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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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INTRODUCTION

Dans la préface de l'ouvrage de Kambaji wa Kambaji, il est recommandé aux « universitaires congolais-zaïrois » d'être des hommes praxéologues et porteurs de la culture épistémologique129(*).

L'aspect épistémologique est celui de la validité, légalité, légitimité et de la cohérence des productions scientifiques. Pour atteindre cet objectif, il faut se soumettre aux normes et principes scientifiques présidant à la production d'une oeuvre scientifique.

Quant à l'aspect praxéologique, il est la manifestation du principe et de l'idée car, au départ, il y a une idée qui finit par se matérialiser en actions. La praxéologie recommande que nos conceptions idéelles ne se limitent pas au niveau initial, mais qu'elles se concrétisent pour le bien- être du groupe et/ou du concepteur. C'est le processus de l'imaginaire au réel.

Dans le cadre de cette thèse, nous avons mis sur pied, au vu de la situation sur le terrain, des principes desquels proviendraient la stabilité de la famille et la protection de l'environnement en Chefferie de Ngweshe. Ce sont des mécanismes de promotion et de protection familiale et environnementale mais dont la concrétisation exige une implication rationnelle, communautaire et durable de par et à travers tous les acteurs sociaux.

7.1. PRINCIPES DE STABILISATION FAMILIALE

L'état actuel des familles les place dans une situation de déséquilibre exigeant de remettre la famille à niveau. Les indicateurs de ce déséquilibre sont principalement :

- taille familiale très élevée ;

- dépendance, attentisme naïfs et esprit religico-spiritualiste statique ;

- improductivité du sol et rareté des terres cultivables ;

- méconnaissance, destruction méchante ou inconsciente des ressources disponibles ;

- relâchement des moeurs et des liens sociaux ;

- pauvreté et insécurité ;

- faible niveau d'instruction.

Tous ces critères prédisposent la famille à l'insécurité alimentaire contre laquelle on ne peut faire face qu'en mettant en place des mécanismes de planification familiale qui, en fait, peut désintégrer les autres critères. En effet, une famille nombreuse se heurte à plus de problèmes qu'à celle insuffisamment composée. C'est dans ce sens que parmi les seize résolutions qui président à l'organisation du Grameen Bank (la Banque des pauvres de Bangladesh initiée par Muhamed Yunus), la sixième résolution recommande : « nous ferons en sorte d'avoir peu d'enfants. Nous limiterons les dépenses. Nous ferons attention à notre santé ».130(*)

Par ailleurs, S. de Lestapis, s'appuie sur les opinions d' Alfred Sauvy dans l'ouvrage «  De Malthus à Mao-Tsé-toung ». L'ouvrage démontre que « la contraception peut obtenir le recul de la faim dans le monde en prouvant qu'en 1957, le genre humain mangeait moins bien qu'il y a trente ans. De même, selon les enquêtes menées par la FAO dans 70 pays, pour nourrir ces 70 Etats, il faudrait un accroissement de la production mondiale d'avant la guerre (1ère guerre mondiale) de 23 % des céréales, de 34 % des corps gras, de 80% des légumes secs, de 163 % des fruits et légumes et de 100 % de lait ; ce qui, apporté aux économies des pays développés, signifierait, par exemple, en Inde, 305 % de sa production de viande, 113 % de sa production des corps gras ; et 330 % des fruits et légumes ».131(*)

Pour prévenir que l'Humanité ne sombre pas dans l'anarchie, la famine et la guerre, l'Humanité doit enseigner à tout le monde de limiter les naissances surtout aux nations qui sont les plus prolifiques et ce, par des méthodes contraceptives les plus efficaces.

Nous devons tous reconnaître qu'on naît de par un acte sexuel commis, volontairement ou involontairement, par deux personnes de sexe opposé. La naissance d'une personne est donc le fruit d'une relation sexuelle manifeste, d'une volonté voulue ou tacite par l'une ou par les deux personnes qui se lient sexuellement à un moment et en un lieu précis. Pour la plupart des fois, ces personnes, et pour le cas de notre milieu d'étude, on ne s'accouple pas pour engendrer. C'est souvent pour des raisons d'autosatisfaction sexuelle du couple. La grossesse issue de cet accouplement surprend pour la plupart des cas, elle est, par conséquent, pour les unes un bonheur, une grâce, une opportunité ; et pour d'autres un malheur, un désagrément, un motif de rupture de toutes les relations antérieures et futures ; une occasion de suspicion et de désaccord.

D'ailleurs, à titre illustratif, toute famille se réjouit sensationnellement de l'accouchement de sa fille légalement mariée. Tous les membres de la famille et les voisins remercient, implorent la bénédiction divine et encouragent la jeune femme de faire plus. (Un leitmotiv des bashi, en des circonstances d'accouchement exclame : « shubirayo = reviens - y, c'est-à- dire, redeviens mère). Les membres de familles de deux conjoints se réjouissent, dansent, mangent et mettent cette naissance à l'actif de Dieu, Seul Créateur. C'est la théorie de la naissance joyeuse.

Par contre, lorsqu'une fille a été rendue grosse par un quidam et que celle-ci devienne ce qu'on on appelle communément « fille mère », qui accouche chez- elle d'un enfant d'un père connu ou inconnu, sa famille n'en fait pas le moindre bruit de jouissance, et, curieusement, en ce moment précis, Dieu n'apparaît pas comme étant le créateur dudit nouveau- né. Les familles de la «  jeune - mère ou fille-mère » ou du «  jeune - garçon- père » se recroquevillent et ne font pas grand bruit de cette naissance comme si elle n'était pas l'oeuvre divine. Dieu cesse d'être créateur en ce moment précis. Il s'agit là d'une autre théorie, celle de la naissance regrettée.

C'est un cas d'exception pour ce qui est de la conception locale en matière de naissance d'un nouveau-né au sein d'une famille. Car dans notre univers, les gens pensent, à tort, que les enfants qu'ils ont engendrés leur viennent d'un Etre surnaturel, puissant et généreux qui donne la vie et l'arrache selon son bon vouloir ou sur demande insistante du bénéficiaire. Cette demande ne concerne que les naissances, les bienfaisances, les jouissances, les réussites ou la vie en plénitude et jamais la mort, moins encore la défaillance à quelque niveau qu'elle se situe. Personne n'implore Dieu pour mourir. D'où, selon eux, il faut prier pour recevoir des bienfaits, des fortunes, des bénédictions, des grâces de l'Etre Suprême car, pour eux, tout est grâce, contrairement à ce que nous, nous pensons : toue grâce est fondée avant tout sur une conception idéelle, une stratégie et une action.

Sur 250 couples enquêtés, 80 couples, dont l'âge varie entre 35 et 40 ans, ont 8 naissances ou plus. Il faut placer cette situation dans un cadre holistique de la République Démocratique du Congo où le taux de fécondité précoce est le plus élevé au monde avec 201 naissances pour 1000 femmes âgées de 15-19 ans selon l'INED. Le nombre élevé d'enfants joint aux autres critères énumérés ci- haut influent négativement sur la vie des familles : santé précaire des enfants et des parents, morbidité élevée au sein du foyer, angoisse permanente, déscolarisation des jeunes enfants, décès...

Bref, la stabilité des familles de Ngweshe ne se retrouvera qu'à partir de la régulation des naissances, la prise de conscience des actes posés, l'appropriation de l'action et les effets qui en découlent et non du fait de les attribuer à quelqu'un d'autre, d'invisible et de non acteur et la maîtrise de toutes les variables liées à la sécurité des biens et des personnes. D'où, la nécessité de maîtriser les principes pouvant présider à la stabilité de la famille au sein de l'entité.

* 129 GASPARD-CHRISTIAN KAMBAJI WA KAMBAJI M. W.B, Autopsie praxéologique de la crise des      sciences, des animateurs scientifiques, des institutions académiques et sociopolitiques au Congo-Zaïre. A la     recherche de l'université et de l'universitaire congolais ou la face cachée du système éducatif national,     Lubumbashi, Edition LA DIALECTIQUE, mars 2012, p. XVII.

* 130 MUHAMED YUNUS et A. JOLIS, Vers un monde sans pauvreté, Paris, J.C Lattès, 1998, p. 114.

* 131 S. DE LESTAPIS, sj, La limitation des naissances, Paris, Spes ; 1996, p. 330.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo