Annexes
Annexes 1 : La « Charte de Tunis »
Nous, citoyennes et citoyens, associations et mouvements en lutte
contre des Grands
Projets Inutiles Imposés,
Nous constatons que :
ces projets constituent pour les territoires concernés un
désastre écologique, socio-économique et humain :
destruction de zones naturelles, de terres agricoles et du patrimoine
bâti, nuisances et dégradation de l'environnement avec des impacts
négatifs importants pour les habitants,
ces projets n'intègrent jamais la participation effective
de la population à la prise des décisions, et la privent de
l'accès aux medias,
face au profond désaccord social que ces projets
suscitent, les gouvernements et les administrations agissent dans
l'opacité et traitent avec mépris les arguments et propositions
des citoyens,
la justification officielle de la réalisation de ces
nouvelles infrastructures et équipements se fait systématiquement
sur des hypothèses fausses d'évaluation
coûts/bénéfices et de création d'emplois,
la priorité octroyée aux grands équipements
se fait au détriment des besoins locaux,
ces projets s'inscrivent dans une logique de concurrence
exacerbée entre les territoires et impliquent une fuite en avant vers
toujours « plus grand, plus vite, plus coûteux, plus centralisateur
»,
le système économique libéral qui domine le
monde est en crise profonde, les Grands Projets Inutiles Imposés sont un
des instruments qui garantissent des profits exorbitants aux grands groupes
industriels et financiers, civils et militaires, désormais incapables
d'obtenir des taux de profits élevés sur des marchés
globaux saturés,
la réalisation de ces projets inutiles, toujours à
charge des budgets publics, produit une énorme dette, ne
génère aucune reprise économique, concentre la richesse et
appauvrit les sociétés,
ces grands projets permettent au capital prédateur
d'augmenter sa domination sur la planète, portant ainsi des atteintes
irréversibles à l'environnement et au bien-être des
peuples,
les mêmes mécanismes qui endettent les Pays les plus
pauvres depuis la fin de la colonisation directe sont maintenant
utilisés aussi dans les Pays occidentaux.
Nous contestons :
la logique de concentration géographique et fonctionnelle
qui ne permet pas un développement local équitable, et les
mécanismes qui détruisent la survie des petites et
moyennes entreprises et le système économique
local,
les équipements surdimensionnés liés
à la production d'énergies non renouvelables, la construction de
barrages gigantesques, dont les techniques entraînent une forte
pollution
des sols, de l'eau, de l'air, des fonds marins et la disparition
de territoires entiers, compromettent la survie des générations
futures,
les modes de financement de ces projets qui
génèrent des profits exorbitants, garantis par la mobilisation de
l'argent public assortis de montages juridico-financiers scandaleux, au
bénéfice d'entreprises dont les actions de lobbying
interviennent dans la prise de décisions politiques, voire dans
l'obtention de mesures d'exception pour évacuer toutes les
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contraintes juridiques,
le soutien apporté à ces projets par les
différents niveaux de structures politiques, locales, nationales,
supranationales et les institutions financières mondialisées qui
s'opposent ainsi aux droits, aux besoins et à la volonté des
peuples,
la militarisation des territoires et la criminalisation des
oppositions.
Nous affirmons que des solutions sont à chercher
dans :
l'entretien et l'optimisation des infrastructures existantes qui
sont, dans la plupart des cas, une solution alternative avec moins de nuisances
et de coûts, la construction de nouvelles infrastructures ne devant
répondre qu'à l'impératif de l'utilité publique et
non du profit,
la transformation profonde du modèle économique et
social aujourd'hui en profonde crise, en faisant notamment de la
proximité et de la relocalisation de l'économie, de la protection
des terres agricoles, de la sobriété énergétique et
de la transition vers les énergies renouvelables
décentralisées, nos priorités,
la restitution de la capacité de décision aux
populations directement concernées, fondement d'une authentique
démocratie et autonomie locale face à un modèle de
développement imposé, au moyen de propositions
législatives adaptées,
de nouvelles relations entre les peuples au sud comme au nord,
des relations de solidarité qui rompent définitivement avec la
logique de domination et d'impérialisme.
Nous affirmons notre solidarité dans la lutte contre tous
les Grands Projets Inutiles et Imposés et notre volonté commune
de nous réapproprier notre monde.
Cette déclaration a été
élaborée par des associations et mouvements qui luttent contre la
construction de grands projets d'infrastructures (transport de personnes ou de
marchandises, production d'énergie) ou d'équipements (tourisme,
urbanisme, militaire) réunis aujourd'hui au FSM de Tunis pour unir leurs
forces et mieux faire entendre leurs voix, les problématiques
étant partout les mêmes.
Source : CAMILLE Le petit livre des grands projets
inutiles, édition Le Passager Clandestin, Neuvy-en-Champagne,
2015.
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