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Etude socioéconomique de la pauvreté chez les communautés vivant dans les zones cacaoyeres

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par Christian René KOFFI
UFHB - Master 1 2015
  

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Chapitre 2 :

Orientation de la Problématique

Section 1 :

Les objectifs de recherche

La présente étude vise un double objectif : un objectif général soutenu par des objectifs spécifiques ou appliqués

§1 : Objectif général ou fondamental

L'objectif fondamental visépar cette étude est delutter durablement contre la pauvreté dans la zone cacaoyère de Soubré.

§2 : Objectifs appliqués ou spécifiques

De manière spécifique, l'étude s'attèle à :

Ø Décrire la perception de la pauvreté au sein des ménages ;

Ø Identifier les causes de la pauvreté ;

Ø Décrire les manifestations de la pauvreté ;

Ø Faire des suggestions pour la résolution durable du problème de pauvreté.

Section 2 :

L'hypothèse de recherche

§1 : Hypothèse de base

H1 : La pauvreté chez les communautés vivant dans les zones cacaoyères est liée aux déterminants socioéconomiques.

Ho : La pauvreté chez les communautés vivant dans les zones cacaoyères n'est pas liée aux déterminants socioéconomiques.

§2 : Nature des variables dans l'hypothèse

Notre hypothèse met en relation deux variables. L'une dépendante c'est-à-dire la pauvreté et l'autre indépendante ou explicative, qui sont les facteurs socioéconomiques. Ainsi donc, le sens de notre hypothèse est de cause à effet.

Section 3 :

Test théorique de l'hypothèse : La revue de la littérature

Entreprendre une recherche sur la question de réduction de la pauvreté, exige un préalable épistémologique. Celui de saisir comment les études antérieures ont traité ce problème de pauvreté. Abordant la question de pauvreté, Charlotte Guénard et Jean Luc Dubois soutiennent que la problématique de la pauvreté est liée aux inégalités des conditions de vie9(*). L'impact de la croissance économique sur le niveau de pauvreté dépendra, d'une part, de son effet sur le revenu moyen et, d'autre part, de son effet sur l'inégalité. Des mesures de la sensibilité de la pauvreté par rapport à la croissance et à l'inégalité permettent alors de voir si un accroissement moyen de la consommation ou du revenu tend à réduire la pauvreté tandis qu'à l'inverse, une augmentation de l'inégalité tend à l'accroître.

Le cas de la Côte d'Ivoire entre 1985 et 1988 est, sur ces questions, riche d'enseignement. Il montre que l'augmentation de la pauvreté est essentiellement le résultat de la baisse du PIB par tête, la réduction des inégalités ayant plutôt eu pour effet de contribuer à la réduction de la pauvreté, et surtout de l'extrême pauvreté. Ainsi, s'il n'y avait pas eu de croissance négative, la pauvreté aurait quand même baissé de 20%, et l'extrême pauvreté de 40%, par le seul fait de la réduction des inégalités. Cet effet est plus marqué chez les producteurs de cultures d'exportation.

Pour Ahmed Bahri10(*), si la pauvreté persiste encore c'est parce que sa mesure soulève quelques problèmes.

Les définitions de la pauvreté ne manquent pas. Mais elles varient selon l'auteur, l'institution, la politique prônée, etc. Le rapport sur le Développement Humain (PNUD, 1997) en donne un glossaire, en relation avec le concept de Développement Humain, et une approche qui va au-delà de l'aspect strictement monétaire. En plus de cette variable clé qu'est le revenu ou la consommation, le PNUD relie la pauvreté à la problématique du Développement en général et du Développement Humain, en particulier. Cela implique que l'on doit tenir compte des acquis des plus favorisés et des « manques » chez les plus déshérités et les pauvres. En particulier, la définition inclut les besoins et la capacité d'exercer certaines fonctions sociales, capacité qui dépend d'un certain niveau de santé, d'éducation, d'insertion sociale dans la communauté, et d'intégration de la dimension Genre.

En théorie, on peut, dans un espace à <n> dimensions tenter de mesurer la distance séparant la position d'un individu (une famille/ménage, un groupe ou classe, une population nationale, etc.) qui ne serait pas en situation de pauvreté ou en situation idéale-type ou d'optimum, abstraitement définie, à celle d'un pauvre. Comme il existe un continuum de situations dans cet espace, une part d'arbitraire est introduite pour discriminer les situations. D'où les notions de seuil de pauvreté.

Pour mesurer une telle distance, il conviendrait, alors, de connaître et d'en tenir compte les diverses dimensions ou variables qui influent sur la pauvreté : le revenu disponible, la capacité de l'utiliser pour consommer et satisfaire les besoins physiologiques nécessaires à la survie, vivre décemment au-dessus d'un minimum vital avec le surplus dégagé pour des utilisations d'épanouissement ou de réalisation de capacités physiques, intellectuelles et culturelles (santé, éducation, loisirs, capacité de faire des prévisions réalistes), la prise en charge de l'environnement, pour s'y adapter et/ou en tirer profit au mieux, l'insertion et l'intégration sociales dans le groupe.

En toute rigueur, le chercheur qui travaille sur les diverses variables considérées doit s'assurer, autant que faire se peut, qu'elles devraient être indépendantes. Mais force est de constater que l'on a souvent tendance à omettre cette condition pour additionner des variables qui sont liées entre elles. Donc, les résultats obtenus et reflétés dans des publications comme le Rapport sur le Développement Humain ne sont qu'indicatifs. Leurs auteurs gagneraient à réduire le nombre de variables et à concentrer les efforts sur l'établissement de l'indépendance de telles variables.

C'est ainsi donc que Ruggieri11(*)et al (2003), distinguent quatre approches :

Ø l'approche monétaire ;

Ø l'approche des capacités humaines ;

Ø l'approche de l'exclusion sociale ;

Ø l'approche de la participation.

L'approche monétaire, communément admise et utilisée, se base sur un revenu ou une consommation, exprimée en dollars, en parité de pouvoir d'achat (PPA) pour les besoins de comparaison. Elle permet de fixer des seuils et de calculer l'Indicateur de Pauvreté Humaine(IPH) ou de l'Indicateur de Développement Humain(IDH)

L'approche des capacités humaines vise à renforcer celles-ci pour permettre l'utilisation de cette capacité pour une vie meilleure et plus libre. Des auteurs comme Nussbaum(1995) parlent de « vie humaine pleine » (full). Les moyens financiers ne sont qu'un instrument pour améliorer le bien-être, en plus des biens publics mis à la disposition.

L'approche basée sur l'exclusion sociale entend lutter contre la marginalisation et la privation, même dans les pays riches. Elle entend donner les moyens aux personnes de participer aux activités sociales normales des citoyens de la société.

L'approche de la participation entend faire participer les intéressés eux-mêmes à la connaissance et l'analyse de leurs conditions de vie et de l'amplitude du phénomène de pauvreté avec, en vue, la perspective de susciter les efforts nécessaires des intéressés par l'amélioration de leur sort.

En utilisant l'enquête sur les ménages la plus récente, Grimm (2001) a montré que la pauvreté a fortement augmenté entre 1993 et 1998 à Abidjan, mais fortement chuté en zone rurales. Le phénomène de « pauvreté » n'est pas spécifique au cas ivoirien.

Selon Grimm et al (2001), en zones rurales, la baisse des dépenses moyennes de consommation semble avoir été moins importante, les dépenses par tête ayant baissé de 7.3% par an. Toutefois, il existe des disparités au sein des zones rurales : les dépenses par tête ont baissé de 5,8% en forêt Est, de 10,2% en forêt Ouest et de 6,2% dans la zone de savane. Néanmoins, la pauvreté rurale a augmenté dans les années 1980 et dans la première moitié des années1990, et reste toujours supérieure à celle des zones urbaines. La pauvreté au niveau national a plus que triplé sur la période. En zones rurales, le niveau de dépenses moyen a baissé dans une moindre mesure en 1998. Le niveau de dépenses de 1998 représentait au moins 70% du niveau de 1985. La pauvreté a baissé notablement de 36% en 1993 et 27% en 1998 au seuil de 1 dollar US par tête et par jour, et de 71% à 59% au seuil de 2 dollars US (Grimm, 2001). Cette étude de Grimm s'appuie sur les revenus et non sur les dépenses pour le calcul des taux de pauvreté. Ainsi, on constate une forte réduction du différentiel de niveau de vie entre zone rurale et zone urbaine due à la chute spectaculaire des revenus urbains et à l'augmentation des revenus ruraux depuis 1994.

Il existe également des travaux empiriques qui illustrent ce phénomène dans d'autres pays. L'étude de Haddad, Ruel et Garrett (1990), par exemple examine la pauvreté urbaine et rurale pour 8 pays en développement. Pour 7 d'entre eux, ils trouvent que la proportion de pauvres urbains au niveau national a augmenté dans le temps. Mosert, Herbert et Makonnen (1993) ont analysé la pauvreté urbaine dans le contexte de l'ajustement structurel. Pour eux, il existe une association claire entre les distorsions macroéconomiques et le processus d'appauvrissement qui a lieu dans les zones urbaines. Les recherches de Mireille Razafindrakoto et de François Roubaud (2001) qui ont mis en évidence les multiples facettes de la pauvreté dans la capitale malgache et dans lesquelles différentes approches de la pauvreté ont pu être confrontées grâce à la disponibilité d'une base de données riche pour la capitale malgache, apporte un éclairage nouveau sur la nature et l'ampleur de la pauvreté. Parallèlement à la définition la plus classique basée sur le critère monétaire, différents concepts de la pauvreté ont été mis en regard. Ils reposent soit sur des critères objectifs (conditions matérielles d'existence, capital humain, exclusion sociale), soit sur l'appréciation subjective des ménages (perception générale, satisfaction des besoins jugés essentiels, aisance financière), rarement prise en compte dans le contexte des pays pauvres. L'article s'interroge sur l'existence d'un noyau dur de pauvres facilement identifiables qu'il convient de réduire, ou au contraire, de différentes formes de pauvreté, qui ne se recoupent que partiellement et qui appellent des politiques différenciées ? Le faible recoupement entre les différentes approches met en évidence le caractère multidimensionnel de la pauvreté. La caractérisation des populations pauvres suivant les types d'approches montre par ailleurs des profils différenciés. Ces résultats impliquent que les stratégies de réduction de la pauvreté ne peuvent reposer sur un instrument unique, ni porter sur un seul domaine, mais doivent recourir à une palette de mesures touchant les différentes dimensions.

* 9 Charlotte Guénard et Jean Luc Dubois, Inégalités, croissance et pauvreté en Afrique, p52

* 10 Hamed Bahri, Sur la définition de la pauvreté, p7

* 11RuggieriLaderchi, Caterina, SaithRuhi, Stewart Frances, Working Paper N0107. Queen Elisabeth House, University of Oxford, 2003.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams