MÉMOIRE PROFESSIONNEL DE RECHERCHE
LA MULTIPROPRIETE DES JOUEURS DE FOOTBALL
PROFESSIONNEL
La présence des tierces parties dans le
milieu du
football
Présenté et soutenu par Marco RENNELLA Tuteur de
mémoire: Michel DESBORDES
|
Master Business i n Sport - Promotion 2 0 1 4 / 2 0 1
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3
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d'abord à remercier toutes les personnes
qui m'ont aidé et accompagné dans la réalisation de ce
mémoire de recherche.
Je tiens à remercier les professionnels avec qui j'ai
eu la chance de réaliser des entretiens. Tout d'abord merci à Mr.
Bastien DRUT, économiste du sport qui a été le premier
à m'encourager dans ce sujet novateur. Merci également à
Mr. Jean-François BROCARD, chercheur au CDES de Limoges pour ses
conseils sur ce thème qu'il connaît très bien car il a
été mandaté par la FIFA pour une étude à ce
sujet. Je tiens à remercier également Mr. Martin BOUDOT,
journaliste et Mme. Marie-Hélène PATRY, responsable juridique de
l'UCPF, qui m'a éclairé sur le sujet d'un point de vue juridique.
Merci à Mr. Jean-Marc BENAMMAR, professeur à l'Université
Paris 8 qui m'a permis d'élever ma réflexion sur ce thème.
Un grand et énorme merci à Mr. Raffaele POLI, directeur du
football observatory, expert du sujet qui m'a énormément
aidé notamment sur les préconisations éventuelles. Enfin
merci à Mr. Shervine NAFISSI-AZAR, doctorant en droit qui réalise
une thèse sur les TPO pour ses réponses qui ont été
pour moi d'une grande aide.
Je remercie également l'école AMOS
(Académie de Management des Organisations Sportives) dans son
intégralité et en particulier Mr. Michel DESBORDES, mon directeur
de mémoire et Mr Jonathan BOSSÉ, coordinateur pédagogique
« Master of Sport Business » pour leur soutien et leurs conseils tout
au long de cette année.
Un grand merci à ma famille et mes proches pour leurs
soutiens tout au long de l'année.
SOMMAIRE
4
SYNTHÈSE 5
INTRODUCTION 7
PARTIE 1 : Les TPO, un nouveau système de
financement pour les clubs
professionnels 10
1. Cadrage théorique 11
1.1. L'arrivée des TPO dans le football professionnel
11
1.2. L'augmentation du nombre et du montant des transferts de
joueurs 13
1.3. Les TPO dans le monde 15
1.4. Législation autour des TPO 18
2. État des lieux et hypothèses de travail
21
2.1. Hypothèse 1 : Les clubs achètent de
jeunes joueurs talentueux sans pour
autant risquer leur argent 21
2.2. Hypothèse 2 : Les TPO représentent une
menace pour les clubs et pour le
football en général 24
2.3. Hypothèse 3 : La seule façon pour les
plus petits clubs de rivaliser avec les
gros clubs européens 26
2.4. Méthodologie de travail 27
PARTIE 2 : L'étude, les résultats et leur
portée 28
1. Résultats empiriques et retour sur les
hypothèses 29
1.1. Présentation des meilleures ventes et achats de
joueurs de deux clubs
professionnels 29
1.2. Retour sur l'hypothèse 1 : Les clubs
achètent des jeunes joueurs talentueux
sans pour autant risquer leur argent 32
1.3. Retour hypothèse 2 : les TPO
représentent une menace pour les clubs et pour
le football en général 35
1.4. Retour hypothèse 3 : La seule façon pour
les plus petits clubs de rivaliser avec
les gros clubs européens 39
2. Cas concret et préconisations
éventuelles 42
2.1. Cas d'étude : Les transferts d'Éliaquim
Mangala 42
2.2. Rentabilité sur les transferts des joueurs de
football 44
2.3. Aménagements possibles et régulation de cette
pratique 46
2.4. Limites de l'étude et difficultés
rencontrées 50
CONCLUSION 51
BIBLIOGRAPHIE 53
ANNEXES 55
5
SYNTHÈSE
Ce mémoire de recherche a pour objet de
s'intéresser à la multipropriété des joueurs de
football professionnel, notamment aux sociétés d'investissement,
totalement extérieures au football qui misent sur des joueurs en
espérant faire une plus-value. En effet, cette nouvelle pratique peu
connue en France et qui reste aujourd'hui encore dans une grande opacité
permet à des fonds d'investissement de réaliser des
opérations qui peuvent rapporter gros. Plusieurs clubs portugais et
espagnols sont connus pour utiliser la « third party ownership »
(TPO), en français tierce propriété afin d'acquérir
de nouveaux joueurs. C'est un moyen pour les plus petits clubs au moyens
limités de rivaliser sportivement avec les plus gros, tout en
entraînant un risque de faillite, si cela est mal géré.
Cette pratique qui consiste à ce que le fonds d'investissement finance
le transfert d'un joueur d'un club A vers un club B fonctionne grâce
à deux choses. La première est due, à l'augmentation du
nombre de transferts et de leur coût depuis l'arrêt Bosman en 1995
pour atteindre 3,6 Milliards d'euros en 2014 et la deuxième est due
à la crise économique qui a atteint les petits clubs et qui ont
de plus en plus de mal à trouver des financements pour acheter des
joueurs. Selon une étude de KMPG, 1,070 Milliards d'euros aurait
été empoché par des fonds d'investissement qui
détiendraient les droits de quelques 1100 joueurs à travers
l'Europe.
Pour autant, cette pratique est peu connue surtout en France,
du fait de son interdiction et très peu de recherches ou d'études
ont été réalisées sur le sujet. De là est
venue l'idée de ce travail, d'autant plus que la FIFA a interdit cette
pratique depuis le 1er mai 2015 mais reste à savoir si elle a
le droit, car les ligues espagnoles et portugaises ont porté plainte
auprès de la commission européenne. Cela annonce une longue
bataille car nul ne peut ignorer que la plupart des clubs de football
professionnel ont la plus grande difficulté à se financer. Ils ne
possèdent généralement pas ou peu d'immobilisations qui
permettraient aux banques de sécuriser les prêts qu'ils pourraient
leur octroyer. Ainsi, seul Lyon en France sera en Ligue 1, propriétaire
de son stade. Certains possèdent bien leur centre d'entraînement
ou leur centre de formation, mais cela pèse peu au regard de leurs
besoins en financement. Les joueurs quant à eux constituent un actif
incorporel pour les clubs, dont la valeur est d'ailleurs inscrite à
leurs bilans comptables. Donc, un joueur a une valeur intrinsèque et
cette valeur peut être monnayée de différentes
façons. C'est en se basant sur cette réalité
économique, à savoir la quasi impossibilité pour la
plupart des clubs d'avoir recours à l'emprunt bancaire alors même
qu'ils possèdent avec les joueurs des immobilisations incorporelles
ayant potentiellement une forte valeur marchande qu'est née la TPO. La
demande en financement des clubs a rencontré l'offre de certains fonds
d'investissement avides de plus-values sur les transferts. La première
interrogation se fit donc autour de la viabilité de ce nouveau mode de
financement, ce qui mena à la problématique principale, en quoi
les TPO peuvent-ils être un financement alternatif pour les clubs de
football professionnel. Pour essayer de répondre au mieux à cette
problématique, trois hypothèses ont été
formulées.
La première hypothèse était de savoir si
les clubs qui utilisent les tierces parties pour se procurer de nouveaux
joueurs ne risquaient pas du tout leur argent. Le constat aujourd'hui est qu'il
ne risque pas du tout leur argent, car si un joueur est financé par une
société tiers et qu'il se blesse et donc qu'il perd en valeur,
c'est la société et non le club qui sera en perte. Donc d'un
point de vue économique à première vue c'est une bonne
chose pour les clubs si l'on s'arrête à ce constat. Cependant,
lorsqu'on essaie un peu plus de comprendre, on s'interroge sur la raison pour
laquelle la FIFA veut-elle interdire les TPO, si cela est bon pour les clubs.
De là vient la deuxième hypothèse.
6
La deuxième hypothèse principale de ce travail
s'interroge sur les menaces de cette pratique pour le football en
général. En effet, la question de menace peut se poser en prenant
en compte différents partis. Tout d'abord les joueurs de football qui
sont les premiers concernés, car on peut penser que ces fonds
d'investissement qui les détiennent jouent un impact dans leur
carrière à savoir où et quand ils vont être
transférés dans le but de réaliser la plus grosse
plus-value. Si le joueur veut aller au bout de son contrat, difficile de penser
que le fonds d'investissement qui détient des parts du joueur le
laissera, car il sera gratuit. Ensuite, vient la menace pour les clubs, ces
derniers peuvent sur le long terme devenir dépendants de ces
investisseurs et donc ne posséder aucun joueur à 100%. Ce qui
dans le cas où le club a besoin d'argent et veut vendre ces joueurs,
très peu d'argent lui reviendrait, voir rien du tout, cela dépend
du pourcentage des doits économiques que chaque partie possède.
De plus, la perte de contrôle sur le domaine sportif, si le fonds
possède plus de joueurs que le club, il a de grande chance qu'ils
prennent de plus en plus le contrôle. Enfin une autre menace est celle
sur les compétitions. Si dans un match un seul fonds possède 45
joueurs dans chaque équipe, la tentation de truquage de matchs est
importante, la plus grosse peur dans le sport puisque le concept d'incertitude
du résultat, qui rend le sport si attractif serait mis à mal.
Quand on pense à ces différentes menaces, on peut penser que
d'interdire cette pratique est la meilleure des solutions, mais interdire une
pratique et pour que les fonds inventent de nouvelles pratiques afin de
contourner cette interdiction n'est pas mieux. C'est là qu'intervient
notre troisième hypothèse.
La troisième et dernière hypothèse de ce
mémoire essaie de savoir si le transfert par les TPO est le seul moyen
pour les petits clubs de rivaliser avec les plus gros. Même si l'on pense
tous que c'est la plus simple et surtout la plus rapide, d'autres techniques
ont été élaborées afin de contourner cette
interdiction. Il existera toujours des techniques qui permettront de faire de
la spéculation avec l'argent du football, c'est pourquoi cette
dernière hypothèse n'a pas été validée.
Ce travail vise ainsi à tenter de répondre au
mieux aux interrogations ci-dessus évoquées. Il débute en
première partie par un rapide cadrage théorique sur les tierces
parties et les transferts dans le football. Des éclaircissements seront
aussi faits sur la thématique juridique de problème. Ces apports
théoriques aideront à dégager les principaux objectifs que
les tierces parties et les clubs ont lorsqu'ils réalisent un transfert
avec TPO.
Dans un second temps, il s'agira d'effectuer un rappel sur la
problématique centrale ainsi que sur les trois hypothèses que ce
travail sera amené à valider ou à infirmer, et qui
viennent d'être exprimées précédemment. Les
résultats principaux de cette étude seront exposés et un
retour sera fait sur chacune des hypothèses. En effet, un travail a
été mené auprès de différents
spécialistes et professionnels sur le sujet, leurs réponses ont
aidé énormément à répondre aux
différentes questions concernant ce travail.
Au terme de ce travail, la première et la
deuxième hypothèse ont clairement été
validées, avoir recours à cette pratique est dans un premier
temps bénéfique aux clubs car ils possèdent de très
bons joueurs qu'ils ne pourraient pas s'acheter sans l'aide d'investisseurs
tiers. Cependant, cela peut représenter également une menace pour
les clubs, les joueurs et les compétitions. La troisième
hypothèse en revanche, n'a pas pu clairement être confirmée
puisque aujourd'hui ce n'est pas le seul moyen pour les clubs de rivaliser avec
les cadors européens. L'étude dégage cependant des pistes
de réflexion intéressantes à ce sujet.
La dernière partie de cette étude
présentera des préconisations à prendre au cas où
les TPO ne seront pas interdits afin de rendre le plus transparent possible
cette pratique qui demeure toujours aussi opaque. Enfin cette partie
présentera des limites à cette étude qui permettront
d'élargir la portée de ce travail en cas d'étude
complémentaire.
7
INTRODUCTION
Le monde du football professionnel est devenu
incontestablement depuis quelques années le nouveau terrain de jeu des
investisseurs. Alors que certains, à la recherche de pouvoir et de
reconnaissance mondiale, ont choisi d'investir dans des clubs (PSG, Monaco,
Manchester City, Chelsea) d'autres, plus discrets, ont décidé de
miser sur les joueurs directement. Et cela, grâce au mécanisme de
la tierce propriété (ou « third party ownership
» TPO). Une pratique née en Amérique du Sud à la fin
des années 80, qui s'est développée après les
années 2000 et qui a fait du football un nouvel instrument financier
pour les investisseurs privés.
Pour être toujours plus compétitifs les clubs de
football sont prêts à tout, comme louer des joueurs qui
appartiennent à des sociétés d'investissement.
Si les entreprises traditionnelles évoluent à
l'heure actuelle dans un environnement économique difficile, les clubs
de football eux ne connaissent pas vraiment la crise et tout est mis en place
pour que ces derniers soient toujours les plus compétitifs possible. Au
sein d'un système où les sources de revenus des clubs reposent
sur 4 rentrées d'argent : les droits TV, la billetterie, les sponsors et
le merchandising, l'heure est aujourd'hui à la recherche d'argent par
des tiers.
En effet ces 4 sources de revenues suffisent à peine
à payer les salaires des joueurs donc il ne reste plus grand chose pour
pouvoir s'offrir de nouveaux joueurs.
C'est ainsi que de plus en plus de clubs choisissent de faire
appel à la tierce propriété pour acquérir de
nouveaux joueurs. En faisant appel aux TPO, les clubs n'ont plus besoin de
dépenser leur argent pour acheter des joueurs, c'est une
société d'investissement qui achète le joueur qui est
ensuite « loué » au club en question.
Cette étude a pour objet de s'intéresser
à une nouvelle pratique concernant les transferts de joueurs de football
professionnels (TPO), notamment de mettre en en avant les bienfaits et les
dérives de cette dernière.
Cette pratique peu connue en France, du fait de son
interdiction tout comme en Angleterre est très présente en
Amérique du Sud et tend à se répandre dans certains pays
européens comme au Portugal ou l'Espagne.
Comment cela fonctionne ?
Le postulat de départ est le suivant : un joueur
professionnel est une valeur économique, dont les droits peuvent
être cédés. Une tierce personne, en général
un fonds d'investissement, décide alors d'acquérir tout ou une
partie des droits économiques du joueur, et donc d'en devenir
propriétaire. C'est une société privée et
indépendante du joueur et du club auquel celui-ci appartient. Son
objectif est ainsi de réaliser à court ou moyen terme une
plus-value lors de la vente du joueur, c'est-à-dire en cas de transfert.
En effet, étant propriétaire d'une partie des droits, il est
normal qu'une part de l'indemnité de transfert lui revienne. Par
conséquent, la tierce propriété n'a de sens que si les
droits économiques du joueur viennent à prendre de la valeur.
Les risques sont élevés car dans le sport on
n'est jamais à l'abri d'une blessure ou d'un problème
extérieur influent sur le rendement du joueur, mais les gains le sont
également.
En 2007 le transfert de Carlos Tevez dans le club anglais de West
Ham avait fait polémique. Avant 2008 la règle qui s'appliquait
pour la Premier League stipulait qu'aucun club n'était autorisé
à conclure un contrat qui permettrait à un tiers
«d'acquérir la capacité d'influer sur
8
ses politiques ou la performance de ses
équipes».
Sur cette base West Ham avait transgressé la
règle et était condamné à une
pénalité de £5.5 million par la Premier League.
En effet le contrat de Tevez contenait une clause
cédant aux tiers MSI et Just Sports le droit exclusif de négocier
le transfert du joueur, sans que West Ham possède un droit de
véto. Mais à partir de la saison 2008/2009 la Premier League
décide de mettre en place une interdiction totale, jugeant que la TPO :
« Soulevait trop de questions sur l'intégrité de la
compétition, le développement de jeunes joueurs et pouvait
altérer la structure pyramidale du football. Ó
Les administrateurs du football anglais ont adapté une
position radicale : personne ne peut avoir un intérêt
économique pour tout joueur enregistré en Angleterre pour lequel
des investisseurs détiennent des droits. Sous une législation
étrangère, la propriété des droits
économiques du joueur doit changer de statut, c'est à dire
liquider les droits économiques détenus en cas de transfert vers
l'Angleterre.
Ce fut le premier cas de TPO connu du grand public, mais cette
pratique ne date pas de 2007. En effet, fin des années 1980,
début des années 1990, le club français du Brest Armorique
avait utilisé cette pratique pour l'achat de plusieurs joueurs dont
l'argentin Daniel Tapia et le colombien Roberto Cabanas. Le transfert de Daniel
Tapia vers le Brest Armorique fut pris en charge par une société
qui n'avait rien à voir avec le football. La formule à
l'époque était simple : fédérer les chefs
d'entreprise locaux dans une même société
créée pour réunir les fonds indispensables à
financer les transferts des joueurs mis à la disposition du club.
Certains chefs d'entreprises étaient hésitants car ils se
demandaient si c'était de l'argent perdu. Non, puisque le club
garantissait le remboursement et même une plus-value éventuelle
sur les futurs transferts des joueurs concernés. La moitié des
investisseurs étaient des amoureux du football, l'autre moitié
était appâtée par les substantiels bénéfices
qu'on leur faisait miroiter.
Quelques années plus tard, le club dépose le
bilan et le Brest Armorique n'existe plus, en partie notamment à cause
de ce système qui peut mettre en péril l'économie d'un
club si les dirigeants ne savent pas bien gérer.
En Europe, le FC Porto est le champion incontesté de la
tierce propriété, ce club vend et achète des parts de
joueurs comme des actifs financiers.
Mais ce n'est pas le seul, de plus en plus de clubs s'emparent
de ce mode de financement pour faire vivre le club. Pour autant cette pratique
n'est pas connue par tout le monde et très peu de recherches ou
d'études ont été réalisées sur ce sujet.
Ce qui nous intéresse sur ce sujet est de savoir si ce
type de financement est un financement viable et durable pour les clubs de
football. Le mémoire portera sur ce nouveau mode de financement dans le
football avec l'achat et la vente de « morceaux de joueurs ».
La première interrogation est de penser que ce
financement par des tiers est le financement de demain car il s'agit d'acheter
des jeunes joueurs plutôt talentueux sans pour autant risquer l'argent du
club si jamais le joueur ne progresse pas comme prévu.
En effet, le club pourra bénéficier de bons
joueurs pendant quelques années et donc sera plutôt
compétitif sur la scène européenne sans avoir
dépensé la moindre somme.
La deuxième interrogation principale de ce travail
s'interroge sur la dangerosité de cette pratique dans le monde du
football professionnel. En effet, on peut penser que le joueur
9
n'est plus libre de son destin et que ce sont les dirigeants
des sociétés d'investissement qui décident où le
joueur doit jouer dans l'unique but de faire une plus grande plus-value. Ainsi
le fait que les clubs ne possèdent plus les joueurs met en péril
sa situation financière sur le long terme car en cas de besoin d'argent
les clubs traditionnels vendent leurs joueurs et gardent la liquidité
mais dans le cas des TPO si le club vend un joueur détenu par une tierce
partie, l'argent ne reviendra pas au club ou pas totalement.
Est-ce un mode de financement viable et durable pour les clubs
? En quoi les TPO peuvent-ils être un financement alternatif pour ces
clubs ? Faut-il interdire cette pratique ? Quelles sont les dérives ?
Autant de questions qui demandent une réflexion sur ce
sujet et que nous allons essayer de répondre tout au long de ce
mémoire.
La première partie de ce travail apportera un cadrage
théorique sur trois sujets relatifs à cette étude. Tout
d'abord quelques notions sur les TPO en général, la montée
de ce système de tierce propriété au cours de ces
dernières années suivie d'un éclairage global sur cette
pratique dans le monde pour finir par un cas d'étude sur le joueur de
football Éliaquim Mangala, international français
transféré du Standard de liège à Manchester City en
passant par le FC Porto. Suite à cela, les trois hypothèses
principales seront exposées ainsi que la méthodologie
employée.
Dans la deuxième partie, une présentation des
meilleures ventes et achats des deux clubs professionnels étudiés
sera réalisée ainsi qu'un retour sur chacune des trois
hypothèses avec comme objectif la validation ou non de chacune d'entre
elles. Les dérives que cela entraîne seront mises en
évidence tandis que la législation autour de cette pratique qui
fait énormément parler sera humblement exposée. Suite
à cela, des aménagements seront faites autour des
hypothèses principales.
Les TPO, un nouveau système de
financement pour les clubs
professionnels
10
11
1. Cadrage théorique
1.1. L'arrivée des TPO dans le football
professionnel
Une définition donnée par Ariel N. Reck et
Daniel Geey:
« On parle de TPO quand la future valeur de transfert
d'un joueur est vendue à un tiers. L'entité qui achète la
part croit donc que le joueur a le potentiel d'être
transféré pour une somme plus importante que celle initialement
payée. Le club qui détient le joueur peut ainsi équilibrer
ses comptes et obtenir plus facilement des crédits. Les risques sont
élevés (blessures, joueur décevant), les gains le sont
également. »
En effet, le « Third Party Ownership » est un moyen
de financement pour les clubs né en Amérique du Sud qui se
répand de plus en plus en Europe, notamment au Portugal et en
Espagne.
Des fonds spéculatifs possèdent donc les «
droits économiques » de joueurs et essayent de maximiser leurs
gains à la revente, il s'agit pour eux d'un business très
lucratif où les joueurs sont considérés comme des «
actions », des « marchandises ». Michel Platini parle même
« d'une forme d'esclavagisme ».
Les clubs qui ne peuvent pas se payer de bons joueurs mais qui
veulent quand même briller sur la scène européenne font
appel à cette pratique.
Pourquoi ce système est intéressant pour les
clubs ?
Il est financièrement plus prudent pour un club de
pratiquer une forme de leasing que de mettre tout son capital dans les joueurs.
Le joueur est un investissement très particulier : il est incertain,
personne ne peut savoir s'il va s'améliorer, décevoir ou rester
un élément stable. Certains clubs veulent
bénéficier de l'augmentation de la valeur des joueurs et
réaliser un profit sur le marché de transfert, d'autres quant
à eux préfèrent d'abord voir développer le plein
potentiel du joueur.
La gestion du contrat du joueur déterminera les profits
que le club pourra réaliser à la vente, les facteurs
déterminants étant le salaire et la date d'expiration de son
contrat.
La plupart des clubs ont des moyens financiers très
limités, surtout lorsqu'on sait que les salaires des joueurs
représentent en moyenne 70 à 80% de leur dépense. De plus
il n'est pas certain que l'acquisition d'un joueur « cher » se
traduise par de meilleurs résultats sportifs. D'autant plus que si l'on
achète un joueur cher cela augmentera l'actif (capital) du club. Ainsi
les taux de dépréciation représentent des charges lourdes
pour le club pendant toute la durée du contrat. Tout cela explique
pourquoi beaucoup de clubs sont intéressés par la participation
d'investisseurs dans l'acquisition de joueurs afin de limiter les charges et
les risques financiers.
Dès lors que les droits économiques sont
traités comme une créance qui existe dans le patrimoine d'un
club, il n'y a pas d'obstacle juridique à ce que cette créance
soit commercialisée comme n'importe quel actif. En effet, une
créance est un bien réel. C'est un actif qui peut être
donné en garantie ou qui peut être cédé.
La créance de transfert peu faire l'objet de diverses
opérations juridiques comme n'importe quelle créance. Il existe
en réalité deux cas de figure, celui où le tiers agit en
qualité de prêteur de fonds du club et celui où le tiers
agit en qualité d'investisseur dans le club.
12
Le premier n'a pas la prétention d'être
propriétaire des droits économiques d'un joueur. Il est seulement
le créancier d'un club à qui, il consent un prêt. En
garantie du remboursement de ce prêt, le club lui confère un droit
sur les futures créances de transfert dont il est titulaire. Au moment
de la réalisation du transfert, le prêteur de fonds pourra exercer
sa garantie et obtenir le remboursement de son prêt soit auprès du
club emprunteur, soit directement entre les mains du club débiteur de
l'indemnité de transfert (le club « acquéreur »). Ces
conventions de TPO mettent en oeuvre des mécanismes très
classiques du droit des suretés.
L'investisseur est celui qui acquiert auprès d'un club
les droits économiques attachés à un ou plusieurs joueurs.
Lors du transfert, l'investisseur fera valoir ses droits économiques
attachés à ce joueur. Ce paiement peut s'opérer de deux
façons : soit le club « vendeur » encaisse le montant total de
l'indemnité de transfert auprès du club vers qui le joueur est
transféré et reverse au tiers investisseur la part lui revenant.
Soit le club « vendeur » indique au club « acquéreur
» le nom du tiers investisseur et, par une indication de paiement ou par
une délégation de créance, lui ordonne de payer entre ses
mains une partie de l'indemnité de transfert correspondant à la
part qui lui revient.
Cette pratique divise, il y a ceux qui trouvent que ce
système est scandaleux, et qui préfèrent que ce soit
bannie. C'est le cas au Royaume-Uni et en France. La FIFA a d'ailleurs
décidé d'interdire la propriété des droits
économiques d'un joueur par des tiers « afin de protéger
l'intégrité du football et des joueurs. » Ces dispositions
ont été approuvées en décembre dernier et sont
entrées à priori en vigueur le 1er mai 2015. Le
président, Josep Blatter a accordé une période de
transition pour que les clubs puissent entrer dans la norme de manière
progressive. Pour la FIFPro, le système des TPO « porte atteinte
à un droit de l'homme fondamental, celui en vertu duquel les individus
sont libres de se déplacer. »
Puis il y a ceux qui pensent que c'est un bon système
pour les petits clubs avec des moyens limités et qui permettrait de
concurrencer les grands clubs européens. C'est le cas notamment des
ligues espagnoles et portugaises qui ont porté plainte contre cette
interdiction en soulignant que « cette interdiction enfreint les
normes de protection de la concurrence du Traité de fonctionnement de
l'Union européenne, ainsi que les libertés fondamentales
d'établissement, de prestations de service, de travail et de circulation
de capitaux ».
13
1.2. L'augmentation du nombre et du montant des transferts
de joueurs
Nous allons voir ici en détail l'évolution du
nombre et du montant des transferts de joueurs. Celle-ci a induit d'importantes
répercussions économiques et sportives. En particulier,
l'arrêt Bosman1 a remodelé en profondeur
l'équilibre des pouvoirs au sein du football européen.
Lors des premières décennies du football
professionnel, les joueurs sont liés à leurs clubs par des «
contrats à vie ». En France, les joueurs doivent s'engager avec un
club jusqu'à leur 35 ans, âge proche de la fin de carrière.
C'est pour cela que les transferts sont très peu nombreux. Ainsi Raymond
Kopa, alors vice-président de l'UNFP, déclare en 1963 que «
les footballeurs sont des esclaves ». A la suite des
événements de Mai 68, les joueurs réclament plus de
libertés et obtiennent en 1969 l'institution pour une durée
probatoire de trois ans du « contrat à temps ». La France
devient le premier pays dans le monde à instaurer des contrats à
durée déterminée pour des footballeurs professionnels. Peu
à peu, ce type de contrats se répand partout en Europe, et c'est
en 1978 que l'Angleterre adopte la « liberté de contrat ».
Celle-ci que, au terme d'un contrat, le club peut soit proposer au joueur un
contrat au moins aussi avantageux que le précédent, soit le
laisser partir librement, soit vendre le joueur contre une indemnité de
transfert.
A partir des années 1970 et jusqu`en 1995, les
règles relatives aux transferts sont restées quasiment les
mêmes en Europe. Lorsque le contrat d'un joueur arrivait à
échéance, un club désireux de l'enrôler pouvait se
voir réclamer une indemnité de transfert par le club
quitté. Par ailleurs, le nombre d'étrangers sur le terrain
était limité à trois par club, plus deux «
assimilés », c'est à dire résidents du pays depuis
plus de 5 ans, dont deux passés dans les équipes jeunes.
Un véritable bouleversement est intervenu avec
l'arrêt Bosman qui a marqué le début de la
libéralisation du marché des joueurs. En 1995, la Cour de justice
des Communautés européennes a statué que ces règles
de transferts étaient en contradiction avec l'article 48 du
traité de Rome portant sur la concurrence et la libre circulation des
travailleurs, et que la profession de footballeurs ne devait pas être
considérée différemment des autres, notamment en ce qui
concernait la mobilité des travailleurs entre les États
européens.
Le règlement en vigueur jusqu'alors, ainsi que les
quotas de joueurs étrangers ont alors été
abandonnés en faveur de la libre circulation des joueurs sur le
marché européen. L'indemnité de transfert pour les joueurs
en fin de contrat a été progressivement abandonnée.
Actuellement, les joueurs sont liés à leurs
employeurs par des contrats à durée déterminée ne
pouvant excéder cinq ans. Lorsqu'un club désire recruter un
joueur déjà engagé contractuellement, le club «
acheteur » doit racheter au club « vendeur » le contrat de
travail en lui versant des indemnités de transfert. Le versement
d'indemnités pour recruter un employé d'une entreprise
concurrente illustre que les contrats de travail constituent dans le milieu
sportif, bien plus que dans d'autres secteurs d'activité, des actifs
à part entière. Les joueurs qui ne sont pas liés
contractuellement sont, eux libres d'accepter ou non les contrats de travail
qui leur sont proposés.
1 L'arrêt Bosman est une décision de la
Cour de Justice des Communautés Européennes (CJCE), rendu le 15
décembre 1995 relative au sport professionnel.
Cet arrêt rend alors impossible la limitation du nombre de
nationalités dans une équipe ou une compétition
professionnelle.
14
L'arrêt Bosman en 1995 a induit un essor
extrêmement fort des transferts de joueurs au niveau aussi bien national
qu'international. Leur fréquence a fortement augmenté, notamment
avec la présence de plus en plus importants d'agents de joueurs dont le
rôle est de multiplier les transferts pour toucher des commissions.
De plus, l'arrêt Bosman a également
alimenté la hausse des salaires des joueurs, car ils ont la
possibilité de faire jouer la concurrence entre les différents
clubs acheteurs potentiels.
La libéralisation du marché du travail
après l'arrêt Bosman (1995) et l'augmentation observée des
recettes courantes des clubs de football professionnel ont conduit à une
forte augmentation des opérations de transferts, créant un
véritable marché des transferts. Le nombre de transferts a ainsi
été multiplié par 3,2 entre 1995 et 2011, tandis que la
valeur totale des transferts a été multipliée par 7,4.
Depuis 2010, les montants des transferts atteignent ainsi près de 3
milliards d'euros chaque année. Les investisseurs privés ont
très bien compris que de plus en plus de clubs avaient besoin de
financements externes afin d'être davantage compétitifs.
Avec la forte mobilité des joueurs professionnels, les
championnats les plus faibles n'ont plus les moyens de retenir leurs joueurs
les plus talentueux. L'arrêt Bosman a favorisé les cinq grands
championnats (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie et France) par rapport aux
autres championnats européens et a progressivement fait
disparaître de l'élite européenne des clubs tels que le
Celtic Glasgow, le RSC Anderlecht, l'Ajax Amsterdam. La mobilité des
joueurs à l'échelle internationale renforce le
déséquilibre compétitif entre championnats. En Europe,
l'arrêt Bosman couplé à la réforme de la Champions
League a renforcé les clubs des cinq grands championnats qui peuvent
acheter les meilleurs joueurs du monde grâce à leurs revenus
largement supérieurs.
On s'aperçoit que quatre championnats sont très
nettement importateurs de joueurs, c'est à dire avec une balance des
transferts très négative : l'Angleterre, l'Allemagne, l'Espagne
et l'Italie. Quasiment tous les autres championnats professionnels, à
l'exception de la Russie, sont exportateurs nets de joueurs, c'est à
dire avec une balance des transferts positive.
Les ligues brésilienne et argentine sont les
principales ligues exportatrices de joueurs parce qu'elles produisent un nombre
important de joueurs d'excellent niveau qu'elles peuvent
Source : KPMG
15
revendre relativement cher aux équipes de championnats
européens importants. Ces deux pays d'Amérique du sud font partis
des pays où la tierce propriété des joueurs de football
est la plus répandue.
Les investisseurs ont en fait très vite compris qu'avec
l'arrêt Bosman les transferts des joueurs allaient se
développés considérablement, que les très bons
jeunes joueurs se trouvent souvent en Amérique du Sud avec des clubs
endettés et qui ne peuvent pas faire autrement que d'utiliser ce moyen
de financement.
1.3. Les TPO dans le monde
La pratique des TPO dans le football se répand de plus
en plus en Europe. Mis à part la France, le Royaume-Uni et la Pologne
où ces fonds d'investissement sont interdits, tous les autres pays sont
ouverts ou du moins n'interdisent pas cette pratique.
Certains diront que même en Pologne on y trouve des cas
de tierce propriété. En tout cas, le fait de savoir s'ils
utilisent ou interdisent cette pratique en Pologne n'est pas très
important par rapport à ce que ce pays représente dans le
football européen.
Cette carte ci-dessous nous montre les différents pays
qui ont recours à la pratique des TPO et leur fréquence plus ou
moins élevée.
16
On peut estimer le marché des TPO entre certains pays
européens. Il y a tout d'abord les pays de l'Europe de l'est comme la
Serbie et la Bulgarie ainsi que le Portugal où cette pratique est
très courante. En effet, dans les pays de l'est de l'Europe, 40 à
50% du marché total des transactions sont sous le système de TPO,
soit quasiment un transfert sur deux à recours à un fonds
d'investissement.
Au Portugal, c'est à peu près 300 millions
d'euros la valeur du marché des joueurs de football sous les TPO, ce qui
représente plus ou moins 30%. Ce qui est énorme lorsqu'on sait
que les fonds d'investissement n'investissent seulement que dans des joueurs de
football de moins de 26 ans.
Enfin l'Espagne reste un pays ayant assez souvent recours
à cette pratique, soit 200 millions d'euros à peu près la
valeur du marché des TPO.
En tout, ces pays qui sont le Portugal, l'Espagne et les pays
de l'est représentent 88% du marché des TPO en Europe.
Source : KPMG
D'autres pays comme l'Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas, la
Belgique, la Suisse ou encore la Russie, n'ont pas interdit cette pratique mais
l'utilisent très rarement (seulement entre 1 et 4% du marché)
sûrement car ce sont des pays qui ont un lien moins important avec les
pays d'Amérique du Sud contrairement à l'Espagne et au
Portugal.
17
Le tableau ci-dessus montre une estimation du marché
des joueurs sous TPO en Europe, on constate qu'en Europe de l'est 50% des
joueurs ont à faire à des sociétés
d'investissement, au Portugal, on estime qu'un joueur sur trois appartient en
partie à une tierce partie.
En terme de chiffre, KPMG qui est l'auteur de ce schéma
estime que les TPO représente entre 723 millions d'euros et 1,1
milliards d'euros en Europe. Ce n'est vraiment pas une minorité et donc
c'est quelque chose qu'il faut prendre au sérieux.
Il est vrai que les TPO sont généralisés
dans les pays d'Amérique du Sud, notamment au Brésil et en
Argentine. Ce sont des pays où les joueurs de football sont très
convoités par les clubs européens dus surtout à leur
talent incontestable et cela les investisseurs l'ont très bien compris.
Quasiment tous les joueurs Sud-Américains appartiennent à un
fonds d'investissement car les clubs sont trop endettés pour pouvoir
posséder 100% des droits économiques de tous leurs joueurs.
En Amérique du Sud, ce sont les clubs eux-mêmes
qui veulent avoir recours à des fonds privés. Les clubs sont
à la limite de la faillite et ils sont dans l'obligation d'avoir
à faire à un financement externe. Pratiquement tous les jeunes
joueurs de football professionnels d'Amérique du Sud sont
possédés par une tierce partie. Encore plus vrai si le joueur est
prometteur, alors une forte concurrence tournera autour de lui pour s'emparer
de ses droits économiques. En effet, plus le joueur est jeune et
prometteur, plus il y a de chance de faire une grosse plus-value. Cela fait
quelques années maintenant que cette pratique est répandue dans
ce continent et les clubs ne peuvent même pas imaginer une interdiction
des TPO dans l'immédiat. Trop de clubs dépendent ce ces
investisseurs, certains clubs ne s'en remettraient sûrement pas si jamais
les TPO venaient à être réellement supprimées. C'est
un système qui en France est très peu connu, en Europe commence
à prendre une certaine ampleur, mais en Amérique du Sud cela fait
déjà plusieurs années que ces fonds d'investissement ont
émergé dans le football, la plupart des gens trouvent cela «
normal ». On peut vraiment dire que cette pratique est entrée dans
les moeurs, un peu à l'image des agents de joueurs en France. Tout le
monde sait que chaque joueur professionnel possède un agent de joueur,
et que si l'on apprend qu'un joueur professionnel n'a pas d'agent de joueur,
cela surprendrait plus d'une personne. Avec les TPO, les Sud-Américains
se trouvent un peu dans la même philosophie, et seraient plutôt
surpris si de jeunes joueurs prometteurs appartiennent à 100% à
leur club. Il y a vraiment une différence sur la façon de penser
par rapport à cette pratique entre les différents pays.
18
1.4. Législation autour des TPO
A l'heure où je vous parle, je ne saurais vous dire si
cette pratique va être réellement interdite par la FIFA car les
ligues espagnoles et portugaises ont porté plainte contre cette
interdiction.
En effet la tierce-propriété d'un joueur (TPO,
«third-party ownership») a été condamnée par la
FIFA depuis le mois de mai dernier. Le communiqué qui a
été publié le 19 décembre 2014 après la
réunion du comité exécutif indiquait que l'interdiction
entrerait en vigueur le 1er mai 2015.
La prohibition de la TPO devrait toutefois s'opérer de
manière graduelle puisque les accords actuels iront jusqu'à leur
expiration contractuelle. De plus, «les nouveaux accords signés
entre le 1er janvier et le 30 avril 2015» seront limités
à une durée d'un an maximum.
Sepp Blatter, le président de la FIFA, avait
déclaré le 26 septembre dernier vouloir mettre un terme à
la tierce-propriété.
Cependant, la Liga BBVA (ligue espagnole) a
décidé de porter plainte contre cette décision devant les
juridictions européennes. Le patron de la Liga Javier Tebas, estime que
cette décision de la FIFA va à l'encontre du droit communautaire
européen, notamment en matière de libre circulation des capitaux.
La LFP espagnole pense aussi que cette interdiction est contraire aux
règlementations de certains États, notamment au Brésil et
en Argentine, deux pays au sein desquels la tierce propriété est
couramment exercée.
Pour réengager les discussions à ce sujet, la
Liga s'appuie sur des rapports émis par la FIFA et faites par le CDES de
Limoges et le CIES de Neuchâtel, qui ne préconisait pas
l'interdiction des TPO.
Pour les dirigeants du football espagnol, l'autorisation de la
tierce propriété est indispensable pour maintenir le niveau de
compétitivité de nombreux clubs professionnels du pays. Par
exemple l'Atletico Madrid n'aurait jamais pu remporter le championnat 2014 tout
en accédant à la finale de la Ligues des Champions sans avoir
recours au TPO pour enrôler des joueurs se situant au-dessus de sa
capacité d'investissements.
Les dirigeants espagnols n'hésitent pas à
réfuter certains arguments exprimés par la FIFA permettant de
justifier l'interdiction de la pratique de la tierce propriété.
Ils dénoncent l'augmentation des risques de conflits
d'intérêts au sein du football mondial.
En effet, la possibilité pour un actionnaire d'investir
dans plusieurs clubs ou encore le non encadrement des prêts de joueurs
constitue des menaces beaucoup plus dangereuses pour l'intégrité
des compétitions au sein de la LFP espagnol.
En outre, la Liga met en pleine lumière la
dérégulation émise par la FIFA concernant la profession
d'agent, qui selon elle, est contradictoire avec la mesure prise au sujet des
TPO.
De plus, le fonds d'investissement Doyen Sports a
décidé également de porter cette interdiction devant la
justice européenne. Ce dernier estime que cette décision viole
plusieurs directives du droit européen.
Alors que l'UEFA est attaquée sur le terrain de la
justice concernant la mise en place du fair-play financier, la FIFA devrait
connaître le même sort au sujet de l'interdiction de la tierce
propriété dans le football mondial. Grand acteur du secteur, la
société d'investissements Doyen Sports a décidé de
saisir les tribunaux européens afin de casser cette interdiction
prononcée par la FIFA en raison d'une violation de plusieurs directives
européennes.
Selon les avocats du fonds, l'interdiction du système
rentre en contradiction avec la liberté d'investissements et de
circulation des capitaux au sein de l'Union Européenne.
19
Pour faire plier la FIFA au sein de l'Union Européenne,
Doyen Sports s'est entouré des meilleurs avocats du secteur. Ainsi
l'avocat Maître Jean-Louis Dupont, spécialiste du droit du sport
et à l'origine de l'arrêt Bosman, travaille sur ce dossier. Doyen
Sports compte sur ses compétences pour obtenir gain de cause au sein
d'un combat qui s'annonce long et tortueux. En attendant la réponse de
la justice belge, Doyen Sports s'est félicité de la
décision de l'Autorité de la Concurrence espagnole : « cette
décision de la CNMC reprend un bon nombre d'arguments que nous avons
utilisés dans la défense de notre modèle de TPO.
L'importance et la rigueur de l'impartialité du rapport de la CNMC
aideront sans doute toutes les institutions à formuler leur
positionnement sur le TPO ». La FIFA et l'UEFA peuvent commencer à
préparer une éventuelle contre-attaque.
Malgré l'interdiction du principe de TPO
ordonnée par la FIFA et appliquée depuis mai 2015, les fonds
d'investissement spécialisés dans l'acquisition de droits des
joueurs ne semblent pas pour autant avoir abandonné leurs
activités au sein du football européen. Ces derniers ont tout
simplement réorganisé leurs activités afin de se mettre en
conformité avec les nouveaux règlements de la FIFA.
En effet, Doyen Sports est intervenu aux côtés du
FC Porto pour financer l'acquisition de Gianelli Imbula en provenance de l'OM
contre un investissement de 20 Millions d'euros. Au lieu de céder une
partie des droits du joueur au fonds d'investissement pour financer le
transfert, le FC Porto aurait eu directement recours à un emprunt
auprès de son partenaire. Une facilité de paiement obtenue
à des conditions financières particulières qui obligerait
le FC Porto à vendre rapidement son joueur sous peine de connaître
un trou budgétaire.
Si l'interdiction du TPO permet mécaniquement
d'empêcher les fonds d'investissement d'obtenir une partie des droits des
joueurs, elle n'enraye pas complètement leurs activités au sein
du football mondial. Néanmoins, les gros acteurs comme Doyens Sports
tentent tout de même de combattre cette décision devant la justice
afin d'éviter la mise en place de règlements plus contraignants
qui empêcheraient à terme les fonds d'investissements de
développer toute activité dans le secteur footballistique.
Une telle prohibition appellerait certainement l'attention des
instances européennes. Or, le juge européen, tout comme la
commission européenne, envisage la relation contractuelle entre club et
joueur de football sous deux angles :
- Le droit du joueur de football de circuler librement dans
l'Union Européenne.
- Le droit de la concurrence qui s'applique aux clubs de
football comme à n'importe quel acteur économique.
Cependant, les décisions Bosman (voir 1.1.2) et Bernard
fixent très clairement des limites aux règles qui portent
atteinte aux libertés fondamentales prévues par le
Traité.
Les atteintes portées aux principes fondamentaux
prévus par les Traités de l'Union Européenne ne sont
considérées comme acceptables que si elles poursuivent un but
légitime, d'intérêt général, et qu'elles sont
proportionnées à l'objectif poursuivi par les acteurs
économiques (principe de proportionnalité)2.
2 Dans l'Union Européenne le principe de
proportionnalité dispose que la Communauté Européenne (CE)
ne doit pas, dans l'exercice de ses compétences, faire plus que ce qu'il
est nécessaire pour atteindre ses objectifs.
20
Il n'est pas certain que le but poursuivi par la FIFA (ou
l'UEFA) en regard de la prohibition des contrats TPO soit
considéré comme légitime par les instances
européennes. Pour cela, il faut démontrer que les contrats TPO
sont de nature à porter atteinte à l'équité des
compétitions. Cette démonstration reste à faire.
Concernant le droit français, l'article 221 du
Règlement Administratif de la Ligue de Football Professionnel
prévoit que les clubs professionnels ne peuvent céder des droits
résultant d'une opération de transfert qu'à un autre club
à l'exclusion de toute autre personne physique ou morale :
« Un club ne peut conclure avec des personnes morales,
à l'exception d'un autre club, ou physiques, une convention dont l'objet
entraîne directement ou indirectement, au bénéfice de
telles personnes, une cession ou une acquisition totale ou partielle des droits
patrimoniaux résultant de la fixation des diverses indemnités
auxquelles il peut prétendre lors de la mutation d'un ou plusieurs de
ses joueurs. La violation du premier alinéa du présent article
est passible d'une amende au moins égale au montant des sommes
indûment versées, infligée au club en infraction et de
sanctions disciplinaires à l'encontre de ses dirigeants. Elle peut
également entraîner la limitation d'homologation des nouveaux
contrats durant une ou plusieurs. La direction nationale du contrôle de
gestion est compétente pour connaître des violations de la
règle fixée au premier alinéa du présent article.
»
On remarquera que ce texte reconnaît l'existence, dans
les actifs des clubs de droits patrimoniaux résultant de la fixation des
indemnités liés aux mutations de joueurs (ce qui recouvre les
indemnités de transfert, mais aussi également les
indemnités de formation et la contribution de solidarité). Le
règlement de la LFP valide ainsi la notion de droits économiques.
Il est par ailleurs important de souligner que la prohibition ne vise que la
cession ou l'acquisition des droits. Elle n'empêche pas les clubs
français de donner des garanties sur ces droits. Les juridictions
françaises ont d'ailleurs validé de telles garanties
données par un club à une banque.
L'interdiction de la tierce propriété pourrait
néanmoins connaître de nombreux rebondissements au cours des
prochains mois.
21
2. État des lieux et hypothèses de
travail
Comme cela fut souligné dans l'introduction de ce
travail, de multiples transferts de footballeurs de nos jours ne sont plus
réalisés simplement avec le club vendeur, le club
acquéreur, le joueur et son agent mais se glisse une autre partie, aussi
appelé tierce partie. La problématique à ce sujet est de
savoir si cela est plutôt bénéfique aux clubs, aux joueurs,
aux agents ou à la tierce partie. De cette problématique est
née la première hypothèse de travail, à savoir si
cela est bénéfique pour les clubs de football, en achetant des
joueurs sans dépenser tout leur argent. Dans un deuxième temps,
nous nous demanderons si cela ne représente pas une menace pour
l'intégrité des compétitions. Dans la troisième et
dernière hypothèse nous verrons si cela est la seule façon
aujourd'hui pour les plus petits clubs de rivaliser avec les cadors
européens. Enfin nous ferons un point méthodologique sur le
détail de l'étude menée dans le cadre de ce travail.
2.1. Hypothèse 1 : Les clubs achètent de
jeunes joueurs talentueux sans pour autant risquer leur argent
L'étude présentée ici fut initiée
par une observation d'un phénomène de plus en plus
récurrent ces dernières années, l'achat de football par
des fonds d'investissement. C'est ainsi que sur les huit dernières
années de nombreux joueurs de football ont été
touchés par cette pratique, ci-dessous une liste non exhaustive de ces
joueurs ayant appartenu à des sociétés tiers.
> Javier Mascherano et Carlos Tevez détenus par MSI
(Media Sport Investment) au moment de leur transfert vers West Ham puis les
droits de Carlos Tevez sont vendus à Harlem Springs fonds détenu
par Joorabchian
> Geoffrey Kondogbia, détenus par Doyen Sports
> Lazar Markoviæ et Ezequiel Garay détenus par
le propre fonds d'investissement du Benfica : Benfica Stars Fund
> Eliaquim Mangala détenus par Doyen Sports et Robi
Plus lors de son transfert au FC Porto
> Joao Moutinho détenus par les fonds
d'investissement Mamers B.V (37,5%) et Soccer Invest Fund (37,5%) lorsque
celui-ci évoluait au Portugal
> James Rodriguez détenus à 35% par le fonds
d'investissement Gol Football Luxembourg et à 30% par le fonds
Convergence Capital Partners lorsqu'il était joueur du FC Porto
> Yacine Brahimi, acheté par le FC Porto au FC
Grenade 6,5M d'euros et revendu au fonds d'investissement Doyen Sports deux
jours plus tard 5M d'euros soit 80% de la valeur économique du
joueur.
> Steven Dufour détenus à 33% par le fonds
d'investissement Doyen Sports
> Gianelli Imbula, dont le fonds d'investissement Doyen
Sports à financer son transfert de l'OM vers le FC Porto de la
moitié soit 12,5 M d'euros
> Diego Costa lors de son transfert de l'Atletico vers
Chelsea (voir schéma ci-dessous)
22
Pas moins de 5 acteurs différents ont touché des
commissions sur le transfert de Diego Costa. Vendu à Chelsea 38M
d'euros, l'Atletico n'a reçu que 17,1 M d'euros soit 45%. En effet,
Sporting Braga, son ancien club avait négocié lors de son
transfert vers l'Atletico Madrid 20% de commission sur le prochain transfert
soit 7,6 M d'euros. Également le fonds d'investissement détenu en
partie par Jorge Mendes « Quality Sports Investments »
détenait 20% également soit 7,6M d'euros. De plus son agent qui
n'est autre que Jorge Mendes bénéficie de 10% de la transaction
soit 3,8M d'euros, et enfin 1,9M d'euros répartis entre les anciens
clubs formateurs de Diego Costa.
Il convient de noter que ce travail ne s'intéressera
qu'aux fonds d'investissement qui parient sur les joueurs de football en
espérant réaliser une plus-value la plus conséquente
possible. Étonnement ce phénomène est peu
étudié par les différents spécialistes et
économistes du football. De plus, la complexité et
l'opacité que génère cette pratique sont peu connues
notamment chez les fans et spécialistes de football d'où
l'originalité de ce travail.
Comme le montre le cadrage théorique, cette pratique
n'est pas arrivée au hasard dans le milieu du football professionnel.
Cela est dû notamment à la forte croissance des transferts de ces
dernières années. Le problème dans le football et dans le
sport en général est que dès qu'une personne ou une
société qui à priori n'a rien à voir avec le milieu
du sport essaie de faire du business dans ce secteur, personne n'en veut car
tout le monde voit le mal. Comme le cite Jean-Marc Benammar, « Moi je
pense que les TPO c'est une bonne chose pour le football, la plupart des gens
sont extrêmement conformistes à ce sujet, et on leur dit tous les
jours que c'est mauvais, et donc au bout d'un moment ils finissent par le
croire».
Certains clubs aujourd'hui sont endettés car leur seul
et unique but est de briller sur la scène européenne et pour cela
il faut pouvoir se payer des joueurs performants qui coûtent parfois
très cher. De là, les investisseurs interviennent car beaucoup de
clubs ont besoin d'argent pour pouvoir financer leur transfert mais à
l'heure actuelle les banques sont de plus en plus réticentes à
leur prêter de l'argent car aucun club n'est à l'abri de la
faillite. C'est pour cela que les clubs font de plus en plus appel aux fonds
d'investissements pour avoir de bons joueurs et pouvoir briller dans leur
championnat et même en coupe d'Europe.
Un parfait exemple est celui de l'Atletico Madrid, avec un
budget beaucoup moins élevé que les deux cadors espagnols qui
sont le Real Madrid et le FC Barcelone a réussi à remporter le
championnat en 2014 et était à deux minutes de remporter la
Ligues des Champions contre
23
ce même Real Madrid. On peut imaginer que si l'Atletico
Madrid n'avait pas eu recours aux TPO, elle n'aurait pas pu s'offrir des
joueurs comme Diego Costa, ainsi n'aurait sûrement pas remporté la
Liga et n'aurait pas atteint la finale de la Ligues des Champions.
Pour préserver sa compétitivité sportive,
l'Atletico Madrid est obligé d'avoir recours aux fonds d'investissement
afin de supporter une politique de transferts et salariale onéreuse.
En percevant 17,1 M€ pour son attaquant vedette de la
saison 2013-14, l'Atletico Madrid enregistre tout de même une jolie
plus-value. Néanmoins, à ce prix-là, il est
intéressant de s'interroger sur la nécessité de vendre un
attaquant de ce niveau, impossible à remplacer au même tarif. Il
est alors fort probable que certains acteurs intéressés par la
vente, notamment le fonds d'investissement Quality Sports Investments, aient
poussé le club Colchonero à réaliser la transaction avec
Chelsea.
Travaillant régulièrement avec les fonds
d'investissement afin de maintenir sa compétitivité sportive, la
direction de l'Atletico Madrid est dans l'obligation d'établir de bonnes
relations avec de tels acteurs. La vente de Diego Costa à 38 M€,
tarif permettant à tous les acteurs d'enregistrer une belle plus-value,
a alors été un moyen de satisfaire toutes les parties du
dossier.
Outre cela, la question qui se pose à tout club quand
il utilise les fonds d'investissement lorsqu'il achète des joueurs est
de savoir si c'est bien d'utiliser tout le temps cette pratique ou s'il doit
alterner entre financer seul le transfert et avec TPO.
L'hypothèse ainsi formulée d'achat de jeune
joueur financé pas les fonds d'investissement qui permettrait aux clubs
d'avoir de bons joueurs sans pour autant dépenser beaucoup d'argent,
s'accompagne également d'une recherche visant à établir la
viabilité de ce financement alternatif. En effet, pour pouvoir utiliser
les fonds d'investissements pour l'achat de nouveaux joueurs, les clubs ont
tout intérêt de faire attention à ce que ces derniers ne
nuisent pas à leur santé économique.
Dans le cadre de cette première hypothèse, il
s'agit ainsi de confirmer ou d'infirmer que la meilleure stratégie
à adopter pour un club avec un budget moyen et qui veut rivaliser avec
les plus gros clubs européens est d'acheter des joueurs avec une aide
extérieure qui sont les fonds d'investissement.
24
2.2. Hypothèse 2 : Les TPO représentent une
menace pour les clubs et pour le football en général
La deuxième hypothèse formulée dans le
cadre de ce travail est relative à la dangerosité de cette
pratique. En effet certaines personnes dont Michel Platini, actuellement
président de l'UEFA se montre réellement contre les TPO, il va
même jusqu'à dire : « Cela menace
l'intégrité de nos compétitions, dégrade l'image du
foot, représente une menace à long terme pour les finances des
clubs et pose question concernant la dignité humaine ».
Néanmoins, cette stratégie qui consiste à
céder des parts de joueurs à des fonds d'investissement,
empêche les clubs de réduire drastiquement leur endettement.
L'Atletico Madrid reste le club de Liga BBVA possédant le plus lourd
niveau d'endettement avec une dette globale de 339,337 M€. D'après
les derniers rapports financiers publiés par le club, l'Atletico Madrid
possédait au 30 juin 2014 plus de 158 M€ de dettes envers
l'administration publique espagnole et 48 M€ de dettes bancaires.
Même en vendant des joueurs très chers tous les ans, ces clubs
comme l'Atletico ou le FC Porto ont du mal à réduire leur dette
car ils ne perçoivent pas la totalité des plus-values, parfois
ils peuvent percevoir seulement 20% de la vente.
Il est donc logique de pouvoir penser que ces fonds
d'investissement peuvent entraîner la faillite d'un club. En effet,
imaginez qu'un club ait besoin de vendre les trois meilleurs joueurs de son
équipe car elle a quelques difficultés financières
après avoir réalisé une saison plutôt
médiocre. Imaginez, comme c'est le cas avec ces fonds d'investissements,
que ces trois joueurs que le club veut vendre appartiennent à 80%
à cette société d'investissement, cela signifie que sur
les trois transferts de ces meilleurs joueurs, le club alors percevra seulement
20% sur chaque transfert.
Et c'est là, où cela peut être dangereux
pour les clubs car à trop vouloir utiliser cette pratique finalement,
les clubs n'ont pas véritablement le contrôle de leurs joueurs et
donc dépendent de ces sociétés.
De plus, cela représente également une menace
pour l'intégrité des compétitions. Premièrement
cette pratique est interdite en France, donc les clubs français ne
bénéficient pas de toutes les mêmes cartouches
économiques que ses voisins européens.
En effet, le Portugal où cette pratique est ultra
répandue arrive à avoir grâce à cette source de
financement des joueurs qu'ils n'auraient certainement pas eu sans celle-ci.
Source que les clubs français n'ont pas accès dû à
l'interdiction de la LFP3.
Et ce la se répercute sur le classement UEFA, on peut
voir le Portugal passer devant la France, et l'Espagne passer devant
l'Angleterre, pays dont lequel les TPO sont également interdits.
3 Voir « le décrochage » de l'UCPF
http://www.fifas.com/sites/default/files/files/UCPF_-_Le_decrochage_-_Nov_2014.pdf
Source : UEFA
25
On peut voir grâce à ce tableau l'évolution
de l'indice UEFA de ces dernières années.
Ainsi on voit le Portugal passer de la 10ème
place en 2009 à la 5ème place en 2012 et donc passer
devant la France. Cela correspond exactement à la période
où les fonds d'investissement ont commencé à investir sur
les joueurs de football évoluant dans les clubs portugais.
En plus du fait que cela n'est pas équitable au travers
des différentes législations des pays, cette pratique peut
entraîner des conflits d'intérêts avec notamment des
arrangements de matchs. En effet, certains pensent que si plusieurs joueurs du
même fonds d'investissement se retrouvent à jouer l'un contre
l'autre et qu'en face il y a un club qui doit se sauver et de l'autre un club
qui ne joue plus rien, on pourrait penser que les fonds d'investissement
influencerait les joueurs qu'ils possèdent dans l'équipe qui ne
joue plus rien de lever le pied contre l `équipe qui doit se
maintenir.
Il est vrai que le fonds d'investissement a pour but de
revendre ses joueurs plus cher qu'il les a achetés, pour cela il est
préférable que l'équipe dans laquelle ces joueurs jouent
ne connaisse pas une relégation.
26
2.3. Hypothèse 3 : La seule façon pour les
plus petits clubs de rivaliser avec les gros clubs européens
La troisième hypothèse formulée dans le
cadre de ce travail est relative à l'interdiction mise en place par la
FIFA le 1er mai 2015. Tout d'abord, il convient de mettre en
évidence si cette pratique des TPO est une façon pour les clubs
de « deuxième zone » de pouvoir rivaliser avec les grands
clubs européens. Ensuite, il est important également
d'étudier si cela est la seule façon ou existe -t il d'autre
manières de pouvoir investir sur des joueurs ?
En effet, avec cette interdiction de la FIFA, le principal
fonds d'investissement qui n'est autre que Doyen Sports a décidé
de porter plainte contre la FIFA, mais en attendant la décision de
Bruxelles, il faut pouvoir trouver un moyen de continuer à investir tout
en contournant cette interdiction.
Lors de l'achat d'Imbula du FC Porto à l'OM, Doyen
Sport est intervenu dans cette transaction, mais la question est de savoir
comment s'est réalisé ce transfert qui s'est fait début
juillet alors que l'interdiction d'investissement par des tiers était
bannie depuis 2 mois. Nous verrons donc les différents moyens qui
permettent de contourner cette interdiction, comme c'est le cas en Angleterre
où depuis l'interdiction après l'affaire Tevez et Mascherano,
certaines personnes ont réussi à continuer d'investir sur des
joueurs tout en étant dans la légalité.
Ainsi, les dirigeants de la FIFA doivent bien connaître
cette pratique et les dérives qu'elle entraîne afin de prendre la
décision d'interdire cette pratique. Il est vrai que si malgré
l'interdiction, les fonds d'investissement trouvent toujours un moyen de
continuer à pratiquer leur activité, cela ne sert à rien
d'interdire cette pratique car à part apporter encore plus
d'opacité lors de certains transferts la FIFA n'en sortirait pas
gagnante.
La troisième hypothèse apporte donc un aspect
plus caché du « foot business » avec différents moyens
peu connus du grand public qui se passent pourtant à chaque mercato.
Cette dernière hypothèse répond également à
la problématique et à ses enjeux. Les clubs qui utilisent cette
pratique semblent bénéficier d'un financement que d'autres clubs
n'ont pas accès. De plus, avec cette loi qui interdit cette pratique,
nous allons voir s'il est possible de trouver d'autres moyens pour contourner
cette interdiction.
En effet, cette hypothèse, semble pouvoir presque
répondre à l'ensemble de cette problématique.
Cette troisième et dernière hypothèse
sera donc confirmée ou infirmée, et l'exemple de cas concrets
viendra illustrer les différentes techniques qui font parties
dorénavant des contournements où les TPO sont interdits.
27
2.4. Méthodologie de travail
Après de premières recherches documentaires qui
ont permis de faire un élargissement théorique autour des
problématiques étudiées, il a fallu ensuite définir
quel public cible rencontrer afin d'évaluer la pertinence des
hypothèses précédemment élaborées. Les
différents acteurs rencontrés se catégorisent en deux
groupes : d'une part des experts en économie du football et d'autre part
des acteurs de clubs sportifs professionnels.
En ce qui concerne les experts rencontrés, il
était important de réunir des experts en économie du sport
et plus précisément du football et qui connaissent très
bien cette pratique peu connue en France. Au total, trois experts furent
interrogés, tout d'abord Mr Bastien Drut, économiste du football
et auteur notamment du livre « L'économie du football professionnel
», entretien en face à face durant 1 heure en décembre 2014.
De plus, Jean-François Brocard, chercheur au CDES de Limoges, un expert
en la matière car il a du réaliser une étude pour la FIFA
à ce sujet avec Didier Primault. Interview de 40 minutes,
réalisée en janvier 2015 par téléphone. Enfin,
Raffaele Poli, directeur du Football Obsvertory de Neuchâtel
interrogé le 5 Mars 2015 sur Skype pendant 35 minutes.
Ensuite, d'autres entretiens ont été
réalisés avec des personnes qui connaissent très bien le
sujet mais qui ne sont pas experts. Martin Boudot, journaliste ayant
réalisé un magnifique reportage sur les fonds d'investissement
dans le football sur France 2 en Novembre 2013 dans l `émission Cash
Investigation a été interviewé en janvier 2015 par
téléphone pendant 30 minutes. En outre, je me suis entretenu avec
la responsable juridique de l'UCPF, Marie-Hélène Patry dans le
mois de février 2015 au téléphone durant 40 minutes.
Aussi, il me semblait inévitable de réaliser une interview avec
Jean-Marc Benammar, celle-ci aura duré 45 minutes toujours par
téléphone. Jean-Marc Benammar qui est professeur à
l'Université Paris 8 s'est exprimé plusieurs fois au sujet des
TPO. Enfin, une dernière interview ô combien pertinente
réalisée avec Shervine Nafissi-Azar, doctorant en droit, qui
réalise en cette année une thèse sur ce sujet, l'interview
s'est faite en mail, il a pris donc le temps de répondre au mieux
à toutes mes questions.
Les guides d'entretiens et les retranscriptions intégrales
sont disponibles en annexes.
Par ailleurs, en plus de tous ces entretiens, il me semblait
judicieux de faire une comparaison des différentes stratégies
financières entre deux clubs de football afin de voir quel impact ces
fonds d'investissement avaient sur les résultats financiers des clubs.
Pour cela, on a pris un club français qui est l'Olympique Lyonnais, un
club qui mise sur la formation et donc possède ses joueurs à 100%
et un autre club, le club portugais du FC Porto car c'est le champion
incontesté de la tierce propriété en Europe.
Grâce à ces nombreux entretiens, des informations
pertinentes ont pu être réunies en lien avec la
problématique de cette étude, qui ont notamment permis
d'évaluer la pertinence des deux hypothèses formulées. Les
résultats principaux de cette étude sont présentés
dans la deuxième partie ci-dessous.
PARTIE 2 :
L'étude, les résultats et leur
portée
28
1. Résultats empiriques et retour sur les
hypothèses
De par les entretiens réalisés, un retour sera
fait sur les hypothèses relatives à la problématique
formulées précédemment. Un point de comparaison entre deux
clubs sera tout d'abord fait afin de bien comprendre l'impact de la tierce
propriété d'un point de vue financier. Puis, un retour sur les
trois hypothèses sera également réalisé.
1.1. Présentation des meilleures ventes et achats
de joueurs de deux clubs professionnels
> Olympique Lyonnais
RENTABILITE DES PLUS GROS TRANSFERTS DE
L'OL
RENTABILITE
Joueur
|
Achat
|
Vente
|
Montant
|
%
|
Michaël Essien
|
11,8
|
38
|
26,3
|
223%
|
Karim Benzema
|
0
|
35
|
35
|
-
|
Mahamadou Diarra
|
6
|
28
|
22
|
367%
|
Florent Malouda
|
4
|
20
|
16
|
400%
|
Michel bastos
|
18
|
4
|
-14
|
-78%
|
Lisandro Lopez
|
24
|
7,2
|
-16,8
|
-70%
|
Yoann Gourcuff
|
22
|
0
|
-22
|
-100%
|
TOTAL
|
|
|
46,45
|
|
29
La stratégie de l'OL, consiste vraiment de miser sur la
formation, ainsi le club souhaite former des joueurs de les faire jouer afin
qu'ils puissent se montrer aux yeux de l'Europe.
Le but étant de les revendre le plus cher possible aux
cadors européens à l'instar de Karim Benzema, vendu au Real
Madrid pour 35 millions d'euros, alors qu'il n'avait rien coûté au
club mis à part les frais de formation.
C'est à partir de 2007 que le virage stratégique
pris par l'Olympique Lyonnais s'est réellement dessiné. La
première étape vers l'acquisition d'actifs tangibles a donc
consisté à reprendre en main le centre de formation
assimilé à « l'usine de production » du club.
Ainsi 4,6 M d'euros ont été investis dans le
bâtiment inauguré en novembre 2008, permettant d'accueillir dans
les meilleurs conditions les jeunes joueurs destinés à
intégrer l'équipe professionnelle.
Les années suivantes ont permis de développer ce
modèle de formation en l'étendant au niveau international
grâce à la signature de partenariats avec des clubs
étrangers au Liban ou en Chine par exemple.
Reconnaissance de la qualité de la stratégie
mise en place, le club a donc été en 2012-2013, 2ème
meilleur centre de formation de jeunes joueurs au monde arrivant juste
derrière le FC Barcelone et devant le Real Madrid ou le Bayern
Munich.
C'est pourquoi, l'Olympique Lyonnais peut compter sur un
effectif donc plus de 70% de la valeur est constituée par des joueurs du
« cru ». Ce chiffre est d'ailleurs en augmentation : il
n'était que de 46% en juin 2012 e de 38% en juin 2011.
De plus, la construction du Grand Stade est au coeur de la
réorientation stratégique du club. En France à l'exception
de l'AJ Auxerre et de l'AC Ajaccio, les clubs sont locataires de leurs stades
grâce à la « concession d'occupation privative du domaine
public » qui permet d'occuper de façon temporaire une parcelle du
domaine publique moyennant le paiement d'une redevance. Ainsi les clubs
n'exploitent qu'une vingtaine de jours par an, un outil dont ils ont en
revanche, la charge des dépenses de fonctionnement.
Face à ce constat, c'est en septembre 2007 que les
dirigeants lyonnais, annoncent le deuxième axe de la nouvelle politique
d'investissement du club. En effet, calquée sur le modèle
anglais, ils prévoient la construction du projet « OL Land »
un stade au coeur d'un lieu de vie afin d'y développer au maximum des
activités étrangères au football (hôtels,
restaurants, centre de loisirs etc).
L'acquisition permettra donc au club de diversifier ses
sources de revenus, en bénéficiant d'une part, des recettes
liées à l'organisation de spectacles (concerts ou autres
manifestations sportives) et d'autre part, de bénéficier de
sources de revenus quasi indépendantes des résultats sportifs.
Ils n'auront donc pas besoin d'être omniprésent sur le
marché des transferts, et n'auront surtout pas l'obligation de vendre
leurs meilleurs joueurs chaque année.
> FC Porto
RENTABILITE DES PLUS GROS TRANSFERTS DU FC
PORTO
|
|
|
|
ACHAT
|
|
VENTE
|
Rentabilité Porto
|
|
Pourcentage Pourcentage
|
|
|
|
|
|
|
Joueur
|
|
Total
|
Porto
|
Total
|
Porto
|
Total
|
%
|
|
FC Porto
|
TPO
|
|
|
|
|
|
|
Falcao
|
95%
|
5%
|
5,5
|
5,2
|
45
|
42,8
|
37,5
|
718,18%
|
James Rodriguez
|
55%
|
45%
|
7,5
|
4,1
|
45
|
24,8
|
20,6
|
500,00%
|
Moutinho
|
85%
|
15%
|
11
|
9,4
|
25
|
21,3
|
11,9
|
127,27%
|
Hulk
|
66%
|
34%
|
11
|
7,3
|
60
|
39,6
|
32,3
|
445,45%
|
Otamendi
|
100%
|
0%
|
4
|
4,0
|
12
|
12,0
|
8,0
|
200,00%
|
Mangala
|
57%
|
43%
|
7,5
|
4,3
|
53
|
30,1
|
25,8
|
604,79%
|
Fernandinho
|
80%
|
20%
|
0,7
|
0,6
|
15
|
12,0
|
11,4
|
2042,86%
|
TOTAL
|
|
|
|
|
|
|
147,62
|
|
30
La stratégie de Porto soumet le club à une
très forte dépendance au marché des transferts, ils
doivent vendre chaque année des joueurs afin rééquilibrer
son résultat financier.
Le club a enregistré une rentrée de recettes de
74,016 M€ lors de la saison 2012-2013 seulement en vendant des joueurs,
cette source de revenus a complètement fondu lors de la saison 2013-2014
pour atteindre la somme de 22,397 M€. Un écart supérieur
à 50 M€ explique complètement les chamboulements financiers
du club. Le FC Porto est dans l'obligation de vendre ses éléments
pour équilibrer ses comptes car le club possède une masse
salariale qui représente près de 70% de ses revenus
opérationnels.
Ainsi, alors que le club avait cédé des joueurs
tels que James Rodriguez Joao Moutinho ou encore Hulk lors de l'année
2012-2013, le marché a été plus calme la saison suivante
avec comme plus grosse vente, celle du défenseur Otamendi au FC Valence.
De plus, malgré de belles sommes perçues en apparence, le FC
Porto a déduit des transferts réalisés, les sommes dues
aux fonds d'investissement qui possèdent une partie des droits du
joueur.
31
Du fait de ses résultats déficitaires le FC
Porto a été contraint de lever des fonds. Une augmentation du
capital de l'entreprise de 37,5 Millions d'euros réalisée par une
souscription privée du club d'à peu près 7 millions
d'actions en octobre 2014, le but étant de rassurer les partenaires
financiers.
Sa stratégie est donc basée sur la revente de
joueurs, pour cela le club achète de jeunes joueurs avec l'aide des
tierces parties, assez peu cher. Le but étant de revendre les joueurs
après une, deux, voire trois années passées au club afin
de faire une plus-value. C'est une stratégie totalement
différente de l'Olympique Lyonnais car, eux au contraire de l'OL, ses
résultats sportifs sont en adéquation avec ses résultats
financiers. Si plusieurs joueurs achetés quelques millions d'euros,
n'arrivent pas à s'imposer après plusieurs saisons, le club se
retrouve dans l'embarras car ils ne pourront pas les vendre et son
résultat financier risque d'être mauvais. C'est plutôt une
stratégie assez aléatoire qui demande une grosse recherche de
jeunes joueurs prometteurs, d'où la collaboration avec les fonds
d'investissement. Afin de percevoir une plus-value, encore faut-il
posséder les droits économiques de ses propres joueurs, mais de
ce côté Porto n'est pas stupide et possède la plupart du
temps au moins 50% des droits économiques de ses joueurs.
Beaucoup de clubs portugais ont ce modèle de
stratégie car ils sont un peu à l'image des clubs
Sud-Américains en manque d'argent et n'ont pas le choix que d'avoir
recours à des fonds privés. Cependant, cette stratégie est
gagnant-gagnant sur le court terme, car sans les TPO, le FC Porto ne pourrait
pas s'offrir de jeunes joueurs talentueux et donc ne ferait pas de plus-value.
Même si lors de la revente, la totalité de l'indemnité de
transfert ne lui revient pas, ils sont quand même gagnants car par
rapport à ce qu'ils avaient investis, il récupère la somme
qui correspond à son investissement. Il faut toutefois
réalisé ce genre de transfert plusieurs fois chaque année,
c'est pour cela que cette stratégie est assez aléatoire.
En France, l'AS Monaco tend vers cette stratégie, rien
d'étonnant quand on voit le nombre de joueurs arrivés dans ce
club grâce au « super agent » Jorge Mendes. Il fait de Monaco
un FC Porto français en transférant de jeunes joueurs qu'il
pourra revendre très cher quelques années plus tard.
En tout cas, si l'interdiction se maintient, beaucoup de
présidents portugais vont être amenés à revoir la
globalité de leur stratégie économique, financière
et sportive. Le tout dans une conjoncture très défavorable et
marquée par la crise bancaire.
32
1.2. Retour sur l'hypothèse 1 : Les clubs
achètent des jeunes joueurs talentueux sans pour autant risquer leur
argent
Suite aux nombreux cas de transferts des joueurs de football
professionnel et au manque de recherche dans ce domaine, la
problématique principale de ce travail consistait pour rappel à
s'interroger sur l'impact des fonds d'investissement dans le football et
notamment des clubs professionnels. La première hypothèse
liée à cette problématique qui fut formulée
était d'établir s'il était pertinent pour les clubs
d'acheter des joueurs en utilisant des tierces parties afin de ne pas
dépenser leur propre argent. Au regard des informations
collectées par le biais des entretiens d'experts ou avec des personnes
qui connaissent le sujet, cette hypothèse semble validée.
En effet, d'un point de vue juridique, il est difficile
d'interdire cette pratique auprès des investisseurs. De plus, les clubs
qui utilisent ces investisseurs ne veulent pas s'en séparer car cela
leur permet de trouver des solutions financières pour l'achat de
certains joueurs. Aujourd'hui toutes les opérations qui font intervenir
un tiers investisseur dans des opérations de transfert de joueurs de
football sont nommées sans distinction « third-party ownership
» (en abrégé TPO). Cette qualification est impropre car il
n'est évidemment pas question de s'approprier un joueur ou une partie du
joueur : il va sans dire que la personne d'un joueur et sa force de travail ne
sont pas dans le commerce.
Cette domination est également trompeuse en ce qu`elle
n'explique pas comment un tiers investisseur peut se trouver
intéressé au transfert d'un joueur de football.
Selon la FIFA, dont le règlement reconnaît
à contrario la validité des contrats de TPO dès lors
qu'ils ne confèrent pas au tiers investisseur une influence sur la
politique sportive du club. « Le concept de propriété
des droits économiques des joueurs par des tiers correspond aux
situations dans lesquelles une tierce partie investit dans les droits
économiques d'un joueur professionnel afin de potentiellement percevoir
une partie de la valeur de tout futur transfert du joueur ».
La TPO est étroitement liée au marché des
transferts, or les transferts trouvent leur fondement juridique dans le
chapitre IV du Règlement du Statut et du Transfert des Joueurs
établi par la FIFA intitulé « Stabilité contractuelle
entre professionnels et clubs ». Ce règlement est au coeur du
système des transferts.
L'article 13 pose le principe que « Un contrat entre un
joueur professionnel et un club peut prendre fin uniquement à son
échéance ou d'un accord commun ». Un contrat de joueur
professionnel qui n'est pas à échéance ne peut donc
prendre fin que d'un accord commun entre le club et le joueur.
L'article 17 du règlement FIFA prévoit que le
non-respect de cette règle est sanctionné au plan sportif et
financier et que ces sanctions ne visent pas seulement le joueur qui aurait
rompu son contrat sans juste cause, mais aussi le nouveau club qui
l'engagera.
Ainsi, le règlement FIFA confère de façon
universelle à chaque club ayant engagé un joueur de football par
un contrat écrit, un droit exclusif de faire jouer ce joueur sous ses
couleurs pendant toute la durée de son contrat et donc d'empêcher
sa mutation vers un autre club sous peine de sanctions sportives et
financières.
Chaque club détenant le droit de s'opposer à la
rupture anticipée du contrat qui le lie à ses joueurs,
détient de facto le droit de négocier auprès d'autres
clubs le prix de son accord pour libérer ses joueurs. Il est par voie de
conséquence titulaire d'une créance future qui représente
l'indemnité de transfert latente qu'il peut négocier sur chacun
de ses joueurs dont le contrat n'est pas terminé.
33
Si le mécanisme de stabilité n'existait pas et
que les joueurs étaient libres de muter d'un club à l'autre
à chaque fin de saison, alors les clubs ne seraient plus en mesure de
justifier d'une créance future au titre de leur transfert.
C'est donc bien le mécanisme de stabilité
contractuelle imposée par le Règlement FIFA qui constitue le
fondement juridique de la créance future de transfert que
détiennent tous les clubs à raison de chacun de leurs joueurs
professionnels.
Dès lors que les clubs professionnels peuvent justifier
d'une créance future au titre d'un transfert de chacun de leurs joueurs
sous contrat, on peut concevoir que cette créance de transfert future
soit financiarisée.
Certes cette créance n'est pas certaine, sa
réalisation dépend en effet d'une part de l'accord du joueur pour
être transféré et d'autre part de l'accord du club
acquéreur pour engager le joueur et payer l'indemnité de
transfert à son ancien club. Il s'agit donc d'une créance future
ou éventuelle.
Mais elle n'en a pas moins d'existence puisqu'elle est
suffisamment identifiable et qu'elle fait l'objet d'une protection par le
règlement FIFA qui s'impose à tous les clubs et joueurs
professionnels et qui est assorti de sanctions financières et
sportives.
De nombreux juristes européens, notamment
français, considèrent que la créance de transfert n'existe
que parce que le joueur est lié à son club par un contrat de
travail à durée déterminée. Ils en déduisent
que la créance de transfert correspond en réalité au
montant de l'indemnité que le joueur doit régler à son
employeur en cas de rupture abusive (« sans juste cause ») son
contrat de travail. La créance de transfert trouverait donc sa cause
dans la rupture du contrat par le joueur, ce qui la rendrait inaccessible car
on ne peut pas céder à un tiers une créance indemnitaire
qui n'existe qu'en cas de faute de son co-contractant.
Cette analyse « travailliste » du mécanisme
des transferts me paraît erronée en ce sens qu'elle ne fait pas la
distinction entre l'indemnité de rupture que le club peut revendiquer si
le joueur rompt son contrat sans juste cause et le prix que le club accepte de
recevoir en contrepartie d'une résiliation amiable du contrat du
joueur.
Or ce sont deux choses tout à fait différentes.
La rupture génère une créance indemnitaire alors que la
résiliation amiable a un prix qui est celui du mutuus dissensus.
C'est le prix du « mutuus dissensus » qui constitue
la créance de transfert, et non pas l'indemnité de rupture du
contrat de travail. Les contrats de TPO n'ont donc pas pour objet une
créance indemnitaire mais une créance liée au prix que le
club peut négocier auprès d'autres clubs pour consentir à
la résiliation amiable du contrat de ses joueurs.
C'est la combinaison d'un contrat de travail à
durée déterminée (obligatoire selon le Règlement
FIFA) et d'une licence sportive qui génère dans le patrimoine du
club des créances de transfert qu'on appelle les droits
économiques. La notion de droits économiques a d'ailleurs
été clairement définie par plusieurs sentences rendues par
le Tribunal Arbitral du Sport4.
Dès lors que les droits économiques sont
traités comme une créance qui existe dans le patrimoine d'un
club, il n'y a pas d'obstacle juridique à ce que cette créance
soit commercialisée comme n'importe quel actif. En effet, une
créance est bien réelle. C'est un actif qui peut être
donné en garantie ou qui peut être cédé.
De plus, la FIFA a une influence uniquement sur des membres de
la FIFA, à savoir les clubs, les fédérations, les joueurs
mais en aucun cas, elle peut interdire quoi que ce soit aux
sociétés d'investissement.
4 Voir notamment CAD 2004/A/662 RCD MALLORCA, SAD
c. Club Atlético Lanus et CAS 2004/A/635 RCD Espanyol de Barcelona SAD
v/ Club Atlético Sarsfield
34
En termes économiques cette pratique est totalement
conforme aux législations, et les clubs qui utilisent les TPO se portent
plutôt bien sur la scène européenne. En effet, les clubs
portugais comme le FC Porto, Benfica ou encore Braga, les clubs espagnols comme
le FC Séville et l'Atletico Madrid ont gagné quelques titres et
non des moindres ces dernières années. Pour rappel, le FC
Séville vainqueur à deux reprises de l'Europa League (2014 et
2015) et l'Atletico Madrid vainqueur du championnat espagnol en 2014 devant les
deux « ogres » de ce championnat qui sont le Real Madrid et le FC
Barcelone réussissent à bousculer les cadors européens. Le
FC Porto, un des premiers clubs en Europe à utiliser à outrance
cette pratique avait gagné en 2004 la Ligues des Champions, ainsi que
l'Europa League en 2003 et 2011, sans parler du championnat du Portugal,
remporté à de nombreuses reprises. Le Benfica Lisbonne, quant
à lui malheureux finaliste à deux reprises (2013 et 2014) lors de
l'Europa League ne serait peut être jamais arrivé deux fois en
finale sans l'aide de fonds d'investissement. On s'aperçoit tout de
même qu'avoir recours aux TPO permet tout d'abord de posséder des
joueurs de qualité sans pour autant dépenser des sommes
astronomiques. Shervine Nafissi-Azar, doctorant en droit et auteur d'une
thèse sur ce sujet annonce : « L'intérêt pour le
club est de pouvoir rester compétitif. Attirer notamment des joueurs
qu'il ne pourrait pas obtenir sans cette forme de financement, tout en limitant
les risques financiers. »
Il est vrai que pour un club, acheter un jeune joueur
prometteur, peut être un risque. Déjà, si le joueur change
de pays, voir de continent, il y a un temps d'adaptation plus ou moins long
pour le joueur, parfois le joueur peut être très bon dans son pays
d'origine mais perd tous ses moyens en arrivant en Europe. De plus, le risque
de grosses blessures et de ne plus jamais retrouver son niveau n'est pas
négligeable. Ces deux facteurs sont les risques que prend un club
lorsqu'il engage un jeune joueur étranger. De nombreux clubs ont connu
des « flops », des génies lorsqu'ils jouent dans leur pays et
ne donnent plus rien dans leur club en Europe. Cela est assez risqué de
prendre des joueurs d'Amérique du Sud car souvent ils coûtent
assez cher et en plus, le risque qu'ils ne s'imposent pas en Europe est bien
présent. Le moyen afin d'attirer ces joueurs là qui peuvent
être de véritable atouts tout en ne mettant pas en péril le
côté financier du club est de faire appel aux TPO.
« Faire appel » est un bien grand mot car «
en Amérique latine, sans doute presque 100% des contrats sont
liés à des tiers», assène le chercheur Raffaele
Poli, directeur de l'Observatoire du football du Centre international
d'étude du sport (CIES), à Neuchâtel.
Donc pas besoin de faire appel, en Amérique du Sud, le
joueur et le tiers sont déjà liés d'autant plus si le
joueur est prometteur. Bien souvent, les TPO peuvent prendre en charge la
totalité ou la quasi totalité du premier transfert vers l'Europe
dans un club de « seconde zone », par exemple le FC Porto et ensuite
réalise une réelle plus-value lorsque celui-ci est acheté
par un gros club européen.
Dans ces cas là, les clubs de « seconde zone
» comme le FC Porto ou l'Atletico Madrid bénéficient
gratuitement ou à moindre coût des très bons jeunes joueurs
pendant un, deux voire trois ans, cela permet à ces clubs d'être
compétitifs et de gagner quelques titres. Le fait de gagner des titres
et de figurer sur le devant de la scène attire d'autres jeunes joueurs
et l'histoire se répète sans cesse.
35
1.3. Retour hypothèse 2 : les TPO
représentent une menace pour les clubs et pour le football en
général
Comme la première hypothèse, les conclusions que
l'on peut tirer de cette deuxième hypothèse semblent
également positives.
Cette hypothèse formulait que les TPO
représentent une menace pour les clubs et pour le football en
général. Interrogés à ce sujet, les
spécialistes sont plutôt d'accord, cependant il y a certaines
personnes qui ne voient pas en quoi ce serait une menace. Les
différentes personnes rencontrées sont contre les TPO mais ne
sont pas pour une interdiction pure et dure. Nous verrons donc en quoi cela est
néfaste pour les clubs et le football puis nous mettrons en avant les
arguments des personnes qui ne voient pas de mal face à cette
pratique.
En premier lieu, la plupart des personnes interviewées
ne sont pas « fans » des TPO car elles pensent que cela est
néfaste pour le bien du football comme l'explique Raffaele Poli :
« Pour moi c'est très néfaste car il amène une
dimension spéculative, en gros cela institutionnalise le conflit
d'intérêt dans un milieu déjà assez fermé
».
Les TPO représentent une menace pour les clubs de
football dans le sens où le club peut devenir dépendant des fonds
d'investissement. Il est vrai que finalement, le club perd petit à petit
les droits économiques sur ses joueurs comme le dit Shervine
Nafissi-Azar :
« Un club peut devenir otage des fonds (tous comme
les joueurs). À force d'être aidé par des
sociétés, vous perdez vos droits sur les joueurs du club. Ainsi
quand ils partent, vous ne toucherez par exemple que 30% de l'indemnité
contre 70% pour la société ».
Ainsi, le club peut avoir des très bons joueurs mais ne
profitera quasiment pas de sa valeur financière. Nous l'avons vu
auparavant lors de la comparaison entre Lyon et le FC Porto. On a pu voir que
le FC Porto vendait beaucoup de joueurs chers mais que la totalité de
l'argent ne rentrait dans ses caisses. De plus, l'autre menace pour les clubs
est la perte du contrôle sur le domaine sportif car ce seront les fonds
d'investissement qui décideront quand et où les joueurs seront
transférés dans le but de générer la plus grosse
plus-value. Dans ces cas-là, le joueur subit également les
conséquences des tierces parties, car son envie était
peut-être de rester dans ce club jusqu'à la fin de son contrat,
chose qui ne pourra jamais faire car sinon il serait gratuit et donc pas de
plus-value pour la société qui détient ses droits.
La deuxième menace de cette pratique, est que pour
générer souvent des plus-values sur les joueurs, il faut que ces
derniers soient transférés le plus de fois possible tout au long
de sa carrière. Il y a même des joueurs qui sont
transférés chaque année. L'exemple le plus frappant et le
plus récent est celui de l'attaquant Colombien Radamel Falcao. En effet,
ce joueur est passé par le FC Porto, l'Atletico Madrid, Monaco,
Manchester United et enfin Chelsea, le tout en l'espace de 5 ans. Finalement
peu étonnant lorsqu'on sait que ses droits économiques sont
détenus en partie par Doyen Sports et que son agent n'est autre que
Jorge Mendes. D'un point de vue juridique, cette situation va à
l'encontre de la notion de stabilité contractuelle, une notion que
prévoyait pourtant l'arrêt Bosman, en instaurant des
indemnités de départ.
Jorge Mendes, l'agent notamment de Cristiano Ronaldo et
José Mourinho a poussé le système de TPO au stade
industriel. Il réalise 70% des transferts du FC Porto et il
possède un demi-milliard d'euros d'actifs à crampons.
L'été dernier, l'agent portugais a transféré James
Rodriguez au Real Madrid. Une mauvaise nouvelle pour Angel Di Maria,
poussé sur le banc par l'arrivée d'un concurrent direct.
Heureusement, l'agent de Di Maria, Jorge
36
Mendes, l'a vendu à Manchester United. Où il
entrait en concurrence directe avec Nani, que son agent...Jorge Mendes a donc
transféré au Sporting Portugal.
Au contraire des agents à l'ancienne, Jorge Mendes
n'est pas un découvreur de talent. Les bons joueurs, il les prend, il a
ainsi « volé » Cristiano Ronaldo à Julio Veiga,
José Mourinho à Jorge Baideck, Nani à Ana Almeida. Il les
prend parce qu'il a compris une chose : le joueur choisira toujours l'agent qui
lui propose le meilleur club et le meilleur contrat. Grâce à ses
relations et à son organisation, il arrive toujours à satisfaire
son joueur. Avec Mendes, il y a toujours une solution, même si vous
n'avez pas d'argent. En effet, le fonds d'investissement Doyen Sports est
là pour investir à votre place. Il est vraiment créatif.
Sa société Gestifute travaille avec une demi-douzaine de fonds
d'investissement et une douzaine de clubs (Porto, Benfica, Sporting au
Portugal, Valence, Deportivo la Corogne, Atletico Madrid et Real Madrid en
Espagne, Manchester United et Chelsea en Angleterre et Monaco en France).
Jorge Mendes conseille donc à des fonds
d'investissement de miser sur des joueurs dont il est l'agent et qu'il place
dan des clubs devenus totalement dépendants de ces montages
économico-sportifs.
Comme le révélait le Guardian, l'agent
portugais a lancé avec Peter Kenyon (ancien directeur marketing de
Manchester United et Chelsea) la société Quality Sport
Investments à Jersey. Un paradis fiscal où l'identité des
investisseurs ne peut pas être connue et les taxes à payer sont
quasi nulles. Le but est d'acheter une partie des droits économiques de
jeunes joueurs pour réaliser des plus-values à la vente. Sa
société vise 15 investisseurs prêts à mettre un
minimum d'un million d'euros chacun. En retour, Jorge Mendes et son
associé promettent 10 % de profit annuel dans les 3 à 5 ans. En
Espagne, au Portugal et en Turquie, l'achat d'une partie des droits de joueurs
est autorisé, laissant le champ libre à Quality Sport
Investments. Mais Jorge Mendes n'est pas actionnaire d'un seul fonds
d'investissement, il a réalisé le transfert plutôt
surprenant du jeune Bernardo Silva, passé de Benfica à Monaco
pour la somme de 15,75 Millions d'euros. Arrivé en prêt
mi-août 2014 sur la pointe des pieds en provenance de l'équipe
réserve lisboète, le milieu offensif a réalisé une
première partie de saison satisfaisante (16 matchs en L1, 2 buts). Mais
de là à ce que l'ASM explose sa tirelire pour un joueur qui n'est
même pas international à l'époque alors que le
président de L'AS Monaco a largement réduit la voilure depuis
l'été dernier, il y a un pas qu'elle a donc franchi en
dépensant plus que les 19 autres clubs de L1 réunis lors du
dernier mercato hivernal. En réalité, Benfica n'a pas
touché l'intégralité de cette somme colossale.
Géré par l'agent portugais Jorge Mendes, qui a ses entrées
Principauté où il avait déjà casé Falcao,
James Rodriguez, Ricardo Carvalho, Fabinho, Wallace et Moutinho, Bernado Silva
appartenait aussi en grande partie au fonds d'investissement Meriton Capital
Limited. Cette entité dans laquelle Jorge Mendes serait encore
actionnaire avec Peter Lim, homme d'affaires singapourien et
propriétaire du Valence FC, ainsi que Peter Kenyon déjà
associé avec l'agent dans un autre fonds, il est étroitement
liée à Benfica, actuellement en grande difficulté
financière. Le deal entre Monaco, Benfica et Meriton était
apparemment ficelé depuis l'été dernier, avec une option
d'achat surévaluée à 30 Millions d'euros pour mieux faire
passer la pilule à 15,75 millions d'euros. Ce genre de transfert permet
aussi d'effacer la TPO des joueurs, leur tierce propriété, dans
un lieu plutôt accueillant sur le plan fiscal pour les étrangers.
D'après le site américain ESPN, Jorge Mendes serait la
deuxième personne la plus influente derrière Michel Platini, cela
semble assez démesuré d'avoir un agent de football aussi
influent5.
5
http://www.espnfc.com/blog/espn-fc-united-blog/68/post/2523404/platini-mendes-scudamore-rummenigge-messi-most-influential
37
C'est là où vient la troisième menace :
les conflits d'intérêts. Tout d'abord, le premier conflit
d'intérêt que Michel Platini met en avant est celui où
plusieurs joueurs appartenant au même fonds d'investissement se
rencontrent lors d'un match, comment alors être sûr que l'issue de
la rencontre n'est pas arrangée ? Et cela peut être très
dangereux pour le football car serait mis à mal le concept d'incertitude
du résultat, et c'est ceci qui rend un match si attractif.
De plus, il y a également des conflits
d'intérêts en interne car bien souvent les actionnaires des clubs
ont des parts dans des fonds d'investissement tout comme certains agents. Alors
difficile d'imaginer un joueur appartenant à un fonds d'investissement
dont le principal actionnaire est le président du club ne pas être
titulaire. En effet, il obligerait alors à l'entraîneur de le
faire joueur pour que son joueur ait le plus de chance de prendre de la valeur
et être revendu plus cher afin que la plus-value soit la plus
intéressante pour l'actionnaire, quitte à laisser un meilleur
joueur sur le banc. Pareil, si un agent possède un joueur, que ce joueur
est détenu par le fonds d'investissement de son agent et que son
entraîneur a pour agent le même que lui, alors le joueur aura
beaucoup plus de chance de jouer tout cela à cause de relation. Cela
crée forcément une mauvaise ambiance au sein du groupe et au sein
du vestiaire. Donc, on peut vraiment se poser la question si l'équipe
est faite toujours dans l'optique d'être la plus compétitive
possible ou dans le but de rendre heureuses les personnes proches et influentes
du club. Avec les TPO, le doute est permis mais pas que « avec »
finalement.
Comme annoncée au début de cette sous-partie,
certaines personnes pensent finalement que les TPO sont une bonne chose pour le
football et ne sont en aucun cas une menace pour les clubs. Il est vrai que peu
de personnes pensent comme cela mais il en existe tout de même et je
tenais à comprendre leur point de vue afin de l'expliquer au mieux. En
effet, on a beaucoup parlé de conflits d'intérêts que
représenteraient les TPO, notamment sur le truquage de match si
plusieurs joueurs appartenaient au même fonds d'investissement. Mais, il
est vrai que ce la est exactement pareil si plusieurs joueurs appartiennent au
même agent. Ils pourront alors aussi s'arranger sur l'issue de la
rencontre. Ce qu'il faut se dire c'est que les joueurs sont avant tout des
compétiteurs et ne pensent pas à cela lorsqu'ils entrent sur le
terrain, s'il y a des matchs arrangés et tout le monde le sait,
l'arrangement se fait d'abord entre dirigeant, cela est très rare que
les joueurs prennent l'initiative parce que tel joueur est dans le camp
adverse. Il y a peu de chance, soyons franc pour que les TPO influencent le
résultat d'un match, car ce ne sont pas vraiment leur but, mais il est
tout de même possible et cela doit aussi être pris en compte.
Deuxièmement, nous avons dit que les joueurs
étaient transférés à la chaîne et que chaque
année ils peuvent changer de club afin de satisfaire le fonds
d'investissement. Il est vrai de dire cela, mais sans parler de TPO les agents
n'ont-ils pas intérêts à transférer le plus souvent
possible leurs joueurs afin de prendre à chaque transaction une
commission de 10%. C'est un peu la même idée qu'avec les fonds
d'investissement, les agents ont tout intérêt à
transférer leur joueur le plus souvent possible, ce qui peut nuire
à la carrière du joueur tout comme les TPO. D'ailleurs on parle
souvent que ce joueur est détenu à 30% par tel fonds
d'investissement mais l'agent lorsqu'il prend une commission de 10% sur une
transaction d'un club A vers un club B, c'est un petit peu comme si l'agent
possédait 10% de la valeur économique du joueur même si
cela n'est pas contractuel, cela revient au même. Enfin, la
copropriété des joueurs a existé depuis longtemps en
Italie, lorsque deux clubs se partageaient un joueur, c'est uniquement dans un
but de plus-value à la revente que les clubs se mettaient d'accord.
Cette pratique a d'ailleurs été interdite l'année
dernière.
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Tout cela pour dire, que les TPO confirment un problème
qui existe déjà comme l'explique Raffaele Poli : « Les
tierces parties institutionnalisent, consacrent, un système qui est
déjà existant. Le problème, c'est le fonctionnement du
système de transfert et puis ces pratiques là viennent renforcer
un problème qui existe déjà. »
Il est vrai que les TPO sont une menace pour les clubs et le
football mais même en les supprimant et en réussissant à
les radier, chose qui semble impossible, les conflits d'intérêts
seront toujours présents. C'est pour cela que si l'on veut
résoudre la question, il faudra alors réfléchir plus
généralement aux systèmes de transfert et à la
répartition des recettes entre les clubs.
Nous donnerons un peu plus tard, quelques solutions
envisageables afin de réguler cette pratique des tierces parties mais
également le système des transferts dans son ensemble.
En outre, les spécialistes ayant fait des études
sur ce sujet sont nombreux à être contre cette pratique dans le
football, cependant tous pensent qu'une interdiction comme l'a fait la FIFA
n'est pas le meilleur choix, raconte Jean-François Brocard, chercheur au
CDES de Limoges et auteur d'une étude sur les TPO pour la FIFA :
« Nous ce qu'on avait dit c'est que si vous cherchez
à faire sortir les tierces parties par la porte elles vont rentrer par
la fenêtre mais dans tous les cas ce n'était pas un dispositif qui
était intéressant pour le football en général
à notre avis, donc il faut trouver autre chose. »
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1.4. Retour hypothèse 3 : La seule façon
pour les plus petits clubs de rivaliser avec les gros clubs
européens
Si les deux premières hypothèses
élaborées ont été plutôt validées au
regard des informations recueillies au cours des entretiens, les conclusions en
ce qui concerne la troisième hypothèse de ce travail ne semblent
pas aussi tranchées.
Cette hypothèse formulait que la tierce
propriété est la seule façon pour les petits clubs de
rivaliser avec les plus gros clubs européens. Les différentes
personnes rencontrées ne sont pas tout à fait d'accord avec cette
hypothèse, cependant elles sont bien conscientes que cela reste une
façon pour certains de clubs de briller sur la scène
européenne.
En effet, même si la pratique des TPO est la
façon la plus simple, la plus facile et la plus rapide d'essayer de se
mettre à la hauteur de certains grands clubs, elle est loin d'être
la seule façon. Il existe et existera toujours des manières plus
ou moins illicites afin de contourner certaines règles. On le voit
d'ailleurs depuis le 1er Mai et l'interdiction des TPO, des
solutions de remplacement qui se sont mises en place. Les enjeux
économiques se chiffrent en milliards et l'ingénierie
financière gardera toujours une longueur d'avance sur les organisations
sportives. Pour contourner les TPO, les fonds d'investissement prennent des
participations dans des clubs qui détiennent eux les joueurs. On observe
aussi une nouvelle forme de contournement dénommée «
Bridge Transfer ». Un fonds d'investissement se porte
acquéreur d'un club aux moyens financiers limités. Ce dernier
achète les joueurs prometteurs au club A. En faisant office de pont, il
enverra les sportifs du club A vers l'équipe C au travers d'un
prêt payant. Sportivement et économiquement, les trois
équipes en sortent gagnantes. Cette pratique se fait déjà
à petite échelle mais risque de prendre de l'ampleur.
Sommairement, la société d'investissement achète un club
peu attractif plutôt que d'investir directement sur le joueur. Via ce
club, la société achète des joueurs à fort
potentiel et les transfère par le biais de prêts payants à
des clubs plus huppés, auquel le niveau du joueur correspond
réellement. Ainsi, la société d'investissement peut
s'amuser à balader son joueur de club en club, en recevant des
indemnités liées aux prêts afin d'obtenir un retour sur
l'investissement initial. En outre, cette solution offre une protection pour la
société par le biais des réglementations FIFA. Notamment
si le joueur décide de résilier unilatéralement son
contrat, le club pourra demander des indemnités en dommages et
intérêts.
Il y également les investisseurs tiers qui au lieu
d'acheter des parts de joueurs, prêtent de l'argent à un club afin
qu'il puisse financer un transfert, en échange d'intérêts
et de certaines garanties, par exemple lors de la revente de ce même
joueur ou même sur les droits TV du club si le joueur perd de la valeur.
Il n'est alors plus question de propriété. Mais ces «
options » ont clairement une influence sur la carrière d'un joueur,
il n'est alors plus totalement libre de ses choix. Cela revient exactement au
même que les TPO, sauf que c'est une façon de contourner son
interdiction.
C'est ce que fait d'ailleurs le fonds d'investissement
FairPlay Capital, un fonds luxembourgeois fondé par avocat et agent FFF
français Anthony Costard.
Le principe de ce fonds est de prêter de l'argent pour
l'achat d'un joueur, miser sur une plus-value, et sécuriser
l'opération en gageant la somme engagée sur les résultats
financiers du club. «On vit dans un marché où la demande
de financement est importante mais où l'offre est rare. Les banques ont
peur du foot», reprend Anthony Costard. « Le fonds est en
place, il est créé, contrôlé, la
réglementation est respectée, il n'y a aucun souci»,
promet Anthony Costard, qui fait remarquer que FairPlay Capital a
d'ailleurs reçu l'agrément du Comité de
40
Surveillance du Secteur Financier, l'équivalent
luxembourgeois de l'AMF (Autorité des Marchés Financiers).
Il est vrai que son offre reste viable juridiquement mais elle
ressemble énormément à la tierce propriété,
qui rappelons-le permet à des sociétés privées de
posséder en leur nom les droits sportifs sur un joueur. Pratique
interdite en France et en Angleterre depuis plusieurs années et qui a
été interdite par la FIFA depuis le 1er Mai dernier,
cependant la prohibition va s'établir de manière graduelle
puisque les accords iront jusqu'à leur expiration contractuelle. De
plus, les nouveaux accords signés entre le 1er janvier et le
30 avril 2015 seront limités à une durée d'un an
maximum.
FairPlay Capital lui a anticipé cela et adosse une
valeur, un titre, à un joueur. Ce n'est pas de la tierce
propriété, mais par ricochet ça en est un petit peu.
« Ça m'étonnerait que la LFP accepte ce genre de
chose», explique Christophe Lepetit, économiste du sport au
CDES de Limoges
Vu comme ça, Fair-Play Capital devrait en effet
beaucoup plaire aux clubs français. «On ne vise que des joueurs
qui ont un potentiel de plus-value. On ne va pas financer des joueurs à
30 millions, seulement entre 1 et 3, voire 5. La cible prioritaire, ce sont des
clubs sains sur lesquels on peut prendre des sûretés, qui
évoluent dans des championnats exportateurs», détaille
Anthony Costard.
D'ailleurs, c'est la nouvelle stratégie de Doyen Sport,
le fonds d'investissement le plus répandu en Europe vient d'aider le FC
Porto a acheter Giannelli Imbula qui jouait à l'Olympique de Marseille
la saison dernière. Même s'il est encore un peu tôt pour le
dire, il est assez simple de comprendre que Doyen Sports n'a pas pu acheter des
parts d'Imbula car la transaction s'est faite après le 1er
Mai 2015, jour de l'interdiction de cette pratique. Il est facile de comprendre
que le fonds d'investissement a prêté de l'argent au FC Porto, on
parle de la moitié du transfert (soit 10 Millions d'euros) car le
transfert a été de 20 Millions d'euros pour une durée de 5
ans avec une clause libératoire de 50 Millions d'euros. Et cela serait
peu étonnant si Giannelli Imbula serait transféré dans un
an ou deux vers un grand club européen pour cette somme de 50 millions
d'euros. L'avenir nous le dira...
Ce qu'il se fait souvent en Angleterre pour contourner cette
loi, c'est qu'on utilise les agents pour payer les commissions qui
déguisent en fait les pourcentages des droits économiques sur les
transferts. Une autre manière de contourner la loi est d'acquérir
des parts dans des clubs puis signer un pack d'actionnaire en secret bien
évidemment sans que la ligue n'ait recours à la justice sportive.
Tout cela reste caché et nous ne le savons même pas et ce sont
même les actionnaires des clubs eux-mêmes qui achètent ces
parts en question afin de gagner plus d'argent sur la revente de joueurs. D'un
point de vue juridique, rien n'empêche cela.
Heureusement, il n'y a pas que des choses cachées et
malsaines comme outil pour les clubs qui n'ont pas énormément de
moyen mais qui veulent des joueurs de qualité. Il y a aussi ce que l'on
appelle la formation. Il est vrai qu'il faut être beaucoup plus patient
qu'avec la tierce propriété ou autre mais cela peut rapporter
également une grosse plus-value. Nous avons vu
précédemment l'exemple de notre club français le plus
prolifique sur la formation, l'olympique lyonnais. Ils vendent assez
régulièrement des joueurs entre 20 et 40 millions d'euros des
joueurs issus du centre de formation, où les coûts de formation
s'élèvent à quelques dizaines de milliers d'euros. En
France, l'Olympique et le PSG sont les deux clubs
41
qui sortent des joueurs. En Allemagne, ils ont
également réussi à sortir de très bons joueurs
grâce à leur formation. On a pu voir il y a quelques années
une finale de Ligues des Champions 100% allemande entre le Bayern Munich et le
Borussia Dortmund (finale Ligues des Champions 2013) remportée par le
Bayern Munich. De plus, cela a été bénéfique
également pour la « Nationalmannshaft »,
l'équipe nationale allemande, victorieuse de la dernière Coupe du
Monde au Brésil, l'été dernier. Les clubs portugais qui
utilisent régulièrement les TPO, ont anticipé son
interdiction en ouvrant des académies un peu partout dans le monde. Cela
tend à se développer, plusieurs clubs le font ou veulent le
faire. La contrainte majeure est de former des joueurs de nationalités
différentes, cela ne fera pas profiter la sélection nationale,
mais seulement le club qui investit.
42
2. Cas concret et préconisations
éventuelles
Afin d'élargir la portée de cette étude
et suite au retour sur les hypothèses élaborées, un cas
d'étude sera traité sur les transferts de Mangala pour bien
comprendre cette pratique et comment elle fonctionne, nous verrons ensuite les
préconisations que nous proposons avant de montrer les limites de ce
travail.
2.1. Cas d'étude : Les transferts
d'Éliaquim Mangala
Ce contexte de convoitise permanente autour des joueurs, ce
manque de contrôle finissent par transformer les footballeurs en produits
financiers. Les fans qui paient leur billet ou leur abonnement à une
chaîne sportive, ne savent peut-être pas qu'ils financent parfois
d'obscurs fonds d'investissement qui détiennent des joueurs dans des
équipes rivales et qui pourraient bien truquer les matchs. Ils ne se
doutent pas non plus qu'ils enrichissent certains agents qui contournent les
lois.
Les transferts de l'international français Eliaquim
Mangala, du Standard de Liège vers le FC Porto et du FC Porto vers
Manchester City est un cas d'école en ce qui concerne les TPO. Ce
défenseur de Manchester City a une particularité : il
était au coeur lorsqu'il jouait à Porto d'un incroyable montage
financier. Jusqu'à la fin de la saison 2011, il joue au Standard de
Liège en 1ère division Belge, il enchaîne les
bonnes performances, il marque même le but de la victoire de la coupe de
Belgique, sa côte monte en flèche. A l'été 2011, le
Standard de Liège flaire la bonne affaire, le club décide de
vendre son joueur au club du FC Porto. Le club portugais du FC Porto
achète le défenseur 6,5 Millions d'euros et annonce dans la
foulée que s'il le revende un jour, ce ne sera jamais en dessous de 50
Millions d'euros. Huit fois plus, une belle plus-value potentielle pour Porto.
Le club portugais, côté en bourse vise la Ligue des Champions, la
plus prestigieuse et la plus lucrative des compétitions
européennes, seulement le 6 décembre 2011, le FC Porto est
éliminé dès la phase de poule. Ils peuvent donc dire adieu
aux recettes supplémentaires au guichet, adieu aux 22 Millions d'euros
promis au vainqueur de la compétition. Le lendemain le cours de l'action
du FC Porto dégringole. Le club a besoin d'argent frais, très
vite, alors trois semaines plus tard, le FC Porto annonce revendre un tiers des
droits économiques d'Eliaquim Mangala, pour 2,647 Millions d'euros, ce
qui fait remonter l'action et qui revient à son niveau initial, c'est le
soulagement pour les actionnaires. Le nouveau propriétaire d'un tiers de
la valeur marchande d'Eliaquim Mangala est le groupe Doyen qui est
spécialiste dans l'extraction d'uranium, de charbon et d'or. Un tiers de
la valeur de ce jeune footballeur appartient désormais à ce
groupe minier. Cela montre réellement l'évolution du football.
Le joueur sait-il à qui il appartient ? Il s'agit tout
de même de son corps, de sa tête et de ses jambes.
« Non, je n'ai pas été au courant, je
l'ai appris par la presse un matin sur le net, j'ai vu ce qui s'était
passé, mais on ne m'a pas avisé avant, ni quoi que ce soit »
.répond Eliaquim Mangala lorsqu'on lui pose la question de savoir
s'il était au courant.
« On est des produits financiers, un club c'est comme
une usine en fait, et les joueurs ce sont les produits de l'usine qui
rapportent à cette entreprise en l'occurrence le FC Porto, mais pour
chaque club c'est la même chose. Chaque joueur a une valeur marchande qui
peut augmenter et qui peut descendre en fonction des prestations, mais tout
à fait nous sommes des produits, il faut être réaliste
». Ajoute le jeune joueur français.
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Il y a encore plus surprenant dans ce business des entreprises
propriétaires de joueurs. Parfois les fonds d'investissement permettent
de rémunérer des agents qui n'ont plus le droit d'exercer.
Reprenons notre cas d'étude concernant Éliaquim Mangala au FC
Porto. On a vu que Porto avait revendu 30% de la valeur de Mangala au fonds
d'investissement Doyen Sports, mais on apprend aussi que 10% de la valeur du
joueur soit 650 000 euros a été cédé gratuitement
à une autre entreprise qui s'appelle Robi Plus. Le joueur est-il au
courant ?
« Non du tout » répond Eliaquim Mangala.
La chose étrange est que cette société
Robi Plus est une un société « Boîte aux lettres
», domicilié au Royaume-Uni dont on connaît pas vraiment le
propriétaire, mais avec tout de même un nom d'administrateur celui
de Mr Maurizio Delmenico qui travaille avec Luciano D'Onofrio. Luciano
D'Onofrio n'est pas n'importe qui dans le football, il a été
l'agent de Zidane, de Desailly, de Dugarry ou de Deschamps. Le problème
est que Luciano D'Onofrio a été condamné à maintes
reprises par la justice française. La dernière fois remonte en
2008, dans le cadre de l'affaire des comptes de l'OM, il écope de deux
ans de prison dont 6 mois ferme.
Pour favoriser le transfert d'un de ses joueurs, Luciano
D'Onofrio est notamment accusé d'avoir versé 150 000 euros de
rétro commission à Rolland Courbis, alors entraîneur de
Marseille. Or, le règlement de l'instance suprême du football, la
FIFA est extrêmement claire : « Pour être agent de football,
il faut être de réputation parfaite, c'est à dire n'avoir
été condamné à aucune peine pour délits
financiers ou crimes de sang ».
D'après ce règlement, Luciano D'Onofrio n'a plus
le droit d'être agent de joueur, alors Mr D'Onofrio aurait
organisé le transfert d'Eliaquim Mangala au FC Porto, mais comme il n'a
plus le droit d'être agent de joueur, il ne peut légalement pas
toucher de commission, il aurait trouvé une solution :
Négocier 10% des droits économiques du joueur
auprès du club soit, 650 000 euros, une part du gâteau qu'il
aurait soigneusement caché dans une société «
boîte aux lettres » en Angleterre.
Tout cela a permis lors du transfert du joueur vers Manchester
City à ce que les investisseurs tiers bénéficient d'une
réelle plus-value. En effet, Éliaquim Mangala reste le
défenseur le plus cher de l'histoire, et Manchester City a dû
débourser 53 Millions d'euros en 2014 pour s'attacher les services du
jeune joueur français. Les TPO étant interdit en Angleterre, le
club a donc racheté les droits économiques de Mangala au FC Porto
ainsi qu'aux sociétés d'investissement. Ainsi, 33% de la somme
est allé à Doyen Sports, soit 17,5 Millions d'euros. On se
rappelle bien évidemment que cette même société
avait déboursé 2,647 Millions d'euros deux ans plus tôt et
a donc réalisé une plus-value de 15 Millions d'euros. Les 10%
détenus par la société Robi Plus, sont passés de
650 000 euros à 5,3 Millions d'euros, soit 4,7 Millions d'euros de
bénéfice pour cette société qui appartient à
cet agent interdit d'exercer. Et enfin le reste pour le club du FC Porto, c'est
à dire 30 Millions d'euros. Les gains sont plutôt
élevés surtout pour des sociétés comme celles-ci
qui n'ont rien à voir avec le football et dont personne ne sait ce
qu'ils vont faire avec cet argent. De plus, cette pratique permet de faire
travailler des agents malhonnêtes qui en principe n'auraient pas dû
toucher cette commission de 5,3 Millions d'euros.
Nous pouvons remarquer, qu'il y a toujours moyen de
transgresser les lois avec les fonds d'investissement car on ne sait pas
vraiment qui se cache derrière, et que la FIFA qui n'a aucune influence
dessus, dans le sens où ils sont extérieurs au football
professionnel, ne peut pas faire des enquêtes poussées pour
découvrir certaines fraudes.
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2.2. Rentabilité sur les transferts des joueurs de
football
Sur le fond, la tierce propriété existe depuis
des décennies. Il n'était pas rare qu'un président de club
prenne à sa charge une partie d'un transfert. Mais la crise
financière de 2008 a mis à nu les déséquilibres
économiques de nombre de clubs, notamment dans le sud de l'Europe. Les
crédits bancaires sont devenus difficiles à obtenir et les TPO se
sont imposés comme une alternative de financement. La pratique a fini
par s'industrialiser.
Les investisseurs tiers sont aujour-d'hui des
sociétés ou des fonds basés à Gibraltar, à
Jersey ou à Malte aux mains d'actionnaires invisibles. Désormais,
les parts de joueurs s'échangent, ou font des « aller-retour »
jusqu'à plusieurs fois par saison. Des transactions s'opèrent
parfois quelques jours avant l'officialisation d'un transfert... Bref, la
spéculation a gagné le football de haut niveau.
En 2013, un rapport de KPMG faisait la lumière sur
l'ampleur du phénomène. Au Portugal, un joueur sur six serait
partiellement en mains d'investisseurs tiers. Dans les ligues d'Europe de
l'Est, ce sont 40 à 50% des joueurs qui seraient touchés. Et
globalement, en Europe, la valeur des joueurs sous contrat avec
différents propriétaires dépasserait le milliard d'euros,
selon le cabinet d'audit.
Ces estimations sont contestées. La situation serait
bien plus complexe. «Si l'on considère les TPO au sens large,
sachant que les agents, directeurs sportifs, entraîneurs,
présidents et les joueurs eux-mêmes possèdent des options
et des intérêts sur une transaction, on peut affirmer qu'à
l'échelle européenne, ce sont bien plus de la moitié des
joueurs qui sont concernés.
C'est pour cette raison que, d'après Raffaele Poli,
l'éradication totale visée par la FIFA est «illusoire».
«S'il ne fallait s'en prendre qu'à des sociétés
totalement extérieures au football, ce serait bien plus simple.»
Mais l'immense majorité de ces «tiers» est dans le
milieu. Et les conflits d'intérêts sont légion.
Sur le site internet de Doyen Sports, on peut voir les joueurs
qu'il détient, parmi eux on retrouve Éliaquim Mangala et un autre
international français Geoffrey Kondogbia. Tous sont de jeunes joueurs
prometteurs. Pour chacun d'entre eux Doyen investirait en moyenne 2,5 Millions
d'euros mais une question demeure : combien cela rapporte-t-il d'investir dans
les footballeurs ?
Cela n'est peut-être pas très éthique mais
très rentable.
Lisandro Lopez avant de signer à Lyon puis au Qatar a
généré 37% de retour sur investissement à son fonds
de Gibraltar, mais ce n'est rien face à Pepe (147% de rendement), Falcao
(164% de retour sur investissement) ou encore James Rodriguez. Dans le milieu
du ballon rond, le cas de James Rodriguez est moins connu que celui de son
compatriote Falcao ou que celui du brésilien Neymar. Le talent du milieu
offensif colombien, récompensé du Prix Puskas du plus beau but de
l'année marqué lors de la dernière Coupe du Monde au
Brésil, aurait suffit à affoler les recruteurs. Mais
amplifiée par le système de tierce propriété et par
la surenchère spéculative qui l'accompagne souvent, sa côte
a grimpé de façon vertigineuse. James Rodriguez est arrivé
au FC Porto à l'été 2010, provenance du club argentin
Banfield pour environ 7,5 millions d'euros. A l'époque, 50% des droits
appartiennent à un tiers, que Porto rachète jusqu'à la
hauteur de 90%. Trois ans plus tard, le joueur s'en va pour Monaco. Son prix a
alors déjà été multiplié par six, soit 45
Millions d'euros. Mais son ascension n'est pas encore terminée, un an
plus tard le Réal Madrid le fait
45
accéder au rang de « Galactique », au
même que les Figo, Zidane, Beckham ou Cristiano Ronaldo. Le club espagnol
qui a alors remporter sa 10ème Ligue des Champions
considère que le gaucher vaut deux fois plus puisqu'il débourse
90 Millions d'euros.
Pour son ou ses propriétaires, la plus-value
s'élève à 1000% en seulement 4 ans. Durant cette
période, les parts de l'actif James Rodriguez auront changé de
mains une petite dizaine de fois, entre le FC Porto et des tiers investisseurs
comme la société Gol Football Luxembourg.
Voici un tableau des joueurs qui ont eu une grosse
rentabilité lors du Mercato estival de 2013. Certains joueurs n'ont rien
à voir avec les fonds d'investissement, notamment Bale par exemple, mais
d'autre oui, comme notre français kondogbia, acheté par le FC
Séville et Doyen Sports. Ce tableau montre l'énorme
rentabilité des joueurs de football, et on comprend mieux pourquoi de
plus en plus de fonds d'investissement ont émergé ces
dernières années.
Face à de telles performances, des financiers se ruent
sur le marché des footballeurs. Le Royal Football Fund avec 150 Millions
d'euros d'investissement dans le secteur explique pourquoi c'est un placement
sûr : « Notre fond génèrera de hauts revenus
grâce à la passion des fans. » Les supporters sont
toujours prêts à payer pour leur club favori, c'est donc cela le
secret. Mais désormais, lorsqu'on regarde un match entre le FC Porto et
le FC Séville, on pourrait voir plusieurs joueurs qui appartiennent au
même fonds d'investissement, et dans la réalité ces fonds
sont accusés d'influencer les décisions des clubs, pire encore le
fait qu'il détiennent des joueurs dans chaque camp, la tentation de
truquage de match est grande.
46
2.3. Aménagements possibles et régulation
de cette pratique
Au-delà de la validation ou non des hypothèses,
les entretiens semi-directifs ont également permis d'adopter un certain
nombre de préconisations relatives autour des tierces parties mais
également autour des transferts des joueurs de football
professionnel.
La FIFA a mis fin le 1er Mai 2015 à
l'interdiction de l'achat des droits économiques des joueurs de football
par des tiers. Cependant, la question que tout le monde se pose est simple : A
t-elle le droit d'interdire cela ?
Les ligues espagnole, portugaise et le fonds d'investissement
Doyen Sports ont déjà réagi et ont porté plainte
contre la FIFA en utilisant la voie juridique « étatique »,
les instances européennes pour contester cette interdiction.
Nous verrons dans les prochains mois que vont décider
les juges concernant ce procès.
En attendant, tous les spécialistes de football ainsi
que les personnes ayant réalisé des études pour la FIFA
sur les TPO ne sont pas favorables à cette interdiction totale
malgré le fait qu'elles pensent que les TPO nuisent aux clubs, aux
joueurs et au football en général.
Il est vrai comme nous l'avons vu précédemment,
d'autres types de montage permettent déjà de contourner cette
prohibition, inutile donc d'interdire cette pratique. Il vaut mieux
réguler cette pratique pour qu'elle devienne la plus transparente
possible. Même si on le sait tous, il y aura toujours des lacunes mais
quelques mesures amélioreraient certainement les choses. Voici la liste
de choses que la FIFA pourrait mettre en place dans le Règlement sur le
Statut et Transfert des Joueurs afin d'avoir un meilleur contrôle sur ces
tierces parties :
- Une liste avec la publication de tous les actionnaires de la
société ainsi que l'origine de l'argent dégagé pour
l'achat des droits économiques de joueurs
- Une société tierce ne peut pas détenir
plus de 49% des droits économiques d'un joueur de football
- Un joueur de football ne peut pas être détenu
par plusieurs sociétés d'investissement, soit une
société puis le club
- La société qui investit sur des joueurs est
obligée d'afficher publiquement les joueurs qu'elle détient ainsi
que les pourcentages qu'elle possède pour chacun de ses joueurs
- Un fonds d'investissement ne peut pas posséder des
droits économiques sur plus que trois joueurs par équipe
- Le consentement écrit du sportif à ce que ses
droits économiques soient partiellement cédés à un
fonds d'investissement
Cette solution intermédiaire qui serait de
réglementer la pratique des TPO de manière beaucoup plus
précise, a l'avantage d'offrir aux instances sportives une alternative
dans le cas où une interdiction formelle des TPO serait trop complexe
à mettre en oeuvre juridiquement. Cependant, cela ne résoudrait
en aucun cas, les problèmes que posent les TPO en matière de
droits de la personnalité6.
(Les droits de la personnalité sont l'ensemble des
droits fondamentaux que tout être humain possède, et qui sont
inséparables de sa personne.)
6 Les droits de personnalité sont l'ensemble
des droits fondamentaux que tout être humain possède et qui sont
inséparables de sa personne.
47
Finalement, le problème des TPO valide un
système qui est déjà existant. Le problème de base,
c'est le fonctionnement du système de transfert en général
qui ne va pas, puis ces pratiques liées à la détention des
droits économiques par des tiers viennent renforcer un problème
qui existe déjà.
« C'est pour cela qu'il ne faut pas s'attaquer qu'aux
problèmes de TPO si on veut résoudre la question, il faut
vraiment réfléchir plus généralement aux
systèmes de transfert », nous explique Raffaele Poli.
On remarque grâce à une étude du football
observatory, dirigé d'ailleurs par Raffaele Poli, que seulement 10% des
matchs de joueurs qui jouent dans les 5 grands championnats, le
Big-57 aujourd'hui ont été disputés dans un de
ces championnats à l'âge de 23 ans. Cela signifie donc que 90% des
matchs ont été disputés ailleurs.
Ceci est sûrement dû au niveau tellement
élevé de ces championnats, que les jeunes joueurs sont
obligés pour la plupart de passer par des clubs où le niveau du
championnat est plus faible afin d'être prêts de jouer dans les 5
plus grands championnats.
Une fois que l'on sait cela, il serait intéressant de
penser à un système à la fois qui comme les
compétitions internationales redistribuent les droits TV et non
seulement aux clubs participants mais aussi à tous les clubs qui ont
contribué au développement des joueurs qui finissent par jouer
dans ces grands clubs. En effet, sans le travail de ses clubs formateurs, le
joueur n'aurait pas été aussi bon et ne serait pas venu jouer
pour l'équipe qui dispute une compétition européenne.
De plus, on s'aperçoit que le système des
transferts ne favorise pas les clubs formateurs. « Nous aujourd'hui on
remarque que 67% des sommes de transferts restent dans les 5 grands
championnats alors que 90% des matchs ont été joués
ailleurs »8, nous explique Raffaele Poli.
Nous constatons donc que le système de transfert n'est
pas suffisamment redistribué. C'est à ce niveau là qu'il
faut agir, c'est à dire avoir une meilleure redistribution des
ressources que ce soit par les transferts ou par la redistribution des droits
TV des compétitions européennes.
On remarque également qu'il y a de plus en plus
d'argent en jeu dans le marché des transferts. Parallèlement, un
processus de concentration des dépenses au sommet de la pyramide
s'opère, ce qui renforce la domination des équipes les plus
riches. La corrélation entre les disponibilités
financières et les résultats s'accroît. De plus, la
redistribution par le système des transferts est relativement faible.
Elle apparaît dans tous les cas bien insuffisante pour compenser la
concentration des richesses et des investissements au plus haut niveau.
Dans une optique d'égalité et dans le souci
d'améliorer l'équilibre des compétitions, une
réflexion visant à réformer le système des
transferts dans le sens d'une plus grande solidarité semble donc plus
nécessaire que jamais. Une des options serait de faire en sorte que
chaque club par où est passé un joueur reçoive de l'argent
pour chaque transfert payant intervenant au cours de sa carrière au
prorata du nombre de matchs officiels disputés pour le club. Par
exemple, si le joueur X débute en tant que professionnel dans le club X
et il y joue 75 rencontres officielles avant d'être
transféré dans l'équipe Y, en cas de transfert payant
7 Le Big 5 représente les cinq plus grands
championnats européens qui sont l'Angleterre, l'Espagne, l'Allemagne,
l'Italie et la France
8
http://www.football-observatory.com/IMG/pdf/mr03_fra.pdf
48
vers un club Z après 25 matchs officiels avec
l'équipe Y, le club X aurait droit à 75% de l'indemnité de
transfert. Et ceci même si l'équipe Y avait déjà
versé une somme de transfert pour recruter le joueur depuis le club X.
(voir schéma ci-après)
Cette réforme permettrait de recentrer le
système de transferts vers les objectifs pour lesquels il a
été conçu, notamment la stabilité contractuelle,
les clubs obtiendraient de l'argent dans un deuxième temps même si
un joueur partait à la fin de son contrat tandis qu'ils auraient une
plus grande marge de manoeuvre dans les négociations vis-à-vis
des joueurs réduisant par ailleurs l'inflation des salaires. De plus,
cela favoriserait la formation des joueurs et donc les clubs formateurs
seraient mieux rétribués sur le plan économique dans la
mesure où ils toucheraient de l'argent lors du deuxième,
troisième, voire quatrième transfert d'un joueur, transferts
successifs qui sont généralement plus rentables.
La réforme proposée permettrait également
de lutter efficacement contre la spéculation et les « tierces
parties » dans la mesure où la somme de tout transfert payant doit
être répartie sur l'ensemble de la chaîne de clubs ayant
contribué au développement sportif des joueurs.
Ce processus encouragerait la formation des jeunes joueurs, ce
qui permettrait de moins voir apparaître les TPO et les agents influents
au premier plan du football mondial. Du coup, on verrait beaucoup moins
d'investissements sur les joueurs mais beaucoup plus sur des clubs et sur des
centres de formation parce que cela deviendrait beaucoup plus rentable. Ce
serait forcément une très bonne nouvelle pour le football que de
voir encore plus de talents sur les terrains, et l'économie du football
serait beaucoup plus saine avec on espère plus de suspense car il y
aurait moins d'écart entre les clubs. Cela résoudrait non
seulement ce problème des TPO mais aussi la spéculation non
liée au à la tierce propriété parce que les clubs
quelque part sont aussi obligés de spéculer dans la mesure
où si le joueur arrive à échéance de ce contrat le
club ne touche plus rien à part 5% du transfert mais cela reste
insuffisant alors qu'avec un tel système, si le joueur a joué
plusieurs matchs avec son club formateur, le club peut se permettre à ce
que le joueur arrive à échéance, ainsi ils pourront
toucher éventuellement de l'argent et pourquoi pas plus d'argent dans un
deuxième temps en gardant le joueur plus longtemps.
Et puis par exemple pour ceux qui veulent finalement
privatiser les gains et collectiviser les pertes c'est à dire un
investissement sur les meilleurs talents en utilisant les problèmes
financiers des clubs, la malhonnêteté de certains dirigeants, ils
devraient à ce moment-là aussi trouver des accords sur toute la
chaîne des clubs, une règle qui nécessiterait de toute
façon de renouveler avec chaque club et cela serait beaucoup moins
intéressant pour eux mais rendrait plus juste le système de
transfert.
Schéma du nouveau système9
:
Le transfert est de 10 Millions d'euros entre le club A et B
en 2014 et le joueur X est de nouveau transféré l'année
suivante vers le club C pour 20 millions d'euros. Il n'est pas logique que le
club B où le joueur a joué seulement 25 matchs réalise une
plus-value de 10 Millions d'euros en un an. Ce serait pourtant le cas
aujourd'hui, c'est pour cela que l'on peut dire que même les clubs
spéculent.
Avec ce que nous proposons le club B obtiendrait 5 Millions
d'euros et le club A 15 Millions d'euros. Avec ce système, on peut se
poser la question si le club B vendrait le joueur pour seulement 5 millions
alors qu'il l'avait acheté 10 millions il y a un an.
La stabilité contractuelle serait de nouveau mise en
oeuvre et les agents ne pourraient plus transférer les joueurs à
la chaîne à chaque mercato, car les clubs ne seraient pas d'accord
de perdre de l'argent et des joueurs.
L'exemple le plus récent est celui de Di Maria, qui est
resté seulement un an a Manchester United en jouant très peu de
matchs, on peut penser que Manchester United ne l'aurait pas vendu au PSG s'il
avait encaissé seulement 5 millions d'euros, sachant qu'il l'a
acheté 75 Millions d'euros il y a un an.
49
9
http://www.football-observatory.com/IMG/pdf/mr03_fra.pdf
50
2.4. Limites de l'étude et difficultés
rencontrées
Si cette étude a permis de présenter une vision
assez complète du système de la tierce propriété
des joueurs de football, il n'en demeure pas moins que la portée de ce
travail aurait pu être étendue.
Tout d'abord, seuls quelques spécialistes, qui
s'intéressent à ce sujet ont pu être interrogés. Il
a été difficile de réaliser plus d'entretiens, en raison
de l'opacité de cette pratique, peu de personnes engagées
directement dans cette pratique veulent en parler. À l'image d'Anthony
Costard, fondateur d'un fonds d'investissement luxembourgeois « Fairplay
Capital » qui après l'avoir eu au téléphone et pris
rendez-vous téléphoniquement ne m'a plus jamais répondu.
Ainsi seuls, des personnes qui n'ont rien à voir avec ces fonds plus ou
moins cachés ont pu être rencontrées.
Il aurait été intéressant
d'élargir la portée des entretiens et de viser des agents, des
présidents de clubs mais aussi des tierces parties, voire même des
joueurs appartenant à des fonds. Un plus grand nombre d'entretiens
semi-directifs aurait sans doute permis de recueillir des données
supplémentaires et donc d'aller plus loin dans l'analyse
réalisée. En effet, chaque partie prenante évolue dans un
contexte différent avec des objectifs différents et un panel plus
«élargi aurait donc permis détendre les résultats et
d `affiner les conclusions.
La portée de l'étude est également
limitée par le fait qu'il existe très peu de littérature
à propos des tierces parties dans le football et les conséquences
que cela impliquent pour les clubs, pour les joueurs, mais également en
termes de transferts qui ne font qu'augmenter depuis quelques années. Le
cadrage théorique a donc été réalisé par des
lectures variées sur des sujets plus globaux comme les transferts des
joueurs de football, les agents de joueurs et bien sûr les fonds
d'investissement dans le football moderne.
Enfin, il aurait été sans doute
intéressant et pertinent de rencontrer un plus grand nombre d'experts
sur les sujets des TPO, de la viabilité de cette pratique ou encore sur
ces agents influents qui font partis de ce système afin de collecter des
renseignements supplémentaires qui auraient encore affiné la
portée de l'étude.
51
CONCLUSION
Au terme de cette étude, une finalité peut
être donnée au regard de la problématique de ce travail et
des trois principales hypothèses formulées. La tierce
propriété dans le football est un nouveau mode de financement
pour les clubs qui peut même être viable si cela est bien
géré mais à condition que celle-ci soit
réglementée de manière stricte. Ceci s'explique par
l'importance des investisseurs tiers dans les pays d'Amérique du Sud et
même par les pays de la péninsule ibérique où
certains clubs en sont dépendants. Cette première
hypothèse qui consistait à dire que les clubs peuvent avoir de
bons joueurs malgré leur faible moyen est totalement validée car
c'est notamment le but des clubs d'utiliser les TPO. Les clubs portugais
utilisant cette pratique ne pourrait plus rivaliser avec les clubs anglais,
allemands ou même français, ils connaîtraient le même
sort que les Belges ou les Néerlandais.
Cependant, cela peut représenter une menace pour la
liberté des joueurs de football et l'intégrité des
compétitions et une forte dépendance pour certains clubs. Ceci
est notre deuxième hypothèse, on a bien remarqué que les
TPO peuvent représenter une menace pour le football en
général. En effet, certains joueurs ne sont plus maîtres de
leur carrière et sont transférés chaque année afin
d'enrichir des personnes dont on ignore leur identité et de ce qu'ils
vont faire avec cet argent.
En revanche, il est impossible de valider la dernière
hypothèse qui consiste à dire que c'est la seule façon
pour les petits clubs de pouvoir rivaliser avec les plus gros clubs
européens. On a pu voir tout d'abord que malgré l'interdiction,
d'autres moyens ont été trouvés afin de contourner cette
interdiction mais que par ailleurs il y avait des moyens plus sains de
rivaliser. La formation en est un, certains clubs portugais ont
anticipé, si la décision reste formelle d'interdire la TPO dans
le monde, en poussant les feux sur la formation. Comme un joueur
confirmé coûte trop cher pour ces clubs portugais, les clubs ont
pris le parti de miser sur la formation. L'idée est de former des
joueurs étrangers, ce qui coûte moins cher, et ensuite
d'externaliser en partie cette formation.
Outre ces trois hypothèses, l'étude a permis
d'apporter des préconisations supplémentaires. C'est ainsi que
les différents entretiens réalisés ont montré que
ce n'était pas forcement la meilleure solution d'éradiquer les
TPO comme la FIFA l'a annoncé il y a quelques mois.
En effet, on peut se poser la question si interdire les TPO
est la meilleure solution lorsqu'on sait qu'ils ont déjà d'autres
moyens tout aussi opaques de contourner cette règle. Il serait donc
mieux de réguler cette pratique qui n'a véritablement jamais
été régulée. D'où les préconisations
que l'on a évoquées, que ce soit le plus transparent possible
pour les clubs, pour les joueurs et surtout pour la FIFA. Comme cela fut
évoqué précédemment, avec les limites de cette
étude, notamment en ce qui concerne le nombre de personnes
rencontrées au sein de ces sociétés d'investissement
constituent une piste d'amélioration, Il serait ainsi pertinent
d'effectuer une étude complémentaire pour affiner les
résultats et les conclusions. Enfin, la validation des deux
premières hypothèses montrent bien que ce sujet sépare en
deux catégories les personnes, il y a ceux qui pensent que les TPO sont
néfastes pour le football, et ceux qui pensent que ce n'est pas mauvais
et que c'est un moyen de financement comme un autre. Après cette
étude, nous pouvons faire le constat que sans réglementation de
la pratique, celle-ci peut être dangereuse pour le football, maintenant
en la réglementant, ou en règlementant le système des
transferts en général, nous pensons que les TPO pourraient
être un mode de financement durable.
Pour faire bloc sous l'assaut, la Ligue portugaise s'est
alliée à la Liga espagnole, autre paradis de la TPO. Et pour
porter plainte auprès de la Commission européenne, les
52
contestataires de la péninsule Ibérique ont
choisi l'avocat belge Jean-Louis Dupont, à l'origine, en 1995, de
l'arrêt Bosman sur la libre circulation des joueurs. Une
interprétation des règles de la concurrence et de la circulation
des capitaux qui annonce une longue bataille. Pour l'instant la circulaire
n° 246410 de la FIFA est une mauvaise nouvelle de plus pour la
Liga et la Liga Sagres, déjà affaiblie indirectement par le
fair-play financier. On peut parler de double voire de triple peine. En effet,
les clubs comme Chelsea, le Real Madrid, le Barça qui achetaient
très cher des joueurs du championnat portugais sont désormais
contraints par les règles du fair-play financier. Avec la fin de la TPO,
ce n'est plus seulement la capacité de vendre, mais aussi d'acheter les
joueurs dans de meilleures conditions financières qui va
disparaître. Ces deux restrictions arrivent aussi au pire moment pour les
clubs portugais et espagnols, dans un contexte de crise économique
généralisée qui pèse fortement sur les ressources
des grands mais surtout des petits clubs.
Il serait intéressant de refaire cette étude
dans les années à venir, on verrait comment les clubs s'en
sortent sans les TPO si celle-ci a été réellement
interdite, ou quelles sont les régulations mises en place par la FIFA
afin que cette pratique soit transparente, si jamais cette dernière n'a
pas été interdite.
10
http://resources.fifa.com/mm/document/affederation/administration/02/49/57/42/tpocircular1464_fr_fr
ench.pdf
53
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http://www.revuedufoot.com/tpo-quest-ce-donc/,
[03/05/2015].
ANNEXES
55
SOMMAIRE DES ANNEXES
56
GUIDES D'ENTRETIEN
Annexe 1 : Guide d'entretien Experts dans
l'économie du football
Annexe 2 : Guide d'entretien Experts sur le sujet des tierces
parties dans le football
ENTRETIENS EXPLORATOIRES
(Spécialistes)
Annexe 3 : Monsieur Bastien Drut, Économiste du sport et
auteur du livre « L'économie du football professionnel
»
Annexe 4 : Monsieur Martin Boudot, journaliste et auteur d'une
émission sur France 2 « Foot Business : enquête sur une
omerta »
Annexe 5 : Madame Marie-Hélène Patry, responsable
juridique de l'UCPF
ENTRETIENS CIBLES (experts)
Annexe 6 : Monsieur Jean-François Brocard, chercheur au
CDES de Limoges et auteur d'une étude sur le sujet des TPO
mandaté par la FIFA
Annexe 7 : Monsieur Jean-Marc Benammar, Professeur à
l'Université Paris 8, s'est prononcé sur ce sujet et pense que
lui au contraire que les TPO sont bons pour le football
Annexe 8 : Monsieur, Raffaele Poli, directeur de l'observatoire
de football au CIES de Neuchâtel
Annexe 9 : Monsieur Shervine Nafissi-Azar, doctorant en droit et
auteur d'une thèse sur les TPO d'un point de vue juridique
57
GUIDES D'ENTRETIENS
4 ANNEXE 1
Guide d'entretien Experts dans l'économie du
football
Thème
|
Question
|
Relance
|
Contexte
|
- Que pensez-vous des TPO ?
|
|
La situation des TPO d'un point de vue juridique
|
- La FIFA a depuis le 1er mai 2015 interdit
les TPO partout dans le monde, alors que le fonds
d'investissement Doyen Sports et la LFP espagnol ont porté plainte.
Pensez-vous que la FIFA peut réellement interdire cette pratique ?
- Finalement même quand on dit que
c'est interdit, il est toujours possible d'investir ?
|
Pourquoi aucun fonds d'investissement n'a investi en France ?
Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
|
Hypothèse 1 : Les clubs
achètent des jeunes joueurs talentueux sans pour autant
risquer leur argent
|
- Quels types de clubs ont recours à cette
pratique ?
- Quel est l'intérêt pour les clubs ?
- Quel est l'intérêt pour les
sociétés
d'investissement ?
- Pensez-vous que cela est mode de
financement viable ?
|
Clubs endettés ?
|
Hypothèse 2 :
Les TPO
représente une menacent pour les
clubs et pour le football en général
|
- Est-ce que cela représente une menace
pour les clubs si ces derniers abusent de cette pratique ?
- Comme le pense Platini, pensez-vous
que ce système met en péril l'économie
des clubs de football ?
- Quand vous dites conflits d'intérêts,
vous pensez aux truquages de matchs ?
- Ne pensez-vous pas que cela est
néfaste pour le football, le fait de considérer
les joueurs comme des actifs financiers ?
- Si cela venait à être supprimé,
|
Quelle menace ?
Quels types de conflits ?
C'est la vision des gens en général
|
|
58
|
beaucoup de clubs feraient faillites ?
|
|
Hypothèse 3 :
|
|
|
|
- Connaissez vous Fairplay capital ?
|
|
Une façon pour les plus petits clubs de
|
- Justement Fairplay Capital se considère
|
|
rivaliser avec les
|
plus comme une banque qui aide les
|
|
gros clubs
|
clubs à acheter des joueurs plutôt
|
|
européens
|
qu'une tierce partie
|
|
|
|
Des gens comme vous et
|
|
- Qui se cache réellement derrière ces
sociétés opaques ?
|
moi ?
|
|
- Le but de ces fonds d'investissements
est seulement de gagner de l'argent ?
|
|
Conclusion
|
- Ne pensez-vous pas que même avec
cette interdiction, les fonds
d'investissements arriveront toujours pas trouvé une
solution pour investir ?
|
|
|
|
Si oui, quels conseils
|
|
- Quels seraient les aménagements à
faire par exemple ?
|
donneriez-vous ?
|
|
4 59
ANNEXE 2
Guide d'entretien Experts sur le sujet des tierces
parties dans le football
Thème
|
Question
|
Relance
|
Contexte
|
- Que pensez-vous des TPO ?
|
|
La situation des TPO d'un point de vue juridique
|
- Pourquoi cela a toujours été interdit en
France ?
- La FIFA a depuis le 1er mai 2015 interdit les
TPO partout dans le monde, alors que le fonds d'investissement
Doyen Sports et la LFP espagnol ont porté plainte. Pensez- vous que la
FIFA peut réellement interdire cette pratique ?
- Connaissez-vous FairPlay Capital ?
|
Pourquoi aucun fonds d'investissement n'a investi en France ?
Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
Quelle est la différence avec les TPO « classique
» ?
|
Hypothèse 1 : Les
clubs achètent des jeunes joueurs talentueux sans
pour autant risquer leur argent
|
- Quels types de clubs ont recours à cette
pratique ?
- Quel est l'intérêt pour les clubs ?
- Quel est l'intérêt pour les
sociétés
d'investissement ?
- Pensez-vous que cela est mode de
financement viable ?
|
Clubs endettés ?
|
Hypothèse 2 :
Les TPO représentent une menace pour les
clubs et pour le football en général
|
- Est-ce que cela représente une menace
pour les clubs si ces derniers abusent de cette pratique ?
- Comme le pense Platini, pensez-vous que
cette pratique est dangereuse pour l'intégrité des
compétitions ?
- Les TPO peuvent-elles poser des
problèmes de conflits d'intérêts ?
- Ne pensez-vous pas que cela est néfaste
pour le football, le fait de considérer les
joueurs comme des actifs financiers ?
- Les TPO ont-ils un impact sur la carrière
des joueurs ? Est-ce vraiment lui qui choisit d'être
transféré chaque année ?
|
Quelle menace ?
Quels types de conflits ?
C'est la vision des gens en général
Falcao, qui change de club tous les ans
|
|
60
|
|
|
Hypothèse 3 :
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- Depuis l'interdiction, Doyen Sports continue
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Si oui, quelle serait la
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d'investir, notamment sur Imbula (transfert
|
nouvelle stratégie pour
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Une façon pour
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de l'OM vers le FC Porto), est-ce la même
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contourner cette
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les plus petits
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pratique qu'auparavant ou ont-ils du
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interdiction ?
|
clubs de
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changer de stratégie en vue de cette
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rivaliser avec les gros clubs européens
|
interdiction ?
- Est-ce le seul moyen pour les petits clubs
de rivaliser avec les plus gros ?
|
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- Pensez-vous que sans les TPO l'Atlético
|
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Madrid n'aurait pas gagné la Liga en 2014 ?
|
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Conclusion
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- Ne pensez-vous pas que même avec cette
interdiction, les fonds d'investissements arriveront toujours
par trouvé une solution pour investir ?
|
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Si oui, quels conseils
|
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- Le mieux finalement pour tout le monde, ne
serait-il pas de réguler cette pratique ?
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donneriez-vous ?
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61
ENTRETIENS EXPLORATOIRES
(Spécialistes)
4 ANNEXE 3
Bastien Drut,
Économiste du sport et auteur du livre
« L'économie du football professionnel
»
Entretien réalisé le 17 décembre 2014, 48
minutes en face à face
Marco Rennella : Bonjour Mr Drut, je dois
réaliser un mémoire pour la fin de mon Master 2, j'avais
pensé à le faire sur les fonds d'investissement dans le football,
qu'en pensez-vous ?
Bastien Drut : Si jamais tu fais ce
mémoire là, il est intéressant de voir le point de vue des
différentes parties prenantes, du point de vue des clubs tu peux
vraiment relier les problèmes de financement, tu peux faire une
1ère section (5-10 pages) sur « pourquoi les clubs font
cela ? ». Les clubs portugais et espagnols font cela de façon
très intensives car ils sont à la ramasse financièrement,
ils sont endettés, leur dette est monstrueuse et du coup ils sont
obligés de récupérer de l'argent à court terme en
vendant les droits futurs des joueurs, donc tu peux avoir une partie
intéressante c'est de dire pourquoi les clubs font cela.
Tu peux faire une 2ème section sur «
Pourquoi les fonds d'investissement font cela ? »
Les Fonds d'investissement généralement
investissent sur des actifs beaucoup plus traditionnels comme les actions et
les obligations d'État et d'entreprises, je pense que tu peux te poser
la question de l'intérêt d'un investisseur, cela peut être
d'avoir des rendements financiers qui soient décorélés des
autres actifs, évidemment l'intérêt c'est d'avoir un
rendement mais dans un investissement financier et dans un investissement sur
un joueur tu n'a jamais un rendement qui est certain donc tu prends un certain
montant de risque. Tu investis sur les actions, obligations d'entreprise
obligations d'État tu as une graduation dans le risque mais le principe
le plus important dans la gestion du portefeuille est la diversification du
risque. Moi par exemple je prends un certain montant de risque sur les actions,
sur les obligations d'entreprise, sur l'immobilier, sur pleins de choses, ce
qui est important c'est de diversifier ces investissements et donc dans ce
point de vue la, par rapport aux actifs traditionnels tu amènes encore
plus de diversification possible parce que le fait d'avoir investit sur un
joueur, cette prise de risque est complètement decorélée
du CAC 40 ou de l'Euro Stoxx 50, et plus besoin de se demander s' ils vont
faire une belle performance l'année prochaine.
Donc là, tu amènes une diversification
supplémentaire, donc je pense que cela, est quelque chose qui est
intéressant à apporter pour toi dans ta 2ème
section « Pourquoi les fonds d'investissement font cela ? »
Tu peux mentionner l'émission d'Elyse Lucet «
Cash investigation ».
Tu peux vraiment le mentionner explicitement, c'est vraiment
très fort le fait que Mangala ne savait même pas que le fonds
Doyen Sports investisse sur lui. Robi Plus, lui c'était dès le
départ et compris dans la transaction lorsqu'il est arrivé du
Standard de Liège. Pour tes recherches à toi, ce qu'il va falloir
que tu fasses comme le FC Porto est coté en bourse les rapports
financiers annuels sont en accès libres sur le site du FC Porto je pense
que toi tu as un boulevard devant toi tu as Mangala mais aussi d'autres joueurs
achetés par ce fonds
62
Doyen, donc toi tu peux faire pas mal de choses la dessus, tu
peux illustrer facilement que ce soit pour Benfica, pour Porto, tous les clubs
qui sont cotés en bourse.
MR : La personne qui gère doyen
Sports a dit qu'il allait faire cela en France l'année prochaine
normalement alors que c'est interdit.
BD : Après je pense que s'il se
produit cela il va y avoir des problèmes quelque part.
Moi je pense que tu peux réussir à faire un
mémoire sur les fonds d'investissement mais il va falloir parler de pas
mal de petits sujets différents, d'agglomérer pleins de petits
sujets différents comme je viens de le faire et prendre des cas
concrets, par exemple tu peux faire un cas d'étude sur Mangala, en
faisant quelque chose de très détaillé du standard de
liège jusqu'à Manchester City. À quel moment Robi Plus est
intervenu, à quel moment Doyen à acheter des parts
économiques. Il faudra parler de l'émission cash investigation,
si tu arrives à faire cela, je pense que tu peux faire ton
mémoire la dessus.
Donc, on a dit le point de vue des clubs, le point de vue des
fonds d'investissement, on a fait l'exemple sur Mangala, après il faudra
parler de la législation en France, dans les autres pays, ce que dit la
loi exacte. Tu as déjà tout cela à faire et montrer
l'importance du phénomène dans les autres pays, l'ampleur que
cela a pris en Espagne au Portugal en Amérique du sud, je pense que
c'est très important et après tu as une partie évidemment
où tu dois montrer les risques, les dérives, les
problèmes.
Ne pas oublier de mentionner les conflits
d'intérêt car si un fond d'investissement possède des
joueurs dans chaque camp, forcément la tentation de truquer les matchs
est grande.
Je pense qu'avec tout ce que l'on vient de mentionner il y a
moyen de faire quelque chose d'intéressant.
Je ne te cache pas que tu vas être obliger de tenir tes
60 pages et de faire quelque chose de très bonne qualité, de
détailler car avec ce sujet ils t'attendent au tournant mais c'est un
bon challenge.
Parce que tout le monde fait la même chose, le nombre
d'étudiant qui sont venus me voir pour le fair-play financier c'est
déjà trop tard, fallait le faire en 2010 donc je pense que pour
toi c'est carrément possible.
Je pense que déjà le moyen de contourner le
manque d'informations c'est daller sur le site de doyen sport, j'y suis
allé il n'y a pas longtemps, tu vois le porte feuille des joueurs et
ensuite tu vas sur les comptes rendus financiers, Entertainment annual reports
ou des trucs comme cela tu vas sur ces sites là, sur ces PDF et tu vas
avoir déjà pas mal d'informations, des choses qui sont, entre
nous, utilisés par personne et là je pense que tu vas avoir des
informations que personne utilisent donc c'est une bonne chose.
Franchement, cela ne m'arrive pas souvent de dire ça
à un étudiant mais ce sujet là m'intéresse vraiment
beaucoup et je suis prêt à t'aider ponctuellement, je ne te dis
pas que j'aurais beaucoup de temps mais tu vois à construire le truc
avec toi.
Quand t'auras pas mal avancer dessus on pourra se revoir.
MR : Pensez-vous qu'il faut que je contacte le
CDES limoges à contacter ?
BD : Je ne suis pas sûr que cela te
serve à quelques chose de contacter le CDES de Limoges, Didier Primault
qui est quelqu'un de très bien je le connais mais le problème
c'est que c'est un centre qui officiellement fait de la recherche et qui en
même temps est conseillé des Ligues. Tu vois que tu as un conflit
d'intérêt qui est assez important si bien que si tu fais des
recherches et qu'à un moment tu arrives à dire que les ligues
font n'importent quoi ben il
63
ne peuvent pas vraiment le dire parce qu'en même temps
ils sont conseillés des ligues et le problème de la recherche
c'est qu'ils n'écrivent quasiment rien mais je pense que Didier Primault
aura quand même des choses à te dire à l'oral. Donc essaie
quand même cela sera toujours bien d'avoir son avis.
Sinon ce que tu peux peut être faire, car j'ai assister
à une présentation de l'UCPF il y a 3 semaines ils ont fait un
rapport sur le déclassement des clubs français par rapport
à l'Europe présenté notamment par Philippe Dialo qui est
le secrétaire général de l'UCPF qui est en dessous de Mr
Louvel, président du Havre et de l'UCPF et nous a montré des
slides sur les TPO et eux ils disaient que ce n'était pas juste car ils
ne pouvait pas profiter du TPO en France.
Je pense que l'UCPF serait pour l'arrivée des TPO,
donc ce qui serait intéressant c'est de les contacter pour recueillir
leur sentiment par rapport à cela.
Ce que tu peux faire aussi c'est de faire une section
au-delà du pour et du contre sur les aménagements qu'on pourrait
apporter à ce système pour qui soit potentiellement viable et
acceptable, une section que tu mettrais plutôt vers la fin. Par exemple
tu pourrais faire une section ou tu dirais on a vu qu'il y avait tels
inconvénients tels avantages que finalement si on ferait un petit
changement ou qu'on oblige par exemple ce que toutes les transactions soient
transparentes publiées communiquées et que tu as un
système de 51% obligatoire de détention par les clubs, apporter
des préconisations.
MR : Est-il possible d'interdire les TPO comme
le voudrait la FIFA
BD : Cela semble compliquer d'interdire
parce que cela fait intervenir la législation du marché du
travail de pleins de pays de différents et de continents
différents, du coup quand tu veux avoir un impact dans la
législation du travail dans chaque pays c'est super compliqué.
4 64
ANNEXE 4
Monsieur Martin Boudot,
Journaliste et auteur d'une émission sur
France 2 « Foot Business : enquête sur une omerta
»
Entretien réalisé le 20 janvier 2015, 30 minutes
par téléphone
Marco Rennella : Bonjour Mr Boudot, pensez-vous qu'il
est possible de faire un mémoire sur les TPO ?
Martin Boudot : Nous avons reçu la
nouvelle règlementation FIFA sur les TPO. Il est possible de faire un
mémoire là-dessus mais il faut prendre en considération
cette loi FIFA qui va intervenir le 1er mai 2015. Cela sera peut
être repoussé. Après il y a de quoi faire. Expliquez
comment les TPO sont arrivés dans le foot, comment cela est monté
au maximum dans les années 2010 et comment cela a été
interdit et pourquoi ?
MR : Ils disent que c'est interdit, mais au final ne
vont-ils pas trouver un autre système pour persévérer
là-dedans ?
MB : Le fait qu'un club ait des capitaux
ouverts à des entreprises cela est beaucoup plus normal car on est sur
des personnes morales et non physiques. Donc, un club qui détient un
investisseur n'est pas un souci. Exemple : Lyon qui est coté en bourse
est de ce fait tenu par plusieurs centaines de propriétaires donc cela
n'est plus vraiment un problème pour le football, le problème est
qu'un joueur soit détenu par des entreprises privés qui n'ont
rien à voir avec le football.
MR : Certaines personnes pensent que cela ne va pas
être supprimé, et que si jamais c'était le cas, les fonds
d'investissement rentreront directement dans le capital des clubs, qu'en
pensez-vous ?
MB : Le PSG est tenu par le Qatar qui est un
fonds d'investissement, Manchester United aussi, donc les fonds
d'investissement il y en aura toujours.
Mais vaut mieux se poser d'autres questions comme : est-ce
qu'une entreprise à le droit d'avoir un morceau de joueur ? Plusieurs
joueurs de clubs différents ? Et nous on a réussi à faire
avancer le débat notamment avec la FIFA. Le fonds d'investissement veut
tout et rien dire. Il faut faire attention de quel fonds d'investissement on
parle.
Le sujet est un peu tardif, mais des pays comme l'Espagne,
l'Italie, le Brésil vont essayer de faire du lobbying pour que la date
du 1er mai soit retardée. Mais si vous pensez que cela vaut vraiment le
coup, et savoir pourquoi cela a été interdit, alors pourquoi
pas.
MR : Pourquoi en France, les TPO ont toujours
été interdits ?
MB : Cela a toujours été interdit en France car
le code du travail français est plus strict que dans les autres pays et
il est interdit que les droits fédératifs d'une personne soient
détenus par plusieurs propriétaires. Monaco a dû racheter
les droits économiques de Kondogbia à Doyen sports, le jour
où les joueurs sont transférés dans un pays où
c'est interdit le club doit
65
acheter tous les doits économiques du joueur. C'est
pour cela que Mangala a coûté aussi cher quand il a
été acheté par Manchester City car il fallait payer trois
propriétaires différents.
MR : Est-ce vraiment rentable pour ces fonds
d'investissement de miser sur des joueurs de football ?
MB : Niveau rentabilité, c'est
plutôt « bankable » car la mise de départ est faible en
revanche le retour sur investissement est plutôt intéressant, donc
c'est assez gagnant. Mais il y a toujours un risque tout de même. Mais on
voit que sur les dernières années le retour sur investissement
est souvent au-delà de 100%. (Falcao)
Souvent l'investissement se fait sur de jeunes joueurs avec
des mises assez faibles, donc cela peut rapporter très gros.
MR : Avez-vous des documents ou des sources à me
conseiller ?
MB : Concernant les sources, regardez ce que
fait David Conn il travaille au Guardian en Angleterre ». Après
j'ai quelques trucs mais rien d'exclusif, je peux vous envoyer le texte de la
FIFA. Après regardez le magazine So Foot et l'article sur Jorge
Mendes.
4 66
ANNEXE 5
Madame Marie-Hélène
Patry,
Responsable juridique de l'UCPF
Entretien réalisé le 23 janvier, 35 minutes par
téléphone
Marco Rennella : Bonjour Madame Patry, je pense faire
un mémoire sur les TPO, et j'aimerais avoir votre point de vue juridique
sur le sujet. Pourquoi les TPO sont interdits en France ? Quelle loi interdit
cela ?
Marie-Hélène Patry : Non c'est
une règlementation purement footballistique, puisque ce sont des
règlements de la ligue de football professionnel. C'est une
activité qui est propre au foot, et non aux autres sports où il
n'y pas d'indemnité de transfert. Donc c'est lié au fait qu'il y
ait un transfert dans le foot avec des indemnités qui remplacent la
perte du joueur. C'est l'article 221 du règlement administrative de la
LFP qui l'interdit.
MR : C'est la Ligue qui l'a décidé, et non
le code du travail en général alors ?
MHP : Ah non du tout, c'est proprement
lié au football, c'est une règlementation
franco-française, sachant que la FIFA disait avant l'interdiction du
1er Mai qu'un tiers ne pouvait détenir des droits sur un
joueur que dans la mesure ou il n'y avait pas d'influence sur le club. En
France on avait restreint la capacité ou du moins la possibilité
qu'un tiers ait des droits économiques sur un joueur.
MR : L'UCPF représente les clubs
français professionnel, est-ce que vous savez s'ils sont pour ou contre
l'arrivée de cette pratique en France ?
MHP : Écoutez nous on avait pris une
position officielle qui était de dire qu'on attendait de voir le sens
des reformes envisagées car a la FIFA réfléchit sur la
question des TPO depuis deux, trois ans, et que l'UEFA est farouchement contre,
et du coup comme la France a interdit cette pratique, on ne s'est pas vraiment
posée la question de savoir si l'on était pour ou contre vu que
cela était interdit. La question réellement est de savoir si
cette loi FIFA va s'appliquer et va supprimer ce mécanisme des TPO qui
dans l'absolue fait vivre une partie de l'économie du football. Comment
les clubs d'Amérique du Sud et du Portugal vont-ils faire vivre leur
modèle économique de football sans le TPO, c'est une vraie
question à laquelle on n'a pas de réponse aujourd'hui. Ces pays
là ne réagissent pas beaucoup à cette
réglementation qui est censée bousculer leur système
économique. C'est sur que les pays qui ne le pratiquent pas comme la
France sont pénalisés si on raisonne purement économique
car ce sont des sources de financement que l'on ne peut pas aller chercher.
MR : On peut se poser la question tout de même
si cette loi va réellement être appliquée ?
MHP : Oui ce qui est étonnant,
surtout dans le monde du football, car cette interdiction ne crée pas de
raz de marée, dans ces pays, on peut imaginer l'idée d'une
certaine tolérance,
67
assouplissement de garder le système du passé.
Nous pour le coup on s'interroge sur le peu de porté de cette
règlementation qui est censé bouleverser l'économie.
MR : On a vu qu'au classement UEFA, Le Portugal est
passé devant la France, et donc peut-être que cette pratique y est
pour quelque chose ?
MHP : Toute source de financement pour nos
concurrents directs et qui n'est pas possible pour nous, est un obstacle en
matière de concurrence.
MR : Vous savez quel est l'inconvénient de
cette pratique pour les clubs ? Eux ils disent que cela peut ruiner un club sur
le long terme, pensez-vous cela ?
MHP : Je pense que les enjeux des TPO se
situent plus dans la nature des fonds car il faut qu'il y ait une transparence
qui permet de remonter à l'actionnaire ou l'investisseur ultime et qu'on
puisse retracer la nature des fonds. Il faut s'assurer qu'il n'y ait pas de
fonds qui viendraient d'activités illicites. Et aussi, le grand enjeux
est l'équité des compétitions, car si ce n'est pas bien
règlementer et pas transparent, on peut se retrouver dans un
système ou l'investisseur investit dans plusieurs clubs, à
l'intérieur de même championnat et cela peut créer des
conflits d'intérêts, donc tout dépend du pouvoir qu'on
donne à la personne qui détient les droits au titre des TPO. Tout
tourne autour de l'influence, s'il a investit en contre partie de pouvoir dire
oui ou non a un transfert alors oui il y a une influence directe sur la
politique du club donc là les TPO ne peuvent pas fonctionner. On se
retrouve directement avec un tiers qui contrôle une compétition.
Si vous avez un tiers de type bancaire qui donne de l'argent pour acheter des
joueurs mais en contre partie n'a que les remboursements et les
intérêts comme un intérêt bancaire, ou une plus-value
sur le transfert futur, ce n'est pas du tout dans la même
problématique.
MR : Je ne sais pas si vous savez mais c'est le
nouveau fonds d'investissement luxembourgeois qui veut faire cela en
France.
MHP : Les TPO en soit n'est pas très
dangereux si il n'y a pas cette problématique de conflits
d'intérêts et d'influence sur la politique de transfert des clubs.
Si c'est un moyen de financer une partie des acquisitions d'un club on n'est
pas loin d'un financement de type bancaire.
MR : J'ai vu un reportage sur le fonds
d'investissement luxembourgeois, où le président de la LFP,
Frédéric Thiriez n'aurait pas dit non à ce système
qu'on a évoqué.
MHP : Après il faut regarder si cela
rentre dans la règlementation du 1er mai 2015, et en principe
cela va être plus compliqué de faire entrer un tiers dans une
opération lié à un transfert de joueur.
MR : Sinon il y a le PDG, de Doyen Sports, qui a
annoncé qu'il investirait en France l'année prochaine, vous
pensez que c'est possible un jour de voir ce système dans le championnat
français ?
MHP : En France un club peut acheter des
droits économiques seulement à un autre club, c`est sur,
après si le club auprès duquel il achète le joueur ne
détient qu'une partie des
68
droits, alors le club achètera qu'une partie des
droits, et le club français ne sera pas alors confronté à
la tiers partie.
MR : Sinon j'ai lu un article, et quelqu'un a dit :
interdire la tiers partie serait contraire au droits européens et la
liberté d'entreprise, vous en pensez quoi vous ?
MHP : Oui alors après, les principes
des droits européens s'appliquent à l'économie du football
et on la vu avec l'arrêt Bosman. Maintenant on a aussi l'union
européenne qui reconnaît aussi la spécificité de
l'activité sportive donc peut-être que si l'interdiction des TPO
est modifiée par des raisons d'ordres publiques de type
équité des championnats, éthique sportif, je ne sais pas
si l'on ne peut pas trouver un argument qui montre que ce n'est pas une entrave
à la liberté d'entreprendre, il y a matière à
discuter là-dessus, ces problématiques européennes on les
retrouvent sur pleins de dossiers qui sont un peu particuliers parce que c'est
lié a notre activité très particulière
encadrée par des instances qui établissent des règlements
qui sont exorbitants de règles qu'on aurait en droits communs ou
européens, donc on est toujours confronté à cela dans les
transferts. Moi je serais intéressé par l'argumentaire, du
coté des gens qui veulent l'interdire, il y a de quoi trouver un
argumentaire. Ont-ils le droit de l'interdire ? Le principe des droits
européens s'applique au football, il y a vraiment matière
à discuter là dessus et il y a des arguments pour les 2 cas.
MR : LA FIFA a annoncé l'interdiction de cette
pratique qui rentre en vigueur en mai 2015, mais pourquoi ont-ils mis autant de
temps avant d'interdire cette pratique car cela fait deux, trois ans qu'ils y
réfléchissent ?
MHP : Encore une fois c'est une bombe
atomique du coté de la FIFA c'est a dire que vous remettez en cause
l'économie du football d'Amérique du sud, et du Portugal, qui
sont aujourd'hui des championnats magnifiques, avec des pays qui
développent énormément de talents et dans lesquels vous
n'avez pas forcement à l'intérieur du football de l'argent qui
vous permettent de vivre autrement que par l'intermédiaire des
transferts donc en interdisant les TPO vous mettez un contient du football en
péril. Nous si on résonne en franco-français, voilà
on veut l'interdire, au niveau de l'UEFA on aimerait bien avoir pu l'interdire,
alors que certains pays le font de façon courantes comme le Portugal.
Alors la FIFA doit contenter les intérêts de toutes
confédérations, et en Amérique du sud c'est une mesure qui
n'est pas acceptable.
MR : Je pensais que cela avait mis du temps car la
loi devait rentrer dans la législation du marché du travail dans
plusieurs pays et continents.
MHP : Non pas du tout, parce que les
circulaires Fifa en elles-mêmes ne sont pas au dessus des États,
elle n'a pas le pouvoir d'éditer une règle qui va s'appliquer
dans la législation qui va obliger le législateur à
modifier ses textes. Ce qui va se passer c'est que son pouvoir à elle,
est de demander aux fédérations nationales de mettre leurs textes
en conformités. C'est après aux fédérations
nationales de se mettre en conformité et c'est bien pour cela que ces
textes sont contestés et contestables notamment devant les instances
européennes parce que la FIFA en elle-même n'a pas le pouvoir de
règlementer les activités économiques y compris le
football et dans les pays de l'union européennes.
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ENTRETIENS CIBLES (experts)
4 ANNEXE 6
Monsieur Jean-François Brocard, Chercheur au
CDES de Limoges
Et auteur d'une étude sur le sujet les TPO
mandaté par la FIFA
Entretien réalisé le 10 Mars 2015, 40 minutes par
téléphone
Marco Rennella : Bonjour Mr Brocard, j'ai
décidé de réaliser mon mémoire sur les TPO,
pensez-vous que c'est possible ?
Jean-François Brocard : Je pense que
c'est possible de réaliser un mémoire de 50-60 pages sur ce
sujet, après la difficulté principale va être de trouver
des sources d'informations car il n'y en a pas tant que cela finalement de
disponible
évidemment. il y a 2
études qui existent et qui ont été commandées par
la FIFA, mais ne sont pas disponibles, la Fifa est propriétaire de ces
études et elle a décidé de ne pas les communiquer. En
particulier celle que moi j'ai réalisée avec mon collègue
Didier Primault pour la FIFA, on ne peut pas l'utiliser facilement car on n'est
pas propriétaire des données. Donc cela va être la
difficulté principale, il y a des choses qui existent mais qui ne sont
pas publiques, après même dans les choses publiques il y a selon
moi suffisamment de données pour faire un mémoire, pour
problématiser dans un premier temps avec de la description de ce que
c'est, il y a quand même des choses.
MR : C'est vrai, moi j'avais trouvé une
étude sur les TPO, réalisée par KPMG.
JFB : KPMG qui a fait une étude sur
les TPO mais ce n'est pas une étude FIFA, elle a été
commandée par l'association des grands clubs européen donc c'est
une étude qui a été faite avant, carrément
concurrente de la notre vu qu'elle a été faite pour un autre
tiers.
Elle est très bien formaliser mais quand on
connaît bien le sujet sur le fond ils ne sont pas aller bien loin.
La problématique de ce sujet c'est qu'il n'y a pas
beaucoup de choses disponibles et donc il faut faire un travail de terrain que
KPMG ne fait pas car ils n'ont pas envie de passer trop de temps. Cette
étude est utile, elle est intéressante mais pour nous elle ne va
pas assez loin y compris l'analyse qu'ils font pour mesurer les TPO, pour nous
il les mesure mal dans le sens qu'il ne mesure pas la bonne chose. En gros
l'étude est intéressante mais il y a mieux à faire.
Après si j'ai un conseil à vous donner en terme
de sources c'est vraiment d'aller voir du côté de l'Angleterre
parce c'est en Angleterre le fait qu'ils ont les meilleurs journalistes
sportifs parce que nous on a des journalistes, eux ils ont vraiment des
reporters, des intellectuels qui font des investigations alors que nous on a
des journalistes un peu bêtes et méchants, ils ne vont pas bien
loin dans les données, tandis qu'en Angleterre ils font de vrais
investigations c'est assez fiable et cela va au-delà de la
description.
Notamment il y a une personne qui a un blog qui s'appelle
Daniel Geey, donc lui sur son blog vous allez trouver pleins
d'éléments sur le sujet.
70
MR : J'ai pensé à une
problématique : En quoi les TPO peuvent-ils être un financement
alternatif pour les clubs de football professionnel (sans conflits
d'intérêt) ? Qu'en pensez-vous ?
JFB : Très bien alors après
cela va vous obliger, disons que la fin de la problématique va vous
obliger à traiter la question des conflits d'intérêt. Alors
vous n'allez pas pouvoir ne pas traiter les conflits d'intérêt
c'est clair mais pouvoir y répondre cela va être un petit peu
compliqué. Mais je pense que la problématique vous l'avez bien
ciblé, c'est exactement la question. Alors après sans conflits
d'intérêt vous allez avoir du mal à trancher mais
après vous avez raison c'est un des éléments de la
problématique.
Est- ce que ce mode ce financement est viable ? Durable ?
Tous cela ce sont des questions que vous allez répondre grâce
à votre problématique.
MR : Comment cela se fait qu'en France cette pratique
est interdite ?
JFB : En France c'est interdit car il y a un
certains nombres de dérives que vous allez identifiez en faisant un
petit peu votre recherche. Un certains nombres de dérives qui montrent
que c'est un système qui est dangereux s'il n'est pas
régulé et qui est difficile à réguler puisqu'il
oblige à réguler des partis qui sont en dehors des acteurs du
football et donc sur lesquelles les institutions sportives n'ont aucun pouvoir.
A partir du moment où les instances sportives perdent leur pouvoir de
contrôle, cela devient extrêmement difficile à
réguler. Il y a des dérives auxquelles les instances sportives ne
peuvent rien faire. Donc cela est un problème. Ensuite vous essaierez de
trouver des données en France sur le cas qui a déclenché
l'interdiction, c'est le club de Brest dans les années 80.
MR : Pensez-vous que cela va être interdit
?
JFB : La FIFA a officiellement fait passer
une circulaire qui dit que la TPO va officiellement être interdit
à partir du 1er mai 2015. La Fifa a décidé de
suivre les recommandations de pas mal d'acteurs du football et donc d'interdire
les TPO, il y avait des conflits en interne entre les
confédérations pour certaine qui voulait interdire d'autre non
d'autre sans avis, et donc la FIFA a tranché et l'a interdit.
MR : Mais on peut se poser quand même la
question de savoir si cette loi va réellement être
appliquée ?
JFB : Après il y a des questions
d'effectivité de la règle, c'est difficile de faire des
projections aujourd'hui, ce qui est certain c'est qu'à partir du moment
où l'UEFA est absolument motivé pour interdire cette pratique, on
peut penser qu'en Europe cela va être très rapidement efficace car
l'UEFA a beaucoup plus de pouvoir que la FIFA d'intervenir car il y a plus
d'homogénéité dans ces cas là, donc on peut penser
qu'au Portugal cela va assez rapidement disparaître, on peut le penser
mais on ne peut pas dire que sa va se faire.
Par contre en Amérique du sud il y a une vraie
problématique de motivation des instances sur place, bon même si
du fait que c'est interdit en Europe on peut espérer que cela fasse un
appel d'air et que ce soit interdit au Brésil notamment mais cela ne
sera pas simple. Cela va prendre un peu de temps mais disons que cela va
obliger les gens à cacher un petit peu les différentes
dispositions qui se seraient encore liés à des fonds
d'investissement, bon cela pourra peut être exister pendant un petit
moment mais si vraiment la FIFA sen mêle et que
71
les associations de joueurs s'y intéressent et que les
clubs soient un petit peu conscients des dérives, cela va
s'améliorer quand même.
Mais de fait on est en droit de se poser la question si la loi
va bien être appliquée.
MR : Pas mal d'agents ont des parts dans des fonds
d'investissement, n'y a t-il pas un risque énormes de conflits
d'intérêt ?
JFB : Disons que c'est là où
c'est compliqué de parler de conflits d'intérêt car les
agents ils ont de toute façon des conflits d'intérêt
même sans fonds d'investissement, il y a une vraie problématique
sur les agents actuellement, donc les fonds d'investissement ne font qu'empirer
une situation qui donne aux agents sportifs un pouvoir énorme donc
effectivement la vous allez essayer de trouver les données, il y a
pleins de choses qui existent sur le rôle des agents dans le cas du
développement, des accords des TPO. Et on est en droit de penser que
tous les fonds d'investissement ont des accords avec des agents puisque, ce
qu'on avait montré dans notre étude c'est que la
difficulté pour un fonds d'investissement c'est qu'il n'est pas un club,
ce qui fait que lorsqu'il y a vente d'un joueur donc transfert, le fond
d'investissement n'a aucune légitimité pour être autour de
la table donc pas de pouvoir de négociation et donc il a un
intérêt sur un actif en l'occurrence le joueur qui lorsqu'il va
être transféré va être fait sans la présence
de la tierce partie. Ce qui est un grand risque et on l'a vu sur le cas de
Neymar en ce moment puisque le cas de Neymar montre bien que l'indemnité
de transfert avait été réduite pour que la tierce partie
ne puisse pas bénéficier d'un pourcentage sur une somme
énorme et donc ce que font les tierces parties c'est que pour être
représenter autour de la table leur seule solution c'est d'être
représenté par les agents et donc ils ont des accords avec les
agents ce qui paraît logique évidemment. Alors il y a d'autres
raisons, du fait que les agents connaissent davantage les tierces parties,
parce que l'une des difficultés des tierces parties c'est que c'est
vraiment de la spéculation pure et dure et pour faire de la
spéculation, il faut avoir des informations, vous allez pas demain vous
investir sur le marché pharmaceutique sans connaître les
différents groupes pharmaceutiques, les différentes
molécules etc. Ben pour les tierces parties la difficulté c'est
vraiment d'identifier la qualité d'un jouer et il faut vraiment avoir
l'oeil de l'expert et l'oeil de l'expert à priori les agents l'ont
davantage qu'eux. Donc cela est aussi le travail des agents mais qui est un
petit plus légitime que de représenter le fonds d'investissement
autour d'une table.
MR : Vous, après cette étude, vous
êtes plutôt contre les TPO ?
JFB : Nous notre demande n'avait pas
été de dire pour ou contre, ils nous avaient demandé de
faire un état des lieux, expliquer ce que c'était, faire un
état des lieux économiques, voir les implications positives et
négatives et proposé des évolutions de
réglementation car à l'époque il n'y en avait pas du tout
parce qu'il faut savoir que la TPO jusqu'à cette règle
n'était pas du tout régulé, il n'y avait rien sauf
l'article du 18 bis de la réglementation des joueurs FIFA qui dit que la
tierce partie ne doit pas avoir d'influence sur les clubs, le joueur et les
transferts.
Nous on nous avait demandé de faire des propositions
de règlementations FIFA, et pas de dire il faut faire ceci, cela. Ce
n'est pas notre rôle.
Et d'ailleurs la preuve on a établit, l'une des piste
c'était d'interdire même s'il y en avait d'autres.
72
Si vous voulez mon avis personnel mais que je n'avais pas mis
dans l'étude puisque ce n'était pas demandé c'est qu'en
fait ce qui me dérange ce sont les accords actuels liés au TPO
qui font qu'il y a de la spéculation pure et dure et que les TPO ne sont
pas liés aux clubs ni aux fédérations, ils sont
complètement hors champs et que donc c'est vrai que c'est un petit peu
du « money drank » c'est à dire ils font sortir de l'argent du
circuit donc nous ce qu'on proposerait si on nous avait demandé cela
aurait été de trouver une manière d'attirer ces fonds
d'investissement dans le capital des clubs, parce que si la
réalité des fonds d'investissement est de gagner de l'argent sur
le dos des clubs, personne ne va dire que c'est génial, si maintenant la
volonté de ces fonds est vraiment comme ils le disent d'aider les clubs
dans leur développement, d'aider les joueurs dans leur
développement ben qu'ils rentrent dans le capital des clubs qu'ils
aident les clubs directement, sans avoir de l'influence sur la gestion ou ayant
eu un regard sur qu'ils ont investis officiellement, qu'ils soient
associés aux pertes s'il y en a dans les clubs, ce serait beaucoup plus
transparent et les instances sportives auraient les moyens d'intervenir sur ces
tiers parties puisqu'ils seraient à ce moment la dans le capital des
clubs.
Evidemment quand on dit cela aux tierces parties, elles
préfèrent davantage la situation actuelle.
MR : Vous l'avez faite quand cette étude
?
JFB : L'étude a été
réalisée de juin 2013 à juin 2014.
MR : J'ai vu Fairplay Capital, un nouveau fonds
luxembourgeois, et cela reprenait ce que vous venez de dire.
JFB : Il y a pas mal de choses qui vont
être développées de toute façon, nous ce qu'on avait
dit c'est que si vous chercher à faire sortir les tierces parties par la
porte elles vont rentrer par la fenêtre mais dans tous les cas ce
n'était pas un dispositif qui était intéressant pour le
football en général à notre avis, donc il faut trouver
autre chose. Alors pour l'instant la FIFA ne s'est pas donner le temps de
trouver une réglementation je dirais plus intelligente qu'une
interdiction pure et dure mais maintenant si l'évolution des tierces
parties vont vers autre chose peut être qu'il y aura une bonne
façon de les intégrer mais c'est vrai qu'il a des choses qui sont
intéressantes au niveau financier pure et dure.
MR : Est-ce que vous me conseillez de faire un
mémoire sur les TPO sachant que cette pratique va être interdite
en Mai 2015 ?
JFB : Je pense que même après
cette loi qui est passée et qui interdit les TPO, c'est
intéressant de faire un mémoire dessus car il y a tellement une
méconnaissance de ce sujet, c'est quand même quelque chose qui est
beaucoup plus développée que certains ne le pensent et
évidemment beaucoup plus avantageux en dehors de la France.
Je trouve cela beaucoup plus intéressant que de
réfléchir toujours aux mêmes problématiques en
économie du sport : est il compétitif ? Est ce que c'est bien
d'avoir de gros capital ou pas ?
Bref, c'est quelque chose de nouveau sur lequel il sera
difficile de travailler à votre niveau, moi je ne suis pas votre
directeur de mémoire mais je trouve cela plus intéressant,
après effectivement vous avez raison est-ce que cela paraît
pertinent de travailler la dessus alors que sa va être interdit, la
réponse est oui parce nous ne savons pas si l'interdiction va
être
73
efficace, on sait bien que les tierces parties vont essayer de
trouver, ou des clubs qui en tout cas aujourd'hui on des accords de tierces
parties vont peut être chercher non pas à contourner mais à
trouver une autre façon d'utiliser l'argent que les tierces parties leur
offrent car il y a certains clubs qui sont complètement
dépendants, je dirais pas de noms mais on a rencontrer des clubs qui
sont complètement dépendants de l'argent qui arrive
régulièrement et c'est en général ceux qui sont
complètement à la ramasse financièrement et management et
donc ces clubs là ils vont avoir du mal à trouver une
solution.
MR : Au niveau du plan, j'ai pensé de parler
des parties prenantes, des clubs des fonds d'investissement, et ensuite de voir
les aménagements puis faire un focus sur Mangala.
Que pensez-vous ?
JFB : Vous ne pouvez pas éviter de
faire cela mais je ne sais pas comment avec ce genre de plan vous allez
répondre à la problématique c'est à vous de
voir.
Disons que si vous faites une première partie ultra
descriptive sur les acteurs cela ne va pas vraiment répondre à la
question de si c'est un mode alternatif pour les clubs mais de fait vous
n'allez pas pouvoir ne pas décrire car M.DESBORDES ne connaît pas
si bien que cela les TPO.
Sur les 50-60 pages je pense qu'il y a moyen de les faire
avec un petit peu de descriptif mais il sera beaucoup plus intéressant
que ce qui vont récupérer le dernier rapport et le recopier en 25
pages parce que c'est ce que beaucoup d'étudiants font lorsqu'ils
traitent de l'économie du sport et du football en France.
Donc moi je pense que c'est beaucoup plus intéressant
car cela sera beaucoup plus dur soyons clair, et qui est beaucoup plus
risqué de prendre un autre sujet.
Après sur le plan faîtes attention à ne
pas faire que du descriptif et de bien répondre à la
problématique, ce qui ne sera pas forcément simple en 50-60
pages.
En France par rapport aux éléments qu'on a les
gens sont assez opposés à ce système mais dans d'autres
pays comme ils n'ont pas accès à ces informations souvent les
gens ont un à priori assez positif.
4 74
ANNEXE 7
Monsieur Jean-Marc Benammar, Professeur à
l'Université Paris 8,
Entretien réalisé le 25 mars, 43 minutes par
téléphone
Marco Rennella : Bonjour Mr Benammar, je
réalise un mémoire sur les TPO, en faisant des recherches sur
internet, je suis tombé sur votre interview, et je voudrais avoir votre
avis assez différent des autres personnes.
Jean-Marc Benammar : Moi je pense que les TPO
sont une bonne chose pour le football, la plupart des gens sont
extrêmement conformistes à ce sujet, et on leur met tous les jours
que c'est mauvais,mauvais,mauvais, et donc au bout d'un moment ils finissent
par le croire. Sur le sujet de football en général il y a deux
trois oracles qui dissent ce qu'l faut penser, généralement en
étant pas très forts et pas très compétents et
derrière les gens suivent.
MR : ce qui m'intrigue le plus dans votre interview,
c'est que vous dites que la FIFA n'a aucun pouvoir ?
JMB : La FIFA n'a aucun pouvoir, il faut
d'abord pouvoir interdire un fonds financier d'investir dans une
société, ils ont quel pouvoir pour cela la FIFA ? Seul la police
et la justice sont compétentes. La règlementation du
1er Mai concernant les TPO est inapplicable, c'est impossible, vous
allez devoir obliger les gens à vendre les actions de la
société qui a les droits de tels ou tels joueurs. Ce n'est pas
une activité illégale, la FIFA s'invente des droits comme toutes
les instances du foot qui pense avoir mais qui n'a pas les droits qui
appartiennent aux états, c'est à dire le droit de punir. La FIFA
n'a pas tous les droits hein ... heureusement. C'est un problème de
compétences, il faut être un peu juriste pour comprendre cela, les
gens disent que l'UEFA veulent interdire, mais qu'est ce que l'UEFA vient faire
la dedans, manque de connaissance. Ils ont fait ce texte pour la
réélection de la présidence de la FIFA.
MR : Moi j'ai interviewé la juriste de l'UCPF,
elle ma dit ce qui est un peu bizarre par rapport à cette loi c'est que
les clubs portugais n'ont pas plus réagit que cela en apprenant cette
interdiction.
JMB : C'est intéressant qu'elle vous
l'a dit, cela prouve bien que c'est un coup d'épée dans l'eau et
que tout le monde s'en fou. Le président de la fédération
espagnole est puissant à l'UEFA et à la FIFA. C'est pareil les
clubs espagnols auraient beaucoup de problèmes avec de genre de chose,
et ils s'inquiètent pas non plus. S'il y avait une mobilisation des
clubs concernés aussi bien en Europe du sud qu'en Amérique latine
là vous verrez quelque chose mais la personne ne bouge donc clairement
tout le monde sait très bien que c'est du « pipo ».
MR : Platini a dit que les TPO représentent
une menace dans les finances des clubs à long terme. Etes-vous d'accord
?
75
JMB : C'est exactement l'inverse. Platini il
aimerait que l'argent du foot reste dans le foot c'est pour cela qu'il est
contre ce système, si vous achetez un joueur et que vous êtes un
petit club vous allez pas achetez la totalité du joueur mais 10 pourcent
par exemple. C'est pour cela que les club portugais s'en sortent car là
ou il faudrait sortir 100 millions ils sortent 10 millions mais ils ont les
droits sportifs, par conséquent ils vont avoir le droit de sortir 10
millions et voilà ils auront des joueurs. Platini n'est pas un
économiste il est avant tout un homme politique avec des idées
bien arrêter sur des sujets dont il ne connaît rien, comme la
finance.
MR : C'est vrai qu'il pourrait y avoir des conflits
d'intérêt ?
JMB : Lesquelles ?
MR : Si les fonds d'investissement possèdent
plusieurs joueurs dans chaque équipe
JMB : Le fait qu'il y est plusieurs joueurs
détenus par les mêmes sociétés dans
différentes équipes c'est déjà produit plusieurs
fois. Avec les agents c'est la même chose. (Ex : Mendes). Lors d'un match
Paris Monaco vous allez avoir peut être 10 joueurs sous contrat avec
gestifute, l'agence d'agent de Jorge Mendes. Vous croyez que les joueurs de
foot pensent à cela quand ils sont sur le terrain ?
Je ne vois vraiment pas de conflits d'intérêt
honnêtement.
MR : Les joueurs sont ils vraiment libres ?
JMB : Un contrat c'est un contrat il y a une
forme de liberté aussi dans un contrat.
Un fond d'investissement qu'est ce qu'il veut faire ? Il veut
acheter des joueurs pas très chèrs avec un fort potentiel pour
les revendre, comme quand vous achetez des actions ou des obligations. Vous
achetez un actif, cette actif vous voulez le faire fructifier en faisant une
plus-value, bon bah cette plus-value demande une compétence sportive,
là il faut des gens autour de vous qui sont capables de vous dire quels
joueurs est bon, il a 18 ans il joue en 1re à River Plate, ou Boca
Junior et pourra réussir en Europe un peu plus tard.
Ces clubs là n'ont pas d'argent, ces clubs là
sont quasiment perpétuellement en faillite.
Donc quelle est leur solution, c'est de dire on va vous
donnez 10 ou 20 millions tout de suite pour votre joueur, nous on va le garder
après on va faire la culbute, on va garder 90% de la
propriété du joueur et après on vendra 10 % pour le club
portugais ou espagnol ou on va le transférer puis nous on garde la
plus-value sur ce joueur là.
Cela existe toujours et cela existe partout la
multipropriété, quand on me dit cela a été abolis
en Italie, mais non voyons, comment sa s'appelle en France quand on est agent,
cela veut dire on a une commission de 10% à la revente, ça veut
dire vous avez gardé 10% de la valeur du joueur tout simplement, ce
n'est pas difficile si vous ne le vendais pas vous touchez 0 donc vous avez
gardé 10% de la valeur économique du joueur. Le joueur est
déjà découpé en morceau. Avec tous ces clubs qui
gardent toujours une petite partie, c'est exactement le même
système en fait, ce n'est juste pas formalisé par une
société mais c'est contractuel, personne ne la jamais interdit,
simplement il faut l'habiller juridiquement d'une manière qui permet que
cela rentre dans le droit français.
Et dans le droit français il n'est pas interdit de
verser une commission à quelqu'un mais cela se traduit en fait par une
possession de la part de l'ancien club d'une partie de la valeur du joueur.
76
Donc autant arrêter l'hypocrisie sur ces trucs
là, ces sociétés commerciales qui cherchent ce genre de
truc et à ce moment-là vous vendez des actions et puis c'est tout
c'est pas difficile. Ce n'est pas différent, c'est finalement un
habillage juridique et pour le reste ce n'est absolument pas différent
en ce qui concerne la manière dont cela fonctionne.
Et cela a toujours fonctionné comme cela depuis que
les italiens ont inventé la copropriété. Je me
rappellerais toujours ces histoires, tel joueur est vendu à 50% à
tel club, 30% à tel autre pk ? Pour avoir la valeur à la revente
tout simplement.
Et puis si vous n'avez pas ces fonds là vous ne
développez pas la carrière de certains joueurs car personne n'ira
forcément les chercher et puis ce sont les clubs en Amérique du
Sud qui ont demandé ce système parce qu'il n'ont pas d'argent.
Les clubs argentins n'ont pas d'argent, il y a des sauvetages permanents, comme
où la fois la présidente argentine a décrété
qu'il fallait que les matchs de foot passent sur les chaines publiques
où elle a débloqué des fonds pour que les chaines
publiques puissent les acheter à un prix dérisoire.
MR : Pourquoi c'est interdit en France ?
JMB : Interdit par qui ? Par personne. Ils
ont droit d'interdire ce genre de choses ? C'est toujours la même chose,
ils n'ont pas de pouvoir pour interdire cela, c'est comme si vous disiez dans
le règlement LFP : le soleil doit se coucher tous les jours à
19h.
Si vous avez déjà rencontré des juristes
de la LFP ou de la FFF vous allez voir leur niveau de compétence, on est
très bas, le nombre de fois où la FFF et la LFP perdent devant
les juridictions de droits communs c'est quasiment tout le temps. Regardez
l'affaire Léonardo, c'est absolument confondant, personne n'a
vérifié que la personne qui s'apprêtait à condamner
à une peine de suspension, était une personne qui est susceptible
d'être suspendue, c'est extraordinaire alors que cela prend 2 secondes
à vérifier. Méfiez vous de la compétence de ces
personnes qui se prétendent juristes, ce sont des petits juristes qui
n'ont pas trouvé de bouleau ailleurs, et qui vont dans les instances
sportives, c'est absolument confondant la plupart du temps. Les avocats que
prennent les clubs sont bien souvent plus forts que les avocats que prennent la
fédération ou la ligue.
En France malgré tout je ne sais pas si cela va arriver
mais ce n'est pas impossible, quand Falcao est arrivé à Monaco,
Monaco a du acheter l'intégralité des droits économiques
des joueurs à la société qui possédait ses droits.
Mais rien n'empêche un club à acheter un joueur argentin ou
brésilien moyen d'adopter cette méthode et de ne dépenser
seulement 1 ou 2 millions d'euros pour avoir les droits sportifs du joueur.
Déjà premièrement il faut le savoir, ce
n'est pas rendu public et deuxièmement, quand vous le savez vous faites
quoi ? Vous suspendez la qualification du joueur ? Quel motif ? Vous n'avez pas
de motif, la personne peut très bien aller devant les tribunaux pour
atteintes aux droits du travail, elle a toutes les chances de gagner même
en référé comme d'habitude.
MR : Selon vous est-ce possible de faire un
mémoire de 50-60 pages sur ce sujet ?
JMB : Largement de quoi faire un
mémoire de 50-60 pages sur ce sujet car il y a de quoi discuter surtout,
parce qu'il y a des débats, moi cela me paraît largement
évident quant à la réalisation d'un mémoire sur ce
sujet.
MR : La problématique que j'ai pensé
est en quoi les TPO peuvent-ils être un financement alternatif pour les
clubs de football professionnel ? Qu'en pensez-vous ?
77
JMB : Pas mal car cela aborde à la
fois l'aspect pratique, l'aspect financer et l'aspect moral, vous pouvez partir
là-dessus.
Prenez le plus de données possibles, surtout si vous
êtes capables de lire l'espagnol, sur la presse espagnol il y en a
énormément. Il y a pas mal de documents en Amérique du Sud
car ce sont eux les principaux concernés.
MR : Il était important pour moi d'avoir votre
point de vue car l'autre point du vue est plus facilement accessible. Qui se
cache derrière ces fonds ?
JMB : Les français c'est
spécial, dès qu'on parle de l'argent dans le foot, cela ne va
plus.
Ce n'est pas que des mafieux qui investissent dans ces fonds
d'investissement, cela peut être le commerçant du coin, cela peut
être l'industriel du coin. Il ne faut pas croire toujours au mal. Les
gens du foot pensent avoir des droits absolus sur la totalité de la
planète. C'est important de diversifier son portefeuille, surtout pour
les entreprises.
Les clubs argentins sont très pauvres avec des moyens
limités donc lorsqu'il y a des fonds d'investissement qui proposent
d'acheter un joueur en cash immédiatement disponible qui vous permet de
payer les salaires, vous y allez.
Vous regardez un match entre River Plate et Boca, vous ne
connaissez pas beaucoup de joueurs, car soit se sont des jeunes de 18 à
20 ans qui ne sont pas encore partis en Europe, soit des anciens qui ont plus
de 30 ans et qui finissent leur carrière et ensuite au milieu de tout
cela il y a ceux qui ont 24-25 ans, ceux qui ne sont pas assez bons pour partir
en Europe. C'est le football argentin, il ne faut pas s'étonner si le
titre argentin change de main tous les ans, s'ils ne gagnent pas de titres
intercontinentaux. C'est facile à comprendre quand vous avez des clubs
qui sont organisés de cette façon là avec des recettes
très pauvres, des droits TV très faibles, vos trentenaires vous
ne pouvez pas les vendre, les jeunes vous n'allaient pas les vendre très
cher, donc si vous avez un fonds d'investissement qui vient et qui vous prend
le joueur avec du cash immédiatement disponible sans difficulté
qui permet de payer les salaires des joueurs et tout ce qui va avec, vous ne
réfléchissez pas longtemps.
4 78
ANNEXE 8
Monsieur, Raffaele Poli,
Directeur de l'observatoire de football au CIES de
Neuchâtel
Entretien réalisé le 6 avril 2015, 40 minutes par
Skype
Marco Rennella : Bonjour Monsieur Poli, merci d'avoir
accepter cet entretien, je voulais savoir tout d'abord quel est votre
rôle au sein du CIES ?
Raffaele Poli : Je suis responsable du
football-observatory et au sein du centre CIES de Neuchâtel.
MR : Concernant le système des TPO dans le
football professionnel, le CIES a fait une étude pour la FIFA, est-ce
bien cela ?
RP : On a fait deux études une sur le
domaine juridique et l'autre en collaboration avec le CDES de Limoges.
MR : J'ai interviewé Jean-François Brocard
du CDES de Limoges.
RP : Oui voilà ben je ne sais pas si je
peux vous dire plus de ce qui vous a dit.
MR : Est-ce que vous pensez que le système de TPO
est bon pour le football ?
RP : Pour moi c'est très
néfaste car il amène une dimension spéculative en gros
cela institutionnalise le conflit d'intérêt dans un milieu
déjà assez fermé, qui sous ce genre d'accord se cache des
conflits d'intérêts énormes entre des investisseurs
promoteurs et des personnes à l'intérieur des clubs comme les
entraineurs, les actionnaires et les directeurs sportifs. Puis cela
amène un détournement de la philosophie du système de
transfert, disons que les TPO n'est pas seulement le problème mais il
consacre et institutionnalise, valide cet usage spéculatif dans un monde
qui ne devrait pas l'être...
MR : Platini disait que c'était un
système qui mettait en péril l'économie des clubs de
football. Êtes-vous d'accord avec lui ?
RP : Là, il faut faire attention, moi
je dirais que ce qu'il met en péril l'économie du football comme
l'économie globale ce sont les inégalités, c'est à
dire le capitalisme fait qu'il y a une concentration des richesses, dont la
Ligue des Champions compétition organisé par l'UEFA et c'est cela
qui fait qu'il n' y a pas une bonne constitution des recettes. Certains clubs
se laissent bouffés parfois de manière consentante car les
actionnaires participent activement à ce système de transfert.
MR : Parfois ce sont les clubs qui demandent ce genre
de pratique (transfert avec TPO)...
79
J'ai interviewé un économiste qui me
disait le contraire, en gros que ce n'était pas néfaste, car il
disait que les agents en gagnant 10% de la somme du transfert du joueur c'est
un peu comme s'il possédait 10% de sa valeur non ?
RP : Ce que vous dites est absolument faux,
c'est même contraire au règlement FIFA, l'agent doit être
payé sur une somme forfaitaire, après qu'il y ai des commissions
de transferts, on est d'accord mais en gros ce que votre interlocuteur vous
laisse croire qu'ils ont droit à 10% je sais pas de quel droit il dit
ça mais c'est totalement faux, après parfois les agents font
partis du système des TPO mais pas tout le monde. Ce sont les agents
dominants.
MR : Concernant l'interdiction de la loi FIFA qui
visait à interdire dès mai 2015 les transferts avec une tierce
partie, pensez-vous que cela peut être appliqué ?
RP : Pour sévir le milieu des TPO il
faudrait réformer les transferts de manière
générale, en redistribuant de meilleure manière les
ressources du football et puis faire en sorte que toute ces mauvaises
gouvernances et ces corruptions liés à la gestion des clubs et
notamment des transferts s'arrêtent donc le mieux de réformer
globalement le système des transferts, de réguler ces questions
là mais ce n'est pas en interdisant des pratiques très courantes
dans certains pays qui arrangent d'ailleurs pas souvent les clubs sur le long
terme mais les personnes qui dirigent ces clubs là dans un contexte
culturel qui avantage de toute façon une autre équipe, c'est
illusoire de penser que cet interdiction là soit respectée. Pour
moi ce serait la meilleure solution.
MR : Quels seraient les aménagements à
faire par exemple ?
RP : Les grands clubs finalement, ils
encaissent. Mais que 10% des matchs de joueurs qui jouent dans les 5 grandes
ligues européennes (France, Angleterre, Allemagne, Italie et Espagne)
aujourd'hui ont été disputés dans un de ces championnats
du Big 5 à l'âge de 23 ans. Cela signifie que 90% des matchs ont
été disputés ailleurs. Pourquoi ? parce que le niveau de
ces 5 grands championnats est tellement élevé que les jeunes
avant d'être prêts pour pouvoir jouer dans ces grands clubs sont
obligés de passer par d`autres clubs et donc cela est quelque chose
d'intéressant pour penser à un système qui à la
fois qui comme les compétitions internationales redistribuent les droits
TV non seulement aux clubs participants mais aussi à tous les clubs qui
ont contribués au développement des joueurs qui finissent par
jouer dans ces grands clubs parce que sans le travail des autres clubs il n'y
seraient pas arrivés et deuxièmement aussi au niveau des
systèmes de transfert encourage pour chaque somme de transfert
redistribuée le travail qui a été fait par les clubs
antérieurs au prorata des matchs joués chaque saison dans chaque
club parce que chaque club finalement a contribué à ce que le
joueur maintenant puisse jouer la Ligue des Champions. Puis on sait tous que
bien souvent le premier et le deuxième transfert ne sont pas toujours
les plus chers. Il faut souvent attendre un troisième voir un
quatrième transfert pour qu'un grand club qui s'y intéresse. Nous
aujourd'hui on remarque que 67% des sommes de transferts restent dans les 5
grands championnats alors que 90% des matchs ont été joué
ailleurs. Donc vous voyez que le système de transfert n'est pas
redistribué assez. C'est à ce niveau là qu'il faut agir,
c'est à dire une meilleure redistribution des ressources que ce soit par
les transferts ou par la redistribution des droits TV des compétitions
européennes. Cela encouragerait la formation des jeunes joueurs puis
vous verrez qu'il y aurait moins d'investissements sur les joueurs
80
mais plus sur des clubs, sur des centres de formation parce
que cela deviendrait plus rentable et donc du coup il y aurait plus de talent,
et l'économie du football serait plus saine. Voilà c'est une
idée. Cela résoudrait non seulement ce problème là
des TPO mais aussi la spéculation non liée au à la tierce
propriété parce que les clubs quelque part sont aussi
obligé de spéculer dans la mesure où si le joueur arrive
à échéance de ce contrat le club ne touche plus rien
à part 5% du transfert mais cela reste insuffisant alors qu'avec un tel
système si c'est un club formateur, si le joueur a joué plusieurs
matchs le club peut se permettre que le joueur arrive à
échéance et puis il pourront touché éventuellement
de l'argent et pourquoi pas plus d'argent dans un deuxième temps en
gardant le joueur plus longtemps. Et puis par exemple pour ceux qui veulent
finalement privatiser les gains et collectiviser les pertes c'est à dire
un investissement que sur les meilleurs talents en utilisant les
problèmes financiers des clubs, la malhonnêteté de certains
dirigeants, ils devraient à ce moment-là aussi trouver des
accords sur toute la chaîne des clubs, une règle qui
nécessiterait de toute façon de renouveler avec chaque club et
cela serait moins intéressant pour eux mais cela rendrait plus juste le
système de transfert.
MR : Nous savons que ce système des TPO est
interdit dans certains pays européens comme la France, l'Angleterre et
la Pologne.
RP : Pologne je ne suis pas sûr parce
qu'en janvier j'ai vu un communiqué de Legia Varsovie et apparemment ils
ont fait une sorte de poule d'investisseur donc Pologne on ne sait plus
vraiment. Et France, les gens du CDES nous disait que finalement que c'est
interdit de céder des parts de joueurs par contre ce n'est pas
obligatoire de racheter l'entièreté des parts si un joueur vient
de l'étranger. Donc on voit bien que ce n'est pas les mêmes lois
partout.
MR : Finalement même quand c'est interdit, c'est
toujours possible d'investir ?
RP : Regardez sur internet, ce qu'il se fait
pour contourner la loi comme FairPlay Capital, c'est un peu un marché de
la tête on ne prend pas que des joueurs, pour moi c'est clairement de la
tierce propriété mais on essaye de trouver d'autres solutions. Ce
qu'il se fait souvent en Angleterre c'est que soit on utilise les agents pour
payer les commissions qui déguisent en fait les pourcentages sur les
transferts, soit on fait des packs d'actionnaires qui restent totalement secret
parce souvent ce sont les actionnaires mêmes des clubs qui ont des parts
et qui conditionnent leur prêt en remboursement par des transferts donc
ce qu'il revient finalement au même aussi.
MR : Justement FairPlay Capital se considère
plus comme une banque qui aide les clubs à acheter des joueurs
plutôt qu'une tierce partie.
RP : Il y a deux manières finalement
pour réagir à l'interdiction, une c'est celle-ci c'est à
dire qu'on va dire « non non nous on à rien à voir avec le
joueur » alors que si vous lisez leur document c'est la cas. En effet il y
a des prêts avec des garanties pas sur un joueur en particulier mais sur
la valeur de l'effectif, ou en garantie d'autre revenu du club. Et cela est une
manière pour contourner cette interdiction même si au final cela
revient au même.
Et l'autre manière c'est d'acquérir des parts
dans des clubs puis signer un pack d'actionnaire en secret bien
évidemment sans que la ligue n'ait recours à la justice sportive.
Tout cela reste caché et nous ne le savons même pas.
Parce que du point de vue des lois il n'y a rien qui
empêche cela.
81
MR : Vous ne pensez pas, que si jamais cela venait
à être supprimé cela mettrait beaucoup de clubs en
faillites non ?
RP : Vous ne croyez pas qu'aujourd'hui il y
a déjà pleins de clubs en faillites et puis est-ce que finalement
ce ne serait pas un mal pour un bien pour assainir les choses. Parce
qu'aujourd'hui en Italie, en Espagne même en France, il y a pleins de
clubs en difficulté, en Suisse il y a eu pleins de faillites, la
Belgique aussi, partout dans le monde il y a des faillites. Ou alors il y a des
clubs maintenus en vie artificiellement même des grands clubs espagnols
comme Valence ou l'État oblige carrément les banques a
abandonné les créances
Je pense par contre ce qu'il plutôt arrivé c'est
que cela va devenir encore plus opaques même si c'est déjà
très opaque parce qu'il y a des conflits d'intérêt
énormes, en théorie cela ne devrait pas être opaque puisque
ce n'est pas interdit mais si cela est opaque c'est qu'il y a derrière
des capitaux sales, il y a derrière des conflits d'intérêt,
il y a derrière une vraie influence sur les politiques de transfert donc
c'est pour cela que l'on doit cacher les choses mais à l'avenir on devra
cacher encore plus les choses mais comme je vous disais vu que les dirigeants
et propriétaires de clubs souvent sont impliqués en
première personne et que économiquement il n'y a pas une bonne
redistribution de l'argent, je pense plutôt qu'au lieu d'avoir des
faillites plus que maintenant il y aura encore plus de corruptions ou une
allégorisation du marché par quelques acteurs dominants qui vont
contrôler de plus en plus de clubs, qui vont transférer des
joueurs en chaînes, transférer un joueur dans un club puis trouver
le remplaçant, le remplaçant... etc, c'est ce qui arrive de plus
en plus et puis finalement les clubs seront là, ne feront peut
être pas plus faillites que maintenant mais ils ne vont pas être
plus compétitifs que maintenant non plus parce qu'il y aura quelques
clubs qui essayeront de gagner et puis tout le reste ce sera des faire-valoir
pour ces investisseurs là pour faire monter les enchères, pour
valoriser les joueurs et les revendre au meilleur prix. Vous voyez que
l'intérêt sportif de beaucoup de clubs sera sacrifié
à l'encontre de ceux qui promeut ce système.
MR : Quand vous dites conflits d'intérêt,
c'est par exemple les truquages de matchs ?
RP : Non, moi je parle carrément de
l'entraîneur qui doit faire jouer tels joueurs parce qu'il a le
même agent qui par ailleurs est ami du directeur sportif et travaille en
binôme avec le principal actionnaire...
MR : Oui, je suis d'accord mais cela même sans
les tierces parties il peut y avoir ce genre de conflit ?
RP : Voilà, c'est ce que je dis, en
fait les tierces parties institutionnalise, consacre, permet de blinder, valide
je ne sais pas quel terme utilisé un système qui est
déjà existant. Le problème à la bas c'est le
fonctionnement du système de transfert et puis ces pratiques là
viennent renforcer un problème qui existe déjà. C'est pour
cela qu'il ne faut pas s'attaquer qu'aux problèmes de TPO si on veut
résoudre la question, il faut vraiment réfléchir plus
généralement aux systèmes de transfert.
MR : En ce qui concerne ces fonds d'investissement,
on ne sait pas vraiment qui se cache derrière, cela peut être des
personnes comme vous et moi ?
82
RP : D'après ce que j'ai vu dans les
différents points existants, c'est réservé à une
élite de personnes qui ont pas mal de sous parce qu'il y a un prix
d'entré. Après cela peut être aussi bien des gens que des
gens malhonnête mais quand on regarde qu'ils sont tous dans les
îles vierges britanniques, Gibraltar, Malte, plutôt dans des
paradis fiscaux où la surveillance est très faible vis à
vis de l'origine des lieux c'est très bien d'aller dans ces pays
là plus encore que la fiscalité on peut clairement penser que
c'est une manière de blanchir l'argent.
MR : Le but de ces fonds d'investissement c'est
clairement de gagner de l'argent ?
RP : Oui, pour moi comme tout produit
financier le but c'est de gagner de l'argent après on peut le faire de
manière plus ou moins bienveillante, vous avez les clubs par exemple si
c'est un actionnaire qui en plus prête de l'argent au club en
échange des droits de certains joueurs mais qu'il renonce à
prendre plus que 20% des gais, ce sont des choses que j'ai vues. On peut le
faire de manière pus ou moins agressive, bienveillante et respectueuse
vis à vis du club mais c'est vrai que les fonds d'investissement tels
qu'on en parles dans les médias complètement animés par
une volonté de profit n'ont pas froid aux yeux, c'est le moins que l'on
puisse dire. Le but c'est quand même de se faire de l'argent,
après ce que je critique aussi dans ce système, c'est que souvent
cette avidité là amène finalement des effets pervers, trop
de spéculations, trop de transferts font empirés les
résultats sportifs font aussi qu'il y a moins de cohésion dans
l'équipe, les conflits d'intérêt font qu'il y aient une
mauvaise ambiance dans les vestiaires car certains se sentent
défavorisés par rapport à d'autres. Donc souvent cela
n'est pas bénéfique de ce point de vue là, après il
y en a d'autres qui arrivent parfois à faire la part des choses et de
bien choisir les talents qui arrivent aussi à avoir un avantage sportif
en tout cas sur le court terme. C'est vraiment loin d'être toujours le
cas parce qu'après on parle souvent des exemples où cela a
fonctionné mais là où cela n'a pas fonctionné
où le club a fait faillite on en parle pas, c'est toujours comme
ça.
4
83
ANNEXE 9
Monsieur Shervine Nafissi-Azar,
Doctorant en droit
et auteur d'une thèse sur les TPO d'un point de vue
juridique
Entretien réalisé le 11 août 2015, par
mail
Marco Rennella : Que pensez-vous des TPO ?
Shervine Nafissi-Azar : Les TPO sont une
forme de financement intéressante pour les clubs et, d'un point de vue
externe, pour les sociétés qui s'y intéressent. Mais cette
pratique pose de nombreux problèmes juridiques, sportifs et
éthiques. En soi, les TPO rendent les sportifs otages de leur
carrière et sont réduits à une valeur marchande dont les
sociétés, les clubs mais aussi les agents tirent profit.
MR : Pourquoi cela a toujours été interdit
en France?
SN : La France a suivi les UK lorsqu'ils ont
banni la pratique en 2008/2009. Ils estimaient aussi que cela portait atteinte
à de nombreux principes dans le sport.
Toutefois, je serai plus mesuré quant au fait de dire
qu'aucun fonds n'ait investi en France. Un club comme Monaco qui est
conseillé par des gens influents au Portugal a servi comme tremplin pour
de nombreux joueurs sous TPO (Falcao, J. Rodriguez, Kondogbia). Cela ne
m'étonnerait pas que le club soit lié de près ou de loin
par les TPO.
MR : La FIFA a depuis le 1er mai 2015
interdit les TPO partout dans le monde, alors que le fonds d'investissement
Doyen Sports et la LFP espagnol ont porté plainte. Pensez-vous que la
FIFA peut réellement interdire cette pratique?
SN : La FIFA peut interdire des pratiques qui
visent directement des membres de la FIFA, à savoir les
fédérations continentales, nationales ou encore des clubs. Elle
ne peut pas toutefois interdire quoique ce soit aux sociétés
d'investissement. La FIFA est une fédération suisse de droit
privé, elle ne peut pas émettre des règles contraignantes
à des sociétés dans le monde entier. D'un point de vue
juridique, elle peut bannir cette pratique mais en se risquant à violer
le droit européen, notamment la libre circulation des capitaux. C'est
l'objet même de la plainte des ligues portugaises et espagnoles ainsi que
de Doyen Sports.
MR : Connaissez-vous FairPlay Capital?
SN : Oui FairPlay Capital joue la carte de la
transparence en montrant que ses activités sont tout à fait
légales. Elle est même inscrite auprès de l'Autorité
suisse des marchés financiers. La société estime qu'elle
ne fait que prêter de l'argent, garantie par la future indemnité
de transfert du joueur ou encore les recettes des droits TV, pour qu'un club
puisse acquérir un joueur. En outre, elle ne prétend ne jouer
aucun rôle dans les transferts, c'est-à-dire influencer le club
sur la future destination du joueur.
84
MR : Quels types de clubs ont recours à cette
pratique?
SN : Essentiellement les clubs portugais
(Braga, Porto, Benfica, anciennement le Sporting). En Espagne, Séville
et Atletico Madrid essentiellement. D'autres clubs ont failli avec cette
pratique, sauf erreur Elche (à vérifier).
MR : Quel est l'intérêt pour les
clubs?
SN : L'intérêt pour le club est
de pouvoir rester compétitif. Attirer notamment des joueurs qu'elle ne
pourrait pas obtenir sans cette forme de financement, tout en limitant les
risques financiers.
MR : Quel est l'intérêt pour les
sociétés d'investissement?
SN : La société
d'investissement peut entrer dans le juteux marché des transferts
où des retours sur investissement peuvent être effectués en
très peu de temps. Etant donné que les joueurs bougent beaucoup,
encore plus avec les TPO, des plus-values de plusieurs millions peuvent se
faire en deux voire trois années même pas.
MR : Pensez-vous que cela est mode de financement
viable?
SN : Même si je prône son
interdiction, les TPO peuvent être un mode de financement viable à
condition d'être réglementés de manière très
stricte. Notamment contrôler les sociétés qui investissent,
limiter les manières et les montants d'investissement, etc.
MR : Est-ce que cela représente une menace pour
les clubs si ces derniers abusent de cette pratique?
SN : Un club peut devenir otage des fonds
(tous comme les joueurs). A force d'être aidé par des
sociétés, vous perdez vos droits sur les joueurs du club. Ainsi,
quand ils partent, vous ne toucherez par exemple que 30% de l'indemnité
contre 70% pour la société. Ainsi, vous pourrez avoir de bons
joueurs mais pas forcément profiter de sa valeur financière. En
plus, une autre menace est la perte progressive du contrôle sur le
domaine sportif, où les fonds dicteront quand et où les joueurs
doivent être transférés afin de générer la
plus grosse plus-value.
MR : Comme le pense Platini, pensez-vous que cette
pratique est dangereuse pour l'intégrité des
compétitions?
SN : Oui, déjà les joueurs
bougent trop rapidement de clubs en clubs ce qui met à mal la
stabilité contractuelle prônée par la FIFA. En plus, il se
peut que sur un terrain, 4-5 joueurs dans chaque équipe appartiennent au
même fonds. Cela pose des gros problèmes de conflits
d'intérêts pour joindre la question ci-dessous. Il y aurait un
risque de match arrangé, la plus grosse gangrène dans le sport
puisque le concept d'incertitude du résultat, qui rend un match si
attractif, serait mis à mal.
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MR : Les TPO peuvent-elles poser des problèmes de
conflits d'intérêts?
Ne pensez-vous pas que cela est néfaste pour le
football, le fait de considérer les joueurs comme des actifs
financiers?
SN : Tout à fait. Les joueurs sont
avant tout des travailleurs, liés par un contrat de travail. Ils ont des
droits, notamment la liberté de mouvement, liberté de
décision etc. Leur force de travail est monnayée de par le fait
qu'ils sont liés par des contrats de durée
déterminée, auxquels on ne peut pas mettre fin avant leur terme.
Ainsi, les joueurs qui sont transférés sont l'objet d'une
indemnité de transfert équivalente à « la
renonciation du club vendeur de se prévaloir du nombre d'années
de contrat qu'il reste au joueur ». C'est le système entier des
transferts qui est néfaste et qui engendre de telles dérives.
MR : Les TPO ont-ils un impact sur la carrière
des joueurs? Est-ce vraiment lui qui choisi d'être
transféré chaque année?
SN : Bien évidemment, les joueurs sont
impactés de manière négative par les TPO. C'est le sujet
même de ma thèse. Un joueur sous TPO, n'aura de facto
plus le contrôle sur sa carrière. Il ne pourra pas aller au
terme de son contrat s'il le souhaite, car il sera « gratuit ». Il ne
pourra pas forcément non plus aller où il veut et quand il veut,
car le fonds + le club décideront de le vendre quand sa côte sera
au plus haut, au club le plus offrant. Là encore, des questions de droit
du travail sont mis en avant. Falcao est un excellent (et triste) exemple.
MR : Depuis l'interdiction, Doyen Sports continue
d'investir, notamment sur Imbula (transfert de l'OM vers le FC Porto), est-ce
la même pratique qu'auparavant ou ont-ils du changer de stratégie
en vue de cette interdiction?
SN : Il est encore un peu tôt pour le
dire mais (en tant que fan de l'OM d'ailleurs), je me demande si le transfert
d'Imbula n'est pas lié aux TPO. Ils ont dépensé une somme
colossale pour l'acheter, et vont probablement le vendre encore plus cher dans
1-2 ans. Cela fait probablement partie d'une nouvelle stratégie dont je
suis attentivement les prochains rebondissements. Mais il est tôt pour
tirer des conclusions là-dessus.
MR : Est-ce le seul moyen pour les petits clubs de
rivaliser avec les plus gros?
SN : La plus facile oui. Regardez les beaux
parcours de Porto, Seville et Atletico. Trois équipes pas
forcément sur le devant de la scène mais qui pratiquent un beau
football et bousculent « les grandes puissances ». D'autres moyens
existent, notamment la formation (exemple de l'Allemagne).
MR : Pensez-vous que sans les TPO l'Atlético
Madrid n'aurait pas gagné la Liga en 2014 ?
SN :Dur à dire mais je ne pense pas
effectivement que l'Atletico puisse être là où il est
actuellement sans les TPO.
MR : Ne pensez-vous pas que même avec cette
interdiction, les fonds d'investissements arriveront toujours pas trouvé
une solution pour investir?
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SN : Bien évidemment, d'ailleurs c'est
déjà le cas. Ils investissent directement dans des clubs de
moyens standings pour acheter des joueurs, et les prêter après
à des grands clubs via des prêts payants. Cela s'appelle les
Bridge Transfer. Cf. mon ITW dans l'Agefi et dans le Temps.
P.S. Je tiens quelques propos à ce sujet dans le
magazine Surface de ce mois, avec Alexandre Lacazette en 1ère
page.
MR : Le mieux finalement pour tout le monde, ne
serait-il pas de réguler cette pratique?
SN : Une solution intermédiaire serait
de réglementer la pratique de manière plus précise. Par
conséquent, l'introduction d'une règle propre aux TPO dans le
Règlement sur le Statut et Transfert des Joueurs serait plus judicieuse.
Nous pouvons imaginer de telles exigences: i) l'enregistrement et la
publication d'une liste des investisseurs ainsi que les origines de leurs
fonds, ii) le pourcentage qu'ils détiennent sur le sportif en question,
iii) une liste des autres athlètes qu'ils détiennent sous forme
de TPO, iv) des informations sur des parts que la société
pourrait détenir dans des clubs, v) une limitation du pourcentage des
droits économiques pouvant être détenu par la
société d'investissement, vi) une limitation des joueurs d'un
même club pouvant être l'objet d'une TPO et surtout, vii) le
consentement écrit du sportif à ce que ses droits
économiques soient partiellement cédés à un fonds
d'investissement. Cette solution, moins restrictive en matière de
libéralisme économique, a l'avantage d'offrir aux instances
sportives une alternative dans le cas où une interdiction formelle des
TPO serait trop complexe à mettre en oeuvre juridiquement. Toutefois,
elle ne résoudrait en rien les problèmes que posent les TPO en
matière de droits de la personnalité.
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