Finitude et destinée humaines chez Maurice Blondel( Télécharger le fichier original )par Christophe MABOUNGOU Université Pierre Mendès-France - Master II 2011 |
ConclusionAu terme de cette analyse, il est clair que c'est dans la dialectique de la volonté qu'il faut percevoir le sens des actions humaines ; il est d'autant plus clair aussi que l'homme ne peut pas échapper à l'exigence de l'option, du choix ; et que y renoncer, c'est paradoxalement poser son adhésion. Blondel montre alors que dans chaque vouloir humain persiste toujours le sentiment de manque, d'une inachevabilité de l'action. Car, si l'homme surpasse certains phénomènes (désirs, besoins...), il reste cependant vrai qu'il ne domine toujours pas son propre vouloir. Il n'arrive pas souvent à épuiser les secrets et profonds ressorts de sa volonté. Sa volonté voulue (celle qui est une volonté de surface) entre perpétuellement en conflit avec la volonté voulante (celle qui est justement une volonté profonde et spirituelle). Les principes de celle-ci ne gouvernant pas toujours celle-là, la volonté spontanée de l'homme ne s'accorde pas souvent avec sa volonté réfléchie. Bien souvent, derrière la volonté de ne rien vouloir profile et s'affirme la ferme volonté de vouloir. C'est pourquoi, l'homme n'affirme le néant que parce qu'il a besoin d'une réalité plus solide et plus comblante. Et l'activité scientifique, personnelle, individuelle et sociale qui engendre la famille et la patrie et qui tend, sous l'influence de certaines doctrines, à vouloir borner la destinée humaine à tel ou tel secteur de la vie, s'avère un échec. Car, à côté de l'hypocrisie176(*) de la pensée qui croit tout savoir, il y a la tendance humaine à se créer des idoles telles que la science, la nation afin de leur conférer une valeur absolue qu'elles ne possèdent pas. Mais là encore, la prétention de se suffire « avorte parce que , dans ce qu'on a voulu et fait jusqu'ici, ce qui veut et ce qui agit demeure toujours supérieur à ce qui est voulu et fait ». De cette insuffisance de l'ordre naturel apparaît l'exigence d'un besoin supérieur, un recours qu'aucun fait ni phénomène ne pourra combler de sorte qu'« il est impossible de ne pas reconnaître l'insuffisance de tout l'ordre naturel et de ne point éprouver un besoin ultérieur. C'est nécessaire, et c'est impraticable. Voilà toutes brutes les conclusions du déterminisme de l'action humaine177(*). Ce que Blondel lui-même ouvre par ces mots : « En me heurtant à la suprême nécessité de la volonté, j'ai donc à déterminer ce que je veux, afin que je puisse, en toute plénitude, vouloir vouloir. Oui, il faut que je veuille moi-même ; or il m'est impossible de m'atteindre directement ; de moi ) moi, il y a un abime que rien n'a pu combler. Point d'échappatoire pour me dérober, point de passage pour avancer seul : de cette crise, que va-t-il ? 178(*) ».Voilà qui ouvre la voie à l'examen du Vinculum (lien) possible entre volonté voulante dans son ouverture et son achèvement dans l'expérience de l'Unique Nécessaire. * 176 C'est ce que Blondel appelle"action superstitieuse". l'Action., p. 336. * 177 Id., p.319. * 178 Ibid.,p.338. |
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