Ministère de l'Enseignement Supérieur de la
Recherche Scientifique et de
la Technologie.
Université de Carthage
Institut des Hautes Etudes Commerciales

Mémoire pour l'obtention du diplôme de Master en
Recherche Marketing
Une exploration du phénomène de
mimétisme dans le processus
décisionnel du consommateur
Elaboré par : BOUAZIZ Tarak
Année universitaire 2013 À 2014
Dirigé par : TEMESSEK Behi Azza
Remerciements
A vous, mes chers amis, je tiens à vous exprimer ma plus
profonde reconnaissance quant au soutien et la patience que vous avez dû
supporter sans trop vous plaindre.
Un remerciement spécial à la plus confidente des
amies. Je ne te remercierais jamais assez pour ton soutien moral.
Merci à mon directeur de recherche Mme TEMESSEK Azza pour
sa patience et son aide précieuse.
A mes parents qui n'ont pas cessé de m'encourager. A la
femme qui n'a pas cessé de croire en moi.
Et finalement, j'aimerais remercier le docteur
psychothérapeute Mr. LOUHICHI Habib, expert en science de la
communication et du comportement pour son accueil et ses conseils.
Sommaire
Introduction générale 2
Chapitre I : Consommation sociale 5
Section 1 : Processus décisionnel et types d'achat
5
Section 2 : La décision d'achat et l'influence
sociale 12
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
22
Section 1 : Le mimétisme : origines et distinction
conceptuelle 22
Section 2 : Le rôle du mimétisme dans le
processus décisionnel du consommateur 35
Chapitre III: Méthodologie de la recherche
42
Section 1 : Choix de la méthode qualitative 42
Section 2 : Les entretiens individuels et l'observation
47
Chapitre IV: Résultats de la recherche
56
Section 1 : Résultats des entretiens individuels
56
Section 2 : Résultats des Observations 63
Section 3 : Discussion des résultats 72
Conclusion générale 78
Bibliographies 80
Tables des matières 89
2
« L'homme est incapable de désirer par lui
seul, il faut que l'objet lui soit désigné par un tiers
».
René Girard (1961).
2
Introduction générale
Introduction générale
« Nous nous croyons libres, autonomes dans nos choix,
que ce soit celui d'une femme ou d'une cravate. Illusion romantique ! En
réalité nous ne choisissons que des objets désirés
par un autre » Girard (1961).
Ces pensées nous ouvrent les yeux sur un nouveau
concept qui peut être introduit pour mieux comprendre certaines facettes
du comportement d'achat du consommateur, en effet, plus de 300 ans en
arrière, la première explication formelle de prise de
décision a été développée par Bernoulli puis
prolongée par Von Neumann et Morgensten qui l'ont appelé
« Utility Theory » la théorie de l'utilité
(Richarme, 2005), cette théorie perçoit le consommateur comme un
homme économique rationnel (Zinkhan, 1992 cité dans Bray, 2008).
Cependant, Simon (1997) voit que la rationalité dans le comportement
économique et l'optimum des choix ne sont plus considérés
comme étant rationnels car les consommateurs ont rarement l'information
adéquate, la motivation ou le temps de faire une telle parfaite
décision. Ce n'est que dans les années 80 que les chercheurs ont
commencé à avoir des questions sur la rationalité du
comportement de décision des consommateurs, il s'est avéré
que les consommateurs s'engagent fréquemment dans des comportements non
conscients, désordonnés ou opportunistes (Erasmus, Boshoff et
al., 2001, Bozinoff, 1982 cité dans Bray, 2008).
Le présent travail vise à combler ce manque par
l'appui de ce qu'essaie de nous transmettre la littérature et notamment
les philosophes à l'instar de René Girard qui
révéla dans son livre « Mensonge romantique et
vérité romanesque » que l'Homme ne choisit pas par son
propre désir mais plutôt ce que ardemment envient les autres.
Dans ce mémoire nous allons partir de cette
pensée en essayant de montrer que même dans certains actes d'achat
(ou processus d'achat), le consommateur ne choisit pas les produits par sa
propre volonté mais par un acte dit mimétique.
Nous sommes aujourd'hui dans l'intrigue et face à la
possibilité de nous poser des questions concernant nos choix de
consommation et notre mode de vie. La théorie mimétique
serait-elle une réponse à certains comportements d'achat ?
Qu'est-ce qui pousse un individu à choisir un produit sans en avoir
réellement besoin, ou sans l'avoir jamais essayé ? Le
mimétisme serait-il
3
Introduction générale la cause du
conformisme social ? Et pourquoi le mimétisme est partout ? Est-il le
refuge des incertains ? Quand le rationnel ne résout plus nos situations
de confusion, le mimétisme ne serait-il pas la seule conduite
rationnelle à adopter ?
La première partie de ce mémoire est
consacrée au cadre conceptuel, à l'évolution du
mimétisme dans notre société, et son intégration
dans le domaine du marketing ; elle est composée de trois chapitres : le
premier chapitre porte sur le processus décisionnel, sur la consommation
sociale et les différents types d'achats. Le deuxième chapitre se
focalise sur la notion du mimétisme en passant par sa définition,
son utilisation dans les différents domaines et sa distinction de
l'imitation, et finalement dans le troisième chapitre de cette
première partie nous mettrons en relief les composantes du
mimétisme dans le marketing et leurs importances dans la
concrétisation de l'action.
La deuxième partie, est la partie méthodologique
dans laquelle nous allons présenter les démarches et les
résultats de notre recherche concernant le rôle du
mimétisme dans le comportement d'achat des consommateurs tunisiens dans
un lieu de distribution. Nous avons eu recours à deux méthodes de
recherche qualitative ; les entretiens individuels semi-directifs munis d'un
guide répertoire pour déceler les motivations d'achat des
interviewés et une observation systématisée
effectuée grâce à des caméras de surveillance d'un
supermarché pour examiner l'influence du phénomène de
mimétisme dans la prise de décision et le comportement d'achat
final.
4
CHAPITRE I : CONSOMMATION SOCIALE
5
Chapitre I : Consommation sociale
Chapitre I : Consommation sociale
Introduction
Dans le cadre de ce chapitre et pour pouvoir examiner
l'influence du mimétisme dans la société tunisienne nous
avons jugé important de rappeler brièvement le processus
décisionnel du consommateur pour pourvoir différencier entre
l'achat logique basé sur un processus décisionnel
constitué de cinq étapes selon le modèle d'Engel, Kollat
et Blackwell (1968), et l'achat illogique reposant sur le choix des autres.
Dans une deuxième section nous verrons les effets de la consommation
sociale sur la prise de décision des individus et dans une
troisième section nous rappellerons les types d'achat et voir s'ils ont
un lien étroit avec le mimétisme.
Section 1 : Processus décisionnel et types
d'achat
Pour faire son choix et réaliser l'acte d'achat, le
consommateur doit passer par un processus décisionnel complexe
comportant trois phases : étape de pré-achat, étape de
rencontre avec les biens / services et l'étape post-achat.
A. Processus décisionnel
Dans le modèle d'Engel, Kollat et Blackwell (1968), le
consommateur passe par trois étapes ; la première étape
concerne la reconnaissance du besoin, la recherche d'informations pour se faire
une idée cognitive et résoudre ce problème, après
s'être fait une idée sur le produit ou services, dès lors
une évaluation des solutions possibles commence, la deuxième
étape et la rencontre avec le produit ou le service, ici le consommateur
a la possibilité de choisir un produit parmi la multitude des solutions
trouvées, et finalement l'étape du verdict où le
consommateur évalue le produit sur plusieurs critères.
Chapitre I : Consommation sociale
|
Reconnaissance du problème
|
Etape pré-achat
|
Recherche d'information
|
Evaluation des solutions possibles
Etape rencontre avec les biens/services
Etape post-achat
Choix (achat)
Résultats
6
Source : Le modèle d'Engel, Kollat et Blackwell (1968)
Figure 1: Processus décisionnel en 5 étapes
1) La reconnaissance du problème
C'est la première étape du processus
décisionnel, le consommateur prend conscience du manque qu'il a, c'est
ainsi qu'un besoin va se créer et la quête pour la
réalisation de ce besoin commence afin de compenser ce manque.
Dans certains cas la prise de conscience du problème
peut être due à un besoin dont la motivation est liée
à l'influence sociale. C'est-à-dire qu'un besoin nait (ou un
problème se crée) par le simple fait que l'autre l'a
exprimé, des sentiments « d?envie, de jalousie et de
rivalité 1» seront par la suite la cause du
ressentiment.
La représentation la plus connue en termes de
classification des besoins reste à ce jour la pyramide des besoins de
Maslow (1943), elle stipule qu'un individu ne cherchera à
réaliser un besoin dit supérieur que lorsqu'il satisfait un
besoin hiérarchiquement inférieur de la pyramide,
«l'être humain est un animal frustré, rarement satisfait
au-delà d'une courte période. Lorsqu'il a assouvi un
désir, il lui en vient un autre. Quand il est comblé, un
autre
1 Max Scheler est un philosophe et sociologue
allemand
7
Chapitre I : Consommation sociale
surgit à sa place, puis un autre encore. L'état
de désir permanent est caractéristique du genre humain
» Maslow (1970).
Cela n'empêche pas que cette pyramide soit beaucoup
critiquée du fait qu'un individu peut commencer par une étape
hiérarchiquement supérieure et par la suite réaliser les
étapes inférieures.
2) Recherche d'information
Une fois le besoin identifié, commence alors la
quête d'informations. L'ampleur de la recherche dépendra du
degré d'implication du consommateur (exemple : l'achat d'un paquet de
cigarettes nécessite moins d'implication que l'achat d'un vélo).
Généralement il existe deux sources d'information : interne
(liée à l'expérience de l'individu, son éducation,
ses connaissances, à la mémoire, son opinion...) et externe (la
famille, les amis, la communication médias et hors média, les
vendeurs...)
Le consommateur fait recours aux sources internes lorsqu'il
s'agit d'achat routinier, familier et de faible implication, autrement, il
optera pour une recherche de données externes afin de se créer
une opinion et aboutir à une décision d'achat.
3) Evaluation des solutions possibles
Après avoir fait une recherche d'information, le
consommateur a certainement dû trouver plusieurs produits/services
compatibles avec ses préférences, c'est maintenant l'étape
d'évaluation des alternatives qui se présentent à lui.
L'individu peut procéder à l'évaluation des
produis/services selon leurs degrés d'importance et les attributs qu'ils
offrent.
Concernant les services, leurs immatérialités
les rendent difficiles à évaluer d'où l'existence des 3
attributs essentiels pour faciliter cette évaluation :
o Attributs d'examen (de recherche) : avant de se procurer un
produit le client a la possibilité de l'évaluer avec ses sens, ce
qui n'est pas possible avec les services.
o Attributs d'expérience : lors de la consommation du
service le client évalue le service.
o Attributs de croyance (de confiance) : le client se fie aux
compétences, formations du personnel en contact.
8
Chapitre I : Consommation sociale Pour optimiser sa
décision, le consommateur procédera à une analyse des
attributs de chaque produits/services, il existe deux catégories du
modèle « multi attributs » : le modèle compensatoire et
le modèle non compensatoire.
4) Choix
Place maintenant à la décision d'achat,
l'individu, idée en place, va procéder à l'acte d'achat.
Cette étape est la concrétisation des étapes
précédentes. Toutefois, l'acte d'achat peut subir des changements
inattendus, ou peut ne pas dépendre des étapes
précédentes (cas d'achat mimétique : qui repose sur les
préférences et décision d'autrui concernant le choix du
produit / services). Cette improvisation est toute naturelle, car si l'individu
peut planifier son plan d'achat, il n'a certainement aucun contrôle sur
l'acte mimétique qu'il commet à chaque croisement de désir
partagé avec l'Autre.
D'autres types d'achats ont brisé cette règle
de la logique d'achat, nous prenons à titre d'exemple : l'achat impulsif
(Stern, 1962, Rook, 1987, Beatty et Elizabeth Ferrell, 1998, Cova et Cova,
2001, Guiraud, 2001,2002, 2003), l'atmosphère (Kotler 1973-1974), la
procrastination (Lay, 1986, Ferrari et al, 1995), l'achat compulsif (Faber,
O'Guinn et Krych, 1987)....
5) Résultat
Résultat ou évaluation post-achat, est
l'étape dans laquelle le consommateur, après avoir utilisé
/ bénéficié du produit/service, va procéder
à l'évaluation des performances du produit ou la prestation de
service en rapport avec ses attentes. Si l'écart est faible ou nul, il y
a satisfaction. Dans le cas contraire le consommateur aura un sentiment
négatif envers la marque, le produit, le magasin, le vendeur ... une
dissonance cognitive découlera de ce résultat.
B. Les types d'achat
Plusieurs chercheurs, exerçant dans le domaine de la
psychologie et du comportement du consommateur, à l'instar de Cova et
Cova (2001), Lay (1986), Ferrari (1993), Guiraud (2001, 2002), Faber, O'Guinn
et Krych (1987), se sont intéressés aux types d'achat, à
leurs spécificités et à ce qu'ils peuvent apporter de
nouveaux pour pallier le manque de recherche existant dans ce domaine.
9
Chapitre I : Consommation sociale
1) Achat réfléchi (planifié,
rationnel)
Appelé aussi l'achat anomal, il est
caractérisé par son aspect rationnel et non courant.
Généralement ce type d'achat est précédé par
une période de réflexion plus ou moins longue dans laquelle
l'individu fera une recherche d'information en vue d'acquérir un bien
à forte valeur monétaire ou émotionnelle.
La marge d'erreur pour ce type d'achat est minime, car
l'acheteur procédera à une recherche approfondie, une analyse des
différents scénarii et une comparaison des offres existantes ce
qui aura une répercussion positive sur le résultat final et le
degré de satisfaction ressenti.
Exemple de produit nécessitant un achat
réfléchi : l'achat d'une maison, voiture,
télévision, appareil photo, meuble, cadeaux ...
généralement les produits de ce type d'achat nécessitent
beaucoup d'implication et ont un prix élevé et une longue
durée de vie d'où la nécessité de faire le bon
choix pour éviter ce sentiment qu'on redoute tous : le regret.
2) L'achat habituel
L'achat habituel est le contraire de l'achat planifié
par son aspect non rationnel, à faible valeur émotionnelle et
routinière. Les produits de grande consommation (PGC) sont les plus
susceptibles d'appartenir à ce type d'achat. Ce type d'achat ne
nécessite pas un temps de réflexion important et est à
courte durée.
Le comportement de l'acheteur devient mécanique
d'où la notion de l'achat corvée car il est obligatoire, de
nécessité et associé à la valeur utilitaire.
3) L'achat impulsif
L'achat impulsif est considéré comme un
« coup de coeur » (Giraud 2001) par le consommateur, il
s'incarne sous forme de caprice qu'on s'offre à soi et qu'on aime
partager avec les autres, c'est aussi « une envie soudaine, souvent
puissante et persistante pour acheter quelque chose immédiatement
» Rook (1987) cité dans Belk et al. (2003). Contrairement
à ce qu'on pense, cette impulsion peut être rationnelle et bien
fondée parfois c'est le cas par exemple de l'impulsivité «
fonctionnelle » (Dickman, 1990) qui est la réaction
propice d'un individu dans une situation optimale, contrairement à
l'impulsivité dysfonctionnelle qui consiste à agir plus
rapidement sans pour autant être optimale dans ses choix, ce qui causera
souvent la non satisfaction et la dissonance cognitive. Alors quelles sont les
causes de cette
10
Chapitre I : Consommation sociale
impulsivité dysfonctionnelle ? Et pourquoi un individu
se retrouve t-il parfois dans des situations de choix et décisions non
satisfaisantes ? Le mimétisme peut être une réponse parmi
d'autres car un individu est incapable de se désigner lui-même un
objet de désir, il faut qu'une tierce personne lui ouvre la voie et
montre le chemin, ce qui facilitera le choix de la décision d'achat sans
pour autant prendre le temps et réfléchir si ses besoins et ceux
de la tierce personne sont conformes. Et souvent, on ne se rend pas compte de
nos actions, ce n'est qu'après action faite qu'on se rend compte de
l'acte mimétique que l'on vient de commettre.
«Un achat impulsif est un achat motivé par le
désir de répondre à l'impulsion d'achat. L'achat suit
immédiatement l'impulsion si le consommateur ne souhaite pas ou est
incapable de mettre en oeuvre une évaluation du bien-fondé de
l'achat. En revanche, le consommateur peut tenter d'évaluer les risques
associés à l'achat impulsif et le cas échéant de
résister à son impulsion. L'impulsion peut disparaître
pendant cette évaluation, soit parce qu'elle était liée
à des éléments situationnels, soit parce que le
consommateur prend conscience des conséquences négatives de
l'achat à long terme qui "gâchent" son plaisir. L'attirance peut
aussi être renforcée par une évaluation positive. Elle peut
enfin survivre à une évaluation défavorable. L'achat,
qu'il soit précédé ou non d'une délibération
cognitive, demeurera impulsif tant que la perspective de sa
non-réalisation s'avère frustrante et que le consommateur doit se
contrôler pour quitter le magasin sans acheter le produit. Un achat
impulsif n'est ainsi pas forcément spontané,
irréfléchi ni incontrôlé » (Giraud, 2002,
cité dans Khamassi, 2012).
4) La procrastination
La procrastination est la « tendance pathologique
à différer, à remettre l?action au
lendemain2».
La procrastination se définit par l'action de reporter
une action ou décision d'achat à une période
ultérieure, les raisons de cet ajournement peuvent être
fonctionnelles ou dysfonctionnelles : si on retarde volontairement une
décision à cause d'une comparaison des coûts
présents avec ceux du future (Akerloff, 1991 cité dans Darpy,
2002), ou si l'on retarde occasionnellement un achat à cause
d'éléments environnementaux imprévisibles (Ajzen, 1985 ;
Ajzen et Madden, 1986, cité dans Darpy, 2002) dans ce cas on parle de
« procrastination fonctionnelle » (Ferrari, 1994 cité
dans Darpy, 2002).
2 Dictionnaire Larousse
11
Chapitre I : Consommation sociale Mais si l'action
devient habituelle et chronique, dans ce cas on parle de «
procrastination dysfonctionnelle » qui est un trait de
personnalité (Lay, 1986 ; Ferrari et al., 1995 cité dans Darpy,
2002). L'acheteur est dans un état de confusion totale, il reporte ses
décisions à cause d'un problème d'incertitude ou de
paresse.
De la reconnaissance du problème ou de l'éveil
du désir à sa concrétisation (l'acte d'achat) le
consommateur a de multiples occasions de reporter l'achat et de laisser place
à d'autres décisions qu'il considère comme plus
importantes ; le procrastinateur est désorganisé (Lay, 1986
cité dans Darpy, 2002), il oublie souvent et possède un trou de
mémoire appelé « erreurs cognitives » (Lay,
1988, Effert et Ferrari, 1989, Ferrari, 1993, Kuhl et Goschke, 1994 cité
dans Darpy, 2002).
La question est de savoir si on peut considérer l'achat
impulsif de demain comme la procrastination d'hier ? Selon Schouwenburg et Lay,
1995 ; McCown et Johnson, 1995 cité dans Darpy, 2002 ; la «
stabilité À instabilité émotionnelle »
est nettement corrélée à la procrastination et
même que l'impulsivité dysfonctionnelle est une conséquence
de la procrastination (Ferrari, 1993).
5) L'achat compulsif
Faber, O'Guinn et Krych (1987), considère la
consommation compulsive comme un « type inapproprié de
comportement de consommation, excessif en soi, et manifestement perturbateur
pour l'existence des individus qui paraissent être impulsivement enclins
à consommer » (p. 132).
Le consommateur fait figure d'un achat non
réfléchi pour assouvir une assuétude non
contrôlée et non planifiée, pour ce genre de consommateurs
il existe des associations qui offrent des séances thérapeutiques
afin de les aider à contrôler leurs achats compulsifs, tels que
l'association « Spender Menders » de Sandi Gostin.
Le but de l'acquisition d'un bien matériel dans l'achat
compulsif n'est sans doute pas à des fins matérielles mais
plutôt pour des fins immatérielles (Bauer et Greyser, 1968
cité dans D'Astous et al., 1988) telles l'autosatisfaction temporelle ou
l'accomplissement de soi, cette émotion envoutante cause, certes, des
problèmes à la personne qui la possède ainsi qu'à
son entourage, qui ne fait que subir les caprices irrationnels de son
possesseur.
12
Chapitre I : Consommation sociale
Section 2 : La décision d'achat et l'influence
sociale
Cette partie s'intéressant aux comportements des
individus au sein du groupe et de leurs réactions face aux
décisions prises, au sein du groupe. La consommation peut être
à but vital c'est-à-dire pour assouvir un besoin primaire tel que
la sécurité, la santé... ou à but secondaire qui
est le social ; ce type de consommation vise à appartenir à un
groupe quelconque. On ne consomme plus pour satisfaire des besoins mais pour
s'épanouir, appartenir à des groupes et partager des sentiments
communs.
1) Le groupe social
La notion de groupe est très large, nous allons
concentrer nos efforts sur les groupes restreints d'appartenance et de
référence et leurs rôles dans la société de
consommation.
On parle de groupe lorsque certains critères sont
réunis tels que la présence de relations interpersonnelles, la
poursuite d'un but commun, l'influence réciproque... il ne faut pas
confondre entre groupe et foule qui est le rassemblement d'un très grand
nombre de personne pour un temps déterminé et une circonstance
bien définie.
Pour Tarde (2001) le groupe social est « une
collection d'êtres en tant qu'ils sont en train de s'imiter entre eux ou
en tant que, sans s'imiter actuellement, ils se ressemblent et que leurs traits
communs sont des copies anciennes d'un même modèle ».
Ces mêmes groupes se sont constitués par le simple fait qu'un
individu, désireux d'imiter l'autre et de s'approprier ses envies, mime
constamment différentes personnes pour arriver à la
finalité d'intégration d'où la notion d'appartenance
à un groupe ; et une même personne peut appartenir à des
groupes qui n'ont aucun lien entre eux du simple fait que la nature humaine est
très complexe et qu'une personne ressent le besoin d'appartenance,
d'amour et d'être estimé par un maximum de gens.
1.1. Groupe d'appartenance et groupe de
référence
Pour appartenir à un groupe, l'individu doit y
réfléchir à deux fois avant de procéder à
l'étape d'achat et de consommation des produits ou services auxquels il
est confronté ; comme le mentionne Baudrillard (1970) « la
consommation est un système qui assure l'ordonnance des signes et
l'intégration du groupe » mais appartenir à un groupe
ne veut pas dire partager les mêmes valeurs que le groupe (Maisonneuve,
1980).
13
Chapitre I : Consommation sociale Ce
phénomène facilite l'orientation des choix des individus et leur
épargne la corvée des réflexions, ils n'ont qu'à
« faire comme les autres », le pique de ce phénomène se
manifeste la plupart du temps dans la mode, où les individus
achètent les mêmes objets que les autres pour assurer leur
appartenance, intégrer de nouveaux groupes ou s'écarter des
anciens groupes ; car si « l'habit ne fait pas le moine » il projette
tout de même l'image perçue par le groupe et désiré
par la personne, ce qui facilite son intégration et son appartenance.
Les groupes d'appartenances se distinguent en deux
catégories (Volle et Darpy, 2003) :
- Le groupe primaire : là où le contact est
régulier (la famille, les amis ...) - Le groupe secondaire : dans lequel
le contact est plus distant.
Le groupe d'appartenance primaire «
est la matrice de l'identité culturelle de groupe » Rouchy
(1990), en effet, l'individu va pouvoir différencier les limites du Moi
de ceux du groupe (le non-Moi), le bon du mauvais, le mensonge de la
vérité, l'imaginaire du réel, le ciel de la terre... c'est
à partir de ces éléments que l'individu va donner sens
à la vie et à la relation entre personne. Dans les groupes
primaires la connexion est facile car les signes envoyés au sein de ce
groupe sont très vite compris et assimilés, on prend l'exemple de
la famille, souvent on n'a pas besoin de dire toute la phrase pour que le
message soit bien transmis, parfois juste un simple regard suffit pour tout
dire, ceci est valable pour la majorité des groupes à contact
régulier. Selon Freud l'apprentissage de la parole facilite la
compréhension pour l'enfant et lui fait croire que ses parents devinent
ses pensées « car l'enfant avec le langage reçoit la
pensée des autres [...] (et a) le sentiment que les autres lui ont fait
la parole, et avec elle les pensées » tiré de Rouchy
(1990).
Le groupe d'appartenance secondaire est un
stade avancé du premier groupe car il suppose que l'individualisation
soit suffisamment avancée pour qu'existe une relation d'objet et des
rapports d'individu à individu (Rouchy, 1990). Se sont les groupes dans
lesquels le contact est distant tel que, en premier lieu, les crèches et
la scolarisation, puis les clubs et les associations
...
Les groupes de référence poussent l'individu
à se conformer aux standards de consommation du groupe et l'incite
à adopter un comportement grégaire ce qui conduira l'individu
à faire plus attention aux choix du groupe et ainsi garder et
améliorer son image au sein du groupe (Bearden et al. 1989), tel est
l'exemple du choix de la marque lors des achats ; les recherches ont
montré qu'il y a une forte influence quant aux choix des marques
lorsqu'on consomme
14
Chapitre I : Consommation sociale des produits dits
d'utilité publique qui sont visibles au sein du groupe tels que la
montre, les voitures, les habits ... en revanche pour les produits
d'utilité privée tels que le réfrigérateur,
l'aspirateur, la machine à café... il y a moins d'influence du
groupe quant aux choix de la marque et du produit. Cependant le choix des
produits somptuaires publics dépend fortement de l'influence du groupe
sur la marque et sur le produit (club de golf, voiliers...) (Bearden et Etzel,
1982).
La hantise de tout individu est l'exclusion du groupe, en
effet, selon le sociologue Reynaud (1989) « Celui qui ne suit pas les
règles et qui veut les ignorer, ne se heurte pas seulement à la
désapprobation ou à la mauvaise humeur du groupe. Il en est
retranché.» par la non conformité il risque
l'abaissement de son statut social, l'infamie, et même son bannissement
(Amblard, 2009).
Les sociétés ont tout intérêt
à bien investir dans leurs stratégies marketing pour bien choisir
leurs cibles et le produit qui va avec, car de ce point tout individu hors du
groupe et désirant appartenir à ce groupe devra consommer les
mêmes produits/services.
Pour appartenir à un groupe l'individu doit tout
d'abord avoir conscience de soi ensuite une conscience d'autrui, dès
lors un sentiment nouveau naitra de celui du soi social.
1.2. Le soi social
Pour Martinot (1995) la représentation de soi
représente « les efforts que nous faisons pour contrôler
l?impression que nous allons donner », c'est l'image que nous voulons
véhiculer à autrui, elle est liée de près ou de
loin à notre environnement et est clairement remarquable lors de l'achat
car l'individu, par sa volonté de vouloir appartenir à un groupe
ou de montrer une image de soi, va dépenser en se référant
aux choix du groupe et à ses désirs.
Selon Martinot (1995) le soi social se compose de trois
composantes : cognitive, affective et conative.
15
Chapitre I : Consommation sociale
Aspect du soi social
|
Présentation de soi
|
|
Estime du soi
|
Comportement
|
Concept de soi
|
Affect
Cognition
Source : Martinot D. (2002), Le soi, Les approches
psychosociales, collection La psychologie en plus.
Figure 2: Les composantes du soi social
Le cognitif représente tout ce qui est de l'ordre de
notre propre définition de soi, l'affect s'intéresse à la
façon dont nous nous évaluons et le conatif est la
représentation de soi.
Le concept de soi est à la fois stable et dynamique
(Martinot, 1995) car il évolue avec le temps et reste stable avec ce
qu'on a déjà acquis. Martinot (1995) ajoute que « les
éléments qui nous définissent le mieux sont stables alors
que ceux qui nous caractérisent moins bien évoluent avec la
situation ».
Tout ce qui touche l'affectif est lié de près
à l'estime de soi, cette composante du soi social ne peut aboutir
qu'à travers l'interaction avec les autres car un individu ne peut
s'estimer tout seul, il lui faut un avis externe qui va être
accompagné d'une hausse ou d'une baisse de son estime de soi. Les
individus à faible estime de soi sont plus susceptibles d'accepter les
remarques négatives sur eux-mêmes tandis que les individus
à forte estime de soi n'acceptent que les compliments et les jugements
valorisants transmis par autrui sans trop s'accentuer sur les jugements
dévalorisants (Swann et al. 1987, Campbell, 1990, dans Martinot
1995).
16
Chapitre I : Consommation sociale
1.3. Le rôle de l'autre dans la prise de décision
L'impact du regard d'autrui pèse lourd dans la
situation d'achat et lors des prises de décisions, l'acte d'achat
devient un moyen de montrer son rang social et son statut par rapport aux
autres (Veblen, 1899), c'est ce que Lalande (1962), Solomon (1983), et bien
avant eux Platon et Aristote, Appellent « symbole »
c'est-à-dire qu'on acquiert un produit pour la symbolisation qu'il
véhicule et non pour son utilité fonctionnelle. Pour Lalande
(1962) « le symbole est un signe concret évoquant, par un
rapport naturel, quelque chose d'absent ou d'impossible à percevoir
», il faut bien noter la différence entre signe et symbole ;
le signe est le côté visible du message que l'on veut transmettre,
il est visible par tous, mais sa signification ne peut être
déchiffrée que par les personnes ciblées, par exemple un
signe de la tête pour désigner une personne ou un objet ne peut
être compris que par la personne à qui est destinée cette
l'action, donc le symbole est le message véhiculé à
travers le signe.
Solomon (1983) (cité dans Moawad, 2007), note que la
première raison qui pousse un consommateur à acheter les produits
et les utiliser est le symbolisme qui leurs est associés. Aussi, dans ce
sens, un consommateur peut ne pas consommer consciemment un produit pour
prouver et valoriser sa position sociale car « les consommateurs sont
autant jugé par ce qu'ils consomment que par ce qu'ils ne consomment pas
» (Englis et Solomon, 1995 ; Solomon et Englis, 1996b cité
dans Moawad, 2007).
Les firmes sont très sensibles à ce sujet, lors
du lancement d'un produit, une image de marque doit être
véhiculé pour appuyer la position sociale de la marque, du
produit, on prend l'exemple de la marque Volvo qui était un
emblème des protestants contre la guerre au Vietnam (Harper, 1978
cité dans Moawad, 2007), être au volant d'une Volvo affichait,
pour ces consommateurs, un refus de la guerre.
« Pour Veblen, l'homme n'existe et n'est heureux
qu'à travers le regard que lui porte la société, il se
compare perpétuellement aux autres » Moawad, 2007. Par la
soumission à ses règles du code social le consommateur, faisant
très attention au regard d'autrui, va consommer suivant les croyances et
les tendances du groupe de référence, il va suivre la mode,
l'actualité du groupe et le mimer pour des raisons d'appartenance mais
aussi pour montrer sa position hiérarchique et préserver sa place
dans le groupe. Seules les personnes appartenant à ce groupe peuvent
lire les symboles transmis par autrui, exemple des personnes portant une montre
nouvelle collection ; seule les individus initiés peuvent remarquer
ce
17
Chapitre I : Consommation sociale
symbole alors que les autres ne verront qu'une image en
ignorant que cette montre fait partie de la nouvelle collection et non celle de
l'année dernière.
2) Conformisme Social
Le comportement conformiste a été
détecté à travers l'expérience de Asch (1956) dans
laquelle il a essayé de « déterminer dans quelle mesure
nous sommes dépendants à l'opinion des autres ». Pour
ce faire, Asch a rassemblé des groupes d'individus composés d'en
moyenne huit membres dont un seul représente le sujet réel de
l'étude, ces individus doivent deviner à voix haute devant tous
les membres du groupe la longueur de deux lignes par rapport à une ligne
standard, cette expérience se répète dix-huit fois, la
longueur des lignes étant visiblement faciles à définir,
le chercheur s'est arrangé avec les membres du groupe pour qu'ils
répondent de manière erronée, afin de pouvoir
détecter la réponse de l'individu qui n'est pas au courant de cet
arrangement et voir s'il va se conformer à la majorité ou non.
Les résultats de l'expérience ont révélé que
douze parmi dix-huit groupes ont manifesté une réponse
conformiste, ainsi les individus sujet de l'étude ont répondu
conformément à la fausse réponse des acteurs, c'est
à dire presque le un-quart des répondants étaient
indépendants du groupe. Donc pour comprendre cet alignement, Asch a
effectué des entretiens individuels, ces derniers ont
démontré que les individus qui étaient indépendants
avaient confiance en leur perception et donc pouvaient s'écarter de
l'opinion des autres membres du groupe. De l'autre côté, les
individus se conformant à la réponse majoritaire expliquent leur
réaction par la peur d'être mal jugés et faire sujet de
moquerie des autres, ils ont aussi expliqué que «
l'unanimité des membres du groupe les a conduits à les suivre
». En répétant la même expérience mais
cette fois les individus ne sont plus obligés de répondre
à haute voix, Asch a découvert que le taux d'erreur a
considérablement diminué. Pour conclure, un individu appartenant
à un groupe et se trouvant en situation de conformisme peut être
face à un sujet ambigu tout comme dans des situations simples et
objectives, par la suite nous expliquerons davantage ce point. Il est aussi
à noter que les individus ne commencent à imiter la
réponse majoritaire que lorsqu'il y a au moins trois personnes qui
répondent de la même manière avant eux, et si une
quatrième personne répond différemment, le taux de
conformisme a tendance à diminuer.
Comme étant un phénomène social qui
existe depuis la nuit des temps, ce terme mérite d'être
expliqué et présenté dans le cadre de ce mémoire
qui traite du comportement du consommateur. Nous allons essayer de
définir ce terme bien reconnu en sciences humaines et voir ses
applications dans le marketing moderne.
18
Chapitre I : Consommation sociale La
définition du dictionnaire Larousse (2014) du mot conformisme est la
« tendance à se conformer aux usages, à accepter les
manières de penser ou d?agir du plus grand nombre, les normes sociales
» on retrouve la même idée dans la définition
scientifique du terme, «une personne modifie sa position dans la
direction de la position du groupe » Vallerand et al, 1994. Ainsi, le
conformisme existe quand il y a un ensemble de normes suivies dans un groupe,
une personne répondant à son besoin d'appartenir à un
groupe spécifique suit ses normes afin de s'intégrer dans le
groupe désiré et éviter la solitude et le rejet.
Il est nécessaire de comprendre la différence
entre conformisme et normalisation afin de pouvoir distinguer les termes et
leurs usages. Tout dépend des règles et normes instaurées
au sein du groupe, ainsi, en ce qui concerne le conformisme, les normes sont
déjà instaurées et bien précises au sein du groupe.
Dans un autre coté la normalisation stipule une situation ou aucune
règle ni norme ne sont instaurées, mais c'est par les influences
mutuelles entre les membres d'un même groupe, par exemple dans un groupe
d'amis qui se rassemble les après-midi pour jouer de la musique si une
personne à un moment donné apporte à manger et offre aux
autres la nourriture, les jours d'après une autre personne va faire de
même, ainsi si cet acte se répète il va devenir une norme
suivie par le groupe (Oberlé, 2010).
Selon Oberlé (1999) ce besoin d'intégration
social se justifie par trois raisons principales à savoir :
? Conformisme utilitaire ou par complaisance, utilisé
par l'individu pour se dissiper entre les membres du groupe et épargner
les problèmes et éviter de se faire remarquer.
? Conformisme identitaire ou par identification, l'individu se
retrouve dans ce groupe, il s'y identifie, dont il choisit de maintenir de
bonnes relations avec ses membres tout en suivant les règles normatives
afin de se faire accepter.
? Conformisme par intériorisation, le contenu est
massivement évoqué au point qu'il devient
intériorisé par l'individu qui adhère le groupe non par
conformisme, mais par conviction.
Dans les sciences humaines, on a constaté que la
personne qui se trouve conforme à un certain groupe, se trouve
coincée dans le paradoxe appartenance et identité. Cela signifie
que cette personne ne veut pas admettre que son appartenance à un
certain groupe affecte son identité, elle a besoin de se sentir
différente et originale, donc elle essaie de se défendre en
disant que « l'autre me ressemble pas moi ». On peut observer ce cas
dans le comportement des personnes fan de la marque Apple, surtout leur produit
I Phone. Ainsi une personne qui
19
Chapitre I : Consommation sociale possède un I
Phone (qui est déjà conforme au groupe des utilisateurs d'I
Phone) essaie toujours de se procurer la dernière version de
téléphone afin de se distinguer des autres utilisateurs (Camus,
2014).
On peut constater que le conformisme dans toutes ses formes
répond à un seul besoin humain, celui de sentir la
sécurité d'appartenir à un groupe. Etre concerné de
près ou de loin de toutes les problématiques auxquelles peut
s'affronter le groupe et ses normes, ainsi que de participer dans la prise de
décision. A ce sujet, c'est-à-dire la prise de décision au
sein du groupe, cette dernière dépend des membres les plus
influents dans le groupe, donc on parle de conformisme aux idées les
plus évidentes, d'où la théorie du «comportement
moutonnier » Hamilton (1971). Ça n'empêche pas qu'il peut
exister une minorité capable de négocier et de convaincre la
majorité. Généralement la prise de décision dans un
groupe est conforme aux règles et normes instaurées
préalablement dans le groupe. Mais si l'individu prend la
décision indépendamment du groupe, il a tendance à
être plus aventurier et détaché des normes du groupe. En
revanche si les membres du groupe se trouvent impliqués dans la prise de
décision et discutent ensemble de la décision à prendre,
le groupe prendra des décisions plus risquées que la moyenne des
individus séparés.
Le conformisme existe dans tout type de société,
car comme on l'a déjà évoqué il répond
à un besoin d'appartenance, selon Camu (2014) dans une
société collectiviste les repères normatifs sont
construits par la communauté, dans l'autre sens dans une
société individualiste les repères normatifs sont
construits par les médias (par exemple : les publicités qui
intensifient la nécessité de perdre du poids pour paraitre plus
belle et plus attirante). Ainsi dans la société individualiste on
assiste généralement à la forme de conformisme
créée et intensifiée par les medias et l'effet
manipulateur de la publicité. C'est-à-dire le conformisme par
intériorisation (Kelman, 1958), qui grâce à une diffusion
massive auprès de toutes les catégories sociales induit à
la normalisation. Les publicités de nos jours sont allées encore
plus loin pour attaquer un nouveau groupe de personnes, en créant une
stratégie de non-conformisme qui vise les personne qui n'appartiennent
pas à des groupes et qui sont en conflit avec les normes de leur groupe
(par exemple : les marques de Jeans de rebelles qui transmettent l'image d'un
jeune unique).
Les études en sciences humaines, ont découvert
que le conformisme crée une sorte de stress chez les individus, qui sont
obligés de suivre les normes afin de garder leur place dans le groupe et
éviter de se faire rejeter. Ainsi et pour éviter cet
inconvénient majeur du
20
Chapitre I : Consommation sociale
conformisme, il est nécessaire de se munir d'un esprit
critique et favoriser le doute « par l'acceptation des points de vue
minoritaires » (Oberlé, 2010).
Conclusion :
Dans ce chapitre on a vu que le consommateur, pour
procéder à une décision d'achat, doit suivre une approche
logique basée sur le modèle d'Engel, Kollat et Blackwell (1968),
alors que, dès que la présence d'un tiers se fait sentir, la
notion du logique se repli et laisse place au mimétisme et à la
conformité entre les individus. On a vu aussi que l'achat impulsif peut
être l'incarnation de l'achat mimétique du fait qu'un consommateur
ajoute inconsciemment un produit à son panier par l'impulsion
dégagée par un autre consommateur ou par le rappel d'une
publicité incluant une idole.
La décision d'achat peut varier d'une personne à
une autre, d'un groupe à un autre selon les circonstances, cependant on
a vu que l'influence sociale peut être un facteur pertinent dans la
dépendance et la conformité entre les groupes où chaque
individu souhaitera avoir un comportement semblable aux autres afin
d'éviter le rejet ou le bannissement.
21
CHAPITRE II : MIMETISME, CADRE CONCEPTUEL
22
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Dans ce chapitre on expliquera la notion de mimétisme,
ses origines, et son utilisation. Nous allons voir les différents
domaines d'utilisation du mimétisme puis on distinguera le
mimétisme de l'imitation.
Section 1 : Le mimétisme : origines et
distinction conceptuelle
Le terme mimétisme a vécu des changements au
cours du temps, les philosophes et les naturalistes ont eux différentes
définitions à propos de ce sujet mais ils étaient d'accord
sur le fait qu'il doit exister deux acteurs et un facteur pour réaliser
l'acte de mimétisme.
1) Définition du mimétisme
« Reproduction machinale, inconsciente, de gestes et
d'attitudes des gens de l'entourage.3 » Du grec ancien
« ìßìçóéò »,
mímêsis, qui signifie : imitation, représentation...
Le terme fut tout d'abord utilisé par Platon et
Aristote (au 3ème siècle av J.C) pour désigner
les arts d'imitation. Les deux philosophes de la Grèce antique avaient
chacun une conception différente de la mimesis ; en effet, pour Platon
le terme signifie « imitation » quant à son disciple Aristote
le terme signifie plutôt « représentation ».
Platon voit la mimesis comme une imitation du troisième
degré et considère les artistes qui imitent comme des dangers
pour la réalisation de la République, car jamais l'imitation ne
sera égale à la réalité, ce n'est qu'une illusion,
affirme-t-il. Le dialogue entre Socrate et Glaucon dans le livre X de la
République montre bien cela « soit. Tu appelles imitateur
l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois
degrés. [...] donc le faiseur de tragédies, s'il est un
imitateur, sera par nature éloigné de trois degrés du roi
(dieu, le créateur naturel de l'objet) et de la
vérité, comme aussi, tous les autres imitateurs. » Il
parle aussi de l'imitation comme étant quelque chose de corrompu
« Nous n'avons pas encore, cependant, porté l'accusation la
plus grave contre l'imitation, c'est-à-dire, qu'elle est capable de
corrompre même les hommes de bien, avec très peu d'exceptions, et
c'est une chose terriblement dangereuse. Terrible, en effet, si elle fait cela
».
3 Définition tirée du dictionnaire Larousse
23
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Aristote traite de la tragédie, pour lui la mimesis est
vue comme « représentation » car pour lui il ne s'agit pas de
considérer le rapport au modèle mais plutôt les techniques
de représentation à l'oeuvre dans la tragédie, «
La mimèsis n'est pas pure copie, comme pourrait le laisser entendre sa
traduction consacrée (imitation...) ; elle est création, car
transposition de figures de la réalité À ou d'une
donnée narrative (le cycle d'OEdipe ; le cycle d'Ulysse). Elle qualifie
à la fois l'action d'imiter un modèle, mais également le
résultat de cette action, la représentation de ce modèle ;
elle désigne ce mouvement même qui, partant d'objets
préexistants, aboutit à un artefact poétique...»
Poétique 6.
Ricoeur (1983) départage les deux traductions dans son
oeuvre Temps et Récit en les retenant et nous explique dans
quel cas utiliser le mot imitation et dans quel autre cas utiliser celui de
représentation « Si nous continuons à traduire mimesis
par imitation, il faut entendre tout le contraire du décalque d'un
réel préexistant et parler d'imitation créatrice. Et si
nous traduisons mimesis par représentation, il ne faut pas entendre par
ce mot quelque redoublement de présence » (Ricoeur, 1983).
Il y avait une confusion dans l'utilisation du mot
mimétisme, pour certains c'était une imitation pour d'autre une
représentation, en fait, le mimétisme va au-delà de
ça, c'est un moyen d'apprentissage et de reproduction machinale des
éléments de l'entourage ; nous allons voir dans ce qui suit la
signification du mimétisme et son utilisation dans le monde animal et le
monde humain.
2) La mimesis animal :
La définition du mimétisme a subi des variations
au cours du temps, en effet, le mot mimétisme a été
utilisé par le naturaliste anglais Henry Walter Bates (1861). Il
signifie « capacité à mimer » chez les animaux
; en d'autre terme c'est la capacité qu'ont certaines espèces
animales à se fondre dans le milieu où ils résident
grâce notamment à leurs interactions avec les espèces
différentes ou espèces de même famille, sans eux le
mimétisme ne peut avoir lieu car il n'a pas d'intérêts sur
l'animal qui vit isolé.
Le processus mimétique fait intervenir trois acteurs : le
modèle, le mime et la dupe.
Le modèle : (celui qu'on imite, l'espèce
référence).
Le mime : (celui qui imite le modèle).
La dupe : (celui qu'on veut tromper, il est la cause du
déclenchement du processus mimétique, l'opérateur).
24
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Le Littré en 1874 définit le mimétisme
comme la « Faculté qu'ont certains animaux de prendre une
apparence conforme aux objets qui les entourent » le but de cette
action pour l'animal est d'assurer sa survie d'un côté et sa
pérennité de l'autre. Il intervient dans les comportements
défensifs, offensifs et la reproduction de l'espèce.
? Défensif
L'animal lutte pour sa survie en étant une sorte de
fugitif aux yeux de la loi de la jungle ; il doit se cacher, se camoufler,
effrayer et éloigner ses antagonistes.
? Offensif
L'animal utilise le mimétisme aussi pour attaquer et
chasser ses proies, il devient le prédateur. Dans ce cas il va mimer une
espèce non agressive, prendre une apparence agréable,
évite d'attirer les soupçons et ainsi charmer ses proies et les
tuer pour se nourrir et/ou nourrir sa famille.
? La reproduction
Pour assurer sa pérennité et une
progéniture future, l'animal doit user de ce phénomène et
prendre l'apparence d'un mâle dominant ou lâcher une odeur
attrayante tel l'exemple des « abeilles-Orchidées mâles
qui reproduisent l?odeur des orchidées pour attirer les femelles et
accomplir la reproduction »
Afin de réaliser l'acte dit « mimétique
» l'animal ou l'être en question doit se servir de l'un ou de
plusieurs de ses cinq sens :
? Le visuel
Il s'agit d'imiter les formes, la couleur du milieu, ou encore
d'utiliser les éléments de l'environnement pour se camoufler ou
se déguiser (algues, excréments...) dans le but de tromper la
proie ou le prédateur.
? L'Olfactif
Il consiste pour le mime à reproduire l'odeur d'autres
animaux et ce dans le but d'effrayer ou d'attirer les autres espèces.
25
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
? Le Gustatif
Il est très proche du mimétisme olfactif, le
mime reproduit une substance similaire à celle du modèle lui
procurant ainsi le même profil.
? Le tactile
Il s'agit pour le mime de duper les animaux aveugles ou ne
possédant qu'une vision réduite en imitant la sensation de
toucher que procure le modèle (l'animal marin -le Labroides dimidiatus-
est un labre nettoyeur qui nettoie les autres poissons des bactéries, il
est reconnu par son sens du toucher ; les espèces qui prennent le labre
pour modèle vont ainsi imiter son sens de toucher pour avoir l'occasion
de croquer une branchie ou une nageoire de l'espèce dupée).
? L'auditif ou l'acoustique
Le mime utilise comme modèle un bruit ou un son
provenant d'un autre animal ou végétal pour tromper la dupe, on
cite à titre d'exemple les oiseaux copiant le chant d'autres oiseaux
pour attirer les femelles, ou les reptiles reproduisant certain bruit pour
intimider leurs prédateurs.
L'animal semble être conscient de ses actions, il mime
pour un but précis (sa survie, la survie de sa famille, la reproduction
de son espèce) alors peut-on en dire autant pour l'homme ? Et peut-on
qualifier son acte de mimétisme, lorsque ce dernier prend conscience de
son acte et d'autrui ?
3) Mimesis et psychanalyse
La mimésis a été évoquée
dans la psychanalyse aussi, essentiellement avec Freud et Girard, les deux
érudits n'étaient pas du même avis. En effet, pour le
premier la mimésis est primitive, universelle et est source de
rivalité dans la famille tandis que pour le second la mimésis est
source d'apprentissage qui suit une mécanique unique et qui est source
d'épanouissement dans la famille.
3.1 La théorie de Freud
Ce génie de la psychanalyse a émis des
théories concernant le mimétisme en posant l'hypothèse que
ses structures sont primitives, et universelles et qu'il est difficile,
voire
26
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
impossible, pour un fils d'imiter son père sans en
faire son rival, son obstacle (le complexe d'OEdipe).
On rappelle brièvement le mythe d'OEdipe : c'est un
concept de la psychanalyse théorisé par Freud qui raconte
l'histoire d'un roi et d'une reine qui ayant mis au monde un fils, ce dernier
va tuer son père et épouser sa mère. C'est ce qu'il
appelle aussi le« désir libidinal » (portant sur
l'amour des parents de sexes opposés).
Girard (2008) s'oppose à cette théorie en disant
lors d'une interview :
« la vraie famille, c'est là où Freud
se trompe totalement, le père introduit son fils au désir
légitime, et le fils ce n'est pas la mère qu'il désire
sexuellement, parce que ce n'est pas vrai qu'un petit enfant désire sa
mère sexuellement, mais c'est sur toutes les choses de la vie qu'un
père peut lui introduire parce qu'il n'est pas rival [...] moi je dis
que la preuve de Freud est fausse, je l'ai comprise le jour où j'ai eu
un fils qui a eu vraiment un grand succès, et un fils ne peut parler de
son succès qu'à son père, alors qu'il ne peut pas parler
à ses paires, parce que ce sont ses rivaux4» donc
le statut du père rival est écarté.
3.2 La théorie de Girard
René Noël Théophile Girard est né en
1923 à Avignon où il a grandi et fait ses études, ensuite
il part à Paris pour suivre les cours d'histoire de l'Ecole des Chartes,
en 1947 il voyage pour Indianapolis (Etats-Unis) pour faire son doctorat
d'histoire. Entre temps il enseigna la littérature et découvrit
ses grandes oeuvres. Il part ensuite pour la State University de New York, puis
l'Université de Stanford où il enseigna jusqu'à sa
retraite en 1995.
Girard a constaté au fil du temps que les plus grandes
oeuvres littéraires ont toutes quelques choses en commun, est-ce
dû à un pur hasard ? En tout cas pour ce philosophe-anthropologue
il n'y a pas de doute, tous les personnages des grandes oeuvres
littéraires suivent une mécanique comportementale unique.
4Cité lors d'une interview sur la conception du
désir :
http://www.youtube.com/watch?v=zwRb7Ou9lZY
27
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Tout désir est issu des désirs de l'Autre, et le
plus extraordinaire c'est qu'une fois un désir est élu par le
modèle (c'est la personne qui désigne les objets « le
médiateur du désir ») qu'on a tendance à s'approprier
ce désir pour en faire notre propre ambition. « Don Quichotte
et Sancho empruntent à l'Autre leurs désirs en un mouvement si
fondamental, si originel, qu'ils le confondent parfaitement avec la
volonté d'être soi» Girard (1961).
A un certain moment nous aurons des doutes, et nous nous
dirons que ces fables, ces oeuvres légendaires, ces mythes... ne sont
que des histoires, et nous nous exclamerons en disant en quoi ces
légendes de la littérature reflètent elles notre
réalité ? Et bien, toutes ces oeuvres ont bien été
racontées et écrites par des Hommes ce qui, d'un
côté ou d'un autre, reflète inconsciemment l'image des
auteurs et prouve l'existence d'une réalité si lointaine et si
absurde soit elle, car un écrivain ne peut écrire une oeuvre que
d'après son vécu lointain et ses propres expériences ou
l'expérience des autres. On peut même dire que l'écrivain
«imite son entourage».
Girard (1961) voit dans le mimétisme une forme
légitime et intrinsèquement bonne, « Si nos
désirs n'étaient pas mimétiques, ils seraient à
jamais fixés sur des objets prédéterminés, ils
seraient une forme particulière d'instinct. Les hommes ne pourraient pas
plus changer de désir que les vaches dans un pré. Sans
désir mimétique il n'y aurait ni liberté ni
humanité. Le désir mimétique est intrinsèquement
bon.» Le mimétisme est fondamental pour l'humanité, il
apporte liberté et épanouissement, grâce au
mimétisme l'Homme pourra se distinguer des animaux et éviter la
monotonie de la vie.
3.3 Le désir triangulaire :
Girard (1961) montre que tout désir mimétique
suscite une interaction entre trois acteurs :
Le médiateur : nommé aussi
« le modèle » ; c'est la personne qui est au sommet de la
hiérarchie triangulaire, elle désigne l'objet du désir au
sujet.
On distingue deux sortes de médiation : la
médiation interne et la médiation externe.
« Nous parlerons de médiation externe lorsque
la distance est suffisante pour que les deux sphères de possibles dont
le médiateur et le sujet occupent chacun le centre ne soient pas en
contact. Nous parlerons de médiation interne lorsque cette même
distance est assez réussite pour que les deux sphères
pénètrent plus ou moins profondément l'une dans l'autre.
» Girard (1961).
28
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Pour simplifier, la médiation interne et
médiation externe expriment réciproquement la présence VS
non présence ou présence lointaine du médiateur.
Dans la médiation interne, le modèle est
considéré comme une sorte d'obstacle, une source de
rivalité « le sujet éprouve donc pour ce modèle
un sentiment déchirant formé par l'union de ces deux contraires
que sont la vénération la plus soumise et la rancune la plus
intense. C'est là le sentiment que nous appelons haine »
(Girard, 1961).
Car plus le sujet est proche du médiateur et plus le
désir mimétique prend de l'ampleur, c'est-à-dire
qu'à force d'envier son modèle le sujet va petit à petit
s'approprier le désir de son `maître' et en faire son objectif
« Dans la querelle qui l'oppose à son rival, le sujet
intervertit l'ordre logique et chronologique des désirs afin de
dissimuler son imitation. Il affirme que son propre désir est
antérieur à celui de son rival ; ce n'est donc jamais lui,
à l'entendre, qui est responsable de la rivalité : c'est le
médiateur» Girard (1961).
Concernant la médiation externe, on prend l'exemple de
Don Quichotte et d'Amadis de Gaule, Don Quichotte a pour idole Amadis, il n'a
jamais rencontré ce personnage (donc il n'aura jamais de rival) mais il
en fait son propre médiateur du désir, il est comme
émerveillé par tout ce que fait ce chevalier qui triomphe des
routes « Je veux, Sancho, que tu saches que le fameux Amadis de Gaule
fut un des plus parfaits chevaliers errants. Mais que dis-je, un des plus
parfaits ? Il faut dire le seul, le premier, l'unique, le maître et le
seigneur de tous ceux qu'il y eut en ce monde...» Girard (1961).
Le sujet : le personnage qui imite le
médiateur est en fait son rival, car le sujet veut à tout prix
imiter le modèle et s'approprier son désir. « Proust
compare à soif ce désir atroce d'être l'Autre :
Soif À pareille à celle dont brûle une
terre altérée À qu'une vie que mon âme parce qu'elle
n'en avait jamais reçu jusqu'ici une seule goutte, absorberait d'autant
plus ardemment, à longs traits, dans une plus parfaite imbibition
5».
L'objet : c'est l'objet du désir, il
est désigné par les tiers d'une manière inconsciente mais
qui deviendra une obsession (pour le sujet) par la suite. « L'objet
n'est qu'un moyen d'attendre le médiateur, c'est l'être de ce
médiateur que vise le désir » Girard (1961).
5 Chapitre II À les hommes seront des dieux les
uns pour les autres À du livre mensonge romantique et
vérité romanesque, René Girard 1961.
29
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel

Objet Sujet
PLATON
Objet Sujet
Maître
(Médiateur, modèle)
GIRARD
Objet Sujet
SPINOZA
Source : Roggero (2001), Sport... et désir de guerre
édition l'harmattan. Figure 3: Les trois modèles
d'imitation
Pour Platon (au 3ème siècle av J.C),
on part de l'objet pour aller au sujet, c'est-à-dire qu'on aime cet
objet parce qu'il est meilleur que les autres, qu'il est désirable.
Pour Spinoza (cité dans Roggero, 2001), dans sa ligne
droite il parle du sujet pour aller à l'objet, c'est la personne qui
choisit l'objet, non qu'il soit désirable mais c'est parce qu'il
désire ce qu'il veut et il a élu cet objet là, c'est son
« moi » profond qui choisit, il dit « ce n'est pas parce
qu'une chose est bonne que nous la désirons, mais parce que nous la
désirons qu'elle est bonne ».
Girard quant à lui, parle de désir triangulaire,
il introduit un acteur fondamental pour expliquer le lien qui relie le sujet
à l'objet, c'est le médiateur, il est au sommet de la
hiérarchie, la distance qui le sépare de l'objet est la
même pour le sujet, car le sujet et le modèle peuvent tous les
deux occuper le rôle du médiateur, pour cette raison Girard (1961)
parle de « triangle isocèle ».
Ce qui est remarquable ici, c'est qu'à travers le monde
Humain À Animal, on remarque une ressemblance très frappante
notamment dans leurs acteurs :
30
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Tableau 1: Comparaison entre les acteurs humains et
aminaux
Humain Animal
Le médiateur (modèle) Le modèle
|
Le sujet Le mime
Le médiateur « humain » et le modèle
« animal » sont similaires, ces deux acteurs ont la même
fonction celle de donner espoir, envie, désir au sujet ou mime ; c'est
le symbole de l'idolâtrie.
Les sujets ou les mimes, eux aussi présentent les
mêmes caractéristiques comportementales ; ils ont pour
finalité d'imiter les désirs du modèle pour atteindre
l'objet ou la dupe.
Les objets ou les dupes quant à eux sont
différents d'un monde à un autre, l'Homme se lance dans une
rivalité infernale pour satisfaire le désir de ses envies et
acquérir l'objet tant convoité. Alors que l'animal ne cherche
qu'à duper l'autre espèce pour une finalité simple (sa
survie, sa pérennité) ce qui est tout à fait
compréhensible, si on se réfère à la pyramide de
Maslow, car l'animal ne vit que pour satisfaire ses besoins primaires à
savoir physiologique et de sécurité alors que l'Homme voudrait
plus (besoin d'appartenance, d'estime et de réalisation).
On peut dire que « le comportement humain s?explique
en partie par le comportement de ses ancêtres animaux. »
(Darwin).
3.4 Imitation et mimétisme
L'action d'imiter est l'essence même de la nature du
vivant, elle joue un rôle primordial dans l'apprentissage et
l'acquisition de connaissances «L'imitation est une espèce
d'apprentissage par observation qui nous offre l'un des principaux moyens
d'acquérir des connaissances 6» (Abravanel et al., 1976), dans
la reproduction des postures, gestes et attitudes « imitation
6« Imitation is a species of observational learning
that provides us with one of the primary means of acquiring
knowledge.»
31
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
autoplastique » (Wallon, 1949), dans
l'acquisition du langage (Brown et Belugi, 1964), dans le développement
de la culture (Baudonnière, 1997).
Platon parle de l'imitation comme une seconde nature pour
l'homme « ...n'as-tu pas remarqué que l'imitation, si depuis
l'enfance on persévère à la cultiver, se fixe dans les
habitudes et devient une seconde nature pour le corps, la voix et l'esprit ?
» (395d).
On observe chez l'être humain le développement de
ce phénomène depuis sa naissance ; un bébé de 32
heures peut reproduire des mimiques simples, expérience faite par
Meltzoff et Moore (1994). C'est ce que Piaget (1945) appelle imitation
« sporadique et partielle ». Exemple d'une expérience
: «Laurent regarde une boite d'allumettes que je tiens dressée
dans le sens de la hauteur et que j'ouvre et ferme alternativement.
Enchanté par ce spectacle qu'il regarde avec la plus grande attention,
il imite la boite de trois manières. 1° il ouvre et ferme sa main
droite en regardant l'objet, 2° il fait tff tff avec la bouche pour
reproduire l'objet, 3° enfin [...] il ouvre et ferme la bouche »
Piaget(1945).
« L'enfant n'imite pas n'importe quoi, n'importe qui,
et dans n'importe quelles conditions. L'objectif de l'imitation peut être
la forme ou le contenu de l'activité, le procédé ou le
résultat, la personne ou l'action » (Nadel et
Baudonnière, 1980). Cette introduction reflète le
côté sélectif et conscient du choix de l'imitation de
l'objet ou du sujet élu. Depuis son plus jeune âge, l'enfant
apprend à différencier les choses et à contrôler,
comme le nomment Miller et Dollard (1941), « ses pulsions d'imitation
», il développe ainsi un caractère élitiste et
raisonné par rapport à ses choix et préférences.
Le mimétisme quant à lui, est un comportement
instinctif, spontané et nécessite moins de réflexion que
l'acte d'imitation, on remarque la présence de cette action dans les
phénomènes de foule (concert, manifestation, hypermarché,
jeux de stade, communauté...) ce qui pousse l'individu à manquer
de raison et à perturber son jugement final. Asch (1952) a
réalisé une expérience qui montre la force du pouvoir
social sur l'affectation du jugement personnel, l'expérience consistait
à placer un sujet dans un groupe de personnes (complices) et leurs
posaient des questions --sachant que les réponses à ces questions
posaient à des personnes hors du groupe étaient presque toujours
correctes-- les réponses étaient évidentes, mais les
sujets ont montré des signes d'anxiété et de stress suivis
de réponses erronées. Car ils savaient que leurs réponses
étaient correctes mais ils doutaient à cause de
l'unanimité du groupe. « Il me semble que j'ai raison, mais ma
raison me dit que j'ai tort parce que je doute que tant de gens aient tort et
moi raison » Asch (1952).
32
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Les auteurs comme Benjamin, Girard, Adorno, Derrida, Serres,
Bourdieu et Bruner (cité dans Zattoni, 2007) considèrent l'aspect
social du mimétisme comme un aspect important de l'humanité :
« Il est pourtant évident qu'ils considèrent la
mimèsis comme un aspect extrêmement important de l'existence
sociale humaine, aspect que l'on peut remarquer dans les arrangements, les
mises en forme et les productions indépendantes que les hommes
construisent en se référant à d'autres êtres
humains. Dans l'agir mimétique, un individu produit son propre monde,
mais il se réfère pour cela à un autre monde qui est
déjà là À en réalité ou en
représentation.» (Gebauer et Wulf, 2004 cité dans
Zattoni, 2007).
4) Distinction entre mimétisme et imitation
:
Pour Pierre-Marie Baudonnière (1997) la distinction
entre mimétisme et imitation est liée à trois
caractéristiques humaines : la sélectivité, la conscience
de soi et la conscience d'autrui.
? La sélectivité :
Le mimétisme est un réflexe instinctif, tandis
que l'imitation est plutôt à vocation consciente et rationnel ; on
choisit ce qu'on veut imiter « L'enfant n'imite pas n'importe quoi,
n'importe qui, et dans n'importe quelles conditions » (Nadel et
Baudonnière, 1980), mais on ne choisit pas l'objet de notre
désir, et par la suite notre médiateur « L'homme est
incapable de désirer par lui seul, il faut que l'objet lui soit
désigné par un tiers » Girard(1961).
? La conscience de soi :
Le concept de soi se manifeste chez le nouveau-né au
cours de sa deuxième année, cette manifestation se
caractérise par la reconnaissance de soi dans un miroir (Zazzo, 1981),
l'épreuve référence est celle de la «tache ».
L'expérience de la tache constitue une preuve
irréfutable de conscience de soi chez l'enfant; lors de son sommeil, on
dessine une tache noire sur son front. Face au miroir l'enfant essayera
d'effacer cette marque, ce qui a conduit les psychologues (Gallup, 1970,
Amsterdam, 1972 cité dans Rochat et al. 2010) à conclure que
l'enfant se reconnait face à son reflet sinon il aurait tenté
d'essuyer la tâche à travers le miroir.
Cette conscience de soi par rapport aux autres est très
importante car elle permet à l'enfant la différenciation et lui
facilite l'apprentissage par imitation d'autrui. « Dès 18 mois,
l'enfant développe en effet une conscience de soi en concert avec celle
d'autrui. Ce développement est
33
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
l'expression d'une coconscience de soi où l'enfant
devient conscient de lui-même dans sa dépendance aux autres, de
même qu'en fonction et au travers du regard d'autrui. Ceci est un pas
décisif car il représente le début de la collaboration et
ce qui rend possible l'apprentissage par autrui, en d'autres termes
l'enseignement » Rochat (2003).
? La conscience d'autrui:
Dès la prise de conscience d'autrui, une nouvelle forme
d'imitation se manifeste, l'imitation pour communication. En effet, durant ses
premières années l'enfant ne peut pas parler, ce qui lui permet
de développer un moyen de communication basé sur l'imitation
mimique (sans mots) de l'autre. « Nous avons découvert cette
fonction transitoire de l'imitation en créant un environnement
composé d'objets identiques » (Nadel-Brulfert et
Baudonnière, 1982, Nadel, 1986).
Cette prise de conscience ou cette révélation
est pour l'enfant la naissance d'une chose nouvelle, grâce à
laquelle il reconnaitra ses limites « Nous constatons que vers 14
mois, l'enfant commence à demander de l'aide, comprenant les limites de
ses propres capacités par rapport à celles de l'autre»
Rochat (2003) et développera de nouveaux potentiels comportementaux
face aux autres.
Baudonnière (1997) parle d'une autre forme de
reproduction comportementale ; le mimétisme dans sa forme
développée, ce qu'il nomme apprentissage par
observation, « Dans l'apprentissage par observation, la personne
de l'autre importe peu. Seuls ses comportements sont intéressants
indépendamment des intentions de celui qui les produit »
(Baudonnière, 1997).
Le mimétisme est reconnu quelque fois par son
caractère inconscient et spontané (non sélectif), il ne
suppose pas une planification préétablie des personnes ou des
objets à imiter, l'envie de mimer l'autre se réveille lorsqu'une
personne (le modèle ou le médiateur) choisit un objet ou un
produit. Dès lors, un désir mimétique se crée
envers l'objet voué et un sentiment de rivalité naît. Ce
n'est qu'avec l'imitation que l'individu sera en quelque sorte maître de
ses tendances imitatrices, en étant plus conscient et vigilant de ce qui
l'entoure c'est-à-dire qu'il prend conscience de soi et d'autrui et
associe cette conscience à son pouvoir d'imitation.
34
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
« J'imite parce que je désire, je
désire parce que j'imite... » Chavalarias (2009)
réfère au désir mimétique et à l'imitation
rationnelle. En effet, ce qu'on entend dire par « j'imite parce que je
désire » est qu'il y a une relation de causalité entre
les deux, le désir d'imiter s'explique par la présence d'un
désir, et vice-versa.
«Avec le mimétisme, on restait dans la
sphère des réactions grégaires n'impliquant pas de
conscience de soi, mais seulement un certain degré de reconnaissance du
fait que les attributs de l'autre sont voisins des siens. Avec l'apprentissage
par observation, une certaine identification de la similitude des moyens se
fait jour, mais sans véritable attribution d'intentionnalité
à autrui. Ce n'est qu'avec l'imitation que cette double forme
d'intentionnalité va apparaître. Elle est spécifique de
l'espèce humaine, responsable de l'apparition du langage, de la
pensée symbolique, d'une forme élaborée de conscience de
soi et de conscience d'autrui. Elle est la base de la « culture
» Baudonnière, 1997.
Tableau 2: Comparaison entre imitation et
mimétisme
|
Imitation
|
Mimétisme
|
Sélectivité
|
? Sélective
? Rationnelle
|
? Instinctif
? Irrationnel
|
Conscience de soi
|
Nécessite une conscience de soi
|
La conscience de soi n'est pas importante, seule la conscience
d'autrui l'est
|
Conscience d'autrui
|
Communication
|
Apprentissage par observation
|
Il s'avère que le mimétisme peut être
introduit dans tous les domaines, du moment que l'on trouve minimum deux
acteurs et un objet ou une idée, il est différent de l'imitation
par son caractère inconscient et spontané c'est-à-dire que
l'on pense à faire l'action de l'autre pour avoir le même objet
mais on ne se rend pas compte qu'on est en train de mimer l'autre et de
s'approprier son désir.
35
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Section 2 : Le rôle du mimétisme dans le
processus décisionnel du consommateur
La notion de mimétisme a été longuement
discutée dans la littérature, les histoires d'amour, le monde
animal, la cause de la rivalité et de la haine entre les êtres qui
coexistent ensemble ou même entre les hommes et leurs idoles, qu'elles
soient imaginaires ou réelles. Il est temps de voir son influence dans
le marketing et le monde de la consommation et de la distribution.
1) Mimétisme et mimétisme
Il existe à présent deux notions principales
reliées au mimétisme ; la première est verbale et la
seconde est comportementale (non-verbale). Il est donc nécessaire
d'expliquer les deux notions de mimétisme auxquelles les chercheurs et
la littérature font appel :
1.1. Mimétisme verbal
L'imitation des paroles des autres, des répliques de
notre entourage ou même d'un parfait inconnu est une façon
d'exprimer notre idolâtrie pour la personne de laquelle on tire ses
paroles, les personnes miment des mots spécifiques, des clauses, la
grammaire des phrases entière (Bock, 1986, 1989; Levelt et Kelter,
1982), l'accent (Giles et Powesland, 1975), le débit de parole (Webb,
1969, 1972), le ton de la voie (Neumann et Strack, 2000), et le rythme des
discours (Cappella et Panalp, 1981) des partenaires d'interaction.
« Le mimétisme dans le cas du contenu verbal
serait la réplication, à l?identique, des mots et du ton de voix
des propos de notre interlocuteur » (Van Baaren et al. 2003
cité dans Jacob et al, 2011), plusieurs études ont
été faites dans le cadre de la recherche marketing. Ces
recherches ont montré que lorsqu'un vendeur mime verbalement un client,
ce dernier a tendance à avoir un comportement favorable à l'achat
et un jugement positif du personnel et du lieu de vente (Jacob et al, 2011),
mais aussi l'imitation miroir de nos interlocuteurs renvoie à une image
désireuse et chaleureuse de nous-mêmes du fait que les «
neurones miroirs » (Rizzolatti et Sinigaglia, 2007 cité dans Jacob
et al, 2011) activent chez l'individu le reflet de sa propre image dans la
personne le mimant, ce qui induit à une interprétation positive
des gestes et paroles de l'autre personne. Par le simple fait de
répéter la commande de ses clients, le serveur peut augmenter son
pourboire, car les personnes qui sont imitées deviennent plus
généreuses envers la personne qui les imite (Van Baaren et al.
2003).
36
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Dès leurs naissances, les bébés
âgés de 2 à 4 jours peuvent mimer verbalement les pleurs
des autres bébés et peuvent aussi discerner les vrais des faux
pleurs (Simner, 1971).
En se référant à l'article de Chartrand,
Maddux et Lakin (2005), nous pouvons citer les exemples suivants :
Selon les études de Capella et Panalp (1981), les
interlocuteurs d'une conversation qui dure plus de 20 minutes ont tendance
à synchroniser leurs intérêts avec l'autre personne, mais
aussi à correspondre leurs rythmes de parole, les temps de pause et la
probabilité de briser le silence. Young et Frye (1966) ont fait une
expérience pour voir le niveau d'humour d'une personne (seul VS dans un
groupe), il s'avère que le rire en groupe était plus favorable
que dans la condition du rire seul. Neumann et Strack (2000, study2) ont mis en
évidence le fait que les individus miment le ton de la voix, même
si la personne mimée n'est pas présente, la recherche a
été réalisée sur des participants écoutant
une bande sonore préenregistrée, comportant une voix joyeuse et
une voix triste. Les participants qui ont écouté l'enregistrement
avec la voix heureuse ont tendance à utiliser le même ton de voix
que la personne écoutée tandis que les participants qui ont
écouté la bande audio avec la triste voix, avaient tendance
à répéter le discours avec un ton triste.
1.2. Mimétisme comportemental
Regarder et faire comme les autres peuvent être en fait
des actions conscientes comme ils peuvent être inconscientes, le
mimétisme prouve la spontanéité de ce geste si subtile
soit-il ; Chartrand et al. (2005) ont pu déduire que l'action,
considérée pendant longtemps comme étant un acte
contagieux, s'avère en réalité être une action qui
génère la même action chez les autres individus, on cite
à titre d'exemple l'action de bailler (Provine, 1986) et la grimace
d'une personne qui souffre (Bavelas, Black, Lemery et Mullett, 1986, 1987).
On mime aussi la posture, la gestuelle et des mouvements
spécifiques d'une personne complètement étrangère,
c'est ce qu'ont prouvé Chartrand et Bargh (1999) en faisant
l'expérience avec deux complices, le premier avait pour ordre de bouger
ses pieds et le second de se frotter le visage. L'expérience a
montré que les participants mimaient l'action de secouer les pieds plus
avec la présence du complice qui bougeait les pieds et se frottaient le
visage plus avec la présence du complice qui se frottait le visage, et
à la fin de l'expérience les participants ont été
interrogés sur leur comportement et celui des complices, il
s'avère qu'ils n'ont rien remarqué d'où la conclusion que
le comportement mimétique est de nature
37
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
inconsciente. Une autre expérience menée par
Johnston (2002) cité dans Dijksterhuis et al. (2005) qui a montré
que les participants mangeaient réciproquement la quantité
mangée par le complice sans avoir eu conscience de leur comportement
face à la présence du complice. Aussi dans le même fil
d'idée, le comportement mimétique inconscient à
été constaté pour augmenter l'affection pour le partenaire
et la finesse des interactions, et les personnes qui prennent souvent la
perspective des autres s'engagent dans ce type de comportement plus que les
autres personnes (Chartrand et Bargh, 1999). Bernieri (1988) cité dans
Dijksterhuis et al. (2005) a trouvé une corrélation de 0,74 entre
le degré de la posture miroir et l'expérience positive
d'affection durant une interaction.
Des données neurologiques ont montré que penser
à faire quelque chose et le faire réellement active chez
l'individu les mêmes régions dans le cerveau. Pans, Petrides,
Evans et Meyer (1993) ont trouvé que penser à un mot ou une
gestuelle active la même zone du cortex cingulaire antérieur qui
est activé par dire le mot ou faire le geste.
Voir c'est faire, est la conclusion des travaux de Di
Pellegrino, Fadiga et al.(1992); Rizzolatti et Arbib, (1998). Ils ont
montré que percevoir une personne engagée dans un mouvement, une
action ... est neurologiquement similaire à reproduire ces mêmes
gestes. Dans une étude avec des singes, la même région du
cortex pré-moteur (Le cortex pré-moteur est constitué
d'une région étroite entre les cortex préfrontal et le
cortex moteur. Il est impliqué dans la préparation et
l'exécution de mouvements des membres et utilise des informations
provenant d'autres régions corticales pour sélectionner des
mouvements appropriés. Le cortex pré-moteur est également
important pour l'apprentissage (imitation) et la cognition sociale (empathie)
Àles neurones miroirs dans la zone du cortex pré-moteur du
cerveau du macaque s'allume lorsque l'animal observe une action
d'autrui7) est activée quand un singe perçoit un
expérimentateur effectuer une action, cette même zone est
activée lorsque le singe, lui-même, effectue la même action.
Des études avec des humains suggèrent en outre, que la perception
d'un comportement (comme voir un expérimentateur saisir un objet)
conduit à des réponses musculaires qui sont les mêmes que
celles affichées lors de l'exécution de ce même
comportement.
7« The premotor cortex consists of a narrow region
between the prefrontal and motor cortices. It is involved in preparing and
executing limb movements and uses information from other cortical regions to
select appropriate movements. The premotor cortex is also important for
learning (imitation) and social cognition (empathy) À mirror neurons in
the premotor cortex area of the macaque brain fire when the animal observes an
action in others » DNA learning center.
38
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
2) Le séducteur, le séduit et l'objet de
séduction
Dans la littérature et le monde animal on parle du
modèle, du sujet, et de l'objet ou de la dupe converti au marketing on
peut éventuellement parler du séducteur, du séduit et de
l'objet de séduction (Belk et al. 2003) car un individu ne
s'intéressera à un désir provenant d'un autre que s'il
ressent de la jalousie, de la séduction et de l'envie envers ce
même objet.
Le marketing et la psychologie ont avoué depuis
longtemps qu'il existe une variable très pertinente qui exerce une
influence sur le comportement final de l'acheteur ; Venkatesan (1966) a fait
une expérimentation très simple sur des sujets masculins qui
avaient pour mission de choisir un costume parmi trois selon le critère
de qualité. Dans le premier cas, les sujets étaient libres de
choisir le costume qu'ils jugeaient de qualité tandis que dans le
deuxième cas ils choisissaient en présence de complices qui
avaient pour instruction de désigner le second costume comme
étant celui de qualité.
Les sujets étaient considérablement plus
susceptibles de choisir le second costume lors de la présence des
complices que dans le premier cas.
Par la perception des autres un comportement automatique et
inconscient mène à mimer les autres, Chartrand et al. (2005) ont
conclu que « même dans des circonstances minimales il existe des
preuves substantielles que la perception sociale conduit à un
comportement social automatique. Par exemple, nous reproduisons le comportement
des étrangers, des gens avec qui nous n?avons eu aucun contact
préalable et peu de raisons d'affiliation
...8».
Une autre tendance du moment c'est le « consumer
doppelganger », en français « les consommateurs sosies
». Une étude faite par des chercheurs en 2013, a montré que
les adolescentes ont tendance à mimer le comportement d'achat des
célébrités, des personnes avec qui elles n'avaient eu
aucun contact (Lockwood et Kunda, 1997 cité dans Ruvio et al. 2013) et
les mamans ont une forte tendance à mimer leurs jeunes filles concernant
les achats de tendances, de maquillages et de vêtements pour leurs usages
personnels. Un échantillon de 343 paires de mère-fille à
fait l'objet d'une étude, avec un âge moyen de 44 ans pour les
mères et 16 ans pour les filles ; les chercheurs ont constaté que
si la mère se perçoit comme
8« even in minimal circumstances there is substantial
evidence that social perception leads to automatic social behavior. For
instance, we mimic the behaviour of strangers, people with who we have had no
prior contact and have little reason to affiliate ... »
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
jeune, qu'elle suit les tendances du moment et qu'elle
considère sa fille comme étant une experte, elle aura un
comportement mimétique Ruvio et al. (2013).
3) L'influence du mimétisme
Tanner et al. (2007) ont mis en place un schéma
descriptif du chemin emprunté par l'individu mimeur et de l'individu
mimé. Dans le premier chemin, le consommateur mime les autres c'est ce
qu'ils appellent « Le chemin des consommateurs mimeurs» qui
repose sur le mimétisme automatique du comportement de consommation
observé des autres consommateurs. Tout d'abord, le consommateur doit
avoir l'opportunité de mimer l'autre c'est-à-dire un accès
équivalent au produit consommé, ensuite le mimétisme se
produit ; ce qui engendre une augmentation de la consommation du produit
sélectionné.
Chemin des consommateurs mimeurs
Opportunité de mimer
Transparence du besoin

Augmentation de la préférence au produit
Le consommateur mime les autres
Augmentation de la consommation
Les autres miment le consommateur
Pro-socialité
accrue
Interaction avec soi-autres
Chemin des consommateurs
mimés
Source: Tanner et al. (2007), Of Chameleons and Consumption: The
Impact of Mimicry on Choice and Preferences, Journal Of Consumer Research,
Vol 34.
Figure 4: Double voie par lesquelles le mimétisme
peut influencer la consommation de produit
39
et la préférence.
40
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
Dans le deuxième chemin, « le chemin des
consommateurs mimés » repose sur les émotions
pro-sociales étant générées chez un consommateur
quand il est imité par un partenaire d'interaction ; « Cela
génère des sentiments de rapport et d?affection, ainsi que des
émotions pro-sociales, qui ont ensuite des conséquences en aval
liées à la consommation pour la personne mimée
9».
Conclusion :
Par le biais du mimétisme, le marketing peut
reconsidérer ses cibles, ses stratégies et concentrer ses efforts
sur les personnes susceptibles d'influencer d'une manière ou d'une autre
les choix et tendances des autres.
On a vu dans ce chapitre que le mimétisme peut
influencer les individus tantôt pour la décision de consommation
tantôt pour l'appréciation de la personne qui mime ainsi que la
distinction entre imitation et mimétisme qui est liée à
trois caractéristiques humaines : la sélectivité, la
conscience de soi et la conscience d'autrui (Baudonnière, 1997).
9« This generates feelings of rapport and liking, and
thus prosocial emotions, which then have consumption-related downstream
consequences for the person being mimicked. »
41
CHAPITRE III: METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE
42
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
Chapitre III: Méthodologie de la recherche
Introduction
Dans les chapitres précédents a
été développée la littérature relative au
phénomène de mimétisme et le comportement d'achat. Il
convient à ce niveau de dégager des éléments de
réponse à la problématique de notre mémoire de
recherche.
Ce présent chapitre est consacré à
l'exposition de la méthodologie de recherche utilisée, à
son application dans notre étude qualitative et à l'illustration
des résultats obtenus.
Section 1 : Choix de la méthode qualitative
Les études de marchés qualitatives se
définissent comme « des études à caractère
intensif, utilisant au niveau de la récolte des données une
approche relativement ouverte, non directive, permissive et indirecte des
personnes interrogées 10» Suma (1988) cité
dans Pellemans (1999).
Focus groupes
Entretiens en profondeur
Techniques projectives
|
|
|
|
|
|
|
Techniques
|
Phrases à
|
Techniques de
|
Techniques
|
d'association
|
|
compléter
|
|
construction
|
|
d'expression
|
Etudes qualitatives
Source : Malhotra (2011), Etude qualitative, 6e
édition. Pearson Education France.
Figure 5: Classification des études
qualitatives
10Pellemans (1999), Recherche qualitative en marketing
perspective psychologique, De Boeck & Larciers. Paris,
Bruxelles.
43
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
Nous allons présenter avec plus de détails les
méthodes de recueil de données qualitatives et leurs
objectifs:
Tableau 3: Les différentes méthodes
qualitatives
|
Méthodes
|
Echantillon
|
Durée
|
Description et Objectif
|
|
Entretien en profondeur (non directif)
|
Limité à 30
|
Entre
|
Ce type d'entretien est à caractère
|
|
personnes et
|
1h30 et
|
ouvert et flexible, l'enquêteur doit
|
|
jusqu'à saturation sémantique
|
2h
|
modifier ses questions en fonction de la personne
interviewée.
|
Directes
|
|
|
Il permet de comprendre une décision cachée en
analysant les motivations derrière les raisons
explicites exprimées habituellement.
|
|
Entretien semi-directif
|
Entre 15 et 20 personnes, jusqu'à saturation
|
1h à 2h
|
Ce type d'entretien est plus
structuré que les entretiens en
profondeur, l'enquêteur laisse l'interviewé
parler librement tout
en le relançant sur les points pertinents.
|
|
|
|
Cette technique permet à
l'enquêteur de recueillir toutes les précisions
souhaitées
|
44
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
|
Entretien directif (papier crayon)
|
Entre 10 et 15 personnes, jusqu'à saturation
|
1h à 2h
|
Est la forme la plus structurée des entretiens, le
chercheur prépare à l'avance un guide d'entretien qu'il utilisera
plus tard pour mener à bien son interview, l'enquêteur a une marge
de manipulation très réduite.
|
|
|
|
Cette méthode lui permet de
recueillir les réponses sans trop s'attarder sur le
sujet.
|
|
Le groupe de discussion
|
8 à 12 personnes
|
1h à 2h
|
Il s'agit d'un groupe restreint et non structuré.
|
|
|
|
Cet entretien a pour but d'explorer
les motivations et freins des individus et peut être
utilisé pour une thérapie de groupe (groupe des alcooliques
anonymes, ...)
|
|
Le focus group
|
8 à 12 personnes
|
1h à 2h
|
C'est une réunion de groupe ayant
un aspect semi-directif ; l'enquêteur à l'aide de
son guide d'entretien va orienter le groupe.
|
|
|
|
Le but est d'obtenir les
perceptions et préférences des individus ainsi
que de générer de nouvelles idées.
|
45
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
Indirectes
|
Le groupe nominal
|
8 à 10 personnes
|
30min à
60min
|
Il est plus structuré que le focus groupe.
Son objectif est de structurer le
plus grand nombre d'idées et d'opinions.
|
Techniques projectives
|
|
|
Les participations projettent leurs
propres motivations, opinions,
attitudes et sentiments dans le comportement des autres.
Le but est d'amener les
répondants à parler de leurs motivations et
attitudes de façon masquée (Pellemans, 1999)
|
|
Association libre
|
|
|
Devant une liste de mots, le
répondant devra répondre rapidement sans
réfléchir par le
premier mot qui lui passe à l'esprit.
Elle permet de révéler le
sentiment profond de l'individu sur le sujet traité.
|
Complément de phrase
|
|
|
Le répondant doit compléter des phrases ou
histoires dans un temps limité et avec spontanéité.
Elle permet de déceler les
motivations et sentiments cachés.
|
46
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
|
|
Complément de récit
|
|
|
C'est une extension des
compléments de phrase. Le
répondant doit compléter une histoire.
|
Complément de dialogue (bulles à
compléter)
|
|
|
Il s'agit de présenter un dessin dans lequel il y a un
dialogue entre deux personnes sous forme de bulles ; l'une des deux bulles est
vide, le répondant devra se mettre à la place du personnage et
répondre.
|
Technique d'expression
|
|
|
Une situation verbale ou visuelle est présentée aux
répondants.
Les deux techniques d'expression
majeures sont le jeu de rôle et la
technique de la troisième personne.
|
Technique de créativité
|
Le brainstorming
|
8 à 10 personnes
|
|
Les personnes présélectionnées
sont appelées à fournir le maximum
d'idées aussi absurdes soient-elles, sans aucune critique.
Le but est de trouver la bonne argumentation et la bonne
idée.
|
47
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
|
|
Le rêve éveillé
|
6 à 7 personnes
|
|
La séance débute par la
présentation d'image relaxante
|
|
|
|
|
pour détendre les participants,
|
|
|
|
|
ensuite le sujet de la réunion est
|
|
|
|
|
progressivement développé pour
|
|
|
|
|
laisser ces derniers dans leur
|
|
|
|
|
monde onirique et essayer
|
|
|
|
|
d'imaginer le produit idéal...
|
Section 2 : Les entretiens individuels et
l'observation
Dans ce mémoire nous allons opter pour une
méthodologie qualitative qui traite des aspects non verbaux des
individus et de leur comportement inconscient. Pour ce fait, nous avons choisi
de procéder par deux méthodes de recherche qualitatives, les
entretiens individuels semi-directifs et l'observation sur les lieux de vente
d'un magasin.
1) Entretiens individuels
« L'entretien qualitatif (appelé aussi
entrevue ou interview) met deux personnes en présence d'un
enquêteur (interviewer) et un répondant ou sujet
(interviewé) ; l'interaction mutuelle de ces deux personnes, qui ne
repose aucunement sur un questionnaire standardisé, structuré et
précis, permet d'explorer dans le détail, les attitudes, opinions
et motivations du répondant » (Pellemans, 1999).
Notre recherche est une exploration des motivations des
individus qui achètent et consomment par mimétisme, la
méthode la plus appropriée serait de mener des entretiens
individuels semi-directifs sur une quinzaine de personnes, et leurs
présenter les thèmes et les sous-thèmes
près-établis car il s'agit de mener une étude pour
déceler des motivations cachées.
Nous avons choisi de faire des entretiens semi-directifs lors
de nos interviews, car c'est le meilleur moyen d'obtenir les points de vue et
les observations des personnes interrogées.
Ce type d'entretien suppose la préparation d'un guide
d'entretien comportant les questions, les thèmes et sous-thèmes
qui devront être évoqué lors des entretiens, l'ordre des
questions
48
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
peut varier suivant l'individu qui dispose par la même
occasion d'une liberté pour répondre dans ses propres termes.
Très important aussi, il faut faire attention à la formulation
des questions, (exemple éviter les mots noirs ou les questions à
réponses directes), relancer la personne interrogée dans le cas
de blocage ou d'hésitation, reformuler la réponse du
répondant dans le cas où on n'est pas sure d'une
réponse... tous les entretiens seront enregistrés, après
accord de l'interrogé, puis retranscrit pour analyse.
1.1. Démarche de sélection des interrogés
Pour le choix de nos répondants nous avons opté
pour la méthode de l'échantillonnage à choix
raisonné (Thiétart et al, 1999), cette méthode s'inspire
des jugements du chercheur pour la sélection des éléments
de l'échantillon. La méthode des choix raisonnée donne
d'aussi bon résultat que la méthode probabiliste quand il s'agit
d'échantillons réduits (Thiétart et al, 1999).
Cette méthode a permis la sélection de trois
personnes pour l'enquête. Par la suite, ces répondants ont
été invités à nous recommander d'autres
répondants susceptibles de faire partie de notre étude tout en
suivant le principe de la méthode d'échantillonnage de boule de
neige.
La taille de l'échantillon a été
déterminée suivant le principe de la saturation théorique,
ce principe présume que la taille de l'échantillon ne peut pas
être fixée à l'avance dans l'étude qualitative, ce
n'est qu'après saturation théorique (Thiétart et al,
1999), « La saturation est le phénomène par lequel,
passé un certain nombre d'entretiens (biographiques ou non, d'ailleurs),
le chercheur ou l'équipe a l'impression de ne plus rien apprendre de
nouveau, du moins en ce qui concerne l'objet sociologique de l'enquête
» (Bertaux, 1980 cité dans Pires 1997).
La majorité des entretiens se sont
déroulés en dialecte tunisien, seule une minorité a choisi
de s'exprimer en français, donc une traduction était
nécessaire pour la retranscription de ces entretiens pour faciliter la
construction de la grille thématique. La construction de la grille
thématique a été effectuée dans un tableur Excel,
il s'agit d'une analyse manuelle.
Tous les entretiens ont été enregistrés
sur un dictaphone après accord des interviewés et ont eu une
durée moyenne de 40 minutes.
49
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
1.2. Structure du guide d'entretien
Notre guide d'entretien comporte trois phases incluant les
thèmes et les sous-thèmes ? Phase 1 :
Présentation de l'objectif de l'entretien
La première phase a pour objectif de détendre
l'atmosphère et de mettre l'interviewé à l'aise, tout en
lui expliquant le but de notre entretien et en le rassurant que toutes ses
réponses seront considérées seulement dans un cadre
académique en lui précisant qu'il n'y a aucune bonne ou mauvaise
réponse, et que ce qui nous intéresse est son opinion.
? Phase 2 : Présentation des
thèmes et sous-thèmes
Dans notre guide d'entretien nous avons trois thèmes
majeurs pour suivre la prise de décision des consommateurs dans une
grande surface.
Thème 1 : Le passage à la caisse : il
s'agit de voir si les interviewés ayant fait leurs courses avec une
liste se trouvent aussi bien avec des achats imprévus que les clients
qui achètent sans liste lors de leurs passages à la caisse.
Thème 2 : Situation d'achat : le but du
thème 2 est d'explorer la motivation d'achat des clients à propos
des produits qui finissent dans leurs paniers sans qu'ils aient eu l'intention
de les acheter au préalable et voir si le mimétisme y est pour
cause.
Thèmes 3 : Résultat d'achat : enfin le
dernier thème a pour objectif de voir l'impacte du mimétisme sur
la satisfaction des produits basés sur l'achat des autres.
? Phase 3 : Conclusion
Dans la dernière phase on rappelle brièvement les
grandes lignes de notre entretien pour s'assurer des résultats obtenus
et finir par remercier l'interviewé pour sa collaboration.
50
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
2) Observation systématisée :
L'observation est une méthode qualitative qui a des
racines avec les recherches ethnographiques traditionnelles11, son
objectif est d'aider le chercheur à apprendre et à diagnostiquer
les perspectives détenues par l'échantillon étudié.
Cette méthode qualitative peut se faire par l'observation seule ou par,
à la fois, l'observation et la participation du chercheur ou d'un
complice. Cette méthode est distinctive car le chercheur se rapproche
des participants et non le contraire, ce qui permettra de refléter la
réalité telle qu'elle est sans être dans l'incertitude des
informations fournies par les individus qui disent des choses mais en situation
réelle font autres choses Wells et Lo Scuito (1966) et Jacoby (1977)
cité dans Hoyer (1984).
Pour mener à bien une observation le chercheur devra
prendre note de tous les éléments qu'il jugera pertinents pour la
recherche, muni d'un papier-crayon il décrira tous ce qui est apparent
(l'apparence de l'individu, son comportement verbal et non verbal, ses
mouvements dans le magasin ...)
Une observation n'est jamais sans apport théorique,
tout dépend du chercheur et de sa vision de la recherche et du
réel car « Observer est un processus incluant l'attention
volontaire et l'intelligence » De Ketele (1996); les résultats
qui en découleront, auront pour but d'infirmer ou de confirmer les
hypothèses et les questions de recherche prés-établies.
Toute observation doit être supportée par une
grille d'observation « La grille d'observation énumère
un ensemble de concepts, d'habiletés ou d'attitudes dont vous noterez la
présence ou l'absence. Elle est destinée à servir de
façon continue pour pouvoir aboutir à dresser un profil de
l'élève et, finalement, à
l'évaluer12 ».
Une grille d'observation est généralement sous
forme de tableau personnalisé et de prise de note spontanée,
incluant les différents concepts et facteurs pouvant expliquer un
comportement dans un lieu donné, dans une circonstance donnée et
dans un temps donné. La force de la grille d'observation est dans sa
bonne utilisation et sa bonne interprétation des perspectives à
long terme. C'est un outil qui sert de rappel pour la mémoire et de
recueil systématique des données. Notre grille d'observation est
présentée dans Annexe 1.
11 Qualitative Research Methods: A data collector's
field guide.
12 Tiré de :
https://www.k12.gov.sk.ca/evergreen/francais/tronc/eval/html/a12.html
51
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
Mais l'inconvénient majeur de cette méthode est
qu'une action n'est pas répétitive c'est-à-dire qu'un
individu ne fera sans doute pas la même réaction face à la
même situation, et que si un individu se sent observé il aura
tendance à modifier son comportement.
2.1. Les étapes de l'observation
Avant toutes observations il faut commencer par fixer les
objectifs suivants :
a) Définir la situation à observer.
b) Inventaire des objets
c) Règles formelles/présence
d) Qui fait Quoi ?
Ensuite il faut suivre la règle d'utilisation de la grille
d'observation décrite dans le tableau ci-dessous :
Tableau 4: Régle d'utilisation de la grille
d'observation
Avant observation
|
·
|
|
Etre au clair avec les objectifs de la recherche et être
avancé dans le travail (problématique,
cadre conceptuel...)
|
|
·
|
|
Travailler les techniques de prises de notes.
|
|
·
|
|
S'entraîner à utiliser le protocole d'observation
utilisé
|
|
|
|
(grille)
|
|
·
|
|
Demander les autorisations
|
|
·
|
|
Prendre la décision d'informer ou non les personnes
observées. Le dilemme peut être grand, car il existe toujours un
risque de modification du comportement de l'observé, ce qui compromet
les résultats de l'étude.
|
|
|
·
|
Noter de façon précise les conditions dans
lesquelles se déroule l'observation.
|
Durant l'observation
|
|
|
|
|
|
·
|
Etre disponible et attentif aux situations, au contexte.
|
52
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
|
·
|
Etre le plus impartial et le plus neutre possible. (plus la
méthode est structurée, moins l'observateur
est impliqué.)
|
|
·
|
Revoir les notes, et apporter si besoin des additions ou
corrections ; Ordonner provisoirement les données,
|
Après observation
|
|
établir des fiches.
|
Source : IFSI Prémontré / BV / FR /
Méthodologie TFE / Les outils d'enquête / 3ème Année
/ Octobre 2000
Le mimétisme, par définition, est un acte
inconscient qui a pour vocation de reproduire les gestes d'autrui et de
s'approprier leurs désirs sans pour autant avoir besoin de ce
désir, d'où le choix de cette méthode car, en vue
d'observer un comportement inconscient il fallait observer les individus et les
laisser agir spontanément et sans pression.
Les catégories choisies dans notre grille d'observation
sont présentées dans l'Annexe 1. Il s'agit des facteurs suivants
:
· Le profil de l'observé
Tout ce qui touche l'aspect de la personne tel que
l'âge approximatif, le genre, la description de la personne,
accompagnée ou seule...
· Rayon et produit
On note le rayon où on a observé l'acte de
mimétisme, le produit faisant objet d'hésitation, le produit
choisi...
· Comportement verbal
Nos complices avaient pour instruction de noter les
discussions et les commentaires des sujets observés tout de suite
après avoir pris un produit.
· Comportement non verbal
Un observateur était caché et notait toute la
gestuelle et les mimiques que faisaient les individus observés
après que notre complice ait tourné le dos.
53
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
? Espace personnel
Quelle est la distance qui sépare la personne qui mime de
la personne mimée.
? Le profil de la personne mimée
On note aussi le profil de la personne mimée car en
l'absence de nos complices des personnes ont mimé d'autres personnes,
donc on a voulu voir à la fin si les personnes miment d'autres personne
du même âge, genre, statut social ... ou ils miment tout simplement
la première personne ayant l'air confiant.
? Temps passé dans l'allée
Le temps passé dans l'allée à une grande
pression sur la personne, on a voulu chronométré et calculer le
temps moyen que passe un client dans une allée avant de procéder
à l'acte de mimétisme dans son processus décisionnel.
Dans cette observation , nous avons fait appel à deux
complices, deux jeunes femmes de 22 et 25 ans, chacune d'entre elles avait pour
mission de passer devant un rayon quelconque, de s'approcher des clients et
prendre un produit appartenant à la famille de ce rayon, à chaque
fois notre confédérée devait changer de produit, de place
d'où elle prenait le produit (haut, bas, milieu) et d'angle (gauche,
droite, centre) pour voir la réaction des individus face à
l'action de notre complice et non face à un même produit.
Après, on a procédé par une observation sur vidéo
des différentes situations dans lesquelles il y avait la présence
de nos complices et voir s'il y avait influence ou non de la part de nos
confédérées dans la prise de décision des autres
individus. L'observation a été faite sur 31 individus (19 Hommes
et 12 femmes) de différents âge, sexe, catégorie
socioprofessionnelle, accompagnés vs seuls ...
On a décidé de choisir deux complices dans notre
recherche. Notre première complice est spécialiste en marketing
et notre deuxième complice est une femme de théâtre. Ce
choix a été fait car on avait besoin d'une personne qui sait
maitriser les outils d'observation et d'une personne qui n'avait pas une grande
idée sur le sujet mais qui peut jouer le rôle du consommateur
décisif dans ses prises de décision devant les autres sans se
faire remarquer. Les deux jeunes femmes se ressemblaient en termes d'apparence
et d'âge.
54
Chapitre III : Méthodologie de la recherche
Pour éviter l'erreur de l'interprétation des
gestes, mimiques et comportements des consommateurs, on a décidé
de consulter un psychothérapeute, expert en science de la communication
et du comportement, pour lui demander son avis et ses sages
interprétations.
L'analyse des résultats nécessite une Analyse De
Contenu, elle consiste en une analyse méthodique des supports textuels,
visuels ou sonores en vue d'apporter des réponses à des questions
de recherche prés-établies.
Conclusion :
Dans ce chapitre nous avons eu recours à deux
méthodes de recherche qualitative ; les entretiens individuels et
l'observation sur terrain, la première méthode consiste à
interviewer des individus afin de déceler des motivations cachées
et de pourvoir comprendre le fonctionnement du processus décisionnel du
consommateur tunisien, dans les entretiens individuel nous avons opté
pour la méthode de l'échantillonnage à choix
raisonné (Thiétart et al, 1999) pour recueillir nos
répondants et réaliser des entretiens semi-directifs. La
deuxième méthode de recherche est l'observation sur les lieux de
ventes, dans cette méthode nous avons intégré la
participation de deux complices ainsi qu'un accès directe aux
caméras de surveillance du magasin, son objectif est de nous aider
à apprendre et à diagnostiquer les perspectives détenues
par l'échantillon étudié.
55
CHAPITRE IV: RESULTATS DE LA RECHERCHE
56
Chapitre IV : Résultats de la recherche
Chapitre IV: Résultats de la recherche
Introduction
Dans ce dernier chapitre nous allons, dans un premier temps,
analyser les résultats des entretiens individuels par thème en
explorant les motivations des individus qui achètent et consomment par
mimétisme puis nous analyserons les résultats de l'observation
effectuée dans un point de vente qui reflète la situation
réelle d'achat, sans être dans l'incertitude des informations
fournies par les individus, et dans un deuxième temps nous allons
comparer les résultats de notre recherche avec celle des autres
chercheurs dans une partie réservée à la discussion des
résultats.
Section 1 : Résultats des entretiens
individuels
Nous avons effectué 17 entretiens auprès de 7
hommes et 10 femmes de différents âges et catégories
socioprofessionnelles, les entretiens ont eu une durée moyenne de 40
minutes dans un environnement calme et public.
Tableau 5: Caractèristique des
interviewés
N°
|
Genre
|
Age
|
Statut Social
|
Profession
|
1
|
Femme
|
20
|
Célibataire
|
Etudiante
|
2
|
Femme
|
35
|
Mariée
|
Responsable formation dans un centre d'appels
|
3
|
Femme
|
20
|
Célibataire
|
Etudiante
|
4
|
Homme
|
29
|
Célibataire
|
Photographe
|
5
|
Femme
|
58
|
Mariée
|
Femme au foyer
|
6
|
Homme
|
25
|
Célibataire
|
Etudiant
|
7
|
Femme
|
21
|
Célibataire
|
Etudiante
|
8
|
Femme
|
22
|
Célibataire
|
Etudiante et présentatrice télé
|
9
|
Femme
|
31
|
Célibataire
|
Artiste
|
10
|
Homme
|
28
|
Célibataire
|
Professeur de français
|
57
Chapitre IV : Résultats de la recherche
11
|
Homme
|
28
|
Célibataire
|
Consultant
|
12
|
Homme
|
24
|
Célibataire
|
Etudiant
|
13
|
Femme
|
27
|
Célibataire
|
Conseillère client dans un centre de contact
|
14
|
Femme
|
43
|
Mariée
|
Responsable qualité
|
15
|
Homme
|
30
|
Mariée
|
Employé commercial
|
16
|
Homme
|
24
|
Célibataire
|
Etudiant et Professeur de guitare
|
17
|
Femme
|
25
|
Célibataire
|
Professeur d'anglais
|
Après avoir collecté les données, une
retranscription est nécessaire pour pouvoir procéder à
l'analyse du contenu. Les thèmes et les sous-thèmes
abordés avec les interviewés ont fait l'objet de plusieurs
écoutes avant d'être retranscrit dans leur
intégralité.
Thème 1 : le passage à la caisse
Bien que la plupart des consommateurs interrogés ont eu
recours à une liste d'achat, ils finissent tous par avoir un ou
plusieurs produits supplémentaires à leurs sorties des magasins.
Alors comment ces produits sont arrivés dans le panier du client ? On a
posé cette question à tous nos interviewés et les
réponses sont présentées dans le tableau suivant :
Tableau 6: Analyse de la façon dont un individu
ajoute un produit dans son panier
Thème 1 : Le passage à la
caisse
|
Sous thème : Ajouter un produit dans le
panier du client
|
Unité d'analyse : Exemple de phrases ou
de mots clés
|
Occurrence
|
Cité par :
|
Fréquence relative
|
« envie »
|
10 fois
|
2, 3, 4, 7, 8,
10, 13, 14,
15, 17
|
37%
|
58
Chapitre IV : Résultats de la recherche
« promotion intéressante »
|
7 fois
|
2, 3, 5, 9,
10, 11, 16
|
26%
|
« Je me suis rappelé que ces produits manquent
à la liste »
|
4 fois
|
2,
|
6, 11, 17
|
15%
|
« je vois une autre personne le prendre »
|
3 fois
|
8,
|
13, 16
|
11%
|
« nouveau produit »
|
2 fois
|
9,
|
11
|
7%
|
|
« j'ai toujours cette impression que je vais l?utiliser
un jour, et que j'en aurai besoin...»
|
1 fois
|
1
|
|
4%
|
Total
|
27 fois
|
|
|
100%
|
De ce tableau on dégage quatre grandes lignes de
réponse à notre question, à savoir :
? L'achat par « coup de coeur » c'est la
particularité de l'achat impulsif (Giraud, 2001). ? La promotion des
ventes qui fait partie des outils de communication hors média et qui
a pour objectif l'influence des achats des clients à
court terme ; ce sont des techniques
ponctuelles.
? Le rappel qui peut être dû à un oubli ou
à la procrastination.
? Et finalement, le choix du produit en fonction des choix des
autres.
Les consommateurs sont de plus en plus conscients qu'ils sont
faibles face à leurs désirs de consommation, dans ce sens
l'interviewé 3 (F, 20 ans) déclare « à vrai dire
quand je vois du chocolat je ne peux pas résister ou un nouveau produit,
et surtout ceux qui sont en promotion, je ne veux pas manquer ces nouvelles
opportunités » ou encore l'interviewé 4 (H, 29 ans) dit
« à chaque fois que je passe devant le rayon des chocolats ou
des glaces, quelque chose m'attire et j'achète. C'est quelque chose
programmé par défaut », l'interviewé 7 (F, 21
ans) rejoint ses pensées en disant « Je passais devant le rayon
des chips et j'en ai eu très envie du coup j'en ai pris ». On
remarque que le consommateur veut assouvir ses désirs par l'acte d'achat
et devient irrationnel face à la consommation de produit à faible
implication, c'est une envie soudaine et souvent puissante qui l'interpelle
pour acheter un produit immédiatement Rook (1987) cité dans Belk
et al. (2003), et souvent l'acte d'achat impulsif peut être plus
satisfaisant que l'acte d'achat lui-même (Belk et al. 2003).
De nos 17 interviewes, on remarque que l'achat impulsif est le
plus cité (10 fois) et on trouve en deuxième lieu l'effet des
promotions sur l'acte d'achat qui à était cité 7 fois ;
à ce sujet
59
Chapitre IV : Résultats de la recherche
l'individu 10 (H, 28 ans) déclare que « C'est
les promotions du jour qui décident de mes courses, en fait »,
on voie bien l'importance de la mise en avant des promotions dans les grandes
surfaces elles peuvent être décisives quant au choix des produits.
Ce n'est qu'en quatrième lieu que les interviewés ont
mentionné qu'ils choisissaient leur produit en fonction de ce que les
autres ont choisi. C'est cette dernière réponse qui nous
intéresse dans ce mémoire de recherche.
En effet, trois répondants ont confirmé avoir
regardé les autres avant d'avoir acheté leurs produits, alors on
a voulu savoir de quelle manière l'autre nous aide dans nos choix, dans
quelle situation une personne regarde les autres et si elle était
satisfaite de ses achats inspirés des autres.
Thème 2 : Situation d'achat
Nous avons voulu analyser plus en profondeur, en les incitants
à se rappeler de leur situation d'achat dans le magasin en leur posant
la question suivante :
Pouvez-vous nous raconter l'histoire de chaque produit
supplémentaire ajouté dans le panier ? (Essayez
de vous rappeler du plus de détail possible)
Le répondant 8 (F, 22 ans) raconte que son envie pour
l'alimentation le pousse à imiter les autres en disant «
j'imite les gens lorsqu'il s'agit d'alimentation je veux goûter ce que
les autres mangent, je ne veux rater aucun produit alimentaire je suis fan de
nourriture... » D'autres personne telle que l'individu 16 (H, 24 ans)
avait mimé une autre personne pour son physique et le fait qu'elle
portait des habits de sport, et il s'avère qu'en ce temps-là
notre répondant en faisait du sport « une fois j'ai pris des
bananes à cause d'une fille sportive et très belle, elle achetait
des bananes alors j'en ai acheté aussi car j'en faisait du sport cette
période, à mon arrivée à la caisse j'ai voulu
rendre le produit mais c'était trop tard ».
L'interviewé 17 (F, 25 ans) explique son achat pour le shampooing
après avoir répondu dans le premier thème que les articles
supplémentaires trouvés dans son panier étaient dû
au fait qu'elle en avait besoin ou que ça lui plaisait mais en creusant
plus il s'est avéré qu'une autre personne, par sa classe et ses
cheveux lisses, a fait que notre répondant ajoute un produit dans son
panier « j'ai vu une femme qui avait les cheveux très lisses et
soyeux de la même couleur que moi, je l'ai vue prendre le shampooing
Pantène, j'ai voulu lui poser la question est ce que c'est pour elle ou
pas, car elle avait de si jolies cheveux, finalement je me suis dit que je vais
l'essayer parce que je ne suis pas satisfaite de mon shampooing cette
période ».
60
Chapitre IV : Résultats de la recherche
L'interviewé 1 (F, 20 ans) a été
influencé par un couple qui achetait du chocolat, elle a voulu se faire
plaisir en les imitant : « je ne me souviens pas du nom du produit,
mais du chocolat ça c'est sur, l'homme appelait sa copine/femme et lui
dit toujours ta préférée ma chère, alors j'en ai
pris. Je peux me gâter aussi », le répondant 5 (F, 58
ans) mime les autres quand il s'agit d'un produit à forte demande, sans
pour autant en avoir besoin « ça m'arrive d'acheter un produit
quand je constate qu'il fait l'objet d'une grande demande de la part des
acheteurs présents dans le point de vente ».
Certaines personnes veulent tout juste avoir ce que les autres
ont tel que l'interviewé 8 (F, 22ans) qui est très gourmande et
qui n'hésite pas à prendre autant que les autres clients
« c'est surtout en matière d'alimentation et des habilles,
lorsque les gens prennent plusieurs produits je veux prendre autant moi aussi
».
D'autres ont parlé de leur expérience à
l'étranger, le répondant 10 (H, 28 ans) « Il m'est
arrivé, surtout au début de mon arrivée au Canada,
d'imiter un peu les ''locaux'' dans leur choix de desserts, mais je suis vite
revenu à mes bons vieux goûts et mes produits familiers, le
problème c'est que les Nord-américains sont habitués au
sucre, et ils en mangent énormément, c'est effrayant, tous leurs
produits ou presque sont saturés en sucre ».
L'individu 11 (H, 28 ans) est hésitant dans ces choix
surtout pour les produits de ménage, alors il a sa stratégie
celle de regarder les femmes âgées car pour lui c'est une
référence « il m'arrive de faire attention à un
produit lorsque j'aperçois une personne entrain de se procurer ce
produit ou qu'il dispose de ce produit dans la main ou surtout à la
caisse, ça m'est arrivé avec les produits de ménage et
détergeant, comme je m'y connais pas bien et j'hésite beaucoup
devant le rayon, la mission la plus difficile c'est d'abord de trouver le
produit et puis choisir quelle marque alors quand je trouve une femme pour moi
c'est une bonne référence comme elle a certainement essayé
plusieurs marques et produits j'attends voir ce qu'elle va prendre ou je lui
demande et j'achète exactement ce qu'elle me recommande».
Notre répondant 14 (F, 43 ans) se rassure quand elle
voie d'autres personne prendre le même produit, et parfois c'est le choix
des autres qui crée un désir momentané chez les mimeurs
pour qu'ils achètent eux aussi du même produit « quand je
sais que ce produit est bon et que je vois des gens en acheter, j'achète
aussi même si j'en ai pas besoin ce jour là; par exemple
aujourd'hui j'ai vu une personne achetée de la crème fraiche, je
me suis dit tien demain je
61
Chapitre IV : Résultats de la recherche
vais cuisiner avec de la crème fraiche, je l'ai
acheté pour mon programme de demain ce qui m'évitera de sortir
demain pour faire les courses ».
Certains ont parlé de leur expérience au
travail, à ce sujet le répondant 16 (H, 31 ans) dit « je
travail dans le rayon marée, j'ai remarqué que lorsque je
commence à nettoyer les poissons pour un client, la queue
s'élargie et ils prennent tous la même chose et me demandent de la
nettoyer de la même façon, mais quand il n'y a pas de client
ça peut durer des heures ».
Après que les répondants 1, 5, 10, 11, 14 et 17
ont cité qu'ils ont modifié leurs comportements d'achat
grâce à la présence de l'autre, on constate que le fait de
regarder les autres avant d'acheter passe à la deuxième place
avant la promotion.
Les recherches de Tanner et al. (2007) ont montré que
lorsqu'un consommateur est mimé par une personne, il a tendance à
générer des sentiments positifs envers l'autre personne ainsi que
des émotions pro-sociale, ce qui aura des conséquences sur la
préférence du produit. On a voulu voir ce phénomène
de plus près au sein de la population tunisienne en leur posant la
question suivante :
Qu'est-ce que ça vous fait que les autres
achètent les mêmes produits que vous? Tableau 7: Analyse des
sentiments d'être mimé
Thème 2 : Situation d'achat
|
Sous thème : Sentiment d'être
mimé
|
Unité d'analyse : Exemple de phrases ou
de mots clés
|
Occurrence
|
Cité par :
|
Fréquence relative
|
« neutre »
|
9 fois
|
3, 4, 6, 9,
10, 11, 12,
15, 17
|
53%
|
« appréciation »
|
7 fois
|
2, 5, 7, 8,
13, 14, 16
|
41%
|
« j'aime pas »
|
1 fois
|
1
|
6%
|
Total
|
17 fois
|
|
100%
|
62
Chapitre IV : Résultats de la recherche
L'interviewé 2 (F, 35 ans) semble heureux que les
autres le mime « ça me flatte, je pense que mon choix est
réussi et que j'inspire confiance en tant que consommatrice ça me
fait plaisir car j'ai aidé quelqu'un a trouvé ce qu'il veut
» aussi l'individu 5 (F, 58 ans), par l'imitation des autres de son
achat, sa préférence du produit va augmenter « lorsque
je constate que d'autres personnes achètent les mêmes marques des
produits de lessive que moi, j'ai le sentiment que j'achète un produit
de qualité », le fait d'être mimé ça
instaure une confiance en soi aussi, à ce sujet l'interviewé 8
(F, 22 ans) « ça me rend plus confiante parce que je me sens
une référence » d'autres, à l'instar de
l'individu 13 (F, 27 ans), ont un sentiment de bien-être et qu'ils font
de la publicité « je me sens tellement bien en dirait que je
fais de la publicité ».
Thèmes 3 : Résultat d'achat
On a demandé à nos répondants s'ils
étaient satisfaits ou qu'ils regrettaient le fait d'avoir pris un
produit et dans les deux cas on essayera de savoir comment ils avaient choisi
ces produits.
Avez-vous acheté un produit que vous avez, plus
tard, regretté ? Comment l'avez-vous
choisi ?
Y a-t-il un produit en particulier que vous avez pris
sans le connaître et qui vous est resté en mémoire ?
Comment l'avez-vous choisi ? Ça vous rappelle quelque chose
ou
quelqu'un ?
L'individu 1 (F, 20 ans) avait choisi un produit que son amie
lui en avait parlé mais ça n'a pas été une
expérience satisfaisante car le produit ne va pas avec les cheveux de
notre interviewé « j'ai acheté un lot pour lissage de
cheveux, inutile ; j'été trop pauvre pour aller chaque semaine
à la coiffeuse et déjà mon amie m'a parlé qu'elle a
acheté un et que ça va bien avec ses cheveux, ça
n'était pas le cas pour moi », l'interviewé 14 (F, 43
ans) « j'ai acheté une fois un kaftan, mais je l'ai vite
regretté, parce que j'ai vu une copine le porté et ça lui
allait à ravir, mais pas à moi ».
Mais on trouve aussi de bonne expérience d'achat, tel
que le répondant 8 (F, 22 ans) qui dit «j'ai acheté un
déodorant bourgeois ça s'appelle déshabillez-moi, je l'ai
gardé en mémoire, c'est ma collègue du travail, elle avait
le même lorsque je l'ai senti je lui ai tout de suite demandé
d'où est ce qu'elle l'avait acheté et elle m'a dit qu'elle
l'avait pris de monoprix ». Le
63
Chapitre IV : Résultats de la recherche
répondant 11 (H, 28 ans) avait pris un cake turc,
c'était bon et pas cher, le produit était bien placé, mais
quand on lui demande si ça lui rappel quelque chose ou quelqu'un, il
commence à se rappeler et à faire le lien avec son vécu
« Il était en promo et bien placé. Les paquets
étaient posés dans un grand panier avec promo écrit en
gros dessus, le panier était placé en face des fromages et des
jus, en pleine allée, difficile de le rater, ça me rappelle
vaguement les cakes qu'apportait mon père quand j'étais plus
jeune, mais sur le coup j'avoue que je n'y ai pas pensé, c'est
maintenant que le rapprochement m'est venu à l'esprit ». Le
répondant 17 (H, 24 ans) qui avait acheté une chemise jean et
qu'il en était très satisfait, ça lui rappelle ses idoles
« cette chemise je l'ai acheté il y a un mois, je l'ai tout de
suite aimé car ça me rappelle la musique et les gars sur
scène, il te mentira celui qui te dira qu'il n'a pas d'idole, les gens
ont toujours des idoles dans leur tête ».
Section 2 : Résultats des Observations
L'observation a été effectuée sur 31
personnes (19 hommes et 12 femmes), la retranscription des données a
été faite sur un tableau Excel et l'interprétation des
vidéos a été effectuée avec l'aide d'un expert dans
le comportement et la communication non verbale.
Tableau 8: Caractéristique de
l'échantillon
N°
|
Genre
|
Age approximatif
|
Seul / accompagné
|
Temps passé dans l'allée
|
1
|
Homme
|
40aine
|
Accompagné
|
0 :45 s
|
2
|
Femme
|
50aine
|
Seule
|
0 :48 s
|
3
|
Homme
|
40aine
|
Seul
|
0 :59 s
|
4
|
Femme
|
20aine
|
Accompagnée
|
1 :02 s
|
5
|
Homme
|
30aine
|
Seul
|
1 :13 s
|
6
|
Femme
|
50aine
|
Seule
|
1 :01 s
|
7
|
Homme
|
20aine
|
Seul
|
1 :32 s
|
8
|
Homme
|
40aine
|
Seul
|
1 :02 s
|
9
|
Femme
|
50aine
|
Seule
|
1 :20 s
|
10
|
Homme
|
60aine
|
Seul
|
0 :46 s
|
11
|
Homme
|
40aine
|
Seul
|
2 :02 s
|
12
|
Homme
|
40aine
|
Seul
|
2 :54 s
|
13
|
Homme
|
30aine
|
Seul
|
0 :40 s
|
14
|
Homme
|
50aine
|
Seul
|
4 :58 s
|
15
|
Homme
|
30aine
|
Seul
|
1 :10 s
|
64
Chapitre IV : Résultats de la recherche
16
|
Homme
|
50aine
|
Seul
|
1 :55 s
|
17
|
Femme
|
40aine
|
Seule
|
1 :20 s
|
18
|
Femme
|
30aine
|
Accompagnée
|
0 :49 s
|
19
|
Homme
|
20aine
|
Seul
|
1 :02 s
|
20
|
Homme
|
40aine
|
Seul
|
1 :43 s
|
21
|
Femme
|
20aine
|
Accompagnée
|
1 :09 s
|
22
|
Homme
|
30aine
|
Seul
|
1 :17 s
|
23
|
Femme
|
30aine
|
Seule
|
1 :10 s
|
24
|
Femme
|
20aine
|
Accompagnée
|
0 :52 s
|
25
|
Homme
|
30aine
|
Seul
|
1 :20 s
|
26
|
Femme
|
50aine
|
Seule
|
1 :20 s
|
27
|
Femme
|
30aine
|
Seule
|
2 :08 s
|
28
|
Femme
|
40aine
|
Seule
|
1 :07 s
|
29
|
Homme
|
40aine
|
Seul
|
1 :55 s
|
30
|
Homme
|
50aine
|
Seul
|
0 :35 s
|
31
|
Homme
|
50aine
|
Accompagné
|
0 :42 s
|
Temps moyen passé dans l'allée
|
70 s
|
1) Le profil de l'observé
Les individus observés étaient de
différents âges (entre 20 ans et 60 ans), de différents
genres (homme/femme), de différentes catégories sociales (ceci a
été constaté à travers leurs apparences physiques),
de différents statuts sociaux (certains étaient
accompagnés de leurs enfants).
2) Accompagné/seul et le temps passé dans
l'allée
La majorité des individus qui ont mimé les
autres étaient seuls (25 personnes seules contre 6 personnes
accompagnées), on peut dire que la solitude a un impact sur la
décision d'achat finale des consommateurs. En effet, les individus seuls
dans le magasin exprimaient de l'hésitation quant au choix du produit
à prendre (on peut le remarquer à travers leurs postures,
expressions faciales, gestuelles... voir le comportement non verbal des
individus plus bas).
La majorité des rayons à long métrage
(tels que le rayon ultra frais qui dispose de 8 m75 cm ou le rayon
épicerie sucré 7 m 75 cm cas de notre magasin d'observation) sont
source de perturbation pour les individus du fait de la multitude de familles
et de variétés qui existent
65
Chapitre IV : Résultats de la recherche
dans le rayon (produit de santé, nature,
aromatisé, brassé, yaourt aux fruits, jus à base de lait,
crème dessert, lait gélifié, etc...).
Concernant le temps passé dans les allées, il a
été observé que les individus qui ont mimé les
autres sont restés en moyenne 70 secondes dans l'allée pour un
achat à faible implication (chocolat, biscuit, yaourt, lait, oeufs,
pâte, pain de mie, chips, javel...), alors qu'il a été
démontré par Hoyer (1984) que les consommateurs prennent une
moyenne de 13 secondes à partir du moment où ils entrent dans
l'allée pour compléter leur décision d'achat (le cas
étudié par Hoyer (1984) est l'achat de détergent à
lessive qui est un achat à faible implication et que les tactiques
employées par les clients sont simples : « parce que ça
marche bien, je l'aime bien, ce n'est pas cher ... »), une autre
étude inspirée de l'étude de Hoyer et Brown (1990) faite
par Macdonald et Sharp (2000) a montré que les consommateurs prennent
une moyenne de 9.8 secondes lorsque le produit est connu contre 15.1 secondes
quand le produit est peu connu pour réaliser un achat de faible
implication, le produit choisi par Macdonal et Sharp (2000) est une boisson
à base d'orange non alcoolisée.
3) Comportement verbal des individus
On a demandé à nos complices de prendre les
produits à faible implication devant les personnes dans les
allées du magasin et par la même occasion écouter ce qui se
dit, les résultats sont pertinents du fait que les individus
(accompagnés) qui ont mimé notre complice ont soit
chuchoté à leurs pairs des remarques ou dit spontanément
des phrases tandis que d'autres (seuls) ont préféré
s'abstenir et s'écarter ou tourner la tête pour plus tard revenir
vers le produit élu par nos deux complices.
L'individu 18 (femme accompagnée de son mari, dans la
30aine), ils étaient dans l'allée des rayons des pâtes,
notre complice passe et choisit des lasagnes, la femme se tourne directement
vers le produit toute excitée et chuchote à son mari : «
ah des lasagnes! » son mari lui réplique d'en acheter elle
aussi mais elle lui répondit un peu désespérée:
ce n'est pas fait pour nous. On peut dire ici que notre complice
(jeune femme de 22 ans) a véhiculé une image d'une autre classe
sociale (cette image ne reflète pas l'image des jeunes mariés).
Le geste de notre complice a éveillé l'intrigue et le rappel
alors que le produit a suscité l'intérêt des jeunes
mariés mais la différence des classes a fait qu'ils ont
abandonné l'achat.
L'individu 21 (jeune femme accompagnée de ses deux
amies dans la 20aine), elles voulaient choisir du chocolat, les trois filles
regardaient le rayon pour voir ce qu'elles allaient choisir,
66
Chapitre IV : Résultats de la recherche
notre confédérée passe et choisit un
chocolat noir, l'une des filles est directement allée pour prendre le
même produit, quand elle remarque que c'est du chocolat noir elle dit:
« ah non dommage ! C?est du chocolat noir, je ne mange pas ça
».
L'individu 24 (jeune femme accompagnée de son amie,
dans la 20aine), elles faisaient leur course munie d'une liste, elles
choisissaient de la mayonnaise c'est alors que notre complice s'approche et
prend une bouteille de ketchup, l'une des filles, bien attentive, dis à
son amie : « c'est tout, il n'y a rien d'autre dans la liste
», son amie lui répond: « c'est bon on a fini
», c'est alors que la fille se dirige vers les bouteilles de ketchup
et prend une de la même marque
que notre complice avait pris, puis la met dans le panier.

Figure 6: Observation de l'autre
L'individu 31 (homme accompagné de sa femme, dans la
50aine), il a vu notre complice prendre un yaourt à boire, il a
directement regardé sa femme pour lui suggérer d'en prendre lui
aussi, il dit : « je veux un yaourt à boire », sa
femme lui dit: « vas y prends en un toi aussi » et il se
dirige vers le rayon pour prendre le même yaourt à boire.
On a remarqué que l'acte mimétique est suivi
d'un comportement verbal dans le cas où l'individu est
accompagné, ce qui lui donne l'occasion d'interagir avec son partenaire
et d'autre cas d'un comportement non verbal.
4) Comportement non verbal
Avec l'aide d'un expert dans le domaine du comportement nous
avons pu remarquer que la majorité des individus étaient non
accompagnés (seuls) et qu'ils montraient des signes
d'anxiété et d'hésitation (prendre le produit, le
remettre, la discrétion du regard, passer
67
Chapitre IV : Résultats de la recherche
beaucoup de temps devant un rayon à regarder les
produits), l'intervention de notre complice a suscité un vif
intérêt chez ces consommateurs qui se sont dirigés
directement vers le produit élu par notre
confédérée après que cette dernière se soit
éloignée.
L'individu 1 (homme dans la 40aine accompagné de son
fils) était dans l'allée du rayon des détergents pour
choisir une bouteille d'eau de Javel parmi 3 marques, 6 parfums et 5
quantités différentes (160g, 1,5L, 3L, 4,75L, 5L), il a pris et
remis l'un des produits deux fois c'est alors que notre complice s'est
dirigée vers ce même produit et l'a mis dans son panier.
Tout de suite après le client a repris ce même
produit et hoché de la tête comme pour confirmer son choix qui a
été appuyé par notre complice.
On remarque que les individus 3 et 12 (tous deux des hommes
seuls et dans la 40aine) ont adopté la position des mains cachées
derrière le dos, cette posture signifie que « l?activité
cérébrale fonctionne a minima : pas de réflexion
structurée mais une attitude mentale passive» Messinger
(2009), car la main droite représente le cerveau cognitif et la main
gauche le cerveau affectif, réunis ensemble derrière le dos le
cerveau fonctionnera à son minimum pour regarder et observer ce qui
l'entoure sans prendre aucune initiative. Mettre les mains longtemps
derrière le dos est aussi un comportement qui véhicule un manque
d'assurance13.

Figure 7: Mains cachées derrière le
dos
13
http://conseils-carriere.monster.ch/vie-en-entreprise/conseils-pratiques/serie-langage-corporel-le-gestuel-81984/article.aspx
Chapitre IV : Résultats de la recherche
Les individus 14 et 20 (hommes et seuls) ont mis leurs mains
sur la bouche puis sur le menton après avoir regardé longuement
le rayon, ce geste « est un signal d'attention...il est l'un des
gestes phare du doute » Messinger (2009), ces clients ont donc senti
qu'ils étaient dans un état d'hésitation et de doute.

68
Source :Messinger (2009), Le Langage
des gestes pour les Nuls, Éditions First-Gründ.
Figure 8: Main sur le menton
Le regard perdu réfère à la recherche
d'informations, et à un appel à l'aide inconscient pour voir plus
clair et sortir de cette situation inconfortable, la présence d'un autre
individu réconforte la première personne qui essayera
d'éliminer l'anxiété, l'hésitation et la peur de ne
pas être à la hauteur des attentes des autres, donc grâce au
mimétisme il trouve la conviction chez les autres.
Les individus 19 et 14 ont touché leur cou en faisant
des gestes de frottement délicats et au ralenti, ce geste est typique de
l'angoisse qui monte et signifie que la personne est en difficulté,
Messinger (2009).
Chapitre IV : Résultats de la recherche
L'individu 16 (homme seul dans la 50aine) a adopté une
autre position celle des bras croisés et est resté à
observer les clients autour de lui, ce geste est caractérisé par
le manque d'assurance, la forte tension et le repli sur
soi-même14.

69
Source :Messinger (2009), Le Langage
des gestes pour les Nuls, Éditions
First-Gründ.
Figure 9: Bras croisés
D'autres personnes à l'instar des individus 6 et 26
sont restées figées et observaient avec attention les faits et
gestes des autres en attendant qu'ils libèrent la place pour se diriger
vers le produit même et le saisir tout en l'examinant.
On dirait que chaque individu a sa technique personnelle pour
duper l'autre, les individus 5 et 15 faisaient semblant de toucher les produits
tout en regardant discrètement l'autre, puis, dès que l'espace se
libère, ils se dirigent vers le produit désigné par autrui
et le prennent dans leurs mains, le regardent puis se décident à
le prendre ou le remettre à sa place.
5) Espace personnel
L'anthropologue américain Hall (1966) a défini
quatre zones de relation. Toutefois ces zones changent d'une culture à
une autre, voici les grandes lignes :
14
http://conseils-carriere.monster.ch/vie-en-entreprise/conseils-pratiques/serie-langage-corporel-le-gestuel-81984/article.aspx
70
Chapitre IV : Résultats de la recherche
Tableau 9: Les distances chez l'homme
|
Modes
|
Perceptions
|
Distances
|
Intime
Distance réservée au contact intime avec son
partenaire amoureux et ses enfants.
Toute autre présence constitue une agression de
l'intégralité individuelle. Même pour les personnes
habilitées, cette zone n'est pas vraiment pratiquée dans les
espaces publics.
|
Proche
Corps à corps, acte sexuel, acte affectif intime
(câlin, baiser,...), bagarre.
Eloignée
Intimité, relations familiales (entre enfants et parents)
et amoureuses. En dehors de ces cas, cette sphère n'est pas
pénétrée dans un espace social public sans stress ou
gêne. Distance du secret.
|
Vision parcellaire et déformée
Olfactive, thermique et musculaire de l'autre Possibilité
de toucher toutes les parties du corps
Visualisation déformée du
visage (à cette distance, on louche) Le contact haptique
(toucher de la main) est limité par la longueur des membres.
Perte du contact thermique,
mais maintien des contacts olfactifs.
|
Contact
15 À 45 cm
|
Personnelle
Zone : limites de non contact physique direct. Elle marque
l'affectivité et la proximité quotidienne des individus dans leur
vie publique.
|
Proche
Contact marquant l'intimité
et l'affectivité des personnes en public.
Distance de la confidence.
Lointaine
C'est la distance des
discussions personnelles entre amis. Quelqu'un hors champ peut
entendre mais en faisant un effort.
|
Limite des contacts
kinesthésiques par extension des membres.
Vision visuelle à sa netteté maximale permettant de
distinguer détails et texture du visage.
Au-delà du toucher bras tendu d'un seul individu jusqu'au
toucher bras tendu entre deux individus.
L'ouïe ne perçoit plus les chuchotements mais les
voix modérées.
Le champ de vision ouvert avec plus ou moins de netteté
sur tout un corps assis.
|
45 À 75 cm
75 À 125 cm
|
71
Chapitre IV : Résultats de la recherche
Sociale
Relations interpersonnelles directes. Au-delà tout contact
physique direct, jusqu'aux limites de portée de la voix sans effort.
|
Proche
Relations interpersonnelles
entre personnes se
connaissant et se côtoyant sur un projet commun (travail,
réunion informelle,...)
Lointaine
Relations interpersonnelles formalisées (entretiens...)
Les positions sont définies par une culture des
règles sociales (rapports hiérarchiques...)
|
Vision de pratiquement tout le corps.
La voix l'emporte et est entendue sans effort.
Il n'y a plus de contact physique direct.
Le contact visuel maintient la permanence du contact
|
1,25 À 2,10 m
2,10 À 3,60m
|
Publique
La prise de parole est
hiérarchisée.
Les intervenants on un statut d'orateur face à un
public.
|
Proche
Le sujet a la possibilité de fuir. Mise en place d'un
discours oratoire avec effet de voix et choix syntaxiques.
Lointaine Distance oratoire Position entre un
orateur et une audience, un public. Forte implication des prises de parole dans
un dispositif fortement hiérarchisé (meeting, distance avec les
grandes personnalités)
|
La voix doit commencer à être soutenue.
Perte de la précision des contacts visuels.
C'est la posture qui commence à témoigner du
lien.
Perte de l'impression de profondeur.
La vision fond le détail dans un décor aplani.
L e corps et la voix ne sont plus perçus par l'auditoire
par exagérations des intonations et des gestes.
Théâtralité des postures et de
l'élocution.
|
3,60 À 7,50 m
Au delà
de 7,50 m
|
Source : Bouckenhove (2011), Edward T. Hall La dimension
cachée Points. Editions Khamsin.
72
Chapitre IV : Résultats de la recherche
On remarque de nos observations que la majorité des
individus ont gardé une distance sociale proche variant de 1,25 m
à 2 m, cette distance nous permet de voir tous les faits et gestes des
autres consommateurs et d'entendre leurs discussions. Par contre certains
individus ont violé la sphère sociale et sont entrés dans
la bulle intime des autres. On prend l'exemple de l'individu 13 (homme dans la
30aine et seul) qui a remarqué une jeune femme en train de choisir du
yaourt, dès que cette dernière avait mis sa main pour prendre
quatre pièces de yaourt, il bondit et met sa main exactement dans le
même endroit pour prendre lui aussi du même produit.

Figure 10: Dépassement d'espace
personnel
Section 3 : Discussion des résultats
Après avoir présenté les résultats
de notre recherche, il convient maintenant de discuter les résultats de
nos deux méthodes.
1) L'entretien individuel
Dans les entretiens individuels on a remarqué que
l'acte d'achat par mimétisme ou encore par l'imitation inconsciente des
comportements d'achats des autres dans un magasin se trouve à la
quatrième place, mais après approfondissement ce même acte
d'achat passe à la deuxième place, ce qui prouve le
côté inconscient du phénomène, nos résultats
sont donc soutenus par ceux de Dijksterhuis et al. (2005) qui précisent
que la plupart des achats que nous faisons dans un supermarché sont
inconscients ou en étant distraits et que les gens ajustent leurs
73
Chapitre IV : Résultats de la recherche
comportements en fonction de l'environnement social dans
lequel ils sont, sans même être conscients de leurs actions. On est
entouré de stimuli qui nous incitent, provisoirement, à changer
notre comportement pour satisfaire un besoin momentané ; seul un nombre
limité de nos choix est basé sur un processus informationnel
conscient.
Notre recherche a aussi montré que les consommateurs
n'ont aucun problème entre eux, et que le fait d'être mimé
par un autre consommateur instaure une confiance et un bien être chez
l'individu mimé, nos résultats sont donc soutenus par ceux de
Tanner et al. (2007) qui ont trouvé que mimer automatiquement le
comportement de consommation de l'autre peut influencer le choix des produits,
la préférence des produits et les sentiments envers l'autre
personne.
2) L`observation
2.1. Le profil de l'observé
Parmi nos 31 individus observés on trouve 19 hommes qui
ont procédé par mimétisme dans leurs actes d'achat, on
peut supposer que les hommes sont plus automatiques et spontanés dans
leurs décisions que les femmes qui cachaient leurs réactions face
aux autres individus et qui attendaient le départ du client pour se
diriger vers le produit et le prendre.
2.2. Accompagné/seul et le temps passé dans
l'allée
La recherche a montré que lorsque l'individu est seul,
il a tendance à s'aligner avec les autres et choisir ce qu'ils
choisissent, ceci peut être dû au fait que l'individu n'a aucun
repère vers qui se tourner et qu'il se sent perdu et abandonné
lors de son passage dans une surface de vente remplie de nouvelle rencontre
pour lui.
On a remarqué que les individus ont passé une
moyenne de 70 seconde dans l'allée avant d'aboutir à une
décision d'achat basée sur le choix des autres, alors que pour
Hoyer (1984) un individu seul passera en moyenne 13 seconde dans l'allée
avant d'aboutir à une décision d'achat. De ce récit, il
résulte que les individus seuls et qui passent plus que la moitié
du temps moyen dans une allée, sont hésitants et sont plus
susceptibles de mimer l'autre pour une décision d'achat.
74
Chapitre IV : Résultats de la recherche
2.3. Comportement verbal des individus
On remarque que les individus qui avaient adopté un
comportement verbal étaient accompagnés donc ils avaient la
possibilité d'interagir avec leur pairs, cependant, certains à
l'instar de l'individu 21 (F, 20aine et accompagnée) qui avait
parlé spontanément après s'être rendu compte que le
chocolat était noir et qu'il ne fait pas partie de ses
préférences en terme de goût, on peut conclure ici que la
fluidité du geste de notre complice et sa fermeté ont fait que la
personne derrière elle est directement allée prendre le
même produit d'une façon automatique sans même
réfléchir.
L'individu 24 (F, 20aine et accompagnée), malgré
qu'elle ait une liste et que le produit choisi par notre complice ne faisait
pas partie de sa liste, elle le prend quand même. Notre complice qui est
le modèle a séduit le client qui est le sujet et a crée
l'envie de prendre l'objet de séduction. On rejoint l'idée de
Girard (1961) qui stipule que le désir est triangulaire et
nécessite l'interaction de trois acteurs (le modèle, le sujet et
l'objet).
L'individu 31 (IT, 50aine et accompagné), en voyant
notre complice prendre un yaourt à boire, a demandé à sa
femme s'il pouvait en prendre lui aussi, ce geste est instantané et sans
réflexion au préalable, le geste de notre complice a crée
un désir instantané chez le client.
A travers ces exemples on peut conclure, conformément
aux travaux de Tanner et al. (2007), que le mimétisme semble être
un acte automatique et inconscient. C'est ce que Chartrand et Bargh (1999)
appellent « the chameleon effect » l?effet
caméléon.
2.4. Comportement non verbal
La plupart des individus observés avaient adopté
un comportement méfiant en regardant ce que l'autre fait ou en reculant
pour mieux observer, et à chaque fois notre complice avait
suscité l'intérêt du produit pris. On peut remarquer dans
la figure 6 l'arrêt instantané des deux individus pour observer
notre complice et la mimer. On peut conclure que le rôle des autres est
de guider, conseiller inconsciemment et instaurer la confiance dans le choix
des autres.
Rares sont ceux qui demandent de l'aide aux autre, sur nos 31
sujets aucun n'a demandé de l'aide malgré leur présence
dans un magasin rempli de personnels et de clients, ils ont
préféré observer, ceci peut être expliqué par
le fait que les individus ne veulent pas montrer leurs faiblesses et ignorances
face aux autres, leur estime de soi et confiance en soi seront touchées,
ainsi qu'ils aimeraient garder une image positive de ce que pense l'autre
d'eux.
75
Chapitre IV : Résultats de la recherche
2.5. Espace personnel
La notion d'espace est très importante pour les
individus, la plupart de nos sujets étaient éloignés
suffisamment pour ne pas entrer dans l'espace personnel qui varie entre 45 cm
et 1 m 25 cm, même lorsque notre complice avait pour ordre de violer cet
espace personnel, le sujet se retirait toujours en reculant pour laisser place
à notre complice, on a remarqué qu'en reculant l'individu se
protège et fait semblant qu'il soit occupé par autre chose et
dès que le complice s'en aille, le sujet revient vers le rayon et
commence à examiner ce qu'a choisi notre complice.
3) Témoignage des complices
Après avoir participé à l'étude,
nous avons demandé à nos deux complices de nous écrire un
petit paragraphe dans lequel elles nous feront part de leurs expériences
vécues et de leurs sentiments durant l'observation, dans ce cas on parle
de récit de vie, « le récit de vie consiste, pour un
narrateur, à raconter à une autre personne un épisode de
son expérience vécue (Bertaux, 2003) » cité dans
Burrick (2010). Les résultats sont pertinents du fait que nos deux
complices avaient eux un sentiment de pouvoir et de bien être.
Témoignage complice 1 :
« Faire partie de cette recherche me rend plus
engagée et intéressée par le processus décisionnel
des consommateurs.
De surcroit en observant leurs actes mimétiques
j'ai pu découvrir comment et à quel point les consommateurs sont
paresseux lors de la prise de décision d'achat d'un produit. Je me suis
dit peut être qu'ils miment que lorsque le produit est nouveau dans le
marché ou lorsqu'ils ignorent complètement la marque ou le
goût. En revanche lorsque j'ai suivi les sujets dans cette
expérience je voyais toujours qu'à chaque fois que je prenne
l'initiative de choisir un produit leurs réactions étaient de
prendre immédiatement voir inconsciemment le même produit que j'ai
pris et là j'ai compris que les gens veulent toujours suivre quelqu'un
qui a l'air confiant et qui ne met pas de temps à
réfléchir devant le rayon, on dirait qu'ils attendent tous
quelqu'un pour le mimer.
En réalité, j'ai l'impression que je les ai
manipulés surtout qu'ils sont dans une situation vulnérable. En
quelque sorte c'est un peu méchant mais et on peut dire
76
Chapitre IV : Résultats de la recherche
que c'est le contraire si on le prend autrement et
là je veux dire que je les avais aidés à se décider
en un peu de temps et à prendre le produit pour passer à autre
chose.
J'ai eu plus de confiance en moi en me voyant comme
modèle à suivre ou comme une référence pour ces
gens... »
Témoignage complice 2 :
« L'expérience de complice dans cette
étude m'est très bizarre. Je sentais un tas d'émotions :
d'abord en me rappelant des faits j'ai eu énormément pitié
des gens qui m'ont mimé aveuglement et qui ont directement pris le
même produit que j'ai pris avec la même quantité voir plus.
Et là je me suis directement posée la question suivante : «
Pourquoi les gens ne réfléchissent pas avant d'acheter et
pourquoi ils sont si manipulables ? ». En revanche si je
réfléchis au sujet autrement, je trouve qu'au contraire je ne les
avais pas manipulés mais je les avais tout simplement aidés
à sortir de leur hésitation et dépasser leur
indécision vue qu'ils passaient de longs moments à regarder les
produits dans un même rayon sans pouvoir se décider, et une fois
que je me dirige directement vers le rayon adéquat et je prends le
produits avec beaucoup de confiance et sans la moindre hésitation, les
sujets me suivent inconsciemment et là je me suis dit que peut
être ces gens pensent que je suis une habituée du produit et je
suis connaisseuse et que certainement ce produit me plait vue que je l'ai pris
en une fraction de seconde sans trop réfléchir ou sans m'attarder
sur les autres marques.
Finalement je sentais que jétais utile
puisque j'ai aidé ces gens à surmonter leurs hésitations
mais en même temps j'ai senti que je suis manipulatrice parce qu'à
la fin de chaque vacation je remets tout ce que j'ai pris aux
rayons».
Conclusion :
Plus le groupe hésitant est grand et plus on se permet
de faire les mêmes gestes que la personne à notre
côté, et plus le temps de choix augmente ; dès la
présence de l'élément perturbateur qui est le
médiateur, l'individu a tendance à refouler sa peur par un regard
aigu et attentif. Cette nouvelle personne n'appartient pas au groupe du fait
qu'elle n'est pas dans un état d'hésitation ou de confusion, elle
semble être ferme et décisive dans ses choix ce qui
77
Chapitre IV : Résultats de la recherche
menace l'autre personne anxieuse d'où les notions de
désir et de rivalité comme l'indique Girard (1961). Quand un
client observe plus d'une personne entrain de prendre le même produit,
une rassurance se crée chez elle et une confiance se forge.
78
Conclusion générale
Conclusion générale
Le mimétisme est une imitation plus ou moins
involontaire qui exerce une influence sur le comportement, il est source
d'information et d'apprentissage et est en partie responsable de notre
décision d'achat finale, ce phénomène aide, trompe et
interfère dans notre choix quotidien des produits et services mis
à notre disposition, il nous offre la bonne argumentation pour choisir
et se sentir satisfait ; cette satisfaction peut être de courte
durée car le produit choisi n'est qu'une illusion d'un désir que
l'on s'est approprié d'un autre.
La recherche présentée ci-dessus montre bel est
bien l'existence d'une force attractive qu'ont les gens pour influencer
d'autres gens, les aider à finaliser leurs choix et stopper le dilemme
dans lequel ils étaient sans pour autant leur parler ou donner conseil;
on peut considérer que le mimétisme est une arme à double
tranchant, un « de bon coeur » et un autre « de mauvaise foi
» ; le premier aide les individus à sortir de l'embarras du choix
et à se faire une idée cognitive quant aux décisions
futures, mais l'autre côté de ce phénomène n'apporte
que la haine, la rancune et la jalousie, un sentiment de rivalité nait
entre la personne qui mime et son modèle.
Le domaine du mimétisme ne se limite pas à la
consommation de produits et/ou services, cela va au-delà du monde de
l'hyperconsommation, le mimétisme est un comportement inconscient se
trouvant dans chacun de nous, on peut même dire qu'il est vital pour
notre apprentissage et notre épanouissement interne, et ce n'est
qu'après action faite qu'on se rend compte de l'acte mimétique
qu'on vient tout juste de commettre, qui peut se traduire par une
première expérience et qui deviendra plus tard un acquis. En ce
sens, il serait judicieux de voir dans des recherches futures l'impact du
mimétisme interculturel sur les étudiants étrangers vivant
en Tunisie ou sur les visiteurs tunisiens vivant à l'étranger.
Notre recherche a mis en évidence le rôle du
mimétisme dans le comportement d'achat et sa particularité quant
aux autres types d'achat ; le mimétisme avait pour origine la romance et
la poésie, converti au monde de l'hyperconsommation il garde ses
mêmes principes à savoir l'existence de trois acteurs : le
médiateur, le sujet et l'objet, ainsi que son caractère de
susciter l'intrigue et le désir chez l'autre. Mais on ne peut pas
généraliser sur toute la population tunisienne car notre
échantillon est très modeste.
Faute de temps, on n'a pas pu mesurer le temps de
réflexion des individus « mimeurs » lors du passage de deux ou
plus de complices/consommateurs, et voir leurs influences sur le temps
79
Conclusion générale
de prise de décision en fonction du nombre de personnes
qui choisissent le même produit, il serait aussi intéressant de
voir l'impact du mimétisme dans d'autres rayons tels que le rayon
parfumerie, fruit et légume ou encore le rayon marée surtout
durant les périodes de fête et de promotions car c'est la
période pendant laquelle le consommateur perd le sens de la logique et
achète par désir.
Cette recherche peut aider les marketeurs et managers à
trouver des solutions pour assurer l'écoulement de leurs produits et
éviter les démarques, mais attention, cette méthode doit
être utilisée pour le bien du consommateur et non dans le but de
contrôler les choix et désir des clients.
Par la prise de conscience de ce phénomène, les
grandes surfaces et les points de vente en général peuvent mener
des actions qui ont pour but d'ajouter un produit dans le panier du client, ce
qui aura une influence directe sur le chiffre d'affaires du magasin ; les
grandes surfaces peuvent faire des simulations d'achats, bien présenter
les produits et les promotions pour inciter à l'achat impulsif de
certains clients et qui se traduira tout de suite après par l'achat
mimétique des autres clients.
Au lieu de se concentrer sur un large public, le marketing
peut cibler les clients bien informés, les leaders d'opinion et les
prescripteurs/influenceurs, car un consommateur bien informé peut
être source de séduction et sa consommation servira comme un
signal de qualité pour les autres.
Cette étude explore une des réactions
subconsciente des consommateurs lors de leurs processus d'achat, de nos jours
les firmes de grande consommation exploite l'inconscient des individus afin de
leur faire consommer de manière abusive et irréfléchie des
produits dont ils n'ont pas besoin. C'est ainsi qu'il faudra attirer
l'attention sur l'insécurité du consommateur et son imitation
inconsciente des autres pour permettre aux activistes dans la protection du
consommateur d'entretenir des actions effectives afin de réveiller les
individus inconsciemment victimes et favoriser l'achat conscient et
réfléchi.
80
Bibliographies
Bibliographies
Abravanel E., Levan-Goldschmidt E. et Stevenson M. B. (1976),
Action Imitation: The Early Phase of Infancy.Child Development,
Vol. 47, No. 4 (Dec., 1976), pp.1032-1044.
Asch S. (1973), Effects of group pressure upon modification
and distortion of judgments, in Perspectives in Consumer Behavior, eds
Kassarjian Harold and Robertson Thomas. Foresman and Company, Glenview,
Illinois.
Baudonniere, P.M. (1997), Le Mimétisme et
l'imitation, Flammarion, France.
Baudrillard J. (1970), La société de
consommation. Ses mythes, ses structures. Préface de J. P. Mayer.
Paris, Gallimard.
Bearden W. Et Etzel M. (1982), Reference group influence on
product and brand purchase decisions, Journal of Consumer Research.
Bearden W.O., Netemeyer R.G. et Teel J.E. (1989), Measurement
of consumer susceptibility to interpersonal influence, Journal of Consumer
Research.
Belk R.W, (1975), Situational Variables and Consumer Behavior,
The Journal of Consumer Research, Vol. 2, No. 3. (Dec., 1975), pp.
157-164.
Belk R.W, Ger G. et Askegaard S. (2003), The Fire of Desire: A
Multisited Inquiry into Consumer Passion, Journal of Consumer Research,
Vol. 30, No. 3 (December 2003), pp. 326351.
Bouckenhove (2011), Edward T. Hall La dimension cachée
Points. Editions Khamsin.
Bourgeois P. et Ursula H. (2007), The Impact of Social Context
on Mimicry, Biological psychology.
Bray J. P. (2008), Consumer Behaviour Theory: Approaches and
Models.
Burrick D. (2010), Une épistémologie du
récit de vie, Recherche Qualitative et Temporalités,
Hors série, numéro 8-pp. 7-36.
Camus O. (2014), La Publicité : de l'action commerciale
au modelage psychologique et social, Revue électronique de
Psychologie Sociale, 2014, N°6.
81
Bibliographies
Chartrand T. L. Et Bargh J. A. (1999), The Chameleon Effect: The
Perception À Behavioral Linkand Social Interaction. Journal of
personality and social psychology Vol: 76 No° 6, New York
University.
Chartrand, William W. Maddux, et Lakin (2006), Beyond the
Perception-Behavior Link: The Ubiquitous Utility and Motivational Moderators of
Nonconscious Mimicry, Oxford University Press.
Chavalarias D. (2009), Désir mimétique et
imitation rationnelle. Vers un individualisme méthodologique complexe.
Dans : Jean-Pierre Dupuy, Dans l'oeil du cyclone, Marc Anspach Ed.,
Carnets Nord, Paris, janvier 2009.
Darpy D. (2002), Le report d'achat expliqué par le
trait de procrastination et le potentiel de procrastination, Recherche et
Applications en Marketing, vol. 17, n° 2.
Darpy D. et Volle P. (2003), Comportements du
consommateur, Paris, éds Dunod.
D'Astous A., Valence G. et Fortier L. (1988), Conception
et validation d'une échelle de mesure de l'achat compulsif,
Recherche et Applications en Marketing, Vol. 4, No. 1 (1989), pp. 3-16.
Deleau, M. (2006), Psychologie du
développement. Breal, collection Grand Amphi Psychologie.
Dickman, S. J. (1990), Functional and dysfunctional
impulsivity: Personality and cognitive correlates. Journal of Personality
and Social Psychology.
Dijksterhuis A., Smith P.K., Van Baaren R.B. et Wigboldus D.H.
(2005), The unconscious consumer: effects of environment on consumer behavior,
Journal of Consumer Psychology, 15, 3, 193-202.
Faber R. J., O'guinn T. C et Krych R. (1987), Compulsive
Consumption, Advances in Consumer Research, vol. XIV,
132-135.France, éditions PUG.
Girard R. (1961), Mensonge romantique et vérité
romanesque. Grasset.
Giraud M. (2001), Les acheteurs impulsifs: Proposition d'une
typologie. Décisions Marketing, No 24, p. 17.
82
Bibliographies
Giraud M. (2002), L'expérience d'achat impulsif :
un essai de modélisation. Thèse de doctorat en science de
gestion, I.A.E de Toulouse, Paris.
Guichard, N., & Vanheems, R. (2004), Comportement du
consommateur et de l'acheteur. Bréal.
Hamilton, W. D. (1971), Selection of selfish and
altruistic behavior in some extreme models. In J. F. Eisenberg & W. S.
Sillon (Eds.), Man and beast: Comparative social behavior.Washington,
D.C.: Smithsonian Institution Press.
Hendrick, J. (1993), L' Enfant: Une Approche Globale Pour Son
Développement. Québec, Presse de l'université du
Québec.
Hoyer W. D. (1984), An Examination of Consumer Decision Making
for a Common Repeat Purchase Product, Journal of Consumer Research, Vol:11,
N°3.
Jacob C., Guéguen N. et Boulbry G. (2011), L'effet du
mimétisme d'un vendeur sur le comportement d'achat d'un client et son
jugement du personnel et du lieu de vente, Recherche et Applications en
Marketing, vol. 26, n° 1/2011.
Khamassi R. (2012), L'effet D'expérience en Magasin
sur L'achat Impulsif dans un Contexte de Supermarché,
Université du Québec à Montréal.
Kircher P.et Postlewaite A. (2008), Strategic Firms and
Endogenous Consumer Emulation, The Quarterly Journal Of Economics,
University Of Pennsylvinia.
Lalande A. (1968), Vocabulaire technique et critique de la
philosophie, Paris, collection PUF.
Leleu-Merviel, S. (2008), Objectiver l'humain ? Volume 1
qualification, quantification Edition Lavoisier.
Macdonald E.K. et Sharp B.M. (2000), Brand Awareness Effects on
Consumer Decision Making for a Common, Repeat Purchase Product: A Replication,
Journal of business research 48, 5-15 (2000).
Maisonneuve J. (1980), Introduction à la
psychosociologie, Paris, PUF.
Malhotra (2011), Etude qualitative, 6e édition.
Pearson Education France.
Mareau, C., & Dreyfus, A. V. (2007), L'indispensable de
la psychologie. Edition Studyrama.
83
Bibliographies
Martinot D. (2002), Le soi, Les approches
psychosociales, collection La psychologie en plus.
Maurel, O. (2002). Essais sur le mimétisme: sept
oeuvres littéraires et un film revisités à la
lumières de la théorie de René Girard. Edition
Harmattan.
Messinger J. (2009), Le Langage des gestes pour les
Nuls, Éditions First-Gründ.
Moawad M.H. (2007), Les Facteurs Explicatifs De La
Consommation Ostentatoire Des Produits De Luxe - Le Cas Du Liban.
Université Paris XII Val de Marne.
Morceau P.F. (2005), Spinoza. État et religion,
ENS édition. Nadel J. (2005), Imitation et autisme. Mep_AUTISM
p.355.
Nadel J. et Baudaunnière P.M. (1980) À
l'imitation comme mode d'échange prépondérant entre
pairs au cours de la troisième année. Enfance, n°1-2,
p. 77-90.
Oberlé D. (1999), Vivre ensemble, Revue Sciences
Humaines H.S n°94.
Pellemans (1999), Recherche qualitative en marketing
perspective psychologique, De Boeck & Larciers. Paris, Bruxelles.
Piaget J. (1945), la formation du symptôme chez
l'enfant : imitation, jeu et rêve, image et représentation,
Neuchâtel ; Paris : Delachaux & Niestlé.
Pires A. (1997), échantillonnage et recherche
qualitative : essai théorique et méthodologique,
Criminologue, École de criminologie, Université d'Ottawa.
Platon. OEuvres complètes, la république
traduction nouvelle avec introduction et notes par
Robert Baccou.
Richarme M. (2005), Consumer Decision-Making Models,
Strategies, and Theories,
[enligne].Date [14.1. 2012]. Tiré de:
www.decisionanalyst.com/Downloads/ConsumerDecisionMaking.pdf.
Rochat P. (2003), Conscience de soi et des autres au
début de la vie. Vol. 55, pages 39 à 47. Rochat P. et Zahavi
D. (2010), The uncanny mirror: A re-framing of mirror self-experience,
consciousness and cognition, doi:10.1016/j.concog.2010.06.007.
Roggero C. (2001), Sport... et désir de guerre,
Collection Espaces et temps du sport, L'Harmattan.
84
Bibliographies
Rouchy J.C (1990), Identification et groupe d'appartenance,
connexions n°55, pp 45-56.
Ruvio A.,Gavish Y. et Shoham A. (2013), Consumer's doppelganger:
A role model perspective on intentional consumer mimicry, Journal of
Consumer Behaviour.
Salvador L.L. (2002), Histoire de l'imitation sous le rapport du
mimisme.
Shiller R. J. (1995), Conversation À Information,
and herd behavior, American Economic Review p.181-185.
Simon H. (1997). Administrative Behavior: A Study of
Decision-Making Processes in Administrative Organizations. 4th ed. ed. New
York: The Free Press.
Solomon M. (1983), Therole of products as social stimuli: A
symbolic interactionism perspective, Journal of Consumer Research.
Tanner J.R., Farraro R., Chartrand T.L., Bettman J.R., Van Baaren
R.(2007), Of Chameleons and Consumption: The Impact of Mimicry on Choice and
Preferences, Journal of Consumer Research, Vol 34.
Tarde G. (2001), Les lois de l'imitation, Paris,
Première édition 1890, Les empêcheurs de penser en rond,
Seuil.
Thiétart R.A. et al. (1999) Méthodes de
recherche en management, Paris, Dunod. Vallerand R. J. (1994), Les
fondements de la psychologie sociale, Québec: Gaëtan Morin.
Van Baaren R.B., Holland R.W., Steenaert B. et Van Knippenberg
A. (2003), Mimicry for money: behavioural consequences of imitation,
Journal of Experimental Social Psychology, 39, 4, 393-398.
Veblen T. (1970), Théorie de la classe de loisir,
France, Gallimard.
Zattoni O. (2006-2007), « Ces images qui nous mentent
! » Réflexion sur le trafic des représentations dans le
monde animal et dans la sphère des images humaines, de
l'antiquité à nos jours..., Université de Nice Sophia
Antipolis.
85
Webographie
Webographie
Blog, T. d. (2011). Les grands magasins dans le
monde. Consulté le 2014, sur ElAyam.5:
http://niar5.unblog.fr/38economie-mondiale/les-grands-magasins-dans-le-monde/
Buissière, É. (2006, Avril). La mimesis.
Consulté le 2014, sur
www.lettres-et-arts.net:
http://www.lettres-et-arts.net/arts/art-objet-pensee-philosophique/art-imitation-nature-chez-aristote/mimesis+209
CNN. (2011, Août 11). Why are moms dressing like their
teen daughters? Consulté le 2014, sur edition CNN:
http://edition.cnn.com/2011/LIVING/08/11/moms.dressing.like.daughters/
DNA Learning Center. (s.d.). Premotor Cortex.
Consulté le 2014, sur
www.dnalc.org:
https://www.dnalc.org/view/2101-Premotor-Cortex-.html
Lausch, B. (2011, Juillet 25). New research shows some moms
«doppelgang» their
daughters? style. Consulté le 2014, sur
www.fox.temple.edu:
http://www.fox.temple.edu/posts/2011/07/new-research-shows-some-moms-doppelgang-their-daughters-style/
Methodologie du travail écrit de fin d'étude,
les outils d'enquête. (2000, Octobre). Consulté le
2014, sur
www.issit.tn:
http://www.issit.tn/userfiles/downloads/Methodologie%20travail%20ecrit%20fin%20etudes.p
df
Rochat, P. (2014, Août). Quand bébé prend
conscience de lui. Consulté le 2014, sur
CerveauetPsycho.fr:
http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-quand-bebe-prend-conscience-de-lui-33221.php
Université de Lyon, Mimétisme, Apprentissage
par observation et Imitation. (s.d.). Consulté
le 2014, sur
theses.univ-lyon2.fr:
http://theses.univ-
lyon2.fr/documents/getpart.php?id=lyon2.2007.chignol_p&part=129681
Annexe
Annexe
Annexe 1: Grille d'observation
Catégories
|
Descriptions
|
Commentaires
|
Le profil de l'observé
|
(âge, genre, description de la personne,
Accompagnée/seule...)
|
|
Rayon et produits
|
Rayon où on a observé l'acte de mimétisme,
produit faisant objet d'hésitation, produit choisi...
|
|
Comportement verbale
|
Que se disent-ils ?
|
|
Comportement non verbale
|
La gestuelle, que fait-il, avec qui l'individu interagit...
|
|
Espace personnel
|
Quelle est la distance qui sépare la personne qui mime de
la personne mimée.
|
|
La personne mimée (profil)
|
(âge, genre, description de la personne...)
|
|
Temps passé dans l'allée
|
En seconde
|
|
87
Annexe
Annexe 2: Guide d'entretien individuel
« Bonjour, dans le cadre de la réalisation d'un
mémoire de recherche en marketing nous souhaitons vous poser quelques
questions afin de recueillir le maximum d'idée, d'histoire,
d'avis ...
Je vous serais reconnaissant de me consacrer du temps pour
participer à cette étude.
Toutes vos réponses seront considérées
seulement dans un cadre académique sachant qu'il n'y a aucunes bonnes
ou mauvaises réponses, ce qui nous intéresse est votre opinion.
»
Auriez-vous des questions au préalable ?
Thème 1 : le passage à la caisse :
Etes-vous un habitué des grandes surfaces
?
Parlez-moi de vos habitudes d'achat dans les points de
vente (les grandes surfaces)
· Qu'achetez-vous d'habitude ?
Faites-vous une liste avant d'acheter ou est ce que vous
allez directement dans les points de vente pour choisir ce qui vous plaît
?
Laisser l'interviewé parler librement, sans
l'interrompre et le relancer si ces points n'ont pas été
abordés.
· A votre sortie, y a-t-il dans votre panier un ou
plusieurs produits qui ne faisaient pas partie de votre liste d'achat ?
(Essayez de vous rappeler de la dernière fois)
· Comment ce/ces produits ont atterri dans votre panier
?
· Est-ce que ça vous est arrivé qu'une
personne vous demande l'emplacement d'un produit que vous avez choisi ?
(Quel produit ? racontez-nous la situation avec le plus de détail
possible.)
· Qu'est-ce que ça vous fait que les autres
achètent les mêmes produits que vous?
· Que pensez-vous des gens qui imitent votre achat ?
· A votre avis, qu'est-ce qui vous poussera à
demander l'emplacement du produit à l'autre personne?
· Ça vous est arrivé ? (Racontez)
· Les gens vous encouragent ils à acheter ? Comment
?
Annexe
· Est-ce que vous êtes satisfait de vos achats
inspirés par les autres ? (Racontez nous une de vos
expériences)
Thème 2 : Situation d'achat
Pouvez-vous nous raconter l'histoire de chaque produit
supplémentaire ajouté dans le panier ? (Essayez de
vous rappeler du plus de détail possible)
Vous arrive t-il de regarder les gens autour de vous
avant d'acheter un produit ? Pourquoi ?
Relancer pour quels types de produits.
· Pouvez-vous nous décrire dans quelle situation
?
· Préférez-vous acheter seul ou
accompagné ?
· Pouvez-vous compléter ces phrases :
Achetez un produit en étant seul(e) vous rend .
Achetez un produit en étant accompagner vous rend
Thèmes 3 : Résultat d'achat
Avez-vous acheté un produit que vous avez, plus
tard, regretté ?
· Comment l'avez-vous choisi ? (raconter avec le plus
de détails possibles)
Y a-t-il un produit en particulier que vous avez pris
sans le connaître et qui vous est resté en mémoire
?
· Comment l'avez-vous choisi ?
· Ça vous rappelle quelque chose ou quelqu`un ?
Phase de conclusion :
88
Voilà notre entretien est fini, nous vous remercions de
votre collaboration.
89
Tables des matières
Tables des matières
Remerciements 1
Sommaire 1
Introduction générale 2
Chapitre I : Consommation sociale 5
Section 1 : Processus décisionnel et types d'achat 5
A. Processus décisionnel 5
1) La reconnaissance du problème 6
2) Recherche d'information 7
3) Evaluation des solutions possibles 7
4) Choix 8
5) Résultat 8
B. Les types d'achat 8
1) Achat réfléchi (planifié, rationnel)
9
2) L'achat habituel 9
3) L'achat impulsif 9
4) La procrastination 10
5) L'achat compulsif 11
Section 2 : La décision d'achat et l'influence sociale
12
1) Le groupe social 12
1.1. Groupe d'appartenance et groupe de référence
12
1.2. Le soi social 14
1.3. Le rôle de l'autre dans la prise de décision
16
2) Conformisme Social 17
Chapitre II : Mimétisme, cadre conceptuel
22
Section 1 : Le mimétisme : origines et distinction
conceptuelle 22
1)
Tables des matières
90
Définition du mimétisme 22
2) La mimesis animal : 23
3) Mimesis et psychanalyse 25
3.1 La théorie de Freud 25
3.2 La théorie de Girard 26
3.3 Le désir triangulaire : 27
3.4 Imitation et mimétisme 30
4) Distinction entre mimétisme et imitation : 32
Section 2 : Le rôle du mimétisme dans le processus
décisionnel du consommateur 35
1) Mimétisme et mimétisme 35
1.1. Mimétisme verbal 35
1.2. Mimétisme comportemental 36
2) Le séducteur, le séduit et l'objet de
séduction 38
3) L'influence du mimétisme 39
Chapitre III: Méthodologie de la recherche
42
Section 1 : Choix de la méthode qualitative 42
Section 2 : Les entretiens individuels et l'observation 47
1) Entretiens individuels 47
1.1. Démarche de sélection des interrogés
48
1.2. Structure du guide d'entretien 49
2) Observation systématisée : 50
2.1. Les étapes de l'observation 51
Chapitre IV: Résultats de la recherche
56
Section 1 : Résultats des entretiens individuels 56
Section 2 : Résultats des Observations 63
1) Le profil de l'observé 64
2)
Tables des matières
91
Accompagné/seul et le temps passé dans
l'allée 64
3) Comportement verbal des individus 65
4) Comportement non verbal 66
5) Espace personnel 69
Section 3 : Discussion des résultats 72
1) L'entretien individuel 72
2) L`observation 73
2.1. Le profil de l'observé 73
2.2. Accompagné/seul et le temps passé dans
l'allée 73
2.3. Comportement verbal des individus 74
2.4. Comportement non verbal 74
2.5. Espace personnel 75
3) Témoignage des complices 75
Conclusion générale 78
Bibliographies 80
Webographie 85
Annexe 86
Tables des matières 89
Liste de figure 92
Liste des tableaux 92
92
Liste des figures
Liste de figure
Figure 1: Processus décisionnel en 5 étapes 6
Figure 2: Les composantes du soi social 15
Figure 3: Les trois modèles d'imitation 29
Figure 4: Double voie par lesquelles le mimétisme peut
influencer la consommation de
produit et la préférence. 39
Figure 5: Classification des études qualitatives 42
Figure 6: Observation de l'autre 66
Figure 7: Mains cachées derrière le dos 67
Figure 8: Main sur le menton 68
Figure 9: Bras croisés 69
Figure 10: Dépassement d'espace personnel 72
Liste des tableaux
Tableau 1: Comparaison entre les acteurs humains et aminaux 30
Tableau 2: Comparaison entre imitation et mimétisme 34
Tableau 3: Les différentes méthodes qualitatives
43
Tableau 4: Régle d'utilisation de la grille d'observation
51
Tableau 5: Caractèristique des interviewés 56
Tableau 6: Analyse de la façon dont un individu ajoute un
produit dans son panier 57
Tableau 7: Analyse des sentiments d'être mimé 61
Tableau 8: Caractéristique de l'échantillon 63
Tableau 9: Les distances chez l'homme 70
|