Section 3 :
Mesure des concepts définis : variables,
indicateurs et indices
Une mesure de la pauvreté est un instrument à
l'aide duquel on essaie de déterminer le niveau de pauvreté, de
mesurer sa répartition sur l'ensemble de la population, de
vérifier son ampleur et de retracer ses évolutions dans le temps.
Mesurer la pauvreté signifie donc produire des nombres, par lesquels
nous pourrons évaluer le degré de pauvreté dans une
société donnée et identifier les membres de la
société qui doivent être considérés comme
pauvres.
Mesurer la pauvreté revient donc à
établir si un citoyen ou un ménage quelconque doit
bénéficier ou non d'une politique ou d'un programme
spécifique. Pour une meilleure mesure de la pauvreté, trois
éléments essentiels devraient être mesurés à
travers les indices de pauvreté, à savoir : (1) l'incidence, ou
le nombre d'habitants se trouvant sous un seuil de pauvreté
déjà calculé, (2) l'intensité qui détermine
la profondeur de la pauvreté et (3) la sévérité qui
prend en compte l'inégalité parmi les pauvres. De ce qui
précède la mesure de la pauvreté comprend deux
étapes, bien différenciées l'une de l'autre : (1)
l'identification de la pauvreté, c'est à dire répondre
à la question « Qui est pauvre ? » et (2) l'agrégation
de la pauvreté ; c'est à dire répondre à la
question « Combien de pauvre y a-t-il ?»
§1 : Mesure de la pauvreté
monétaire
Plusieurs indicateurs et indices permettent de mesurer la
pauvreté monétaire. Nous consignerons les indicateurs et indices
dans un tableau ci-dessous. Mais avant, voyons comment la pauvreté
monétaire est mesurée en Côte-d'Ivoire.
La mesure de la pauvreté en Côte d'Ivoire est
axée sur la dimension monétaire. Cette mesure s'appuie sur deux
éléments : un indicateur de bien-être et un seuil de
pauvreté.
L'indicateur de bien-être retenu est la dépense
de consommation des ménages, utilisée principalement en raison
des difficultés de collecte d'informations fiables sur les revenus de
ceux-ci. Quant au seuil de pauvreté, il permet de distinguer les
populations en deux groupes. Les populations dont la dépense de
consommation est en dessous du seuil sont qualifiées de «pauvres
» tandis que celles dont la consommation est au-dessus du seuil sont dites
« non pauvres ». Pour déterminer le seuil de pauvreté,
deux approches sont possibles : (i) la méthode du seuil de
pauvreté absolu correspondant à un minimum de besoins
nutritionnels à satisfaire, auquel est ajouté un panier de biens
non alimentaires essentiels ; (ii) la méthode du seuil de
pauvreté relatif qui est déterminé par le montant le plus
élevé des dépenses de consommation d'une proportion de la
population choisie de manière arbitraire.L'analyse de la pauvreté
en Côte d'Ivoire est faite à partir d'un seuil de pauvreté
relatif.
Obtenu sur la base des données de l'Enquête
Permanente Auprès des Ménages de 1985 (EPAM 85), ce seuil
était égal à 75 000 FCFA par tête et par an. Ce
montant a été évalué à partir des prix
à la consommation relevés sur les marchés de la ville
d'Abidjan, sur la période de février 1985 à janvier 1986.
Il correspondait au montant le plus élevé des dépenses de
consommation, de cette année, des 10% les plus pauvres. Un
déflateur est appliqué aux dépenses de consommation pour
tenir compte des différences de prix entre les autres pôles de
développement du pays et la ville d'Abidjan. A chaque nouvelle
enquête, ce seuil de pauvreté monétaire est
réévalué. Ainsi, les seuils obtenus sont : 101 340 FCFA en
1993, 144 800 FCFA en 1995, 162 800 FCFA en 1998, 183 450 FCFA en 2002 et 241
145 FCFA en 2008. En définitive, est pauvre en 2008, celui qui a une
dépense de consommation inférieure à 241 145 FCFA par an,
soit 661 FCFA par jour.
§2 : Mesure de la pauvreté liée aux
conditions d'existence
Selon l'approche par les conditions d'existence, est pauvre
celui qui n'accède pas à un certain nombre de biens et de
services de consommation jugés indispensables. Ainsi cette approche
cherche à détecter un certain nombre de contraintes ou de
privations dans le cadre des conditions d'existence des ménages.Dans ce
cas, la pauvreté des individus vient du fait qu'ils n'ont pas
suffisamment de capacités et/ou de potentialités à cause
de leurs caractéristiques : âge, sexe, aptitudes physiques et
mentales, savoir-faire, etc. du faible niveau d'opportunités sociales,
moindre performance des systèmes de crédit, de santé,
d'éducation et d'alphabétisation, etc., et/ ou du faible niveau
de leurs dotations en capital financier, physique, humain et social.
Tableau 6 : récapitulatif des variables,
indicateurs et indices
variable
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Indicateurs
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Indices
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Monétaire
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consommation, revenu, épargne
|
(i). Le ratio de la pauvreté (Po). Il sert à
mesurer le pourcentage des populations dont la dépense de consommation
se situe en dessous du seuil de pauvreté monétaire. (ii). La
sévérité de la pauvreté (P2). Elle sert à
mesurer la moyenne des carrés des écarts entre la consommation
des pauvres et le seuil de pauvreté
|
Non-monétaire
|
santé, éducation et alphabétisation,
logement, accès aux ressources
|
(i). L'Indice de Pauvreté Humaine(IPH). Conçu par
le PNUD (1997), basé sur une approche par les manques, tient compte des
multiples dimensions de la pauvreté. Il prend en considération
quatre (04) critères :
-la longévité ;
-l'accès au savoir ;
-les conditions de vie ;
-la participation ou l'exclusion sociale. (ii). L'indice de
Sen. Il sert à mesurer les écarts de pauvreté à
partir d'une combinaison du taux de pauvreté, du degré moyen de
pauvreté à partir d'une combinaison du taux de pauvreté et
d'une mesure d'inégalité parmi les pauvres.
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Source : chercheur
Deuxième Partie : Cadre
Pratique
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