
Table des matières
Préambule 1
Introduction 3
1. Le DIH au sein du SSA : un enjeu majeur 6
a) L'objet du DIH : la protection de la vie humaine 6
b) Un environnement contraignant : le contexte grave de la
guerre 7
c) Le DIH fixe les droits et devoirs des personnels sanitaires
dans la guerre 9
d) Une obligation légale : le SSA peut engager la
responsabilité de l'Etat et celle de ses
personnels pour des crimes de guerre 12
Les forces armées engagent la responsabilité de
l'Etat en matière de DIH 13
La responsabilité individuelle de tous les personnels du
SSA 14
e) La délicate application du DIH : les conflits
juridiques et éthiques 15
2. L'organisation du DIH au sein du SSA : une
nécessité 17
a) Attachement aux valeurs DIH 17
b) Une nouvelle dynamique de DIH depuis la guerre d'Afghanistan
: la volonté de renforcer la
préparation opérationnelle juridique 18
3. Problématique 18
4. La mise en place du DIH : de la guerre juste à
la « guerre justifiée » 19
5. Nature et portée du DIH 20
a) La multiplicité des sources du DIH 20
Les sources conventionnelles 21
Le droit dérivé 21
Les sources coutumières 22
b) Le champ d'application du DIH 23
6. Le lien étroit entre le DIH et le SSA :
24
a) La mission opérationnelle actuelle du SSA 24
b) L'organisation du SSA 25
Méthodologie 27
Les atouts du SSA relatifs à la
capacité d'intégration et d'application du DIH
30
· Valeurs historiques du SSA 30
· Ethique médicale intrinsèque au SSA 31
· Potentiel d'intégration au niveau
stratégique du DIH 32
· Bureau juridique dédié au SSA 32
· Doctrine d'emploi ancrée dans le DIH 33
· Ecoles de formation initiale et continue propres au SSA
33
· Port de l'emblème 34
· Dimension internationale du SSA 35
Les vulnérabilités du SSA relatives
à la capacité d'intégration et d'application du DIH __
36
· Diversité des statuts du personnel du SSA 36
· Pas de formation continue en DIH au sein du SSA 37
· Absence de soutien juridique opérationnel
dédié 37
· Pas de compagnonnage en DIH 38
· Peu de relations sur le sujet avec les armées
38
·
Fiche-Action 1: Promouvoir le statut de militaire
non combattant au sein du SSA 79
Manque de RETEX sur le DIH 39
Les opportunités relatives à
l'applicabilité du DIH par le SSA 40
· Portée universelle du DIH 40
· Valeurs françaises 40
· Importance accordée par les organisations
internationales 41
· Partenariats ou collaborations du SSA 41
· Renforcement du lien avec le commissariat aux
armées 42
Les menaces relatives à l'application du
DIH par le SSA 43
· Evolution lente du DIH 43
· Complexité des situations
opérationnelles 43
· Evolutions techniques et technologiques 44
· Etendue de la typologie des missions du SSA 45
· Projections d'urgence et ouvertures de
théâtres 46
· Non-respect du DIH par certains adversaires et
alliés 46
· Pression des armées 48
· Effets psychologiques de la guerre 49
· Judiciarisation des conflits 50
· RETEX des derniers conflits pour les armées
(Irak, Afghanistan, Mali) 51
AVOT 52
L'analyse du AVOT 53
· Analyse du croisement des atouts et des
opportunités 53
· Analyse du croisement des atouts et des menaces 56
· Analyse du croisement des vulnérabilités
et des menaces 58
· Analyse du croisement des vulnérabilités
et des opportunités 60
La Discussion 63
· Le DIH : une obligation légale 63
· Le risque pour le SSA de perdre sa
crédibilité et sa légitimité 64
· Le DIH : expression des valeurs que porte le SSA
66
· L'intégration du DIH : un
devoir envers les personnels du SSA 67
· Le DIH : vecteur
d'interopérabilité 68
· Promouvoir une application stricte du DIH 69
· Participer au débat sur l'adaptation du
DIH aux nouvelles situations opérationnelles 70
· Faire du DIH un référentiel commun
à tous les personnels employés par le SSA 71
· Soutenir l'action des personnels de
santé en opération en matière de DIH 72
Enjeux pour le SSA 73
· La diffusion du DIH auprès de tous les
personnels du SSA quel que soit leur statut 73
· L'intégration du DIH par tous les
personnels du SSA 74
· Le regroupement autour du statut de militaire non
combattant 74
· Le renforcement du lien avec les armées sur les
questions de DIH 75
· La mise en place d'un soutien juridique
opérationnel 75
· L'exploitation du RETEX des situations
difficiles face au DIH 75
· Le renforcement de la proximité avec les
structures civiles concernant le DIH 76
· Le positionnement du DIH lors du soutien santé
de coalitions 76
Recommandations 77
Fiche-Action 2: Diffuser le DIH à
l'ensemble des personnels du SSA 82
Fiche-Action 3: Diffuser le DIH dans les
armées 85
Fiche-Action 4: Etablir une formation
renforcée en DIH 88
Fiche-Action 5: Valoriser les compétences
du SSA en DIH 91
Fiche-Action 6: Mettre en place un soutien
juridique opérationnel 94
Fiche-Action 7: Renforcer l'exploitation du RETEX
en matière de DIH 97
Fiche-Action 8: Participer à une
réflexion globale sur l'adaptation du DIH au contexte
opérationnel 100
Fiche-Action 9: Porter les valeurs du DIH au sein
de la communauté médicale militaire 102
Annexe 1: La justice pénale internationale
104
Annexe 2: Historique du DIH, de la guerre juste
à la guerre justifiée 106
Annexe 3: Historique du SSA et du DIH: deux
destins liés 112
Annexe 4: Le SSA en opération
117
Annexe 5: Organisation du soutien médical
en opération 118
Annexe 6: Analyse AVOT 119
Annexe 7: Procédure de sauvetage au combat
130
Bibliographie 132
1
Préambule
« La guerre est un mal absolu. Il n'y a pas de guerre
joyeuse ou de guerre triste, de belle guerre ou de sale guerre. La guerre
humilie déshonore, dégrade. C'est l'horreur du monde
rassemblée dans un paroxysme de sang et de larmes. (...) La guerre
exaltera toujours en l'homme ce qui, en lui, relève de l'ange - ses
ressorts les plus nobles, le courage, le mépris de la mort - et ce qui
relève de la bête - ses instincts bestiaux, la peur, la
lacheté» 1. Hélie de Saint Marc souligne ainsi
toute l'ambiguité de la guerre qui incarne le meilleur et le pire de la
nature humaine. Dans ce cadre, le droit international humanitaire cherche
à encourager les principes d'humanité et à restreindre les
excès de violence. L'objectif du droit international humanitaire est
ainsi de limiter la souffrance de l'Homme au sein des conflits armés.
Pour cela, le droit international humanitaire protège
les valeurs considérées comme fondamentales par la
société internationale. Par principe, l'étude du droit se
distingue de l'éthique dans le sens où son objectif premier n'est
pas de caractériser la valeur morale des actes mais de définir ce
qui est permis ou défendu par la règle instituée dans une
société donnée. En ce sens, tout ce qui n'est pas interdit
étant autorisé, la règle de droit délimite
l'autorisation d'agir sans crainte d'être poursuivi. Cependant,
l'étude du droit international humanitaire est largement
influencée par l'éthique et la philosophie en ce que celui-ci
vise à protéger des valeurs éminemment morales. De plus,
la pratique révèle que l'application du droit est
étroitement liée à un jugement éthique. Etudier
l'application du droit international humanitaire est donc une entreprise
hautement éthique et philosophique. En ce sens, appliquer une logique
organisationnelle et managériale à cette analyse est une
entreprise délicate.
Néanmoins, le droit international humanitaire devient
un enjeu stratégique au sein des nouveaux conflits, dans lesquels le
Service de Santé des Armées (SSA) est impliqué, car il
participe à la légitimation de l'action de la force. Le
commandement et
1 Hélie de Saint Marc, Préface
rédigée à Lyon le 28 septembre 2010. dans
Général Benoit Royal, L'Ethique du soldat français: la
conviction d'humanité, 2nde éd., Economica , 2011.
les personnels du SSA attendent donc des solutions pratiques
pour faciliter l'application du DIH.
Ainsi, cette étude propose d'appliquer une analyse
stratégique organisationnelle et managériale à un sujet
juridique mais aussi éminemment éthique. Au vu de la nature du
sujet, qui suppose une juxtaposition des règles juridiques et des
valeurs éthiques, le choix du modèle d'analyse a
été complexe. Néanmoins, l'utilisation d'une
méthode d'analyse stratégique telle que la méthode
AVOT2 (atouts, vulnérabilités, opportunités,
menaces) a permis une analyse approfondie des contraintes juridiques et
éthiques qui s'imposent aux personnels de santé au sein des
conflits armés. Ainsi, un diagnostic stratégique interne et
externe détaillé a conduit à proposer des recommandations
structurelles et de management pour améliorer l'intégration et
l'application du DIH au sein du service.
2
2 Plus connue par son anglicisme SWOT (strengths,
weaknesses, opportunities, threats).
3
Introduction
Le Code d'Hammourabi, constitue la première trace de
droit de la guerre. Hammourabi, souverain de Mésopotamie de 1790
à 1750 avant Jésus-Christ, établit un code de conduite de
la guerre : « Je prescris ces lois afin que le fort n'opprime pas le
faible ». Si l'histoire démontre la nature belligène de
l'homme, elle souligne aussi la volonté des êtres humains de
limiter cette violence en mettant en place des normes capables de
réguler leurs relations et d'assurer leur protection. L'homme est au
centre d'un combat où s'affrontent une agressivité
belligène et une sociabilité issue de son humanité. Le
droit international humanitaire (DIH) et la médecine militaire ont ceci
en commun qu'ils cherchent tous deux à limiter les souffrances des
Hommes dans la guerre et ont ainsi pu apparaitre utopistes ou contraignants
selon les époques.
De la participation de médecins et d'infirmiers
à des interrogatoires dans les prisons américaines :
Le 4 novembre 2013 un rapport indépendant
dénonce la complicité des professionnels de santé
américains concernant les abus commis dans les prisons
américaines en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo3.
Cette étude souligne que les médecins et les infirmiers ont
participé à « la conception, la participation et
l'application de tortures et de traitements cruels, inhumains et
dégradants ».
Des médecins et psychologues étaient
initialement présents pendant les interrogatoires aux fins
déclarées de protection pour les détenus. Privation de
sommeil, manipulation du régime alimentaire et privation sensorielle
étaient donc effectuées sous surveillance de médecins et
de psychiatres. En Afghanistan, plus de 30% des personnels de santé
basés hors hôpital ont assisté ou connaissaient d'autres
médecins qui avaient assisté à ces interrogatoires. En
Irak, ils représentaient 18%.
En 2002, la participation des personnels des services de
santé américains aux interrogatoires devint plus formelle en Irak
et à Guantanamo. Le Department of
3 « L'éthique abandonnée :
professionnalisme médical et abus sur les détenus dans la guerre
contre le terrorisme », 4 novembre 2013, Institute on médicine as a
profession.
4
Defense (DOD) mit alors en place des équipes
de consultations spécialisées en science du comportement
(Behavioral science consultation team- BSCTs) qui développèrent
de nouvelles techniques d'interrogatoires permettant d'optimiser la collecte de
renseignements sans mettre en danger la vie du détenu. La violence
utilisée lors des interrogatoires rendait de plus en plus obligatoire la
présence de médecins pour la sécurité des
détenus. Cependant, la présence de personnel de santé
permettait d'augmenter les souffrances causées aux détenus.
Presque la moitié des personnels de santé alors membres des BSCTs
ont ensuite rapporté qu'ils subissaient des pressions et
n'étaient pas à l'aise dans leur rôle. Afin d'optimiser la
collecte de renseignements, les personnels de santé ont aussi
participé à l'élaboration des « interrogatoires
sur-mesure » en fonction du profil psychologique et du dossier
médical du patient. Les spécificités des dossiers
médicaux ont donc été partagées avec les militaires
en charge d'interroger les prisonniers. La participation directe de personnels
sanitaires à des traitements inhumains ou dégradants n'a pas
été clairement établie, mais il est probable qu'ils aient
participé à l'exploitation des phobies, à l'utilisation du
chaud-froid, à l'isolation ou à la surcharge sensorielle.
La communauté médicale américaine a
fortement condamné cette atteinte à la déontologie et
à l'éthique médicale. Sur le plan juridique, la
participation à des actes de tortures et le fait de ne pas les
dénoncer est contraire à la Convention contre la Torture
ratifiée par les Etats Unis en 1988. Même le Patriot Act
de l'administration Bush de 2002, qui fait des ennemis des Etats Unis des
« combattants illégaux » ne bénéficiant pas du
statut protecteur de prisonnier de guerre, ne saurait rendre ces
interrogatoires légaux4.
De l'utilisation de médicaments comme une arme
non létale :
Voici un message inscrit au dos d'un médicament
délivré par l'armée américaine à la
population vietnamienne lors de la guerre du Vietnam dans le cadre d'une
mission d'aide médicale à la population :
4 Article 3 CGI, Article 75(2) PI, Article1
Convention contre la Torture adoptée en 1984, ratifiée par les
Etats UNis en 1988 avec 19 réserves .IMAP, Ethics abandoned: medical
professionalism and detainee abuse on «war on terror», Task
force report, novembre 2013 - Rubenstein l., Pross C., Davidoff F., Lacopino
V., Coercive US interrogation policies: a challenge to medical ethics,
JAMA. 2005;294(12):1544-1549. doi:10.1001/jama.294.12.1544.
5
« Une équipe médicale a
été envoyée dans votre village pour vous aider. Venez avec
votre famille et vos amis si vous êtes malade ou blessé.
L'équipe médicale vous aidera à vous soigner.
L'équipe médicale a été envoyée par le
gouvernement du Vietnam du Sud parce que la république du Vietnam veut
aider votre famille à se débarrasser de la maladie et de la
souffrance. L'équipe médicale doit être
protégée. Les Viet Cong veulent détruire l'équipe
médicale parce que les Viet Cong ne veulent pas que le gouvernement du
Sud Vietnam aide son peuple. Les soldats de la 9e Division sont là pour
protéger l'équipe médicale pour que celle-ci puisse vous
aider. S'il vous plait aidez nous à protéger l'équipe
médicale. S'il vous plait dites aux soldats où les Viet Cong
cachent leurs troupes, leurs armes et leur nourriture. »5
Pendant la guerre du Vietnam l'armée a menée une
importante mission d'aide médicale à la population (MEDCAPS) pour
« gagner les coeurs et les esprits» allant parfois jusqu'à
distribuer des placebos. Cette mission a été
particulièrement mal vécue par les personnels du service de
santé qui se sont sentis trahis et utilisés par l'autorité
militaire.6 Ces MEDCAPS ont posé des problèmes
éthiques et juridiques car la collecte de renseignements par les
unités sanitaires est contraire à l'esprit des conventions de
Genève. Le premier protocole additionnel aux conventions de
Genève de 1977 interdit ce genre d'opération. En effet, est
interdit le fait de soumettre des personnes à un acte médical qui
ne serait pas motivé par leur état de santé7.
De plus, aucune personne exerçant une activité médicale ne
peut être contrainte de donner à quiconque appartenant soit
à la partie adverse, soit à sa propre partie, des renseignements
concernant les blessés ou les malades qu'elle soigne, si elle estime que
de tels renseignements pourraient porter préjudices à ceux-ci ou
à leur famille8.
Ces deux exemples montrent bien la difficulté pour le
personnel sanitaire de résister aux effets de la guerre, aux pressions
politiques et militaires. Ces conflits éthiques n'excusent pas mais
peuvent expliquer la transgression de valeurs fondamentales
5 Dr. Eagan Chamberlain, S. M., Moral dilemnas
in military medicine: a historic-ethical analysis of the problem of dual
loyalties and medical civilian assistance programs in the US army,
University of Texas Medical Branch, april 2013.
6 Op cit (5)
7 Article 11PI.
8 Article 16(3) PI.
6
telles que le respect de la dignité humaine, le respect
du secret médical ou le principe de protection de la population. Le DIH
trouve alors toute sa place comme garde-fou, comme guide de comportement envers
les victimes des conflits armés mais aussi envers le personnel
sanitaire.
1. Le DIH au sein du SSA : un enjeu majeur
L'application du DIH au sein du service de santé des
armées (SSA) est un enjeu particulièrement important de part son
objet, les droits et les devoirs qu'il accorde aux personnels sanitaires, son
application délicate dans la guerre et les obligations légales
qui s'y attachent.
a) L'objet du DIH : la protection de la vie
humaine
A travers la formule « sans ami, personne ne
choisirait de vivre », Aristote démontre, dans son
traité intitulé Ethique à Nicomaque, qu'il existe
une valeur universelle que nul ne peut rejeter : l'amitié. Avec le terme
philia - amitié - Aristote désigne le choix volontaire
de vivre ensemble en vue du bonheur. Ce postulat est aujourd'hui estimé
comme étant une donnée anthropologique, propre à toutes
les sociétés humaines. L'amitié est donc virtuellement un
principe universel de la valeur humaine9. L'idée de
l'existence de valeurs morales pouvant être reconnues comme universelles
est largement partagée par les philosophes contemporains. Monique
Canto-Sperber écrivait dans son essai, Le bien, la guerre et la
terreur : « Je suis convaincue qu'il existe des valeurs morales
stables, très largement partagées, et dont la définition
ne dépend pas de l'environnement social ou culturel, même si un
tel environnement explique la diversité de leurs modes d'expression
».10 Le refus de la souffrance traverse ainsi les
époques et les cultures11. Les découvertes accomplies
par les sciences de la vie valident l'existence chez tout individu de
prédispositions
9 Aristote, Ethique à Nicomaque,
trad. Brodéus R., GF, Flammarion, 2004. La tradition républicaine
française a donné à cette philia le nom de
fraternité; Kant, lui aussi, estime que les lois de la morale sont
universelles : en 1785 dans Fondation de la métaphysique des
moeurs, il énonce le principe de l'impératif dans une
formule célèbre : « agis toujours de telle façon
que tu traites l'humanité dans ta propre personne et dans celle
d'autrui, non pas seulement comme un moyen, mais toujours aussi comme une fin
en soi».
10 Canto-Sperber M., Le bien, la guerre et la
terreur, Revue de Défense, n°121 (mai- juin 2007).
11 Walzer M., Guerres justes et injustes,
trad. S.Chambon et A. Wicke, collection Folio Essais, Gallimard, 2006, p77
à 122.
7
physiologiques innées d'ordre moral propres à la
nature humaine. Le professeur Antonio R. Damasio, directeur de l'Institut pour
l'étude neurologique de l'émotion et de la
créativité de l'Université de la Californie du Sud et le
professeur Jonathan Haig, psychologue à l'Université de Virginie,
ont démontré qu'il existe dans notre cerveau des zones clairement
impliquées dans l'élaboration de jugements moraux qui poussent
l'homme à avoir une aversion pour la souffrance et à
développer le sens de l'équité12.
La thèse défendant l'existence de valeurs
morales universelles qui limitent les atteintes à
l'intégrité humaine, peut donc légitimement s'appuyer sur
les principes philosophiques tirés de l'observation empirique de
l'évolution des hommes et sur la découverte d'un patrimoine
génétique commun à toute l'espèce humaine. La
morale universelle définit dans l'ordre du bien et du mal des
impératifs et des normes13. Le droit transcrit les valeurs
morales et les rend opposables juridiquement aux individus. Le DIH vise
à protéger et à faire respecter les personnes les plus
faibles au sein des combats : les civils, particulièrement les femmes et
les enfants, et les personnes hors de combats c'est-à-dire les
blessés, les malades et les prisonniers14. C'est en ce sens
que ce droit accorde une protection particulière aux personnels
sanitaires afin qu'ils puissent porter secours aux victimes de la guerre et
protéger la vie humaine. La médecine de guerre et le DIH sont
donc étroitement liés par un objectif commun : protéger le
droit à la vie, une valeur fondamentale universelle consacrée par
de nombreux textes juridiques15.
b) Un environnement contraignant : le contexte grave de
la guerre
Etymologiquement, le terme de guerre vient probablement du
germanique werra, qui était sans doute à l'origine un
cri de bataille. Elle peut être définie comme un «
conflit armé à grande échelle opposant au moins deux
groupes humains »16.Que la nature humaine soit
belligène ou que la guerre s'explique par l'établissement
d'institutions
12 Général Benoit Royal,
L'éthique du soldat français : la conviction
d'humanité, Economica, Coll. Stratégie et Doctrines, 2011,
p25 et 26.
13 Ricoeur P., Ethique, encyclopédie
Universalis,
www.universalis.fr/encyclopedie/ethique,
2014
14 Article 85 (3) PI.
15 Article 3 de la Déclaration universelle des
droits de l'Homme de 1948 ; article 2 de la convention européenne de
sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, 1950
;
16 Tertrais B., La guerre, que sais-je, puf,
2010, p10
8
artificielles, historiens, anthropologues et ethnographes
démontrent scientifiquement que « la guerre est d'une vilaine
monotonie »17. « Si la guerre a un superbe
passé ; elle a aussi un bel avenir » souligne le
Général Vincent Desportes18.
La guerre ne change pas de nature, car l'effet majeur
recherché reste la soumission de l'adversaire, mais elle change de
visage. L'unipolarisation du monde autour des Etats-Unis et
l'accélération de la globalisation et de son corollaire, la
glocalisation créent des frustrations au niveau local19. Des
volontés locales sont en conflit avec des puissances globales qui ont
développé une très haute technicité et
possèdent l'arme nucléaire. La mondialisation et l'ère de
l'information facilitent les échanges et transforment les modes
d'organisation. Dans ce contexte, la guerre que l'on qualifiait de
symétrique est vécue comme un conflit asymétrique par
l'adversaire irrégulier. Ainsi, « selon la loi fondamentale de
la guerre qui est celle du contournement, refusant intelligemment le combat
à armes égales, le nouvel adversaire puise sa force dans
l'évitement de la puissance ; il joue la disparité des moyens et
des modes d'actions »20. Une guerre asymétrique est
un conflit qui oppose des combattants dont les forces sont incomparables ;
où le déséquilibre militaire, sociologique et politique
entre les camps est total. Dès lors, il ne s'agit
généralement plus pour la force militaire de détruire les
éléments de la puissance de l'Etat, mais de convaincre : il
s'agit de rallier et non de soumettre. Dans cette approche globale, la
bataille initiale de haute technologie est courte mais la campagne qui la suit
est longue. L'action militaire coercitive, hier centrale, devient une «
ligne d'opération », parmi d'autres. Même si l'Etat
sécuritaire du pays conditionne les entreprises diplomatiques,
économiques et humanitaires21. Le SSA se trouve donc
ré-immergé au centre des conflits et de la stratégie
militaire. La guerre asymétrique et son corollaire l'approche globale
présentent de nombreux défis pour l'application du DIH d'une part
parce qu'elles soulignent des zones grises du droit et d'autre part parce que
certaines parties au conflit, alliées ou adversaires, s'autorisent
parfois à contourner le DIH.
17 Keeley L.H., Les guerres
préhistoriques, collection tempus, ed. Perrin p350. ; Cf. Eckhardt
W., War related deaths since 3000 BC, Security Dialogue, vol.22,
numéro 4, 1991 ; Hobbes T., Le léviathan, 1650 ; Rousseau J.-J,
Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi
les hommes, 1755.
18 Général Vincent Desportes, La
guerre probable, penser autrement, Economica, 2nd ed. 2008,
p1.
19 Findlay M., Governing through globalised
crime : futures for international criminal justice, Willan publishing,
2008
20 Op cit. (18), p13.
21 Op cit. (18), chapitre 3, p130 à 168.
9
c) Le DIH fixe les droits et devoirs des personnels
sanitaires dans la guerre
Les blessés et les malades « doivent en toutes
circonstances être traités avec humanité et recevoir, dans
toute la mesure du possible et dans les délais les plus brefs, les soins
médicaux qu'exigent leur état »22. Le statut
de non combattant spécifique du personnel sanitaire, c'est-à-dire
du personnel exclusivement affecté au conflit à des fins
sanitaires, permet de mettre en oeuvre cette disposition de manière
optimale. Le statut de non combattant dont dispose les personnels du SSA est un
statut protecteur. Ces droits sont inaliénables23.
Les articles 24 et 25 de la première convention de
Genève (CGI) distinguent les non combattants permanents, exclusivement
affectés à des opérations de soutien médical, et
les non combattants temporaires, employés de manière temporaire
sur des missions de soutien médical. Les personnels
bénéficiant du statut de non combattant permanent sont
respectés et protégés en toutes circonstances. Mais les
personnels sous statut de non combattant temporaire ne sont
protégés que s'ils remplissent exclusivement des fonctions de
soutien médical au moment où ils viennent au contact de l'ennemi.
Les missions duales de combattants et non combattants sont
prohibées24. Les personnels bénéficiant du
statut de non combattant temporaire, notamment les auxiliaires sanitaires,
doivent en connaitre les limites. Les personnels combattants effectuant des
gestes de secours, quant à eux, ne sont pas protégés, ils
peuvent être pris pour cible par l'ennemi.
Pour toutes les unités sanitaires, la protection peut
cesser après sommation s'il s'avérait qu'ils sont utilisés
pour commettre des actes nuisibles à l'ennemi. Néanmoins, le fait
que les unités sanitaires soient gardées ou escortées et
que le personnel de l'unité soit doté d'armes
légères individuelles pour sa défense et la défense
des blessés et des malades dont il a la charge ne sont pas
considérés comme des actes nuisibles à
l'ennemi25. L'esprit de la loi révèle en
l'espèce que la licéité de l'utilisation de l'arme repose
plus sur l'intention accompagnant le feu que sur la catégorie de l'arme.
Le personnel sanitaire doit exclusivement utiliser son
22 Article 10 PI.
23 Articles 7 CGI et CGII.
24 Articles 24 et 25 CGI, articles 36 et 37 CGII,
article 12 PI.
25 Article 21 CGI, article 13 PI.
10
armement pour se défendre ou défendre les
blessés ou malades dont il a la charge. Il serait en revanche difficile
de reprocher à un médecin de protéger son groupement
médical de campagne avec une arme collective. En pratique, les
unités sanitaires sont souvent protégées par des
unités de l'armée de terre. En situation normale chacun reste
dans sa spécialité afin d'être le plus efficace possible.
Cependant, des véhicules de l'avant blindés ont été
attaqués en Afghanistan, le personnel sanitaire doit alors, dans des
situations d'exception, être en mesure d'utiliser son arme de
manière appropriée et d'agir sous le feu26.
Afin d'assurer la protection des unités
médicales les articles 39 à 45 CGI, l'article 18 du premier
protocole additionnel aux conventions de Genève (PI) et la coutume
internationale prévoient que, par principe, l'autorité militaire
doit faire en sorte d'adopter et de mettre en oeuvre des méthodes et
procédures permettant d'identifier les unités
sanitaires27. Il s'agit ici d'une obligation de moyens et non de
résultat car l'unité médicale non identifiable reste sous
la protection du statut de non combattant. Ces articles admettent donc par
exception que les unités sanitaires ne soient pas identifiables. Cette
situation d'exception a récemment été
précisée par l'OTAN dans le STANAG 2931 qui dispose que le
camouflage de l'emblème est autorisé quand le fait de ne pas
camoufler l'emblème pourrait mettre en péril les
opérations tactiques. L'ordre doit être communiqué par un
officier de niveau brigade minimum. Il doit être temporaire,
localisé et prendre fin aussitôt que la situation le permet.
Même s'il reste à définir précisément les
conditions dans lesquelles l'utilisation de l'emblème « met en
péril une opération tactique », il est clair que le
camouflage de l'emblème dans l'esprit des conventions de Genève
doit rester une mesure d'exception qui ne repose pas seulement sur un sentiment
de danger diffus. En Afghanistan, les véhicules de l'avant blindé
sanitaires ont pu être ciblés mais ils ne semblent pas que ce
ciblage ait lieu sur les autres théâtres d'opération
contemporains même si la ré-immersion des unités sanitaires
au centre des combats diffuse un sentiment de crainte justifié.
D'autre part, les personnels sanitaires ne peuvent être
contraints de donner à quiconque appartenant à la partie adverse
ou à l'autorité militaire hiérarchique des renseignements
concernant les blessés ou les malades si elle estime que de tels
26 Entretiens CPCO, CICDE, DCSSA/CCO
27 Article 40 CGI : « le personnel portera
fixé au bras gauche, un brassard résistant à
l'humidité et muni du signe distinctif [...] ce personnel sera
également muni d'une carte d'identité spéciale munie du
signe distinctif ».
11
renseignements peuvent porter préjudice à
ceux-ci. Ce principe de non délation n'est pas absolu : le
médecin ne peut être contraint de dénoncer mais il n'est
pas tenu de ne pas dénoncer. En pratique, le médecin peut agir
comme capteur de renseignement diffus notamment quant au moral des troupes ou
à l'acceptation de la présence de la force. Il peut et doit aussi
prévenir sa hiérarchie s'il est mis au courant d'une attaque
imminente mais il ne peut utiliser la médecine dans le but
d'acquérir du renseignement28. De même, les
médecins ne peuvent être contraints d'accomplir des actes ou de
s'abstenir d'accomplir des actes si de tels actes ou de telles omissions sont
contraires à la déontologie ou aux règles
médicales29. Afin de renforcer cette protection, nul ne peut
être puni pour avoir exercé une activité de
caractère médical conforme à la déontologie et aux
règles du DIH30.
Concernant la prise en charge des blessés, l'article 12
CGI pose le principe de non discrimination. Seules des raisons d'urgence
médicale autorise une priorité dans l'ordre des soins. En cas de
pertes classiques, les médecins sont confrontés au triage. Cette
classification des blessés basée sur l'urgence médicale et
les moyens est bien codifiée mais parfois des questions se posent quant
au principe de non discrimination : Quel patient prendra-t-on en charge en
premier entre un militaire moins blessé et un ennemi plus gravement
touché ? L'effet de groupe joue un rôle important. Certains
médecins affirment que les militaires et l'opinion publique ne
comprendraient pas que l'on ne soigne pas le militaire en premier31.
D'autre part, lorsque la situation opérationnelle laisse présager
qu'un afflux massif de blessés pourrait survenir et que les moyens sont
limités, peut-on continuer à prendre en charge la population
civile? En cas d'afflux massif de blessés les médecins adoptent
un triage particulier fondé non plus sur l'urgence médicale mais
sur le choix de traiter en priorité les cas les plus surement curables
et de laisser mourir les cas les plus graves. De même, il peut être
nécessaire lorsque les moyens disponibles rendent impossible
l'administration de soins approchant un niveau adéquat de s'abstenir de
fournir certains soins afin d'éviter des interventions qui, ne pouvant
être réalisées correctement, en deviendraient
dangereuses32. Le manque de moyens vient donc parfois limiter les
soins de santé et rendre difficile l'application du DIH et notamment
28 Entretien CPCO CIMIC, COMEDS, EMOS, DCSSA/CCO
29 Article 16 PI.
30 Article 16 PI.
31 Entretiens
32 CICR, Les soins de santé en danger : les
responsabilités des personnels de santé à l'oeuvre dans
des conflits armés et d'autres situations d'urgence, CICR,
12
du principe d'humanité. Le risque d'euthanasie peut
devenir important33. L'article 17 CGI dispose que les morts doivent
faire l'objet d'un examen attentif « si possible médical
» en vu de constater le décès, établir
l'identité et pouvoir en rendre compte. La prise en charge des morts est
cependant traditionnellement réalisée en France par le Service du
commissariat des armées.
Enfin, le principe de distinction entre combattants et non
combattants prévoit que les forces militaires ne doivent «
diriger leurs opérations que contre des objectifs militaires
». La population civile jouit d'une protection générale
et par là « sont interdits les actes ou menaces de violence
dont le but principal est de répandre la terreur parmi la population
civile » 34. La protection large accordée à
la population a pour but de la tenir écartée des
opérations militaires. Dans ce contexte, les missions d'aide
médicale à la population, accomplies dans le cadre de conflits
armés, doivent être strictement encadrées afin de ne pas
constituer une opération strictement militaire à l'encontre d'une
population civile (qui peut penser être soigné alors qu'elle ne
l'est pas vraiment) et du réseau sanitaire local. Aussi elle ne doit pas
être utilisée pour diffuser la peur de la partie adverse dans la
population (comme ce fut le cas pendant la guerre du Vietnam35).
L'application du DIH par les personnels sanitaires,
placés face à des situations déstabilisantes, n'est pas
toujours évidente. Les violations du DIH que cela peut engendrer
engagent la responsabilité des Etats et celle des individus.
d) Une obligation légale : le SSA peut engager la
responsabilité de l'Etat et celle de ses personnels pour des crimes de
guerre
La société internationale a cherché
à responsabiliser les Etats et les individus et à réprimer
les violations du DIH. Les infractions graves aux conventions de Genève
et la violation des lois et coutumes de la guerre constituent des crimes de
guerre36. Le critère de gravité peut être sujet
à interprétation, il suppose l'atteinte à une valeur
33 Messelken D., Ethical aspects of battlefield
euthanasia, Proceedings of the 3rd ICMM workshop on military medical
ethics, Military medical ethics series, 2014
34 Article 50 PI, article 13 PII.
35 Op cit. (5)
36 Article 8 du statut de la CPI et article 3 du
statut du TPIY.
13
fondamentale considérée comme universelle. Le
crime de guerre peut être déféré devant toutes les
juridictions pénales internationales et les juridictions pénales
de tout Etat partie aux conventions de Genève en vertu du principe
d'universalité (Annexe 1).
Les forces armées engagent la
responsabilité de l'Etat en matière de DIH
L'Etat a tout d'abord une obligation de respecter le DIH.
Pacta sunt servanta : ce principe de base du droit conventionnel
signifie que le traité « lie les parties et doit être
exécuté par elles de bonne foi »37. Ce
principe est implicite dans tous les textes contractuels mais les 4 conventions
de Genève et les 2 protocoles additionnels rappellent cette obligation
et lui adjoignent la formule « en toutes circonstances »
afin de soustraire clairement le contenu du DIH à la logique de
réciprocité38. L'exception d'inexécution n'est
recevable ni en DIH, ni pour les textes relatifs au droit de l'homme, en vertu
de la nature même de ces règles39. La
responsabilité internationale de l'Etat est engagée lorsqu'il
ordonne, commande, organise des crimes de guerre. L'Etat est responsable des
violations du DIH qui lui sont imputables. Celles-ci comprennent les violations
commises par les forces armées.
L'Etat peut être reconnu responsable de ne pas avoir
fait respecter le DIH au niveau national. En effet, celui-ci a l'obligation de
légiférer et de « prendre les mesures d'exécution
nécessaires » pour assurer l'application du texte des
traités et sa diffusion40. Les Etats ont contracté
l'obligation de diffuser le DIH dans leur pays respectif en temps de paix et en
temps de guerre, et notamment à en incorporer l'étude dans les
programmes d'instruction militaire et, si possible, civile de telle
manière que ces instruments soient connus des forces armées et de
l'ensemble de la population41. De plus, l'article 82 du PI
précise que les Etats doivent veiller « à ce que des
conseillers juridiques soient disponibles, lorsqu'il y a lieu, pour conseiller
les
37 Article 2, Convention de Vienne sur le droit des
traités de 1969.
38 Article 1 CGI, Article 1 PI 1977, Article 1 PII
1977; Martin, P.H., Les échecs du droit international, «
Que sais-je ? », PUF, n°3151, 1996.
39 Cette exception du droit contractuel est valable
en droit international public mais pas en DIH. Article 60 paragraphe 5,
Convention de Vienne sur le droit des traités de 1969 .
40 En France, la loi n°98-564 du 8 juillet
1998 tendant à l'élimination des mines anti-personnel a par
exemple été adoptée en application de la Convention
d'Ottawa du 3 décembre 1997 sur l'interdiction de l'emploi, du stockage,
de la production et du transfert de ces armes ; Article 80 du PI ; art. 48 CGI;
art.49 CGII; art.128 CGIII; art. 145 CGIV; art. 84 PI.
41 Articles 47 CGI; 48 CGII ; 127 CGIII; 144 CGIV; 83
PI; 19 PII.
14
commandements militaires, à l'échelon
approprié, quant à l'application des Conventions et du
présent Protocole et quant à l'enseignement approprié
à dispenser aux forces armées à ce sujet »
42. Pour cela, l'article 6 du PI prévoit que les Etats
s'efforceront de former des personnels qualifiés en vue de faciliter
l'application du DIH. Les conseillers peuvent également être
associés au processus d'examen de toute nouvelle arme, de tout nouveau
moyen ou de toute nouvelle méthode de guerre43. Sur le plan
juridictionnel, les Etats doivent rechercher les personnes accusées
d'avoir commis ou donner l'ordre de commettre des « infractions graves
» au DIH, indépendamment de la nationalité du coupable et du
lieu de commission du crime, en application du principe de la compétence
universelle. Ils doivent charger leurs commandements militaires
d'empêcher que soient commises des « infractions graves », de
les faire cesser et de prendre des mesures à l'encontre des personnes
placées sous leur autorité qui se rendent coupables de tels
crimes.
La responsabilité individuelle de tous les
personnels du SSA
La responsabilité pénale individuelle comprend
deux éléments. Selon le TPIY d'une part « tous actes
d'assistance, sous forme verbale ou matérielle, qui prêtent
encouragement ou soutien » dès lors que cette participation a
eu « un effet important ou substantiel ». D'autre part,
l'accusé doit avoir participé en connaissance de cause à
l'acte. Sa participation peut intervenir avant, pendant ou après la
commission de l'acte. Un refus d'intervenir pour faire cesser l'acte peut
constituer un crime44. Les commandants et autres supérieurs
hiérarchiques sont pénalement responsables des crimes de guerre
commis par leurs subordonnés s'ils savaient, ou avaient des raisons de
savoir, que ces subordonnés s'apprêtaient à commettre ces
crimes et s'ils n'ont pas pris toutes les mesures nécessaires et
responsables pour en empêcher l'exécution ou, si ces crimes
avaient déjà été commis, pour punir les
responsables. Tout combattant a le devoir de désobéir à un
ordre manifestement illégal. Le fait d'obéir à un ordre
d'un supérieur hiérarchique n'exonère pas le
subordonné de sa
42 Article 82 PI, 1977.
43 Article 36 PI, 1977.
44 TPIY, Procureur c/ Dusko Tadic, 7 mai 1997-
TPIY, Procureur c /Ejnil Delalic Zdravko Mucic, Hazim Delic et Esad Landzo, 16
novembre 1998- TPIY, Procureur c/ Anto Furundzija, 10 décembre 1998 -
TPIY, Procureur c/ Jean-Paul Akayesu, 2 septembre 1998.
15
responsabilité pénale45. Au sein de
l'armée française, la violation des règles de DIH entraine
une sanction disciplinaire, sous peine d'engager la responsabilité
pénale du commandement. Le Statut Général des Militaires,
le Règlement de Discipline Générale dans les Armées
et le Code du Soldat prévoient que le militaire ne peut accomplir,
ordonner ou se voir ordonner des actes contraires aux règles du droit
international46. L'instruction d'application du règlement de
discipline générale et le Code de Déontologie
Médicale des Médecins Militaires précisent que les
personnels sanitaires doivent adopter une conduite conforme aux principes
généraux régissant l'exercice de la profession ainsi
qu'aux règles de DIH47. Ainsi, lors de l'affaire Mahé
la Cour d'Assise de Paris a condamné un colonel et deux sous officiers
français de l'armée de terre pour un crime de guerre commis en
2005 à l'encontre d'un civil Ivoirien.
Un véritable arsenal juridique a donc été
mis en place pour défendre le DIH au niveau national et international.
Dans un contexte de judiciarisation de la société et de
complexification de l'environnement opérationnel, le risque de
contentieux devrait donc se renforcer. Assurer l'intégration et
l'application du DIH est une obligation légale pour le SSA qui engage la
responsabilité de l'Etat et celle de chacun de ses personnels. Cette
obligation de résultat suppose aujourd'hui plus que la simple diffusion
des règles de droit.
e) La délicate application du DIH : les conflits
juridiques et éthiques
L'application du DIH par les personnels du service de
santé des armées est loin d'être évidente. Les
règles de droit peuvent parfois se trouver en conflit avec d'autres
règles de droit ou avec des limites opérationnelles. Le devoir de
non discrimination peut ainsi s'opposer au devoir de cohésion du
militaire ou à la limitation des moyens. L'application du DIH implique
nécessairement un questionnement éthique.
45 Article 7.3 du Statut du TPIY, Articles 28 et 86
alinéa 2 du Statut de la CPI.
46 Loi 72-662 du 13 juillet 1972 portant statut
général des militaires - décret 75-675 du 28 juillet 1975
portant règlement de discipline générale dans les
armées, article 7 à 9bis - code du soldat, articles 3 et 4.
47 Instruction 52000/DEF/C/5 du 10 décembre
1979 portant application du règlement de discipline
générale dans les armées, Décret n° 2008-967
du 16 septembre 2008 fixant les règles de déontologie propres aux
praticiens des armées.
16
L'éthique a pour but de permettre à l'individu
d'agir avec la conscience d'une action sociétale responsable et de
manière conforme à la morale. L'éthique regroupe un
ensemble de règles qui se différencient et complètent les
règles juridiques car elles intègrent le mobile des
activités humaines et trouvent leur fondement dans
l'intériorité de l'être48. L'éthique
inspire et précède souvent les règles juridiques : les
règles morales sont souvent érigées en loi. Le temps de
l'éthique permet la création du consensus social
nécessaire à l'établissement de la règle de droit.
Nous soulignerons aussi que la connaissance du droit sert l'éthique. Le
droit constitue un référentiel important dans le questionnement
éthique.
Le questionnement éthique du médecin militaire
dépend de l'évaluation morale que fait celui-ci de la situation
telle qu'il la perçoit sur le terrain. Selon Kant, il existe des
exigences impératives, telles que les règles de droit, qui n'ont
pas à être subordonnées à des considérations
empiriques. Mais cette hiérarchisation est difficile à mettre en
place car il existe de multiples valeurs et principes moraux qui ne peuvent
être rassemblés sous un agencement unique. Selon Weber, l'Homme
est contraint de choisir entre l'éthique de conviction, qui rend compte
des certitudes morales, et l'éthique de responsabilité, qui rend
compte de la situation différente et assume la responsabilité de
ses décisions. Ces deux éthiques peuvent être rendues
complémentaires et non pas opposables49. Chaque membre du SSA
disposerait de valeurs communes qui formeraient l'éthique de conviction
et serait en mesure de mettre en oeuvre une éthique de
responsabilité en fonction des circonstances50. La
connaissance du DIH n'est donc pas suffisante, il est nécessaire de
s'assurer de l'intégration de ces normes afin d'appliquer strictement le
DIH. L'intégration du DIH pourrait rendre le questionnement
éthique des personnels du SSA plus aisé.
Le DIH, comme la médecine militaire, s'efforce donc de
protéger la vie et de limiter les souffrances de l'Homme au sein des
conflits armés. Si la règle de droit est aisément
compréhensible, son application dans un contexte de violence
extrême est délicate car elle engendre des conflits
éthiques. L'intégration de la règle de droit est
48Simone Goyard-Fabre et Jean Ferrari,
L'année 1797 : Kant, la métaphysique des moeurs,
librairie philosophique J. Vrin, Paris, 2000.
49 MG Darré E., Médecin militaire
et droit des conflits armés : entre éthique et juridique, Revue
Internationale des Services de Santé des forces armées,
vol.76/2, 2003.
50 Op. cit. (50)
17
cependant essentielle car l'application de celle-ci constitue
une obligation légale et parce qu'elle peut faciliter la prise de
décision éthique lors des situations complexes.
2. L'organisation du DIH au sein du SSA : une
nécessité
Les personnels du SSA seront de plus en plus souvent
confrontés à des problématiques de DIH car l'environnement
et les modalités des conflits armés sont de complexité
croissante. Dans ce cadre le commandement doit tout mettre en oeuvre pour
assurer l'intégration et donc la bonne application du DIH par ses
personnels. Aborder le DIH sous un angle organisationnel constitue donc une
véritable nécessité pour le SSA afin d'en assurer une
bonne diffusion et une application rigoureuse.
a) Attachement aux valeurs DIH
Le SSA est historiquement et culturellement attaché aux
valeurs transcrites dans le DIH. L'oeuvre d'Ambroise Paré souligne les
valeurs qui animent les médecins voués au soutien des soldats.
L'anecdote célèbre, véridique ou légendaire, du
dialogue entre Charles IX et Paré est révélatrice. A la
remarque du roi, « J'espère que tu vas mieux soigner les rois
que les pauvres ». Il aurait répondu « non Sire c'est
impossible, je soigne déjà les pauvres comme des Rois »
51. L'honneur, l'intérêt véritable porté
aux blessés et aux malades, le désintéressement
matériel, sans compromission, l'acceptation du sacrifice altruiste sont
les véritables marques originelles de la médecine militaire. Ces
valeurs humanitaires sont aujourd'hui traduites dans le Code Internationale
d'Ethique médicale adopté par l'Assemblée Médicale
Mondiale en 194952, le Code de déontologie médical
français53, le Military Commitee 326/3 de l'OTAN et le Code
de déontologie médicale militaire française54 .
Ces textes prévoient que les personnels de santé doivent adopter
une conduite conforme au DIH.
51 Ambroise Paré, Encyclopédie
de l'Agora, 2012,
http://agora.qc.ca/Dossiers/Ambroise_Pare
52 Code international d'éthique militaire
adopté par la 3e Assemblée Médicale Mondiale en
1949 à Londres,
http://lexdih.wordpress.com
53 Code de déontologie médicale,
modifié le 8 aout 2004.
54 Décret n° 2008-967 du 16 septembre
2008 fixant les règles de déontologie propres aux praticiens des
armées.
18
b) Une nouvelle dynamique de DIH depuis la guerre
d'Afghanistan : la volonté de renforcer la préparation
opérationnelle juridique
Malgré une volonté forte de respecter et de
faire appliquer ses valeurs, le soutien des personnels du SSA en DIH repose
plutôt sur des initiatives ponctuelles. Il n'existe pas de processus
cadré de DIH au sein du Service même si celui-ci dispose de
compétences importantes en droit et en éthique
médicale.
Le conflit en Afghanistan a cependant mis en relief la
nécessité de soutenir les personnels du SSA quant à
l'application du DIH dans des situations complexes. La ré-immersion au
centre des conflits qui provoque des craintes justifiées, les attaques
dont furent victimes les personnels sanitaires, la méconnaissance du DIH
par nos alliés ont fait prendre conscience de la complexité du
DIH et de la nécessité pour les personnels du SSA, outre la
connaissance de la règle, d'être en mesure d'appliquer cette
règles dans des situations opérationnelles violentes.
Grace à cette étude nous pouvons nous interroger
sur la manière la plus efficiente d'organiser le soutien en DIH au sein
du SSA.
3. Problématique
Alors que la guerre change de visage, le personnel du service
de santé des armées sera de plus en plus confronté
à des conflits éthiques et juridiques. Le Service de Santé
des Armées pourrait former l'éthique de conviction et
l'éthique de responsabilité de ses personnels à travers
l'étude du DIH. L'éthique de conviction serait fondée sur
la connaissance des règles de DIH et des valeurs médicales et
militaires intangibles. Ce référentiel devrait faire l'objet d'un
apprentissage continu qui permettrait au personnel sanitaire de résoudre
plus facilement certains conflits. D'autre part, le personnel devrait
être préparé à mettre en oeuvre son éthique
de responsabilité dans un contexte parfois douloureux par des exercices
pratiques. Cette double éthique permettrait aux personnels du SSA de
s'adapter à chacune des situations qu'ils rencontrent, d'appliquer de
manière optimum le DIH et limiterait le poids du stress dû au
questionnement éthique.
19
Comment alors optimiser l'organisation du DIH au sein du SSA
afin de former l'éthique de conviction et de préparer
l'éthique de responsabilité des personnels du SSA en vu d'assurer
la bonne application DIH dans les situations complexes? Quels moyens doivent
être placés au sein du SSA pour diffuser le DIH à
l'ensemble du service ? Comment mener les personnels du SSA à connaitre,
intégrer et appliquer le DIH en situation opérationnelle ?
Cette étude propose tout d'abord de s'intéresser
à la diffusion, l'enseignement, la compréhension, et les
conditions d'application du DIH au sein du SSA en identifiant les atouts et les
vulnérabilités. Le travail consiste ensuite à comprendre
quelles sont les menaces que l'environnement opérationnel fait peser sur
l'application du DIH par les personnels du SSA, et comment le SSA peut utiliser
ses atouts pour tirer partie des opportunités qui s'offrent à lui
au niveau national et international. Le but étant bien de proposer des
solutions pour améliorer la diffusion et l'application du DIH dans le
SSA français afin d'éviter les débordements qui ont pu
être constatés chez nos alliés et de garantir au personnel
la certitude de pouvoir faire son travail dans le respect de l'éthique,
de la déontologie et du droit.
Après une description de la méthodologie
employée, cette étude propose donc une analyse des facteurs
clés du DIH au sein du SSA sous forme AVOT de l'anglais de l'anglais
Assets (atouts), Vulnerabilities
(vulnérabilités), Opportunities
(opportunités), Threats (menaces) 55, Puis à
partir de cette analyse, une discussion nous permettra d'établir les
enjeux relatifs à l'organisation du DIH au sein du SSA afin de proposer
des recommandations déclinées sous forme de fiches-actions. Cette
étude suppose néanmoins une bonne compréhension du DIH et
de la mission opérationnelle du SSA au cours de laquelle celui-ci
s'applique. Il convient donc de définir succinctement le DIH, la mission
opérationnelle du SSA et le lien étroit qui les unie.
4. La mise en place du DIH : de la guerre juste à
la « guerre justifiée »
Le droit des conflits armés est une partie du droit
international public qui s'efforce de fixer les normes qui régissent le
droit de faire la guerre, jus ad bellum, et la manière
55 Une nouvelle doctrine de l'analyse SWOT.
20
de faire la guerre, jus in bello. Cette seconde
démarche correspond au droit international humanitaire (DIH). Le droit
à la guerre et le droit dans la guerre se sont développés
de manière concomitante. Puis le droit relatif à la limitation
des armements est apparu. Celui-ci relève aussi bien du jus ad
bellum que du jus in bello. Les frontières sont donc
devenues poreuses au sein du droit des conflits armés. Le DIH peut
néanmoins être défini comme l'ensemble des règles
juridiques, d'origine conventionnelle ou coutumière,
spécifiquement destinées à régler les
problèmes humains découlant directement des conflits armés
internationaux et des conflits armés non internationaux, et qui
restreignent le droit des parties au conflit d'utiliser les méthodes et
les moyens de la guerre de leur choix, ou protègent les personnes et les
biens affectés ou susceptibles de l'être par le conflit. A toutes
les époques, même lorsque la guerre constituait « la
continuation de la politique par d'autres moyens », des humanistes
ont tenté d'imposer des limites aux excès qu'elle
générait56 (Annexe 2). La mise hors la loi de la
guerre a échoué. Faute de remède pour traiter la maladie
à la source, la société internationale à
développé le droit international humanitaire afin de lui
appliquer un traitement symptomatique. De fait, on est passé de la
guerre, comme un moyen de la politique des Etats, à la « guerre
justifiée »57. Il est préférable
aujourd'hui de ne plus parler de « guerre juste » qui est
chargée de prétention morale et tend à effacer la
nécessaire proportionnalité liée à l'usage de la
force. La force exercée en vue du bien est plus difficile à
modérer que la force exercée en vue du droit58. Les
guerres justifiées sont des guerres limitées, menées
conformément à un ensemble de règles. Le droit parait
aujourd'hui être le seul moyen d'atténuer les conséquences
de la guerre.
5. Nature et portée du DIH
a) La multiplicité des sources du DIH
Les sources du droit international sont consensuelles. Le DIH
est constitué d'un ensemble de normes de droit international primaires,
conventionnelles et coutumières, et de règles de droit
international dérivées, actes des organisations
56 Carl von Clausewitz (1832) dans De la
guerre, traduction de Jean-Baptiste Neuens, Paris, Astrée, 2014.
57 Op. cit. (12)
58 Cf., op. cit. (18 et 11)
21
internationales. L'obligation juridique découle donc
soit de la ratification de textes conventionnels, soit du pouvoir dont est
investi l'organe qui adopte un acte ou interprète le DIH, soit de
l'acceptation de pratiques constantes comme étant de droit.
Les sources conventionnelles
L'appareil conventionnel est complexe. Cette complexité
tient d'une part à l'ampleur du volume des traités et à
leur absence d'uniformité. D'autre part, afin de favoriser la
ratification d'un maximum d'Etats aux traités, le droit international
public admet que les parties émettent des réserves ou des
déclarations interprétatives. Les réserves peuvent
exonérer l'Etat de certaines obligations59. Les
déclarations interprétatives permettent à un Etat
d'adhérer à un traité tout en restreignant l'application
d'une disposition particulière60. La maitrise de cet ensemble
conventionnel mouvant et de son applicabilité sont donc difficiles.
Le droit dérivé
En vertu du droit international primaire, l'Organisation des
Nations Unies (ONU) dispose de la compétence de créer du droit
dérivé. L'Assemblée Générale des Nations
Unies et le Conseil de Sécurité s'efforcent ainsi de
compléter ou de préciser les dispositions du DIH par voie de
résolutions ou de déclarations plus ou moins impératives.
Plusieurs dizaines de résolutions générales ou
particulières forment donc aujourd'hui un ensemble complémentaire
du DIH61.
59 Réserve de la Suisse (1982) et de
l'Autriche (1982) quant à l'application de l'article 58 a) et b) du PI
qui « seront appliquées sous réserve des exigences de la
défense du territoire national ».
60 La Nouvelle Zélande (1988) déclare
que sa ratification des PI et PII ne devra pas s'étendre aux iles Cook
Nioué et Tokélaou ; L'Argentine (1986) affirme que la
ratification des PI et PII ne pourront être interprétés
comme accordant l'impunité à ceux qui enfreignent les normes du
DIH.
61 Depuis 1991, on constate une accumulation des
résolutions concernant le droit d'accès aux victimes.
Résolution 1001 du 30 juin 1995, résolution 908 du 31 mars 1994,
résolution 1010 du 10 aout 1995.
22
Les sources coutumières
Le DIH n'échappe pas à « l'invasion du
système normatif par la coutume »62. La coutume
doit se différencier de la pratique répétée. Sa
définition repose sur un élément matériel et un
élément intentionnel. La pratique doit d'abord être
constante. L'uniformité et la généralisation de la
pratique dans le temps conditionnent donc la formation de la coutume.
L'adoption d'une solution exceptionnelle dans une situation singulière
servira de référence dans les situations semblables mais ne
crée pas une norme juridique, seules sa répétition et sa
généralisation peuvent conduire à développer le
DIH. L'élément matériel ne suffit pas à
définir la coutume. La pratique doit être accomplie avec la
conviction d'appliquer le droit. En 1999, le CICR a publié un rapport
sur les règles coutumières du DIH en place.63 La Cour
Internationale de Justice (CIJ) reconnait le caractère obligatoire des
règles coutumières qui s'imposent à tous les Etats parties
ou non aux conventions, en temps de guerre et en temps de paix64. La
jurisprudence des cours internationales découvre ainsi les principes
fondamentaux universels. La CIJ a identifié les principes fondamentaux
ayant trait à la conduite des hostilités dans son avis
consultatif sur la Licéité de la menace ou de l'emploi
d'armes nucléaires. Il s'agit du principe de distinction qui doit
être fait entre civils et combattants, de la prohibition de l'emploi
d'armes qui causent des blessures superflues ou des souffrances inutiles, et du
principe d'humanité contenu dans la clause de Martens65. La
codification des règles coutumières n'a pas pour effet de
supprimer ces dernières mais simplement de les ordonner et de les
préciser. De même, certaines règles conventionnelles
peuvent s'intégrer dans le droit coutumier, c'est le cas de l'article 3
commun aux conventions de Genève de 194966.
62 Veil P., Le droit international en quête
de son identité, RCADI 1996, t.237, p.161.
63 Ces travaux ont fait l'objet d'une publication
en 1999 pour la 27e conférence internationale de la
Croix-Rouge et du Croissant Rouge. Rapport du Secrétaire
Général présenté conformément à la
résolution 1998/29 de la Commission des Droits de l'Homme des
Nations Unies, E/CN.4/1999/92, le 18 décembre 1998, para. 21 à
24.
64 CIJ, Affaire du détroit de
Corfou, 1949 : l'obligation de notifier l'existence d'un champ de mines
pour des considérations élémentaires d'humanité est
une obligation erga omnes ; CIJ, Avis relatif aux
conséquences juridiques de l'édification d'un mur dans le
territoire palestinien occupé, 9 juillet 2004.
65 CIJ, Arrêt sur la licéité
de la menace ou de l'emploi de l'arme nucléaire, 1996.
66 CIJ, Affaire du Nicaragua, 1986.
23
Les règles du DIH apparaissent donc à plusieurs
échelons différents ; droit primaire et droit
dérivé, droit conventionnel, droit jurisprudentiel et droit
coutumier. Ces droits se soutiennent et s'étayent mutuellement mais
peuvent être difficile à interpréter.
b) Le champ d'application du DIH
Seuls les conflits armés bénéficient de
la protection du DIH67. La chambre d'appel du TPIY donne une
définition non contestée d'un conflit armé dans
l'arrêt Tadic relatif à la compétence : « un
conflit armé existe chaque fois qu'il y a un recours à la force
armée entre les Etats ou un conflit armé prolongé entre
les autorités gouvernementales et des groupes armés
organisés ou entre de tels groupes au sein d'un Etat
».68 L'article 1er paragraphe 2 du PI exclut de
l'application du DIH les « troubles intérieurs » et
les « tensions internes » 69.
On applique toutes les normes du DIH aux conflits armés
internationaux (CAI) et des règles fondamentales minimales aux conflits
armés non internationaux (CANI). Un CAI est par principe commencé
ou poursuivi entre deux ou plusieurs Etats70. D'autre part, le PI
prévoit que le DIH s'applique en totalité aux conflits
armés dans lesquels les peuples luttent contre un régime en place
dans l'exercice du droit des peuples à disposer d'eux
même71. L'Assemblée générale de l'ONU
admet l'extension de cette disposition aux conflits qui oppose des forces
issues de la population à un gouvernement mis en place
artificiellement72. De plus, pour le TPIY un conflit armé
peut être considéré comme international si les troupes d'un
autre Etat interviennent dans un conflit interne ou si certains participants au
conflit armé interne agissent pour le compte de cet autre
Etat73. Un CANI, en revanche, est caractérisé par
l'existence d'une opposition armée à l'autorité du
gouvernement. Il existe deux branches de CANI. Tout d'abord, les CANI soumis
à l'article 3 commun aux 4
67 Assemblée Générale de
l'ONU, résolution 43/131du 8 décembre 1988 relative au principe
de libre accès aux victimes des catastrophes naturelles et autres
situations d'urgence du même ordre.
68 Sassoli M., La première
décision de la chambre d'appel du Tribunal Pénal International
pour l'ex-Yougoslavie : Tadic (compétence), RGDIP 1996, n°1,
p128.
69 Meron T., Projet de déclaration type
sur les troubles et tensions internes RICR janv-fev.1988, n°769,
p62-80 ; Déclaration de Turku, RICR, mai-juin 1991,
n°789.
70Haugh H., Humanité pour tous, le
mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Institut Henry
Dunant, 1993, p514-515.
71 Article1 PI 1977.
72 Reisman V., Which law to the Afghan
conflict?, AJIL 1988, p 486-491; Assemblée Générale
de l'ONU, résolutions 41/158 du 4 décembre 1986, 42/135 du 7
décembre 1987, 44/161 du 15 décembre 1989, 45/174 du 18
décembre 1990.
73 TPIY, Tadic II, para.84.
24
conventions de Genève. La coutume définie deux
critères exigibles pour l'application de l'article 3 : un degré
suffisant d'organisation des parties et un niveau d'hostilité ouverte et
collective distincts de simples attentats. Les CANI soumis à
l'application du PII, quant à eux, sont plus restreints. Il s'agit des
conflits opposant une force armée étatique à des groupes
armées organisés, qui sous la conduite d'un commandement
responsable, exercent sur une partie du territoire un contrôle tel qu'il
leur permette de mener des opérations militaires continues et
concertées et d'appliquer le droit74.
Les missions opérationnelles du SSA, qui vont du
soutien de missions de coercition, en passant par la stabilisation, le maintien
de la Paix, aux catastrophes humanitaires et naturelles, ne relèvent
donc pas toutes du DIH.
6. Le lien étroit entre le DIH et le SSA :
Le SSA a un rapport au DIH d'évidence car ils partagent
les valeurs d'humanité et de bienveillance mais aussi un rapport de
soutien car le DIH protège le personnel, les véhicules et les
infrastructures du SSA et enfin malgré tout un rapport de contrainte car
le DIH soumet le SSA aux respects de règles sous peine de sanction. Les
liens sont donc étroits, même si parfois complexes, d'autant plus
que le service de santé et le droit universel que représente le
DIH se sont construits souvent de concert. Leur objectif commun est : la
limitation des souffrances dans la guerre (Annexe 3).
a) La mission opérationnelle actuelle du
SSA
Le SSA assure le soutien santé des forces armées
dans le cadre du contrat opérationnel fixé par l'Etat Major des
Armées75. Il assure la mise et le maintien en condition
opérationnelle des forces (aptitudes et vaccinations par exemple) et la
prise en charge des blessés et malades en opérations.
Concurremment à sa mission de soutien des forces il peut, au sein d'un
conflit armé, effectuer des missions d'aide médicale à
la population si la situation opérationnelle le permet et s'il
existe un besoin humanitaire. Cette aide médicale peut viser à
traiter médicalement
74 Article 1 paragraphe 1 du PII.
75 Le contrat opérationnel de l'Etat Major
des Armées est établi en fonction de la loi de programmation
militaire et des orientations du livre blanc de la défense
déterminées par le gouvernement.
25
directement la population locale et/ou à renforcer le
tissu sanitaire local. Dans une approche globale des conflits, les actions
civilo-militaires ont pris une part considérable. L'aide
médicale à la population légitime dans ce cadre la
présence de la force et diminue le soutien de l'ennemi, tout en
répondant à l'exigence de soutien à la population
décrite dans le DIH. 76 En effet, le DIH prévoit que
la population civile jouit d'une protection générale et le
principe de non discrimination dans la prise en charge médicale induit
le soutien sanitaire des personnes civiles.77 A coté des
missions de soutien des forces, le SSA peut effectuer des missions
d'évacuation des ressortissants et d'aide médicale
humanitaire lors de catastrophes purement humanitaires ou de catastrophes
naturelles, qui se situent hors du champ des conflits armés
contrairement aux missions d'aide médicale à la
population.
b) L'organisation du SSA
La description de l'organisation du SSA permet ici
d'appréhender à quel niveau et dans quelle proportion le besoin
de diffusion du DIH est en permanence nécessaire pour répondre
à la mission opérationnelle dans le respect des règles et
des principes d'humanité.
En opération le SSA représente 3 à 5% des
personnels militaires français déployés78. Mais
il soutient les forces sur tous les fronts (annexe 4).
Le concept du soutien sanitaire des forces est fondé
sur deux principes fondamentaux. D'une part, la médicalisation et la
réanimation-chirurgicalisation de l'avant qui impliquent de porter au
plus près des combattants le maximum de moyens mobiles, performants et
adaptés aux conditions de l'engagement. D'autre part, la
systématisation des évacuations sanitaires précoces vers
les hôpitaux de traitement définitif. La voie aérienne est
privilégiée, même si elle ne représente pas l'unique
mode d'évacuation envisageable.
76 DIA 9.1 relative à l'aide médicale
aux populations, N 97/DEF/CICDE/DR du 15 mai 2009. Entretien CPCO, CICDE, EMOS,
DCSSA/CO.
77 Articles 10, 48, 49, 51 PI.
78 Entretien DCSSA/CO
26
Ainsi, le soutien sanitaire est organisé en quatre
niveaux de prise en charge (Annexe 5):
- le niveau 1 est celui de la médicalisation de l'avant
qui correspond à la relève et au conditionnement médical
primaire réalisés au sein des unités de combat, notamment
par des combattants qui disposent d'un diplôme de sauvetage au combat de
niveau 1 ou2;
- le niveau 2 est celui du triage médico-chirurgical et
de la chirurgicalisation-réanimation de l'avant ;
- le niveau 3 est celui du traitement des blessés sur
le théâtre et de l'essentiel des évacuations sanitaires
tactiques ;
- le niveau 4 est celui des évacuations sanitaires
stratégiques et du traitement définitif, en principe sur le
territoire national.
Au sein de chaque structure d'état-major
opérationnel, un conseiller médical est responsable de
l'organisation du soutien médical et conseille le commandement sur les
matières médicales. Il représente le directeur central du
Service de Santé des Armées et est garant du respect des
règles de droit des personnels sanitaires sous son commandement.
Cette organisation montre combien le SSA est aligné sur
les unités combattantes afin de garantir un soutien santé au plus
prés des soldats. Elle montre aussi combien la notion de commandement
est essentielle à la bonne exécution de la mission, par le biais
du conseiller santé placé au plus prés de
l'état-major militaire. C'est ainsi que la perception personnel
combattant-personnel non combattant peut-être troublée et que la
pression du commandement peut potentiellement s'exercer au détriment
possible du respect du DIH.
Ainsi, si le SSA et le DIH ont des trajectoires communes et
des logiques identiques, le service de santé des armées, pour des
raisons émanant de son organisation, de ses missions, de sa relation
avec les armées ou de son personnel, peut parfois être
amené à s'éloigner du droit. L'objectif est donc
d'identifier ces raisons environnementales ou structurelles afin de trouver des
voies d'amélioration ou de consolidation.
27
Méthodologie
Cette étude analyse la connaissance et la diffusion du
DIH au sein du SSA ainsi que les menaces et les opportunités
présentes dans l'environnement afin d'émettre des propositions
pour favoriser la bonne application de ce droit par les personnels du
Service.
Cette recherche est principalement objective dans son approche
en ce que le SSA évolue dans un environnement social constitué de
faits sociaux, comme le développement de la guerre non conventionnelle,
qui ont une existence indépendante des personnels du service et qui
s'impose à eux79. Néanmoins, cette approche est aussi
subjective car l'appréhension des faits sociaux par les individus et
leurs réactions face aux contraintes sont aussi
importantes80. Ainsi, les phénomènes empiriques
observables et les interprétations individuelles des
problématiques constituent des données complémentaires
dans cette recherche.
De plus, la méthode est inductive. Les propositions
avancées reflètent les résultats d'une recherche empirique
; la recherche est principalement exploratoire81.
Cette étude utilise une méthode qualitative,
celle des entretiens, afin d'appréhender la problématique
à travers les yeux des acteurs militaires et civils du DIH qui
travaillent avec le SSA et des personnels du SSA qui doivent appliquer et faire
appliquer le DIH en opération. Les entretiens permettent notamment de
rendre compte des changements dans la manière d'appréhender le
DIH au sein du nouveau contexte opérationnel et de prendre en compte
certaines problématiques qui n'auraient pu être abordées
par écrit en raison de leur caractère de confidentialité
défense ou de leur caractère personnel. Cette méthode
présente aussi l'avantage d'être économe et
rapide82. Les entretiens ont duré entre 01h00 et 03h00 en
fonction des emplois du temps des personnes interrogées. Chaque rendez
vous était pris avec une personne mais certains collègues
intéressés et concernés par la problématique ont
parfois pu se joindre à l'entretien. Il y a eu au plus deux personnes
79 Feigl H., Positivism philosophy
(Encyclopaedia Britannica 2009)
80 Bryman A., Social research methods (3rd
ed., Oxford university press, Oxford, 2008) p15, 16-19,20.
81 Op. cit (81) p9, 13.
82 Op. cit (81) p385, 389.
28
interrogées en même temps. La présence de
ces tierces personnes a eu un avantage positif sur le résultat de
certains entretiens car elle a alimenté le débat. Ces entretiens
étaient semi-directifs. Les thèmes à aborder, les
questions à soumettre et les relances étaient
préparés à l'avance. Une problématique de
départ était posée et les thèmes ou questions
n'étaient proposés que si la ou les personnes ne les abordaient
pas. Chaque entretien a fait l'objet d'une présentation du cadre de la
recherche et du sujet ainsi que d'une synthèse à la fin de
celui-ci. La méthode adoptée pour la retranscription de
l'entretien fut celle de la prise de note afin de préserver au mieux le
respect de la confidentialité. Ces entretiens concernent : le Centre
Interarmées de Concepts de Doctrine et d'expérimentations (CICDE)
; le Centre de Planification et de Conduite des Opérations (CPCO) ; le
Comité International de la Croix-Rouge (CICR) ; la Croix-Rouge
Française (CRF) ; le bureau cohérence capacitaire
opérationnelle de la direction centrale du service de santé des
armées ; l'Ecole du Val de Grâce (EVDG) ; l'Etat-Major
Opérationnel Santé (EMO-S) ; le bureau droit des conflits
armés (DCA) du Secrétariat Général pour
l'Administration (SGA) ; certains anciens directeurs santé
opérationnels, une infirmière formatrice au sauvetage au combat
de deuxième niveau (S).
Ces entretiens ont été complétés
par une participation à la 13ème compétition
internationale de droit international humanitaire organisée par
l'Institut international de droit international humanitaire, une participation
au 4ème congrès d'éthique médicale
militaire organisé par le Comité international de médecine
militaire et une participation à la commémoration du
150ème anniversaire de la première convention de
Genève organisé par le Consulat général de Suisse
à Strasbourg. Ces rencontres ont permis de souligner les
problématiques actuelles et d'anticiper les défis à venir
pour les personnels du SSA en matière de DIH et d'éthique. Les
rencontres internationales et interarmées ont aussi permis d'entrevoir
les différents regards portés sur la problématique de
l'application du DIH par les services de santé des armées des
pays alliés.
Cette phase d'analyse qualitative a permis de mettre en oeuvre
de manière efficiente une analyse SWOT de l'anglais Strenghts
(forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities
(opportunités), Threats (menaces). Conformément à
de récentes doctrines sur la modernisation des études
stratégiques et afin de mieux répondre à la
29
nature de cette recherche, cette analyse a été
rebaptisée AVOT. L'analyse AVOT, de l'anglais Assets
(atouts), Vulnerabilities (vulnérabilités),
Opportunities (opportunités), Threats (menaces), est un
outil de stratégie d'entreprise permettant de réaliser un
diagnostic stratégique. Il s'agit ici de conduire une analyse AVOT qui
consiste à effectuer deux premiers diagnostics : un diagnostic interne
qui identifie les atouts et les vulnérabilités du domaine
d'activité stratégique et un diagnostic externe qui identifie les
opportunités et les menaces dans l'environnement. L'analyse AVOT repose
sur une identification des facteurs clés déterminants pour
l'application du DIH au sein du SSA. Cette identification a été
réalisée à l'aide des textes juridiques, de la doctrine
académique et militaire et des entretiens. Ces facteurs clés ont
ensuite été analysés et classés en quatre
catégories : les atouts du SSA relatifs à l'intégration et
à l'application du DIH, les vulnérabilités du SSA quant
à l'intégration et à l'application du DIH, les
opportunités qui permettrait de favoriser l'intégration et
l'application du DIH et les menaces qui pourrait nuire à la bonne
application du DIH Les données des quatre catégories ont ensuite
été confrontées entre elles de manière analytique.
L'analyse interne a permis de mieux comprendre les atouts et les
vulnérabilités du SSA en matière de diffusion et de
connaissance du DIH. L'analyse externe a permis de mieux appréhender
l'influence de l'environnement sur cette organisation en dégageant les
risques issus du croisement des vulnérabilités et des menaces et
en identifiant les moyens d'améliorer fortement l'appréhension du
DIH par le croisement des atouts et des opportunités. Cette
méthode permet d'aller dans la profondeur et d'analyser avec
précision l'organisation du DIH dans le SSA pour l'optimiser et proposer
des recommandations structurelles et de management.
De plus, ce point de situation permet d'ouvrir le débat
sur les effets que peuvent engendrer soit l'amélioration de
l'organisation et du management du DIH au sein du SSA, soit à contrario
l'inertie d'une organisation imparfaite. Ainsi, des enjeux spécifiques
quant à l'intégration et à l'application du DIH dans le
SSA peuvent être mis en relief. A partir des enjeux et des
possibilités qui s'offrent au SSA, des recommandations ont
été faites pour améliorer l'organisation du DIH au sein du
service. Un plan d'actions est ensuite envisagé sous forme de fiches
pratiques.
30
Les atouts du SSA relatifs à la
capacité d'intégration et d'application
du DIH
Le Service de Santé des Armées dispose
d'atouts majeurs qui peuvent lui permettre de sécuriser
l'intégration et l'application du DIH par ses personnels dans des
situations complexes. En effet, le SSA est imprégné des valeurs
et principes du DIH. De plus, il possède des structures et des
compétences médicales, éthiques et juridiques qui peuvent
lui permettre de développer sa compréhension du DIH.
? Valeurs historiques du SSA
Le SSA est historiquement et culturellement très
attaché aux valeurs défendues dans le DIH. Par la création
d'offices de médecins et de chirurgiens des armées du Roy, l'Edit
de 1708 institue un véritable soutien médical permanent au profit
des malades et des blessés de guerre. La protection des malades et des
blessés en toutes circonstances, sans discrimination et l'acceptation du
sacrifice altruiste sont les véritables marques originelles de la
médecine militaire83. Elles trouvent leurs racines dans les
conceptions religieuses et militaires des ordres hospitaliers de chevalerie
mais se trouvaient déjà chez les médecins publics des
cités grecques. La médecine possède ceci en commun avec le
droit, qu'elle cherche à limiter les souffrances dans la guerre. Les
médecins militaires ont participé au développement du
jus in bello. Lors de la première réunion du
comité international de secours aux militaires blessés en 1863,
le médecin inspecteur Lucien Baudens fut le premier à proposer
l'adoption d'un signe distinctif uniforme pour les services de santé des
armées afin d'éviter que ceux-ci soient pris sous le feu des
belligérants en tentant de venir en aide aux
blessés84.
83 Articles 12 (1), 15 CGI ; Article 10 (2) PI ;
droit coutumier règle 110; Article 12 (2) CGI ; Article 10 PI ; Articles
7 et 9 (2) PII ; droit coutumier règle 110
84 Médecin Général Eric
Darré, Le service de santé sous la protection de
l'emblème, Revue médecine et armées, 2003, 31,6,
p574.
31
? Ethique médicale intrinsèque au SSA
Dès IIIe Siècle avant Jésus-Christ,
Hippocrate, qui initie de nombreux disciples à son art de la
médecine, exige de ceux-ci qu'ils prêtent serment. Le serment
d'Hippocrate définit les rapports entre le médecin, son patient
et la collectivité, ainsi que les principes qui doivent régir
l'exercice de la profession. C'est aujourd'hui le Serment que prêtent les
étudiants en médecine lors de la soutenance de leur thèse.
Il instaure la confraternité entre médecins, le respect des
maitres, l'absence de discrimination dans la prise en charge des malades, la
défense de la vie avant tout et le respect du secret médical. La
déontologie médicale, ensemble des règles et devoirs d'une
profession établis selon l'éthique, fut donc en avance sur tous
les autres domaines85. Ces valeurs humanitaires sont aujourd'hui
traduites dans le Code Internationale d'Ethique médicale adopté
par l'Assemblée Médicale Mondiale en 1949, le Code de
déontologie médical français, le Military Commitee 326/3
de l'OTAN et le Code de déontologie médicale militaire
française86. Ces textes prévoient que les personnels
de santé doivent adopter une conduite définie dans le DIH.
Le code de déontologie des médecins militaires
français souligne que le médecin militaire doit adopter une
conduite conforme aux principes généraux régissant
l'exercice de la profession ainsi qu'aux dispositions du DIH87. La
profession médicale est particulièrement sensible aux questions
éthiques qui ont largement inspirées les dispositions du droit de
Genève concernant le soutien sanitaire.88 La dualité
du positionnement médical / militaire des personnels du SSA envers le
corps médical et l'armée française force les individus
à développer une éthique particulière : «
le personnel sanitaire doit participer, dans son domaine, à l'action
de ses camarades au combat. Il soutient celle-ci grâce aux moyens
techniques dont il dispose et dans
85 Serment d'Hippocrate, trad. Jouanna J.,
Hippocrate, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1992.
86 Code international d'éthique militaire
adopté par la 3e Assemblée Médicale Mondiale en
1949 à Londres; Code de déontologie médicale,
modifié le 8 aout 2004; Décret 81-60 du 16 Janvier 1981 fixant
les règles de déontologie applicables aux médecins et aux
pharmaciens chimistes des armées,
http://lexdih.wordpress.com
87 Décret n°81-60 du 16 janvier 1981
fixant les règles de déontologie applicables aux médecins
et aux pharmaciens chimistes des armées.
88 Op. cit. (86).
32
un esprit de solidarité et d'abnégation
» 89. Un conseil de déontologie médicale des
armées est le garant de la permanence de l'éthique
médicale au sein des armées90.
? Potentiel d'intégration au niveau
stratégique du DIH
Les problématiques de DIH sont prises en compte dans le
projet de service 202091. Des spécialistes du DIH disposent
des compétences pour assurer un suivi de l'évolution de ces
problématiques juridiques au sein de la Direction Centrale du Service de
Santé des Armées. De plus, les retours d'expériences sont
examinés par l'Etat-major opérationnel santé et le Centre
de formation opérationnelle santé afin de souligner les
difficultés et de les prendre en compte au niveau
stratégique92. Le SSA, service régalien, a en effet
l'obligation en toutes circonstances de respecter et de faire respecter le
DIH93. Pour cela, la prise en compte du DIH au niveau
stratégique permet d'intégrer ses enjeux à un haut niveau
de décision.
? Bureau juridique dédié au SSA
Le SSA possède un bureau dédié aux
questions juridiques. Le Service dispose donc de juristes, dont certains
spécialisés en droit des conflits armés, qui ont la
compétence pour devenir des conseillers juridiques disponibles,
lorsqu'il y a lieu, pour conseiller les commandements militaires, à
l'échelon approprié, quant à l'application du DIH et quant
à l'enseignement approprié à dispenser aux forces
armées à ce sujet.94 Ils sont en mesure de diffuser le
DIH et d'en incorporer l'étude dans les programmes d'instruction de
telle manière que celui-ci soit connu par les personnels du
SSA.95 Ces juristes pourraient aider le commandement militaire
à empêcher que soient commises des « infractions graves
» par les personnels du SSA, voire à les faire cesser et
à prendre des mesures à l'encontre des personnes
89 Article 9, Instruction 52000/DEF/C/5 du 10
décembre 1979 portant application du règlement de discipline
générale des armées, BOC, p4749 ; BOEM 130, 144, 150 et
300.
90 Instruction n° 254/DEF/DCSSA/EPG/ECX du 26
mai 1987 relative à la composition et au fonctionnement du conseil de
déontologie médicale des armées lorsqu'il examine les
problèmes d'éthique médicale au sein des armées,
BOC, p2502, BOEM, 620-1, p33-34.
91 Projet de Service SSA 2020,
N°515696/DEF/DCSSA/PS du 25 novembre 2013, p67.
92 Entretiens EMOS, EVDG.
93 Article 1 Conventions de Genève de 1949,
Article 1 PI 1977, Article 1 PII 1977. art. 48 CGI; art.49 CGII; art.128 CGIII;
art. 145 CGIV; art. 84 PI.
94 Articles 82 et 36 PI, 1977.
95 art.47 CGI; art.48 CGII; art.127 CGIII; art.144
CGIV; art.19 et 83 PI; art.19 PII.
33
placées sous leur autorité qui se rendent
coupables de tels crimes96. Les juristes sont aussi à
même de rendre compte des violations du DIH effectuées par
d'autres personnels97.
? Doctrine d'emploi ancrée dans le DIH
La doctrine d'emploi opérationnelle du SSA est
ancrée dans le DIH. En effet, à coté de ses missions
purement humanitaires, hors cadre du DIH, le SSA effectue dans le cadre de
conflits armés des missions de soutien aux malades et aux blessés
de guerre et des missions d'aide médicale à la population. Ces
missions constituent le « coeur de métier » du SSA. Le
développement du droit opérationnel, le DIH, est
particulièrement important dans la politique de recentrage sur le «
coeur de métier » prévu dans le projet de service SSA
202098. La Direction Centrale du Service de Santé des
Armées est dans ce sens très vigilante sur ces
problématiques pour la conception des missions du SSA99.
Cette prise en compte des difficultés liées au DIH dans la
doctrine d'emploi participe à l'obligation pour ce service
régalien d'appliquer le DIH et d'empêcher que soient commises des
infractions graves au DIH par les personnels du SSA en
opération100.
? Ecoles de formation initiale et continue
propres au SSA
Le SSA possède ses propres écoles de formation
initiale et continue. L'Ecole de Santé des Armées, qui forme les
médecins et pharmaciens des armées, et l'Ecole du Personnel
Paramédical des Armées sont responsables de la formation
initiale. L'Ecole du Val de Grâce coordonne toutes les fonctions et en
plus est responsable de la formation d'application et des formations continues
de tous les personnels y compris les personnels administratifs du service. La
centralisation de la formation peut donc permettre de mettre en oeuvre des
modules de DIH à destination de tous
96 art.49 CGI; art.50 CGII; art.129 CGIII; art.146
CGIV; 83 (2) PI; art.19 PII.
97 La CIJ a donné en 2004 une
interprétation large et progressiste de cette obligation : CIJ,
Conséquences juridiques de l'édification du mur dans les
territoires palestiniens, avis consultatif du 9 juillet 2004, Recueil
2004, p200 ; Le sommet mondial du 60e anniversaire de la charte de
San Francisco l'a consacrée selon une terminologie nouvelle : « la
responsabilité de protéger » : Résolution 60/1 du 16
septembre 2005.
98 Projet de Service SSA, 2020,
N°515696/DEF/DCSSA/PS du 25 novembre 2013.
99 Entretiens CICDE, DCSSA/CO.
100 art.49 CGI; art.50 CGII; art.129 CGIII; art.146 CGIV; 83 (2)
PI; art.19 PII.
34
les personnels de santé conformément au droit de
Genève101. D'autre part, le SSA est maitre des étapes
de diffusion et de ses programmes de formation. Il existe d'ailleurs
déjà des supports pédagogiques concernant l'application du
DIH par les personnels du SSA.
? Port de l'emblème
Les personnels du SSA sont des personnels non combattants
permanents respectés et protégés en toutes circonstances
non pas pour eux-mêmes mais pour la mission de soutien des malades et des
blessés qu'ils accomplissent102. Les personnels des
armées affectés à une mission de soutien médical
disposent du statut de personnel non combattant temporaire et sont
protégés au même titre que les personnels du SSA pour la
durée de cette mission103. Par principe, ces personnels non
combattants permanents et temporaires portent un signe distinctif,
l'emblème de la Croix-Rouge, qui assure leur protection104.
L'autorité militaire doit faire en sorte d'adopter et de mettre en
oeuvre des méthodes et procédures permettant d'identifier les
personnels sanitaires, les unités et les moyens de transport sanitaires.
Il s'agit d'une obligation de moyen105. Le personnel sanitaire
permanent porte par principe « fixé au bras gauche un brassard
résistant à l'humidité et muni du signe distinctif,
délivré et timbré par l'autorité militaire
» et il est porteur « d'une carte d'identité munie du
signe distinctif » 106. Le personnel temporaire «
portera seulement pendant qu'il remplit des fonctions sanitaires, un
brassard blanc portant en son milieu un signe distinctif, mais de dimension
réduite, délivré et timbré par l'autorité
militaire. Les pièces d'identités militaires dont le personnel
sera porteur spécifieront l'instruction sanitaire reçue, le
caractère temporaire de ses fonctions et le droit qu'il a au port du
brassard 107». Les autorités peuvent, sous
réserve des dispositions pertinentes du DIH, « régler en
tous temps l'utilisation, le déploiement et l'éclairage des
signes et signaux distinctifs » 108.
101 art.47 CGI; art.48 CGII; art.127 CGIII; art.144 CGIV; 83 PI;
art.19 PII.
102 art.24 CGI.
103 art 25 CGI.
104 art 35, 38 CGI.
105 art. 38, 39CGI, art.18, 80 PI.
106 art.40 CGI.
107 art.41 CGI.
108 Annexe 1, article 1 (3) PI.
Les personnels du SSA sont traditionnellement attachés
à l'emblème de la Croix-Rouge symbole fort de leurs valeurs et
spécificités militaires109.
? Dimension internationale du SSA
Le SSA est un pôle d'excellence reconnu en
matière de soutien médical des forces armées. Il est aussi
bien implanté au sein de l'OTAN et préside le comité des
chefs des services de santé militaires au sein de l'OTAN (COMEDS) depuis
2012 et cela pour 3 ans. D'autre part, il possède un partenariat avec le
SSA allemand et un projet de partenariat avec le SSA anglais. Les SSA
occidentaux ont tous ratifiés les conventions de Genève et pour
la plupart ils démontrent une volonté de les appliquer
strictement car ils sont traditionnellement attachés aux valeurs
portées par le DIH. Il y a donc une certaine solidarité dans la
volonté d'appliquer le DIH. D'autre part, les relations du SSA
français avec d'autres acteurs du DIH sur la scène internationale
permettent un échange d'informations favorable au développement
et à la diffusion du DIH dans le SSA110. Le SSA
coopère notamment avec le Comité International de la Croix-Rouge,
l'Institut International de Droit Humanitaire de San Remo et le Comité
International de Médecine Militaire.
35
109 Entretien EMOS.
110 art.47 CGI; art.48 CGII; art.127 CGIII; art.144 CGIV; 83 PI;
art.19 PII.
36
Les vulnérabilités du SSA relatives à
la
capacité d'intégration et d'application du
DIH
Certaines insuffisances semblent en revanche ralentir
l'intégration du DIH par les personnels du SSA et compliquer son
application.
? Diversité des statuts du personnel du
SSA
En 2013, le SSA comptait 10 994 militaires et 5049 civils dont
52% seulement étaient gérés directement par le SSA. Les
militaires non gérés par le SSA étaient
gérés par l'Armée de Terre (13%), l'Armée de l'Air,
la Marine Nationale, la Gendarmerie ou le Service du Commissariat des
Armées. Au sein du personnel militaire, il y avait 25% d'officiers, 49%
de sous-officiers, 14% de militaires du rang et 2% de volontaires. Il y a 60%
de médecins chez les officiers et 5% de pharmaciens, des chirurgiens
dentistes, des vétérinaires, des infirmiers et des personnels
administratifs111. Il est à noter que le personnel
administratif devrait basculer en gestion au sein du commissariat des
armées à l'horizon 2016.
Le personnel du SSA dispose du statut de non combattant
permanent. Mais le personnel des armées employé par le SSA
dispose d'un statut différent, celui de non combattant temporaire. Il ne
bénéficie donc du statut protecteur que pendant la mission de
soutien sanitaire. Les missions duales sont interdites112, le
secouriste de combat de niveau 2 perd donc sa protection temporaire s'il
effectue en plus de sa mission de soutien sanitaire celle de transmetteur par
exemple. D'autre part, un combattant qui effectue des gestes de premier secours
auprès d'un de ses camarades ne bénéficie d'aucune
protection et peut être une cible113. Les personnels des
armées ayant vocation à être employés dans le SSA
doivent donc aussi bien connaitre les règles de DIH que les personnels
du SSA malgré des cursus différents au sein de formations de
combattants. D'autre part, les personnels sanitaires possèdent des
métiers différents et peuvent rencontrer des
problématiques de DIH diverses : médecins, pharmaciens,
vétérinaires,
111 Présentation Générale du SSA, LCL
Girardot, 2013.
112 article 11 PI.
113 articles 24 et 25 CGI.
37
administrateurs, infirmiers, auxiliaires sanitaires. Au sein
même de ces métiers, des spécialités
différentes peuvent faire varier leur perception du DIH.
? Pas de formation continue en DIH au sein du
SSA
L'intégration et l'application du DIH par les
personnels du SSA souffre d'un manque de rappel régulier des
règles, d'exercices pratiques, voire de supports à usage
quotidien qui rendraient l'application du DIH automatique dans les situations
normales et plus aisée et moins traumatisante dans les situations
complexes. La mise en condition du personnel avant projection ne prévoit
de rappels des règles de DIH que pour certains théâtres
d'opération et pour certains personnels114. Or l'Etat a
l'obligation d'après l'article 83 PI de diffuser le texte des
traités et notamment d'en incorporer l'étude dans les programmes
d'instruction militaire de telle manière que ces instruments soient
connus des forces armées115. En effet, l'Etat et le
gouvernement sont responsables de la ratification et de la conduite de
l'application des traités.116 Le ministère de la
défense, service régalien de l'Etat, doit donc s'assurer de la
bonne application des traités dans son ministère. Par
délégation, les armées et le SSA sont responsables
à leur niveau de l'application des traités. Ainsi le SSA est
responsable de la diffusion et de la formation au DIH en son sein. L'article 83
(2) stipule que « les autorités militaires ou civiles qui, en
période de conflit armé, assumeraient des responsabilités
dans l'application [du DIH] devront avoir une pleine connaissance du texte de
ces instruments ». Les personnels du SSA assument de lourdes
responsabilités en termes de DIH au vu de leur spécialité
médicale qui est coeur de ces textes.
? Absence de soutien juridique
opérationnel dédié
Les personnels du SSA font face à des
problématiques très particulières et
régulières en matière de DIH appliqué au domaine de
la santé. Cependant, ils ne disposent pas de soutien juridique
opérationnel dédié. Les soutiens juridiques
opérationnels procurés par les armées ou par la direction
centrale du SSA peuvent apparaitre peu adaptés à une
réponse rapide lors de situations complexes. Or l'article 82 du premier
protocole additionnel prévoit la présence de conseillers
juridiques disponibles, lorsqu'il y a lieu, pour conseiller les
commandements
114 Entretien CeFOS
115 art.47 CGI; art.48 CGII; art.127 CGIII; art.144 CGIV; 83 PI;
art.19 PII.
116 Articles 52 et 53 de la Constitution de la Ve
République 1958.
38
militaires, à l'échelon approprié, quant
à l'application du DIH. Pour cela, l'article 6 du même protocole
dispose que les Etats s'efforceront de former des personnels qualifiés
en vue de faciliter l'application du DIH. 117
? Pas de compagnonnage en DIH
La peur est appréhendée différemment chez
les individus. Pour les « bleus » la principale angoisse est
d'être à la hauteur des normes de courage de la
collectivité à laquelle ils appartiennent. Le choc vient alors du
décalage entre l'anticipation de l'évènement et la
violence de la réalité, ce que Céline nomme le «
dépucelage de l'horreur ». Il se produit ensuite une forme
d'accoutumance et d'adaptation118. L'accoutumance introduit
cependant un phénomène d'usure. Les nouveaux combats font
ressurgir des souvenirs refoulés et accroitre la tension jusqu'à
la rupture psychologique. Le compagnonnage peut donc aider à la bonne
application du DIH. Le personnel qui possède plus d'expérience
opérationnelle fait partager son savoir être au personnel plus
jeune. D'autre part, le fait d'encadrer un jeune motivé et ayant une
bonne connaissance de la doctrine peut permettre au cadre de mieux
appréhender la violence environnante119. Néanmoins, la
réduction des effectifs ne permet pas de mettre en place un tel
compagnonnage sur toutes les opérations120.
? Peu de relations sur le sujet avec les
armées
La communication du SSA auprès des armées quant
à son statut particulier de non combattant est faible. Le
Secrétariat Général à l'Administration
délivre des cours de droit des conflits armés dans toutes les
écoles d'officiers des armées mais la part de la formation
concernant le statut de non combattant des personnels sanitaires est
restreinte. En outre, le développement du sauvetage au combat de premier
et deuxième niveau brouille la distinction entre combattants et non
combattants dans les armées121.
117 Article 82 PI, 1977.
118 Paul Lintier artilleur en 1914 témoigne : «
Chaque jour nous entraine au courage. A connaitre les memes dangers, la bete
humaine se cabre moins. Les nerfs ne trépident plus. L'effort conscient
et continu pouatteindre la maitrise de soi agit à la longue. C'est toute
la bravoure militaire. On ne nait pas brave : on le devient. » Litier P.,
Ma pièce, Paris, Plon, 1916, p146.
119 Entretien DCSSA/CCO
120 Entretien DCSSA/CCO
121 Entretien SGA.
? Manque de RETEX sur le DIH
39
Le retour d'expérience est important car chaque conflit
est unique. Nous pouvons citer ici le général Hans Von Seeckt,
qui a reconstruit l'armée allemande après le traité de
Versailles : «l'erreur de tous ceux qui organisent des armées
est de prendre l'état momentané pour un état permanent.
Ils oublient que les Nations se transforment sans cesse et que pour rester
vivante une armée doit se modeler sur la courbe des
événements »122. Les menaces pour le DIH
évoluent aussi selon les théâtres d'opération. Le
retour d'expérience permet alors d'adapter la formation et
l'entrainement au contexte opérationnel, comme ce fut le cas pour
l'Afghanistan. Il semble que le retour d'expérience dans le SSA ne rende
pas compte de la réalité opérationnelle quant à
l'application du DIH. Les comptes rendus des armées semblent plus
complets quant aux difficultés liées à l'application du
droit en situation opérationnelle123.
122 Cité par le Général de corps
d'armées Didier Castres lors de son introduction sur le cadre
politico-militaire de l'engagement des forces terrestres, Engagements
terrestres à l'horizon 2020. Quelles guerres, quelles capacités
?, Doctrine Tactique, numéro spéciale, juillet 2012.
123 Entretien SGA
40
Les opportunités relatives à
l'applicabilité
du DIH par le SSA
Des opportunités se présentent pour
favoriser l'applicabilité du DIH par le SSA. Celui-ci pourrait tirer des
avantages de la mise en place d'une stratégie relative au DIH.
? Portée universelle du DIH
Le DIH est porteur de valeurs reconnues comme suffisamment
universelles et fondamentales pour être applicables dans un contexte de
conflit armé. En ce sens, l'appréhension du DIH est
facilitée par son caractère universel et son caractère
fondamental tend à susciter l'intérêt de tous les acteurs
des conflits armés, notamment les personnels du SSA. De plus, les
coalitions partagent une volonté d'appliquer le DIH : 186 Etats ont
ratifié les Conventions de Genève. Ainsi, les coalitions peuvent
aider à renforcer la diffusion du DIH et à faciliter son
application.
? Valeurs françaises
La France est historiquement et culturellement très
attachée à la défense des valeurs fondamentales
universelles. L'opinion publique française est particulièrement
sensible à l'application des droits fondamentaux lors des conflits
armés, notamment par le SSA. En effet, les victimes des conflits
armés civiles et militaires font l'objet d'une forte
médiatisation. Dans le cadre d'une approche globale, l'application du
DIH présente donc un intérêt politique et
opérationnel, puisqu'il participe à légitimer l'action de
l'armée aux yeux de la population. Ce phénomène facilite
l'adhésion de tous les militaires quant à l'appropriation des
règles de DIH. D'autre part, la reconnaissance et la mise en avant des
valeurs humanitaires présente un intérêt particulier pour
consolider le lien SSA/Nation. Le renforcement des processus de DIH dans le SSA
peut servir à faire valoir ses valeurs auprès de la Nation.
41
? Importance accordée par les
organisations internationales
Le code d'éthique médicale internationale
crée en 1949 et adopté par l'assemblée
générale des Nations Unies en 1980 ainsi que le Military Commitee
326/3 de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord stipule que les
activités médicales doivent être conformes au
DIH124. L'ONU trouve sa légitimité dans sa
capacité à limiter l'usage de la force et à
protéger les droits universels. Plusieurs résolutions de l'ONU
ont récemment rappelé aux Etats membres l'importance du respect
des règles de DIH relatives au soutien sanitaire125. D'autre
part, lors des récents conflits l'OTAN a démontré un
intérêt particulier quant à l'application du DIH par les
unités sanitaires, notamment sur les questions relatives au port de
l'emblème126. Enfin, au niveau régional, l'Union
Européenne entend étendre la diffusion, la promotion et
l'adaptation du DIH aux nouvelles formes de conflits. La responsabilité
pénale internationale se voit aussi consolidée au sein de l'Union
Européenne127. La Convention Européenne des droits de
l'homme est applicable aux actes ou omissions imputés à toute
partie contractante participant à un conflit armé, quel qu'il
soit. Cette responsabilité porte sur les actions entreprises sur le
territoire national et par les forces armées à l'extérieur
du territoire national128.
? Partenariats ou collaborations du SSA
Le partenariat du SSA avec la Croix-Rouge française et
ses collaborations avec l'Institut International de Droit Humanitaire et le
Comité International de Médecine Militaire lui permettent
d'échanger des informations avec d'autres armées et des
organisations civiles. Grâce à ces échanges, le SSA peut
confronter ses points de vue sur l'application du DIH avec
124 World medical association, International code of medical
ethics, World medical association bulletin, 1949, 1(3) : 109-111
125 Parmi de nombreuses résolutions, voir par exemple
pour le Conseil de sécurité : S/RES/2042 (2012) sur la Syrie.
S/RES/1970 (2011) sur la Libye. S/RES/1872 (2009) sur la Somalie ; S/RES/1870
(2009) sur le Soudan. S/RES/1383 (2001) sur l'Afghanistan. ; Pour
l'Assemblée générale : A/RES/65/132 (2010) sur la
Sureté et sécurité du personnel humanitaire.
126 STANAG 2931 autorise le camouflage de l'emblème
quand le fait de ne pas camoufler l'emblème pourrait mettre en
péril les opérations tactiques.
127 Lignes directrices de l'Union européenne mise
à jour concernant la promotion du droit humanitaire international,
2009/C, 303/06.
128 CEDH, Chypre c/ Turquie, requêtes n°
6780/74 et 6950/75, 2D et R125, p136-137.
42
d'autres et mener des travaux portant sur l'étude et
l'anticipation des problématiques de DIH129. De plus, la
Croix-Rouge Française qui participe succinctement à la diffusion
et la formation du DIH dans le SSA depuis 2013, est volontaire pour consolider
et étendre son partenariat avec les écoles du SSA130.
Les institutions internationales spécialisées quant à
elles fournissent une formation continue de qualité pour les
personnels131.
? Renforcement du lien avec le commissariat aux
armées
L'intégration des officiers du corps technique et
administratif du SSA dans le corps du commissariat aux armées à
partir de septembre 2014 présente des perspectives intéressantes
pour le SSA pour former des conseillers juridiques spécialisés en
DIH. En effet, le commissariat des armées forme les conseillers
juridiques des armées. Cette formation s'effectue en trois «
cercles », le cercle 1 correspond à la formation initiale et le
cercle 3 au niveau de spécialiste. Une spécialisation est
possible au sein du droit des conflits armés au vu de l'armée ou
du service d'affectation. Ainsi, l'Armée de l'Air et la Marine Nationale
disposent de conseillers juridiques respectivement spécialisés en
droit aérien et maritime. On pourrait développer des conseillers
juridiques spécialisés en DIH au sein du SSA. Pour le moment il
n'existe pas de stage de spécialisation complet en DIH mais le
Comité International de la Croix-Rouge participe à la formation
au cercle 2. Les conseillers juridiques des armées sont responsables du
conseil juridique au commandement, de la définition des règles
opérationnelles d'engagement, des réglementations
administratives, du règlement des dommages, du contentieux et de la
protection juridique. Ces conseillers sont répartis au sein des
armées dans toutes les structures stratégiques et
décisionnelles et chaque fois qu'il y a lieu dans les échelons
opérationnels132. Ils sont aussi présents au sein de
l'Union Européenne et de l'OTAN133.
129 Le 4ème congrès d'éthique
médical militaire a notamment abordé en 2014 l'impact juridique
et éthique de l'estimation de l'âge en opération.
130 Entretien CRF. art.47 CGI; art.48 CGII; art.127 CGIII;
art.144 CGIV; 83 PI; art.19 PII.
131 Art. 6, 82 PI.
132 Au Mali il y avait ainsi quatre conseillers juridiques :
un à l'échelon interarmées, un au groupement tactique
interarmes, un au centre opérationnel interarmes de l'armée de
l'air et un dédié au forces spéciales. Entretien SGA.
133 Entretien SGA
43
Les menaces relatives à l'application du
DIH par le SSA
L'environnement opérationnel du SSA évolue
et celui-ci doit faire face à de nouvelles menaces dans l'application du
DIH.
? Evolution lente du DIH
Les textes de DIH relatifs au soutien sanitaire
évoluent lentement. Ceci peut être expliqué par le
caractère fondamental des normes qu'ils traduisent et la volonté
de garder un maximum d'Etats parties aux traités. Cependant, la
réalité opérationnelle évolue rapidement et
certaines zones grises se développent dans l'application du DIH.
? Complexité des situations opérationnelles
La guerre asymétrique présente des défis
pour le DIH. Cinq défis majeurs peuvent être soulignés :
les nouveaux adversaires, le nouveau lieu de la guerre, les nouvelles
technologies, les nouvelles opérations militaires, la résurgence
de la violence.
Le DIH considère deux types d'acteurs dans les conflits
armés qui bénéficient de deux statuts juridiques
protecteurs distincts : les combattants et les non combattants. Les combattants
comprennent les membres des forces armées autres que les personnels
sanitaires et religieux et tous les groupes armés qui disposent d'un
régime de discipline interne dont l'objet est le respect des lois et
coutumes de la guerre134. Ils comprennent aussi la population d'un
territoire non occupé qui porte ouvertement les armes pour combattre
l'invasion et respecte les lois de la guerre135. Les combattants
peuvent participer aux hostilités et bénéficient du statut
de prisonnier de guerre s'ils sont capturés136. S'ils sont
blessés ou s'ils se rendent, ils bénéficient du statut
protecteur des personnels combattants hors de combat137.
Les personnes ne participant pas aux hostilités sont
particulièrement protégées à travers le statut de
non combattants. Il s'agit de la population civile ainsi que des personnels
sanitaires et religieux. En cas de doute une personne est toujours
considérée comme civile. Par principe, ces personnels
134 Article 43 PI.
135 Article 13 CGI.
136 Articles 43 et 44 PI.
137 Article 12 CGI, articles 10 et 85 PI, article 8 du statut de
la CPI.
44
ne peuvent pas être faits prisonniers. Les personnels
sanitaires ou religieux peuvent cependant être retenus avec les
prisonniers de guerre si un besoin médical ou spirituel
l'exige138. Cependant, les acteurs se multiplient dans les conflits
armés actuels.
Des fonctions dévolues traditionnellement aux forces de
sécurité ou aux armées sont de plus en plus souvent
déléguées à des sociétés militaires
ou de sécurité privées. Ces sociétés n'ont
ni obligation ni statut en DIH.
La distinction entre combattants et non combattants devient
très difficile en pratique. Certains adversaires ne participent que
sporadiquement aux hostilités. Ce sont des acteurs fugaces,
éphémères, peu organisés et difficilement
identifiables que les armées affrontent.
La population est devenue un moyen et un enjeu de la guerre.
Les combats au sein de la population civile se multiplient produisant de
nombreuses victimes de guerre parmi la population civile. 90% des victimes de
guerres sont des victimes civiles dans les années 1990139.
D'autre part, le lieu de la guerre a changé. La guerre
se déroule aujourd'hui là où l'environnement joue un
rôle égalisateur face à la surpuissance technologique
occidentale : au milieu de la population, au sol, dans des espaces
fermés. La population constitue un acteur et un enjeu majeur. Les
combats urbains se multiplient car ils permettent de mieux frapper l'opinion
publique et d'acquérir l'adhésion nécessaire à la
victoire. Le contrôle du milieu suppose une approche globale et la
synchronisation des actions de combat et des actions autres que de
combat140. Dans ce contexte la protection des non combattants et le
principe de distinction apparaissent compliqués dans leur mise en
oeuvre141.
? Evolutions techniques et technologiques
De nouvelles techniques médicales projetables en
opération et le développement de la
télémédecine pourraient poser de nouvelles questions
éthiques et juridiques à l'avenir142. En outre, des
nouvelles technologies très diverses ont fait leur apparition sur le
champ de bataille moderne. Le cyberespace a donné naissance à un
nouveau domaine de la guerre. Les drones, sont de plus en plus utilisés
dans les conflits armés. Les systèmes automatisés sont
également
138 Article 28 PI.
139 Levy B., Sidel V., W., War and public health, American
public health association, 2000.
140 Op cit. (18) p58 à 68.
141 Titre IV, section 1, PI - Cahier du RETEX, Les
fantômes furieux de Falloujah, opération AL-FAJR/PHANTOM FURY
(juillet-novembre 2004), Centre de doctrine et d'emploi des forces,
division recherche et retour d'expérience, Armée de Terre,
Ministère de la Défense.
142 Le 4ème congrès d'éthique
médical militaire a notamment abordé en 2014 l'impacte juridique
et éthique de l'estimation de l'âge en opération.
45
de plus en plus répandus, et les robots de combat
pourraient être utilisés dans un proche avenir sur le champ de
bataille : les drônes en préfigurent l'emploi. Les
conséquences humanitaires prévisibles de l'utilisation de ces
armes doivent être prises en compte afin de veiller à ce que leur
emploi soit conforme au DIH143.
? Etendue de la typologie des missions du SSA
Les missions du SSA se diversifient avec la montée en
puissance des Forces spéciales, les missions de police effectuées
par la gendarmerie nationale, et l'élargissement des missions des forces
conventionnelles dans le cadre de l'approche globale.
L'approche globale est de nature à mobiliser un spectre
large de missions militaires qui peuvent notamment être aux confins du
militaire, du diplomatique et de l'humanitaire. La phase décisive des
opérations n'est plus la phase initiale de coercition mais la longue
phase de stabilisation qui s'en suit144. Des opérations
civilo-militaires menées par les armées peuvent servir des
objectifs humanitaires et militaires. Le SSA est en charge d'une action
civilo-militaire majeure : la mission d'aide médicale à la
population145. La prise en charge médicale de la population
civile est une obligation pour la puissance occupante146. Mais le
DIH prévoit qu'il est interdit de soumettre des blessés à
des « actes qui ne seraient pas conformes aux normes médicales
généralement reconnues que la partie responsable de l'acte
appliquerait dans des circonstances analogues à ses propres
ressortissants jouissant de leur liberté » 147. De
plus, la population constitue aussi aujourd'hui un moyen de la guerre car elle
est de nature à fournir du renseignement et une légitimité
aux parties. En l'espèce, le rôle des personnels du SSA
vis-à-vis de la population peut donc être partagé entre les
intérêts médicaux et les intérêts militaires
qui peuvent parfois différer. Or l'article 11PI prévoit qu'il est
interdit de soumettre des personnes à « un acte médical
qui ne serait pas motivé par leur état de santé
». L'article 16(3) PI prévoit quant à lui «
qu' aucune personne exerçant une autorité médicale ne
doit être contrainte de donner à quiconque appartenant soit
à une partie adverse, soit à la même partie
143 CICR, Défis contemporains pour le DIH,
2013,
www.icrc.org/fre/war-and-law/contemporary-challenges-for-ihl
- Manuel de San Remo, Partie 3, section 1, paragraphe 42 « il est interdit
d'employer des méthodes ou des moyens de guerre qui sont de nature
à causer des maux superflus ou frappent indistinctement des objectifs
militaires et des civils puisque ils ne sont pas , ou ne peuvent pas,
être dirigés contre un objectif militaire déterminés
ou leurs effets ne peuvent pas être limités conformément
aux exigences du droit international ».
144 Entre 1990 et 2006 les pertes en vie humaines ont
été 6 fois plus importantes pendant les opérations de
stabilisation que pendant les opérations conventionnelles, et le rapport
de couts à été de 5 à 1. Op. cit. (18),p 99.
145DIA 3.10.3(A), Actions Civilo-Militaires,
n°174/DEF/ CICDE/ NP du 17 juillet 2012 - DIA 3.10.3.1, Aide
Médicale aux Populations, n°097/DEF/CICDE/DR du 15 mai
2009.
146 Article 14 PI.
147 Article 11 PI.
46
qu'elle, sauf les cas prévus par la loi de cette
dernière, des renseignements concernant les blessés et les
malades qu'elle soigne ou qu'elle a soigné si elle estime que de tels
renseignement peuvent porter préjudice à ceux-ci ou à leur
famille ». Le médecin peut donc choisir de divulguer certaines
informations conformément à la déontologie et à la
préservation du secret médical, mais il ne peut y être
forcé sauf si la loi française le lui prescrit
expressément, il s'agit ici principalement du droit à la
légitime défense en cas d'attaque certaine et
imminente148.
? Projections d'urgence et ouvertures de théâtres
Ce type de projection peut avoir une incidence sur
l'application du DIH. Une projection rapide ou une ouverture de
théâtre, peuvent conduire à la projection de personnels qui
n'ont pas reçu de formation de rappel sur les règles de DIH et de
formation sur les problématiques particulières du terrain.
? Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
Certains Etats alliés de la France violent parfois le
DIH ce qui a des répercussions sur l'image de la coalition dans son
ensemble. Les Etats-Unis notamment mènent une politique qui
s'écarte souvent du droit international surtout depuis l'attaque sur
leur territoire le 11 septembre 2001.
En effet, ceux-ci n'ont toujours pas ratifié le statut
de la Cour Pénale Internationale (CPI) et ont conclu des accords
bilatéraux avec de nombreux Etats prévoyants que ceux-ci ne
saisiraient pas la CPI à l'encontre d'un citoyen
américain149.
D'autre part, ils ont créé un statut juridique
artificiel : le « statut de combattant illégal » qui
prive les personnes capturées des droits relatifs au statut de
combattant, prisonnier de guerre, et au statut de non combattant. Guantanamo
est ainsi une prison de non droit où les détenus n'ont jamais
été jugés150. De plus, les Etats Unis ont une
définition particulière de l'usage de la torture puisqu'ils
admettent l'utilisation de techniques de « torture douce » dans le
cadre de la défense du territoire national151. Ces politiques
équivoques ont conduit aux violations du DIH
148 Article 122-5 du Code Pénal. La réponse doit
alors être nécessaire, immédiate et
proportionnée.
149 CICC, Status of U.S. Bilateral Immunity Agreements by
region, 14 décembre 2006, disponible sur
www.iccnow.org.
150 United States of America Patriot Act du 26 octobre 2001.
151Ronald Reagan présente la convention
contre la torture au Sénat en 1988. Simultanément,
l'Administration propose dix-neuf réserves qui repousseront de six ans
sa ratification par le Sénat. Depuis 2006, les Etats Unis n'ont pas
ratifié le Protocole facultatif à la Convention contre la torture
et autres traitements cruels, inhumains ou
47
perpétrées par certains médecins et
infirmiers militaires contre les « combattants illégaux » dans
les prisons américaines. En effet, le Service de Santé des
Armées américain participe aux interrogatoires des «
combattants illégaux » afin de rendre ceux-ci plus effectifs dans
la collecte d'informations contrevenant par là à l'article 3
commun aux trois conventions de Genève et à l'article 75(2) du
premier protocole additionnel qui interdisent la torture, ainsi qu' à
l'article 24 de la première convention de Genève relatif au
personnel sanitaire152. Enfin, les missions d'aide médicale
à la population des Etats-Unis se multiplient, alors qu'elles sont de
plus en plus ciblées en France et que certains médecins
militaires américains critiquent vivement le caractère purement
militaire de certains de ces programmes qui ne présentent pas
d'intérêt médical à long terme153.
En outre, certains adversaires peu organisés et
hiérarchisés enfreignent aussi les règles du DIH. Au sein
de la guerre non conventionnelle la légitimité des groupes
armés auprès de la population locale repose fortement sur le
respect des valeurs fondamentales. Les violations du DIH, notamment des
règles relatives à la protection due au personnel de santé
et aux blessés et malades154, peuvent cependant naitre de
l'incompréhension de ces règles par certains groupes armés
ou de leur volonté de frapper les esprits et d'instaurer la peur. Ainsi,
il apparait parfois difficile de protéger les blessés et les
malades et le personnel de santé conformément aux articles 10 et
15 du PI 155. En Centrafrique des membres de
l'ex-Séléka ont attaqué un hôpital soutenu par
Médecins sans frontières, en quête d'argent ils ont
tué 22 personnes156. De même, les véhicules
sanitaires identifiés par l'emblème ont pu constituer des cibles
de haute valeur ajoutée en Afghanistan. Des véhicules
sanitaires ont fait l'objet de tirs mais il est difficile d'affirmer avec
certitude que le caractère sanitaire plus que le caractère
militaire des véhicules a conduit ces tirs157. Deux
véhicules de l'avant blindés ont sauté sur des engins
explosifs improvisés en Afghanistan, un d'entre eux seulement portait
l'emblème.158 Les unités du SSA
dégradants. Convention contre la torture du 10
décembre 1984 (153 Etats parties) - Protocole facultatif à la
Convention contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou
dégradants, 2006. La France a ratifié ce protocole.
152Rubenstein L., Pross C., Davidoff F., Iacopino
V., Coercive US interrogation policies: a challenge to medical ethics,
JAMA. 2005; 294(12):1544-1549. doi:10.1001/jama.294.12.1544.
153 Entretien au CPCO; Op. cit. (5).
154 Article 10 PI.
155 Article 10 et 15 PI.
156 Violation de l'article 62 PI « les organismes civiles
de protection civile doivent être respectés et
protégés », Lagneau L, Centrafrique : des membres de
l'ex-Séléka on attaqué un hôpital de médecin
sans frontière, zone militaire, 28 avril 2014,
www.opex360.com
157 Violation des articles 21, 15 et 10 du PI, article 35CI
Entretiens CPCO J4, EMOS, DCSSA, CICDE.
158 Entretien CCO/DCSSA
48
ne semblent cependant pas être particulièrement
ciblées dans les conflits postérieurs à celui
d'Afghanistan159.
Face à toutes ces violations, le doute sur le bien
fondé du DIH est exacerbé.
? Pression des armées
A coté de ses valeurs humanitaires, les personnels du
SSA possèdent des valeurs militaires160. Le statut
général des militaires prévoit que « les
militaires doivent obéissance aux ordres de leurs supérieurs et
sont responsables de l'exécution des missions qui leurs sont
confiées. Toutefois, il ne peut leur être ordonné et ils ne
peuvent accomplir des actes qui sont contraires aux lois, aux coutumes de la
guerre et aux conventions internationales ou qui constituent des crimes ou des
délits notamment contre la sureté et l'intégrité de
l'Etat »161. Le règlement de discipline
générale dans les armées confirme cette position et
l'instruction portant application de ce règlement précise les
devoirs et responsabilité du personnel sanitaire dans la guerre : «
Le personnel sanitaire doit participer, dans son domaine, à l'action
de ses camarades au combat. Il soutient celle-ci grâce aux moyens
techniques dont il dispose et dans un esprit de solidarité et
d'abnégation. Dans l'exécution des missions qui sont
fixées, le personnel sanitaire doit recueillir et soigner les
blessés et les malades sans aucune distinction fondée sur le
sexe, la race, la nationalité, la religion ou tout autre critère
analogue ; seules les raisons d'urgence médicale autorisent une
priorité dans les soins. 162» De même,
l'Allied Joint Planning Act 4 de l'OTAN dévoile la nature militaire de
la mission des SSA. Il souligne la responsabilité nationale d'assurer un
soutien sanitaire « multiplicateur de forces ». Il stipule qu'il est
nécessaire d'assurer un retour des blessés ou malades à
l'unité dans les plus brefs délais.
Le personnel du service de santé est donc
confronté à une problématique de dualité
d'éthiques qui peut parfois pousser à la «
schizophrénie ». Une récente étude démontre
que contrairement aux anciennes générations de praticiens qui
s'engageaient dans le SSA surtout à des fins médicales et
humanitaires, les nouvelles générations s'engagent plus à
des fins militaires163.
159 Entretiens CPCO J4, EMOS, DCSSA, CICDE.
160 Médecin Général Eric Darré,
Médecin militaire et droit des conflits armés : entre
éthique et juridique, Revue internationale des services de
santé des forces armées, vol76/2, 2003 ; Médecin
Général Eric Darré, Evolution éthique du
Service de Santé des Armées face aux problèmes
posés par les nouvelles formes de guerre.
161 Loi 72-662 du 13 juillet 1972 portant statut
général des militaires, BOC :SC, p784 ; BOEM 300, 332 et 651.
162 Instruction 52000/DEF/C/5 du 10 décembre 1979
portant application du reglement de discipline générale dans les
armées, article 9, BOC, p4749, BOEM 130, 144, 150 et 300 ; Décret
75-675 du 28 juillet 1975, portant règlement de discipline
générale dans les armées, article 7 à 9bis, BOC,
p2861 ; BOEM 300.
163 Etude du MC Thiery, HIA Laveran.
49
Cette étude semble validée par les directeurs
santé en opération164. Soignant ou militaire avant
tout ? Le personnel sanitaire est bien les deux en proportion égale mais
il n'est pas combattant. Le personnel de santé est un militaire non
combattant qui évolue dans un milieu de combattants. Cet environnement
peut poser des difficultés. L'immersion au sein d'un groupe de combat et
l'isolement peuvent conduire les unités médicales à
vouloir participer aux hostilités par cohésion et esprit de
corps. En outre, le personnel de santé est sous les ordres de
l'autorité militaire en opération. Le commandement militaire
pourrait chercher à utiliser le SSA pour obtenir des renseignements,
pour participer à des interrogatoires ou pour gagner un quelconque
avantage militaire. Les missions d'aide médicale à la population
ont parfois pu poser des difficultés quand les soins médicaux
prodigués sont inutiles pour la population. Ce genre de
problématique est de nature à faire peser sur le personnel du SSA
de lourds questionnements éthiques165.
? Effets psychologiques de la guerre
Les conflits modernes engendrent une résurgence de la
violence. Pour toute une série de raison liées à la
démographie les armées occidentales et plus encore l'opinion
publique qui ne peut supporter des pertes que très modestes. A
l'inverse, certains adversaires admettent de subir de lourdes pertes. Cette
disparité ne leur échappe pas et leur stratégie vise
souvent à causer des pertes et des blessés afin d'atteindre le
moral, la force des troupes et la légitimité de
l'opération aux yeux des politiques et de l'opinion
publique166. Les interventions en milieu clos et en zones urbaines
ont eu pour conséquence de ré-immerger certaines unités
militaires de soutien au centre des combats167. Certains
adversaires, notamment en Afghanistan, ne respecteraient pas les règles
de DIH168. En raison des nouvelles méthodes et des nouveaux
moyens de guerre il y a de nombreuses amputations et blessures sur les membres
supérieurs. Le stress au combat est important et cause de nombreuses
pertes pendant et après le conflit. Ce stress n'épargne pas les
personnels de santé même s'ils sont moins nombreux en proportion
en opération extérieure169. Comme l'écrit le
lieutenant-colonel Goya « s'engager dans un combat, c'est
pénétrer et se débattre dans une bulle de violence aux
lois
164 Entretiens CPCO J4, EMOS, DCSSA/CO.
165 Entretiens
166 Le rapport des pertes humaines entre les deux camps est en
moyenne de 1 à 8. Op. cit. (18) p53.
167 Entretiens à Etat Major Opérationnel
Santé (EMOS), au Centre de Planification et de Conduite des
Opérations (CPCO), au Centre Interarmées de Concepts et de
Doctrine d'Emploi de la Force (CICDE) et avec un COMED.
168 Entretiens à Etat Major Opérationnel
Santé (EMOS), au Centre de Planification et de Conduite des
Opérations (CPCO), au Centre Interarmées de Concepts et de
Doctrine d'Emploi de la Force (CICDE) et avec un COMED.
169 Entretiens CPCO J4 et J9, DCSSA/CCO
50
psychologiques propres »170. Le
stress est une réaction biologique, physiologique et psychologique de
l'individu face aux agressions de l'environnement. La peur est normale et
constitue une sauvegarde171. Elle induit deux réactions de
survies : la stimulation et l'inhibition. Ainsi elle peut être un moteur
ou un frein à l'action172. La violence conduit à une
rupture psychologique liée à l'usure qui peut intervenir plus ou
moins tôt en fonction de l'individu et de la durée d'exposition
aux combats173. La fin des combats et le retour est aussi une phase
délicate car elle conduit à l'évaluation, notamment
éthique, de l'expérience174. L'environnement
opérationnel ne transforme donc pas le personnel de santé en
mécanique insensible. Celui-ci fait appel à sa compétence
technique acquise à l'entrainement et à un savoir être qui
repose sur des valeurs ancrées175. Mais dans cette mise
à l'épreuve de soi la valorisation humaine peut s'atténuer
face à la violence, la promotion de la vengeance, ou l'idéal
patriotique ou humanitaire176. Dans ces situations complexes, qui
font appel à l'éthique de responsabilité, le DIH doit
constituer un référentiel tellement ancré dans l'individu
que celui-ci l'applique par réflexe.
? Judiciarisation des conflits
La judiciarisation des conflits forces les armées et le
SSA à être particulièrement vigilants dans l'application du
DIH. Le développement de la compétence universelle en
matière de DIH177 et la montée en puissance des
juridictions régionales (Cour européenne des droits de
l'homme178) et internationales (Cour pénale
internationale179) devraient encore renforcer cette judiciarisation
dans l'avenir.
170 Lieutenant-colonel Goya, Sous le feu :
réflexions sur le comportement au combat, Cahier de la
réflexion doctrinale, CDEF/DREX, p13.
171 « Sans peur nous n'aurions pas vécu vingt-quatre
heures en première ligne ; nous aurions commis tant d'imprudences par
inattention que nous aurions vite reçu une balle qui guette
l'inconscient. » témoigne Jean Norton-Cru, Poilu pendant deux ans.
Norton-Cru J., Témoins, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1993,
p8. 172Op. cit. (171).
173 Selon une étude américaine « Swank
Marchand » seul 2% des hommes résistent indéfiniment
à la pression psychologique des combats.
174Op. cit. (171).
175 Médecin Général Eric Darré,
Droit International Humanitaire : problèmes éthiques
posés au médecin, mémoire, faculté de
médecine de Marseille, 2001-2002.
176 Labarthe, Vers une nouvelle éthique
médicale, annales de droit international, 1961, 7, 64-66.
177 article 49 CGI, article 50 CGII, article 129 CGIII,
article 146 CGIV, article 88 PI. En France, la loi de 1985 relative à la
transposition de la convention contre la torture étend la
compétence de nos tribunaux. Article 689-1 et 689-2 du Code de
Procédure Pénale et Cour d'Assise Nimes, Ely Ould Dah,
1er juillet 1999
178 CEDH, Chypre c/ Turquie, requêtes n°
6780/74 et 6950/75, 2D et R125, p136-137.
179 Statut de Rome instituant la Cour Pénale
Internationale, 1998. Le premier jugement de la CPI a été rendu
le 14 mars 2012, le congolais Thomas Lubanga a été reconnu
coupable de crimes de guerre.
? RETEX des derniers conflits pour les
armées (Irak, Afghanistan, Mali)
Les retours d'expérience (RETEX) des armées
concernant les conflits récents soulignent de nouvelles
problématiques dans l'application du DIH et la nécessité
de renforcer la formation. Certaines problématiques concernent
directement le SSA, notamment le port de l'emblème. Le SSA peut analyser
ces RETEX afin de prendre en compte ces problématiques au niveau
stratégique et orienter la diffusion et la formation du DIH de
manière efficiente180.
51
180 art.47 CGI; art.48 CGII; art.127 CGIII; art.144 CGIV; 83 PI;
art.19 PII.
52
AVOT
La situation du SSA quant à l'intégration et
à l'application du DIH peut donc être résumée dans
le tableau AVOT suivant :
Atouts
|
Vulnérabilités
|
Valeurs historiques du SSA Ethique médicale
intrinsèque au SSA Potentiel d'intégration au niveau
stratégique du DIH Bureau juridique dédié au
SSA Doctrine d'emploi ancrée dans le DIH Ecoles de formation
initiale et continue propres au SSA Port de l'emblème Dimension
internationale du SSA
|
Diversité des statuts du personnel du SSA Pas de
formation continue en DIH au sein du SSA Absence de soutien juridique
opérationnel dédié Pas de compagnonnage en
DIH Peu de relations sur le sujet avec les armées Manque de RETEX
sur le DIH
|
Opportunités
|
Menaces
|
Portée universelle du DIH Valeurs
françaises Importance accordée par les
organisations internationales Partenariats ou collaborations du
SSA Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Evolution lente du DIH Complexité des situations
opérationnelles Evolutions techniques et technologiques Etendue de
la typologie des missions du SSA Projections d'urgence et ouvertures
de théâtres Non-respect du DIH par certains
adversaires et alliés Pression des armées Effets
psychologiques de la guerre Judiciarisation des conflits RETEX des
derniers conflits pour les armées
|
53
L'analyse du AVOT
La confrontation des facteurs clés du tableau AVOT
permet de mettre en relief les variables décrites dans l'annexe 6 et
analysées ci-dessous.
? Analyse du croisement des atouts et des
opportunités
Le SSA peut s'appuyer sur ses valeurs et sur ses
compétences pour développer le DIH en son sein et porter les
valeurs du DIH auprès de la communauté médicale militaire
internationale et des armées françaises.
En s'appuyant sur ses compétences juridiques et
éthiques ainsi que sur son réseau national, le SSA peut
améliorer la dynamique du DIH en son sein. Une collaboration active
renforcée avec le Secrétariat Général pour
l'Administration, spécialiste du droit des conflits armés au sein
du Ministère de la défense, et la Croix-Rouge française,
qui souhaite réaffirmer sa position de porteur du DIH, permettrait de
développer la connaissance du droit et de diffuser celui-ci
auprès des personnels du SSA.
Les écoles de formation initiale et continue propres au
SSA pourraient prendre une large part dans la diffusion des règles de
droit auprès des personnels sanitaires. Les programmes de formation au
DIH au sein des écoles du SSA pourraient être
développés afin de former les personnels sanitaires à un
savoir et à un savoir être éthico-juridique. Ces programmes
peuvent s'appuyer sur les valeurs du SSA et les connaissances éthiques
pour développer la compréhension du DIH. L'Ecole de Santé
des Armées et l'Ecole des Personnels Paramédicaux des
Armées, pourraient inculquer de manière uniforme à tous
les personnels du SSA lors de la formation initiale les valeurs du DIH et
souligner les spécificités du statut de non combattant des
personnels sanitaires. L'Ecole du Val de Grâce pourrait renforcer cette
connaissance dans le cadre de la formation continue des personnels de
santé en prenant en compte les différentes problématiques
qui peuvent apparaitre en fonction des métiers et
spécialités. Aussi, les cours de DIH pourraient être
systématiques lors des préparations avant projection. Il
s'agirait de faire du DIH un référentiel commun à tous les
personnels du SSA, et de son application dans les situations simples un
réflexe. La norme ainsi intégrée consoliderait
l'éthique de conviction des personnels sanitaires et favoriserait un
recours approprié à l'éthique de responsabilité
54
Le SSA a aussi la possibilité de rassembler le
personnel qu'il emploie autour de valeurs communes dont le DIH peut en
être l'expression . En effet, si le SSA emploie des personnels de
diverses armées avec différents métiers et
spécialités, l'intégration des spécificités
du statut de militaire non combattant peut favoriser la cohésion de tous
les personnels autour de valeurs communes qui sont chères au SSA.
L'intégration de ces valeurs suppose avant tout le port de
l'emblème, perçu comme le symbole de l'attachement du SSA au DIH
et de l'affirmation du statut particulier des personnels sanitaires au combat.
De plus, ces valeurs pourraient être soulignées dans les documents
de doctrine et de stratégie du SSA. D'autre part, elles pourraient
être diffusées auprès des armées, lors des
formations initiales notamment, afin d'en faciliter l'intégration par
les personnels des armées employés par le SSA. Ce « noyau
dur » de valeurs communes pourrait aussi être professé et
répété dans les écoles de formation initiale et
continue du SSA. La reconnaissance de ces valeurs fondamentales du SSA
permettrait de consolider encore l'éthique de conviction et «
l'esprit de corps du SSA » pourrait faciliter l'application du DIH par
tous les personnels sanitaires.
De plus, grâce à la reconnaissance internationale
de sa compétence en matière de soutien sanitaire
opérationnel et à son réseau de partenaires internationaux
le SSA pourrait contribuer à porter les valeurs du DIH et de
l'opinion juris (doctrine juridique) français au sein
de la communauté médicale militaire internationale. Cette
contribution s'appuierait sur les personnels du SSA en poste au sein de l'OTAN
et une participation active aux groupes de travail traitant du sujet à
l'OTAN, à l'Union Européenne, au Comité international de
Médecine Militaire et à l'Institut International de Droit
Humanitaire. De plus, les spécialistes du DIH au sein du SSA pourraient
devenir formateurs dans les cours internationaux et participer ainsi à
la diffusion de la philosophie française du droit. Alors que les
opérations militaires se déroulent souvent dans un cadre
multinational ces échanges internationaux renforceraient
l'interopérabilité du SSA et éviteraient trop de
disparités dans l'application du DIH, notamment dans la
définition des situations de principe et d'exception. En effet, dans les
situations complexes ces disparités sont de nature à perturber le
personnel de santé dans le questionnement éthique qui
précède l'application du DIH, voire à le faire douter du
bien fondé du DIH.
De par sa légitimité en matière
humanitaire et ses compétences juridiques, médicales et
opérationnelles, le SSA est aussi en mesure de renforcer sa
proximité avec les armées par des échanges étroits
sur le DIH. Le SSA pourrait combler une certaine carence en droit humanitaire
dans le développement du droit des conflits armés au sein des
armées181, notamment par une
181 Entretien SGA.
55
collaboration renforcée avec le Secrétariat
Général pour l'Administration. Le développement du DIH, et
particulièrement la diffusion des spécificités du statut
de militaire non combattant, au sein des armées permettrait une
meilleure coopération du SSA avec les armées en milieu
opérationnel et éviterait des tensions dans l'application du DIH.
En effet, dans un environnement opérationnel principalement combattant,
la méconnaissance des spécificités du statut de non
combattant par les armées peut engendrer des pressions pour le personnel
de santé dans l'application du DIH. Cette proximité avec les
armées faciliterait aussi l'adaptation des personnels des armées
employés par le SSA au statut de non combattant.
Le SSA pourrait développer les compétences
juridiques en DIH qui existent en son sein afin de soutenir la diffusion, la
formation et l'application du DIH. En effet, le SSA dispose des connaissances
de DIH qui doivent être diffusées au sein du SSA et
communiquées auprès des armées, notamment concernant les
spécificités du statut des personnels sanitaires en DIH. Des
spécialistes du DIH pourraient être identifiés au sein du
bureau juridique de la DCSSA. Ainsi, une coopération étroite avec
le commissariat des armées pourrait permettre au SSA de former des
conseillers juridiques spécialisés dans le domaine du soutien
sanitaire et du DIH afin de répondre aux nouvelles exigences
opérationnelles182. Ces conseillers juridiques seraient
disponibles, lorsqu'il y aurait lieu, pour conseiller le commandement du
service de santé, à l'échelon approprié, quant
à l'application du DIH et quant à l'enseignement approprié
à dispenser aux personnels du SSA à ce sujet183. En
opération, ces conseillers pourraient être répartis dans
les structures stratégiques et décisionnelles et chaque fois
qu'il y a lieu dans les échelons opérationnels184. Ils
faciliteraient la compréhension des problématiques de DIH et
permettraient dans des situations juridiques complexes une réponse
opérationnelle rapide.
Ainsi, une prise de position en faveur du DIH au sein du
SSA, auprès de la communauté médicale militaire
internationale et dans un contexte interarmées contribuerait à
développer la connaissance du DIH, à favoriser son
intégration par les personnels sanitaires et à limiter les
contraintes qui peuvent surgir dans son application.
182 Article 6 PI.
183 Article 82 PI
184 Au Mali il y avait ainsi quatre conseillers juridiques :
un à l'échelon interarmées, un au groupement tactique
interarmes, un au centre opérationnel interarmes de l'armée de
l'air et un dédié au forces spéciales. Entretien SGA.
56
? Analyse du croisement des atouts et des
menaces
L'analyse des atouts et des menaces permet de souligner que
le SSA peut réduire l'impact des menaces en son sein en mettant à
profit ses compétences juridiques, ses valeurs et son
réseau.
Le SSA pourrait mettre en place une réflexion afin
d'être en mesure d'analyser les zones grises du droit en
opération. Les zones grises du droit procèdent de nouvelles
situations ou de nouvelles pratiques qui se développent mais ne
correspondent pas exactement aux situations et pratiques prévues par le
droit. Des spécialistes pourraient identifier, évaluer et
éclaircir ces zones grises afin de distinguer les situations juridiques
de principe et les situations juridiques d'exception. Cette analyse serait
particulièrement importante lors des ouvertures de théâtre
opérationnel car chaque opération est singulière en
matière de DIH. D'autre part, une analyse approfondie et
régulière des zones grises du droit actuelles pourraient
permettre d'anticiper certaines problématiques juridiques à
venir. La mise en place d'un soutien juridique opérationnel
spécialisé en DIH favoriserait une analyse efficace des zones
grises liées à ce droit.
Afin de limiter le doute des personnels du SSA dans
l'application du DIH, le SSA pourrait chercher à renforcer
l'intégration des valeurs fondamentales du service par ses personnels.
Les valeurs du SSA portent les valeurs du DIH. Ainsi, leur mise en oeuvre
garantit a minima l'application des valeurs du DIH. Le renforcement de
« l'esprit de corps du SSA » pourrait aussi faciliter l'application
du DIH par les personnels sanitaires dans des environnements de combat au sein
desquels ils peuvent être isolés. Le port de l'emblème
constitue un symbole fort de l'attachement du personnel de santé au DIH,
le camouflage de l'emblème devrait donc rester une exception. Le
rassemblement autour des valeurs du militaire non combattant pourrait aussi
aider les personnels du SSA à répondre à la dualité
d'éthiques qui les caractérise. La réponse à la
question « Militaire ou Soignant d'abord ? » deviendrait
alors plus aisée.
En vu d'accroitre l'expertise des armées et services
français en DIH et de renforcer l'intégration de ces
règles de droit par tous les personnels employés par le SSA, des
échanges réguliers peuvent être organisés avec les
armées. Pour cela, le SSA pourrait renforcer ses coopérations
avec le Secrétariat Général pour l'Administration, le
Service du Commissariat des Armées, le Centre Interarmées de
Concepts de Doctrine et d'Expérimentation ou le Centre de Recherche et
de Formation des Ecoles de Saint-Cyr Coetquidan. Il s'agit en particulier de
promouvoir le
57
statut de militaire non-combattant, de diffuser le DIH et de
souligner l'importance du retour d'expérience en la matière. Le
SSA pourrait coopérer étroitement avec les armées afin
d'identifier et d'évaluer certaines problématiques de DIH dans
les retours d'expérience. Si les retours d'expérience du SSA ne
livrent que peu d'informations quant à l'application du DIH en
opération, les retours d'expérience des armées sont plus
détaillés sur ce sujet. Ainsi, une analyse des retours
d'expérience des armées peut permettre d'identifier certaines
problématiques qui concernent le SSA185. Néanmoins,
certaines problématiques liées à la pratique
médicale pourraient ne pas apparaitre dans ces retours
d'expérience. Ainsi, la coopération avec les armées en
matière de retour d'expérience peut être un indicateur de
l'application du DIH par les personnels du SSA mais une autre voie devrait
être trouvée pour rendre compte des problématiques
liées à la technique médicale. Le SSA pourrait dans ce
cadre participer aux études juridiques concernant l'emploi de nouvelles
techniques de guerre afin notamment de juger de leurs effets sur la
santé186.
Les réseaux internationaux peuvent aussi être
utilisés pour diffuser le DIH à travers la doctrine d'emploi et
les normes. La doctrine d'emploi du SSA, ancrée dans le DIH, et les
règles opérationnelles qui en découlent peuvent traduire
de manière pragmatique les règles juridiques. Les doctrines
d'emploi des services de santé de l'OTAN et de l'UE peuvent constituer
un référentiel de conduite générique qui permet de
distinguer les situations juridiques de principe et les situations juridiques
d'exception. Le SSA français, qui préside actuellement le
Comité des chefs de services sanitaires de l'OTAN, peut chercher
à porter les valeurs du DIH dans la doctrine de l'OTAN. De même,
l'UE cherche actuellement à adapter le DIH aux nouvelles contraintes
opérationnelles, le SSA français pourrait soutenir une doctrine
d'emploi des forces européennes ancrée dans les valeurs du DIH.
Les institutions internationales spécialisées, telles que le
Comité International de la Croix-Rouge, l'Institut International de
Droit Humanitaire ou le Comité International de Médecine
Militaire peuvent constituer des espaces d'échanges et de relais
d'opinion dans ce cadre. En effet, l'OTAN commande notamment des études
auprès du Comité International de Médecine Militaire. La
mise en place de ces doctrines internationales ancrées dans le DIH
permettrait d'éviter les disparités dans l'application du DIH qui
peuvent troubler les personnels du SSA lorsqu'ils doivent mettre en oeuvre le
DIH.
185 Entretien CPCO/J4 et J9, EMOS, CICDE, DCSSA/CO, SGA ;
Les Fantômes Furieux de Falloujah : opération AL-FAJR/PHANTOM
FURY (Juillet-Novembre 2004), CDEF/DREX, Cahier du RETEX, 2006.
186 Le DIH condamne en effet les armes qui causent des maux
superflus, art. 35 (2) PI.
58
Le SSA est en mesure de réduire les menaces quant
à l'intégration et à l'application du DIH en son sein en
développant ses compétences juridiques afin d'éclaircir
les zones grises du droit, en renforçant la diffusion des valeurs
fondamentales du SSA et en s'appuyant sur une étroite collaboration avec
les armées et les réseaux internationaux.
? Analyse du croisement des vulnérabilités
et des menaces
L'analyse des vulnérabilités et des menaces
permet de souligner que les nouvelles formes de conflit provoquent des
difficultés dans l'application du DIH pour tous les personnels du SSA
qui disposent d'un soutien juridique en DIH fragile.
Le personnel du SSA doit faire face à des zones grises
dans l'application du DIH. Alors que les situations opérationnelles sont
différentes sur chaque théâtre, les textes de DIH
évoluent lentement. Cette dichotomie peut induire le risque pour le
personnel sanitaire de se trouver dans des situations non prévues par le
DIH ou de devoir faire face à des violations du droit
répétées qui s'apparentent parfois à de nouvelles
coutumes. Ces zones grises du droit peuvent être entretenues par des
disparités dans l'application du DIH en raison du manque de retour
d'information, d'une mauvaise intégration du DIH ou de
négligences. Elles sont de nature à troubler l'application du DIH
par les personnels du SSA qui doivent alors souvent faire appel à leur
éthique de responsabilité. D'autre part, à long terme
elles peuvent conduire les personnels du SSA à douter du bien
fondé du DIH. Il serait donc nécessaire de travailler sur ces
zones grises du droit.
Malgré la diversité des statuts des personnels
employés par le SSA, le DIH devrait être intégré par
tous. Cette intégration du DIH devrait être de nature à
former une éthique de conviction solide pour tous les personnels
sanitaires. L'application du DIH devrait devenir un réflexe dans les
situations normales. Dans les situations complexes le DIH devrait constituer un
référentiel à partir duquel le personnel sanitaire va
mettre en oeuvre son éthique de responsabilité.
L'intégration du DIH peut alors soulager l'impact psychologique des
décisions imparfaites. De plus, en situation de stress
opérationnel, dans un cadre interarmées et multinational, et face
à des zones grises du droit, une mauvaise intégration des
règles de DIH peut conduire le personnel soignant à des erreurs
dans l'application du DIH. Si les règles de DIH ne sont pas
ancrées dans l'esprit du personnel sanitaire, une projection d'urgence,
la pression des armées, des alliés ou l'effet psychologique de la
guerre seront de nature à troubler son jugement. Par ailleurs, une
mauvaise identification des problématiques de DIH peut nuire au
retour
59
d'expérience et affecter la prise en compte du DIH au
niveau stratégique. En outre, certains personnels des armées
employés par le SSA bénéficient du statut de non
combattant temporaire en opération. La mise en oeuvre de ce statut peut
être particulièrement délicate car le personnel doit
pouvoir déterminer dans quelle mesure sa mission relève
uniquement du soutien sanitaire. Le SSA devrait donc travailler à mettre
en oeuvre des processus qui facilitent l'intégration du DIH par tous les
personnels employés par le SSA.
Alors que le SSA est employé dans des situations
opérationnelles qui se complexifient au regard du DIH, il pourrait
être nécessaire d'apporter un soutien juridique de
proximité à même de répondre aux
problématiques du SSA. Le soutien juridique opérationnel repose
entièrement sur le commandement santé et pour les cas
particuliers sur une chaine hiérarchique longue et peu processuelle qui
pourrait s'avérer peu réactive. Ce défaut de soutien
juridique peut donner au personnel du SSA le sentiment d'être
démuni face aux difficultés qui surgissent dans l'application de
ce droit porteur de valeurs considérées comme fondamentales. En
outre, ceci contribue au manque de retour d'information concernant
l'application du DIH et à une évaluation parfois inadaptée
des problématiques juridiques du terrain au vu des zones grises du
droit. Le risque est particulièrement élevé pour le SSA
dans les phases d'ouverture de théâtre, notamment en cas de
projection d'urgence, et dans les phases de stabilisation pendant lesquelles se
développent souvent les missions d'aide médicale à la
population.
Le SSA évolue dans un cadre interarmées et une
réflexion pourrait être utile, en lien avec les armées, sur
les impacts des évolutions du monde de la défense sur
l'application du DIH. En effet, les doctrines interarmées lient le SSA.
Celui-ci pourrait donc porter les valeurs du DIH au niveau interarmées
afin de s'assurer que ces doctrines prennent en considération les
règles de DIH qui s'imposent particulièrement au SSA, notamment
les spécificités du statut de non combattant. La mission du SSA
évolue dans le cadre de l'approche globale, la coopération du SSA
avec les actions civilo-militaires doit faire l'objet d'une étude
approfondie avec les armées. La mission d'aide médicale aux
populations pourrait être analysée au regard du DIH. D'autre part,
le SSA pourrait participer à l'analyse des nouveaux moyens de la guerre
afin d'évaluer leurs conséquences sur la personne humaine. Le SSA
pourrait ainsi porter les valeurs du DIH au sein de la doctrine
interarmées. Cette approche combinée dans la préparation
des missions permettrait de limiter les réactions émotionnelles
face aux situations complexes.
Les personnels employés par le SSA sont
confrontés à des situations opérationnelles complexes au
regard du droit et des zones grises du droit qui rendent l'intégration,
le soutien juridique et la prise en compte stratégique du DIH
particulièrement nécessaires.
60
? Analyse du croisement des vulnérabilités
et des opportunités
L'analyse des vulnérabilités et des
opportunités permet de mettre en relief que le SSA peut s'appuyer sur
son réseau national et international, et sur la réserve pour
compenser ses manques afin de développer la dynamique de DIH en son
sein.
Le SSA pourrait s'appuyer sur un réseau de partenaires
nationaux et internationaux pour améliorer la diffusion et la
compréhension du DIH en son sein. En effet, au vu de la diversité
des statuts des personnels du SSA et de leur cadre d'emploi interarmées,
multinational et civilo-militaire, une approche globale quant à
l'intégration du DIH pourrait être un atout. Au niveau
interarmées d'abord, le SSA pourrait s'appuyer sur le Secrétariat
Général à l'Administration, le Service du Commissariat des
Armées, le Centre Interarmées de Concepts, de Doctrine et
d'Emploi de la Force et le Centre de Recherche et de Formation des Ecoles de
Saint-Cyr Coetquidan. Ceux ci pourraient participer à la diffusion du
DIH, au sein de la doctrine et de supports pédagogiques, et la formation
des personnels employés par le SSA au DIH. Au niveau national ensuite,
le SSA pourrait bénéficier du soutien de la Croix-Rouge
française, de l'Institut Pasteur et de l'Institut National de la
Santé et de la Recherche Médicale pour diffuser le DIH et
parfaire la compréhension des personnels de santé du DIH au
regard de problématiques rencontrées par les institutions de
santé civiles en opération qui sont parfois différentes.
En effet, lors de certaines missions l'interaction du SSA avec ces
organisations civiles peut être importante. Au niveau international
enfin, le SSA pourrait coopérer avec des organisations internationales,
telles que l'OTAN et l'UE, et des institutions spécialisées,
telles que le Comité International de Médecine Militaire et
l'Institut International de Droit Humanitaire International, pour diffuser le
DIH et effectuer des actions de formation initiale et des actions de formation
spécialisée.
Le SSA intervient souvent dans les cadres multinationaux de
l'OTAN ou de l'UE, il adopte donc les doctrines d'emploi de ces organisations.
Le SSA pourrait ainsi s'appuyer sur ces organisations pour assurer
l'intégration du DIH dans leurs doctrines d'emploi respectives. La
diffusion des règles de DIH dans une doctrine multinationale permet de
rendre celles-ci opposables à tous les militaires des Etats membres de
l'organisation et de limiter les disparités dans l'application du
DIH.
Parce que chaque opération militaire présente
des problématiques différentes en termes de DIH, le retour
d'expérience est primordial en la matière. Le SSA pourrait
développer
61
l'exploitation des retours d'expérience en
matière de DIH. Pour cela, il devrait renforcer la diffusion et
l'intégration du DIH afin de permettre aux personnels d'identifier les
problématiques de DIH. D'autre part, il pourrait s'appuyer sur les
procédures mises en place dans les armées et dans les SSA
étrangers, qui semblent mieux rendre compte des problématiques de
droit, pour développer des procédures adaptées au retour
d'informations juridiques. Aussi, un soutien juridique en DIH renforcé
pourrait permettre d'analyser les retours d'expérience des armées
et SSA étrangers afin d'identifier des problématiques qui
pourraient toucher le SSA français. Dans ce cadre, la proximité
du SSA avec les armées, ses coopérations bilatérales et
ses collaborations avec l'OTAN, le Comité International de
Médecine Militaire et l'Institut International de Droit Humanitaire
pourraient jouer un rôle majeur. Outre l'analyse des documents de retour
d'expérience, la participation à des colloques et
séminaires sur le sujet serait importante.
L'établissement de conseillers juridiques en DIH en
coopération avec le Service du Commissariat des Armées pourrait
permettre de faciliter l'application du DIH. En effet, ceux-ci seraient en
mesure d'identifier et d'évaluer les problématiques de DIH des
différents théâtres d'opération et d'en rendre
compte afin d'adapter la stratégie et la formation à
l'égard du DIH au sein du SSA. De plus, ces spécialistes du DIH
pourraient apporter des conseils au commandement santé ou à tout
autre échelon santé s'il y a lieu187. Ils
permettraient donc une réponse juridique rapide et opérationnelle
dans des situations complexes ce qui soulagerait la charge juridique et
éthique qui peut peser sur les personnels du SSA,
particulièrement les directeurs santé en opération. En
effet, si la décision reste celle du praticien qui engage sa
responsabilité, la mise en place d'un processus de décision
collectif peut réduire l'impact psychologique de décisions
imparfaites188. Ces juristes pourraient constituer des points de
contact pour tous les personnels du SSA au regard des questions juridiques et
éthiques afin de permettre l'identification et la verbalisation des
problèmes éthiques rencontrés.
L'opinion publique française est historiquement et
culturellement particulièrement sensible aux questions regardant le DIH.
Ainsi le SSA peut faire appel à la réserve citoyenne,
collaborateurs bénévoles du service public qui ont choisi de
servir en faisant bénéficier la défense de leur expertise
et de leur connaissance, et à la réserve opérationnelle,
citoyens français volontaires et anciens militaires d'active ou du
contingent qui ont souscrit à leur initiative un engagement à
servir dans la réserve, pour développer la dynamique de DIH en
son sein sous l'angle de l'expertise juridique et éthique et l'angle de
l'expérience médicale et opérationnelle. Ces
187 Article 82 PI
188 Entretiens CPCO, DCSSA/CO
62
réservistes pourraient effectuer des interventions sur
le DIH au profit de tous les personnels employés par le SSA, notamment
dans le cadre de la formation continue. La participation de réservistes
issus de la société civile pourrait constituer un atout afin de
développer une sensibilité quant aux problématiques
rencontrées par les organisations civiles dans les conflits
armés. Cette formation complémentaire renforcerait la
capacité du SSA à interagir avec les organisations
non-gouvernementales dans le domaine des actions civilo-militaires.
Ainsi, les réseaux nationaux et internationaux du
SSA peuvent lui permettre de renforcer la diffusion et l'intégration du
DIH par les personnels du SSA, et l'amélioration de la prise en compte
du DIH au niveau stratégique. De plus, la réserve peut constituer
un important soutien en matière de DIH.
63
La Discussion
L'analyse qui précède a montré toute
l'importance du droit international humanitaire pour le service de santé
des armées. C'est pourquoi le Service doit en permanence être
vigilant quant à la diffusion des règles prévues par le
droit de Genève et son application en opérations. En effet, le
DIH n'est pas ancré de façon immuable au sein de l'institution.
Ceci, non seulement parce que le personnel n'est pas pérenne, avec des
rotations à des rythmes variés selon les statuts de recrutement,
mais aussi en raison de la typologie des conflits en permanente
évolution.
La période actuelle est complexe, tout va très
vite en termes d'évolutions technologiques, d'enjeux politiques, de
modes de règlement des conflits et des acteurs impliqués dans la
résolution de la crise. L'hybridité des situations est un facteur
majeur de brouillage des messages et des réponses à apporter dans
le respect des règles du droit de la guerre. La frontière entre
militaires et civils n'est plus aussi évidente, les contours des
conflits armés se confondent avec les instabilités internes aux
Etats et avec le contre-terrorisme interétatique. Cependant, ce n'est
pas parce que les modalités de la guerre changent éminemment que
la guerre est devenue improbable. Ainsi, si la notion de conflit est probable,
elle est en revanche devenue imprévisible dans sa survenue et dans sa
forme. Ceci génère des problématiques juridiques complexes
et polymorphes. Une véritable réflexion autour de l'application,
et même de l'applicabilité du DIH, dans ces conditions est donc un
enjeu majeur pour les armées et le SSA en particulier. Celui-ci
étant porteur de valeurs humanitaires, il ne peut pas se détacher
du DIH sans risque d'entacher sa raison d'être.
? Le DIH : une obligation légale
Cette nécessité d'intégration du DIH
relève d'abord de l'obligation légale. Il s'agit dans ce cas
d'une relation de contrainte entre le Service et le droit qu'il est
indispensable de ne pas négliger. Ceci d'autant plus qu'au-delà
de la responsabilité pénale du SSA, c'est celle de l'Etat qui est
engagée. Lorsque le Service ou ses personnels ordonnent, commandent,
organisent des crimes de guerre ou lorsqu'ils s'abstiennent de poursuivre leurs
acteurs individuels, ils
64
peuvent être coupables de ne pas prendre toutes les
mesures nécessaires pour prévenir ou punir les violations du
DIH189 .
Ainsi, les commandements militaires ont la charge
d'empêcher que soient commises des infractions au DIH, de les faire
cesser et de prendre des mesures à l'encontre des personnes
placées sous leur autorité qui se rendent coupables de tels
crimes. L'adoption de mesures disciplinaires pour prévenir ou faire
cesser les comportements dissidents à l'égard du DIH est aussi
prévue par le droit sous peine de sanctions pénales. Ces
comportements peuvent résulter d'actions à l'encontre du DIH ou
d'omissions190. A contrario, les individus ont le devoir de ne pas
obéir à des ordres qui enfreignent le DIH. Le statut
général des militaires, le règlement de discipline
générale dans les armées et le code du soldat
prévoient que le militaire ne peut accomplir, ordonner ou se voir
ordonner des actes contraires aux règles du droit
international191. Pour ce qui concerne le personnel du SSA,
l'instruction d'application du règlement de discipline
générale et le code de déontologie médicale des
médecins militaires précisent que les personnels sanitaires
doivent adopter une conduite conforme aux principes généraux
régissant l'exercice de la profession ainsi qu'aux règles de
DIH192.
? Le risque pour le SSA de perdre sa
crédibilité et sa légitimité
Par ailleurs, une bonne diffusion du DIH afin de modeler les
comportements est primordiale pour la crédibilité et la
légitimité de l'action du Service. En effet, l'institution tout
entière sera jugée sur les agissements des hommes et des femmes
qui la composent. La responsabilité collective est souvent
l'agrégation de responsabilités individuelles. Des affaires de
violation du DIH peuvent potentiellement éclabousser le Service et
au-delà les armées. Les médias s'en empareront rapidement
et l'amalgame sera fait entre les auteurs des crimes et les militaires en
général. A l'international la France pourrait se trouver sur le
devant de la scène, d'autant plus qu'elle est parfois perçue
comme arrogante dans le domaine des droits de l'homme. Le succès des
opérations militaires pourrait être remis en cause. «
L'histoire témoigne que la guerre et la médecine ont toujours
coexisté dans des rapports ambigus et cycliques »
193. Le livre blanc de la défense et de la
sécurité nationale de 2013 affirme aujourd'hui que le SSA «
joue un rôle
189 CIJ, Bosnie-Herzégovine c.
Serbie-et-Monténégro, 26 février 2007.
190 Articles 85, 86, 87 CGI; Loi 72-662 du 13 juillet 1972
portant statut général des militaires; décret 75-675 du 28
juillet 1975 portant règlement de discipline générale dans
les armées, article 7 à 9bis; Instruction 52000/DEF/C/5 du 10
décembre 1979 portant application du règlement de discipline
générale dans les armées, article 9; Décret n°
2008-967 du 16 septembre 2008 fixant les règles de déontologie
propres aux praticiens des armées.
191Op. cit. (190).
192 Op. cit (190).
193 Op. cit. (193) p7.
65
essentiel pour le soutien des soldats comme dans notre
stratégie de défense»194. En effet, le facteur
humain est devenu primordial au sein de l'approche globale puisqu'il constitue
une fin en soi et un moyen au sein des conflits actuels195. Le
spectre du domaine de santé s'est donc considérablement
élargi. Il ne participe plus seulement au traitement des blessés
de guerre mais aussi aux grandes fonctions stratégiques
françaises : « la connaissance et l'anticipation » ;
en participant à l'évaluation des menaces, notamment biologiques
; « la prévention » en développant des
systèmes de veille épidémiologique196 ; la
« protection » en développant des mesures de
préservation et des contre-mesures médicales ; «
l'intervention » par le soutien des forces et en participant aux
actions civilo-militaires. Dans le contexte de la guerre justifiée,
l'application du droit participe à la légitimité de
l'opération militaire. En premier lieu, le droit légitime
l'opération aux yeux des militaires eux-mêmes. Les militaires
n'appliquent pas seulement le droit par peur de la rétorsion.
Cette problématique est d'autant plus marquée
que les acteurs en présence ne sont plus uniquement les militaires des
parties ennemies. Les opérations sont aujourd'hui menées selon
une approche globale, c'est-à-dire avec la recherche de solutions non
plus uniquement coercitives mais aussi diplomatiques, économiques,
sociales où la société civile tient une place
prépondérante. Que serait alors la vision de l'opinion publique
occidentale face à des actes contraires au droit ? L'exemple
récent du comportement américain en Irak et en Afghanistan a
montré combien la pression publique et médiatique pouvait ramener
le pouvoir politique à ses devoirs. Les puissances occidentales sont
effectivement historiquement attachées à la défense des
droits de l'homme197, se définissant souvent politiquement
comme des « ambassadrices des droits de l'Homme » ce que
traduit l'ancien terme de « nations civilisées ».
De plus, au-delà de la légitimité des
opérations auxquelles le SSA contribue, le manquement aux devoirs du DIH
pourrait fortement obérer sa crédibilité en tant que
service de soutien santé. Cela mettrait évidemment en danger
toute l'institution et au-delà les soldats qu'elle soigne et les
populations qu'elle est amenée à soutenir. Des comportements
déviants pourraient nuire fortement au personnel sanitaire et donc aux
blessés et malades au combat. En effet, la prise en charge
indiscriminée des blessés et des malades, réalisée
avec humanité en toutes circonstances, justifie la protection
accordée aux personnels de santé ; et cette protection permet au
SSA de délivrer des soins de santé en opération de
manière optimale. Dans un
194 Livre Blanc de la défense et de la
sécurité nationale 2013, p97. 195Op. cit. (18).
196 Système ASTER.
197 Dès 1679, les anglais adoptent l'Habeas Corpus
Act pour protéger les sujets de l'absolutisme monarchique. La
France « patrie des droits de l'Homme » rédige la
première déclaration portant sur les droits de l'homme et entend
lui donner une vocation universelle : La déclaration des droits de
l'hommes et du citoyen de 1789.
66
environnement au sein duquel la population est un moyen et une
fin, le SSA en s'écartant du DIH deviendrait un « ennemi
juré » contre lequel, toute attaque serait permise198.
Cette situation pourrait créer la confusion dans l'application du DIH
par les personnels du SSA, voir à remettre en cause son bien
fondé. Le personnel de santé pourrait ainsi perdre de vue les
spécificités de son statut de non combattant qui font sa force et
devenir un « combattant technicien » ou « un personnel civil
employé par le ministère de la défense ». Ses
possibilités et donc ses missions de soins de santé seraient par
conséquent réduites. Par ailleurs, les relations, parfois
complexes, avec les autres acteurs de santé civils, essentiels en tant
que relais de l'action auprès des populations, pourraient se compliquer.
Aujourd'hui, si les humanitaires ont saisi toute l'importance de collaborer,
à des degrés divers, avec les forces armées pour des
raisons sécuritaires et parfois même capacitaires, ils continuent
de proclamer que l'ingérence militaire dans l'espace humanitaire trouble
le débat. Pour eux, cela met en danger la perception de leur
neutralité et de leur impartialité qu'ils souhaitent absolument
ériger en dogmes. L'action des services de santé militaires est
aujourd'hui pourtant tolérée car elle est édictée
dans les conventions de Genève comme un devoir de protection et
d'assistance envers les populations. C'est pourquoi, si le SSA venait à
transgresser le DIH, cette acceptation ne serait plus possible et cela nuirait
forcément à la coordination nécessaire à la bonne
mise en oeuvre des soins de santé.
? Le DIH : expression des valeurs que porte le
SSA
Au-delà de cette légitimité et de cette
crédibilité qui peuvent être mises en danger, le respect du
DIH est fondamental pour la philosophie d'action du SSA. Les valeurs que porte
le SSA depuis trois cents ans sont incompatibles avec la transgression du droit
de Genève. Le DIH, de part son origine et son contenu, est l'expression
conjointe des valeurs militaires et des valeurs médicales, tout comme
pour le SSA. Ce dernier porte haut les valeurs de la puissance étatique,
de l'engagement pour les droits de l'homme, de l'abnégation, de la
solidarité, du désintéressement, de la non discrimination
et de la disponibilité. Dans ces conditions, trahir le DIH,
relève véritablement de la perte de son âme.
L'intégration et l'application du DIH, issues de la philosophie
humaniste, renforce la capacité de l'Homme à limiter les
souffrances de son prochain dans les situations complexes liées aux
conflits armés. Il constitue une limite à l'inhumain et à
l'escalade de la violence au sein des conflits armés afin de
réconcilier « La chair
198 Op. cit (18), chapitre 3.
67
et l'acier 199». Le SSA est
historiquement et culturellement profondément attaché au facteur
humain comme le souligne le code de déontologie de médecine
militaire française : «le respect de la vie et de la personne
humaine est un devoir primordial qui s'impose au médecin et au
pharmacien chimiste des armées200 ». Le personnel du SSA
est un militaire engagé au service de la France et lui est
entièrement dévoué en tout temps et en tous lieux si
nécessaire au péril de sa vie201. La réponse
à l'éternelle question « militaire ou soignant d'abord ?
» deviendrait plus aisée.
? L'intégration du DIH : un devoir envers les
personnels du SSA
Ainsi, si l'intégration du DIH est un devoir pour le
SSA envers l'Etat, envers ses partenaires santé et envers
lui-même, c'est plus encore un devoir envers ses personnels. Il ne peut
pas, en effet, les laisser démunis face à l'exposition à
des choix éthiques lourds et complexes. Les personnels sont actuellement
immergés au centre des conflits, isolés dans des milieux
combattant, soumis au stress du combat, face à des adversaires ou des
alliés qui peuvent ne pas respecter le DIH, au sein de conflit dans
lesquels la population constitue un moyen et une fin. Dans ce contexte, les
valeurs militaires et médicales du médecin militaire peuvent
s'affronter. Voici quelques exemples soulignés pendant les
entretiens:
- Que doit faire le médecin auquel le commandement
militaire demande de traiter un blessé militaire avant un blessé
civil plus lourd ? Le principe de non discrimination dans la prise en charge
des blessés demande de prendre en charge le blessé le plus urgent
mais que faire de l'esprit de corps et de la cohésion militaire ?
- Que faire lorsque la mission d'aide médicale à
la population apparait plus motivée par des considérations
militaires que médicales ? Ces missions doivent répondre à
un véritable besoin médical et le suivi médical doit
pouvoir être effectué par le système de santé local
lors du départ de la force. L'application du DIH par les personnels de
santé semble particulièrement difficile dans ces situations.
Certains médecins ont eu à effectuer des choix éthiques
particulièrement douloureux dans ce cadre, qui ont pu causer des
troubles psychologiques. D'autres peuvent refuser de participer à ces
missions.
- Que doit faire l'infirmier lorsqu'un des membres de son
groupe de combat est blessé alors que celui-ci est pris à partie
? Riposter et ainsi se protéger et protéger son groupe ? Prendre
en
199 Goya M., La chair et l'acier : l'armée
française et l'intervention de la guerre moderne (1914-1918),
Tallandier, 2004.
200 Décret n° 2008-967 du 16 septembre 2008 fixant
les règles de déontologie propres aux praticiens des
armées.
201 Code du soldat français.
68
charge immédiatement le blessé au péril
de sa vie ? Si l'article 10 CGI prévoit que tous les blessés
doivent être protégés et recevoir dans les délais
les plus brefs les soins médicaux qu'exige leur état, la
méthode reconnue par l'armée française en matière
de sauvetage au combat est basée sur la doctrine américaine du
SELF MARCH RYAN (annexe 6). Cette procédure préconise d'assurer
sa sécurité et celle du groupe avant de prendre en charge le
blessé le plus grave.
Ces questionnements éthiques sont lourds et peuvent
conduire à des décisions imparfaites qui provoquent des blessures
psychologiques chez le décideur202.
Le Service a donc le devoir de mettre un
référentiel à disposition de son personnel afin de leur
permettre d'agir plus facilement dans l'urgence des combats pour que les
règles de DIH soient alors ancrées dans l'éthique de
conviction. Cette éthique favorisant la mise en oeuvre de
l'éthique de responsabilité de manière optimale dans des
situations de stress au combat. Ainsi, la prise de « décisions
imparfaites » pourrait être soulagée par la conscience
de s'être conformer aux valeurs fondamentales universelles transcrites
dans le DIH.
? Le DIH : vecteur
d'interopérabilité
Enfin, dans une époque où les opérations
se font essentiellement en coalitions, au moins dans la durée, il est
indispensable de développer des vecteurs
d'interopérabilité entre les acteurs. Ce lien et ce langage
commun est primordial pour la communauté santé car il s'agit bien
de sauver des vies au-delà des clivages. Le domaine santé est
donc le plus consensuel. Cependant, des raisons de se rassembler sont toujours
bonnes à prendre. Le DIH, de part son universalité, est une
excellente référence commune. Il peut servir de base à la
construction de procédures et de doctrines interopérables. Il
peut aussi susciter le débat, notamment autour des zones grises du
droit, ouvrant le champ au dialogue indispensable dans les situations
difficiles. Les tribunes pour ces discussions sont naturellement les
organisations internationales. Le SSA, très présent à
l'OTAN et à l'UE, a ainsi le devoir de porter ses questions pour
réduire les disparités d'interprétations et d'approches.
Il s'agirait ainsi de promouvoir le DIH et l'opinio juris
français au sein de la doctrine de ces organisations afin de
limiter les disparités dans la diffusion, la formation et l'application
du DIH et donc de réduire le risque de confusion pour les personnels de
santé.
202 Entretien CPCO, Les Fantômes Furieux de
Falloujah : opération AL-FAJR/PHANTOM FURY (Juillet-Novembre 2004),
CDEF/DREX, Cahier du RETEX, 2006.
69
Par ailleurs, le sujet du DIH est tout aussi porteurs avec les
acteurs santé de la société civile afin d'adopter un point
de vu complémentaire quant à l'application de ce droit
opérationnel pouvant favoriser la bonne coordination avec les
organisations humanitaires et ainsi permettre l'établissement de
réseaux en opération extérieure propices à des
soins de santé efficients.
C'est ainsi que le lien entre le SSA et le DIH doit être
renforcé et sans cesse réaffirmé. Les grandes lignes des
actions fondamentales à conduire sont décrites ci-dessous.
? Promouvoir une application stricte du DIH
Le terme allemand de « unheimlich » est
souvent employé pour désigner l'inquiétante
étrangeté du droit international public. Le jeu des règles
observables en droit international humanitaire est bien différent de
celui observable en droit interne en raison du principe de
l'égalité souveraine des Etats et de l'absence de processus
pouvant contraindre les parties à un conflit à appliquer une
règle qu'ils estiment contraire à leurs intérêts.
Dans le domaine du DIH les textes morts, les prescriptions méconnues et
les engagements violés sont peut être plus nombreux qu'ailleurs.
Là où, dans les autres champs juridiques, les dysfonctionnements
se manifestent à travers le contentieux, ici c'est très souvent
la légitimité de la société internationale et du
droit international dans son intégralité qui sont remises en
causes. On peut donc parler des « échecs du droit international
». Il peut y avoir des échecs dans la création du droit
et des échecs dans l'application du droit203.
Cependant, il ne faut pas confondre échec et
inachèvement. Tout d'abord, le droit peut naitre du pire permettant
d'aboutir à des avancées qu'en d'autres temps on avait pu estimer
improbables comme la mise en place d'une protection spécifique pour les
personnels sanitaires par exemple. Ensuite, il faut admettre le «
droit à l'échec du droit », car si une règle
subit une violation elle ne disparait pas pour autant, « la
règle même bafouée est confortée dans son existence
»204. Le code pénal français ne saurait
être remis en cause malgré les multiples infractions
pénales. Enfin, parce qu'il faut envisager le droit non pas comme un
état donné mais comme un processus en devenir205. Il
s'agit donc ici de mêler le pessimisme de l'intelligence à
l'optimisme de la volonté.
203 Op. cit. (38).
204 Op. cit. (226).
205 Kojève A., Esquisse d'une
phénoménologie du droit, Tel, gallimard, 1981, paragraphe
21.
70
Dans cet esprit, le SSA pourrait se doter d'une position
active en faveur d'une application stricte du DIH et condamner fermement les
violations du DIH, en particulier celles de nos alliés. Pour cela, le
SSA pourrait différencier les situations juridiques de principe et les
situations d'exception, notamment concernant le port de l'emblème, afin
de rationnaliser l'application du DIH. Les actions en faveur du DIH pourrait
être valorisées et les comportements dissidents
sévèrement sanctionnés au niveau disciplinaire. Le SSA a
l'obligation de se positionner fermement et clairement vis-à-vis de ses
personnels.
? Participer au débat sur l'adaptation du DIH aux
nouvelles situations opérationnelles
De nombreux acteurs de la société internationale
civile et militaire semblent récemment démontrer la
volonté de réviser le DIH. L'Union Européenne affirme la
nécessité d'adapter le DIH au nouveau contexte
opérationnel206. Le Conseil de sécurité a
adopté de nombreuses résolutions relatives au DIH pour
compléter l'état du droit conventionnel207.
L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) souhaite aussi
adapter le DIH aux nouvelles contraintes opérationnelles. Cette
volonté apparait clairement dans de récents STANAG portant
notamment sur la question du camouflage de l'emblème208.
L'Institut de droit humanitaire international (IDHL) organise par
conséquent de nombreux débats sur ces questions qui sont au coeur
de ses recherches. A l'occasion du 150ème anniversaire de la
première convention de Genève le CICR a donc lancé un
programme de modernisation du DIH. Les experts du CICR travaillent actuellement
sur ce projet. Celui-ci sera ensuite partagé avec les divers
professionnels impliqués dans les conflits armés afin de
recueillir leurs observations et éventuelles modifications, avant de
soumettre un projet final à la ratification des Etats.
Cette adaptation du DIH aux nouveaux modes de conflit devrait
permettre de combler certains vides juridiques et surtout d'éclaircir
des zones grises du droit. Elle limiterait la propension de certains Etats
à imposer leur doctrine juridique par l'intermédiaire de
pratiques répétées qu'ils souhaitent parfois voir
qualifiées de coutume209. Cette réforme unique
permettrait une vision globale des problématiques de DIH et limiterait
le risque de voir les différents acteurs du DIH
206 Lignes directrices de l'Union européenne mise
à jour concernant la promotion du droit humanitaire international,
2009/C, 303/06
207 Conseil de sécurité de l'ONU,
résolutions 1738 (2006), 1265 (1999), 1296 (2000) et 1674 (2006).
Conseil de sécurité de l'ONU, résolution 1502 (2003).
208 STANAG 2931
209Cf. Doctrines américaines de la
légitime défense préventive ou du statut de «
combattant illégal ».
71
adopter de multiples textes plus ou moins normatifs au cas par
cas. Une telle révision pourrait ainsi assurer une certaine
cohérence dans l'application du DIH face à ces
problématiques juridiques nouvelles.
Néanmoins, le DIH est responsable de la protection des
valeurs fondamentales considérées comme universelles. Cette
modernisation devrait ainsi particulièrement veiller à ne pas
porter atteinte à ses valeurs et réduire des droits acquis. En
voulant ajouter des valeurs ou des principes supplémentaires, le risque
est de perdre l'adhésion de certains Etats. La force des conventions de
Genève réside notamment dans les 186 Etats qui ont ratifié
ces conventions. Il est donc souhaitable que la modernisation du DIH soit
menée par une organisation neutre, telle que le CICR, capable d'adopter
une approche globale et prudente. L'adaptation du DIH au nouveau contexte
opérationnel est donc un processus souhaitable mais lent. Les SSA qui
est une des principales entités concernées par ces textes
pourraient néanmoins faire partager son expérience et participer
à cette réflexion afin de compléter sa connaissance en DIH
et d'éclaircir et anticiper certaines problématiques de
santé militaires liées au DIH.
? Faire du DIH un référentiel commun
à tous les personnels employés par le SSA
Les règles de DIH pourraient faire l'objet d'une
diffusion et d'une formation renforcée au sein du SSA. Les règles
de droit deviendraient un référentiel commun à tous les
personnels du SSA et permettraient d'une part le regroupement autour de valeurs
communes et d'autre part une meilleure intégration et application du
DIH. Elles façonneraient l'éthique de conviction et permettrait
de mettre plus facilement en oeuvre l'éthique de responsabilité
dans les situations d'urgence. Ce référentiel permettrait de
résoudre plus facilement les conflits éthiques et constituerait
une barrière protection face aux influences extérieures en
matière d'application du DIH. En effet, un esprit de corps
renforcé et l'intégration des normes du DIH permettraient de
faire face aux pressions extérieures qui peuvent apparaitre en situation
de conflit armé.
72
? Soutenir l'action des personnels de santé en
opération en matière de DIH
Le nouveau contexte opérationnel est de nature à
confronter les personnels de santé à des situations d'urgence
amenant des conflits d'éthique. La complexité du DIH ne doit pas
être sous évaluée. La règle de droit peut être
intégrée mais sa mise en oeuvre beaucoup plus
problématique. La formation de DIH pourrait prendre en compte cette
difficulté et préparer les personnels aux situations incertaines.
Au vu de la multiplication des zones grises du droit, des malheureuses
disparités dans les doctrines juridiques internationales, du stress au
combat et des pressions extérieures, le poids du questionnement
éthique est lourd dans les situations complexes. Il pourrait être
envisageable de mettre en place des structures de soutien en opération
qui soient en mesure de conseiller le commandement sur les questions de DIH
regardant la santé et de répondre aux questions juridiques et
éthiques de tous les personnels de santé en opération.
Ceci pourrait permettre une résolution des problématiques
complexes plus rapide mais aussi un appui éthique et juridique qui
protégerait le moral des personnels de santé.
73
Enjeux pour le SSA
Les conflits actuels génèrent des situations
juridiques complexes qui, mises en perspective des contraintes
opérationnelles, rendent tout particulièrement la tâche du
personnel santé extrêmement difficile. Le SSA a donc le devoir de
fournir les outils et de construire des fondements pour que ses personnels
agissent avec la plus grande sérénité possible et en
règle notamment avec le DIH. Pour atteindre cet objectif, il doit
s'appuyer sur les grands axes décrits précédemment et
relever huit défis majeurs. Les enjeux du SSA son donc les suivants :
? La diffusion du DIH auprès de tous les
personnels du SSA quel que soit leur statut
Une diffusion adaptée du DIH est un enjeu pour le SSA
car il est l'expression de l'action menée par les hommes et les femmes
qui le compose. Ainsi, la communication autour du DIH devrait toucher tous les
praticiens, et leurs différentes spécialités mais aussi
les officiers d'administrations, les personnels paramédicaux et les
personnels des armées employés par le SSA.
La diffusion du DIH devrait donc rassembler ces
différents corps autour de valeurs communes mais aussi être
adaptée pour correspondre aux besoins des différentes
spécialités et au niveau de connaissance juridique et
éthique de chacune des catégories.
La diffusion auprès des personnels paramédicaux
et des personnels des armées employés par le SSA devrait
être adaptée à la formation, voire à
l'expérience, de combattant préalable de ces militaires. En
effet, les personnels paramédicaux suivent une formation militaire
initiale avec les autres sous-officiers des forces avant de rejoindre l'Ecole
du Personnel Paramédical des Armées (EPPA) qui assure la
formation au métier d'infirmier en milieu militaire. Les personnels des
armées employés par le SSA sont essentiellement des techniciens
supérieurs hospitaliers, des sous-officiers secrétaires
d'administration du service de santé des armées et des
engagés volontaires de l'armée de terre. Ils effectuent tous une
formation initiale au sein des forces. La formation initiale au sein des forces
comprend du droit des conflits armés mais les personnels sont surtout
sensibilisés au métier de militaire combattant, au code du
soldat. D'autre part, certains de ces engagés disposent d'une
précédente expérience de combattant au sein des forces ce
qui facilite l'identification des problématiques juridiques mais peut
compliquer l'approche du statut de non combattant. Nombre d'entre eux peuvent
donc se sentir plus militaire que soignant.
74
Au contraire, les praticiens disposent d'une connaissance de
l'éthique médicale qui peut faciliter l'instruction du DIH,
néanmoins leur maitrise du droit des conflits armés et du
contexte opérationnel est plus restreinte210.
Enfin, les officiers d'administration disposent d'une
connaissance juridique qui peut faciliter la diffusion du DIH mais ils sont
très peu conscients des spécificités déontologiques
et éthiques relatives aux métiers de la santé. Leur
formation initiale inclue du droit des conflits armés mais peu de DIH.
De plus, au sein du commissariat ils pourraient être affectés en
opération indifféremment sur des postes administratifs des
armées, sous statut de combattant, ou du SSA, sous statut de non
combattant temporaire.
? L'intégration du DIH par tous les personnels du
SSA
L'intégration du DIH est primordiale au sein du SSA car
elle permet de soulager les conflits éthiques et juridiques qui
pèseront de plus en plus souvent sur ses personnels. L'application
stricte du DIH devrait devenir un réflexe pour les personnels du
Service. Ce droit devrait constituer un référentiel qui fasse
partie intégrante de l'éthique de conviction et vers lequel le
personnel de santé puisse se retourner automatiquement lorsqu'il doit
mettre en oeuvre son éthique de responsabilité au sein d'une
situation complexe.
L'application stricte du DIH permettrait ainsi d'éviter
des poursuites judiciaires d'une part, et une perte de légitimité
aux yeux des forces et de l'opinion publique d'autre part. Le fait de se
conformer à une norme juridique qui protège les valeurs
fondamentales reconnues comme universelles pourrait par ailleurs soulager le
sentiment de responsabilité en cas de décisions imparfaites.
? Le regroupement autour du statut de militaire non
combattant
La cohésion des personnels du SSA autour du statut de
militaire non combattant est un enjeu car elle est capable de
réconcilier la dualité d'éthiques des personnels du SSA et
de limiter les difficultés que celle-ci peut induire dans l'application
du DIH. En effet, ce statut rassemble les valeurs militaires et
médicales qui font historiquement et culturellement parties du SSA. Les
personnels du SSA appliqueraient les règles de DIH relatives à ce
statut par réflexe et par esprit de corps en toutes circonstances.
210 Entretiens CRF, EVDG.
75
? Le renforcement du lien avec les armées sur les
questions de DIH
La proximité avec les armées en matière
de DIH est essentielle car elle peut limiter les confusions dans l'application
de ce droit par les personnels du SSA. La diffusion des règles de DIH
dans les armées pourrait réduire les risques liés à
d'éventuelles pressions du commandement aux niveaux stratégique,
opérationnel et tactique. Au niveau stratégique le lien avec les
armées permettrait de mieux anticiper et analyser les
problématiques de DIH. La prise en compte du DIH par les groupes de
combat favoriserait l'intégration des personnels du SSA au sein des
unités de combat et permettrait l'application stricte de ce droit par
l'ensemble des personnels.
? La mise en place d'un soutien juridique
opérationnel
La mise en place d'un soutien juridique opérationnel
est un enjeu car celui-ci permet une application stricte du DIH dans les
situations complexes. Le conseiller juridique spécialisé dans le
domaine du soutien santé opérationnel pourrait résoudre
les conflits juridiques et éthiques et éclaircir les zones grises
du droit afin de permettre une décision opérationnelle rapide.
Ainsi, le SSA serait assuré d'appliquer strictement le DIH et
éviterait les poursuites judiciaires mais aussi une éventuelle
perte de légitimité. La responsabilité éthique des
personnels de santé pourrait aussi se voire diluée, ce qui
pourrait en limiter l'effet parfois traumatisant.
? L'exploitation du RETEX des situations difficiles face
au DIH
Le retour d'expérience en matière de DIH est
primordial car il permet au SSA de s'adapter aux différents contextes
juridiques opérationnels. Il s'agit de faire face à la
multiplicité des situations juridiques qui varient dans le temps, dans
l'espace et selon la mission des personnels sanitaires. L'exploitation du
retour d'expérience des situations juridiques complexes regardant les
soins de santé pourrait améliorer l'application du DIH par les
personnels du SSA en leur permettant d'anticiper les problématiques
juridiques et par conséquent de s'adapter aux évolutions du
contexte juridique opérationnel sur les différents
théâtres d'opération.
76
? Le renforcement de la proximité avec les
structures civiles concernant le DIH
La collaboration avec les institutions civiles en
matière de DIH présente un intérêt majeur pour le
SSA car elle permet d'améliorer la connaissance juridique du Service et
de renforcer la diffusion du DIH.
La proximité avec les institutions civiles pourrait
permettre d'enrichir la compréhension du DIH au sein du SSA. Elles
pourraient apporter une vision complémentaire à la vision
militaire en matière de DIH qui permettrait de saisir
l'intérêt, l'étendue et la complexité du DIH. Cette
compréhension mutuelle permettrait de renforcer la coordination des
soins de santé en opération en matière de DIH.
Cette coopération permettrait par ailleurs
d'élargir et de renforcer la diffusion du DIH et des
particularités liées au statut de non combattant au sein du SSA
et dans les armées. En effet, la diffusion du DIH pourrait alors reposer
sur des effectifs plus nombreux et disposant de leurs propres
réseaux.
? Le positionnement du DIH lors du soutien santé
de coalitions
L'intégration du DIH au sein des coalitions est un
enjeu pour le SSA français car celle-ci permet d'éviter des
confusions dans l'application du DIH par ses personnels et des doutes quant au
bien fondé de ce droit. Le recours abusifs aux situations juridiques
d'exceptions et l'ensemble des violations du DIH créent une impression
de disparités dans l'application du DIH. Au sein de la communauté
médicale militaire internationale, la définition stricte des
situations juridiques de principe et des situations juridiques d'exception
juxtaposée à la condamnation ferme des violations du DIH
pourraient permettre au SSA de se positionner activement en faveur d'une
application rigoureuse de ces règles. Ce positionnement pourrait ainsi
limiter les doutes dans l'application du DIH par personnels du SSA. De plus, il
éviterait qu'une certaine perplexité s'installe quant au bien
fondé du DIH.
77
Recommandations
Pour répondre aux enjeux le SSA a tout
intérêt à développer les points suivants
:
? une promotion du statut de militaire non combattant
au sein du SSA afin de renforcer l'esprit de corps du SSA autour du DIH et de
réconcilier la dualité de loyautés des personnels du
SSA.
? une amélioration de la diffusion du DIH vers
tous les personnels employés par le SSA. Il s'agit de démontrer
l'intérêt du DIH et de diffuser les règles de DIH,
notamment les spécificités du statut de non combattant,
auprès de tous les personnels employés par le SSA dans une
approche pragmatique et casuistique afin de répondre à leurs
différents besoins. La diffusion peut s'appuyer dans ce cadre sur des
partenaires externes.
? une amélioration de la diffusion du DIH
auprès des armées, notamment quant aux spécificités
du statut de non combattant, afin de limiter le risque de pressions du
commandement et des groupes de combat sur les personnels du SSA dans
l'application du DIH. Cette diffusion peut s'appuyer sur les armées,
notamment les services interarmées, et sur des partenaires
externes.
? une formation théorique et pratique
renforcée en DIH, dans les écoles de formation initiale et
continue du SSA, afin de construire une éthique de conviction solide et
de former une éthique de responsabilité efficace pour chaque
personnel du SSA. Il s'agit d'adopter une approche pragmatique et casuistique
afin de former un savoir et un savoir être. L'approche militaire pourrait
être complétée par une approche humanitaire
délivrée par la Croix-Rouge Française.
? une valorisation des compétences du SSA en
DIH. Il s'agit de s'appuyer sur les compétences juridiques et
éthiques du SSA pour identifier, évaluer, voir anticiper les
zones grises du droit propres au SSA afin de les prendre en compte dans la
stratégie du service mais aussi de conseiller le commandement quant
à la diffusion et à la formation en DIH.
|
78
? l'établissement d'un soutien juridique
opérationnel de proximité. Il s'agit de valoriser les
compétences juridiques du SSA au niveau opérationnel afin de
conseiller le commandement au regard du DIH, de diffuser les règles
d'engagement opérationnel et les risques liés à
l'application du DIH sur le terrain, de régler le contentieux si
nécessaire, mais aussi de constituer un point de contact accessible
rapidement à tous les personnels du théâtre
d'opération en cas de situation complexe.
? un renforcement de l'exploitation du RETEX en
matière de DIH afin d'optimiser la diffusion, la formation et la prise
en compte doctrinale du DIH. Cette étude pourrait s'appuyer sur les
retours d'expérience des armées nationales et
étrangères. Cependant, afin de prendre en compte les
problématiques de DIH liées à la spécialité
médicale, le SSA pourrait développer des processus qui favorisent
les comptes rendus relatifs au DIH.
? une participation à une réflexion
globale sur l'adaptation du DIH au contexte opérationnel. Une approche
civile et militaire, multidisciplinaire et multinationale permettrait
d'enrichir les compétences du SSA en matière de DIH, de prendre
en compte les évolutions du DIH au niveau stratégique et
d'améliorer la coordination avec les autres acteurs des soins de
santé dans les conflits armés, notamment par le témoignage
des problématiques rencontrées en matière de DIH par le
Service. Le SSA pourrait aussi dans ce cadre participer aux décisions
relatives à l'autorisation, à l'acquisition ou à
l'adoption des méthodes ou des moyens de guerre nouveaux afin
d'évaluer les conséquences de ces nouvelles techniques pour
l'Homme.
? une participation à la promotion des valeurs
du DIH au sein de la communauté médicale militaire internationale
par un positionnement en faveur d'une application stricte du DIH et la
condamnation ferme des violations du DIH, au sein des organisations
internationales et des institutions spécialisées internationales,
permettrait de favoriser la prise en compte du DIH dans la doctrine militaire
de l'OTAN et de l'UE mais aussi de réduire les disparités dans
l'application du DIH au sein de la coalition.
79
Fiche-Action 1: Promouvoir le statut de
militaire non combattant au sein du SSA
Contexte :
Les personnels sanitaires sont ré immergés au
centre des combats et souvent isolés au sein d'unités de
combattants et sous les ordres d'un commandement militaire. Afin de poursuivre
sa mission de manière efficiente et de respecter le DIH, les personnels
de santé doivent donc être conscients des
spécificités que leur impose leur statut juridique en DIH. Or, la
diversité des missions et des personnels employés par le SSA
complique la diffusion du DIH à tous les personnels employés par
le SSA. De plus, la dualité d'éthiques des personnels du SSA
envers les armées et les professions de la santé peut rendre
l'intégration et l'application du DIH difficile. En effet, La question
« militaire ou soignant d'abord ? » demeure et peut parfois pousser
à la schizophrénie. Certains personnels du SSA, notamment dans
les jeunes générations, sont peu conscients de leur
qualité de non combattant qui apparait incompatible avec le statut de
militaire211. D'autre part, le SSA entreprend aujourd'hui une
réorganisation large qui vise entre autre à renforcer la
cohérence du Service212.
Objectifs :
- créer un véritable « esprit de corps »
autour du statut de militaire non combattant ;
- faire du DIH un référentiel commun à tous
les personnels employés par le SSA ;
- constituer une protection supplémentaire face aux
pressions extérieures ;
- éviter des disparités dans l'application du DIH
au sein du SSA.
Priorité :
- Très prioritaire
- Prioritaire - Importante
211 Entretiens CPCO, DCSSA/CCO, Etude MC Thiery.
212 Projet de Service SSA 2020.
2014
2014-2015
Mesures opérationnelles :
Action
|
Etat de l'action
|
- déterminer les valeurs militaires et soignantes du
SSA
|
étude réalisée en mai 2014 sur la base de
586 questionnaires213.
|
|
- sensibiliser les personnels sur la question du port de
l'emblème et inciter au port de l'emblème sauf situation
d'exception
- veiller à la bonne distribution des cartes
d'identité sanitaire et
expliquer leur rôle à tous les personnels, notamment
au personnel non soignant.
|
renforcement d'action action nouvelle
|
|
- créer un « code du militaire de la santé
» basé sur les valeurs et les règles applicables au
militaire non combattant, sous un format de poche et plastifié afin que
le personnel sanitaire puisse le détenir en permanence.
- délivrer ce code à tous les personnels du SSA et
expliciter celui-ci dans les écoles de formation initiale et continue et
lors de conférences.
|
action nouvelle
|
action nouvelle mais qui peut s'appuyer sur les
conférences réalisées pour informer le personnel de
santé sur le nouveau projet de service SSA 2020.
- valoriser les actions de non combattant en opération au
sein des ressources humaines (chancellerie).
|
renforcement d'action
|
|
Etapes et échéanciers :
Echéances
à toutes les étapes
Etapes
- sensibiliser le personnel du SSA quant à
l'emblème
- valoriser les actions de non combattant en opération,
notamment les actions en
faveur du DIH
- former les personnels du SSA au statut de non combattant.
- évaluer les actions
|
- recenser les valeurs liées au statut de militaire non
combattant - lister les dix valeurs fondamentales du militaire non combattant.
- analyse des couts prévisionnels
- créer un « code du militaire de santé
»
|
- planifier la communication
- sensibiliser les personnels du SSA à cet enjeu
- préparer les « communicants »
- coordonner la diffusion du nouveau « code du militaire de
la santé » à tous les
personnels de la santé
- mettre en oeuvre les séances d'information
|
80
- programmer des séances d'instructions relatives au
statut de militaire non combattant dans les écoles de formation
initiales.
|
A partir de septembre 2015
|
213 Bureau Etudes et Prospective, Division Performance
Synthèse, Direction Centrale du Service de Santé des
Armées.
Cout estimé
A déterminer
Conditions de mise en oeuvre :
Directions régionales SSA
Directeur des Hôpitaux
d'instruction des Armées
Directeur des centres médicaux des armées
Partenaires
Pilotage
Directeur Central ; Directeur Central Adjoint ; Division
Performance Synthèse (Bureau études et prospective) ; Sous
direction Ressources Humaines (Chancellerie, Directeur de l'Ecole du Val de
Grace ; Directeur de l'Ecole de Santé des Armées ; Directeur de
l'Ecole des Personnels Paramédicaux) ; Bureau Communication ; Service de
reprographie du SSA.
|
Budget
81
Evaluation et amélioration de l'action
:
Nombre de lettres de félicitation et de décorations
reçues pour des actions de non combattant,
des actions en faveur du DIH.
Nombre de codes délivrés et demandés.
Nombre d'heures d'instruction relative au statut de non
combattant réalisé dans les écoles du
SSA.
Exploitation du retour d'expérience.
Nombre de recours judiciaires.
82
Fiche-Action 2: Diffuser le DIH à
l'ensemble des personnels du SSA
Contexte :
Les destinataires de cette diffusion sont variés
puisqu'il s'agit de tous les personnels du SSA et des personnels des
armées employés par le SSA. Les métiers au sein du SSA
sont particulièrement divers : médecins, pharmaciens,
vétérinaires, infirmiers, personnels d'administration,
auxiliaires sanitaires. Et au sein de ces métiers il existe des
spécialités variées qui peuvent rencontrer des
problématiques de DIH particulières. Le SSA emploi par ailleurs
des personnels des armées. Il ne gère directement que 52 % de ses
effectifs. Les formations initiales des personnels employés par le SSA
sont diverses. La majeure partie des personnels du SSA effectuent leur
formation initiale à l'Ecole de Santé des Armées, ils sont
alors sensibilisés à l'éthique médicale mais peu au
DIH. D'autres effectuent leur formation initiale au sein des armées dans
un cadre plus tourné vers l'apprentissage du métier de militaire
combattant, mais qui enseigne le droit des conflits armés214.
Les personnels employés par le SSA développent donc des
sensibilités différentes à l'égard du DIH.
Cependant, tous les personnels effectuent une formation d'application dans une
école du SSA.
Objectifs :
- démontrer l'intérêt du DIH ;
- développer une communication générale
commune à tous les personnels employés par
le SSA ;
- développer une communication adaptée aux
différentes spécialités et niveaux de
connaissances du DIH, basée sur une approche pragmatique
et casuistique ;
- faire du DIH un référentiel commun à tous
les personnels employés par le SSA ;
- susciter une cohésion et une adhésion aux valeurs
du DIH qui constituent une protection
supplémentaire face aux pressions extérieures ;
- éviter des disparités dans l'application du DIH
au sein du SSA.
214 Cf. Toutes les Ecoles d'officiers des Armées, l'Ecole
nationale des sous officiers d'actives, et les formations
générales de l'Armée de Terre prévoient des modules
obligatoires de droit des conflits armés. Entretien SGA, CRF.
83
Priorité :
- Très prioritaire
- Prioritaire - Importante
Mesures opérationnelles :
Action
|
Etat de l'action
|
- identifier des partenaires internes et externes
- mettre en place des coopérations en matière de
diffusion du DIH (Croix-Rouge Française (CRF), Secrétariat
Général pour l'Administration (SGA), Service du Commissariat des
Armées (SCA)215).
|
renforcement d'action renforcement d'action
|
|
- mettre en place des supports de communication
généraux : code du militaire de la santé, guide de bonnes
pratiques en DIH, renforcer les aspects relatifs au DIH dans le manuel de droit
des conflits armés édité par le SGA.
- mettre en place des supports de communication adaptés :
un logiciel d'instruction avec les différentes problématiques et
différents niveaux sur la base de celui développé par le
SGA en droit des conflits armés, comprenant des
spécialités pour l'Armée de l'Air et la Marine
Nationale216.
|
action nouvelle
action nouvelle
|
- mettre en place des supports de communication adaptés :
participation au programme de simulation éthique et juridique
développé par une organisation canadienne pour les services de
santé des armées en anglais et en
français217.
- participation des écoles d'officiers du SSA à la
« journée de promotion du droit international humanitaire »
organisées chaque année par la CRF, voir devenir partenaire de
cet événement qui propose à toutes les grandes
écoles françaises au cours d'une journée consacrée
au DIH un quizz et un procès simulé.
|
action nouvelle
renforcement d'action (participation de 4 élèves du
corps technique et administratifs du SSA en 2013 pour la première
fois)
|
- diffuser les supports de communication du DIH dans les
écoles de formation initiale et continue du SSA ; les CMA.
|
action nouvelle
|
215 Entretien SGA, CRF.
216 Cf. le modèle développé pour les
armées par le SGA en droit des conflits armés. Entretien SGA.
217 Programme «Ethics in Military Medecine Research
Group» (EMMRG). Dr Ali Okhowat, ICRC.
Cout estimé
A déterminer
Etapes et échéanciers :
Etapes
|
Echéances
|
- évaluation de l'action
- analyse des couts prévisionnels
- renforcer la proximité avec le SGA, le SCA et la CRF
en matière de diffusion du DIH - participation des écoles du SSA
à la journée de promotion du droit humanitaire
|
à toutes les étapes
2014-2015 218
|
|
- renforcer et mettre en place des supports de communication
généraux
- mettre en place des supports de communication adaptés -
diffuser les supports de communication
|
2015
2015-2016
|
Conditions de mise en oeuvre :
Pilotage
Directeur central ; Directeur central adjoint ; Sous direction
ressources humaines (Directeur de l'Ecole du Val de Grâce ; Directeur de
l'Ecole de Santé des Armées ; Directeur de l'Ecole des Personnels
Paramédicaux) ; Sous direction appui à l'activité (bureau
des affaires juridiques) ; Division performance synthèse (bureau
études et prospective).
Partenaires
Budget
Evaluation et amélioration de l'action
:
Nombre de logiciels distribués.
Participation et évolution des résultats obtenus
à la « journée de promotion du DIH ».
Exploitation du retour d'expérience.
Nombre de recours judiciaires.
84
218 seconde participation de l'Ecole du Val de Grace
prévue en 2014, entretiens CRF et Division de la formation initiale et
spécialisée (DFIS)/Ecole du Val de Grâce.
85
Fiche-Action 3: Diffuser le DIH dans les
armées
Contexte :
Au sein des nouveaux conflits le SSA est de plus en plus
replongé au centre des combats et immergés dans un monde de
combattants. Sous commandement militaire, il peut ainsi subir des pressions du
commandement ou du groupe de combat avec lesquels il noue une cohésion
forte. Sous l'effet de la guerre, ces pressions peuvent nuire à la bonne
application du DIH. Au vu des évolutions techniques et
opérationnelles, la doctrine interarmées et les actions
civilo-militaires doivent être vigilantes quant à la prise en
compte du facteur humain et du DIH au sein des nouveaux conflits.
Objectifs :
- diffuser le DIH dans les armées aux niveaux
stratégique, opérationnel et tactique ;
- mieux prendre en compte les spécificités du SSA
dans la doctrine interarmées ;
- faciliter l'intégration des personnels du SSA dans les
milieux de combattants ;
- limiter les pressions externes et la confusion dans
l'application du DIH par les personnels du
SSA ;
- renforcer l'évaluation des impacts des nouveaux modes et
moyens de la guerre sur l'Homme.
Priorité :
- Très prioritaire
- Prioritaire - Importante
86
Mesures opérationnelles :
Action
|
Etat de l'action
|
- identifier des partenaires internes et externes.
- mettre en place des coopérations en matière de
diffusion du DIH dans les armées SGA, SCA, CRF219.
|
renforcement d'action renforcement d'action
|
- renforcer les aspects de DIH dans le manuel de droit des
conflits armés du SGA.
- rajouter un volet DIH sur le logiciel d'instruction de droit
des conflits armés du SGA sur la base des volets
développés en droit international maritime et en droit
international aérien220.
|
renforcement d'action action nouvelle
|
- mettre en place des séances d'informations dans les
écoles des armées.
- coopérer avec les armées pour continuer
d'intégrer le DIH dans la doctrine interarmées en prenant plus en
compte les éventuelles zones grises du droit et les risques pour
l'application du DIH par les personnels de santé (Centre
interarmées de concepts, de doctrine et d'expérimentation- CICDE,
les états-majors des armées).
|
action nouvelle renforcement d'action
|
|
- profiter des exercices militaires opérationnels pour
évaluer la coopération des armées et du SSA en
matière de DIH (exercices régimentaires, exercices brigades,
préparation avant projection).
- développer une réflexion commune sur les
problématiques de DIH (pôle éthique et environnement
juridique du Centre de Recherche des Ecoles de Saint-Cyr Coetquidan, division
juridique de la direction générale de l'enseignement et de la
recherche des écoles de Saint-Cyr Coetquidan, CICDE, SGA, SCA)
|
action nouvelle
action nouvelle (fiche-action 8)
|
|
Etapes et échéanciers :
Etapes
|
Echéances
|
- évaluation de l'action
- développer une réflexion commune en
matière de DIH
- renforcer la proximité avec le SGA, le SCA, les
armées et la CRF en matière de
diffusion du DIH dans les armées
- renforcer la proximité avec le CICDE et les
états-majors en matière de prise en
compte du DIH dans la doctrine
- analyse des couts prévisionnels
|
à toutes les étapes
2014-2015
|
|
- développer l'aspect DIH dans les supports de droit des
conflits armés du SGA en partenariat avec celui-ci
- mettre en place des séances d'informations dans les
écoles des armées (en partenariat avec la CRF)
- se positionner au sein des études stratégiques et
juridiques précédant les autorisations d'utilisation de nouveaux
moyens ou méthodes de guerre
- évaluer la coopération des armées et du
SSA en matière de DIH au sein d'exercices
|
2015
2015-2016
|
219 Entretien SGA, CRF.
220 Cf. le modèle développé pour les
armées par le SGA en droit des conflits armés. Entretien SGA.
Cout estimé
A déterminer
Conditions de mise en oeuvre :
SGA SCA CRF CICDE
Centre de Recherche des Ecoles de Saint-Cyr Coetquidan
Direction Générale de l'enseignement et de la
recherche des écoles de Saint-Cyr Coetquidan.
Budgetjbj Partenaires
Pilotage
Directeur central ; Directeur central adjoint ; Sous direction
ressources humaines (Directeur de l'Ecole du Val de Grace ; Directeur de
l'Ecole de Santé des Armées ; Directeur de l'Ecole des Personnels
Paramédicaux) ; Sous direction Appui à l'Activité (Bureau
des Affaires Juridiques) ; Sous direction plan-capacité (bureau
cohérence capacitaire organisationnelle, état-major
opérationnel santé) ; Division Performance Synthèse
(Bureau étude et prospectives).
|
Budget
87
Evaluation et amélioration de l'action
:
Nombre de logiciels distribués.
Analyse de la doctrine interarmées, des modules de droit
des conflits armés délivrés dans les
écoles des armées.
Exploitation du retour d'expérience.
Nombre de recours judiciaires.
88
Fiche-Action 4: Etablir une formation
renforcée en DIH
Contexte :
Au sein des nouveaux conflits le SSA sera plus souvent
confronté à des problématiques de DIH. Le DIH devrait donc
devenir un référentiel et l'application du DIH un réflexe.
Au sein des situations complexes, les personnels du SSA devraient être en
mesure de donner une considération particulière aux valeurs
fondamentales défendues par le DIH au sein de leur questionnement
éthique. Le personnel du SSA devrait être préparé
à faire face à des difficultés dans l'application du DIH
en opération et à coopérer avec des institutions
militaires et civiles qui peuvent appliquer le DIH avec des doctrines
différentes. Néanmoins, la diversité des profils des
personnels et des missions du SSA devraient être prises en compte au sein
d'une formation initiale et d'une formation continue casuistiques et
pragmatiques. La formation continue devrait permettre aux personnels du SSA de
s'adapter aux différents cadres juridiques et à leurs
évolutions dans le temps et dans l'espace. La préparation
opérationnelle avant projection pourrait comprendre une analyse du cadre
juridique opérationnel pour tous les personnels projetés.
Objectifs :
- définir les situations juridiques de principe et les
situations juridiques d'exception au sein d'un cadre stricte ;
- délivrer un savoir, et faire du DIH un
référentiel commun à tous les personnels du SSA ;
- délivrer un savoir être qui permettent de
prendre en compte le DIH dans les situations complexes ;
- répondre aux besoins des différentes
spécialités et missions en matière de DIH ;
- permettre aux personnels du SSA projetés de mieux
comprendre leur environnement juridique.
renforcement d'action (supports pédagogiques existants
et
cours d'éthique médicale, de déontologie et
d'introduction au DIH en place, ESA, EPPA, EVDG.)
renforcement d'action (EVDG : une conférence en 2014 ; ESA
: une conférence en 2014)
renforcement d'action
action nouvelle
renforcement d'action (EVDG : 4 OCTA « Journée DIH
» et 3 OCTA à la
« compétition internationale de DIH »).
action nouvelle
Priorité :
- Très prioritaire
- Prioritaire - Importante
Mesures opérationnelles :
Action
|
Etat de l'action
|
- identifier des partenaires internes et externes
- mettre en place des coopérations en matière de
formation du DIH dans le SSA (SGA, CRF221).
|
renforcement d'action renforcement d'action
|
|
- mettre en place des modules de DIH renforcés au sein de
la formation initiale.
|
- mettre en place des modules avec la CRF qui apporteraient une
vision complémentaire du DIH
- mettre en place des modules renforcés de rappel des
règles de DIH pendant les périodes de formation continue,
notamment lors de la préparation avant projection pour tous les
théâtres d'opération et tous les personnels.
- mettre en place des modules de DIH au sein des périodes
d'aguerrissement (Exercices Cashirmex, préparation avant projection),
ces modules pratiques seraient multidisciplinaires et pourraient inclure des
partenaires extérieurs : CRF et programmes d'instruction multinationaux
(question abordée lors du Comité International de Médecine
Militaire, 2014).
- participation des écoles de formation initiale à
des événements nationaux et internationaux relatifs au DIH afin
de mieux faire comprendre aux élèves les enjeux du DIH. La «
journée du DIH (CRF) ouverte à tous les officiers du SSA et la
« compétition internationale de droit international humanitaire
» (Institut international de droit humanitaire de San Remo- IIDH) ouverte
aux officiers spécialisés en droit.
- s'appuyer sur la simulation (programme canadien EMMRG en cours
de développement222)
89
221 Entretien SGA, CRF.
222 Programme «Ethics in Military Medecine Research
Group» (EMMRG). Dr Ali Okhowat, ICRC.
90
Etapes et échéanciers :
Etapes
|
Echéances
|
- évaluation de l'action
- analyser en détails les programmes par
spécialité pour permettre de placer des modules de DIH
supplémentaires.
- analyse des couts prévisionnels
- développer un partenariat avec la CRF et le SGA en
matière de formation théorique. - renforcer la participation des
écoles aux événements nationaux et internationaux de
DIH.
|
à toutes les étapes
2014-2015
|
- mettre en place des modules théoriques de DIH
supplémentaires dans la formation initiale et la formation continue.
- réflexion sur la mise en place de modules pratiques de
DIH. Participation possible de la CRF223. , voire des autres
services de santé de la coalition lors d'exercices communs (Allemagne,
Royaume-Uni).
- mise en place de modules pratiques en DIH, aguerrissement
- utilisation de la simulation
|
2015
2015-2016
|
Conditions de mise en oeuvre :
Pilotage
|
Partenaires
|
Budget
|
Cout estimé
|
Directeur central ; Directeur central adjoint ;
|
SGA
|
A déterminer
|
A déterminer
|
Sous direction appui à l'activité (bureau des
|
CRF
|
|
(intervention
|
affaires juridiques) ; Sous direction ressources
|
IIDH
|
|
gratuite de la
|
humaine (Directeur de l'Ecole du Val de Grace - DPMO ;
Directeur de l'Ecole de Santé des
|
Programme multinationaux
|
|
CRF)
|
Armées ; Directeur de l'Ecole des Personnels
|
(Armée Canadienne)
|
|
|
Paramédicaux des Armées) ; Sous direction plan
capacité (bureau coopération internationale) ; Division
performance synthèse (bureau études et prospective).
|
|
|
|
Evaluation et amélioration de l'action
:
Evaluation des élèves.
Analyse de la maitrise du DIH dans les situations complexes
lors des préparations avant
projection.
Exploitation du retour d'expérience.
Nombre de recours judiciaires.
223 Entretien CRF.
91
Fiche-Action 5: Valoriser les compétences
du SSA en DIH
Contexte :
L'évolution de la guerre et la progression lente du DIH
font apparaitre des zones grises du droit au sein des conflits armés. Le
comportement de l'adversaire évolue vite et s'adapte sur chaque
théâtre d'opération. Ainsi, les situations juridiques
évoluent de manière continue selon une variable spatio-temporel.
Le SSA dispose de deux spécialistes du DIH mais ceux-ci occupent des
postes qui ne leur permettent pas de consacrer du temps à la
matière. Le bureau des affaires juridiques de la direction centrale des
armées comprend des spécialistes du droit et de la
déontologie médicale mais ces personnels ne sont pas
spécialisés en DIH. Les officiers du corps technique et
administratif, dont sont issus la plupart des juristes du SSA, sont
appelés à rejoindre le Corps du Commissariat des Armées
(SCA) entre septembre 2014 et septembre 2016. Le SCA forme les conseillers
juridiques opérationnels des armées. Au vu de la complexification
juridique des théâtres, celui cherche actuellement à
recruter plus de juristes opérationnels. Ces conseillers juridiques
spécialisés sont formés pour conseiller le commandement en
matière de diffusion, de formation et d'application droit des conflits
armés, et pour régler les contentieux éventuels. Dans un
contexte global de réduction des effectifs, ces conseillers juridiques
ne sont pas exclusivement dédiés au droit des conflits
armés et peuvent assumer d'autres fonctions.
Objectifs :
- Identifier des spécialistes du DIH en mesure de porter
le DIH aux niveaux stratégiques,
organisationnel et tactique.
- Assurer un conseil au commandement en matière de DIH.
- Renforcer l'analyse de la situation juridique
opérationnelle.
- Initier, mettre en oeuvre, coordonner et évaluer la
dynamique de DIH au sein du SSA.
- Représenter le SSA au sein des institutions nationales
et internationales, militaires et
civiles, spécialisées en DIH.
Priorité :
- Très prioritaire
- Prioritaire - Importante
Mesures opérationnelles :
Action
|
Etat de l'action
|
- identifier des spécialistes du DIH à
différents niveaux de responsabilité (poste stratégique
(division performance synthèse), organisationnel (bureau des affaires
juridiques) et des relais au niveau tactique (disposant d'une formation plus
succincte).
Tout comme dans le SCA, le spécialiste en DIH ne serait
pas entièrement dédié au DIH. Il pourrait assumer d'autres
fonctions.
|
action nouvelle
|
|
- mettre en place un partenariat avec le SCA en matière de
formation en droit des conflits armés (formation en 3 cercles
d'expertise)
|
- prévoir une spécialisation des conseillers
juridiques opérationnels du SSA en DIH (partenariat avec la CRF,
l'Institut international de droit humanitaire de San Remo - IIDH, le
Comité international de médecine militaire - CIMM). La formation
de conseiller juridique du SCA repose sur des stages par milieu d'emploi (plus
le conseiller est expert plus il sera polyvalent).
renforcement d'action (première formation assurée
pour les élèves commissaires SSA en formation initiale)
92
- permettre l'identification de ces spécialistes au sein
de tous le SSA
- identification de ces spécialistes par les
armées, les institutions civiles spécialisées, les
organisations internationales et les institutions internationales
spécialisées (par une participation aux congrès,
conférences et séminaires relatifs au DIH)
|
renforcement d'action renforcement d'action
|
|
- analyser la situation actuelle du DIH (analyse des retex)
- renforcer la prise en compte stratégique du DIH et
coordination de la dynamique de DIH au sein du SSA
|
renforcement d'action renforcement d'action
|
|
- élaborer un programme de formation en DIH
|
action nouvelle (fiche-action 4)
|
|
- porter les valeurs du DIH et de l'opinio furis
français au sein de la communauté médicale
internationale
- soutenir le SSA en opération
|
action nouvelle (fiche action 6)
action nouvelle (fiche-action 9)
|
|
Etapes et échéanciers :
Echéances
à toutes les étapes
Etapes
- évaluation de l'action
- porter les valeurs du DIH dans le SSA et à
l'extérieur - analyser les retours d'expérience en matière
de DIH - conseiller le commandement en matière de DIH
|
93
- identifier les spécialistes au sein du SSA
- mettre en place un partenariat en la matière avec le
SCA
- analyse de couts
- assurer des formations de spécialisation avec le SCA
- mettre en place une spécialisation renforcée en
DIH
- développer une coopération avec les institutions
et organismes spécialisés
- renforcer la diffusion du DIH au sein du SSA
- mettre en place un soutien juridique en opération
- mettre en oeuvre un nouveau programme de formation en DIH
|
2014-2015
2015
2015-2016
|
Conditions de mise en oeuvre :
Pilotage
|
Partenaires
|
Budget
|
Cout estimé
|
Directeur central ; Directeur central adjoint ;
|
SGA
|
A déterminer
|
A déterminer
|
Sous direction ressources humaines (bureau ressources humaines,
bureau mise en formation, Directeur de l'Ecole du Val de
|
SCA CRF IIDH
|
|
|
Grace ; Directeur de l'Ecole de Santé des
|
CIMM
|
|
|
Armées ; Directeur de l'Ecole des Personnels
|
|
|
|
Paramédicaux) ; Sous direction appui à
l'activité (bureau des affaires juridiques) ;
|
|
|
|
Division performance synthèse (bureau études et
prospective).
|
|
|
|
Evaluation et amélioration de l'action :
Formations de spécialisation réalisées.
Exploitation du retour d'expérience. Nombre de recours judiciaires.
94
Fiche-Action 6: Mettre en place un soutien
juridique opérationnel
Contexte :
La situation juridique opérationnelle varie selon les
théâtres, les phases de conflits et la volonté de
l'adversaire. Le DIH est donc difficile à mettre en application et les
personnels du SSA peuvent être confrontés à des zones
grises du droit ou des vides juridiques. L'identification des
problématiques juridiques par les personnels de santé peut
être malaisée. Si tous observent des difficultés, ils
peuvent les lier à l'éthique plus qu'au droit. Par
conséquent, le retour d'expérience du SSA est pauvre concernant
le DIH. Le droit peut cependant aider dans la résolution des conflits
éthiques. Dans les situations complexes d'urgence le choix
éthique fait intervenir une lourde responsabilité qui ne peut pas
toujours être partagée, notamment par manque de compagnonnage. En
cas de doute relatif à l'application du DIH, le personnel de
santé peut se tourner vers le directeur santé du
théâtre d'opération qui a reçu une instruction
relative au DIH lors de sa préparation avant projection. Si la situation
est complexe le directeur santé peut se tourner vers les conseillers
juridiques des armées présents. Ces conseillers sont
placés dans les états-majors sur des postes interarmées.
Néanmoins, ces personnels sont très peu formés au DIH
applicable au personnel sanitaire et ne maitrise pas l'éthique
médicale. Ainsi les problématiques juridiques peuvent parfois
être renvoyées à Paris, à l'état-major
opérationnel santé ou la direction centrale du SSA. La
procédure est peu cadrée et peut apparaitre longue et inefficace
en situation opérationnelle.
La mise en place d'un soutien juridique opérationnel du
SSA spécialisé en DIH pourrait donc être nécessaire.
Certaines phases du conflit demandent une attention juridique
particulière pour le SSA: l'ouverture de théâtre, la phase
de stabilisation et la phase post-conflit. En effet celles-ci sont sensibles et
demandent une analyse du cadre juridique des soins de santé
particulière. On pourrait donc disposer de personnels
spécialisés en DIH, formés par le SCA, projetables au sein
des états-majors sur des postes interarmées, lors des phases de
stabilisation et des phases post-conflit qui sont particulièrement
tournées vers le SSA ainsi qu'aux différents échelons
(rôles 1,2,3) selon les besoins des personnels.
95
Objectifs :
- Assurer un conseil au commandement opérationnel en
matière de DIH.
- Analyser la situation juridique opérationnelle et
procéder au retour d'information afin
d'améliorer la connaissance, la prise en compte, la
diffusion et la formation du DIH.
- Constituer des relais de diffusion du DIH, et du droit en
général, en opération.
- Mettre en place des points de contact extérieurs
à l'équipe médicale concernant les
questions éthiques.
- Répondre aux situations complexes d'urgence.
- Coordonner les soins de santé avec les différents
partenaires sur place au niveau
juridique.
- Régler les contentieux éventuels.
Priorité :
- Très prioritaire
- Prioritaire - Importante
Mesures opérationnelles :
Action
|
Etat de l'action
|
- identifier des spécialistes du DIH au sein du SSA
- mettre en place un partenariat avec le SCA en matière de
formation en droit des conflits armés
|
action nouvelle (fiche-action 5) renforcement d'action
(fiche-action 5)
(première formation assurée pour les
élèves commissaires SSA en formation initiale)
|
|
- prévoir une spécialisation des conseillers
juridiques opérationnels du SSA en DIH (partenariat avec la Croix-Rouge
française, l'Institut international de droit humanitaire, le
Comité international de médecine militaire).
|
renforcement d'action (fiche action 5)
|
|
- collaborer avec le SCA en matière de projection de
conseillers juridiques spécialisés en DIH.
- identifier les besoins en conseillers juridiques en fonction
des conflits et des missions
|
action nouvelle action nouvelle
|
- établir une procédure de soutien juridique
encadrée depuis le rôle 1 jusqu'au rôle 4.
- mettre en place une veille en matière de DIH
(spécialiste joignable en tout temps, responsable de l'analyse des Retex
en matière de DIH)
|
renforcement d'action action nouvelle
|
|
- Projeter des conseillers juridiques du SSA en opération
en fonction des besoins
|
action nouvelle
|
Etapes et échéanciers :
Etapes
|
Echéances
|
- évaluation de l'action
- analyser les retours d'expérience en matière de
DIH
- identifier les spécialistes au sein du SSA
- analyse de couts
- mettre en place un partenariat en matière de formation
spécialisée avec le SCA
- assurer des formations de spécialisation en droit des
conflits armés avec le
SCA
- assurer des formations de spécialisation en DIH SSA avec
le CIMM et l'IDHL
|
à toutes les étapes
2014-2015
|
|
- mettre en place une coopération avec le SCA quant
à la projection des conseillers juridiques spécialisés en
DIH (prendre exemple sur l'Armée de l'Air) - identifier une chaine de
soutien juridique opérationnel
- mettre en place une veille en matière de DIH
- mettre en place un soutien juridique en opération
|
2015
|
|
Conditions de mise en oeuvre :
Pilotage
Directeur central ; Directeur central adjoint ; Sous direction
ressources humaines (bureau ressources humaines, bureau mise en formation),
Sous direction plan capacité (bureau cohérence capacitaire
opérationnelle, EMO-S) ; Sous direction appui à
l'activité (bureau des affaires juridiques) ; Division
performance synthèse (bureau études et prospective).
|
Partenaires
Budget
Cout estimé
96
Evaluation et amélioration de l'action :
Formations de spécialisation réalisées.
Exploitation du retour d'expérience. Nombre de recours judiciaires.
97
Fiche-Action 7: Renforcer l'exploitation du
RETEX en matière de DIH
Contexte :
La situation juridique est différente sur chaque
théâtre d'opération et évolue dans le temps. Afin
d'optimiser la diffusion, la formation et la prise en compte doctrinale du DIH,
le SSA pourrait renforcer l'exploitation du retour d'expérience.
Les retours d'information du SSA rendent peu compte des
problématiques de DIH car celles-ci ne sont pas identifiées en
tant que telles par les personnels du SSA, elles présentent un
caractère confidentiel et les procédures en place dans le SSA ne
favorisent pas leur communication.
Le SSA pourrait s'appuyer sur les retours d'expérience
des armées nationales et étrangères, plus important.
Cependant, afin de prendre en compte les problématiques
de DIH liées à la spécialité médicale, le
SSA pourrait développer des processus qui favorisent les comptes rendus
relatifs au DIH en s'appuyant sur les modèles développés
dans les armées. La formation de DIH pourrait aussi comporter une
instruction relative au compte-rendu en matière de DIH, notamment lors
de la préparation avant projection.
Objectifs :
- Assurer une application stricte du DIH en fonction du cadre
juridique.
- Eclaircir les zones grises du droit.
- Améliorer la diffusion et la formation du DIH.
- Anticiper les problématiques juridiques à
venir.
Priorité :
- Très prioritaire
- Prioritaire - Importante
Mesures opérationnelles :
Action
- réaliser une étude approfondie des
problématiques concernant le retour d'expérience en DIH au sein
du SSA
|
Etat de l'action
action nouvelle (fiche-action 5)
Cout estimé
98
- coopérer avec les armées en matière de
retour d'informations relatives au DIH, notamment avec le SGA
- coopérer avec les armées
étrangères, les organisations internationales et les institutions
spécialisées en matière de retour d'informations relatives
au DIH
|
renforcement d'action renforcement d'action
|
- réaliser des instructions concernant le RETEX en
matière de DIH au sein du SSA
- favoriser le RETEX par l'intermédiaire des conseillers
juridiques en opération
- renforcer la procédure de retour d'expérience
en matière de DIH au sein du SSA
|
renforcement d'action action nouvelle action nouvelle
|
Etapes et échéanciers :
Etapes
|
Echéances
|
- évaluation de l'action
- coopérer avec les armées françaises et
étrangères en matière de RETEX
- identification des besoins pour optimiser le RETEX
- analyse des couts
- identifier des responsables spécialisés en
matière d'exploitation du RETEX en
DIH
- mettre en place un partenariat en matière de RETEX avec
le SGA
- participer aux conférences et séminaires
organisés par le CIMM et l'IDHL
|
à toutes les étapes
2014-2015
|
|
- mettre en place une instruction relative au compte rendu en
matière de DIH lors de la préparation avant projection.
- mettre en place un soutien juridique en opération
- compléter la procédure de RETEX si besoin
|
2015
|
|
Conditions de mise en oeuvre :
SGA IIDH CIMM
Etat-major opérationnel
Centre de planification et conduite des opérations -
CPCO
Centre Interarmées de Concepts, de Doctrines et
d'Expérimentations - CICDE
Partenaires
Pilotage
Directeur central ; Directeur central adjoint ; Sous direction
ressources humaines (Directeur de l'Ecole du Val de Grace - DPMO), Sous
direction appui à l'activité (bureau des affaires juridiques);
Sous direction plan capacité (EMO-S) ; Division performance
synthèse (bureau études et prospective) ; ;
|
Budget
A déterminer A déterminer
|
99
Evaluation et amélioration de l'action
:
Qualité du retour d'expérience en matière de
DIH (comparatif avec celui des armées).
100
Fiche-Action 8: Participer à une réflexion
globale sur l'adaptation du DIH au contexte
opérationnel
Contexte :
Au sein de l'approche globale des conflits, l'application du
DIH par le SSA dépend de nombreux acteurs : la force interarmées
et multinationale, les institutions politiques, économiques,
humanitaires et médicales. Les valeurs défendues par le DIH
concernent de multiples disciplines qui s'étayent mutuellement en vu de
protéger les souffrances de l'Homme dans la guerre : la philosophie,
l'éthique, la diplomatie, la stratégie militaire, la
médecine. Pour ces raisons, l'approche du DIH doit être
systémique.
Le SSA pourrait participer à une réflexion
globale sur l'adaptation du DIH au contexte opérationnel. Une approche
civile et militaire, multidisciplinaire et multinationale présenterait
de nombreux avantages pour le SSA.
Objectifs :
- Enrichir la connaissance de DIH du SSA en découvrant des
points de vu
complémentaires.
- Anticiper les évolutions du DIH.
- Améliorer la coordination avec les autres acteurs des
soins de santé en opération.
- Améliorer le RETEX.
- Porter les valeurs du DIH, l'opinio juris
française et l'éthique médicale militaire
auprès de
collaborateurs civils et militaires.
- Participer à des analyses stratégiques
interarmées, notamment en matière d'armement.
Priorité :
- Très prioritaire - Prioritaire
- Importante
Mesures opérationnelles :
Action
|
Etat de l'action
|
- identifier les institutions spécialisées
- coopérer avec les organisations internationales en
matière de DIH
|
renforcement d'action action nouvelle
|
- coopérer avec les organisations humanitaires en
matière de DIH (CRF)
- coopérer avec les armées en matière de DIH
(Centre de recherche et de formation des Ecoles de Saint Cyr Coetquidan, SGA,
CICDE)
|
renforcement d'action action nouvelle
|
|
- coopérer avec les institutions
spécialisées en matière de DIH (CIMM, IDHL)
- Porter le DIH au sein des coopérations
bilatérales du SSA (Groupe franco allemand de coopération
militaire, coopération franco britannique)
|
renforcement d'action action nouvelle
|
|
Etapes et échéanciers :
Echéances
à toutes les étapes
Etapes
- évaluation de l'action
- rendre compte des évolutions du DIH au commandement
- porter les valeurs du DIH, l'opinio furis
française et l'éthique médicale militaire
Cout estimé
A déterminer
- Analyse de couts, déterminer un budget alloué
- Renforcer la coopération avec les institutions
spécialisées et la CRF
- mettre en place des coopérations avec les
armées
- renforcer les partenariats en matière de DIH avec les
armées étrangères et les
organisations internationales
|
2014-2015
2015
|
|
Conditions de mise en oeuvre :
Pilotage
Directeur central ; Directeur central Adjoint ; Sous direction
ressources humaines (bureau mise en formation), Sous direction appui à
l'activité (bureau des affaires juridiques) ; Sous direction plan
capacité (bureau coopération internationale) ; Division
performance synthèse (bureau études et prospective).
Partenaires
SGA
SCA
CRF
Ecoles de Saint Cyr
Coetquidan
CICDE
IIDH
CIMM
Budget
101
Evaluation et amélioration de l'action
:
Retour d'expérience.
Evolution des réflexions relatives au DIH (rapports,
articles, études).
102
Fiche-Action 9: Porter les valeurs du DIH
au sein de la communauté médicale
militaire
Contexte :
Le SSA évolue souvent dans un cadre multinational. Les
alliés de la France ont ratifié les conventions de Genève.
Certains alliés semblent néanmoins adopter une position
ambigüe à l'égard du droit. Les disparités dans
l'application du DIH sont de nature à délégitimer l'action
de la coalition mais aussi à troubler les personnels du SSA dans leur
application du DIH et à les faire douter du bien fondé de
celui-ci.
Objectifs :
- adopter une position active pour promouvoir une application
stricte du DIH
- condamner fermement les infractions au DIH
- favoriser la prise en compte du DIH dans la doctrine militaire
de l'OTAN et de l'UE
- réduire les disparités dans l'application du DIH
au sein de la coalition
Priorité :
- Très prioritaire - Prioritaire
- Importante
Mesures opérationnelles :
Action
|
Etat de l'action
|
- participer aux séminaires, conférences et
congrès organisés par
l'OTAN et l'Union Européenne (UE)
- participer aux séminaires, conférences et
congrès organisés par les
institutions spécialisées (CIMM, IIDH)
|
renforcement d'action renforcement d'action
|
|
- développer des partenariats avec les armées
étrangères en matière de DIH
- s'appuyer sur les représentants du SSA français
à l'OTAN pour promouvoir la prise en compte du DIH au sein de la
doctrine de l'OTAN (La France préside depuis novembre 2012 le
comité des chefs de service de santé militaire de l'OTAN pour un
mandat de 3 ans, et dispose de plusieurs postes au sein de l'organisation.)
|
action nouvelle action nouvelle
|
|
- s'appuyer sur les représentants du SSA français
au sein de l'UE pour promouvoir la prise en compte du DIH au sein de la
doctrine militaire de l'UE.
- implanter un conseiller juridique du SSA au sein des 58
postes
juridiques de l'OTAN (en partenariat avec le SCA) et au sein de
la politique de sécurité et de défense commune de l'UE
|
action nouvelle action nouvelle
|
|
- mettre en place des conseillers juridiques
opérationnels
|
action nouvelle
|
|
Etapes et échéanciers :
Echéances
à toutes les étapes
Etapes
- évaluation de l'action
- porter les valeurs du DIH au sein des organisations
internationales par l'intermédiaire de nos représentants pour
renforcer sa prise en compte dans la doctrine de l'OTAN et de l'UE
|
103
- analyse des couts
- participer aux conférences et séminaires
organisés par l'OTAN, l'UE, le CIMM et l'IIDH
|
2014-2015
|
- mettre en place un soutien juridique en opération
- implanter des conseillers juridiques spécialisés
en DIH au sein des organisations internationales (sur les postes
réservés au SCA).
|
2015
2016
|
|
Conditions de mise en oeuvre :
Pilotage
|
Partenaires
|
Budget
|
Cout estimé
|
Directeur central ; Directeur central adjoint ; Sous direction
ressources humaines (bureau mise en formation), Sous direction appui à
l'activité (bureau des affaires juridiques) ; Sous division plan
capacité (bureau coopération internationale) ; Division
performance synthèse (bureau études et prospective)
|
SGA SCA OTAN UE IIDH CIMM
|
A déterminer
|
A déterminer
|
|
|
|
Evaluation et amélioration de l'action
:
Evolution des réflexions relatives au DIH (rapports,
articles, études). Retour d'expérience.
104
Annexe 1: La justice pénale internationale
Le refus d'impunité a conduit la
société internationale à mettre en place un arsenal
juridique pour protéger les victimes de la guerre capable de juger les
Etats et les individus.
? La compétence des juridictions pénales
internationales pour juger les crimes de
guerre
La Cour internationale de justice, instituée par
l'article 92 de la charte des nations Unies, connait des atteintes au DIH des
Etats224. Mais la mise en cause de la responsabilité
personnelle des individus n'est apparue qu'en 1945 avec la mise en place du
Tribunal international militaire de Nuremberg225. Il fallut ensuite
attendre la fin de la guerre froide pour redonner une dynamique à la
création de juridictions pénales internationales. On a alors mis
en place des tribunaux pénaux ad `hoc qui exercent des
compétences matérielle, temporelle et territoriale
précises définies dans leurs statuts pour juger les responsables
des infractions graves au DIH226. Puis les juridictions mixtes
apparaissent227. Elles sont créées par un accord
bilatéral entre l'ONU et l'Etat concerné. La chambre est
composée de magistrats nationaux et internationaux et elle siège
dans ledit Etat. Le 17 juillet 1998 le traité de Rome crée la
Cour Pénale Internationale (CPI) entrée en vigueur en 2002. Au
1er mai 2014, sur 193 Etats 139 l'ont ratifié228.
Cette cour peut être saisie par le Conseil de Sécurité, par
un Etat membre ou par le procureur proprio mutu. Elle est
compétente concernant les violations du DIH commise par un national d'un
Etat membre ou sur le territoire d'un Etat membre. Elle ne peut exercer sa
compétence que lorsque les juridictions internationales n'ont pas la
volonté ou la compétence pour juger de tels
crimes229.
224 Avant, la CIJ, le Traité de Versailles (1919) avait
déjà institué la Cour Permanent de Justice avec la
même compétence.
225 Le tribunal militaire international de Nuremberg siège
du 20 novembre 1945 au 01 octobre 1946.
226 Conseil de Sécurité, résolution 827
du 25 mai 1993 : le TPIY est destiné à juger les personnes
présumées coupables de violations graves du DIH commises sur le
territoire de l'ex-Yougoslavie depuis 1991 (statut du TPIY articles 2 à
5). Conseil de sécurité, résolution 955 du 8 novembre 1994
: le TPIR est destiné à juger les personnes ; responsables
d'actes de génocide et d'autres violations grave du DIH commis sur le
territoire du Rwanda, ou par des citoyens rwandais sur le territoire d'Etats
voisins entre le 1er janvier et le 31 décembre 1994.
227 Chambres extraordinaires chargées de la poursuite des
crimes commis par les Khmers rouges au Cambodge entre 1975 et 1979 (2003),
Tribunal spécial pour la Sierra Leone (2000), Chambres spéciales
du Timor Leste (2000), Chambre pour les crimes de guerre en
Bosnie-Herzégovine (2004), le Tribunal spécial irakien (2003).
228Coalition pour la CPI, 2014,
www.iccnow.org
229 Bourdon W., Duverger E., La Cour Pénale
Internationale. Le Statut de Rome, Seuil, 2000- Delmas-Marty M., La
cour pénale internationale et les interactions entre droit interne et
international, RSC 2003, n°1.
? La compétence des juridictions nationales pour
juger les crimes de guerre
105
Afin de soutenir la souveraineté des Etats, la
compétence des tribunaux nationaux demeure la règle. Selon le
principe de complémentarité, la compétence d'un tribunal
étranger ou d'un tribunal international ne peut être retenue que
lorsque les tribunaux nationaux ne sont pas en mesure de répondre de
manière satisfaisante au besoin de justice. La compétence
universelle se développe donnant vocation aux tribunaux de tout Etat sur
lequel se trouve l'auteur de l'infraction, à connaitre d'une telle
infraction, quel que soit le lieu de sa perpétration et la
nationalité de l'auteur ou de la victime230.
En France, les crimes de guerre font l'objet d'une
qualification pénale231. En temps de paix, les infractions
commises par des militaires relèvent des juridictions de droit commun.
Le procureur de la République, le juge d'instruction et la cour
d'assises de Paris sont compétents. Cette cour d'assise
spécialisée dans les affaires militaires comprend des magistrats
civils et appliquent les règles de procédure de droit
commun232. La France ne reconnait pas en revanche
l'imprescriptibilité des crimes de guerres, la justice peut donc
être saisie dans les 30 années suivant la commission de
l'infraction par toute personne233.
230 Loi n° 2011-1862 du 13 décembre 2011 relative
à la répartition des contentieux et à l'allègement
de certaines procédures juridictionnelles, chapitre VIII.
231 Code Pénal, Livre IV bis, Des crimes et des
délits de guerre.
232 Loi n° 2011-1862 du 13 décembre 2011 relative
à la répartition des contentieux et à l'allègement
de certaines procédures juridictionnelles, chapitre VIII.
233 La France n'a pas ratifiée la Convention sur
l'imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre
l'Humanité dont le génocide de 1968. Mais les crimes contre
l'humanité sont considérés comme imprescriptibles (Loi
64-1326).
106
Annexe 2: Historique du DIH, de la guerre
juste à la guerre justifiée
Les étapes de la construction du DIH permettent de
mettre en relief la nature de ce droit, soumis à la volonté des
Etats et donc au compromis, et son essence, en ce qu'il entend limiter les
souffrances de l'Homme dans la guerre.
? une volonté très ancienne de limiter les
souffrances dans la guerre
Le Code d'Hammourabi prévoit dès 1750 avant
Jésus-Christ des règles de conduite pour limiter les souffrances
de la guerre.
Les religions monothéistes abordent toutes la question
de la conduite de la guerre. L'Islam prévoit dans le verset 190 de la
sourate 2 du Coran un principe qui limite la lutte menée par les
musulmans aux seuls combattants de la partie adverse.234
Le judaïsme opère une distinction fondamentale
entre la guerre obligatoire235 et la guerre
optionnelle236 qui doit être autorisée et dont les
moyens sont limités. Le Deutéronome cinquième livre du
Pentateuque - la Torah - constitue les lois civiles et religieuses applicables
en 622 avant Jésus-Christ.
Les grands principes chrétiens de la guerre juste
ont été surtout délivrés par les écrits
de Saint Augustin (La cité de Dieu, XV, 5), fortement
inspirés de Saint Ambroise et de Saint Thomas d'Aquin. Trois conditions
majeures sont exigées par les théoriciens pour lancer une guerre
juste. Tout d'abord, une guerre juste doit avoir une cause juste : elle doit
être soit défensive, soit pénale, soit de charité,
soit effectuée pour le bien commun. La guerre doit ensuite être
déclenchée par une autorité supérieure
compétente. Enfin, concernant le jus in bello, la guerre doit
être conduite avec une « intention droite » et ne pas
se laisser guider par la haine ou le
234 Ben Achour Y., La civilisation islamique et le droit
international, RGDIP, n°1/2006, p19 à 39.
235 Elles sont de trois types : les guerres conduites contre
les sept tribus Cananéennes, sorte de guerre totale, la guerre contre
Analek, guerre de mémoire contre les ennemis du peuple juif, et la
guerre préventive qui repose sur le verset qui traite de la menace
« si quelqu'un vient te tuer, tue le en premier » (Exode 22 ; 1).
236 Guerres menées pour étendre le territoire et le
prestige d'Israel.
107
profit. Elle doit se conformer au principe de
proportionnalité et ne pas générer de dommages plus
importants que celui auquel on voulait remédier. 237
? L'apport des philosophes et jurisconsultes
Hugo Grotius, jurisconsulte Hollandais contemporain de la
guerre de trente ans, dans son Droit de la guerre et de la paix,
rassemble et ordonne les préceptes de ses prédécesseurs
théologiens.238 Le droit de tuer ne doit pas comprendre les
enfants, les femmes, les vieillards et tous ceux « dont le métier
est animé de la paix et non de la guerre ». Grotius affirme
déjà que l'on ne doit tuer l'ennemi ou porter atteinte à
ses biens que par nécessité. Emeric de Vattel, dans son livre
Le droit des gens ou principe de la loi nouvelle appliqués à
la conduite et aux affaires des nations et des souverains, déclare
obligatoires dès 1758 les règles de Grotius et rajoute que
l'ennemi qui rend les armes et cesse de résister ne peut être
tué. Le siècle des lumières dénonce ensuite
fortement le fléau de la guerre. Jean Jacques Rousseau entrevoit
l'impératif de distinction entre les combattants et les non combattants
et le principe de nécessité qui fonderont plus tard le droit
international humanitaire (DIH). La dimension théorique de ces
thèses ne leur permet pas de réglementer directement les
opérations militaires. Cependant, elles constituent une base
éthique dont la combinaison avec les sources religieuses et culturelles
vont influencer des propositions juridiques individuelles et
étatiques.
? Une impulsion décisive délivrée
par deux initiatives individuelles primordiales
En 1861 aux Etats-Unis Franz Lieber, professeur de sciences
politiques à l'Université de Columbia de New York, rédigea
à la demande du Président Abraham Lincoln un recueil
d'Instructions pour les armées en campagne, qui fut soumis
à une commission d'officiers d'Etat-major et approuvé par le chef
de l'Etat. Le code Lieber fut donc appliqué pendant la guerre civile de
1861 à 1865. Ce document constitue encore aujourd'hui le texte le plus
complet applicable à un conflit non international. Ses 157 articles
codifient les principes et coutumes de la guerre, tels que formulés par
les philosophes. On y retrouve l'obligation de n'attaquer que les
237 Chesterman S., Just War or just peace? Humanitarian
Intervention and international law, Oxford University press, 2001, 295p -
Walzer M., Guerres justes et injustes, trad. S.Chambon et A. Wicke,
collection Folio Essais, Gallimard, 2006, 601p.
238 Il pose une série de principes et consacre une
large part de son ouvrage à « la modération dont on doit
user dans une guerre même juste » (livre III, chapitre XI à
XIV). Grotius H., Droit de la guerre et de la paix (1625), trad.
Pradier Fodéré P., PUF, 2nde ed, 2012.
108
ennemis portant une arme (article 15) et de traiter
humainement les prisonniers et les blessés (articles 22 à 34).
En 1859, de l'autre coté de l'Atlantique Henry Dunant,
homme d'affaire genevois, assiste à la bataille de Solferino. Il
s'émeut des souffrances des soldats autrichiens, français et
italiens dans ce conflit international que constitue la guerre pour
l'unité italienne. 6000 morts et 40 000 blessés, c'est la plus
grande hécatombe depuis Waterloo. Face à l'absence de dispositif
pour protéger les blessés sur le champ de bataille, Dunant
organise avec des femmes charitables un service de secours de fortune
auprès des blessés. De retour à Genève, il
décrit l'horreur du champ de bataille dans un ouvrage publié en
1862, Souvenirs de Solferino239. Dunant dépeint la
bataille puis les souffrances provoquées par celle-ci. Il conclut par
deux propositions. La première concerne la création
d'organisations bénévoles240. La seconde vise la
reconnaissance et la protection de ces sociétés par des textes
juridiques internationaux. 241 L'accueil de ce livre fut
contrasté mais en 1863, Henry Dunant fonde néanmoins avec quatre
de ses amis le Comité International de Secours aux Blessés
qui sera rebaptisé Comité International de la Croix
Rouge peu après.242 Il organise ensuite un
congrès auquel assiste 16 Etats dont la France.
? La première conférence de
Genève
Le Conseil Fédéral de Suisse convoque ensuite la
première conférence de Genève relative au DIH. Le 22 aout
1864, la première convention de Genève est signée et
ratifiée par la majorité des Etats. Ce texte a pour but principal
la protection des victimes de la guerre. Dès lors, on dénommera
couramment le droit ayant pour objet la protection des victimes, droit de
Genève. Le signe distinctif adopté est une croix rouge sur fond
blanc en hommage au rôle joué par la Suisse dans la construction
du DIH. Ce symbole devra être apposé sur les ambulances et les
hôpitaux et porté par les personnels de secours.
Plusieurs textes viennent ensuite renforcer le droit de
Genève. L'Institut de Droit International, crée en 1873, adopte
un Manuel des lois de la guerre sur terre en 1880 à
Oxford243. L'institut offre ainsi aux gouvernements un manuel «
propre à servir de base, dans chaque Etat, à une
législation nationale conforme à la fois aux progrès de la
science juridique et aux besoins des
239 Croix Rouge Suisse, 14e éd., 1986, 159p.
240 « n'y aurait-il pas moyen de fonder des
sociétés volontaires de secours qui aurait pour but de donner ou
de faire donner, en temps de guerre des soins aux blessés » Dunant,
H., Souvenirs de Solférino, 1862 dans Croix Rouge Suisse,
14e éd., 1986, 159p.
241 Harouel V, Histoire de la Croix-Rouge, coll « Que
sais-je ? » n°831, PUF, 1999, 127p.
242 Harouel V, Histoire de la Croix-Rouge, coll « Que
sais-je ? » n°831, PUF, 1999, 127p.
243 Annuaire de l'Institut, 1881-1882, vol.5, p156-174 dans
Bettati M., Droit Humanitaire, coll. Précis, Dalloz, Paris
2012, p 11.
109
armées civilisées ». Il insiste
sur l'importance de la diffusion de ce droit dans les armées. Les 86
articles de ce manuel s'inspirent largement du Code Lieber. En 1884, un
Précis des lois de la guerre sur terre à l'usage des
officiers français reprend les principes du manuel d'Oxford. Ce
précis de Jules Guelle est illustré d'exemples destinés
à faciliter sa mise en oeuvre par les élèves-officiers de
l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr.244
La codification du DIH sera ensuite liée aux secousses
sismiques qui ont ébranlées la société
internationale.
? Avant la première guerre mondiale
La convention de la Haye adoptée en 1899 a pour
principal apport, à travers la clause Martens, de rendre le respect de
toutes les valeurs fondamentales universelles obligatoires juridiquement car
elles constituent du droit en devenir245. La conférence de la
Haye de 1907, quant à elle, pose les jalons d'un nouveau principe en
droit des conflits armés selon lequel le recours à la force ne
peut plus être automatique. Ces textes n'empêcheront pourtant pas
la Grande Guerre.
? Au lendemain de la première guerre
mondiale
La prévention de la guerre devient alors le principal
objectif de la Société des Nations (SDN), au détriment du
développement du DIH246. En 1928, le Pacte
négocié entre le français Aristide Briand et
l'américain Franck Kellog proclament solennellement que les signataires
condamnent et renoncent au recours à la guerre pour le règlement
des différents internationaux. La guerre internationale devient
illégale. En 1929, la deuxième conférence de Genève
adopte une convention pour l'amélioration du sort des blessés et
des malades dans les armées en campagne, et une autre relative au
traitement des prisonniers de guerre. Elles consacrent
244 Guelle J., Précis des lois de la guerre sur
terre, commentaire pratique à l'usage des officiers de l'armée
active, de la réserve et de la territoriale, dans Bettati M.,
Droit Humanitaire, coll. Précis, Dalloz, Paris 2012, p12.
245 En effet la clause Martens, qui doit son nom au
délégué russe à cette conférence
Frédéric Formhod Martens, dispose que : « En attendant
qu'un code plus complet des lois de la guerre puisse être
édicté, les Hautes Parties contractantes jugent opportun de
constater que, dans les cas non compris dans les dispositions
réglementaires adoptées par elles, les populations et les
belligérants restent sous la sauvegarde et sous l'empire des principes
du droit des gens, tels qu'ils résultent des usages établis entre
nations civilisées, des lois de l'humanité et des exigences de la
conscience publique. » Première convention de la Haye,
1899.
246 La SDN est créée en 1919 lors du
traité de Versailles. Le mouvement Amsterdam-Pleyel mené par
Romain Rolland et Henri Barbusse a pour objet l'abolition de la
compétence de la guerre.
110
l'admission de deux nouveaux emblèmes : le
Croissant-Rouge et le Lion et le Soleil Rouge pour la Perse. Cependant, la mise
hors la loi des conflits internationaux à échoué. La
seconde guerre mondiale est un conflit d'un nouveau genre qui a provoqué
le décès de 24 millions de civils.
? Au lendemain de la seconde guerre mondiale
En 1945, les représentants de 50 pays se sont
rencontrés à San Francisco pour élaborer la Charte des
Nations Unies. La Charte fut signée le 26 juin 1945. L'Organisation des
Nations Unies (ONU) est créée pour « préserver
les générations futures du fléau de la guerre qui deux
fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à l'humanité
d'indicibles souffrances »247. Elle repose sur le principe
d'égalité souveraine des Etats et prévoit que le recours
à la force est interdit sauf en cas de légitime défense ou
s'il est autorisé par le conseil de sécurité de
l'ONU248. Sachant que la paix ne peut pas être assurée
de façon certaine, les membres de l'ONU démontrent la
volonté d'édicter des règles nouvelles de DIH et de
réprimer les violations du DIH.
En 1949, le CICR et des experts gouvernementaux organisent la
révision du DIH à la lumière des récents conflits.
Ils incorporent le droit de Genève et le droit de la Haye dans quatre
conventions :
1. Convention relative à l'amélioration du sort
des blessés et des malades dans les forces armées en campagne.
2. Convention relative à l'amélioration du sort
des blessés, des malades et des naufragés dans les forces
armées sur mer.
3. Convention relative à la protection des prisonniers
de guerre.
4. Convention relative à la protection des personnes
civile.
247 Alinéa premier du Préambule de la Charte des
Nations Unies adoptées à San Francisco le 26 juin 1945.
248 Article 2 paragraphe 4 de la Charte des Nations Unies
adoptées à San Francisco le 26 juin 1945 : « les membres
de l'organisation s'abstiennent, dans leurs relations internationales, de
recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre
l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de
tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des
Nations Unies » et Articles 51 et 42 de la Charte des Nations Unies
adoptées à San Francisco le 26 juin 1945.
111
? Au lendemain de la décolonisation
A l'initiative du CICR, deux protocoles additionnels aux
conventions de Genève de 1949 furent adoptés le 10 juin 1977,
l'un relatif aux conflits armés internationaux, l'autre relatif aux
conflits armés non internationaux.
? Après la guerre froide
De nombreuses organisations non gouvernementales (ONG)
exercent alors une pression remarquée sur les gouvernements et poussent
parfois ceux-ci à conclure de nouveaux engagements. Les médias
sont friands d'humanitaires après le collapsus des idéologies et
les ONG sont ainsi relayées par l'opinion publique. En grande partie
adoptés par l'ONU ces textes forment le « droit de New York ».
Ils visent à limiter la fabrication, le stockage et l'usage de certaines
armes, mais aussi à réprimer les violations graves du DIH et
à renforcer la protection des personnes et des biens
particulièrement vulnérables pendant les conflits
armés249.
249 Cf. Statuts du Tribunal Pénal International pour la
Yougoslavie et du Tribunal Pénal pour le Rwanda adoptés par le
Conseil de Sécurité, Statut de la Cour Pénale
Internationale adopté à l'initiative de la Commission du droit
international des Nations Unies. Et Convention Internationale relative aux
droits de l'enfant, 1989.
112
Annexe 3: Historique du SSA et du DIH:
deux destins liés
? Historique du SSA et du DIH
Le SSA français est l'un des plus anciens parmi les
services de santé des armées du monde, consacré par
l'édit royal de 1708 qui a « porté création de
médecins et chirurgiens inspecteurs généraux, chirurgiens
majors des camps et armées, médecins et chirurgiens majors des
hôpitaux des villes et places de guerre, et des armées de terre
» 250. Cet acte a été désigné comme
l'acte fondateur du service mais le soutien sanitaire des forces armées
prend en réalité racine dans l'Antiquité même si son
développement a été chaotique jusqu'au XVIIIème
siècle.
A l'origine, alors que la valeur des armées se mesurait
à l'aune de la valeur individuelle de son chef, les médecins
étaient rattachés aux personnalités clés des
armées251. La naissance de la démocratie et
l'apparition d'armées nombreuses et structurées dans les
civilisations antiques permettront ensuite à l'ensemble des mercenaires
grecques et des légionnaires romains de bénéficier des
soins. En dépit de la présence de médecins et de
l'établissement « d'hôpitaux militaires » antiques, il
n'existe pas encore à cette époque de véritable service de
santé structuré252.
C'est au Moyen Age que se développeront les premiers
ordres hospitaliers militaires. En effet, malgré toute l'importance
délivrée au jugement divin et donc la stagnation des soins
médicaux, la nécessité de conserver des effectifs
entrainés pendant les Croisades rend l'émergence d'une
organisation médicale indispensable253.
Les siècles suivants vont s'ouvrir progressivement
à la science. Une lente structuration du soutien santé conduira
à l'Edit Royal en 1708. Mais en France le service de santé est
alors
250 Edit du ROY, donné à Versailles au mois de
janvier 1708, enregistré au parlement le 22 mars 1708.
251 L'assistance médicale des médecins
égyptiens ou mésopotamiens était réservée au
roi et à ses grands subordonnés.
252 Médecin en Chef Valérie Denux, La
médicostratégie : la place du domaine santé dans la
pensée militaire, Master de sciences historiques, philologiques et
religieuses, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 2008-2009, p10,11.
253 Médecin en Chef Valérie Denux, La
médicostratégie : la place du domaine santé dans la
pensée militaire, Master de sciences historiques, philologiques et
religieuses, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 2008-2009, p12.
113
subordonné à l'Intendance qui n'est pas
bienveillante à son égard, d'autant plus qu'il n'est pas
dirigé par les mêmes valeurs d'humanité. Le manque de
considération de la part du commandement conduira à l'inaptitude
du service de santé à répondre aux besoins grandissants
des armées.
Dans ce cadre, la Bataille de Solférino (1859) qui a
été déterminante dans la construction du DIH, a aussi
été décisive pour le SSA car elle a rompu le huit clos
entre le service de santé et le commandement en soumettant la
problématique des soins aux militaires au jugement de l'opinion
publique254. L'appel d'Henri Dunant, fort de son effroyable
spectacle, a démontré au niveau international la
nécessité de réorganiser le soutien sanitaire au sein des
conflits armés. La création du Comité international de la
Croix-Rouge en 1863 prouve que le peuple n'est plus prêt à
accepter les souffrances inutiles des soldats et que les services de
santé militaires ne sont pas efficaces puisqu'il est nécessaire
de mettre en place des organisations de secours privées. C'est ainsi que
les sociétés nationales de la Croix-Rouge sont
créées, à partir de 1864, pour être des
Sociétés de secours aux blessés sur le champ de bataille,
appelées à renforcer les capacités des services de
santé des Armées. Il faudra attendre 1889 pour que le service de
santé français devienne autonome255.
Ce n'est réellement qu'à partir de 1917, devant
les effroyables pertes des trois premières années de la grande
guerre que le service de santé des armées associé à
la Croix Rouge française va se restructurer améliorer son
efficacité256. Mais à l'image des armées, le
service de santé des armées ne saura pas s'adapter à la
guerre de mouvement de 1940. La seconde guerre mondiale et les mouvements
humanistes qui suivirent ce conflit constituèrent un tournant dans le
domaine de la santé comme dans le domaine juridique. En effet, à
partir de 1945 les armées commenceront à réellement
investir dans leur soutien santé qu'elles ne verront plus uniquement
comme un moyen de conserver les effectifs ou un devoir d'Etat mais comme un
devoir envers l'humanité.
Les guerres coloniales et les guerres de décolonisation
ouvriront ensuite l'extension des missions des services de santé avec la
mise en oeuvre de programmes d'aide médicale aux
254 Médecin en Chef Valérie Denux, La
médicostratégie : la place du domaine santé dans la
pensée militaire, Master de sciences historiques, philologiques et
religieuses, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 2008-2009, p13.
255 Loi de 1882 modifiée en 1889.
256 Projet de Loi sur le SSA, 1922. Classement provisoire cote
9NN631, DAT, SHD.
114
populations257. Les aspects du domaine de la
santé seront dès lors intégrés dans la
réflexion militaire.
Par ailleurs, le service de santé des armées
français commencera à réellement se structurer comme en
témoigne en 1962, la création d'une direction centrale des
services de santé. En 1968, les services de santé de la Marine
Nationale, de l'Armée de l'Air et de l'Armée de Terre fusionnent
en un seul service de santé des armées. C'est la voie qui s'ouvre
à une approche interarmées et donc globale de la prise en charge
médicale. Dans le même temps, le service de santé des
armées a fait sien le défi technique d'intégrer les
meilleures pratiques médicales. Aujourd'hui, son excellence est reconnue
et la voie vers un système cohérent et interarmées se
poursuit. Il forme dans ses écoles des personnels de santé de
haut niveau et aguerri. En 2011, les écoles de formation initiale
fusionnent pour créer l'École de Santé des Armées
(ESA), désormais le centre unique de formation initiale des
médecins et des pharmaciens des armées. L'Ecole du Personnel
Paramédical des Armées centralise depuis 1990 la formation des
infirmiers des armées. Le centre de formation santé
opérationnel (CEFOS) est mis en place à la Valbonne. La formation
dans tous ces centres de formation est coordonnée par l'Ecole du val de
Grâce.
? Un objectif commun au DIH et au SSA : la prise en
charge des souffrances des
blessés et malades au sein des conflits
armés
Le service de santé des armées est aujourd'hui
une véritable composante opérationnelle indispensable à la
conduite des opérations. Le soutien santé est devenu
dimensionnant pour les opérations militaires. Il a atteint sa
maturité technique et une capacité organisationnelle qui lui
permet de s'adapter aux évolutions de son environnement, tout en
continuant à porter les valeurs d'humanité258.
Le Projet de Service SSA 2020 adopté en 2013
prévoit que « La mission première du service de
santé des armées est le soutien santé opérationnel
des forces armées. C'est sa raison d'être, son coeur de
métier ». Le service de santé des armées est
responsable de la préservation des effectifs tout en maintenant
l'efficacité opérationnelle. L'impact du service de santé
des armées sur l'économie des vies humaines est indiscutable.
Pour cela il agit sur
257 Le commandement à l'image de Lyautey, estimait que
cela concourait à la « pacification des pays dont la France
avait la responsabilité ». Forissier R., Crise du soutien
sanitaire du corps de bataille français au cours de la retraite de
mai-juin 1940, Médecine et armées, 1999, 27, 8, p609.
258 Cf. Projet de Service SSA 2020.
115
quatre leviers principaux : le traitement des blessés et
des malades, la prise en charge de la population et le maintien du moral des
troupes.
Dans l'histoire, dès la structuration de
l'armée, le soin aux blessés apparait légitime et
noble259. Peu à peu l'évacuation des blessés et
la médicalisation de l'avant permettent une prise en charge remarquable
des blessés260.
Cependant, le traitement des malades est plus récent
car la médecine était très peu efficace avant l'ère
de la pasteurisation face aux épidémies et la maladie
apparaissait comme un signe de faiblesse et de lâcheté. Pourtant
Sun Zi avait déjà identifié l'importance de la lutte
contre les maladies : « Lorsqu'une armée ne souffre pas de cent
maladies, on dit qu'elle doit remporter la victoire 261».
En effet, les épidémies constituent une catastrophe sanitaire et
une paralysie pour les armées. Depuis l'intégration des
mécanismes infectieux, la part de morts de maladie est beaucoup plus
faible262. Mais les militaires sont toujours exposés à
des maladies spécifiques en opération, certaines pathologies
pourraient aussi renaitre ou apparaitre. L'épidémiologie et les
traitements curatifs des malades sont donc au coeur du soutien sanitaire.
La prise en charge de la population s'est
développée avec les guerres de colonisation. La phase de
pacification des territoires donnait une place particulière à
l'assistance médicale aux populations263. Pour Lyautey, le
médecin « est le premier et le plus efficace de nos agents de
pénétration et de pacification 264».
Quant à la préservation du moral des troupes,
elle est apparue au XXème siècle comme un effet miroir pour
déséquilibrer le moral de l'adversaire265. Le SSA
participe donc a la supériorité
259 A partir du XVIIe siècle les progrès
techniques de la chirurgie de guerre et de la médecine
générale permettent véritablement de sauver un maximum de
blessés. Médecin en Chef Valérie Denux, La
médicostratégie : la place du domaine santé dans la
pensée militaire, Master de sciences historiques, philologiques et
religieuses, Ecole Pratique des Hautes Etudes, 2008-2009, p 25.
260 Lors de la guerre des Malouines, en 1982, aucun
blessé ramassé vivant, du coté des anglais, n'est, par la
suite, décédé. Op. cit. (193) p26.
261 Sun ZI, L'art de la guerre, Trad. Nicquet Cabestan
V., p125
262 Pendant la grande guerre pour la première fois les
pertes pour maladie furent loin derrière celle des blessures. Les
services de santé ont largement limité la propagation des
maladies dans les tranchées. Hyacinthe Vincent (1862-1950), impose la
vaccination contre la typhoïde et éradique pratiquement cette
fièvre parmi les troupes françaises. L'Armée d'Orient
conduit aussi une lutte remarquable contre le paludisme.
263 Trinquier R., La guerre moderne, Economica, 2008.
264 Rey J.L., Service de Santé des Armées et
actions civilo-militaires au Kosovo ; de la théorie à la
pratique, Médecine et armées, 2001, 29,2.
265 Sun Zi expliquait que l'on pouvait attaquer le psychisme
collectif et individuel de l'ennemi par des méthodes appropriées.
Sun ZI, L'art de la guerre, Trad. Nicquet Cabestan V.
116
psychologique de la force même s'il n'a pas d'action
directe sur l'ennemi. Le commandement et les services de santé cherchent
donc à protéger le moral collectif. Le soutien sanitaire
participe en ce sens au bien-être du groupe. De plus, dès la
deuxième guerre mondiale, l'armée est analysée comme un
milieu social dont le fonctionnement particulier engendre des pathologies
psychiatriques aux aspects cliniques spécifiques266. On
identifie aujourd'hui des réactions psychologiques pouvant être
liées à un stress important vécu au combat267.
Les causes de ces troubles ont variés dans le temps mais il semble que
la société actuelle ait tendance à les
accroitre268. Au sein des conflits récents, la dimension
psychologique du soutien santé s'est donc largement
développée sous l'impulsion des psychiatres et du
commandement269. Cet aspect est traité dans le DIH par les
articles 16(2) et 75(2) PI qui interdisent les expériences
médicales ou scientifiques et les atteintes à
l'intégrité physique ou mentale des personnes. L'article 1 de la
convention contre la torture adopté en 1984 interdit aussi les
souffrances mentales infligées à des tiers afin d'obtenir des
renseignement270.
Le SSA participe donc à la limitation des souffrances
physiques et mentales des soldats et de la population au sein des conflits
armés. En raison des spécificités de sa mission et de son
environnement, le SSA a donc mis en place un code éthique
spécifique.
Ces textes mettent en relief la dualité
d'éthiques du personnel militaire de santé. Les médecins
militaires ont le souci de préserver les effectifs et de soutenir
l'action militaire tout en respectant la déontologie médicale et
le DIH.
266 Barbusse H., Le Feu dans Les grands romans de la
guerre de 14-18, Paris, Ed. Armand Colin, 1983.
267 Au Rwanda, un médecin témoigne que 60% des
militaires ayant participé aux travaux d'enfouissement de Goma ont
présenté des difficultés psychologiques à leur
retour. Raingeard, Regard d'un médecin d'unité sur sa
fonction d'hygiéniste mentale, Médecine et armées,
25, 5, 1997.
268 Ainsi, l'habitude du confort, la mise à mal du
patriotisme et la violence des combats peuvent nuire à la
résistance psychique des soldats. Juillet P., Moutin P., Psychiatrie
Militaire, Masson et Cie, 1969.
269Op. cit. (193) p31à36.
270 Article 1 Convention contre la Torture 1984. Voir aussi
article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949.
117
Annexe 4: Le SSA en opération
Situation au 1er Janvier 2014.
Source : site internet du ministère de la
défense.
Annexe 5: Organisation du soutien médical
en opération
118
Source : Site internet du ministère de la
défense.
119
Annexe 6: Analyse AVOT
Atouts
|
Opportunités
|
Comment utiliser les atouts du SSA et les
opportunités qui se présentent pour assurer une bonne application
du DIH par le
SSA
|
Valeurs historiques du SSA
|
Portée universelle du DIH
|
Promotion du DIH au niveau international
|
Valeurs françaises
|
Consolidation du lien SSA/Nation
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Promotion des valeurs du DIH au sein des
organisations internationales
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Renforcement des partenariats et collaboration en
matière de DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Renforcement de la proximité avec les armées
|
Ethique médicale intrinsèque au SSA
|
Portée universelle du DIH
|
-
|
Valeurs françaises
|
Consolidation du lien SSA/Nation
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Promotion de l'éthique médicale au sein des
organisations internationales
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Renforcement des partenariats et collaboration en
matière de DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Renforcement de la proximité avec les armées
|
Potentiel d'intégration au niveau stratégique du
DIH
|
Portée universelle du DIH
|
Promotion du DIH au niveau international
|
Valeurs françaises
|
Consolidation du lien SSA/Nation
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Promotion du DIH au sein des organisations internationales
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Renforcement des partenariats et collaboration en
matière de DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Renforcement de la proximité avec les armées
|
Bureau juridique dédié au SSA
|
Portée universelle du DIH
|
Promotion du DIH au niveau international
|
Valeurs françaises
|
-
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Promotion du DIH au sein des organisations internationales
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Renforcement des partenariats et collaboration en
matière de DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux
|
Renforcement des partenariats et collaboration en
matière de DIH
|
120
Atouts
|
Opportunités
|
Comment utiliser les atouts du SSA et les
opportunités qui se présentent pour assurer une bonne application
du DIH par le
SSA
|
|
armées
|
|
Doctrine d'emploi ancrée dans le DIH
|
Portée universelle du DIH
|
Promotion du DIH au niveau international
|
Valeurs françaises
|
-
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Promotion du DIH au sein des organisations internationales
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Renforcement des partenariats et collaboration en
matière de DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Renforcement de la proximité avec les armées
|
Ecoles de formation initiale et continue propres au SSA
|
Portée universelle du DIH
|
Intégration du DIH par tous les personnels du SSA
|
Valeurs françaises
|
Intégration du DIH par tous les personnels du SSA
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
-
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Renforcement des partenariats et collaboration en
matière de DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Renforcement de la proximité avec les armées
|
Port de l'emblème
|
Portée universelle du DIH
|
Promotion du DIH au niveau international
|
Valeurs françaises
|
Consolidation du lien SSA/Nation
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Promotion du DIH au sein des organisations internationales
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Collaboration renforcée avec la Croix-Rouge
française
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Renforcement de la proximité avec les armées
|
Dimension internationale du SSA
|
Portée universelle du DIH
|
Promotion du DIH au niveau international
|
Valeurs françaises
|
Consolidation du lien SSA/Nation
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Promotion du DIH au sein des organisations internationales
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Renforcement des partenariats et collaboration en
matière de DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Renforcement de la proximité avec les armées
|
121
Atouts
|
Menaces
|
Comment utiliser les atouts du SSA pour réduire
les menaces pesant sur l'application du DIH en son sein
|
Valeurs historiques du SSA
|
Evolution lente du DIH
|
Protection des victimes de guerre
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Garantie le respect des victimes
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Pression des armées
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
Protection des personnels du SSA quant aux poursuites
judiciaires
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Ethique médicale intrinsèque au SSA
|
Evolution lente du DIH
|
Protection des victimes de guerre
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Pression des armées
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
Protection des personnels du SSA quant aux poursuites
judiciaires
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Consolidation du respect des valeurs du DIH
|
Potentiel d'intégration au niveau
stratégique du DIH
|
Evolution lente du DIH
|
Anticipation et analyse des problématiques liées
à l'application du DIH
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Anticipation et analyse des problématiques liées
à l'application du DIH
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Anticipation et analyse des problématiques liées
à l'application du DIH
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Anticipation et analyse des problématiques liées
à l'application du DIH
|
122
Atouts
|
Menaces
|
Comment utiliser les atouts du SSA pour réduire
les menaces pesant sur l'application du DIH en son sein
|
|
|
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Définition stricte des situations de principe et
d'exception dans l'application du DIH
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Définition stricte des situations de principe et
d'exception dans l'application du DIH
|
Pression des armées
|
Définition stricte des situations de principe et
d'exception dans l'application du DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Définition stricte des situations de principe et
d'exception dans l'application du DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
Protection des personnels du SSA quant aux poursuites
judiciaires
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Anticipation et analyse des problématiques liées
à l'application du DIH
|
Bureau juridique dédié au SSA
|
Evolution lente du DIH
|
Capacité du SSA pour éclaircir les zones grises
du droit
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Capacité du SSA pour éclaircir les zones grises
du droit
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Capacité du SSA pour éclaircir les zones grises
du droit
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Capacité du SSA pour éclaircir les zones grises
du droit
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Définition stricte des situations de principe et
d'exception dans l'application du DIH
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Définition stricte des situations de principe et
d'exception dans l'application du DIH
|
Pression des armées
|
Définition stricte des situations de principe et
d'exception dans l'application du DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Définition stricte des situations de principe et
d'exception dans l'application du DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
Protection des personnels du SSA quant aux poursuites
judiciaires
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Capacité du SSA pour éclaircir les zones grises
du droit
|
Doctrine d'emploi ancrée dans le DIH
|
Evolution lente du DIH
|
Consolidation du référentiel DIH
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Consolidation du référentiel DIH
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Consolidation du référentiel DIH
|
123
Atouts
|
Menaces
|
Comment utiliser les atouts du SSA pour réduire
les menaces pesant sur l'application du DIH en son sein
|
|
|
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Consolidation du référentiel DIH
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Consolidation du référentiel DIH
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Consolidation du référentiel DIH
|
Pression des armées
|
Consolidation du référentiel DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Consolidation du référentiel DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
Protection des personnels du SSA quant aux poursuites
judiciaires
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
|
Ecoles de formation initiale et continue propres au
SSA
|
Evolution lente du DIH
|
Apprentissage des règles de DIH facilité
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Renforcement de la formation concernant l'application du DIH
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Renforcement de la formation concernant l'application du DIH
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Renforcement de la formation concernant l'application du DIH
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Renforcement de la formation concernant l'application du DIH
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Renforcement de la formation concernant l'application du DIH
|
Pression des armées
|
Renforcement de la formation concernant l'application du DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Renforcement de la formation concernant l'application du DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
Réponse à une obligation légale
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Renforcement de la formation concernant l'application du DIH
|
Port de l'emblème
|
Evolution lente du DIH
|
Symbole de l'attachement au DIH
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Symbole de l'attachement au DIH et protection
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Symbole de l'attachement au DIH et protection
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Symbole de l'attachement au DIH et protection
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Symbole de l'attachement au DIH et protection
|
124
Atouts
|
Menaces
|
Comment utiliser les atouts du SSA pour réduire
les menaces pesant sur l'application du DIH en son sein
|
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Symbole de l'attachement au DIH
|
Pression des armées
|
Symbole de l'attachement au DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Symbole de l'attachement au DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
Symbole de l'attachement au DIH et protection juridique
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Complexification du rapport à l'emblème
|
Dimension internationale du SSA
|
Evolution lente du DIH
|
Promotion des valeurs du DIH
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Analyse des problématiques de DIH en réseau
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Analyse des problématiques de DIH en réseau
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Promotion des valeurs du DIH
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Anticipation des problématiques liées à
l'application du DIH en réseau
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Promotion des valeurs du DIH
|
Pression des armées
|
Renforcement de la proximité avec les armées
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Analyse des problématiques de DIH en réseau
|
Judiciarisation des conflits
|
_
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Promotion des valeurs du DIH
|
125
Vulnérabilités
|
Menaces
|
Les risques pesant sur l'application du DIH au sein du
SSA
|
Diversité des statuts du personnel du SSA
|
Evolution lente du DIH
|
zones grises du droit
|
Complexité des situations opérationnelles
|
zones grises du droit
|
Evolutions techniques et technologiques
|
zones grises du droit
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Confusion dans l'application du DIH
|
Pression des armées
|
Confusion dans l'application du DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
_
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
zones grises du droit
|
Pas de formation continue en DIH au sein du SSA
|
Evolution lente du DIH
|
_
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Etendue de la typologie des missions du SSA Projections
d'urgence et ouverture de théâtres
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Confusion dans l'application du DIH
|
Pression des armées
|
Confusion dans l'application du DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
Poursuites judiciaires
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Absence de soutien juridique
opérationnel dédié
|
Evolution lente du DIH
|
Sentiment d'être démuni
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Complexité dans l'application du DIH/sentiment
d'être démuni
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Complexité dans l'application du DIH/sentiment
d'être démuni
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Complexité dans l'application du DIH
|
126
Vulnérabilités
|
Menaces
|
Les risques pesant sur l'application du DIH au sein du
SSA
|
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Complexité dans l'application du DIH/sentiment
d'être démuni
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Confusion dans l'application du DIH/remise en cause du bien
fondé du DIH
|
Pression des armées
|
Confusion dans l'application du DIH/sentiment d'être
démuni
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Complexité dans l'application du DIH/sentiment
d'être démuni
|
Judiciarisation des conflits
|
Poursuites judiciaires
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Pas de
compagnonnage en
DIH
|
Evolution lente du DIH
|
_
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Complexité dans l'application du DIH/sentiment
d'être démuni
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Complexité dans l'application du DIH/sentiment
d'être démuni
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Complexité dans l'application du DIH/sentiment
d'être démuni
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Confusion dans l'application du DIH
|
Pression des armées
|
Confusion dans l'application du DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Complexité dans l'application du DIH/sentiment
d'être démuni
|
Judiciarisation des conflits
|
_
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Complexité dans l'application du DIH
|
Peu de relation sur le sujet avec les armées
|
Evolution lente du DIH
|
_
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Non prise en compte des spécificités du statut de
non combattant par les armées
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Faible prise en compte du DIH dans l'évaluation des
nouveaux moyens de guerre
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
_
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
_
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Non prise en compte des spécificités du statut de
non combattant par les armées
|
127
Vulnérabilités
|
Menaces
|
Les risques pesant sur l'application du DIH au sein du
SSA
|
|
Pression des armées
|
Non prise en compte des spécificités du statut de
non combattant par les armées
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Non prise en compte des spécificités du statut de
non combattant par les armées
|
Judiciarisation des conflits
|
Poursuites judiciaires
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Non prise en compte des spécificités du statut de
non combattant par les armées
|
Manque de RETEX sur le DIH
|
Evolution lente du DIH
|
Pas d'adaptation du DIH au nouveau contexte
opérationnel
|
Complexité des situations opérationnelles
|
Evaluation inadaptée des problématiques de DIH
|
Evolutions techniques et technologiques
|
Evaluation inadaptée des problématiques de DIH
|
Etendue de la typologie des missions du SSA
|
Evaluation inadaptée des problématiques de DIH
|
Projections d'urgence et ouverture de théâtres
|
Evaluation inadaptée des problématiques de DIH
|
Non-respect du DIH par certains adversaires et alliés
|
Confusion dans l'application du DIH
|
Pression des armées
|
Confusion dans l'application du DIH
|
Effets psychologiques de la guerre
|
Manque d'anticipation des problématiques de DIH
|
Judiciarisation des conflits
|
_
|
RETEX des derniers conflits pour les armées
|
Manque de prise en compte des problématiques de DIH
liées aux soins de santé
|
128
Vulnérabilités
|
Opportunités
|
Comment utiliser les opportunités pour
réduire les vulnérabilités quant à l'application
du DIH par le SSA
|
Diversité des statuts du personnel du SSA
|
Portée universelle du DIH
|
Intégration du DIH facilitée
|
Valeurs françaises
|
Intégration du DIH facilitée
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
_
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Aide dans la diffusion du DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Aide dans la diffusion du DIH
|
Pas de formation continue en DIH au sein du SSA
|
Portée universelle du DIH
|
_
|
Valeurs françaises
|
_
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
_
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Aide dans la formation en DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Aide dans la formation spécialisée en DIH
|
Absence de soutien juridique
opérationnel dédié
|
Portée universelle du DIH
|
Légitimité de la mise en place d'un soutien
opérationnel dédié
|
Valeurs françaises
|
Légitimité de la mise en place d'un soutien
opérationnel dédié
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Coopération multinational en matière de DIH
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Coopération civil et militaire en matière de DIH/
Coordination avec les partenaires des
soins de santé
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Renforcement de la proximité avec les armées
|
Pas de compagnonnage en DIH
|
Portée universelle du DIH
|
Communication autour du DIH facilitée
|
Valeurs françaises
|
Communication autour du DIH facilitée
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Communication autour du DIH facilitée
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Communication autour du DIH facilitée/préparation
à l'application du DIH plus aisée
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Communication autour du DIH facilitée/préparation
à l'application du DIH plus aisée
|
129
Vulnérabilités
|
Opportunités
|
Comment utiliser les opportunités pour
réduire les vulnérabilités quant à l'application
du DIH par le SSA
|
Peu de relation sur le sujet avec les armées
|
Portée universelle du DIH
|
Intégration du DIH facilitée
|
Valeurs françaises
|
Intégration du DIH facilitée
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
Intérêt et intégration du DIH
facilités
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Aide dans la diffusion du DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Aide dans la diffusion du DIH
|
Manque de RETEX sur le
DIH
|
Portée universelle du DIH
|
Identification des problématiques de DIH plus
aisée
|
Valeurs françaises
|
Identification des problématiques de DIH plus
aisée
|
Importance accordée par les organisations
internationales
|
RETEX en DIH favorisé dans la doctrine internationale
|
Partenariats ou collaborations du SSA
|
Diffusion de l'intérêt et des procédure de
RETEX en matière de DIH
|
Renforcement du lien avec le commissariat aux armées
|
Diffusion de l'intérêt et des procédure de
RETEX en matière de DIH
|
130
Annexe 7: Procédure de sauvetage au
combat
La méthode pédagogique retenue pour
dérouler la procédure chronologique est l'utilisation de
l'acronyme mnémotechnique SAFE-MARCHE-RYAN. Cette méthode aide
à la réalisation systématique et
hiérarchisée d'actions élémentaires de la prise en
charge du blessé de guerre. Tout ce qui sauve le blessé dans les
premières minutes y figure.
SAFE:
S= Stop the burning process : Savoir
répliquez par les armes
A= Assess the scene: Appréhender la
scène dans sa globalité y compris tactique F =
Free of danger for you: Vous et le blessé êtes à l'abri
E= Evaluate for ABC: Airway (rechercher et
traiter une obstruction des voies aériennes), Bleeding (garrot),
Cognition(PLS)
MARCHE :
M= Massive bleeding control (garrot tactique,
pansement compressif, ceinture pelvienne, suture)
A= Airway (subluxation, nettoyage cavité
buccale, Guédel, coniotomie)
R= Respiration (1/2 assis, oxygène,
exsufflation, pansement 3 côtés, intubation)
C = Choc, pas de pouls radial (perfusion,
remplissage, adrénaline titrée)
H= Head, le blessé ne répond pas
ou mal (PLS, SSH, intubation)
H = Hypothermie (mise au sec, isoler du sol,
couverture, chaufferette)
E = Evacuation (avec le chef de groupe)
131
RYAN :
R= Réévaluation des
blessés
Y= examen des yeux et de la sphère ORL
(couvrir sans pression le globe oculaire, examiner les oreilles)
A= Analgésie pour une EVASAN supportable
(immobilisation, morphine)
N = Nettoyer et parer les plaies (pansement
simple, pansement abdominal)
132
Bibliographie
Livres :
Alain, Mars ou la guerre jugée, Gallimard,
coll. « follio-essais », 1995.
Aristote, Ethique à Nicomaque, trad.
Brodéus R., GF, Flammarion, 2004.
Attias C., Philosophie du droit, PUF, 3e
éd., 2012.
Barbusse H., Le Feu dans Les grands romans de la
guerre de 14-18, Paris, Ed.
Armand Colin, 1983.
Bettati M., Droit Humanitaire, coll. Précis,
Dalloz, Paris 2012.
Bourdon W., Duverger E., La Cour Pénale
Internationale. Le Statut de Rome, Seuil,
2000
Bryman A., Social research methods, 3rd ed., Oxford
university press, Oxford, 2008.
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Le droit international humanitaire (DIH) et le Service de
Santé des Armées (SSA) français ont ceci en commun qu'ils
cherchent tous deux à limiter les souffrances de l'Homme dans la guerre.
Alors que la guerre change de visage, les personnels du SSA seront de plus en
plus confrontés à des situations opérationnelles complexes
qui conduisent à des questionnements juridiques et éthiques
lourds. Dans ce contexte, l'intégration et l'application du DIH par le
personnel du Service sont primordiales car elles protègent la vie
humaine et répondent à des obligations juridiques, mais aussi
parce qu'elles permettent de résoudre des conflits éthiques dans
des situations d'urgence. Le retour d'expérience de l'opération
Enduring Freedom en Afghanistan a permis de souligner l'importance d'organiser
la diffusion, la formation et l'application du DIH. Grâce à cette
étude nous pouvons nous interroger sur la manière la plus
efficiente d'organiser le soutien en DIH afin d'assurer la bonne application
des règles de droit dans les situations complexes par tous les
personnels employés par le SSA.
Après une description de la méthodologie
employée, cette étude propose donc une analyse de la diffusion,
de l'enseignement, de la compréhension et des conditions d'application
du DIH au sein du SSA sous forme AVOT de l'anglais de l'anglais Assets
(atouts), Vulnerabilities (vulnérabilités), Opportunities
(opportunités), Threats (menaces) 271. Cette analyse repose sur une
analyse détaillée d'entretiens menés avec
différents acteurs du soutien santé et du DIH, de la doctrine et
des textes juridiques. Il s'agit d'identifier les atouts et les
vulnérabilités quant à l'application du DIH au sein du SSA
ainsi que les menaces que l'environnement opérationnel fait peser sur
l'application du DIH par les personnels du SSA, et les atouts disponibles pour
tirer partie des opportunités qui s'offrent à lui au niveau
national et international. Puis à partir d'une analyse croisée de
ces données, une discussion autour du cap qu'il serait souhaitable de
fixer à l'organisation du DIH au sein du SSA nous permet
d'établir les huit enjeux majeurs relatifs à une telle
organisation afin de proposer neuf recommandations déclinées sous
forme de fiche-action.
Mots clefs : service de santé des armées, droit
international humanitaire, soutien santé des opérations
militaires, soutien juridique opérationnel, analyse AVOT.
271 Une nouvelle doctrine de l'analyse SWOT.
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