4.5. Aspects économiques
Trois secteurs économiques prédominent au sein
de la chefferie de Ngweshe. Il s'agit principalement de l'agriculture,
l'élevage et le petit commerce.
1°. Par rapport à l'agriculture : il
y a deux formes d'exploitation agricole : vivrière et
industrielle :
- Agriculture vivrière
Les cultures vivrières les plus manifestes, par ordre
d'importance, sont le bananier, le manioc, , la patate douce, le haricot, le
maïs, le sorgho, les légumes, l'igname, la colocase, le soja, la
canne à sucre, l'arachide, la pomme de terre, le petit pois, les
cultures maraichères. La culture de ces denrées se fait au
village autour des cases tandis que les cultures maraichères se font
dans les marais. Avec l'explosion démographique, l'espace cultivable
s'est rétréci et les habitants ont recouru à
l'exploitation des marais (des espaces marécageux et non habités
et le plus souvent appartenant à des chefs coutumiers ou au mwami). Le
tableau ci-dessous illustre l'exploitation marécageuse à
Ngweshe :
Tableau n° 13 : Marais exploitées par
les paysans de Ngweshe
N°
|
Marais
|
Groupement
ou village
|
Superficie en hectares
|
Nombre d'exploitants
|
Moyenne superficie exploitée par pers. (en
ares).
|
01.
|
Nyalugana
|
Ciherano/Lurhala
|
914
|
5 877
|
15
|
02
|
Nyamubanda
|
Karhongo
|
1 050
|
4 322
|
24
|
03
|
Chisheke
|
Walungu
|
496
|
2 316
|
21
|
04
|
Cidorho
|
Burhale/Mulamba
|
1 276. 7
|
2 167
|
58
|
05
|
Kanyantende
|
Karhongo
|
555
|
1 750
|
28
|
06
|
Mirhumba
|
Mulamba
|
162
|
816
|
12
|
07
|
Cibabo
|
Nyangezi
|
5
|
500
|
01
|
08
|
Kalangwe
|
Mulamba/Burhale
|
2
|
168
|
01
|
09
|
Nyabunkungu
|
Nduba
|
3.5
|
115
|
03
|
10
|
Ishakishe
|
Ibona/Izege
|
14
|
121
|
11
|
11
|
Kamirandaku
|
Mulamba
|
7.8
|
71
|
10
|
12
|
Misheke
|
Mulamba
|
6
|
52
|
11
|
13
|
Bunkungu
|
Lurhala/Boya
|
5
|
43
|
11
|
14
|
Chihando
|
Mulamba
|
5
|
43
|
11
|
15
|
Kaboza
|
Mulamba
|
5
|
38
|
13
|
16
|
Kashenge
|
Burhale
|
3.5
|
34
|
10
|
17
|
Chama
|
Ibona/Izege
|
2
|
22
|
09
|
18
|
Cigogo
|
Kaniola
|
2
|
19
|
10
|
19
|
Nakanywera
|
Burhale
|
2
|
15
|
13
|
20
|
Buliri
|
Mulamba
|
1.5
|
14
|
10
|
|
Total
|
20
|
4 518
|
18 701
|
24
|
Source : Rapport du Comité inter
marais du Bushi en 2010.
Commentaire :
Ces marais relevant de l'environnement de Ngweshe sont,
à travers ce tableau, rangés par ordre des membres exploitant ces
marais. Ces espaces représentent au total 4 518 hectares et sont
exploités par 18701 personnes, ce qui donne une moyenne de 24 ares par
exploitant. Il est sans nul doute que la personne qui exploite un espace au
sein du marais travaille au compte d'une famille ou un ménage. Or, au
sein de l'entité, la taille moyenne de la famille est de huit
personnes ; ce qui revient à dire que seuls 24 ares de terres
sont disponibles au ménage pour produire des vivres tels que le haricot,
le mais, le manioc et cela pour nourrir plus de huit personnes, soit trois
mètres carrés de terres cultivables au profit d'une personne au
sein d'une famille. Cet espace est manifestement insuffisant pour nourrir un
individu au cours de toute une année, et, ceci est un des facteurs de
la malnutrition observée au sein de la chefferie chez les femmes et les
enfants.
- Agriculture industrielle
Les cultures les plus répandues sont essentiellement
le thé, le quinquina, le bois. Les sociétés qui, à
ce jour, sont encore opérationnelles sont : Pharmakina, Irabata,
Plantations Gombo, Cibeke. Il y a des particuliers qui excellent dans les
mêmes cultures mais beaucoup plus dans le quinquina que dans le
thé.
2°. Par rapport à l'élevage :
il faut faire remarquer que c'est la vache qui prédomine et constitue
pour le mushi l'élevage de prestige. D'autres bêtes domestiques
sont la chèvre, le mouton, le cochon, le lapin, le cobaye, etc. Il y
aussi parmi la volaille, la poule, le canard, le pigeon, etc.
3°. Commerce
L'insuffisance des terres cultivables a plongé la
population dans des activités de fortune. L'on vend de petites choses
par ci par là. De ces activités de vente à la sauvette
sont nées de centres commerciaux et des marchés. Les centres
commerciaux les plus connus sont ; Walungu, Burhuza, Mugogo, Kamanyola,
Munya/Nyangezi, Mashango/Burhale, Tubimbi, Madaka/Mushinga, Kaniola,
Nzibira/Kaniola.
Quant aux marchés, on en trouve au moins un dans
chaque groupement. On peut donc citer les suivants : les marchés de
Mudwanga à Walungu, Mugogo à Lurhala, Munya, Lulimpene, Mushenyi
et Rucananga à Nyangezi, Musiru à Irongo, Kamanyola à
Kamanyola, Mushagasha, Kankinda, Kashebeyi et Luntukulu à Mulamba,
Cembeke à Kaniola, Tubimbi à Tubimbi, Burhuza à Burhale,
Kalole à Nduba, Kashunju à Lubona, Kajaga à Izege,
Cidorhi à Kamisimbi, Kakono à Luchiga, Kalongo , Katudu,
Cembeke et Nzibira à Kaniola, Irango à Chiherano, Kasheke
à Ikoma.
Outre ces marchés, il faut faire observer qu'il y a
d'énormes interactions commerciales entre Ngweshe et la ville de Bukavu
dont elle n'est du tout pas éloignée sauf pour les groupements de
Mulamba, Tubimbi, Mushinga, Luchiga ( distancés environ de 60 Kms). Le
commerce se fait aussi dans les territoires à exploitation
minière, notamment dans les territoires de Mwenga et Shabunda. Les Bashi
approvisionnent en produits de première nécessité ces
territoires enclavés.
Il faut faire remarquer que 40 % de la population masculine
jeune de Ngweshe est dissimulée à la recherche de l'or, le
coltan et la cassitérite, au sein de ces deux territoires
précités. Bon nombre des familles sont privées pendant de
longs mois de leurs pères de famille. Ce commerce entre le Bushi avec
les territoires frontaliers a provoqué une assimilation des cultures
entre les peuples Barega et Bashi mais aussi une instabilité au sein des
familles de Ngweshe pour deux raisons majeures.
La première consiste en cette absence très
prolongée de père qui peut aller au - delà de trois ans.
Certains en ont fait cinq ans et plus. Pendant ces absences, certaines
épouses ont fait des enfants hors mariage, d'autres se sont purement
prostituées, les enfants n'ont pas été
bénéficiaires d'une éducation équilibrée. Du
coté des époux absents, certains reviennent avec d'autres
femmes épousées en Urega, d'autres n'amènent que des
enfants qu'ils ont engendrés avec les femmes rega.
La deuxième consiste en ce problème
d'intégration sociale dans cette recomposition familiale brusque.
Comment intégrer cet enfant dont la mère est restée
à Shabunda (ou dans un autre terroir) dans la nouvelle famille où
il ne connaît et n'est connu que du père ou la femme rega
amenée dans la communauté Bashi, dans un nouveau mode de vie
diamétralement opposé au mode de vie du territoire
d'origine ? Encore fautil dire qu'une fois l'enfant ou la femme
déposée, celui qui les a amenés ne reste pas avec eux, il
reprend son voyage et ne revient pas aussitôt. Tous les problèmes
émanant de ces « intrusions familiales » ne sont
réglés que superficiellement étant donné l'absence
de l'acteur principal : le père de la famille. Et même
lorsqu'il est sur place, le problème d'intégrer les nouveaux
individus ne lui est pas toujours facile.
Ce système migratoire a abouti aux
phénomènes tels que la « sorcellerie », les
enfants de la rue et dans la rue, l'abandon de famille, la perte de confiance
dans le foyer, la méfiance, la désintégration sociale,
etc.
En outre, l'on se souviendra qu'aux législatives de
2006, le Territoire de Walungu avait cinq sièges aux Parlement national
de la RDC et Provincial du Sud-Kivu contre trois sièges pour le
Territoire voisin de Mwenga et un seul siège pour le Territoire de
Shabunda. En 2011, pour des élections consécutives, Walungu et
Mwenga étaient ex- quo avec quatre sièges alors que Shabunda
montait en force avec un siège de plus qu'en 2006. Cet aspect et bien
d'autres démontrent que le Territoire de Walungu ne fait que se vider
de sa population à travers un exode urbain très prononcé
et un autre exode orienté vers les carrés miniers. Il faudra du
temps pour pallier de tels phénomènes d'exode au sein de la
chefferie.
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