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Dynamique familiale et gestion de l'environnement en chefferie de Ngweshe. une analyse praxéo-interdiscursive

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par Pierre BAKENGA SHAFALI
Université Officielle de Bukavu - Doctorat en Sociologie 2012
  

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4.3. Milieu humain

La chefferie de Ngweshe est peuplée essentiellement des Bashi. Seuls les groupements de Mulamba et Tubimbi contiennent quelques hameaux peuplés des Barega et le groupement de Kamanyola est habité en certains endroits par les Bafulero et les bavira. La chefferie compte seize groupements (Burhale, Ikoma, Irongo Izege, Kamanyola, Kamisimbi, Kanyola, Karhongo (Nyangezi), Lubona, Luciga, Lurhala, Mulamba, Mushinga, Nduda, Tubimbi et Walungu).

La langue parlée est le mashi à laquelle se greffent le swahili et le français. La religion est dominée par les croyances chrétiennes et musulmanes. La colonisation et le christianisme ont dessouché toutes les croyances et pratiques animistes, les rites et les mythes de Lyangombe (une divinité longtemps vénérée dans les royaumes du Bushi, du Rwanda et du Burundi). Dans les villages habités par les Barega, dans les groupements de Mulamba et Tubimbi, il existe encore des rites à Kimbirigiti : le bastion inconnu et indéfini de la culture rega.

La colonisation a contribué très largement à l'acculturation de peuple Bashi, c'est tout un processus de changement culturel ayant résulté des contacts entre les cultures européennes imposées aux Bashi par le colonisateur belge et qui se poursuit jusqu'à ce jour à travers les acquis de la colonisation : Eglises, écoles, ONG... Cet état de chose a contribué à la dénaturalisation du Mushi qui a perdu petit à petit son identité culturelle, ses croyances et ses coutumes, sa solidarité clanique et familiale, ses historiettes, ses devinettes, ses héros, sa force médicamenteuse, sa vie communautariste pour s'insérer dans un capitalisme lui imposé par l'homme blanc, un système dans lequel il a eu du mal à s'intégrer. Cette acculturation a touché beaucoup d'aspects de la vie du mushi, même la langue.

A ce jour, on peut constater que les Bashi ont été désappropriés petit à petit de leur langue qu'ils ne maîtrisent plus ou qu'ils maîtrisent mal. Ils ont perdu même leur histoire, car pour le colonisateur, les ancêtres des Bashi n'étaient que des païens, des sorciers, des démoniaques ; se référer à eux reviendrait à s'écarter de la volonté de Dieu (leur Dieu imposé aux Bashi) et devenir ainsi enfant du diable pour, enfin, vivre éternellement dans un feu ardent de la géhenne. Ainsi, peu à peu, on a eu de nouveaux noms « chrétiens », de nouveaux comportements, des modèles de chez eux appelés des saints.

Il faudra encore beaucoup de temps pour que le mushi se retrouve, recouvre son histoire, sa culture, reconnaisse ses héros, les valeurs et les coutumes du Bushi et qu'il se réinsère, ainsi, dans sa richesse traditionnelle, celle de la solidarité et de la cohésion sociale shi bien que ces dernières soient considérées par beaucoup de théoriciens comme des facteurs de sous-développement.

Le peuple Bashi de Ngweshe est essentiellement éleveur et cultivateur. On y élève le gros et le petit bétail, les caprins et la volaille. Les cultures sont vivrières (manioc, banane, plantain, patate douce, igname, haricot, sorgho, légumes...) et industrielle (théier, quinquina, café...). On y trouve aussi beaucoup d'arbres fruitiers et d'autres arbres sont cultivés pour des fins environnementales, pour la construction et la chauffe.

Si l'on peut reprocher au colonisateur d'avoir acculturé le mushi, on lui reconnaîtra, cependant, et avec beaucoup de reconnaissance, bien de mérites. Sans vouloir être exhaustif dans l'énumération de ces mérites, nous citerons la scolarisation et l'amélioration des conditions sanitaires et hygiéniques. En effet, ce sont ces deux aspects qui ont réduit très sensiblement l'ignorance, la mortalité à tous les âges et contribué, ainsi, à l'accroissement de la population telle qu'elle se présente dans le tableau ci-dessous :

Tableau n° 6 : Répartition de la population de Ngweshe par groupement et par                           catégories sociales au 31 décembre 2011.

Groupement

Hommes

Femmes

Garçons

Filles

Total

01

Lurhala

14 088

16 261

21 297

22 173

73 819

02

Kaniola

9 079

11 744

16 840

19 054

56 717

03

Karhongo

8 573

10 367

14 208

16 219

49 367

04

Walungu

8 175

10 398

13 658

16 878

49 109

05

Kamanyola

8 390

10 564

13 690

14 133

46 777

06

Burhale

7 659

10 746

12 057

12 094

42 556

07

Kamisimbi

6 334

7 829

11342

11756

37 261

08

Mulamba

7 464

8 768

10 299

10 438

36 969

09

Ikoma

6 749

8 415

10 291

11 117

36 572

10

Izege

4 199

5 011

9 890

9 985

29 085

11

Luchiga

5 634

6 155

10 362

6 635

28 786

12

Irongo

5 010

5 525

7 591

7 830

25 956

13

Mushinga

4 469

6 188

7251

7 504

25 412

14

Nduba

4 110

4 963

7 263

7 150

23 486

15

Tubimbi

4 779

5 579

5 609

5 981

21 948

16

Lubona

3 079

3 558

5 343

5 506

17486

 

Totaux

107 791

132 071

176 991

184 453

601306

Source : Rapport du quatrième trimestre 2011 de l'Etat civil de la chefferie de Ngweshe

Figure n°3 : Répartition de la population de la chefferie par groupement.

Commentaire :

Ces effectifs démographiques sont ceux de tous les seize groupements composant la chefferie. Ils ont pour but de nous fixer une idée sur ce qu'est la population au sein de l'entité. Ils demeurent cependant relativisables du fait que nous ne nous fions ni en ces personnes qui les ont récoltés ni aux techniques de récolte. Quelle population a-t-elle été prise en compte ? Celle de fait (personnes présentes plus les étrangers présents sur le lieu au moment du « recensement » ou du dénombrement démographique)  ou celle de droit (personnes présentes plus les absents du milieu, moins les personnes étrangères présentes sur le lieu au moment du dénombrement) ? Tout le monde a-t-il été pris en compte dans un pays où la notion de récemment n'existe pas ? L'on se rappellera que le dernier récemment scientifique avait eu lieu au Zaïre (l'appellation de la RDC d'alors) en 1985.

Tout compte fait, à travers ce tableau, nous remarquons que le groupement de Lurhala était le plus peuplé de la chefferie (avec ses 73 819 personnes) en 2011, alors que celui de Lubona, (comptant 17 486 personnes) en était le dernier sur la liste. Il aurait été important que la superficie de chaque groupement soit connue, ce qui permettrait de connaître la densité de chacun d'eux.

Tableau n° 7 : Répartition de la population de Ngweshe par tranches d'âges

Tranches d'âges

Effectifs

0-4 ans

113 117

5-9

104 638

10-14

95 264

15-19

80 833

20-24

29 582

25-29

26 456

30-34

23 864

35-39

20 968

40-44

19 477

45-49

17 068

50-54

16 522

55-59

15 141

60-64

11 098

65-69

9 422

70-74

6 581

75-79

5 345

80-84

3 714

85-89

1 542

90 et plus

674

Total

601 306

Source : Bureau d'Etat civil de la chefferie de Ngweshe

Figure n° 4 : Répartition de la population de Ngweshe par tranches d'âges au 31 décembre 2011.

Commentaire 

Le fait de regrouper la population de Ngweshe en tranches d'âges nous permet de déterminer les effectifs aux différents âges, les catégories selon les âges (jeunes, adultes et vieux), les effectifs dépendants et la population active au sein de la chefferie, et, par ricochet une analyse sur l'aspect praxéologique et développemental au sein de cette entité.

De ce point de vue, la population dépendante (comprise entre 0 et 19 ans, soit 393 852 personnes et de 65 ans et au-delà, 27 278 personnes) est chiffrée à 421 130 personnes, soit 70% de la population globale. La population active (de 20 - 64 ans) est chiffrée à 180 176 personnes et représente 30 % de la population globale. Le tableau ci-dessous illustre cette réalité :

Tableau n°7 : Population dépendante et active de la chefferie de Ngweshe en 2011

Tranches d'âges

Type de population

Effectifs

Pourcentage

De 0 - 19 ans

65 ans et plus

Population dépendante

idem

393 852

27 278

65, 5

4, 5

20 - 64 ans

Population active

180 176

30

Totaux

 

601 306

100

Source : enquêtes sociologiques

Figure n° 5: Population active et dépendante au 31 décembre 2011.

Commentaire :

De ces données chiffrées, il ressort clairement que la population de Ngweshe est essentiellement très jeune : les personnes âgées de moins de vingt ans représentent 65, 5 % de la population, ceux qui ont franchi l'âge de 64 ans ne représentent que 4,5 %. Les personnes dont l'âge varie entre 24 et 64 ans représentent la population active, soit 30 % de la population globale. Voici des faits et phénomènes qui découlent de la morphologie d'une telle population :

- effectifs élevés à la naissance

- mortalité infantile et l'âge adulte très élevée : les personnes ayant dépassé l'âge de 64 ans    ne représentent que 4, 5% de la population globale

- faible vieillissement de la population : les personnes de 80 ans et plus sont estimées à 5930, soit 0,9 % de la population globale

- faible productivité : la population active est de 30 %. Il s'avère impossible que 30 %, dans un système de production agricole traditionnelle sur des sols infertiles et déblayés par des érosions, et parviennent à nourrir, à sa faim, toute la population de Ngweshe. Il faut même relativiser le nombre des effectifs que nos appelons, ici, « actifs », car parmi eux, il y a des inactifs (malades, handicapés, inconscients, voyageurs), et donc, il se pourrait qu'il y ait moins de 30% qui s'attèlent au travail quotidien de subsistance familiale au sein de la chefferie

- prédisposition à la malnutrition suite à la taille de la famille très élevée, l'insuffisance du travail, l'infertilité du sol, la mosaïque du bananier  et du manioc.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon