Section 4 :
La réalisation des récits de
vie
Les récits de vie des ménages et des individus
ont été réalisés à travers un canevas
comprenant : (i) les données du ménage / l'individu; (ii) les
activités économiques ; (iii) la documentation de
l'activité quotidienne de la famille / du ménage / de l'individu
; (iv) les causes de la pauvreté telles qu'identifiées par le
chef du ménage / l'individu ; (v) les manifestations de la
pauvreté ; (vi) l'analyse les principaux problèmes auxquels le
ménage / l'individu fait face : économiques, sociaux,
psychologiques ; (viii) les liens avec les voisins et leur importance dans la
survie du ménage / de l'individu ; (ix) l'accessibilité et la
fréquentation des services sociaux de base.
Section 5 :
La réalisation des profils
historiques
Les profils historiques des quartiers ont été
réalisés à travers des fiches descriptives des
communautés. Sur ces fiches, nous avons renseigné : (i) le nom du
quartier ; (ii) la date de création ; (iii) la population ; (iv) le
profil démographique ; (vi) les activités principales ; (vii)
l'accessibilité ou l'enclavement ; (viii) les infrastructures sociales
existantes ; (ix) les sources d'approvisionnement en eau potable ; (x) le type
d'habitat ; (xi) les interventions ou initiatives de développement des
partenaires externes ; (xii) l'existence d'organisations socio-professionnelles
; (xiii) les commentaires. Les profils historiques ont été
réalisés avec l'aide des Mairies, des Agences de
Développement Locales (ANADER, Conseil Régional, Directions
Départementales de Ministères) et des leaders communautaires.
Section 6 :
L'observation participante
L'observation participante nous a permis de saisir la
« culture de la pauvreté ». Ainsi, en suivant le cas
exemplaire et particulièrement riche des travaux d'Oscar Lewis, on a
utilisé des procédures qui se décomposent en trois
temps.
Ø On a dans un premier temps, un enfermement
monographique répété dans des figures du ghetto : les
quartiers précaires de la ville de soubré (Oscar Lewis avait
utilisé la même méthode pour les quartiers
« vecindades » du centre de Mexico pour l'étude de
la famille Sanchez (1963). « Bien que la Esmeralda ne soit
qu'à dix minute du palais du gouvernement et du coeur de San Juan, c'est
un quartier physiquement et socialement en marge de ville. Le mur qui le
surplombe se dresse comme une sorte de symbole le séparant de la ville.
La Esmeralda forme une petite communauté à part, avec un
cimetière, une église, un petit dispensaire et une
maternité ainsi qu'une école élémentaire. Il y a de
nombreuses petites boutiques, des bars et des tavernes. Les maisons sont
décrépites et les allées jonchées
d'ordures » (Lewis 1969 : 791).
Ø Dans un deuxième temps, nous avons construit
le modèle conceptuel provisoire qui a consisté à la
catégorisation de la population « pauvres ». Ces
pauvres n'appartiennent ni à la classe ouvrière, ni à la
classe moyenne appauvrie, (comme le dit Lewis). Les pauvres ici, ce sont
les gens qui sont tout à fait au bas de l'échelle
socio-économique, les ouvriers les plus défavorisés, les
petits paysans, les ouvriers agricoles des plantations et cette grande masse
hétérogène de petit artisans et commerçants (que
Lewis nomme le « lumpenprolétariat »
(1963 :29).
Ø Dans un troisième temps, nous avons
appliqué la technique de l'observation participante sur le terrain afin
de remplir progressivement le « modèle conceptuel
provisoire » (Lewis 1963 :30) de la culture de pauvreté,
conçue comme une culture de traits. En effet, le noeud de cette
construction, c'est l'énumération des cinquante traits qui
constituent la culture de pauvreté (Lewis, 1981 : 316 parle de
soixante-dix traits). Sur le terrain, la présentation de ces traits
s'est inspirée de quatre grands domaines du réel :
o Le rapport aux institutions de la
société globale : il était question de voir la
faiblesse ou l'absence d'intégration sociale, politique et
économique et voir un rapport d'extériorité aux valeurs
dominantes de la société. En pratique, cela s'est traduit par une
observation de : (1) la scolarisation afin de voir si elle est faible ou
nulle, (2) la participation syndicale ou politique afin de voir si elle est
présente ou absente, (3) la protection sociale afin de voir si elle est
présente ou absente, l'accès aux produits et espaces de
consommation moderne afin de voir s'il y a accès ou non.
o Les rapports au sein de la
« communauté des taudis » :
généralement, l'environnement social immédiat du pauvre
est fait de quartiers denses, de maisons manquant d'intimité,
d'alcoolisme, de violence et de très peu d'organisation sociale
au-delà du cadre de la famille. il s'était question d'observer si
les rapports sont caractérisés par une faible organisation
sociale, mais aussi l'existence d'un « sens de la communauté
et d'un sentiment de territorialité » fort.
o La famille : Il s'est agi de voir si
au niveau de cet espace de relations, le pauvre a été
l'objet : (1) d'une enfance courte et non protégée, (2)
d'une initiation précoce à la vie sexuelle, (3) d'une union libre
et de « mariage consanguin » (4) d'abandon relativement
fréquent (surtout pour les femmes et les enfants) et de (5) relations
matriarcales.
L'individu : afin de voir si, tel que
Lewis le représente dans la pauvreté, il se caractérise
par des sentiments d'impuissance et de résignation, de dépendance
et d'infériorité, par le fatalisme et l'absence de projet.
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