La. question de la souveraineté et du nationalisme africain face aux processus d'intégration sous régionale en Afrique subsaharienne: le cas de l'Afrique centrale( Télécharger le fichier original )par Willy MUKADI SABUE Université Officielle de Mbujimayi - Licence en Relations Internationales 2016 |
III.1.3 Les obstacles à l'intégration en Afrique CentraleL'approche africaine de l'intégration telle que définie dans les traités nés du Plan d'Action de Lagos est plurielle, parce que combinant développement du commerce, production de biens publics régionaux et intégration par les règles ou l'encadrement normatifs.67(*) L'unification des marchés nationaux a pour finalité l'intensification des échanges commerciaux par le biais de la suppression des barrières tarifaires et non tarifaires, une plus grande mobilité de facteurs et un accroissement d'opportunités d'investissement. Les traités instituant la CEEAC, la CEMAC, la CEPGL et les autres institutions d'intégration et de coopération d'Afrique Centrale se situent aussi dans cette approche plurielle. Cependant, la revue de différents programmes d'intégration en Afrique Centrale montre dans l'ensemble les évolutions contrastés, et de résultats en-deçà des attentes formulés. En dépit de sa position de carrefour, de la diversité de ses ressources naturelles et d'un écosystème très favorable, l'espace « Afrique Centrale » reste l'un des moins intégré du continent, en termes de flux commerciaux inter-Etats, des mouvements des personnes et d'interconnexion des infrastructures physiques. Les obstacles auxquels fait face le processus intégration sous régionale en Afrique Centrale sont aussi bien nombreux que complexes. Mais, nous pouvons les condenser en quelques points saillant qui touchent l'aspect politico-diplomatique et économique. Sur le plan politique, le plus grand problème qui bloque l'Afrique Centrale c'est la résurgence des conflits armés, civils ou d'agression extérieure. A la base de ces conflits, il y a la recherche du contrôle et de l'exploitation des matières premières dont le point de départ c'est l'Est de la RDC. Au plan diplomatique, le manque des stratégies efficaces d'une diplomatie préventive reste le plus grand défi auquel fait face la région. Toutes les rencontres diplomatiques entreprises par ces Etats ont souvent été des démarches de plaisanterie. Le recours aux moyens diplomatiques de résolution des différends a souvent été une manière d'habiller Saint Pierre et de déshabiller Saint Paul car c'est de ces pratiques que naissent encore d'autres différends. Au plan économique, les échanges inter étatiques dans la sous région restent résiduels. A la base, le manque des politiques économiques efficaces ; le blocage de différents accords de libre circulation des personnes et des biens entre l'Etat ; la non application des politiques douanière arrêtées au niveau des organisations sous régionales, et le manque des politique macro-économiques réalités. En dehors de ces obstacles d'ordre sectoriel, il y a les défis d'ordre structurel ou organisationnel. En effet, la multiplicité d'organisations sous régionales dans une même région, avec des programmes qui chevauchent et la multi-appartenance des Etat aux différentes organisations régionales ou sous régionales visant toutes l'intégration fragilise leurs actions. Ces pays appartenant à des multiples organisations deviennent insolvables à l'égard de leurs engagements financiers. En plus la mauvaise gouvernance des Etats membres de ces organisations, avec des conflits d'accession au pouvoir, étant donné que dans la plupart de ces pays, le pouvoir s'arrache par force et s'exerce au profit de la seule classe dirigeante, au mépris des populations, et c'est un grand frein aux initiatives d'intégration. Le rattachement le plus poussé au nationalisme et au souverainisme met en péril le processus d'intégration au profit de la promotion de l'intérêt national. III.1.4. Les pistes de solutions Aux obstacles relevés dans le blocage du processus d'intégration sous régionale en Afrique Centre il faut y remédier en proposant certaines pistes ou voies de solutions susceptibles de refonder l'espoir ou les espoirs africains dans le combat d'émergence à travers ce processus. Au nombre de nos propositions de solutions à l'intégration nous y procédons par des justifications comparatives afin de démontrer là où l'Afrique n'a pas pu mieux faire. Pour arriver à mieux atteindre le modèle néo fonctionnaliste d'intégration que l'Afrique vise, la stratégie de fragmenter le continent en des régions ou sous-régions géographiques a été la plus mauvaise parce que diviser c'est facile, mais réunifier pour trouver la formule ou l'éléments du départ c'est hypothétique. Les européens ayant déjà compris ce danger dans leur processus d'intégration, ils avaient procédé par la mise sur pied d'organisation d'intégration sectorielle sans limitation géographique. C'est le cas de la CECA (Commission Européenne du Cuivre et l'Acier,) mécanisme ouvert à tous les pays exportateurs de ces minéraux ; après ce fut la création de l'EURATOME et de la Communauté Economique Européenne (CEE), la création de la monnaie unique, la mise en place des mécanismes de sécurité collective, de diplomatie communautaire, de transport,... ces Etats n'ont pas éprouvé beaucoup de difficulté pour atteindre leur objectif. En plus, la nature humaine est trop négligente face aux biens acquis sans beaucoup de sacrifice. Le système de conditionnalité est très favorable à la rigueur. En effet, le fait que l'adhésion à l'UA ou à toute autre démarche d'intégration régionale ou sous régionale est sans condition, tous les Etats africains ne se voient pas toujours liés par quoi que ce soit, certains mêmes ont adhéré à ces mécanismes sous forme de complaisance ou soit pour se livrer seulement l'étiquette de membre pour en bénéficier sans se sacrifier objectivement. Or, ce qui fait que l'intégration européenne soit efficace c'est le fait que, pour y être membres, les Etats ont rempli certaines conditionnalités ou certains critères d'éligibilité comme par exemple la bonne gouvernance, la démocratie, le respect des droits de l'homme et certaines réformes dans le secteur économique. Il faut également compter sur la prise de conscience des leaders africains du gain du régionalisme ou du communautarisme par rapport au gain national. C'est ce qui a conduit les européens à renoncer à certaines de leurs compétences régaliennes au profit de la construction européenne. Cela fait appel au volontarisme étatique à travers leurs animateurs parce que les Etats agissent par l'entremise de leurs animateurs et leurs peuples. Pour atteindre cette étape de réflexion, il faut commencer par démolir l'ancienne architecture de la construction africaine et opter pour une autre voie. Parmi les mécanismes à mettre en place dans cette étape, il faut procéder par la mise en place des mécanismes de convergence économique, politique, sécuritaire,... C'est par exemple créer la communauté africaine des transports et télécommunication, avec des infrastructures de transport supra-étatiques ou communautaires, l'Agence africaines de l'agriculture, pèche et élevage comprenant toutes les politiques agricoles convergentes à compétence communautaire, une union économique et monétaire africaine sans compter sur des unions économiques et monétaires régionales ou sous régionales qui vont converger. Parce qu'on se demande si par exemple la CEDEAO a une monnaie unique, la CEEAC la tienne, l'UMA, la SADC, ... ont chacune sa monnaie, laquelle de ces monnaie sera prise pour monnaie communautaire et lesquelles seront rejetée ? A ce niveau du débat, le professeur Kabengele Dibwe propose l' « AFRO » comme monnaie unique africaine. D'autres stratégies pouvant redonner une bonne posture à l'Afrique pour sa construction sont légions comme une politique culturelle commune, une politique sociale africaine, une politique sanitaire commune, ... qui conduiront vite à la communautarisation de l'Afrique. * 67 CEA, Etat d'avancement du processus d'intégration en Afrique Centrale : prospectus 2009, St Paul, Yaoundé, n° 22/427, septembre 2009, p.7 |
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