3
DECLARATION SUR L'HONNEUR
Contre le plagiat
Document à joindre impérativement à
tout travail de recherche.
Je soussignée, Marie Desbonnet
Elève en (programme) : Programme Grande
Ecole 3A Apprentissage
à l'Ecole Supérieure de Commerce de
Clermont-Ferrand,
inscrit dans le cours : Mémoire
avec le professeur : Marina Bourgain
Certifie sur l'honneur que le travail ci-joint est strictement
personnel et est une production entièrement originale. Je certifie en
outre qu'aucune partie de ce travail ne reprend des formulations ou des
idées d'autres sources sans citation de ces sources.
J'affirme avoir pris connaissance des articles du Code de
la propriété intellectuelle reproduits ci-dessous, et je
comprends que tout acte de non-respect des droits de la propriété
intellectuelle me rend passible, conformément à la loi et au
règlement de cet établissement, de non-obtention de mes
unités d'enseignement et éventuellement de traduction devant le
conseil de discipline de l'établissement.
Fait à Clermont-Ferrand, le 21/06/2014
Rappel du Code de la propriété
intellectuelle :
Article L122-4 « Toute
représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans
le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est
illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la
transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un
procédé quelconque ».
Article L335-2 « Toute
édition d'écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture
ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en
partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la
propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute
contrefaçon est un délit. La contrefaçon en France
d'ouvrages publiés en France ou à l'étranger est punie de
trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende ».
4
SYNTHESE DU MEMOIRE
Le télétravail reste encore peu pratiqué
en France. Un certain nombre de préjugés, de peurs et
d'incertitudes semblent constituer un frein au développement de cette
pratique. Pourtant, des études en ont démontré les effets
positifs. Mais ces effets positifs ne peuvent se faire ressentir que lorsque le
télétravail est accompagné d'une mise en place
réfléchie et d'un management adapté. J'ai donc, à
travers ce mémoire, cherché à savoir comment le management
peut-il s'adapter au télétravail ?
La littérature ayant analysé la mise en place et
le management du télétravail, ses bonnes et mauvaises pratiques,
ses effets positifs et négatifs, nous montre qu'un certain nombre de
facteurs doivent être présents afin que le
télétravail soit un succès. En effet, la mise en place du
télétravail, doit d'une part, s'effectuer petit à petit,
au travers de phases distinctes. D'autre part, elle ne peut concerner toutes
les organisations ; le télétravail n'étant pas
adapté à tous les types de postes et à tous les types de
personnalité. Avant même de le mettre en place, il faudra donc
réfléchir à tous les éléments qui entrent en
compte, de la personnalité des salariés et des managers, de leurs
relations et leur rapport de confiance à la protection des
données de l'entreprise. Une fois le management mis en place, il faudra
être capable d'en assurer le suivi et de s'y adapter autant d'un point de
vue technique et légal que d'un point de vue humain. Enfin, les
salariés en télétravail nécessitant à la
fois plus d'autonomie mais aussi plus de suivi et de contact, il faudra savoir
adapter le style de management à cette dualité entre
contrôle et autonomie.
A partir de mon vécu et de la littérature
étudiée, j'ai cherché à comprendre comment les
salariés en télétravail, qu'ils aient ou non des fonctions
managériales, vivaient ce mode de travail. J'ai donc posé onze
hypothèses, que j'ai voulu vérifier ou réfuter à
travers une étude du terrain avec des entretiens semi-directifs. J'ai
interviewé six salariés en télétravail. Parmi ces
six salariés, trois ont des fonctions managériales et trois n'en
ont pas. De plus, leurs profils sont différents notamment de par
l'entreprise dans laquelle ils travaillent, la proportion du
télétravail dans leur temps de travail et leurs postes. Cette
diversité des profils interrogés a rendu ces entretiens
très intéressants et ont soulevé des questions auxquelles
je n'avais pas pensé avant de débuter ces entretiens.
Ces entretiens m'ont permis de faire des recommandations
concernant le management de télétravailleurs et
particulièrement sur : la sélection et la formation, le
contrôle, la
5
communication, le style de management, l'évaluation,
les process de travail et le temps de travail. Mes recommandations se
synthétisent de la manière suivante :
Il faut porter un soin particulier à
l'intégration d'un salarié en télétravail, qu'il
faisait ou non partie de l'entreprise avant d'être en
télétravail. Lorsque cela est possible, il faudra instaurer le
télétravail de manière progressive. Il faudra
également former tous les acteurs concernés.
Il est préférable de contrôler les
résultats plutôt que la présence afin de respecter
l'autonomie du télétravailleur.
Un des enjeux importants du télétravail est
d'éviter l'isolement. Il faut donc organiser des rencontres et faire des
points le plus souvent possible et privilégier le travail
d'équipe. Dans le télétravail à plein temps, il
faut préférer la communication orale à la communication
écrite.
En télétravail, il est important d'accompagner
le salarié dans ses débuts qui peuvent parfois être
difficiles. Tout au long du contrat, le manager devra se montrer disponible et
évaluer ses collaborateurs sous forme d'objectifs. Les feedbacks
réguliers sont très importants en vue, entre autres,
d'éviter l'isolement et de renforcer le sentiment d'appartenance
à l'entreprise. Enfin, il faut impliquer ses collaborateurs dans les
processus de décision.
Le télétravail requérant plus
d'organisation qu'une forme de travail plus « classique », il faut
privilégier des process de travail écrits sans pour autant brider
l'autonomie du salarié.
Il ressort également des témoignages des
télétravailleurs qu'instaurer une base horaire est la meilleure
option dans un cadre de travail à distance. En effet, le contrôle
du temps peut être mal perçu et le télétravail
demande de la flexibilité. De plus, lorsque cela est possible, il est
préférable de privilégié le temps partiel au temps
plein.
Enfin, même si le télétravail parait bien
fonctionner dans les organisations étudiées, nous voyons que le
management ne s'adapte pas toujours à ce mode de travail. En effet, les
managers français semblent continuer d'adopter un management «
classique », comme ils le feraient dans les locaux de l'entreprise. De ce
fait, on peut se demander si finalement, la culture managériale
française ne serait pas un frein au télétravail ?
6
Table des matières
Introduction 7
PARTIE 1 - Le télétravail, de sa mise en
place à son management 11
1.1 Mise en place du télétravail, des
étapes à respecter 11
1.2 Le manager d'équipe en télétravail :
du gestionnaire au coach 16
1.3 Evaluation de la performance en télétravail
21
PARTIE 2 - L'approche terrain 24
2.1 La méthodologie 24
2.2 Entretiens - Rencontres avec des professionnels en
télétravail 25
2.3 Analyse des résultats 28
PARTIE 3 - Limites et recommandations 35
3.1 Limites 35
3.2 Recommandations concernant le management du
télétravail 36
Conclusion 42
Bibliographie 44
Annexes 46
Résumé 78
7
INTRODUCTION
DEFINITION DU TELETRAVAIL ET CADRE JURIDIQUE EN
FRANCE
En 2005, l'ANI (Accord National Interprofessionnel)
définit le télétravail comme : « une forme
d'organisation et/ou de réalisation du travail, utilisant les
technologies de l'information dans le cadre d'un contrat de travail et dans
laquelle un travail, qui aurait également pu être
réalisé dans les locaux de l'employeur, est effectué hors
de ces locaux de façon régulière. »1.
Cette définition est le résultat d'une
négociation entre les partenaires sociaux qui ont signé cet
accord en 2005 et s'applique à l'ensemble des salariés du secteur
privé.
Le caractère régulier exigé par la
définition de l'ANI n'implique pas que le travail doit être
réalisé totalement hors de l'entreprise, elle n'exclut donc pas
le télétravail à temps partiel.
La loi du 22 mars 2012 et la jurisprudence de la Cour de
Cassation délimitent plus précisément le cadre juridique
du télétravail. Selon cette loi, le télétravail
doit être accepté par le salarié sur la base du
volontariat. En cas de refus, le salarié ne pourra être
exposé à un risque de licenciement même si son contrat de
travail contient une clause de mobilité. Il est aussi
précisé que le télétravailleur peut, à tout
moment, retrouver un poste au sein de l'entreprise mais seulement si le
télétravail n'était pas une des conditions liées
à son recrutement.
La mise en oeuvre du télétravail doit figurer
dans un avenant au contrat de travail ou dans le contrat de travail. L'avenant
ou le nouveau contrat doit prévoir une période d'essai lors de
laquelle les deux parties peuvent décider de mettre fin au
télétravail. Il faut aussi y détailler le matériel
à disposition du salarié pour travailler à domicile ainsi
que les coûts pris en charge par l'employeur.
Le télétravailleur dispose du même statut
juridique qu'un salarié travaillant dans les locaux de l'entreprise. Il
peut donc prétendre aux mêmes droits en termes de
rémunération, de temps de
1 Accord National Interprofessionnel du 19 juillet
2005 sur le télétravail
http://www.lexisnexis.fr/pdf/DO/teletr.pdf
8
travail, de congés payés... Ainsi que de
l'affiliation au régime de protection sociale et au régime de
retraite complémentaire. Il doit également respecter les
obligations fixées par son employeur et s'expose à des sanctions
disciplinaires en cas de non-respect.
En ce qui concerne l'employeur ses obligations sont multiples
selon la loi. Il doit, en autres choses, prendre en charge les coûts
liés à l'exercice du télétravail, donner au
télétravailleur la priorité pour occuper ou reprendre un
poste qui n'est pas en télétravail et organiser, tous les ans, un
entretien portant notamment sur les conditions de travail du
télétravailleur. (cf. Annexe 1 : Articles de loi du code du
travail concernant le télétravail).
OU EN EST-ON AUJOURD'HUI ?
Historique
Même si le fait de réaliser des activités
professionnelles en dehors du lieu de travail a toujours existé, le
télétravail comme nous l'avons défini plus haut ne prend
réellement corps que dans les années soixante-dix avec
l'évolution des technologies.
Dans les années 1990, les pouvoirs publics commencent
à s'intéresser à ce mode de travail. En France et dans les
autres pays industrialisés, les contraintes économiques et
sociales donnent plus d'intérêt au télétravail.
En 2002, l'Europe encourage cette forme de travail et les
partenaires sociaux européens signent un accord sur le
télétravail qui sera suivi en 2005 par l'accord
interprofessionnel français. En 2012, une nouvelle dynamique est
lancée par Eric Besson qui incite les entreprises à
généraliser le télétravail2.
Le télétravail en chiffres
Il est difficile de connaître la proportion de
télétravailleurs en France, cette forme de travail étant
souvent pratiquée de manière informelle dans les petites
entreprises. En effet, selon l'étude « le tour de France du
télétravail » menée chaque année par LBMG
Worklabs, Neo-nomade, Openscop et Zevillage, il y aurait 67% de pratiques
informelles et ponctuelles de télétravail. De plus, les
résultats des enquêtes diffèrent souvent selon la
définition qui est donnée au télétravail.
D'après cette même étude, 16.7% des Français
travailleraient plus d'une
2 Plan France numérique 2012
9
fois par semaine en dehors du bureau alors qu'ils seraient de
20 à 40% dans les pays scandinaves et anglo-saxons.
Des freins culturels et managériaux
Les problèmes posés par le
télétravail s'avèrent principalement liés aux
mentalités. Celles-ci constituent un frein beaucoup plus important que
les facteurs techniques. En effet, l'enquête « Le tour de France du
télétravail » met en lumière que 78% des dirigeants
d'entreprises n'ayant pas mis en place le télétravail ont des
doutes sur l'efficacité des équipes en télétravail
et 55% le pensent incompatible avec la culture d'entreprise.
En France, la plupart des travailleurs sont
évalués sur leur temps de présence, la façon de
travailler, l'avancement du travail, vus par les yeux du manager. De plus, la
distance hiérarchique est forte et le management veut sentir qu'il a
plus de pouvoir que ses subordonnés. Or, le seul critère
observable pour un télétravailleur, est le résultat de son
travail.
Pourtant, selon cette même étude, 73% de ceux qui
ne télétravaillent pas aimeraient
télétravailler.
POURQUOI CE SUJET ?
Etant moi-même en contrat de professionnalisation dans
une entreprise où tout le monde est en télétravail, j'ai
eu envie de m'intéresser de plus près à ce mode de travail
particulier. Au fil de mes recherches documentaires et des discussions avec
collègues et connaissances, j'ai remarqué que le management de
salariés en télétravail soulevait beaucoup de questions et
d'interrogations à la fois chez les personnes le pratiquant et les
autres.
De plus, ce mode de travail restant flou voire inconnu pour
beaucoup de personnes, j'ai également remarqué qu'il était
accompagné d'un certain nombre de préjugés tels que : le
télétravailleur n'a pas besoin de se lever le matin, il peut
regarder la télévision en travaillant, il travaille moins, il est
moins efficace...
Même si ces préjugés sont surtout
véhiculés par des personnes qui ne sont pas concernées par
le télétravail, je me suis demandé si les managers
n'avaient pas, eux-aussi, ce genre de préjugés et un certain
nombre de peurs et incertitudes concernant le télétravail. J'ai
donc
10
trouvé intéressant de me demander pourquoi ce mode
de travail, qui peut être très intéressant pour une
entreprise, était si peu pratiqué dans notre pays.
De cette réflexion est née une question : comment
le management peut-il s'adapter au télétravail ?
Notons que je me suis intéressée aux
salariés en télétravail et non aux indépendants
car, à mon sens, la dimension managériale n'est pas du tout la
même dans un rapport indépendant-client.
Afin de répondre à cette problématique, nous
verrons dans une première partie comment la littérature
récente a analysé la mise en place et le management du
télétravail dans les organisations et quelles bonnes et mauvaises
pratiques ont été identifiées.
Dans une deuxième partie, nous verrons pourquoi j'ai
utilisé la méthode qualitative avec une approche déductive
et quels en ont été les résultats.
Enfin, dans une dernière partie, je proposerai des
recommandations à partir des résultats des deux parties
précédentes.
11
PARTIE 1. LE TELETRAVAIL, DE SA
MISE EN PLACE A SON
MANAGEMENT
La littérature a analysé le
télétravail, de la mise en place à la manière de
manager et d'évaluer des télétravailleurs. Si beaucoup de
salariés interrogés souhaiteraient télétravailler
et que ceux qui le pratiquent déjà y voient majoritairement un
impact positif, on remarque que les principales barrières à ce
mode de travail sont culturelles et managériales.
En France, un frein culturel incite les dirigeants à
croire qu'un salarié qui n'est pas physiquement présent dans
l'entreprise ne s'y investit pas autant. En effet, les principes du travail
à distance étant basés sur la flexibilité et la
confiance, comment faire confiance à ses collaborateurs en
télétravail quand les discussions informelles font partie
intégrante de la journée de travail en France et quand on sait
que les managers vous évaluent plus en fonction du nombre d'heures
passées dans l'entreprise qu'en fonction de vos résultats
réels ?
1.1 MISE EN PLACE DU TELETRAVAIL, DES ETAPES A
RESPECTER
La mise en place du télétravail ne peut
s'effectuer que si les conditions matérielles et humaines le permettent.
A priori, ne peuvent être éligibles au télétravail
que les salariés dont l'activité en télétravail ne
gêne pas le fonctionnement de leur équipe de rattachement et ne
nécessite pas un soutien managérial rapproché.
En effet, pour pouvoir effectuer son activité à
distance, il faut exercer une fonction avec un rendement concret, mesurable et
savoir travailler de manière proactive. Selon Philippe Planterose,
auteur du livre « Télétravail, travailler en vivant mieux
» (2014), l'activité du futur télétravailleur doit
pouvoir s'effectuer grâce à des outils informatiques et
téléphoniques. Le télétravail requiert donc un bon
usage des outils de bureautique, internet, et logiciels spécifiques au
métier mais également l'expérience du métier.
1.1.1 La sélection
Que l'on souhaite recruter un salarié en
télétravail ou signer un accord de télétravail avec
un salarié déjà présent dans l'entreprise, la
sélection est très importante. Le futur
télétravailleur doit faire preuve d'une grande autonomie,
être organisé, et avoir de très bonnes capacités
de
12
communication. L'autonomie du salarié est la condition
la plus importante à prendre en compte dans le recrutement. Dans une
étude de l'Anact « le télétravail en question »
(2002), Denis Berard remarque que souvent, l'autonomie résulte de deux
facteurs : la qualification du salarié (expérience du
métier, diplômes élevés...) et sa
personnalité (il doit posséder les caractéristiques
personnelles évoquées plus haut).
1.1.2 La formation
Une fois la sélection effectuée, comme le font
remarquer Taskin et Tremblay (2010), une grande importance doit être
donnée à la formation qui est un très bon instrument de
socialisation dans une organisation. Elle doit avoir lieu au départ et
tout au long de l'activité et va notamment viser à éviter
l'isolement du salarié. On peut aussi mettre en place des team-building
dont l'objectif est de renforcer la cohésion d'équipe à
travers des activités de jeux, de formations expérientielles,
d'activités sportives, culturelles, artistiques ou créatives.
De plus, Planterose (2014) montre que même si ils ne
pratiquent pas eux-mêmes le télétravail, il est important
de former les managers : les former à connaitre le
télétravail, à savoir manager des futurs
télétravailleurs et surtout, à savoir manager sur objectif
et en mode projet : les systèmes de référence
utilisés dans le management présentiel, nous le verrons dans la
deuxième sous-partie, doivent laisser place au management par
résultat ou sur objectif en mode projet.
Selon lui, il faut également former les salariés
à savoir travailler à distance : une formation visant à
donner aux futurs télétravailleurs et à ceux qui le sont
déjà les préconisations afin de ne pas commettre d'erreur.
En effet, la mise en place de cette nouvelle organisation doit être
gérée comme celle des autres changements.
1.1.3 Les différentes phases de la mise en place du
télétravail
Même si le télétravail ne peut être
mis en place de la même façon dans toutes les entreprises, M.
Walrave (comment introduire le télétravail, 2010) s'appuyant sur
une étude de 14 organisations (publiques et privées) qui ont
participé à une formation et testé la mise en place du
télétravail en Belgique, relève plusieurs phases communes
à toutes les organisations :
La première phase est la phase de réflexion et
concertation, où l'on va constituer une équipe de projet,
discuter des avantages et des inconvénients, étudier les quatre
facteurs clés de succès du télétravail. Ces
facteurs clés de succès, selon Walrave, sont :
13
- Les caractéristiques des fonctions ou des postes de
travail.
- Les caractéristiques personnelles des
télétravailleurs.
- Les caractéristiques des organisations.
- Les caractéristiques des familles des
télétravailleurs : le soutien familial est lié
positivement à la satisfaction de l'employé en ce qui concerne
son expérience de travail à domicile3. D'autres
études ont montré que les télétravailleurs à
domicile étaient souvent interrompus par les membres de leur
famille4.
La seconde phase est la phase de définition des
objectifs : il est question de clarifier les objectifs du projet pilote, de
nominer un responsable de l'équipe de projet, d'établir une
charte ou une politique sur le télétravail : droits, devoirs et
modalités d'accessibilité du télétravailleur
pendant certaines heures, et de définir les rôles et
responsabilités des services concernés.
La troisième phase consiste à préparer le
projet pilote : une enquête ou sondage sera mené auprès des
télétravailleurs et communiqué auprès du
personnel.
La quatrième phase est une phase de lancement du projet
pilote : il faudra offrir une assistance en ligne ou téléphonique
aux télétravailleurs et à leurs superviseurs et mener des
initiatives visant à prévenir l'isolement social des
télétravailleurs.
Et enfin, dans la cinquième phase, il s'agit
d'évaluer le projet : pendant cette période, l'entreprise va
recueillir les points positifs et négatifs de la mise en place du
télétravail et apporter les corrections éventuelles.
De manière générale, le
télétravail apparaît, pour la plupart des
télétravailleurs, comme étant
une source d'améliorations dans les domaines suivants :
- Vie personnelle
- Gestion du temps
- Stress
- Productivité
3 Haines et al., 2002
4 Igbaria et Guimaraes, 1999
14
De la même manière, les facteurs sur lesquels le
télétravail à des effets négatifs sur les
conditions de travail sont :
- L'augmentation de leur temps de travail
- Augmentation des coûts personnels liés à
l'activité
- Augmentation de la charge de travail
Les différentes phases citées
précédemment doivent, selon Walrave (2010), être le point
de départ de la mise en place du télétravail dans toute
entreprise.
Planterose (2014) aussi parle de phase expérimentale.
La quasi-totalité des projets portant sur le télétravail
au sein des organisations doit être déployée graduellement.
Cette phase expérimentale vise à appréhender les
différentes facettes du télétravail et de son management.
Dans un premier temps, il est nécessaire de commencer par un ou deux
jours de télétravail pour éviter un isolement trop
important du télétravailleur et, pour le management, pouvoir
comparer la productivité sur les jours en télétravail et
les jours en entreprise. De plus, cette phase d'expérimentation ne doit
pas concerner tous les salariés pour éviter de trop compliquer
l'organisation du projet.
De plus, notons que selon une étude de l'Obergo (2012),
afin de maintenir le lien social et pour que les effets positifs se fassent
ressentir, il est nécessaire que le télétravail soit
réalisé à temps partiel et ne pas dépasser trois
jours par semaine. En effet, selon cette étude, l'idéal pour un
bon équilibre entre vie professionnelle et vie familiale se situe entre
deux et trois jours par semaine hors du bureau. De nombreux employeurs se
félicitent des résultats de la mise en place du
télétravail constatant que leurs collaborateurs sont moins
stressés, travaillent au moins autant (souvent plus) qu'au bureau et que
le taux d'absentéisme a baissé. Comme le montre le tableau
ci-dessous, après trois jours de télétravail par semaine,
le pourcentage de télétravailleurs estimant que le travail
à distance n'a aucun effet négatif sur leurs relations avec leurs
collègues et managers et sur leur qualité de vie, baisse :
15
Tableau n°1 : Evolution des effets négatifs du
télétravail selon le nombre de jours
% de télétravailleurs estimant que le
télétravail n'a aucun effet négatif direct sur
leurs relations avec leurs collègues (1), leurs managers (2) et leur
qualité de vie (3), en fonction du nombre de jours affectés au
travail à distance
|
|
(1)
|
(2)
|
(3)
|
5 jours
|
66
|
71
|
76
|
4 jours
|
76
|
78
|
92
|
3 jours
|
85
|
87
|
93
|
2 jours
|
86
|
88
|
96
|
1 jour
|
86
|
86
|
89
|
Source : Yves Lasfargue et Sylvie Fauconnier, enquête
Obergo 2011/20125
Selon l'analyse de Denis Berard (2002), il est
également important d'impliquer les employés qui ont des
collègues télétravailleurs dans ce processus afin qu'ils
comprennent bien ce que cela signifie et ne croient pas, par exemple, que leurs
collègues sont tranquillement chez eux à regarder la
télé ou au contraire qu'ils peuvent être joignables
à toute heure. Ce sujet revient effectivement souvent lorsqu'on discute
du télétravail avec une personne qui ne le pratique pas. En
effet, la plupart des télétravailleurs ont déjà
entendu des remarques du type : « Ah, tu es en télétravail,
tu peux regarder la télé toute la journée ! » ou
« Mais toi ce n'est pas pareil tu es en télétravail, moi je
me lève demain ! ». Pour éviter ce regard péjoratif
de la part des collègues qui ne pratiquent pas le
télétravail, l'entreprise doit leur communiquer les
définitions, enjeux et règles de ce mode d'organisation. Il en va
de même pour la famille du salarié. Comme nous l'avons vu plus
haut, les caractéristiques des familles des salariés à
distance sont un des facteurs clés de succès de la mise en place
du télétravail. Cependant, c'est au salarié qui travaille
à distance de communiquer au sein de son foyer et de faire comprendre
à ses proches qu'il ne doit pas être dérangé
lorsqu'il travaille.
1.1.4 La protection des données
D'un point de vue technique, Planterose (2014) nous fait
remarquer qu'il est nécessaire d'avoir un système d'information
opérationnel, protégé contre la
cybercriminalité.
L'employeur doit valider toute la partie concernant la
sécurité et la continuité du fonctionnement hors des
locaux de l'entreprise. Il doit également équiper les
télétravailleurs
5 Lasfargue, Fauconnier, Les conditions de
réussite du télétravail, Résultats de
l'enquête OBERGO 2011/2012 sur les impacts du télétravail
réel et les évolutions des conditions de vie des
salarié(e)s, 9 mars 2012
16
en leur fournissant les outils nécessaires pour
effectuer leurs missions. De ce fait, à minima, l'employeur est tenu de
fournir l'ordinateur portable, le téléphone et les abonnements
correspondants, ainsi qu'un bureau et une chaise ergonomique. De plus, un
service d'assistance technique doit être mis en place. Il peut être
interne à l'entreprise ou assuré par un fournisseur
extérieur.
Le télétravail ne sera pas un vecteur de
compétitivité s'il met en danger les données de
l'entreprise. Selon une étude du cabinet Vanson Bourne, les dirigeants
de PME sont en effet 60% à estimer que le télétravail peut
nuire à leur sécurité informatique. Il est donc essentiel
de s'équiper d'outils sécurisés avant d'autoriser ses
collaborateurs à travailler de chez eux. Les plateformes cloud
permettent de développer le travail collaboratif à distance, en
donnant accès aux documents aux personnes autorisées, dans
l'entreprise comme à l'extérieur de ses murs.
1.1.5 La notion de confiance
D'un point de vue humain, on notera aussi l'importance majeure
de la notion de confiance. En effet, les études menées au sein
des entreprises montrent que le télétravail se met en place plus
facilement dans les services où les managers font confiance à
leurs subordonnés et où les relations entre les collaborateurs
ont une place importante. Si les managers n'ont pas confiance en leurs
collaborateurs et qu'ils se posent sans cesse la question de savoir s'ils sont
réellement en train de travailler, le télétravail a toutes
les chances d'échouer dans l'entreprise.
Mais alors, comment manager ses collaborateurs quand
ceux-là ne sont pas présents dans les locaux de l'entreprise et
travaillent en toute autonomie ? Le télétravail ne remet-il pas
en cause des formes de pouvoir sur l'organisation de la coopération, le
contrôle et la surveillance?
1.2 LE MANAGER D'EQUIPE EN TELETRAVAIL : DU GESTIONNAIRE
AU COACH
Après avoir sélectionné et formé
les collaborateurs éligibles au télétravail, il va falloir
que le manager d'une équipe en télétravail sache adapter
sa posture à ce nouveau mode de travail.
En effet, le télétravail remet en question les
pratiques de gestion traditionnelles. Dans ce mode d'organisation, ne pas
être présent dans les locaux de l'entreprise n'est pas
associé à l'absence ou au fait de ne pas travailler.
17
1.2.1 Dépasser la peur de perdre le
contrôle
Dans la plupart des études menées sur le
télétravail, on constate que la majorité des freins
à la mise en place du télétravail vient du « middle
management » et l'une des plus grandes questions de ces managers est :
Comment contrôler les travailleurs à distance ? La peur de «
perdre le contrôle » est souvent évoquée par ces
derniers.
Il semblerait que le désir de contrôler les
salariés soit à l'origine de certains rapatriements de
télétravailleurs à l'entreprise. Le travail à
distance perturbe le contrôle et la gestion. Ainsi, dans un e-mail du 22
février 2013, Marissa Mayer, la PDG du groupe Yahoo !, a demandé
aux employés travaillant chez eux de revenir dans les locaux du
siège dès le mois de juin. Raison invoquée : «
Beaucoup de ces personnes n'étaient pas productives », « Ils
étaient nombreux à se cacher. Ils étaient tous des
employés - à distance - et pourtant personne ne savait qu'ils
travaillaient encore chez Yahoo. »6. Le fait de dire que ces
télétravailleurs se « cachaient » montre que le
management à certainement « perdu le contrôle » de ces
salariés et n'a pas su comment les gérer.
De plus, la question soulevée par cette décision
est : le groupe s'est-il adapté à ce nouveau mode de travail ou
s'est-il contenté de garder un management traditionnel ?
1.2.2 Coordonner plutôt que contrôler
Le dirigeant manage des employés qu'il ne voit
quasiment jamais physiquement, son influence doit donc s'exercer via la
technologie (système de messagerie instantanée,
téléphone, vidéo conférence...). De ce fait, son
style doit être adapté, il ne peut pas être le même
qu'en face à face. Il doit coordonner plutôt que contrôler.
Selon Taskin et Tremblay (2010), les managers doivent établir des
pratiques de gestion spécifiques en matière de socialisation et
doivent passer d'un rôle de gestionnaire à un rôle de coach.
Passer d'un management de contrôle à un management de l'engagement
car le contrôle visuel et le contrôle du temps de travail est
problématique. En effet, à moins de mettre en place un
système de surveillance par webcam, on peut difficilement savoir si
l'employé est à son poste de travail. Et, même avec ce
système, difficile de savoir s'il est réellement en train de
6 Le management très exigeant d'une
équipe en télétravail, Propos recueillis par
Sébastien Pierrot,
Capital.fr avec management, le
07/06/2013
18
travailler. Il faut donc amener le
télétravailleur à se sentir engagé dans ce qu'il
fait, qu'il sache qu'il est soutenu et accompagné et que son travail
compte. Si le travailleur à distance sait que ses supérieurs
comptent sur lui et lui font confiance, il aura envie de montrer qu'ils ont
raison de lui accorder cette confiance.
1.2.3 Gérer les distances psychologiques
Selon Eric Brunelle (e-leadership, l'art de gérer les
distances psychologiques, 2009), gérer les distances psychologiques est
l'enjeu le plus important. La distance psychologique se définit comme
« le degré d'inégalité qui existe (psychologiquement)
entre deux individus, dans la mesure où une certaine dimension est
impliquée »7. Ainsi, d'une faible distance
psychologique, résulte un plus grand engagement de la part du
télétravailleur. Une satisfaction accrue, une communication
facilitée, un sentiment de confiance, permettent la création
d'une culture d'entreprise. Tout cela donnant une performance plus
élevée. Pour le dirigeant, cette faible distance psychologique
permet de faciliter le choix des moyens de communication, la résolution
des conflits, le contrôle et la coordination. En réduisant les
distances psychologiques, le salarié en télétravail se
sent plus proche de son management et le tient donc informé de
l'avancé de son travail, des éventuels problèmes
rencontrés, etc...
1.2.4 Entre autonomie et contrôle
Selon Planterose (2014), la peur de ne plus avoir ses
collaborateurs « sous la main » est une raison du retard du
télétravail en France. En effet, la mise à distance du
salarié vient perturber la répartition des rôles
hiérarchiques et subordonnés. Pour le manager, garder le
contrôle et laisser une grande autonomie à ses collaborateurs est
compliqué.
Les télétravailleurs de leur côté,
comme l'a démontré Deffayet en 2002, se sentent autonomes et
libres de gérer leur emploi du temps. De ce fait, ils
n'apprécient pas l'intrusion du gestionnaire dans leur travail, qu'ils
perçoivent comme un manque de confiance. Là encore, le manager
doit passer d'un rôle de superviseur à un rôle de coach. Il
est important de montrer qu'il n'est pas là pour « fliquer »
ses collaborateurs mais bien pour les manager, pour les accompagner dans la
réussite de leurs objectifs ou leurs projets. Taskin et Tremblay (2010)
proposent même une formation au coaching pour les managers de
télétravailleurs. Le manager « coach du changement »
doit abandonner la logique du commandement pour permettre le
développement de l'autonomie dans le respect des compétences de
chacun. Le rôle de
7 Mudler, Power and satisfaction in task oriented
groups, Acta Psychol, 1959, p 197
19
contrôle s'établit désormais en utilisant
des logiciels de gestion de projet ou de reporting et non pas par le manager
lui-même.
Planterose (2014) va plus loin, pour lui, pas besoin de
surveiller et contrôler ses collaborateurs mais plutôt les manager
par une maitrise globale. Le management doit être coopératif ou
collaboratif. En effet, aujourd'hui, le management repose surtout sur des
principes de conformité et d'obéissance. Le manager dit ce qu'il
doit être fait et le subordonné le fait. Or, ce mode de management
peut devenir un frein à la bonne mise en oeuvre du
télétravail. Le management coopératif part du principe que
les salariés ont des capacités, l'envie de travailler, le sens
des responsabilités et le souhait d'être associés aux
projets de l'entreprise, donc on peut leur faire confiance.
Dans « le télétravail en question »
une des entreprises analysées est une PME dans laquelle il n'y avait pas
de liberté dans la procédure de traitement des tâches, un
temps d'intervention minuté, des plages horaires strictes et pas de
retour à l'entreprise (télétravail à 100%). La mise
en place du télétravail fut un échec car il en a
résulté un grand sentiment d'isolement de la part des
télétravailleurs. Ils ont ressenti un manque de reconnaissance et
d'identité professionnelle, deux éléments très
important en télétravail. Cet exemple montre qu'en laissant
à la fois peu d'autonomie et en ayant peu de contacts avec les
télétravailleurs, la réussite du télétravail
est mise en péril.
1.2.5 Le besoin de communication et de reconnaissance du
salarié en télétravail
On constate donc l'importance d'un contact régulier et
d'un retour ponctuel (si possible) sur le lieu de travail pour le maintien du
lien social et du même coup, une forme de contrôle.
De plus, il devient nécessaire de formaliser la
communication qui, dans les locaux, pouvait être informelle. La
conversation devant la machine à café et les félicitations
suite à une réussite en passant devant le bureau n'existent plus,
il faut donc organiser des moments pour échanger et s'y tenir.
D'ailleurs, Lee-Kelly et Al (2004) ont montré que les
travailleurs virtuels ont besoin davantage de reconnaissance et de
communication que les salariés présents physiquement en
entreprise. La multiplication des feedbacks atténue le sentiment
d'isolement du télétravailleur et maintient sa motivation. Le
salarié en télétravail ne doit voir la mise à
distance géographique de son lieu de travail comme une mise à
distance humaine. Il est important qu'il se considère toujours comme
faisant partie de l'entreprise, le supérieur doit donc faire
20
beaucoup de rétroactions et elles doivent être
plus précises que dans une forme de travail en présentiel.
Il faut savoir contrer la distance physique due au
télétravail grâce à la technologie, d'une part, qui
va permettre la multiplication des échanges entre collègues et
entre managers et subordonnés. D'autre part, le manager doit veiller
à la fois à promouvoir l'esprit d'équipe et à se
préoccuper des attentes individuelles pour que l'employé ne se
sente pas isolé, mis à l'écart.
1.2.6 Faire confiance à ses collaborateurs
Le dirigeant comme le manager doit comprendre les enjeux de ce
mode de travail. Il doit avoir confiance en ses collaborateurs, savoir accepter
l'incertitude, se montrer flexible et savoir s'adapter aux changements pour
manager.
La confiance est primordiale, si le
télétravailleur pense que son manager ne lui fait pas confiance,
il peut se sentir obligé de montrer qu'il travaille et être plus
réactif de peur qu'on pense qu'il ne travaille pas. Par exemple, le
salarié qui sent que son manager ne lui fait pas confiance peut
être amené à envoyer plus de mails que nécessaire ou
répondre au téléphone alors qu'il est occupé pour
montrer ou même prouver qu'il travaille, ce qui peut avoir un effet
contre-productif.
Le manque de confiance des managers envers les collaborateurs
est le principal obstacle à la réussite du
télétravail : la confiance dans les rapports sociaux est peu
répandue et demande du temps. En effet, pour la plupart des gens, il est
difficile de faire confiance sans avoir eu par le passé des preuves que
cette confiance peut être accordée. Cependant, si l'entreprise
recrute des salariés qui seront directement en télétravail
(par exemple si l'entreprise ne possède pas de locaux et que tous les
salariés sont à 100% en télétravail comme c'est le
cas dans mon entreprise ; ou si des salariés sont recrutés pour
occuper directement un poste en télétravail sans période
dans les locaux), les managers ont tout intérêt à partir
sur une base de confiance avec leurs subordonnés. Cette confiance
accordée va donner au travailleur à distance l'envie de ne pas
décevoir son supérieur hiérarchique.
Finalement, mêlant confiance, autonomie et
reconnaissance, il semblerait que la forme de « contrôle » la
plus adaptée au management de télétravailleurs soit le
contrôle de la
21
performance et des résultats8 et non le
contrôle des salariés eux-mêmes et de leur temps de
présence.
1.3 EVALUATION DE LA PERFORMANCE EN
TELETRAVAIL
Comme nous l'avons vu précédemment, la
réussite du télétravail dans une organisation est
fortement liée à une confiance réciproque entre les
collaborateurs et sur l'autonomie laissée aux travailleurs à
distance pour exécuter leur travail. La réussite du
télétravail repose non seulement sur l'usage des technologies de
l'information, mais aussi sur les dimensions managériales.
1.3.1 Pratiquer un management sur objectifs et en mode
projet
Dans les faits, le télétravail requiert un
management sur objectifs et en mode projet permettant de piloter le processus
en action. Les objectifs doivent être SMART (Specific, Measurable,
Achievable, Realistic, Time-bound), autrement dit, ils doivent être :
- Spécifiques à un collaborateur et ne pas
dépendre d'éléments dont il n'a pas la maîtrise. -
Mesurables, les indicateurs chiffrés devant être incontestables et
reconnus comme tels par le collaborateur.
- Atteignables.
- Réalistes et réalisables.
- Temporellement définis, avec une date de fin et des
points intermédiaires.
Selon Michel Walrave (2010), le contrôle visuel doit
laisser place à une gestion basée sur l'évaluation des
objectifs ou des résultats. Pourtant, beaucoup d'organisations font
l'erreur de garder les mêmes pratiques et continuent de considérer
que l'efficacité d'un salarié se prouve par le nombre d'heures
passées à son poste de travail.
Selon Denis Berard dans une étude de l'Anact (2002),
« Une situation de télétravail réussie implique au
minimum, sur le plan du management, le choix des procédures
d'évaluation du personnel basées sur des profils de postes
structurés en missions (ou projets). »
Le savoir-faire du manager d'une équipe en
télétravail consiste à mener son équipe et chaque
collaborateur en tenant compte des limites rencontrées afin de trouver
des solutions pour atteindre les objectifs fixés. En pratiquant un
management par objectifs ou par projets, le
8 Bailey et Kurland (2002), Daniels et al. (2001),
Illegems et Verbeke (2004)
22
manager donne au télétravailleur l'autonomie
dont il a besoin pour effectuer son travail à distance. Il lui montre
également qu'il lui fait confiance pour mener à bien sa mission
en n'intervenant pas dans toutes les phases de la réalisation de
celle-ci. Mais pour que sa mission soit menée à bien en toute
autonomie, le salarié doit évidemment savoir comment atteindre
ses objectifs.
1.3.2 Mettre en place des processus
Afin que les salariés en télétravail
soient le plus autonomes possible, il faut définir et mettre en place
des processus permettant de réaliser les objectifs et de piloter le
processus lui-même. La mise en place de processus fournit un cadre pour
une meilleure affectation des responsabilités et une meilleure
compréhension des missions et des rôles. Chaque processus doit se
caractériser par des objectifs clairs et des tâches
précises. Il implique la mesure de l'efficacité individuelle et
globale dans une optique de recherche permanente d'amélioration et de
performance. La mise en place de processus est d'autant plus importante en
télétravail que le salarié se trouve physiquement seul et
doit pouvoir trouver rapidement des réponses à ses questions, la
circulation des informations entre les personnes est plus lente en
télétravail.
Pour Planterose (2014), le management qui consiste à
« diriger une équipe de subordonnés en les commandant et en
les contrôlant et les surveillant « de visu » n'a plus lieu
d'être avec l'apparition des TIC ». C'est surtout vrai pour ceux qui
utilisent l'informatique comme principal outil de travail. Ce type de
management, ne correspond plus « ni à la performance, ni aux
objectifs à atteindre, ni aux comportements, ni à l'autonomie, ni
aux compétences des collaborateurs. »9. Il n'est plus
besoin de les surveiller et de les contrôler en permanence, mais de
manager par une maîtrise du processus global. Le rôle du manager
est de veiller à l'amélioration des compétences et des
processus pour atteindre le meilleur résultat possible.
Il est donc important d'avoir une procédure
d'appréciation du travail à distance adéquate et
pertinente.
1.3.3 Savoir déléguer
Etant donné que le manager ne contrôle pas en
présentiel ses collaborateurs, leur laisse une plus grande autonomie et
est censé leur accorder sa confiance, on peut parler de situation de
délégation. Selon l'étude de l'Anact « le
télétravail en question » (2002), deux types de
délégation conviennent au télétravail. Il y a la
délégation par mission réservée aux
salariés
9 Planterose, Télétravail, travailler en
vivant mieux, p 114
23
qualifiés. Elle propose comme objectif des
activités professionnelles complexes avec un aboutissement long et une
liberté de jugement et une grande marge de manoeuvre. Il y a
également la délégation par tâches.
L'activité est plus fragmentée et plus prescrite mais la mesure
de l'efficacité et plus compliquée ou du moins limitée.
Le salarié en télétravail, comme nous
l'avons dit précédemment, a besoin d'autonomie et de confiance.
Or, si son manager ne le laisse pas gérer ses missions, le
télétravail peut être un échec. Le manager qui a des
difficultés à déléguer des tâches aura du mal
à manager une équipe en télétravail qui est en
demande d'autonomie.
24
PARTIE 2. L'APPROCHE TERRAIN
2.1 METHODOLOGIE
Pour réaliser ce mémoire professionnel, j'ai
suivi une méthodologie précise pour réaliser la collecte
d'informations nécessaire à la résolution de ma
problématique : « Comment le management s'adapte-t-il au
télétravail ? ».
Je me suis intéressée à plusieurs types
de télétravail et à des profils différents que je
détaillerai plus loin. Mon objectif, en interrogeant des profils
différents, était de voir si et en quoi leurs réponses
seraient différentes.
2.1.1 Méthode qualitative
Pour répondre à cette problématique, il
m'a paru intéressant d'utiliser la méthode qualitative. J'ai pour
cela réalisé six entretiens auprès de salariés en
télétravail. Pour préserver l'anonymat des personnes
interrogées, je ne citerai ni leurs noms ni leurs entreprises
respectives.
Le but des entretiens : savoir comment vivent (ou ont
vécu) les travailleurs à distance, la mise en place et le
management du télétravail, qu'ils aient eu des fonctions
managériales ou non.
La méthode qualitative m'a permis d'avoir un autre
regard que le mien sur ce mode de travail. Elle m'a également permis de
valider ou d'infirmer des hypothèses en écoutant
l'expérience de salariés en télétravail.
2.1.2 Hypothèses
La méthode qualitative déductive consiste donc
à élaborer une ou plusieurs hypothèses et suite à
une phase d'observation, de recherches et d'entretiens, et à valider ou
réfuter les hypothèses émises.
A partir de l'apport théorique réalisé en
amont et de mes propres questionnements, j'ai donc établi dix
hypothèses, que je vais chercher à valider ou réfuter dans
l'approche terrain. L'objectif final reste d'obtenir la vision la plus
approfondie possible du sujet.
Les hypothèses sont les suivantes :
H1. Pour que le télétravail soit un
succès, il faut porter beaucoup d'attention à la sélection
et à la formation du télétravailleur
H2.
25
Le manager doit avoir confiance en ses collaborateurs en
télétravail
H3. Les managers d'équipes en
télétravail ont peur de perdre le contrôle
H4. La relation avec le manager et les collègues
est différente en télétravail
H5. Le contrôle bride l'autonomie du travailleur
à distance
H6. La communication est plus compliquée en
télétravail
H7. Le salarié en télétravail a
besoin davantage de reconnaissance
H8. Le style du manager d'équipe en
télétravail doit être différent d'un management
« classique »
H9. Le télétravail doit s'accompagner
d'une évaluation par objectif
H10. Il est important d'avoir des process écrits
en télétravail
H11. Le temps de travail doit être adapté
au télétravail, il doit être plus flexible
2.2 ENTRETIENS - RENCONTRES AVEC DES PROFESSIONNELS
EN
TELETRAVAIL
2.2.1 Entretiens semi-directifs de salariés en
télétravail
Les entretiens semi-directifs réalisés
auprès de salariés en télétravail m'ont permis
d'avoir une vision large du sujet, les entretiens sont plus orientés et
précis grâce à l'utilisation d'un guide d'entretien. Le but
du guide d'entretien est d'avoir une trame qui permette d'orienter le
répondant vers les thèmes que je souhaite explorer,
c'est-à-dire les hypothèses à valider ou réfuter.
J'ai donc relancé le répondant sur des points afin d'avoir les
informations nécessaires à ma recherche, tout en le laissant
s'exprimer librement. Le guide d'entretien utilisé lors des entretiens
semi-directifs se trouve en annexe.
2.2.2 Caractéristiques de l'échantillon
J'ai au total réalisé six interviews. Trois des
interviewés managent (ou ont managé) une ou plusieurs personnes
en télétravail. Les autres n'ont pas de fonction
managériale dans leur entreprise. Dans le choix des personnes à
interviewer, j'avais à coeur de trouver plusieurs types de
télétravail, ce qui me permettrait de voir ce qui est
différent selon que l'on est à temps plein, à temps
partiel, etc...
26
J'ai donc interviewé des personnes totalement en
télétravail depuis le début de leur contrat, une personne
totalement en télétravail depuis le début de son contrat
mais effectuant beaucoup de déplacements, une personne en
télétravail à temps partiel, et deux personnes totalement
en télétravail et ayant connu les deux modes de travail dans la
même entreprise.
Tableau n°2 : Caractéristiques de
l'échantillon
|
FONCTION MANAGERIALE
|
TYPE DE TELETRAVAIL
|
INTEGRE(E) EN
TELETRAVAIL
|
INTERVIEW 1
|
NON
|
TOTAL
|
OUI
|
INTERVIEW 2
|
NON
|
TOTAL MAIS NOMBREUX DEPLACEMENTS
|
OUI
|
INTERVIEW 3
|
NON
|
PARTIEL
|
|
INTERVIEW
4
|
OUI
|
TOTAL
|
OUI
|
INTERVIEW
5
|
OUI
|
TOTAL
|
NON
|
INTERVIEW
6
|
OUI
|
TOTAL
|
NON
|
La durée des entretiens variait de trente minutes
à une heure quarante-cinq, les interviews des personnes ayant des
fonctions managériales ont été les plus longues car je
leur ai posé des questions à la fois sur leur manager et sur
leurs subordonnés.
2.2.3 Les thèmes de l'entretien
J'ai mené mes entretiens autour de huit thèmes :
- La sélection et la formation
- Le management
- La confiance
- Les relations (entre collègues, managers et
subordonnés)
- L'autonomie
- La communication
27
- L'organisation - La satisfaction
Pour chaque thème, une ou plusieurs questions ont
été posées. Les questions étaient parfois
différentes selon le poste de la personne interviewée. J'ai donc
établi au préalable, plusieurs catégories
d'interviewés : les salariés étant passés des
locaux au télétravail, les salariés ayant
intégré l'entreprise directement en télétravail,
les salariés sans fonction managériale, et les salariés
ayant des fonctions managériales (cf. Annexe 2. Grille d'entretien).
LA SELECTION ET LA FORMATION
A travers les questions de ce thème, j'ai
cherché à savoir si le recrutement des salariés en
télétravail était adapté ou si finalement, les
entreprises menaient le même type de recrutement que pour des
salariés qui seront dans les locaux. J'ai de plus voulu savoir si les
salariés étaient formés et informés sur ce mode de
travail.
LE MANAGEMENT
Le management nécessitant une adaptation au mode de
travail de l'organisation, ce thème m'a permis de savoir si les managers
adaptaient effectivement leur style de management au télétravail
et notamment quels types de contrôle et d'évaluation était
menés. Ce thème est regroupé en cinq sous-thèmes :
le contrôle, la reconnaissance, la personnalité du manager,
l'évaluation et la délégation.
LA CONFIANCE
Nous l'avons vu précédemment, la confiance est
très importante dans un contexte de télétravail. J'ai donc
voulu connaitre les différents rapports de confiance qui se mettent en
place en télétravail.
LES RELATIONS ENTRE COLLEGUES, MANAGERS ET SUBORDONNES
Sur ce thème, j'ai orienté mes questions de
sorte à savoir si les relations personnelles étaient
altérées par le télétravail.
L'AUTONOMIE
A travers les questions sur l'autonomie, j'ai surtout voulu
comprendre comment les managers géraient l'autonomie ou le manque
d'autonomie de leurs collaborateurs en télétravail.
28
LA COMMUNICATION
Il m'a semblé intéressant de savoir comment
communiquent les télétravailleurs, à travers quels moyens,
quels sont les problèmes de communication rencontrés. De plus,
j'ai voulu savoir si les travailleurs se sentaient isolés.
L'ORGANISATION
Dans ce thème, j'ai cherché à savoir
comment s'organisaient les entreprises qui pratiquent le
télétravail et si les travailleurs à distance
étaient satisfaits de cette organisation. J'ai voulu savoir si les
process écrits avaient plus d'importance en
télétravail.
LA SATISFACTION
Ce thème était destiné à recueillir
le ressenti général par rapport au télétravail.
2.3 ANALYSE DES RESULTATS
H1. POUR QUE LE TELETRAVAIL SOIT UN SUCCES, IL FAUT PORTER
BEAUCOUP D'ATTENTION A LA SELECTION ET A LA FORMATION DU TELETRAVAILLEUR
Il semblerait que cela ne se vérifie pas
forcément avec les interviews. En effet, quatre interviewés
déclarent que le télétravail est un succès dans
leur entreprise et deux sont un peu plus mitigés mais ne
déclarent pas pour autant que c'est un échec. Pourtant, parmi cet
échantillon, personne n'a eu de formation au télétravail
ni d'information quelconque sur ce mode de travail au départ.
De plus, les interviewés n'ont pas non plus ressenti
que le recrutement était différent des autres recrutements qu'ils
avaient connu, à part pour le fait que certains n'ont pas eu d'entretien
physique voire pas d'entretien du tout.
Cependant, même si le télétravail n'est
pas un échec dans ces différentes entreprises, on remarque
malgré tout dans les réponses de certains interviewés, et
surtout dans les commentaires à la fin de l'interview, que ceux-ci sont
en demande d'informations sur le télétravail en
général ou tel qu'il est pratiqué dans l'entreprise. De
plus, l'interviewée 4 regrette de ne pas avoir été
accompagnée au début de son contrat en télétravail.
De la même manière, l'interviewée 6 précise que,
selon elle, il est encore plus important d'être formé aux produits
ou services de l'entreprise lorsque l'on est en télétravail, car
il est plus difficile de se les approprier hors des locaux.
29
112. LE MANAGER DOIT AVOIR CONFIANCE EN SES COLLABORATEURS EN
TELETRAVAIL
Il est difficile de dire si le rapport de confiance est
différent en télétravail. Il semblerait que de
manière générale, la confiance est mutuelle dans
l'échantillon interrogé, même si certains doutes et nuances
existent sur la confiance du salarié envers son manager mais jamais dans
le sens inverse.
Il a été difficile pour les interviewés
de me dire si le rapport de confiance était vraiment différent
d'une situation où l'on travaille dans des locaux, ou si cela
dépend plutôt des personnalités et affinités de
chacun.
De manière générale, les interviews
montrent que la confiance du manager envers ses collaborateurs ne s'instaure
pas très rapidement mais plutôt petit à petit, au fur et
à mesure des preuves comme le travail bien fait, les objectifs atteints,
l'implication et la réactivité.
113. LES MANAGERS D'EQUIPES EN TELETRAVAIL ONT PEUR DE PERDRE LE
CONTROLE
Sur les trois managers interrogés, deux expriment une
certaine peur face à la perte de contrôle sur un salarié en
télétravail. Le troisième manager (Interviewée 6)
dit ne ressentir aucune crainte à ce niveau-là.
Il semblerait que, proportionnellement inverse à la
confiance, le contrôle s'efface peu à peu avec le temps si le
travail est bien fait.
Cependant, il est intéressant de noter que seul
l'interviewé 6, exerçant dans une entreprise anglo-saxonne et
ayant elle-même vécu à Londres pendant 12 ans n'exprime
aucune appréhension. Or, nous avons vu dans la deuxième partie
que la peur de perdre le contrôle des managers français est
visiblement un des freins au télétravail (Planterose, 2014).
114. LA RELATION AVEC LE MANAGER ET AVEC LES COLLEGUES EST
DIFFERENTE EN
TELETRAVAIL
Les relations sont altérées par le fait de
travailler à distance, car le télétravail exclut la
plupart des contacts informels qui peuvent avoir lieu à la
pause-café ou la pause déjeuner par exemple.
On remarque dans les réponses des interviewés
que les relations sont différentes avec leur manager ou leur
collègues selon le nombre de projets en commun.
30
De plus, il semblerait que le télétravail ait
parfois des effets bénéfiques sur les relations dans le sens
où il évite des situations conflictuelles, car n'étant pas
en face à face, on a le temps de réfléchir à ce
qu'on va dire et de se calmer lorsque les propos de l'autre nous agacent par
exemple.
L'interviewée 5 fait remarquer qu'elle se sent moins
proche de ses collègues qui sont à une plus grande distance
géographique car de ce fait, ils se voient encore moins souvent.
En télétravail, les relations sont donc bien
différentes, mais ce n'est pas forcément négatif comme on
pourrait le penser à priori.
115. LE CONTROLE BRIDE L'AUTONOMIE DU TRAVAILLEUR A DISTANCE
Dans les six entretiens réalisés, nous avons
à faire à des personnes qui se considèrent toutes
très autonomes et il semblerait que leurs managers n'exercent pas
vraiment ou peu de contrôle. Il est donc difficile de savoir au travers
des réponses récoltées si le contrôle bride
l'autonomie du salarié en télétravail.
Seule l'interviewée 5 ressent une forme de
contrôle qu'elle vit assez mal, elle le ressent comme un forme «
d'intrusion » dans son travail et elle estime que ça lui fait
« perdre son temps ». Elle perçoit également assez mal
le contrôle de ses heures de travail qu'elle trouve plus poussé
que dans ses précédentes expériences où elle se
trouvait dans les locaux.
On remarque que les managers interrogés n'exercent pas
non plus de contrôle très régulier, seulement des
recadrages, réunions ou l'utilisation de logiciels type CRM pour voir
où en est le travail de leurs collaborateurs.
116. LA COMMUNICATION EST PLUS COMPLIQUEE EN TELETRAVAIL
Il ressort des entretiens que la communication est un peu plus
complexe en télétravail. En effet, l'absence de communication non
verbale peut être un problème. Le fait de ne pas voir les
réactions de ses interlocuteurs a provoqué chez les
interviewés 1 et 5, des malentendus et incompréhensions.
Les interviewés 2 et 4 soulèvent aussi la
question de l'écrit. La communication étant très souvent
écrite dans le travail à distance, il y a à la fois
l'absence d'intonation qui fait qu'une phrase peut être mal
interprétée et la perte de temps ou l'agacement quand une
réponse n'arrive pas.
31
De plus, la distance fait qu'on ne sait pas toujours ce qu'est
en train de faire notre collègue donc on ne sait pas combien de temps il
mettra à nous répondre.
En outre, les interviewés 6 et 4 font remarquer qu'on
peut facilement passer à côté de certaines informations
lorsqu'on n'est pas dans les locaux.
Enfin, quatre des personnes interrogées se sentent
parfois isolées. Notons que les deux personnes ayant répondu non
à la question « Vous sentez-vous isolé(e) ? » sont
l'interviewé 2 qui se déplace beaucoup chez ses clients et
l'interviewé 3 qui pratique le télétravail à temps
partiel, quand il le désire. Les quatre autres interviewées, en
télétravail à 100%, sont en demande de réunions et
de rencontres plus fréquentes.
H7. LE SALARIE EN TELETRAVAIL A BESOIN DAVANTAGE DE
RECONNAISSANCE
Il est intéressant de noter que sur les six personnes
interrogées, quatre souhaiteraient avoir plus de feedbacks sur leur
travail.
Seuls les interviewés 2 et 6 ont répondu
positivement à la question « Avez-vous des feedbacks
réguliers sur votre travail ? ». Les autres disent en avoir
très peu voire pas du tout.
Ces réponses sont visiblement en lien avec la question
de l'isolement à laquelle l'interviewé 2 avait répondu ne
pas se sentir isolé. Hormis les interviewés 3 et 6, tous ceux qui
avaient répondu positivement à la question « Vous
sentez-vous isolé(e) ? » n'ont pas de feedbacks réguliers et
aimeraient en avoir plus. On peut donc aisément comprendre que le manque
de feedbacks augmente la sensation d'isolement.
De plus, on pourrait le lier aussi à la question de la
culture d'entreprise et de l'identité professionnelle, car en effet,
l'interviewée 4 parle de l'impression de travailler pour elle-même
et non pas pour une entreprise.
Notons également que, parmi les managers, deux
répondent « J'essaie » à la question « Faites-vous
régulièrement des feedbacks à vos collaborateurs ? »,
ces deux managers n'ayant elles-mêmes pas de feedbacks de la part de leur
propres managers. Alors que la troisième reçoit des retours
hebdomadaires sur son travail et en fait également de manière
hebdomadaire à ses collaborateurs. On peut donc lier cette question du
manque de feedback à un problème d'organisation de l'entreprise
plus qu'à un problème venant uniquement du manager.
118. 32
LE STYLE DU MANAGER D'EQUIPE EN TELETRAVAIL DOIT ETRE DIFFERENT
D'UN MANAGEMENT « CLASSIQUE »
Seules deux des six personnes interrogées trouvent que
le style de management exercé par leur manager n'est pas adapté
au télétravail.
L'interviewée 4 ne répond pas clairement non
mais estime ne pas avoir était accompagnée au départ et a
eu du mal à comprendre comment elle devait faire les choses. Elle trouve
que les « choses ne sont pas carrées » et qu'il n'y a
quasiment pas de réunions, ce qu'elle regrette.
L'interviewée 5 estime que son manager n'adapte pas sa
façon de manager au télétravail car elle n'a jamais de
retour sur ce qu'elle fait, qu'elle se sent parfois « fliquée
» et parce qu'il n'y a pas assez de rencontres.
J'ai également cherché à savoir si et
comment les trois managers interrogés adaptaient leur style de
management au télétravail. On remarque que les réponses
des interviewées 4 et 5 sont plus liées au comportement
qu'à l'évaluation ou à l'organisation. Elles essaient
avant tout d'éviter l'isolement en se montrant disponible.
L'interviewée 5 soulève néanmoins la question du temps de
travail et dit veiller à ce que ses collaborateurs ne travaillent pas
trop, ce qui arrive beaucoup en télétravail et qui lui pose
problème. L'interviewée 6 joue surtout sur le collectif et
l'implication. Elle veut que ses collaborateurs se sentent impliqués
dans les objectifs de l'entreprise en discutant et en faisant en sorte qu'ils
se sentent intégrés dans les décisions.
Cependant, on peut souligner que les cas où les
salariés trouvent que leur manager n'adapte pas son style au
télétravail sont liés à un manque de contacts, un
contrôle mal vécu, un manque d'organisation et un problème
d'intégration/formation.
119. LE TELETRAVAIL DOIT S'ACCOMPAGNER D'UNE EVALUATION PAR
OBJECTIF
Les réponses aux questions portant sur le management
par objectifs sont mitigées. Cinq des six personnes interrogées
ne sont pas évaluées sur des objectifs, certaines ne savent pas
si elles sont évaluées ou comment elles le sont.
Seule l'interviewée 4 répond oui à la
question « Aimeriez-vous être évalué(e) sur objectifs
? ». Elle estime même que ça devrait être la base en
télétravail.
L'interviewé 2 répond non à cette
question car le fonctionnement de son entreprise est surtout basé sur le
relationnel et l'échange, il pense donc que des objectifs seraient
pesants.
33
Les autres personnes interrogées et n'étant pas
actuellement évaluées sur objectifs sont mitigées à
ce propos et ne savent pas vraiment si cela pourrait fonctionner ou si
ça se prêterait à leur travail.
Finalement, l'hypothèse ne peut se vérifier
totalement car le management sur objectifs ne peut être pratiqué
pour tous les types de postes de la même manière que le
télétravail ne se prête pas à tous les postes.
Notons tout de même que l'on peut relier ces
réponses à celles portant sur la reconnaissance et l'isolement :
les trois personnes interrogées ressentant le besoin d'avoir plus de
feedbacks et se sentant parfois isolées disent ne pas avoir
d'évaluation ou ne pas savoir si elles sont évaluées.
1110. IL EST IMPORTANT D'AVOIR DES PROCESS ECRITS EN
TELETRAVAIL
Selon les réponses des personnes interrogées sur
l'importance des process écrits en télétravail,
l'hypothèse se vérifie.
Les personnes n'ayant pas de process écrits dans leurs
entreprises aimeraient qu'il y en ait et quatre des six personnes
interviewées trouvent cela encore plus important en
télétravail.
L'interviewé 2 pense que des process écrits
expliquant le télétravail aux clients pourrait être quelque
chose d'intéressant mais pas plus de process en interne.
Les interviewées 4 et 5 précisent l'importance
de communiquer sur les process écrits afin qu'ils soient connus de
tous.
Enfin, l'interviewée 6 insiste sur le fait que bien que
les process soient importants pour donner une structure, il faut malgré
tout laisser beaucoup d'autonomie aux télétravailleurs.
1111. LE TEMPS DE TRAVAIL DOIT ETRE ADAPTE AU TELETRAVAIL, IL
DOIT ETRE PLUS FLEXIBLE
Sur les six personnes interrogées, trois ont des
horaires de travail imposées. L'interviewé 2 n'a pas d'horaires
mais s'en impose personnellement pour l'équilibre de sa vie de famille.
L'interviewée 6 devait être présente durant la
journée de travail mais rien ne l'empêchait ne prendre quelques
heures pour faire autre chose et de reprendre le soir par exemple. De plus,
elle était amenée à faire des réunions tard le soir
avec des collègues d'autres pays. C'est plus ou moins le même
fonctionnement pour l'interviewé 3.
34
Les trois interviewés ayant des horaires strictes
à respecter aimeraient que ce soit plus flexible mais reconnaissent que
cela pourrait être compliqué. L'idéal, selon
l'interviewée 5, serait d'avoir une base de, par exemple, quatre heures
par jour et de gérer le reste comme elle le souhaite. Notons que dans
une autre question, l'interviewée 5 faisait référence au
danger de trop travailler lorsqu'on est en télétravail,
toutefois, elle explique plus tard qu'elle est déjà
régulièrement amenée à travailler le soir et le
weekend.
Les trois interviewés travaillant de manière
plus flexible n'aimeraient pas avoir d'horaires imposées.
Finalement, on peut voir qu'il est nécessaire d'adapter
le temps de travail au travail à distance en apportant une plus grande
flexibilité tout en prenant garde aux débordements possibles.
35
PARTIE 3. LIMITES ET
RECOMMANDATIONS
3.1 LIMITES
Dans toute production, scientifique ou non, un auteur est
confronté à certaines limites. Pour ce travail, je
soulèverais trois limites.
La première limite concerne la méthode
employée pour ce mémoire. J'ai choisi d'utiliser les entretiens
semi-directifs pour mon étude terrain. Pour mener ces entretiens, j'ai
contacté certains de mes collègues, des personnes de mon
réseau et mis des annonces sur des groupes de discussions Viadeo et
LinkedIn sur le télétravail. Au final, je n'ai pu mener que huit
entretiens dont deux ont été « perdus »
(problème d'enregistrement). Sur les six entretiens retenus, cinq des
personnes interrogées sont (ou ont été) en
télétravail à plein temps et seule une personne est en
télétravail à temps partiel. Il m'a donc été
difficile de faire la comparaison entre télétravail à
plein temps et à temps partiel, ce qui aurait pourtant été
très intéressant notamment sur les questions d'isolement.
De plus, on peut penser que six entretiens est un terrain
d'étude assez petit pour soulever tous les problèmes liés
au management du télétravail. En effet, avec une dizaine
d'entretiens de personnes exerçant le télétravail de
manière différente (grandes entreprises avec processus
très formalisés, petites PME, plein temps, un à deux jours
par semaine, pratique occasionnelle, pays différents...) j'aurais pu
avoir un regard plus large sur le vécu des
télétravailleurs et des managers d'équipe en
télétravail.
La deuxième limite réside dans le fait
qu'étant moi-même en télétravail, et ayant donc pu
soulever des problèmes et des interrogations par rapport à mon
propre travail et mon propre environnement, mon regard est assez subjectif et
mon champ d'étude s'est porté sur des questions que je me suis
moi-même posées. Or, selon les organisations, les problèmes
ou interrogations soulevés par le télétravail ne sont pas
les mêmes.
La troisième limite se situe dans la partie
théorique. En effet, le développement théorique est
limité par les lectures que j'ai choisies. Il aurait pu être
différent selon les auteurs sélectionnés.
36
J'ai cité des auteurs soit connus pour leurs
écrits sur le domaine, soit trouvés au hasard de mes recherches
sur le management du télétravail.
Enfin, ayant voulu traiter le management du
télétravail de manière très large en abordant tous
les problèmes et difficultés liés à celui-ci, mes
recommandations concerne donc tous les aspects à améliorer, sans
pour autant entrer dans le détail de chacun d'entre eux.
3.2 RECOMMANDATIONS CONCERNANT LE MANAGEMENT DU
TELETRAVAIL 3.2.1 La sélection et la formation du
télétravailleur
Dans une entreprise où certains employés
télétravaillent et d'autres non, un accord collectif pour
l'accessibilité au télétravail devrait être mis en
place, ou à défaut, élaborer une charte avec les
modalités du télétravail et les conditions à
respecter. Il est également important de justifier un refus de recours
au travail à distance par une justification objective.
Pour mettre en place le télétravail, l'employeur
devra s'interroger sur :
- la surcharge de travail que le télétravail peut
générer
- l'isolement
- l'autonomie du salarié
- la mise en place des équipements nécessaires et
leurs coûts
- la protection de la vie privée du salarié (moyens
de surveillance du salarié non
excessifs)
- Le type du contrat de travail du salarié.
Nous avons vu que pour la majorité des
interviewés, le recrutement n'a pas forcément était
adapté au télétravail. Pourtant, il est important de
vérifier l'autonomie de la personne et surtout l'informer de ce que va
être le télétravail si c'est un recrutement directement en
télétravail. Si cela est possible, il vaut mieux le mettre en
place progressivement, en commençant par une journée de
télétravail par semaine, en discutant avec le salarié des
effets négatifs et positifs et en proposant des axes
d'amélioration si cela est nécessaire.
Nous avons également vu que le fait de ne pas avoir
suivi de formation ne mène pas forcément à l'échec,
cependant, les salariés sont en demande et regrettent le manque de
formation et de prise en charge au début. De plus, notons l'importance
encore plus grande en
37
télétravail d'être formé aux
produits ou services car il peut être plus difficile de les comprendre
quand on n'est pas dans les locaux. La formation peut aussi être un moyen
de créer des liens avec les collègues. Il peut également
être intéressant d'organiser des teams buildings dans ce
même but.
Lorsque l'on est dans le cas où tous les collaborateurs
d'une entreprise ne pratiquent pas le télétravail, il faut, dans
la mesure du possible, former également ceux qui ne sont pas en
télétravail afin qu'ils comprennent bien en quoi cela consiste et
les enjeux afin d'éviter qu'ils pensent que leurs collaborateurs ne
travaillent pas ou, au contraire, qu'ils sont disponibles à toute heure
pour travailler.
Enfin, il faut former les managers qui seront amenés
à manager des personnes en télétravail, qu'ils soient
eux-mêmes en télétravail ou non.
Dans le cas d'un passage en télétravail de
salariés travaillant dans les locaux, il vaut mieux choisir des
salariés ayant de bons résultats et comprenant bien les enjeux,
les produits ou services et la culture de l'entreprise.
Dans le cas d'un recrutement directement en
télétravail, comme nous l'avons vu précédemment,
une période dans les locaux même courte est
préférable. Si ce n'est pas possible car l'entreprise n'a pas de
locaux par exemple, il est préférable de mettre en place de
outils de mesure des résultats.
3.2.2 Le contrôle et l'autonomie
Le contrôle des managers est visiblement un des freins
au télétravail. Il peut être vécu par les
salariés en télétravail, très autonomes, comme une
intrusion dans leur travail. Il peut même être une perte de temps
pour le manager.
Il faut aller vers des formes de contrôle «
numériques » car de toutes façons, le contrôle en
présentiel n'est pas possible... Il est d'ailleurs
préférable de ne pas utiliser d'outils de contrôle de
présence.
En effet, le contrôle doit être centré sur
le travail et non le comportement ou les horaires. On peut imaginer comme
c'était le cas dans l'entreprise de l'interviewée 6, un outil de
type CRM où l'on rentre tous les rendez-vous clients et leurs comptes
rendus. On peut également mettre en place un planning
prévisionnel et des points réguliers sur l'état
d'avancement des projets.
38
Tout cela dans le but à la fois de garder une forme de
contrôle sur l'activité des salariés tout en leur laissant
l'autonomie que requiert le télétravail et dont ils ont
besoin.
Il est également important de prévoir des plages
horaires durant lesquelles le télétravailleur peut être
contacté et de les respecter.
3.2.3 La communication et les relations en
télétravail
Pour éviter l'isolement du salarié, il faut
organiser des rencontres aussi régulières que possible, et entre
ces rencontres, privilégier le téléphone aux emails, et
organiser des conférences téléphoniques. Cette
recommandation est surtout valable pour le télétravail à
temps plein, le télétravail à temps partiel est
forcément moins touché par ces questions car il y a des retours
dans les locaux de l'entreprise. De plus, le télétravail à
temps partiel peut résulter d'une volonté de s'isoler pour
travailler sur certains dossiers par exemple et donc dans ce cas, mieux vaut
privilégier l'écrit à l'oral pour les demandes non
urgentes.
Toujours dans le but d'éviter l'isolement et de
créer des liens entre les collaborateurs, il faut privilégier des
temps de formation, séminaires ou teams building.
Les contacts informels n'existant que très peu, il faut
planifier ou provoquer ces moments. Par exemple, prévoir des moments
d'échanges en équipe ou entre le manager et le collaborateur pour
discuter du télétravail, de savoir comment le salarié le
vit, s'il ne se sent pas isolé, s'il a des difficultés
matérielles, etc...
Il peut aussi être intéressant lorsque
l'environnement le permet, de favoriser le travail dans des tiers-lieux comme
des centres d'affaires, espaces de coworking ou télécentres dans
lesquels les télétravailleurs pourront voir d'autres personnes ou
se rencontrer entre salariés d'une même entreprise s'ils sont dans
la même zone géographique.
Enfin, lorsque cela est possible, il faut privilégier
le travail d'équipe. Même à distance, le travail en
équipe va permettre de renforcer les liens entre les collaborateurs et
favoriser les idées et l'innovation.
3.2.4 Adapter son style de management
Taskin et Tremblay (2010) montraient la
nécessité de passer d'un rôle de gestionnaire à un
rôle de coach. Il est, en effet, important d'accompagner les
salariés en télétravail,
39
principalement dans les débuts (le passage des locaux
au télétravail ou le recrutement directement en
télétravail).
Pour cela, comme nous l'avons vu précédemment il
faut organiser des formations mais aussi veiller à informer les
salariés sur ce mode de travail en prévoyant des moments
d'échanges pour répondre aux questions et interrogations des
télétravailleurs, discuter des effets positifs et négatifs
et envisager ensemble des axes d'amélioration si nécessaires.
Les interviewés 4 et 5 nous parlaient de l'importance
de se montrer disponible à 100% lors des moments prévus. C'est en
effet un bon moyen d'éviter l'isolement et d'impliquer le
télétravailleur.
De plus, parmi les personnes interrogées, tous sont en
demande de feedbacks plus réguliers. Des feedbacks plus réguliers
permettent à la fois d'éviter l'isolement, de renforcer la
culture et le sentiment d'appartenance à l'entreprise. L'idéal
est de prévoir des feedbacks au moins une fois par semaine ou le plus
régulièrement possible. Ces retours doivent également
être plus précis que dans une forme de travail en
présentiel. Les retours positifs sont souvent oubliés en
entreprise, pourtant, des encouragements et retours positifs vont permettre de
redonner confiance et motivation au télétravailleur.
En outre, il faut faire attention à ne pas abuser de la
disponibilité du télétravailleur (qui vit à
l'endroit où il travaille) en se disant que la personne travaille chez
elle et donc, qu'elle a ce qu'il faut à sa disposition pour travailler
n'importe quand.
D'une autre manière, comme nous l'expliquait
l'interviewée 6, c'est une bonne chose d'impliquer ses collaborateurs
dans les objectifs de l'entreprise, dans la stratégie, de les faire
participer au processus de décision.
Concernant l'évaluation du salarié, nous avons
vu que le meilleur moyen de manager des personnes en télétravail,
est de donner des objectifs. Cependant, cela n'est pas toujours possible. Dans
tous les cas, le télétravail nécessite une
évaluation régulière même si elle n'est pas sous
forme d'objectifs à atteindre, car cela aide le salarié à
ne pas se sentir isolé et démotivé. Il est important que
le salarié voie les résultats de son travail.
40
Enfin, il faut pratiquer un mode de management basé sur
l'A.C.C.O.R.D, l'Autonomie, la Compétence, la Confiance, l'Organisation,
la Responsabilité, et la Distance10
3.2.5 Les process écrits
Le télétravail demandant plus d'organisation,
l'utilisation de process écrits est importante pour donner une base et
une structure. Il faut également communiquer dessus de sorte à ce
que le télétravailleur, seul, puisse rapidement trouver
l'information dont il a besoin sans nécessiter d'aide extérieure.
Mais attention à trouver un juste milieu, la mise en place de processus
ne doit pas brider l'autonomie du travailleur à distance.
Imposer des réunions obligatoires tous les vendredis
avec un retour du salarié sur ses activités de la semaine et un
feedback sur son travail de la part du manager par exemple, pourrait faire
partie des process très utiles en télétravail.
Notons que ces process sont surtout important pour les
collaborateurs démarrant un contrat en télétravail, qui
mettra un certain temps à trouver son rythme et aura certainement
beaucoup de questions.
3.2.6 Le temps de travail
D'après les retours des télétravailleurs
interrogés, une base horaire semble la meilleure chose pour organiser le
temps de travail. Cela laisserait au travailleur à distance, l'autonomie
dont il a besoin tout en ayant une plage horaire où tout le monde serait
joignable. Il est important dans ce mode de travail de ne pas être dans
le contrôle du temps de travail mais plutôt du travail
effectué.
Avec une tranche horaire imposée de 10h-12h/14h-16h par
exemple, on peut dans une certaine mesure, éviter d'avoir des
salariés qui travaillent à des heures complétement
différentes les uns des autres. Même si ce genre de chose doit
être vu au cas par cas on remarque que les horaires stricts semblent
poser problème dans le télétravail qui est à priori
flexible.
Le « surtravail » étant aussi un
problème soulevé par certains des interviewés, on pourrait
imaginer un système permettant de bloquer le serveur les weekends et le
soir après 21h, par exemple.
10 Pierre Morel à l'Huissier et Nicole
Turbé-Suetens, Le télétravail en France, les
salariés sont prêts ! (2010)
41
Enfin, au regard de la littérature
étudiée et des commentaires des interviewés, il semblerait
que le télétravail, lorsqu'il est pratiqué à plein
temps et avec peu de « sorties professionnelles » (rendez-vous
commerciaux, retours à l'entreprise, séminaires, etc...)
présente un certain nombre d'effets négatifs sur le long terme
(isolement, baisse de la motivation, besoin de changement, etc...). Partant de
ce constat, il est préférable, lorsque cela est possible, de
pratiquer un télétravail à temps partiel,
n'excédant pas trois jours par semaine. En revanche il peut être
très positif de pratiquer le télétravail à plein
temps lorsque cela correspond à une certaine période (handicap,
maladie, choix personnels...).
42
CONCLUSION
A travers ce mémoire, nous avons a pu nous rendre
compte des difficultés pour le management de s'adapter au mode de
travail particulier qu'est le télétravail. En effet, beaucoup
d'organisations ne prennent pas la mesure du changement que le
télétravail provoque.
Du point de vue de la littérature, nous avons pu
constater l'importance de privilégier une mise en place progressive,
réfléchie et structurée du travail à distance dans
laquelle le recrutement, la formation, la protection des données et la
confiance entre managers et collaborateurs sont des éléments
déterminants dans la réussite du projet.
La littérature montre également que le manager
d'équipe en télétravail, plus qu'un gestionnaire, doit
privilégier l'accompagnement et la coordination au contrôle, il
doit s'imposer comme un coach du changement. Le manager n'ayant plus la
possibilité de contrôler visuellement ses collaborateurs, doit
laisser place à une gestion basée sur des objectifs et des
résultats, en mettant en place des process de travail. Partant d'une
confiance réciproque, en laissant de l'autonomie au
télétravailleur, il doit faire attention à ne pas laisser
de côté le télétravailleur, qui n'est pas un
travailleur indépendant. En effet, le salarié en
télétravail a besoin de reconnaissance, de points et retours
réguliers sur son travail.
A partir d'une étude terrain basée sur onze
hypothèses découlant en partie de cette littérature, nous
avons pu nous rendre compte du ressenti des salariés et managers sur le
télétravail et en particulier sur les différents
thèmes abordés dans la première partie. De cette
étude, sont ressortis un certain nombre de problèmes et
difficultés rencontrés par ces personnes d'un point de vue
managérial et organisationnel : un recrutement pas adapté ; une
formation, une évaluation et des process de travail inexistants ou
très informels ; un contrôle pesant ou au contraire absent ; des
problèmes de communication ; un style de management qui ne s'adapte pas
au mode de travail.
A ces problèmes et difficultés, des
recommandations ont été apportées. Ces recommandations
sont à destination des organisations et managers pratiquant ou
souhaitant pratiquer le télétravail et sont basées sur les
résultats de l'étude de la littérature et de
l'étude terrain.
Finalement, au vue de cette étude, même si le
télétravail parait bien fonctionner dans les organisations
étudiées, nous voyons que le management ne s'adapte pas toujours
à ce mode de
43
travail. Lorsque l'on compare le nombre de
télétravailleurs français à celui des pays
anglo-saxons ou scandinaves et lorsque l'on compare les réponses de
notre interviewée exerçant dans une entreprise britannique aux
autres, on voit une grande différence. En effet, les managers
français semblent continuer d'adopter un management « classique
», comme ils le feraient dans les locaux de l'entreprise. De ce fait, on
peut se demander si finalement, la culture managériale française
ne serait pas un frein au télétravail ?
44
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47
ANNEXE 1. ARTICLES DE LOI DU
CODE DU TRAVAIL CONCERNANT
LE TELETRAVAIL
Article L1222-9, Loi n°2012-387 du 22 mars 2014 -
art. 46
« Sans préjudice de l'application, s'il y a lieu,
des dispositions du présent code protégeant les travailleurs
à domicile, le télétravail désigne toute forme
d'organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également
pu être exécuté dans les locaux de l'employeur est
effectué par un salarié hors de ces locaux de façon
régulière et volontaire en utilisant les technologies de
l'information et de la communication dans le cadre d'un contrat de travail ou
d'un avenant à celui-ci.
Le télétravailleur désigne toute personne
salariée de l'entreprise qui effectue, soit dès l'embauche, soit
ultérieurement, du télétravail tel que défini au
premier alinéa.
Le refus d'accepter un poste de télétravailleur
n'est pas un motif de rupture du contrat de travail.
Le contrat de travail ou son avenant précise les
conditions de passage en télétravail et les conditions de retour
à une exécution du contrat de travail sans
télétravail.
A défaut d'accord collectif applicable, le contrat de
travail ou son avenant précise les modalités de contrôle du
temps de travail. »11
Article L1222-10, Loi n°2012-387 du 22 mars 2012 -
art. 46
« Outre ses obligations de droit commun vis-à-vis
de ses salariés, l'employeur est tenu à l'égard du
salarié en télétravail :
1° De prendre en charge tous les coûts
découlant directement de l'exercice du télétravail,
notamment le coût des matériels, logiciels, abonnements,
communications et outils ainsi que
11 Source :
http://www.legifrance.gouv.fr
de la maintenance de ceux-ci ;
2° D'informer le salarié de toute restriction
à l'usage d'équipements ou outils informatiques ou de services de
communication électronique et des sanctions en cas de non-respect de
telles restrictions ;
3° De lui donner priorité pour occuper ou reprendre
un poste sans télétravail qui correspond à ses
qualifications et compétences professionnelles et de porter à sa
connaissance la disponibilité de tout poste de cette nature ;
4° D'organiser chaque année un entretien qui porte
notamment sur les conditions d'activité du salarié et sa charge
de travail ;
5° De fixer, en concertation avec lui, les plages horaires
durant lesquelles il peut habituellement le contacter. »12
48
12 Source :
http://www.legifrance.gouv.fr
ANNEXE 2. GRILLE D'ENTRETIEN
1. SELECTION /
FORMATION
|
|
temps partiel
|
|
|
|
Salarié en télétravail
à
|
|
Comment se met en place le télétravail dans
votre entreprise?
|
Salarié passé en
télétravail
Salarié ayant intégré
l'entreprise en télétravail
|
|
Comment/Pourquoi avez-vous été choisi pour
faire partie de l'équipe en télétravail ?/Comment
êtes-vous passé(e) en télétravail
|
Le recrutement était-il différent que d'autres
recrutements que vous avez connu ? Si oui en quoi ?
|
Avez-vous eu une formation? Des informations sur ce mode de
travail?
|
A quoi faites-vous attention lorsque vous recrutez des
collaborateurs en télétravail ?
|
2. LE MANAGEMENT
|
|
Salarié
|
Le recrutement est-il différent que pour des
collaborateurs qui seront présent à temps plein dans
l'entreprise ?
|
Manager
|
Avez-vous déjà recruté une personne qui
ne s'est pas adaptée au télétravail? Si oui,
pourquoi?
|
Formez vous vos collaborateurs au télétravail?
Ou votre entreprise en propose-t-elle?
|
CONTRÔLE
|
|
Avez-vous eu une formation pour manager une équipe de
télétravailleurs?
|
Pensez-vous être plus ou moins controlé(
e ) - Quelle forme de contrôle est exercée
(contrôle des horaires, des résultats...)?
|
Manager
Manager
|
Comment gérez-vous le contrôle en
télétravail? Quelles formes de contrôle
exercez-vous?
|
RECONNAISSANCE
PERSONNALITE DU
|
|
Avez-vous peur de perdre le contrôle?
|
TOUS
Salarié
|
Avez-vous des feedbacks réguliers sur votre
travail?
|
|
Voudriez-vous en avoir plus?
|
Faites-vous régulièrement des feedbacks
à vos collaborateurs?
|
MANAGER
|
Salarié passé en
télétravail
|
Le management est-il différent maintenant que vous
êtes en télétravail? Si oui, en quoi?
|
Trouvez-vous que le style de management exercé par
votre manager est adapté au télétravail?
|
Manager
|
Adaptez-vous votre type de management au
télétravail?
|
Si vous avez déjà managé ou managez
actuellement des équipes qui ne sont pas en télétravail,
en quoi est-ce différent?
|
EVALUATION
|
Salarié
Salarié
|
Comment êtes-vous évalué (
e )?
|
Manager
|
Aimeriez-vous être évalué( e) sur
objectifs?
|
|
DELEGATION
|
Manager
|
Comment évaluez-vous vos collaborateurs?
Pratiquez-vous le management par objectif?
|
Trouvez-vous ce type d'évaluation pertinent en
télétravail?
|
|
Votre manager vous fait-il confiance pour vous
déléguer des tâches importantes?
|
Déléguez-vous des tâches/projets
importants à vos collaborateurs?
|
|
Pensez-vous que votre manager vous fait confiance?
Pourquoi?
|
3. CONFIANCE
|
|
Manager
|
|
|
Manager
|
|
Faites-vous confiance à votre manager?
Pourquoi?
Pensez-vous que vos collaborateurs vous font confiance?
Si non, pourquoi? Si oui, qu'est ce qui vous permet de le dire?
Faites-vous confiance à vos
collaborateurs?
Pouvez-vous décrire le rapport de confiance qui se
met en place en télétravail en partant d'une situation
concrète ?
Comment qualifieriez-vous la relation avec votre manager?
(êtes vous plus ou moins proche car télétravail?)
Et avec vos autres collégues?
Comment qualifieriez-vous la relation avec votre
collaborateur ? (êtes vous plus ou moins proche car
télétravail?)
49
|
|
Salarié
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Manager
|
|
5. AUTONOMIE
|
|
|
|
|
|
Manager
TOUS
|
Etiez-vous quelqu'un de très autonome avant
d'être en télétravail? L'êtes-vous
davantage?
|
|
|
6.COMMUNICATION
|
|
TOUS
Salarié
|
|
|
|
|
|
PLANNING
|
TOUS
TOUS
|
|
Vos collaborateurs sont-ils tous autonomes? Si non,
comment gérer vous le manque d'autonomie? Si oui, comment le
gérez-vous
Comment gérer vous la relation
contrôle/autonomie?
Comment est la communication pendant les périodes
de télétravail? Quels moyens utilisés?
Fréquence?
Y a-t-il des problèmes de communication? De quel
ordre?
Vous sentez-vous isolé(e)?
Que faites vous pour que vos collaborateurs ne se sentent
pas isolés?
Avez-vous des horaires à respecter?
Si non, aimeriez vous qu'il y en ait?
De manière générale comment
vivez-vous le télétravail? Souhaitez-vous que cela reste comme
ça? Que changeriez-vous?...
Diriez-vous que ce mode de travail fonctionne bien dans
votre entreprise?
Si échec, pourquoi selon vous?
Si vous aviez le choix, seriez-vous en
télétravail à temps plein, à temps partiel ou
jamais?
Avez-vous des commentaires? Y a-t-il des points
supplémentaires que vous souhaiteriez aborder?
50
51
ANNEXE 3. INTERVIEWS
Interviewée 1 - télétravail plein
temps - pas de fonction managériale
· Le recrutement était-il
différent que d'autres recrutements que vous avez connu ? Si oui, en
quoi ?
Pas spécialement.
· Avez-vous eu une formation au
télétravail ? Des informations sur ce mode de travail
?
(aspect légal etc...)
Non, on m'a expliqué comment utiliser les outils communs
et les horaires. Ca a un peu manqué d'ailleurs.
· Pensez-vous être plus ou moins
contrôlé(e) - Quelle forme de contrôle est exercée
(contrôle des horaires, des résultats...)?
Ni plus ni moins contrôlée.
· Pensez-vous que votre manager vous fait
confiance? Pourquoi? Je pense oui. Il y a forcément un
rapport de confiance qui s'instaure.
· Faites-vous confiance à votre manager?
Pourquoi? Oui, pour moi c'est évident.
· Pouvez-vous décrire le rapport de
confiance qui se met en place en télétravail en partant d'une
situation concrète ?
Comme dans toute entreprise, le rapport de confiance s'instaure
forcément lorsque le travail est bien fait.
· Comment qualifieriez-vous la relation avec
votre manager? (êtes-vous plus ou moins proche car
télétravail?)
C'est certain que les pauses café ou les déjeuner
où l'on parle de tout et de rien, manquent. La proximité est plus
difficile.
· Et avec vos autres collègues?
En télétravail, ce n'est pas évident de
savoir comment les gens fonctionnent, ce qu'ils pensent, leurs habitudes de
travail. C'est ce qui me gêne le plus, le manque de relationnel.
· Etiez-vous quelqu'un de très autonome
avant d'être en télétravail? L'êtes-vous davantage?
Je n'ai pas l'impression d'être plus autonome maintenant, je
l'ai toujours été.
· 52
Comment gérez-vous la relation contrôle
vs autonomie ?
Je ne me sens pas vraiment contrôlée par mon
manager, les seules formes de contrôle viennent des horaires de travail
et du rendu des travaux.
· Comment est la communication pendant les
périodes de télétravail? Quels moyens utilisés?
Fréquence?
Téléphone, mail et Skype. La fréquence
varie selon les projets, j'avais plus de contact au début.
· Y a-t-il des problèmes de communication
dus au télétravail? De quel ordre?
Il peut y avoir des malentendus, des phrases mal
interprétées, des incompréhensions. J'aimerais qu'il y ait
plus de réunions.
· Vous sentez-vous isolé(e)?
Par moments oui.
· Avez-vous des feedbacks réguliers sur
votre travail?
Ces derniers temps un peu moins, j'en avais un peu plus au
début. J'ai surtout des feedbacks de la part des clients. En interne,
cela dépend de la disponibilité de mon manager.
· Voudriez-vous en avoir plus? Oui,
en tous cas qu'ils soient plus précis.
· Trouvez-vous que le style de management
exercé par votre manager est adapté au
télétravail?
Je pense.
· Comment êtes-vous
évalué(e)? Je ne sais pas ! Sur le rendu
j'imagine.
· Aimeriez-vous être
évalué(e) sur objectifs? Je ne suis pas sûre
de rentrer dans ce cadre-là.
· Trouvez-vous cela pertinent en
télétravail?
Vaste question ! Je pense que ça dépend vraiment
du métier. Si on n'est pas commercial je ne sais pas si c'est
pertinent.
· Avez-vous des horaires à respecter ?
Oui.
· 53
Aimeriez-vous que ce soit plus
flexible?
Ça me parait pertinent quand la confiance est là.
Il y a des moments de creux et des moments avec beaucoup plus de travail, donc
oui. Mais ça exige beaucoup de confiance entre les personnes.
· Existe-t-il des process (écrits) de
travail dans votre entreprise? A ma connaissance, non.
· Aimeriez-vous qu'il y en ait ?
Je pense que ce serait bien.
· Est-ce d'après vous encore plus
important en télétravail ?
Dans mon entreprise précédente, tout était
formalisé et il y avait des procédures pour tout. Ici ce n'est
pas le cas. Je pense qu'il doit y avoir certains points formalisé pour
éviter les erreurs mais pas trop.
· Votre manager vous délègue des
tâches importantes?
Oui.
· De manière générale
comment vivez-vous le télétravail? Souhaitez-vous que cela reste
comme ça? Que changeriez-vous?...
A long terme, je ne pourrais pas continuer comme ça.
Le contact avec les collègues me manque, les échanges en
général. Je ne suis pas sûre qu'on puisse beaucoup
s'enrichir à 100% en télétravail.
Il serait intéressant de formaliser certaines
procédures et de faire plus de réunions. Il y a moins de place
pour l'informel en télétravail donc il faut créer ces
moments d'échange.
· Diriez-vous que ce mode de travail fonctionne
bien dans votre entreprise?
Je ne sais pas vraiment, je ne suis pas depuis longtemps dans
l'entreprise. Mais c'est sûr que c'est toujours plus facile de discuter
autour d'une table que par mail ou téléphone.
· Si vous aviez le choix, seriez-vous en
télétravail à temps plein, à temps partiel ou
jamais?
Je serais au moins quelques jours par semaine dans les
locaux, peut-être même à temps plein, en profitant du
télétravail ponctuellement pour travailler dans le calme par
exemple. Ça dépendrait aussi du temps de trajet
domicile-travail.
· Avez-vous des commentaires? Y a-t-il des
points supplémentaires que vous souhaiteriez aborder?
J'aimerais avoir plus informations sur le cadre légal
du télétravail. J'aurais aussi aimé qu'on me fasse part
des bonnes et mauvaises pratiques en télétravail quand je suis
arrivée.
54
Interviewé 2 - télétravail plein
temps - pas de fonction managériale
· Le recrutement était-il
différent que d'autres recrutements que vous avez connu ? Si oui, en
quoi ?
Non.
· Avez-vous eu une formation au
télétravail ? Des informations sur ce mode de travail
?
(aspect légal etc...)
Non. Je m'y suis intéressé par curiosité,
pour moi c'est au télétravailleur de faire la démarche de
s'informer sur ce mode de travail.
· Pensez-vous être plus ou moins
contrôlé(e) - Quelle forme de contrôle est exercée
(contrôle des horaires, des résultats...)?
Le contrôle se fait uniquement dans les rendus. Il n'y a
pas de contrôle des horaires.
· Pensez-vous que votre manager vous fait
confiance? Pourquoi?
Oui, il n'y a pas d'appréhension particulière. On
échange assez souvent sur ce qui va, ce qui ne va pas, on se parle
ouvertement.
· Faites-vous confiance à votre manager?
Pourquoi? Oui, de la même manière.
· Pouvez-vous décrire le rapport de
confiance qui se met en place en télétravail en partant d'une
situation concrète ?
On se répartit les travaux et on se met des
échéances temps, c'est très rare qu'on dépasse les
délais, on est tous bien impliqués. Pour donner un exemple
concret, on fonctionne beaucoup par messagerie électronique et on fait
en sorte d'être très réactifs, ça rassure.
· Etiez-vous quelqu'un de très autonome
avant d'être en télétravail? L'êtes-vous
davantage?
Oui, j'ai toujours été autonome mais j'ai besoin
d'un collectif. Je m'attache à préserver le collectif et à
partager les dossiers.
· Comment gérez-vous la relation
contrôle vs autonomie ?
Tant que les objectifs de base sont clairs, je n'ai pas besoin
qu'on me dise ce que je dois faire.
· Comment est la communication pendant les
périodes de télétravail? Quels moyens utilisés?
Fréquence?
On fonctionne beaucoup par téléphone et email au
quotidien, et Skype pour les réunions. On a aussi créé un
relevé d'horaires mais pas pour le contrôle, juste pour voir
où on en est.
· 55
Y a-t-il des problèmes de communication dus au
télétravail? De quel ordre?
Il arrive qu'il y ait des problèmes mais ils sont surtout
techniques comme un problème de réseau. Et ce qui peut être
un peu pénible parfois c'est par exemple quand un collègue ne
répond pas rapidement à un mail alors qu'on est dans l'attente de
la réponse pour faire quelque chose.
· Vous sentez-vous
isolé(e)?
Personnellement non. Mais mon épouse me dit parfois
« va prendre l'air » ! Du coup, je m'implique dans des associations
par exemple pour voir des gens et bouger.
· Avez-vous des feedbacks réguliers sur
votre travail? Oui, de la part des clients via mes
supérieurs.
· Voudriez-vous en avoir plus?
Non, ça me suffit.
· Trouvez-vous que le style de management
exercé par votre manager est adapté au
télétravail?
Oui
· Comment êtes-vous
évalué(e)?
Je n'ai pas d'évaluation en interne mais par les clients
(deadline respectée par exemple)
· Aimeriez-vous être
évalué(e) sur objectifs?
On est dans une petite structure donc l'affectif et le
relationnel est très fort. Du coup, ça pourrait être
très pesant d'avoir ce type d'évaluation.
· Trouvez-vous cela pertinent en
télétravail? Dans une grosse structure oui.
· Avez-vous des horaires à respecter ?
Non.
· Aimeriez-vous que ce soit moins flexible ?
Non, je m'en impose moi-même pour l'équilibre de ma
vie de famille.
· Existe-t-il des process (écrits) de
travail dans votre entreprise?
On commence à en mettre en place par exemple sur
l'utilisation de Dropbox pour les dossiers partagés, on a
formalisé ça.
· 56
Si oui, est-ce d'après vous encore plus
important en télétravail ?
Non. Peut-être pour les clients : ils ont souvent beaucoup
d'interrogations sur notre mode travail, nous on leur explique oralement mais
il pourrait y avoir des process écrits pour leur expliquer ce mode de
travail particulier qu'ils ne connaissent pas toujours.
· De manière générale
comment vivez-vous le télétravail? Souhaitez-vous que cela reste
comme ça? Que changeriez-vous?...
Bien. Je me suis imposé un rythme personnel pour ne pas
décrocher. On parle beaucoup de coworking en ce moment, ça
pourrait être une solution pour sortir de l'isolement. Mais je n'en
ressens pas le besoin actuellement.
· Diriez-vous que ce mode de travail fonctionne
bien dans votre entreprise? Ça fait 20 ans que c'est comme
ça donc c'est que ça marche !
· Si vous aviez le choix, seriez-vous en
télétravail à temps plein, à temps partiel ou
jamais? Aller plus souvent dans les locaux ne me semble pas
nécessaire.
57
Interviewé 3 - télétravail temps
partiel - pas de fonction managériale
· Comment se met en place le
télétravail dans votre entreprise ?
J'ai la possibilité de pratiquer le
télétravail de manière occasionnelle, je dois juste
prévenir mon chef et rester connecté au serveur lors de mes
heures habituelles de travail.
· Le recrutement était-il
différent que d'autres recrutements que vous avez connu ? Si oui, en
quoi ?
Non, le poste n'étant pas en télétravail
à temps plein, il ne nécessitait pas de recrutement «
particulier »
· Avez-vous eu une formation au
télétravail ? Des informations sur ce mode de travail
?
(aspect légal etc...)
Non, aucune formation, on m'a juste informé que je
pouvais l'exercer si besoin et on m'a dit comment ça fonctionnait.
· Pensez-vous être plus ou moins
contrôlé(e) - Quelle forme de contrôle est exercée
(contrôle des horaires, des résultats...)?
A vrai dire, je ne me sens pas spécialement
contrôlé lorsque je travaille à domicile, mais le fait de
savoir qu'il faut rester joignable peut, je pense, être ressenti par
certain comme une forme de contrôle.
· Pensez-vous que votre manager vous fait
confiance? Pourquoi?
Je pense que mon manager me fait confiance sinon il ne
m'autoriserait pas à travailler de chez moi. Il a bien compris que cela
pouvait apporter de meilleurs résultats dans certains cas (le fait de
pouvoir travailler au calme par exemple).
· Faites-vous confiance à votre manager?
Pourquoi?
Oui car c'est mon tuteur et celui qui me forme, il est assez
disponible et c'est formateur de travailler avec lui.
· Pouvez-vous décrire le rapport de
confiance qui se met en place en télétravail en partant d'une
situation concrète ?
Je ne sais pas trop...Il y a une confiance mutuelle.
· Comment qualifieriez-vous la relation avec
votre manager? (êtes-vous plus ou moins proche car
télétravail?)
Honnêtement, c'est exactement la même que quand je
suis assis à côté de lui en entreprise.
· 58
Et avec vos autres collègues?
Bizarrement, la relation est parfois plus amicale en ligne qu'en
face à face. Peut-être que le télétravail permet
d'éviter certains conflits, de moins s'énerver face à
certaines situations, on a plus de temps pour réfléchir à
nos actions.
· Etiez-vous quelqu'un de très autonome
avant d'être en télétravail? L'êtes-vous davantage?
Je l'étais avant mais je le suis davantage aujourd'hui.
· Comment gérez-vous la relation
contrôle vs autonomie ?
Tout est dans le juste milieu, je pense qu'il faut
équilibrer entre le contrôle et laisser plus d'autonomie aux
employés.
· Comment est la communication pendant les
périodes de télétravail? Quels moyens utilisés?
Fréquence?
Téléphone ou mail, pour la fréquence
ça dépend des projets ou de combien de temps on passe à
télétravailler. Mais on se contacte un peu moins lorsqu'on est en
télétravail car le but est de pouvoir avancer au calme.
· Y a-t-il des problèmes de communication
dus au télétravail? De quel ordre?
Pas particulièrement mais pour certains sujets, il est
selon moi nécessaire d'être physiquement avec la personne, pour
sentir (ou faire sentir) des signes d'intérêts envers le sujet en
question.
· Vous sentez-vous isolé(e) pendant les
périodes de télétravail? Non, ce n'est pas
facile mais tout est question d'organisation.
· Avez-vous des feedbacks réguliers sur
votre travail? J'ai des feedbacks mensuels
· Voudriez-vous en avoir plus?
Oui, j'aimerais en avoir une fois par semaine.
· Trouvez-vous que le style de management
exercé par votre manager est adapté au
télétravail?
Oui
· Comment êtes-vous
évalué(e)?
Par mes tuteurs entreprise et école qui remplissent mon
livret d'apprentissage.
· Aimeriez-vous être
évalué(e) sur objectifs? Trouvez-vous cela pertinent en
télétravail?
Cela pourrait être intéressant pour une entreprise
en constante recherche de résultat mais cela pourrait, je pense,
être à double tranchant car parfois mal adapté.
59
? Avez-vous des horaires à respecter ?
En principe oui mais c'est assez flexible.
· Aimeriez-vous que ce soit moins flexible
?
Non
· Existe-t-il des process (écrits) de
travail dans votre entreprise?
Oui
· Est-ce d'après vous encore plus
important en télétravail ? Je ne sais pas, on doit
respecter les même process que ce soit à domicile ou au bureau
· Votre manager vous
délègue-t-il des tâches importantes? Oui,
sans problème.
· De manière générale
comment vivez-vous le télétravail? Je le vis assez
bien.
· Si vous pouviez changer quelque chose, que
changeriez-vous? Je ne changerais rien, c'est très bien
comme cela.
· Diriez-vous que ce mode de travail fonctionne
bien dans votre entreprise? Oui, il fonctionne très bien
car c'est fait avec confiance.
· Avez-vous des commentaires? Y'a-t-il des
points supplémentaires que vous souhaiteriez aborder?
Non.
60
Interviewée 4 - télétravail plein
temps - manager
· Le recrutement était-il
différent que d'autres recrutements que vous avez connu ? Si oui en quoi
?
On ne m'a pas posé de question particulière sur
le fait de travailler à distance. On m'a juste précisé que
le poste était en télétravail. Je connaissais
déjà le télétravail donc j'avais anticipé
les questions. J'ai expliqué que ça ne posait pas de
problème d'être seule. La seule différence est que je n'ai
pas eu d'entretien physique. Ce qui a été différent c'est
que je n'ai rencontré personne physiquement avant de commencer à
travailler.
· Avez-vous eu une formation sur le
télétravail ? Des informations sur ce mode de travail ?
Non.
· A quoi faites-vous attention lorsque vous
recrutez des collaborateurs en télétravail ?
Je me mets à la place de la personne et j'anticipe les
questions qu'elle pourrait se poser sur le télétravail. Je
m'assure que ça ne lui pose pas de problème de travailler chez
elle et qu'elle est suffisamment autonome pour pouvoir travailler seule toute
la semaine.
· Avez-vous déjà recruté
une personne qui ne s'est pas adaptée au télétravail? Si
oui, pourquoi?
Non pas directement, mais il y a eu une personne dans
l'entreprise qui était toujours en retard et on se demandait si elle
travaillait vraiment, si elle faisait le nombre d'heures prévu.
· Avez-vous eu une formation pour manager une
équipe de télétravailleurs ? Non, ça
s'est fait sur le tard.
· Formez-vous vos collaborateurs au
télétravail? Ou votre entreprise propose-t-elle des formations?
Non.
· Pensez-vous être plus ou moins
contrôlé(e) - Quelle forme de contrôle est exercée
(contrôle des horaires, des résultats...)?
Je n'ai pas le sentiment d'être plus
contrôlée. Le contrôle est surtout sur les rendus et un peu
sur les horaires mais ça vient plutôt des collègues que de
mon manager. Il est arrivé que certains collègues m'appellent
pour savoir pourquoi je ne suis pas connectée par exemple.
· En tant que manager, Comment
gérez-vous le contrôle en télétravail? Quelles
formes de contrôle exercez-vous?
Je fais attention à la présence sur Skype,
l'outil que nous utilisons au quotidien. Si je ne vois pas un collaborateur
connecté pendant un certain temps sans raison apparente, j'envoie un
texto ou appelle. Sur le travail demandé, je ne fais pas vraiment de
contrôle. Sauf au début, le temps que la personne se mette dans le
bain.
· 61
Avez-vous peur de perdre le
contrôle?
Sur certains projets, quand je n'ai pas accès aux
documents, je ne peux que me fier à ce que la personne me dit donc c'est
un peu difficile de se dire qu'on ne peut rien contrôler.
· Pensez-vous que votre manager vous fait
confiance? Pourquoi? Oui, il me fait entièrement
confiance. Il sait que je sais me gérer.
· Faites-vous confiance à votre manager?
Pourquoi?
Ça dépend sur quoi. Je lui fais moyennement
confiance pour ce qui est de gérer des dossiers en commun. Je pense que
ça vient d'un problème de communication. On communique beaucoup
par mail et il m'arrive d'avoir la sensation qu'on ne se comprend pas. Pour le
reste, je ne peux que lui faire confiance.
· Pensez-vous que vos collaborateurs vous
font confiance? Si non, pourquoi? Si oui, qu'est-ce qui vous permet de le dire?
J'espère ! Ça se passe toujours bien avec les
personnes avec lesquelles j'ai l'habitude de travailler. Si on ne part pas
d'une relation de confiance, ça devient difficile de travailler avec la
personne.
· Faites-vous confiance à vos
collaborateurs?
Comme la personne n'est pas à côté de
moi, je ne peux que faire confiance. Il n'y a pas de méfiance
particulière.
· Pouvez-vous décrire le rapport de
confiance qui se met en place en télétravail en partant d'une
situation concrète ?
Il m'arrive d'être un peu méfiante quand je n'ai
pas l'habitude de travailler avec quelqu'un, mais finalement ça se passe
toujours bien donc je fais confiance. Quand je demande à un
collaborateur ou un collègue de faire quelque chose, il le fait, ou
alors il me dit clairement qu'il ne peut pas.
· Comment qualifieriez-vous la relation avec
votre manager? (êtes-vous plus ou moins proche car
télétravail?)
Peut-être qu'on serait plus proches si on
n'était pas en télétravail. Car le fait de voir les gens
tous les jours aide à créer des liens. Je suis de moins en moins
en contact avec lui donc je me sens moins proche.
· Et avec vos collègues et collaborateurs
?
Là aussi c'est en fonction du temps passé avec
les personnes. Il y a des collègues que je rencontre plus et avec qui
j'ai plus de projets en commun donc je me sens plus proche. Je m'entends mieux
avec les collègues avec qui j'ai le plus travaillé.
· 62
Etiez-vous quelqu'un de très autonome avant
d'être en télétravail? L'êtes-vous
davantage?
Plutôt oui. En revanche j'ai besoin d'un point de
départ, qu'on m'explique ce qu'on attend de moi. En
télétravail, on gagne en autonomie et en prise d'initiative,
c'est d'ailleurs pour cela que j'ai moins de contact avec mon manager.
· Vos collaborateurs sont-ils tous autonomes?
Si non, comment gérez-vous le manque d'autonomie?
Oui. Certains un peu moins, ils me demandent de
vérifier certaines choses qui, pour moi, ne semblent pas si importantes
au point que je doive vérifier. Je vérifie au début, mais
quand je vois qu'il n'y a jamais de problème, j'explique que ce n'est
plus la peine de me faire vérifier.
· Comment gérez-vous cette autonomie en
termes de style de management?
C'est compliqué de répondre car je n'ai pas
l'impression que mon manager me laisse la possibilité de manager.
Au-delà de ça, je suis contente que mes collaborateurs soient
très autonomes. Ce qui pourrait poser problème, c'est si un jour
je décidais par exemple de modifier la manière de travailler, mes
collaborateurs étant très autonomes, à mon avis, ne
seraient pas très contents que je réorganise leur manière
de travailler et auraient du mal.
· Comment gérer vous la relation
contrôle/autonomie?
Je ne contrôle pas vraiment, mais quand je remarque un
problème, je recadre. Je ne perds pas mon temps à vérifier
tout ce qu'ils font. J'interviens plus sur les dossiers sensibles, j'accorde
plus d'attention à ce que fait mon collaborateur. Je ne vais pas
constamment leur demander où ils en sont, ce qu'ils ont à faire
etc... Parfois je leur dis juste « Pense à faire ça »,
ce genre de chose.
· Comment est la communication (pendant les
périodes de télétravail)? Quels moyens utilisés?
Fréquence?
Nous communiquons par Skype, mail ou téléphone. La
fréquence dépend des projets.
· Y a-t-il des problèmes de
communication? De quel ordre?
Oui. On communique beaucoup par écrit et moins
à l'oral. A l'oral, on pourrait poser davantage de questions, s'assurer
que notre interlocuteur a bien compris. Et à l'écrit, il est
arrivé qu'avec mon manager, on ne se comprenne pas.
Parfois, je me dis que ce serait beaucoup plus simple si on
était dans des locaux pour avoir une réponse rapide à nos
questions. On perd parfois du temps à attendre une réponse. Comme
on ne se voit pas, on ne sait pas forcément ce que les gens font et
lorsqu'on a une question, on ne sait pas si un collègue va pouvoir nous
répondre ou nous rappeler dans les 10 minutes ou dans plusieurs heures.
Je pense qu'on aurait une communication plus fluide si on était dans les
mêmes locaux, les informations se transmettraient plus rapidement.
· Vous sentez-vous
isolé(e)?
Parfois, mais j'avoue que ça m'arrange. Quand
quelqu'un nous énerve un peu on est bien content de ne pas l'avoir en
face ! Donc le télétravail va plutôt être un avantage
car on va pouvoir avoir le temps
63
de souffler et de réfléchir au lieu de
s'énerver sur quelqu'un ! Mais là où ça peut poser
problème, c'est de ne pas être au courant de certaines choses
importantes.
· Que faites-vous pour que vos collaborateurs ne
se sentent pas isolés?
C'est très difficile. Je pense qu'ils peuvent se
sentir isolés parfois et j'essaie le plus possible de me rendre
disponible à 100% au moment où on a prévu de faire un
point. C'est important pour moi d'être complétement
présente dans ces moments d'échanges.
· Avez-vous des feedbacks réguliers sur
votre travail?
Souvent non, et de moins en moins d'ailleurs. J'en ai pendant
l'entretien annuel. Autrement c'est plutôt des petits commentaires de
temps en temps. Sinon, j'en ai de la part des clients mais pas toujours et
j'accorde plus de crédit aux feedbacks de mes clients qu'à ceux
de mon manager.
· Voudriez-vous en avoir plus?
Oui. Cependant, je ne suis pas toujours d'accord avec les
feedbacks de mon manager. Plutôt que des feedbacks, j'aimerais surtout
avoir des encouragements pour rester motivée, un petit mot pour dire que
je ne travaille pas que pour moi-même mais pour une entreprise.
· Faites-vous régulièrement des
feedbacks à vos collaborateurs?
J'essaie. Pour moi c'est difficile de faire des feedbacks
négatifs car j'ai toujours peur que la personne le prenne
personnellement. Mais finalement quand je le fais, je me rends compte que
ça ne pose pas de problème.
· Trouvez-vous que le style de management
exercé par votre manager est adapté au
télétravail?
Je ne suis pas convaincue. Par exemple au début, j'ai
eu du mal car personne ne m'a expliqué comment je devais faire les
choses. Heureusement que j'étais très autonome et que j'ai pu
faire les choses car je n'ai pas été accompagnée. Le style
de mon manager est que tout se passe à l'oral un peu « à la
va vite » et sans suivi. Les choses ne sont pas carrées. De plus,
on n'a jamais de réunion d'équipes par exemple. J'aimerais qu'il
y ait des réunions par équipes ou par projet pour faciliter la
communication. J'aimerais aussi qu'il y ait des entretiens individuels de
manière hebdomadaire ou au minimum mensuel afin de discuter de ce qui va
et de ce qui ne va pas et préparer le mois suivant. Pour moi, si le
télétravail n'est pas bien encadré,il nuit à la
communication et nuit aux relations manager-collaborateur.
· Adaptez-vous votre type de management au
télétravail?
Encore une fois je ne me vois pas vraiment comme un manager
mais comme je le disais, j'essaye de faire en sorte que mes collaborateurs ne
se sentent pas isolés et qu'ils comprennent bien ce qui est attendu.
· Comment êtes-vous
évalué?
Sur la qualité de mon travail et le respect des
deadlines mais il n'y a pas d'évaluation à proprement
parlé. On a parlé par le passé de prime sur objectif mais
je n'ai toujours pas d'objectifs. Il y a un
64
entretien annuel mais qui repose plus sur la qualité de
mes relations avec les autres et la qualité générale de
mon travail.
· Aimeriez-vous être évalué
sur objectifs?
Oui, ce serait plus motivant et ça permettrait de mieux
s'organiser.
· Comment évaluez-vous vos
collaborateurs? Pratiquez-vous le management par objectif? Je ne
les évalue pas sur objectif n'ayant pas moi-même d'objectifs.
· Trouvez-vous ce type d'évaluation
pertinent en télétravail? Pour moi c'est pertinent,
c'est même la base en télétravail.
· Avez-vous des horaires à respecter ?
Oui
· Aimeriez-vous que ce soit plus
flexible?
Ce serait bien dans le sens où il y a des
périodes où l'on travaille beaucoup plus que d'autres. Mais
ça peut être compliqué pour certaines personnes et on
aurait du mal à savoir qui est joignable quand.
· Existe-t-il des process (écrits) de
travail dans votre entreprise?
Non, pas vraiment. Il y a bien quelques petites choses mais
parfois on n'est pas au courant. Mais de manière générale
ce n'est pas très structuré.
· Si non, aimeriez-vous qu'il y en ait ?
Oui mais il faudrait qu'on communique dessus, que ce soit
clair et qu'on dise à quoi cela va servir. Mais c'est surtout important
pour une personne qui arrive dans l'entreprise.
· Est-ce selon vous plus important en
télétravail?
Ça dépend si on est plusieurs à
travailler dans un même service, pour les remplacements par exemple.
Comme on a besoin de faire plus attention à la communication en
télétravail, oui c'est plus important.
· Votre manager vous
délègue-t-il des tâches importantes? Oui,
mais il lui arrive de passer derrière et de changer des choses
· Déléguez-vous des
tâches/projets importants à vos collaborateurs?
Peut-être pas aussi facilement que je ne le
souhaiterais. Parfois, j'estime que le résultat ne sera pas celui que je
voudrais. Et d'autres fois parce que les délais sont courts et je ne
veux pas perdre de temps à expliquer ce qui pourrait être rapide
en face à face mais va prendre plus de temps en
télétravail.
·
65
De manière générale comment
vivez-vous le télétravail? Souhaitez-vous que cela reste comme
ça? Que changeriez-vous?...
Je le vis plus ou moins bien. Parfois je manque de
motivation. Je le vivais beaucoup mieux au début et je me sens de plus
en plus isolée. J'aimerais qu'il y ait plus de communication, et surtout
une communication plus ciblée et des points hebdomadaires ou mensuels
par équipe ou personnels. Si j'en avais la possibilité, je serai
dans les locaux à plein temps pour changer d'air et me donner une
nouvelle motivation.
· Diriez-vous que ce mode de travail fonctionne
bien dans votre entreprise?
Le télétravail est adapté à ce
que l'on fait mais ce serait mieux s'il y avait plus de rencontres
physiques.
· Avez-vous des commentaires? Y a-t-il des
points supplémentaires que vous souhaiteriez aborder?
J'aimerais vraiment avoir plus d'informations sur le
télétravail : sur les indemnités auxquelles on a droit,
sur le cadre légal de manière générale.
66
Interviewée 5 - télétravail plein
temps - manager
· Le recrutement était-il
différent que d'autres recrutements que vous avez connu ? Si oui en quoi
?
Ce qui était très différent c'est que je
n'ai pas eu d'entretien, on m'a juste demandé si j'étais
disponible (mais on connaissait déjà mon travail).
· Avez-vous eu une formation sur le
télétravail ? Des informations sur ce mode de travail ?
Non, pas du tout.
· A quoi faites-vous attention lorsque vous
recrutez des collaborateurs en télétravail ?
Quand ce sont des personnes qui ont l'habitude de ce mode de
travail, je valide quand même certains points avec eux (mode de
fonctionnement...) pour les autres je donne davantage de précisions
(horaires, planning, modalités de contact...) et j'essaie de savoir si
le télétravail peut-être un problème, si la personne
a bien compris ce que ça signifiait et si elle possède ou sait
utiliser les outils nécessaires.
· Avez-vous déjà recruté
une personne qui ne s'est pas adaptée au télétravail? Si
oui, pourquoi?
Recruté non, mais j'ai connu quelqu'un qui ne s'est
pas accommodé au télétravail. La personne ne faisait pas
le travail qu'on lui demandait mais je n'ai jamais su vraiment pourquoi.
Parfois aussi je suis confronté à des problèmes
d'autonomie, des personnes qui ont besoin de moi, même pour des choses
simples. Ce n'est pas dû au télétravail, mais en face
à face, ça m'aurait pris moins de temps d'expliquer.
· Avez-vous eu une formation ? (Pour manager une
équipe de télétravailleurs)
Non
· Formez-vous vos collaborateurs au
télétravail? Ou votre entreprise en
propose-t-elle?
Non.
· Pensez-vous être plus ou moins
contrôlé(e) - Quelle forme de contrôle est exercée
(contrôle des horaires, des résultats...)?
Ça dépend sur quoi. Je suis moins
contrôlée sur ce que je fais sur mon ordinateur par exemple. Il
n'y a pas de restriction, on ne me demande pas si je vais sur Facebook dans la
journée par exemple. En revanche au niveau du temps de travail je me
sens plus contrôlée. Dans les autres entreprises dans lesquelles
j'ai pu travailler et où je n'étais pas en
télétravail, je n'ai jamais eu de problème quand
j'arrivais en retard à cause des bouchons par exemple, on ne me disait
rien, ça arrive. Ici, j'ai besoin de me justifier. Le fait que l'on
utilise un outil pour montrer notre présence fait que je me sens un peu
fliquée.
·
67
En tant que manager, comment gérez-vous le
contrôle en télétravail? Quelles formes de contrôle
exercez-vous?
Je demande à ce qu'on me prévienne quand il y
aura du retard. Malgré les horaires, il m'arrive de laisser mes
collaborateurs une marge de liberté pour gérer selon ce qu'ils
ont à faire, s'ils ont un rendez-vous dans la journée, ils
peuvent rattraper le soir, par exemple.
· Avez-vous peur de perdre le
contrôle?
Oui et non car ça se passe bien mais j'ai
déjà eu des cas où je ne voyais aucun livrable arriver, je
ne savais pas où mon collaborateur en était alors que l'heure
approchait et du coup j'ai eu des moments de stress en me demandant «
qu'est-ce que je vais faire ? ». Dans un bureau je pourrais passer
à côté et dire « Alors ça va le projet avance
bien ? » et voir par moi-même alors qu'en télétravail
si on ne me m'envoie pas le travail et qu'on ne me répond pas je ne sais
rien.
· Pensez-vous que votre manager vous fait
confiance? Pourquoi? Oui je pense. Il n'est pas toujours
derrière moi, il ne demande pas de retour.
· Faites-vous confiance à votre
manager? Pourquoi?
Oui et non. Oui quand ça concerne ses domaines de
prédilections, quand ça concerne quelque chose qu'il ne connait
pas vraiment, il lui arrive de prendre des décisions sans savoir ce que
ça implique pour moi.
· Pensez-vous que vos collaborateurs vous
font confiance? Si non, pourquoi? Si oui, qu'est-ce qui vous permet de le dire?
Je pense, oui car ils sont souvent amenés à me
demander des conseils, mon avis, donc ils doivent avoir confiance en mes
capacités !
· Faites-vous confiance à vos
collaborateurs?
Oui, je leur fais entièrement confiance. Mais par le
passé il m'est arrivé d'avoir un peu peur au début avec
des personnes qui avaient du mal à s'adapter à notre
méthodologie.
· Comment qualifieriez-vous la relation avec
votre manager? (êtes-vous plus ou moins proche car
télétravail?)
C'est compliqué. Il ne connait pas toujours mes
charges de travail et mes difficultés. On a parfois du mal à se
mettre d'accord. Mais on a aussi une relation complémentaire car on n'a
pas les mêmes compétences et on peut faire des choses
intéressantes. Je me sens peut-être moins proche que si on
était amenés à se voir tous les jours mais c'est difficile
à dire.
· Et avec vos collègues et collaborateurs
?
Ca dépend des personnes, de la fréquence
à laquelle on est amenés à travailler ensemble et de
là où ils vivent. Je me sens moins proche de ceux qui sont
à l'autre bout de la France car on est encore moins amenés
à se voir.
· 68
Etiez-vous quelqu'un de très autonome avant
d'être en télétravail? L'êtes-vous
davantage?
Oui j'étais très autonome. Je ne pense pas
l'être plus. Parfois même moins car je me cantonne au travail que
j'ai à faire, je ne cherche à regarder ce que je pourrais faire
de plus car je suis seule et j'ai donc plus de visibilité sur mon propre
travail. Du fait d'être seule, j'ai moins de motivation à aller
chercher des choses que je pourrais faire en plus.
· Vos collaborateurs sont-ils tous autonomes?
Si non, comment gérer vous le manque d'autonomie?
J'espère qu'ils sont tous autonomes ! Parfois certains
manquent de confiance en eux et demandent beaucoup de choses par peur de se
tromper donc c'est quelque part un manque d'autonomie. Quand c'est le cas,
j'essaie de faire le point et de redonner confiance.
· Comment gérez-vous cette autonomie en
termes de style de management?
Je leur demande régulièrement si tout se passe
bien, s'ils ont besoin de moi sans chercher à être derrière
eux, tout en leur faisant comprendre que je suis là si besoin.
· Comment gérer vous la relation
contrôle/autonomie?
De la part de mon manager, parfois je vis mal son
contrôle, je le ressens comme une intrusion dans mon travail et ça
me fait perdre mon temps.
· Comment est la communication (pendant les
périodes de télétravail)? Quels moyens utilisés?
Fréquence?
Nous communiquons par Skype, téléphone et par mail
tous les jours.
· Y a-t-il des problèmes de
communication? De quel ordre?
Oui, souvent sur Skype. Il m'arrive de passer à
côté de certains messages. Ensuite parfois comme on ne voit pas la
réaction de la personne on a du mal à savoir si elle a compris,
il se peut qu'elle n'ose pas le dire mais en face à face on pourrait
voir au comportement. Je prends aussi moins le réflexe de demander si
elle a compris.
· Vous sentez-vous
isolé(e)?
Ça m'est arrivé. A une époque,
j'étais beaucoup plus en contact avec des clients et quand ça a
changé je me suis sentie isolée. De plus, on ne fait pas de
réunion en interne donc ça a été dur. Depuis des
actions ont été faites, de la part de mon manager et de ma part,
qui font que je me déplace plus.
· Que faites-vous pour que vos collaborateurs ne
se sentent pas isolés? Quand il y a le temps, demander si
ça va, si ça se passe bien. Je me montre disponible au
maximum.
· Avez-vous des feedbacks réguliers sur
votre travail? Par les clients oui mais de la part de mon manager
non.
· 69
Voudriez-vous en avoir plus?
Sur certaines choses oui. Ce serait surtout de mettre en
place une organisation et des priorités car j'ai du mal à
prioriser les choses. Du coup, il m'arrive de me sentir
débordée.
· Faites-vous régulièrement des
feedbacks à vos collaborateurs?
J'essaie mais je me rends compte que je veux le faire mais
que je ne prends pas toujours le temps. J'oublie parfois de dire certaines
choses. Je prends toujours le temps d'en faire un minimum mais j'aimerais avoir
le temps d'en discuter plus longuement. En tous cas, je considère que
c'est important pour garder la motivation.
· Trouvez-vous que le style de management
exercé par votre manager est adapté au
télétravail?
Non. Parce que justement on n'a jamais de retour. On se sent
parfois fliqué comme je le disais tout à l'heure et ce n'est pas
cohérent avec le télétravail. En revanche, on fait en
sorte de se rencontrer de temps en temps, c'est très bien mais ce n'est
pas encore suffisant.
· Adaptez-vous votre type de management au
télétravail?
Je ne managerais pas pareil en face à face. Je pense
qu'en management, on doit s'adapter à chaque personne. Mais en
télétravail, on connait forcément moins bien la personne
qu'on manage, c'est donc difficile de s'adapter. J'essaye de toujours expliquer
ce qui va ou ne va pas. Mais c'est quand même toujours plus facile d'en
parler en face à face surtout quand ça ne va pas ! De plus, je
fais également attention à ce que mes collaborateurs ne
travaillent pas trop c'est-à-dire que je ne leur donne pas un travail si
je sais que pour le faire ils vont devoir travailler tard le soir ce qui peut
arriver en télétravail.
· Comment êtes-vous
évalué(e)?
Par la satisfaction des clients essentiellement, et s'ils
refont appel à nous. Mais je n'ai pas vraiment d'évaluation en
interne à part les entretiens annuels.
· Aimeriez-vous être
évalué(e) sur objectifs?
Oui et non. Oui sur certains points, mais comme je suis
très polyvalente, ça pourrait être compliqué. Ou
alors il faudrait mettre des objectifs différents par projets.
· Comment évaluez-vous vos
collaborateurs? Pratiquez-vous le management par objectif?
Je les évalue selon le retour des clients et la
qualité globale de leur travail. Le seul objectif est de rendre leurs
livrables en temps et en heure.
· Trouvez-vous ce type d'évaluation
pertinent en télétravail?
Oui, car comme on ne peut pas être derrière
à voir ce qu'ils font ça permettrait de voir si les objectifs
sont atteints et si non, de voir pourquoi, quels points sont à
améliorer.
· 70
Avez-vous des horaires à respecter
?
Oui.
· Aimeriez-vous que ce soit plus flexible
?
Les horaires sont beaucoup moins souples que ce que j'ai pu
connaitre avant. J'ai toujours eu des contrats cadre donc je gérais mes
horaires. Alors que là, j'ai une base d'imposée qui est large.
L'idéal pour moi serait d'avoir une base de présence obligatoire
du genre 10-12h/14-16h et chacun gère le reste du temps comme il
l'entend.
· Existe-t-il des process (écrits) de
travail dans votre entreprise? Oui quelques-uns, mais j'aimerais
qu'il y en ait plus. Ça ferait gagner du temps.
· Est-ce selon vous plus important en
télétravail?
Oui ça permet de diriger les collaborateurs. Et
ça leur permet d'avoir des réponses à la plupart des
questions simples sans être obligé de solliciter quelqu'un. Mais
c'est important de communiquer dessus, ça ne sert à rien si on
n'est pas au courant qu'ils existent ou si on ne sait pas où les trouver
!
· Votre manager vous délègue des
tâches importantes?
Oui et non. Oui dans le sens où il me laisse
gérer la plupart des projets et non quand il y a plus d'enjeux sur un
gros projet il s'implique beaucoup plus en faisant des choix qui ne sont pas
toujours les plus pertinents.
· Déléguez-vous des
tâches/projets importants à vos collaborateurs?
Ça dépend des collaborateurs. J'essaie de
déléguer dans une importance progressive. Quand je vois qu'ils
gèrent bien des projets d'une importance moyenne, je leur
délègue des projets d'une plus grande importance.
· De manière générale
comment vivez-vous le télétravail? Souhaitez-vous que cela reste
comme ça? Que changeriez-vous?...
C'est par période, j'ai des périodes positives
et négatives. Il y a des périodes positives où même
si je fais plus d'heures qu'en bureau j'ai l'impression d'avoir une vie
à coté, d'avoir le temps de faire plus de choses. Et il y a des
périodes négatives où j'ai l'impression que mon
responsable ou même les clients m'en demandent plus parce que je suis en
télétravail et que j'ai la possibilité de travailler en
soirée ou le weekend par exemple. Alors que si je n'étais pas en
télétravail on ne me laisserait pas travailler jusqu'à 23h
et les bureaux seraient fermés le weekend.
Ce serait bien de mettre en place des actions, des
règles pour ne pas abuser de ça. Si je pouvais changer certaines
choses, je ferais en sorte que tout le monde s'approprie la culture
d'entreprise pour qu'on ait tous une vision commune car je m'aperçois
qu'on ne voit pas tous les choses de la même façon du fait qu'on
n'a pas de visibilité sur ce que font les autres.
· 71
Diriez-vous que ce mode de travail fonctionne bien
dans votre entreprise?
Oui, mais je sens qu'il y a un manque de cohésion
d'équipe et de méthodologie. Parfois on ne sait pas bien qui fait
quoi, je pense qu'il y a un certain problème de communication.
· Si vous aviez le choix, seriez-vous en
télétravail à plein temps, à temps partiel, jamais
?
L'idéal pour moi serait à temps partiel, deux
ou trois jours par exemple. Mais en cadrant bien qui prend quels jours et que
ce soit fixe. Le télétravail a beaucoup d'avantages, on peut
gérer certaines choses qu'on ne pourrait pas sans ça. Par
exemple, si un réparateur doit venir chez vous et que vous travaillez
dans des locaux, vous devez poser une demi-journée, en
télétravail vous pouvez continuer à travailler pendant
qu'il est là. De plus, quand on travaille sur des choses qui
nécessitent du calme, on sait qu'on ne sera pas importuné. Mais
c'est quand même bien de travailler avec des collègues,
d'échanger.
· Avez-vous des commentaires? Y a-t-il des
points supplémentaires que vous souhaiteriez aborder?
Le télétravail n'a pas été un
choix pour moi au départ, parfois ça me plait, parfois moins. Le
sujet m'intéresse, c'est quelque chose qui se met doucement en place. On
est un peu des testeurs et de ce fait, on n'est pas beaucoup
protégés par la loi, c'est dommage, j'ai hâte de voir
comment ça va évoluer. J'ai pas mal de questions en suspens.
J'aimerais savoir à quoi je peux avoir le droit en
télétravail au niveau matériel, comment on doit calculer
nos indemnités, est-ce qu'on peut avoir droit aux tickets restaurants,
est-ce qu'il faut une consultation chez le médecin du travail...
J'aimerais connaitre mes droits et devoirs en tant que
télétravailleur, que je ne connais pas vraiment.
72
Interviewée 6 - télétravail temps
plein - manager
· Comment êtes-vous passé(e) en
télétravail ?
Mon entreprise était basée à Londres et
je ne voulais plus vivre là-bas alors j'ai demandé à
bénéficier de cette organisation. Je suis passée d'un
contrat anglais à un contrat français très facilement. Ce
qui a permis cela, c'est non seulement l'aspect contractuel mais aussi l'aspect
technologique : avec un accès à internet on avait la
possibilité de travailler depuis chez nous comme aux bureaux à
Londres. Sans les nouvelles technologies ça n'aurait pas
été possible. Il suffisait de se connecter au serveur tous les
jours.
· Avez-vous eu une formation pour travailler
à distance? Et des informations sur ce mode de travail ?
Non, on m'a juste acheté un bureau, mes frais
liés à la mise en place ont été payés et mes
frais liés à l'activité étaient
remboursés.
· Avez-vous déjà recruté
des personnes pour un poste en télétravail ? Si oui, le
recrutement était-il différent que pour des collaborateurs qui
étaient présents à temps plein dans l'entreprise ?
Une de mes collaboratrices a demandé à passer
en télétravail avant que je le pratique moi-même, mais ce
n'était pas un recrutement car elle était déjà dans
l'entreprise depuis quelques années. On avait confiance en elle donc
ça s'est fait facilement et son travail s'y prêtait.
· Avez-vous déjà recruté
une personne qui ne s'est pas adaptée au télétravail? Si
oui, pourquoi?
Non.
· Avez-vous eu une formation pour manager une
équipe de télétravailleurs ?
Oui, j'ai eu une formation « remote working » sur
comment faire pour qu'une personne en télétravail soit
intégrée à l'équipe comme les autres. Etant
donné que c'était un aspect qui se développait
énormément dans l'entreprise, c'était bien mis en place...
J'étais loin d'être la seule. C'est super intéressant pour
la boite, surtout quand on sait ce que coutent des bureaux à Londres
!
· Pensez-vous que vous étiez plus ou
moins contrôlé(e) - Quelle forme de contrôle était
exercée (contrôle des horaires, des résultats...)?
Ce n'était pas vraiment du contrôle, on
était très autonomes et on responsabilisait beaucoup les gens. Tu
as un boulot à faire avec un rendu attendu le vendredi il faut que le
boulot soit fait c'est tout.
Il y avait bien sur des coups de fils ou des Skype la
semaine, mais pas pour contrôler, pour s'assurer que la personne ne se
sente pas seule.
Je sais qu'en France, quand on est en
télétravail, on est fliquée mais je ne l'ai pas
vécu comme ça et je n'ai jamais voulu faire vivre ça
à quelqu'un. J'ai une manière de voir les choses très
anglo-saxonne. En France, on ne responsabilise pas les gens alors qu'aux USA ou
en Angleterre, si. En revanche tu
73
fais une connerie, on ne te pardonne pas. Nous, on mettait en
place des rendez-vous d'équipe dans le but de voir ou en était
tout le monde et de savoir si tout allait bien. Rien à voir avec
«à 17h30, t'as été chercher ton gamin à
l'école, t'as quitté ton bureau...». En fait, on sait
très bien que les gens qui travaillent de chez eux bossent 2 fois
plus.
· En tant que manager, quelles formes de
contrôle exerciez-vous?
Si je le souhaitais, je pouvais contrôler le temps
passé sur le serveur. T'es obligée de mettre en place un CRM,
quand on allait en rendez-vous on mettait les comptes rendus clients par
exemple, ça nous disait qui a fait quoi et comment donc on avait moyen
de savoir ce qui avait été fait, si besoin. Et c'était
très précis, un coup de fil à un client et il fallait le
noter. A partir de là, on pouvait voir tout ce qui avait
été fait dans la semaine.
· Aviez-vous peur de perdre le
contrôle?
Non pas du tout. Tant que le boulot était fait
c'était bon. Quand tu as un travail commercial, tant que tu
génères du revenu, il n'y a pas de souci. Que tu le fasses 8h/18h
ou 8h/12h, 14h/16h et 18h/20h il n'y a pas de problème, pas besoin
d'horaire, si tu dois t'absenter c'est normal !
Il m'est arrivé de faire des journées de
travail « normales » mais d'être ensuite en réunion avec
des collègues américains à 21h donc il n'y a pas vraiment
d'horaires ; il y avait une plage horaire de présence de base mais on
pouvait facilement y déroger.
· Pensez-vous que vos collaborateurs vous
faisaient confiance? Qu'est-ce qui vous permet de le dire?
Oui parce que les chiffres étaient bons, donc à
partir de là on fait confiance des deux côtés.
· Pouvez-vous décrire le rapport de
confiance qui se met en place en télétravail en partant d'une
situation concrète ?
Au début, chacun essaye de trouver ses marques donc il
peut y avoir plus de coups de fils, plus de mails, plus de Skype que
d'habitude. Mais une fois que les gens savent que la personne est ok, qu'elle a
mis en place sa façon de travailler, que les résultats sont
là, le contrôle s'éloigne. Mais cela prend un peu de temps,
ça prend deux ou trois mois.
Mais pour nous ça s'est super bien passé parce
que les gens travaillaient déjà dans l'entreprise avant, depuis
plus de 5 ans, et ils connaissaient déjà les produits. Là
où je vois un problème et une impossibilité de mettre le
télétravail en place, c'est quand quelqu'un est nouveau,
ça ne peut pas marcher car tu as besoin de créer une ambiance,
une atmosphère d'équipe et aussi comprendre les produits ou les
services de l'entreprise. Ou alors il faut faire des réunions
très régulières, au moins mensuelles. Nous on savait
déjà qu'on avait à faire à des bons
éléments, la confiance était déjà
établie.
· Etiez-vous quelqu'un de très
autonome avant d'être en télétravail? L'êtes-vous
davantage après cette expérience?
Oui, il faut être super autonome et ne pas avoir peur
d'être seul. Il faut aussi être organisé et savoir où
on va. Je le suis encore plus maintenant.
·
74
Vos collaborateurs étaient-ils tous autonomes?
Ils étaient tous très autonomes.
· Comment gériez-vous la relation
contrôle/autonomie en tant que manager ?
Dès le départ, on a mis une structure en place,
c'est important. Tous les vendredis, on avait une réunion pendant
laquelle on revenait sur la semaine écoulée et sur la semaine
à venir. De plus, tous les trimestres, on allait aux bureaux à
Londres pour voir tout le monde. Ensuite, c'était au jour le jour les
petits problèmes. On avait le CRM pour voir ce qui avait
été fait.
· Comment était la communication
pendant les périodes de télétravail? Quels moyens
utilisés?
Mail, téléphone, Skype, le CRM.
· Il y avait-il des problèmes de
communication? De quel ordre?
Oui c'est arrivé. Par exemple, quelqu'un a dit
à un client qu'il pouvait faire ça alors qu'il ne pouvait pas, la
méconnaissance sur un produit parce qu'on n'a pas pu former la personne.
Quand on est dans les bureaux, c'est beaucoup plus simple d'avoir les
informations. En dehors du bureau, on peut passer à côté de
certaines choses. Mais les aspects positifs étaient bien plus importants
que les négatifs.
· Vous est-il arrivé de vous sentir
isolé(e)?
Complétement. Ce qui s'est produit c'est qu'on
était tellement nombreux à passer en télétravail (3
en France, 1 en Allemagne, une en Espagne, etc...) que même si on se
sentait isolé, il y avait un réseau de
télétravailleurs. Donc si je me sentais seule je pouvais appeler
un collègue télétravailleur en Espagne par exemple. C'est
évident d'avoir des moments comme ça. Mais il faut avoir un
minimum d'initiative pour prendre son téléphone et appeler
quelqu'un. Avec les moyens de communication actuels on n'est jamais loin, un
coup de fil c'est tellement simple.
· Que faisiez-vous pour que vos collaborateurs
ne se sentent pas isolés?
Au travail c'est très facile de prendre un café
5 minutes avec une personne pour discuter, alors qu'en
télétravail c'est différent, il n'y a pas ça. Donc
il faut passer des coups de fil pour demander «Est-ce que ça va
?» «Est-ce que tout va bien ? ».
· Aviez-vous des feedbacks réguliers sur
votre travail?
Oui, toutes les semaines avec la réunion du vendredi,
il faut un retour régulier sinon le télétravail ne marche
pas, mais c'était un système bien rodé dans mon entreprise
qui a connu pas mal de télétravailleurs, le management savait
s'adapter au télétravail.
· Auriez-vous aimé en avoir plus ?
Non, il y avait un retour régulier.
· 75
Et vous, faisiez-vous régulièrement des
feedbacks à vos employés?
Pareil toutes les semaines et je vérifiais aussi ce
qu'il se passait sur le CRM donc si j'avais des questions, je les posais.
J'appelais aussi par exemple après leurs rendez-vous clients pour savoir
comment ça s'était passé.
· En quoi est-ce différent du management
d'équipes qui ne sont pas en télétravail ?
Etant donné l'isolation des personnes la question
centrale c'est : comment créer un esprit d'équipe et comment
faire pour que la personne se sente impliquée par les besoins de
l'entreprise ? Ça c'est le plus dur, en quoi cette personne à
l'autre bout du monde va se sentir autant impliquée dans la
stratégie et dans la mise en place des objectifs de l'entreprise ? Il
faut que la personne se sente intégrée, et donc il faut que ce
soit de son bon vouloir.
· Comment adaptiez-vous votre style de
management à cette problématique?
Concrètement, c'est très dur, mais c'est faire
rappeler à la personne les objectifs de l'entreprise et comment elle
peut générer une activité dans l'entreprise par rapport
à son travail. C'est donner la vision générale de
l'entreprise et, en travaillant sur des objectifs communs, comment elle pourra
générer une activité en phase avec les objectifs de
l'entreprise.
Autant la stratégie globale est décidée
par le chef d'entreprise, autant les actions sont décidées avec
les employés, donc il faut faire en sorte que ce soit lui qui
décide des actions. Il faut impliquer les employés dedans. La
seule option c'est de discuter des actions à mettre en place ensemble.
Si c'est quelqu'un qui décide de ça à leur place ils ne le
feront pas.
· Comment évaluiez-vous vos
collaborateurs? Pratiquiez-vous le management par
objectif?
Au niveau commercial c'est très simple, c'est au
chiffre d'affaire généré et le nombre d'activités
mises en place. C'était un management par objectif.
· Trouvez-vous cela pertinent en
télétravail?
Le télétravail s'y prête bien. Pour un
commercial ce n'est pas nouveau et c'est intéressant. Pour quelqu'un qui
est plus dans de l'administratif je ne sais pas.
· Aviez-vous des process (écrits) de
travail dans votre entreprise?
Oui mais dans les grandes lignes. Les réunions
hebdomadaires par exemple faisaient partie de process écrits.
· Auriez-vous aimé qu'il y en ait plus ?
Non.
· Est-ce d'après vous encore plus
important en télétravail ?
Oui, il faut avoir une structure, sans structure ça
peut aller n'importe où. On est obligé d'avoir des règles
du jeu. Etant donné qu'on est face à des êtres humains il
faut laisser une autonomie sinon ça ne marche pas. Il faut trouver le
juste milieu entre le laxisme et la dictature. Après il faut s'adapter
à chaque personne.
76
? Déléguiez-vous des
tâches/projets importants à vos collaborateurs?
Oui. Le truc c'est de responsabiliser les gens et de leur
dire « Tu as une chose à faire, tu dois la faire pour telle date,
vois comment tu peux faire et si tu as un souci tu nous tiens au courant.
». Je n'avais aucun mal à déléguer.
· De manière générale,
comment avez-vous vécu le télétravail?
Superbe ! Mais c'était bien parce que ça
correspondait à une période de ma vie et je l'avais
souhaité. Si tu es en télétravail tu n'es pas dans les
locaux tu ne sais pas ce qu'il se passe, tu n'es pas au courant de tout et le
management te sentira beaucoup moins impliqué et donc tu auras
très peu de chance d'être promu. Donc le télétravail
c'est à des fins personnelles et pendant un certain temps.
La carrière que j'ai eue, je ne l'aurais pas eu si je
n'avais fait que du télétravail. Ce sont les 12 ans à
Londres qui ont fait que j'ai eu ces promotions, car j'étais là
et je savais ce qu'il se passait, je savais avec qui il fallait parler et de
quoi il fallait parler. Ça, en télétravail ce n'est pas
possible. Les bons jobs sont donnés aux personnes qui sont au bureau
donc, si ça correspond à une période de la carrière
ou à une volonté de ne pas être promu, ok. Mais de mon
expérience, je n'ai jamais vu qui que ce soit être en
télétravail et être promu.
Le télétravail à temps partiel, par
exemple toute la semaine au bureau et le vendredi à la maison, c'est
différent, c'est très bien, mais pour moi ce n'est pas du
télétravail.
· Diriez-vous que ce mode de travail
fonctionnait bien dans votre entreprise ? Pourquoi selon vous?
Oui, car c'est un système qui a été
rodé. De plus, le management a appris à gérer les gens.
Une fois par trimestre on montait à Londres mais s'il y avait un gros
recadrage à faire, il y avait une discussion avec la direction à
Londres. Mais les employés ne se sentaient pas fliqués, ça
c'est très important. On travaillait dans une ambiance où on
faisait en sorte que les employés donnent le meilleur d'eux
même.
C'est un peu grâce au management à
l'anglo-saxonne que ça marchait, en France avec la mentalité
actuelle c'est plus difficile. On va réduire les coûts, presser
les gens comme des oranges et s'en débarrasser quand on en aura plus
besoin. En tous cas, c'est l'impression que j'en ai.
· Aujourd'hui vous êtes chef d'entreprise,
voudriez-vous le remettre en place ?
Oui, tout à fait. Pour l'instant, je viens de
créer ma structure mais il va y avoir une activité à
l'international très importante, c'est pour cela que j'oeuvre donc je
serai obligée d'en passer par là et je le referai sans souci.
Ce sera plus intéressant par exemple d'avoir quelqu'un
qui travaille depuis l'Italie plutôt que je mette en place un bureau
là-bas...Avoir quelqu'un qui travaille bien, en qui je fasse confiance,
que je paye bien et que je puisse vérifier s'il fait du bon boulot c'est
l'idéal. Dans ma vision des choses, ce serait un point de départ.
Si l'activité se développe, je mettrai en place des bureaux
à l'étranger mais dans un premier temps c'est une excellente
alternative.
·
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Avez-vous des commentaires? Des points
supplémentaires que vous souhaiteriez aborder?
J'ai lu un article sur la PDG de Yahoo qui a
créé toute une zizanie de rapatrier les gens en
télétravail parce que qu'elle avait aucune confiance en ses
employés. Elle avait créé des tableaux de bord qui
montraient qu'en fait ils travaillaient moins bien etc... Je ne sais pas mais
en tous cas, c'est un des rares articles qui critiquaient cette manière
de travailler.
Etant donné la globalisation du travail, de
l'économie de manière générale t'es obligé
si tu veux être mondialisé, d'aller à l'étranger. La
première façon d'y aller c'est d'avoir des partenaires
commerciaux, plus tu as de partenaires commerciaux plus il faut quelqu'un sur
place pour s'en occuper. Le télétravail c'est le premier moyen le
plus simple de générer de l'activité dans un pays
étranger. C'est une activité qui doit se développer.
Résumé
Ce travail de recherche traite du télétravail,
et plus particulièrement du management du télétravail. Il
s'articule autour d'une problématique : « Comment le management
peut-il s'adapter au télétravail ? ».
A travers la littérature, ce mémoire permet de
mettre en évidence un certain nombre d'aspects à
privilégier lors de la mise en place du télétravail dans
une entreprise. Il permet également de voir en quoi le management d'une
équipe en télétravail doit être différent
d'un management « classique ».
Une étude terrain a également été
réalisée auprès de salariés en
télétravail ayant (ou non) des fonctions managériales,
afin de connaitre leur vécu et leur point de vue concernant le
télétravail, et particulièrement, le management et
l'organisation du télétravail. Cette étude terrain met en
évidence les problèmes et difficultés rencontrés
par les salariés en télétravail et tente d'y apporter des
recommandations en termes de sélection et de formation, de
contrôle, de communication, de style de management, d'évaluation,
de process de travail et de temps de travail.
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Mots-clés :
télétravail, travail à distance,
télétravailleur, management
Abstract
This research deals with telecommuting, and particularly the
management of telecommuting. It revolves around a question: "How can the
management adapt itself to telecommuting?»
Through the literature, this report allows to highlight a
number of aspects to be favored during the implementation of telecommuting in a
company. It also allows seeing how the telework management must be different
from a "traditional" management.
A field study was also conducted with telecommuters who have
(or not) managerial functions, in order to know their experiences and their own
points of view about telecommuting, and particularly about telecommuting
organization and management. This field study highlights the problems and the
difficulties faced by telecommuters, and tries to make recommendations in terms
of selection and training, control, communication, management style,
evaluation, working process and working time.
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Keywords: telecommuting, telework,
remote working, telecommuter, management
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